focus la place nationale montauban

Centre du patrimoine /

la place nationale, un joyau de l’architecture classique

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La place au Moyen âge La place médiévale Siège du pouvoir économique et municipal, Disposée au milieu d’un plan en damier, la place sommaire lieu de justice, la place est au Moyen âge le n’est pas rectangulaire mais trapézoïdale, repro- haut lieu de la vie publique montalbanaise. duisant la forme des remparts qui protègent 3 La place au moyen âge alors la ville. Dès l’origine, elle est entourée de 3 Un projet précurseur Un projet précurseur couverts, galeries courant sous les maisons bor- 3 La place médiévale Prévue dès la fondation de la ville en 1144 au dant la place. Nous ne savons pas si ces couverts 4 Un lieu dédié au commerce centre du plan urbain, la place de Montauban formaient déjà au 12e siècle une double rangée, 4 Théâtre des pouvoirs apparaît comme l’un des prototypes des places mais cette double disposition est cependant modernes, aussi bien à l’échelle française qu’eu- attestée en 1450. 5 La place à l’époque moderne ropéenne. Ses vastes dimensions, sa forme 5 Quelques aménagements modestes régulière, son raccordement au réseau des rues, Au Moyen Age, les maisons de la place sont édi- 5 Détruites en deux temps par le feu son rôle central dans la vie publique sont alors fiées en pans de bois pour les façades et en bri- 5 La 1ère campagne de reconstruction (1614-1621) nouveaux à cette époque. En effet, au Moyen ques pour les murs mitoyens, comme le révèlent 7 La 2e campagne de reconstruction (1649-1703) âge, l’aménagement des places tient plus des quelques vestiges ayant échappé aux incendies 8 L’achèvement de la place (1703-1712) circonstances que de la planification. Elles sont du 17e siècle. Au 16e siècle, des pilastres sont pla- 8 Une place habitée par la bourgeoisie marchande alors communément aménagées au carrefour de qués contre les murs, rythmant de belle manière 8 Une place royale ? rues, au-devant d’églises ou de châteaux, voire les façades. Ils apportent une certaine unité à sur des terrains abandonnés. Ici il n’en est rien, la la place, les maisons présentant des formes et 10 La place à l’époque contemporaine place de Montauban résulte d’un véritable projet des couleurs diverses. Quant au carreau, des 10 Une place républicaine urbain et constitue en cela un fait exceptionnel sondages ont établi qu’il était pavé de briques 10 Quelques mesures de modernisation et précurseur au 12e siècle. épaisses.

12 un joyau à préserver 12 Le déclin du marché 12 Un patrimoine urbain 12 Vers une restauration complète 13 Des façades colorées 13 Un modèle pour l’architecture montalbanaise

Maquette Couverture G. Gicquel / Centre du patrimoine d’après DES SIGNES Couvert ouest de la place studio Muchir Desclouds 2015 Nationale © D. Viet Impression 1. Vue aérienne © Centre du Techni print 4700 ex. 2 patrimoine 02/2018 3 1. Poids et mesures © G. Roumagnac, Musée Ingres

2. Escalier à vis, 17 place Nationale © M. Donnadieu, service communication

3. Clé de voûte, couvent sud © R. Chabbert

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Un lieu dédié au commerce Théâtre des pouvoirs LA PLACE à L’EPOQUE MODERNE Détruite en deux temps par le feu Grâce aux avantages que lui confère sa charte Durant de longs siècles, la place est aussi un lieu Détruite par deux incendies au 17e siècle, Le premier incendie se déclare durant la nuit du de fondation et à sa position en bord de , essentiel pour l’administration de la ville. Élevée la place reconstruite est magnifiée par un 11 novembre 1614 dans la boutique de l’épicier au croisement du Rouergue, du et de dans l’angle -ouest, la maison commune programme architectural rigoureux. Elle Mariet Viguery. Les flammes se propagent à l’Aquitaine, Montauban est une ville marchande abritait les consuls, qui venaient y délibérer des demeure le poumon marchand de la ville. vive allure d’une maison à l’autre, obligeant les importante. Les marchands de la cité sont par- affaires de la cité. Les chartes de 1144 et 1195, consuls à faire tirer au canon sur les piliers des faitement intégrés dans le commerce national et définissant les pouvoirs administratifs mar- Quelques aménagements modestes couverts pour étouffer le feu sous les décombres. international, comme le prouvent les livres de chands et judiciaires de la commune, y étaient La dimension politique de la place connait un L’incendie est stoppé, mais une quarantaine compte des frères Bonis portant sur la période précieusement conservées, de même que les léger déclin à compter de la fin du 15e siècle. d’habitations sont ruinées, sous les couverts sud 1342-1369, recensant des soieries d’Alep, des poids et mesures officiels, outils indispensables Jugée trop exigüe, la maison commune perd en et ouest mais aussi dans les rues avoisinantes. fruits secs d’Alexandrie, des épices d’Inde, d’In- au bon déroulement du commerce. Ces derniers effet de son importance, les consuls privilégiant donésie ou du Quercy, des draps de Flandre, de sont aujourd’hui présentés au musée Ingres et dorénavant un autre bâtiment situé à l’emplace- Quelques années plus tard, en 1649, un second ou de Normandie… au Centre du patrimoine. ment de l’actuelle place Lefranc de Pompignan, incendie nait chez mademoiselle Dubedat, à connu sous le nom de château consulaire. l’angle de la place et de la rue Fraiche. Là encore, Dans ce contexte, la place est le lieu privilégié La place était également utilisée par le pouvoir le feu s’étend rapidement, détruisant en l’espace des activités commerciales de la cité. Boutiques judiciaire pour l’exécution de certaines peines. La place demeure cependant le lieu incontour- de quelques heures 22 bâtiments des deux cou- de draps, de sabots ou de fruits, tavernes et Le pilori, pilier de pierre auquel les criminels nable du commerce montalbanais. Elle est à ce verts nord et est qui avaient été épargnés en apothicaireries se déploient au rez-de-chaussée condamnés étaient attachés, se trouvait devant titre fréquentée par de nombreux marchands 1614. des maisons, les marchands présentant leurs le couvert ouest. Une croix de bois en commé- et acheteurs. Afin de faciliter la circulation des marchandises à l’abri de la pluie et du soleil more aujourd’hui l’emplacement. Certaines piétons, charrettes et animaux, le Sénéchal du sous les couverts, qui font office de halle. Libéré peines capitales pouvaient aussi être exécutées Quercy fait élargir en 1511 les entrées situées aux La 1ère campagne de reconstruction de toute construction, le carreau accueille lui sur la place, attirant alors une foule nombreuse, angles de la place. Depuis cette époque, les cou- (1614-1621) d’importants marchés hebdomadaires et de entassée jusqu’aux toits, parfois loués pour l’oc- verts sont fréquemment désignés selon l’activité L’incendie de 1614 va permettre de moderniser grandes foires qui attirent des acheteurs de toute casion ! principale qu’ils abritent. En 1668, on recense la place. La commune étant propriétaire des pas- la région. ainsi les couverts des Drapiers (sud), des Sabots sages sous les couverts, les consuls vont assu- (ouest), du Blé (nord) et du Fruit (est). rer la coordination des travaux et imposer des normes strictes aux propriétaires des maisons Centre de la vie publique, la place accueille en afin d’assurer une reconstruction harmonieuse. 1574 un monument destiné aux proclamations Après avoir sollicité le roi Louis XIII, la ville reçoit officielles, au-devant du couvert oriental. Un pour ce faire une aide financière de 16 000 livres. haut perron est édifié, portant une colonne de marbre couronnée d’une boule et surnommée En mars 1615, les consuls chargent l’architecte Iranget (« petite orange » en occitan). Les déci- orléanais Pierre Levesville de définir un pro- sions des consuls y sont dorénavant annoncées gramme architectural dont le bois sera exclu des 4 au son des trompettes. structures porteuses afin de diminuer le risque 5 3. L’Arrestation de saint Crépin et saint Crépinien (1540-1560) © Daniel Le Nevé

4.Détail du gâble surmon- tant la porte du transept sud © Adrien Clergeot

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d’incendies. L’architecte impose donc le recours chargé l’architecte toulousain Claude Pacot exclusif à la brique, mais aussi le voûtement des de reprendre les dispositions précédemment couverts sur croisées d’ogives, l’alignement des établies par Levesville, mais celui-ci meurt façades et l’élévation de pilastres. Ces mesures peu après. De plus, les consuls se heurtent traduisant la volonté d’unifier l’architecture, aux propriétaires des maisons de pans-de- comme celle de faciliter la circulation de l’air et bois épargnées par l’incendie, qui refusent de de la lumière sous les couverts. Détruite lors de reconstruire leurs habitations afin d’obtenir à l’incendie, la maison commune des consuls sera une place homogène toute parée de brique. C’est quant à elle reconstruite à l’identique. ainsi qu’en 1656, malgré la pression de la muni- cipalité, les travaux de reconstruction n’ont pas La campagne de reconstruction progresse rapi- débuté, les décombres des maisons incendiées dement et la plupart des maisons sont achevées n’étant même pas déblayés. entre 1616 et 1618, même si quelques travaux persistent jusqu’en 1621. Les délimitations des Cette même année, la menace d’amendes à parcelles anciennes ont été conservées, ce qui l’encontre des récalcitrants et l’engagement de explique les largeurs inégales des nouvelles Bernard Campmartin, Ingénieur du Roi pour la habitations et par conséquent l’irrégularité des province du Languedoc et futur architecte du portées des grandes arcades. palais épiscopal (actuel musée Ingres), vont permettre de lancer véritablement le chantier. La 2e campagne de reconstruction A la demande des propriétaires, les consuls (1649-1703) acceptent l’ouverture de fenêtres plus grandes En 1621, la place présente donc deux typologies et l’édification d’un quatrième niveau de com- de construction : des habitations à trois niveaux bles percé de baies arrondies appelées mirandes. toutes de brique au-dessus des couverts sud et Convaincus par ces nouvelles dispositions, les ouest, d’autres en pans-de-bois et de hauteurs propriétaires des couverts sud et ouest les adop- variables au niveau des couverts nord et est. En tent à leur tour pour leurs maisons reconstruites précédemment. Seules deux habitation situées 1 détruisant partiellement ces deux derniers cou- verts, l’incendie de 1649 va permettre d’unifier dans l’angle sud-ouest conservent leurs trois

1. Couvert de la place la place. niveaux d’origine. © D. Chauchard / Centre du patrimoine Renouvelant le soutien apporté 30 ans aupa-

2. Façades ouest et sud ravant, le roi de accorde 40 000 livres à © S. Gerber / Centre du la Ville pour le relèvement de la place. Celui-ci patrimoine pourtant va s’avérer plus compliqué qu’après 6 3. Dessin du parcellaire le premier incendie. Les consuls ont bien 7 © Gérard Michel 1. Cour et galeries du 17 place Nationale © Centre du patrimoine

2. Galeries du 9 place Nationale © S. Gerber / Centre du patrimoine

3. Escalier et galeries du 8 place Nationale © S. Gerber / Centre du patrimoine

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L’achèvement de la place (1703-1712) ou de bois prennent place de part et d’autre 3 En dépit des efforts fournis, de nombreuses d’une cour intérieure. Parfois abrité dans une maisons médiévales subsistent encore dans les élégante tourelle, un escalier unique dessert les premières années du 18e siècle. Une troisième et étages de ces deux logis. Dans la plupart des cas, dernière campagne de travaux débute donc en l’appartement se déploie aux étages du corps de 1703 sous l’impulsion de l’Intendant Legendre, bâtiment ouvrant sur les couverts, la boutique qui a beaucoup œuvré à l’embellissement de occupant alors en rez-de-chaussée. Les fonds la ville. Après avoir convaincu les consuls de de cours offrent la possibilité de disposer d’un détruire la maison commune qu’ils ont depuis atelier ou d’une réserve et les étages peuvent longtemps désertée, il s’attaque aux derniers être loués ou utilisés pour l’hébergement des propriétaires qui refusent de reconstruire leur gens de maison. maison épargnée par l’incendie de 1649. Usant habilement de la contrainte et de l’incitation Une place royale ? financière, allant même jusqu’à prononcer des Malgré la pose en 1704 dans l’angle nord-ouest démolitions d’office, il parvient à achever la place de la place d’une plaque portant l’inscription « en 1713, un siècle après le premier incendie. place royale » et en dépit de l’enthousiasme d’un chroniqueur qui, quelques années plus tard, la Une place habitée par la bourgeoisie comparait à la place des , la place de marchande Montauban ne peut être considérée comme une L’étude de la liste des personnes indemnisées place royale. En 1657, il fut envisagé d’élever une après les incendies de 1614 et 1649 apporte un statue équestre du Roi-Soleil pour le remercier éclairage sur l’identité des propriétaires des mai- de son aide à la reconstruction, le sculpteur Jean sons de la place. On dénombre ainsi vingt-cinq Dussault étant même mandaté en 1659 pour la marchands, trois apothicaires, trois avocats, réalisation de l’œuvre. Les élégantes façades quatre bourgeois, deux professions libérales, auraient pu fournir un bel écrin à la figure royale, deux orfèvres, un ecclésiastique, un tailleur et mais il n’en fut rien, l’image du souverain n’a un verrier. jamais été apposée sur la place. La statue du roi semble n’avoir été jamais réalisée. Il est vrai que les immeubles sont particulière- ment adaptés à l’activité marchande. Ouvrant directement sur la place et disposés sur des parcelles longues et étroites, ils permettent de marier habilement les fonctions professionnelle et résidentielle des marchands bourgeois. Deux 8 corps de logis reliés par des coursives de brique 9 1. Détail du mètre-étalon apposé sur un pilier à l’angle sud-ouest de la place © S. Gerber / Centre du patrimoine

2. Façade du couvert nord © D. Viet

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La place à l’époque Pour honorer Napoléon venu présider en 1808 la contemporaine création du département de Tarn-et-, les Le développement urbain, démographique et façades sont entièrement blanchies à la chaux et économique de la ville depuis la Révolution un cadran solaire est installé côté nord. Quatre française minore progressivement le rôle ans auparavant, la place avait été rebaptisée marchand de la place. place Impériale.

Une place républicaine Quelques mesures de Durant la Révolution, la place subit quelques modernisation transformations, certaines temporaires, d’autres Au cours du 19e siècle, les meneaux et tra- définitives. En 1792, suite à la publication du verses (montants verticaux et horizontaux) des décret proclamant la «Patrie en danger», un anciennes fenêtres sont supprimés pour laisser bureau d’enrôlement y est établi pour l’armée. place à d’amples ouvertures. Elles sont parfois La même année, le pilori est détruit et remplacé dotées d’élégants lambrequins, éléments en par une croix de bois monumentale et la colonne bois ou en métal fixés à la partie supérieure des de l’Iranget est supprimée. Après l’adoption du fenêtres qui servaient à masquer les rouleaux des système métrique (1795), les autorités de la ville stores. De beaux garde-corps en fonte aux motifs font poser sur le pilier à l’angle des rues Princesse variés ornent dorénavant les fenêtres agrandies et Malcousinat un mètre-étalon, tige de fer gra- en portes-fenêtres. Certains propriétaires enfin duée à l’usage des drapiers. Dorénavant sans uti- insèrent au-dessus de celles-ci d’élégants décors lité, les poids et mesures officielles sont quant à en terre cuite. eux remisés, scellant la disparition des derniers symboles d’Ancien Régime de la place. Ces transformations traduisent une recherche d’air et de lumière qui témoigne des préoccupa- Montauban, qui s’est tenu quelque peu à l’écart tions hygiénistes du siècle. Ajoutées à l’irrégula- de la fièvre révolutionnaire, ne recense qu’un rité de la largeur des arcades, elles confèrent aux seul guillotiné, Jean Cladel, modeste bourrelier façades une charmante variété, sans pour autant monté sur l’échafaud le matin du 11 mai 1793. nuire à l’unité de l’ensemble. Accusé d’être le meneur d’une émeute contre-ré- volutionnaire à la suite d’un procès expéditif, En 1902, la municipalité autorise la construction c’est le dernier condamné à être mis à mort sur d’une horloge-fontaine au centre du carreau. la place. La même année, celle-ci prend le nom Ornée de visages barbus chimériques dont l’eau de place Nationale. jaillit de la bouche au-dessus de quatre demi-lu- nes formant bassin, elle apporte un point d’eau 10 certes modeste mais bienvenu. Elle sera détruite 112 50 ans plus tard. 1. Le marché au début du 20e siècle, carte postale © Mémo, médiathèque de Montauban

2.Visite guidée sur la place © A. Reipert / Centre du patrimoine

3.Couvent des Carmes © G. Gicquel / Centre du patrimoine

Page suivante Carreau de la place en été © Centre du patrimoine 1 2 3

Le déclin du marché Un joyau à préserver l’hiver 1985-1986. La restauration générale des par des témoignages et documents du 18e siècle. Au 19e siècle, l’économie montalbanaise décline Malgré les modifications apportées au façades qui devait s’ensuivre n’a malheureuse- Ces découvertes viennent nuancer l’image cou- lentement dans le sillage de l’industrie. Les cours des siècles, la place conserve une ment pas été exécutée et lentement, le processus ramment répandue d’une «ville rose» aux façades foires se font moins nombreuses et la place se remarquable homogénéité. Parfaitement de dégradation s’est poursuivi. de briques apparentes. Autrefois systématiques, révèle de moins en moins adaptée à l’exercice du conservée elle constitue l’un des trésors les enduits et badigeons venaient raviver les commerce moderne, les dimensions du carreau patrimoniaux de la ville. En 1998, l’état de conservation des façades était façades mais aussi masquer les irrégularités des central ne permettant plus d’accueillir dans un donc très hétérogène. Si certains immeubles briques tout en les protégeant des intempéries. même temps tous les produits agricoles. En 1868, Un patrimoine urbain sont bien entretenus, d’autres présentent alors Lors des restaurations de la place Nationale, un on transfère donc le marché aux grains dans la Devenue emblématique de la cité, la place un état de vétusté avancé, certains ayant même badigeon sang-de-bœuf et un enduit couleur nouvelle halle de l’esplanade Prax- (qui sera Nationale devient peu à peu l’objet de toutes les fait l’objet d’arrêtés de péril. Décidée à stopper crème ont ainsi été restitués sur les appareillages détruite en 1966), avant de déménager en 1929 attentions. Une première campagne de restaura- cette dégradation, la Ville de Montauban, pro- de brique et les éléments de modénature où ont le marché de gros sous une seconde infrastruc- tion est entreprise en 1847 sur les couverts nord priétaire de certaines parcelles, choisit ainsi de été retrouvées des traces d’enduits. ture construite à proximité. La place Nationale et sud, des bornes fermant désormais l’accès de jouer un rôle fédérateur dans ce dossier rassem- n’abrite alors plus qu’un marché de vente au chacun d’entre eux. Ayant pris conscience de la blant pas moins de 62 propriétaires différents, et Un modèle pour l’architecture détail de légumes, fruits, primeurs, articles d’épi- nécessité de préserver le site, la municipalité de préparer en partenariat avec l’Etat un projet montalbanaise ? cerie, viande, charcuterie, coquillages... refuse en 1903 un projet visant à construire des global de restauration. Mise en œuvre avec une L’architecture déployée sur les façades et cou- galeries vitrées aux angles de la place pour pro- part importante de crédits européens et le sou- verts de la place de Montauban a influencé de Après-guerre, l’émergence de la grande distribu- téger les passants de la pluie. tien du Ministère de la culture, la restauration nombreux chantiers montalbanais ouverts par tion et le déplacement de nombreuses activités des façades s’est achevée en 2008. la suite. Le cloître des Carmes, le couvent des commerciales en périphérie fragilisent encore la En 1910, le classement des couverts au titre des Augustins, le cloître des Jacobins et le théâtre position marchande de la place. Peu à peu, bars Monuments Historiques reconnait officiellement La place fait aujourd’hui l’objet d’un nouveau reprennent ainsi dans leurs grandes lignes l’es- et restaurants remplacent les anciennes échop- l’importance patrimoniale du site. D’autres cam- projet d’intervention. En effet, en raison d’une thétique de la place Nationale, comme cette arti- pes. Si la place conserve encore aujourd’hui un pagnes de protection suivront, tous les immeu- mauvaise qualité de pierre (gélive) et de malfa- culation des façades par la succession d’arcades petit marché permanent dans l’angle nord-est bles étant classés entre 1913 et 1920 (façades et çons survenues durant les travaux, le carreau et de pilastres plaqués. des couverts, les marchés de plein air se tiennent toitures), le carreau central en 1939. s’est rapidement dégradé sur les 1630m² de sa désormais sur la place Lalaque de Villebourbon surface. Après des travaux d’urgence menés au Les « tables », reliefs de briques de forme carrée (mercredi) et sur les allées du consul Dupuy Vers une restauration complète printemps 2013 afin d’assurer la sécurité des ou rectangulaire, seront elles aussi fréquemment (samedi). Depuis ces mesures de protection, la place a usagers, la restauration complète du carreau est reprises dans les monuments montalbanais des régulièrement fait l’objet de travaux, essentiel- programmée et actuellement en cours d’étude. siècles suivants, animant les maçonneries des A l’animation des foires et marchés succède lement des mesures d’urgence visant à assurer façades, notamment sous les fenêtres. Le palais aujourd’hui la douce rumeur des terrasses de sa conservation. Il faut attendre les années 1980 Des façades colorées ? épiscopal (actuel musée Ingres), en est l’exemple café, qui couvrent le carreau lorsque revient le pour que la Ville initie une véritable politique Durant la dernière campagne de restauration des le plus frappant. soleil. Durant la belle saison, la place vibre éga- de mise en valeur de la place. C’est ainsi que les façades, des découvertes archéologiques ont mis lement au rythme des concerts et des spectacles piliers et voûtes des couverts sont restaurés en au jour des traces d’enduits sur les maisons de 12 de théâtre ou de danse. 1983 et le carreau dallé en pierre de taille durant la place, qui confirment la polychromie évoquée 13 14 15 «Elle est toute construite de briques rouges qui sifflent doucement (...)» Emile-Antoine Bourdelle, extrait de «la Ville», texte non daté, collections du Musée Ingres

Laissez-vous conter Montauban Ville Montauban appartient au réseau Renseignements d’art et d’histoire... national des Villes et Pays d’art et Centre du patrimoine en compagnie d’un guide-conférencier d’histoire Direction du développement culturel agréé par le Ministère de la Culture. Le Aujourd’hui, un réseau de 186 villes Ancien Collège, 2 rue du Collège guide vous donne des clefs de lecture et pays vous offre son savoir-faire sur 82013 Montauban Cedex pour comprendre le développement de toute la France. Tél. 05 63 63 03 50 la ville au fil de ses quartiers. [email protected] Si vous êtes en groupe, des visites sont A proximité www.centredupatrimoine.montauban.com disponibles toute l’année sur réserva- , Figeac, le Grand , Millau, Le Centre du patrimoine est ouvert tion auprès de l’Office de Tourisme. , le Pays des du du lundi au samedi de 10h à 12h30 et Rouergue, le Pays de la Vallée de la de 14h à 18h. Le Centre du patrimoine Lotoise, le Pays des vallées coordonne les initiatives de Montauban, d’Aure et du Louron, le grand Rodez et Office de Tourisme Ville d’art et d’histoire. le Pays des Pyrénées cathares béné- Ancien Collège Il propose toute l’année des visites, ficient de l’appellation Villes et Pays Esplanade des Fontaines expositions, conférences d’art et d’histoire. 82002 Montauban cedex et animations pour les Montalbanais, Tél. 05 63 63 60 60 les touristes et les scolaires. [email protected] www.montauban-tourisme.com