Les vues depuis les Cols Comtois et les chemins en balcon sur le rebord du plateau des Mille Etangs

Le chemin proche du rebord du plateau des Mille Chemin en balcon sous le Fort de Rupt Etangs offre de belles échappées visuelles, à la faveur de coupes forestières.

Les cols du Mont de Fourche à Rupt et des Croix au Thillot pourraient offrir de beaux panoramas. Mais l’avancée des boisements en a réduit la perception. Des actions de reconquête seraient nécessaires. Rupt Col du Mont de Thillot vue depuis le Col des Croix Fourche

Rupt Col du Mont de Thillot Col des Croix Fourche

Vue plongeante vers Remanvillers depuis le point de vue aménagé par l’ONF près de l’Etang Noir à

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 41 A- Structure et richesses des paysages naturels

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 42 L’eau est un élément important de l’attrait des paysages. Sa visibilité, sous toutes ses formes, est toujours appréciée : rivière ou petits ruisseaux, grands canaux empierrés pour utiliser la force motrice de l’eau ou petit canaux d’irrigation des prés sur les fonds plats des plaines alluviales et à flanc de pentes, étangs collinaires pour l’irrigation des pentes, étangs de pêche ou encore retenues d’eau pour l’alimentation d’engins hydrauliques, fontaines, … Les paysages d’eau ont fait l’objet de multiples aménagements depuis des siècles, pour les adapter aux besoins des habitants, notamment pour la pêche (au Moyen Âge, la consommation de viande était interdite les vendredis et remplacée dans toute la mesure du possible par du poisson), ou pour la production d’énergie hydraulique. Aussi, leur humanisation est plus ou moins importantes, selon les lieux, et elle a généralement contribué à la beauté des paysages. Le chevelu des cours d’eau et leurs différents paysages La s’écoule du Sud-Est vers le Nord-Ouest. Son cours est très méandreux dans une plaine alluviale qui s’élargit progressivement. Il devient torrentielle lors de la traversée du verrou de Saulx, formant alors une étroite gorge. Dans sa partie avale, la Moselle s’élargit, des zones d’atterissement de sables et galets apparaissent. Son chevelu d’affluents s’organise en « arrêtes de poissons » de part et d’autre de la Moselle. Les altitudes étant plus élevées et les pentes plus douces en rive droite, les affluents sont deux fois plus long qu’en rive gauche. Les cours d’eau sont ponctués de multiples cascades naturelles, résultant de l’affleurement fréquent du substrat rocheux dans son lit mineur. De même que des pitons de granites s’élèvent sur la plaine alluviale de la Moselle et du Ménil, des pitons s’élèvent également de temps en temps au milieu du cours d’eau, sous forme de haute butte (ex : vers Hielle à Rupt) ou de roche moutonnée (ex : « glisse-roche » à ). Des ripisylves plus ou moins entretenues protègent les rives, et épurent partiellement les eaux de ruissellement. Elles signalent le tracé des rivières dans les grandes plaines alluviales, et structurent les paysages. Elles contribuent à la bonne gestion du cours d’eau pour les pratiques de pêche. Les cours d’eau ont fait l’objet de multiples aménagements depuis des siècles. Les aménagements piscicoles concernent l’entretien de frayères, l’aménagements des seuils de façon à ce que les poissons puissent remonter la rivière grâce à l’empilement des pierres laissant des flaques suffisamment conséquentes, par la consolidation des berges en cas de besoin, … Les aménagements hydrauliques anciens sont également intéressants au niveau paysager, avec la création de barrage pour la prise d’eau des canaux, notamment dans les zones de seuils naturels renforcés par des dallages de granites ( ex : les 2 chutes d’une dizaine de mètres du Thillot). Au-delà de leur usage pour la production hydroélectrique, ces seuils jouent un rôle important de régulation de l’écoulement des eaux, en diminuant sa pente. Ils maintiennent la nappe phréatique à une certaine hauteur, contribuant à l’alimentation en eau des prairies.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 43 Les ouvrages hydrauliques avec barrages et retenues d’eau, canaux, chutes, vannes … Seuls les canaux pour l’usage de la force hydraulique, apparaissant sur la carte de 1905 ,ont été inventoriés. Aussi, certains ouvrages plus tardifs, et les canaux agricoles, manquent sur la carte de la page suivante. Les canaux d’amenée d’eau tirent parti des méandres de la Moselle pour dériver l’eau vers les anciennes roues hydrauliques et aujourd’hui, vers les turbines hydroélectriques, afin de mieux maîtriser le débit d’eau. Ils sont nombreux en aval du Thillot, et manquent dans les environs de Saulx probablement en raison de la canalisation naturelle du cours d’eau. Ces ouvrages hydrauliques ont donné lieu à des paysages remarquables, soit dans le lit de la Moselle (cf. paragraphe précédent), soit par leur structure propre : canaux longeant le cours de la Moselle et démultipliant les vues vers l’eau ; passages en souterrain dans des galeries creusées dans la roche (ex : au Thillot) ou dans des canaux avec parement de dalles de granite (ex : au Ménil), etc. Les étangs 32 étangs étaient mentionnés sur la carte de l’Armée de 1905 : 6 en rive droite de la Moselle, et 26 en rive gauche, notamment en limite du plateau des Mille Etangs. Ils étaient utilisés en viviers, gérés par l’abbaye de , en carpière privative, et en secteur minier, en retenue d’eau pour le fonctionnement des pompes d’assèchement des galeries de mines. Aujourd’hui, certains d’entre eux se sont asséchés, d’autres sont entretenus pour les loisirs de pêches. Les étangs jouent un rôle tampon lors des épisodes orageux, retenant les pluie et ne les restituant qu’avec lenteur. Du fait de leur multiplicité, ils ralentissent ainsi la montée des eaux d’inondation en aval. Leurs paysages sont pittoresques et attrayants, réaménagés pour les loisirs de pêche des populations locales et des touristes. Plus de 110 petits étangs ont été créés durant ce dernier siècle, selon un style plus ou moins artificialisé. Les besoins de gestion La visibilité vers l’eau est possible à partir des ouvrages de traversée des rivières, et à partir des rives des étangs de pêche. Ailleurs, elle est plus rare en raison de la présence de la ripisylve, ou en raison de l’enfrichement des abords humides. Un bon équilibre est à rechercher entre les enjeux paysagers de visibilité vers l’eau, et les enjeux piscicoles et biologiques pour préserver l’équilibre écologique du milieu aquatique. L’envahissement des bords de rivières et de ruisseau par la Renouée du Japon est un problème majeur. Des mesures sont nécessaires pour contenir cette plante invasive. D’un point de vue paysager, la conservation et la mise en valeur des milieux aquatiques et de leurs abords est un éléments primordial à prendre en compte, cette composante du paysages constituant un attrait et un atout majeur pour le territoire. Les aménagements et les ouvrages hydrauliques participent au patrimoine aquatique et méritent d’être conservés, entretenus et mis en valeur, notamment lorsqu’ils comportent de forts enjeux paysagers le long de la Voie Verte, de la Route Nationale, des chemins de randonnée et des sites touristiques et de loisirs. Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 44 Moselle

Affluents de la Moselle

Canaux apparaissant sur la carte de l’Armée de 1905

Etant anciens, mentionnés sur la carte de l’Armée de 1905

Etant nouveau créés depuis 1905

Marais mentionnés sur la carte de l’Armée de 1905

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 45 Les milieux aquatiques des rivières Les paysages aquatiques des rivières sont très diversifiés : eaux calmes et amples dans la partie avale de la Moselle, présence d’îlots avec atterrissement de sables et de galets, affleurement de pitons rocheux plus ou moins émoussés par les cours d’eau et les anciens glaciers, accompagnés de seuils naturels ou légèrement renforcés, berges douces ou abrupts, boueuses ou caillouteuses, etc. La présence de seuils aux eaux vives sur de courtes distances permet une pente plus douce avec des eaux calmes où se développement les frayères. Les accidents de parcours naturels peu élevés sont traversés sans difficulté par les poissons, qui sautent d’une poche d’eau à l’autre pour remonter les cours d’eau. Dans le cas de seuil trop élevé, une dérivation Ferdrupt d’eau est nécessaire, ou l’implantation d’une échelle à poissons qui peut être en bois (à remplacer régulièrement), en Rupt pierre locale pour les mieux intégrées.

Ferdrupt Rupt

Une réflexion est envisagée avec les pêcheurs pour étudier les possibilités de créer des passes à poissons de caractère plus naturel, moins artificialisé, qui évite la pose d’importants ouvrages de béton dans le lit mineur de la rivière. Un diagnostic de l’ensemble des ouvrages (barrages, seuils) est envisagé, afin de déterminer l’opportunité de leur maintien, de leur réhabilitation ou de leur destruction). Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 46 Les paysages d’étangs

Ferdrupt : mare de source près de la Moselle Ramonchamp : étang Noir sur les sommets Quel que soit la taille et l’usage des étangs, ils contribuent toujours à la qualité des paysages, pour peu qu’ils conservent un caractère naturel avec adaptation aux courbes de niveau, une variété de biotopes naturels sur les rives, et qu’ils soient accessibles et visibles. Les plans d’eau offrent des ambiances diversifiées : mardelles de sources à proximité de la Moselle à Ferdrupt, anciens étangs utilisés pour les roues hydrauliques des mines du 16ème siècle sur les sommets de la rive gauche de la Moselle, étangs pour la pêche, ayant pu servir également de réserve d’eau pour l’énergie hydraulique nécessaire aux moulins et aux usines autrefois, étangs de loisirs, … A noter que bon nombre d’ouvrages hydrauliques sont réutilisés à des fins piscicoles.

Thillot Etang de Chaume Ramonchamp : réserve collinaire Rupt : étang de pêche du Breuil près de l’aérodrome à Saulx Environ 110 nouveaux étangs ont été créés depuis un siècle. Ils peuvent être un atout pour les paysages de la CCBHV s’ils sont visibles et de qualité.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 47 Les rives des rivières et des étangs

Ripisylve du ruisseau du Ménil Les ripisylves signalent la présence depuis la de la rivière. Son linéaire joue un Chapelle de Pitié rôle structurant dans les paysages. Il est fréquent que les canaux Ripisylve de la Moselle depuis le Chalet Amis longent la Moselle, renforçant ainsi de la Nature à Rupt l’impact de l’eau dans le paysage. Ces paysages sont particulièrement prisés lorsqu’un itinéraire de découverte, chemin de randonnée ou Voie Verte par exemple, longent ces voies d’eau. La présence d’une ripisylve « transparente » est alors très appréciable.

Moselle et canal vers Hielle à Rupt, en bordure de la Voie Verte

La visibilité vers les rivières contribue à l’attrait des paysages, que ce soit dans les bourgs ou en campagne, le long des routes, de la Voie Verte ou de tout autre itinéraire de randonnée. La broussaille et la Renouée du Japon, outre les problèmes écologiques qu’ils posent en appauvrissement les biotopes humides, masquent des paysages remarquables.

Ferdrupt Ferdrupt Rupt Maxonchamp Voie Verte Ramonchamp

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 48 A- Structure et richesses des paysages naturels

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 49 Dans le massif vosgien granitique, les milieux naturels s’étagent selon l’altitude. Des sommets aux bas des versants se rencontrent les biotopes suivants : - les hautes chaumes d’altitude, avec leurs landes montagnarde à callune et myrtille Ces hautes chaumes résultaient d’une activité agropastorale séculaire qui avait enrichi le milieu d’une grande variété d’espèces végétales et animales, différentes de celles des forêts environnantes. Elles sont devenues rares aujourd’hui dans le secteur d’étude, la quasi totalité des chaumes sommitales ayant été abandonnée de l’agriculture et donc recouverte soit d’une friche arborescente, soit de plantations souvent monospécifiques de Besoins de Gestion résineux. La déprise agricole en zone de - la hêtraie sommitale, avec ses hêtres rabougris et tortillards montagne, et le Dans les cinq communes de la partie avale de la CCBHV, les altitudes s’abaissent progressivement du Nord- développement forestier qui l’a Est au Sud-Ouest. Aussi, les sites de hêtraie d’altitude sont relativement rares. Mais d’autres stations accompagné, l’enrésinement , forestières présentent également un intérêt paysager si ce n’est pas biologique, telles que les stations à le développement des bouleaux par exemple (ex : vers la Rochotte à Ramonchamp). pratiques touristiques parfois bruyantes, le développement - la hêtraie sapinière en bas de versants urbain en fond de vallées, Ponctuellement, dans des secteurs bien ensoleillés, des chênaies ou charmaies peuvent être observées. tendent à appauvrir la richesse - des stations spécifiques et remarquables d’érablaies sur éboulis ou de pessières sur blocs, de milieux biologique des milieux. humides de bords de rivières, de sources et d’étangs. Généralement, la mise en valeur des biotopes se cumule Parmi cet ensemble qui génère globalement une grande diversité de biotopes et de leurs paysages harmonieusement avec la mise associés, quelques espaces ont été distingués en raison de la rareté des espèces qu’ils hébergent. en valeur des paysages : la Ainsi, une vaste ZNIEFF 2 (Zone Naturelle d’Intérêt Floristique et Faunistique) pour la protection des oiseaux préservation des milieux concerne le massif Vosgien, au sein de laquelle, des ZNIEFF 1 de plus grand intérêt ont été identifiées. Avec humides, des tourbières, les mesures Natura 2000, elles tendent à faire l’objet de mesures de gestion et de protection. Ainsi l’entretien de pelouses et de localement, les ZNIEFF 1 sont devenues des Zones de Protection Spéciale dans le cadre de la Directive landes sommitales aux riches Oiseaux FR4112003. Des zones de protection des habitats faunistiques et floristiques ont également été points de vue, … Mais parfois, délimitées dans ces espaces, concernant les tourbières de la forêt de Longegoutte (FR4100202) et les il peut y avoir conflit d’intérêt anciennes mines au Sud du Thillot pour la protection d’une chauve-souris, le Grand murin (FR4100175). (ex : accessibilité ou visibilité Par ailleurs, des Espaces Naturels Sensibles inventoriés par le Département concernent surtout les milieux impossible). Un arbitrage aquatiques et humides de la Moselle, et les étangs du Vaudry à Ramonchamp. Pour l’instant, ils ne font pas judicieux serait alors à l’objet d’une gestion départementale spécifique, la Taxe des Espaces Naturels Sensibles n’ayant pas été envisager. instaurée, ni le droit de préemption.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 50 Natura 2000 Directive Oiseaux FR 4112003 « Massif Vosgien » Extrait des fiches de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel

Caractère général : Site éclaté qui concerne une partie du massif vosgien sur le versant lorrain. Il comprend presque exclusivement des milieux forestiers qui s'étagent entre 450 et 1250 mètres d'altitude depuis la hêtraie-sapinière jusqu'à la hêtraie d'altitude qui, dans le massif, "coiffe" la forêt à dominante de résineux. D'autres milieux occupent des surfaces plus réduites : les tourbières acides et les landes subalpines appelées localement "hautes chaumes". Le site s'appuie, pour les Hautes-, sur la ZICO AC09 et, plus à l'ouest, sur l'aire de répartition du Grand Tétras telle qu'elle était connus en 1975 grâce à une enquête de l'Office National de la Chasse. Le périmètre, défini avec la collaboration de l'Office National des Forêts coïncide très largement avec des limites de parcelles forestières. Il comprend 3 réserves naturelles nationales, une réserve naturelle volontaire et un arrêté préfectoral de protection de biotope.

Qualité et importance Au moins sept espèces d'oiseaux de l'annexe I de la directive 79/409/CEE Oiseaux sont présentes sur le site : le Grand Tétras, la Gélinotte des bois, le Faucon pèlerin, la Chouette de Tengmalm, le Pic noir et la Pie-grèche écorcheur. D'autres espèces de l'annexe I sont également susceptibles de fréquenter le site : la Bondrée apivore dont la présence est diffuse et la Cigogne noire susceptible de nicher au moins occasionnellement (une tentative connue à proximité immédiate du site en 1999). Des compléments d'inventaire seront effectués lors de l'élaboration du document d'objectifs. Le Grand Tétras est l'espèce phare du site. C'est aussi l'espèce la plus menacée car en régression constante. Il ne reste plus que trois noyaux de population relativement importants, deux d'entre eux étant centrés sur les réseves naturelles de Tanet-Gazon du Faing d'une part et de d'autre part. Un des objectifs est de favoriser les connexions entre les zones encore favorables et donc de permettre un échange entre les sous-populations de cette espèce très sédentaire. Cet objectif explique la présence au sein de la ZPS de petits secteurs ponctuels susceptibles de jouer le rôle de zones-relais. A noter qu'il s'agit ici de la sous-espèce major (population estimée à moins de 300 mâles) confinée aux massifs de l'Est de la (Vosges, Jura et de façon très marginale Alpes) bien distincte de la sous-espèce pyrénéenne aquitanicus.

Vulnérabilité Elle concerne surtout les populations de Grand Tétras et, sans doute, à un degré moindre, la Gelinotte des bois qui est moins suivie et connue. Pour le Grand Tétras la perte de la qualité des habitats constitue le premier problème, suite aux rajeunissement global des forêts ; l'espèce ne prospère en effet que dans les forêts claires situées en altitude et d'âge généralement supérieur à 120 ans. Son avenir dépend donc largement des orientations qui seront prises en matière de gestion forestière. Le second problème est l'emprise de plus en plus manifeste dans le massif du tourisme de masse, fortement soutenu par les élus.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 51 Natura 2000 Directive Habitat faune flore ZSC FR4112003 Extrait des fiches de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel

Caractère général du site Base géologique de granite sur lequel des bandes de grès subsistent. Le creusement de la roche sur le massif entraîne la formation d'une tourbière. C'est un plateau étroit bordé de versants peu pentus. Il s’agit d’un complexe exceptionnel, bien conservé dans le massif vosgien de "forêt-tourbière" d'altitude : hêtraies-sapinières, tourbières, landes montagnardes. A ces milieux particuliers sont associés des libellules rares en France. C’est un site de grande qualité pour le Grand Tétras. Vulnérabilité : Peu de menaces, mais il convient d'assurer le maintien du fonctionnement hydrologique des tourbières et de favoriser la régénération lente des peuplements forestiers. Gestion du site A l'exception de quelques secteurs privés ou communaux (tourbières), ce massif bénéficie du régime forestier et appartient à l'Etat (forêt domaniale). La Forêt Domaniale de Longegoutte fait l'objet depuis plus de 10 ans d'un programme de conservation en faveur de la protection du Grand Tétras et des tourbières. L'Office National des Forêts y a créé une Réserve Biologique Domaniale en 1988 (300 ha). L'acquisition d'une partie de la tourbière de la Charme par le Conservatoire des Sites Lorrains ainsi que la mise en place d'une Réserve Biologique Forestière à l'initiative de la commune de Thiéfosse complètent le dispositif de préservation et de gestion conservatoire. Une sylviculture adaptée pour le maintien du Grand Tétras y est pratiquée. Il s'agit d'un chaînon secondaire peu fréquenté et faiblement équipé d'un point de vue touristique. Un certain nombre d'actions a été mis en œuvre afin de limiter les dérangements (réserve de chasse, organisation de la fréquentation sur la tourbière et fermeture de la circulation des véhicules à moteur sur une partie du massif). Un plan de gestion est en préparation. Les orientations envisageables pour la gestion future Globalement les actions mises en œuvre vont dans le sens d'une conservation et d'une amélioration du patrimoine naturel sur l'ensemble des parties sommitales du chaînon de Longegoutte . En matière sylvicole, il serait important de pérenniser le traitement sylvicole pratiqué dans les forêts domaniales en privilégiant la régénération lente. D'autre part un certain allongement de l'âge d'exploitabilité des bois ou l'instauration d'îlots de vieux bois, serait souhaitable afin de permettre de conserver l'identité et la structure diversifiée des habitats forestiers. Les tourbières essentiellement intra - forestières ne devraient pas nécessiter d'intervention particulière lorsqu'elles sont bien conservées, si ce n'est en cas d'envahissement récent par les ligneux. Les tourbières perturbées pourraient par contre faire l'objet de restaurations. La conservation de ces tourbières repose essentiellement sur le maintien de leur fonctionnement hydrologique et sur une limitation des dégradations. Date d'édition : 16/10/2015 Données issues de la dernière base transmise à la Commission européenne. http://inpn.mnhn.fr/site/natura2000/FR4100202 - 9/9 -

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 52 Natura 2000 Directive Habitat faune flore de la ZSC 4100175 « Mines de Mairelle, de Château-Lambert , de Jean-Antoine, secteur . Extrait des fiches de l’lnventaire National du Patrimoine Naturel

« Ces anciennes mines constituent des gîtes d’hibernation très importants pour les chauves-souris dans la montagne vosgienne (Lorraine) et plus particulièrement pour le Grand murin.

Vulnérabilité L’activité touristique existante ne semble pas avoir d’impact notable sur les chiroptères.

Mesures de conservation Les actions déjà engagées sur le site : Le District minier de Thillot-Château Lambert fait l'objet de diverses mesures de conservation. L'accès des mines versant franc-comtois est réglementé afin de limiter les dérangements de la plus grande population de chauves-souris connue du sud du massif vosgien. Côté vosgien, et à l'initiative des archéologues locaux, le réseau Saint Nicolas a été classé monument historique. On y trouve la première galerie taillée à la poudre en Europe. En raison de ces enjeux patrimoniaux (histoire minière de la vallée de la Moselle), la municipalité du Thillot a proposé la création d'un sentier de découverte et d'un Centre d'interprétation sur les mines. Ce projet mené avec le soutien du Parc, s'inscrit dans le cadre d'une amélioration de l'offre touristique basée sur une valorisation du patrimoine. Parallèlement, diverses dispositions et moyens de gestion sont développés afin de préserver ces habitats souterrains avec notamment la fermeture physique d' entrées de sites miniers sur la tête du midi et sur Saint Charles, la définition d'une série particulière au sein de la forêt communale pour la préservation des édifices miniers de surface (gestion" jardinéé" et exploitation forestière spécifique), le classement, dans les plan d'occupation des sols, en zone ND de sites miniers. Les orientations envisageables pour la gestion future : Date d'édition : 16/10/2015 Données issues de la dernière base transmise à la Commission européenne. http://inpn.mnhn.fr/site/natura2000/FR4100175 - 8/8 - Les actions engagées contribuent déjà largement à assurer le maintien des chauves-souris dans l'ensemble des réseaux. Il convient néanmoins de réguler les fréquentations humaines en les limitant en période d'hibernation quand les chauves-souris sont sensibles aux dérangements. Cette orientation serait à envisager notamment sur le site "Mairelles" mais surtout sur le site de Saint Nicolas /tête du Midi (déjà fermé au public côté franc comtois et difficile d'accès par le côté vosgien). D'autres actions paraissent envisageables : maintien des entrées de mines contre les éboulements ; pose de grilles permettant le libre passage des chiroptères ; sensibilisation du public au travers des animations organisées sur le réseau de mines Jean Antoine ou des cascades (moins fréquenté par les chiroptères) et au niveau du centre d'interprétation (expositions, vidéo etc...). »

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 53 Les ZNIEFF 2 Sur l’ensemble de la vallée, sauf les zones densément peuplées

Les ZNIEFF 1 Sur les sommets gréseux au nord de la CCBHV à l’ouest du vallon du Ménil. Sur les hauteurs du Thillot, dans la zone des anciennes exploitations minières.

Les habitats Tétras Sur une partie des ZNIEFF 1 et sur les hauteurs de Le Ménil

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 54 Les biotopes remarquables et leur paysages Les outils de gestion concernant la zone d’étude Espaces Naturels Sensibles du Département Le long de la Moselle qui parcourt toute la CCBHV, le long des zones densément peuplées. Sur les sommets gréseux au nord de la CCBHV (secteur de la tourbière des Charmes, Haut de Bélué, Feigne Laudry). Sur les hauteurs du Thillot, et des anciennes mines de cuivre (Tête du Midi, Noirs Etangs) et les étangs sur les hauteurs de l’Etat à Ramonchamp.

Natura 2000 :

> Directive Oiseaux ZPS FR4112003 Zone de Protection Spéciale Elles se calquent sur les ZNIEFF 1 des hauteurs gréseuses au nord de la CCBHV, sur les hauteurs du Ménil et au Sud du Thillot

➢Directive Habitat ZSC Zone Spéciale de Conservation Elle concerne la forêt de Longegoutte (FR4100202) et les mines du Thillot (FR4100175)

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Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 55 Les biotopes remarquables et leurs paysages La tourbière des Charmes sur les hauteurs de Rupt-sur-Moselle D’une surface de 40 ha, elle comporte une grande diversité de mousses, d’oiseaux nicheurs et de libellules. Photos extraites du site des Réserves Naturelles de France

La tourbière des Charmes, sur les entablements gréseux qui dominent les sommets en rive droite de la Moselle, offre des paysages typiques de ce type de biotope : sols plus ou moins inondés, tapis de sphaignes, carex … La carte de l’Armée de 1905 ci- contre à gauche montre les anciennes concessions d’extraction de la tourbe, pour le chauffage. D’où peut-être la forme « en carré » de certains trous d’eau.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 56 Les biotopes remarquables et leurs paysages Biotopes de rocaille, de clairière d’altitude, de pâturage

Ramonchamp vers le Col de Morbieux Les zones sommitales comportent des alternance de forêt de feuillus, de résineux, et de clairières avec callune, myrtille et fougère, apportant une diversification des biotopes et des paysages, créant des échappées visuelles de grand intérêt biologique dans le couvert forestier.

Pâturage de versant à Ferdrupt Un premier stade d’abandon agricole s’accompagne d’un enrichissement biologique des Ferdrupt Roche de Remanvillers milieux, tout en maintenant une richesse de perspectives paysagères. Mais rapidement, Les abrupts rocheux, lorsque la fougère ou la broussaille s’implantent, puis la forêt, la diversité biologique particulièrement pittoresques dans le diminue, ainsi que les attraits paysagers. paysage, s’accompagnent d’une Le maintien de pâturages, surtout le pâturage extensif, parsemé d’arbres isolés ou en végétation rase adaptée. bouquets, avec maintien d’une végétation adaptée sur les sols humides ou rocailleux, Ce biotope est toutefois fragile car permet tout à la fois de préserver la biodiversité et les ouvertures paysagères. rapidement masqué et étouffé par la pousse des arbres à son pied. Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 57 A- Structure et richesses des paysages naturels

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 58 Les mines sont à la jonction des patrimoines naturels et des patrimoines culturels. Dans la mesure où ils comportent une forte composante naturel et sont dépendants de la localisation des filons, ils terminent ce chapitre sur les patrimoines paysagers « naturels ». D’ailleurs, les autres composantes des paysages naturels des Hautes Vosges ne sont pas indépendantes des activités humaines : les biotopes ont été remaniés par la gestion sylvicole et pastorale, les cours d’eau et les étangs résultent d’aménagements multiples au fil des siècles, les abrupt rocheux ne sont visibles qu’avec la coupe d’arbres à leur pied,…

L’exploitation des mines au fil des siècles a eu un impact sur l’organisation du territoire et la structuration des paysages (sources d’information : SESAM, SRA, Musée des Mines du Thillot) Au 16ème siècle, l’exploitation minière dans le massif vosgien était unifiée sous la direction des Ducs de Lorraine : la production de minerai, la production de charbon de bois et la fonte du minerai étaient harmonisés par les officiers ducaux, de façon à ce qu’il n’y ait pas de surproduction de l’un ou l’autre élément. Des paysages particuliers en sont issus : - Suite à l’expérience acquise dans la vallée de Sainte-Croix-aux-Mines, où les fumées de la fonderie s’étaient avérées nocives pour la santé, un endroit tout à la fois bien ventilé, facile d’accès et proche d’un bois de qualité a été recherché pour la localisation de la fonderie de la vallée de la Moselle. D’où son implantation à St-Maurice, à la confluence de la vallée de la Moselle et de la vallée des Charbonniers, près de la rivière pour la force motrice de l’eau et le lavage du minerai, au carrefour d’importantes voies de passages qui desservaient du multiples sites miniers, mais également en un lieu bien ventilé par les vents d’Est-Ouest et Nord-Sud. Cet endroit avait également l’avantage d’être situé à proximité des sources de production de charbon de bois, notamment le hêtre tortillard des sommets à plus de 1000m d’altitude, dont le bois dur convenait bien à cette fonction (2000ha de forêt ducale aux Neufs Bois, Gresson, Ballon d’Alsace et Colline des Charbonniers). Le minerai était acheminé vers ce lieu, par un réseau de « chemins des mineurs », qui sillonnent encore aujourd’hui le territoire. - Face à l’importante activité minière qui s’est déployée de 1550 à 1760, des noyaux urbains se sont développés, notamment à Bussang (sur l’entrée de la mine d’argent), à St-Maurice (près de la fonderie) et au Thillot (au pied de l’ancien village des mines). L’administration minière, le juge des mines, le marché des mines et la chapelle Ste Barbe, d’abord situés à Bussang en 1550, ont été transférés au Thillot en 1575. - A noter, sans qu’une corrélation soit forcément opportune, la proximité d’un château fort sur les 2 cols près des mines majeures : le château de Taillé près du col de Bussang (dont les vestiges sont très réduits) et à Château- Lambert en versant franc-comtois en surplomb du Thillot. Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 59 Le Massif Vosgien occupe la bordure Ouest d’un bassin minier qui s’étend jusqu’aux Carpates. Cet espace partage un fond culturel et technique commun, ainsi qu’une similitude de paysages générés par l’activité minière (un millier de mines du 16ème au 19ème siècle et même jusqu’au 21ème siècle dans les Vosges). Une quarantaine de mines a été identifiée dans la Communauté de Communes par le Service Régional d’Archéologie et le SESAM . Une vingtaine est en cours d’étude. Chaque commune est concernée avec au moins un site de grand intérêt. Un projet de mise en valeur et de mise en réseau est à l’étude, avec au moins une mine ou un patrimoine minier associé dans chaque commune. Les principaux secteurs miniers sont : - une longue mine d’argent depuis le Col de la chapelle des Vées dans la Colline de Fresse jusqu’au centre de Bussang (les archives citent 23 mines entre St-Maurice et Bussang, pour la recherche d’argent au cœur d’un cuivre gris), ouverte en 1550 ; avec brocard en amont du bourg ; - les mines de cuivre de St-Maurice dès le 16ème siècle dans la vallée des Charbonniers (près du Plain de la Loge, sous le Plain du Canon et près de la chapelle Botiotte, puis les mines de fer au 19ème siècle du fond du vallon des Charbonniers au Rouge Gazon), dans le vallon de Longeligoutte et sur la Tête du Tertre ; - les mines de cuivre du Thillot de 1560 à 1761 qui comptaient 2 brocards, 1 forge, 1 engin hydraulique, 6 étangs, 5 entrées de mines au moins) ; c’est dans ces mines que l’usage de la « poudre noire » (explosif ) a été inventé pour le percement des galeries, fait précédemment à la pointerolle ; mine St-Thomas, St-Charles, mine de Rouge Montagne, … - la mine d’or illégale de Forgoutte au Ménil, - la mine de plomb, zinc, cuivre, fer et molibdène à la Saulx à Rupt, - la mine de fluorine à Fondromey à Maxonchamp, qui étaient en exploitation jusque dans les années 1960. L’exploitation des mines au fil des siècles a donné lieu à un patrimoine paysager spécifique qu’il conviendrait de mettre encore davantage en valeur L’activité minière se perçoit par des paysages spécifiques en surface: entrées de galeries, avec parfois tranchée d’accès, puits de mine parfois inondés, haldes (tas de pierraille sans minerai sorti des galeries), trous de prospection, brocards et ouvrages hydrauliques, ateliers de traitement du minerai, chemins des mines souvent consolidés par des murets de pierre sèche et d’une pente régulière de 2% environ au maximum, places de charbonniers, lentilles planes sur les pentes des forêts d’une quinzaine de mètre de long pour environ 5 mètres de large.

L’activité minière est un axe de travail important pour la valorisation du patrimoine et des paysages dans la CCBHV Ce patrimoine est actuellement bien mis en valeur à l’Ecomusée des Hautes Mynes du Thillot (écomusée pédagogique, galeries de mines visitables, haldes et autres éléments bien mis en valeur …). Des projets de valorisation complémentaire sont conduits par la DRAC, le SRA et le SESAM, avec mise en réseau des mines les plus intéressantes, des patrimoines associés (fonderie, habitat, …) et des chemins qui les desservaient. Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 60 Au Thillot De multiples galeries d’extraction du cuivre du 16ème au 18ème siècle avec l’appareillage associé, l’écomusée des mines, un réseau des chemins des mineurs pour l’acheminement du minerai à la fonderie de St-Maurice-sur-Moselle A Le Ménil Forgoutte Une ancienne mine d’or, une galerie de prospection

A Ferdrupt Une galerie de prospection dans l’axe du filon argentifère exploité à Bussang/Colline de Fresse. Un site en lien avec les conflits miniers à Xoarupt.

À Saulx Une galerie d’extraction du plomb, zinc, cuivre, fer, molibdènite

À Rupt Maxonchamp Mine de Fuorine de Fondromey dont l’exploitation a cessé dans les années 1960 Galerie de mines Ancienne fonderie du secteur Secteur minier du Thillot À Rupt Lepange Divers (lieu-dit ou fait historique en rapport avec les mines et le Secteur de prospection Lieu-dit « Charbonnier » sur les charbonnage) Secteur de charbonage minutes de la carte d’Etat Major de Chemin des mines Musée des Hautes Mynes du Thillot Route Nationale, Voie Verte, Moselle 1810 environ Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 61 Les traces de l’activité minière dans le paysage Exemple d’une plateforme de concassage et de lavage du minerai aux mines d’argent de La Croix, avec petit canal d’amenée d’eau, roue hydraulique, large chemins pour le transport. Les mêmes types de paysages existent au Thillot, ainsi que dans d’autres communes de la CCBHV. Leur inventaire et leur mise en valeur est en cours par la SRA et le SESAM

Galerie creusée à la Galerie creusée à la poudre noire au 18ème ème pointerole au 16 siècle siècle, procédé inventé au (musée du Thillot). Thillot (musée du Thillot)

Les techniques de taille ont évolué entre le 16ème siècle et le 18ème siècle, époque d’extraction du minerai au Thillot. Le musée des Hautes Mynes du Thillot met en valeur ces savoir-faire, ainsi que les paysages environnants : haldes, galeries, chemin des mineurs, station de lavage, roues hydrauliques, ... Ainsi, la thématique minière comporte une forte composante paysagère.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 62 Le patrimoine minier Les traces ce cette activité dans le paysage du Thillot

Galerie de mine avec tranchée Des haldes monumentales se succèdent dans la d’accès pente, face à chaque galerie.

Cabane reconstituée, avec toiture en bois

Des besoins d’ouverture paysagère pour une bonne Une ancienne plateforme de lavage, avec muret de perception du patrimoine minier (vue vers une halde soutènement en pierre sèche, et plots en pierre pour contenue dans des murets de soutènement, et vers la soutenir les poteaux de l’abri. vallée de la Moselle) Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 63 Les carrières de granite et les graniteries étaient Carrières nombreuses jusqu’au 19ème siècle. Les mentionnées sur la graniteries des Vosges, notamment celle de carte géologique du Mouline au Thillot, étaient réputées pour la BRGM au 1/50000° qualité de leur pierre et la finesse de leur taille (fourniture de colonnes pour la Comédie Anciennes carrières Française, fourniture de vases pour la cour de granite royale, …). Une quinzaine de carrières de granite est encore mentionnée sur la carte géologique Ancienne extraction du BRGM. Elles donnent parfois lieu à des de granulat paysages surprenants. Ainsi, l’ancienne carrière du Beaudevé près de la Chapelle de Pitié à Le Ménil est mise en valeur pour la découverte, avec belles gravures rupestres et panneaux explicatif.

Ancienne carrière de Le grès qui domine les sommets en rive gauche granite fondamental de la Moselle à Rupt avaient fait l’objet d’une mise en valeur pour exploitation ancienne, pour la pierre de taille la découverte au dans les constructions et pour la fabrication de Beaudevé à Le Ménil meules.

Plusieurs sites de granulats ont été exploités, comme par exemple les granites cataclasés (broyés) à Hielle (exploitation en cours, avec insertion paysagère), des colluvions sur les hauteurs de la Chapelle des Vés (exploitation en cours, visible de loin), les dépôts de sables d’un ancien lac glaciaire en amont de Remanvillers à Ferdrupt (site en cours de transformation touristique).

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 64 Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 65 Les sources d’information

Il s’agit de la Carte Archéologique de la Gaule, des bulletins de la Hautes Moselle (ex : n°30, ainsi que 2 bulletins de 1895 au sujet de l’industrie textile), des informations transmises par M. Decombis, informations recueillies souvent dans le cadre du groupe archéologique du Collège du Thillot qu’il animait, des informations transmises par plusieurs érudits locaux (ex : M. Morisot), notamment lors des tournées de terrain de l’atelier patrimoine et de diverses réunions.

Les paysages est le fruit d’une longue interaction entre un milieu naturel d’une part, et les communautés humaines d’autre part, qui se son succédées au fil des siècles, avec leurs besoins, leur technologie, leurs coutumes, …

Les voies de passages sont un des éléments qui ont guidé l’organisation des paysages. Elles s’inscrivent dans les paysages naturels (cols aisément accessibles et vallées souvent localisées sur des zones de failles, hauts fonds des rivières et berges hors zones inondables pour la traversée d’un grand cours d’eau, …). Ainsi dans la CCBHV, des voies de passages antiques ont pu se calquer plus ou moins sur des voies de passages protohistoriques, voire encore plus anciennes puisque des stations mézolithiques (-12 000 à – 5 500 ans à la sortie de la dernière époque glaciaire) semblent avoir existé de Rupt-sur-Moselle jusqu’au Thillot (peut-être au-delà en amont, mais les artefacts manquent en l’absence de labours et de prospection systématique) Sur ces voies de passages antiques, se sont inscrites, avec quelques variantes, nos voies de passages modernes, que l’on peut observer sur les cartes anciennes du 18ème siècle. Les lieux anciens de traversée des cours d’eau, le croisement des voies, ont souvent donné lieu à des implantations humaines particulières : hameaux ou bourgs pour la halte ou la gestion du territoire, place plus ou moins fortifiée pour la surveillance des circulations et la levée de péages à certaines époques, … D’autres éléments ont guidé les implantations humaines et structuré les paysages, tels que la richesse du sol et du sous-sol, pour l’activité pastorale et agraire sur les bonnes terres, ou pour l’activité minière sur les filons. C’est à partir de cette activité minière, par exemple, que se sont structurés les bourgs de Bussang et du Thillot . Le Thillot est situé à un croisement de failles d’où peut-être la grande richesse minéralogique du lieu, mais aussi à un croisement des voies de circulations qui ont emprunté les vallées développées sur ces failles.

Pourquoi mettre en évidence la dimension historique du paysage

Le plan de paysage tente de repérer les lieux de fort enjeux pour la beauté du cadre de vie, pour des activités de découverte, pour l’attrait touristique et l’image de marque de la CCBHV. Aussi, avant d’aborder plus spécifiquement l’analyse visuelle des paysages actuels, il est important de repérer les lieux chargés d’histoire, riches de significations, et donc porteur d’activités de découverte tant pour la population locale que pour l’activité touristique.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 66 B- Evolution ancienne des paysages structure richesses identité

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 67 Une présence importante des derniers cueilleurs-chasseurs au Mézolithique (-12000 à -5500) la fin de la dernière glaciation, a été mise en évidence avec le ramassage de plus de 600 artefacts dans les sites de , Lepange (Pré de Rougaux 300 artefacts), Maxonchamp, Xoarupt, le Champ, Bleu Pré et Le Ménil. Ces « ateliers » d’outillages ont été découverts dans la plaine alluviale de la Moselle dans les labours de Rupt-sur- Moselle jusqu’au au Thillot, sur les alluvions postglaciaires. Des abris sous roches ne sont pas exclus à Remanvillers, hameau de Ferdrupt. Les prospections à Ramonchamp et au Thillot ont montré, de plus, une occupation néolithique (ex : outillage du Néolithique moyen de - 4500 à - 3500 à Ramonchamp), de l’âge du Bronze et de l’époque gallo-romaine avec des restes de poterie sigillée caractéristique. Les secteurs amonts n’ont guère été prospectés faute de labours qui permettent de collecter des artefacts en surface. Une belle lame néolithique a toutefois été trouvée dans la vallée des Charbonniers. Ramonchamp L’aire d’étude est située entre deux grands sites d’extraction de roches pour la fabrication de haches polies au néolithique, dans les pélites-quartz et les aphanites. Elles étaient exploitées de façon très organisée de - 4600 à - 3700 à Plancher-les-Mines en Haute-Saône sous forme d’un front de taille (classé monument Besoins de gestion historique) ; et d’environ -5000 à -2900 à Saint-Amarin en Alsace, selon les observations de M. Pétrequin, archéologue Les prospections de ces 10 de l’université de Besançon. On peut se demander si des circulations, par les sommets vosgiens, existaient entre ces dernières années ont montré la deux sites, et si d’autres minières existaient dans la CCBHV, vues des similitudes ponctuelles de substrat rocheux (roches cornéennes dure résultant du contact entre les roches métamorphiques des grauwakes et les intrusions richesse archéologique de la granitiques, pélites-quartz, aphanites, roche magmatique microgrenue et parfois verrières dont quelques gîtes existent Haute Vallée de la Moselle. aux environs du Couard et du Tertre). Elles sont à poursuivre, pour la connaissance et la mémoire du Les analyses de sol des hautes chaumes nous révèlent par ailleurs qu’elles pouvaient être occupées très territoire, mais également pour précocement dès l’âge du Bronze. Il est possible d’envisager que l’estive était pratiquée dès cette époque (entre – 1800 et – 700) comme cela est avéré dans les Hautes Alpes. Mais en l’état actuel des connaissances, rien ne permet de développer un réseau de sites de considérer une occupation aussi ancienne sur les hautes chaumes du secteur d’étude. découverte, tout à la fois beaux et intéressants. Ils jouent un rôle Le nom même de Moselle révèle également une occupation ancienne de la vallée. Il dérive du mot Mosa en latin, le important pour la qualité de vie et même nom que celui qui désignait la Meuse. Les Romains ont repris le nom celtique, lui-même résultant, selon certains de loisirs des habitants, ainsi que chercheurs, d’une dénomination pré-celtique. Moselle signifierait ainsi « petite Meuse ». Certains toponymes y font pour les attraits touristiques. référence, tel que Meuselotte ou Meusefoux (de fons, la source).

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 68 La voie romaine reliant Trêves (une des capitales de l’empire romain au 3ème siècle), Metz et Bâle (chefs lieux de cités), par le col de Bussang, appelée Via Strata ou Augusta Rauracorum, passerait par les lieux-dits suivants : - à Bussang, par le Col de l’Estraye (ancien nom du col de Bussang), Taye, Champs Colnot, Bussang ; - à Saint-Maurice par le col du Lait où un pavement ancien a été remplacé en 1634 ; - à Fresse, par la Hardoye (qui pourrait dériver de « ardua via », c’est-à-dire la « voie pentue » ; en effet, la « Roche du Larron » surplombant directement la Moselle à cet endroit, a nécessité un passage en altitude avant sa destruction pour le tracé de la route actuelle au 18ème siècle) ; et par l’ancien village de Fresse (en amont de l’actuelle cité du Plain), où un ancien nom de rue évoque son passage et où il semblerait que son tracé ait été observé sous la chaussée actuelle ; - au Thillot, où elle aurait été observée en 1874 au lieu-dit La Favay (La Favée ? ) ; - à Ramonchamp au lieu-dit l’Estraye, noté « Strata Via l’Estree » sur une carte de 1707 (et plus particulièrement aux lieux-dits Champ sous la Voye, la Voye de Rots) Des ruines gallo-romaines auraient été trouvées en ce lieu. Seuls des restes de poterie sigillée, caractéristique de cette époque, ont été retrouvés depuis dans les environs. Une rumeur de trésor monétaire découvert au début du 20ème siècle Besoins de gestion concerne ce secteur. Des monnaies gallo-romaines ont également été trouvées sur le chemin de l’Etang (? Rue de la Voie Romaine ? ). Il semblerait qu’un établissement gallo-romain existait dans ce secteur. L’occupation gallo-romaine de la - à Ferdrupt, dans les environs de Linqueny et du Chatelet, au lieu dit Sur la Voye ; Haute Vallée de la Moselle est - à Rupt-sur-Moselle, aux lieux-dits Seuche, Linquemin, Champ de la Charrière, la Plaine Voye, Champ de l’Etraye pressentie au travers de Une monnaie gallo-romaine a été découverte à la ferme de la Maye au nord de Saulx, dans le vallon de . nombreux indices, mais elle reste encore trop méconnue. Les Une voie transversale d’orientation Nord-Sud passait par le Col des Croix, autrefois nommé Col de recherches sont à poursuivre Lestoy d’où pourrait dériver le lieu-dit l’Etat, orthographié l’Estat sur la carte de Naudin. pour une meilleure Elle parcourait les dépressions engendrées par un long système de failles Nord-Sud au cœur du Massif Vosgien, compréhension de l’histoire et permettant de relier Lure en Haute Saône à Saint-Dié et Strasbourg, par le cœur des Vosges. Un poste de surveillance des paysages locaux. Et les sites gallo-romain semble avoir été à Château Lambert, probablement sur la butte de la Vierge des Neiges, qui fait face à la butte du Fort, avant l’établissement du château médiéval. Quelques lieux-dits font pressentir le passage d’une voie gallo- majeurs seraient à mettre en romaine à Le Ménil : Pont Charreau, les Charrières. Par ailleurs, quelques vestiges auraient été observés au 19ème siècle valeur, notamment en ce qui au lieu dit « Lieux Romains ». concerne les anciennes voies. Elles sont susceptibles d’enrichir Une carte de 1707 mentionne un tracé qui pourrait se rapprocher de celui de l’ancienne voie romaine, l’attrait des multiples circuits de sous le vocable Voie Militaire. promenade et de randonnée, Le rôle également militaire de l’ancienne voie romaine semblerait confirmé par l’écartement d’1,10 m des ornières de la loisir majeur des Hautes Vosges. voie à Urbès et à St-Amarin dans le Haut-Rhin, qui appartiennent à la même voie, écartement typique des voies militaires de montagne à la fin de l’Empire romain. Le terme Strata Via apparaît sur la carte de 1707, au lieu-dit actuel Estray à Ramonchamp, ce qui pourrait confirmer la correspondance entre ces deux termes.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 69 Les sites d’intérêt archéologiques

Mézolitique surtout, et ponctuellement néolithique

Traces de voie gallo-romaine (à confirmer)

Vestige gallo- romain ponctuel (monnaie, mur)

Ossarium de Fresse

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 70 La toponymie permet un certain nombre d’hypothèses sur l’usage, sur les significations, ou sur des faits historiques se rapportant à des lieux particuliers. Ils nourrissent l’imaginaire rattaché aux paysages, et les auréolent de mystère, renforçant ainsi leurs attraits et leur utilisation possible dans un réseau de sites de découverte. Les toponyme avec la racine « bel » Les analyses des linguistes et toponymistes s’accordent pour rattacher la racine « bel » à un terme indoeuropéen signifiant hauteur, rocher. Ces racines, et leurs variantes bal, bol, boul, pal, bar, par, ballon, pallon, … se retrouvent dans des termes désignant la même réalité dans des langues indoeuropéennes différentes, en Allemagne, en Italie, mais aussi en Europe de l’est et en Asie Mineur. Ainsi, le toponyme « bel » ne désigne souvent, non pas la beauté, mais une hauteur particulière. A noter que 3 toponymes « bel » encadrent le Col des Fourches à Rupt-sur-Moselle. Et à partir de la Beuille au Nord de Rupt-sur-Moselle, les trois sommets de racine bel et bal se cotoient : le Bélué, le Ballon d’Alsace, le Ballon de Servance. Les toponymes « Corbeau » Le rôle du Corbeau dans la mythologie Celte intrigue. Pour la Tête des Corbeau de Bussang, une berceuse locale dit qu’elle portait un vieux château et évoque le roi des corbeaux. Ainsi par exemple, si à partir de la Tête du Midi sur les hauteurs du Ménil ont regarde vers la Tête des Corbeaux qui se détache à l’horizon sur les hauteurs du Bussang, il est possible de localiser sur le même axe l’ancien château médiéval de Taye sur les flancs de la Tête des Allemands, désormais localisé par le SRA de Lorraine, et plus loin encore le Col des Allemands, alternative au Col de Bussang pour le passage en Alsace. Les toponymes « Tête du Midi » Le toponyme Tête et ses variantes selon les régions (Kopf, tiste, …) découlent du bas-latin testa, crâne. Il désigne généralement un sommet-repère par sa hauteur aisément identifiable à l’horizon. Il peut également servir de limite à une microrégion ou d’une zone administrative, ou encore être la montagne fétiche ou identitaire du secteur. Midi dériverait du latin nona, la 9ème heure. Cette notion de tête renforce le sentiment d’une certaine humanisation des éléments naturels. Dans la CCBHV, l’axe reliant les 2 Têtes du Midi du Ménil et du Thillot, en surplomb de la voie NS passant par le Col des Croix et le Col du Ménil, avec l’axe reliant les 2 Bouloies du Bussang et de Rupt, en surplomb de la vallée de la Moselle près du Col des Fourches et près du Col des Allemands, se fait sur le sommet du Chaillon, butte avec une vue panoramique majeure dans le secteur.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 71 Le toponyme « Seu » apparaît pour de petites éminences d’une 40aine de mètres de dénivelé, à la confluence de 2 vallées axes de passage historiques. Ces hauteurs aisément accessibles comportent ainsi des enjeux paysagers renforcés. Selon le linguiste Pierre Colin de la Société Philomatique de Saint-Dié, le toponyme Seu se rattacherait à Uxello ou Uxellum, signifiant hauteur, nom celtique ou romanisé. La notion de « seuil » a également été évoquée par des historiens locaux. Le Haut Seu au Thillot est situé à la confluence de la vallée du Ménil et de la vallée de la Moselle. Il est actuellement totalement boisé, mais son avancée vers le milieu des vallées, et sous le Col des Croix, laisse penser que la vue porterait vers ces axes de passages historiques. Depuis la butte des Ayés toute proche, la vue est ainsi possible dans ces directions (Col des Croix, clocher de l’église Besoins de gestion et Tête du Seu du Ménil). Le vallon de Le Ménil comporte une Tête du Seu dans sa partie amont vers le Col, à la confluence avec la Comprendre la toponymie longue vallée de la Kinsmuss et du passage vers la vallée de la Moselotte (conduisant plus loin, vers La nécessite des recherches Bresse, , St-Dié, Strasbourg). Malgré la présence d’un lotissement, une vue remarquable s’ouvre historiques fines, de façon à vers le Col du Ménil, le Col des Croix et les buttes de la Vierge des Neige et du Fort, ainsi que vers le éviter les erreurs d’interprétation. sommet du Beaudevé, la chapelle de Pitié et la chapelle de la Salette. Mais elle ouvre à une meilleure Une Tête du Seu existe également à Fresse, dominant la confluence de la vallée de la Moselle et de la appréhension du paysage dans Colline de Fresse (sur la carte de 1905, il se situait plus haut sur la crête). Malgré la modestie de la vallée de sa dimension historique, culturelle la Colline, un certain nombre de voies pouvaient la traverser, passant peut-être par le petit col des Vés pour et symbolique qui ont varié au fil rejoindre Pont Charreau et Les Charrières près du Seu du Ménil, racine toponymique fréquente pour les du temps. voies très anciennes. Il est donc important de conserver la toponymie historique lors des Les toponymes de type « Chatelet » aménagements actuels et de Plusieurs toponymes de type Chatelet sont présents dans la haute vallée de la Moselle, notamment à Rupt l’extension urbaine, dans les et à Ferdrupt. Charles Kraemer, président du GERAV, émet l’hypothèse qu’ils pouvaient être des lieux avec noms de rues, des places, des fortification sommaires en bois des 9ème / 10ème siècles (par exemple, une tour entourée ou non d’une chemins, … La poursuite des palissade). Une dizaine de tels toponymes a été recensée dans les Vosges Méridionales dont six concernent recherches historiques à ce sujet Rupt-sur-Moselle, (3 Châtelets, 2 « Corne Châtel », un « Rond Château » à Lépange) et un toponyme est également nécessaire. Châtelet à Ferdrupt.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 72 Les toponymes anciens

Toponymes avec la racine « bal , bel » indoeuropéenne

Toponymes avec la racine « boul »

Toponymes avec la racine Tête, du latin testa (crâne), repère identitaire, ou limite de territoire

Toponymes Tête du Midi

Toponymes en Seu (Tête ou Haut du Seu)

Toponymes Corbeau (référence possible à l’oiseau mythique des légendes germaniques)

Toponyme Chatelet, ou auraient pu se situer des postes d’observation (tour en bois ? )

Châteaux médiévaux disparus

Forts de Château-Lambert Le château médiéval de Château-Lambert près du Col au Sud du Thillot est mentionné dès le 12ème siècle, et le (dont le site est bien visible château médiéval de Taillé à la jonction du Col de Bussang et du Col des Allemands est mentionné dès le 13ème depuis la CCBHV) et de Rupt, siècle. On peut noter que ces deux fortification médiévales sont située à proximité de sites miniers majeurs de bâtis par Séré de Rivière à Bussang et du Thillot. partir de 1874

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 73 Les toponymes anciens Les repères des temps passés, à une époque où les cartes étaient sommaires

La carte de Thierry Alix de 1576/1578 présente la façon dont était représenté un territoire au 16ème siècle : les sommets, les cols, les vallées parcourues des principaux cours d’eau, les sources et les lacs aidaient au repérage des bourgs, châteaux forts et mines, … Ils étaient des repères pour se diriger sur un territoire. La toponymie révèle quelque peu les lieux- repères importants à une époque donnée.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 74 Le recueil des légendes locales avait fait l’objet d’un travail spécifique par les collégiens du collège du Thillot, à l’initiative de M. Decombis. Certaines d’entre elles rejoignent le fond culturel commun aux Hautes Vosges, transmises en français ou en alsacien, évoquant des croyances germaniques (ex : légendes de cavaliers sur les hauts, d’anneaux géants gravés dans les parois rocheuses, dérivées du mythe de la chevauchée fantastique de Wotan ; ville engloutie dans les chaos de roches et roches à marmots des légendes solaires, …). D’autres se rapportent aux fées, d’autres encore aux rites qualifiés de sorcellerie près des « roches de sabbat », auxquels font référence certains procès de sorcellerie des 15ème ou 16ème siècles. Voici quelques exemples de légendes collectées pour les communes duThillot, Le Ménil et Ramonchamp. La Roche aux Fées et le Ban des Accusés sur la butte du Grammont à Ramonchamp La roche aux Fées est une grande roche dressée, de forme lancéolée et de plusieurs mètres de hauteur. A une dizaine de mètre de distance se situe le « ban des accusés », haute falaise où les fées étaient réputées conduire les accusés pour les juger. Besoins de gestion La Broche Jolie ou Roche Jolie à Ramonchamp Elle passe pour être un lieu de sabbats. Les paysages de légendes ne sont pas à négliger, les Une roche à marmot près des anciennes Tanneries Granjean au Thillot significations, même imaginaires, Des enfants étaient réputés sortir de ce trou, bouché depuis. intervenant dans la perception et La Tête des Corbeaux entre Ménil et Bussang l’intérêt d’un paysage. Une berceuse locale y évoque la présence d’un vieux château et du roi des corbeaux. Ainsi par exemple, la mention d’une légende pourra agrémenter L’église de Ramonchamp la description d’un itinéraire de Un souterrain serait censé en partir. découverte dans un guide de La roche du Chêne à Ménil randonnée. Plusieurs légendes, à collecter Les roches, lacs, sources, Légende d’une jeune fille foudroyée au bord d’un lac dans le secteur de l’Etang Noir à Ramonchamp carrefours forestiers, où de telles Une jeune fille tout de blanc vêtu se baignait dans le lac. Un orage éclate et la foudroie. légendes existent, sont à préserver et à maintenir dans un Le Four des Fées à Le Ménil et la légende de la Fée pâtissière à Ramonchamp environnement de qualité. Plusieurs légendes de Fées pâtissières existent dans le secteur.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 75 Les paysages de légende

R Légende liée à la présence d’une roche S Légende liée à la présence d’une source ou d’un lac L Légende diverses Légende en lien avec d’anciennes pratiques de « sorcellerie »

Ramonchamp : La Roche des Fées sur le haut du Grammont, ainsi que l’abrupt mitoyen du Ban des Accusés, mis en valeur dans le cadre des chemins de randonnée du Club Vosgien, avec création d’un abri par les habitants. Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 76 B- Evolution ancienne des paysages Structure, richesses et identité

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 77 La voie qui longe la vallée de la Moselle depuis le Col de Bussang apparaît sous le vocable Voie Militaire. L’hypothèse a été émise que son tracé soit en rapport avec l’ancienne voie romaine. Elle traverse la rivière en trois points passant de la rive droite à la rive gauche : - au niveau du vieux bourg de Ramonchamp, cet ancien bourg perché sur un socle rocheux dans une boucle de la Moselle, contrôlait ainsi un des passages entre les 2 rives de la Moselle ; - entre les hameaux de La Roche et de Longchamps à Rupt au pied du Col du Mont de Fourche, ce qui permettait l’accès aussi bien en rive droite qu’en rive gauche au débouché du Col ; - à Maxonchamp où la voie fait une courte incursion en rive droite (accès aussi bien en rive droite qu’en rive gauche de la Moselle à partir de la voie qui reliait Maxonchamp à la Franche Compté par le cirque glaciaire de Fondromey ? Desserte du bourg de Lette ou Laitre (= Rupt) avec liaison vers les cols en rive droite ? …).

Les bourgs mentionnés apparaissent comme les principales implantations humaines de l’époque : Bussang, St- Maurice, Ramonchamp (Remonchamp), Strata Via ou l’Etrée, Longchamp, La Roche et Maxonchamp. La carte semble réserver le nom de Remonchamp situé nettement au pied du versant de la rive gauche au village de Ramonchamp, et le nom de Strata Via situé nettement sur la Moselle au bourg de Ramonchamp effectivement dans la boucle de la Moselle. Les 2 châteaux médiévaux du 13ème siècle, protégeant les cols de Bussang (château de Taye) et le Col des Croix entre Le Thillot et Château-Lambert y apparaissent encore : - Le Col de Bussang est mentionné pour la première fois en 1246 sous le nom d’Estée. Il disposait d’un péage mentionné en 1276 sous le nom Pertuis d’Estaye. Le « Château d’Estaye » est mentionné et dessiné sur la carte des Hautes Chaumes que Thierry Alix a réalisé pour le « Dénombrement des Duchés de Lorraine » en 1594. Appelé par la suite château de Taille ou de Taye, il a été récemment localisé par le Service Régional d’Archéologie sur la Tête des Allemand entre le Col de Bussang et la vallée du Séchenat menant au Col des Allemand, et semble avoir pu surveiller le passages à partir de plusieurs cols : cols de Bussang, des Allemand, du Page et du Mignon vers les Huttes. - Le château de Château-Lambert a été érigé au 12ème siècle sur la butte de la Vierge des Neiges par le comte de Faucogney Gislebert de Faucogney. Le château se nommait Castrum Humberti, d’où dériva le nom de la commune. Le château a été détruit en 1643, lors de la Guerre de 10 Ans lors du rattachement de la Franche Comté à la France. Il Cœur historique de Ramonchamp protégeait le Col entre Le Thillot et Château Lambert, entre la Bourgogne et la Lorraine, qui se nommait à l’époque Col et la croix du 16ème siècle de l’Estoy. Ce château semble avoir fait suite à une place forte gallo-romaine. - Il est à noter que ces deux châteaux médiévaux sont également situés à proximité des principaux filons de cuivre argentifère et de cuivre de Bussang et du Thillot.

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 78 La carte de 1707

Moselle

Voie principale de la vallée de la Moselle depuis le Col de Bussang, appelée Voie Militaire

Ornière d’écartement 1.10 m typique des voies militaire de la fin de l’Empire romain, creusée dans le sol rocheux prouvant le passage de cette voie en versant alsacien

Bourgs mentionnés

Châteaux dont la mention apparaît au 13ème siècle pour le château de Taille à Bussang, et au 12ème siècle pour le Castel Humbert entre le Thillot et Château- Lambert en Franche Comté

Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 79 Dans la CCBHV à cette époque, tous les fonds de vallée, et les versants jusqu’à des altitudes importantes, apparaissent mis en valeur pour la production agricole, les populations vivant principalement de productions locales (seigle, avoine, viande, lait, …). Les paysages agricoles s’étageaient selon l’altitude : prés de fauche irrigués ou drainés dans les fonds de vallées humides ou inondables le long des cours d’eau, labours sur les hautes terrasses alluviales, terrasses soutenues par des talus ou des murets de pierre sèche sur les versants, exploitées en labours ou en prés, souvent irriguées par des canaux alimentés par des retenues collinaires. Seul le Haut de Belué est indiqué en pâturages. Les environs de Ramonchamp, Le Thillot, Le Ménil et Fresse sont intégralement ouverts par l’activité agricole, aussi bien dans les fonds de vallée que sur les sommets. Cela peut résulter des fortes pressions démographiques et minières encore bien présentes au 18ème siècle. Les pentes sommitales des vallées en amont à partir de St-Maurice, étaient, en revanche, couvertes de forêts, en raison des plus fortes altitudes, mais aussi en raison de la présence de forêts ducales répondant aux besoins en hêtre tortillard dur pour la production de charbon de bois adapté aux fonderies. Une avancée de la forêt est à noter au aval de Ferdrupt, au niveau de coude et du resserrement de la Saulx, sur les hauteurs d’Homant au Nord et de Linqueny au Sud. Les principaux abrupts rocheux sont dessinés sur la carte de Naudin. Dans ces espaces dénudés, ils participent visiblement à l’identité des paysages. La structure de l’habitat est très dispersée, organisée en bourgs et hameaux, et complétée d’une multitude de fermes dispersées. Trois moulins fonctionnant à la force hydraulique sont mentionnés au Thillot, à Le Ménil et à Ramonchamp (L’Estat), ainsi qu’une scierie à Le Ménil et une forge au Thillot. Cinq ponts de bois sont mentionnés, ainsi qu’un Gué à Rupt-sur-Morelle. En effet, l’activité préindustrielle puis industrielle s’est développée dès le 16ème siècle au Thillot, suite au déplacement de l’administration minière de Bussang. Ont suivi une manufacture de fer blanc en 1727, puis les tanneries. Le secteur des mines du Thillot comporte des paysages agraires ouverts. Le village des mines s’étire jusqu’à la crête. Le Col des croix apparaît bien comme une voie de passage. A cette époque, le fort de Château-Lambert n’existait pas encore. Mais l’oratoire de la butte de la Vierge des Neiges, lieux d’implantation de l’ancien château médiéval, est déjà présent, marqué d’une croix. Le nom ancien du Col, l’Estoy, transparaît dans le toponyme l’Estat en rive gauche vers Ramonchamp. Quelques voies sont bordées d’un alignement d’arbres, soulignant peut-être leur importance comme cela est le cas sur la carte de Cassini : les voies traversant le Col du Chaillon vers la vallée du Ménil, entre le Col des Croix et « l’Estat », entre Xoarupt (Chiarue) et Ribauxaire. Plan de Paysage CCBHV - DAT Conseils mai 2016 Page 80