Maeterlinck Et Robert Scheffer. À Propos D'un
Maeterlinck et Robert Scheffer. À propos d’un compte rendu du Chemin nuptial (1895) Fabrice van de Kerckhove Archives et Musée de la littérature Bibliothèque Royale de Belgique Méditant sur sa propre personne, sur le futur et l’absolu, M. Maeterlinck commença par opiner que le monde n’est que drame et ténèbres. Pour y voir clair il alluma une lanterne sourde; et dès lors ce fut devant ses yeux le plus étrange défilé d’êtres falots, s’agitant confusément dans la pénombre, se cherchant et ne se trouvant pas, se lamentant, petit peuple de farfadets élégiaques aspirant à la grande lumière en murmurant, qui sa complainte, qui sa chanson de nourrice, qui son frêle amour, tous leur angoisse. […] Conformément à la vision qu’il venait d’avoir, il agença des scènes de lanterne magique, suavement effroyables. Avec des gestes d’automates, les mêmes personnages peints sur papier huilé, @nalyses, vol. 7, nº 3, automne 2012 se disaient des choses, des choses... indicibles. Avant tout les intriguait ce qui peut bien se passer derrière une porte close; rien que de redoutable, évidemment. Ce pourquoi, ils allaient y voir, et, tels des rats pris au piège, expiraient, en grignotant des alexandrins blancs, de Bruxelles. D’ailleurs, ils avaient tous une infirmité, l’un était aveugle, l’autre sourd, le troisième boiteux, celui-là, vraiment déraisonnablement vieux; ce qui expliquait bien des catastrophes. Quant aux héroïnes, autant de blondes miss angéliquement pures, décalquées de Botticelli, et tombant dans la gueule du loup avec des froissements de robe neigeuse, des éparpillements de fleur d’oranger, et le cri suprême : « oh maman! » Elles avaient en général pour compagnon un petit mouton blanc qui bêlait des « lieder » de Gabriel Fabre.
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