LeMonde Job: WMQ1405--0001-0 WAS LMQ1405-1 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0438 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES 0123

VENDREDI 14 MAI 1999 LE MONDE DES POCHES bbbbbbbbbbbbb

LE CASTOR EN GRENOUILLE AMOUREUSE PASSIONS RÉVOLUTIONNAIRES SÉLECTION Intime, inattendue, la correspondance entre François Furet et « Le Débat » : La liste Simone de Beauvoir et son « amant la réflexion d’un « analyste inquiet » des « poches » transatlantique » , Nelson Algren p. III de la mémoire de 1789 p. VI parus en avril p. XII à XV a Au sommaire : José Jiménez Lozano, le Mai

du livre d’art... SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 14 MAI 1999. No 16859 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE

55e ANNÉE – No 16888 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 14 MAI 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Kosovo : la paix passe par Moscou b Jacques Chirac s’est entretenu avec Boris Eltsine b La Russie aurait obtenu des concessions de Slobodan Milosevic b Le président yougoslave accepterait le déploiement d’une force militaire internationale b La médiation russe se déroule sur fond de crise politique au Kremlin TOUJOURS confiant dans la puis avec les Occidentaux. Cette médiation russe au Kosovo, en dé- évolution entre dans la dyna- pit du chaos politique à Moscou, mique souhaitée par la France, qui Jacques Chirac devait s’entretenir entend obtenir l’appui de la Russie de la crise des Balkans, jeudi matin pour que soient inscrites dans une 13 mai au Kremlin, avec le pré- résolution du Conseil de sécurité sident Boris Eltsine. Selon des de l’ONU les conditions mises par sources russes citées par les Occi- les alliés à un arrêt des bombarde- dentaux à Moscou, Slobodan Mi- ments. Les conversations russo- losevic pourrait accepter le dé- occidentales sur ce projet sont très ploiement d’une force militaire avancées, dit-on à Moscou. Elles JACQUES MUNUT/REUTERS internationale au Kosovo aux ont lieu sur fond de crise politique conditions suivantes : qu’elle soit intérieure, au lendemain du renvoi sous le mandat de l’ONU ; que soit par M. Eltsine du premier ministre , première séance respectée l’intégrité territoriale de Evgueni Primakov, et alors que la AVEC Le Barbier de Sibérie du une compétition riche en films la Yougoslavie ; que son pouvoir à Chambre basse du Parlement ou- cinéaste russe Nikita Mikhalkov, d’auteur. Accueilli dans la sélec- Belgrade ne soit pas contesté et vrait, jeudi, le débat sur une éven- présenté hors compétition, la soi- tion de la Quinzaine des réalisa- qu’il bénéficie d’une manière tuelle destitution du président rée d’ouverture du 52e Festival in- teurs, Romain Goupil évoque la d’immunité judiciaire internatio- russe. ternational du cinéma s’est dérou- génération d’après Mai 68, sous le nale. Si elle était confirmée, cette Les alliés ont poursuivi les bom- lée à Cannes, le mercredi 12 mai, titre A mort, la mort. Dans la position serait un tournant radical bardements. Ils ont notamment en présence de Catherine Traut- double page que Le Monde dans l’attitude de Belgrade qui, frappé, jeudi, des installations de mann, ministre de la culture et de consacre chaque jour, jusqu’au jusque-là, n’acceptait que le dé- la télévision serbe, à Novi Sad, à la communication. Présidé par le 24 mai, au Festival, lire aussi l’en- ploiement d’une force « civile » au quelque 70 kilomètres de Bel- réalisateur canadien David Cro- quête sur les difficultés de l’indus- Kosovo. Elle serait le résultat de la grade. nenberg, le jury a assisté, jeudi, à trie cinématographique en Russie. médiation de l’envoyé spécial du la projection de Pola X, de Leos Kremlin, Viktor Tchernomyrdine Lire pages 2 à 4 Carax, le film français qui ouvre Lire pages 22 et 23 qui a eu des entretiens à Belgrade et notre éditorial page 14

a La communauté Robert Hue juive et Israël Boucliers humains ou expulsés : les déboires des journalistes russes à Belgrade MOSCOU pondant d’ORT, une chaîne publique qui af- était dressé. Puis l’alerte aérienne a retenti. Pen- La majorité des juifs de France est peu correspondance fiche ses sympathies pro-serbes, craint à son dant presque deux heures, nous avons ainsi joué durcit le ton mobilisée par les élections législatives « A Belgrade, on n’aime pas les journalistes » : tour d’être expulsé. La semaine dernière, il a dû les boucliers humains. » Le 23 avril, les bombes israéliennes. p. 8 c’est ainsi que le présentateur de la chaîne de subir un interrogatoire de deux heures, à son de l’OTAN s’abattent finalement sur le bâti- SOUCIEUX de relancer une télévision privée russe NTV a annoncé l’expul- hôtel. Les journalistes russes peuvent aussi, à ment, faisant une dizaine de morts. Cette nuit- a campagne assourdie par la sion, par les autorités serbes, de leur corres- l’occasion, servir de « boucliers humains ». Ma- là, les « Russes » n’avaient pas été convoqués. guerre du Kosovo et la crise corse, pondant sur place, Viatcheslav Grounski. «Je rina Lilleviali, l’envoyée spéciale de la chaîne « Nos collègues serbes avaient reçu l’ordre de ne Robert Hue entend resouder sa a L’échec de l’OM m’étonne seulement que cela ne soit pas arrivé publique RTR, se souvient ainsi de la nuit du pas quitter leur poste de travail », confie, écœu- liste Bouge l’Europe ! autour du Après sa lourde défaite, mercredi, face avant », confie le journaliste russe, de retour à 20 avril. « Vers 23 h 30, le téléphone a sonné au ré, le correspondant expulsé. thème « antilibéral » et accentuer Moscou. En poste depuis 1995, Viatcheslav restaurant de l’hôtel : Ïl y a des Russes ici ?". Le Farouchement proserbe, Marina Lilleviali, la ses critiques sur la politique sociale à Parme en finale de la coupe de l’UE- Grounski avait pourtant la réputation d’être centre de presse de l’armée yougoslave nous reporter de RTR, dit s’être pliée sans broncher du gouvernement. Le PCF, qui ren- FA (3-0), il ne reste à l’OM que le devenu « plus serbe qu’un Serbe ». Pour NTV, il convoquait de toute urgence. Nous y sommes al- aux « bizarreries » des autorités serbes. dait publique, mercredi 12 mai, la championnat de France pour espérer avait couvert la guerre en Croatie, puis en Bos- lés. » Il est minuit quand Gora Matic, ex-mi- « L’équipe de RTR qui m’avait précédée avait fil- composition du comité de soutien à gagner un titre cette saison. p. 19 nie, essentiellement côté serbe. nistre de l’information, fait son apparition dans mé un pont à Belgrade. C’est un objectif straté- sa liste « ouverte », va tenter ainsi Jeudi 6 mai, vers 22 heures, trois hommes en la salle de presse. Pendant vingt minutes, il re- gique. Douze heures après, leurs visas étaient de réduire les dissensions internes civil font irruption dans sa chambre d’hôtel, au mercie les journalistes pour leur « travail formi- supprimés. C’est normal. » Elle ne s’émeut pas entre communistes et non-commu- a Hyatt. « Sans explication, ils m’ont annoncé que dable », puis entre dans le vif du sujet : davantage du sort des réfugiés kosovars : nistes, favorables aux frappes aé- Le procès mes accréditations, ainsi que celles de mon ca- « L’OTAN menace de bombarder le bâtiment de « C’est beaucoup trop dangereux d’aller voir ce riennes de l’OTAN, et se prémunir méraman, avaient été annulées et que nous la télévision. Je vous demande d’éteindre vos ca- qui se passe là-bas. » Tous les journalistes contre une désaffection de ses mili- des œuvres d’art avions jusqu’à minuit pour quitter le pays. Nous méras, de prendre vos stylos et de marcher vers la russes ont encore en mémoire l’odyssée tra- tants tentés soit par l’abstention, Au cœur de l’audience de mercredi, le avons sauté dans un taxi en direction de la fron- télévision en signe de protestation. » « Nous gique d’une équipe de la chaîne NTV qui, au soit par la liste trotskiste d’Arlette tière hongroise. Même mon chauffeur belgradois avons alors compris qu’il s’agissait d’un ordre », début de la guerre, s’était aventurée de Bel- rôle, encore mal cerné, de Georges Laguiller et d’Alain Krivine. La a dû partir. Il se cache à Moscou. » raconte Viatcheslav Grounski. Mais, en raison grade au Kosovo. A 20 kilomètres de Pristina, « gauche de la gauche » est bous- Wildenstein, sans doute l’un des plus Ces intimidations ne sont pas réservées aux de la pluie battante, l’idée d’une « marche » est leur chauffeur, un Serbe, avait été abattu par culée, aussi, par un partenaire très grands marchands d’art de la place de seuls collaborateurs de NTV qui, comme Viat- finalement abandonnée. Les journalistes sont un tireur embusqué. présent : l’association Attac. Paris pendant l’Occupation. p. 10 cheslav Grounski, se sont permis de critiquer emmenés en voiture. « On nous attendait à l’in- Slobodan Milosevic. Alexandre Malinov, corres- térieur du bâtiment de la télévision. Un buffet Agathe Duparc Lire page 6 a Téléphone par satellite POINT DE VUE The economist Les financiers hésitent à apporter leur soutien à de nouveaux projets après Adieu, Régis Debray l’échec commercial de l’opérateur Iri- dium. p. 15 par Bernard-Henri Lévy ÉGIS DEBRAY a eu, qui bouge dans les parages de l’es- a L’avenir de autrefois, du courage prit moderne et devenant, au fil R et du talent. Le sens des textes, le héraut d’une mou- l’Europe spatiale du geste et celui de la vance « national-républicaine » phrase. Il a été, au temps de son qui n’en finissait pas d’affirmer ses Les ministres de l’espace ont décidé de compagnonnage avec le Che, l’un régressions. LAWRENCE SUMMERS développer un concurrent du GPS de nos derniers vrais aventuriers : Et, maintenant (page Débats américain, mais se sont affrontés sur la l’un des derniers, en tout cas, à dans Le Monde du 13 mai), le dé- REMANIEMENT ministériel à question des lanceurs. p. 20 tenter de relever le défi de la fenseur de la cause serbe, que l’on Washington : en juillet, l’écono- « grande vie » – celle qui se joue voit, avec stupeur et tristesse, faire miste Lawrence Summers, qua- sur le double registre d’une œuvre à son tour le voyage de Belgrade et rante-quatre ans, remplacera le exigeante et de l’action. Des er- rejoindre ainsi la petite troupe des banquier d’affaires Robert Rubin, a Alain Genestar reurs, sans doute. Sa part, comme Besson, Handke, Marie-France soixante ans, comme secrétaire au chacun, d’incertitude, d’égare- Garaud – j’en oublie, et des bien Trésor. C’est un changement dans à « Paris-Match » ment. Mais du panache. De la no- pires, par charité. la continuité : M. Summers était blesse. Ces années de prison, à Ca- Je passe sur la platitude du style l’adjoint de M. Rubin, qui a pré- Le 1er juillet, Alain Genestar sera le di- miri, qui étaient le signe, quoi (justice immanente de la littéra- senté sa démission pour des rai- recteur général de la rédaction de Pa- qu’on en dise, d’un engagement ture ?). Je passe sur l’étrange façon sons personnelles. Avec Alan ris-Match. Son adjoint, Jean-Claude payé au prix fort. Un assez beau de qualifier d’« évacuation à l’is- Greenspan, patron de la Réserve Maurice, lui succède à la tête du Jour- spécimen, au total, de grand intel- raélienne » la déportation, sur fédérale, ils ont joué un rôle es- nal du dimanche. p. 26 lectuel – à l’ancienne pensée, litté- fond de massacre, d’un million de sentiel dans la prospérité améri- rature et politique mêlées. Kosovars. Je passe même sur le caine et face aux crises financières Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, Depuis quelques années, déjà, classique renversement des rôles internationales. 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; les choses s’étaient compliquées. de la victime et du bourreau qui Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, Des poussées récurrentes de fièvre permet d’évoquer les « snipers » Lire page 12 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; , chevènementiste. Des appels, un de l’UCK. 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; peu ridicules, au retour des International ...... 2 Tableau de bord ...... 16 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; blouses grises dans les écoles et les Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Lire la suite et le point de vue France ...... 6 Aujourd’hui ...... 19 coups de menton nationalistes qui d’Alain Joxe page 13 Société ...... 8 Météorologie ...... 21 ne lui ressemblaient pas. Un texte Carnet...... 10 Jeux...... 21 navrant contre Venise. Des ana- Abonnements ...... 10 Culture ...... 22 thèmes de curé boudeur contre Bernard-Henri Lévy est Horizons ...... 12 Guide culturel...... 24 Mai 68 et son héritage. Bref, un écrivain et directeur de « La Règle Entreprises ...... 15 Radio-Télévision...... 25 côté serial writer tirant sur tout ce du jeu ». LeMonde Job: WMQ1405--0002-0 WAS LMQ1405-2 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0439 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999

KOSOVO Les dirigeants occiden- mettre en cause la coopération de la sine et son émissaire pour les Bal- président français poursuivra les dis- accepter ce plan, y compris le déploie- taux estiment que la crise politique Russie dans la recherche d’un règle- kans, Viktor Tchernomyrdine. Comme cussions sur certains points concrets ment au Kosovo d’une force interna- ouverte, mercredi 12 mai à Moscou, ment à la crise du Kosovo. l’ont fait ces derniers jours Hubert Vé- du projet de règlement qui n’ont pas tionale, à condition qu’on ne compro- par le limogeage du premier ministre, b JACQUES CHIRAC devait rencontrer drine et le secrétaire adjoint au Dé- encore l’aval de Moscou. b LE PRÉ- mette pas son maintien au pouvoir. Evgueni Primakov, ne devrait pas re- jeudi à Moscou le président Boris Elt- partement d’Etat, Strobe Talbott, le SIDENT YOUGOSLAVE serait prêt à (Lire aussi notre éditorial page 14.) Le scénario de l’arrêt des frappes passe toujours par Moscou Malgré leur mauvaise humeur affichée et les aléas de la politique intérieure, les dirigeants russes poursuivent des discussions très concrètes avec les Occidentaux pour sortir de la crise. Jacques Chirac rencontrait jeudi Boris Eltsine au Kremlin

COMME dans d’autres capitales ploiement d’une force internatio- ses affidés et ne se heurterait vrai- sur le pragmatisme chinois pour geants français comme d’autres entendent y prendre part et n’en occidentales, on estimait mercredi nale au Kosovo, retour des réfu- semblablement pas à la même ré- chercher des compensations ail- poursuivent donc opiniâtrement la écartent plus les pays de l’OTAN à Paris que le limogeage du gou- giés, statut d’autonomie). Il ne sistance serbe. leurs que sur le dossier yougo- stratégie du « rapprochement ». engagés dans l’intervention aé- vernement en Russie ne modifiera restait qu’à s’entendre avec eux slave. On en est en revanche à se Hubert Védrine (avant l’Américain rienne actuelle. Mais ils ne veulent pas l’attitude de ce pays dans la sur le contenu concret de ces prin- LA COLÈRE DE PÉKIN demander, comme le faisait ré- Strobe Talbott et en prélude à pas du modèle de la SFOR en Bos- crise du Kosovo. On restait très cipes et à en faire une résolution Beaucoup restait certes à négo- cemment un éditorialiste améri- Jacques Chirac) s’y est employé en nie, à savoir un commandement confiant quant au rôle que peut du Conseil de sécurité de l’ONU cier avec Moscou mais l’affaire cain, comment les Occidentaux début de semaine avec son homo- unique entre les mains de l’OTAN. jouer Moscou pour qu’une issue qui s’imposerait au président you- était bien engagée : la semaine ont pu se mettre ainsi en situation logue russe. Il a pu constater que Ils suggèrent une répartition par finisse par se dessiner, ceci en dé- goslave. Autrement dit, avec ou dernière, on espérait dans les mi- d’« otages » de Boris Eltsine lui- M. Ivanov, en dépit du bombarde- zones des contingents avec des pit des perturbations provoquées sans l’accord de Milosevic, mais lieux diplomatiques occidentaux même balloté par les remous de la ment de l’ambassade de Chine à commandements dans chaque par le bombardement de l’ambas- grâce à celui de la Russie et avec parvenir à une résolution du politique intérieure russe, et les Belgrade et des vents forts souf- zone. Comme parallèlement ils sade de Chine à Belgrade. l’abstention prévisible de la Chine, Conseil de sécurité de l’ONU en Etats-Unis sombrer dans ce « cau- flant sur la Douma, continuait de s’élèvent contre l’idée que la fu- Jacques Chirac allait pouvoir ju- une force terrestre internationale dix ou quinze jours. C’est à ce mo- chemar multilatéral ». s’y employer lui aussi ; mais il a pu ture administration internationale ger sur pièces, jeudi 13 mai, lors de finirait par prendre le relais des ment-là que la Chine s’éveilla, A Paris, on appréhende les mesurer également que les résis- du Kosovo puisse être confiée à ses entretiens à Moscou avec Boris frappes aériennes de l’OTAN, avec suite à l’époustouflante méprise choses avec plus de placidité. On tances russes sur certains « dé- l’Union européenne, on devine as- Eltsine et Viktor Tchernomyrdine la bénédiction des Nations unies. de l’aviation alliée, et que les explique en substance que si les di- tails » concrets des cinq principes sez bien ce qu’ils ont en tête : une notamment, si cette confiance La seule dissuasion efficace, que Russes firent savoir bruyamment rigeants russes ont intérêt actuel- de base étaient assez coriaces. sorte de « statut de Berlin » qui reste justifiée. Il le croit, malgré le l’Alliance atlantique ne pouvait qu’ils avaient plusieurs cartes dans lement à hausser le ton, leur inté- Elles portent essentiellement sur équivaudrait de fait à un partage raidissement du ton en Russie de- pas risquer seule – l’intervention leur jeu, dont la carte anti-OTAN. rêt fondamental reste l’arrêt des trois points. En premier lieu, la na- du Kosovo. Les Occidentaux évi- puis ce malencontreux bombarde- au sol – devenait possible ; On en est là. Ce scénario de sor- frappes et ils devront bien à cette ture de la force internationale, demment n’en veulent pas. ment et la menace proférée mer- commanditée par l’ONU elle n’au- tie de crise reste toujours le seul. fin composer avec les Occidentaux dont le principe est admis par la credi 12 mai par Boris Eltsine de ne rait plus l’allure d’une (inenvisa- La colère de Pékin fait monter les dont la fermeté sur les cinq prin- Russie qui laisse même entendre OBJECTION PROVISOIRE plus se prêter au jeu que l’OTAN geable) invasion de la Yougoslavie enchères mais n’est pas considérée cipes de base d’un règlement ne que Belgrade pourrait l’accepter En deuxième lieu, les Russes ne veut lui faire jouer. Les Russes de- par « l’impérialisme » américain et comme rédhibitoire : on compte s’est aucunement altérée. Les diri- aussi (voir ci-dessous). Les Russes sont pas d’accord avec le schéma puis quelques jours affichent leur occidental de sortie de la crise : ils mauvaise humeur et font entendre voudraient, pour avoir de meil- que les Occidentaux ont pris leurs Moscou affiche leures chances d’obtenir l’accord désirs pour la réalité en comptant Ce que M. Milosevic pourrait accepter de Belgrade, que la suspension des un peu trop sur leur docilité. sa mauvaise humeur frappes aériennes de l’OTAN On a de fait beaucoup compté MOSCOU politique yougoslave, et demanderait surtout une vienne en premier, la résolution de sur eux : alors que les opérations de notre correspondant sorte d’« immunité judiciaire » internationale, au Aussitôt après l’annonce du li- l’ONU ensuite seulement. Les Oc- militaires donnaient l’impression Slobodan Milosevic est prêt à accepter le déploie- moment ou plusieurs pays de l’Alliance trans- mogeage d’Evgueni Primakov, Bo- cidentaux ne cèderont pas sur ce de s’enliser, le seul scénario envi- ment au Kosovo d’une force militaire internationale mettent au Tribunal pénal international pour l’ex- ris Eltsine a averti que la « Russie point – ils ne relâcheront pas la sagé pour sortir du bourbier pas- sous mandat de l’ONU. Elle pourrait même être Yougoslavie de La Haye des éléments susceptibles pourrait se retirer du processus de pression militaire avant que Bel- sait par Moscou. Il fut, à l’origine, lourdement armée. C’est en tout cas, selon des d’aboutir à son inculpation. négociations [sur le Kosovo] si ses grade ait accepté le plan en cinq de conception française mais très sources occidentales à Moscou, le message que font Le ministère des affaires étrangères russe ne propositions et ses efforts de média- points et commencé de retirer de activement endossé par les Alle- passer les Russes à leurs interlocuteurs de l’OTAN. confirme pas ces informations. Mais elles éclairent tion étaient ignorés ». « Ce n’est pas ses troupes du Kosovo. mands et approuvé par tous ; la Officiellement, M. Milosevic a toujours affirmé qu’il d’un jour nouveau les déclarations faites par l’émis- nous qui participons à cette guerre Enfin, Moscou continue de dire promptitude avec laquelle la Mai- n’accepterait au Kosovo qu’une présence interna- saire russe pour les Balkans, Viktor Tchernomyr- ni qui l’avons fait éclater. Manifeste- que ce plan de règlement suppose son Blanche s’y rallia malgré ce tionale civile sous mandat de l’ONU, sans participa- dine, fin avril, après ses entretiens avec M. Milose- ment nos appels et nos multiples pour être appliqué que Belgrade que cela signifiait – le renvoi à tion des « pays agresseurs » de l’OTAN. Une telle ac- vic. Il avait affirmé que Belgrade acceptait le propositions ne parviennent pas à l’ait accepté. Mais l’objection n’est l’ONU d’une crise à laquelle ceptation signifierait que le président yougoslave déploiement d’une force internationale au Kosovo : leurs destinataires », a-t-il ajouté. peut-être que provisoire et spé- l’OTAN s’était attaquée seule – té- envisage de se plier aux cinq conditions posées par « Evidemment ce seront des militaires, qui voulez- Le secrétaire du Conseil national cieuse : dès lors que les Russes au- moigne à elle seule qu’il n’y avait l’OTAN à l’arrêt des bombardements. La force mili- vous que ce soit alors que la guerre continue ?. de sécurité, Vladimir Poutine, a vi- raient voté une résolution contrai- pas d’autre scénario disponible. taire pourrait même être lourdement armée, comme M. Tchernomyrdine avait été aussitôt démenti par vement dénoncé les opérations de gnante au Conseil de sécurité, ils Il était de surcroit devenu plau- le veulent les pays membres de l’Alliance, et pas Belgrade. Au lendemain de l’accord des ministres l’OTAN et déclaré que la Russie devraient logiquement, estime-t- sible et même probable au fil des seulement équipée d’armes légères ou seulement des affaires étrangères du G 8 intervenu, le 6 mai à « ne se satisfera pas d’un rôle de on, exiger qu’elle s’applique. jours. La semaine dernière, toutes défensives, comme les Russes l’avaient un moment Bonn, Borislav Milosevic, frère du président yougo- messager technique ». Igor Ivanov, Tout cela représente encore les capitales occidentales se félici- souhaité. slave et ambassadeur à Moscou, avait également à l’issue d’entretiens avec le vice- beaucoup de chemin à parcourir et taient du « rapprochement » opéré Selon la diplomatie russe, M. Milosevic pose en déclaré qu’un « plan en sept points » avait été élabo- secrétaire d’Etat américain, Strobe beaucoup d’incertitudes. Mais, vers elles par la Russie après une revanche plusieurs conditions. La première est le ré par les Russes et les Yougoslaves. Sans en révéler Talbott, mercredi, a déclaré que fait-on valoir à Paris, « on n’a pas réunion ministérielle à Bonn. Le respect de l’intégrité territoriale de la Yougoslavie, le contenu, l’ambassadeur avait précisé qu’il « diver- « l’intensification des opérations de le choix. La Russie existe. On ne peut projet prenait corps : les Russes la mise en place d’une administration provisoire du geait » de l’accord du G 8. C’est ce plan que les l’OTAN menace la poursuite du pro- pas agir contre elle et on ne sait pas avaient approuvé, sur le principe, Kosovo ne devant pas à terme mener la province à Russes transmettent et discutent avec leurs inter- cessus de négociations ». Il a aussi comment faire sans elle. Il faut bien les cinq exigences de l’OTAN en- l’indépendance. La seconde concerne son avenir locuteurs occidentaux. expliqué qu’il attendait de ces dis- trouver le moyen de faire avec ». vers Slobodan Milosevic (cessez le personnel à la tête du régime. Il exigerait que les cussions, qui devaient se pour- feu, retrait des troupes serbes, dé- Occidentaux s’interdisent toute ingérence dans la F. Bt suivre jeudi, « une percée ». Claire Tréan La rivalité Est-Ouest est redevenue le fondement de la diplomatie russe Les signes d’un rétablissement de LE PASSAGE d’Evgueni Prima- l’antagonisme Est-Ouest. Même Unis. Grâce aux contacts anciens un prix en signant avec Moscou MOSCOU rigueur sans précédent et certaines kov au ministère des affaires débarrassée de ses oripeaux idéo- d’Evgueni Primakov dans la ré- un acte fondateur et en créant le de notre correspondant mesure fiscales jusqu’alors reje- étrangères à partir de 1996, puis à logiques, la Russie devait redeve- gion, la Russie a tenté de se rap- conseil conjoint OTAN-Russie. Il fallait une explication au limo- tées par la majorité nationalo- la tête du gouvernement a mar- nir un contre-poids par rapport à procher des Etats arabes avec Mais là encore ce fut une décep- geage d’Evgueni Primakov, aussi communiste de la Douma. qué le retour de Moscou à une di- la puissance américaine. L’anta- l’objectif d’être le « cosponsor » tion pour les dirigeants russes. Ils Boris Eltsine a-t-il estimé, lors de Mais neuf mois après l’effondre- gonisme n’exclut pas la coopéra- d’une solution au conflit israélo- avaient cru que ce conseil son intervention télévisée du ment financier du 17 août 1998, la ANALYSE tion, coopération économique et arabe. Et au-delà de venir en aide conjoint leur donnerait un droit 12 mai, que « tout le travail du gou- Russie ne présente que de très fra- Les Russes estiment financière dont la Russie continue à certains Etats, qualifiés de de regard dans les affaires de vernement s’était borné aux négo- giles signes de rétablissement à avoir besoin, et coopération di- « rogue states » (Etats voyous) par l’OTAN, voire un droit de veto. La ciations avec le Fonds monétaire in- économique. En décrétant, en que les Occidentaux plomatique pour tenter de dé- les Américains, qui les soup- crise du Kosovo a apporté la dé- ternational, comme si le traitement août, un moratoire sur plus de négligent leurs inté- nouer des crises. Mais dans cette çonnent de ne pas respecter les monstration qu’il n’en était rien et de l’économie russe ne dépendait 40 milliards de dollars de dette in- rêts légitimes conception, la vie internationale règles sur la non-prolifération des que, dans des cas extrêmes, les que des subventions occidentales ». terne accumulée par l’Etat et en est un jeu à somme nulle : ce que armes de destruction massive. Occidentaux n’hésitaient pas à Le président russe a repris à son laissant filer le rouble, le pays a l’un gagne, l’autre le perd. A travers une coopération offi- agir contre l’avis de la Russie. compte les critiques formulées par plongé dans une crise comparable plomatie traditionnelle. Avec La Russie ne dispose certes plus cielle ou par l’intermédiaire de re- Pourtant la politique occiden- le maire de Moscou, Iouri Loujkov, à celle des années 1991-1992. Le bi- Edouard Chevardnadze, à la fin des moyens de l’Union soviétique. lations « privées », la Russie livre- tale serait plus cohérente si elle et par le réformateur Grigori Iav- lan économique du gouvernement du règne de Mikhaïl Gorbatchev, Elle a perdu son glacis ; son rait ainsi à l’Iran une centrale à n’affirmait pas en même temps linski. Le premier avait expliqué Primakov demeure incertain, tant avec Andreï Kozyrev, au début de économie est à genoux, son ar- eau légère et l’aiderait à se doter que l’OTAN doit garder sa liberté que « la Russie devait cesser de les indicateurs sont sujets à cau- la présidence Eltsine, le Kremlin mée démoralisée, même si quel- de fusées balistiques. d’action et que la Russie est indis- s’agenouiller devant le FMI » et tion. 60 à 70 % de l’économie russe avait petit à petit pris ses dis- ques milliers de têtes nucléaires La troisième direction est le pensable à toute recherche d’une qu’il était temps de « soutenir le fonctionne sur des systèmes de tances avec la conception d’un restent une menace d’autant plus rapprochement avec la Chine, solution. Cinq semaines après le secteur de l’économie réel ». Le se- trocs et de monnaie de substitu- monde bipolaire, dominé par la ri- forte qu’elles pourraient échapper dont l’intensité est exactement in- début des frappes contre la Ser- cond dénonçait l’immobilisme du tion. valité entre l’Est et l’Ouest, c’est- à tout contrôle. Tout l’art d’Ev- verse au climat des relations rus- bie, tout le monde semble avoir gouvernement Primakov, qui rap- b Crise sociale. Plus de 40 mil- à-dire entre l’URSS et les Etats- gueni Primakov a consisté à trans- so-américaines, comme au temps besoin de la Russie, au moins pelait « le style Brejnev ». lions de Russes, sur 148 millions, Unis. Il misait plus sur la coopéra- former ces faiblesses en force. de la guerre froide. La crise du Ko- comme intermédiaire avec Bel- « Nous n’avons pas besoin d’une vivent au-dessous du seuil de pau- tion internationale que sur la L’épouvantail du chaos était sans sovo fournit une nouvelle illustra- grade. Boris Elstine a une concep- stabilisation dans la misère et le dé- vreté. M. Primakov, dès sa nomi- concurrence, d’une part parce doute un bon argument pour ob- tion. Sans doute, les Russes tion toute différente du rôle de clin économique », a déclaré, mer- nation, s’était engagé à payer, qu’il avait besoin de l’aide occi- tenir des signes de déférence – car comme les Chinois savent bien son pays. Nous ne voulons pas credi 12 mai, Boris Eltsine. Il re- avant la fin de 1998, les arriérés de dentale pour réussir les réformes, « il ne faut pas humilier les qu’à long terme les intérêts des seulement être des « messagers », vient donc au premier ministre par salaires dus par l’Etat (environ d’autre part parce que la « nou- Russes » – et... le soutien des insti- deux pays sont antagonistes mais, a-t-il dit en substance, en mena- intérim, Sergueï Stepachine, qui 85 milliards de roubles). velle pensée » gorbatchévienne, tutions financières internatio- à court terme, le ressentiment çant de ne plus participer à la re- n’a aucune expérience en matière Un peu plus d’un tiers seule- qui survécut quelque temps à son nales. qu’ils partagent à l’égard du cherche d’un règlement négocié si économique ayant effectué la qua- ment de ces impayés ont été résor- inventeur, impliquait une ap- A partir de 1996, les efforts de la monde occidental peut les amener ses propositions n’étaient pas si-totalité de sa carrière dans les bés. Le pouvoir d’achat des retrai- proche dite « moderne » des rela- diplomatie russe se sont dévelop- à joindre leurs forces au Conseil prises en compte. services de sécurité, de donner tés (la pension à Moscou est de tions internationales. pés dans trois directions. Evgueni de sécurité des Nations unies A long terme, les intérêts straté- « l’impulsion » nécessaire et de fa- 180 francs par mois) a été divisé Mikhaïl Gorbatchev lui-même Primakov a d’abord essayé de res- pour contrer ou retarder les initia- giques de la Russie poussent le voriser « l’initiative et l’esprit d’en- par deux. Le salaire moyen des considéra que, sous la houlette serrer les liens de la CEI, la tives venues de l’Ouest. Kremlin à préserver la coopéra- treprise ». médecins et des enseignants est de d’Andreï Kozyrev, les Russes se Communauté des Etats indépen- tion avec l’Ouest. Dans l’immédiat M. Primakov avait répondu à ces 200 francs par mois. Enfin, le taux comportaient alors comme « les dants qui a succédé à l’URSS. Sans MANQUE DE COHÉRENCE cependant, les responsables de la critiques. Le 5 mai, dans un entre- de chômage officiel est en hausse domestiques des Occidentaux ». grand succès la Russie étant inca- Or les Russes considèrent de diplomatie russe, tous de près ou tien au quotidien Komsomolskaïa constante depuis septembre, attei- Avec l’ancien chef des services de pable d’assumer un leadership plus en plus que les Occidentaux de loin des émules d’Evgueni Pri- Pravda, il estimait que « le pic de la gnant 12,5 % de la population ac- contre-espionnage, un tel risque économique et les partenaires ré- ont tendance à agir sans tenir makov, chercheront à marquer crise est passé » et faisait état tive. n’existait pas. Elevé selon les ca- pugnant à se lancer dans une al- compte de leurs intérêts légitimes. des points aux dépens de l’OTAN, « d’un certain redressement dans b Inflation et taux de change. nons de la diplomatie soviétique, liance militaire synonyme d’hégé- Le cas le plus flagrant est, selon qu’ils continuent à détester. Sur- plusieurs régions ». « Nous avons Ces deux indices sont considérés qu’il contribua plus tard à fa- monie russe. eux, l’élargissement de l’OTAN tout si les dirigeants occidentaux évité l’hyperinflation quand certains comme les signes de la « stabilisa- çonner, Evgueni Primakov a re- Le deuxième moyen d’action vers l’Est, contre lequel la seule se présentent à Moscou en de- avaient prédit un effondrement » de tion réussie » de l’économie par centré la politique étrangère russe choisi a été la coopération avec parade qu’ils aient trouvée est la mandeurs. l’économie russe. L’ancien premier M. Primakov. L’inflation a été de sur la défense des intérêts natio- les Etats du Proche-Orient qui dérisoire union avec la Biélorus- ministre avait pu faire adopter au 3 % en avril, de 19,5 % depuis le naux vus à travers le prisme de créent des problèmes aux Etats- sie. L’Alliance atlantique a payé Daniel Vernet Parlement un budget 1999 d’une 1er janvier, et décroît régulièrement LeMonde Job: WMQ1405--0003-0 WAS LMQ1405-3 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0440 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 3 Les députés russes entament l’examen de la procédure de destitution de Boris Eltsine Des législatives anticipées pourraient avoir lieu à l’automne MOSCOU kov, qui avait bénéficié de- cette procédure n’est qu’un élé- en décembre 1995. « Les élections de notre correspondant puis septembre 1998 du soutien ment d’un scénario retenu par la ne doivent pas être un instrument Jacques Chirac a pu découvrir, du Parlement, M. Eltsine semble quasi-totalité de la classe poli- de revanche », avait-il déclaré le en se rendant à Moscou jeudi déterminé à bouleverser le jeu tique et qui amènerait Boris Elt- 30 mars, dans son adresse au Par- 13 mai, l’ampleur de la crise poli- politique. sine à dissoudre la Douma puis à lement. A cette occasion, il s’était tique ouverte avec la décision, La plupart des responsables po- provoquer des élections législa- dit « convaincu que dans la nou- prise la veille par Boris Eltsine, de litiques ont ainsi analysé, mercre- tives anticipées, gouvernant velle Douma arriveront des limoger son premier ministre Ev- di, le choix du président. A l’ex- entre-temps par oukases. hommes nouveaux et non compro- gueni Primakov. Le président ception de l’homme d’affaires Il est improbable que Sergueï mis, pas des patriotes profession- français, qui a rencontré, jeudi Boris Berezovski, du libéral, Ana- Stepachine, nommé par M. Elt- nels mais des élus professionnels de matin, son homologue russe, s’est toli Tchoubaïs, qui a reconnu sine en remplacement de M. Pri- tempérament patriotes ». évidemment refusé à tout com- avoir joué un certain rôle dans makov, obtienne de la Douma le M. Eltsine a pris soin ces der- mentaire sur la situation interne cette décision, les principaux res- vote d’investiture nécessaire. Se- niers mois de choyer les gouver- russe. Mais à Moscou, la guerre ponsables ont condamné le ren- lon la Constitution, M. Eltsine neurs de région, élus au suffrage du Kosovo et la place prise par la voi de M. Primakov. Mercredi, les peut présenter trois fois son can- universel depuis 1996, et dont le Russie dans le processus diplo- députés ont adopté une motion didat. En cas de refus répétés de poids sera déterminant. Le chef Sergueï Stepachine : la revanche matique sont éclipsées par la appelant le président « qui a une la Douma, celle-ci est automati- de l’administration présidentielle, tourmente politique. Des chan- fois de plus plongé le pays dans une quement dissoute et des élections Alexandre Volochine a démenti, celleries occidentales considèrent crise aux conséquences imprévi- sont organisées dans les quatre mercredi, une dissolution de la de l’« économie de l’ombre » avec une inquiétude les para- sibles » à donner sa démission. mois. « Les députés n’accepteront Douma. Mais dans le même mètres d’une crise qui pourrait Jeudi matin, ils ont entamé l’exa- aucune candidature venue de la temps, il a expliqué que « le gou- MOSCOU Kremlin. Ses dirigeants sont soup- durer. men de la procédure de destitu- main du président », a estimé Bo- vernement, la présidence et les correspondance çonnés d’avoir reçu d’importants Mercredi, Boris Eltsine est ap- tion initiée par les communistes ris Nemtsov. Cela signifie, a-t-il gouverneurs devaient travailler en « Le limogeage de Primakov pots-de-vin en échange de marchés paru affaibli à la télévision pour contre M. Eltsine, le vote devant ajouté « que la Douma peut être équipe pour donner le maximum marque l’échec d’une revanche du de construction accordés à la socié- justifier sa décision. Rendant intervenir samedi. dissoute et des élections se tenir dès d’aide aux forces démocratiques » communisme et du KGB ». Ainsi a té suisse Mabetex. L’« affaire Ma- hommage à Evgueni Primakov, A l’instar de la plupart des l’automne ». durant la campagne électorale. réagi Boris Berezovski, toujours betex » provoque, le 2 février, une qui, nommé « à une période très hommes politiques, Boris Nemt- Et là resurgit la procédure de sous le coup d’une inculpation première mise à l’écart de Iouri difficile, a réussi à stopper la crise sov, libéral et un temps favori de AVERTISSEMENT destitution. L’article 93 de la pour blanchiment d’argent, au ren- Skouratov. Evgueni Primakov reste économique et politique », le pré- Boris Eltsine, a estimé que le ren- Tel serait le véritable objectif de Constitution prévoit qu’en cas voi de M. Primakov. De sa luxueuse étrangement discret quand, les 17 sident s’est ensuite livré à une cri- voi de M. Primakov « allait Boris Eltsine. Ces derniers mois, d’adoption par les députés d’un villa du cap d’Agde, l’ancien secré- et 21 avril, le Conseil de la fédéra- tique en règle de sa politique compliquer plus encore les rela- le président est, à de nombreuses chef d’accusation contre le pré- taire exécutif de la CEI, considéré tion refuse d’entériner la démission économique. « Nous avons fait du tions avec le Parlement » et ou- reprises, intervenu pour dénoncer sident, la Douma ne peut être dis- comme l’un des « financiers » de la du procureur général, exigée par surplace », a-t-il constaté. Mais vrait la voie à l’adoption de la le blocage systématique de la ma- soute tant que la procédure n’est famille Eltsine, s’est aussi félicité de Boris Eltsine. Les relations Prima- au-delà du renvoi de M. Prima- procédure de destitution. Mais jorité nationalo-communiste élue pas menée à son terme. Des ju- la désignation de Sergueï Stepa- kov-Eltsine en pâtissent sérieuse- ristes du Kremlin assurent pour- chine. ment. Dès la mi-avril, d’insistantes tant que le président peut conser- La satisfaction affichée par Boris rumeurs présentent déjà Sergueï TROIS QUESTIONS À... Hubert Védrine rend hommage à M. Primakov ver son pouvoir de dissolution. Berezovski relance les spéculations Stepachine, ministre de l’intérieur, Cette polémique constitution- sur les « dessous » du limogeage comme possible sucesseur d’Ev- VLADIMIR Le ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, s’est déclaré, nelle alimentera la bataille des d’Evgueni Primakov, qui aura laissé gueni Primakov. mercredi 12 mai, « convaincu » que la Russie allait continuer à parti- jours à venir. Mais dès hier, le le parquet général russe ouvrir des Ce fidèle serviteur du clan Eltsine PRIBYLOVSKI ciper à la recherche d’un règlement politique au Kosovo, après le li- maire de Moscou, Iouri Loujkov a enquêtes criminelles au sommet de est, dans un premier temps, appelé mogeage du premier ministre russe Evgueni Primakov. Interrogé à adressé un avertissement au l’Etat. Dans un entretien au Monde à la rescousse pour éteindre le feu Vous êtes directeur du centre l’issue d’un conseil restreint sur la situation au Kosovo, M. Védrine a Kremlin. Jugeant le limogeage de (29 avril), Iouri Skouratov, le pro- des « affaires » du Kremlin. Il fait 1 d’études politiques russes Pano- réaffirmé l’objectif que constitue le vote d’une résolution par le M. Primakov « déplaisant, incor- cureur général de Russie, au- ainsi ouvrir une enquête contre rama. Selon vous, Boris Eltsine Conseil de sécurité des Nations unies. rect et biaisé », M. Loujkov a pré- jourd’hui écarté de ses fonctions, Iouri Skouratov pour « abus de peut-il aller jusqu’à dissoudre la Hubert Védrine a rendu un hommage appuyé à M. Primakov. «J’ai venu que « si des décisions vont à confirmait le rôle crucial joué par pouvoir ». Puis il assure que le pro- Douma (la chambre basse du Parle- eu l’occasion de beaucoup travailler avec lui et j’ai pu vérifier à cette oc- l’encontre de la Constitution, les M. Primakov. Avec son arrivée, cureur général de Suisse n’a trouvé ment)? casion ses éminentes qualités. J’ai vu ensuite toute l’énergie qu’il a dé- autorités de Moscou répondront à « les organes de sécurité, et pas seu- aucune trace des « comptes en Je pense que c’est le scénario le ployée pour remplir sa mission comme premier ministre pour contri- leur façon et n’autoriseront aucune lement le parquet, ont reçu un sé- banques suisses de personnalités plus probable. Le renvoi du premier buer au redressement de son pays », a-t-il dit. « Je crois qu’il l’a fait agence ou représentant du pouvoir rieux soutien » affirmait-il. russes » dont parle M. Skouratov. ministre Evgueni Primakov est une parce que Boris Eltsine le lui avait demandé, et qu’il n’avait pas d’autre exécutif à agir contre la loi ». Dès septembre 1998, Iouri Skou- Propos immédiatement démentis à décision irrationnelle, complète- ambition que d’être utile à la Russie dans ces circonstances », a-t-il sou- ratov et plusieurs de ses adjoints Berne... Désormais premier mi- ment émotionnelle, ce qui corres- ligné. F. Bt du parquet se penchent sur le rôle nistre par intérim, Sergueï Stepa- pond aux habitudes de Boris Eltsine. de Fimaco, obscure société off- chine, a repris la main. Le mandat Il tente de reprendre la main en dé- shore sise à Jersey, à qui la Banque d’arrêt lancé contre Boris Berezov- clenchant une confrontation ou- centrale de Russie a confié la ges- ski a été annulé. Au parquet, le verte avec la majorité de la Douma tion de l’essentiel des réserves du procureur Mikhaïl Katychev, ad- qui soutenait M. Primakov. Je crois pays. Puis ils s’en prennent à Boris joint de M. Skouratov, s’est vu reti- par ailleurs que cette décision a été Berezovski, soupçonné d’avoir mis rer la direction des enquêtes. «La directement dictée par le groupe de en place, via la société suisse Anda- démission de Primakov est une re- Boris Berezovski, Tatiana Diatchen- va, un « siphonnage » des béné- vanche de l’économie de l’ombre » ko [fille du président, NDLR] et Va- fices de la compagnie Aeroflot. En- estime ainsi le député communiste lentin Ioumachev [ancien chef de fin, M. Skouratov ouvre, Viktor Ilioukhine, connu pour ses l’administration présidentielle, en octobre, une enquête visant la amitiés au parquet. NDLR]. Sergueï Stepachine [premier sacro-sainte Direction des affaires ministre par intérim, NDLR] et Niko- du président – l’empire financier du Agathe Duparc laï Axionenko ne font qu’être au service de ce groupe.

Peut-on envisager une situa- l’économie restent bien fragiles 2 tion comparable à celle de 1993, lorsque le président dissout et fait depuis le mois d’octobre 1998. échéances. Mikhaïl Zadornov, bombarder le Parlement ? Quant au rouble, il demeure, de- ministre des finances sortant, a Oui, sans aucun doute. M. Eltsine puis le mois de janvier, à un taux répété, le 30 avril, que la Russie paraît prêt à dissoudre la Douma de 24-25 pour 1 dollar. La banque pourrait faire défaut sur les paie- quitte à violer la Constitution et à centrale de Russie a introduit ments de la dette soviétique pro- recourir à la force. Toutefois si en plusieurs mesures s’apparentant grammés en mai et juin. 1993, le président avait pu trouver à un contrôle des changes, tout Le 28 avril, un accord de prin- quatre chars pour tirer sur le Parle- en soutenant la monnaie malgré cipe a été trouvé avec le Fonds ment, aujourd’hui l’armée ne se de faibles réserves monétaires, monétaire international, per- pliera pas à des décisions anticonsti- celles-ci étant stabilisées depuis mettant le déblocage de 4,5 mil- tutionnelles. De plus, les forces ar- cinq mois à environ 11 milliards liards de dollars sur les dix-huit mées, à Moscou, c’est la police, et de dollars. Dans le même temps, mois à venir. Cette somme servi- celle-ci n’obéira qu’aux ordres du la Bourse de Moscou s’était ces ra à rembourser les crédits du maire, Iouri Loujkov. En 1993, dernières semaines nettement FMI. Mais ce nouveau prêt est M. Loujkov soutenait M. Eltsine. Au- redressée, franchissant la se- conditionné à l’adoption rapide jourd’hui, s’il déclare qu’une disso- maine dernière la barre des par la Douma (chambre basse du lution de la Douma est anticonstitu- 100 points et attirant à nouveau Parlement) de plusieurs mesures tionnelle, la police de Moscou, qui les investisseurs étrangers. fiscales (hausse des taxes sur compte 100 000 hommes, n’exécute- b Production. Après une l’essence, l’alcool et le tabac, ré- ra pas les ordres du gouvernement. chute de 5 % du PNB en 1998, la forme bancaire). récession paraît de moindre am- Les députés avaient, au début Quel profit M. Loujkov peut-il pleur que les 7 % prévus en 1999 du mois, protesté contre ces 3 tirer de cette crise ? par le FMI. Certaines branches, nouveaux « diktats du FMI ». Cet Je pense que M. Loujkov va at- comme l’agro-alimentaire, ont accord pourrait être remis en tendre que le pouvoir lui tombe profité du renchérissement des cause par la crise politique dé- dans les mains. Evgueni Primakov importations (libellées en dol- clenchée par le renvoi de M. Pri- est certes plus populaire, tous les lars). Le gouvernement a même makov. Or il conditionne le dé- sondages le montrent, mais en cas annoncé en mars une hausse de blocage de 3 milliards de dollars de confrontation ouverte entre le 1,7 % de la production indus- de prêts de la Banque mondiale Kremlin et la Douma, je crois que trielle, un chiffre contesté. Enfin, et du Japon et les négociations tout sera décidé, de fait, par la hausse des prix du pétrole avec le Club de Paris et le Club M. Loujkov. Les communistes, améliore les recettes fiscales de de Londres sur la retructuration comme Boris Eltsine, sont très impo- l’Etat et pourrait aider une in- de la dette. pulaires à Moscou. M. Loujkov, avec dustrie pétrolière en pleine crise. b Crise bancaire. Alors que l’influence dont il dispose au conseil b Crise financière. C’est sur plus de la moitié des de la Fédération (chambre haute du ce point que s’est focalisée l’ac- 1 500 banques commerciales Parlement), et le poids du gouver- tion du gouvernement Primakov, russes sont considérées comme nement de la capitale aura le der- la Russie devant faire face à virtuellement en faillite, le sys- nier mot. Boris Eltsine n’a plus de 128 milliards de dollars de dette tème bancaire demeure partiel- ressources politiques, il ne reste au- extérieure, dont 17,5 milliards lement paralysé en l’absence de tour de lui qu’un groupe très étroit, sont à rembourser cette année. législation sur la mise en faillite sa famille et Boris Berezovski, obsé- Moscou n’a inscrit au budget d’établissements financiers. Bo- dé par son avenir et ses intérêts. Ils qu’un remboursement partiel, de ris Eltsine a, à l’automne 1998, veulent à tout prix réduire le champ 9,5 milliards de dollars, deman- mis son veto sur une loi garantis- politique à une alternative que n’ac- dant aux créditeurs étrangers sant les dépôts des particuliers. cepte plus l’opinion : Eltsine ou la une restructuration de la dette Aucune réforme n’a été engagée revanche communiste. héritée de l’Union soviétique. La pour restructurer ce secteur. Russie a déjà fait défaut sur le Propos recueillis par remboursement de plusieurs F. Bt François Bonnet LeMonde Job: WMQ1405--0004-0 WAS LMQ1405-4 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0441 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 L’OTAN CONTRE LA SERBIE L’OTAN a mené sa 50e nuit de frappes aériennes sur la Yougoslavie Alors que se multiplient les initiatives et les contacts diplomatiques, Belgrade et Novi Sad ont fait l’objet de nouvelles attaques. La télévision serbe a encore une fois été prise pour cible par les appareils de l’Alliance Des explosions ont secoué, jeudi 13 mai au Reuters et les médias serbes ont fait état de de l’OTAN se seraient concentrées sur deux cielle yougoslave Tanjug et plusieurs obser- Radio Novosti, le siège de la télévision na- matin, les environs de la capitale yougo- fortes déflagrations en provenance de la villes de la périphérie de Belgrade : Pance- vateurs faisaient état de six explosions à tionale a été touché et la DCA a riposté. De slave, Belgrade, et de Novi Sad, dans le banlieue belgradoise. Des appareils ont sur- vo, où se trouvent de nombreuses usines à Novi Sad, seconde plus grosse aggloméra- violentes explosions ont également secoué nord de la Serbie, au cours de la 50e nuit de volé la capitale, et des tirs de DCA ont été but militaire, et Batajnica, qui abrite un aé- tion du pays, à une centaine de kilomètres Pozarevac, ville natale de Slobodan Milose- bombardements alliés. Des journalistes de entendus. Selon des habitants, les attaques roport. Au même moment, l’agence offi- au nord de Belgrade. Selon la radio locale, vic, à 60 kilomètres à l’est de Belgrade.

ALORS QUE les Etats-Unis et projectiles de l’OTAN ont touché cinq chasseurs MiG 21 serbes, et b Un premier groupe de mouvements de troupes vers la entretien publiée mercredi par le leurs alliés ont multiplié, mercredi le siège de la RTS à Novi Sad, chef- attaqué des aérodromes, notam- 250 soldats yougoslaves a quitté Serbie auxquels ont pu assister des journal espagnol El Periodico que 12 et jeudi 13 mai, les initiatives di- lieu de la province de Voïvodine, ment à Nis (sud-est) et Pristina, le Kosovo jeudi matin, a constaté journalistes. l’indépendance de la province de- plomatiques pour tenter de trou- jeudi matin, rapporté l’agence des émetteurs de radio militaires, l’AFP dans la localité de Merdare Le commandement suprême de meurait l’objectif, après la période ver un règlement politique à la Tanjug. Le siège de la RTS à Novi des ponts routiers et ferroviaires, qui est située à la frontière admi- l’armée yougoslave, dirigé par le d’autonomie transitoire de trois crise du Kosovo, l’OTAN a pour- Sad avait déjà été touché et grave- des stocks de carburant, des ca- nistrative entre la province et le président Slobodan Milosevic, ans prévue par l’accord de Ram- suivi ses bombardements sur la ment endommagé le 3 mai par sernes et des sites industriels. Se- reste de la Serbie. Le commandant avait annoncé lundi qu’il avait bouillet. « Nous n’accepterons pas Yougolavie. A Bruxelles, les l’OTAN. lon un porte-parole militaire de du corps d’armée de Pristina, chef- commencé dimanche à retirer du une division du Kosovo », a affirmé 19 membres de l’Alliance ont réaf- Cinq explosions ont été enten- l’Alliance, les raids aériens ont été lieu du Kosovo, le général Vladimir Kosovo « une partie des unités de Ibrahim Rugova qui a réitéré la né- firmé leur détermination à pour- dues, jeudi matin, à Belgrade, se- « les plus efficaces » depuis le dé- Lazarevic était présent sur les l’armée et de la police. cessité d’une « force internationale suivre les frappes aériennes contre lon l’AFP. Selon Tanjug, l’OTAN a but de la campagne. lieux. Il s’agissait des premiers b Le chancelier allemand Ger- pour vérifier si les Serbes ont retiré le régime de Slobodan Milosevic. bombardé Batajnica, un faubourg hard Schröder, qui était mercredi des troupes du Kosovo ». b Le secrétaire général de situé à 15 kilomètres au nord- à Pékin, n’a pas réussi à convaincre b Environ 2 500 réfugiés koso- l’OTAN, Javier Solana, a souligné, ouest de Belgrade, où se trouve un Accrochages à la frontière albano-kosovare les dirigeants chinois de soutenir vars arrivés récemment à Kukës, mercredi à Skopje, que l’Alliance aéroport militaire qui est réguliè- un réglement politique de la crise dans le nord de l’Albanie, ont ac- devait continuer ses efforts pour rement pris pour cible par l’avia- Plusieurs accrochages ont été signalés, depuis mardi 11 mai, à la du Kosovo. Le chancelier allemand cepté de partir vers le centre du faire plier le président yougoslave tion de l’Alliance. Deux explosions frontière entre l’Albanie et le Kosovo, tandis que l’OTAN bombar- a reconnu que « des différences pays, a annoncé le Haut-Commis- Slobodan Milosevic. « Je suis de ont été entendues jeudi matin à dait des positions serbes voisines. L’Organisation pour la sécurité et d’évaluation » subsistaient avec la sariat des Nations unies pour les plus en plus convaincu que nous de- l’est de Pancevo, à 15 kilomètres la coopération en Europe (OSCE) à Tirana, qui centralise les infor- Chine sur une solution politique réfugiés (HCR). 1 500 autres vons continuer notre bataille », a au nord-est de Belgrade, selon mations en provenance de la frontière, a annoncé que 30 combat- au Kosovo. Les dirigeants chinois avaient franchi, mercredi en fin déclaré Javier Solana, après avoir Tanjug. tants de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) avaient été blessés, exigent la fin des frappes de d’après-midi, la frontière albanaise visité des camps de réfugiés en Al- Au Kosovo, au moins cinq ex- mardi, durant une attaque serbe. Selon l’OSCE, des témoins à Tropo- l’OTAN avant tout règlement in- à Morina. banie et en Macédoine. plosions ont été entendues jeudi ja (nord de l’Albanie) ont affirmé qu’un Mig serbe avait attaqué une ternational. M. Schröder a cepen- Le HCR a estimé, mercredi, à b L’aviation de L’OTAN a de matin à Pristina, chef-lieu de la position de l’UCK dans la région, information qui n’a pas été confir- dant indiqué que Bonn comme Pé- plus de 905 000 le nombre total de nouveau touché jeudi matin le province, a constaté l’AFP. Aucune mée de sources indépendantes. Par ailleurs, le bureau de Kukës kin jugeaient « important » que la réfugiés du Kosovo depuis le dé- siège de la télévision serbe (RTS) à activité de l’OTAN dans le reste de (nord de l’Albanie) de l’OSCE signalait mercredi, sur la base d’un question du Kosovo « retourne but du conflit en mars 1998. Quel- Novi Sad (70 kilomètres au nord la Serbie, dans la nuit de mercredi rapport de son antenne à Kruma, que le village frontalier de Letaj dans le cadre de l’ONU ». que 735 000 personnes, selon une de Belgrade) et bombardé la capi- à jeudi, n’a été rapportée par les avait été la cible, dans la nuit, de tirs serbes à l’arme lourde. Ce vil- b Le dirigeant modéré des Al- estimation, auraient fui le Kosovo tale yougoslave après lui avoir ac- sources serbes. L’OTAN a annon- lage avait déjà été évacué de sa population et les tirs n’ont pas fait banais du Kosovo, Ibrahim Ru- depuis le début des frappes de cordé un répit de quatre jours. Six cé, mercredi, avoir détruit au sol de blessés, a-t-on indiqué de même source. – (AFP.) gova, a affirmé mercredi, dans un l’OTAN, le 24 mars. Les Verts allemands demandent une pause dans les bombardements Un « appel à la paix » BONN comme un traumatisme par les membres bassade de Chine à Belgrade et la multi- menacé de démissionner si l’arrêt définitif de notre correspondant du parti. Devant choisir entre « plus ja- plication des « bavures » de l’Alliance, des bombardements était exigé. Les Verts allemands se sont réunis, jeudi mais la guerre » et « plus jamais Ausch- « l’illusion d’une guerre aérienne précise et Mais la direction du parti espère recueil- des représentants 13 mai, en congrès à Bielefeld pour délibé- witz », les députés Verts s’étaient en partie chirurgicale ». Le parti condamne aussi les lir environ 60 % des suffrages sur sa propo- rer de la guerre au Kosovo. Sur le papier, la résignés en octobre à approuver une inter- bombardements au Monténégro et l’at- sition, soutenue par une proportion im- survie de la coalition rouge-verte à Bonn vention de l’OTAN au Kosovo pour éviter taque d’objectifs civils serbes. Principale portante de l’aile gauche du parti. Les religieux français est en jeu, les sept cent cinquante délégués une catastrophe humanitaire. Tous ont été exigence, la motion demande à l’OTAN craintes d’éclatement des Verts étaient LES REPRÉSENTANTS français pouvant retirer leur soutien au gouverne- profondément déçus au début du conflit, d’annoncer l’interruption provisoire unila- dissipées à la veille du congrès, même si la des grandes religions ont rendu ment Schröder. découvrant qu’il y avait la guerre mais aus- térale de ses bombardements. « La partie démission de quelques adhérents, voire le publique, mercredi 12 mai, une dé- Dans la pratique, le congrès devait per- si les massacres au Kosovo. Le malaise a yougoslave doit alors arrêter les déporta- départ de quelques députés, n’était pas ex- claration commune appelant à mettre aux Verts, et en particulier au mi- été accentué par la propension, sans doute tions et commencer à retirer ses troupes ar- clue. La journée du 13 mai devait confir- « la reprise du dialogue pour que nistre des affaires étrangères, Joschka Fis- un peu rapide, des dirigeants allemands à mées », poursuit la direction du parti, qui mer l’apprentissage du pouvoir par les les armes se taisent » au Kosovo. cher, de rester au gouvernement. La utiliser un vocabulaire d’habitude réservé espère que s’enclenchera alors un proces- Verts, qui ont déjà dû renoncer à une sor- Cet « appel à la paix et à la jus- direction du parti a préparé une motion de à l’évocation des horreurs nazies pour sus de paix. tie rapide du nucléaire et ont été tice » réunit en particulier les si- compromis qui critique la politique de qualifier les exactions serbes. Depuis quel- contraints de voter une réforme du code gnatures de responsables ortho- l’OTAN, demande une pause dans les ques semaines, les multiples initiatives di- APPRENTISSAGE DU POUVOIR de la nationalité fortement amendée. doxes et musulmans, Mgr Jérémie, bombardements pour permettre à Slobo- plomatiques de M. Fischer pour réintégrer Cette exigence n’est pas celle du plan de Reste qu’un coup de théâtre ne pouvait métropolite de France et Ham- dan Milosevic de retirer ses troupes du Ko- les Russes et les Nations unies dans la crise paix proposé par Joschka Fischer, qui pré- être exclu à 100 % dans ce parti structurel- laoui Mekachera, président du sovo et d’interrompre massacres et dépor- yougoslave ont permis de calmer les esprit conise un cessez-le-feu dès qu’un signe lement indiscipliné. Le chancelier Gerhard Conseil représentatif des musul- tations, mais soutient les tentatives de et de montrer que des accents « Verts » tangible de Slobodan Milosevic sera don- Schröder s’est déclaré serein, mercredi, mans de France. Les autres signa- paix entreprises depuis des semaines par existaient dans la politique étrangère alle- né, mais son adoption ne constituerait pas faisant confiance à la « sagesse collective » taires sont le grand rabbin de M. Fischer. Le but est de tenir le discours le mande. un désaveu pour le ministre. Certaines du congrès : « Le ministre des affaires France, Joseph Sitruk, et Jean plus pacifiste possible sans forcer le mi- Dans sa motion, la direction du parti cri- motions, comme celle du député pacifiste étrangères ne va pas démissionner. Il n’y a Kahn, président du Consistoire nistre des affaires étrangères à démission- tique les erreurs de l’OTAN, qui aurait Christian Ströbele, exigent au contraire un pas non plus de crise gouvernementale en central, le pasteur Jean Tartier, ner... voire à passer au Parti social-démo- sous-estimé la durée du conflit et accéléré arrêt définitif des bombardements, ce qui Allemagne », a dit le chancelier. président de la Fédération protes- crate (SPD). la catastrophe humanitaire au Kosovo. Elle n’est pas acceptable pour M. Fischer. Se- tante de France et Mgr Louis-Ma- Les bombardements ont été vécus dénonce, après le bombardement de l’am- lon le quotidien Die Welt, le ministre Vert a Arnaud Leparmentier rie Billé, président de la Confé- rence des évêques de France. Cette déclaration dénonce fer- mement la purification ethnique : « Quelles que soient les racines des Pékin entend obtenir des « compensations » politiques après l’erreur de l’OTAN idéologies nationalistes dont la pu- LES RELATIONS sino-améri- la ratification du Traité d’interdic- se targuait d’avoir commencé à américaines et certains distribu- engagés dans le bref « siège » de rification ethnique est issue, celle-ci caines ne devraient pas pâtir dura- tion totale des essais nucléaires sceller avec Pékin avant que les re- teurs chinois de cinéma ont retiré l’ambassade américaine. constitue un crime. Des hommes, blement du bombardement de (CTBT), qu’un de ses représentants lations ne tournent, dernièrement, de l’affiche des productions améri- Mais il est d’autres signes plus des femmes, des enfants sans dé- l’ambassade de Chine à Belgrade, a à Genève a jugée sinon compro- à l’aigre dans plusieurs domaines. caines récentes, telles Il faut sauver préoccupants. Une certaine nervo- fense sont livrés à toutes les formes estimé en substance l’ambassadeur mise, du moins rendue difficile par le soldat Ryan et Titanic... pour les sité semble refaire surface dans le d’une violence aveugle et arrachés américain à Pékin, James Sasser, les opérations de l’OTAN en Yougo- SIGNES PRÉOCCUPANTS remplacer par des films héroïques détroit de Formose, si l’on en croit à leur terre. Contre cette barbarie, mercredi 12 mai, au sortir de son sé- slavie. Si les manifestations autour des yougoslaves ou chinois montrant, les affirmations de responsables taï- les personnes déplacées et déportées jour forcé de quatre jours dans les Il semble par ailleurs que Jiang représentations diplomatiques par exemple, les combattants de wanais. Elle fait suite au constat se- ont droit au respect et à la protec- murs de sa mission assiégée par la Zemin, le chef de l’Etat et de l’ar- américaines ont été les plus visibles Pékin pendant la guerre de Corée. lon lequel la guerre en Serbie a pro- tion de la communauté internatio- foule chinoise en colère. Ce pour- mée, ait renâclé, pour l’heure, à expressions de la bouffée de colère Ces « représailles » sont, certes, voqué, sur le continent, une nale. » rait être l’un des plus grand vœu prendre l’appel téléphonique que le chinoise à l’encontre de Washing- pour le moment, plutôt symbo- réflexion sur les insuffisances et le Le texte condamne le régime de pieux émis depuis longtemps par président Clinton a tenté de lui pas- ton, elles n’ont pas été les seules : liques, et de nature peut-être provi- caractère anachronique de l’essen- Belgrade, en prenant soin de ne un diplomate. ser avec insistance après le bombar- des responsables chinois ont annulé soire. Elles font suite à un échauffe- tiel de l’outil militaire chinois, en pas l’identifier au peuple serbe : Dès à présent, s’esquisse la liste dement de l’ambassade chinoise à des visites aux Etats-Unis, des jour- ment populaire qui, s’il a été dépit des efforts récents de moder- « On ne saurait confondre des diri- des demandes que Pékin va présen- Belgrade : un signe qui montre clai- nalistes de la presse officielle de Pé- téléguidé et manipulé, n’en a pas nisation. geants qui ne reculent devant rien ter pour obtenir des « compensa- rement les limites du « partenariat kin ont coupé court à des tournées moins paru sincère de la part de pour qu’aboutissent leurs objectifs tions » − implicites ou explicites − à stratégique » que la Maison Blanche déjà entreprises dans des villes certains − au moins − des activistes Francis Deron et l’ensemble d’un peuple, le peuple la poursuite de relations sinon cor- serbe, que nous savons capable de diales, du moins urbaines avec les regarder vers un avenir nouveau. » Etats-Unis. Parmi ces revendica- Les signataires apportent leur tions, exprimées par divers respon- confiance « à tous les responsables sables chinois au cours des derniers religieux de cette région » pour jours, figurent, outre l’évidente Un hommage à la police et au ministère de l’intérieur contribuer « à la construction question de l’entrée de la Chine BELGRADE a tenu à célébrer tout parti- conscience patriotique, votre fidélité et votre conclu qu’il est « persuadé que tous les d’une paix durable dans des pays dans l’Organisation mondiale du culièrement, mercredi 12 mai, le « Jour de la formation professionnelle, vous avez empêché membres du ministère de l’intérieur continue- réconciliés ». commerce (OMC), l’exigence que sécurité », fête nationale en République fé- l’action des forces ennemies et empêché ront d’effectuer professionnellement, efficace- Prudemment, le texte ne prend Taïwan soit laissé en dehors du pro- dérale de Yougoslavie (RFY, Serbie et Mon- qu’elles sapent les forces de notre défense ». ment et légalement les tâches relevant de la pas position sur les bombarde- jet de défense antimissiles élaboré ténégro). Le journal télévisé a donc tout De son côté, Milutinovic a ajouté protection de l’ordre constitutionnel et du ren- ments de l’OTAN, qui ne sont pas par les Etats-Unis en Extrême- d’abord annoncé que Slobodan Milosevic, que la police « a assuré la paix et la protec- forcement de la sécurité de la République de même mentionnés. Mais cette dé- Orient, et que les enquêtes en cours président de la RFY et commandant su- tion des citoyens sur l’ensemble du territoire. Serbie ». claration commune, qui veut être sur l’espionnage chinois dans les la- prême, a décoré plusieurs membres des (...) Par leur action et leur engagement légal, Le chef d’état-major, le général Dragoljub un « cri » qui « déchire les si- boratoires américains soient étouf- forces du ministère de l’intérieur. La télé- les membres du ministère de l’intérieur ont Ojdanic, a lui aussi reçu une délégation des lences », est déjà un événement en fées ou envoyées sur des voies de vision a montré les images de la réception mérité la reconnaissance et renforcé le respect service de sécurité et de renseignement rat- soi en réunissant des responsables garage. La ficelle peut paraître un par le président serbe, Milan Milutinovic, et dont ils jouissent de la part de tous nos ci- tachés à l’état-major de l’armée. A cette oc- dont les coreligionnaires sont par- peu grosse mais n’est pas fonda- les principaux responsables du régime, toyens ». casion, il a souligné « l’importante contribu- ties prenantes dans le conflit. mentalement incompatible avec les d’une délégation du ministère de l’intérieur. Les forces du ministère de l’intérieur tion à la défense du pays des services de Même si le choix de M. Mekachera tactiques de négociation de Pékin, Selon le communiqué du cabinet militaire n’ont pas seulement été engagées au Koso- renseignement et de la police militaire ». pour représenter les musulmans qui n’a pas pour habitude de partir du commandant suprême, « dans l’action vi- vo, a souligné Milan Milutinovic en expli- Un télégramme du ministre fédéral de la de France peut surprendre : celui- d’une position basse face à un in- sant à démanteler le mouvement séparatiste quant que « le ministère de l’intérieur a éga- défense, Predrag Bulatovic, adressé aux mi- ci, président du Conseil national terlocuteur. et éliminer ses bandes terroristes agissant au lement rempli avec succès les tâches relevant nistres de l’intérieur, fédéral et serbe, s’est des Français musulmans (harkis), Afin que nul de doute de sa dé- Kosovo, et disposant du soutien de puissances de ses prérogatives définies par la loi, tout aussi félicité de cette collaboration en no- avait provoqué, fin 1998, une scis- termination à utiliser au mieux la étrangères qui ont commis une agression cri- particulièrement dans la lutte contre la crimi- tant que « les citoyens de Yougoslavie et les sion au sein du Conseil supérieur tragique carte que lui a offerte minelle contre notre pays, vous avez enregistré nalité, la lutte contre toutes les formes illé- membres de l’armée yougoslave attendent de des musulmans de France, créé l’OTAN, le gouvernement chinois a un remarquable succès. Dans cette lutte ont gales de spéculation, l’amélioration de la pro- vous tous que vous apportiez, dans la période par la Mosquée de Paris, en for- commencé à identifier des do- courageusement trouvé la mort de nombreux tection de la circulation et la protection des à venir, votre pleine contribution à la protec- mant son propre conseil. Sa repré- maines où il pourrait traîner les membres des organes des forces de l’intérieur frontières nationales ». tion du pays et de l’armée yougoslave face à sentativité est donc contestée pieds en matière de bonne coopé- dont les sacrifices sont de brillants exemples Après avoir brièvement salué « le grand toutes les formes menaçant sa sécurité ». dans la communauté musulmane. ration avec l’Amérique et les Occi- d’héroïsme et de fidélité à son peuple et à sa courage des membres des équipes de lutte dentaux en général : par exemple, patrie. (...) Grâce à votre remarquable contre l’incendie », Milan Milutinovic a Hector Forest Xavier Ternisien LeMonde Job: WMQ1405--0005-0 WAS LMQ1405-5 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0442 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 5 Lawrence Summers, nouveau secrétaire au Trésor, Internet diffuse les noms de 115 agents secrets britanniques LONDRES. Des détails ultrasecrets sur un grand nombre d’agents est chargé du maintien de la prospérité américaine – pas moins de 115 noms – des services spéciaux britanniques, le M I6, ont été diffusés, mercredi 12 mai, sur un site Internet américain, au grand dam des autorités britanniques, qui ont tenté en vain d’en em- Continuité assurée après le départ annoncé, pour raisons personnelles, de Robert Rubin pêcher la publication. Un responsable, le vice-amiral David Pulver- taft, a indiqué que la publication de ces détails « pouvait mettre des La démission du secrétaire au Trésor Robert Ru- hington. Le nouveau titulaire du poste, Il devra œuvrer, de concert avec le président de vies en danger ». Ces agents travaillent à Londres et à l’étranger. L’of- bin est officielle depuis le mercredi 12 mai. Elle Lawrence Summers, devient le principal conseil- la Réserve fédérale, Alan Greenspan, au main- ficier a ajouté que les services de la défense, dont dépend le M I6 ne signifie pas un changement de cap à Was- ler de Bill Clinton pour les affaires économiques. tien d’une forte croissance. (Lire aussi page 12.) (l’équivalent de la Direction générale de la sécurité extérieure fran- çaise), « étudient comment minimiser les dommages de cette divulga- WASHINGTON viendra à échéance, en juin 2000. rieur brut frôle les 4 %, loin en tête au talent et au jugement extraordi- tion ». de notre correspondant L’équipe de M. Rubin a obtenu de tous les pays de l’OCDE (Organi- naires ». Auparavant, Le gouvernement britannique avait obtenu la fermeture Secrétaire au Trésor depuis jan- des résultats impressionnants que sation de coopération et de déve- La nomination de M. Summers d’un site Web mis au point par un ancien agent du M I6, Richard vier 1995, Robert Rubin a rendu pu- même l’opposition républicaine re- loppement économiques). ne devrait pas être trop controver- Tomlinson, qui avait menacé de publier des informations confiden- blique, mercredi 12 mai, sa décision connaît. Travaillant de concert avec D’où le concert de louanges qui a sée dans un climat bipartisan si rare tielles. Agé de trente-cinq ans, M. Tomlinson, chassé du M I6 en 1996 de démissionner pour raisons per- le président de la Réserve fédérale salué le départ de M. Rubin. « C’est de nos jours, si l’on en croit le chef après avoir œuvré à Moscou et aux Balkans, avait été interpellé à Pa- sonnelles. Lors d’ une cérémonie à (la Fed), le républicain Alan Greens- le meilleur économiste de ma généra- de la majorité républicaine au Sé- ris en août 1998. Il s’est réfugié en Nouvelle-Zélande, puis en Suisse. – la Maison Blanche, Bill Clinton a re- pan, elle a à son crédit « l’économie tion », a dit le chef de la minorité nat, Trent Lott, pourtant peu amène (AFP.) gretté son départ et confirmé qu’il la plus forte que nous ayons peut-être démocrate à la Chambre, Dick Ge- pour M. Clinton. Le défi de La- serait remplacé par son adjoint, La- jamais connue », comme le souli- phardt, tout en jugeant que ce fi- wrence Summers sera de faire aussi wrence Summers. Le poste de nu- gnait Bill Clinton dans son discours nancier n’avait pas été suffisam- bien que son mentor. Mais aussi de La République tchèque achèvera méro deux du Trésor reviendra à d’adieu à M. Rubin. Il s’agit du seul ment « social ». « De tous les officiels poursuivre son œuvre là où elle n’a Stuart Eizenstat, jusqu’ici sous-se- succès incontestable de sa prési- de l’administration Clinton, c’est celui pas été couronnée de succès : la ré- crétaire d’Etat chargé des affaires dence : les déficits budgétaires ont qui a eu le plus de crédibilité à mes forme de la sécurité sociale ne fait la centrale nucléaire de Temelin économiques. Le passage de témoin été supprimés, le chômage est passé yeux et à ceux du Congrès », a ajouté que commencer, le déficit commer- devrait avoir lieu autour du 4 juillet, de 6,9 % à 4,3 % de la population ac- le sénateur républicain Phil Gramm. cial continue de croître et les plus PRAGUE. Le gouvernement tchèque a décidé, mercredi 12 mai, laissant à M. Rubin le temps de pas- tive, l’indice Dow Jones des valeurs « C’est l’un de nos meilleurs secré- défavorisés ont peu bénéficié de la d’achever la centrale nucléaire de Temelin (à 100 kilomètres au sud de ser les commandes à Lawrence vedettes de Wall Street est passé de taires au Trésor », a déclaré Alan manne distribuée par la prospérité Prague) malgré l’opposition du Parlement européen, qui doute de sa Summers, et au Sénat de confirmer 4 000 à 11 000 points, tandis que le Greenspan, pour qui, par ailleurs, américaine. sécurité, et de l’Autriche voisine, adversaire de l’atome. Le président ces nominations. taux de croissance du produit inté- Larry Summers « est une personne Quant à M. Eizenstat, il va mettre Vaclav Havel s’était prononcé auparavant pour l’arrêt de la construc- Ce n’était un secret pour per- son expérience au service de ses tion et la transformation du site en zone industrielle, projet que sonne que M. Rubin souhaitait re- nouvelles fonctions : ancien ambas- Vienne était prêt à soutenir financièrement. tourner à New York, où il a fait sa Le dollar et Wall Street résistent sadeur auprès de l’Union euro- La centrale, deux blocs de 1000 Watts de conception soviétique mo- carrière chez Goldman Sachs, la péenne, il a mené campagne contre dernisés par l’américain Westinghouse, est en construction depuis banque d’affaires récemment en- La Bourse de New York a terminé la séance du mercredi 12 mai en les restrictions mises par Bruxelles à douze ans. Le cabinet tchèque, qui s’est décidé par 11 voix contre 8 au trée en Bourse. Il est probable que légère baisse (– 0,23 %). L’indice Dow Jones avait perdu jusqu’à l’importation de bœuf américain et terme de cinq heures de débats, s’est engagé à lancer le premier réac- la procédure de destitution de Bill 213 points (1,93 %) après l’annonce de la démission du secrétaire l’aide accordée aux producteurs de teur en septembre 2001. Le coût total de la construction ne devrait Clinton, achevée à la mi-février, au- d’Etat au Trésor, Robert Rubin. Mais il s’est vite redressé après la dé- bananes des pays d’Afrique, des Ca- pas dépasser environ 20 milliards de francs (3,04 milliards d’euros). – ra retardé sa décision de quelques signation de Lawrence Summers, très apprécié sur les marchés, raïbes et du Pacifique (ACP). Mais il (Corresp.) mois. Le fait que Robert Rubin ait pour le remplacer. « Je serais beaucoup plus inquiet si Bill Gates an- s’est surtout fait connaître pour le décidé de quitter ses fonctions nonçait sa démission », a commenté Hugh Johnson, analyste de l’éta- rôle qu’il a joué pour recouvrer les DÉPÊCHES laisse aussi à penser qu’il estime que blissement financier First Albany. biens et l’or volés par les nazis aux a SWAZILAND : au moins 70 % des enseignants sont porteurs du le gros de la crise asiatique est pas- Sur le marché des changes, le billet vert, qui avait fléchi après la victimes de l’Holocauste. Bill Clin- virus du sida, selon l’inspecteur des écoles du pays, Bethwell Ndlovu, sé. Il pourrait, selon certaines ru- nouvelle du départ de M. Rubin, s’est stabilisé à 1,066 dollar pour un ton lui a demandé de continuer à cité par l’agence de presse sud-africaine Sapa. Le premier ministre, Si- meurs, remplacer Alan Greenspan à euro. Les économistes ne croient pas que la politique de « dollar suivre ce dossier. busiso Dlamini, a indiqué que d’autres professions étaient également la tête de la Réserve fédérale, fort » défendue par le secrétaire au Trésor démissionnaire sera re- touchées par l’épidémie, mais que l’absentéisme des enseignants dû à lorsque le mandat de ce dernier mise en cause. Patrice de Beer la maladie se faisait sentir de manière plus évidente. Selon un rapport de l’unité de recherche internationale de l’hebdomadaire britannique The Economist, le Swaziland a le troisième taux mondial de séropositi- vité. – (AFP.) L’élection de Carlo Azeglio Ciampi à la présidence de l’Italie a TERRITOIRES PALESTINIENS : les dirigeants s’apprêtent à an- noncer des élections présidentielle et législatives, après les élec- tions israéliennes prévues le 17 mai, a déclaré, mercredi 12 mai à Was- L’ancien ministre du Trésor bénéficiait, jeudi matin, d’une quasi-unanimité hington, Hanane Achraoui, membre du Conseil législatif palestinien. D’après elle, « le président (de l’Autorité palestinienne) Yasser Arafat ROME Ciampi à la suite d’une série de rencontres au sein L’élection d’un technicien laïque à la présidence sera le principal candidat » à la présidentielle. – (AFP.) de notre correspondant des différentes composantes de la majorité, puis de la République représente un indéniable tour- a TURQUIE : les autorités ont fourni une radio et des journaux à Carlo Azeglio Ciampi, ministre du Trésor, devait de l’opposition, et des « sommets » de l’une et de nant dans la vie politique italienne. Elle représente Abdullah "Ocalan, le chef rebelle kurde incarcéré dans l’île-prison être élu facilement,jeudi 13 mai, président de la l’autre. Au bout du compte, il est revenu à Massi- un succès pour Massimo D’Alema, artisan d’un ac- d’Imrali, remplissant ainsi une condition posée par ses avocats à la République par plus de mille grands électeurs re- mo D’Alema de forger un accord afin d’éviter des cord jugé impossible, qui a salué dans le « oui » de poursuite de leur défense, a indiqué mardi 11 mai l’agence pro-kurde présentants notamment les deux chambres du tractations sans fin et des jeux d’alliance au gré des Silvio Berlusconi, « un signal positif, un sens DEM, basée en Allemagne. Les défenseurs demandent aussi à pouvoir Parlement. L’ancien gouverneur de la Banque différents tours de scrutin. commun de responsabilité ». L’accession de Carlo s’entretenir en privé avec leur client, l’arrêt des fouilles, une meilleure d’Italie devient ainsi le dixième chef de l’Etat de Azeglio Ciampi au Quirinal signifie enfin la victoire protection contre les attaques dont ils sont l’objet et la fin des fuites l’après-guerre. Il succédera, à partir du 23 mai, à UN TOURNANT de la compétence et l’assurance de la raison sur les du parquet à la presse. – (AFP.) Oscar Luigi Scalfaro, qui a accompli un mandat de A la suite d’une rencontre avec Silvio Berlusconi, combinaisons fragiles. a IRAN / TURQUIE : Téhéran a protesté auprès d’Ankara, mercre- sept ans. Agé de soixante-dix-huit ans, cet écono- chef de l’opposition, la convergence s’est faite sur Tenace et tranquille, ce diplômé de philologie a di 12 mai, pour le refus des gardes-frontières turcs de coopérer avec miste unanimement respecté a remercié tout le le nom de Carlo Azeglio Ciampi. Il ne restait plus fait toute sa carrière à la Banque d’Italie, gravissant leurs collègues iraniens dans l’enquête sur les circonstances de la monde en souhaitant « être à la hauteur » de la qu’à convaincre Franco Marini, leader du Parti po- les échelons avant de devenir gouverneur pendant mort, le 7 mai, de sept Iraniens habitants de la zone frontalière. Cet tâche qui lui a été confiée. pulaire, la deuxième formation de la majorité, quatorze ans. Président du Conseil pendant un an, incident est survenu alors qu’une vive contestation populaire et par- Finalement, il aura fallu une seule journée, celle d’adhérer à cette candidature. Ce ne fut pas sans d’avril 1993 à avril 1994, il fut après la victoire du lementaire a été soulevée en Iran par les ennuis causés en Turquie à de mercredi, pour dénouer le jeu des intrigues et peine. centre-gauche aux élections du 21 avril 1996, le fi- une jeune islamiste, élue député, et à laquelle les autorités d’Ankara faire émerger le nom d’un homme qui est imman- En fin de soirée, cet héritier de la démocratie dèle bras droit de Romano Prodi lors de la difficile veulent interdire le port du voile. – (AFP.) quablement associé à l’assainissement des fi- chrétienne qui espérait bien conquérir encore une entreprise de remise dans le droit chemin de a IRAK : douze Irakiens, dont deux enfants, ont été tués et plu- nances publiques et à l’entrée de l’Italie dans la fois la plus haute fonction de l’Etat a dû se ranger l’économie et de la monnaie italiennes. Giuliano sieurs autres ont été blessés lors de bombardements américains monnaie unique. Alors que les grandes ma- à la majorité et donner son accord à la candidature Amato, ministre des réformes institutionnelles, contre la province de Ninive, au nord de l’Irak, a affirmé mercredi nœuvres politico-politiciennes battaient leur plein unique de Carlo Azeglio Ciampi. Seuls, les passe pour être le mieux placé pour assurer sa suc- 12 mai un porte-parole militaire à Bagdad. L’armée américaine sta- pour désigner un candidat de consensus au Quiri- communistes de Fausto Bertinotti et les sécession- cession. tionnée à la base d’Incirlik (sud de la Turquie) avait annoncé peu au- nal, une unanimité pratiquement complète s’est fi- nistes d’Umberto Bossi ne se sont pas ralliés à ce pravant que des chasseurs américains avaient bombardé mercredi des nalement faite sur la personne de Carlo Azeglio choix. Michel Bôle-Richard sites de défense antiaérienne dans la zone d’exclusion aérienne du nord de l’Irak, agissant en « auto-défense ». – (AFP.) a SOUDAN : un comité soudanais des droits de l’homme a de- mandé, mercredi 12 mai, aux autorités soudanaises, l’autorisation Argentine : le Djihad islamique pour des avocats et des médecins de rencontrer un journaliste détenu Un dossier spécial « Palestine » depuis le 14 avril dans un endroit tenu secret. Le comité, dirigé par l’avocat et président de l’Alliance nationale pour la restauration de la accusé de l’attentat de 1992 démocratie, Ghazi Souleiman, a déploré « le comportement des auto- du mensuel « GEO » rités qui restent toujours silencieuses sur le lieu de détention de Moha- BUENOS AIRES d’un acte terroriste dans son pays. EN UNE CENTAINE de pages, ments historiques, c’est à la mise en med Abdel Sid », correspondant à Khartoum du quotidien saoudien de notre correspondante Du côté israélien, on avait avancé avec des textes aussi clairs que place d’une dépossession que nous El Chark el Aousat, basé à Londres. – (AFP.) Sept ans après l’attentat contre la thèse de représailles contre la concis, une excellente cartographie, assistons ». a GRANDE-BRETAGNE : les membres des nouveaux Parlements l’ambassade d’Israël à Buenos politique étrangère du président des photos magnifiques et une GEO a « voyagé au cœur » des semi-autonomes d’Ecosse et du pays de Galles ont prêté un ser- Aires, la Cour suprême de justice Menem (d’origine syrienne) au multitude de « clefs » de lecture, le structures d’un peuple à travers les ment historique, mercredi 12 mai, à Edimbourg et Cardiff. En Ecosse, argentine a accusé, le 10 mai, le Proche-Orient, et notamment sa magazine GEO publie dans sa der- années et, pour ce faire, a sollicité le Parti travailliste a annoncé la conclusion d’un accord avec le petit groupe terroriste « Djihad isla- décision de retirer l’appui argen- nière édition la contribution d’historiens et de Parti libéral-démocrate (centriste) pour former un gouvernement de mique, bras armé du Hezbollah » tin au développement du pro- (no 243, mai), spécialistes de la région (Nadine Pi- coalition issu du premier Parlement écossais élu depuis trois cents (pro-iranien) d’être l’auteur de gramme nucléaire iranien. Deux un dossier spé- caudou, Elias Sanbar, Salim Tamari, ans. Alex Salmond, dirigeant du Scottish National Party (SNP), a fait l’explosion qui fit vingt-deux ans plus tard, un nouvel attentat cial : « Pales- Bassma Kodmani-Darwiche, Ca- précéder sa prestation de serment d’une « mise au point ». « La loyau- morts, plus de deux cents blessés antisémite contre l’Association tine, voyage au mille Mansour et Aude Signolles). té du SNP est avant tout envers le peuple d’Ecosse », a-t-il souligné. et d’énormes dégâts matériels, le mutuelle israélite argentine cœur d’un Mais les photographies puisées a Chris Patten a accepté de devenir commissaire européen. Selon 17 mars 1992, en plein centre de la (AMIA), qui fit quatre-vingt-six peuple ». Dos- dans des albums de familles palesti- The Times de Londres, le premier ministre britannique, Tony Blair, a capitale. Cette thèse, mettant en morts, le 18 juillet 1994, renforçait sier d’autant niennes, ou celles toutes récentes fait cette proposition à l’ancien gouverneur britannique de Hong- cause Téhéran, avait été avancée ces interrogations, mais aussi les plus actuel prises en Cisjordanie et à Gaza et kong, qui l’a accepté. M. Patten devrait remplacer Sir Leon Brittan et dès le début de l’enquête par le soupçons sur une éventuelle qu’en vertu des accords israélo-pa- dans les camps de réfugiés, sont au- être, avec Neil Kinnock, l’un des deux commissaires européens bri- gouvernement israélien, mais complicité de la police locale. lestiniens dits d’Oslo, les négocia- tant sinon plus éloquentes que la tanniques. M. Patten, qui était aussi le candidat préféré de Romano aussi par celui des Etats-Unis. Le tions sur le statut définitif des terri- relation des faits.Un texte inédit du Prodi, le nouveau président de la Commission européenne, est un eu- tribunal suprême a déclaré inno- DES POLICIERS INTERROGÉS toires palestiniens auraient dû avoir grand poète palestinien Mahmoud rophile convaincu. cents les quatre ressortissants pa- La chambre fédérale de justice a pris fin le 4 mai, et que l’avenir de Darwich, dont le voyage « se pro- kistanais qui avaient été arrêtés ordonné, mardi 11 mai, la re- ces territoires est l’un des enjeux longea sur de nombreuses routes, si au lendemain de l’attentat. Il a constitution de l’attentat contre des élections anticipées prévues en souvent portées sur les épaules » il- L’UE accorde une aide aux Etats également confirmé que les terro- l’AMIA, et a confirmé la prison Israël le 17 mai. lustre, s’il le fallait encore cette ristes avaient utilisé une voiture préventive pour Carlos Telledin, Le dossier publié par GEO éclaire « identité interdite, rebelle à toute ré- piégée bourrée d’explosifs, qui l’homme qui prépara le véhivule la réalité d’un peuple qui a droit à duction aux seuls exil et retour ». d’Amérique centrale victimes de Mitch avait été stationnée devant le piégé par les terroristes. Quatre un Etat. Partant, comme l’écrit le Les Palestiniens, ce sont bien sûr siège diplomatique. anciens policiers de province de rédacteur en chef, Jean-Luc Marty, les habitants de territoires auto- SAN JOSÉ. L’Union européenne va octroyer une aide supplémentaire Cette résolution est l’aboutisse- Buenos Aires sont également ac- de l’observation de nouveaux « tra- nomes en Cisjordanie et à Gaza, de 270 millions de dollars (255 millions d’euros) aux pays centro-amé- ment d’une longue enquête au cusés de complicité dans l’atten- cés » sur la carte d’Israël, de « l’ap- poussières de terre non reliées ricains ravagés, il y a six mois, par le cyclone Mitch, a annoncé, mer- cours de laquelle la communauté tat. parition [au cours des dernières an- entre elles et « caricature de Pales- credi 12 mai à San José, capitale du Costa Rica, l’ambassadeur de l’UE juive argentine et internationale Plusieurs policiers doivent en- nées] d’une géographie morcelée », tine », comme l’écrit Alain Frilet. pour l’Amérique centrale, l’Allemand Dieter Konig. Cette aide sera of- avait à plusieurs reprises protesté core être interrogés afin de déter- correspondant aux territoires auto- Mais ce sont aussi ces « Israéliens ficiellement annoncée durant la réunion du groupe consultatif (pays vigoureusement contre le manque miner la possible existence d’une nomes palestiniens de Gaza et de arabes, Arabes israéliens ou Palesti- donateurs et organismes financiers) qui se tiendra du 25 au 28 mai à de détermination de la Cour su- « connexion locale » des terro- Cisjordanie, GEO a cherché à niens d’Israël ? », dont Slimane Zeg- Stockholm. Elle s’ajoutera aux 215 millions de dollars déjà octroyés prême, très dépendante du gou- ristes, dans le cas de l’attentat comprendre « quand la géographie hidour raconte « l’étrange destin » à par l’UE. Les deux pays les plus touchés, le Nicaragua et le Honduras, vernement de Carlos Menem. A contre l’AMIA comme dans celui a commencé à bouger ». Pour travers l’histoire d’un village, Aïn recevront chacun 30 % de la somme, le reste ira au Guatemala et au l’époque, cet attentat avait forte- contre l’ambassade d’Israël. constater qu’« en remontant le Haoud. Salvador. Le Costa Rica est exclu de cette aide, car il a peu souffert du ment ébranlé la société argentine, temps, et l’évolution du statut de la passage du cyclone, a souligné l’ambassadeur. – (AFP.) qui s’interrogeait sur les motifs Christine Legrand terre liée à ces grands bouleverse- Mouna Naïm LeMonde Job: WMQ1405--0006-0 WAS LMQ1405-6 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0443 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999

GAUCHE La liste « ouverte » communiste : participation critique au de ressouder les rangs en accentuant puis longtemps, et les fidèles de l’anti- surprise : les militants d’Attac, associa- conduite par Robert Hue aux élections gouvernement, ralliement à l’Europe, la ligne « antilibérale » de sa cam- capitalisme radical, tentés par la liste tion qui promeut l’idée d’une taxation européennes du 13 juin concentre les division au sujet du Kosovo. M. Hue, pagne. b LES COMMUNISTES sont trotskiste Laguiller-Krivine. b LA des mouvements de capitaux spécula- contradictions auxquelles doit faire qui a présenté, mercredi 12 mai, le partagés entre ceux qui approuvent CAMPAGNE de la « gauche de la tifs et qui revendique aujourd’hui face le secrétaire national du Parti comité de soutien de sa liste, va tenter l’ouverture, qu’ils demandaient de- gauche » est investie par un invité- neuf mille adhérents. Robert Hue engage sa liste « ouverte » dans un vrai combat électoral Après avoir longtemps insisté sur la diversité des candidats qu’il est parvenu à réunir, le secrétaire national du PCF mesure qu’à moins d’un mois du scrutin, l’heure est venue de la synthèse et de la cohésion face aux concurrents Verts et trotskistes IL Y A MÊME Liliane Marchais. Le secrétaire national du PCF af- « les candidates et candidats de Jospin et M. Hollande, et durcir ses La veuve de l’ancien secrétaire gé- fiche un optimisme inébranlable. cette liste “caméléon”, sans principe critiques sur la politique écono- néral a accepté de figurer dans la Malgré tous ces accidents de cam- et vulgairement électoraliste », qui mique du gouvernement. Il avait liste des mille premiers signataires pagne – de la « surprise » d’une « sont de véritables pro-maastrich- commencé, le 30 avril, à Montbé- du comité de soutien de la liste équipe rassembleuse aux divisions tiens, pro-libéraux », des « va-t-en- liard (Doubs), en répondant à Ar- Bouge l’Europe ! pour les élections sur les frappes de l’OTAN en ex- guerre, pro-américains ». lette Laguiller et Alain Krivine, ve- européennesdu 13 juin, conduite Yougoslavie –, sa liste reste la plus Inquiet de voir le débat confis- nus tenir une réunion publique à par Robert Hue. Ouverture oblige, stable dans les sondages. A l’inté- qué par un tête-à-tête François l’intérieur même des usines Peu- elle y côtoie Pierre Bergé, PDG rieur de la liste, pourtant, les ten- Hollande-Nicolas Sarkozy, qui geot à Sochaux. Le secrétaire na- d’Yves Saint-Laurent, le chanteur sions n’ont pas été évitées. Certes, semble convenir au premier secré- tional du PCF a continué, di- kabyle Idir et l’écrivain Gilles Per- les divergences sur l’OTAN ont été taire du PS, voire réduit à un débat manche 9 mai, à Uzeste (Gironde), rault. Présentée, mercredi 12 mai, théorisées à plusieurs reprises. entre les deux « européens » Fran- en critiquant vivement « la poli- au « QG » de campagne de l’ave- « Notre liste est à l’image de la so- çois Bayrou et Daniel Cohn-Ben- tique de privatisations du gouverne- nue Parmentier, à Paris, par le se- ciété française, qui est elle-même di- dit, le PCF souhaite faire entendre ment ». « A condition de ne pas être crétaire national du PCF, le « comi- visée », répète M. Hue, en mon- sa voix. Pour le moment, il dispose, systématiquement antigouverne- té d’initiatives » se veut à l’image trant du doigt la Gauche socialiste pour tout programme, d’un « ma- mentale, nous avions dit que notre de la liste, communiste et non- ou la gauche des Verts, restées pa- nifeste » de deux pages, décliné liste n’est pas pro-gouvernementale. communiste, ouvert à la société ci- cifistes. initiative après initiative. Des pro- A nous de le montrer ! », s’est-il ex- vile et au « mouvement social ». N’empêche : le 24 avril, lors d’un positions thématiques n’engageant clamé. Roger Hanin, Paul Chemetov, Di- « séminaire » de la liste organisé que la liste sont consignées dans Pour relancer la campagne, dier Daeninckx, François Hadji-La- dans l’ancienne « école des des « mémorandums » : sida, sans- l’équipe de l’avenue Parmentier ré- zaro, Etienne Roda-Gil ont répon- cadres » du PCF à Draveil (Es- papiers, éducation, etc. Ce sont des fléchit aussi à une « grande nuit du présents. Les communistes sonne), Geneviève Fraisse, débats de haut niveau, com- politique ». M. Hue, qui s’en est Richard Dethyre et Charles Hoa- deuxième de liste, s’est vivement mentait anonymement un respon- déjà pris au « Vert kaki Daniel reau représentent les chômeurs ; emportée contre les propos tenus sable communiste le 11 mai, après Cohn-Bendit », entend bien aider Ababacar Diop, les sans-papiers. à son encontre par l’orthodoxe Ro- une rencontre des femmes de la des candidats non communistes à Georges Séguy et Henri Krasucki, lande Perlican et rapportés dans sants parisiens, fédérés autour du PCF animé par un adjoint au liste au Cirque d’hiver, en présence en découdre davantage avec le ainsi qu’une dizaine de membres L’Humanité, tandis que Philippe d’un appel dit « des Cinq cents » maire d’Aubervilliers (Seine-Saint- de la ministre de la jeunesse et des gouvernement. Le mitterrandiste de l’actuelle direction de la CGT, Herzog reprochait à M. Hue et (Le Monde daté 25-26 avril), à ma- Denis), Jean-Jacques Karman, a sports Marie-George Buffet, ju- Roger Hanin a proposé à son ami dont Jean-Christophe Le Duigou, Francis Wurtz de « tourner autour nifester devant le café du Crois- appelé au boycottage des élections geant le moment venu, pour les Robert Hue le slogan suivant : «Si ont apporté leur parrainage. Ber- du pot sur la question de l’union po- sant, où fut assassiné Jean Jaurès, européennes, à l’instar de ses amis candidats, de faire de la politique vous êtes vraiment socialistes, votez nard Thibault, soucieux des équi- litique, de ne rien proposer entre pour reprocher au PCF de ne pas du Parti des travailleurs (trot- et de défendre les couleurs de la communiste ! » Convenances de la libres internes de sa centrale, a dé- Etats-nations et fédéralisme ». avoir participé à une réunion des skiste). Dans un article de leur bi- liste. gauche « plurielle » obligent, cliné l’invitation. Côté militants, des « gro- PC d’Europe centrale et orientale à mensuel (mai-juin 1999), titré Dans les trente prochains jours, M. Hue, mercredi soir, l’a retoqué. Malgré la guerre du Kosovo, gnards » communistes sont ouver- Nicosie (Chypre), afin de dégager « Purification de la liste Hue- M. Hue devrait hausser le ton, malgré « l’affaire Corse », il faut tement entrés en résistance. Le une issue au conflit yougoslave. Le Fraisse, dehors les bombar- dans la limite du code de bonne Alain Beuve-Méry bien continuer à faire campagne. 11 mai, ils étaient trois cents oppo- 12, la Gauche communiste, courant diers ! », ces minoritaires fustigent conduite recommandé par Lionel et Ariane Chemin Jean Laot, communiste quand même Denis Delpierre : « Krivine, parce qu’il faut voter » À BAGNOLET (Seine-Saint-De- Pendant trente ans, il a cru. En « pratiques sectaires » de Daniel CE SOIR-LÀ, il est venu tout « les cœurs énormes des corons ». communistes « qui ne renient pas nis), ville « rouge » depuis 1928, décembre 1948, il prend sa carte : Mongeau, le nouvel élu. Ils sont seul et s’est assis sur la dernière Au Portel, en 1972, il devient leur idéal ». Il a entendu parler de tous les communistes connaissent un Français sur quatre vote alors « des dizaines » comme lui à chaise. Il avait vu les affiches an- presque tout de suite responsable la liste du PCF. « Il y a une grande Jean Laot. Bavard comme deux communiste. Jeune homme, alors « s’user » face à la « ligne ». En nonçant la venue d’Arlette Laguil- de section. « Je me souviens que je ouverture, et c’est bien. Sauf qu’il y pies, il est le meilleur des cama- qu’il descend au petit matin d’une 1995, avec six autres communistes, ler et d’Alain Krivine à Boulogne- croyais beaucoup. Je répétais que a des gens, là-dedans, qui ne me chambre d’hôtel « avec une petite il est candidat sur la liste « Bagno- la société capitaliste allait s’effon- semblent pas du tout de gauche », PORTRAIT nana », il pleure en découvrant let plurielle » contre – « à côté PORTRAIT drer, que c’était I-NÉ-LUC-TABLE. dit cet antimaastrichtien fervent. « Il y a cinq ans, L’Humanité : « Staline est mort ». de », dit-il – celle du PCF. L’ancien secrétaire En 1989, c’est l’inverse qui s’est Il évoque les privatisations, le Ko- Educateur pour enfants inadaptés, Aujourd’hui, M. Laot ne veut passé. » sovo. « Je ne lis plus L’Huma, mais avec le parti, j’avais secrétaire de mairie à Pierrefitte plus « choquer ». « Il y a cinq ans, de section je pense qu’en cellule ça doit pas la haine. Maintenant, (Seine-Saint-Denis), puis employé avec le parti, j’avais la haine. Main- communiste entend « LE PS NOUS A TRAHIS » mal discuter. Les ministres commu- c’est fini » de la Sécurité sociale, il milite tenant, c’est fini. » La liste de Ro- « la révolte » « Vous m’auriez connu il y a nistes demeurent en place et se beaucoup. Trop. Tous les samedis bert Hue, comment serait-il quinze ans ! Au Portel, on a pété les taisent. Est-ce qu’ils ne peuvent pas après-midi, cellule après cellule, contre ? On lui a « suffisamment flammes ! On était tout un groupe faire autrement ? », feint-il de se rades et le plus soupe-au-lait, tou- au rythme des déménagements, il volé dans la gueule, quand [il a] dit sur-Mer (Pas-de-Calais). Il y a une d’enseignants. J’étais bien. » La demander. jours en retard d’une obéissance fait du porte-à-porte. A Bagnolet, que le parti devrait s’ouvrir », pour estrade, des femmes en pan- section passe de cinquante à trois Il se souvient que, quand il avait et en avance d’une contestation. « Paul-Eluard » est alors « la pre- qu’il ne boude pas son plaisir de toufles, des hommes à casquette, cent cinquante adhérents, et, aux « fait les écoles du parti », en tout De la politique, M. Laot connaît mière cellule pour le placement des voter, de nouveau, communiste. Il L’Internationale. Et, tout au fond élections municipales de 1977, à la cas la « fédérale », Trotski, «plus tout, sait tout. Sauf qu’au- cartes et la deuxième en timbres ». est comme ça : « J’ai failli rompre de la salle, incognito et pour la tête d’une liste d’union de la anarchiste que Lénine, à ce qu’il jourd’hui il a un petit-fils, dont il plusieurs fois, mais je n’y suis jamais première fois de sa vie, Denis Del- gauche, l’instituteur est promis au me semble », était « pas mal dé- montre les photos avant de parler « J’AI FAILLI ROMPRE » arrivé. » Il reprend toujours sa pierre, ancien secrétaire de sec- bel avenir de maire du Portel. crié ». Mais ces souvenirs sont du « parti ». Sauf qu’aujourd’hui Finalement, « c’est pendant les carte du PCF, « même si c’est, tion du Parti communiste du Por- « Sauf que le PS, dans toute sa lointains. Aujourd’hui, dans la le parti n’est « plus du tout sa années staliniennes », quand rien chaque fois, un peu plus tard dans tel, près de Boulogne, la ville où il splendeur, nous a trahis » : une salle, il a senti « la révolte, celle préoccupation, et pas seulement n’est encore permis, qu’il se sent l’année ». « J’aurais pu, éventuelle- fut instituteur jusqu’à sa retraite, voix de droite pour un candidat qu’on n’entend plus nulle part », et parce qu’[il est] grand-père ». « bien » au PCF. Les premières in- ment, voter pour Krivine, mais La- en 1995, à cinquante-cinq ans. socialiste, et la mairie échappe à vibré à ce qu’il a « envie d’en- M. Laot ne « bassine » plus sa somnies datent de 1984, quand guiller, jamais. Pour l’Europe, on Pas de sa faute si M. Delpierre a M. Delpierre. En 1981, le conseil- tendre : qu’il y ait de la révolution, chère Ginette, le matin, au petit Georges Marchais explique, quel- n’en serait pas là si elle n’avait pas l’air fatigué. Si, aujourd’hui, « tra- ler municipal n’a plus de forces. Il qu’on se donne les moyens de déjeuner, en lui lisant L’Huma à ques mois avant que les commu- appelé à l’abstention sur le traité de hi par les hommes et par les divorce et s’en va habiter Bou- changer le monde ! ». « Je vais vo- voix haute – d’ailleurs, il est aussi nistes ne quittent le gouverne- Maastricht. Je ne supporte pas bien idées », il ne « croit plus à grand- logne. ter pour Krivine, confie-t-il en ou- abonné à Libération et à Marianne. ment, que la gauche a réalisé plus ses “Travailleuses, travailleurs !”. Ni chose » et « n’a même plus envie M. Delpierre écoute attentive- bliant de citer “Arlette”, parce A soixante-huit ans, il est pris d’avancées démocratiques en trois les trotskistes, en général. » Jean d’avoir d’engagement ». Il a beau- ment Arlette Laguiller et Alain que je veux au moins voter. » Son d’une gourmandise de ce et ceux ans qu’à la Libération et sous le Laot réfléchit : « En fait, je devrais coup donné au « parti ». A l’école Krivine. « Voter pour nous, c’est la regard glisse vers les drapeaux qu’il a ignorés toute sa vie : « J’ai Front populaire. Alors que Bagno- être content de ce qui se passe. » normale d’Arras, avec ses copains seule manière de voter contre le rouges. perdu suffisamment de temps à sa- let voit arriver, en 1986, celui qui fils de mineurs, il rencontre, le gouvernement », haranguent-ils, voir ce que les gens avaient dans la n’est que son troisième maire Ar. Ch. week-end, la culture communiste, ce 19 mars, en direction des Ar. Ch. tête, à me préoccuper du parti. communiste depuis presque Quelle connerie ! Il faut que je vive soixante ans, il commence à se dé- très vieux pour rattraper ça. » soler, au comité de section, des Un spectre hante la campagne : Attac C’EST L’HISTOIRE de la « gauche de la la lutte contre les inégalités et la misère » et ment « pourrait tout aussi bien [s’]appeler taxe gauche » qui ne se retrouverait dans aucune d’ouvrir le débat à Strasbourg. Jospin »... liste, mais assisterait et participerait à tous les Autant dire qu’à gauche, si l’on veut gagner Dans ses réunions électorales, Alain Krivine meetings. Chaque soir, dans les réunions pour les voix de ce vrai-faux parti dont les militants évite la provocation : « Attac rassemble des mil- les élections européennes du 13 juin, il y a tou- ont décidé de jouer les empêcheurs de discou- liers de gens, phénomène semblable au succès jours un militant de l’Association pour la taxa- rir en rond, on a intérêt à être « pour » Tobin. des petits livres [parrainés par] Pierre Bour- tion des transactions financières pour l’aide Le Parti communiste ne mégote pas, mais, dieu. » Et tente de rattraper les propos de sa aux citoyens (Attac) pour poser à Robert Hue, dans les nombreux débats où il est invité, colistière, Arlette Laguiller, qui, laissée à elle- à Daniel Cohn-Bendit ou à Arlette Laguiller M. Cassen raconte avec gourmandise que, même, en réunion ou à la télévision, explique une question sur... la taxe Tobin. Et pour invi- alors qu’il dînait dans un restaurant, le pre- qu’il n’y a rien à attendre de cette invention ter ainsi l’économiste américain James Tobin, mier secrétaire du Parti socialiste François d’un « économiste bourgeois, conseiller de Ken- auteur de cette proposition, dans les préaux Hollande, aussi, est venu à sa rencontre : «Tu nedy et Prix Nobel », qui se contente de « limer électoraux. as vu ? J’ai inscrit ta taxe dans mon pro- les dents du capitalisme » quand Lutte ouvrière Agée d’un an à peine, Attac, lancée par Le gramme ! » veut « lui prendre toute la gueule ». Monde diplomatique, revendique désormais « La taxe Tobin de l’extrême gauche c’est plus de neuf mille adhérents, un peu plus que « LIMER LES DENTS DU CAPITALISME » bien, mais si je dois attendre la création d’un les Verts. Cent dix comités locaux se sont réu- Peu importe que, dans un rapport officiel, le conseil démocratique ouvrier mondial pour l’im- nis, samedi 8 mai, en coordination nationale. ministère des finances se soit clairement pro- poser, non merci ! », anticipe pour sa part Da- Le 1er mai, un « réveillon » avait réuni un bon noncé contre cette proposition ; qu’Olivier niel Cohn-Bendit, avant même toute question millier de personnes, place de la Bourse, à Pa- Davanne, conseiller de Lionel Jospin, ait vive- – un « libéral-libertaire » que les militants ris, devant les brasseries où les agents de ment critiqué ce prélèvement dans une étude ; d’Attac ont beaucoup ennuyé. A droite, le pré- change ont leurs habitudes. Des rencontres in- que la commission économique du PS, dans sident de l’UDF François Bayrou, interpellé ternationales sont prévues les 24, 25 et 26 juin. un rapport, approuve la philosophie de cette lors de son premier meeting européen, le Le 27 avril, Bernard Cassen, directeur général taxe, mais rejette catégoriquement sa mise en 15 mars, dans les Côtes-d’Armor, a eu moins du Monde diplomatique et président de l’asso- œuvre. Lors de la convention nationale de son de scrupules. Devant Pierre Méhaignerie ciation, a écrit aux têtes de liste des pro- parti, le 28 mars, M. Hollande, qui évoque ef- éberlué, on l’a entendu défendre vaillamment chaines élections afin de leur demander si elles fectivement la mise en place d’« une taxe type la camisole anticapitaliste d’Attac ! acceptent de s’« engager solennement » en fa- Tobin » dans son programme, a même avancé, veur d’une taxe « dont le produit sera affecté à devant le premier ministre, que ce prélève- Ar. Ch. LeMonde Job: WMQ1405--0007-0 WAS LMQ1405-7 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0444 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 7

Quatre femmes en position « éligible » Les députés s’indignent de l’autorisation sur la liste de l’UDF pour le 13 juin de reconstruire la paillote d’Ajaccio François Bayrou a veillé à la diversité régionale de son équipe Elisabeth Guigou affirme que Bernard Bonnet avait donné L’UDF a rendu publique, mercredi 12 mai, la composi- sur 87 candidats, dont quatre à des places qui leur son accord pour la réouverture du restaurant Chez Francis, tion de la liste menée par François Bayrou pour les élec- donnent une chance de siéger au Parlement de Stras- tions européennes du 13 juin. Elle compte 45 femmes bourg. La diversité régionale a été, aussi, recherchée. mais les conditions de cette permission restent floues JUSTE avant son départ, mercre- Ce sont, bien sûr, les affres na- est en deuxième position, juste DEPUIS plusieurs jours, déjà, rencontrer « des électeurs indignés tratif de Bastia avait déjà jugé la di 12 mai, pour un court séjour à la turelles de quiconque prétend derrière M. Bayrou et devant le gé- l’affaire couvait. Les images d’Yves par la reconstruction de Chez Fran- construction de Chez Francis illé- Réunion, le président de l’UDF, conduire une liste nationale dans néral Philippe Morillon. Trois Féraud, truelle à la main et sourire cis ». gale le 4 mai... 1995, sans que la François Bayrou, a consenti à un scrutin à la proportionnelle. autres femmes figurent dans les aux lèvres, reconstruisant à marche Devant M. Léotard, souriant, et droite, alors au pouvoir, n’ait fait rendre publique la liste qu’il Soumis aux mêmes contorsions, quinze premières places de la liste forcée sa paillote incendiée, susci- M. Rossi, gêné, M. Landrain a de- exécuter le jugement. Puis la mi- conduira aux élections euro- Charles Pasqua et Philippe de Vil- UDF : Marielle de Sarnez, collabo- taient trop l’indignation pour que mandé : « Y-aurait-il une réglemen- nistre de la justice a attaqué les in- péennes. Rendez-vous avaient été liers ont renvoyé au 17 mai l’an- ratrice de M. Bayrou ; Françoise de les députés n’en entendent pas tation spéciale pour l’île de Beauté ? terventions de MM. Léotard et Ros- donnés, successivement, pour la nonce de leur équipe. Nicolas Sar- Veyrinas, secrétaire d’Etat dans le quelques échos. Mercredi 12 mai, Y-a-t-il en Corse des permis de si en faveur des restaurateurs, avant veille au soir, puis pour mercredi kozy et Alain Madelin, eux, ont premier gouvernement d’Alain lors de la réunion du groupe socia- construire à durée déterminée ? » d’expliquer, à la surprise générale, midi, puis pour mercredi après-mi- préféré trancher dans le vif dès le Juppé ; et Fabienne Keller, vice- liste, plusieurs de ses membres se Envoyée au front sur un signe du qu’après l’incendie, Bernard Bonnet di, puis pour mercredi à 18 heures, 6 mai, pour prendre date, par rap- présidente du conseil régional sont inquiétés que l’opprobre dé- premier ministre, Elisabeth Guigou avait donné lui-même l’autorisation puis pour ce même mercredi en port à leurs concurrents, sur la fé- d’Alsace. Puis vient en dix-sep- versé sur le préfet Bonnet et les a rappelé que le tribunal adminis- de reconstruire, comme un ultime milieu de soirée... « Nous sommes minisation, le renouvellement et la tième position l’épouse du PDG de gendarmes incendiaires ne finisse sursis. Le 27 avril, M. Bonnet avait un mouvement démocratique ! », régionalisation des candidatures. Ouest-France, Jeanne-Françoise pas conforter ceux qui militent indiqué devant la presse qu’il sou- s’emportait le directeur de cam- Quarante-huit femmes sur la Hutin. contre le rétablissement de l’Etat de Les gendarmes Ambrosse haitait que la paillote puisse être pagne de l’UDF, Dominique Paillé, liste RPR-DL, quarante-cinq sur la Outre M. Bayrou et Mme de Vey- droit en Corse. provisoirement reconstruite pour la député des Deux-Sèvres, quand on liste de la « Nouvelle UDF » ! On rinas, on ne compte qu’un autre « Les gens sont choqués de voir que et Tavernier devant le juge saison estivale, ajoutant même qu’il lui demandait à quel moment les mesure là la différence. Première ancien ministre sur cette liste, le préfet moisit en prison pendant se ferait « un plaisir d’aller y déjeu- arbitrages définitifs seraient enfin vice-présidente sortante du Parle- Alain Lamassoure, qui fut ministre que l’on reconstruit cette paillote », a Le capitaine Norbert Ambrosse ner » (Le Monde du 29 avril). rendus. ment européen, Nicole Fontaine des affaires européennes dans le lancé, sous les applaudissements et le lieutenant Denis Tavernier Cependant, apprendre que l’au- gouvernement d’Edouard Balladur, d’une centaine de ses collègues, le ont déclaré, mercredi 12 mai, au torisation était expressément venue et qu’un seul chef de parti, Thierry député de la Sarthe Jean-Claude juge d’instruction Patrice Cambe- du préfet a suscité une telle émo- Les vingt premiers candidats Cornillet, président du Parti radi- Boulard. « Il ne manquerait plus que rou, que « face à la pression de tion que les services de Mme Guigou cal, maire de Montélimar. Il s’était ce soit Léotard qui pose la première leur hiérarchie » pour incendier la sont revenus sur l’affirmation de la Après François Bayrou figurent, sur la liste de l’UDF : Nicole Fon- s’illustré, au printemps de pierre ! », a-t-il ajouté, faisant ainsi paillote Chez Francis, ils avaient ministre et ont fait valoir que, dès le taine, première vice-présidente sortante du Parlement européen ; le 1998, comme l’un des tout pre- allusion à la présence de l’ancien informé le lieutenant-colonel mois d’octobre, « le propriétaire de- général Philippe Morillon ; l’ancien ministre Alain Lamassoure ; Jean- miers opposants à la dérive de ministre parmi ceux qui avaient ma- Bertrand Cavallier, mais aussi vra démolir son établissement ». « Si Louis Bourlanges, député européen sortant ; Marielle de Sarnez ; Ja- Charles Millon à la tête du conseil nifesté, le 9 avril, sur la plage de Ca- « une autre personne, un mili- c’est le préfet qui a donné cette auto- nelly Fourtou ; Thierry Cornillet, président du Parti radical ; Francis régional Rhône-Alpes. la d’Orzu, contre la destruction de taire », a indiqué leur avocat, risation après avoir incendié la pail- Decourrière, député européen sortant ; Françoise de Veyrinas, an- Le giscardisme est présent par ces paillotes illégales, ordonnée par Me Emmanuel Saint-Lanne. Ils lote, on nage dans le grotesque, s’in- cienne secrétaire d’Etat ; Fabienne Keller, vice-présidente du conseil les femmes : Janelly Fourtou, la justice (Le Monde daté 11- ont confirmé que l’ordre d’incen- dignait dans les couloirs Philippe régional d’Alsace ; Jean-Thomas Nordmann, député européen sor- épouse de Jean-René Fourtou, 12 avril). dier la paillote « venait du colonel Auberger (RPR). Et surtout, cette dé- tant ; Bernard Lehideux, député européen sortant et président du PDG de Rhône-Poulenc, et Thé- L’intervention de M. Boulard te- Henri Mazères et, manifestement, cision est illégale. Car pour qu’il y ait groupe UDF du conseil régional d’Ile-de-France ; Jean-Paul Alduy, rèse Debatisse, veuve de Michel nait plus du défoulement que de la préfecture », a ajouté l’avo- une autorisation d’occupation tem- maire de Perpignan ; André Soulier, député européen sortant ; Marie- Debatisse, qui fut président de la d’autre chose car, afin de ne pas gê- cat. Ils ont aussi précisé le dérou- poraire du domaine public, il faut France Théron ; Jeanne-Françoise Hutin ; Jean-Pierre Duclos ; Frédé- Fédération nationale des syndicats ner le gouvernement, le groupe so- lement des faits dans la nuit du que la construction soit légère et rique Deniau, adjointe au maire de Bourges ; Danièle Demure, ad- d’exploitants agricoles. cialiste avait décidé de ne pas l’in- 19 au 20 avril. Ils seraient arrivés amovible. Or, les paillotes sont jointe au maire de Moulins. La dernière place est occupée par Jean- terroger sur la Corse. Lors des par la route, à quatre. « Le cin- construites sur un socle solide. » Paul Virapoullé, ancien député de la Réunion, maire de Saint-André. Jean-Louis Saux questions d’actualité, c’est un dépu- quième devait venir les rechercher, Au ministère de la justice, mer- té UDF, Edouard Landrain (Loire- a précisé Me Saint-Lanne. Il n’y credi, plus personne n’était capable Atlantique), qui a porté le fer dans avait pas de seconde équipe sur la de dire qui avait autorisé M. Féraud la plaie. La droite compte en son plage. Les bidons étaient au à reconstruire. Ni même si cette au- sein François Léotard (UDF) et José nombre de huit. » M. Camberou torisation existe formellement ou Les chasseresses de CPNT décochent leurs flèches Rossi (DL) qui, en tant que pré- doit entendre, vendredi, les trois n’est que le résultat d’un accord QUAND elle évoque « son enfant chéri, le che- fermer les uns après les autres. Institutrice et maire sident de l’Assemblée de Corse, autres gendarmes soupçonnés verbal donné en raison des cir- vreuil », ses yeux s’enflamment, son cœur trépide : d’une petite commune des Hautes-Pyrénées, Chris- avait intercédé, lui aussi, en faveur d’avoir participé à l’incendie et, le constances... « L’amour du gibier me fait vibrer les tripes », tiane Autigeon s’est ainsi engagée sur la liste CPNT des « paillotiers », mais nombre de 20 mai, le directeur du cabinet de confesse Véronique Mathieu, candidate en troi- pour « arrêter de voir nos petits villages continuer à ses représentants disent aussi ne Bernard Bonnet, Gérard Pardini. Raphaëlle Bacqué sième position sur la liste Chasse, pêche, nature et se vider ». Chaque année, elle fait « revivre les tradi- traditions (CPNT) aux élections européennes. Très tions » en organisant « un repas avec des produits lo- bronzée, un cor de chasse doré épinglé au revers de caux », ou des « jeux anciens, comme les quilles, qui sa veste bleu pâle, cette déléguée régionale de Lor- permettent de se regrouper, maintenant qu’il n’y a raine, « née dans le béton », milite pour la défense plus de messe au village ». d’« une activité saine », qui lui procure des « émo- Gisèle Autier, directrice de la communication de tions riches et denses ». « Le plus jouissif, explique-t- l’entreprise Beretta SNPE – premier fabricant elle, c’est la chasse à l’arc, même si l’on concrétise très d’armes et de munitions européen – plaide, « à titre rarement. » personnel », pour « les salariés des entreprises indus- A ses côtés, les quatorze autres candidates de la trielles et les petits armuriers », qui voient d’un très liste CPNT se sont installées, le 10 mai, sur la ban- mauvais œil toute réduction des périodes de quette de L’Ami Jean, un restaurant basque du chasse. « Personne ne s’est rendu compte qu’en vou- 7e arrondissement de Paris, pour faire savoir lant légiférer sur la chasse, on allait détruire des mil- qu’elles ne sont « ni des beaufs, ni des alcooliques, ni liers d’emplois », soupire-t-elle, en assurant qu’elle des primaires », encore moins des « alibis ». Cer- laisse le soin à sa société de « défendre ses intérêts taines, comme Catherine Sirot, principale de col- auprès des pouvoirs publics ». lège en Haute-Marne, sont venues promouvoir Dans cette « société trop permissive, où les partis « un art de vivre », qui leur permet de retrouver, par ne défendent pas les honnêtes gens », Mme Autier la chasse, la pêche, la cueillette des champignons et n’aurait jamais pris la parole « si les hommes poli- des asperges sauvages, « un instinct de prédateur ». tiques avaient fait ce qu’il fallait ». « On peut se « Quand je chasse à l’arc, tous mes sens sont en éveil, tromper, mais on assume l’erreur, résume Jean Saint- raconte-t-elle. Je retrouve mon animalité dans un Josse, président de CPNT. Aucun parti politique ne acte qui peut finir avec la mort. » vit quelque chose d’aussi fabuleux que nous : notre D’autres, les plus nombreuses, veulent surtout programme, il vient de la base, c’est la terre qui re- défendre les « traditions » et l’« authenticité » d’un monte en nous. » monde rural menacé par la modernité, où les gares, les salles de classe et les bureaux de poste semblent Alexandre Garcia La « carte à puce » santé entre péniblement en usage LA CARTE à puce de la Sécurité transmettre, et un million de maximale de 3 750 francs). Vitale sociale, baptisée « Vitale », qui a feuilles de soins virtuelles sont arri- devrait permettre aux assurés d’être remplacé la carte en papier, connaît vées dans les caisses. Un bide ? remboursés plus rapidement, sans des débuts bien poussifs... Trente- « Nous sommes sur un rythme de pour autant les dispenser de sept millions d’assurés sociaux ont trois cents médecins supplémentaires l’avance des frais. Les caisses en reçu ce petit rectangle de plastique par semaine », réplique-t-on à la profiteront pour réduire progressi- vert, doté d’une puce informatique Caisse nationale d’assurance-mala- vement, sans licencier, le nombre contenant des données administra- die (CNAM). Dans un entretien pu- d’agents à temps plein qui font de tives (nom, prénom, numéro d’im- blié par Les Echos du 11 mai, son la saisie (8 700 d’ici à 2005 sur matriculation), mais elle leur est président, Jean-Marie Spaeth 35 000). Quant aux médecins, ils d’une piètre utilité. Pour l’heure, (CFDT), annonce qu’il va prochai- pourront mieux communiquer une minorité des nement « aboutir à un accord avec entre eux, utiliser des logiciels cent vingt mille médecins libéraux les pharmaciens ». d’aide à la prescription ou amélio- peuvent – ou veulent – l’utiliser M. Spaeth affiche un optimisme rer leur formation continue. pour transmettre électroniquement inébranlable. « L’informatisation de La CNAM, qui a officiellement les feuilles de soins de leur cabinet la santé, c’est parti », affirme-t-il. lancé son programme Vitale en... vers les caisses d’assurance-mala- Depuis plusieurs semaines, le 1980, n’a pas encore gagné son pari. die. Un an après le lancement de Vi- nombre de médecins qui télétrans- Une longue absence de volonté po- tale, qui doit permettre la suppres- mettent à la « Sécu » progresse ra- litique jusqu’au « plan Juppé » et la sion progressive du milliard de pidement, et la CNAM table sur en- multiplication de râtés techniques feuilles de soins circulant chaque viron quarante mille utilisateurs fin ont entraîné une dérive des coûts. année, les jours du bon vieux sup- 1999. Une nouvelle étape vient De plus, les médecins sont réti- port papier marron sont pourtant d’être franchie : le patronat et les cents, mettant notamment en garde comptés. syndicats (sauf la CGT et FO) ges- les pouvoirs publics contre la viola- Pour télétransmettre les feuilles tionnaires de la CNAM ont approu- tion du secret médical et redoutant de soins, les praticiens doivent dis- vé, le 11 mai, un accord conclu avec que les caisses ne s’approprient la poser de la carte de professionnel le syndicat de généralistes MG- masse considérable d’informations de santé (CPS), avec laquelle ils France. Il prévoit une aide des transitant par le RSS pour mieux « signent » ces feuilles, et passer caisses aux médecins de 40 cen- contrôler l’activité des praticiens li- par le réseau santé social (RSS), sys- times par feuille de soins électro- béraux. Toutes ces problèmes pren- tème dont le gouvernement a nique dans la limite de 7 500 par an dront une dimension plus cruciale confié la concession à Cegetel (Vi- (soit 3 000 francs). Pour inciter les lorsque la CNAM lancera, d’ici trois vendi). A ce jour, qua- médecins à jouer le jeu, cette aide ans, la carte Vitale 2, qui, elle, rante mille « toubibs » ont deman- sera portée à 1 franc entre le 1er juil- contiendra des données médicales. dé la CPS à leur caisse, mais let et le 31 décembre 1999, dans la seulement 2 847 l’ont utilisée pour limite de 3 750 actes (soit une aide Jean-Michel Bezat LeMonde Job: WMQ1405--0008-0 WAS LMQ1405-8 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0445 Lcp: 700 CMYK

8 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999

RELIGION Les élections en Israël, meurent, le contexte semble dédra- n’est plus forcément inconditionnel. président du CRIF, déclare dans un Yasser Araft, qui avait suscité une dont le premier tour a lieu lundi matisé par rapport à la campagne de La dynamique identitaire des der- entretien au Monde qu’il envisage polémique avec le Consistoire central 17 mai, ne suscitent guère de mobili- 1996. b LA COMMUNAUTÉ a une re- nières années ne s’est pas forcément un nouveau déplacement en Israël et de France. b A SARCELLES, les sym- sation dans la communauté juive de lation « normalisée », plus raisonnée, traduite par une « droitisation » de dans les pays voisins, après une pre- pathies pro-Likoud semblent plus France. Si les enjeux politiques de- avec Israël, envers lequel le soutien l’opinion. b HENRI HAJDENBERG, mière visité, en avril, notamment à élevées qu’ailleurs. Les élections israéliennes ne passionnent plus la communauté juive de France Les enjeux politiques demeurent, mais le contexte est nettement dédramatisé par rapport à la campagne de 1996. La relation avec Israël s’est « normalisée » selon des observateurs : elle ne se réduit plus à un soutien inconditionnel, comme par le passé. A LA VEILLE des élections israé- Consistoire de Paris, évoque lui 17 000 dollars en 1996) avoisine ce- de-France, sans compter les rayons taires. On estime que, dans une raël ». L’attachement des juifs de liennes, décisives pour le processus aussi une relation « normalisée » lui du Royaume-Uni. Elle tente spécialisés dans les grandes sur- communauté d’environ France à Israël, qui s’est manifesté de paix dans la région, le rapport avec Israël, qui n’est plus « exacer- donc de renégocier à la hausse faces. Les écoles juives scolarisent 600 000 membres aux contours très surtout à partir de 1967, est au- de la communauté juive de France bée » : « Il est significatif que le avec l’Agence juive sa quote-part près de 30 000 élèves, dont 20 % flous, seul un juif sur deux fré- jourd’hui à la fois sentimental et à Israël semble dépassionné. Si le thème de la "double allégeance", à dans la collecte de l’Appel unifié. hors contrat. « Il est possible désor- quente une fois par an une organi- raisonné. Sentimental parce qu’Is- récent voyage d’une délégation du la France et à Israël, n’a plus cours Depuis une vingtaine d’années, mais de vivre à Paris son identité sation communautaire. La pratique raël conserve une forte attraction, CRIF (Conseil représentatif des ins- dans certains milieux politiques. » les besoins de la communauté ont juive de A jusque Z », constate un religieuse est faible, de l’ordre de 10 pour des raisons mystiques et reli- titutions juives de France) au La collecte des fonds organisée augmenté, sous la poussée d’un journaliste de l’hebdomadaire Tri- à 15 %. Sur le plan politique, le dis- gieuses, plus que politiques. En Proche-Orient a contrarié les ins- chaque année auprès de la commu- bune juive. cours très radical du président du 1997, 2 357 juifs de France ont fait tances communautaires (Le Monde nauté par l’Appel juif unifié est un Cette poussée communautaire et Likoud de France, Jacques Kupfer, leur alyah (littéralement leur du 16 avril), la majorité des juifs de bon indicateur de cette tendance. « La relation identitaire s’accompagne-t-elle reste très marginal (lire ci-dessous). « montée »), c’est-à-dire ont émi- France a manifesté à son égard au Traditionnellement, une moitié de d’une « droitisation » de l’opi- En termes de sociologie électo- gré et obtenu la citoyenneté israé- mieux un certain intérêt, sinon de cette somme va à Israël, et sert avec Israël nion ? Elle est liée pour une large rale, les études disponibles lienne. Ce chiffre reste le plus élevé l’indifférence. principalement à l’accueil et l’inser- part à un retour à la pratique reli- montrent que la communauté juive dans la diaspora occidentale. Mais « La relation avec Israël est diffé- tion des nouveaux migrants. n’est plus gieuse dans la communauté séfa- vote comme le reste de la popula- cet attachement est aussi raisonné : rente, estime un responsable de la L’autre moitié revient au Fonds so- rade, émigrée d’Afrique du Nord à tion française, avec deux nuances beaucoup de membres de la communauté. Elle n’est plus émo- cial juif unifié, qui finance en émotionnelle, partir des années 50, et qui, comme qui sont des tendances lourdes et communauté connaissent bien la tionnelle, elle est réfléchie. » Le France de nombreuses associations le souligne M. Cohen, « en traver- n’ont guère évolué : elle vote un réalité israélienne, pour passer temps est loin où, dans la fièvre de œuvrant dans le domaine social. La elle est réfléchie » sant la mer, a eu peur de perdre son peu plus à gauche que la moyenne, leurs vacances dans le pays ou y la guerre de six jours, en 1967, ou collecte stagne depuis quelques an- âme ». Aujourd’hui, les fidèles qui et moins pour l’extrême droite. avoir de la famille. de celle du Kippour, en 1973, la nées autour de 75 millions de fréquentent les synagogues sont Mais cette géographie politique Pour Jo Tolédano, directeur de communauté juive faisait bloc der- francs par an – elle avait atteint dynamisme identitaire qui profite à majoritairement d’origine séfa- n’est pas transposable à l’Etat hé- l’Institut de formation André Né- rière Israël. « Les premières fissures 180 millions en 1991-1992, lorsqu’Is- toutes les tendances du judaïsme rade. Certains milieux orthodoxes breu. Il arrive qu’un juif séfarade her, les juifs français sont en train sont apparues en 1982, avec la cam- raël était sous la menace des Scud français, des synagogues libérales et ultra-orthodoxes peuvent être qui vote socialiste en France de- de vivre une déculpabilisation dans pagne du Liban, se souvient le rab- irakiens et accueillait des immigrés jusqu’aux orthodoxes Loubavitch. tentés par ce que l’ancien premier vienne pro-Likoud après avoir émi- leur relation à Israël : « Il fut une bin libéral Daniel Farhi. Elles n’ont venus en masse d’ex-URSS. Désor- « Au début des années 60, il n’y avait ministre, Yitzhak Rabin, appelait gré en Israël. époque où tout juif éprouvait le be- fait que s’élargir avec l’arrivée de la mais, l’Etat hébreu n’est plus perçu que trois restaurants cachers à Paris une « lecture cadastrale » de la Deux préoccupations reviennent soin de se justifier de ne pas vivre en droite au pouvoir, l’installation de comme menacé. Au contraire, la et dans sa région. Il y en a 150 au- Bible appliquée à Israël et aux terri- de manière constante dans la Israël. Aujourd’hui, cette interroga- colonies dans les territoires et la poli- communauté estime avoir davan- jourd’hui », rappelle M. Cohen. Les toires. communauté : la sécurité du pays tion n’est plus de mise. » tique de Nétanyahou. » tage besoin de ces fonds qu’Israël, points de vente d’alimentation ca- Il convient cependant de relaviti- et le statut de Jérusalem, « capitale Moïse Cohen, président du dont le PIB par habitant (plus de cher sont au nombre de 500 en Ile- ser le poids des tendances identi- éternelle et indivisible de l’Etat d’Is- Xavier Ternisien Un climat politique nettement plus serein qu’en 1996 A Sarcelles, la communauté a éteint « les feux extrémistes » POURQUOI les juifs de France pouls de la mobilisation et de niens et les autres pays arabes est LA VILLE de Sarcelles, dans le communauté. Les familles juives, d’alimentation et grandes surfaces se montreraient-ils plus royalistes réaffirmer les convictions des uns vraiment engagé et ils pensent que Val-d’Oise, abrite sans doute la débarquant en France en situation tous les types de cacherout exis- que le roi ? En Israël, la campagne et des autres. Le poids électoral cela va avancer un peu plus vite si plus grande communauté juive de précaire dans une société qui leur tant. La communauté gère 16 lieux électorale pour les élections géné- des juifs « français » en Israël un gouvernement de gauche sort France avec 28 000 membres, soit était étrangère, se sont rassem- d’animation culturelle, et la syna- rales du 17 mai s’est déroulée dans n’est guère comparable, il est vrai, des urnes. » Pour M. Guland, la près d’un tiers de sa population. blées autour de ce premier pôle. gogue attire environ 20 % de prati- un climat nettement plus serein à celui des « Russes », qui pa- controverse née du voyage du La synagogue a ouvert en 1965, quants. qu’en 1996. En France, si l’atten- raissent détenir la clef du scrutin CRIF au Proche Orient (lire ci- REPORTAGE puis des écoles et des centres Depuis 1988, la ville de Sarcelles tion est soutenue dans la presse du 17 mai et celle pour le poste de contre) est beaucoup plus le reflet « Toutes les tendances culturels. est jumelée avec la station bal- juive et sur les radios communau- premier ministre, pour lequel un de querelles de personnes que la Les barres d’immeubles té- néaire de Nétanya en Israël. Beau- taires, la passion reste absente. second tour sera organisé le cristalisation d’opinions poli- de la vie politique moignent encore de ces temps hé- coup de Sarcellois y ont de la fa- « Le climat est fondamentale- 1er juin si aucun candidat ne ras- tiques opposées. « Tout le monde israélienne roïques, même si la population mille et y passent leurs vacances. ment différent », estime Alain semble sur son nom la majorité fait cela, les institutions juives inter- sont représentées » s’est renouvelée. Les familles Ici, on présente volontiers Néta- Dieckhoff, chercheur au Centre absolue le 17 mai. Le voyage à nationales, les juifs américains vont ayant connu une ascension sociale nya comme une « ville française » d’études et de recherches interna- Moscou, désormais, est beaucoup même à Damas pour rencontrer ont émigré vers les zones pavillon- où l’on parle le français davantage tionales (CERI), spécialiste de la plus « payant » que la visite à Pa- Hafez El Assad », s’exclame-t-il. Une grande majorité de séfarades naires de Sarcelles-Saint-Brice, que l’hébreu. société israélienne, et qui pose sur ris. « L’ambassadeur d’Israël en est venue par vagues successives Enghien ou Montmorency. Sar- Les élections en Israël sont un la communauté juive de France un France, Eliahou ben Elissar, avait d’Egypte, d’Algérie, du Maroc et celles est aujourd’hui une cité- sujet de conversation parmi regard d’observateur. « En 1996, QUERELLES DE PERSONNES même donné son feu vert, malgré de Tunisie à partir des années 50. dortoir où des populations d’ori- d’autres. « Toutes les tendances de les élections survenaient un peu Figure controversée du ju- ses réticences. » Au sein du Likoud, Quelques familles juives résidaient gines diverses semblent vivre en la vie politique israélienne sont re- plus de six mois après l’assassinat daïsme français, Jacques Kupfer M. Ben Elissar n’a jamais été déjà à Sarcelles à cette époque. bonne entente. Mais la ville présentées, constate Marc Djébali, de Rabin, puis il y avait eu les atten- continue pourtant de défendre compté, c’est le moins que l’on Mais c’est l’ouverture d’un maga- conserve son pouvoir d’attraction vice-président de la communauté tats anti-israéliens de février et, en- une ligne dure à la tête du Likoud puisse dire, parmi les modérés. sin d’alimentation cacher, en 1962, pour la communauté juive. Ses ar- consistoriale. Il y a les pro-Bibi, les fin, l’opération militaire “Raisins de de France. Lorsqu’il évoque Yasser par Zaki Cohen Sabban, qui a tères commerçantes proposent anti-Bibi, les pro-Shass [parti ultra- la colère” au Liban sud. Les enjeux Arafat dans un entretien accordé Gilles Paris constitué l’acte fondateur de la dans leurs restaurants, magasins orthodoxe séfarade], les anti- aujourd’hui sont les mêmes qu’il y a à l’hebdomadaire Tribune Juive, Shass, et même quelques anti-sio- trois ans : quel avenir pour les colo- c’est pour asséner « qu’un assassin nistes... » Cependant, les sympa- nies, pour les territoires palesti- reste un assassin et un terroriste TROIS QUESTIONS À... chement entre les mondes juif et personnage, connu pour son franc- thies pour le Likoud semblent plus niens, pour Jérusalem, mais ces reste un terroriste ». Grand pour- arabe. parler. Mais il a bien compris le sens élevées qu’ailleurs. « L’argument questions se posent dans un contex- fendeur des accords d’Oslo HENRI HAJDENBERG de notre mission, tout comme les diri- de la sécurité d’Israël est celui qui te dédramatisé. » conclus entre Israéliens et Palesti- Que pensez-vous des critiques geants israéliens de tous bords. Nous revient le plus souvent. Les pro- Personne n’a oublié l’effet de niens en 1993, il continue de dé- En tant que président du CRIF, 2 qui ont accueilli votre initia- envisageons d’autres initiatives, après blèmes de la société israélienne suprise qu’avait provoqué en 1996 fendre une politique intransi- 1 vous avez dirigé une délégation tive, notamment celles du Consis- les élections israéliennes : une mission n’entrent presque pas en ligne de la victoire de Benyamin Nétanya- geante qui le conduit notamment, qui s’est rendue en mars en Israël et toire central de France, qui a déci- en Israël pour rencontrer le nouveau compte. Toute une génération de hou sur le premier ministre sor- évoquant le cas du Kosovo, à re- dans des capitales arabes. Vous avez dé de quitter provisoirement le gouvernement dès sa formation, ainsi personnes âgées manifeste une dé- tant, le travailliste Shimon Pérès, douter « la création d’un nouvel notamment rencontré Yasser Arafat. CRIF à la suite de votre voyage ? Le que son opposition, puis de nouvelles fiance à l’égard de la politique donné gagnant dans les sondages Etat musulman en Europe ». « Je Quel bilan tirez-vous de ce voyage, président israélien Ezer Weizman visites dans des pays arabes. arabe. Mais l’image de Bibi Néta- jusqu’au dépouillement des der- supporte difficilement de voir des qui était une première ? vous aurait également « sermon- nyahou s’est beaucoup dégradée. » niers bulletins de vote qui de- pilotes allemands bombarder Bel- Il faut multiplier les contacts avec nés »... Qu’attendez-vous des élections Malgré l’enjeu pour Israël, la vaient inverser la tendance. « Tout grade. Il y a un demi-siècle, les le monde arabe : ses dirigeants, ses Les dirigeants du Consistoire central 3 israéliennes ? période électorale est suivie dans le monde a retenu la leçon », as- Serbes étaient les seuls dans la ré- leaders d’opinion, et au-delà. Le estiment ne pas avoir été tous consul- Une relance du processus de paix le calme. Cela tient à une certaine sure le chercheur, « les institutions gion à combattre les nazis », ajoute monde juif est mal connu de la so- tés. Leur président, Jean Kahn, mon que l’immense majorité des Israéliens perplexité de la communauté juives, suivant en cela les chancelle- M. Kupfer. ciété arabe, et l’inverse est vrai aus- prédécesseur à la tête du CRIF, est approuvent, selon tous les sondages. juive, mais aussi aux efforts de ses ries occidentales, se sont montrées « Il ne s’agit que d’une opinion si. Sans se substituer aux dirigeants connu pour sa modération et son Nous attendons aussi de ces élections responsables visant à « éteindre les beaucoup plus prudentes ». devenue marginale », estime Oli- de l’Etat d’Israël, il est important de adhésion au processus de paix. Nous un gouvernement solide, qui permet- feux extrémistes ». Des représen- Contrairement aux années pas- vier Guland, journaliste à Tribune faire connaître la sensibilité des Is- souhaitons que cette question de tra à Israël de faire face à une négo- tants de partis israéliens qui sou- sées, la campagne électorale israé- juive. « En France comme partout, raéliens et des juifs de la diaspora, forme n’ait pas plus de répercussions. ciation difficile sur la phase finale des haitaient tenir conférence à Sar- lienne ne s’est pas prolongée en les gens ont digéré Oslo. Ils sont mais aussi d’écouter les analyses Notre démarche a entraîné une large accords d’Oslo. celles ont ainsi été poliment France par ces banquets du Li- convaincus aujourd’hui que l’exis- des dirigeants arabes. Notre adhésion de la communauté juive. éconduits. koud ou des travaillistes qui per- tence d’Israël n’est pas menacée, voyage a été une modeste contri- Quant aux réactions du président Ezer Propos recueillis par mettaient à la fois de prendre le que le processus avec les Palesti- bution au dialogue et au rappro- Weizman, cela fait partie du style du Xavier Ternisien X. T. Le barreau de Paris attaque l’Etat dans l’affaire de la perquisition chez l’avocat Eric Turcon LA POLÉMIQUE provoquée par professionnel ». Me Leclerc s’est at- l’adresse d’Alfred Sirven », l’homme- phones portables et le disque dur à la Cour européenne des droits de àl’« usager du service public », et la perquisition, le 26 janvier, des taché à restituer le cadre « de ces clé du dossier Elf, conseillé par de Me Turcon, ce n’est pas « l’intérêt l’homme pour faire condamner le non au « collaborateur du service juges Eva Joly et Laurence Vich- deux perquisitions ». Le 26 janvier, Me Turcon, que les juges Joly et d’un avocat et de son client mais les France ? », demande-t-il. public » qu’est l’avocat, encore nievsky au cabinet parisien de en effet, deux juges, Françoise Né- Vichnievsky agissent, assure Me Le- intérêts de l’ensemble des avocats et « Il vous est demandé de juger moins à une association censée re- l’avocat Eric Turcon, dans le cadre her et Armand Ribérolles, perquisi- clerc. de leurs clients » qui sont en jeu. deux juges d’instruction. Il est repro- présenter la profession. Autant dire de l’affaire Elf, a connu, mercredi tionnent en même temps que Sans secret professionnel, « le cabi- ché à l’Etat de vouloir méconnaître le que l’action de l’ordre lui semble ir- 12 mai, son premier épisode judi- Mmes Joly et Vichniesky chez Me Tur- « À L’AVEUGLE » net de l’avocat devient un piège », et secret professionnel. Mais là n’est pas recevable. Quant au débat sur la ré- ciaire. Devant la 1re chambre civile con, dans le cadre du dossier de la Pour l’avocat, cette perquisition la confiance s’effondre, et avec elle le débat », a répliqué Me Bernard gularité de la perquisition, c’est de- du tribunal de Paris, l’ordre des Mutuelle nationale des étudiants de « à l’aveugle » viole non seulement tout espoir d’une justice indépen- Grelon, au nom de l’agent judiciaire vant la chambre d’accusation de la avocats de Paris assignait l’Etat France (MNEF). « Dans cette se- les usages mais les principes. En dante. du Trésor et donc de l’Etat. Si de cour d’appel qu’il devra avoir lieu, pour « dommage causé par le fonc- conde affaire, la justice a estimé, à 1672, déjà, le Parlement de Tou- De quoi constituer, selon Me Le- grands principes il faut parler, c’est conclut-il. tionnement défectueux de la justice » tort ou à raison, qu’il existait des louse avait annulé des saisies faites clerc, un « intérêt à agir » évident plutôt de principes de droit. Rappe- Un point de vue repris par le pro- et réclamait à l’agent judiciaire du charges contre Me Turcon », explique au cabinet d’un avocat. En 1893, la pour l’ordre des avocats. Certes, la lant que l’instruction sur l’affaire Elf cureur Pierre Dillange, pour qui, Trésor 1 euro de réparation. Entou- Henri Leclerc. L’ordre des avocats Cour de cassation avait qualifié la procédure est « inhabituelle »,ad- n’est pas achevée, « il n’appartient « sur le fond, ce débat n’a pas lieu ré des représentants de la profes- n’a rien trouvé à redire. Mais les perquisition au cabinet d’un avocat met-il. Généralement, il appartient pas à votre juridiction de juger une d’être ». Quant aux grands prin- sion au grand complet, Me Henri deux magistrates qui instruisent de « mesure attentatoire et bles- au justiciable lésé d’emprunter procédure en cours », poursuit l’avo- cipes, il devront être débattus « de- Leclerc a tenté de démontrer que l’affaire Elf sont, elles, déjà interve- sante ». cette voie procédurale. Mais com- cat. Certes, ajoute-t-il, la loi prévoit vant d’autres tribunes ». Jugement le les deux magistrates avaient nues, un an auparavant, chez Les temps ont changé, mais les ment la profession fera-t-elle alors la possibilité de poursuivre l’Etat en 26 mai. commis une « faute lourde » ayant Me Turcon. Ce 26 janvier, c’est donc principes demeurent. En fouillant valoir ses droits ? « L’ordre des avo- cas de mauvaise administration de « gravement porté atteinte au secret « dans le seul objectif de trouver les agendas, les mémoires des télé- cats devra-t-il s’adresser directement la justice. Mais elle réserve ce droit Nathaniel Herzberg LeMonde Job: WMQ1405--0010-0 WAS LMQ1405-10 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0447 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 SOCIÉTÉ

Vingt-quatre ans de prison Les héritiers de Georges Wildenstein, marchand pour le meurtrier d’un enfant noir LA COUR D’ASSISES du Val-d’Oise a condamné, mercredi 12 mai, Sté- d’art, intentent un procès à un journaliste phane Braconnier à vingt-quatre ans de réclusion criminelle pour l’assassi- nat, le 7 juillet 1997, à Ezanville, du jeune Abou Kamissoko. Après quatre heures de délibéré, le jury a estimé que le magasinier de vingt-sept ans Hector Feliciano est accusé d’avoir écrit que le marchand menait des tractations avec les nazis avait volontairement percuté, avec sa voiture, l’adolescent qui circulait à vélo (Le Monde du 12 mai). Les descendants du marchand d’art Georges Wil- le journaliste américain Hector Feliciano pour écrit, dans un livre en 1995, que le marchand La cour a partiellement suivi les réquisition de l’avocat général, Laurent denstein ont poursuivi, mercredi 12 mai, devant non respect de la « loyauté et de l’objectivité d’art avait mené des opérations avec les alle- Lassale. Estimant que « le crime de Braconnier [n’était] pas le fait d’un coup la première chambre civile du tribunal de Paris, historiques ». Ils accusent ce dernier d’avoir mands durant l’Occupation. de tête mais celui d’une lente maturation », il avait réclamé que ce « crime raciste » soit puni de trente ans d’emprisonnement. L’avocate de Stéphane L’AUDIENCE devant la pre- Wildenstein. Accusations infon- et avait clairement choisi le camp ponsable des achats d’œuvres Braconnier, Me Sylvie Noachovitch, avait défendu la thèse de l’accident et mière chambre civile du tribunal dées selon lui, d’autant que la ga- de la collaboration afin de négo- d’art pour les nazis et « théoricien plaidé « pour que [son] client ne soit pas victime d’une erreur judiciaire ». de grande instance de Paris, mer- lerie Wildenstein « s’est vue spoliée cier pour son propre compte. A de l’art dégénéré ». credi 12 mai, a été l’occasion d’une de 551 œuvres d’art par les nazis ». l’appui de cette affirmation, Me C’est au cours de cette ren- DÉPÊCHES plongée dans le monde particulier « Quoi de plus horrible pour une fa- Chartier produit plusieurs lettres contre qu’un marché aurait été a CHASSE : le Conseil d’Etat vient d’annuler une circulaire de l’Office du marché de l’art pendant l’oc- mille juive que de se voir impliquer de Roger Dequoy adressées, dé- conclu : Georges Wildenstein ré- national de la chasse (ONC) du 31 juillet 1996 tolérant la chasse au gibier cupation allemande de la France. dans une trahison, celle de la collu- but 1942, au commissariat général cupérait une partie de son fonds d’eau la nuit. Cette chasse, appelée chasse à la tonne et pratiquée dans 42 Au cœur du débat, le rôle, en- sion avec l’occupant allemand, aux questions juives dans les- d’œuvres confisqué et pouvait départements, est interdite par le Code rural. core mal cerné, de Georges Wil- contre la France et contre ses core- quelles il marque ses distances rouvrir sa galerie sous le nom de a ENVIRONNEMENT : le conseil des ministres a adopté mercredi denstein, sans doute l’un des plus ligionnaires ?, interroge l’avocat. avec son ancien employeur : «Je Roger Dequoy ; en échange, il ac- 12 mai un décret sur l’élimination progressive des piles et accumula- grands marchands d’art de la « Chez les Wildenstein on a telle- n’ai rien de commun avec l’entre- ceptait de « travailler » avec les teurs usagés d’ici le 1er janvier 2001. Les utilisateurs les rapporteront aux place de Paris à l’époque. Dans un ment l’amour de la France que prise juive qui nous a précédé » ; nazis. détaillants qui devront les reprendre gratuitement. livre, « Le musée perdu », publié même aujourd’hui on n’achète pas « Je fais serment de n’avoir aucun La thèse de Me Comte repose a CRUE : les pluies diluviennes des derniers jours ont entraîné une en 1995 aux éditions Austral, le de voitures allemandes ». rapport avec le juif Wildenstein et sur l’examen des archives améri- crue très importante du Rhin, selon un communiqué d’EDF, publié mer- journaliste américain Hector Feli- Parlant de « calomnie », d’«in- de n’avoir pris aucun contact oc- caines de l’Organisation of secret credi 12 mai. Le trafic fluvial a été interrompu sur le Grand Canal d’Alsace ciano évoque, au détour de quel- vention », d’« escroquerie intellec- services (OSS), déclassées en 1998, (Haut-Rhin) et en amont de Gerstheim (Bas-Rhin). Le débit observé dans ques phrases, l’implication de tuelle et culturelle », Me Chartier qui recèlent un rapport spécial ré- la nuit du 12 au 13 mai est 4,5 fois supérieur au débit moyen et ne survient, Georges Wildenstein dans des cite des extraits de l’ouvrage qu’il « Quoi de plus digé en septembre 1945 sur la statistiquement, que deux fois par siècle. tractations avec les nazis pour la juge sans équivoque : « Après l’ar- firme Wildenstein. L’avocat rap- a SKINHEADS : la chambre d’accusation de la cour d’appel de Rouen vente de tableaux. mistice, Georges Wildenstein, le di- horrible pour une pelle aussi que le nom de Georges a décidé, mercredi 12 mai, de réincarcérer deux skinheads soupçonnés Ses affirmations sont contestées recteur de la firme, semble avoir ex- Wildenstein apparaît dans la liste d’avoir participé à l’empoisonnement d’un jeune Mauricien en 1990 au par les descendants du marchand ploité ces discrètes relations [dans famille juive que de de 2 000 personnes suspectées Havre (Le Monde du 31 août 1998). Le procureur de la République du d’art, son fils Daniel et ses deux le milieu des amateurs d’art] pour d’avoir participé au pillage Havre avait fait appel d’une décision de remise en liberté prise il y a quinze petits-fils Guy et Alec, qui lui ré- mener nombre d’opérations avec se voir impliquer d’œuvres d’art pendant la se- jours par le juge havrais Christian Balyn concernant Régis Kerhuel, 31 ans, clament six millions de francs de les occupants allemands ». Plu- conde guerre mondiale et publiée et Joël Giraud, 32 ans, incarcérés depuis les 12 et 15 juin 1998. Tous deux dommages et intérêts. Selon eux, sieurs dizaines de pages plus loin : dans une collusion en novembre 1998 par le Congrès sont soupçonnés d’avoir fait boire à James Dindoyal, 24 ans, un mélange le journaliste n’a pas respecté une « Certains marchands français pro- juif mondial. composé de bière et d’eau de javel ou de soude caustique, et de l’avoir jeté méthode historique scientifique et fitent amplement des stocks alle- avec l’occupant Me Comte s’étonne par ailleurs ensuite à la mer. ses assertions ne seraient fondées mands [d’art dégénéré]. Parmi eux, qu’une plainte ait été déposée en sur aucune source fiable. Martin Fabiani et Roger Dequoy. Ce allemand » France, « plus de trois ans après la C’est donc sur le non-respect de dernier est le gérant de l’ancienne parution du livre », le délai de Hans-Joachim Klein est sur le point la « loyauté et de l’objectivité histo- galerie Wildenstein et le représen- prescription en matière de diffa- riques » et non sur le fondement tant secret de cet établissement culte avec lui ». mation était alors passé, alors que de poursuites en diffamation, pendant l’Occupation. Les contacts Conseil d’Hector Feliciano, Me Hector Feliciano est de nationalité d’être extradé vers l’Allemagne comme il aurait été logique, qu’ils étroits de la maison Wildenstein Antoine Comte ne croit pas, quant américaine et que la société Wil- assignent en justice Hector Feli- avec les Allemands avant et pen- à lui, à la sincérité des sentiments denstein and Co Incorporated a L’ANCIEN TERRORISTE allemand Hans-Joachim Klein, détenu en ciano. dant la guerre donnent à Dequoy exprimés dans ces courriers. Il es- son siège à New-York. Aucune France depuis le 8 septembre 1998, devrait être prochainement extradé S’il reconnaît que le livre n’a eu une force inégalable dans la négo- time au contraire que Roger De- procédure judiciaire n’a, à l’en vers son pays d’origine, ainsi qu’il le souhaitait lui-même. La justice alle- que « peu de retentissements » en ciation ». quoy a bien servi d’intermédiaire croire, été engagée aux Etats- mande lui reproche d’avoir participé, aux côtés d’Ilich Ramirez-Sanchez, France lors de sa sortie, Me Jean- Le rôle de Roger Dequoy, qui entre Georges Wildenstein et les Unis, alors même qu’un ouvrage alias Carlos, à la prise d’otages de l’OPEP en 1975 à Vienne (Autriche). Luc Chartier, avocat de la famille fut avant-guerre un employé de autorités allemandes d’occupa- (Le Pillage de l’Europe, par Lynn Klein, présenté comme un repenti de l’ultragauche, a vécu pendant plus de Wildenstein, affirme que sa paru- Georges Wildenstein, est l’un des tion. Pour preuve, la rencontre or- Nicholas) publié un mois avant vingt ans dans la semi-clandestinité, soutenu par plusieurs intellectuels tion aux Etats-Unis a été suivie points sur lequel les descendants ganisée à Aix-en-Provence en no- celui de Feliciano, faisait déjà état français (Le Monde du 7 octobre 1998). Le premier ministre, Lionel Jospin, d’articles de presse reprenant l’es- du marchand d’art et Hector Feli- vembre 1940, entre le marchand des archives de l’OSS. avait signé le décret d’extradition au début du mois d’avril. Le détenu a sentiel des accusations et qui au- ciano s’opposent. Pour les pre- d’art – qui a rejoint la zone libre Jugement le 23 juin. quitté la maison d’arrêt de Caen, mercredi 12 mai, pour être transféré à raient porté un « tort considé- miers, Roger Dequoy avait rompu après l’invasion allemande –, son Fresnes, près de Paris. La date de son départ vers l’Allemagne n’est pas en- rable » à l’honneur des tout lien avec son ancien patron employé et Karl Haberstock, res- Acacio Pereira core connue.

CARNET

AU CARNET DU « MONDE » Décès – Dijon. – L’Association francophone – L’assemblée générale annuelle de la Communications diverses d’éducation comparée Société internationale d’histoire de l’af- Naissances – M. Marc Bergeron, On nous prie d’annoncer le décès, a le regret d’annoncer le décès de faire Dreyfus se tiendra le mardi 18 mai son époux, survenu à Dijon, à la maison de retraite 1999, à partir de 17 h 30, au Centre cultu- La Maison des écrivains, Lucas et Fanny Jean-Paul, André, Corinne Bergeron, La Providence, à l’âge de quatre-vingt- rel Malher, 9, rue Malher, Paris-4e. 53, rue de Verneuil, 75007 Paris. sont très heureux de faire part de la Raymond RYBA, ses fils et belle-fille, dix ans, de président d’honneur, naissance de Gérard et Simone Timmermans, Mardi 18 mai, à 20 heures : son frère et sa belle-sœur, Mlle Marguerite CHAUNAVEL, survenu, à Manchester, le 3 mai 1999. La Flamme Turquie : littérature populaire et savante. Antoine, Gérard et Yvette Galibert, ancienne élève En collaboration avec l’Association des – Le 8 mai 1999, pour le cinquante- son beau-frère et sa belle-sœur, de l’Ecole normale supérieure 1, avenue Léon-Journault, travailleurs de Turquie, avec : le 5 mai 1999. de Sèvres, quatrième anniversaire de la victoire à leurs enfants et petits-enfants, 92311 Sèvres Cedex. Kénizé Mourad, Louis Gardel, Nedim ont la tristesse de faire part du décès de proviseur honoraire, l’Arc de triomphe à Paris et avec le sou- Gürsel et Bahriye Ceri. tien de Léonce Deprez, député du Pas-de- Béatrice Roux, commandeur des Palmes académiques. Modérateur : Timour Muhidine. Pierre-Yves Gestin, Calais, Régine BERGERON, Le comité contre les exterminations 32, rue Pastourelle, née TIMMERMANS, Les obsèques ont eu lieu le 11 mai 1999, dans l’intimité de la famille. Anniversaires de décès était représenté dans les tribunes des Mercredi 26 mai, à 20 heures : 75003 Paris. survenu à Paris, le 5 mai 1999. anciens combattants et déportés par Marc A l’occasion du bicentenaire de la nais- – L’Hay-les-Roses. Boissière et Colette Azoulay, peintre de sance de Pouchkine, avec les traducteurs l’itinérante flamme éternelle de Dachau. Léonid et Nata Minor (Rousslan et Les obsèques ont eu lieu à Castres, le – Micheline Huet, Le 14 mai 1997, 11 mai, dans l’intimité. Ludmilla, suivi d’autres textes, Mariages son épouse, éd. Circé), rencontre animée par Jean- Michel Rey. Jacques et Hélène FLORENT Cet avis tient lieu de faire-part. Nadine et Jean-Michel Ruche, Geneviève LALLEMAND Conférences sont heureux de s’associer à leur petite- ses enfants, Lecture : Mathieu Mari. Musiciens : nous quittait. « Militaires français et allemands fille Vincent et Damien, Sylvie Spehar-Vucic, Jean-Christophe – Le Président de l’université de après les deux guerres mondiales : Rousseau. Isée ses chers petits-enfants, une approche comparative », pour annoncer le mariage de ses parents la Sorbonne-Nouvelle - Paris-III, Elle demeure tendrement dans la ont la douleur de faire part du décès de mémoire de ses enfants et de ceux qui par Klaus-Jürgen Müller, Et les enseignants de l’UFR de professeur à l’université de Hambourg, Renseignements au 01-49-54-68-87/83. littérature générale et comparée l’ont aimée. Laurence André HUET, et « La difficile gestion du corps Participation aux frais : 20 F. Entrée libre COLONNA-CESARI-FLORENT ont la tristesse de faire part du décès de des officiers de 1944 à 1947 », pour les membres de l’association MdE, leur ancienne collègue et amie, les étudiants et les demandeurs d’emploi. et Christophe CHANTOISEAU. survenu, le 7 mai 1999, à l’âge de par Jean Delmas, soixante-seize ans. Assemblées générales président de la Commission française Résidence du Parc-Saint-Maur, bât. A, Hélène BOUCÉ. d’histoire militaire, 1100, avenue de Saint-Maur, CONGRÈS ANNUEL le lundi 17 mai 1999, à 18 heures, Ils expriment toute leur sympathie aux L’incinération a eu lieu dans l’intimité, au palais abbatial – Création du Centre de recherche et 34000 Montpellier. proches d’Hélène. le mardi 11 mai. DE L’UNION DES ATHÉES d’études de spiritualité cartusienne Dimanche 23 mai 1999, de Saint-Germain-des-Prés, 5, rue de l’Abbaye, Paris-6e. (ordre des chartreux) – CRESC, à la Fa- à 15 heures, culté des lettres de l’Institut catholique de 10-12, rue des Fossés-Saint-Jacques, Conférences publiques organisées par le Centre d’études d’histoire Paris, le 18 mai 1999, à 18 heures, 21, rue 75005 Paris e de la défense, d’Assas, Paris-6 . Entrée libre. Rensei- (métro/RER Luxembourg), gnement et invitation au 01-44-39-52-88. remise du prix 1998 dans le cadre de conférences de l’Union des athées à « De la guerre à la paix ». M. Olivier BLOCH, professeur émérite Nos abonnés et nos actionnaires, SOUTENANCES DE THÈSE d’histoire de la philosophie bénéficiant d’une réduction sur les à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, insertions du « Carnet du Monde », 83F TTC - 12,65 ¤ la ligne sont priés de bien vouloir nous com- pour son ouvrage Matière à histoires. muniquer leur numéro de référence. Interventions diverses et débat public. Tarif Etudiants 99 LeMonde Job: WMQ1405--0012-0 WAS LMQ1405-12 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0449 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 HORIZONS PORTRAIT Banquier d’affaires talentueux et courtois, Robert Rubin aura joué, dès 1992, un rôle essentiel dans la conversion de Bill Clinton aux réalités économiques. Il aura été l’un des « pères » du miracle américain : de la croissance, des emplois et pas d’inflation. Homme d’équipe et de dialogue, il cède son poste de secrétaire au Trésor à son adjoint, Lawrence Summers. Ils formaient un duo efficace, gérant ensemble avec brio les grandes crises financières de cette fin de siècle. « Bob » s’en va, « Larry » arrive. La politique économique des Etats-Unis ne devrait pas changer. SYGMA REUTERS Robert Rubin Lawrence Summers Rubin et Summers, un tandem gagnant

E Dow Jones lui de- C’est ainsi qu’il n’est plus un Goldman Sachs, dont il était co- l’inflation ; et la gestion de la Avenue et leur maison de cam- man Sachs. En 1991, M. Summers vait bien ça. Une secret pour personne, à Was- président avant de rejoindre crise financière mondiale. Là, pagne, et le secrétaire au Trésor prit à Washington le poste jolie petite chute de hington, que chaque jeudi, les l’équipe de président Clinton à Bob Rubin a eu très tôt son bap- a vécu ces six dernières années d’économiste en chef de la 214 points dès que trois hommes-clés de l’écono- Washington, il avait touché en tême du feu, avec la crise du pe- dans une suite du Jefferson Ho- Banque mondiale (où on lui re- la rumeur de son mie américaine, Alan Greens- 1992 sa dernière année à Wall so mexicain face à laquelle, dé- tel dont il s’échappait aussi procha beaucoup d’avoir hâtive- départ s’était ré- pan, le patron de la Federal Re- Street, 26 millions de dollars, un but 1995, faute d’avoir obtenu le souvent que possible le week- ment signé une note, écrite par pandue sur les mar- serve, Robert Rubin et Larry niveau de rémunération avec le- soutien du Congrès, il prit le end pour rentrer à New York. un jeune collaborateur, justi- chés financiers, Summers prennent le petit dé- quel le service public ne risque risque d’un sauvetage de 12 mil- Fuyant les voyages officiels, la fiant le déchargement de dé- L liards de dollars prélevés sur les publicité et les caméras, Bob Ru- chets toxiques dans les pays mercredi 12 mai jeuner ensemble et qu’au cours pas de rivaliser. « Lui qui est venu dans la matinée, histoire de de ces petits déjeuners, à Washington pour aider les fonds du Trésor afin d’éviter une bin, grand amateur de pêche, pauvres, « sous-pollués » par montrer qu’à Wall Street, on ne MM. Greenspan et Summers classes moyennes finit par en par- contagion catastrophique sur les avait transposé au Trésor l’at- rapport aux pays industrialisés) voit pas partir sans chagrin un échangent des plaisanteries sur tir membre des classes marchés émergents. Très mosphère feutrée et discrète des et, deux ans plus tard, retrouva secrétaire au Trésor qui a prési- les courbes des taux que M. Ru- moyennes » , s’amuse le pré- controversée au départ, l’opéra- banques d’affaires. Ses oppo- Bob Rubin dans l’administration dé à la plus époustouflante as- bin « essaie de comprendre » . Si sident (qui, lui, quittera la Mai- tion mexicaine se solda par un sants, tout en le détestant pour Clinton en y entrant comme cension du célèbre indice des va- Bob Rubin raconte volontiers son Blanche en l’an 2000 criblé succès. avoir mis en échec un certain sous-secrétaire du Trésor aux af- leurs industrielles et, par la cette anecdote, ce n’est ni pour de dettes). Partisan d’un leadership nombre de leurs offensives, en faires internationales. même occasion, à l’enri- paraître modeste ni pour souli- économique américain sur la particulier celle de la fermeture chissement de quelques dizaines gner le formidable potentiel hu- OUR Bill Clinton, Bob Ru- scène mondiale et ardent défen- de l’administration fédérale à la ’EST ainsi que se forma de millions d’Américains déten- moristique des courbes des taux, bin a été l’homme qui a seur du financement du FMI, le suite du conflit sur le budget fin cet improbable tandem teurs de portefeuilles d’actions. mais pour faire comprendre que P tandem Rubin-Summers a af- 1995, ont appris à le respecter : il C « construit la confiance » , de deux hommes aux per- Puis, rassuré par l’annonce du la relation privilégiée qu’il a lui- qui a su convaincre les marchés fronté de nombreux critiques est, dit l’un d’eux, « le seul à tirer sonnalités totalement opposées nom du successeur de Bob Ru- même entretenue avec Alan financiers et l’électorat que cette pour intervenir et imposer aux droit au sein d’une équipe spécia- mais en parfaite intelligence po- bin, Lawrence Summers, et sou- Greenspan, et qui est l’une des administration démocrate était pays en crise des recettes qui, lisée dans les coups tordus ». litique et économique. Autant cieux de ne pas laisser partir un clés de la réussite économique capable de présider au retour de estime le Trésor, ont là encore En 1988, pendant la campagne M. Rubin est discret et diplo- l’économie triomphante. Les permis d’éviter que le mal ne mate, autant M. Summers aime marchés, il en venait : né à New s’étende. « La stabilité financière à mettre les points sur les « i » et La relation privilégiée que Robert Rubin York en 1938, puis élevé à Miami en Asie est d’une très grande im- Quatre ans après, ne s’embarrasse guère de cir- où son père était avocat dans portance pour l’économie améri- convolutions. a lui-même entretenue l’immobilier, Bob Rubin avait caine, y compris pour notre sé- on cite encore A Washington, quatre ans brillamment mais patiemment curité nationale » , soulignait après, on cite encore cette avec Alan Greenspan, gravi les échelons dans la grande récemment M. Rubin. cette phrase phrase lapidaire d’un talentueux banque d’affaires Goldman Aussi paradoxal que cela chroniqueur du Wall Street Jour- patron de la Réserve fédérale, Sachs qui l’avait accueilli en puisse paraître, il n’y a finale- lapidaire nal, Paul Gigot : « Larry Summers 1966, après des études à Har- ment rien d’étonnant, donc, à ce est à l’humilité ce que Madonna et qui est l’une des clés de la réussite vard, la London School of que ce millionnaire de Wall d’un talentueux est à la chasteté ». Tout les dif- Economics, Yale et un bref pas- Street ait fini par devenir un pi- férencie, jusqu’à leur physique : économique américaine, se poursuivra sage dans un cabinet d’avocats lier de l’administration Clinton, chroniqueur Bob Rubin, long et très mince, new-yorkais. Sa solide connais- si précieux au président que Bob est toujours tiré à quatre lorsque Larry Summers lui succédera sance des milieux financiers et Rubin est le seul membre du ca- du « Wall Street épingles, alors que Larry Sum- surtout de ses dirigeants lui fut binet à participer aux réunions mers, pourtant joueur de tennis extrêmement précieuse lorsqu’il de stratégie quotidiennes de la Journal », accompli, lutte contre un léger si sympathique secrétaire au américaine actuelle, se poursui- fallut les convaincre de garder la Maison Blanche, le matin à embonpoint chronique et passe Trésor sur un mauvais souvenir, vra lorsque Larry Summers lui tête froide au moment où les 7 h 45. Libéral en matière écono- Paul Gigot : encore, malgré de très louables le « Dow » a amorcé une vigou- succédera comme secrétaire au pays émergents étaient au bord mique, il est beaucoup plus efforts, pour l’homme aux reuse remontée pour terminer, à Trésor. de la cessation de paiement, nuancé sur le plan social, très « Larry Summers chaussettes dépareillées et aux l’heure de la clôture, à 11 000 Le trio a eu en février dernier comme la Corée du Sud fin 1997, préoccupé par l’évolution des pans de chemise en bataille. tout rond, après avoir perdu à les honneurs de la couverture de ou quand le Dow Jones perdait ghettos urbains et des phéno- est à l’humilité Mais la principale caractéris- peine 25 points, une broutille Time Magazine qui les a baptisés 500 points en un après-midi. mènes d’exclusion. Il s’est, à ce tique du futur secrétaire au Tré- par les temps qui courent. « les trois mousquetaires de Mais Bob Rubin est aussi titre, attiré les foudres de nom- ce que Madonna sor, celle qui frappe immédiate- Lorsque Robert Rubin avait l’économie de marché » et a ren- l’homme qui a su appliquer à breux élus républicains lorsqu’il ment tous ceux qui pris ses fonctions, le 10 janvier du hommage à leur « héroïsme » l’économie la stratégie de « nou- a rejeté leur idée d’une réduc- est à la chasteté » l’approchent, est son formidable 1995, l’indice Dow Jones trotti- pour avoir sauvé le monde de la veau démocrate » de Bill Clin- tion de l’impôt sur les plus-va- intellect, et la relation qui se nait gentiment autour de 4 000 catastrophe financière. L’un des ton. « La consolidation des fi- lues. noue entre le secrétaire au Tré- points. Le message de Wall mérites attribués à Robert Rubin nances publiques et la stratégie électorale de Michael Dukakis, sor et celui qui devient son ad- Street à Washington, ce mercre- est précisément d’avoir su de réduction des déficits budgé- A méthode Rubin ? C’est candidat démocrate − malheu- joint en 1995 est de toute évi- di, fut donc limpide : merci Bob, convaincre le démocrate Bill taires ont porté leurs fruits en d’abord l’esprit d’équipe, reux − à l’élection présidentielle dence très forte. Dépêché dans bienvenue Larry... mais à condi- Clinton de maintenir le républi- L face à George Bush, Bob Rubin, contribuant à la bonne santé de qu’il a mis en œuvre à la les capitales asiatiques en 1997 tion que la politique reste la cain Alan Greenspan à la tête de l’économie américaine », sou- tête du Conseil économique na- qui s’occupait de son finance- et 1998 pour tenter d’enrayer la même. la Fed. Ce n’est que l’un de ses ligne un expert financier à Was- tional, organisme créé par Bill ment, rencontra un brillant crise, Larry Summers est baptisé Que la Bourse se rassure. Sui- mérites. A soixante ans, Robert hington. Le Parti républicain, qui Clinton à son arrivée à la Maison économiste nommé Lawrence « le Kissinger de l’économie » par vant la règle qui veut que l’on ne Rubin peut quitter le Trésor avec avait inscrit l’équilibre budgé- Blanche sur le modèle du Summers. Larry Summers était The Economist, qui voit par ail- change pas une équipe qui le sentiment du devoir ac- taire à son programme électoral Conseil de securité national alors professeur à Harvard, où il leurs en lui « l’économiste le plus gagne, le président Clinton, au- compli : l’économie américaine a lors des législatives de 1994, s’en pour bien montrer l’importance s’était déjà distingué en deve- puissant de la planète ». quel Bob Rubin avait dit depuis entamé la neuvième année d’un est trouvé dépossédé : l’équi- qu’il accordait à l’amélioration nant, à vingt-huit ans, le plus S’il n’a pas la précieuse expé- longtemps qu’il souhaitait quit- extraordinaire cycle d’expan- libre budgétaire est, grâce à Bob de l’économie ; M. Rubin y est jeune titulaire d’une chaire per- rience des marchés financiers de ter le cabinet et rentrer chez lui, sion, la croissance est à 4,5 %, le Rubin, une réalisation démo- resté deux ans avant de succéder manente de l’histoire de cette son prédécesseur, il a su lui aus- à New York, avait fait préparer chômage à 4,3 % – et même à crate. Sous le règne de Bill Clin- à Lloyd Bentsen au Trésor. prestigieuse université. Tout si, comme Bob Rubin, gagner la le terrain à Larry Summers, le son plus bas niveau jamais enre- ton, les Etats-Unis ont renoué La méthode Rubin, c’est aussi prédestinait Larry Summers à confiance et l’oreille de Bill Clin- numéro deux du Trésor, afin gistré au sein des communautés avec les excédents budgétaires celle d’un homme qui refuse les devenir économiste : ses deux ton. Fort de ses années de parte- que, le moment venu, la conti- noire et hispanique −, l’inflation pour la première fois depuis certitudes, quête en permanence parents enseignaient cette disci- nariat avec M. Rubin, il connaît nuité ne fasse aucun doute. Le reste dérisoire, le budget fédéral vingt-neuf ans. l’avis de ses collaborateurs et ne pline, l’un à l’université de Penn- les recettes censées assurer la jeune secrétaire-adjoint au Tré- est excédentaire et les marchés Dans trois domaines, poursuit s’est jamais vraiment plié aux sylvanie, l’autre à la Warton poursuite de cet étonnant cycle sor − il est âgé de quarante- financiers ont retrouvé leur sé- cet expert, le secrétaire au Tré- diktats de Washington, une ville School of Business, et deux de de croissance américain. A quatre ans − était devenu plus rénité après de très fortes turbu- sor a eu un rôle majeur : la ri- et des mœurs auxquelles il s’est ses oncles, Paul Samuelson et condition que la conjoncture visible ces derniers mois et le lences. gueur budgétaire ; la politique senti si étranger qu’il ne s’y est Kenneth Arrow, sont même Prix mondiale, à laquelle il n’a cessé très taciturne Bob Rubin accep- M. Rubin, ironise Bill Clinton, du dollar fort dont le redresse- jamais installé : sa femme, Ju- Nobel d’économie. de se mesurer ces derniers mois, tait soudain de se confier à la est d’ailleurs l’un des rares à ment, à partir de 1995, a contri- dith, a préféré rester à New Bob Rubin fut si impressionné veuille bien s’y prêter. presse, pour chanter les n’avoir pas bénéficié du boom bué à la stabilité des marchés fi- York, partageant son temps qu’il recruta Larry Summers louanges de Larry Summers. de l’économie américaine : chez nanciers et à la faiblesse de entre leur appartement de Park comme consultant pour Gold- Sylvie Kauffmann LeMonde Job: WMQ1405--0013-0 WAS LMQ1405-13 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0450 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 13

Contre le « crétinisme international » par Alain Joxe ÉGIS DEBRAY dé- rain fiables (non pas «un seul», ami de Le Pen et chef de groupes une police armée jusqu’aux dents à puis guident les colonnes de réfu- Sarajevo. Il s’agit de classer la ré- raille et c’est pitié. comme il dit), des enquêteurs de la de type SS. Dans l’opposition aus- une UCK pratiquement sans giés sur les routes. sistance – l’UCK en particulier – Naguère défenseur de Ligue des droits de l’homme ont si, on trouvait Vuk Draskovic, un armes. Il n’a pas su reconnaître – Les policiers du Kosovo dans la catégorie des terroristes et R recueilli et recoupé faits et témoi- nationaliste hystérique et littéraire, une guerre de libération contre un (Serbes qui sont chargés de la ré- de restaurer l’armée serbe au rang causes justes, il a choisi le camp de ceux qui cri- gnages pour nourrir les dossiers du capable de dire une chose et son colonialisme fascisant au sein du pression depuis dix ans, depuis le de système honorable de maintien tiquent les frappes de l’OTAN, non Tribunal pénal international, afin contraire, mais de toute façon « Kosovo serbe ». régime de privation des droits ci- de l’ordre. pour leur inefficacité, mais pour de chercher la vérité sur les mas- chantre du Kosovo, éternelle Jéru- Cette impudence révèle une viques et d’apartheid qui régit la S’adressant au chef de l’Etat, Ré- mieux souligner les souffrances sacres et les procédés de l’expul- salem des Serbes, un de ces cinglés complicité plus profonde. Le rallie- « province autonome »). Ils font gis Debray tente de situer ce dia- des civils serbes. Il se sent alors sion violente et organisée. Il ignore qui mettent en forme de folie ment de Debray aux thèses révi- sortir les gens de chez eux sous logue sous l’égide de De Gaulle. obligé de défendre les agresseurs qu’il manque en moyenne 15 % l’imaginaire des peuples en souf- sionnistes va très loin et dans le menace de mort. Mais son gaullisme est de paco- devenus agressés en niant les d’hommes dans la masse des fa- france. Etc. C’est une dictature fas- détail. Il élimine des Albanais dans – Les bandes paramilitaires pro- tille : il n’a jamais compris – on le crimes commis contre les Koso- milles de réfugiés. On ne sait pas ciste à plusieurs partis qui votent la statistique de la population du fessionnelles des milices d’Arkan voit bien – que le gaullisme est res- vars. Les forces serbes continuent où ils sont. Il a fait rire les gens des ou pas la confiance. Il fallait inven- Kosovo (un peu plus d’un million (qui sont des criminels endurcis), té vivant non parce qu’il était de au Kosovo leur opération de net- camps, qui ont tout perdu, avec ses ter cela : c’est fait. Les démocrates au lieu de 1 800 000) – comme l’a chargés des actions barbares les droite ou antiaméricain, mais toyage ethnique. « J’ai lieu de descriptions idylliques des villes te- sont enfouis sous les cendres, ils fait la délégation serbe à Ram- plus brutales, massacres de civils parce qu’il a refondé la République craindre, Monsieur le président, que nues par les Serbes, pillées et vi- attendent peut-être, comme des bouillet – et récite que les non-Al- pour l’exemple, tortures, mutila- par la résistance au nazisme. Si- ces mots soient une duperie », a-t-il dées de la moitié au moins de leur braises oubliées, qu’on arrête de banais sont 500 000, alors qu’ils tions, qui se sont fait la main en non, de Gaulle serait mort depuis le culot d’écrire à Chirac. population. considérer Milosevic comme un sont 200 000. C’est pour pouvoir Bosnie et servent de moteur à la longtemps dans la mémoire du Interrogés sur son point de vue C’est fini. Il a perdu la partie et homme politique honorable. expliquer prochainement, lors du déportation accélérée. Un petit peuple. S’il avait compris cela, De- scandaleux publié par Le Monde du se retrouve dans la situation gro- Faute d’avoir choisi la démocra- grand pardon, que les autres Alba- massacre vaut mieux qu’un long bray ne tenterait pas aujourd’hui 13 mai, les réfugiés ricanent, les tesque d’un mauvais reporter qui tie contre le fascisme, Debray rallie nais, ceux qui se présenteraient discours. de démolir la position prise par membres des ONG s’indignent. s’est fait manipuler par le système le clan des intellectuels narcis- pour cause de droit au retour, sans – Les Serbes miliciens, civils or- Chirac, position qui le rattache évi- Tout le monde se demande ce qui du mensonge serbe avec, en plus, siques dont il avait pourtant fait la papiers et sans plaques de voiture dinaires, qu’on dit parfois « in- demment au gaullisme par le droit lui a pris. Milosevic est un pervers, une tentative avortée pour nous critique féroce en tant que « mé- et sans trace de propriété au ca- contrôlés », qui se sont mobilisés universel de résistance des peuples nous rappelait utilement (Le faire croire qu’il est naïf et honnête diologue ». Pour faire parler de lui, dastre (car les papiers, les plaques souvent dans des exactions contre à l’oppression militaire et aux mas- Monde du 2 avril) Véronique Na- et cherche péniblement la vérité en il gonfle le groupe des « crétins in- et le cadastre ont été détruits), leurs anciens voisins (ce qui n’em- sacres, et non pas au nationalisme houm Grappe. « Il lui faudra beau- allant sur place. C’est, me semble- ternationaux » très bien défini par sont des faux Kosovars, des enva- pêche pas que certains Serbes, au grand-serbe. coup d’art pour travestir ce qu’il fait t-il, de la pure tartuferie. Régis De- Salman Rushdie (Le Monde du hisseurs albanais. contraire, aient protégé leurs voi- Tito, comme de Gaulle à la Libé- au Kosovo. Ce sera moins facile que bray n’est pas si ignorant, ni si naïf. sins albanais). ration, a su fonder la République lors du siège de Sarajevo. » Eh bien, Il faisait naguère partie de l’his- Cette enquête conclut en tout contre le nationalisme de droite, il a quand même su entraîner de toire des engagements de la Régis Debray se retrouve dans la situation cas à une parfaite organisation, qui avait été proche des nazis, em- bons esprits dans sa campagne ré- gauche, même s’il a subi progres- notamment du vidage de villes en- pêcher la guerre civile de prolon- visionniste ! Notre malheureux au- sivement une séduction trouble grotesque d’un mauvais reporter manipulé tières. Elle n’est suivie pas à pas ger la guerre, rassembler les teur a voulu se faire voir et cru se pour le nationalisme. Mais déjà, à que par ceux qui sont réellement peuples et les classes pour la re- faire bien voir en répétant des l’époque du martyre de la Bosnie, par le système du mensonge serbe convaincus qu’il n’est pas possible construction. Malgré sa pauvreté phrases concoctées dans les offi- servant Mitterrand, il critiquait les de laisser s’instaurer l’impunité initiale, la Yougoslavie fut, grâce à cines serbes de propagande et que intellectuels français qui avaient pour les crimes contre l’humanité son histoire résistante, un pays in- nous connaissons par cœur. pris parti contre le régime serbe, 11 mai) en utilisant consciemment Cela ne gène pas Debray d’affir- et les crimes de guerre en Europe. dépendant, celui d’un peuple et de S’il ne s’en est pas rendu principal responsable des viols, quelques procédés qu’on peut ex- mer encore que les départs de Régis Debray n’en est pas convain- citoyens fiers, celui d’une écono- compte, c’est parce qu’il ne suit massacres et destructions de la pu- pliquer aux citoyens afin de réduire masse sont dus surtout aux bom- cu puisqu’il accepte de les nier. Il mie en progrès. pas l’histoire récente du régime rification ethnique. l’effet néfaste et troublant de son bardements de l’OTAN, qui prétend être en droit de récuser le C’est ce pays que Milosevic a dé- serbe. La question ne le passionne Depuis, la volonté du gouverne- intervention. commencent fin mars 1999, alors témoignage des victimes, implici- truit en transformant le parti pas, elle ne l’indigne pas. Il s’est ré- ment français est plus claire et re- Le procédé de la lettre au pré- qu’on sait pertinemment que le net- tement perçus comme des Orien- communiste de Serbie en parti na- veillé au moment des frappes pousse toute compromission avec sident de la République le place toyage ethnique de masse avait taux non fiables. tionaliste serbe et en lançant OTAN, alors que son indignation les purificateurs ethniques. Mais dans le rôle du sujet dévoué qui se commencé au cours de l’année 1998, Debray pratique une manipula- l’éthique politique de son régime aurait dû commencer bien avant. Régis Debray a choisi son camp : le permet de dire au roi qu’on lui avec 300 000 personnes déplacées tion des sentiments des lecteurs, sur le chemin tragique du net- L’indignation est une clé de l’intel- camp de Milosevic, décrété «dé- cache la vérité : la violence serbe de force dès juin et 500 000 en sep- tout d’abord par le choix des faits : toyage ethnique. ligence, elle ouvre les yeux, elle ne mocrate » depuis qu’il n’est plus au Kosovo ne serait qu’un men- tembre ; et que la reprise des expul- en rapportant les destructions Debray ne nous parle ni de la les ferme pas. Dieu merci, il faut communiste. La preuve : il a été élu songe médiatique ; on accuse in- sions programmées, en violation d’écoles (plutôt que des aéro- Yougoslavie socialiste ni des dé- encore s’indigner des crimes, et deux fois... En voilà une manière justement le gouvernement de Mi- des accords d’octobre 1998, avait ra- dromes militaires). Même si on buts de Milosevic transformant le beaucoup de gens en sont ca- de traiter le problème de la dicta- losevic de nettoyage ethnique. Il pidement projeté des milliers de ré- peut critiquer l’inadéquation des Kosovo en régime colonial d’apar- pables, mais peut-être pas Régis ture ! Un étudiant de première an- ne s’agit que d’une petite opéra- fugiés nouveaux vers les frontières frappes de l’OTAN, elles sont bien theid avec violation instituée des Debray. Le voilà livré à des hypo- née de Sciences-Po serait plus tion de lutte antiterroriste de type de la Macédoine, de l’Albanie et du moins meurtrières que celles de la droits de l’homme, il y a dix ans. Il thèses frustes ou cherchant à tout prudent. algérien ou israélien. « Vider l’eau Monténégro. libération de la France. Ensuite, il pense court terme, hors l’histoire, tirer de « faits bruts » dans un pays Oui, il y a une opposition à Mi- du poisson » de l’UCK, pour re- Grâce aux nombreux témoi- manipule par le choix des mots : sans morale politique et sans dont il ignore l’histoire et la géo- losevic, mais ce sont tous des na- prendre une expression de la gnages recueillis depuis le début de par exemple il nomme « snipers » amour pour l’avenir. J’espère que graphie : il patauge, profère des tionalistes frénétiques. C’est Déat guerre d’Algérie lors de l’institu- l’opération en 1998, on sait que les les résistants de l’UCK qui font le Chirac va résister à cette tentative lieux communs. contre la Cagoule avec, en prime, tion des villages de regroupement. troupes de Milosevic pratiquent un coup de feu dans Pristina au début de ramollissement ! Il prétend avoir fait des recoupe- Maurras et Barrès et naturellement L’UCK est présenté comme un nettoyage ethnique très organisé en du massacre pour défendre la po- ments. Il n’a pas pu : c’est un tra- un ou deux militaires patriotes. Il y mouvement terroriste dans une répartissant clairement les rôles pulation albanaise agressée par les vail long, collectif et fastidieux. Il a, au gouvernement, Seselj et son guerre civile féroce dont il n’ex- entre quatre types de bandes ar- bandes paramilitires parce qu’il Alain Joxe est directeur ne sait pas que des centaines de Parti « radical », mais ce fut long- plique même pas l’origine dans les mées : sait que ce terme évoque les tchet- d’études à l’Ecole des hautes médecins, d’infirmières, des ONG, temps son principal adversaire. Se- dix années d’oppression antérieure – Les soldats de l’armée régulière niks assassins d’enfants qui tiraient études en sciences sociales des soldats, des journalistes de ter- selj, un véritable criminel fasciste, et qui, de toute façon, opposait qui tirent au canon sur les villages à vue sur les civils lors du siège de (EHESS).

ce beau monde vous bourre le mou ; ces montagnes de docu- Adieu, ments, ces enquêtes, ces témoi- gnages patiemment recueillis et recoupés sont à jeter au panier ; Pas de compromis avec le dopage Régis Debray j’ai, moi, petit Régis, parlé à deux Suite de la première page observateurs qui ne sont « pas des par Daniel Baal bleus » ; j’ai vu une poignée de sol- Je passe encore sur le portrait de dats serbes « monter la garde de- NE nouvelle affaire Prévention et répression ont fusant fermement le dopage ? On soit un accélérateur pour apurer le Milosevic en despote éclairé, « élu vant une boulangerie albanaise » ; de dopage, ou plutôt souvent été conjuguées dans les peut l’espérer. L’incarcération monde du sport de ces infâmes à trois reprises », dont on nous as- j’ai rencontré des « officiers de criminalité, vient actions de lutte contre le dopage. d’intermédiaires, les longues audi- personnages qui veulent sa perte. sure, sans rire, qu’il « respecte la serbes » qui, un jour qu’on me pre- U Elles sont une réalité à la Fédéra- tions des sportifs par la police sont Un sport comme le cyclisme est d’éclater. C’est très Constitution », qu’il n’a ni « prison- nait « sévèrement à partie », m’ont nocif pour l’image du cyclisme, et tion française de cyclisme depuis de nature à avoir des consé- extrêmement dépendant des niers politiques » ni « parti heureusement « sauvé la mise » ; plus largement du sport de haut de longues années. Plus récem- quences psychologiques très sponsors. S’ils ne peuvent pas re- unique » et qu’« on peut le criti- et voici ma conclusion : pas niveau. ment, elle a voulu réorienter son fortes sur tout le milieu. En ma- trouver rapidement une vraie quer sans se cacher, aux terrasses « trace », au Kosovo, de « crime Au cours des dernières se- action plus spécifiquement dans le tière de délinquance, rien ne peut confiance, l’avenir du cyclisme de des cafés » ! contre l’humanité ». Si 900 000 Al- maines, j’avais à maintes reprises domaine de la protection de la remplacer la peur de la police. haut niveau serait compromis. Ce qui est grave, et ne passe pas, banais sont partis, c’est « sur in- été amené à constater et à indi- santé. On notera, au passage, Dans la lutte contre le dopage, c’est l’hallucinante naïveté de ce jonction de l’UCK », ou « par peur quer que le cyclisme international qu’ainsi une fédération sportive la vraie réponse serait de pouvoir maître médiologue, expert en des bombardements », ou parce allait « droit dans le mur ». Beau- s’occupe largement de santé pu- Quitte à choquer, enfin un jour déceler toutes les soupçon et en pensée critique, que qu’ils rêvaient « d’émigrer en coup d’acteurs – pas seulement blique, domaine qui est expressé- substances dans les contrôles anti- l’on voit gober sous nos yeux les Suisse, en Allemagne ou ailleurs ». des coureurs – n’avaient pas su ti- ment de la compétence de l’Etat. je me réjouis dopage. Une répression vraiment plus énormes bobards de la pro- La terreur comme mythe... La pu- rer les leçons des événements de La pierre angulaire de cette efficace serait meilleure que toutes pagande serbe – avec, toutes pro- rification ethnique comme volon- juillet 1998. Ces événements, déjà, orientation a été la mise en place de l’intervention les actions de prévention et que portions gardées, l’appétit de ceux té et représentation des Kosovars s’étaient produits parce que le mi- du suivi médical longitudinal tous les beaux discours. Mais on de nos aînés qui faisaient, dans les eux-mêmes... Le grotesque le dis- lieu était resté sourd aux appels à contrôlé, préparé depuis 1997. Il de la police peut avoir des doutes sur le sujet. années 30, le voyage de Berlin ou pute à l’ignoble. la raison émanant des instances est entré en vigueur pour 500 ath- On nous annonce la possibilité im- Moscou. Comme tous ceux que pas- dirigeantes du cyclisme. lètes classés « élite » pendant l’in- et de la justice. minente de déceler l’EPO, mais sionnent la littérature et son his- A court terme, certains ont inté- tersaison 1998-1999. Ce suivi se voilà que de nouvelles substances toire, je me suis souvent interrogé rêt à maintenir les pratiques du veut une démarche différente, de Elles interviennent là dangereuses et interdites sont déjà Passion sur l’énigme des écrivains qui, à un dopage. Sportifs et encadrement y médecine préventive et protec- utilisées... moment ou à un autre de leur vie, trouvent des moyens pour obtenir trice. Bon gré, mal gré, il a été ac- dans de vraies Cela pourrait être un jeu des vo- de s’aveugler, sont tentés de choisir le pire. Je me gloire et argent. Ce raisonnement cepté par les sportifs. Bien leurs contre les gendarmes, mais suis demandé, par exemple, ce qui ne peut être fait qu’à court terme, qu’ayant une vraie finalité médi- affaires les enjeux sont tels que l’on n’a de décevoir ? avait bien pu se passer dans la tête mais entre « un tiens et deux tu cale et sanitaire, il a davantage été pas l’impression de jouer. Et le d’un Drieu la Rochelle au moment l’auras », le choix est parfois vite perçu comme un passage obligé de criminalité problème sera-t-il toujours de dé- Suicide en direct de franchir cette frontière : com- fait. Ce comportement de triche dans la lutte contre le dopage. celer des substances ? Ne risque-t- ment un anglomane peut décider caractérisé, dans un contexte ma- J’ai le sentiment profond que la on pas, à brève échéance, d’entrer d’un intellectuel de passer chez les anglophobes, fieux, peut, à terme, tuer le sport. santé n’est, de loin, pas la préoc- Quitte à choquer, je me réjouis dans le dopage génétique ? l’ami de Berl et de Malraux esti- La culture du dopage est certai- cupation essentielle d’une majori- sincèrement de l’intervention de la Quelles que soient les difficultés mer que leur compagnie ne vaut nement une réalité dans un certain té de sportifs de haut niveau... Le police et de la justice. Car elles et les interrogations, les dirigeants Car enfin, que fait Régis Debray pas celle de Doriot – comment, au milieu du cyclisme. Ce milieu est suivi médical longitudinal, s’il a n’interviennent pas là, contraire- sportifs se doivent de poursuivre dans cet étrange « reportage » terme de quelle série de ruptures séparé par un mur infranchissable certainement très largement ment à ce que l’on a pu lire, dans leur combat. L’acceptation d’un – que prétend-il enseigner, ou, au contraire, d’imperceptibles des instances dirigeantes du cy- contribué à modifier les comporte- le domaine sportif, mais dans de engagement bénévole signifie aus- puisque c’est de cela qu’il s’agit, à glissements, un écrivain peut clisme qui ont, elles, mis en place ments, n’a certainement pas per- vraies affaires de criminalité. Par si la volonté de faire triompher les cet autre « homme de terrain » prendre, en un mot, le parti de ses de longue date une véritable mis de sortir définitivement de la rapport au comportement mafieux règles de l’éthique et de promou- qu’est, à ses yeux, le président ennemis et, donc, de la barbarie. culture de l’antidopage. spirale infernale du dopage. Il a qui caractérise les pratiques du do- voir le sport comme facteur d’épa- Chirac ? Il lui dit, en substance : Debray n’est pas Drieu. Ni Bel- On a parfois voulu considérer cependant un réel effet dissuasif, page, la police et la justice ont des nouissement et d’exemple pour la vous avez, d’un côté, les témoi- grade, Berlin. Mais enfin... D’une que les sportifs n’étaient que les car les sportifs craignent, par rap- moyens d’investigation extraordi- jeunesse. Il ne peut donc y avoir gnages de centaines et de cen- certaine façon, nous y sommes. Ce victimes du dopage. Je crois que port à leur activité et non par rap- naires dont ne peuvent en aucune de compromis. Le sport n’est pas taines de médecins, humanitaires, que nous devinions dans les livres, cela est simplificateur. Certains port à leur santé, qu’une déclara- manière disposer les fédérations une activité comme une autre. Si diplomates, juristes, témoins di- il nous est apparemment donné de sportifs ont certainement bâti tion d’inaptitude à leur encontre sportives qui ont d’autres rôles et la triche est – hélas ! – quotidienne vers, journalistes ; vous avez la le vivre dans la vie. Haine des leurs succès et, par conséquent, puisse être prise par la commis- objectifs. dans la société, le sport doit avoir presse du monde entier qui ac- « démocrates » et de l’Europe ? leur richesse, sur des bases faus- sion d’expertise médicale de la Fé- D’une certaine manière, on peut comme volonté indéfectible de cumule, depuis dix ans, les Haine de soi ? Passion de s’aveu- sées. Ils peuvent aussi avoir un dération. d’ailleurs s’interroger : pourquoi la s’en défaire. preuves d’une répression prémé- gler, de décevoir ? Suicide, en di- rôle majeur dans l’incitation au La nouvelle affaire permettra-t- police et la justice ne se sont-elles ditée, d’une déportation de masse rect, d’un intellectuel. Dommage. dopage. Minoritaires, on pourrait elle enfin à tous de prendre pas intéressées plus tôt aux pour- planifiée de la population koso- Adieu, Régis. les appeler « les moutons noirs ». conscience des enjeux essentiels voyeurs et aux intermédiaires des Daniel Baal est président de vare par l’armée et les paramili- Mais ils risquent de devenir des ré- pour le sport de haut niveau, qui trafics de dopage ? la Fédération française de cy- taires de Belgrade. Eh bien ! tout Bernard-Henri Lévy férences pour les autres. doit retrouver sa crédibilité en re- Il faut souhaiter que cette affaire clisme. LeMonde Job: WMQ1405--0014-0 WAS LMQ1405-14 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0451 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Le peuple corse et son territoire 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F PEUT-IL exister un peuple régio- nationalistes qui s’estiment seuls au Parlement de Strasbourg des pertinent pour ce territoire – une île. Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 nal ? Un tel peuple régional peut-il dépositaires légitimes de la volonté députés « labellisés » écossais et En mai 1996, Lionel Jospin, alors Internet : http : //www.lemonde.fr se satisfaire de n’exercer ses préro- populaire et signifier que la solida- gallois. premier secrétaire du PS, avait pro- gatives et devoirs que sur une col- rité nationale, en dépit des troubles Une fédération se différencie posé de donner à la Corse «des ÉDITORIAL lectivité territoriale ? Faut-il avoir, et dérapages, n’était pas un vain d’une confédération par son degré pouvoirs autonomes dans la Répu- au préalable, constitué effective- mot. d’intégration, mais, s’il existe bien blique ». ment une nation forgée dans l’His- un peuple serbe à Belgrade, il n’en Mais il faut savoir que la Consti- Russie, indispensable toire, les épreuves et les phases MODUS VIVENDI est pas de même dans chacun des tution précise bien, dans son article successives d’intégration pour pré- Du coup, resurgissent, dans le cantons de Suisse qui exercent premier, que la France est une tendre avoir droit à un Etat, désordre des esprits échauffés et cependant des pouvoirs considé- République indivisible et que, et imprévisible reconnu dans ses règles juridiques l’approximation verbale qui caracté- rables. Ici, au Pays basque du Nord article 3, la souveraineté nationale et respecté dans son intégrité ? rise le langage de notre fin de siècle, et du Sud, la langue sera le ciment appartient au peuple. Une question EAUCOUP de bruit des positions de pouvoir, la possi- Ces questions sont à l’ordre du des notions fondamentales (et pas d’une communauté vivante et l’un avivée par la signature, le 7 mai, par pour rien ? A Moscou, bilité pour Boris Eltsine de termi- jour depuis que Lionel Jospin a offi- seulement pour les juristes) qui sont des éléments constitutifs de la la France, de la Charte européenne le président a congé- ner son mandat et d’épargner à ciellement, et à deux reprises, dit autant de repères et de garde-fous revendication identitaire et natio- des langues régionales et minori- B son « respect » pour le « peuple » qu’il serait dangereux de lancer à la nale ; ailleurs, chez les Kurdes par taires. Paris a d’ailleurs pris un luxe dié le gouvernement sa famille la vengeance des clans et nommé un nouveau premier rivaux, éventuellement de peser corse, relevant même son « authen- cantonade. L’autonomie n’est pas exemple, ce sera la volonté de de précautions, précisant bien, dans ministre. Même dans les vieilles sur le choix de son successeur ticité », dans une interview accordée l’indépendance, ni le séparatisme. reconstituer à l’intérieur d’un espace une déclaration liminaire, qu’il ne démocraties, c’est une pratique afin d’éviter les règlements de lors du journal de 20 heures de TF 1, L’Etat uni ou réunifié après la chute protégé un peuple écartelé entre s’agit pas de « la reconnaissance ou assez courante. Il pourrait être comptes. mardi 4 mai. Parler en ces circons- d’un « mur » n’est pas nécessaire- plusieurs Etats et séparé par des de la protection de minorités (...), la amené à dissoudre la Chambre Ce faisant, Boris Eltsine a pris tances de « peuple », alors que ce ment jacobin, comme le montre frontières qui sera le premier mobile Constitution assurant l’égalité de tous des députés, ce qui n’est pas non le risque d’une confrontation di- mot emblématique et lourd de sens l’exemple de l’Allemagne (avec ses des actions. les citoyens devant la loi et ne plus sans précédent en Europe de recte avec la Douma, où la majo- pour tous les rédacteurs de Consti- Länder) ou, aujourd’hui, du La Belgique, l’Espagne, le Dane- connaissant que le peuple français ». l’Ouest. rité formée des communistes et tution et chefs d’Etat (installés ou à Royaume-Uni, une monarchie qui mark (avec un Groenland auto- D’autre régions sont vigilantes : le Si la Russie avait derrière elle des nationalistes s’acommodait la conquête du pouvoir) avait peut- met en place une assemblée auto- nome vis-à-vis de Copenhague 29 mai à Ploemeur (Morbihan), ne serait-ce que quelques décen- fort bien d’un premier ministre être un objectif sous-jacent : nome au pays de Galles et un Parle- comme de l’Union européenne), le l’Union démocratique bretonne, nies d’expérience démocratique, rescapé du soviétisme ; il a plongé émettre un signal d’ouverture aux ment en Ecosse et qui enverra donc Portugal (qui ne gère pas les Açores membre de la Fédération régions et le limogeage brutal d’Evgueni Pri- dans l’incertitude les créanciers comme Porto) et bien d’autres Etats peuples solidaires, présentera son makov par Boris Eltsine serait à de la Russie alors que le pays at- sont, chacun, à la recherche de projet de statut particulier pour la mettre au compte des péripéties tend des prêts internationaux modus vivendi adaptés qui per- Bretagne. normales de la vie politique. Il comme une bouffée d’oxygène ; il mettent à la nation et aux peuples n’en est rien parce que la décision jette le doute sur sa cohérence Les gens par Kerleroux de vivre ensemble, à l’Etat et aux LES ATOUTS DE L’EUROPE annoncée mercredi 12 mai n’a pas politique au moment où les diri- provinces, autonomies ou régions, Un rapiéçage des lois de décentra- grand-chose à voir avec le « fonc- geants occidentaux se de concilier droits régaliens et aspi- lisation de 1982 ou même du statut tionnement normal des pouvoirs comportent comme si l’issue de la rations à la liberté des communau- Joxe qui a vieilli ne peuvent tenir publics ». Elle apparaît plutôt guerre du Kosovo, et donc, dans tés de base. L’Europe, sous l’empire lieu de solution, tant le climat poli- comme la tentative pathétique une large mesure, l’avenir de des nécessités et du réalisme, a tique a changé dans l’île et tant che- d’un despote valétudinaire de l’Europe, dépendait de Moscou. même réinventé récemment la minent en Europe les idées allant sauver son pouvoir. S’il est souhaitable de ne pas notion, mi-juridique mi-physique, dans le sens d’un plus grand fédéra- Les disputes du Kremlin ne marginaliser la Russie, s’il est de subsidiarité. lisme. De même, il serait vain de portent pas sur la politique qui normal de lui reconnaître le rôle Mais le débat reste et restera tou- croire qu’un effort, même considé- devrait être suivie pour mettre un que lui valent son passé, sa géo- jours vif entre les « souverainistes » rable, en termes d’aménagement du terme à une crise économique graphie, son potentiel écono- – qui ne conçoivent pas un droit territoire puisse, à coup de milliards commencée sous le régime mique, nucléaire et humain, il est interne vidé de sa substance par un de francs et d’emplois autoritaire- communiste et aggravée depuis dangereux de la conforter dans exécutif européen et qui redoutent ment créés ou délocalisés, mettre un dix ans. Ni sur les moyens de lut- une position « d’honnête cour- aussi un démembrement de l’Etat terme à l’engrenage qui, depuis ter sérieusement contre la cor- tier » de la vie internationale. par le bas, « de l’intérieur » – et les plusieurs décennies, enfonce la ruption qui enrichit les nouveaux Pour une raison de fond : parce décentralisateurs, dont les plus Corse dans le sous-développement businessmeni et les responsables que les Russes sont revenus à ardents défenseurs vont jusqu’à structurel. politiques ou contre le marché leur conception traditionnelle de parler de l’Europe des régions. Les C’est davantage en se tournant noir qui permet au plus grand la diplomatie fondée sur la rivali- gouvernements français successifs vers l’Europe que peuvent se dessi- nombre de survivre. Ni sur les té avec les Occidentaux. Pour une eux-mêmes ont contribué à jeter le ner des voies d’espoir à la fois parce rapports avec le monde extérieur, raison plus immédiate : les sautes trouble. La ministre de l’aménage- que les tirelires communautaires et en ce sens le départ d’Evgueni d’humeur de Boris Eltsine ment du territoire Dominique Voy- sont bien garnies et parce que sont Primakov n’aura pas de consé- peuvent provoquer des crises net, après Charles Pasqua, met offi- systématiquement encouragées les quences durables sur l’orienta- inattendues. Le triste spectacle ciellement en selle les « pays » – on initiatives de coopération interré- tion de la diplomatie russe. Les donné ces jours-ci par le Kremlin en recenserait quelque quatre cents gionales. En Mediterranée, per- intrigues concernent uniquement est un appel à la prudence. en métropole, formés parfois de sonne ne peut nier que doivent être cinq ou six cantons seulement – trouvées des solidarités nouvelles alors que ce terme n’a évidemment et imaginés des programmes 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani pas la même signification au Conseil communs entre la Sardaigne, la Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; de sécurité de l’ONU qu’en Nor- Corse et les Baléares par exemple. Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint mandie ou dans les Alpes du Sud. La Conférence des régions périphé- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Les Corses avec leur culture, et la riques maritimes, dont le siège est à Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette Corse elle-même, sont donc bien, Rennes et que dirige Vannino Chiti, Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment pour le premier ministre, constitu- président de Toscane, a déjà beau- Rédacteurs en chef : tifs d’un peuple. Qu’en pensent au coup œuvré en ce sens et se dit Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; demeurant les Bretons ? Et pour- prête à continuer. La Corse ne trou- Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; tant, il y a neuf ans, le législateur et vera sans doute pas son salut poli- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) le gouvernement étaient fort divisés tique en dehors de la République Rédacteur en chef technique : Eric Azan sur cette question au point que le mais à coup sûr, elle a tout à gagner, Médiateur : Robert Solé Conseil constitutionnel avait cen- pour enclencher un processus de Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg suré à l’époque l’article 1 de la loi renouveau économique et social, à Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre Joxe portant statut particulier de jouer à fond les nouvelles cartes Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président l’île qui parlait du « peuple » corse. européennes. Se pose donc la question de savoir Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) quel devrait être le statut le plus François Grosrichard

Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Le chemin ardu de la démocratie Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. « LA DÉMOCRATIE se nomme tablement remis les gouverne- tal. Qu’est-ce qui prime, le proche ner », tout en estimant de façon débat, controverse, droit de résis- ments démocratiques face à ou l’universel ? De même pour les plus générale : « Aussi longtemps tance, droit d’avoir tort. La démo- l’action politique, rompant avec responsabilités. Pourquoi le Kosovo que les pauvres ne seront pas ILYA50 ANS, DANS 0123 cratie est faible mais le remède, c’est une période un peu molle : «La et pas la Turquie ? Mais ce n’est pas capables d’utiliser les institutions de davantage de démocratie. » En fiction s’était répandue que la une raison de ne pas le faire où on le la politique, je crois que la démocra- concluant ainsi le forum « Démo- démocratie n’avait pas d’ennemi », peut. » tie ne sera qu’un embouteillage ins- Changhaï derrière sa muraille cratie sans rivages », qui s’est tenu remarque-t-il. L’actualité n’a pas pour autant titutionnel. » C’est à travers l’inter- les vendredi 7 et samedi 8 mai à Lors de la table ronde intitulée occulté les échanges sur la démo- nationalisation de la justice que CHANGHAÏ subit quotidienne- éveillé le moindre écho dans la Quimper (Finistère), le philosophe « Machiavel ou l’ONU », Olivier cratie elle-même. Pierre Rosanval- Suzanna Villavicencio, professeur ment une bruyante propagande population résignée à une « libéra- américain Benjamin Barber, pro- Mongin, directeur de la revue lon, maître de conférences à à Buenos Aires (Argentine), a fait annonçant les « victoires » de ses tion » prochaine et désireuse fesseur à l’université de Rutgers Esprit, s’est demandé si Machiavel l’EHESS et à l’ENA, a souhaité entendre sa voix sur la mondialisa- défenseurs, et invitant les habi- avant tout d’éviter une bataille (New Jersey), avait sans doute n’était pas de retour dans certains qu’on cesse de la prendre comme tion. « L’extradition de Pinochet est tants à se préparer à la « résistance inutile. conscience de ne pas innover, mais Etats qui assurent leur pouvoir par une réponse, pour l’envisager positive par rapport au développe- jusqu’au bout ». « Changhaï sera un Enfin, les communistes eux- il résumait en fait combien le che- la déstabilisation tout en se resta- comme un questionnement sur la ment de la justice dans notre pays », second Stalingrad », proclame le mêmes ont persisté jusqu’ici à ne min de la démocratie supposait bilisant ensuite par la négociation. difficulté de lier l’autonomie des a-t-elle déclaré. maire de la ville. En attendant, le faire aucun effort sérieux pour d’efforts. Ce fut d’ailleurs une des « Slobodan Milosevic joue bien d’un hommes et la puissance de la col- Le philosophe Paul Ricœur, seul signe visible de préparatifs de pénétrer dans la cité. Ils ne pour- dimensions récurrentes de ce col- certain terrorisme appliqué aux lectivité. Il a mis le doigt aussi sur auquel il avait été demandé défense reste jusqu’ici la fameuse raient évidemment pas y entrer loque ouvert par la ministre de la relations internationales », a-t-il des démocraties qu’il qualifie d’intervenir sur les paradoxes de « grande muraille de Changhaï » sans effort du jour au lendemain, culture, Catherine Trautmann, un estimé. d’« illibérales » car présentant les l’autorité, a clos le colloque devant constituée par une barrière de mais on pense qu’ils ne sont forum organisé par la Mission 2000 caractéristiques techniques des une assemblée de huit cents per- piquets en bois ceinturant la cité d’abord pas pressés d’assumer et l’association quimpéroise La ENTRE ÉGOÏSME ET UNIVERSALITÉ démocraties comme les élections sonnes. Il a conclu : « La démocra- sur une vingtaine de kilomètres. trop vite le lourd fardeau de liberté de l’esprit qui, depuis dix Un intervenant dans la salle a notamment, sans que les libertés tie doit accepter une marginalité Il ne semble pas non plus que l’administration d’une métropole ans, organise des débats sur des effectué, pour sa part, un parallèle individuelles soient pour autant supportable. Ce risque calculé fait l’enthousiasme guerrier des de cinq millions d’habitants, et grands sujets de société. entre un « Machiavel qui, lui, a la garanties. Et il a rangé d’ailleurs partie de l’idée même de faire crédit troupes dépasse beaucoup celui qu’ensuite, ils veulent probable- Le dissident chinois Wei Jing- force, alors que l’ONU ne veut pas dans cette catégorie la Yougoslavie ou non. Et il s’agit de l’acceptation des civils. Ceux-ci ont accueilli ment attendre que la ville ait reçu sheng a montré, en évoquant son exercer la sienne ». Ce qui lui a fait de M. Milosevic. du “ou non” dans l’espace public. » avec une humeur détestable la du dehors – par exemple des Amé- pays, la difficulté du parcours : conclure que des tyrans pouvaient Il a été aussi question de la mon- réapparition de Tchiang Kaï Chek ricains − un ravitaillement suffisant « La démocratie commence par donc faire appel à l’ONU sans dialisation, vue comme facteur de Vincent Durupt dans leur ville, où, d’ailleurs, le lieu en riz, coton, charbon et mazout, écouter son peuple et savoir ce dont risque qu’elle emploie cette force. démocratisation ou, au contraire, de sa résidence est resté un secret pour qu’elle soit de bonne prise. il a besoin. Il y a des pays totalitaires Si Milan Milanovic, ancien diplo- de déstabilisation et de nouvelles jalousement gardé. L’appel du qui prétendent être des pays démo- mate bulgare, a déclaré n’avoir exploitations. Elie Cohen, profes- PRÉCISION généralissime à une suprême croi- Robert Guillain cratiques. C’est le cas de la Chine. aucune sympathie pour M. Milose- seur à l’université Paris-Dauphine, sade anticommuniste n’a pas (14 mai 1949.) On n’y voit que des dirigeants mais vic et être opposé à l’épuration a estimé que les économies mon- ECLIPSE pas le public. Quand le peuple est ethnique, il a mis en garde contre dialisées induisaient de nouvelles Dans notre article intitulé « Des invisible, on ne peut s’empêcher de une logique qui se distribuerait responsabilités à assumer par les sponsors pour l’éclipse totale du 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS commettre des erreurs, voire des entre « bons et méchants ». Et il a Etats, notamment vis-à-vis des ins- Soleil » (Le Monde du 5 mai), nous Télématique : 3615 code LEMONDE crimes. » posé cette question : « Pourquoi titutions financières, ce qui repré- avons omis de préciser que deux Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC L’actualité du Kosovo est entrée, pas des bombes sur la Turquie à sente une évolution par rapport au éclipses totales du Soleil ont été par- ou 08-36-29-04-56 à maintes reprises, dans les débats. cause des Kurdes ? » modèle démocratique classique où tiellement visibles depuis le sol fran- Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 Le philosophe Claude Lefort a, en Le philosophe Pierre Hassner lui seul le peuple d’un pays est pris en çais au XXe siècle. L’ombre de la Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 quelque sorte, justifié l’ingérence a, d’une certaine façon, répondu compte. Philippe Engelhard, Lune a traversé, le 17 avril 1912, une dans le conflit au nom des droits en évoquant la hiérarchie des soli- économiste lui aussi, a jugé que la bande étroite qui allait de La Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE de l’homme : « Dans ce cas, néces- darités qui oscille entre égoïsme et globalisation n’était pas pour tout Rochelle à Saint-Germain-en-Laye Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr sité fait loi. Mais il est vrai que cette universalité, sans que cette hiérar- de suite et en a appelé à l’éthique. et le 15 février 1961, une autre éclipse Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 loi n’a pas d’inscription juridique. » chie soit justifiable. « On ne perd « Sans un minimum de morale, le fut visible sur une ligne Bordeaux- Pour lui, ces événements ont véri- pas le sommeil pour le Timor-Orien- grand marché ne peut pas fonction- Aurillac-Montélimar-Menton. LeMonde Job: WMQ1405--0015-0 WAS LMQ1405-15 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0452 Lcp: 700 CMYK

15 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999

TÉLÉPHONE Iridium, dont les sa- ments financiers. Avec 10 000 abon- 12 mai, pour mettre au point une ACeS et Thuraya à l’échelle régionale, terrestre ne seront jamais couverts tellites permettent depuis six mois nés, l’américain est très loin des ses nouvelle stratégie, qui devra être ac- peinent à boucler leur tour de table par les réseaux mobiles traditionnels. d’utiliser un téléphone mobile depuis objectifs. b UN NOUVEAU DIREC- ceptée par les actionnaires de la so- pour achever leurs projets. b EN Mais le succès et l’interconnexion des n’importe quel point de la planète, TEUR financier et une vice-présidente ciété. b SES CONCURRENTS, Globals- THÉORIE, il y aurait de la place pour réseaux GSM réduisent l’avantage ne peut plus faire face à ses engage- marketing ont été nommés, mercredi tar et ICO au niveau mondial, EAST, tout le monde : 80 % de la surface offert par le satellite. L’échec d’Iridium compromet l’avenir des communications par satellites Le premier opérateur de téléphone mobile mondial est au bord de la faillite, faute de clients. Ses futurs concurrents, Globalstar et ICO, tirent les leçons de ce fiasco commercial, mais peinent à réunir leurs derniers financements

IRIDIUM sera-t-il l’Eurotunnel pouce, en passant une commande des communications depuis n’im- 3,30 euros. A une échelle plus ré- de l’espace ? Lancée par le groupe de 200 millions de dollars et en dé- Les trois constellations mondiales porte quel pays européen, voire de- duite, d’autres projets tentent de industriel américain Motorola, cette cidant d’utiliser un satellite de la TÉLÉCOMMUNICATIONS MOBILES puis les Etats-Unis. boucler leur financement. Matra constellation de 66 satellites qui constellation pour des missions Autre erreur, Iridium a choisi de Marconi Space espère donner le IRIDIUM GLOBALSTAR ICO permet, depuis le 1er novembre d’espionnage. Mais les créanciers s’adresser directement aux consom- coup d’envoi à son projet EAST, 4,4 3,82 1998, d’utiliser un téléphone mobile pourraient préférer se débarrasser MONTANT DE 3,39 mateurs avec une campagne publi- dont le coût est estimé à un milliard depuis n’importe quel point de la de leur fardeau en bradant l’en- L'INVESTISSEMENT citaire mondiale de plusieurs cen- d’euros, dans les prochaines se- planète, n’a plus que quinze jours semble des créances, évaluées à en milliards d'euros taines de millions de dollars. maines. Ce satellite unique, qui pour convaincre ses créanciers près de cinq milliards de dollars, à Conséquence, les clients directs re- couvrira une zone allant de qu’elle peut encore éviter le nau- des investisseurs. PRINCIPAUX INVESTISSEURS Motorola Loral Inmarsat présentent plus de 85 % du porte- l’Afrique au Moyen-Orient, en pas- ET PARTENAIRES Sprint Qualcomm Hughes frage financier. Ses débiteurs Conséquence, ses futurs concur- BCE Mobile Air Touch Opérateurs de feuille d’Iridium, alors que les opé- sant par l’Europe de l’Est, offrira le exigent que l’opérateur puisse faire rents, Globalstar et ICO au niveau Vodafone télécomm. rateurs de téléphonie mobile transfert de la voix et des données à état, avant le 31 mai, de 50 000 mondial, EAST, ACeS et Thuraya France Télécom terrestre ne lui ont apporté qu’un abonnés et de revenus cumulés de sur des marchés régionaux, peinent millier d’abonnés. 30 millions de dollars (28,3 millions à boucler leur tour de table. En NOMBRE DE SATELLITES 66 48 10 A l’inverse, son concurrent Glo- Deux satellites Iridium d’euros). Or Iridium ne comptait, théorie, il y a pourtant de la place balstar, filiale de l’américain Loral DURÉE DE VIE 5 ans 9 ans 11 ans fin mars, que 10 294 abonnés pour pour tout le monde. 80 % de la sur- Space Systems, qui a associé à son lancés par la Chine 1,5 million de dollars de chiffre d’af- face terrestre ne seront jamais cou- LANCEMENT COMMERCIAL Nov. 1998 Nov. 1999 Courant 2000 projet le français Alcatel Space, La mise en orbite des satellites faires. L’action a perdu 80 % de sa verts par les réseaux mobiles tradi- Sources : ICO, Iridium l’italien Alenia et l’allemand Daim- valeur depuis un an. tionnels. Et même si tous les projets lerChrysler Aerospace, s’apprête à d’une constellation nécessite Le directeur général d’Iridium, étaient menés à leur terme, ils ne ou quatre fois plus gros que les télé- C’est la conception du projet et son lancer son service, en novembre parfois des décisions très poli- Edward Staiano, et son directeur fi- suffiraient pas à satisfaire les phones GSM actuels. Les appareils positionnement commercial qui prochain, à l’attention des opéra- tiques. Lundi 10 mai, le président nancier, Roy Grant, ont démission- 25 millions de clients potentiels de ne fonctionnent pas à l’intérieur des sont en cause. Conçu au milieu des teurs. Il attend d’eux qu’ils lui ap- américain a autorisé Motorola, né il y a quelques semaines. Le la téléphonie par satellite. bâtiments et peinent à capter le si- années 80 comme le premier sys- portent environ 80 % des 10 mil- qui construit les engins destinés comité exécutif intérimaire a nom- gnal satellitaire sous les arbres... Les tème de téléphonie mondiale, Iri- lions d’abonnés espérés pour 2006. au réseau Iridium, à en « expor- mé, mercredi 12 mai, un nouveau FAIBLESSES TECHNIQUES tarifs, de surcroît, sont élevés. Les dium tablait sur une forte demande Les prix ont été été revus à l’aune ter » deux exemplaires en Chine, directeur financier, Leo Mondale, et Comment le premier projet de té- appareils Iridium, fabriqués par des voyageurs d’affaires globe-trot- de l’expérience d’Iridium. Les termi- pour qu’ils y soient lancés par la une vice-présidente chargée du léphonie mobile mondiale a-t-il pu Motorola et Kyocera, sont vendus ters et des populations non cou- naux bi-standards, qui permettent fusée Longue Marche IIC (qui en marketing et des ventes, Sue Ken- rater son lancement, en plein boom 24 000 francs en France. L’abonne- vertes par les réseaux de téléphonie de se connecter sur le réseau ter- a déjà mis plusieurs en orbite). nedy, pour mettre au point, en des mobiles ? La constellation a ment, compris entre 350 et mobile terrestre. Le formidable es- restre lorsque celui-ci existe et de Ces satellites viendront re- quelques jours, une nouvelle straté- certes pâti de faiblesses techniques. 500 francs, permet de passer des sor de la téléphonie mobile et les basculer sur le réseau satellitaire joindre les 66 exemplaires de la gie, qui devra être acceptée par Dans l’espace, les communications communications comprises entre accords passés entre opérateurs na- dans le cas contraire, devraient coû- constellation Iridium déjà en leurs actionnaires et débiteurs. Le inter-satellites se sont avérées plus 11,50 francs et 63 francs la minute... tionaux ont rendu moins évidents ter moins de 1 000 euros et la orbite. gouvernement américain s’apprête- compliquées à établir que prévu. Au Tout ces handicaps ne suffisent les avantages d’Iridium. Un télé- communication nationale environ La loi américaine requiert l’ap- rait à leur donner un coup de sol, les terminaux mobiles sont trois pas à expliquer l’échec d’Iridium. phone GSM permet ainsi de passer un euro. probation du président avant tout lancement d’un satellite ÉVITER LES ÉCUEILS américain par une fusée Contrairement à Iridium, dont la chinoise, pour s’assurer qu’une La manne des télécommunications profite aux financiers durée de vie est d’environ cinq ans, telle opération n’améliorera pas Globalstar dispose de neuf ans pour de façon notable la technologie LE CÉLÈBRE SPÉCULATEUR George Soros, toujours une participation de 51 %, suivi par la opérateurs sur la base de leurs résultats mais amortir ses investissement. Mais il militaire chinoise. Le feu vert ac- tombeur la livre sterling en 1992, est, avec Bank of New York (16 %). Global Crossing, spé- sur celle de leur actifs (les infrastructures), qui lui manque encore 400 millions cordé lundi, selon les autorités d’autres investisseurs comme Capital Group cialiste des infrastructures à haut débit entre ont une valeur intrinsèque même en cas de fail- d’euros pour boucler son finance- américaines, n’est en aucun cas International ou Perry Capital, en position d’ar- les continents, a été fondé en 1997 par Garry lite. Si les espoirs de gain sont importants, les ment et compenser la perte de un geste d’apaisement après le bitrer le sort de Telecom Italia. Si leurs droits Winnick. Ce milliardaire américain préside Pa- risques le sont tout autant. C’est pourquoi la douze satellites, lors d’un lance- bombardement par l’OTAN de d’actionnaires ne sont pas mieux valorisés, ces cific Capital, créé pour financer des activités de présence d’un financier de renom permet de ment raté par une fusée ukrai- l’ambassade de Chine à Bel- financiers, qui contrôlent 25 % de l’opérateur, télécommunications. A ses côtés, la Canadian rassurer les marchés. L’expertise et la notoriété nienne Zenith. grade. Il traduit cependant une menacent de bloquer à la fois l’OPA lancée par Imperial Bank a pris 22,4 % du capital. Equant, de Morgan Stanley ont beaucoup aidé Equant à Dernière arrivée, la société ICO volonté d’apaisement à l’heure Olivetti et le projet de fusion avec Deustche Te- opérateur d’un réseau international pour mettre en place une ligne de crédit de 600 mil- Global Communications compte des négociations concernant lekom imaginé par Telecom Italia pour y échap- grandes entreprises, a été fondé par une asso- lions de dollars (566 millions d’euros), re- bien éviter les écueils. Son capital l’entrée de la Chine dans l’Orga- per. Les anciens monopoles ne sont pas seuls à ciation de transporteurs aériens regroupés au connaît Paul Donnelly, le porte-parole de la so- est réparti entre une soixantaine nisation mondiale du commerce. intéresser George Soros. Cet Américain né en sein de Sita. La banque d’affaires Morgan Stan- ciété. Pour financer son réseau européen à haut d’actionnaires, dont l’organisation Hongrie a lancé, en 1983, un réseau de commu- ley Dean Witter les a rejoints à partir de 1995. débit, Hermes, GTS a fait appel au marché internationale Inmarsat et de nom- nication entre San Francisco et Moscou, sous le Pour prendre 30 % du capital, cette dernière a quatre fois en deux ans, pour lever 1,5 milliard breux opérateurs de télécommuni- trois millions d’abonnés pour nom de Global Telesystems Group (GTS), qui a investi 200 millions de dollars (188,6 millions de dollars (1,41 milliard d’euros), et il a utilisé cations, ce qui devrait faciliter son 0,3 euro la minute en communica- depuis largement étendu ses activités. d’euros). Elle n’a pas à le regretter : après l’in- ses actions pour acquérir Esprit Telecom. De- entrée sur le marché des télé- tion mobile (terminaux Ericsson) et A l’image de M. Soros, nombreux sont les fi- troduction en Bourse de Paris et New York en puis 1997, Global Crossing a levé en Bourse communications mobiles. Ses 0,15 euro en communication fixe nanciers qui investissent dans les opérateurs juillet 1998, qui lui a permis de céder une partie 4 milliards de dollars (3,77 milliards d’euros) douze satellites en orbite moyenne, (cabine téléphonique reliée par sa- téléphoniques, dont le nombre ne cesse d’aug- de ses titres, Morgan Stanley dispose toujours pour financer l’installation de ses câbles transo- dont le premier sera lancé dans un tellite). EAST aurait déjà signé un menter depuis l’ouverture du marché européen d’une participation de 13 %, valorisée à 2,5 mil- céaniques. mois depuis Baïkonour (Kazakh- accord avec un autre satellite à vo- à la concurrence, le 1er janvier 1998. Dès le mi- liards de dollars (2,36 milliards d’euros). Ces groupes ont un même défi à relever : stan), permettront l’utilisation de cation régionale, l’asiatique ACeS, lieu des années 90, les banques d’affaires se tous doivent acquérir rapidemment une taille terminaux plus petits et moins qui lui permettra d’étendre sa cou- sont invitées dans des tours de table composés MULTIPLIER SA MISE internationale. Alors que les anciens mono- chers (environ 900 euros) et des verture géographique. de professionnels des télécommunications. On Le secteur des télécommunications, comme poles ont tenté de nouer des alliances entre eux coûts de communication vendus retrouve Paribas et la BNP dans le capital de celui de l’Internet, est en proie à une vague de – sans grand succès pour la plupart – afin de aux opérateurs entre 0,85 et Christophe Jakubyszyn Bouygues Télécom, aux côtés de Telecom Italia, spéculation. Les financiers qui se sont lancés sortir de leurs frontières, les nouveaux opéra- de Cable & Wireless et de Mannesmann. Parmi dans ce secteur espèrent rapidement multiplier teurs procèdent par rachats. GTS a absorbé Es- les actionnaires de Mannesmann Arcor, la leur mise. Si le cours de l’action d’un opérateur prit Telecom au Royaume Uni et, tout récem- Deutsche Bank côtoie AT&T et Air Touch. historique comme France Télécom a été multi- ment, Omnicom en France. Global Crossing a SNCF : la CGT et la CFDT favorables Certains financiers ont même pris directe- plié par 2,5 depuis sa mise sur le marché, en oc- racheté la division de pose de câbles sous-ma- ment l’initiative de créer de nouveaux interve- tobre 1997, celui de Colt a été multiplié par 17 rins de Cable & Wireless en avril. Ces nouveaux nants, profitant de la montée en puissance des depuis son introduction en Bourse en dé- opérateurs participent à la vague de fusions et au projet sur les 35 heures transmissions à haut débit (pour véhiculer des cembre 1996, alors que le groupe affiche encore acquisitions qui secoue le secteur. En rachetant données comme Internet), qui ont accéléré une perte d’exploitation en 1998. Cela n’a pas des concurrents qui ne pouvaient pas pour- LES FÉDÉRATIONS CGT et CFDT (qui représentent respectivement l’ouverture du marché mondial. L’opérateur empêché le groupe de lever près de 2,5 mil- suivre leur expansion, ces opérateurs contri- 45,8 % et 19,6 % des cheminots) ont chacune émis, mercredi 12 mai, britannique Colt a été créé en 1992 par le gérant liards de dollars lors de trois appels aux mar- buent à assainir le marché, estime Didier Pouil- un avis favorable au projet d’accord de réduction du temps de travail d’actifs financiers américain Fidelity, afin de ré- chés. Mais, précise Claude Olier, directeur gé- lot, spécialiste du secteur à l’Idate. (RTT) à la SNCF. Les cheminots adhérents de la CFDT, consultés par pondre aux besoins en matière de communica- néral de Colt France, dans les premières années leur fédération, se sont prononcés à 65,59 % en faveur d’une signa- tions des banques de la City. Fidelity détient d’investissement, la Bourse ne valorise pas les Enguérand Renault ture du texte. Ce résultat a « confirmé l’appréciation positive du bu- reau national de la fédération sur les points que la CFDT a fait évoluer au cours de quatre mois de négociations », selon un communiqué fé- déral. Le PMU anglais, unique privatisation du gouvernement travailliste De son côté, la Commission exécutive fédérale de la CGT (83 membres, direction élargie comprenant les responsables régio- LONDRES milieux d’affaires sur la volonté de M. Blair de Development Corporation, dont le produit de naux et locaux) a émis une « appréciation positive ». La CGT a toute- de notre correspondant à la City ne pas renationaliser les entreprises libérées la vente a été réinvesti dans l’aide au déve- fois précisé que sa signature dépendrait du résultat de la consulta- La cession au secteur privé de l’agence bri- du carcan étatique par les Tories. Une volonté loppement. Quant à la vente du Royal Mint, tion de l’ensemble des 175 000 cheminots concernés, qu’elle souhaite tannique de paris sur les courses de chevaux, illustrée par l’abandon de la Clause IV figu- elle rencontre une opposition au sein même organiser fin mai, et à laquelle la CFDT pourrait apporter son sou- le Tote, annoncé le 12 mai, pour une valeur rant dans la charte du parti, qui prévoyait la de l’administration du Trésor. tien. L’intersyndicale, prévue lundi 17 mai, pourrait en décider. L’UN- estimée à 150 millions de livres (226 millions « propriété publique des moyens de produc- « Le processus de privatisation est plus ou SA devrait se prononcer le 19 mai et la CGC le 20. Les syndicats SUD, d’euros), constitue la première privatisation tion ». Toutefois, pour amadouer son aile moins terminé car la plupart des grands secteur FGAAC (autonomes), et la CFTC restent opposés au projet. digne de ce nom du gouvernement travailliste gauche, l’une des premières décisions du de l’économie sous contrôle de l’Etat ont été depuis sa venue aux affaires, il y a deux ans. nouveau premier ministre avait été d’instau- transférés au secteur privé par les conserva- Cette opération, dont le mode n’a pas encore rer une taxe sur les bénéfices exceptionnels teurs. Les travaillistes s’efforcent aujourd’hui de AstraZeneca confirme la vente été fixé, a été jugée compatible avec l’intérêt des sociétés privatisées par la droite, destinée renforcer le contrôle sur les groupes privatisés public dans la mesure où l’entreprise était dé- à financer la remise au travail des jeunes chô- via le renforcement des pouvoirs des orga- jà en concurrence avec les bookmakers pri- meurs. nismes régulateurs et d’améliorer le régime de de sa chimie de spécialité vés. concurrence » : comme l’explique John Kay, Lors de la campagne électorale, le New La- PRUDENCE DE L’ÉQUIPE DIRIGEANTE directeur de la Business School de l’université LE GROUPE PHARMACEUTIQUE anglo-suédois AstraZeneca a bour s’était engagé à ne pas revenir sur les Si l’heure n’est plus aux querelles idéolo- d’Oxford, le retour au secteur privé des entre- confirmé, mercredi 12 mai, avoir vendu ses activités de chimie de dénationalisations de grand style réalisées giques, l’ampleur des privatisations s’est limi- prises publiques n’est pas un élément clé de la spécialité pour 1,3 milliard de livres sterling (1,9 milliard d’euros) aux par les conservateurs au pouvoir de 1979 à tée à ce jour au PMU. Pour des problèmes politique économique du chancelier de sociétés d’investissement Cinven et Investcorp, installées à Bahrein, 1997. Tout en déplorant la privatisation des techniques, la cession du contrôle aérien a été l’échiquier, Gordon Brown. Le manque de vo- dans le Golfe arabo-persique. compagnies d’eau et des chemins de fer, Tony reportée sine die. L’opposition du puissant lonté politique de défier les syndicats, très Cette transaction porte sur les activités mondiales de Zeneca Special- Blair s’était déclaré prêt à poursuivre le pro- syndicat des postiers (Union of Communica- puissants dans ce qui reste du secteur public, ties, dont Resin et Novacote, et devrait être définitivement signée cessus par la vente de morceaux de la poste et tion Workers) a eu raison du projet de déna- l’excédent actuel des finances de l’Etat et le d’ici à la fin du mois de juin, lorsque tous les salariés de la branche du métro de Londres, ainsi que du contrôle tionalisation rampante de la Poste. La mise en contexte économique peu favorable ex- seront transférés, a indiqué le groupe dans un communiqué. Cette aérien, du Royal Mint (frappe de monnaie) et place du partenariat entre le public et le privé pliquent également la prudence de l’équipe entité, qui emploie 4 700 personnes dans 60 pays, a enregistré en de la Commonwealth Development Corpora- dans le métro de Londres se révèle d’une in- dirigeante sur ce dossier. 1998 un bénéfice de 141,5 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires tion (coopérative de crédit au Tiers-monde). croyable complexité. L’Etat a gardé une parti- de 1 milliard. Ses actuels dirigeants resteront en place. L’objectif, à l’époque, était de rassurer les cipation importante dans la Commonwealth Marc Roche LeMonde Job: WMQ1405--0016-0 WAS LMQ1405-16 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0453 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SPRVDHP TQRQDIH RQRWDSP

SQWQ RRRP

AFFAIRES FINANCE TSWQ Démission tion au limogeage du premier mi-

SPRH RQSP

TRUU nistre russe, Evgueni Primakov.

SHVV RPTI b JAPON : les autorités vont TQTP du secrétaire d’Etat

INDUSTRIE de quelque a RWQT RIUI lancer une inspection TPRT LITUANIE : le déficit des

b MICROSOFT : le groupe 35 compagnies d’assurance vie en échanges commerciaux de la Li- RUVR RHVI TIQH américain au Trésor,

américain, numéro un mondial difficulté en mai, après avoir injecté tuanie a atteint près de 1,4 milliard

RTQP QWWH projette d’entrer en mars des milliards de dollars dans THIR

du logiciel, [[[ [[[ [[[Robert Rubin de litas (350 millions d’euros) à la fin

IS pF PW wF IQ wF IS pF PW wF IQ wF dans le capital de l’allemand des banques, afin de « prévenir toute IS pF PW wF IQ wF des trois premiers mois de 1999, soit Deutsche Telekom, rapportent banqueroute avant qu’il ne soit trop LE PRÉSIDENT américain Bill Clin- une hausse de 19 % comparé à la Indices cours Var. % Var. % les journaux allemands Die Zeit tard ». Europe 10 h 15 f se´lection 13/05 12/05 31/12 ton a nommé, mercredi 12 mai, La- même période de 1998, a annoncé

et Manager Magazin. ± wrence Summers au poste de secré- HDHP IHDHU EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QTUVDUR mercredi le Bureau national des sta-

Microsoft aurait provisionné un b H FFFF FFFF RÉASSURANCE : les réassureurs EUROPE ƒ„yˆˆ SH taire au Trésor en remplacement de tistiques.

milliard de dollars pour cette ± QIUDUQ HDHI TDRW français ont vu leur encaissement EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR Robert Rubin, démissionnaire.

prise de participation. Les de 2,5 %, à 40,26 milliards de HDHS WDSU

fléchir EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QHSDWI M. Clinton, louant les services de a HONGRIE : le déficit budgétaire

± RQRWDSP HDIP IHDQP

patrons, Bill Gates (Microsoft) et francs (6,14 milliards d’euros), en PARIS geg RH M. Rubin depuis sa nomination en hongrois à la fin du mois d’avril

HDHH FFFF FFFF Ron Sommer (Deutsche 1998. Leur rentabilité sur fonds PARIS wshgeg 1995, l’a qualifié « de véritable pa- s’est élevé à 218,6 milliards de fo-

±

PWSPDUR HDHU IIDIT Telekom), envisageraient une propres a baissé, de 11 % à 9,4 %. «La PARIS ƒfp IPH triote et de véritable ami ainsi que de rints (857 millions d’euros), a an-

HDHH FFFF FFFF

coopération stratégique qui baisse des tarifs s’est poursuivie sous PARIS ƒfp PSH secrétaire au Trésor le plus efficace noncé mercredi le ministère des fi-

Â

HDHH FFFF FFFF

n’exclut pas une participation l’effet de la très vive concurrence », a PARIS ƒigyxh we‚gri depuis Alexander Hamilto », le pre- nances.

± SSTDVR HDSP QDRQ croisée. indiqué Denis Kessler, président de la eiˆ mier secrétaire au Trésor de l’his-

± ± QPIQDQW HDUW VDSU

Fédération française des sociétés BRUXELLES fiv PH toire américaine. a VENEZUELA : le Venezuela ga-

± SPRVDHP HDHP RDWI

b LABORATOIRES PIERRE d’assurances (FFSA). FRANCFORT heˆ QH Alan Greenspan, président de la Ré- rantira aux investisseurs étran-

± TQRQDIH HDSS UDVQ

FABRE : le groupe LONDRES p„ƒi IHH serve fédérale, s’est pour sa part dé- gers « le respect de leurs capitaux et

HDHH FFFF FFFF

pharmaceutique a signé un b BANQUES AFB : la ministre de ƒ„ygu iˆgrexqi claré « attristé » de la démission de la sécurité juridique », a affirmé,

QSUHQDHH HDTH IDSU

accord de partenariat avec l’emploi, Martine Aubry, devra MILAN wsf„iv QH Robert Rubin, qui a été selon lui un mercredi, le président Hugo Chavez,

± UITIDSH HDSU HDHI l’Institut de recherches pour le trancher sur l’extension de l’accord ZURICH ƒ€s des secrétaires au Trésor les plus ef- qui entend mener une « révolution développement (IRD) dans le sur les 35 heures dans les banques ficaces que les Etats-Unis aient ja- démocratique » dans son pays. domaine de l’utilisation à des AFB, les syndicats CGT, FO et CFTC AME´ RIQUES mais eus. « Il manquera », écrit fins thérapeutiques des ayant maintenu leur opposition à cet M. Greenspan dans un communi- a ROYAUME-UNI : la Banque substances naturelles issues des accord, signé en janvier par le seul qué. « Heureusement, le président a NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR d’Angleterre a pris acte, mercredi,

milieux terrestre et marin. SNB-CGC. Cette triple opposition choisi Lawrence Summers pour lui des signes de reprise de l’écono-

IIHHHDE PTHTDSR

s’est exprimée pour la seconde fois IDHT succéder, ajoute-t-il, une personne mie britannique et estimé que la

IIHQI PTSP consécutive lors de l’examen de la IDIP avec un talent et un jugement extra- croissance devrait retrouver son

SERVICES demande d’extension, mardi, en ordinaires. » (Lire aussi pages 5 et 12.) IHTTR PSUI IDII rythme normal plus rapidement

b GRANDS MAGASINS : le sous-commission de la négociation a M. Rubin a indiqué mercredi qu’elle ne le prévoyait jusqu’à IHPWU PRWH

patronat s’engage à maintenir collective. IDIH que la crise financière mondiale présent. Les chances de récession

WWPW PRIH

les principales garanties sociales IDHV avait toujours « des effets substantiels ont reculé, passant de une sur

WSTP PQPW

de leurs 40 000 salariés, malgré b Avoirs juifs : confrontées à de IDHU sur bon nombre de pays ». « La crise quatre à une sur dix actuellement, a

WIWS PPRV la dénonciation de leur nouvelles menaces du Congrès juif IDHT financière est certainement moins ai- expliqué à la presse le vice-gouver- [[[ [[[ [[[

convention collective, qui sera mondial (CJM), les banques guë dans certains pays, mais elle a IS pF PW wF IP wF IS pF PW wF IP wF IS pF PW wF IQ wF neur de la banque, Mervyn King. effective à compter du 1er juillet, françaises entendent toujours que toujours des effets substantiels dans a indiqué mardi l’UCV, l’indemnisation des héritiers des Indices cours Var. % Var. % d’autres », a-t-il déclaré après l’an- Ame´rique 10 h 15 f se´lection 12/05 veille 31/12 a ALLEMAGNE : la production in-

l’organisation patronale. victimes de la Shoah, dont les nonce officielle de son départ. s’est tas- ± IIHHHDQU HDPQ IWDVI E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ dustrielle en Allemagne

comptes sont en déshérence, se fasse a Les experts des finances du sée de 0,5 % en mars comparé au IQTRDHH HDTP IHDWT E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

a PRESSE : Havas a confirmé, dans un cadre français. « La situation ont approuvé, mois précédent, après un recul de PTHTDSR IDSS IVDVU E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i Congrès américain

mercredi, l’achat du groupe des banques françaises n’a rien à voir mercredi, un vaste plan de finance- 3,3 % en février, selon un chiffre ± UHHQDVI HDIH UDWV TORONTO „ƒi sxhiˆ

américain MediMedia avec celle des banques suisses », a ment de 11,5 milliards de dollars provisoire publié mercredi au minis- ± IPIRVDHH HDWV UWDHU SAO PAULO fy†iƒ€e

International, spécialisé dans déclaré mercredi Michel Freyche, (10,7 milliards d’euros) pour les opé- tère des finances. ± QRIDPI IDRW RTDUU MEXICO fyvƒe

l’information médicale, pour un président de l’Association française rations liées à la crise au Kosovo. ± a SQVDHS RDQP PSDII BUENOS AIRES wi‚†ev Le ministre allemand des fi-

montant de 1,6 milliard de francs des banques (AFB). ± IPIDVI HDPR SVDIW SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev nances, Hans Eichel, a jugé que les

(245 millions d’euros). a ± TQHSDUV IDPR QIDTV CARACAS ge€s„ev qixi‚ev CHINE : l’Allemagne va s’effor- nouvelles estimations sur les ren- b HSBC : la Bourse suisse a ouvert cer d’obtenir un compromis des trées fiscales du pays d’ici à 2003, b AXEL SPRINGER-AOL une enquête mercredi à Zurich, Etats-Unis sur l’adhésion de la publiées mercredi, le confortaient Allemagne : l’Office des cartels soupçonnant un délit d’initié dans le ASIE - PACIFIQUE Chine à l’Organisation mondiale du dans la nécessité de faire des écono- à Berlin a autorisé mardi AOL à cadre du rachat du groupe bancaire commerce (OMC) d’ici à la fin de mies. « Le but du gouvernement est racheter les 10 % du groupe de d’Edmond Safra, Safra Republic TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN l’année, a indiqué mercredi, à Pékin, d’atteindre le plus vite possible un

presse d’Axel Springer dans le Holdings (SRH), par le britannique le chancelier allemand, Gerhard budget à l’équilibre, sans déficit », a- ITVSIDPS IPWDRQ

serveur en ligne AOL Allemagne. HSBC. Vendredi, lors de la dernière IQHSQDTU Schröder. t-il dit.

IUQHH IQR

Celui-ci sera de nouveau journée de cotation avant l’annonce IQSVT

ITTPR IQP

contrôlé à 50-50 par du rachat, plus de 58 400 actions de IPUIR a MALAISIE : la Malaisie a infor- a PAYS-BAS : la production in-

ISWRV IQH

Bertelsmann et AOL. En Safra se sont échangées sur la place IIVRQ mé la Securities and Exchange dustrielle des Pays-Bas a diminué

ISPUP IPV échange, Springer a repris à helvétique, soit dix fois plus que la IHWUP Commission (SEC), gendarme des de 1,5 % au 1er trimestre 1999 par

Bertelsmann 50 % d’une chaîne veille. Le cours de ce titre avait ainsi IRSWT IPU IHIHH marchés boursiers américains, de rapport à la même période de l’an-

sportive qu’ils exploitaient en grimpé à 76,55 FS (47,80 ¤), alors que son intention d’émettre pour 2 mil- née dernière, selon des chiffres pro- IQWPI IPS

commun, « Sport 1 ». jeudi il oscillait autour des 67 FS. [[[WPPW [[[ [[[liards de dollars (1,86 milliard d’eu- visoires publiés mercredi, à La Haye,

IS pF PW wF IQ wF IS pF PW wF IQ wF

IS pF PW wF IQ wF ros) en bons sur le marché améri- par l’Office central néerlandais des b SWISSAIR-SABENA : Indices cours Var. % Var. % cain, a déclaré, mercredi, un statistiques (CBS). Zone Asie 10 h 15 f

les compagnies aériennes RÉSULTATS se´lection 13/05 12/05 31/12 responsable de la banque Salomon,

±

ITVSIDPS HDSU PIDUR

suisse et belge réuniront leurs a SKIS ROSSIGNOL : le groupe TOKYO xsuuis PPS Smith Barney. a FRANCE : la France a engrangé

IQHSQDTU HDQI PWDWI HONGKONG rexq ƒixq

opérations dans les domaines de français a enregistré une baisse de en février un excédent courant de

HDHH FFFF QRDPQ SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

la vente, du marketing, de la 9,1 % de son chiffre d’affaires a RUSSIE : la Banque mondiale 3,4 milliards d’euros après 1,6 mil-

± VSDII RDHT QIDHT ´ gyw€yƒs„i sxhiˆ

gestion de produits et du réseau consolidé sur l’exercice 1998-1999, à SEOUL « n’a pas changé de position » vis- liard d’euros en janvier, grâce essen-

QHPWDTH HDRV UDTV

informatique, a indiqué mercredi 2,1 milliards de francs (321,3 mil- SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ à-vis de la Russie et attend le résul- tiellement à un net redressement de

± QTDIP PDHT RHDTS

un porte-parole de Swissair, lions d’euros). Le chiffre d’affaires BANGKOK ƒi„ tat des discussions des nouvelles au- sa balance des services, selon des

QWWRDTI QDHR QHDUR

confirmant une information des articles de sports d’hiver a re- BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ torités russes avec le FMI, a indiqué chiffres provisoires publiés par le

PPIWDIS IDHV UDRS parue dans la presse. culé de 12,7 %. WELLINGTON xƒiERH un porte-parole, mercredi, en réac- ministère des finances, mercredi.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 12/05

HDISPRS UDRQPW FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDIWVP DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

Action LVMH PARIS NEW YORK ´ QDQVUUR VDWRRH LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

LVMH distribue ` QDWRPQV QUDTTU PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en euros à Paris LA BOURSE de Paris a ouvert en L’ANNONCE de la démission du

QDPUIWH IDSWTI

baisse, jeudi 13 mai. Après quel- secrétaire d’Etat américain au Tré- ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDSRWS

des actions gratuites SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

280 271,4 ´ ´ VDQPVWR IDWHHR ques minutes de transactions, l’in- sor, Robert Rubin, a pesé mercredi PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

le 12 mai ´ ´ PDWUTTH QPSDQS FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

LES ACTIONS du groupe de luxe dice CAC 40 des principales va- 12 mai sur l’indice Dow Jones de la IDTPTHU PSHDHT FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

260 leurs perdait 0,17 %, à 4 347,41 Bourse de New York. Après avoir IDIHQPR RDIUIU LVMH et de sa holding Christian Dior MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... ont animé la séance du mercredi points. chuté de près de 200 points, l’in- 12 mai, en terminant, à la clôture, en 240 La veille, le marché parisien avait dice Dow Jones s’est vite redressé, hausse respectivement de 4,8 %, à connu une séance agitée, en raison le marché ayant été rassuré sur Cours de change croise´s 271,4 ¤, et de 5,6 %, à 131 ¤. Bernard 220 de la crise politique en Russie et de l’avenir de la politique écono- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 13/05 10 h 15 f ¤

Arnault, le président des deux la démission du secrétaire d’Etat mique avec la nomination de l’ac- DOLLAR YEN(100) URO FRANC LIVRE FR. S. DOLLAR ...... FFFF HDVPPQQ IDHTRQS HDITPPU IDTIVRS HDTTRUR

groupes, a annoncé lors de l’assem- 200 américain au Trésor, Robert Rubin. tuel bras droit de M. Rubin, La-

YEN ...... IPIDTHSHH FFFF IPWDRQHHH IWDUPHHH IWTDUTHHH VHDVPSHH

blée générale mixte du 12 mai quel- En baisse de 0,43 % à l’ouverture, wrence Summers. Le Dow Jones a ¤URO...... HDWQWSR HDUUPTP FFFF HDISPRS IDSPHQS HDTPRSH

ques bonnes nouvelles aux action- 180 l’indice CAC 40 avait ensuite reculé fini sur une perte de 25,78 points FRANC...... TDITPRS SDHTVSH TDSSWSU FFFF WDWUPRS RDHWTIH

naires réunis à Paris. LVMH a, de 1 % pour se redresser peu avant (– 0,23 %), à 11 000,37 points. L’in- LIVRE...... HDTIUVV HDSHVPS HDTSUUS HDIHHQH FFFF HDRIHUS FRANC SUISSE ...... IDSHRQS IDPQUPS IDTHITH HDPRRIH PDRQRTH FFFF comme prévu, proposé de donner à 160 l’ouverture de Wall Street et ga- dice Standard and Poor’s 500 a, de chaque porteur une action pour dix gner 0,50 %. son côté, gagné 0,62 %, à actions détenues. C’est la première 140 Après l’annonce du départ de 1 364 points. Taux d’inte´reˆt(%) Matif distribution gratuite de titres depuis M. Rubin, le CAC 40 avait plongé N D J F M AM Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 1994. Le groupe avait précisé, dans de 1,50 % pour rebondir en fin de Taux 12/05 f Cours 10 h 15 f

1998 1999 j. j. 3 mois 10 ans 30ans 13/05 prix prix

séance et terminer sur un gain de TAUX Notionnel 5,5 PDRV RDIU SDHU

une note visée par la COB, qu’il n’en- FRANCE ...... PDSH

Source : Bloomberg

WRDTR WRDTW

JUIN 99...... STS PDSW RDHT SDHQ

visageait pas de consacrer à des ra- 0,11 % à 4 354,79 points. LES MARCHÉS OBLIGATAIRES ALLEMAGNE .. PDSH

SDHW RDUI RDTV

chats d’actions une enveloppe supé- britannique Diageo encore détenues européens se reprenaient légère- GDE-BRETAG. SDQS Euribor 3 mois

IHTH WUDRR WUDRQ PDSQ RDQQ SDQP ITALIE...... PDSH JUIN 99......

HDHS IDQS FFFF rieure à 800 millions d’euros par LVMH. « Cela est tout à fait accep- ment jeudi 13 mai, au lendemain JAPON...... HDIQ

´ RDTH SDSU SDVP

(5,2 milliards de francs). table et nous pensons avoir les moyens MOSCOU d’une séance de forte baisse due ETATS-UNIS... RDUP

HDWH PDST QDVP

Deuxième bonne nouvelle pour les d’assurer le succès de cette affaire dans du limogeage du au limogeage du premier ministre SUISSE...... HDUS Pe´trole PDSQ RDPI SDIH L’ANNONCE PAYS-BAS...... PDRR petits porteurs : M. Arnault renonce notre groupe et de la faire passer au premier ministre russe Evgueni russe et à la démission du secré- Cours Var. % à entrer au tour de table du Crédit rang de star intemporelle dans le mar- Primakov a provoqué, mercredi taire américain au Trésor. Les taux En dollars f 12/05 veille

ché du luxe », a estimé M. Arnault. 12 mai, un plongeon de la Bourse d’intérêt à 10 ans, qui varient à l’in- FFFF lyonnais, lors de la privatisation de la Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... ISDTH

FFFF

banque. Coïncidence ? François Pi- Enfin, le PDG de LVMH s’est félicité de Moscou. L’indice RTS de réfé- verse des cours des obligations, WTI (NEW YORK) ...... IUDSU

Cours Var. % ± IDIQ LIGHT SWEET CRUDE .... IUDRR nault, à qui LVMH dispute le contrô- du retour de la croissance et des pers- rence a perdu 16,18 %, à avaient perdu en séance jusqu’à En dollars f 12/05 veille

ler de Gucci, a lui aussi renoncé à in- pectives favorables qui s’ouvrent de- 81,39 points. Les milieux financiers 0,05 %. ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDIQ

vestir dans le Lyonnais. Interrogé, vant le groupe. Le chiffre d’affaires a craignent notamment que l’évic- CUIVRE 3 MOIS...... ISTW Or

HDHU

justement, sur le rachat éventuel du crû de 13 % au premier trimestre et de tion de M. Primakov ne bloque ALUMINIUM 3 MOIS ...... IQVH FFFF

PLOMB 3 MOIS ...... SRW

Cours Var %

MONNAIES ± HDQH STTV ¤

maroquinier italien Gucci par LVMH, 30 % en Asie (hors sa filiale de distri- l’adoption des mesures nécessaires ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 12/05 11/05

±

HDIV

le PDG a affirmé qu’une telle acquisi- bution Duty Free Shoppers). M. Ar- à une reprise de l’aide financière restait faible contre le ZINC 3 MOIS...... IHVU C

HDVS

L’EURO OR FIN KILO BARRE ...... VQPH

± HDQT

NICKEL 3 MOIS ...... SSVH

C HDIP

tion entraînerait, en cas de succès, un nault a confirmé qu’il espérait une du Fonds monétaire international dollar, jeudi 13 mai, lors des pre- OR FIN LINGOT...... VRIH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

± HDTV

croissance de 15 % du résultat opéra- (FMI), gelée depuis août 1998. miers échanges, à 1,0666 dollar. La ONCE D’OR (LO) $ ...... PUUDSS impact de 8 à 9 milliards de francs ± HDPV

ARGENT A TERME ...... SDQV

` C HDRI PIECE FRANCE 20 F...... RW

IDQP

tionnel du groupe cette année, et un PLATINE A TERME ...... VHPIQDRU (entre 1,2 et 1,4 milliard ) sur l’endet- veille, la devise européenne a été ` C PDSI ¤ PIECE SUISSE 20 F...... RWDIH

´ ` C IDHQ

tement du groupe, au cas où la parti- chiffre d’affaires de 10 milliards d’eu- malmenée après le limogeage du GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . RW

´ ±

RDWT PRW ` FFFF

cipation de 42 % détenue par Pinault- ros (65,6 milliards de francs) en 2001, TOKYO premier ministre russe, atteignant BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PRH

C HDPQ PPI ` HDIU MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RRI

± C PDVH IPVDS ` HDWU Printemps-Redoute (PPR) serait in- pour un résultat de 2 milliards d’eu- LA BOURSE de Tokyo a fini en 1,0643 dollar. Son repli avait toute- SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QIQ

validée par la cour d’appel ros (plus de 13 milliards de francs) soit baisse de 0,57 %, jeudi 13 mai. L’in- fois été limité par l’impact négatif SOFTS $/TONNE

HDIH

un bond de 45 % par rapport à 1998. dice Nikkei des principales valeurs sur le dollar de la démission du se- CACAO (NEW YORK)...... WSS

d’Amsterdam, le 27 mai prochain. ´ FFFF CAFE (LONDRES) ...... IQVV Cotations, graphiques et indices en temps

Ceci en tenant compte de la cession japonaises a perdu 96,11 points à crétaire américain au Trésor, Ro- FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... IVH re´elsurlesiteWebdu«Monde». des actions du groupe de spiritueux P. Ga. 16 851,25 points. bert Rubin. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1405--0017-0 WAS LMQ1405-17 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0454 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 17

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QTUVDUR

VALEURS EUROPE´ENNES QHSDWI

QIS QUUT

QSHR

PWR QHTDPU

QHTDWS QUHPDQV

QPQQ b Les actions des sociétés présentes b L’action AstraZeneca a gagné PUQ

en Russie ont chuté en Bourse, mer- 2,54 % à 2 459 pence mercredi. Le QHSDWI PWTP PSQ QTVQDIQ

QHSDUS

credi 12 mai, après l’annonce du li- premier groupe pharmaceutique QTWQDPH QHSDUH QTUWDRS

PTWH

mogeage du premier ministre russe, mondial a vendu son activité PQP QTUVDUR

PRIW Evgueny Primakov. La valeur alle- chimie de spécialité pour 2,1 mil- PIP [[[[[[[[ [[[[[[[[

Deutsche Bank †vwwt IR wes IH xy†F IQ wes †vwwt mande s’est dépré- liards de dollars (2 24 milliards PI wes II xy†F IQ wes ciée de 2,86 % à 54,4 euros. De d’euros).

b CGU e C ± même le troisième fabricant de verre Le titre a gagné mercredi ± SDPS HDUT hu WWDST PDHU qf IQDPI WDIH FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD SMITHS IND PLC

e ASSURANCES e PDUI FFFF ps IUDS FFFF p‚ IHQDU FFFF

en Europe, le belge Glaverbel, qui 2,70 % à 913,5 pence, après que le G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- STMICROELEC SIC

C e qf IWDSI FFFF hu RSDIH IDSW xy RDVR FFFF RVDQ FFFF

détient une participation de 26 % second assureur britannique eut in- GRANADA GROUP P DANISCO AGF /RM p‚ TANDBERG DATA A

e e e VSDW FFFF p‚ PRV FFFF p‚ QHDS FFFF p‚ e C IHDT HDRU HERMES INTL DANONE /RM ALLEANZA ASS s„ THOMSON CSF /RM

dans la société russe Bor Glass- diqué que son profit opérationnel e C e ± s„ HDTQ IDTI q‚ IUDVH FFFF hu TWDPW HDWT PUPDS FFFF HPI DELTA DAIRY ALLIANZ AG hi WILLIAM DEMANT

e xv QQ FFFF qf IIDHI FFFF RIWDPT FFFF IIDUR FFFF works, a perdu 0,48 % à 103,5 euros. s’est accru de 13 %, un chiffre supé- HUNTER DOUGLAS DIAGEO ALLIED ZURICH qf f DJ E STOXX TECH P

e

xv QHDTS FFFF q‚ PQDHV FFFF ISDTR FFFF

b Le déclin du prix du pétrole, qui rieur aux attentes du marché. KLM ELAIS OLEAGINOU ASPIS PRONIA GE q‚

e

C e qf RDPR IDHW p‚ IRI FFFF IISDW FFFF

b LADBROKE GRP ERID.BEGH.SAY / AXA /RM p‚

est descendu à 15,55 dollars le baril a Perdant 1,81 % à 70,65 euros, la e IIDVV FFFF qf QDRR FFFF p‚ SERVICES COLLECTIFS IQDWH FFFF MOULINEX /RM GREENCORE GROUP CGU qf

Siemens e

PDSH FFFF xv SIDS FFFF pesé sur les valeurs pétrolières mer- valeur a été perturbée xy e PRDP FFFF NCL HLDG HEINEKEN p‚ IIDII FFFF CNP ASSURANCES ANGLIAN WATER qf

e e p‚ PQWDS FFFF q‚ PWDPS FFFF

IWDVW FFFF BP Amoco PATHE /RM HELLENIC BOTTLI iƒ WDIP FFFF credi. Le titre a perdu mercredi après que le groupe eut CORP.MAPFRE R BRITISH ENERGY qf

IDTR FFFF q‚ IHDRT FFFF qf e

IISDP FFFF PENTLAND GRP HELLENIC SUGAR hi IDWH FFFF

3,99 % à 1093,5 pence et l’action de annoncé que son activité transports ERGO VERSICHERU CENTRICA qf

e ±

qf RDHQ HDQV ps QQDV FFFF SQDHP FFFF

q‚ e PERSIMMON PLC HUHTAMAEKI I VZ C VDU HDTW

Smedvig ETHNIKI GEN INS EDISON s„

la compagnie norvégienne ne parviendrait pas à atteindre e e hi RUDHS FFFF qf IPDIQ FFFF C S HDVI PREUSSAG AG KERRY GRP-A- s„ e QIPDT FFFF FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

ASA e qf QDRR FFFF s„ HDVU FFFF C WTDIW HDUH RANK GROUP MONTEDISON hu e IVDHI FFFF a cédé 4,37 % à 87,5 euros. l’équilibre avant l’année prochaine. FORSIKRING CODA ELECTRIC PORTUG €„

e gr PIIDVI FFFF gr IVIRDUQ FFFF FFFF FFFF SAIRGROUP N NESTLE N xv e PIDIS FFFF FORTIS AMEV NV ENDESA iƒ

e

C

C e hu IIDIH HDTI s„ IDQQ IDSQ C QSDP HDVT SAS DANMARK A/S PARMALAT s„ e IRPDWW FFFF GENERALI ASS EVN e„

e e

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THE SWATCH GRP RAISIO GRP V s„ SDSS FFFF

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13/05 10 h 31 DEGUSSA-HUELS hi

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UDWS FFFF

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IRISH LIFE HAFSLUND -B- xy

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DYNO INDUSTRIER xy

qf IDUP FFFF qf TDUS FFFF

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EMS-CHEM HOLD A gr

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WILSON BOWDEN UNICER R C RDIR IDWU

AUTOMOBILE e MUENCH RUECKVER ITALGAS s„

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HENKEL KGAA VZ hi e

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WOLFORD AG UNIGATE PLC qf TDTW FFFF

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AUTOLIV SDR ICI qf

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e e POHJOLA YHTYMAE NATIONAL POWER qf

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BASF AG KEMIRA ps

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f DJ E STOXX CYC GO P UNILEVER qf e IQVDSW FFFF

e PRUDENTIAL CORP OESTERR ELEKTR e„

hi TTV FFFF IHDTU FFFF

BMW LAPORTE qf

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f DJ E STOXX F & BV P s„ IIDQT FFFF

e RAS POWERGEN qf hi PRDPS FFFF IHDWT FFFF

CONTINENTAL AG PERSTORP -B- ƒi

qf VDIQ FFFF

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e e ROYAL SUN ALLIA SCOT POWER qf C

hi WHDRS FFFF IDPR IDTR

DAIMLERCHRYSLER SNIA s„

e

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e e PHARMACIE SAMPO -A- SEVERN TRENT qf ± s„ QDI HDQP TTDR FFFF

FIAT SOLVAY fi

IWUUDWS FFFF

gr e

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e e SWISS RE N SUEZ LYON EAUX/ p‚

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PHDHI FFFF

FIAT PRIV. TESSENDERLO CHE ƒi ´

ASTRA -A- BIENS D’EQUIPEMENT e

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SEGUROS MUNDIAL SYDKRAFT -A- ƒi C

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LUCAS VARITY f DJ E STOXX CHEM P ASTRA -B- ƒi

ƒi ITDVQ FFFF

ƒi IQDSQ FFFF

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e ABB AB -A- SKANDIA INSURAN SYDKRAFT -C- ƒi

p‚ RQDVR FFFF

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MICHELIN-B- /RM ELAN CORP qf

xy TDVW FFFF

ƒi IQDSQ FFFF

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e ABB AB -B- STOREBRAND THAMES WATER qf

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PEUGEOT /RM GLAXO WELLCOME qf

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gr IQWPDQS FFFF

IQUDT FFFF

e ABB BADEN SWISS LIFE BR TRACTEBEL fi

C ´ PDUT HDUQ s„ e

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PIRELLI CONGLOMERATS HOECHST AG hi

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e ADECCO CHESEREX TOPDANMARK AS UNION EL.-FENOS iƒ

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RENAULT NOVARTIS N gr

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AKER RGI -A- xy e hu PRDUS FFFF

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e ALSTOM TRYG-BALTICA UNITED UTILITIE qf

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e ALUSUISSE LON G ZURICH ALLIED N VIAG hi

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C ƒi PRDWW FFFF

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VOLVO -B- e RHONE POUL./RM p‚

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GAZ ET EAUX /RM p‚ PRDTH FFFF

ATLAS COPCO -B- ƒi

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f DJ E STOXX AUTO P e ROCHE HOLDING gr

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ATTICA ENTR SA q‚

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WDRT FFFF

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e SANOFI /RM p‚

TRDP FFFF

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BBA GROUP PLC qf e PTTDS FFFF

BANQUES e CANAL PLUS /RM p‚

IHVDS FFFF

e SCHERING AG hi

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CARLTON COMMUNI qf

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HAVAS ADVERTISI p‚

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IHDVS FFFF

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IVDQH FFFF

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e LAGARDERE SCA N p‚

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ARGENTARIA R iƒ e

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e MEDIASET s„ MARCHE

IUDUP FFFF

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C

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DAMPSKIBS -B- hu

IWDPW FFFF

e PEARSON qf

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BG qf DELTA PLC en uros veille IQDPH FFFF

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SCHIBSTED xy

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BANK OF PIRAEUS q‚

IRDRS FFFF

ORKLA -B- xy

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RDQW FFFF

e TELEWEST COMM. qf

QUDPS FFFF

BANKINTER R iƒ e

QRDRS FFFF

SONAE INVESTIME €„ e e

QIDQT FFFF hi USDS FFFF

CEPSA iƒ EQUANT NV e

p‚ PHU FFFF FFFF

TF1 AIRSPRAY NV PQDUS

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BARCLAYS PLC qf e

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VEBA AG hi e e

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ELECTRAFINA fi FINNLINES

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e UNITED NEWS & M ANTONOV I TIDS FFFF

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f DJ E STOXX CONG P PTRDIP FFFF e

xv IUIDQS FFFF

IIDVS FFFF

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e WPP GROUP CARDIO CONTROL VDR ± RDWT HDRH

BCA INTESA s„

C

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e f DJ E STOXX MEDIA P CSS IPDRS C IDRR IDRI

BCA ROMA s„ TE´LE´COMMUNICATIONS

FFFF

e HITT NV VDW C IRDIV HDHU

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qf ISDUP FFFF

FFFF

e BRITISH TELECOM INNOCONCEPTS NV IWDWS

TUDW FFFF

BCO POPULAR ESP iƒ

C qf IPDQW HDQU

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e CABLE & WIRELES BIENS DE CONSOMMATION NEDGRAPHICS HOLD ITDRS

PHDSV FFFF

BSCH R iƒ http://www.lemonde.fr

e

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DEUTSCHE TELEKO e POLYDOC PDSS

QRDUS FFFF e xv PUDHS FFFF

BCP R €„ AHOLD

ƒi VDQW FFFF

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C PROLION HOLDING PDWH PDIR e qf

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e

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q‚ PQDWW FFFF

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HELLENIC TELE ( e RING ROSA WT HDTS e„ THDR FFFF

QDRQ FFFF

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e

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FFFF

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e

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PORTUGAL TELECO €„

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COMMERZBANK hi BRIT AMER TOBAC

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C

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gr ISTWDWH FFFF FFFF La Bourse au quotidien : PDIV

QDPH FFFF

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e

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DEUTSCHE BANK A hi CPT MODERNES /R FARDEM BELGIUM ABC

e C

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TELECOM ITALIA s„ e fi VQDWS FFFF FFFF e QDU

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DEXIA CC fi DELHAIZE INTERNOC HLD

e

RDW FFFF

TELECOM ITALIA s„ e

p‚ QPIDS FFFF FFFF e IPDUS

IPWDS FFFF

DEXIA FCE RM p‚ l’actualité des entreprises ESSILOR INTL /R INTL BRACHYTHER B

e

RTDQS FFFF

TELEFONICA iƒ e fi TPU FFFF FFFF e IR

QVDT FFFF

DRESDNER BANK hi ETS COLRUYT LINK SOFTWARE B

e

± SDTR HDIV

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C

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f DJ E STOXX TCOM P TRVDHW les cotations en direct

q‚ PTDRT FFFF IWDRS FFFF FOERENINGSSB A ƒi GOODYS

qf IHDTR FFFF WDHQ FFFF FOKUS BK xy IMPERIAL TOBACC

e ps IRDP FFFF IPDPR FFFF HALIFAX qf KESKO OY FRANCFORT

CONSTRUCTION e SVSDS FFFF

les informations financières... p‚ QPDRS FFFF qf L’OREAL /RM FFFF

HSBC HOLDS 1&1AG&CO.KGAA IIVDVW

e

PHDP FFFF e €„

iƒ RTDQQ FFFF SRDPS FFFF

q‚ ACCIONA MODELO CONTINEN FFFF IONIAN BK REG.S AIXTRON PIWDS

IVDWT FFFF e q‚

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JYSKE BANK REG ACESA REG AUGUSTA BETEILIGUN SU

e p‚ THIDS FFFF

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hu AKTOR SA PROMODES /RM FFFF KAPITAL HOLDING BB BIOTECH ZT-D QHDR

IIDQQ FFFF e e qf

C ps ITDP HDWQ THDT FFFF

fi ASKO OY RECKITT & COLMA FFFF KBC BANCASSURAN BB MEDTECH ZT-D IU

± QDVW IDIT e qf

iƒ IWDUS FFFF IQDRW FFFF

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ps AUTOSTRADE SAINSBURY J. PL

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q‚ BCA INTESA SEITA /RM FFFF

NAT BANK GREECE e CE COMPUTER EQUIPM ISI

C C

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NATEXIS BICC PLC CE CONSUMER ELECTR RHH

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ENTERPRISE OIL FLUGHAFEN WIEN e„

qf QDIT FFFF

qf TDRP FFFF PIDQQ FFFF

qf BLUE CIRCLE IND STAGECOACH HLDG FFFF

NATL WESTM BK CENIT SYSTEMHAUS IUTDS

xy UDTV FFFF

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SDUH FFFF p‚ PQSDT FFFF

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GLYNWED INTL PL qf e

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FFFF

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OMV AG e„

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HALKOR q‚

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qf PDIW FFFF

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ROYAL BK SCOTL e ELSA SSDS

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PETROFINA SA BR fi

IHDHP FFFF

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fi WIDS FFFF IIDUR FFFF

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FFFF

S-E-BANKEN -A- CBR EM.TV & MERCHANDI WHH

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PETROLEUM GEO-S xy e

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ƒi CIMPOR SGPS R FFFF

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FFFF

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e ±

hu STDUI HDVP ± iƒ SQDPS FFFF

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hu ISS INTL SERV-B RDQP FFFF CRISTALERIA ESP qf FFFF

UNIDANMARK -A- ARCADIA GRP INFOMATEC ITU

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SAGA PETROLEUM xy

e

hu WIDHV FFFF iƒ QQDRI FFFF

QHDQU FFFF

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C

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e

C e iƒ SPDV FFFF

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f xv e IPSDQ FFFF IWUDS FFFF

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e e WSDS FFFF

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IHDTU FFFF

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e

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LEGRAND /RM p‚ CONTINENTE LOESCH UMWELTSCHUT

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q‚ e C RTDQ FFFF PIH FFFF HERACLES GENL R e hi qf PDWP IDSW SUT FFFF

ARJO WIGGINS AP LINDE AG hi GEHE AG MOBILCOM

e

hi RHDS FFFF

IIDIT FFFF HOCHTIEF ESSEN qf PI FFFF

IWDHI FFFF ƒi e QHDS FFFF

ASSIDOMAEN AB SERVICES FINANCIERS MAN AG hi GREAT UNIV STOR MUEHL PRODUCT & SE

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gr e

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ƒi e GUILBERT /RM MUEHLBAUER HOLDING IPHDU FFFF

AVESTA MANNESMANN AG hi

qf IHDWT FFFF

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e gr 3I VPDSI FFFF QUDP FFFF HOLDERBANK FINA ƒi

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BEKAERT fi e HENNES & MAURIT PFEIFFER VACU TECH

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e q‚ RQDHW FFFF

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e s„ ALPHA FINANCE e

hi RHSDS FFFF FFFF ITALCEMENTI SU SHDQW FFFF

BOEHLER-UDDEHOL e„ KARSTADT AG PSI

C

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e p‚ BAIL INVEST /RM TDIQ FFFF LAFARGE /RM qf QHDWW FFFF ITDQ FFFF

BUHRMANN NV xv MARKS & SPENCER REFUGIUM HOLDING A

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e NKT HOLDING hu

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hi TSDT FFFF FFFF MICHANIKI REG. IRDS RDHU FFFF

BUNZL PLC qf METRO SACHSENRING AUTO

IRDRR FFFF

e OCEAN GROUP qf qf VDHT FFFF

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CART.BURGO s„ NEXT PLC SALTUS TECHNOLOGY

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PENINS.ORIENT.S qf

SDVS FFFF e qf

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ELKEM ASA, OSLO xy PINAULT PRINT./ SCM MICROSYSTEMS

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ELVAL q‚ RINASCENTE SER SYSTEME

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JOHNSON MATTHEY qf VALORA HLDG N SINGULUS TECHNOLOG

IIVDQW FFFF

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METSAE-SERLA A ps WOLSELEY PLC TDS

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MODO B FR ƒi f DJ E STOXX RETL P TECHNOTRANS

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qf UDQH FFFF

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e TARMAC HAMMERSON qf FFFF REXAM ITHDI II FFFF OUTOKUMPU OY -A ps TELES AG

QRDWV FFFF

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e qf IPDIP FFFF

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PORTUCEL INDUST €„ RHI AG e TRANSTEC

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RAUTARUUKKI K ps RIETER HLDG N W.E.T. AUTOMOTIVE

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SIDENOR SANDVIK -B- ƒi e ITIDV FFFF

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SCANIA AB -A- CAP GEMINI /RM p‚

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SONAE INDUSTRIA €„ ƒi PSDTT FFFF

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SCANIA AB -B- COLOPLAST B hu

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HDVS FFFF e s„ SUDT FFFF

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PIDSI FFFF

e SCHRODERS PLC qf C

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STORA ENSO -R- ps e

SSDR FFFF e hi

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e SEAT-PAGINE GIA

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SEFIMEG N /RM p‚

FFFF FFFF

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PQUDS FFFF ƒi IHDQR FFFF

ACCOR /RM p‚ GAMBRO -A-

VDSI FFFF

e SECURICOR qf

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e SIMCO N /RM p‚ FFFF FFFF

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THYSSEN hi e e

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ADIDAS-SALOMON hi GETRONICS

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SECURITAS -B- ƒi

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FFFF FFFF

VDRR FFFF

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e SGS BR gr

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e UNIBAIL /RM p‚ FFFF FFFF

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AUSTRIAN AIRLIN e„ INTRACOM R

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C FFFF FFFF

HDHQ

f DJ E STOXX BASI P IUWDTQ IIDRT FFFF xy PWDPU FFFF

BERKELEY GROUP qf NETCOM ASA

ITDTT FFFF

SKF -B- ƒi e C

UDSI FFFF ps UQ HDHI

BRITISH AIRWAYS qf NOKIA

C

PSDWU IDHS

ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - hu e PDIU FFFF ps FFFF FFFF

BRYANT GROUP PL qf NOKIA -K-

e e

PIDQS FFFF

CHIMIE e STORK NV xv CODES PAYS ZONE EURO SRDS FFFF qf VDPH FFFF qf TDVU FFFF

CHARGEURS RM p‚ ALLIED DOMECQ NYCOMED AMERSHA

THTDIS FFFF

e SULZER FRAT.SA1 gr e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne IQDHV FFFF p‚ VU FFFF qf UDPV FFFF xv PTDT FFFF AGA -A- ƒi CLUB MED. /RM ASSOCIATE BRIT OCE

ISDWW FFFF

SVEDALA ƒi e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande IQDHV FFFF qf HDTU FFFF qf IRDUS FFFF s„ QDIV FFFF AGA -B- ƒi COATS VIYELLA BASS OLIVETTI

IIITTDSU FFFF

e e SVENDBORG -A- hu LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche ISIDS FFFF qf WDTS FFFF e„ RHDU FFFF qf RDRI FFFF AIR LIQUIDE /RM p‚ COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE ROLLS ROYCE

UDPR FFFF

e e T.I.GROUP PLC qf e FI : Finlande - BE : Belgique. FFFF FFFF qf PDQQ FFFF p‚ QTP FFFF p‚ SSS FFFF AKZO NOBEL xv COURTAULDS TEXT BONGRAIN /RM SAGEM

QSDIQ FFFF e e e xy e RHDVS FFFF hi PIDQS FFFF e„ RV FFFF hi QIS FFFF

BASF AG hi DT.LUFTHANSA N BRAU-UNION TOMRA SYSTEMS SAP AG CODESPAYSHORSZONEEURO

e

WT FFFF e e„ e QUDT FFFF ƒi IWDHI FFFF qf IPDQW FFFF hi QTI FFFF

BAYER AG hi ELECTROLUX -B- CADBURY SCHWEPP VA TECHNOLOGIE SAP VZ CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e

C ps IIDTQ FFFF ITDTH FFFF qf UDRV FFFF hu RRDTU PDIS qf VDPW FFFF

BOC GROUP PLC qf EMI GROUP CARLSBERG -B- VALMET SEMA GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e C ± UQDVP FFFF p‚ IDT FFFF hu RRDPT PDUI QQWDIQ HDHP hi UHDT FFFF CIBA SPEC CHEM gr EURO DISNEY /RM CARLSBERG AS -A f DJ E STOXX IND GO P SIEMENS AG LeMonde Job: WMQ1405--0018-0 WAS LMQ1405-18 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0455 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 FINANCES ET MARCHÉS

C ± SPDWS QRUDQQ HDHW RTDUW RU FFFF FFFF FFFF RRDVQ VIDUH VP SQUDVV HDQT VIDTS BIC...... SQ GPE VALFOND ACT...... SIMCO......

FFFF FFFF FFFF VS TSDVH TSDVH RQIDTP FFFF TQ PII FFFF FFFF FFFF IWP BIS...... VV GROUPE PARTOUCHE ... S.I.T.A ......

C C UWDSH SPIDRW HDQI UR IRIDIH IRIDIH WPSDST FFFF IQHDSH IPDWS IPDWU VSDHV HDIS IPDRU B.N.P...... UWDPS GUILBERT...... SKIS ROSSIGNOL......

C C ± IVU IPPTDTR IDHV IUWDIH RSS RSV QHHRDPV HDTS RHH IUQDTH IUQDIH IIQSDRT HDPV ISWDRH VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... IVS GUYENNE GASCOGNE... SOCIETE GENERALE......

C ± QTS PQWRDPR HDVP QSH PSI PRSDIH ITHUDUS PDQS PIQ ISU ISU IHPWDVS FFFF ISV BONGRAIN ...... QTP HACHETTE FILI.ME...... SODEXHO ALLIANCE......

C C C PQW ISTUDUR IDRR PPIDIH IWPDVH IWRDSH IPUSDVR HDVV IVH TVDWH TW RSPDTI HDIR TWDSH BOUYGUES ...... PQSDTH HAVAS ADVERTISIN ...... SOGEPARC (FIN) ......

± PWDPS IWIDVU FFFF QHDSH IPT IPT VPTDSI FFFF IIUDRH PWDTS PWDQS IWPDSP IDHI PT BOUYGUES OFFS...... PWDPS IMETAL ...... SOMMER-ALLIBERT......

C

VDQV SRDWU FFFF TDPH IUDQS FFFF FFFF FFFF ITDQH QW QWDPH PSUDIR HDSI QVDUQ

b L’action BNP s’échangeait, jeudi 13 mai, en hausse BULL#...... VDQV IMMEUBLES DE FCE ...... SOPHIA ......

C ± PTQ IUPSDIU IDQI PVVDSH TW TW RSPDTI FFFF TUDRH TWDRH TWDSH RSSDVW HDIR SUDRH CANAL + ...... PTTDSH INFOGRAMES ENTER .... SPIR COMMUNIC. # ......

C IQQDRH VUSDHS HDTU IQVDPH PPDUH PPDUH IRVDWH FFFF PHDPV VU VU SUHDTV FFFF VI de 0,25 % à 79,45 euros. Le titre SG perdait 0,28 % à CAP GEMINI ...... IQPDSH INGENICO ...... STRAFOR FACOM......

C C SQDUS QSPDSV HDHW RWDSH PPDPH PPDQW IRTDVU HDVS PPDHT ITIDPH ITIDPH IHSUDRH FFFF ISWDWH

173,1 euros et Paribas cédait 0,77 % à 102,5 euros. A ces CARBONE LORRAINE..... SQDUH INTERBAIL...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C

IPSDTH VPQDVV HDPQ UTH QIS FFFF FFFF FFFF QPH IWSDSH IWV IPWVDUW IDPU IWPDWH

cours, les parités proposées par la BNP dans le cadre de CARREFOUR ...... IPSDQH INTERTECHNIQUE...... SYNTHELABO ......

± ± ± WP THQDRV HDVT WRDVH UHDWS UHDIH RSWDVQ IDIW TTDPH IHRDIH IHR TVPDPH HDHW IHIDVH CASINO GUICHARD ...... WPDVH ISIS ...... TECHNIP......

C ± ± SU QUQDWH HDVT SVDWS WIDUH WHDUH SWRDWS IDHW VUDIS QHDSH QHDWU PHQDIS IDSR PVDWH sa double OPE valorisent l’action SG à 170,25 euros et CASINO GUICH.ADP ...... SUDSH JEAN LEFEBVRE ...... THOMSON-CSF......

C ± ± PPQDPH IRTRDIH HDSQ PIT VPDSH VQDIS SRSDRQ HDUV VPDWS IIWDSH IIVDRH UUTDTS HDWP IIVDTH

l’action Paribas à 109,24 euros. L’OPE de SG sur Paribas CASTORAMA DUB.(L...... PPRDRH KLEPIERRE...... TOTAL ......

± ±

IHS TVVDUS HDWR WPDRH PPQ PPQ IRTPDUV FFFF PIWDSH IPV IPU VQQDHU HDUV IPU

valorise, elle, le titre Paribas à 108,18 euros. C.C.F...... IHT LABINAL...... UNIBAIL ......

± ± ISV IHQTDRI HDVU IQWDSH WQDSH WPDPH THRDUW IDQW WQDUH IIVDSH IIVDSH UUUDQI FFFF IHU CEGID (LY) ...... ISWDRH LAFARGE...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C

U RSDWP FFFF TDVH QUDPH QUDRS PRSDTT HDTU QQDTH IQDUH IQDVP WHDTS HDVU IRDIP b La valeur Pernod Ricard s’affaiblissait de 0,15 % à CERUS...... U LAGARDERE...... USINOR......

C

± ±

RSDQH PWUDIS HDII RTDUH USDRS USDVH RWUDPP HDRT TU VS VRDSH SSRDPV HDSV VP

62,5 euros, lors des premières transactions jeudi. La CGIP ...... RSDQS LAPEYRE ...... VALEO ......

C SRDSH QSUDSH FFFF SIDWS RQDSW FFFF FFFF FFFF RIDWH QRDVH QSDRH PQPDPI IDUP QSDRH CHARGEURS...... SRDSH LEBON (CIE)...... VALLOUREC......

veille, le ministère des finances a confirmé que le ± ± SSDRH QTQDRH IDSI RRDUH PPS PPQ IRTPDUV HDVV PPP PVDSH PVDSH IVTDWS FFFF PUDWH CHRISTIAN DALLOZ ...... STDPS LEGRAND ...... VIA BANQUE ......

C C IQIDQH VTIDPU HDPP IPP IPR IPR VIQDQW FFFF IPP PPVDRH PPW ISHPDIR HDPT PPI

groupe américain Coca-Cola avait déposé une nouvelle CHRISTIAN DIOR ...... IQI LEGRAND ADP ...... VIVENDI ......

± ± ± UUDWH SIHDWW HDTQ UWDIH RHDTH RHDPH PTQDTW HDWV RHDWH IQDWH IQDVW WIDII HDHU IQ

offre de reprise du groupe français Orangina, actuelle- CIC -ACTIONS A...... UVDRH LEGRIS INDUST...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C ± SU QUQDWH HDHV SQDSH IITDUH IITDUH UTSDSH FFFF IIVDSH PHTDPH PHQ IQQIDSW IDSS PHWDWH CIMENTS FRANCAIS ...... STDWS LOCINDUS...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C C VPDIH SQVDSR HDRV VQDSH SVSDSH SVV QVSUDHQ HDRP SWT ment dans le giron de Pernod Ricard. CLARINS ...... VIDUH L’OREAL ......

C ± VUDIH SUIDQR HDII VUDSH PUIDRH PUI IUUUDTR HDIR PRR

b L’action Rhône-Poulenc gagnait 0,44 % à 44,85 eu- CLUB MEDITERRANE .... VU LVMH MOET HEN......

PRDPH ISVDUR FFFF PQDIH ISHDPH FFFF FFFF FFFF ISU

ros à l’ouverture de la séance du jeudi 13 mai. La Ku- CNP ASSURANCES ...... PRDPH MARINE WENDEL ......

± ± UUDUS SIHDHI HDSU UWDSH TDQR TDPH RHDTU PDPH SDPS COFLEXIP...... UVDPH METALEUROP ......

C ± IVTDUH IPPRDTU PDPS IUQ RQDVR RRDIS PVWDTI HDUH RRDWR weit Petroleum Corporation (KPC) devait se prononcer COLAS ...... IWI MICHELIN......

± FFFF FFFF FFFF PDPH QSDWT QSDSS PQQDIW IDIR QPDVW

en cours de journée sur le rapprochement du groupe COMPTOIR ENTREP...... PDQW MONTUPET SA......

± Compen- RTDHP QHIDVU HDIW RSDRH IIDVV IIDVV UUDWQ FFFF IHDPH

CPR ...... RTDII MOULINEX ...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

pharmaceutique français et de l’allemand Hoechst, International sation ± ± f ITDRS IHUDWH HDQH ISDPH SQDVS SQDVH QSPDWH HDHW SI

CRED.FON.FRANCE ...... ITDSH NATEXIS...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C ±

QVDQV PSIDUT HDHS QQDVH IV IVDRS IPIDHP PDSH ITDTH dont KPC est le premier actionnaire. CFF.(FERRAILLES) ...... QVDRH NEOPOST......

C C

QVDHS PRWDSW FFFF QTDSW PTDUS PTDUV IUSDTU HDII PUDPW IIVDSH IIWDTH UVRDSP HDWP IPUDQH

b La valeur Air liquide s’adjugeait 0,33 % à 152 euros CREDIT LYONNAIS...... QVDHS NORBERT DENTRES...... ......

C ± SSDIH QTIDRQ IDHU SRDRH PTDVI PTDVI IUSDVT FFFF PTDSH SRDVH SSDVH QTTDHP IDVP UWDUH CS SIGNAUX(CSEE)...... SSDUH NORD-EST...... A.T.T. #......

C en début de séance jeudi. Le groupe français, qui a tenu ± UHDVH RTRDRP HDIR TQDIH UPDQS FFFF FFFF FFFF UQDPH IVDHS IUDWH IIUDRP HDVQ IUDWH DAMART ...... UHDUH NORDON (NY)...... BARRICK GOLD #......

C PRWDRH ITQSDWT HDST PRQ IWW IWW IQHSDQS FFFF IVTDVH QQDSH FFFF FFFF FFFF QHDIQ

son assemblée générale la veille, en a profité pour indi- DANONE...... PRV NRJ # ...... CROWN CORK ORD.#.....

C

±

FFFF FFFF FFFF IQVDWH VDRH VDRS SSDRQ HDSW UDWH PI PHDWH IQUDIH HDRU PIDSH

quer qu’il entendait doubler la part de son chiffre d’af- DASSAULT-AVIATIO ...... IQS OLIPAR...... DE BEERS # ......

± ± ± QQDRH PIWDHW HDPW QTDPS IHQDQH IHPDSH TUPDQT HDUU WV TW TUDWS RRSDUP IDSP TQDPH DASSAULT SYSTEME...... QQDSH PARIBAS...... DU PONT NEMOURS.....

C C ± STDUS QUPDPT HDUW RVDHS PQWDSH PQV ISTIDIV HDTP PQIDVH PSDRH PSDWH ITWDVW IDWT PQDSH faires provenant des prestations à l’industrie et à la DE DIETRICH...... STDQH PATHE...... ERICSSON # ......

C ± VH SPRDUU FFFF UP RIDIH RHDUI PTUDHR HDWR QUDSI SWDWS TH QWQDSU HDHV SWDIH

santé. DEVEAUX(LY)# ...... VH PECHINEY ACT ORD ...... FORD MOTOR # ......

C IHDVP UHDWU FFFF IHDVI TPDTH TPDTH RIHDTQ FFFF SWDSH IHIDVH IHQDRH TUVDPT IDSU IHTDIH DEV.R.N-P.CAL LI...... IHDVP PERNOD-RICARD...... GENERAL ELECT. #......

C ± ± IPW VRTDIV HDQV IQHDSH ISRDSH ISQDPH IHHRDWQ HDVR ITR VPDVH VQDUH SRWDHR IDHV VR DEXIA FRANCE ...... IPWDSH PEUGEOT...... GENERAL MOTORS # .....

C ± TDHS QWDTW FFFF TDHR IRVDWH IRVDSH WURDIH HDPT ISIDVH TDVP TDWW RSDVS PDRW TDTR DMC (DOLLFUS MI)...... TDHS PINAULT-PRINT.RE...... HITACHI #......

C C

± PUDVS IVPDTV IDPU PVDHI WVDPH WV TRPDVR HDPH UVDIH PHWDTH PIHDSH IQVHDUW HDRP IVPDIH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PUDSH PLASTIC OMN.(LY) ...... I.B.M # ......

C

IQS VVSDSR HDUR III UT FFFF FFFF FFFF TTDSH STDSH FFFF FFFF FFFF THDRH

______ECIA...... IQR PRIMAGAZ...... ITO YOKADO #......

C ± ± UIDIH RTTDQW IDPS TPDIH THIDSH SWW QWPWDIV HDRI THHDSH IUDTS IVDHS IIVDRH PDPT IVDQH EIFFAGE ...... UP PROMODES...... MATSUSHITA #......

± ± IQUDVH WHQDWI HDSH IQPDVH IURDSH FFFF FFFF FFFF ITH QWDQW QVDSH PSPDSR PDPS RIDSH ELF AQUITAINE ...... IQVDSH PUBLICIS #...... MC DONALD’S #......

ti hs IQ wes Cours releve´sa` 10 h 15

C ± QUDIH PRQDQT IDUP QTDUH ITDVH ITDVH IIHDPH FFFF IS TTDUH TUDTH RRQDRQ IDQR UQ ERAMET ...... QUDUS REMY COINTREAU...... MERCK AND CO # ......

± ±

IRH WIVDQR HDUH IQS RHDRH RHDHU PTPDVR HDVI QUDQH TDIW TDIW RHDTH FFFF TDSS ERIDANIA BEGHIN...... IRI RENAULT ...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PI m—i

C C ± QPSDWH PIQUDUT IDQT PWTDSH VQDQH VQ SRRDRR HDQT USDQH WIDIH WPDRH THTDIH IDRP WS ESSILOR INTL ...... QPIDSH REXEL...... MOBIL CORPORAT.#......

C C FFFF FFFF FFFF PWUDPH IUDTH IVDPS IIWDUI QDTW ITDPH IPWDQH IQHDTH VSTDTV I IQPDPH ESSILOR INTL.ADP...... QPQDUH RHODIA ...... MORGAN J.P. # ......

C ± VI SQIDQQ IDQQ UW RRDTS RRDVU PWRDQQ HDRW RQDTS IPDSH FFFF FFFF FFFF IQDQH ESSO...... VPDIH RHONE POULENC A...... NIPP. MEATPACKER......

C C Compen- ± SHS QQIPDSV HDHW RUQDRH IHSDWH IHSDUH TWQDQS HDIV IHH QSDIR QSDUH PQRDIV IDSW QPDHQ

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... SHRDSH ROCHEFORTAISE CO ..... PHILIP MORRIS # ......

sation France C f ± IDTH IHDSH FFFF IDIW PDWI PDVQ IVDST PDUR PDTI VRDWH VUDSH SUQDWT QDHT WQ

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDTH ROCHETTE (LA) ...... PROCTER GAMBLE ......

(1)

± PVW IVWSDUP FFFF PVV RWDUH FFFF FFFF FFFF SI ITDIH ISDWS IHRDTQ HDWQ IV EUROPE 1...... PVW ROYAL CANIN...... SEGA ENTERPRISES ......

C ± FFFF FFFF FFFF ISH IDSP IDSI WDWH HDTS IDRU IHQH FFFF FFFF FFFF IHPH SU SV QVHDRT IDUS SWDQH B.N.P. (T.P)...... ISI EUROTUNNEL...... RUE IMPERIALE (L...... SCHLUMBERGER #......

± ± ± FFFF FFFF FFFF IRQ IHIDIH IHI TTPDSP HDHW WV QVDUH QVDSU PSQ HDQQ QUDPH VUDQH VTDIH STRDUV IDQU WHDSH CR.LYONNAIS(TP) ...... IRIDVH FIMALAC SA...... SADE (NY) ...... SONY CORP. #......

C RIH PTVWDRP FFFF RHWDVH IVDTH FFFF FFFF FFFF IVDPP SSS SSV QTTHDPR HDSR RWSDIH RENAULT (T.P.)...... RIH FINEXTEL...... SAGEM SA......

C ± IVIDSH IIWHDST FFFF IVP UIDTS UIDPS RTUDQU HDSS UP ITRDVH ITS IHVPDQQ HDIP ITQDTH SAINT GOBAIN(T.P...... IVIDSH FIVES-LILLE...... SAINT-GOBAIN......

± FFFF FFFF FFFF IRWDSH IPT IPS VIWDWS HDUW IPIDSH UT FFFF FFFF FFFF USDWH

THOMSON S.A (T.P ...... IRW SOC.FONC.LYON.# ...... SALVEPAR (NY) ...... ABRE´VIATIONS

± ± ± PQUDQH ISSTDSW HDHV PQS URDQS UQDWS RVSDHV HDSQ URDPH ISHDSH ISHDPH WVSDPS HDIW IRW

ACCOR ...... PQUDSH FRANCE TELECOM...... SANOFI ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± RVDUP QIWDSV HDVT RVDTH UPH UIH RTSUDPW IDQV TVQ SIDSS FFFF FFFF FFFF RW AGF ...... RVDQH FROMAGERIES BEL...... SAUPIQUET (NS) ......

± ± ITDSP IHVDQT PDRU ITDSP IITS IITS UTRIDWH FFFF IIRI SUDTH SUDSH QUUDIV HDIU STDSH AIR FRANCE GPE N ...... ITDWR GALERIES LAFAYET ...... SCHNEIDER SA...... SYMBOLES

C C C ISP WWUDHS HDQQ ISPDSH VPDRS VPDUH SRPDRV HDQH UW SPDSH SQ QRUDTT HDWS RTDRH

AIR LIQUIDE ...... ISIDSH GASCOGNE...... SCOR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

± ± ± IIW UVHDSW HDRI IPH SW SVDVS QVTDHQ HDPS THDVH VQDSH VP SQUDVV IDUW TUDVH

ALCATEL ...... IIWDSH GAUMONT #...... S.E.B...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C ± PVDSH IVTDWS IDQV PVDSH RSDSH RSDWR QHIDQS HDWT RIDTH TP FFFF FFFF FFFF TQ

ALSTOM...... PVDWH GAZ ET EAUX ...... SEFIMEG CA...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

C C C

PPU IRVWDHP IDHT PPS IHQ IHQDSH TUVDWP HDRV IHQ SWDSH THDPH QWRDVW IDIU SQDTH

ALTRAN TECHNO. #...... PPRDTH GECINA...... SEITA...... `

C ± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : VHDUH SPWDQT HDQU UTDVH RR RRDQP PWHDUP HDUP RSDSH WDWV WDWU TSDRH HDIH IHDQI ATOS CA...... VI GEOPHYSIQUE ...... SELECTIBANQUE......

C ± ± IITDSH UTRDIW HDSI IIWDTH PT PSDTS ITVDPS IDQR PQDWH QWDQH QW PSSDVP HDUT QU AXA...... IISDWH GRANDVISION ...... SFIM...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

± FFFF FFFF FFFF IPRDSH IRS IRHDIH WIW QDQU IPP RR RR PVVDTP FFFF QWDSH BAIL INVESTIS...... IPTDVH GROUPE ANDRE S.A ...... SGE...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

± ± IHTDSH TWVDSW HDWQ IHVDSH PH FFFF FFFF FFFF IWDPQ IISDWH IISDSH USUDTQ HDQR UV BAZAR HOT. VILLE ...... IHUDSH GR.ZANNIER (LY) ...... SIDEL...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

± ± SUDSH QUUDIV IDQU SQDIH WSDSH WS TPQDIT HDSP VUDWH ISQDQH FFFF FFFF FFFF ISU BERTRAND FAURE...... SVDQH GROUPE GTM ...... SILIC CA ......

C QTHDUV FFFF SU QUQDWH FFFF ITDSH IHVDPQ FFFF SH QPUDWV IDVQ GUILLEMOT #...... SS CRCAM TOUR.P....d LVL MEDICAL...... CIDER SANTE......

± ± PDVP IPDPR SHDIS QPVDWT FFFF PHH IQIIDWI IDWT UP RUPDPW FFFF GUYANOR ACTI .... HDRQ CROMETAL...... d M6-METROPOLE.. CODETOUR...... d

C SECOND SIVDPI HDIP FFFF FFFF FFFF PDRR ITDHI FFFF IPDVT VRDQT FFFF NOUVEAU HF COMPANY...... UW DAPTA-MALLIN.... MEDASYS DIGI ....d COFIDUR #......

C ± QRHDRR IDVW SUDWH QUWDVH FFFF ITP IHTPDTS IDIV QR PPQDHQ FFFF SIDWH ______d HIGH CO...... GROUPE J.C.D ...... MANITOU # ...... CORA INDUSTR....

C ±

PVVDTP PDPP VP SQUDVV FFFF SIDIH QQSDIW HDIW ITS IHVPDQQ FFFF

´ HOLOGRAM IND .. RR ´ DAUPHIN OTA .....d MANUTAN INTE .. DELACHAUX S...... d C PVDHI HDRU QWDVH PTIDHU FFFF IHS TVVDUS FFFF RH PTPDQV FFFF

MARCHE IGE + XAO...... RDPU MARCHE DECAN GROUPE...d MARC ORIAN...... d DELMON INDUS ..d

± ± QPDVH QDVR TQ RIQDPS FFFF RVDSH QIVDIR FFFF IVDQR IPHDQH HDHS ILOG # ...... S DU PAREIL AU...... d MARIONNAUD P . DIGIGRAM #......

± PRDPU FFFF RQDVH PVUDQI IDIP QS PPWDSV FFFF SPDSH QRRDQV FFFF

IMECOM GROUP .. QDUH ENTRELEC CB ...... MECATHERM #.... DISTRIBORG G.....

wi‚g‚ihs IP wes

ti hs IQ wes

C ± ± IPWDVV HDWS IHUDRH UHRDSH FFFF QUDQS PRS PDHU RS PWSDIV HDRR INFONIE...... IWDVH L ENTREPRISE...... MGI COUTIER...... EMIN-LEYDIER.....

C C

IRUDWP HDQI RRDVS PWRDPH RDQH IRPDVH WQTDUI FFFF PTDWH IUTDRS FFFF

INFOTEL #...... PPDSS ETAM DEVELOP.... MICHEL THIER ....d FLAMMARION S...d

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35 Une se´lection. Cours releve´sa` 10 h 15

± ± ITQDWW IDWP VT STRDIP FFFF WDQR TIDPU HDIH IR WIDVQ FFFF LEXIBOOK #...... PS EUROPEENNE C ...d NAF-NAF #...... GRAVOGRAPH...... d

± ± RTDSU FFFF RRDIH PVWDPV IDSR PRQ ISWQDWV HDRH PHDTH IQSDIQ FFFF JOLIEZ-REGOL...... UDIH EUROP.EXTINC..... PENAUILLE PO..... GPE GUILLIN ......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± IDVR FFFF RPDSH PUVDUV HDRW PWDIS IWIDPI PDSH IS WVDQW FFFF

JOLIEZ-REGOL...... d HDPV EXEL INDUSTR..... PHYTO-LIERAC .... JEANJEAN # ...... d

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

C ± TQDHR SDPP QIDSH PHTDTQ FFFF UH RSWDIU FFFF QPDWH PISDVI HDPU LACIE GROUP...... WDTI EXPAND S.A...... POCHET...... d HBS TECHNOLO ..

C C C IQIDIW FFFF ITDUH IHWDSR HDHS TPDSH RHWDWU HDVV IRS WSIDIR FFFF TSDWS RQPDTH HDHU IRSDIH WSIDUW FFFF ADLPARTNER # .... PH MEDIDEP #...... ADA...... FACTOREM...... d RADIALL #...... HOT.REG.PARI .....d

C IIRDUW FFFF SDRW QTDHI FFFF VQDSH SRUDUP FFFF IPTDUH VQIDIH FFFF SUDUH QUVDRW FFFF IHW UIRDWW HDRT AB SOFT...... IUDSH MILLE AMIS #...... d AIGLE # ...... d FACTOREM NV.....d RALLYE(CATHI .....d HUREL DUBOIS....

C C ± IQRDRU PDQV UDIH RTDSU PDRS VHDWS SQI FFFF IWDVR IQHDIR FFFF RQDRH PVRDTW HDRT IIQDPH URPDSR FFFF ALPHAMEDIA...... PHDSH MONDIAL PECH ... ALGECO #...... d FAIVELEY # ...... d REYNOLDS...... IDI...... d

± ± ± ± QUDQP PDHT UDSW RWDUW HDIQ VUDWH SUTDSW PDPP SDTR QU FFFF PR ISUDRQ HDRI PIDWW IRRDPR FFFF ALPHA MOS ...... SDTW NATUREX...... APRIL S.A.#( ...... FINACOR...... d RUBIS #...... IMV TECHNOLO...d

± ± IHPWDVS HDST TS RPTDQU IDPI TQDWH RIWDIT FFFF UP RUPDPW FFFF IPP VHHDPU FFFF PUDQS IUWDRH FFFF ALTAMIR & CI...... ISU OLITEC ...... ARKOPHARMA # ..d FINATIS(EX.L ...... d SABATE SA # ...... d INTER PARFUM....d

± ± IVDTW QDUI IWS IPUWDIP IDHI WH SWHDQT FFFF ISH WVQDWR FFFF UIDIH RTTDQW FFFF RQDSH PVSDQR FFFF APPLIGENE ON .... PDVS OMNICOM...... ASSUR.BQ.POP.....d FININFO...... d SEGUIN MOREA...d IPO (NS) # ...... d

C C C ± ± SDWH QDRR IDRW WDUU PDHS PIDIH IQVDRI PDWV RRDWW PWSDIP HDHP VV SUUDPR RDIR PHDSH IQRDRU FFFF ASTRA ...... HDWH OXIS INTL RG...... ASSYSTEM #...... FLO (GROUPE) ..... SIDERGIE...... LABO.PHARMYG...d

C C ± WQDVH QDQU PHDRH IQQDVP FFFF IUW IIURDIT HDHS RRDSH PWIDWH IDIQ PQDVH ISTDIP FFFF IHS TVVDUS FFFF ATN...... IRDQH PERFECT TECH..... BENETEAU CA# .... FOCAL (GROUP .... SIPAREX (LY)...... d M.B.ELECTRON....d

C ± QRRDQV S WDRS TIDWW QDSU SDVI QVDII FFFF SQDVH QSPDWH FFFF PHDSH IQRDRU FFFF WV TRPDVR FFFF AVENIR TELEC...... SPDSH PHONE SYS.NE..... BISC. GARDEI...... d FRAIKIN 2#...... SOCAMEL-RESC ...d NSC GPE (NY) ...... d

± ± ± ± SIUDSS PDSW IPDPH VHDHQ RDSQ TIDWH RHTDHR FFFF RSDTH PWWDIP IDPW RSDVS QHHDUT HDHV RSDPU PWTDWS FFFF BELVEDERE...... UVDWH PICOGIGA...... BOIRON (LY)# ...... GAUTIER FRAN .... SOPRA #...... NOCIBE...... d

C IHRDQH T US RWIDWU FFFF QS PPWDSV FFFF IDVS IPDIR FFFF QDPQ PIDIW FFFF IIUDIH UTVDIQ FFFF BIODOME #...... ISDWH PROSODIE ...... BOISSET (LY)...... d GEL 2000...... d SPORT ELEC S...... d ONET #......

C C ± QIQDSS HDWS PTDTH IURDRV HDPW VI SQIDQQ FFFF PSDWH ITWDVW FFFF ISDPH WWDUI HDIW IU IIIDSI FFFF BVRP EX DT S...... RUDVH PROLOGUE SOF.... BOIZEL CHANO ... GENERALE LOC ....d STALLERGENES ... ORGASYNTH ...... d

± ± ± ± TRDWR SDUI SDHI QPDVT SDRU IV IIVDHU PDRQ TWDVS RSVDIW HDPI RRDRW PWIDVR FFFF QWDVH PTIDHU FFFF CAC SYSTEMES .... WDWH QUANTEL ...... BONDUELLE ...... GEODIS #...... STEF-TFE # ...... d PARIS EXPO...... d

C URDRS TDWU QT PQTDIR FFFF TDQP RIDRT FFFF PDIS IRDIH FFFF PDIW IRDQU FFFF PQ ISHDVU FFFF CEREP ...... IIDQS R2I SANTE ...... BOURGEOIS (L.....d G.E.P PASQUI ...... d SUPERVOX (B)...... d PAUL PREDAUL....d

C ± ± ± RDWP FFFF QPDHS PIHDPQ HDIS SQ QRUDTT PDPI RH PTPDQV HDWW TIDSH RHQDRI IDRR VDPV SRDQI FFFF CHEMUNEX #...... HDUS RADOUX INTL ...... BRICE...... GFI INDUSTRI...... SYLEA...... PIER IMPORT...... d

C C C C QIIDSV SDSS IQDSH VVDSS QDVR RUDQH QIHDPU FFFF IIS USRDQS HDRQ PHV IQTRDQW HDRV PIDPH IQWDHT FFFF COIL...... RUDSH RECIF #...... BRICORAMA #...... d GFI INFORMAT .... TF1 ...... PISC. DESJOY ...... d

C C IIQDIS IDRU PH IQIDIW VDTW IHIDIH TTQDIU FFFF THDQH QWSDSR FFFF IHDVH UHDVR FFFF PPDSH IRUDSW FFFF CRYO INTERAC .... IUDPS REPONSE #...... BRIOCHE PASQ .... GO SPORT...... d TOUPARGEL (L ....d PLAST.VAL LO...... d

C C PVSDHI RDTW SDIH QQDRS RDHV RR PVVDTP FFFF ISDVS IHQDWU FFFF IHR TVPDPH FFFF QTDWW PRPDTR FFFF CYBER PRES.P...... RQDRS REGINA RUBEN.... BUT S.A...... FINANCIERE G .....d TRANSICIEL # ...... REGIONAL AIR .....d

C ± ± VIDQR IHDUI PPDWI ISHDPV RDIR RWDTH QPSDQS FFFF RWSHDSH QPRUQDIS FFFF QQ PITDRU FFFF QQDQH PIVDRQ HDRR CYRANO # ...... IPDRH SAVEURS DE F ...... SOLERI...... d GRAND MARNIE ..d TRIGANO...... d SECHE ENVIRO.....

C ± ± IRRDQI HDRS IPDRH VIDQR IDWU PVDTH IVUDTH FFFF SHDPH QPWDPW FFFF IPS VIWDWS PDIW UHDPH RTHDRV FFFF DESK # ...... PP SILICOMP # ...... CDA-CIE DES...... d GROUPE BOURB ..d UBI SOFT ENT ..... SERVICES ET ...... d

C ± IQDUV FFFF ISH WVQDWR HDUQ QV PRWDPT FFFF IUDPH IIPDVP FFFF RIV PURIDWH HDPQ PHDHW IQIDUV FFFF DESK BS 98 ...... PDIH SERP RECYCLA ..... CEGEDIM # ...... d GUERBET S.A...... d UNILOG...... SICAL...... d

C C C ± ± ± SRDQV IDQH PVDSH IVTDWS IDRP IHH TSSDWT IDWT QW PSSDVP PDSU PIDRS IRHDUH PDSH STDSS QUHDWR HDWV DMS # ...... VDPW SOI TEC SILI ...... CERG-FINANCE.... GUY DEGRENNE .. VIEL ET CIE...... SMOBY (LY) #......

C ± ± ± RRDPV RDPS PPDQW IRTDVU HDRR QH IWTDUW FFFF RWDWW QPUDWI HDHP UVDTS SISDWI HDIP IHUDWH UHUDUV FFFF DURAND ALLIZ.... TDUS STACI #...... CGBI ...... d GUYOMARC H N .. VILMOR.CLAUS.... SODICE EXP.( ...... d

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19 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999

SPORTS L’Olympique de Marseille grossière de Laurent Blanc, exploitée BUTS signés Paolo Vanoli (35e) et En- sian et Lilian Thuram. b L’OM, qui tophe Dugarry, William Gallas, Peter s’est lourdement incliné (0-3), mer- par Hernan Crespo à la 26e minute, a rico Chiesa (55e) ont concrétisé la su- disputait la troisième finale de Luccin et Fabrizio Ravanelli. b LES credi 12 mai à Moscou, devant les Ita- précipité la débandade de l’équipe périorité physique et technique des Coupe d’Europe de son histoire, était MARSEILLAIS n’ont désormais plus liens du Parme AC en finale de la française, dominée physiquement et Parmesans, qui alignaient deux affaibli par les absences pour sus- que le championnat de France pour Coupe de l’UEFA. b UNE ERREUR techniquement. b DEUX AUTRES champions du monde, Alain Boghos- pension de quatre titulaires : Chris- espérer gagner un titre cette saison. Parme a cerné les limites physiques et techniques de l’OM En finale de la Coupe de l’UEFA, les Italiens ont infligé à l’Olympique de Marseille une cruelle leçon de football (3-0). Il ne leur a même pas fallu une mi-temps pour faire la différence MOSCOU Quant à la France, elle attendra en- débauche d’énergie. Mais Parme de notre envoyé spécial core avant d’inscrire enfin un de avait des kilowatts disponibles. Le constat est simple et froid ses clubs au palmarès de l’ancienne L’ubiquité de cette équipe était il- comme une nuit moscovite. En fi- Coupe des villes de foire. Des lustrée par l’Argentin Sebastian nale de la coupe UEFA, mercredi chiffres et des buts, en avalanche. Veron, increvable poumon. 12 mai, sur la pelouse du stade Cette sèche comptabilité suffirait à A Marseille, Rolland Courbis et Loujniki, Parme AC a marqué trois elle seule à mesurer le gouffre qui son préparateur physique, Jacques buts à l’Olympique de Marseille. sépare aujourd’hui nos deux pays Vankersschaver, avaient pourtant En quart de finale retour, l’équipe dans le maniement du ballon rond. axé la saison sur la préservation transalpine en avait inscrit six aux L’observation de la finale dispu- des énergies en vue de ce mois de Girondins de Bordeaux. Pour mé- tée mercredi est encore plus mai décisif. Dans cette optique, il moire, Bordeaux et Marseille sont cruelle. Rarement une formation avait été instauré une rotation sys- au coude à coude en tête d’un française se sera fait piétiner par tématique de l’effectif. Or, ce der- championnat de France que les son vis-à-vis transalpin comme l’a nier semble aujourd’hui globale- deux formations dominent depuis été l’OM. La France et l’Italie sont ment à bout de fatigue, à l’image le début de la saison. désormais séparées par les Alpes et d’un Robert Pires qui a perdu toute Parme est, elle, troisième de son une montagne plus infranchissable capacité d’accélération. championnat et a perdu tout es- encore : le football. Après la déconvenue de Moscou, poir d’enlever un titre national qui le football français, champion du était pourtant son objectif. Cette « DE L’ESPOIR AU CAUCHEMAR » monde largement grâce à son coupe UEFA qui lui échoit fait fi- Pourtant, dans des temps pas si contingent italien, va devoir s’in- gure de lot de consolation, comme lacustres, Marseille avait su mon- terroger sur les raisons de ses ca- elle l’avait été la saison dernière trer, face à nos voisins, une capaci- rences physiques. Sauf à ce que pour l’Inter Milan. Car la C3 est de- té de résistance supérieure à la soit prouvé que l’exceptionnel to- venu l’arrière-cour du calcio. Sur moyenne française. L’OM figurait nus des Parmesans, mercredi, ca- les onze dernières éditions (1989- même avec fierté le contre- cherait quelque inavouable secret. 1999), les clubs italiens se seront exemple, l’exception à la règle. En Avant la rencontre, Rolland Cour- imposés huit fois. Sur les onze pré- demi-finale encore, l’équipe de bis s’était interrogé avec humour cédentes (1978-1988), jamais. Rolland Courbis avait éliminé Bo- sur le « Tonimalt » qui pouvait logne au bout d’un combat qui transformer certains joueurs en « Goldorak ». avait d’ailleurs duré au-delà du AFP Evgueni Primakov coup de sifflet final. On avait sim- Hernan Crespo marque le premier but pour Parme à la 26e minute L’équipe de Parme a été soup- plement oublié que cet Italien-là çonnée de dopage en début de sai- a assisté à la finale n’était qu’un honnête comparse ser à une formation de juniors. session de la balle, les Marseillais « Il aurait fallu onze joueurs qui son, après que des documents sai- dans le championnat le plus relevé L’absence, côté marseillais, de n’ont fait que reculer sous cette jouent comme douze pour espérer sis chez un médecin eurent laissé Finalement, le public est venu. du monde. Christophe Dugarry, de Fabrizio contrainte permanente. C’est d’ail- faire quelque chose », estimait le apparaître, chez plusieurs joueurs, Soixante et un mille spectateurs, Une division séparait mercredi Ravanelli, de Peter Luccin et de leurs sur une de ces passes en re- responsable technique. Et encore. des hématocrites (taux de globules chiffre officiel qui incluait sans les deux finalistes. « Notre adver- William Gallas, quatre belles san- trait que Laurent Blanc, d’une tête La formation parmesane disposait rouges dans le sang) très élevés, doute les nombreux képis de la saire est largement favori, mais sur tés, déséquilibrait un peu plus les trop molle interceptée par Crespo, systématiquement de sept joueurs laissant supposer une prise d’EPO. milice, ont bravé le froid pour un match tout est possible », expli- forces en présence. Mais leurs kilos a précipité l’agonie de son camp. en position défensive. La balle ré- Mais le dossier a été refermé provi- garnir les tribunes du stade Louj- quait Rolland Courbis, l’entraîneur de muscle n’auraient sans doute Le grand « Lolo » a été broyé cupérée, ils étaient aussitôt soirement par la justice italienne. niki, dont la capacité avoisine olympien, la veille de la confronta- pas suffi à rétablir la balance, tant comme ses coéquipiers, le plus sur- presque aussi nombreux en posi- Aller plus loin ne serait qu’insinua- 80 000 places. Un temps, les res- tion. L’OM entrait sur le terrain la présence physique de leurs ad- prenant étant d’ailleurs qu’une tion offensive. Et pourtant, à tion de mauvais perdant. Les trans- ponsables de l’UEFA avaient avec, comme seule assurance, la versaires a semblé monstrueuse. classe a semblé le séparer de Lilian compter et recompter, ils n’étaient fuges du calcio préfèrent invoquer craint des travées vides pour glorieuse incertitude du sport. Pendant les cinquante-cinq mi- Thuram et Alain Boghossian, les que onze sur la pelouse. un travail foncier de meilleure qua- cette première finale dans un Après le match, pourtant, sourdait nutes qui leur ont suffi pour mar- deux autres champions du monde « La règle, c’est qu’un homme at- lité comme explication à cette su- ancien pays de l’Est où les 3 500 le sentiment diffus que Marseille quer trois buts (Hernan Crespo, qui évoluaient dans le parti oppo- taque le possesseur du ballon et un prématie. Les clubs français ne fe- supporteurs de Marseille et les pouvait jouer dix fois contre Parme 26e ; Paolo Vanoli, 35e ; Enrico sé. autre reste en couverture », expli- ront peut-être pas l’économie 500 venus de Parme risquaient et perdre les dix fois tant la supé- Chiesa, 55e), les Parmesans ont agi « Nous sommes passés de l’espoir quait Lilian Thuram. Cet art appa- d’une réflexion sur eux-mêmes. de ne pas occuper tous les sièges. riorité des Transalpins paraissait comme un rouleau compresseur. au cauchemar », résumait Rolland remment simple du pressing né- Le prix des places ayant été inexorable. Même lorsqu’ils étaient en pos- Courbis, à l’issue de cette soirée. cessite pourtant une formidable Benoît Hopquin abaissé à des niveaux compa- A Moscou, la différence tech- tibles avec le pouvoir d’achat lo- nique et tactique entre Parme et cal (entre 12 et 80 francs), les Marseille était flagrante. L’écart Moscovites se sont finalement physique était, lui, accablant. Au fil déplacés. Les autorités russes des confrontations entre les deux Quand la tristesse gagne le Vieux-Port Richard Virenque n’avaient pas non plus ménagé pays, on s’est habitué à voir les for- MARSEILLE mara est entré, on a crié «Titi! Titi!», manière de leurs efforts pour modifier la mations françaises empêtrées dans de notre correspondant régional se reprendre quelque peu. On faisait encore sem- structure du stade et mettre les l’impeccable organisation ita- En fin d’après-midi, on est entrés dans la fièvre : en blant, mais la brise fraîche est arrivée. Quand une sanctionné par installations aux normes euro- lienne. Cette fois, à l’impéritie col- réalité, elle était beaucoup moins intense que lors des petite escouade de photographes a débarqué, on a péennes. Evgueni Primakov, pre- lective s’est ajoutée l’impuissance autres finales européennes. Les bars se sont remplis, recommencé à chanter pour ne pas perdre la face. mier ministre limogé le matin individuelle. Chaque joueur de on s’est installés à la terrasse du Passeport, sur la A 21 h 12, trois-zéro, c’était foutu, on s’en doutait. son employeur même par le président Boris Elt- Parme courait plus vite et plus grande esplanade du cours d’Estienne-d’Orves, près Alors on est entrés dans l’indifférence. De temps L’ÉQUIPE italienne Polti a infligé sine, était présent dans la tri- longtemps, sautait plus haut que du Vieux-Port. Gais dans le soir d’été. La bouteille de en temps, un remords d’enthousiasme nous repre- une amende de 100 000 francs bune officielle, comme pour as- son alter ego marseillais. Une pastis était à 400 francs, en bleu et blanc on était bien. nait, trop vite éteint. « Marquez un but, au moins ! » (15 240 euros) à Richard Virenque, surer la permanence de l’Etat. équipe de seniors semblait oppo- Le statut de challenger est doux : rien à perdre, la a grommelé un sérieux consommateur de pastis. mercredi 12 mai, pour « manque- victoire serait un bonus. Au coup d’envoi, la tension Quelques tables se sont vidées dans la nuit tombée. ment au règlement interne de la so- PARME-MARSEILLE 3 - 0 est montée. Les Olympiens, là-bas sur l’écran, atta- On n’était même pas déçus, mais on n’a quand ciété », et l’a mis en garde pour que, quaient. On a joué au Stade : « Hissez haut, hissez même pas regardé la remise de la coupe. De toute « dans le futur, il ne traite qu’avec les PARME Finale de la Coupe de l’UEFA haut, tous unis sous les mêmes couleurs », « C’est façon, ils avaient éteint la lumière et rentré le poste médecins de l’équipe ». Franco Polti, Entraîneur : Malesani Mercredi 12 mai nous les Marseillais ! Et nous allons gagner ! », les de télévision. le PDG de la société, et Gianluigi Buffon • Thuram ; Sensini ; • Stade Loujniki, à Moscou pastis coulaient et les bières aussi. « Cette fois, on y On est allés sur le Vieux-Port, c’est le rendez- Stanga, le directeur sportif de Cannavaro • Fuser ; D. Baggio ; • Temps froid • Terrain glissant croit », a annoncé un optimiste. Mais à la 27e mi- vous. Il y avait des lascars, des policiers, on a regar- l’équipe, ont demandé des explica- Boghossian ; Vanoli • Veron • Spectateurs : 60 000 • Arbitre : M. Dallas (Eco.) (Fiore, 77e) • Crespo (Asprilla, nute Laurent Blanc a « fait une tête de bouffon », dé les cinq interpellations, vite oubliées. Pour éviter tions au Français après que celui-ci 84e) ; Chiesa (Balbo, 72e) COMMENTAIRE Match tactique de faible intensité, but, silence accablé. On a entendu pour la première de fixer les bagarreurs et les badauds, les trois cents eut reconnu, dans les bureaux de la où Marseille, renforcé défensivement et affaibli par MARSEILLE plusieurs suspensions, n’a pu faire jeu égal avec fois les commentaires télévisés. Pendant dix mi- policiers mobilisés se sont éloignés. Les voitures brigade des stupéfiants à Paris, Entraîneur : Courbis Parme que durant vingt minutes. Les Italiens ont su nutes, on a mimé l’espoir jusqu’au silence de plomb ont repris la rue, puisque personne n’était descen- s’être approvisionné en produits au- Porato • Blondeau ; Issa ; profiter d’une maladresse de Blanc pour ouvrir le du deuxième but : là, on a même entendu les bruis- du en ville. On est rentrés chez nous, dans le brouil- près du faux docteur Bernard Sainz L. Blanc ; Domoraud ; Edson score. Maurice, esseulé en attaque puis épaulé par sements du stade venus de Moscou. lard de mer. On s’est dit qu’il y a des soirs et des (Le Monde du 13 mai). Polti a cepen- e Camara, n’est jamais parvenu à créer des brèches (Camara, 46 ) • Brando ; On est alors entrés dans la souffrance. « Y’a quoi, matches qu’on oublie vite. Gourvennec ; Bravo • Pires ; dans la rigoureuse défense parmesane. Seul dant confirmé que Richard Virenque Maurice Gourvennec y est parfois arrivé. Sous l’im- sur les autres chaînes ? » a lancé un dépité grinçant. serait bien au départ du Tour d’Ita- pulsion de Veron, les Parmesans ont gé- BUTS Crespo (26e, lob La mi-temps est arrivée, pour oublier. Quand Ca- Michel Samson lie, samedi 15 mai, à Agrigente, en ré leur avance, exploitant des er- de l’intérieur du pied droit, de 17 m à Sicile. « Je vais aller au Giro, c’est reurs de marquage pour droite, au centre du but) ; Vanoli (36e, tête alourdir le score. sûr », avait déclaré, mercredi, le cou- en extension, de 10 m dans l’axe, le long du reur au journal de 13 heures de TF 1 poteau droit) ; Chiesa (55e, reprise de demi-volée du pied droit, de 9 m dans l’axe, dans la lucarne droite). Le mea culpa de Laurent Blanc après avoir indiqué qu’il n’avait pas dit aux enquêteurs s’être dopé. AVERTISSEMENTS PARME : Asprilla (90e, comportement anti-sportif). HÉROS HIER, damné au- Laurent Blanc fut à l’origine du pre- fenseur, meilleur buteur de son e MARSEILLE : Blondeau (59 , jeu dangereux). jourd’hui. L’expérimenté Laurent mier but de l’équipe de Parme. D’un équipe en championnat la saison a LOTO : résultats des tirages ARRÊTS DE JEU En faveur de PARME : 14 coups francs (7 + 7), dont aucun hors-jeu ; Blanc avait-il vraiment besoin de se coup de tête comme il en réalisa des passée avec onze réalisations. n°38 effectués mercredi 12 mai. 4 corners (3 + 1). rappeler les vicissitudes du métier milliers tout au long de sa carrière, Laurent Blanc, lui, faisait son mea Premier tirage : 4, 19, 34, 35, 46, En faveur de MARSEILLE : 15 coups francs (6 + 9), dont 1 hors-jeu 47, numéro complémentaire : 18. (0 + 1) ; 1 corner (1 + 0). de footballeur ? Le 20 avril, au stade le libero voulut donner une passe en culpa : « Sur le premier but, je suis Renato Dall’Ara de Bologne, c’est retrait au gardien de but Stéphane désolé... Je ne pousse pas assez le bal- Rapports pour 6 numéros : OCCASIONS PARME : 45 positions d’attaque dans les 30 m (20 + 25), dont bien lui, en effet, qui avait permis à Porato. Pourquoi le ballon, au lieu 6 478 390F, 987 624¤ ; pour 5 nu- 6 occasions (3 + 3) ; 12 tirs (7 + 5), 1 sur le montant (0 + 1) et 3 parés (2 + 1) par Porato. lon de la tête et l’attaquant s’introduit MARSEILLE : 45 positions d’attaque dans les 30 m (15 + 30), dont l’Olympique de Marseille de se qua- d’être frappé sèchement, rebondît-il entre moi et Stéphane Porato. Après méros et le complémentaire : 3 occasions (0 + 3) ; 12 tirs (5 + 7), dont 5 contrés (2 +3), et 5 parés (2 + 3) par Buffon. lifier pour la troisième finale de mollement sur le crâne du capitaine ce but, cela devenait mission impos- 165 775F, 25 272¤ ; 5 numéros : Coupe d’Europe de son histoire. Ce marseillais ? L’attaquant argentin sible pour l’OM. » 12 100F, 1 844,63¤ ; 4 numéros et le L’ACTION LE TROISIÈME BUT DE PARME A LA 55e MINUTE L’ACTION soir-là, l’homme avait dû tirer à Hernan Crespo ne se posait pas la Champion du monde n’ayant pas complémentaire : 440F, 67¤ ; 4 nu- 1 Après un long raid de Thuram deux reprises un penalty décisif, à question. Son lob s’avérait fatal. participé à la finale contre le Brésil méros : 220F, 33,53¤ ; 3 numéros et 1 Passe sur la droite du quatre minutes de la fin de la ren- Avec un but de retard face à une en raison d’un carton rouge contre le complémentaire : 38F, 5,79¤ ; terrain, Veron centre contre, un joueur marseillais ayant équipe italienne connue pour la la Croatie, vainqueur de la Coupe 3 numéros : 19F, 2,89¤. Tir d’une trentaine de pénétré dans la surface de répara- qualité de son organisation, la tâche des coupes avec Barcelone en 1997 Second tirage : 4, 11, 17, 20, 26, 45, mètres. tion avant la frappe de balle. In- de l’OM se compliquait sérieuse- mais sans avoir joué la finale (contre numéro complémentaire : 22. Rap- 2 Crespo laisse adroitement solent de sang-froid, tout en non- ment. le PSG) à cause d’une blessure aux ports pour 6 numéros : 3 517 895F, filer le ballon entre ses jambes. 2 chalence, le « président » – son « Ce n’est pas possible de lui faire adducteurs, Laurent Blanc est passé 536 299¤ ; pour 5 numéros et le Cette feinte déstabilise la surnom en équipe de France – des reproches », indiquait Robert à côté de sa première finale inter- complémentaire : 48 660F, 7 418¤ ; 3 défense marseillaise. n’avait pas tremblé dans ce double Pires après la rencontre. « Vous sa- nationale. A trente-trois ans passés, 5 numéros : 4 835F, 737¤ ; 4 numé- exercice. Quelques minutes plus vez combien de fois il nous a sau- les occasions d’en disputer d’autres ros et le complémentaire : 232F, 3 Chiesa frappe violemment du droit, en demi-volée, tard, qualification acquise, son nom vé?», interrogeait Christophe Du- ne seront pas si nombreuses. 35,36¤ ; 4 numéros : 116F, 17,68¤ ; 3 et loge le ballon dans la lucarne gauche de Porato. était scandé sur le Vieux-Port. garry, faisant référence aux numéros et le complémentaire : Infographie "Le Monde" avec Pierre Lepidi Mercredi 12 mai à Moscou, nombreux services rendus par le dé- F. P. 26F, 3,96¤ ; 3 numéros : 13F, 1,98¤. LeMonde Job: WMQ1405--0020-0 WAS LMQ1405-20 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0457 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 AUJOURD’HUI-SCIENCES

S’engageant résolument dans l’« espace utile », Les longs voyages en avion l’Europe va développer un nouveau système GPS peuvent provoquer Le système GalileoSat de navigation par satellite veut concurrencer la référence américaine des embolies pulmonaires La conférence des ministres européens de l’es- ros (27 milliards de francs) – des 6 milliards pré- navigation par satellite, concurrent du GPS amé- pace, réunie les 11 et 12 mai à Bruxelles, a permis vus pour mener à terme tous les programmes ricain, a fait l’unanimité, l’ESA devra serrer les déjà d’engager une partie – 4,16 milliards d’eu- envisagés par l’ESA. Si le projet GaliléoSat de budgets sur ses différents programmes. Elles entraînent un quart des urgences graves à Roissy BRUXELLES pas entièrement convaincus par le Pour l’heure, 60 millions d’euros puis l’espace de la structure interne RESTER assis sans bouger plus de de ces accidents reste néanmoins diffi- de notre envoyé spécial projet italien du petit lanceur Vega. ont été souscrits par les Etats- de la Terre, des océans, de l’atmo- douze heures n’est pas sans risques cile à évaluer, un pourcentage de cas, Quatre ans après la conférence La France, qui n’a pas commenté ce membres pour la phase de définition sphère, de ses ressources, la surveil- pour certains passagers qui peuvent 50 % à 70 %, survenant à distance du spatiale de Toulouse, marquée par le débat, trouve ce lanceur trop oné- (jusqu’à fin 2000), contre 40 millions lance de l’environnement, et l’ex- être victimes d’embolies pulmo- voyage, dans les jours, voire les ralliement de l’Europe au projet reux et s’interroge sur le marché d’euros attendus. Et 178 millions ploitation, y compris commerciale, naires. Les docteurs Michel Clérel et semaines suivantes », expliquent les américain de station spatiale inter- qu’il devrait satisfaire. La Grande- d’euros auraient déjà été promis de ces observations. Après le « trau- Gilles Caillard du service médical auteurs. nationale (ISS), la réunion à Bretagne estime que, dans ce do- pour la phase suivante, qui coûtera matisme » causé par Envisat, un sa- d’urgence des Aéroports de Paris Les causes en sont multiples mais, Bruxelles, les 11 et 12 mai, des 14 mi- maine, les offres étrangères ne 500 millions d’euros. GaliléoSat, tellite géant à tout faire dont les viennent de présenter, mardi 11 mai, par ordre d’importance, c’est la gêne nistres de l’espace des pays manquent pas et qu’on peut acheter comptant de 24 à 45 satellites selon coûts et les dates de lancement – il devant l’Académie de médecine, une procurée à la circulation sanguine membres de l’Agence spatiale euro- ailleurs, et l’Allemagne défend son les configurations étudiées, complé- devait partir en 1997 – dérivent sans étude en ce sens sur ces accidents qui facilite la coagulation du sang péenne (ESA) était placée sous le industrie, qui a pris des engage- tera Egnos, un programme déjà lan- cesse, l’heure est à des projets plus thromboemboliques qui surviennent dans les veines. Le fait d’être assis, signe de l’indépendance vis-à-vis des ments sur ce thème avec des consor- cé par l’ESA et destiné à améliorer la modestes et plus ciblés. De fait, alors surtout à l’arrivée des vols trans- jambes pendantes, les mollets serrés Etats-Unis. Le lancement d’un GPS tiums de l’ancien empire soviétique. précision offerte par le GPS. Des dis- que l’ESA défendait un budget de continentaux et lors du débarque- contre le siège et l’abdomen européen et la montée en puissance Malgré cette divergence sur le cussions ont été entamées avec les 759 millions d’euros (d’ici 2002), elle ment des passagers. comprimé par la station assise ralen- d’Ariane-5 étaient les principaux en- programme lanceur qui a contribué Russes, qui rencontrent des diffi- n’a obtenu que 593 millions d’euros. L’embolie pulmonaire est liée au tit le retour du sang veineux des jeux de ce sommet où une enve- à faire de l’Europe une puissance cultés à entretenir leur système Glo- b Programme scientifique : le mouvement d’un caillot sanguin pre- jambes au cœur. La plupart des pas- loppe de 38 milliards de francs (près spatiale, plusieurs programmes nou- nass, et disposent d’un précieux fais- conseil a décidé une légère augmen- nant naissance à l’intérieur d’une sagers observent un gonflement des de 6 milliards d’euros) était mise en veaux font leur apparition, symboles ceau de fréquences que les tation de ces programmes obliga- veine et migrant avec la circulation chevilles dans ces conditions. discussion. de l’orientation de l’ESA vers le pilo- Européens souhaiteraient pouvoir toires par rapport au budget 1998. jusqu’au poumon où il se bloque. L’immobilité aggrave considérable- Si les ministres n’ont pas tardé à tage de projets ayant d’importantes utiliser en l’échange de compensa- Mais les diverses activités déjà sur Toujours grave, l’embolie peut être ment ce ralentissement. Les passa- émettre une première résolution implications industrielles, commer- tions. les rails – quatre missions en orbite mortelle. Elle survient le plus gers victimes d’embolie pulmonaire d’ordre général, demandant en subs- ciales et stratégiques. b Télécommunications/Multi- (Ulysse, Soho, Hubble, Cassini/Huy- souvent au décours d’une interven- ne se sont le plus souvent pas levés tance à l’Agence spatiale euro- b GalileoSat : ce système mon- média : l’ESA souhaitait, grâce à un gens), cinq satellites en cours de dé- tion chirurgicale ou lors de maladies de leur siège pendant le voyage. A péenne de satisfaire davantage les dial de navigation par satellite euro- budget de 359 millions d’euros, veloppement (XMM, Cluster II, Inte- veineuses : phlébite, varices, insuffi- côté de ce facteur déclenchant besoins du public, et aux industriels péen (GNSS), se présente d’emblée « exercer un effet démultiplicateur sur gral, Rosetta et First/Planck), six sance veineuse avec jambes lourdes. majeur, la déshydratation peut inter- de s’associer financièrement aux in- comme le futur concurrent du cé- la valeur des initiatives privées » euro- missions à l’étude – devront aussi Depuis 1984, les auteurs ont réperto- venir, de même que l’hypoxie d’alti- vestissements nécessaires, la se- lèbre GPS (Global Positioning Sys- pénnes dans ce domaine straté- faire la place à Mars Express rié 70 cas d’embolies pulmonaires, tude modérée qui augmentent conde résolution a été plus difficile à tem), contrôlé par les militaires amé- gique. Elle disposera pour ce faire de (150 millions d’euros), qui reprendra dont 60 depuis 1993. toutes deux la viscosité sanguine. parachever. Il s’agissait de s’accorder ricains. Cette constellation pourrait 290 millions d’euros. A la veille de la en 2003 quelques-unes des expé- Cette étude donne l’occasion de sur les montants attribués aux pro- entrer en service opérationnel en conférence de Bruxelles, Gérard riences perdues avec l’échec de la rappeler que quelques mesures de grammes facultatifs – chaque Etat 2008. Alors que l’ESA et la Commis- Brachet, directeur général du Centre mission russe Mars 96. Le conseil de Mesures de prévention prévention, dont certaines sont est libre de s’engager pour le mon- sion européenne semblaient s’être national des études spatiales l’agence n’a voulu sacrifier aucun faciles à mettre en œuvre, sont suffi- tant qu’il veut – et aux programmes résolues à financer conjointement (CNES), indiquait que la France ne des projets scientifiques en compéti- faciles : il suffit santes pour les personnes sans fac- obligatoires, où la participation est les 3 milliards d’euros d’investisse- souscrirait sans doute pas immédia- tion. « Ceci nécessitera des exercices teur de risque particulier : contracter proportionnelle au produit intérieur ment, les ministres ont demandé au tement, en attendant que « soient difficiles en interne, au niveau du de contracter les mollets à intervalles réguliers, flé- brut de l’Etat-membre. Les mar- directeur général de l’agence, Anto- clarifiés des points de politique indus- budget général » consacré à la ges- chir et étendre les pieds, se lever et chandages ont été serrés, particuliè- nio Rodotà, « d’intégrer les utilisa- trielle ». tion de l’agence, a commenté les mollets à intervalles faire quelques pas dans les couloirs. rement en ce qui concerne les lan- teurs et autres partenaires commer- b Observation de la Terre : ce M. Rodotà. Les sujets les plus à risque sont, ceurs Vega et Ariane-5. ciaux intéressés dès le début de la programme, baptisé « Planète vi- réguliers, fléchir d’une part, les personnes ayant des Certains Etats-membres ne sont phase de développement ». vante », est consacré à l’étude de- Hervé Morin troubles veineux et, d’autre part, les et étendre les pieds, sujets ayant des risques connus de coagulation à l’intérieur des vais- Vols habités : se lever et faire seaux du fait d’accidents throm- Différend franco-italien sur les lanceurs de satellites boemboliques précédents ou ayant le minimum quelques pas une forte hypercholestérolémie. A LA VEILLE de la réunion ministérielle de Ylieff, ministre belge de la science, à l’issue de ces dis- Le port de bas de contention est Bruxelles, chacun était conscient que la question des cussions tendues. Y a-t-il eu chantage ? Le ministre La participation de l’Europe à une très bonne mesure chez les per- lanceurs serait le point le plus délicat des négociations. évoque plus diplomatiquement des « réserves croi- la station spatiale internationale Ces accidents surviennent en sonnes qui ont des varices et des Le ministre français en charge de l’espace, Claude Al- sées ». (ISS) avait été décidée par le majorité après des voyages dépas- troubles veineux des jambes déjà lègre, avait clairement défini la position française vis- La solution retenue a donc consisté à retarder les dé- conseil ministériel de Toulouse sant douze heures, dont la fréquence reconnus. A celles qui présentent des à-vis du petit lanceur Vega défendu par les Italiens, et cisions concernant Vega. Un groupe de travail compre- en 1995. Depuis, la donne a chan- s’est accrue au cours des dernières risques d’hypercoagulabilité, on peut pour lequel l’agence spatiale européenne réclamait nant la Suisse, la Belgique, l’Italie et la France, devra gé. Le projet n’a cessé de prendre années. « Les embolies pulmonaires conseiller la prise d’aspirine avant le 317 millions d’euros. « C’est un projet intéressant, mais à vérifier que le projet est viable au point de vue indus- du retard et les coûts de finance- représentent 27 % des urgences graves voyage – mais on n’a jamais contrôlé ce stade, il nous paraît trop onéreux », indiquait-il en triel et commercial, avant que de nouvelles négocia- ment ont augmenté dans des survenues au service médical l’efficacité de cette mesure – ou, soulignant sa volonté de voir le Centre national tions, prévues pour octobre, ne soient tenues. La proportions inquiétantes. Dès d’urgence à Roissy ces quatre der- pour les sujets ayant un risque très d’études spatiales (CNES) demeurer le pôle de réfé- France aurait proposé, toujours selon M. Ylieff, de par- son arrivée au gouvernement, nières années », précisent les auteurs. élevé, une injection d’anticoagulant rence européen pour l’étude de ce type d’engins ticiper à hauteur de 30 % sous réserve que le projet soit Claude Allègre a marqué son Les embolies pulmonaires se sont deux heures avant le voyage du type (Le Monde du 12 mai). Cette mise en garde, réitérée de- accepté. hostilité aux vols habités. Sa col- révélées à l’arrivée, soit lorsque le de l’héparine à bas poids moléculaire vant ses homologues, n’a semble-t-il pas ébranlé la dé- De son côté, l’Italie n’a pas entravé la poursuite du lègue allemande Edelgard Bul- passager s’est levé de son siège, soit dont l’injection unique est sans dan- légation italienne, qui disposait, il est vrai, de moyens programme Ariane-5, qui a été adopté, cependant avec mahn l’a aujourd’hui rejoint et après quelques pas jusqu’à la passe- ger. Les bas de contention sont tou- de pression enviables. Et notamment l’enjeu de sa par- un niveau de financement inférieur de 10 % à celui pré- regrette que son pays se soit en- relle. Seules deux passagères ont jours recommandés. ticipation à la montée en puissance du lanceur lourd vu par l’ESA. Edelgard Bulmahn, ministre allemande gagé à hauteur de 41 % dans cer- présenté un malaise au cours du vol. Les voyagistes s’occupant de desti- Ariane-5, dont les observateurs s’accordent à considé- de l’espace, s’est félicitée de cette baisse programmée tains programmes inamovibles. Deux malades sur trois n’avaient nations lointaines devraient prendre rer qu’il ne sera compétitif qu’à condition d’être ca- des coûts de développpement du lanceur lourd euro- Elle a d’ailleurs invité le directeur jamais eu de phlébite, d’embolie pul- conscience de ce risque et toujours pable d’emporter 8 à 9 tonnes en 2002, puis 11 à péen, qui constitue selon elle « un pas significatif vers général de l’ESA à rechercher monaire ni de maladie veineuse en prévenir leurs clients et leur don- 12 tonnes en orbite géostationnaire en 2006, contre 5,9 plus de compétitivité de l’industrie européenne ». La une certaine rentabilité du projet connue. ner quelques conseils préventifs. De actuellement. souscription obtenue est de 584 millions d’euros, au et à prendre en compte la La fréquence de ces accidents est même, dans les avions, après avoir lieu des 649 espérés. En outre, 54 millions d’euros moindre activité susceptible d’environ une embolie pulmonaire expliqué comment enfiler le gilet de PARTENAIRE OBLIGÉ (contre 70 escomptés) ont été attribués aux recherches d’avoir des retombées indus- pour 200 000 passagers sur les vols sauvetage, les hôtesses pourraient En raison des restrictions budgétaires allemandes, concernant l’après Ariane-5 (FLTP), en partie en raison trielles dans l’ISS. de plus de douze heures au cours recommander les contractions mus- l’Italie devient donc un partenaire obligé dans les di- du retrait allemand de ce programme. Les ministres ont alloué des quatre dernières années et culaires sur place et quelques pas vers programmes d’évolution d’Ariane-5, et dans les En revanche, la prolongation d’un an du programme 298,5 millions d’euros à l’exploi- frappe en majorité les femmes. Ce dans les couloirs..., mais cela sera activités qui s’y rattachent de près ou de loin : gestion de gestion et de financement du centre spatial guya- tation de la station sur la période chiffre ne prend en compte que les sans doute plus difficile. « Il est à et financement du centre spatial guyanais et recherche nais (87 millions d’euros couvrant l’année 2001) n’a pas 2000-2001, soit 45 millions d’euros embolies pulmonaires survenant noter que la DASS de la Réunion technologique sur les futurs lanceurs. été adoptée. Officiellement, parce que le règlement de de moins que prévu par l’ESA. lorsque le passager est encore dans demande aux compagnies aériennes L’affrontement était sans doute inévitable, notait un cette question n’était « pas urgent ». Mais peut-être L’argent étant rare, la recherche l’aéroport. se posant sur cette île d’informer les industriel, dans la mesure où aucun des protagonistes aussi parce que les Italiens ne montraient guère d’em- en microgravité a fait les frais de Elle peut se déclarer dans les passagers de ces mesures préven- « n’avait eu la sagesse de prévoir une porte de sortie ho- pressement à y participer. cette austérité et n’a reçu que semaines suivant le voyage et n’est tives », rapportent les auteurs. norable pour les uns et pour les autres ». « La Belgique a 48 millions d’euros, soit deux fois pas alors comptabilisée dans ces joué son rôle traditionnel de déminage », indiquait Ivan H. M. moins qu’escompté. accidents du voyage. « La fréquence Elisabeth Bursaux

CORRESPONDANCE

A LA TELEVISION Une lettre du docteur Xavier Anglaret ET A LA RADIO A la suite de notre article intitulé : traitement de référence dans la qués » dont nous parle Le Monde, point ? Sans doute, après avoir mentée. Hors de toute polémique, « Sida : fin de la controverse sur des situation où on se propose de don- s’étaient-il alors indignés, dès le affirmé avec conviction qu’il fallait va peut-être enfin pouvoir s’ouvrir Le Monde des idées essais thérapeutiques contestés » ner le médicament étudié) ? début des années 90 dans la presse, appliquer en Afrique les recomman- un autre débat éthique important, LCI (Le Monde daté 2-3 mai), nous avons «Non», ont répondu les investiga- de l’absence de prescription précoce dations faites depuis longtemps en sur le droit des « spécialistes » à Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 reçu du docteur Xavier Anglaret, coor- teurs ivoiriens, français, sénégalais, du cotrimoxazole aux personnes Europe, vont-ils maintenant fort émettre des jugements aussi bles- Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 donnateur de l’essai ANRS 059, réa- américains et anglais de ces essais infectées par le VIH en Afrique ? logiquement demander à ce qu’on sants que péremptoires sur des col- Le lundi à 9 h 10 et à 14 h 10 lisé à Abidjan, la mise au point sui- thérapeutiques. « Non », ont Sans doute vont-ils dénoncer sans applique en Europe les résultats de lègues qui tentent, depuis des a vante : répondu les deux comités scienti- complaisance la récente conférence ces essais réalisés en Afrique (ce qui années, modestement mais rigou- Le Grand Jury L’éthique... je respecte l’éthique, fiques de l’Agence nationale de de consensus organisée par la aboutirait à changer considérable- reusement et avec l’appui d’une très RTL-LCI tu ne respectes pas l’éthique, il ou recherche contre le sida (ANRS) qui Société ivoirienne de pathologie ment les recommandations de pré- large majorité « d’autres spécia- Le dimanche à 18 h 30 elle... etc. Le Monde a beaucoup de ont étudié le protocole de l’essai infectieuse, qui a attendu février vention des infections opportunistes listes », de trouver des solutions non a constance, qui suggère à ses lecteurs franco-ivoirien, le comité français 1999 pour recommander la prescrip- en France) ? médiatiques au fléau du VIH en pour la seconde fois en un an que consultatif de protection des per- tion de cotrimoxazole aux per- En attendant, on ne peut que Afrique. Le Grand Débat notre équipe aurait donné à des sonnes se prêtant à la recherche bio- sonnes infectées par le VIH, au vu répéter que la décision d’étudier une FRANCE-CULTURE malades un placebo là où un médi- médicale et le comité d’éthique ivoi- des résultats des deux essais menés intervention contre placebo passe Les 3e et 4e lundis de chaque mois cament efficace aurait dû être pres- rien qui ont donné un avis favorable en Côte d’Ivoire (et a conseillé aux toujours par la compréhension à 21 heures crit. La question posée est simple : à sa réalisation, ainsi que la revue autres pays africains d’en faire de scientifique du problème, un essai a était-il possible d’étudier l’efficacité scientifique The Lancet, qui vient même) ? Sans doute avaient-ils thérapeutique qui n’est pas conçu A la « une » du Monde du cotrimoxazole en Afrique pour d’en publier les résultats. «Non», auparavant courageusement sur des connaissances scientifiques RFI prévenir la survenue de complica- auraient répondu des spécialistes de dénoncé le fait que pas un seul des solides n’étant pas éthique. Voilà Du lundi au vendredi tions infectieuses précoces chez les toutes nationalités, respectés pour patients ayant participé aux études pourquoi, dans ce type de débat, il à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) adultes infectés par le VIH autre- leurs travaux sur la prévention des réalisées en Afrique et publiées à ce est conseillé d’examiner attentive- a ment qu’en utilisant un placebo ? infections opportunistes ou sur la jour ne recevaient de cotrimoxa- ment la liste des travaux publiés sur Autrement dit : y avait-il en Afrique prise en charge des personnes infec- zole ? Sans doute ont-ils cherché à le sujet par les spécialistes consultés, La « une » du Monde avant cette étude un traitement pro- tées par le VIH en Afrique, si joindre les responsables de ces et de faire s’exprimer le plus grand BFM phylactique efficace à proposer aux Le Monde leur avait posé la ques- essais pour essayer de comprendre nombre d’entre eux avant de parler Du lundi au vendredi personnes infectées par le VIH tion. «Oui», nous disent... « des pourquoi des équipes soignantes en de travaux « contestés ». Voilà pour- 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi n’ayant pas atteint le stade du sida spécialistes français » anonymes contact quotidien avec l’enfer vécu quoi aussi nous nous réjouissons 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 (un essai thérapeutique contre pla- (Le Monde n’en cite qu’un). Diable ! par les malades africains infectés par que Le Monde ait décrété «la fin cebo n’est justifié qu’en l’absence de Sans doute ces spécialistes «cho- le VIH pouvaient se fourvoyer à ce d’une controverse » après l’avoir ali- LeMonde Job: WMQ1405--0021-0 WAS LMQ1405-21 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:25 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0458 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 21 ------Doux, mais nuageux 14 MAI 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI, une zone faible- pluie une bonne partie de la vers 12h00 DU VOYAGEUR ment dépressionnaire se main- journée. Le thermomètre mar- tient de l’Europe à la France. Un quera de 17 à 19 degrés l’après- Peu front froid ondulant quasi sta- midi. Belfast nuageux a FRANCE. Parution du nouveau tionnaire est situé du Sud-Ouest Poitou-Charentes, Aquitaine, Liverpool guide Gîtes d’enfants 1999 (60 F en li- Dublin aux Alpes du Nord, donnant des Midi-Pyrénées. – Sur Poitou- Varsovie Kiev brairie ou au 01-49-70-75-75) qui ré- pluies faibles à modérées sur ces Charentes, les nuages et les pertorie les formules d’accueil des en- Amsterdam Berlin Brèves régions. belles éclaircies alterneront. Ail- éclaircies fants de quatre à seize ans, pendant leurs, les nuages seront abon- Londres les vacances scolaires, dans soixante- Bretagne, pays de Loire, 50 o Bruxelles Basse-Normandie. – Les nuages dants, avec des pluies faibles en Prague treize départements français. On y et les belles éclaircies alterneront général. Il fera de 19 à 23 degrés Couvert trouve des « mini-gîtes », recevant toute la journée. Les tempéra- du Nord au Sud l’après-midi. Paris Strasbourg Vienne deux à cinq moins de dix ans, lesquels tures maximales atteindront de Limousin, Auvergne, Rhône- Brume sont conviés à une découverte de la 16 à 17 degrés. Le ciel restera très nua- Nantes vie à la ferme, les « juniors-gîtes » Alpes. – Berne brouillard Nord-Picardie, Ile-de-France, geux ou couvert, avec de la pluie Bucarest (six-treize ans) proposant équitation, une bonne partie de la journée, Lyon natation, balades en kayak, du Centre, Haute-Normandie, Ar- Milan Belgrade dennes. – Les nuages et les plus marquée sur le relief. Des Sofia Averses théâtre ou de la danse, et les « clubs- courtes éclaircies alterneront orages locaux sont possibles sur Toulouse jeunes » s’adressant aux plus âgés. toute la journée, avec localement les Alpes du Nord. Les tempéra- a AVION. Afin d’augmenter la fré- quelques ondées près des Ar- tures maximales avoisineront 18 Rome Pluie quentation de sa classe affaires pen- dennes. Il fera de 17 à 19 degrés à 23 degrés. Barcelone dant l’été, la compagnie British Air- o Madrid l’après-midi. Languedoc-Roussillon, Pro- 40 ways a décidé d’offrir aux personnes Champagne, Lorraine, Alsace, vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Lisbonne Athènes Orages réservant, avant le mois de juillet, un Bourgogne, Franche-Comté. – – Malgré les passages de nuages siège en Club World, en première Le ciel restera le plus souvent élevés, le temps sera agréable, Séville classe ou en Concorde, un billet gra- très nuageux, avec quelques avec un soleil prédominant. Les Tunis Neige tuit pour un accompagnant lors d’un averses près des frontières. Sur le nuages deviendront plus nom- Alger prochain vol avec la compagnie, jus- sud de la Franche-Comté le breux en fin de journée. Il fera qu’au 30 octobre et sur toutes les temps sera couvert, avec de la de 22 à 25 degrés l’après-midi. Rabat 0o 10o 20o Vent fort classes.

PRÉVISIONS POUR LE 14 MAI 1999 PAPEETE 24/30 C KIEV 6/13 C VENISE 17/21 P LE CAIRE 21/31 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/31 N LISBONNE 14/22 N VIENNE 14/18 C MARRAKECH 18/37 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 22/27 C LIVERPOOL 9/16 N AMÉRIQUES NAIROBI 16/22 C EUROPE LONDRES 9/16 C BRASILIA 15/27 S PRETORIA 11/24 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 7/13 P LUXEMBOURG 8/16 N BUENOS AIR. 7/18 S RABAT 14/24 C FRANCE métropole NANCY 7/17 N ATHENES 19/27 S MADRID 14/27 S CARACAS 24/30 P TUNIS 21/32 N AJACCIO 14/26 S NANTES 7/18 N BARCELONE 15/23 C MILAN 17/24 N CHICAGO 10/18 N ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 12/18 P NICE 16/22 S BELFAST 7/14 N MOSCOU 2/8 N LIMA 16/22 S BANGKOK 25/31 C BORDEAUX 13/20 N PARIS 10/18 N BELGRADE 14/24 C MUNICH 10/15 P LOS ANGELES 12/18 S BOMBAY 26/33 N BOURGES 9/18 N PAU 12/19 P BERLIN 8/15 P NAPLES 16/26 N MEXICO 13/25 S DJAKARTA 25/30 C BREST 9/16 N PERPIGNAN 15/24 S BERNE 12/16 P OSLO -2/9 C MONTREAL 6/20 S DUBAI 28/38 S CAEN 10/17 N RENNES 8/19 N BRUXELLES 8/15 N PALMA DE M. 14/24 C NEW YORK 11/18 S HANOI 24/29 P CHERBOURG 9/17 N ST-ETIENNE 12/18 P BUCAREST 8/25 N PRAGUE 9/15 C SAN FRANCIS. 7/13 S HONGKONG 22/24 C CLERMONT-F. 11/19 P STRASBOURG 9/18 N BUDAPEST 13/17 P ROME 13/23 N SANTIAGO/CHI 8/23 S JERUSALEM 17/28 S DIJON 11/18 N TOULOUSE 15/22 N COPENHAGUE 6/11 P SEVILLE 16/31 S TORONTO 9/17 S NEW DEHLI 26/33 S GRENOBLE 12/22 P TOURS 6/19 N DUBLIN 8/14 N SOFIA 11/23 C WASHINGTON 10/22 C PEKIN 14/24 S LILLE 8/17 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 10/17 N ST-PETERSB. 1/8 N AFRIQUE SEOUL 13/22 N LIMOGES 13/19 P CAYENNE 24/29 P GENEVE 15/20 P STOCKHOLM 1/8 C ALGER 18/28 N SINGAPOUR 26/31 N LYON 12/20 P FORT-DE-FR. 23/31 N HELSINKI 0/9 S TENERIFE 12/21 C DAKAR 20/24 S SYDNEY 12/19 C MARSEILLE 15/24 S NOUMEA 23/27 C ISTANBUL 13/24 S VARSOVIE 9/15 C 22/29 P TOKYO 18/23 C Situation le 13 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 15 mai à 0 heure TU VENTES La poterie d’étain en Bourgogne s’expose à Dijon Cette présentation permet notamment de reconnaître les divers poinçons qui garantissent la qualité des pièces réalisées dans cet alliage

À DIJON, le 27e Salon des anti- commun, le poinçon de jauge qui à cause de la refonte : quand les Très rare et caractéristique de la champs ou dans les vignes garni liste Thierry Lhuilier présente un pot quaires, qui a lieu du jeudi 13 au lun- garantit la contenance des récipients étains avaient fini par s’user, ou que famille des étains : la cimarre, un ré- d’un repas. à beurre au poinçon de Dijon de di 24 mai, rend hommage à la pote- servant de mesure, et le poinçon de les formes étaient passées de mode, cipient pansu à long col et à cou- Ces modèles se retrouveront chez 1742 (12 000 F, 1 832 ¤). rie d’étain en Bourgogne du XVIIe au maître qui donne le nom symbo- le potier reprenait les pièces an- vercle, garni d’anses, sert à verser le certains antiquaires du Salon. Les Parallèlement, une autre exposi- XIXe siècle avec une exposition qui lique du potier. En principe, toutes ciennes pour en récupérer le métal. vin que l’on offre aux convives. Ega- étains poinçonnés se négocient à tion sera consacrée au thème de la comprend près de 200 pièces prove- les pièces devaient être poin- L’exposition met l’accent sur les lement rare, le pot à beurre res- partir de 4 000 F (609 ¤) pour un pi- chasse pendant toute la durée du nant de collections publiques et pri- çonnées, mais de nombreux étains pièces bourguignonnes bien typées, semble au sucrier d’aujourd’hui en chet ou un porte-dîner, 15 000 F Salon. vées. Inaltérable d’aspect et de tou- anciens ne le sont pas, ce qui consti- comme la mesure à vin. Il s’agit d’un beaucoup plus grand, avec un cou- (2 290 ¤) pour une aiguière, 10 000 F cher agréable, l’étain s’est imposé en tue aujourd’hui un facteur de pichet, couvert ou non, de forme ba- vercle mobile et deux anses. Très (1 527 ¤) pour une écuelle à oreilles Catherine Bedel Europe à partir du Moyen Age. Mé- moins-value. lustre ou à épaulement, dont les dé- présent dans toutes les campagnes, couverte, de 3 000 à 5 000 F (458 ¤ à langé à du plomb, il forme un alliage Bien que cette technique ait été cors les plus courants sont des le chaudron, ou « porte-dîner », ap- 763 ¤) pour les étains médicaux tels ૽ Salon des antiquaires de Dijon, facile à travailler, qui se moule et ne utilisée depuis le Moyen Age, les glands de chêne ou des palmettes ; pelé aussi quadrain, est un récipient que canards, palettes à saignée, bi- Parc des expositions, du jeudi 13 nécessite pas de reprise à la main. pièces antérieures au XVIIIe siècle se ils sont accompagnés de sous-multi- dont le couvercle sert d’assiette et berons, etc. au lundi 24 mai de 11 heures à L’inconvénient du mélange au révèlent fort rares, tout simplement ples par moitié. que les paysans emportaient aux Parmi les pièces rares, le spécia- 20 heures, nocturne le jeudi 13 jus- plomb est que cet ajout peut rendre qu’à 22 heures, 90 exposants l’étain toxique, d’où l’obligation (55 antiquaires, 34 brocanteurs), d’un poinçonnage qui garantit le Calendrier de 10 heures à 19 h 30, jeudi 13 au dimanche 16 mai, de samedi 15 et dimanche 16 mai, de entrée 45 F (6,87 ¤). bon aloi du métal, c’est-à-dire sa te- 50 exposants, entrée 25 F (3,81 ¤). 8 heures à 19 heures, 10 heures à 19 heures, neur en plomb. Celui-ci ne doit pas ANTIQUITÉS b Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), 50 exposants, entrée libre. 20 exposants, entrée 10 F (1,52 ¤). a Brocante à la Bastille : la dépasser 10 % pour l’« étain fin », b Dijon (Côte-d’Or), Salon antiquités-brocante, parc b Meung-sur-Loire (Loiret), 34e édition de ce Salon parisien, créé destiné à la vaisselle, et 20 % pour antiquités-brocante, parc expo, expo salle Duguay-Trouin, du Salon des antiquaires, dans le COLLECTIONS en 1969, réunit cette année 70 anti- l’alliage commun, dont les potiers se jusqu’au lundi 24 mai, de jeudi 13 au dimanche 16 mai, de château, samedi 15 et dimanche b Dinard (Ille-et-Vilaine), Salon quaires et 280 brocanteurs. Ces der- servent pour les ustensiles médi- 11 heures à 20 heures, 10 heures à 19 heures, 16 mai, de 9 h 30 à 19 heures, du bateau, parc Port-Breton, du niers sont répartis de chaque côté caux, objets religieux, bougeoirs et 90 exposants, entrée 45 F (6,87 ¤). 60 exposants, entrée 25 F (3,81 ¤). 30 exposants, entrée 15 F (2,29 ¤). jeudi 13 au dimanche 16 mai, de du port de plaisance du bassin de toutes pièces sans contact avec les b Périgueux (Dordogne), Salon b Bonneville (Savoie), b Gourdon (Lot), Salon des 10 heures à 19 heures, l’Arsenal, le long des boulevards aliments. des antiquaires, parc expo, du antiquités-brocante, place du antiquaires, ensemble des 80 exposants, entrée 10 F (1,52 ¤). Bourdon et de la Bastille. Les mar- En 1691, Louis XIV promulgue un jeudi 13 au dimanche 16 mai, de Fourail, du jeudi 13 au dimanche Cordeliers, samedi 15 et dimanche b Commercy (Meuse), Salon chands ont choisi cette année édit qui impose un poinçonnage 10 heures à 19 heures, 16 mai, de 9 h 30 à 20 heures, 16 mai, de 10 heures à 19 heures, cartes postales et vieux papiers, comme thème dominant le réalisme précis et permet aujourd’hui d’iden- 50 exposants, entrée 25 F (3,81 ¤). 150 exposants, entrée 30 F (4,58 ¤). 35 exposants, entrée 20 F (3,05 ¤). manège Marguerite, avenue et l’humour. Juqu’au 24 mai de tifier cette production : le F ou b Saint-Emilion (Gironde), Salon b L’Isle-sur-la-Sorgue b Vallan (Yonne), Stanislas, jeudi 13 mai, de 9 heures 11 heures à 19 heures, nocturne le double F couronné, pour l’étain fin, des antiquaires, espace Guadet, (Vaucluse), brocante et livres, antiquités-brocante, salle à 18 heures, 30 exposants, entrée 14 mai jusqu’à 22 heures, entrée 40 F le C ou double C pour l’étain du jeudi 13 au dimanche 16 mai, avenue des Quatre-Otages, du polyvalente La Fontaine, 15 F (2,29 ¤). (6,10 ¤).

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99113 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 117 En collaboration avec

5. De manière raisonnée. – 6. Grâce à lui les filles peuvent aller au lycée. Un jardin à Giverny En trop. Franchis le pas. – 7. Per- cées. De bric et de broc. – 8. Ne fait AU PRINTEMPS 1883, Claude pas un gros bagage. Vient de rire. – Monet s’installe avec Blanche Hos- 9. Lança sur les ondes. Expression chédé et les enfants à Giverny, de dépit. – 10. Rejeté en bloc. dans le département de l’Eure. Sé- Donne de la souplesse. – duit par le pays, par le jardin, il 11. Regarde de près tout ce qui est achète la maison, fait creuser ce qui tordu. deviendra le bassin aux nymphéas. Claude Monet Le jardin d’eau prend forme petit à (1840-1926) : Philippe Dupuis petit et devient, à partir de 1897 et « Les pour près de trente ans, le principal Agapanthes » SOLUTION DU No 99112 motif d’inspiration du peintre. (1914-1917) ; « La lumière était belle sur les huile sur HORIZONTALEMENT fleurs. Qu’est-ce que c’était, ces toile ; I. Opticiennes. – II. Brocardée. – fleurs ? On dit qu’il n’y a pas de 200 × 150 cm ; III. Lare. Auteur. – IV. Ite. INC. Sc. – vraies fleurs bleues. Pourtant... Qui Paris, Musée V. Giens. Agréa. – VI. Acrobatie. sait s’il les voyait bleues, le grand Marmottan. – VII. Ta. Navigant. – VIII. Ibis. EO. vieillard, là-dedans. » Au Musée de Raï. – IX. Olier. Nem. – X. Ne. Nil. Ces quelques lignes, qui l’Orangerie, à Samu. – XI. Assiettée. évoquent Monet et son jardin, sont Paris, pour dues à un écrivain qui a lui-même l’exposition VERTICALEMENT vécu à Giverny. Il s’agit de : « Le cycle des 1. Obligations. – 2. Praticable. b Louis Aragon ? nymphéas » HORIZONTALEMENT Quatre points. Saint normand. – – 3. Toréer. II. – 4. Ice. Non-sens. b Maurice Barrès ? jusqu’au IX. Indiquent les changements dans – 5. Ça. Isba. Ris. – 6. Iran. Ave. Li. b Léon Bloy ? 2 août. I. Propos de basse-cour. le texte. Un autre type. – X. Pour – 7. Education. – 8. Net. GIG. Est. – II. Tous ceux qui suivent. Prend une bonne prise. A des difficultés à – 9. Née. Réarmât. – 10. Use. Na. Réponse dans Le Monde du de l’importance quand elle est suivre. – XI. Repartie pour un tour. Me. – 11. Sarcastique. 21 mai petite. – III. Propos positif. Bien que comestibles, ses fruits ne VERTICALEMENT

valent pas grand-chose. 1999 Paris ADAGP, – IV. Boîtes à secrets. Coule en 1. Se faire entendre à la basse- Roumanie. – V. Spécialiste des cour. – 2. Fait l’union et renforce. opérations sur le terrain. A moitié Forme un ensemble. – 3. Homme Solution du jeu no 116 paru dans Le Monde du 7 mai plat. – VI. Fait des croûtes en sur- de méthode. Changeas de direc- face. – VII. Travaillé. Conjonction. tion. – 4. Au départ d’une grande Le dessin au pastel est réalisé à l’aide de bâtons de couleurs, générale- Personnel. – VIII. Sans fantaisie. série. Prince arabe. Vient d’avoir. – ment sur un papier dont le grain accroche la matière. LeMonde Job: WMQ1405--0022-0 WAS LMQ1405-22 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0459 Lcp: 700 CMYK

22 I CULTURE LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 INSTANTANÉ CROISETTE CANNES 99 Un nouveau générique : c’est la surprise réservée par Gilles Jacob aux Premier soir Monsieur l’horloger général habitués du Festival pour cette 52e édition. Chaque À MA DROITE, Cannes, son pa- tout le respect que l’on doit à ses PDG de Canal+. Sa conception LES BATEAUX sont à Cannes l’objet de toutes les convoitises. Connaître projection officielle était lais, ses marches tendues d’un ouvrages, David Cronenberg n’a d’une concurrence qui doit se déve- un capitaine ou n’être pas. Pourtant, quelqu’un ici déteste jusqu’à l’idée de ouverte par un prégénérique éternel drap rouge, ses gardes ré- pas l’heur d’avoir le charisme de lopper “sans porter atteinte aux in- jamais naviguer entre ponton du Majestic et ponton du Carlton. Son nom ? « maison » : montée des publicains, son cortège de petites plusieurs de ses prédécesseurs, de térêts légitimes des acteurs” est la François Erlenbach, le personnage le plus recherché et le moins reconnu du marches des fonds gloires et de stars immenses, bien Martin Scorsese pour ne citer que mienne. Son souci de construire la festival dont il est, depuis le 1er janvier 1991, le secrétaire général. Par deux méditerranéens au firmament décidées à prendre d’assaut, sous le dernier. séquence d’exploitation en fonction fois, cet homme de cinquante-trois ans a voulu prendre étoilé où rayonne une Palme les caméras et les flashes de di- Deux acteurs ont donné à la cé- du risque et de défendre la diversité la mer et les festivaliers avec lui. Il y a quatre ans, le d’or, au son du Carnaval des zaines de photographes en tenue rémonie un peu d’intensité : Jere- du cinéma sont deux des éléments commandant du bateau qu’il avait affrété pour le dîner animaux de Saint-Saëns. de soirée, une légende : le plus my Irons et Faye Dunaway. Le fondamentaux qui font la novation de gala était ivre mort et n’a jamais pu rejoindre le pon- C’était métaphorique en prestigieux des festivals de ciné- premier a salué dans un sourire de notre accord avec le Bureau de ton du Carlton... En 1998, Monsieur le secrétaire général diable avec une touche de ma. A ma gauche, Cannes, ses mil- celui qui a fait de lui M. Butterfly. liaison des organisations cinémato- avait imaginé les fêtes qui devaient se tenir sur le France ; culture et une once liers de professionnels rassemblés elles ont dû être annulées à quelques heures de la soirée d’auto-ironie, bref parfait... dans les grands hôtels pour ache- LA PHRASE DU JOUR de gala... Il s’en tient donc désormais à son royaume ter- mais, à la longue, lassant. La ter, vendre, échanger des bobines restre qui commence où s’arrête celui du directeur artis- bande- son n’a pas changé, de films et, pour ce qui est des FRANÇOIS tique, Gilles Jacob. François Erlenbach règne sur un bud- le visuel si. Plus de sortie des producteurs et distributeurs fran- « Les films d’amour incitent à l’amour. ERLENBACH get de 40 millions de francs cette année, quelque huit flots, George Lucas a çais, ouvrir grand leurs oreilles sur cent cinquante salariés d’ici à la fin du festival et n’a pour tout credo qu’un remplacé Aphrodite comme l’avenir du financement des films Ils permettent, une fois les lumières éteintes, mot : disponibilité. « Je dois être accessible à tout moment et capable de ré- source d’inspiration : une par les télévisions. gler le moindre détail en temps réel », dit-il de sa voix d’administrateur terri- étoile-diamant qui escalade Côté strass, le cinquante- d’embrasser dans le noir celui ou celle torial hors classe qui connaît Cannes comme sa poche – il a été secrétaire les fameux degrés, semant deuxième Festival international du général de la commune pendant sept ans et président du palais pendant derrière elle une poussière film de Cannes a connu des débuts qu’on aimait sans oser déclarer son amour » deux ans. Le moindre détail n’est pas celui de la sécurité, surtout quand brillante. Pas sûr que ce soit tout juste encourageants. La céré- Faye Dunaway, actrice une bombe est, comme aujourd’hui, désamorcée au centre-ville le matin mieux, mais ça change. Autre monie d’ouverture s’est déroulée de la cérémonie d’ouverture... Quatre cents gendarmes, plusieurs centaines générique : ne croyez pas que sans émotions. Il a d’abord fallu de policiers, quatre cent trente agents de sécurité à l’intérieur du palais Nikita Mikhalkov a fait sacrifier au rite des hommages à Son « Bonsoir, maître ! » de grande graphiques (Bloc) et je militerai sont la petite troupe qu’il peut à tout moment solliciter pour défendre son l’ouverture du Festival ; mais, nos chers disparus : Stanley Ku- simplicité avait de l’allure. La se- pour qu’ils fédèrent l’ensemble de enseigne. subrepticement, Youssef brick en premier lieu, dont les fes- conde, de cette beauté qu’offre la profession. » François Erlenbach doit aussi veiller à la répartition harmonieuse des cinq Chahine. Car Le Barbier de tivaliers déplorent unanimement une maturité parfaitement Même bonne volonté du côté cent mille billets mis cette année à la disposition des professionnels, s’in- Sibérie est distribué par la la disparition et le fait qu’ils ne conquise, a parlé d’amour. du Bureau de liaison des indus- quiéter de l’hébergement des mille personnes reçues par le festival – société Pyramide, dont le verront pas sur l’écran du Grand Au-delà du miroir de l’ouver- tries cinématographiques, qui a si- équipes en compétition, officiels, journalistes et professionnels des pays logo d’ouverture est un plan Théâtre Lumière l’ultime opus, ture solennelle, les ténors de gné en mars un accord avec TPS : privés des ressources nécessaires à un séjour cannois... – et, accessoire- tourné par l’auteur de Eyes Wide Shut ; Dirk Bogarde en- l’écran réagissaient aux propos de « Le Blic approuve entièrement la ment, asseoir au dîner officiel d’ouverture les collaborateurs de Catherine L’Autre (film qui fait, lui, fin, dont la trop sobre animatrice Catherine Trautmann, ministre du volonté de la ministre d’arriver à un Trautmann, même s’ils se sont annoncés tardivement... Et tant pis si le bad- l’ouverture d’ Un certain de la soirée, l’actrice britannique cinéma, dans Le Monde du 13 mai. accord permettant une régulation ge jaune collé par Pierre Lescure sur son pare-brise ne lui a pas permis de regard). On reverra en Kristin Scott-Thomas, a rappelé Elle les invitait à se réunir chez des chaînes cinéma à péage. » Les franchir les contrôles de police ! clôture de la sélection « l’audace, la pudeur, l’humour et elle, une fois proclamé le palmarès couteaux sont, peut-être, remisés. François Erlenbach peut aller revêtir son smoking et accueillir comme ils le officielle, avec un autre film : l’élégance ». Quelle acuité ! 1999, afin de discuter du finance- Le Festival de Cannes et le débat méritent ses partenaires exigeants, dirigeants de Renault à leur tête, qui as- Chéops, Chéphren et Le parterre n’a pas eu la force ment des films par les télévisions. professionnel sont ouverts. surent pour moitié le train de vie du Festival international du film. Mykerinos filmés par le cher de se lever pour une quelconque « Je répondrai évidemment à son Jo. Un triomphe pharaonique. ovation. Il faut bien dire que, avec invitation, a déclaré Pierre Lescure, O. S. Olivier Schmitt L’œuvre au noir de Leos Carax Pola X. Très attendu huit ans après « Les Amants du Pont-Neuf », le film, malgré quelques faiblesses, confirme la puissance créatrice de son auteur de cette spirale descendante, et la re- entrepôt pour SDF, mi-chapelle COMPÉTITION OFFICIELLE. Film lançant sans cesse, se trouve ce d’une secte tambourinaire et brutale français de Leos Carax. Avec curieux personnage, Pierre-Isabelle, du troisième volet, composent une Guillaume Depardieu, Katerina qu’on a vu naître et qui, lui, veut série d’à-plats aux tonalités insis- Golubeva, Catherine Deneuve, s’élever. tantes. Elles tendent à figer les per- Delphine Chuillot, Petruta Cata- Au milieu de l’épisode lumineux, sonnages au rang de créatures trop na, Laurent Lucas, Patachou. Isabelle a surgi de la nuit. Mysté- dépendantes de leur créateur. Le (2 h 14.) rieuse, difficile à comprendre, elle sens de leurs actes et l’émotion de s’est déclarée sœur inconnue de leur présence pâtissent de cette styli- Qu’il est beau, Guillaume... C’est Pierre, venue du froid, du passé, de sation affichée. la première impression, la première l’Est, qu’importe. Au cours d’une sé- A ce danger, Leos Carax répond évidence qui arrive du film, au dé- quence hallucinée, dans une obscuri- par une débauche de propositions but. Etrange début, dans un décor té presque complète, Isabelle parle, formelles, d’inventions – portant sur idyllique. Tout est joli, solaire, riche parle, parle, le cinéma est à l’extrême le récit, le cadre, la lumière, le son... – et élégant : la demeure à la cam- limite de ses possibilités, tandis tout à fait passionnantes. Il n’y a pagne, la fiancée de Guillaume (Del- qu’on se demande ce que c’est que guère de virtuosité dans ce film phine Chuillot), la mère de Guil- cet œuvre au noir, cette danse de pourtant, pratiquement rien qui rap- laume (évidemment, c’est Catherine l’ombre et des mots, cette fille belle pelle les morceaux de bravoure des Deneuve), la vie de Guillaume et son comme une morte, une Ophélie. premiers films. La créativité du ci- avenir de jeune écrivain à succès, de néaste est d’autant plus impression- jeune époux, de jeune châtelain. L’ÉLÉVATION, LA CHUTE nante. Sans doute Pola X, film trop D’où une double énigme. Que signi- Est-elle la vérité, ou la folie, ou attendu, chargé de trop de passé et fie toute cette joliesse ? Que signifie juste une emmerdeuse de ren- de trop de passif, est un film inégal, cette beauté du Depardieu fils, qui contre ? Est-elle vraiment sa sœur ? imparfait. Mais combien de ci- n’a rien de commun avec le reste ? Elle sera le double et la moitié de néastes aujourd’hui se lancent ainsi Le film et son ambivalence Pierre, ce par quoi, ensemble, ils à corps perdu dans la matière même tiennent dans la réponse à ces deux vont accomplir la mystique commu- du cinéma, plongent dans les images questions. A l’atmosphère paradi- nauté des amants – chaste, long- et les sons chercher des perles nou- siaque du début va s’opposer la noir- temps, et alors ? Pierre et Isabelle ne velles, certaines d’une exceptionnelle

ceur totale du monde dans lequel font qu’un. Et, malgré l’amour qui fi- D.R. beauté ? plonge Pierre (le personnage joué nira par les rapprocher aussi par la Guillaume Depardieu et Delphine Chuillot dans « Pola X ». Peut-être le gouffre entre l’abs- par Guillaume D., le Pierre de Pierre bouche et le ventre, par l’union des traction lyrique du roman et ce qu’il et les Ambiguïtés, roman malheureux sexes octroyés l’un à l’autre en un dont il n’a pas la stature, dont il autres (« communiquer », disent- union surhumaine devait s’ac- y a d’inévitablement figuratif dans et hyper-romantique de Herman cérémonial doux et muet qui, dans ignore les postures. De l’union avec ils) ? Pola X ne répond pas, ne juge complir dans un cloaque ? Personne, un film était-il trop grand, ou Carax Melville dont s’inspire le film), dès la même obscurité, répond au défi Isabelle est né le projet d’un livre pas. Le film veut seulement être le sinon Leos Carax, qui construit tout n’a-t-il pas trouvé tous les ponts au- qu’il aura choisi de quitter cet uni- verbal et vertigineux de leur pre- que Pierre écrit sans cesse, de dos. récit de ce double mouvement, la son film sur des oppositions dessus de cet abîme. Sans aucun vers de rêve cossu pour accompa- mière rencontre, ce « un » tombe. Ceux qui le lisent disent que c’est chute réelle, physique, sociale, men- franches, le jour et la nuit, le bien et doute, il lui manque de la distance gner Isabelle. Le film bascule dans le Il tombe, quand bien même Pierre nul, peut-être que Pierre aussi est tale et sentimentale d’un person- le mal, le haut et le bas. Ces réfé- – l’humour qui, en le gauchissant un noir – dans la pénombre, mais sur- croit au contraire que cette fusion, nul. C’est quoi ce cirque décadent, nage tout entier tendu vers l’éléva- rences binaires ont par le passé, sur- peu, aurait rendu plus accessible son tout dans la misère, la méchanceté, cet accomplissement est voué à l’éle- quelle coquetterie se niche dans tion. Ce n’est pas une tragédie, c’est tout au temps de l’expressionnisme univers construit comme une équa- la douleur et la solitude. Au centre ver vers une grandeur, une sainteté cette impuissance à partager avec les un mélodrame. Qui a dit que cette allemand auquel on songe souvent, tion du bien et du mal. Il reste cette engendré des œuvres magnifiques, puissance créative, partagée avec et dont les partis pris esthétiques pa- bien peu de cinéastes actuels. Et il raissaient entièrement judicieux. reste, qui soulève comme un souffle Les vertiges d’un cinéaste funambule ce qui pourrait n’être qu’exercice de PARTIS PRIS DISCUTABLES puissance d’un jeune démiurge, la SA FICHE signalétique est étonnamment elle ne cesse d’inscrire les origines du cinéma la suite de quelques prestigieux aînés, comme Pola X est un film magnifique, générosité avec laquelle il donne maigre, à l’image d’un cinéaste qui n’appa- (l’art forain, le burlesque, le polar) à l’horizon le dernier rameau en date d’une généalogie dont les partis pris restent sans cesse existence à ses interprètes sur son raît que rarement, se confie encore moins (Le de sa modernité (leur présence hallucinée), cinématographique qui le rattacherait à Jean discutables, incertains. C’est son au- écran. Monde du 13 mai), et dont la filmographie se dans un étirement du corps cinématogra- Vigo. Lourd héritage, en vérité, pour un jeune dace, et sa faiblesse. La vision du Etonnante Golubeva, venue de limite à peu de titres. Leos Carax, alias Alex phique qui défie dangereusement les lois de la homme plus solitaire que les aînés en ques- monde qui l’inspire semble souvent chez Bartas, magnifique chez Claire Dupont, est né en 1960. physique. tion. Il va insensiblement transformer l’œuvre d’une simplicité réductrice. A cela, Denis, sidérante ici. Elle est le réel et Metteur en scène français L’exercice a pris, voilà deux ans, la forme du cinéaste en une dette impossible à payer. Carax et son film ne répondent pas, l’imaginaire aux cheveux emmêlés, la entré dans la carrière avec d’une lettre filmée adressée au Festival de L’invraisemblable épopée financière des ou pas directement. Ils jouent le jeu Madone des exilés et des exclus, la deux courts métrages, Ca- Cannes, qui, tout en réaffirmant la présence Amants du Pont-Neuf se chargera de faire en- de la marche à la catastrophe, jus- sainte de la part maudite. Et De- rax n’a réalisé depuis lors du cinéaste après une longue éclipse, annon- tendre l’expression au sens littéral du terme. qu’à la crise finale, à la fois minable neuve, deux fois, une fois comme que quatre longs mé- çait par son montage fulgurant (une Histoire Un simple accident de Denis Lavant au début et funeste. Carax, Pola X, Pierre ne une reine, une fois comme une guer- trages : Boy Meets Girl (s) du cinéma en concentré) qu’il n’avait rien du film a entraîné, en fait d’acrobatie, une sont pas du genre qui mollissent en rière vaincue. Et la très belle figure (1984), Mauvais Sang (1986), Les Amants du abdiqué de ses ambitions. cascade de déboires, de démissions et de chemin, quel que soit le chemin. maléfique campée avec presque rien Pont-Neuf (1991), Pola X (1999). Il n’en existe haines qui le transforment au final en une Cette obstination a du panache, et par Laurent Lucas, l’autre double, lu- pas moins un mystère Carax, pour partie lié à LOURDE GÉNÉALOGIE coûteuse et incertaine passerelle jetée à l’ar- des limites. ciférien, de Pierre. sa position singulière dans le cinéma français Car Carax, contrairement à ceux qui lui ont raché au-dessus d’une réalité devenue Le terrible et surprenant cauche- Mais surtout incroyable Depardieu contemporain. succédé en revendiquant pour la plupart une gouffre. mar sur lequel s’ouvre le film – dé- – Guillaume –, hanté d’on ne sait Apparu entre une génération sacrifiée sur veine réaliste inspirée de Pialat ou une science Carax-Lavant y ressemble alors plus que ja- luge de bombes sur un cimetière, re- quoi et qui hante le film en retour. Et l’autel de la nouvelle vague (celle du trio Eus- de la construction dramatique à l’école d’Alain mais à l’albatros baudelairien, exilé sur le sol doublement fantastique de la mort Carax saisit cela et voilà la beauté. A tache-Pialat-Garrel dans les années 70) et la Resnais, est de fait le seul cinéaste français de au milieu des huées, avec ses ailes de géant montré avec l’apparent réalisme des ce moment-là, qui n’est pas un ins- pléthorique nouvelle génération (celle des Poi- sa génération à avoir explicitement revendi- qui l’empêchent de marcher. De cette aspira- images d’actualités – a beau avoir tant du film mais un de ses niveaux, rier-Desplechin-Beauvois) des années 90, son qué tout l’héritage du cinéma, plus particuliè- tion mystique à l’absolu de l’art ainsi que de la installé d’emblée le caractère un de ses modes d’existence, un mys- œuvre, nocturne et ambitieuse, offre le visage rement celui de la nouvelle vague, et plus pré- marche funambulique de Leos Carax – désor- construit de ce qu’on verra, toutes tère s’accomplit, qu’il convient de sa- d’une solitude hautainement et douloureuse- cisément encore celui, romantique, exacerbé mais doté d’un nouvel alter ego, Guillaume les conventions ne s’avalent pas si luer comme il le mérite. ment tournée vers le passé du cinéma pour et démiurgique, de Jean-Luc Godard. Depardieu – dans l’univers du cinéma, Pola X facilement. L’amabilité de la pre- mieux en renouveler la magie poétique. Avec Il n’est certes pas le seul à avoir rêvé de prolonge la chronique. mière partie, la déprime du quartier Jean-Michel Frodon pour alter ego un homme-enfant, adolescent cette filiation. Intronisé dans Les Ministères de misérable de Paris puis l’abstraction vieillard au corps d’acrobate (Denis Lavant), l’art (1987) par Philippe Garrel, il y apparaît, à Jacques Mandelbaum glauque de l’espèce de squatt, mi- ૽ Sortie le 13 mai. LeMonde Job: WMQ1405--0023-0 WAS LMQ1405-23 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0460 Lcp: 700 CMYK

CULTURE-CANNES 99 LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 23

LA PHOTOGRAPHIE DE DEREK HUDSON Mercredi soir Le président David Cronenberg menace l’acteur Jeff Goldblum, le plus grand du jury, de sévères représailles au cas où il aurait la détestable intention de se placer devant lui à la cérémonie d’ouverture du 52e Festival de Cannes. Romain Goupil : « le film d’une génération qui pensait tout renverser » « La Quinzaine des réalisa- teurs présente en ouverture, le 13 mai, votre cinquième long- métrage, A mort la mort. Vous en êtes également l’interprète prin- cipal. D’où est né ce film ? – De l’accu- mulation des catastrophes. On peut se réfugier dans le désespoir, mais ce n’est pas ainsi que je fonc- tionne. Je fais du cinéma. Un jour, à Sarajevo, dans les pires moments du siège, je me suis mis à filmer des moineaux dans un arbuste. Je m’intéresse à ce qui En Russie, la compétition se joue à la tête du Goskino résiste. Autour de ce principe a germé l’idée d’un film qui pren- drait tout à contre-pied. Il y a eu un enchaînement de drames, sur- L’auteur du « Barbier de Sibérie » semblait triompher dans les luttes au sein du comité d’Etat à la cinématographie. tout en septembre 1996. Je ne fai- sais alors plus que passer d’un Mais il vient de perdre l’élection à la présidence de cet organisme cimetière à un autre. On y retrou- vait tellement de copains que par LE 22 FÉVRIER 1999 fut une date moyens financiers de produire de kov se dotait d’une base politique et début de la cérémonie, Mikhalkov une corporation au bord de l’implo- moment on frôlait le fou rire. Le noire dans la vie de Nikita Mikhal- nouveau plus de cent films par an de moyens matériels susceptibles de fit une entrée très remarquée, refusa sion afin d’avoir un poids suffisant film est né en réaction à cette série kov, dont Le Barbier de Sibérie a été avant 2005. Mais, en janvier 1999, servir le but que certains lui prêtent, de s’asseoir et déclara qu’il se ran- pour influer sur les décisions gou- de décès d’amis. présenté jeudi 13 mai en ouverture aucun décret d’application n’avait d’autant plus qu’il le nie avec insis- geait « tel un bon soldat » à l’avis de vernementales ? Comment rendre – Cette succession de deuils du festival, hors compétition. Cette permis de transformer en réalité ces tance : rien moins que le poste de son gouvernement, mais que si le au poste qu’il occupe la crédibilité est-elle une manière de s’inter- date est celle de la nomination mesures. Le départ d’Armen Med- Boris Eltsine à la tête du pays. nouveau président devait ne pas perdue, tant sur le plan national roger sur une génération et sur d’Alexandre Goloutva comme pré- vedev, rendu inévitable par la crise, C’est à cette marche vers le pou- suivre la nouvelle voie ouverte lors qu’international ? l’époque qui a succédé à Mai 68 ? sident du Goskino (comité d’Etat à paraissait devoir permettre à Nikita voir qu’a porté un coup d’arrêt, au du Congrès de l’Union des cinéastes, Au-delà, il lui faudra faire – Dès le début, le film montre la la cinématographie de Russie, sorte Mikhalkov de parachever sa prise de moins temporaire, l’élection il en tirerait toutes les consé- comprendre aux cinéastes que l’in- mise en terre d’un cercueil sur de ministère du cinéma), six mois contrôle du cinéma russe. Lors du d’Alexandre Goloutva – grâce, cette quences. Puis il quitta la salle pour dustrie cinématographique centrali- lequel est écrit « Révolution ». Les après la crise financière d’août 1998 troisième congrès de l’Union des ci- fois, à une forte mobilisation des ci- rejoindre l’aéroport afin d’aller pré- sée fonctionnant sur le budget de personnes qui y assistent sont des qui a frappé de plein fouet l’en- néastes de Russie (22 et 23 dé- néastes. Envoyées de tout le pays senter son film dans les pays baltes. l’Etat n’existe plus et n’existera plus proches, des amis. Certains semble des secteurs économiques cembre 1997), Mikhalkov avait par des réalisateurs et d’autres ar- jamais. Et qu’il y a forcément un connus, d’autres non. C’est la fin du pays. Elle n’a pas épargné une in- contraint Sergueï Soloviev, grand tistes, des lettres ont afflué sur le QUESTIONS CRUCIALES rapport économique, fût-il injuste, de quelque chose, un signe. De dustrie cinématographique qui se metteur en scène russe qui assurait bureau de Boris Eltsine, mais aussi Personne n’imagine que le ci- entre une œuvre cinématogra- quoi ? Génération de privilégiés, relevait doucement de la dégénéres- la fonction de premier secrétaire, à d’Evgueni Primakov. Le premier mi- néaste ait renoncé à ses ambitions. phique et son coût, que l’Etat ne nous pensions tout renverser. Ce cence engendrée par la fin de lui céder la place. nistre venait d’ailleurs de promettre De son côté, Alexandre Goloutva prendra plus seul à son compte. Il que nos parents n’avaient pu faire. l’URSS, alors que, selon le président les fonds nécessaire à l’organisation doit, lui, répondre d’urgence à lui faudra, aussi, toujours, compter On s’est cognés à la réalité. Sur le sortant, Armen Medvedev, le ciné- BUT : LE POSTE D’ELTSINE ? du Festival de Moscou – dont l’heu- quatre questions d’un niveau moins avec Nikita Sergueevitch Mikhalkov. moment, il n’y a pas eu mort ma russe est déficitaire depuis 1984. Par ailleurs président du Fonds reux lauréat de l’Oscar pour Soleil élevé, mais cruciales pour la survie Les 26 et 27 avril, le plénum de d’homme. Le désenchantement a L’amputation récurrente du bud- russe pour la culture, il profitait de trompeur était justement devenu le du cinéma en Russie. Comment l’Union des cinéastes de Russie s’est eu des conséquences dramatiques get de son ministère (le Goskino l’apathie d’une bonne partie de la nouveau président. faire appliquer les lois et décrets vo- ouvert sur une violente passe dans d’autres pays, en Italie ou en n’avait perçu que 28 % du budget al- profession, notamment de la jeune La campagne menée par Nikita tés ? Comment obtenir du ministère d’armes entre Goloutva et lui. Allemagne. Mais on a compris que loué par l’Etat, en 1996, et que 17 % génération, pour s’arroger pratique- Mikhalkov culminait avec la pre- des finances le budget alloué au les types d’organisations dans les- en 1997) avait fait perdre toute cré- ment tous les pouvoirs lors du mière mondiale du Barbier de Sibé- Goskino ? Comment rassembler Joël Chapron quelles nous militions n’étaient dibilité à cet ancien critique de ciné- congrès extraordinaire des 29 et rie, censée parachever son pas l’idéal pour mener des rela- ma fort respecté, personnalité 30 mai 1998 (Le Monde du 18 juin triomphe, le samedi 20 février au tions personnelles ou amoureuses. consensuelle au sein d’une commu- 1998). Il proposait la création d’un Palais des congrès du Kremlin, de- Les drames comme les suicides nauté de cinéastes peu enclins à lais- fonds national pour le développe- vant un parterre de personnalités sont arrivés après. ser à l’un des leurs le leadership. ment du cinéma, hors du budget de politiques aussi prestigieuses qu’in- – Vous montrez dans le film Pendant le septennat d’Armen l’Etat, dont il serait le président et compatibles – MM. Gorbatchev, que quand la foi militante dispa- Medvedev, la Russie s’est dotée qui concentrerait toutes les sources Tchernomyrdine, Ziouganov, Bere- A aris aussi raît, il reste une morale mini- – enfin –, le 9 juillet 1993, d’une loi de financement – se substituant, zovski et Primakov. P male. sur le droit d’auteur ; elle a adhéré sans le dire, au Goskino. Ses décla- C’est ce dernier qui, le 22 février, – Le refus de l’injustice reste une (le 8 mars 1995), après cent neuf an- rations sur l’« utilité » de certains signait de sa main, malgré les pres- chose essentielle, qu’il faut trans- nées de refus, à la Convention de films et l’« inutilité » d’autres avaient sions et les déclarations intempes- mettre. Manger à sa faim, être soi- Berne ; la Douma a finalement voté, inquiété. tives, le décret nommant Alexandre gné doit devenir un droit pour le 17 juillet 1996, la Loi relative au Devenant de droit coprésident de Goloutva. Le 24 étaient rassemblés, on fête le cinéma ! tout le monde. Mais on ne peut soutien de l’Etat à la cinématogra- la Confédération des Unions de ci- dans la grande salle du Goskino, pas s’exonérer de sa propre res- phie de la Fédération de Russie. Un néastes de l’ex-URSS (seul orga- sous la direction de Valentina Mat- ponsabilité. Nos certitudes étaient nouveau programme, pompeuse- nisme regroupant encore au- viyenko, vice-premier ministre en confortables. On expliquait le ment appelé « La naissance du dé- jourd’hui toutes les Républiques de charge des affaires sociales, plus de 0123 monde. Il y avait un responsable, veloppement du cinéma national », l’ex-URSS, y compris les pays baltes) deux cents cinéastes pour remercier l’exploitation capitaliste, l’impéria- avait même été lancé, début 1998, aux côtés de son scénariste attitré, Armen Medvedev et saluer son suc- lisme, la bureaucratie. Dans une par le Goskino, afin de trouver les Roustam Ibraguimbekov, Mikhal- cesseur. Une demi-heure après le organisation trotskiste, on s’exo- nérait de tout, dans la mesure où vous invitent pour l’on critiquait le stalinisme. Nous prétendions n’être responsables e de rien quand notre fonctionne- Mikhalkov, la barbe ! le 52 festival de Cannes ment était porteur des déviations Menshikov) est une de ces per- forme d’exotisme de pacotille HORS COMPÉTITION. Le Barbier que nous dénoncions. sonnalités, rebelle et imprévi- dans lequel sombre une mise en de Sibérie. Film russe de Nikita – Dans la communauté que sible, dont le comportement reste scène académique encore aggra- à la projection en avant-première de Mikhalkov. Avec Julia Ormond, vous montrez, il y a eu des par- opaque pour Jane Callahan (Julia vée par un tournage en studio et Oleg Menshikov, Richard Harris, cours divergents. Votre position Ormond), une jeune Américaine le souci de la reconstitution his- Alexey Petrenko. (2 h 59.) actuelle sur le Kosovo, par arrivant à Moscou pour aider torique. Todo sobre mi madre exemple, diffère de celle de cer- CANNES Douglas Mc Cracken, inventeur Le dépaysement prend surtout tains de vos anciens camarades. de notre envoyé spécial excentrique qui veut vendre aux la forme de clichés de dépliant de Pedro Almodovar – Si l’on est optimiste, on peut Nous sommes en 1905. Une Russes une machine à déboiser. touristique : le général d’armée considérer que chacun est resté mère écrit à son fils, élève à l’aca- ivrogne, la polka dans les rues, le fidèle à des principes de jeunesse démie militaire de West Point, EXOTISME DE PACOTILLE rite du verre de vodka cul sec, le mardi 18 mai 1999 qui ont pu amener untel à devenir pour lui dire qui est son père, Le Barbier de Sibérie est un film Kremlin, les fastes et la magnifi- conseiller de Fabius ou un autre à comment elle l’a rencontré et simple. Sa philosophie (tel père, cence de la Russie tsariste. Ce à partir de 19 h 30 - projection à 20 h 30 précises rester au bureau politique de son combien elle l’a aimé. Ce garçon tel fils, bon sang ne saurait men- projet d’ampleur qui tente ouver- organisation trotskiste. Sur le est têtu. Il préfère conserver un tir) est accessible à tous. Sa lon- tement de renouer avec Le Doc- avec l’aimable concours de AMLF Kosovo, j’entrevois pourtant une masque à gaz jour et nuit plutôt gueur – trois heures – représente teur Jivago n’en possède pas la vraie fracture. Il faut stopper Milo- que de répondre aux hurlements cependant un obstacle quasi in- splendeur visuelle, et, plus grave, sevic si l’on veut empêcher que la de son sergent, qui lui ordonne surmontable. Dans le film de se révèle incapable, à la diffé- Cinémathèque française peste brune ne s’étende sur de crier que Mozart n’est pas un Mikhalkov, la Russie est un pays rence du film de David Lean, de d’autres pays d’Europe. » grand musicien. Son père aussi, mystérieux, incompréhensible rendre crédible un couple de ci- Palais de Chaillot - 7, av. Albert-de-Mun, 75116 Paris - Entrée côté jardin cadet d’une académie militaire à pour un Occidental. Mais le mys- néma. Réservation obligatoire : 01-42-17-29-35 Propos recueillis par Moscou vingt ans plus tôt, est un tère ainsi décrété ne s’incarne pas Dans la limite des places disponibles Jean-François Rauger grand têtu. Andreï Tolstoï (Oleg à l’écran, si ce n’est sous une Samuel Blumenfeld LeMonde Job: WMQ1405--0024-0 WAS LMQ1405-24 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 10:21 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0461 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 CULTURE

SORTIR

Polyeucte, l’exalté de Dieu, de Didier Mencoboni à la Potence PARIS préventive pour dictateur potentiel, Basement Jaxx lequel autocrate devra être pendu, La scène house britannique qui a vu la taille de l’engin, vers l’âge de contre l’ordre établi tendance à changer de héros tous quatre ans... On l’aura compris, les six mois fête depuis cinq ans l’ensemble est d’une belle énergie. – une éternité – le duo Felix Quant à l’hypothèse émise dans le A Ivry, Christian Schiaretti donne une lecture stimulante de la pièce de Corneille Buxton (le barbu à lunettes) et titre, elle vient d’un choix : la Simon Ratcliffe. Sous le nom de plupart des œuvres exposées ne En Arménie, en l’an 250, un seigneur local statues du culte romain. Au Théâtre d’Ivry, le sonnage de Corneille, insistant sur le second Basement Jaxx, les deux compères sont que les fragments ou les s’exalte au service de la nouvelle foi chré- metteur en scène, Christian Schiaretti, a mis terme du titre de la pièce, souvent oublié : ont su combiner à propos les témoignages de projets plus tienne, qu’il vient d’embrasser. Il détruit des en avant l’aspect exalté et risque-tout du per- Polyeucte, martyr. racines de la soul et du funk des vastes, et à venir. années 70 avec le minimalisme Musée du Luxembourg, 19, rue de personne de Polyeucte, un sei- Christian Schiaretti a mis avec un tact immense. Christian dansant de la house music. Le clip Vaugirard, Paris 6e. Mo RER B, POLYEUCTE, MARTYR, de gneur arménien, époux de la Ro- l’accent sur ce trouble aspect de Schiaretti a mis en scène en géo- de leur single Red Alert – avec en Luxembourg, Saint-Sulpice. Tél. : Pierre Corneille. Mise en scène : maine Pauline (mariage mixte, no- Polyeucte. Il est un chevalier du politique la lutte entre les extré- invitée la chanteuse Blue –, tiré de 01-42-34-25-95. De 12 heures à Christian Schiaretti. Avec Ar- tez-le bien), fille de Félix, sénateur néant, un risque-tout persuadé mistes qui invoquent le ciel et les leur récent album Remedy frais, 18 heures ; nocturnes jeudi et naud Décarsin, Jean-Claude romain et gouverneur de la qu’il ne risque rien puisque l’éter- centristes qui en appellent à la rai- varié et amical (XL/Delabel), est vendredi jusqu’à 21 heures. Visites Frissung, Jean-Michel Guérin, contrée. Fraîchement converti, Po- nité lui appartient. Esprit som- son. Sévère (Julien Muller), favori marrant et vif, clin d’œil aux films commentées mercredi, samedi et Hélène Halbin... lyeucte est un esprit exalté, encore maire, en constante surenchère, il de l’empereur, honnête homme et de science-fiction des années 50 dimanche à partir de 15 heures. THÉÂTRE D’IVRY - ANTOINE- déchiré entre les prédictions des ne conçoit l’imitation de Jésus- politique par excellence, compren- autant qu’au court-métrage Fermé lundi. Jusqu’au 30 mai. VITEZ, 1, rue Simon-Dereure, songes inspirés par les dieux Christ que dans sa propre dra le signal, comme disent ses ho- d’épouvante de Thriller, de Michael Entrée libre. o Ivry-sur-Seine. M Mairie-d’Ivry. païens et les actions glorieuses « ruine ». mologues d’aujourd’hui, et saura Jackson. En concert, Basement LYON Tél. : 01-46-72-37-43. 70 F à 110 F qu’il envisage au service du Dieu prendre en compte les spécificités Jaxx évite la pose branchée de (16,76 ¤). Durée : 2 heures. A unique. TACT POLITIQUE chrétiennes à l’avenir. beaucoup de DJ, pour créer un Raymond Boni, Sophie Delizee 20 h 30 du mardi au samedi ; à Surtout, Polyeucte est incapable La grande tragédie chrétienne Devant un rideau qui laisse sup- rapport authentique et passionné Joe McPhee et Gérard Fabbiani 16 heures dimanche. Du 18 au de transmettre sa foi. Pourtant, il de Corneille glisse alors vers des poser un ailleurs théâtral (le avec le public, dans ce qui est une Un quartette d’improvisateurs, 23 mai. En alternance avec veut tout et tout de suite. Dans le passions plus terrestres. Pauline peuple ? l’Histoire ?), un plateau réelle prestation en direct et non réunis à l’initiative du guitariste La Place royale (mêmes auteur, cercle étroit de la clandestinité, il (Gisèle Tortelo) et son père (Jean- carré a été disposé pour l’affronte- pas une succession de passages de Raymond Boni, permettra metteur en scène, acteurs et dé- s’improvise fou de Dieu. Dans un Claude Frissung) aiment tout sim- ment, auquel mènent deux allées, disques améliorés par des effets d’entendre à nouveau – juste après cors), du 11 au 16 mai et du 25 au geste qui suscite l’incompréhen- plement Polyeucte (Arnaud Décar- à plat, comme un plan de bâti- sonores et de syncopes ses concerts aux Instants chavirés 30 mai. sion, l’horreur et la colère malgré sin) – sentiment plus visible sur ment. Une rampe d’éclairage po- rythmiques. de Montreuil – le saxophoniste Joe la considération générale dont il scène, plus palpable, plus passion- sée au sol en suit le contour, proje- Soirée Hometown, Rex Club, 5, McPhee, cette fois dans un lieu La scène est à Mélitène, capitale jouit, il anéantit les statues du culte né chez Félix que chez sa fille, la- tant, lorsqu’elle n’est pas boulevard Poissonnière. Paris 2e. pluridisciplinaire (expositions, d’Arménie sous juridiction ro- établi, mettant en danger l’ordre et quelle se révèle sage, presque rai- compensée par de plus hautes lu- Mo Bonne-Nouvelle. Tél. : débats, littérature, concerts...) où maine, en l’an 250. Un spectre la sécurité de l’Etat. Rien qui im- sonneuse. Et leur amour est si fort mières, des ombres inquiétantes, 01-42-36-10-96. Nuit du 13 au les circulations entre trois salles hante l’Empire : celui du christia- porte désormais à Polyeucte, assez que l’idée de conversion, consé- mélodramatiques. L’affaire se joue 14 mai, à partir de 2 heures. 70 F. sont possibles. La chanteuse nisme. Il pousse, s’infiltre, trop len- satisfait de sa provocation, car il cutive au martyre, est oblitérée par dans un maintien fort cornélien, Exposition : Hypothèses de Sophie Delizee et le clarinettiste tement aux yeux des rares conver- est persuadé de gagner à tous les celle de fidélité à la personne. qui contient les corps et les sou- collection Gérard Fabbiani complètent cette tis. Devant les résistances coups. Soit le pouvoir l’acquitte, et Cette lecture stimulante de Po- met aux vers, accessibles dans Une quarantaine d’œuvres du formation. On retrouvera ces deux populaires, la nouvelle « secte » (le sa religion triomphe avec lui ; soit lyeucte, martyr (l’accent est porté toute leur clarté. Fonds régional d’art contemporain activistes des musiques mot est de Corneille) vise à la tête. il le condamne, et il subira le mar- sur le second terme, rarement usi- de Provence-Alpes-Côte d’Azur improvisées au même endroit, lors Elle a trouvé un maillon faible en la tyre qu’il appelle de ses vœux. té) est menée, sans qu’il y paraisse, Jean-Louis Perrier sont réunies à Paris. du Festival des improbables début Rassemblement ludique et juin. hétérogène, du voilier de Jérôme Horlieu, 30, rue René-Leynaud, Basserode à 69001 Lyon. Le 13 mai, 20 h 30. Tél. : l’armoire-bateau-école d’Olivier 04-78-29-92-64. 50 F (7,60 ¤) et 70 F « The Rake’s Progress » aux couleurs de Broadway Tourenc, des étagères de tableaux (10,70 ¤). de libertin arrive comme un prolongement na- lausannois brillent particulièrement dans ces in- THE RAKE’S PROGRESS, d’Igor Stravinsky. turel : il en fredonne les premières notes avec terventions brèves, mais capitales, qui colorent Avec Tom Randle, Dorothee Jansen... une voix détimbrée, qui n’a pourtant pas perdu les voix – un frétillement de flûte, un trait GUIDE Chœurs de l’Opéra et Orchestre de chambre ses couleurs. En face, Dorothee Jansen, Ann sombre de basson. de Lausanne, Jonathan Darlington (direc- Trulove, la pure fiancée, s’épanche en longues La réussite du spectacle tient aussi au brio de tion), André Engel (mise en scène), Nicky inflexions émouvantes ; sans doute pousse-t- la mise en scène. Oubliées les gravures de Ho- REPRISE nue Montaigne, Paris 8e. Mo Alma-Mar- Rieti (décors et costumes), André Diot (lu- elle un peu fort la cabalette I go to him, mais garth qui ont inspiré Stravinsky et son librettiste ceau. Le 18 mai. Tél. : 01-49-52-50-50. mières). c’est pour se donner du courage. Loin des noir- Auden. Envolées, les perruques néoclassiques... Gilda Jan Lauwers THÉÂTRE MUNICIPAL DE LAUSANNE. Le ceurs méphistophéliques habituelles, David C’est dans l’Amérique du début des années 50 de Charles Vidor. Américain, 1946, noir No Beauty for me There Where Human 11 mai. Durée 2 h 40. Prochaine représenta- Pittsinger incarne le mauvais génie, Nick Sha- (l’opéra fut créé à Venise en 1951) qu’André En- et blanc (1 h 50). Life is Rare : création pour huit ac- VO : Action Ecoles, 5e (01-43-29-79-89). teurs-danseurs. Jan Lauwers (chorégra- tion : Espace Malraux, Chambéry, le 29 mai, dow, avec une décontraction amusée, chaleu- gel et Nicky Rieti projettent l’histoire. Le bordel phie). à 19 h 30. 120 F (23 ¤). Tél. : 04-79-85-55-43. reuse comme son timbre. Ajoutons la Baba la de Mother Goose se mue en cabaret de Broad- TROUVER SON FILM Théâtre de la Ville, Les Abbesses, 31, Turque juvénile de Natascha Petrinski, le Tru- way où les choristes (excellents) jouent aux rue des Abbesses, Paris 18e. Du 18 au LAUSANNE love rigide de Glenville Hargreaves, le Sellem « boys » et aux « girls ». Rakewell loge au Plaza Tous les films Paris et régions sur le Mi- 20 mai. Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F et de notre envoyé spécial désopilant de Peter Hoare et la Mother Goose et évolue au milieu des gratte-ciel, quelque part nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36- 140 F. 68-03-78 (2,23 F/mn). Mario Baya Lui a des allures de teen-ager têtu et enfantin, plus conventionnelle de Nuala Willis, et la entre la 42e Rue et Wall Street. Ce voyage Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- un peu voyou, visage mobile et corps sensuel ; troupe est au complet. s’achève sur une petite pelouse où Tom, se pre- ENTRÉES IMMÉDIATES nue Montaigne, Paris 8e. Mo Alma-Mar- elle ressemble à une grande gigue scoute, un nant pour Adonis, meurt, couronné de lauriers. ceau. Le 25 mai. Tél. : 01-49-52-50-50. peu coincée, mais charmante. En Tom Rakewell, Après le music-hall, retour à l’âge baroque. Tout Le Kiosque Théâtre : les places du jour CLIN D’ŒIL À MOZART, RETOUR AU BAROQUE vendues à moitié prix (+ 16 F de Lauryn Hill le jeune ténor Tom Randle grimpe et dégringole A cette distribution, Jonathan Darlington in- comme, en ouverture de son Rake’s Progress, Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris commission par place). Place de la Ma- e o toutes les marches du pouvoir et de la dé- suffle son énergie théâtrale. Entre les disso- avec sa fanfare de trente-trois secondes, Stra- deleine et Parvis de la gare Montpar- 19 . M Porte-de-Pantin. Le 27 mai. chéance, avec le même regard étonné d’être là. nances, les clins d’œil à Mozart ou à Bach, les vinsky rend hommage à l’Orfeo de Monteverdi. nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi Tél. : 01-42-08-60-00. Maceo Parker + Femi Kuti Il n’hésite pas à chanter « vrai » plutôt que « jo- mélodies proches de la comédie musicale amé- au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris li ». Et la folie douce qui conclut sa « carrière » ricaine, il impose son syle. Les instrumentistes e. Mo Porte-de-Pantin. Le 28 mai. Pierre Moulinier Les Enfers Carnaval 19 Tél. : 01-42-08-60-00. de Jean-Michel Rabeux, mise en scène Baaba Maal de l’auteur. Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Paris DÉPÊCHES INSTANTANÉ DJ star d’Angleterre, « ambian- old-school. Très tôt dans leur car- Théâtre de la Bastille, 76, rue de la Ro- 11e. Le 29 mai. Tél. : 01-43-14-35-35. a ART : saisie en 1988 par le ré- ceur » hors pair, Norman Cook, alias rière, les garnements se sont révélés quette, Paris 11e. Mo Bastille, Voltaire, Bréguet-Sabin. Le 13, à 21 heures. Tél. : 126 F. gime de Nicolae Ceausescu, Sup- BEASTIE BOYS, Fatboy Slim, jongle avec quarante des innovateurs passionnés. Avec James Taylor plice, une sculpture de l’artiste ans de musiques populaires. En ti- une énergie toujours turbulente, ils 01-43-57-42-14. 80 F* et 120 F. Jusqu’au 5 juin. Palais des Congrès, 2, place Porte-Mail- roumain Constantin Brancusi e. Le 29 mai. Tél. : 01-44-68- L’HOMMAGE rant les éléments les plus jouissifs élargissent leur registre. Au centre Œdipe roi lot, Paris 17 44-08. (1876-1957), a été restituée le du rock, du blues, du ska, du reg- de la scène tournoyante, le trio – re- de Sophocle, mise en scène de Laurent 11 mai aux héritiers de sa proprié- AUX VINYLES gae, du rap, de la house, il construit joint par des camarades – s’arme Gutmann. Véronique Gens taire roumaine, Florenta Constan- Théâtre, 41, avenue des Grésillons, Comédie des Champs-Elysées, 15, ave- les « gros rythmes » – on qualifie d’instruments pour muer en combo e o tinescu. La sculpture était conser- 92 Gennevilliers. Le 13, à 20 h 30. Tél. : nue Montaigne, Paris 8 . M Alma-Mar- Une scène ronde comme le pla- son style de big beat – les plus fes- punk, groupe psychédélique, for- ceau. Le 31 mai. Tél. : 01–53–23–99–11. vée au Musée national d’art de teau d’un tourne-disque au milieu tifs du moment. Avant lui, les An- mation latin-jazz ou afro-soul. 01-41-32-26-26. De 80 F* à 140 F. Jus- Bucarest, et les héritiers poursui- qu’au 30 mai. DERNIERS JOURS de Bercy. Une façon de mieux se glo-Pakistanais d’Asian Dub Foun- Dans ce grand télescopage, le be- Voyage au bout de la nuit vaient en justice l’Etat roumain de- faire voir des quinze mille specta- dation avaient prouvé le potentiel rimbau (guimbarde) du percussion- de Louis-Ferdinand Céline, avec Fa- 20 mai : puis 1993, en vain. C’est le ministre teurs qui, mardi 11 mai, remplis- explosif de la fusion des genres (rap niste se fond aux scratches du DJ. brice Luchini. Ousmane Sow roumain de la culture, Ion Carami- Théâtre Paris-Villette, 211, avenue saient aux trois quarts le Palais om- + rock + dub + musique indienne + Bercy pogotte et swingue en phase Pont des Arts, Paris 6e. Mo Pont-Neuf. Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de-Pan- tru, qui a décidé cette restitution. nisports, mais surtout un hommage militantisme) et des instrumenta- avec ces embardées. Du brouillon 24 heures sur 24 heures. tin. Le 13, à 21 heures. Tél. : 01-42-01- a INDUSTRIES MUSICALES : le à l’un des objets les plus archaïques tions. Cette leçon, ils l’avaient sans parfois, des baisses de régime mais 22 mai : groupe Sony, en s’appuyant sur 89-48. 95 F et 160 F. Jusqu’au 30 juin. et, paradoxalement, les plus mo- doute retenue de leurs aînés – et tellement de vie. Ces grands défen- Trudy Lynn Moi, pas moi le groupe Microsoft, va commer- dernes de cette fin de siècle : le vedettes de la soirée –, les Beastie seurs du dalai-lama, organisateurs Jazz Club Lionel-Hampton, 81, boule- de Jean-Claude Carrière, Louis-Charles cialiser des œuvres musicales disque vinyle. En voie de disparition Boys. du fameux Tibetan Freedom vard Gouvion-Saint-Cyr, Paris 17e. Mo Sirjacq et Elfriede Jelinek, mise en sur l’Internet, ont annoncé le suivant le diktat de l’industrie, la A Bercy, les New-Yorkais Adam Concert, se joignent à la Chine pour Porte-Maillot. Les 13, 14 et 15, à scène de Margarethe von Trotta et Matthias Fontheim, avec Hanna Schy- 12 mai à New York les deux socié- rondelle de cire a servi de matière Horowitz, Adam Yauch et Mike Dia- condamner les frappes de l’OTAN 22 h 30. Tél. : 01-40-68-30-42. 130 F. Patricia Grégoire Quartet gulla. tés. Le groupe Microsoft travaille première au hip-hop et à la techno, mond se souviennent d’abord qu’ils au Kosovo. Avant de transformer, Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa- sur MediaPlayer, un logiciel de re- Le Ciel de Paris, tour Montparnasse, les mouvements musicaux les plus furent les premiers héros blancs du au final, un rap guerrier-Sabotage Paris 14e. Mo Montparnasse-Bienvenüe. blo-Picasso, 92 Nanterre. Du mardi au production musicale lié à Win- novateurs de ces deux dernières dé- rap. Rimes de potaches à voix de ca- en un rock tellurique digne d’Iggy Le 13, à 22 heures. Tél. : 01-40-64-77-64. samedi, à 20 h 30. Tél. : 01-46-14-70-00. dows, et qui devrait être disponible cennies. Les artistes de la soirée té- nard juste dynamisées par les acro- Pop. 90 F. De 55 F à 140 F. cet été. Les deux groupes sont éga- moignent de cette culture des pla- baties d’un DJ virtuose, Mixmaster Eagle Eye Cherry Amants ; vieux ménage lement membres du groupe Secure tines. Mike, « the serial wax killer ». Pur Stéphane Davet Olympia, 28, boulevard des Capucines, d’Octave Mirbeau, mise en scène de Digital Music Initiative (SDMI), Paris 8e. Mo Opéra, Madeleine. Le 13, à Jean Bouchaud. Comédie-Française Studio-Théâtre, 99, devant définir une norme pour la 19 h 30. Tél. : 01-47-42-25-49. 140 F. Les Essoufflés rue de Rivoli, Paris 1er. Mo Palais-Royal, diffusion de musique sur l’Internet 60,5 millions de dollars pour un Cézanne à New York Théâtre du Tambour-Royal, 94, rue du Louvre. Les mardi, mercredi, vendredi, en évitant le piratage. Faubourg-du-Temple, Paris 11e . lundi, à 18 h 30. Tél. : 01-44-58-98-58. a CHANSON : Charles Trénet, Mo Goncourt. Le 13, à 19 h 30. Tél. : 01- De 45 F* à 80 F. quatre-vingt-six ans le 18 mai, a UN PAYSAGE de Vincent Van donné lieu à deux records. Rideau, 11 mai, avait été morose. 18 des 48-06-72-34. De 70 F à 90 F. Le Décaméron d’après Boccace, mise en scène de Jean présenté le 10 mai à Paris son nou- Gogh, La Roubine du Roi, peint à cruchon et compotier (vers 1893), de 48 lots sont restés invendus et la soi- RÉSERVATIONS vel album Les poètes descendent Arles en 1888, et qui était l’un des Cézanne, atteignant 60,5 millions de rée a totalisé 55 575 500 dollars Boillot. Cité internationale (Théâtre), 21, bou- dans la rue, dont la sortie est pré- rares chefs-d’œuvre des enchères de dollars (56,3 millions d’euros), qua- (51,76 millions d’euros). Charles Evelyn Glennie et l’Ensemble orches- levard Jourdan, Paris 14e. RER Cité-uni- vue le 21 mai. Les quatorze chan- printemps de New York, a été vendu siment le double de son estimation, Moffet, un des responsables de l’im- tral de Paris versitaire. Tél. : 01-43-13-50-50. De sons, dont une sur la banlieue, ont près de 20 millions de dollars est devenue la quatrième peinture la pressionnisme chez Sotheby’s, ad- Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- 55 F* à 110 F. été écrites durant ces quatre der- (20,5 millions d’euros) lors de la plus chère jamais vendue aux en- mettait que « les estimations étaient nières années, a précisé le chan- vente de toiles impressionnistes chères, derrière deux Van Gogh et un peu excessives ». La vedette de la teur, qui a annoncé son retour en chez Christie’s, le mercredi 12 mai à un Renoir vendu en 1990 par Betsey soirée, une Meule de Claude Monet, scène, les 4, 5 et 6 novembre, Salle New York. La soirée fut à l’image de Whitney. a été vendue 11 992 500 dollars Pleyel. ce prix, voisin de l’estimation : solide Paysage, l’île de la Grande Jatte, de (11,17 millions d’euros), en dessous a OPÉRA : les Arts florissants et mais sans éclat particulier. Seurat, la dernière toile sur ce de son estimation haute. Danseuse William Christie accompagneront Des records ont été battus en re- thème en mains privées, a obtenu basculant, un dessin de Degas, le Ballet de l’Opéra de Paris dans vanche, chez Sotheby’s, qui disper- plus de 35 millions de dollars Femme rousse assise dans le jardin de Doux Mensonges, une création sait à partir du 10 mai, toujours à (32,6 millions d’euros). Selon David M. Forest, de Toulouse-Lautrec, et mondiale du chorégraphe tchèque New York, une grande partie de Norman, le nouveau chef du dépar- Feuer Quelle, de Paul Klee, ont été Jiri Kylian. Cet ensemble sera l’une des plus belles collections pri- tement impressionniste et moderne retirés de la vente, faute d’enchères également dans la fosse du Palais- vées américaines, celle de l’ambas- de Sotheby’s, la plupart des ache- suffisantes. Certains spécialistes se Garnier, en juin, pour Alcina de sadeur, philanthrope et homme de teurs seraient des Américains, nou- demandent si le principe de la vente Haendel, avec la soprano Renée presse John Hay Whitney et de sa veaux venus sur le marché. publique, autrefois festive, n’est pas Fleming dans le rôle-titre, dans femme Betsey Cushing Whitney. En revanche, la première soirée passé de mode. une mise en scène de Robert La vente a dépassé 128 millions de des traditionnelles ventes impres- Carsen. dollars (119,23 millions d’euros) et a sionnistes de printemps, mardi Harry Bellet LeMonde Job: WMQ1405--0025-0 WAS LMQ1405-25 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 08:54 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0462 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / 25 JEUDI 13 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

23.20 Nice Jazz Festival 1998. 20.30 City Hall aa TÉLÉVISION DÉBATS DOCUMENTAIRES Avec Laurent de Wilde, Harold Becker (GB - EU, 1995, ARTE Jacky Terrasson, Prysm, v.o., 110 min) %. Ciné Cinéma 3 20.40 Thema : le Kosovo. 19.40 Philippe Soupault Michel Petrucciani. Muzzik 20.35 Les Chariots de feu aa TF 1 19.00 Voyages, voyages. De la crise à la guerre. et le surréalisme. [1/3]. Planète 0.20 La Bohème. Hugh Hudson (GB, 1981, 19.45 Météo, Arte info. La stratégie de l’Otan. 19.55 Moulay Hassan, Aïssaoui. Odyssée Opéra de Puccini. Mise en scène. 115 min) &. Ciné Cinéma 1 18.25 Exclusif. 20.15 Reportage. La stratégie serbe. Carnet de route Lorenzo Mariani. Par l’Orchestre 20.40 La Quatrième Dimension aa Athlétisme, la filière black. d’un reporter au Kosovo. 20.15 Reportage. et les Chœurs du théâtre lyrique 19.05 Le Bigdil. J. Landis, S. Spielberg, J. Dante et G. Déserteurs serbes. Opposants serbes. Athlétisme, la filière black. Arte de Cagliari, 20.40 Soirée thématique. Miller (EU, 1983, 105 min) &. RTL 9 19.50 Clic & Net. De quoi je me mêle : Spécial Kosovo. Les femmes de la guerre. 20.35 Cinq colonnes à la une. Planète dir. Steven Mercurio. Muzzik L’offrande balkanique. Arte 20.40 L’homme est une femme 20.00 Journal. Invités : Leos Carax De la crise à la guerre. La stratégie 20.40 Les Authentiques. 0.45 Musiques sacrées à Versailles. et Laëtitia Casta. de l’Otan. La stratégie serbe. Par l’ensemble Les Arts florissants, comme les autres aa Débat : Stratégie. Carnet de route Jazz à Marciac. Odyssée Jean-Jacques Zilbermann (Fr., 20.50 Le juge est une femme. MAGAZINES dir. William Christie. Paris Première d’un reporter au Kosovo. 20.45 La Maison Windsor. 1997, 100 min) &. Canal + vert Danse avec la mort. &. [3/3]. 1945-1992. Histoire 22.45 Made in America. Déserteurs serbes. Opposants serbes. 18.30 Nulle part ailleurs. THÉÂTRE 20.50 Le Jeune Marié aa Les femmes de la guerre. Débat. 21.30 La Deuxième Révolution russe. B. Stora (Fr., 1982, 105 min) &. M6 Un vrai petit ange. Festival de Cannes. Téléfilm. Bryan Michael Stoller. &. L’offrande balkanique. Débat. Invités : Suède. Canal + [2/8]. La bataille 20.55 Un héros très discret aa 0.10 Les Aventures pour la glasnost. Planète 21.45 Richard III. De Shakespeare. 0.25 Les Rendez-vous de l’entreprise. 19.10 et 0.10Le Rendez-vous. Le front Avec Ron Cook. Histoire Jacques Audiard (Fr., 1995, du prince Ahmed aa 22.20 Les Fils de David. Planète national. Renaud Doly, Claude 22.30 On purge Bébé. 110 min) %. France 3 Film. muet de Lotte Reiniger. &. Askolovitch, Mickaël Darmon. LCI 22.25 Bronx 1969-1989. De Feydeau. Avec Jean Poiret, 20.55 Alice aa FRANCE 2 1.20 Une affaire d’honneur a 20.00 20h Paris Première. Flyin Cut Sleeves. 13ème RUE Michel Serrault. Festival W. Allen (EU, 1990, 110 min) &. Téva Film. Ken Russell (v.o.). &. Cinéastes de Palme. 22.35 Qu’est-il arrivé à Butch Cassidy 21.00 Je vous salue Marie aaa 18.05 Sauvez le Neptune. Film. David Greene. &. Invités : Claude Lelouch ; et le Kid ? Odyssée COURTS MÉTRAGES Jean-Luc Godard (Fr. - Sui., 1983, M6 Bernardo Bertolucci ; Robert Altman ; 110 min) &. Paris Première 19.55 1 000 enfants vers l’an 2000. James Ivory. Paris Première 0.00 Egon Schiele. 22.25 On vous rappellera... 22.10 Un après-midi de chien aa 20.00 Journal, Météo. 18.25 Chérie, j’ai rétréci les gosses. &. Vie et œuvre. Odyssée Nicolas Bedos. &. Canal + 20.05 Temps présent. Sidney Lumet (EU, 1975, 21.00 Envoyé spécial. Prostitution, les rues 19.20 Mariés, deux enfants. &. Femmes productrices à Hollywood. v.o., 125 min) &. Canal Jimmy de San Francisco. La crise du porc. 22.28 Les F.A.E.L.L. 19.50 Ciné 6 Spécial Cannes. Guerre au Kosovo : Sloba et Mira. MUSIQUE Lyonel Kouro. &. Canal + 22.20 Orphée aa P-s : La clef des champs. Le siècle en images : Jean Cocteau (Fr., 1949, 23.15 The Servant aaa 19.54 Le Six Minutes, Météo. Paul VI à Jérusalem. TSR 21.00 Horowitz à Londres. SÉRIES N., 90 min) &. Ciné Classics Film. Joseph Losey (v.o). 20.10 Notre belle famille. &. 20.10 Le Talk Show. Avec Patrick Cauvin Œuvres de Scarlatti, 22.20 Belle époque aa 1.10 Journal, Météo. 20.40 Passé simple junior. et Marianne James. LCI Chopin, R. Schumann, Rachmaninov, e Scriabine. Muzzik 20.40 Buffy contre les vampires. [1/2]. Fernando Trueba (Fr. - Esp., 1992, 1.35 La 25 Heure. Laïla. 20.50 Le Jeune Marié aa 21.00 Envoyé spécial. Prostitution, Bienvenue à Sunnydale. Série Club v.o., 105 min) &. Ciné Cinéma 3 Film. Bernard Stora. &. les rues de San Francisco. La crise du 21.45 Don Juan de Strauss, 20.40 Julie Lescaut. 22.30 Serial Lover aa FRANCE 3 22.35 Profiler. Copie conforme. %. porc. La clef des champs. France 2 par Karl Böhm. Par l’Orchestre Femmes en danger. RTBF 1 James Huth (Fr., 1998, A l’image des maîtres. %. 0.25 La Maison 21.05 Savoir plus santé. philharmonique de Vienne, 20.50 Le juge est une femme. DD, 80 min) %. Canal + 18.20 Questions pour un champion. dir. Karl Böhm. Mezzo de tous les cauchemars. Alzheimer : Quoi de neuf ? TV 5 Danse avec la mort. TF 1 22.45 Soleil trompeur aa 18.45 Un livre, un jour. 22.05 Concerto pour piano no 19 Nikita Mikhalkov (Fr. - Rus., 1994, v.o., Le gardien des abysses. %. 23.10 La Preuve par trois. Les étudiants. 21.35 Urgences. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. Orientation. Ressources. On soigne bien les chevaux. TSR 150 min) &. Ciné Cinéma 1 de Mozart, par Karl Böhm. 20.05 Fa Si La. Logement. Santé. France 3 Par l’Orchestre philharmonique 22.35 Profiler. Copie conforme. %. 23.50 Le Club. Gilles Jacob. Ciné Classics de Vienne, dir. Karl Böhm. Mezzo A l’image des maîtres. %. M6 20.30 Tout le sport. RADIO 20.55 Un héros très discret aa Film. Jacques Audiard. %. 22.45 Météo, Soir 3. FRANCE-CULTURE 23.10 La Preuve par trois. 20.30 Agora. Martin de la Soudière. Les étudiants. Orientation. Ressources. Logement. Santé. 21.00 Lieux de mémoire. 0.05 Espace francophone. Guinée : 22.10 For intérieur. Jean Vanier. FRANCE-CULTURE CINÉ CINÉMA 1 FRANCE 2 le professeur Mohammed L. Camara. 23.00 Nuits magnétiques (rediff.). 0.35 Nocturnales. Anne-Sophie Mutter : 8.32 Berbères : 22.45 Soleil trompeur aa Hommage à Dirk Bogarde : récital Beethoven. FRANCE-MUSIQUE origines et permanence Près de Moscou, en 1936, la jour- 23.15 The Servant aaa Réalisées par Philippe Modol, cinq Sur un scénario de Harold Pinter, CANAL + 20.00 Résonanze 1999. Concert par La née d’été que s’apprête à passer Stagione Frankfurt, dir. Michael émissions sur les Berbères du 10 au Joseph Losey filme avec une so- Kotov avec sa jeune femme Ma- briété exemplaire la lente et impla- ̈ En clair jusqu’à 20.40 Schneider : Don Quichotte, de Teleman. 14 mai, ce peuple millénaire dont 18.30 et 19.40 Nulle part ailleurs. 22.30 Musique pluriel. roussia et sa fille bascule dans cable prise de pouvoir d’un valet Œuvres de Wernick. les us et coutumes irriguent les de chambre, interprété par le gé- 19.29 Le Journal du Festival. l’horreur. L’arrivée inopinée d’un KOBAL COLLECTION 23.07 Papillons de nuit. pourtours du bassin méditerra- 20.40 L’Effet papillon a ex-amant de Maroussia, membre nial Dirk Bogarde, sur son em- 23.15 The Servant aaa néen, de la Libye aux Canaries. A ployeur (James Fox). Aucun film Joseph Losey. Avec Dirk Bogarde, Film. Fernando Colomo. %. de la police politique stalinienne, James Fox (GB, 1963, N., 22.25 On vous rappellera... RADIO CLASSIQUE l’aide de spécialistes de renom, ce n’a sans doute décrit avec cette Court métrage. Nicolas Bedos. &. coûtera sa carrière et sa vie au v.o, 120 min) France 2 voyage qui va des origines à l’ac- précision critique le processus 22.28 Les F.A.E.L.L. Lyonel Kouro. &. 20.15 Les Soirées. Œuvres de Boccherini. 23.25 Les Pilleurs aa 20.40 Rudolf Kempe, chef d’orchestre. tualité de la « berbérité » fascine beau Kotov. Une interprétation re- d’humiliation et de déchéance Walter Hill (EU, 1992, 22.30 Serial Lover aa ème Œuvres de Weber, Schubert, par son érudition, mais pèche tou- marquable, une atmosphère à la d’un homme pour un autre. Ce 100 min) &. 13 RUE Film. James Huth. %. R. Strauss, Beethoven, etc. 0.05 Soudain, l’été dernier aaa 0.00 La Porte aux sept serrures. 22.39 Les Soirées... (suite). Rudolf Kempe, tefois par l’oubli de pans d’une Tchekhov, pour un film qui rata la huis clos étouffant, réalisé en 1963, Film. Alfred Vohrer. &. est un véritable chef-d’œuvre Joseph L. Mankiewicz (EU, 1960, N., chef d’orchestre. Œuvres de Bruch, riche culture. Palme d’or à Cannes en 1994 (v.o.). v.o., 115 min) &. Cinétoile 1.35 Hockey NHL. Brahms, J.E.F. Strauss, Lehar. (v.o.).

VENDREDI 14 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

14.20 Juste avant la nuit aa TÉLÉVISION DÉBATS DOCUMENTAIRES MUSIQUE Claude Chabrol (France, 1970, LA CINQUIÈME/ARTE 105 min) &. Cinétoile 14.35 La Cinquième rencontre... 17.10 Imbert-Julliard. LCI 18.35 Le Cinématographe 21.00 John Pizzarelli chante les Beatles. 16.05 Soudain, l’été dernier aaa TF 1 Montréal 98. Muzzik Travail, économie : selon Terry Gilliam. Joseph L. Mankiewicz (Etats-Unis, Le petit commerce en France. 1960, N., 115 min) &. Cinétoile MAGAZINES [2/5]. Les grandes premières. Planète 22.05 The Milt Jackson Quartet 16.45 Sunset Beach. &. 16.00 Olympica. 110 m haies, 1980. 19.00 Les Authentiques. and Gary Burton. Muzzik 19.00 La Charrette fantôme aa 17.35 Melrose Place. &. 16.30 Le Magazine ciné. 13.05 Faut pas rêver. Allemagne : L’arbre Jazz à Marciac. Odyssée Julien Duvivier (France, 1939, 18.25 Exclusif. 22.45 Pierre Boulez dirige l’Orchestre N., 90 min) &. Ciné Classics 17.00 Au nom de la loi. &. de mai. France : Guerre de Sécession à 19.45 Mémoires du XXe siècle, 19.05 Le Bigdil. Guerlesquin. Taïwan : L’île aux philharmonique de Vienne. Avec 19.00 Dumbo, 17.30 100 % question. Hubert Beuve-Méry. Phyllis Bryn-Julson, soprano ; Dieter 19.50 Clic & Net. e fantômes. Invité : Laurent Gerra. TV 5 l’éléphant volant aa 17.55 Naissance du XX siècle. [1/5]. Le roman d’un jeune Flury, flûte. Œuvres de Debussy, 20.00 Journal. Invité : Sean Connery. 18.30 Le Monde des animaux. 14.00 20h Paris Première. homme pauvre. Planète Boulez, Bartok, Stravinsky. Mezzo Norman Ferguson (Etats-Unis, 1940, Cinéastes de Palme. Invités : Claude 65 min) &. Disney Channel 20.50 Les P’tites Canailles. 19.00 Tracks. 20.15 Palettes, Claude Monet En mai, fais ce qu’il te plaît. Lelouch, Bernardo Bertolucci, Robert 19.30 David Golder aa 19.45 Météo, Arte info. Altman, James Ivory. Paris Première (1840-1926). La couleur de l’instant : VARIÉTÉS 23.10 Sans aucun doute. Julien Duvivier (France, 1930, Signature, attention dangers ! 20.15 Palettes. Claude Monet (1840-1926). 14.35 La Cinquième rencontre... série des Bassins aux nymphéas. Arte N., 90 min) &. Cinétoile Travail, économie : 22.15 Tapis rouge à Francis Cabrel 1.00 TF 1 nuit, Météo. 20.45 Verglas. 20.35 Les Villes du futur. 20.30 Voyage en Italie aaa Téléfilm. Michael Gutmann. &. Le petit commerce en France. [3/3]. Singapour. Planète et Patricia Kaas. TV 5 Invité : Pierre Creuzet. La Cinquième Roberto Rossellini (Italie, 1953, N., v.o., FRANCE 2 22.15 Contre l’oubli. Raúl Rivero, Cuba. 20.45 Lieux mythiques. [7/20]. 85 min) &. Ciné Classics 22.20 Grand format. 15.30 Les Grands Débats politiques. Face Mystères de la Crète antique. Histoire TÉLÉFILMS à face avec Guy Mollet 17.00 Des chiffres et des lettres. Happy Birthday, Mr Mograbi. 21.05 Epopée en Amérique, une histoire 24 janvier 1966 [1/2]. 17.30 et 22.35 Un livre, des livres. 23.40 Train de nuit aa Invité : Jean-Marie Colombani, populaire du Québec. 18.30 La Dame de Berlin. Film. Jerzy Kawalerowicz (v.o.). &. 17.35 Cap des Pins. &. directeur du Monde. Histoire [8/13]. Union et désunion. TV 5 Pierre Boutron [1/2]. Ciné Cinémas 1.15 Le Dessous des cartes. 16.10 et 20.10Le Talk Show. 20.30 Les P’tits Gars Ladouceur. 18.10 L’Arbre de Noël a Un seul monde [2/3] : Les instruments. 21.15 Lieux mythiques. [8/20]. Film. Terence Young. &. Pierre Georgel, Gilles Taurant Les sites sacrés d’Irlande. Histoire Luc Béraud. Festival 1.25 La Nuit de sa vie. et Marie-France Pisier. LCI 20.45 Verglas. 20.00 Journal, Météo. Téléfilm. Michael Gutmann. &. 22.20 Grand format. 21.00 Quai no 1. 17.55 Stars en stock. Lauren Bacall. Happy Birthday, Mr Mograbi. Arte Michael Gutmann. Arte Frank Sinatra. Paris Première 20.50 L’Otage d’une vengeance. Les Compagnons de la loco. &. M6 22.35 Nova. Déchiffreurs en temps 22.45 Bouillon de culture. 18.30 Le Magazine de l’Histoire. de guerre. Odyssée Ken Wiederhorn. %. M6 Spéciale Versailles. J.M.G. Le Clézio. 16.40 Des parents sur mesure. e 20.55 L’Etincelle de vie. Invités : Béatrix Saule, Jean-Michel 23.00 La III République. 0.00 Journal, Météo. Téléfilm. Kai Wessel. &. [1/6]. 1870-1879. Histoire Buzz Kulik. TMC Gaillard, Jean-François Dubost, 0.20 Ciné-club. Cycle Nikita Mikhalkov. 18.25 Chérie, j’ai rétréci les gosses. &. Eric Munsion-Rigau. Histoire 23.20 Bob Marley 21.55 Tous les hommes sont menteurs. Alain Wermus. RTBF 1 0.25 La Petite Fille et les Choses. 19.20 Mariés, deux enfants. &. 18.30 Nulle part ailleurs. A Cannes. «Legend». Canal Jimmy Court métrage. Nikita Mikhalkov. &. 19.50 Ciné 6 Spécial Cannes. Invités : Guillaume Canet, Guillaume 22.55 Lexx, Sa giga nécrose. 23.40 Philippe Soupault Robert Sigl [4/4]. 13ème RUE 0.40 Partition inachevée 19.54 Le Six Minutes, Météo. Depardieu, Katerina Golubeva et pour piano mécanique aa Delphine Chuillot, Damian O’Donnell et le surréalisme. [1/3]. Planète 20.10 Notre belle famille. &. et Om Puri, Catherine Zelta-Jones, Film. Nikita Mikhalkov (v.o.). &. 0.35 La Case de l’Oncle Doc. COURTS MÉTRAGES LES FILMS DE L’ATALANTE 20.40 Politiquement rock. Texas. Canal + Cîteaux ou les silences 21.00 Les Amours FRANCE 3 20.45 Question de métier. 19.00 Rive droite, rive gauche. de la vie. France 3 22.25 On vous rappellera... 20.50 L’Otage d’une vengeance. Cannes. Paris Première d’une blonde aaa Nicolas Bedos. &. Canal + Milos Forman. Avec Hanna Téléfilm. Ken Wiederhorn. %. 19.10 et 0.10 Le Rendez-vous 14.57 Keno. SPORTS EN DIRECT 0.25 La Petite Fille et les Choses. Brejchova (Tchécoslovaquie, 1965, 18.20 Questions pour un champion. 22.30 X-Files, l’intégrale. Nikita Mikhalkov (muet). France 2 v.o., 80 min) &. Cinétoile Mystère vaudou. %. Le fétichiste. ?. de Ruth Elkrief. Josette Alia LCI 18.50 Un livre, un jour. 15.00 et 20.00 Tennis. 21.00 Greystoke aa 0.20 Murder One, l’affaire Rooney. &. 19.30 Envoyé spécial, les années 90. 0.25 Libre court. Le Modèle. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. Kremlin les coulisses. Au nom Internationaux messieurs d’Italie. Guillaume Deffontaines. France 3 Hugh Hudson (Grande-Bretagne, de la forme. Invités : Caroline Ibos, Quarts de finale. Eurosport 1983, v.o., 135 min) &. Ciné Cinéma 3 20.05 Fa Si La. Anthony Rowley. Histoire 16.45 Cyclisme. SÉRIES 21.30 Sailor et Lula aa 20.35 Tout le sport. RADIO 20.00 20h Paris Première. Tour des Asturies. Pathé Sport David Lynch (Etats-Unis, 1989, 20.55 Thalassa. Au nom de l’empereur. Le cinéma au féminin. 120 min) ?. Cinéstar 1 22.00 Faut pas rêver. Invitées : Anouk Grinberg, Sandrine DANSE 20.40 Chicago Hospital, 21.55 La Lettre aa FRANCE-CULTURE Kimberlain, Nathalie Baye, 23.05 Météo, Soir 3. la vie à tout prix. RTL 9 William Wyler (Etats-Unis, 1940, N., 23.30 Les Dossiers de l’Histoire. Marie-José Nat. Paris Première 19.35 Le Lac des cygnes. v.o., 100 min) &. Ciné Classics 20.02 Les Chemins de la musique. [5/5]. 20.55 Thalassa. 20.40 Tekwar. Jeunes premiers d’hier Chorégraphie d’Erik Bruhn. Musique. Trop de mémoire. 13ème RUE 22.20 Intérieurs aaa et d’aujourd’hui. 20.30 Agora. Michel Pierre. Au nom de l’empereur. France 3 Tchaïkovski. Par le ballet national du Woody Allen (Etats-Unis, 1978, 21.00 Black And Blue. 21.45 Les Grands Débats politiques. 20.55 Soirée sitcom. Téva 0.25 Libre court. Canada. Avec Erik Bruhn (le prince), 90 min) &. Cinétoile Le Modèle. Guillaume Deffontaines. &. Laughin’In Rhythm : Face à face avec Guy Mollet Lois Smith (la reine des cygnes), Olga 21.00 Quai no 1. plaidoyer pour un délire lyrique. 24 janvier 1966 [2/2]. Histoire 0.35 La Case de l’Oncle Doc. Makcheeva (la reine-mère). Muzzik Les Compagnons de la loco. France 2 22.10 Fiction. Festival de Cannes 99. 22.00 Faut pas rêver. Cîteaux ou les silences de la vie. 20.45 Casse-Noisette. 22.05 X-Files. 1.30 Nocturnales, jazz à volonté. Pier Paolo Pasolini : qui je suis ? Togo : Les forteresses du pays Chorégraphie de Rudolf Noureev. Tamberma. France : «L’ours noir». [Episode pilote]. Nous ne sommes Herbie Hancock à Antibes, 1998. 23.00 Nuits magnétiques (rediff.). Brésil : Figurines de terre. Musique. Tchaïkovski. Par le ballet de pas seuls (v.o.). Série Club 0.05 Du jour au lendemain. René Pons. l’Opera de Paris. Avec Bruno Cauhape Invitée : Françoise Arnoul. France 3 22.20 Dream On. Le corps (Casse-noisette), Elisabeth Maurin CANAL + 22.45 Bouillon de culture. de l’angoisse (v.o.). Canal Jimmy FRANCE-MUSIQUE J.M.G. Le Clézio. France 2 (Clara). Mezzo 22.30 X-Files. Mystère vaudou. %. 16.00 Jeanne 22.20 Silent Cries. 19.40 Prélude. 23.10 Sans aucun doute. Le fétichiste. ?. M6 et le garçon formidable a Chorégraphie de Jiri Kylian. Film. Olivier Ducastel. &. 20.05 Concert franco-allemand. Signature, attention dangers ! 22.50 Seinfeld. Par Invité : Paco Rabanne. TF 1 Musique. Debussy. 17.35 Evamag. &. l’Orchestre philharmonique de Berlin, En voiture (v.o.). Canal Jimmy dir. Esa-Pekka Salonen : œuvres 23.30 Les Dossiers de l’Histoire. Avec Sabine Kupferberg. 18.00 A la une. &. Jeunes premiers d’hier Par Orchestre du Concertgebouw, 0.15 Friends. The One Where de Salonen, Ravel, Stravinsky. et d’aujourd’hui. France 3 dir. Bernard Haitink. Mezzo Rachel Smokes (v.o.). Canal Jimmy ̈ En clair jusqu’à 21.00 22.30 Musique pluriel. Œuvres de 18.30 Nulle part ailleurs. Gaussin, Hodgson et Davis, Norgard. Spécial Cannes. Invités : Texas. 23.07 Jazz-club. 19.29 Le Journal du Festival. 20.30 Allons au cinéma ce week-end. RADIO CLASSIQUE

COLLECTION CHRISTOPHE L. 21.00 Spiceworld, le film a 22.35 Le Dernier Tango Film. Bob Spiers. &. 20.15 Les Soirées. Rhapsodie espagnole, à Paris aaa 22.25 On vous rappellera... &. de Ravel, par la Philharmonie FRANCE 3 ARTE ARTE Bernardo Bertolucci. Avec Marlon 22.30 Volcano a Film. M. Jackson. %. de Vienne, dir. Lorin Maazel ; Brando, Maria Schneider (Italie, 0.10 Tintin et le mystère Œuvres de Debussy. 20.55 Thalassa 22.20 Happy Birthday, 23.40 Train de nuit aa 1972, 135 min) !. Paris Première 20.40 Anton Dvorak en 1880. Œuvres de la Toison d’Or a de Dvorak, Brahms, Smetana. Partie de pêche au-dessus des vol- Mr. Mograbi Couronné par le prix Georges-Mé- 23.30 La Séparation aa Film. Jean-Jacques Vierne. &. 23.00 Guiditta. Opéra de Lehar. cans : ainsi se présente cette pêche Humour et gravité pour cette liès en 1959, ce film de Jerzy Ka- Christian Vincent (France, 1994, 1.55 Tintin et les oranges bleues aa 90 min) &. Cinéstar 1 Par l’Orchestre de l’Opéra de Vienne, à l’empereur, dans les bas-fonds de triple démarche initiée par Avi Mo- walerowicz, un des réalisateurs re- Film. Philippe Condroyer. &. dir. R. Moralt. 23.35 Orphée aa l’océan Pacifique, en Nouvelle-Zé- grabi, qui entremêle trois repor- présentatifs du jeune cinéma Jean Cocteau (France, 1949, lande. Cet exercice de pêche est tages, à l’occasion du cinquante- polonais de la période post-stali- N., 90 min) &. Ciné Classics SIGNIFICATION DES SYMBOLES aussi un exercice de style, une naire de l’Etat d’Israël, l’an dernier. nienne, avec Andrzej Wajda et 23.40 Train de nuit aa Jerzy Kawalerowicz (Pologne, 1959, Les codes du CSA Les cotes des films sorte de pêche « chirurgicale », qui Le premier film est tourné par un Andrzej Munk, est basé sur un sus- N., v.o., 95 min) &. Arte se pratique au sommet de volcans Israélien, le deuxième par un Pa- pense policier. Celui-ci sert de ré- & Tous publics a On peut voir 23.50 L’Homme des vallées % aa maritimes. Elle peut rapporter gros lestinien, et le troisième par Avi vélateur à des secrets et à la soli- Accord parental souhaitable A ne pas manquer perdues aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique mais nécessite un apprentissage Mograbi lui-même. Une vision en tude d’un microsme social. Après George Stevens (Etats-Unis, 1953, v.o., 115 min) &. Cinétoile ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + difficile, que les patrons de pêche forme de parabole de l’histoire du un film à grand spectacle, Pharaon, ! Public adulte DD Dernière diffusion 0.50 Soleil trompeur aa d néo-zélandais sont les seuls à maî- jeune Etat hébreu, saisie par une réalisé en 1965, son auteur tombe- Nikita Mikhalkov (France - Russie, Interdit aux moins de 16 ans Sous-titrage spécial pour triser. triple caméra, comme en suspens. ra dans l’oubli. 1994, v.o., 150 min) &. Ciné Cinéma 3 # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1405--0026-0 WAS LMQ1405-26 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:13,11, Base : LMQPAG 15Fap:100 No:0463 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 14 MAI 1999 Son président par intérim assure que le Conseil Alain Genestar remplace constitutionnel fonctionne « normalement » Roger Thérond à la tête Roland Dumas n’y exerce plus aucune fonction et a renoncé à son traitement de « Paris-Match » QUEL BONHEUR de pouvoir à blications du Conseil et l’anniver- 24 mars, par lequel son « prédé- dignité, de ne plus bénéficier de son HACHETTE a annoncé, mercre- chette à avoir créé son site Inter- nouveau recevoir, ouvrir grand les saire de sa première décision le cesseur » l’invitait, en tant que traitement », a précisé M. Guéna. di 12 mai, qu’Alain Genestar, direc- net. Surtout, alors que la presse portes de ses salons et redresser le 14 mai 1959 – importait peu. L’es- doyen d’âge, à le remplacer « dans Enfin, le président par intérim teur de la rédaction du Journal du populaire a traversé une véritable torse, quand on a, trop longtemps, sentiel était de témoigner que «le la plénitude des fonctions » jus- s’est employé à démontrer qu’il dimanche, remplacerait Roger crise en France, Paris-Match a su rasé les murs et chuchoté sa gêne ! Conseil continue à fonctionner sans qu’au terme des procédures judi- n’entend nullement faire de la fi- Thérond à la tête de Paris-Match, à conserver un diffusion forte, Le Conseil constitutionnel faisait à-coups, sur les bases du communi- ciaires dont il est l’objet. guration. Devant un parterre partir du 1er juillet, avec le titre de même s’il est passé sous la barre plaisir à voir, mercredi 12 mai. Pen- qué publié le 24 mars au lendemain Même s’il réduit la composition d’éminents constitutionnalistes, il directeur général de la rédaction. des 800 000 exemplaires en 1998, dant des mois, les poursuites judi- de la mise en retrait du président » effective du Conseil à huit a rappelé ses « réticences » an- Son adjoint, Jean-Claude Maurice, avec une diffusion totale payée de ciaires à l’encontre de son pré- Roland Dumas. membres au lieu des neuf prévus ciennes devant « l’extension de la lui succède à la direction de la ré- 772 074 exemplaires, selon Diffu- sident, Roland Dumas, et les mises par la Constitution, « le régime ju- jurisprudence » du Conseil, en daction du JDD, dont Rémy Des- sion Contrôle, son plus mauvais en cause publiques de ses « PARFAITE DIGNITÉ » ridique de l’intérim permet à l’insti- 1971, au « bloc de constitutionnali- sarts, créateur du magazine écono- score depuis 1979. moindres faits et gestes par son Certes, l’ombre de ce dernier tution de continuer à assurer nor- té » qui inclut le préambule de la mique Capital dans le groupe ancienne amie, Christine Deviers- plane encore sur la rue Montpen- malement sa mission », a insisté Constitution et, par conséquent, la Prisma Presse, devient directeur de UN DAUPHIN RÉCUSÉ Joncour, avaient sévèrement écor- sier. Dans une allusion transpa- M. Guéna, avant de préciser la si- référence à la Déclaration des la publication. Roger Thérond a aujourd’hui né la réputation de l’institution. rente, M. Guéna a ainsi assuré, en tuation actuelle de M. Dumas à droits de l’homme de 1789 et au Paris-Match est un cas unique de soixante-quatorze ans. Il songeait Pire encore, son autorité était me- faisant mine de s’excuser de parti- l’égard du Conseil. La suspension préambule de la Constitution de l’histoire de la presse. Créé par depuis quelque temps à sa succes- nacée et ses décisions soup- ciper à une conférence de presse de l’exercice de ses fonctions pour 1946. Mais, a assuré M. Guéna, «je Jean Prouvost, en 1949, l’hebdo- sion, bien qu’il soit difficile de re- çonnées de servir, subrepticement, en bonne et due forme, que «la une durée indéterminée est « assi- m’y suis rallié ». De même, il a as- madaire est devenu, sous l’impul- noncer à un journal auquel on s’est les intérêts de M. Dumas. place d’un président du Conseil milée à une mise en disponibilité suré que, depuis sa prise de fonc- sion de Roger Thérond, un cocktail autant identifié. Au début de l’an- Pour sa première prestation pu- constitutionnel n’est pas sous le feu pour cause de convenance person- tions, le Conseil « réfléchit un peu particulier, mélange d’informa- née 1998, il avait nommé Olivier blique depuis qu’il assure la pré- des projecteurs ». Mais l’important nelle », a indiqué le président par plus » à la possibilité d’introduire tions sérieuses et légères, d’actuali- Royant, qui faisait figure de dau- sidence par intérim du Conseil était surtout de d’établir que cette intérim. M. Dumas ne perçoit au- plus de transparence dans ses pro- tés et de « people », qui s’est sur- phin, directeur-adjoint de la rédac- Constitutionnel, Yves Guéna n’a page est tournée. Le président par cune rémunération depuis sa mise cédures d’instruction. tout imposé comme l’un des tion. Mais pendant l’été, le nom pas caché son soulagement. Le intérim a d’ailleurs rappellé les en congé. « Il m’a lui-même de- principaux journaux de photogra- d’Alain Genestar apparaît. C’est prétexte – la parution de trois pu- termes du communiqué du mandé, par écrit, avec une parfaite Gérard Courtois phies dans le monde. Henri Car- son rêve depuis longtemps. Il est tier-Bresson lui a rendu un bel apprécié de Jean-Luc Lagardère, hommage dans Le Monde du 17 oc- propriétaire du groupe. tobre : « Thérond est un visuel ; c’est Roger Thérond est moyenne- Le dossier rare. (...) Son autorité était telle que ment satisfait de l’hypothèse. Pour Le professeur Luc Montagnier dépose le bilan les magazines étrangers copiaient lui, le patron de Paris-Match doit ses choix de photos et de mises en avant tout être un « visuel », ce qui Coca-Cola page. » n’est pas la qualité première de son centre parisien de recherche sur le sida Paris-Match fait partie de la lé- d’Alain Genestar. Une autre solu- Orangina soumis L’ASSOCIATION ENTRAIDE ET ASSISTANCE du qué au Monde le professeur Montagnier. Faute de gende de la presse, comme France- tion reçoit le soutien de Roger Centre Luc-Montagnier Saint-Joseph a déposé son pouvoir continuer à verser les salaires, j’ai été contraint Soir, mais un France-Soir qui aurait Thérond : un tandem constitué de bilan, mercredi 12 mai, auprès du tribunal de grande à déposer le bilan et je vais, une nouvelle fois, me tour- continué à connaitre le succès et à Patrick Mahé, directeur de la ré- au Conseil instance de Paris. Créé en mars 1996 par le codécou- ner vers les pouvoirs publics français ou faire appel à la être dirigé par Pierre Lazareff. Car daction de Télé 7 jours et ancien ré- vreur du virus du sida, ce centre avait été créé en charité publique, même si j’ai conscience que le sida ne cette légende a en grande partie un dacteur en chef de Paris-Match, 1996 au sein de l’hôpital privé Saint-Joseph, dans le mobilise plus aujourd’hui comme il le faisait il y a quel- nom : Roger Thérond, le journa- dont il conserve une très forte nos- de la concurrence 14e arrondissement de Paris. Cette structure origi- ques années. » liste de cinéma venu au premier talgie, et d’Olivier Royant. Jean- nale, située en marge des établissements de l’Assis- En pratique, seules les activités des laboratoires de numéro, bientôt bombardé rédac- Luc Lagardère et Gérald de Roque- LE FEUILLETON sur la reprise tance publique-Hôpitaux de Paris, visait à associer recherche sont concernées, la consultation clinique teur en chef, qui ne quittera pas le maurel, PDG d’Hachette Filipacchi d’Orangina par Coca-Cola, une prise en charge médicale, sans hospitalisation, de l’hôpital Saint-Joseph pouvant être maintenue, en magazine jusqu’en 1968. Il se fâche Médias, confirment le choix commencé en décembre 1997, des personnes infectées par le VIH à une activité de accord avec la direction. La situation créée par ce dé- alors avec Prouvost, rejoint L’Ex- d’Alain Genestar, qui vient de réus- continue. Le ministre des finances, recherche scientifique. Les cliniciens et les cher- pôt de bilan et la cessation des activités scientifiques press. Roger Thérond reste orphe- sir la transformation du Journal du Dominique Strauss-Kahn, a saisi, cheurs suivaient ces derniers temps près de cinq est d’autant plus paradoxale que les autres centres lin de Paris-Match qui dépérit. Il re- dimanche. mercredi 12 mai, le Conseil de la cents patients. « J’avais, initialement, pu bénéficier similaires créés par le spécialiste français en liaison vient quand son ami Daniel Roger Thérond s’incline, et pour concurrence afin qu’il donne d’une dizaine de millions de francs provenant de l’opé- avec l’Unesco (à Abidjan, Rome et New York), dans Filipacchi reprend le titre en 1976 Paris-Match, c’est la fin d’une « dans les meilleurs délais » son ration Sidaction de 1994. Cette somme nous a permis le cadre de la Fondation mondiale de recherches et et le journal redémarre, après être époque. Ses copains Daniel Fili- avis sur la compatibilité de la nou- de financer les salaires des chercheurs et les activités de prévention du sida, ne connaissent pas de diffi- tombé à 400 000 exemplaires. pacchi et Franck Ténot ont tiré leur velle offre du géant d’Atlanta avec du laboratoire durant deux ans. Malheureusement, au- cultés financières. L’image glorieuse de Paris-Match révérence en juin 1997, lui était res- les règles de la concurrence. cun suivi n’a pu être trouvé et, dernièrement, le geste a sa zone d’ombre : presque tous té. Il voulait faire passer l’an 2000 à Le 4 mai, Pernod Ricard et Coca- attendu d’un mécène ne s’est pas concrétisé, a expli- Jean-Yves Nau les moyens sont bons pour obtenir Paris-Match. Il doit conseiller Alain Cola avaient signé une nouvelle une image. Le journal défraie par- Genestar jusqu’à cette date. lettre d’intention portant sur la fois la chronique médiatique, après Quand Filipacchi Médias a été ab- cession de la société Orangina la publication des photos de Fran- sorbé par Hachette Filipacchi pour 4,7 milliards de francs çois Mitterrand sur son lit de mort, Presse en juin 1997, peu de choses (716,5 millions d’euros). Cette pro- celles de Mazarine, ou, tout récem- ont changé, tant les deux sociétés position prévoyait également que ment, l’achat de l’exclusivité du ré- étaient proches, mais Paris-Match, la distribution de la boisson à cit des survivants d’une avalanche qui faisait « bande à part », a senti l’orange dans la totalité du circuit dans leur igloo. Il s’est beaucoup le poids d’un groupe et de ses « hors domicile » serait prise en appuyé ces dernières années sur le contrôleurs de gestion. Une société charge par un partenaire indépen- « people ». Le titre a connu bien des journalistes du magazine vient dant pendant dix ans. C’est préci- des évolutions et des périodes plus d’ailleurs de se créer, pour veiller sément ce que demandaient à Co- ou moins fastes, mais a su résister au « respect de la vocation et de ca-Cola les autorités françaises de à tous les bouleversements de la l’identité de l’hebdomadaire ». la concurrence. Mais l’entreprise planète médias. Il est un des pre- américaine s’y était partiellement miers titres français du groupe Ha- Alain Salles refusé, ce qui avait entraîné le veto du ministère de l’économie en sep- tembre 1998. Le canal de distribution « hors Dormir la lumière allumée domicile », qui représente environ 20 % des ventes de boissons sans alcool en France, est particulière- prédispose bébé à la myopie ment important pour Coca-Cola : en France, l’entreprise américaine LAISSER LA LUMIÈRE ALLUMÉE dans la chambre d’un bébé au a fortement développé avec ses cours de ses deux premières années est un facteur prédisposant à la marques propres (Coca-Cola, Fan- survenue ultérieure d’une myopie, affection qui se traduit par la for- ta, etc.) les ventes dans les cinémas mation des images en avant de la rétine, comme si l’œil était trop ou les stations-service. La nouvelle profond. C’est ce qu’affirment Richard A. Stone et ses collègues du proposition stipule donc, en cas de Scheie Eye Institute (université de Pennsylvanie) dans un article pu- rachat d’Orangina, qu’il ne sera pas blié par la revue Nature du 13 mai. En interrogeant les familles sur possible pour l’entreprise d’Atlan- l’éclairage nocturne des chambres de leurs enfants, les ophtalmolo- ta d’utiliser ces sources de crois- gistes ont trouvé que la survenue d’une myopie pendant l’enfance est sance avec la marque française. A très fortement associée à l’exposition à la lumière pendant la nuit. Bercy, on reconnait que le groupe Elle est d’autant plus fréquente que la lumière est vive. Après deux américain a fait des concessions. ans, les processus de croissance diffèrent et l’éclairement nocturne ne Pour The Coca-Cola company, semble plus les affecter. Des études faites chez l’animal ont montré l’enjeu est de taille. Son PDG, que la croissance de l’œil et le développement des mécanismes de ré- Douglas Ivester, reconnaissait dans fraction sont gouvernés par un mécanisme rétinien dépendant de la nos colonnes (Le Monde du 16 juin vision et, en particulier, de la durée journalière de l’éclairement. 1998) que le produit Orangina est utilisable mondialement tel quel : DÉPÊCHES « Nous allons garder le même posi- a FOOTBALL : Zinedine Zidane a été opéré, mercredi 12 mai à tionnement marketing que celui qui Strasbourg, du ménisque du genou droit par le professeur Jean Jae- existe en France et la même forme ger. Le meneur de jeu français de la Juventus Turin et de l’équipe de de bouteille, affirmait-il. Nous vou- France sera indisponible pendant six semaines. « L’opération ne de- lons racheter cette marque non pour vrait gêner en rien la suite de sa carrière », a déclaré le chirurgien. la changer mais pour la dévelop- a EUROPÉENNES : le Journal officiel du jeudi 13 mai publie un dé- per. » Alors que Coca-Cola vient cret convoquant les électeurs le dimanche 13 juin pour procéder à pour la première fois depuis des l’élection des représentants au Parlement européen. Les déclarations décennies d’enregistrer une baisse de candidature sont reçues du lundi 17 au vendredi 28 mai. La cam- mondiale de ses ventes pour le pagne électorale sera ouverte le samedi 29 à 0 heure. premier trimestre 1999, l’acquisi- tion d’Orangina reste donc une priorité. L’entreprise américaine veut en faire sa « cinquième A nos lecteurs marque mondiale », derrière Coca- Cola, Minute Maid, Sprite et Fanta. LE MONDE paraît dans une pagination légèrement réduite pen- Selon Bercy, la décision ne devrait a dant le « pont » de l’Ascension. Les pages Régions, Communica- pas être connue avant septembre tion et Kiosque, ainsi que la chronique de Pierre Georges, seront à nou- 1999. veau publiées à partir du lundi 17 mai (daté 18).

Laure Belot Tirage du Monde daté jeudi 13 mai 1999 : 487 359 exemplaires. 1 – 3 et Pascal Galinier LeMonde Job: WIV1999--0001-0 WAS LIV1999-1 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 08:04 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0066 Lcp: 700 CMYK

LITTERATUREb ESSAIS VENDREDI 14 MAI 1999

LE MAI LA PHILO DU LIVRE D’ART FOUT LE CAMP ? Autoportraits La Chronique et natures mortes, de Roger-Pol Droit Pierre Restany, page VII David Bailey, Portes d’Afrique... ENRICO REMMERT GILLES LAPOUGE page IV et V Le Feuilleton page III HENRY LAURENS de Pierre Lepape, page II page VII bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Sur les chemins des hommes et de Dieu Avec un recueil leurs, fait son possible pour faci- liter le mariage de la fille avec le de nouvelles vieux et assurer ainsi son avenir, mais elle est aussi consciente que et un roman, « le séminariste sera [leur] perte à tous ». Le temps passe et lui don- osé Jiménez Lozano, né on découvre nera raison, l’infamie se nourrit en 1930 à Avila (Espagne), a d’elle-même et Blas Civicos, Jété longtemps journaliste, un admirable l’Innocent, invisible et omni- tout en écrivant essais, poèmes, scient, ne pourra empêcher l’apo- nouvelles, romans. Il était temps écrivain, calypse finale, tragique et magni- qu’il soit traduit en français et les fique, dont il sera malgré lui deux ouvrages qui viennent José Jiménez Lozano, l’instrument. d’être publiés par Flammarion José Jiménez Lozano joue du devraient, on l’espère, être suivis pour la première langage et du style pour passer par beaucoup d’autres. Que ce d’une époque à l’autre, d’un soit dans les nouvelles qui fois publié monde à un autre, avec un amu- composent Le Grain de maïs sement de conteur qui ménage rouge (Prix national des lettres en France ses effets, que ce soit dans les espagnoles en 1992) ou dans le nouvelles dont les chutes souvent roman Les Sandales d’argent, le font frissonner ou dans le roman lecteur est constamment soumis où les révélations successives re- à des chocs contradictoires, à une nouent les fils au lieu de les dé- cruauté atroce, à une compassion nouer. Et on sent que cette ironie, infinie, à toutes les violences et ce plaisir des mots tantôt suran- tout l’amour de la condition hu- forcément victimes car ils ne nés, tantôt empreints de sagesse maine, victime impuissante du peuvent faire autrement. populaire, ou de perfidie mercan- Mal comme du Bien. Pourtant la Ainsi la Tana, demi-sœur de tile, ou de la beauté du monde en plume est légère, sereine, et va Blas Civicos, servante de don proie au mal, se sont communi- tranquille son bonhomme de Abilio et de son petit-neveu, le qués de façon plaisante et admi- chemin de croix. Dieu – ou l’idée Julito, dit aussi « le sémina- rable au traducteur, Claude Ble- que l’on s’en fait – est toujours riste » : tant que le séminariste ton. On ne peut reposer ces deux présent ou forcément absent, ou fut enfant, « la Tana et Blas Civi- livres heureusement inclassables peut-être simplement « en mai- cos, de préférence aux autres do- sans être conscients du privilège son de retraite », et Jiménez Loza- mestiques, furent en même temps que cela peut être, parfois, d’être no retouche les histoires que l’on précepteurs et bouffons ; ils lui en- lecteur. raconte en son nom depuis la seignèrent la vie et ils en furent les nuit des temps, pour en faire sur- jouets : les tout premiers. Mais pas gir les aspirations, les passions, la Julita : celle-ci fut préservée ». les forfaitures ou la gloire. La Julita, douce et belle, est tou- LE GRAIN DE MAÏS ROUGE Les humbles et les miséreux tefois le jouet des passions, (El Grano de maiz rojo) ont droit à sa tendresse et à sa pi- convoitée par le vieux don Abilio de José Jiménez Lozano.

tié comme la Vierge Marie, POUR «JOSÉ AYMA LE MONDE » qui veut en faire sa femme, par le Traduit de l’espagnol pauvre femme qui s’inquiète José Jiménez Lozano devant l’église San Pedro de Alcazarén séminariste qui la veut pour maî- par Claude Bleton, quand son fils est arrêté parce tresse et par Publio Quinto, révo- Flammarion, 188 p., qu’il va prendre froid et qu’il est ils triomphent aussi dans la sim- un saint et de le mettre sur les et les forts prennent aux pièges lutionnaire réfugié dans les mon- 120 F (18,29 ¤). « si fragile de la gorge », tout plicité de leur âme. autels pour tout dissimuler : ainsi de leurs mensonges et de leurs tagnes et à qui la Tana dira : comme son ami Judas, avec qui il C’est un de ces idiots, Blas Civi- les gens prieraient pour lui, l’invo- malversations les humbles et les « Quand vous aurez fait la révolu- LES SANDALES D’ARGENT est « si lié ». cos, qui est le principal person- queraient et oublieraient tout le pauvres, qui observent, impuis- tion et chassé Franco, qu’on t’aura (Las Sandalias de plata) Ennemi acharné de l’intolé- nage des Sandales d’argent, l’his- reste ». sants sans être dupes, avec toute nommé général ou je ne sais quoi, Traduit de l’espagnol rance, Jiménez Lozano assassine toire d’un meurtre, contée par Du vieux curé, Blas Civicos a la finesse et l’intelligence néces- tu pourras venir chercher la Julita, par Claude Bleton, avec un sourire badin la banalité « un témoin de la dernière heure, hérité une sale manie, il hurle à saires pour survivre en se prêtant tu m’entends ? Mais en attendant Flammarion, 234 p., de l’horreur quotidienne lorsqu’il et qui plus est de seconde ou de tout bout de champ « Mon Dieu, aux manipulations dont ils sont laisse tomber. » La Tana, par ail- 130 F (19,82 ¤). laisse expliquer au fournisseur de troisième main ». Le mort est le mon Dieu, pourquoi m’as-tu aban- la Sainte Inquisition les raisons curé don Tomás, de son vrai nom donné ? », manie que le nouveau qui le poussent à demander une « Absalón-Benedicto-José-Vicente- curé lui fera passer, par la ma- Antonio-Tomás de Lo- nière forte. Mais ils resteront fi- Martine Silber renzana », tué d’un nalement bons amis. coup de fusil alors Seul Blas Civicos pourrait té- avance et augmenter « la fac- qu’il discutait sur un banc, en fu- moigner mais devant le juge, il ture ». Toute peine mérite salaire, mant une cigarette avec Blas Ci- aura beau dire tout ce qu’il sait et l’artisan qui a l’amour de son vicos qui a tout vu, qui sait tout ou presque tout, on ne saura pas métier et du travail bien fait n’a et qui parfois pourtant dit qu’il grand-chose. Ou, du moins, on ne aucune peine à se justifier : «J’ai ne sait rien. Cet assassinat n’a saura pas forcément ce que l’on dû ajouter au moins cinq grosses étonné personne, « car le curé se cherchait. Et l’intrigue policière bûches pour le succès du châti- mêlait de politique et avait ten- passe très vite en arrière-plan, ment de deux de ces hérétiques, dance à l’absolutisme et au caci- tandis que d’autres histoires se particulièrement maigres et dé- quisme, autant sinon plus que don croisent et s’emmêlent dans ce charnés : pas assez de substance Abilio de la Herralde, avec qui il petit village perdu, près d’un lac pour donner prise aux flammes et était comme cul et chemise, car il où une princesse maure captive aux braises. Ces hérétiques de type avait les mêmes façons de voir et s’est jetée, un lac du fond duquel, spirituel et mystique sont toujours de penser ». Don Tomás rempla- selon la légende, surgit à la lune très difficiles à brûler, comme les çait l’ancien curé, don Manuel, nouvelle une procession de vieilles sorcières. » « Le passeux » qui avait pris en charge Blas Civi- moines blancs, portant des qui recueille les nouveau-nés cos, encore enfant et en avait fait cierges enflammés et un cercueil abandonnés a lui aussi ce souci son « enfant de chœur, sacristain, sur leurs épaules et chantant le de « la belle ouvrage » et « l’esto- valet et “homme-à-tout-faire” », Miserere, un lac où encore gamin, mac noué à l’idée de mal faire ». mais qui après sa mort fut accusé au début de la guerre civile, Blas De braves gens voués à l’infamie. dans un livre d’avoir été athée Civicos a vu déverser « des corps La mort, le suicide, le crime en at- « et de l’avoir toujours été durant apportés par camions entiers ; on tendent d’autres trop vulné- les quarante années qu’il avait les jetait à l’eau comme s’il s’agis- rables, trop tendres, trop hon- passées dans cette paroisse, ce qui sait d’alimenter ce couvent en nêtes. Et si les idiots de village avait suscité un tel scandale qu’on moines, ou ces moines en enterre- peuvent succomber au désespoir, avait finalement décidé d’en faire ments ». Un village où les riches LeMonde Job: WIV1999--0002-0 WAS LIV1999-2 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 07:56 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0067 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b

ROSSENOTTI méprendre aux répliques du théâtre de boulevard : «– d’Enrico Remmert. Elia, à ton avis, pourquoi avons-nous besoin d’une Traduit de l’italien par Nathalie Bauer, femme, vu que la plupart du temps nous sommes si bien 10/18, Inédit, 192 p., 47 F (7,17 ¤). en tête-à-tête avec nous-mêmes ? Il te balance alors une de ces phrases qui suscitent ta jalousie : – Pour la même es « romans de génération » se ressemblent raison que nous avons besoin d’un ami. Puisque personne tous un peu, depuis Musset et sa Confession d’entre nous ne sait où il va, nous éprouvons un immense d’un enfant du siècle. Douleur, débauche, per- besoin d’avoir un compagnon de route. » Narrateur mis L à part, les caractères des personnages ne sont pas plus version, vieux fond de pureté humiliée, dégoût de soi et de l’époque. Seuls changent les ingrédients du passionnants que les propos qu’ils échangent. Ne les désespoir et les mots pour le dire. Comme toutes les La fête continue ! distinguent que la dope de prédilection, l’aptitude à permanences, la stabilité de ce modèle a quelque chose conduire en état d’ivresse et le développement inégal de rassurant : la jeunesse est un mauvais moment à de l’appétit sexuel et des ressources financières. passer, mais il passe ; et Musset, à quarante-deux ans, Pour faire un bon livre d’un si mauvais scénario, il se fait élire à l’Académie française. Il suffit d’attendre. faut être écrivain. C’est-à-dire savoir faire un livre et sa- De ce point de vue, Rossenotti, le premier roman voir ce que veut dire la littérature. La première condi- d’Enrico Remmert, ne fait pas exception. Remmert ra- tion désigne les artisans et la seconde les artistes. Arti- conte les nuits et les jours – qui ne se distinguent san doué, Enrico Remmert l’est, sans doute aucun. Il guère – d’un groupe d’étudiants de Turin. Quelques travaille, nous dit sa notice biographique, au service vagues apparitions dans les salles de cours et les biblio- marketing d’une entreprise de produits cosmétiques. thèques trouent de manière presque incongrue une marque cela très bien en faisant utiliser à son narrateur D’où, sans doute, son sens de la formule vendeuse et existence vouée à la logorrhée verbale, à l’alcool, à la La jeunesse – ce mauvais la deuxième personne du singulier : « Tu fais le point de du slogan accrocheur. Mais avant de se lancer dans son drogue, aux boîtes de nuit et à la loterie des relations la situation. Donc : tu as presque une maîtrise, presque un premier livre, il a pris des leçons à l’école d’écriture turi- sexuelles. Argent facile, vitesse illimitée, escapades al- moment à passer – travail, un compte en banque consolidé grâce aux soirées noise d’Allesandro Baricco et de Dario Voltolini. Soit pestres dans le chalet de papa, rock anglo-saxon et que tu organises en discothèque, une voiture défoncée, qu’il ait été naturellement doué, soit qu’il ait été l’élève crooners italiens. C’est à Turin, mais les noms propres trouve son exutoire une coloration mentale rouge vif, une passion pour les studieux de ces experts en orfèvrerie littéraire façon mis à part, cela pourrait se passer à Barcelone ou à Pa- joies de l’alcool et du sexe, un ami fou, une vie irrésolue, Renaissance, Remmert a soigné sa copie. Son récit d’un ris, ou à Phoenix, Arizona. De temps en temps, l’aile de dans l’amitié, la drogue, deux rêves récurrents, trois bides, quatre (grands) idéaux, permanent échec est une jolie réussite. Du rythme, du la réalité vient effleurer la pâle lueur de conscience qui vingt-quatre ans, trois cent soixante-quatorze disques et panache, de l’humour, quelques notes graves de la survit à la défonce : on compte les morts par overdose, le sexe... Enrico Remmert de nombreux conflits avec Dieu. Est-ce qu’il te reste assez main gauche, un jeu savant de distance et de proximité, les copains disparus dans les asiles psychiatriques, les de choses pour supporter le poids de la vie ? Bien sûr. Il est une manière séduisante d’embarquer le lecteur dans victimes du sida. On pleure un coup et on recommence. vient, après d’autres, urgent de déménager. » des mieux où il n’a pas envie de se promener. Cerveaux explosés, discours balbutiants, corps méca- Rossenotti s’enfonce dans la bestialisation, mais il a nisés, sentimentalisme d’ivrognes, il est étonnant qu’il sur le sujet encore assez de lucidité et d’humour pour se regarder ais l’artisan est si habile qu’on doute par- s’écrive tant de livres, de ce côté de l’Atlantique et de s’enfoncer. Dans la fascination, le dégoût, le désespoir fois de l’existence de l’artiste. A la fin de l’autre, pour raconter encore et toujours les mêmes et n’y met aucune de soi. La vie le dépasse, l’indifférence l’entraîne, l’al- certains chapitres particulièrement bien chétifs univers malades, les mêmes fêtes glauques. Et cool et l’ectasy facilitent la fusion, mais il n’est pas M menés, on s’attend à voir Remmert qu’il se trouve tant de lecteurs pour les lire. Au point complaisance dupe. Même pas dupe des leurres qu’il se fabrique : s’avancer sur le devant du théâtre pour cueillir les ap- que la répétition en fait une sorte de genre roma- l’amitié, la politique existentielle du pire, la recherche plaudissements. Lui-même semble conscient du re- nesque, susceptible, paraît-il, de ramener les jeunes à la du sens de la vie. Rien qui justifie le plat ennui de ces proche qu’on peut lui faire d’avoir inventé un nouveau lecture. C’est du moins ce qu’affirment les « commer- soirées de discothèques enfilées comme les grains d’un jeu, un peu plus élégant que les autres, au vain usage ciaux », ces nouveaux critiques littéraires et guérisseurs chapelet, de ces corps qu’on étreint dans la torpeur du des drogués de la fête. de notre époque. bourbon, de ces errances automobiles, de ces conversa- Il s’en justifie, in extremis, dans la dernière page de Sous le prétexte de décrire le réel, la panne spiri- tions où chacun ne parle qu’avec soi-même, et pour son livre : « Depuis longtemps, tu observes les autres pour tuelle, l’enfer de la drogue, le vertige d’une société en Par elle-même aucune fête isolée ne permet d’accéder au énoncer des truismes de bandes dessinées. tenter de comprendre, à travers eux, le dessin dans son quête d’histoire, la plupart de ces livres se font les pro- concept d’hyperfestif. C’est seulement à travers l’étude sys- ensemble : tu es le fil d’une trame que tu ne peux voir pagandistes de l’irréel, de la fête, dissipatrice de tous les tématique de la dissolution des êtres humains dans l’ani- ’est pourtant encore aux mots que Rossenotti puisque tu en fais partie, tu regardes donc les fils qui t’en- conflits, effaceuse de toutes les frontières, mixant dans malité festive, c’est uniquement par l’analyse de la réani- se raccroche. C’est à eux qu’il demande de tourent en essayant de tirer de cet examen des indications son grand chaudron chaleureux les sexes, les races, les malisation très complexe et progressive de la société, que remplir le vide. Il n’y parvient pas : il est trop sur le dessin de la trame complète. (...) C’est un peu pour l’on peut espérer y parvenir. » Muray mène cette analyse C nations, les individus, tous ivres enfin : légers, irrespon- dans la fête pour ne pas jouer aussi avec les cette raison que nous lisons des livres et que nous nous sables, hermaphrodites et fraternels. Faut-il, comme de la Lunaparkisation de notre monde avec une préci- mots. Il cherche des formules qui sonnent bien, comme passionnons pour des histoires qui nous sont si étrangères. Philippe Muray dans Après l’Histoire, y voir l’effet d’une sion qui serait plus probante si la colère, parfois, ne des slogans publicitaires, des rapprochements amu- Car nous y cherchons une explication de notre vie, une mutation fatale de l’humanité (1) ? L’exercice de la pro- l’étouffait pas. Mais on le comprend. sants, des paradoxes qui scintillent. Des bribes, des phrase lumineuse, une goutte de vérité qui se dissoudra phétie exige que l’on exagère les traits et qu’on force la Comme tant d’autres, Rossenotti raconte donc la morceaux, des éclats : tout le contraire en somme de la dans nos veines, coulera en nous et nous transformera. » voix pour mieux être entendus des sourds, surtout fête : la vie qui plane. La différence avec ses innom- littérature comme exercice de vérité. Mais il y a peu de chance de rencontrer la vérité quand la fête fait un tel vacarme. Muray pousse au noir, brables confrères, c’est qu’il n’y met aucune complai- Le tour de force d’Enrico Remmert est précisément – même sous forme de gouttes à vendre dans les phar- probablement. Mais lorsqu’on lit Remmert et ses des- sance : sa fête est affreusement triste. Vittorio Rosse- d’avoir fait une œuvre littéraire en paraissant assem- macies-librairies – dans des livres qui transforment le criptions de Turin, on pense à ce qu’écrit Muray : « Il n’y notti est en effet un fêtard récalcitrant : il se prête bler des morceaux de non-littérature. Prises en elles- concret en images. a plus de villes. La fête les a remplacées. Elles ne sont pas volontiers au jeu, mais il ne s’y donne pas. Face au tota- mêmes, aucune des histoires qu’il nous raconte n’offre devenues plus drôles pour autant. Une fois encore, ce ne litarisme de la fête, il occupe la position d’un compa- d’intérêt. Les dialogues, nombreux, comme enregistrés (1) Après l’Histoire. Recueil de chroniques parues en 1998 sont pas tant les fêtes proprement dites que j’évoque, mais gnon de route. Un œil aveugle et l’autre critique ; une au magnétophone ont cette fausse profondeur des dans la Revue des deux mondes. Les Belles Lettres, 280 p., la festivisation progressive et totalitaire de la société. (...) face veule et l’autre qui refuse. Enrico Remmert confidences éthyliques, lesquelles ressemblent à s’y 120 F (18,29 ¤).

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ROMANS POLICIERS b LES DÉSARROIS DE NED ALLEN, de Douglas Kennedy Signe des temps ? La scène du roman noir s’enrichit aujourd’hui d’un b par Michel Abescat nouveau héros : le cadre supérieur au chômage. Donald Westlake, à sa Lucien, journaliste manière féroce et jubilatoire, tranchait il y a quelques mois dans le vif du sujet. Impeccablement affûté, Le Couperet (Prix du roman noir du festival de Cognac, Rivages-Thriller, 1998) racontait la trajectoire meurtrière d’un cadre de l’industrie du papier, flinguant méthodiquement ses concur- par paresse Sur le sentier du crime rents à l’emploi au nom d’une logique de guerre économique incontour- nable : chacun pour soi et que le plus fort gagne ! Une logique que ne re- ar qui serai-je aimé ? », chutera. « Je n’ai pas des reins et des nierait pas le héros du troisième roman de Douglas Kennedy, se demande Lucien de épaules à soutenir Paris », explique- LE GUERRIER SOLITAIRE Les Désarrois de Ned Allen. Bête de vente et rat des villes, celui-ci est un Rubempré, alors qu’il t-il à son ami Daniel d’Arthez, pour (Villospar) modèle de réussite. La trentaine agressive. Un job de battant. Un appart contemple Paris, du haut justifier son choix de devenir jour- de Henning Mankell. à Manhattan, La Mecque des yuppies triomphants. La jeunesse, le fric et duP Père-Lachaise, où vient d’être naliste. Le même d’Arthez livre un Traduit du suédois par Christofer Bjurström. la frime. Plus dure sera la chute : le groupe auquel il appartient est rache- enterrée Coralie, sa maîtresse. Bal- jugement sans appel à la sœur de Seuil Policiers, 440 p., 130 F (19,81 ¤). té. Chômage. Cabinet d’outplacement. La vie en rose vire au roman noir zac s’amuse : Lucien est un anti- Lucien : « Il rêve et ne pense pas, il quand, après avoir accepté les propositions de brasseurs d’affaires pas Eugène de Rastignac. Pourtant, par s’agite et ne crée pas. Enfin (...) c’est n roman peut-il avoir de la « présence », comme on le dit très claires, l’ex-golden boy se retrouve accusé de meurtre... « un de ces éclairs de force qui une femmelette qui aime à pa- d’un acteur ? Une sorte de force immédiate, évidente, irré- Douglas Kennedy n’est pas moins féroce que Westlake dans sa critique trompent toutes ces natures à demi- raître. » « Il se gâtera avant d’être sistible. Une façon un peu mystérieuse de s’imposer et radicale d’une société vouée au rendement et au profit, sans pitié pour féminines », le jeune héros avait eu mûr », juge de son côté de Marsay, d’exercer son ascendant. Toujours est-il que c’est ce mot qui ceux qu’elle exclut, ni pour les autres d’ailleurs, qu’elle tient par le fric et l’énergie de composer des chan- modèle du véritable lion parisien vientU à l’esprit à la lecture du livre du Suédois Henning Mankell, la crainte permanente de ne plus en être. Emporté par une intrigue re- sons grivoises pour payer le cor- que Lucien essaie d’imiter en vain. Le Guerrier solitaire. Avec quelques autres. Humanité. Dignité. Sensibili- marquablement ficelée, le lecteur s’amuse à ce portrait à la David Lodge tège funèbre de la C’est dans le jour- té. En ce sens, le roman ressemble beaucoup à son personnage princi- du petit monde des yuppies, de ses modes et de ses codes, de son strass femme qui était nalisme que s’épa- pal, le commissaire Kurt Wallander. Un type au pas un peu lourd. et de ses stress. Frémit à cette peinture au vitriol du parcours du combat- morte pour lui, et nouit le seul talent Percheron plutôt que mustang. Plus puissant que rapide. Plus profond tant quotidien auquel se soumettent les héros, bons soldats de l’entre- avec laquelle il avait réel de Lucien. Intro- que brillant. L’âme aussi esquintée que le monde dans lequel il évolue. prise moderne et performante. S’angoisse au démontage implacable de connu ses premiers duit par Etienne Un « modèle » suédois apparemment impassible, mais dévasté intérieu- l’extrême violence d’un système broyeur de vies. Comme dans son pré- triomphes pari- Lousteau dans le pe- rement. cédent roman, L’Homme qui voulait vivre sa vie, Douglas Kennedy réussit siens. tit cercle des plumes Meurtriers sans visage, la première de ses aventures traduite en fran- à faire passer ses lecteurs par toutes les couleurs de l’émotion. Roman de Retombé dans la Figures qui font et défont les çais (Christian Bourgois, 1994, 10/18, coll. « Grands détectives », 1996), mœurs, impeccable thriller, comédie noire, conte moral, Les Désarrois de fange angoumoi- de la Comédie réputations, Lucien dessinait un monde rural désertifié et lugubre, tourmenté par les dé- Ned Allen est aussi drôle que terrifiant (traduit de l’anglais, Etats-Unis, sine, le « Chateau- s’impose très vite mons du repli sur soi, de l’intolérance et du racisme. Et stigmatisait l’ab- par Bernard Cohen, Belfond, 380 p., 120 F [18,29 ¤]). briand de L’Hou- b comme la première sence, au niveau national, d’une politique d’accueil des réfugiés et du b LE POINT LIMITE, de John Wessel meau » est une Chardon d’entre elles. Lucien droit d’asile. L’histoire est aussi tordue que les personnages qu’elle met en scène. Ma- seconde fois hissé de Rubempré, écrit « son premier ar- Le Guerrier solitaire est plus violent encore. L’action se passe une nou- niaques sexuels, sadiques, déglingués de toutes sortes. Aussi sulfureuse sur les devants de la Lucien ticle sur la table ronde velle fois en Scanie, au sud du pays. La petite ville d’Ystad est boulever- que les thèmes qu’elle agite. Sexe, voyeurisme, inceste, violence. Aussi scène parisienne du boudoir de Florine, sée par une série de meurtres d’une sauvagerie inouïe, commis par un riche enfin que sa structure, complexe et alambiquée, et que ses person- par la force de l’ab- à la lueur de bougies tueur apparemment fasciné par la légende indienne qui exécute ses vic- nages aux multiples visages. Ce n’est pas un hasard si le héros est un bé Carlos Herrera, 1798-1830 roses ». Il rédige vite times à la hache avant de les scalper. Qui est ce guerrier solitaire qui chirurgien esthétique de renommée... Tout commence lorsque sa femme alias Vautrin, trou- et bien. « Il était né choisit à l’évidence ses proies avec soin, un ancien ministre à la retraite, engage un détective privé pour constituer un dossier accablant sur quel- blé par « la beauté Poète à Angoulême, journaliste », dit de un riche marchand d’art ? Y a-t-il un lien entre elles et avec le suicide par ques-unes de ses petites manies, défonces sado-maso en particulier, afin mélancolique » du journaliste à Paris. lui Dauriat, l’éditeur le feu d’une toute jeune fille originaire de République dominicaine ? de tirer le meilleur parti du divorce qu’elle a l’intention de demander. jeune homme. Héros d’Illusions du petit groupe. Méthodiquement, à la manière de son héros, Henning Mankell démêle Cassé par une vieille histoire qui lui fit autrefois perdre sa licence offi- Après être passé de- perdues et de Lucien goûte alors l’écheveau confus d’une remarquable intrigue, portant le roman de pro- cielle, le privé pense en avoir vu d’autres. Il n’est pas au bout de ses sur- vant le domaine de Splendeurs et misères « l’un des plaisirs se- cédure policière au niveau de la perfection. prises. Et le lecteur avec lui, ballotté par un récit dont la vérité échappe la famille de Rasti- des courtisanes. crets les plus vifs des Entraînant ses lecteurs dans l’épaisseur de l’enquête, ses tâtonne- sans cesse. Ecrit par un ancien libraire et critique, John Wessel, Le Point li- gnac, à Ruffec, les journalistes, celui ments, ses contradictions, les faisant participer presque physiquement mite est un premier roman prometteur (traduit de l’anglais, Etats-Unis, deux hommes s’al- MAISON DE BALZAC 1842/PARIS J.L.-A. BISSON d’aiguiser l’épi- aux doutes et aux tourments de Wallander et de ses collègues, projetés par Jean Esch, Rivages/Thriller, 340 p., 135 F). lieront. Las ! la deuxième chute de gramme, d’en polir la lame froide malgré eux sur les lignes de faille d’une société mutante qu’ils ne b NEIGE NOIRE, de Christian Rolland Lucien sera plus médiocre encore qui trouve sa gaine dans le cœur de comprennent plus et qui les effraie. Cloué à son fauteuil, touché par la L’écriture est rapide, hachée, incisive. L’histoire de plus en plus délirante. que la première. Il se pend, sans la victime, et de sculpter le manche justesse des dialogues (Henning Mankell s’est pendant longtemps Christian Rolland surfe avec talent sur les codes et les clichés du roman gloire, à la prison de la Concierge- pour les lecteurs ». Journaliste par consacré au théâtre), par la densité des personnages et des situations, le noir, entraîne irrésistiblement ses lecteurs dans les entrailles d’une ville rie, non sans avoir au préalable tra- paresse, par manque de volonté de lecteur assiste, de plus en plus ému, au chemin de croix des policiers. côtière du Nord, dans le décor saisissant d’un dédale de galeries na- hi son pygmalion. devenir écrivain, Lucien a sacrifié Jusqu’à la résolution de l’énigme et l’arrestation d’un coupable auquel turelles et de tunnels de métro en construction. Une semaine avant l’an Lucien, « mince et de taille par vanité sa carrière à ses ca- aucun d’entre eux ne voulait croire. Bien plus terrifiante, par ce qu’elle 2000, un cadavre est retrouvé à l’entrée d’un égoût, les yeux arrachés. moyenne », a « un front et un nez prices. met en jeu, que la figure aujourd’hui récurrente dans le roman policier, Une jeune femme, tout juste sortie de l’école de police, s’enfonce dans le grecs », « la blancheur velouté des Balzac le sacrifie à son tour. De- du tueur psychopathe. ventre de la cité et découvre un monde hallucinant. Un trafic de déchets femmes », « des yeux noirs tant ils venu « le jouet d’hommes envieux, Derrière le masque peinturluré et tragiquement dérisoire de « l’In- nucléaires. Des travailleurs-esclaves venus de l’est de l’Europe. Un ancien étaients bleus » et d’« abondants et avides et perfides », Lucien révèle dien » sur le sentier de la guerre, c’est le visage blafard d’une société en mercenaire régnant sur une armée de SDF qu’il tente d’organiser. Chris- fins cheveux blonds » ; il a « les sa nature médiocre. Ballotté par décomposition qui apparaît. Régressive et monstrueuse. Celui d’un ogre tian Rolland multiplie les clins d’œil à Moby Dick. La cité a pour nom hanches conformées comme celles les événements, il n’est plus, au dévorant ses propres enfants... Le Seuil annonce pour les mois à venir la Melville. Le mercenaire s’appelle Jaunas. Et s’en prend à la « Bête » qui d’une femme ». D’ailleurs, il séduit choix, qu’un « petit farceur » ou publication des autres volumes du cycle Wallander. Les lecteurs français gronde au fond du tunnel. Le polar se métamorphose alors en conte apo- aussi bien les hommes que les « un petit drôle ». pourront ainsi constater que la relève du fameux inspecteur Beck de calyptique. Dans une vision noircie d’une réalité, hélas, largement à femmes ; mais faible et vaniteux, il Alain Beuve-Méry Maj Sjöwall et Per Wahlöö est désormais assurée. l’œuvre (Denoël, 270 p., 119 F [18,14 ¤]). LeMonde Job: WIV1999--0003-0 WAS LIV1999-3 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 07:56 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0068 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / III b La leçon de Lapouge Labro au féminin Un livre d’impressions, de souvenirs de voyages au cours desquels la réalité révèle les mille histoires Une saison dans la vie d’une jeune fille racontée venues de la mémoire de l’auteur par la plume indulgente d’un homme mûr un mot qui les qualifierait précisé- qui se mélangent avec les mecs de BESOIN DE MIRAGES ment, ses textes ressemblent à des MANUELLA l’architecture (...) ». de Gilles Lapouge. exercices de mémoire. Ils sont pa- de Philippe Labro. Philippe Labro connaît bien ce Seuil, 256 p. 110 F (16,76 ¤) limpsestueux. Le beau portrait Gallimard, 240 p., 95 F (14,48 ¤). monde, sur lequel il garde un œil d’une amoureuse poitrinaire pré- amusé, mais pas dépourvu d’une e petit Lapouge a à cède des spéculations de géologie n livre qui commence certaine indulgence. Pourquoi pas ? peine dix ans lorsqu’il à ciel ouvert. Des souvenirs de jeu- par le réveil d’une jeune On prendrait plaisir à cette histoire découvre le Sahara dans nesse surgissent au milieu d’un fille, un matin de début estivale, à cette fin d’adolescence la voiture paternelle, as- atoll. Un vol de pétrels ou l’érup- d’été, dans une pièce dans une atmosphère à la Sagan, si sisL à l’arrière sur un strapontin, le tion d’un volcan éveille une rêve- emplieU de tubéreuses, devrait sé- Philippe Labro n’était malen- dos tourné au sens de la marche. rie sur les origines. Lapouge, ivre duire tous les amoureux de cette contreusement tombé dans deux Ce premier voyage d’importance de mirages, cultivant la nostalgie fleur au parfum de « poivre et de pièges. Le premier est une certaine va le marquer toute sa vie : désor- et l’utopie, s’écrit plus qu’il ne dé- miel » qui « monte à la tête, tenace naïveté sentimentale, qu’on avait mais, il verra le monde en verlan et crit. D’ailleurs, il ne s’en cache pas mais pas écœurant, attachant et dif- déjà vue à l’œuvre dans Quinze ans ses déplacements seront rétro- et biseaute ses reportages avec la férent ». Elle est assez délicieuse (1), où il parlait de sa propre adoles- spectifs. Son art de voyager sera minutie d’un diamantaire : «Je cette Manuella, avec ses dix-sept cence. Le second est d’avoir voulu fait de curiosités, d’éparpillements confonds légèrement le dehors des ans et sa famille bourgeoise qui lui a écrire ce récit « au féminin », à la et de reconcentration. Il sera un choses et le dedans de ma tête », fait une vie toute douce. Elle a peur première personne. Autant Labro globe-trotter traversier et un fabri- avoue-t-il, mi-sérieux mi-espiègle. de rater son bac. C’est justement le portant un regard d’adulte bienveil- cant de mirages, qui – selon lui – jour des résultats et les tubéreuses lant – et sans doute un peu trop at- révèlent le réel. Il deviendra une DÉDALE DE SOUVENIRS sont là pour embaumer le réveil, le tendri – sur son héroïne pourrait sorte de cosmographe distrait à la Besoin de mirages tient par la rendre un peu moins effrayant. être touchant, autant sa Manuella recherche d’un monde enchanté. grâce du style. Lapouge passe de la Bien sûr, elle est reçue au bac, et joue faux. Elle prend d’emblée la Son grand souci sera, non pas le leçon de choses au fantasme sans même avec mention « assez bien ». peine d’expliquer qu’elle ne veut « satori » ou « l’illumination », effort ni artifices. Il raconte mille pas écrire un langage faussement mais le ravissement. S’il fallait lui histoires au fil d’une songerie que PRESQUE DÉSUÈTE branché, mais tenter d’être « impec- trouver des devanciers, il faudrait l’on devine solitaire et amusée. Le Philippe Labro n’a certainement cable » : « Sans comédie, sans trop citer Saint-Brendan, qui guide sa lecteur le suit dans le dédale de ses pas envie de faire le roman d’un d’argot bidon, sans trop de verlan, barque grâce aux mirages annon- souvenirs avec la gourmandise de échec. Il veut suivre Manuella, qui sans mode et sans complexe, mais çant l’Amérique, William Beck- celui qui mange un panier de ce- ne s’aime pas parce qu’elle est un avec de la gaieté et de la vérité (...). ford, le voyageur anglais du rises en choisissant, à chaque fois, peu trop plantureuse, dans les pre- Ce serait bien ». XVIIIe siècle, rêveur éveillé, maître la plus belle. miers mois de sa vie après « la bar- Malheureusement, cette précau- de la digression et du hors-sujet et, Lapouge procède par scènes et rière indispensable à franchir – pour tion ne suffit pas à faire fonctionner FRANCESCA NOCIVELLI de manière plus secrète, Jorge Luis Cabeço, à l’embouchure du fleuve Sao Francisco, au Brésil par tableaux. Il peint ses impres- aller où ? ». le récit. On bute sans cesse sur des Borges. sions les plus fugitives et, de Manuella – Manu pour les in- fausses notes, comme si Labro lisait situe entre Basses-Alpes et Haute- surtout – se lisent comme des ta- l’Amazonie, si difficile à cerner, si times – se préoccupe de sa virginité, avec attention sa partition, sans en- BRACONNIER DU SAVOIR Provence). Besoin de mirages est, bleaux miniaturistes. Voilà pour- retorse à fixer, il rapporte des vi- ou plutôt du moment où elle va la tendre qu’il a mal placé, au départ, Voyage et introspection font de ce fait, plus proche de La quoi il apparie l’Inde (Goa) au Bré- sions d’une rare finesse : « Sur la perdre. A dix-sept ans, elle a le sen- ses doigts sur le clavier du piano. bon ménage chez Lapouge. Le Sa- Flamme d’une chandelle de Gaston sil : il y découvre la même matière. berge, des femmes faisaient la les- timent d’être presque désuète, car Quelle idée de se raconter en jeune hara, l’Amazonie, l’Inde, l’Islande, Bachelard que de Marco Polo ou Ces raccourcis, qui font que l’on sive. On aurait cru qu’elles lavaient elle a décidé d’attendre « un peu fille, diront certains. On peut au Tahiti sont moins vus comme des que d’Elisée Reclus. Buzzati, Kada- n’est jamais là où on se trouve, la brume. Elles tapaient sur un linge d’amour » pour faire l’amour. Labro contraire penser que ce pari était ex- espaces géographiques que ré, Ernst Jünger, Michaux lui rappellent le précepte de Nicolas invisible avec de gros battoirs mais la décrit avec délicatesse, pendant citant pour Philippe Labro, après comme des éléments, des petits servent de table d’orientation. Il Bouvier : « L’étranger, c’est pas un ça ne faisait pas de bruit. Elles au- les traditionnelles vacances en deux livres où il évoquait la maladie cosmos. Libre-rêveur et révolté glane les images comme autrefois, pays. Il faut y être pour en faire un raient aimé en faire car elles co- Corse, avec la famille ou plutôt la qui l’avait mené tout près de la mort docile, Lapouge cache son érudi- sans impératif catégorique, sans pays. » gnaient très fort mais il ne restait tribu – une bande d’amis pour les- et la manière dont il avait trouvé un tion sous le manteau de l’inno- ordre ni classement, il collection- Difficile de faire l’inventaire des plus un seul bruit dans le coin, le quels son père, architecte, a goût nouveau à la vie (2). Ce jeu pé- cence et il braconne sur toutes les nait les timbres... différents voyages de Gilles La- brouillard avait tout gobé. » Ce construit des maisons presque sem- rilleux n’a pas tourné à son avan- terres du savoir, la géographie, la Le songe n’implique ni le flou ni pouge. Les déplacements se super- livre est truffé de ce genre de trou- blables, sur « le domaine », un en- tage. On espère qu’il reviendra sage- géologie, la philosophie, l’histoire. l’inexactitude. Paradoxalement, in- posent aux digressions. Comme vailles. Je n’en dirai pas plus. Elles droit auquel Manuella est attachée, ment vers le masculin. C’est plus sûr. C’est un voyageur à l’ancienne, un soucieux des généralités, Gilles La- toujours chez cet écrivain, que ce finiraient par provoquer la jalousie bien qu’elle le nomme « Fric Land, Josyane Savigneau généraliste, plus paysagiste et ani- pouge explore le détail. Les oi- soit dans ses essais ou dans ses ro- des écrivains chevronnés. Et cha- Bourge Land, Pognon Land » et cri- malier qu’ethnologue. Tout ce seaux le fascinent. Le nomadisme mans, les idées se croisent et se cun devrait méditer la leçon de La- tique « les bateaux, les jeeps, les (1) Gallimard, repris en poche en qu’il voit le renvoie à son enfance des noix de coco l’exalte. La neige chevauchent. La pensée ricoche. pouge : il n’est de bon voyageur grosses maisons, les spaghettinades, « Folio », no 2677. (qui, remarquons-le, tel un clair- le galvanise. Voilà pourquoi ses Les effacements succèdent aux ef- que celui qui a une vie intérieure. la bronzette et les nanas qui se (2)La Traversée et Rendez-vous au obscur ou un fondu enchaîné, se voyages – au Brésil et en Islande, facements et, à moins d’inventer Jacques Meunier bourrent le soir, les mecs du show-biz Colorado, Gallimard.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Mélancolie perverse La subtile cruauté d’Elizabeth Taylor nous entraîne dans un port, si anglais, où les gens se croisent, s’observent et ne s’aiment pas inscrit deux niveaux de lecture qui conventions sociales −, baigné de VUE SUR LE PORT s’accordent parfaitement l’un avec lumières bleues, grises ou vio- (A View of the Harbour) l’autre. L’histoire, d’une part, et lettes, dans un paysage « incolore d’Elizabeth Taylor. une réflexion sur le métier de ro- et venté ». Un environnement peu- Traduit de l’anglais mancier, cette pratique nourrie de plé de personnages vieillissants et par Geneviève Doze, la vie des personnages et pourtant d’adolescents tristes, où le plâtre Rivages, 336 p., 129 F (19,77 ¤). coupée d’elle. Commençons donc des murs a une fâcheuse tendance par l’histoire, ou plutôt les his- à piquer du nez. tait-il écrit qu’elle dût toires, succession de vies enchevê- La vie continue, pourtant, à toujours se voir compa- trées dont seul l’entrecroisement l’image du phare qui ne cesse rée à d’autres femmes ? fait une intrigue. Il n’y a pas de d’éclairer la côte : par intermit- Parlant d’Elizabeth Tay- force extérieure, dans ce roman tence, mais sans états d’âme. Et le lor,E les critiques semblent faire profondément agnostique, pas de personnage qui maintient cette profession de rapprocher son nom Deus ex machina : tout provient de continuité est celui de l’écrivain, d’autres, plus célèbres. Celui d’une l’intérieur des personnages eux- cette Beth que l’on accuse de froi- fameuse actrice de cinéma, son mêmes. deur et d’indifférence pour la vie homonyme, celui de quelques ro- réelle. A peu près recluse dans une mancières anglaises et non des YEUX SCRUTATEURS maison dont elle ne prend aucun moindres, de Jane Austen à Muriel Dans un petit port du sud de soin, accordant juste ce qu’il faut Spark et Barbara Pym. Est-ce le l’Angleterre, les habitants s’épient, d’attention à ses enfants et à son fait que son écriture ait été taxée s’aiment ou se détestent, se ren- mari, Beth écrit à perdre haleine, de féminine, avec ce que cela por- contrent au pub, se racontent des parvenant à ce qu’elle appelle elle- tait de condescendance ? La dis- histoires − à tous les sens du même « l’engloutissement drogué crétion d’une vie passée à concilier terme. Il y a Beth, l’écrivain qui dans un autre monde ». Myope, à son activité littéraire et l’éducation « bricole des mots », convaincue de la fois physiquement et intellec- de ses deux enfants, dans un vil- ne pas être une grande roman- tuellement, Beth ne voit pas lage du Buckinghamshire ? Ou en- cière. La plupart des romans d’Eli- l’idylle qui réunit son mari et son core − c’est le plus probable −, le zabeth Taylor contiennent un per- amie. Son activité littéraire est dé- caractère si délicieusement anglais sonnage de femme écrivain, nigrée, autant par elle-même que de ses livres, qui l’inscrit dans une parfois l’héroïne, comme c’est le par son entourage. Pourtant, c’est lignée plus que dans l’éclat d’une cas dans Angel (1). Accessoire- à elle que l’auteur confie le meil- œuvre singulière ? ment, Beth est l’épouse de Robert, leur rôle, celui de la vie, de l’espé- Auteur d’une quinzaine d’ou- le médecin du village. Lequel rance et de la perspicacité sociale. vrages, romans et recueils de nou- s’aperçoit, la cinquantaine venue, Autour de ce profil d’écrivain, velles, Elizabeth Taylor ne fut pas, qu’il est amoureux fou de la meil- l’auteur a disséminé des aspects de son vivant, reconnue à la me- leure amie de sa femme. Et réci- du travail de romancier sous sure de son talent. Elle-même ima- proquement, mais cet amour se forme de traits de caractère, chez ginait d’ailleurs que ses fictions fi- trouve contrarié dès son début par différents personnages. La plupart niraient par couler dans cet oubli le regard de Prudence, la fille de d’entre eux exaltent la réalité, qui dont l’ombre commençait si visi- Beth et Robert. Et par d’autres les trahit en retour. La figure de blement à s’allonger sur son exis- yeux scrutateurs, comme ceux de Mrs. Bracey, notamment, est si- tence. Vingt-cinq ans après sa Mrs. Bracey, qui passe son temps à gnificative. Double improductif et mort, son nom n’a cependant pas observer ses voisins. coléreux de Beth, Mrs. Bracey est disparu, et c’est heureux. Car la On s’observe beaucoup, dans une vieille dame paralytique dont subtile cruauté de son travail, la Vue sur le port. On s’accompagne l’imagination supplée à ce qu’elle perversité qui émane de son aussi, les uns chez les autres, pour ne peut voir de ses propres yeux. monde parfaitement civilisé, l’in- faire un bout de chemin ou sur la Lorsqu’un changement de place lui tensité de ses atmosphères, mé- route du cimetière, au dernier permet enfin de regarder dehors − ritent d’être connues. Toutes qua- jour. Et cependant, on est seul, « Voilà mon livre ! » −, elle ne tarde lités qui se manifestent dans Vue cruellement, d’une solitude qui ne pas à mourir, comme si seule sur le port, l’un de ses premiers ro- transige avec aucun lien de fa- l’imagination, donc la fiction, la mans, paru en Angleterre en 1947. mille, ne s’adoucit d’aucun amour. maintenait en vie sans qu’elle le Dans ce livre, composé autour Là réside la profonde mélancolie sache. d’un port et des ruelles avoisi- de ce roman crépusculaire bien Raphaëlle Rérolle nantes comme autour d’une scène qu’à maints égards désopilant − en de théâtre, l’auteur semble avoir particulier dans sa critique des (1) Rivages poche no 41 LeMonde Job: WIV1999--0004-0 WAS LIV1999-4 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 07:56 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0069 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 le mai du livre d’art b Question de genres La nature morte, l’autoportrait : peut-on écrire l’histoire de la peinture à travers les siècles par genres séparés ? Deux ouvrages très différents invitent à s’interroger sur la validité et les limites de cette méthode

donc écrire une histoire de la na- d’une histoire du nu ou du pay- cipe unique de lecture l’emporte. NATURES MORTES ture morte de Pompéi au pop-art. sage. Le résultat est convaincant et le de Sybille Ebert-Schifferer. Elle obtient un inventaire qui Soucieux d’aller au terme de son balancement entre picturalité et Traduit de l’allemand s’étire le long de vingt siècles, les entreprise, l’auteur n’en poursuit introspection très maîtrisé. par Denis-Armand Canal. uns très garnis, d’autres très vides. pas moins son parcours. L’ordre A ces mérites s’ajoute le plaisir Ed. Citadelles & Mazenod, Son ouvrage en impose par son chronologique, auquel elle se te- que donne l’illusion d’une proxi- 420 p., 342 ill., 880 F ampleur, l’abondance des noms nait jusque-là comme à un fil ras- mité plus étroite de Matisse, Beck- (121,95 ¤) jusqu’au 30 juin, propres qu’il cite, la qualité des il- surant, subit des atteintes mann, Munch, Picasso, Bacon, 1 100 F (167,69 ¤) ensuite. lustrations, le brillant d’une distri- étranges. Pour des raisons qui Basquiat ou tel de nos contempo- bution où personne ne manque, tiennent peu aux œuvres, la na- rains. Sans prétendre à l’exhausti- L’AUTOPORTRAIT de Bruegel à Monet, de Zurbaran à ture morte allemande paraît d’au- vité, Joëlle Moulin s’efforce en ef- AU XXe SIÈCLE Picasso, de Chardin à Van Gogh. tant de conséquence que ce qu’en fet de ne négliger aucune œuvre de Joëlle Moulin. Les images sont très belles, d’au- font Courbet et Manet – tous deux importante, jusque parmi les plus Ed. Adam Biro, tant plus belles que les natures fort maltraités. Le cubisme expé- récentes, quand bien même, le 144 p., 90 ill., mortes où l’illusionnisme est dié en vitesse, le ready-made igno- plus souvent, les autoportraits ne 295 F (44,97 ¤) jusqu’au 30 juin, poussé jusqu’au trompe-l’œil ne ré, le pop art et le Nouveau Réa- sont, chez la plupart, que rares, 350 F (53,35 ¤) ensuite. perdent rien à la reproduction lisme réduits à peu de chose, l’art dispersés à des moments de leur photographique. Il se pourrait d’aujourd’hui ignoré : il eût été carrière, dans les premières années aysage, nature morte, al- même qu’elle en améliore cer- prudent de réduire le champ tem- et vers les dernières le plus légorie, portrait, peinture taines, en accentuant la précision porel, tant il est clair qu’une telle souvent. P d’histoire, nu : rien de des formes, en accentuant les manière d’écrire l’histoire sur de Ainsi se construisent beaucoup plus clair. La peinture, des contrastes de lumière et de cou- trop longues durées finit par dé- plus que des représentations des siècles durant, a pratiqué diffé- leur. Dans chaque planche, les ob- truire son objet. La synthèse de artistes par eux-mêmes : ils se défi- rents types de sujets. Elle a eu ses jets semblent doués d’une pré- vingt siècles en quatre cents pages nissent, ils prennent position face spécialistes, très nombreux, vir- sence particulièrement intense, suppose trop de raccourcis et de au présent et au passé. Chirico se SIÈCLE, DE JOËLLE MOULIN, ED. ADAM BIRO SIÈCLE, DE JOËLLE MOULIN, ED. ADAM tuoses reconnus dans un exercice presque irréfutable, alors qu’il ne e simplifications pour se défendre déclare peintre à la manière anti- ou un autre, ceux qui « faisaient » s’agit que de copies d’imitations. encore. que et, par tableau interposé, admirablement les chevaux ou les Un texte court entre ces images, donne à entendre quelle réproba- chiens, ceux qui savaient capturer présentations des peintres et des RÉSULTAT CONVAINCANT tion suscitent en lui les avant- l’expression d’un visage – et en- toiles, rappels elliptiques de no- Une conception inverse anime gardes. Hélion visite l’histoire de core tous ceux qui ont excellé dans tions et d’éléments contextuels. L’Autoportrait au XXe siècle, autre son art et, après des tours et des les tulipes, les verres, les cheve- L’auteur, soignant les transitions analyse d’un genre, analyse d’au- détours, se représente en vieillard lures, les cieux, les anges, les ba- ainsi qu’on l’exigeait jadis des ly- « XX AU L’AUTOPORTRAIT tant plus délicate que la peinture presque aveugle, la visière de tailles, les grands arbres ou les céens, glisse d’un Toscan à un IN Kasimir Malévitch, « Autoportrait », 1933, Saint-Pétersbourg, Musée russe n’est pas le seul moyen de l’auto- Chardin au front. Est-il alors si loin étals de poissonnier. La liste est in- Rhénan, d’un Flamand à un Sévil- portrait au temps de la photogra- de Bonnard quand ce dernier peint finie, par définition. lan, d’un Bostonien à un Parisien. œufs au plat en peinture, mais dans ce système qui importe au- phie, du cinéma et de la vidéo. Ici, son reflet dans une glace, reflet Les difficultés de l’exercice sont in- n’abusa pas de ce talent mineur. tant par ces toiles secondaires que le contexte historique et technique trouble d’un visage maigre et d’un BRILLANTE DISTRIBUTION nombrables, à commencer par la La production de tableaux en sé- par les chefs-d’œuvre qu’il a pu est sans cesse rappelé, comme le regard qui se voile ? Beckmann Ainsi, depuis la fin du Moyen définition de la nature morte. La ries, codification d’un type à des susciter. Or ces derniers seuls ont sont les données biographiques joue à l’infini des poses, des dégui- Age, se sont créés les genres pictu- représentation minutieuse d’une fins essentiellement commerciales, droit de cité dans le livre, au nom nécessaires. Deux dangers mena- sements, des allusions cryptées et raux, que des hiérarchies ont pré- fleur ou d’un coquillage à des fins se distingue de l’expérimentation d’une conception anthologique. çaient l’auteur : l’éparpillement en son œuvre apparaît, ainsi considé- tendu ordonner du plus élevé au scientifiques en fait-elle partie ? La occasionnelle qui ne se comprend Quant aux tentatives singulières, une multitude de cas, tous parti- rée, comme une autobiographie plus trivial. Ainsi est née, beau- Touffe d’herbe de Dürer en relève- que dans le mouvement général elles relèvent à peine de l’histoire culiers, les regroupements de force visuelle sans cesse recommencée – coup plus tard, au XXe siècle, l’ha- t-elle ? Affirmation discutable. d’une œuvre plus vaste. du genre. Si elles lui empruntent par mouvements et styles. Autre- ce en quoi il soutient en effet la bitude d’écrire l’histoire de la Autre difficulté : les spécialistes de De la fabrication en séries, qui des motifs, c’est pour les transfor- ment dit : la dissémination ou la comparaison avec Picasso, qu’il peinture selon pareille subdivi- tel sous-genre – le bouquet déco- finit dans l’académisme le plus en- mer. Si elles en connaissent l’his- simplification. Elle les évite de la appelait de ses vœux. L’ouvrage sion. Ainsi se prolonge-t-elle au- ratif, le gibier mort – côtoient les nuyeux, l’analyse ne peut être seu- toire, c’est pour s’éloigner d’elle. meilleure manière : en produisant suggère de tels rapprochements, jourd’hui, comme s’il allait de soi maîtres qui n’ont accordé à la na- lement artistique. L’économie, les Dès lors, le propos se déchire. A au fil de l’étude les concepts né- qui lancent la réflexion – ou la son- de procéder de la sorte. Sans hési- ture morte que peu de leur temps stéréotypes nationaux, l’enseigne- partir de la seconde moitié du cessaires, en associant l’esthétique gerie – dans des directions inatten- ter, Sybille Ebert-Schifferer, direc- – Velazquez par exemple, qui, ment religieux, les considérations XIXe siècle, il perd tout espoir de au physiologique, à l’historique ou dues. trice des Musées de Dresde, peut certes, faisait admirablement les politiques parfois interviennent cohérence – il en irait de même au psychologique sans qu’un prin- Philippe Dagen

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Morceaux de l’infini Pierre Restany et le tournant de Letourneur L’art, la géographie et l’astronomie auraient-ils Un sculpteur figuratif raconté par le fondateur du nouveau réalisme des liens ? Esquisse d’une réponse qui en fait un avatar d’Yves Klein

quelques aspects de la question cours sans complexe aux nouvelles reçoivent, en guise d’invitation, une rappeler la forme primitive du paral- COSMOS d’une façon curieusement éparpil- RENÉ LETOURNEUR technologies et au mass media, boîte à sardines remplie d’ordures. lélépipède... » Ô, pirouettes resta- Du romantisme lée et incomplète. de Pierre Restany. l’éclatement de tous les langages éta- Elle annonce l’exposition « Le nyennes... à l’avant-garde, Après une introduction qui sug- Photographies blis et leur restauration en per- Plein », qui, rue des Beaux-Arts, fait Mais la plus belle est à venir, et 1801-2001 gère que la quête scientifique ne de Jean Letourneur. cutantes formules de synthèse. » scandale. lui seul pouvait la réussir : pas- sous la direction de Jean Clair saurait être pure de toute inquié- Ed. Cercle d’art, 224 p., Pour Andy Warhol, qui s’y connais- Alors, comment passe-t-on d’Ar- sons sur la comparaison entre les et de Pierre Théberge. tude métaphysique, viennent des 390 F (59,46 ¤). sait, Restany était « un mythe ». man à Letourneur ? Restany s’en soucis architecturaux de René Le- Gallimard, 416 p., exposés d’iconographie comparée. Son verbe, sa verve, l’ont fait explique : « A première vue, par ses tourneur, et ceux qui agitent Ri- 400 ill., 350 F Ils réunissent des représentations PIERRE RESTANY, craindre par quelques générations options, ses références, sa conception cardo Bofill ou Dani Karavan... (53,35 ¤) jusqu’au 30 juin, picturales, graphiques et photo- L’ALCHIMISTE DE L’ART d’artistes, dont beaucoup lui en globale de l’art, René Letourneur Glissons sur ses considérations 420 F (64,02 ¤) ensuite. graphiques des montagnes améri- d’Henry Périer. veulent encore. Et nombre de ses peut aisément apparaître comme sur le génie, perçu comme une né- caines – Andes et Rocheuses –, des Ed. Cercle d’art, 470 p., confrères jalousent le destin excep- l’archétype de l’académisme bour- vrose, hommage, finement repéré uelles connivences lient pôles, de la Lune. Les deux der- 149 F (22,71 ¤). tionnel de Restany, tel qu’il est ra- geois des années 30, le dernier des par Restany, à son ami le plus les arts à la découverte niers tentent un inventaire des ar- conté par Henry Périer, son bio- Mohicans d’une sculpture qui s’est proche, le sculpteur Jacques Zwo- et à l’exploration d’es- tistes et des œuvres qui, dans les ARMAN graphe. Il faudrait tout dire : affirmée pendant l’Occupation sous bada. Mais il n’y a que Restany, et Q paces sans cesse plus avant-gardes du XXe siècle, rêvent de Bernard Lamarche-Vadel. petit-fils d’une demi-mondaine, fils le signe de la tradition française et personne d’autre, qui puisse vastes et plus lointains ? aux infinis spatiaux, à la circula- Ed. de la Différence, d’un directeur de la Compagnie dont les ultimes tenants n’en finissent écrire, à propos de l’œuvre ul- L’histoire des arts entretient-elle tion des planètes, aux trajectoires (2e édition revue et augmentée) marocaine, Pierre Restany est, pas de mourir à l’Institut. » On re- time, qu’il ne peut s’empêcher de quelques rapports avec les déve- interstellaires. 420 p., 600 F (91,47 ¤). après-guerre, un jeune militant connaît là la griffe du critique re- « penser aux anthropométries loppements de la géographie et de gaulliste, rédacteur au ministère douté. Qui sait retomber sur ses d’Yves Klein et à la sublimante por- l’astronomie, avec les voyages de CITATION ABUSIVE l est bien difficile d’écrire du des transports. pattes, pour justifier ce nouvel en- tée du message vitaliste qu’il trans- ceux qui vont jusqu’au pôle ou Cette méthode suscite des col- sculpteur René Letourneur gagement : « A l’orée du IIIe millé- met à travers la peau de ses "pin- jusqu’à la Lune ? Sur ce thème, lections d’images très variées, les I (1898-1990) qu’il est illustre. Le MOURIR À L’INSTITUT naire, je me sens confronté à une vi- ceaux vivants" : les empreintes bleu une exposition se tient à Montréal unes célèbres, d’autres plus rares. dictionnaire Bénézit, la bible Amoureux de l’Italie, aussi : c’est sion du monde, à un système de I. K. B. sont la trace tangible de cet été et à Barcelone à l’automne. Les panoramas de Thomas Moran, francophone des biographies artis- là, à Pise, qu’il découvre l’histoire pensée, à une équation de sensibilité l’énergie cosmique immatérielle qui Cosmos en est le catalogue, au titre les études d’icebergs aquarellées tiques, ne lui consacre que onze pe- de l’art. Membre des cabinets suc- qui témoignent d’une vertu fasci- anime notre sensibilité ». Et légèrement pompeux. Il examine par John Ross et celles, à l’huile, de tites lignes. Même les pétainistes cessifs de Jacques Chaban-Delmas nante : l’enracinement dans un ana- d’ajouter : « Il suffit d’imaginer la Frederic Edwin Church ont pour qui, en 1940, noyèrent dans le Tarn, le jour, Restany déambule désor- chronisme aussi nécessaire que projection des empreintes de Klein elles le charme de la bizarrerie. Les à Albi, un buste de Jaurès, préfé- mais sur les trottoirs de Saint-Ger- suffisant. » sur les parties correspondantes de Balla, les Russolo, les Survage, les rèrent, semble-t-il, l’œuvre de De- main, la nuit, hantant les galeries et l’anatomie des figures de marbre Kupka, les Klein sont ici judicieu- nis Puech (1854-1942), de l’Institut, commençant sa carrière de critique. TRADITION DIONYSIAQUE de Letourneur pour trouver la sement mentionnés. et ancien directeur de l’Académie Ainsi Arman, dont les éditions de Souvenir de son ami Paolo Val- source de la zone de sensibilité im- Mais le principe du tout-théma- de France à Rome, à la version réa- la Différence rééditent l’imposante lorz, tour à tour peintre figuratif, matérielle qui en émane. » Per- tique a ses effets pervers. Il pousse lisée en 1939 par Letourneur pour la monographie que lui a consacrée puis abstrait, et figuratif de nou- sonne. Sauf à être ridicule. Ou à se à des rapprochements factices, il même ville. René Letourneur faisait Bernard Lamarche-Vadel. Sans in- veau, qui lui fit découvrir les brûler les yeux au marbre, pour tient pour négligeable la qualité partie de la très nombreuse et très dex, malheureusement : on y trou- charmes surannés des pompiers, n’y voir plus que du bleu. Mais des œuvres. Qu’un Max Ernst, en honorable cohorte d’artistes figura- verait sans doute le nom de Resta- Bouguereau et Meissonnier ? après tout, comme le conclut 1942, se nomme La Planète affolée tifs balayée des encyclopédies par ny partout. C’est lui qui, d’après Complicité envers les nombreuses Pierre Restany, qui reprend en fi- n’autorise en rien à verser la toile les avant-gardes. Or, pour n’être Henry Périer, aurait aidé Arman à frasques, voulues ou subies, d’un nale le mot de Marcel Duchamp, au chapitre des cosmogonies au pas illustre, il n’est plus inconnu. développer l’idée des « Poubelles ». sculpteur inspiré, écrit-il, par la « ce sont les regardeurs qui font mépris de l’allusion historique évi- Les éditions Cercle d’art lui Les premiers essais, des détritus « tradition dionysiaque » ? Sympa- l’art » : voilà les auteurs de dente : citation abusive. Que des consacrent une jolie monographie, dans des petites boîtes, étaient trop thie de Restany, pour Letourneur, compte-rendu bien attrapés. œuvres de Vita Celmins figurent soigneusement illustrée des photo- élégants. Restany le convainc de auteur du monument érigé à Quito Harry Bellet un ciel étoilée ne rend pas leur graphies de son fils Jean. voir plus grand. « Il bricole, écrit et dédié à un autre libérateur, Si- présence si nécessaire qu’il en Plus surprenant est le choix de Henry Périer, une cage en verre mon Bolivar ; Letourneur qui, héros faille une demi-douzaine : citation l’auteur du texte : Pierre Restany, d’environ soixante-dix centimètres de de la première guerre mondiale, ne inutile de représentations trop lit- précisément un de ceux par qui les haut et la remplit avec le sac de l’as- s’est certes pas déshonoré durant la térales. Et pourquoi négliger des avant-gardes arrivent. Il est le fon- pirateur, des boîtes de camembert, et seconde ? Reconnaissance de ce artistes – Alain Jacquet par dateur, l’inventeur du nouveau réa- tout ce qu’il peut trouver comme dé- que Letourneur n’ait pas hurlé avec exemple – dont la présence aurait lisme, il a accompagné l’aventure chets... » Le critique, enthousiaste, les loups en 1960, lorsque César ex- été plus légitime que celle du so- d’Yves Klein, de César, et d’autres. assure à l’artiste qu’il a réussi : «A posa ses premières compressions lennel Parmiggiani ou celle de Tan- A New York, il a assisté à l’émer- l’opposé de l’attitude représentative d’automobile ? « La forme même, sey, dont les peintures ne sont gence du pop art. Sa passion pour traditionnelle de l’artiste, tu définis écrit Pierre Restany, des Compres- qu’amusantes ? A partir de ces « l’autre face de l’art », comme il ti- ainsi un art de présentation basé sur sions, le parallélépipède rectangle, premiers éléments, en introdui- trait ses articles dans la revue Do- la quantité. [... ] Ton acte concrétise constituait pour [Letourneur] un in- sant d’autres notions – océans, dé- mus en 1978, en fait un précurseur l’affirmation de la volonté directe- contournable rappel à l’ordre de serts, volcans, monde souterrain des tendances les plus actuelles de ment appropriative du réel. » Les l’immanence de la matière. » César, par exemple –, il reste à accomplir l’art contemporain, avec « le refus deux compères iront jusqu’à en sculpteur classique, puisque, pour un projet qui n’est ici qu’amorcé. de l’orthodoxie des méthodes, des bourrer l’espace de la galerie d’Iris Letourneur, « la statue ronde-bosse, Ph. D. techniques et des matériaux, le re- Clert, en 1960. Trois mille personnes pour devenir monumentale, doit se LeMonde Job: WIV1999--0005-0 WAS LIV1999-5 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 08:04 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0070 Lcp: 700 CMYK

le mai du livre d’art LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / V b David Bailey, artiste « cool » La bouche des maisons Photographe star parmi les stars, celui qui inspira Antonioni a saisi les visages des célébrités L’architecture africaine est aujourd’hui menacée. ou les corps des mannequins. Son style ? Aucun, si ce n’est celui de son époque, les années 60 Rahim Danto Barry en dresse une typologie sensible

venté en France à la fin des an- est décoré, à la chaux, de grands DAVID BAILEY nées 50 par les photographes PORTES D’AFRIQUE motifs. Dans la vallée du Niger, les de Martin Harrison. Frank Horvat, Jeanloup Sieff et par Rahim Danto Barry. villes massives se succèdent, avec Traduit de l’anglais William Klein. Norma éditions (86, rue leurs édifices de terre et leurs rues par Jean-Luc Muller, Bailey est marqué par les agran- Castagnary, 75015 Paris), étroites. Le long des falaises de Editions de La Martinière, dissements granuleux de ce der- 192 p., 200 ill., 295 F Bandiagara, les minuscules mai- 278 p., nier qui publie son révolution- (44,9 ¤), jusqu’au 30 juin, sons des villages dogons se 314 photos, 395 F (60,21 ¤). naire New York (Seuil, 1956). Il 345 F (52,5 ¤) ensuite. pressent les unes contre les autres, adhère à la spontanéité des films avec les toits pointus de leurs gre- avid Bailey ? La cause de la nouvelle vague, notamment ahim Danto Barry est ar- niers et leurs portes aux vanteaux était entendue : un pho- ceux de Godard, et au détourne- chitecte. Il a participé à sculptés. La monumentalité des fa- D tographe plus célèbre ment des emblèmes de la société l’élaboration du pavillon çades et des portes peintes des pa- pour son image, pour de consommation par Warhol et R lais haoussas (Nigeria) participent de la France à Séville, du avoir incarné le Londres insolent les artistes pop. En même temps, Stade de France à Saint-Denis et à une mise en scène colorée, plus des années 60 – le « swinging Lon- se posant un problème éthique, du Parlement européen à Stras- spectaculaire. Le périple de Rahim don » – que pour son style photo- Bailey n’oublie pas le contexte bourg. « Déraciné », « africain de Danto Barry se clôt sur l’évocation graphique. Sa belle gueule, son commercial qui le fait vivre. Il le la diaspora », il est né au Togo de deux villes, Zanzibar à l’est et franc-parler, sa façon de porter des dit dans un entretien au photo- mais vit en France, où il exerce son Gorée à l’ouest, où les influences habits noirs, de bouger son corps, graphe Ralph Gibson : « Un photo- métier. Ce qui l’a conduit, en re- des mondes arabe et européen se de fréquenter les caves de jazz cool, graphe de mode sert avant tout à tour, à sillonner l’Afrique d’ouest font nettement sentir : pendant ont campé un rebelle qui a inspiré faire vendre des robes ; s’il ne le fait en est, de Dakar à Zanzibar. Rahim des siècles, elles servirent de bases Antonioni pour son film Blow Up. pas, il trompe le client et il se ment Danto Barry a ramené de ces au trafic des esclaves. Le parcours est dans le ton : né à à lui-même. » voyages un beau livre sur l’archi- Maintes fois photographiée, Londres, dans le quartier ouvrier de tecture africaine, un art tradition- cette architecture survit difficile- East-End, sans carnet d’adresse, il a TRÈS GROS PLAN nel largement méconnu, parfaite- ment. Si à Djenné, au Mali, les édi- imposé son insolence de cockney Partant de ce constat, il définit ment adapté à ses fonctions et à fices de la vieille ville peu à peu dans les magazines des années 60, au milieu des années 60, et quoi son environnement mais au- restaurés arrivent même à intégrer Vogue en tête. qu’il en pense, un style qui a fait jourd’hui menacé et dont il dresse au passage quelques éléments de Ce n’est pas tout. Sa liaison avec sa marque : des portraits précis, une typologie sensible. confort, presque partout ailleurs le le mannequin Jean Shrimpton, mo- en très gros plan, à l’étroit dans le L’auteur articule son parcours poids du mode de vie occidental et dèle quasi-exclusif de ses débuts, cadre, sur fond blanc ou neutre, autour de la porte d’entrée, «la la pression démographique aussi aérienne et insouciante que dont celui de Warhol est l’em- bouche de la maison ». Elle peut amènent les habitants à détruire et ces années 60, son mariage avec blème (1965) ; des photos de mode être légère, voire symbolique, à remplacer les constructions an- Catherine Deneuve, sa fréquenta- au cadre pareillement dépouillé, fibres tressées ou lattes de rotin. ciennes par des édifices de par- tion des Beatles, ses virées noc- dans lequel les mannequins Elle peut être plus rigide, parfois paing et de tôle ondulée, « répu- turnes avec son ami Mick Jagger bougent, swinguent, semblent se monumentale, en bois plus ou tées plus résistantes et modernes, (Rolling Stones), en ont fait le pho- libérer de ce carcan – il serait ainsi moins dur, décorée, sculptée, clou- mais surtout synonymes de réussites tographe star parmi les stars, dont le premier, rappelle Martin Harri- tée. Les Peuls, ces « bergers du so- sociales ». L’auteur note que, « ra- la chronique était affichée en son, à photographier un manne- leil », nomades ou semi-nomades, rement adaptées aux besoins locaux bonne place dans les magazines. quin acroupi, en 1960. que l’on rencontre de la Guinée au et au climat et à l’environnement, Bref, David Bailey, soixante et un Son livre Box of pin-ups (1965) il- Cameroun, tout le long de la sa- ces innovations connaissent mal- ans, toujours actif, est un des lustre ce style mais, là encore, il vane sahélienne, sont passés heureusement une vogue irrésis- quatre ou cinq photographes les est difficile de dissocier les images maîtres dans l’art d’élaborer des tible ». IN « BAILEY MONOGRAPHIE DAVID » plus célèbres dans le monde, de la Jeanne Moreau, mars 1964 de Bailey de celles de Richard Ave- structures légères, démontables, Emmanuel de Roux trempe d’un Richard Avedon ou don (Harpers’Bazaar) et d’Irving plus complexes qu’il n’y paraît, et ૽ Signalons également L’Architec- d’un Irving Penn, connu pour ses Cette monographie imposante venant des archives personnelles Penn (Vogue). Finalement le talent parfaitement élégantes. Dans les ture dogon, constructions en terre au portraits et ses reportages de mode. est sous-titrée Volume 1. Elle s’ar- du photographe. Dans son texte, il de Bailey est de vivre son époque, petits Etats du Grassland, au Ca- Mali, dirigé par Wolfgang Lauber. La Il a rarement été question d’es- rête à la fin des années 60 et a surtout essayé de dégager Bailey de s’en imbiber et de la restituer meroun, « chaque royaume est une richesse et la complexité de la my- thétique dans les évocations de Bai- couvre la première période de Bai- du « photographe cockney ». avec un indéniable savoir-faire. Je petite ville fortifiée avec sa porte thologie dogon ont été étudiées par ley. Lui-même entretenait sa répu- ley. On y retrouve ses images L’œuvre de Bailey est d’abord n’ai pas de style « mais mes mo- monumentale, son palais, et ses im- des ethnologues français, à tation. « Je suis un photographe connues. Pour les portraits, Cathe- étroitement associée à la presse dèles en ont un », ajoutait-il. Bailey menses habitations surmontées commencer par Marcel Griaule. La dépourvu de style », a-t-il dit comme rine Deneuve ou Jeanne Moreau à dans une époque où, en Europe, le restitue parce qu’il partage leur d’imposants toits pyramidaux aux statuaire dogon a fait l’objet d’ana- pour stopper toute discussion. Un la cigarette, Catherine Dorléac, l’art photographique n’existait vie. Son reportage sur le quartier rives arrondies ». Ici, les portes des lyses, notamment celles d’Hélène gros livre, publié à l’occasion d’une David Hockney, Peter Sellers, Mi- pas. Deux voies étaient possibles : de l’East-End est également re- habitations destinées aux rois et Leloup et de Kate Ezra. Il manquait exposition rétrospective à la Barbi- chael Caine, Fellini, les Who, Mick le photojournalisme ou la mode. marquable notamment parce qu’il aux notables bamum ou bamiléké un ouvrage d’ensemble. L’architecte can Art Gallery de Londres (jus- Jagger, Sharon Tate et Roman Po- Engagé par Vogue en 1960, il choi- y est né. Tout cela ressemble à un sont sculptées de motifs Wolfgang Lauber, qui enseigne à qu’au 27 juin) ose l’analyse. Elle est lanski, Jane Birkin, ou les frères sit, d’abord, de marier les deux projet, confirmé par Bailey dans le complexes, comme les piliers exté- Constance, en Allemagne, a réuni due à Martin Harrison, critique Kray (des truands). Pour la mode, genres pour casser les conven- Sunday Mirror, en 1967 : « Laisser rieurs qui soutiennent les toits des les compétences d’une dizaine d’in- d’art, auteur par ailleurs de Appa- tous les mannequins virevoltant tions de l’élégance, en faisant des- une trace, un document. C’est ce bâtiments de réception. Les tervenants allemands, français ou rences (Chêne, 1991), première his- dans l’atelier. cendre le mannequin dans la rue. que je peux souhaiter de mieux en guerres qui ont suivi l’indépen- maliens, ethnologue, historien d’art, toire mondiale de la photo de A ces icônes, Martin Harrison a Déjà, il ne fait que décliner, avec matière de photographie. » dance du pays, dans les années 60, archéologue et architectes, pour dis- mode. ajouté des documents inédits pro- talent il est vrai, un procédé in- Michel Guerrin ont été fatales à ces constructions. séquer ces « villages dogons qui bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Aux confins du désert, en Mauri- comptent parmi les réussites architec- tanie, les murs sont constitués de toniques les plus extraordinaires livraisons moellons noyés dans la terre argi- d’Afrique ». Une réussite (éd. Adam Les lumières La beauté leuse. L’encadrement des portes Biro, 176 p., 340 F [51,83 ¤].) b LA SPLENDEUR DES ROLIN, Un mécénat privé à la cour de Bourgogne, ouvrage collectif et les ombres des anges Le chancelier Rolin est passé à la postérité grâce à Jan Van Eyck, qui l’a peint les mains jointes devant la Vierge. Avocat, homme de confiance de Philippe le Bon, Nicolas Rolin (1376-1462) et son fils LE VÉCU ET L’IMAGINAIRE LES ANGES ET LEUR IMAGE Jean (1408-1483), qui fut évêque d’Autun, furent des mécènes très ac- Chroniques AU MOYEN AGE tifs, passant notamment commande à Rogier Van der Weyden et au d’un homme d’images Texte d’Yves Cattin, Maître de Moulins. Un ouvrage fort documenté et savant (éd. Picard, d’Henri Alekan. iconographie choisie 344 p., 284 ill., 250 F [38,11 ¤] jusqu’au 30 juin, 300 F [45,73 ¤] Source La Sirène et commentée ensuite). (62 bis, rue des Peupliers, par Philippe Faure. b VINCENZO FOPPA, LA CHAPELLE PORTINARI, sous la direc- 92100 Boulogne, Ed. Zodiaque, « Visages tion de Laura Mattioli Rossi distribution Hachette du Moyen Age », 177 illustr., Parce qu’il était milanais, Foppa demeure infiniment moins illustre Livre-CDL), 136 p., 249 F. 304 p., 290 F (44,21 ¤). que ses contemporains toscans du Quattrocento. Autre infortune : le seul de ses cycles à fresque qui subsiste aujourd’hui, la chapelle Porti- e technicien de la lumière, n peut en sourire, en rê- nari dans l’église Sant’Eustorgio de Milan, avait été gâché par des ba- Henri Alekan, a éclairé les ver, le chérir gardien per- digeonnages et des restaurations importunes. En 1989, une cam- films de certains des plus O sonnel ou le retrouver pagne de nettoyage a commencé, dont on jugera du résultat grâce L dans toute déchéance grands créateurs de cinéma, aux illustrations abondantes de ce livre, qui replace l’œuvre dans son des studios du muet de Joinville-le- passé au service du mal... mais si contexte lombard (Actes Sud / Motta, traduit de l’italien par Anne Pont aux rues de Berlin revisitées par l’ange est encore présent dans Guglielmetti et François-Xavier Bernard, 288 p., 270 ill., 450 F Wim Wenders. Sur la philosophie et l’imaginaire de l’homme contempo- [68,60 ¤] jusqu’au 30 juin, 498 F [75,91 ¤] ensuite). la magie de son art d’orchestrer « les rain, il ne porte plus guère ce mes- b L’ART NOUVEAU RETROUVÉ, de Michel Draguet lumières et les ombres », il avait jadis sage qui définissait son statut ex- Bien que le titre laisse croire l’inverse, il ne s’agit pas là d’une syn- publié un ouvrage majeur (1). ceptionnel. Loin de se laisser réduire thèse générale sur l’art nouveau, mais de l’analyse d’une collection Ni autobiographie ni ouvrage à une image multiple de Dieu, il est, particulière consacrée à cette esthétique. Richesse des matériaux, vir- théorique, cette cascade de souve- au Moyen Age, l’icône double de tuosité technique, allégories : on peut aimer cet art ou le juger déplo- nirs révise ici des moments qui ont l’homme et de la divinité. Héritier rablement factice (Skira / Seuil, 316 p., 285 ill., 495 F [75,46 ¤] jusqu’au traversé sa vie, des rencontres qui de l’Egyptien Thot et du Grec Her- 30 juin, 550 F [83,84 ¤] ensuite). ont marqué sa carrière. Initié par des mès Trismégiste, l’ange médiéval est b BERTRAND LAVIER, de Catherine Francblin chefs opérateurs réputés (Eugen d’abord chrétien. C’est dire qu’il est Peintre qui ne croit certes pas à la peinture, assembleur d’objets qui Shuften, Christian Matras), Henri autant le messager de Dieu que le ne se veut surtout pas sculpteur, Bertrand Lavier prend ses matériaux Alekan assiste Jean Cocteau pour les message lui-même, « lieu-tenant dans la vie quotidienne et les manipule dans la tradition du ready- trucages audacieux de La Belle et la d’une absence » qui devient primor- made duchampien, avec faux-semblants, trompe-l’œil, détourne- Bête (2), participe avec René Clé- diale dès lors que l’Incarnation an- ments, parodies de pastiches et pastiches de parodies. Catherine ment à l’aventure de La Bataille du nule la distance entre Dieu et sa Francblin parcourt méthodiquement ce labyrinthe de miroirs sans s’y rail, épaule le pointilleux Julien Du- créature. Message d’amour et de perdre (Flammarion, 192 p., 200 F [30,48 ¤].) Ph. D. vivier, illumine les visages de Vivien justice, la parole de l’ange parle de b YIDDISHLAND, de Gérard Silvain et Henri Minczeles Leigh, Anouk Aimée, Gérard Philipe. l’homme autant qu’elle lui parle : Pourquoi ne se lasse-t-on jamais de regarder les images de ce monde Il est enrôlé par Joseph Losey, Raoul langue qui ouvre à la promesse et à proche et disparu ? Quelle est cette nostalgie que l’on se surprend à Ruiz, Alain Robbe-Grillet ou Ar- la contemplation, elle est aussi éprouver, non du tout d’une vie heureusement parfaite, mais d’une mand Gatti, voyage de Chine au Ja- éloge du silence et du secret. vie vraie et pleine, rassemblée autour de son foyer, de son sens et de pon en passant par Cuba, sort les Si la grammaire de cette langue ses valeurs ? Le Yiddishland, qui est un pays autant qu’une langue, un paysages du cirage, dépanne des n’est plus guère accessible, cet al- usage de vivre ensemble autant qu’une culture et une religion, a été hollywoodiens, filme Dali et Carolyn bum remarquablement pensé – enseveli sous les cendres de la Shoah. Est-ce cette mort violente et Carlson, photographie Mitterrand... l’analyse d’Yves Cattin est complé- systématique imposée à la plus grande échelle aux hommes, à leur Il innove, fait des miracles avec ses tée par les commentaires érudits de langue, culture, usages, qui rend poignantes ces photographies et projecteurs, sa science du filtre et de Philippe Faure sur les visages des cartes postales – la plupart d’avant 1918 – qui forment un admirable la lampe torche, son œil de peintre. séraphins – donne à voir la force mémorial ? (Ed. Hazan, 588 p., 250 F [38,11 ¤].) P. K . A la frontière du réalisme et de l’ir- d’une image acceptée par ceux-là b L’ART ÉQUESTRE : LE CADRE NOIR DE SAUMUR, Patrice réel. mêmes qui récusent la représenta- Franchet d’Esperey Jean-Luc Douin tion divine. Notons que la rudesse Ecrit par le responsable de l’enseignement de l’histoire de l’équita- virile de l’ange barbu de Saint-Mi- tion à l’Ecole nationale d’équitation, auquel le célèbre Cadre noir a (1) Editions du collectionneur, 1984. chel de Cuxa superpose les images été intégré (Le Monde du 29 avril), cet album est illustré de photo- (2) Film au tournage duquel il a égale- du pèlerin et du Christ, chemine- graphies d’Alain Laurioux, mêlant prises de vues classiques des ment consacré un ouvrage, Editions ment vers un même Salut. « sauts d’école » et angles plus intimistes (éd. Arthaud, 192 p. 260 F du collectionneur, 1992. Ph.-J. C. (39,63 ¤). J.-L. A. LeMonde Job: WIV1999--0006-0 WAS LIV1999-6 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 07:56 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0071 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Mémoire des années de plomb

de liquider Aldo Moro. Leur objectif tel qu’il cinq jours de détention » fut, selon Anna Laura LE PRISONNIER apparaît dans les souvenirs de Laura était Braghetti, la déclaration, le 22 avril, du pape La ruse du capital 55 jours avec Aldo Moro double : d’une part, dénoncer le règne sans par- Paul VI, priant « à genoux les hommes des Bri- d’Anna Laura Braghetti tage de la Démocratie chrétienne depuis 1947 gades rouges » de le libérer « sans conditions ». et Paola Tavella. et briser le « compromis historique » entre la DC Moro comprit ce jour-là qu’il n’y aurait pas de Traduit de l’italien par Josette Monfort. et le PCI dont Aldo Moro était le principal arti- marchandage, en dépit des efforts de sa famille DE LA DOMINATION Denoël, 202 p., 130 F (19,81 ¤). san ; d’autre part, l’échanger contre treize et d’une dernière tentative des socialistes de LE CAPITAL, LA TRANSPARENCE ET LES AFFAIRES camarades emprisonnés. Mais une fois la sen- Bettino Craxi. En dépit aussi, de ses immenses de Michel Surya. inquante-cinq jours – 16 mars-9 mai tence prononcée par « l’exécutif » des Brigades talents de négociateur que la détention n’avait Ed. farrago (26, rue Chalmel, 37000 Tours, diff. Les Belles Lettres), 1978 – pendant lesquels Aldo Moro, rouges, ils n’hésitèrent pas à l’exécuter, même pas émoussés : « Moro, le plus efficace neutrali- 128 p., 98 F (14,94 ¤). président de la Démocratie chrétienne si Mario, le chef du commando, « répugnait de sateur de toute opposition que l’Italie ait jamais C devoir abattre un homme avec lequel il avait connu, l’homme qui avait été capable d’abord italienne, enlevé près de son domicile, pparemment, les affaires qui ont défrayé la chronique ont mis à nu a été incarcéré dans une « prison du peuple » passé tout ce temps ». d’enlacer dans une étreinte mortelle le Parti l’emprise que le capital exerce sur les corps et sur les cœurs. On a pu avant d’être abattu dans le coffre d’une voiture Mario avait mené l’interminable interroga- socialiste, puis d’attirer dans l’orbite démocrate- croire que leur dénonciation était un signe de bonne santé. Nos retrouvée quelques heures plus tard, à Rome, à toire d’Aldo Moro, car les brigadistes voulaient chrétienne le Parti communiste, se proposait de A qu’il dénonce lui-même les méthodes de la DC, mâcher et de digérer jusqu’aux Brigades démocraties seraient sorties de l’épreuve plus morales, modernisées. mi-chemin entre les sièges de la DC et du Parti En fait, il n’en est rien. Michel Surya déchire le voile de nos illusions dans un communiste italien. Cette « prison du peuple » qu’il explique le fonctionnement de « l’Etat rouges. » Anna Laura Braghetti ne le dit pas, étrange livret, constitué de courts paragraphes numérotés, de « variations était en fait une cellule aménagée derrière une impérialiste des monopoles » et qu’il pousse ses mais on ne peut s’empêcher de penser que brèves et désordonnées », comme il les qualifie – oui, une sorte de bréviaire de bibliothèque tournante dans un appartement amis politiques à négocier avec ses ravisseurs. pour cette aisance dialectique aussi, qui fasci- la domination écrit d’une plume acérée qui griffe encore la page, qui sans bourgeois de la capitale italienne. Les geôliers Du livre d’Anna Laura Braghetti, il ressort clai- nait ses interlocuteurs, Moro était condamné à doute a beaucoup raturé. étaient quatre membres des Brigades rouges, rement que les Brigades rouges se trouvaient mort. Les fameuses opérations « mains propres » seraient la dernière ruse du trois hommes et une jeune femme. C’est elle, dans une relation de miroir avec l’Etat ; elles ne Laura a compris des années plus tard que son capital, à en croire notre auteur, car « ceux qui accusent certaines pratiques du Camilla dans la clandestinité, Laura pour l’état pouvaient, écrit -elle, « détourner les yeux de la engagement dans la lutte armée ne menait à pouvoir (ses malversations, ses prévarications) travaillent en fait à innocenter le civil, qui raconte aujourd’hui, avec l’aide d’une scène hypnotique qu’offrait le gouvernement ». rien. Elle l’a découvert en parlant avec la pouvoir ». Il en allait de même de certaines dénonciations du colonialisme, qui journaliste. Arrêtée en 1980, elle a rompu en Elles avaient besoin d’une reconnaissance de famille d’un professeur qu’elle avait abattu sur ne cherchaient pas à dire qu’il n’y avait de colonialisme qu’excessif. On peut se 1987 avec les Brigades rouges et, condamnée à l’Etat en tant que porte-parole de la classe les marches de l’université. Parfois pendant la demander encore si elles ne voulaient pas dire le contraire, à savoir que le la réclusion à perpétuité, elle bénéficie d’une ouvrière, à la place du Parti communiste et des séquestration d’Aldo Moro, l’envie l’avait prise colonialisme est excellent dès lors qu’on le débarrasse des excès qui le dénon- régime de semi-liberté. syndicats considérés comme des traîtres. Plus de tout laisser tomber, de ne pas rentrer à çaient. Laura est la petite-bourgeoise du groupe. les jours passaient, plus elles paraissaient dis- l’appartement clandestin après son travail et de Ainsi, prétendre que le capital se serait laissé corrompre, c’est dire en réalité Elle a acheté l’appartement-prison, elle a trans- posées à relâcher leur prisonnier, même «à un se réinstaller dans la maison léguée par ses qu’il peut ne pas l’être. Et c’est à cette seconde affirmation dissimulée dans la porté l’otage dans le coffre de son Ami 8, elle contre un » avec un brigadiste détenu, à condi- parents. Elle n’en fit rien. Pourquoi ? « Je me première qu’il chercherait à nous amener. Or l’affairisme n’est pas un défaut continue à travailler dans une compagnie tion que l’Etat les acceptent comme interlo- suis souvent posé cette question, écrit-elle, sans du capital qu’il suffirait de corriger pour l’innocenter. Surya : « L’affairisme d’assurances pendant que ses compagnons cuteur. jamais trouver la réponse. Ou plutôt, je ne peux n’est pas l’excès du capital mais le capital même. » Son tour de force serait montent la garde, elle fait les courses discrète- Ce que les ravisseurs n’avaient pas prévu. pas me satisfaire de la réponse que je me fis cette d’avoir convaincu qu’il n’est responsable d’aucune des conséquences que son ment pour cinq personnes, alors que pour tout c’est que le gouvernement de Giulio Andreotti, nuit-là (la veille de l’assassinat d’Aldo Moro). iniquité a instaurées. le monde elle est censée vivre seulement avec soutenu par les communistes pour la première Simplement j’y croyais. » Elle y croyait aussi, Serions-nous assez benêts pour son mari. A Pâques, elle redevient la gentille fois depuis 1947, se montrerait inflexible, prêt à parce que Mario, comme d’autres chefs briga- être tombés une nouvelle fois dans le Lauretta qui partage les traditionnels chocolats sacrifier la vie d’Aldo Moro malgré les lettres distes, « était rigide et absolutiste, exempt de Le fascisme n’est pas piège aux bonnes âmes ? L’effondre- avec ses tantes. pathétiques ou indignées que le président de la doutes et de questionnements, et pour moi tout ment du politique sous la pression Le coup a été bien monté, la planque bien DC envoyait du fond de sa cellule à ses amis. cela avait alors, malheureusement, valeur de loin, en tant des financiers serait venu ajouter son choisie. Les brigadistes n’avaient pas l’intention « Pour Moro, le pire moment de ses cinquante- vertu ». poids à notre hébétement. Le pou- qu’aboutissement, d’un voir n’a en effet plus de politique que les apparences. Des apparences que POLITIQUE cauchemar. Car il la domination convoque à chaque b par Thierry Bréhier Les aveux de Jacques Foccart fois que pèse sur elle une menace apparaîtra que mieux sensible. Il s’agit de faire croire que rien n’a changé, que les hommes tère 20 officiels pour se rendre dans sa propriété affaire d’Etat ? Pourquoi Jacques Foccart a-t-il valait que la démocratie sont élus pour faire une politique, DANS LES BOTTES DU GÉNÉRAL du Midi, décrit un Georges Pompidou refusant systématiquement un rendez-vous hebdoma- que c’est de cette politique que Journal de l’Elysée III, 1969-1971 de danser avec une Africaine et la femme du pré- daire avec le ministre de l’intérieur ? Il ne sup- ne fût pas irréprochable, dépend le sort des marchés, et autres de Jacques Foccart. sident de la République estimant que les épouses porte pourtant pas les soupçons qui pèsent sur fariboles. Et la domination a eu peur Fayard/Jeune Afrique, 791 p., 195 F (29,72 ¤). européennes des chefs d’Etat de Mauritanie et lui. Il n’a pas admis qu’Alain Poher, président de qu’un monde auquel tout de suite que paraissent pour ce du Sénégal « n’étaient pas à leur place ». la République par intérim, le prive de ses fonc- qu’elles sont – obsolètes – les appa- e gardez jamais vos agendas ! Même Turpitudes publiques surtout. Pour qui en tions officielles en en faisant le symbole de il n’est plus possible rences au moyen desquelles elle si vous croyez les expurger de tout ce doutait encore, ces carnets de l’homme qui avait l’infiltration de l’Etat par un réseau partisan. maintient son pouvoir, « au moyen N qui pourrait vous compromettre, la aidé Charles de Gaulle à décoloniser l’Afrique Mais ses agendas révèlent que le commandant de rien reprocher desquelles, du moins, elle dissimule seule énumération de vos rendez- confirme qu’il a aussi inventé le néocolonia- militaire du Palais de l’Elysée venait rendre des comment elle le maintient ». Tout doit vous, du nom de vos convives, est cruellement lisme. Dans les récits de ses voyages, la misère comptes à un homme sans responsabilité éta- est un monde fasciste pouvoir être dit, hors ceci que les révélatrice. Il en est ainsi, en tout cas, des notes n’apparaît jamais. Le décorum des réceptions tique pendant la campagne électorale opposant sociétés postindustrielles sont aussi que Jacques Foccart, secrétaire général à la pré- officielles – à condition qu’il y soit traité avec Alain Poher à Georges Pompidou et qu’il avait des sociétés postpolitiques. sidence de la République pour les affaires afri- tous les égards qu’il estime lui être dus –, le bel régulièrement au téléphone, au même moment, La gauche, « la dernière à avoir tenté d’exister : en 1981 », aura eu cette caines et malgaches sous Charles de Gaulle et ordonnancement des défilés des jeunesses des les préfets pour être informé de l’évolution de importance imprévue pour notre auteur : s’être elle-même rangée au nombre Georges Pompidou, dictaient régulièrement et partis uniques suffisent à son bonheur. L’essen- l’opinion. « L’Etat RPR » ne date pas des moyens dont la domination sait qu’elle dispose pour conspirer à la dispa- qui sont publiées, petit à petit, sous la forme tiel est dans les petits ou gros cadeaux aux diri- d’aujourd’hui. rition définitive de toute politique. Voilà au moins quelque chose que pourrait d’un long éphéméride. Le volume qui vient de geants de ces pays « indépendants » qui Les mauvaises habitudes sont ancestrales. Aux retenir l’Histoire de l’échec mitterrandien ! paraître, le troisième, commence au lendemain assurent leur fidélité à l’ancienne puissance colo- yeux de Jacques Foccart, les adversaires poli- Ce qui alourdit encore notre abêtissement, c’est que la disparition du poli- de la démission du fondateur de la Ve Répu- niale et leur bon accueil à toutes ces entreprises tiques sont forcément des ennemis de la vraie tique a obligé la domination à chercher de nouveaux alliés, nommément la blique pour s’achever en août 1971. La volonté françaises qui en tirent leur richesse et avec les France. Déjà les centristes sont du nombre et presse et la justice. Sœurs ici jumelées avec impertinence et pertinence, elles non dissimulée de l’auteur est de démontrer que patrons desquelles Jacques Foccart déjeune une qualifiés tout bonnement d’« ordures ». Les ont immédiatement consenti à cette alliance « comme si celle-ci témoignait le successeur a chaussé « les bottes du Général ». fois par mois. « gaullistes » qui osent contester la candidature après coup pour leur indépendance passée ». C’est la justice qui a été la plus Mais le résultat est la description d’un monde Voilà pour les activités officielles du secrétaire de Georges Pompidou ne sont guère mieux trai- empressée. N’a-t-elle pas toujours été du côté du pouvoir ? A quelques épouvantable, d’un milieu imsupportable, de général à la présidence de la République. Mais ce tés. Il se vante d’avoir fait « baisser la tête » à années, à quelques mois d’intervalle, les mêmes magistrats, se souvient Surya, pratiques scandaleuses. militant est aussi le patron du SAC, le service Louis Joxe, qui était déjà à côté du général à ont requis contre les « crimes » de la Résistance et ceux de la collaboration. La Que d’infamies ont été commises en se préva- d’ordre des partis gaullistes à la sulfureuse répu- Alger. Il parle de Christian Fouchet, qui a occupé presse a suivi « avec guère moins de candeur ». lant de l’autorité de l’homme qui avait sauvé tation. Il assure qu’il ne regroupe que des braves de nombreux postes ministériels, comme de « Financiers, juges et journalistes, ne craint pas d’écrire notre auteur, sont les l’honneur de la France en juin 40. Y compris gens dévoués, indispensables si le pouvoir devait quelqu’un de « sinon déséquilibré, du moins pas premiers intéressés à une disparition [du pouvoir] qui n’a pas de précédent ». d’ordre privé. Consciemment ou inconsciem- traverser d’autres coups de torchon comme le très solide ». Il accuse Rogey Frey, le ministre de Derniers entrés dans la ronde, « les journalistes considéreront très bientôt, pré- ment, Jacques Foccart révèle les tentations népo- putsch des généraux ou mai 68. Pourquoi alors l’intérieur de la lutte contre l’OAS, de virer au voit Surya, pouvoir rendre eux-mêmes la justice, sans plus avoir recours aux juges tistes de Michel Debré, confirme les suppliques les autres dirigeants gaullistes en ont-ils radicalisme... Chez ces gens-là, on se déchire (alors que les juges en sont encore à considérer qu’il leur serait impossible de financières de Philippe de Gaulle pour tenter de « honte », comme il l’avoue ? Pourquoi Georges depuis toujours ! Le gaullisme raconté par rendre la justice sans l’aide des journalistes) ». détourner le refus de son père de recevoir le Pompidou lui demande à plusieurs reprise de Jacques Foccart n’est pas un conte pour enfants. Le fascisme n’est pas loin, en tant qu’aboutissement de ce cauchemar. Car il moindre argent de l’Etat, raconte que lui-même, « l’épurer » ? Pourquoi la tentative de Charles C’est une histoire terriblement, tristement révé- apparaîtra que mieux valait que la démocratie ne fût pas irréprochable, qu’un simple haut fonctionnaire, utilisait les Mys- Pasqua d’en prendre le contrôle devient-elle une latrice. Une histoire qui n’est pas achevée. monde auquel il n’est plus possible de rien reprocher est un monde fasciste. « Un monde demain absolument arbitraire (fasciste) ? », interroge notre auteur. Et de répondre : « Celui que juges et journalistes régiraient sans partage. » ECOLOGIE On suivrait volontiers Michel Surya dans sa démarche s’il avait mieux pré- b par Hervé Kempf OGM, une critique sans nature cisé ce qu’il appelle domination et pouvoir, notamment quand il traite de la corruption, centrale pour son propos. Dans la corruption comme en amour il faut être au moins deux, ici le corrupteur et le corrompu. Dire que le capital trée par le clonage. Pour eux, la même entre- ment. Projet véritablement « totalitaire », s’est laissé corrompre n’a pas beaucoup de sens si on ne nous indique pas par REMARQUES SUR L’AGRICULTURE prise est à l’œuvre dans l’agriculture et la puisque son ambition est « de parvenir à un qui ? Serait-ce par l’Etat, dont le nom même n’apparaît qu’une seule fois ? A GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉE santé, visant à « détruire la notion même contrôle total des conditions de la vie ». Mais partir des trop fameuses affaires, on avait cru comprendre au contraire que ET LA DÉGRADATION DES ESPÈCES d’espèce en tant qu’unité distincte », la biotech- destiné à « l’effondrement », puisque « cette c’était plutôt du côté de l’Etat qu’il fallait chercher des corrompus, et du côté Collectif anonyme. nologie opérant l’artificialisation totale de la démesure étend à tout, avec le contrôle, le dérè- de l’entreprise – autre grande absente du livre – que se trouvaient les corrup- Editions de l’Encyclopédie biosphère et l’aliénation de l’individu dans glement, avec la manipulation, l’imprévu, et teurs, ce qui n’est pas un subterfuge pour innocenter ni l’un ni l’autre. La des nuisances l’anonymat génétique. Avant même l’indus- avec la rationalisation, le chaos ». question qui se pose alors est de savoir pourquoi la corruption serait néces- (74, rue de Ménilmontant, 75020 Paris), trie, ce sont « ces techniciens salariés qui S’ensuit de cette analyse, poursuivent nos saire au fonctionnement du système, si elle l’a toujours été, ou s’il s’agit d’un 112 p., 70 F (10,67 ¤). posent aux savants » que les auteurs incri- Encyclopédistes des nuisances, qui s’ali- phénomène daté historiquement. minent, décrivant finement comment la mentent aux meilleures sources de la science- Même question pour tout ce qui concerne la transparence dont l’émer- epuis que l’écologie accède à un science se voit déviée de son esprit fondateur fiction (Dick, Pohl, Brunner), que les écolo- gence dans le vocabulaire médiatique inquiète avec raison Michel Surya. «La début de légitimité politique, son en confondant expérience et réalité. « La pre- gistes doivent, pour agir avec cohérence, glo- domination attend de tous la transparence, et tous l’attendent de la domination. D alacrité tend à se dissoudre dans un mière des conditions nécessaires à la connais- baliser leur critique à la mesure de ce à quoi ils Comme si les affaires n’avaient été révélées que pour que ce mot surgît on ne sait consensus mou, qui la transforme sance scientifique, c’était une séparation font face : associer dans la même rébellion de quelle nuit politique », remarque-t-il. Certes, par le truchement des juges et en une sorte d’annexe du Parti socialiste. En étanche avec le milieu artificiel de l’observation OGM et mode de vie industriel, OGM et tech- des journalistes, nous demandons aux princes qui nous gouvernent qu’ils somme, la question écologique ne serait et de l’expérimentation, d’une part, et la confu- niques procréatiques, qui dissolvent la singu- soient désormais transparents, y compris parfois jusque dans leur vie privée. qu’une affaire d’équilibre, de mesure, et il suf- sion du monde, d’autre part. » Or, non seule- larité, ici des espèces, là des individus. Pour Surya, cette exigence est vaine car elle dissimule en fait la turpitude des firait d’organiser le « débat » pour que cha- ment cette séparation n’est plus respectée, Cependant, le discours achoppe sur son dominants et la souffrance de ceux qui les subissent. Mais c’est encore là que cun, gentils petits écologistes et vilains indus- mais le monde a été totalement pénétré par issue, qui ne propose comme solution au l’Etat manque à son tableau. Car qui a réclamé le premier la transparence, qui triels en cours de rédemption, apporte sa les objets de l’expérimentation, produits conflit si brillamment décrit qu’un assez plat en a le plus besoin pour assurer ses propres revenus ? C’est bien l’Etat et son pierre corrigeant les excès d’un développe- chimiques d’abord (près de 100 millions de « cultiver son jardin » individualiste. Cette fisc, et non le capital. Pour ne rien dire des informations que réclament enquê- ment indispensable. C’est Oui-Oui et le vilain tonnes depuis cinquante ans), OGM mainte- impuissance tient en fait au nœud théorique teurs et contrôleurs de l’Etat-providence aux plus simples citoyens. pollueur : au début tout va mal, le sage Potiron nant. Ainsi disparaît le « milieu naturel » à que ne savent dénouer nos auteurs : ils se intervient, et on finit par s’arranger. l’aune duquel l’observation peut comparer réfèrent constamment à la « Nature » − «ce bbbbbbbbbbbbbbbbbbb Eh bien non. Il y a encore des têtes de mule l’objet étudié. Et avec la manipulation géné- qui est incréé par l’homme » −, mais qui assument une écologie radicale, n’hésitent tique saute la « dernière limite qui retenait reconnaissent à regret son caractère impro- Passage en revues pas à louer la « subversion anti-industrielle », à encore la rationalité partielle de la science bable puisque « la réalité de l’artificialisation qualifier de « superstition dominante » le scien- mécaniste de verser dans une mégalomanie est celle de notre vie quotidienne », tandis que LIGNES tisme, à affirmer que « c’est une guerre contre active ». Avec les OGM, la planète entière même la nature humaine « est minée depuis Dans le dernier cahier de la revue Lignes dont il est le directeur, la vie que mène depuis deux siècles l’industrie ». devient champ global d’expérimentation, la longtemps » par les toxiques chimiques. On ne Michel Surya opère un rapprochement entre le « procès » intenté Il ne suffit cependant pas de revitaliser Terre instrument sous contrôle. saurait leur reprocher cet échec : c’est toute contre Kafka en 1946 par l’hebdomadaire Action, proche du Parti l’imprécation pour bâtir un discours ; et c’est Ce qui est en cause dans l’agrogénétique l’écologie qui bute sur la contradiction entre communiste – l’enquête, qui tourna court, s’intitulait : « Faut-il bien pour la cohérence de leur propos que les n’est donc pas un simple problème de santé nature idéale, référent immaculé, et nature brûler Kafka ? » –, et les procès de Moscou, assortis de sentences auteurs anonymes de Remarques sur l’agri- publique ou de dégradation environnemen- réelle, puissamment humanisée. Le pro- bien réelles, ceux-là. Dans le même numéro, outre des contributions culture génétiquement modifiée et la dégrada- tale : mais bien un projet global concernant gramme de Félix Guattari dans Les Trois Ecolo- de Jean-Luc Nancy sur le différend Bataille-Sartre et un article tion des espèces retiennent l’attention. l’ensemble de la société et prolongeant, en les gies reste plus que jamais valable : « Il nous d’Alain Brossat sur Noam Chomsky, plusieurs intellectuels s’inter- D’entrée de jeu, ils lient dans une même faisant passer à un degré supérieur, l’indus- faut apprendre à penser “transversalement” les rogent sur la « disparition de la gauche ». (Ed. Hazan ; no 37, mai, problématique organismes génétiquement trialisation de l’agriculture et la diffusion mas- interactions entre écosystèmes, mécanosphère et 100 F [15,24 ¤].) manipulés (OGM) et génétique humaine, illus- sive de produits chimiques dans l’environne- univers de référence sociaux et individuels. » LeMonde Job: WIV1999--0007-0 WAS LIV1999-7 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 07:57 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0072 Lcp: 700 CMYK

la chronique LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 / VII

de Roger-Pol Droit b

mées en italique à la suite des tex- PHILOSOPHER Réformer notre tes repris − exercice périlleux et ra- À DIX-HUIT ANS rement tenté. Résultat : un esprit enseignement La philo fout le camp ? vif se pense sur son passé, et c’est Faut-il réformer l’enseignement passionnant. De cet ensemble, on de la philosophie ? philosophique, ne retiendra ici qu’un élément mi- de Luc Ferry et Alain Renaut, neur : l’analyse critique de « l’acte avec la collaboration est-ce vraiment urgent ? de philosopher », conçu comme de Pierre-Henri Tavoillot, geste universel et abstrait, coupé Grasset, 316 p., 119 F (18,14 ¤). Sa crise n’est-elle pas de ses conditions effectives de réa- (En librairie le 18 mai.) lisation (la classe, les horaires, les permanente, ancienne, règles de la rhétorique). « Est attris- HISTOIRES DE DINOSAURE tante la pensée de tous ces gens qui, Faire de la philosophie, constitutive ? naïvement, croient que philosopher, 1965-1997 c’est se placer directement au point de Pierre Macherey. D’ailleurs, être de vue de l’universel, alors que c’est PUF, « Pratiques Théoriques », finalement tout le contraire » − c’est- 328 p., 149 F (22,71 ¤). inachevée à-dire travailler la singularité, les conditions particulières à partir LE SENS DE LA PHILOSOPHIE et interminable, desquelles on parle, pour les réflé- de Marcel Conche. chir et si possible les modifier. Ed. Encre Marine n’est-ce pas le propre Bien qu’orientée différemment, (Fougères, 44220 La Versanne), une réflexion sur la singularité a 68 p., 60 F (9,14 ¤). de la philosophie ? toujours accompagné les médita- tions de Marcel Conche, qui est à e qu’il y a de bien avec le gner son caractère à la fois excep- sa façon un Socrate de notre Dictionnaire des Idées re- tionnel et intangible. temps. Les deux textes simples et C çues, c’est qu’il demeure à Sans doute cette terreur de dis- beaux reproduits sous le titre Le jamais inachevé. Flaubert paraître a-t-elle un ancrage histo- sens de la philosophie donnent une a rassemblé les premiers maté- rique : le ministère Fortoul, en 1852, réponse inattendue à la question : riaux. On peut en ajouter indéfini- raya d’une trait de plume l’exis- pourquoi cet exercice déjà si ancien ment. Ainsi, à l’entrée « Philoso- tence de la classe de philosophie, peut-il paraître perpétuellement en phie (Enseignement de la) », serait que Victor Cousin venait de faire crise, continûment en train inscrit : « Menacé, risque de dispa- exister en 1844. Mal vu des pou- d’échouer ? Ce n’est pas seulement raître prochainement », ou bien : voirs à poigne, l’enseignement phi- les mois qui viennent » leur paraît lauréat. Mais pour quel motif ? Et rendrait confiance aux candidats ? affaire d’institution et d’idéologie « En crise, exige une réforme », ou losophique s’est fabriqué une s’imposer. Que se passe-t-il donc ? quel serait le remède ? Ces ques- « Nous le disons avec la plus grande corporatiste. C’est par nature que encore : « En classe terminale, sin- image de lui-même idéalisée : bas- La philosophie a beau occuper dans tions suscitent des réponses fort di- netteté : une telle opération (...) « la philo fout le camp », si l’on gularité de notre système éducatif (se tion imprenable de la liberté de l’imaginaire du public un rôle nou- vergentes. Très grossièrement, constituerait à nos yeux un scan- ose dire. Elle cherche la vérité et reporter à “exception française”) ». l’esprit, éveil souverain de la raison, veau, les notes demeurent faibles, deux principales. L’une considère dale. » Ah bon ! Voilà une consé- celle-ci indéfiniment s’esquive et De génération en génération, avènement de la réflexion adulte. au baccalauréat comme à l’agréga- que la philosophie tient bon et que quence qui m’échappe totalement. s’échappe. Aussi l’essence même de mêmes hantises et mêmes poncifs. La peur de disparaître alliée à la tion. On dit aux élèves de termi- seule la société fout le camp. Les Elle ne m’a d’ailleurs jamais effleu- cette recherche consiste-t-elle à dé- Certes, l’enseignement de la philo- conviction d’incarner la démocratie nales qu’ils doivent penser par eux- correcteurs maintiennent le cap, ré au temps où il me fut donné de cevoir, à se trouver toujours à la sophie « à la française » présente la plus fondamentale produit des mêmes, et finalement leurs résul- tandis que l’époque sombre dans la corriger 15 000 copies, en m’appli- fois en fuite et en quête. L’ancien quelques particularités incontes- conséquences caricaturales : réfor- tats sont lamentables. Au lieu de médiocrité médiatique et le renon- quant, comme tant d’autres profes- Socrate le savait évidemment, à qui tables. De manière non moins évi- mer quoi que ce soit risque d’être fortifier leur indépendance d’esprit, cement aux exigences minimales de seurs, à mettre des notes raison- Platon fait dire, dans Euthydème : dente, des difficultés spécifiques lui considéré comme un crime contre les potaches finissent par inventer, la raison. L’autre voit dans l’insuffi- nables, c’est-à-dire comparables à « Comme des enfants à la poursuite incombent en fonction des l’humanité ! à force de prudence cauteleuse, ces sance générale des notes en philo- celles de toute autre matière d’exa- des alouettes, nous nous imaginions périodes historiques et des change- Malgré tout, il y a un bon siècle terribles conclusions chèvre-chou sophie − au baccalauréat comme à men. Chacun, décidément, voit des près de saisir chaque science l’une ments sociaux. Le pouvoir songea et demi que cet enseignement per- qui veulent n’irriter personne et l’agrégation − l’indice d’une indis- scandales où il peut. après l’autre, mais à chaque fois elle plus d’une fois à restreindre cette dure. Il se développe régulière- mécontentent tout le monde. pensable réforme des programmes Plus intéressant est le livre de se dérobait. » liberté critique qui embarrasse. Ces ment, marque de son empreinte Les candidats auraient donc le et des modalités d’enseignement. Pierre Macherey. Elève d’Althusser, réalités ne doivent cependant pas une part de notre vie culturelle. Et sentiment que dominent, dans la Oserai-je dire que ni l’une ni spécialiste de la théorie littéraire, ૽ A signaler également une série masquer le caractère répétitif, et ses responsables continuent d’ap- notation des dissertations, l’arbi- l’autre ne me paraissent convain- lecteur méticuleux de l’Ethique de d’entretiens de Sébastien Charles largement incantatoire, des com- peler leurs collègues à se garder de traire et l’imprévisible. D’où leur cantes ? Le diagnostic de Ferry et Spinoza, à laquelle il a consacré avec André Comte-Sponville, Marcel mentaires suscités par la situation quelque catastrophe imminente. Si frustration, leur désappointement, Renaut − repris en quelques pages cinq volumes ces dernières années, Conche, Luc Ferry, Gilles Lipovetsky, de la philosophie dans nos lycées. l’on en croit Luc Ferry et Alain Re- leur impression d’avoir été plus ou d’introduction seulement, puisque ce philosophe regroupe ici une Michel Onfray, Clément Rosset, pu- Tout se passe comme si la disci- naut, il existerait bel et bien, au- moins dupés. Ferry et Renaut in- le livre est essentiellement consti- douzaine d’études et chroniques bliée sous le titre Une fin de siècle pline se trouvait toujours plus ou jourd’hui, une « crise profonde, sistent sur le fait qu’avec une tué de documents et d’articles réé- échelonnées sur une trentaine philosophique par les éditions qué- moins contrainte de se dire expo- multiforme » de l’enseignement moyenne aux environs de 7 sur 20 dités − paraît artificiel. Si les notes d’années. L’originalité du livre est bécoises Liber (255 p., 150 F [22,86 ¤], sée à un danger imminent, tenue philosophique. Eclairer « l’indispen- la philosophie se trouve loin der- sont faibles, pourquoi ne pas les re- de commenter rétrospectivement Diffusion de l’Edition québécoise, de se défendre, requise de souli- sable débat qui devra avoir lieu dans rière les autres disciplines du bacca- monter, tout simplement, ce qui le parcours, au fil de pages impri- 30, rue Gay-Lussac, 75005 Paris.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’écheveau palestinien Deux ouvrages qui retracent les deux siècles d’histoire de la Terre sainte pour comprendre les enjeux d’aujourd’hui

égyptienne (1833-1841), la Pales- cêtres. » Cette quête des origines LA QUESTION DE PALESTINE tine s’ouvre à l’Europe. Ce petit s’accomplit lors des grandes Tome 1 : 1799-1922, l’invention canton de l’Empire ottoman resur- vagues d’immigration successives de la Terre sainte git soudain au centre de l’imagi- qui, à la fin du XIXe siècle et au dé- de Henry Laurens. naire occidental. Une lecture mo- but du XXe , transforment la petite Fayard, 720 p., 198 F (30,18 ¤). derne de la Bible transforme le communauté ancestrale en un vé- texte sacré en une œuvre « histo- ritable « foyer juif » – le Yichouv – LE RETOUR DES EXILÉS rique » dont l’étude critique exige sans cesse plus vigoureux. Les sio- La lutte pour la Palestine une présence permanente sur le nistes ont, à leur façon, réinventé, de 1869 à 1997 terrain. D’anciennes luttes entre eux aussi, leur « Terre sainte », Présentation, commentaire communautés religieuses se ré- même si l’on imaginait mal les et préface de Henry Laurens. veillent. L’Eglise catholique ressus- juifs persécutés fonder un Etat Robert Laffont, « Bouquins », cite le Patriarcat latin. Une minus- ailleurs. 1 320 p., 189 F (28,81 ¤). cule contrée devient l’enjeu d’une Dès lors, le drame est en germe. rivalité acharnée entre les puis- Car, contrairement à la célèbre a « question de Pales- sances chrétiennes, qui s’attise au- formule lancée en 1853 par un lea- tine », comme le conflit tour des Lieux saints de Jérusalem. der protestant anglais, Shaftesbu- L des Balkans, plonge ses ra- ry, et redécouverte plus tard par cines loin dans l’Histoire. LA TERRE DES ANCÊTRES les premiers sionistes, la Palestine Faute d’un retour au passé, on ne L’appellation même de Pales- n’est pas « une terre sans peuple » peut donc comprendre, dans leur tine, demeurée familière aux seuls ayant besoin « d’un peuple sans complexité, les affrontements is- lettrés, redevient d’un usage cou- terre ». Dès 1909, lors de la révolu- raélo-arabes d’aujourd’hui. Nul rant parmi la population arabe. La tion jeune-turque, les Arabes pa- n’est mieux à même de guider revendication autonomiste arabe, lestiniens prennent conscience de cette démarche qu’Henry Laurens, favorisée par la modernisation ot- la menace sioniste. Ils ne cesseront arabisant, professeur à Langues’O tomane et encouragée par l’Angle- ensuite de s’y opposer. De la « pre- et auteur d’une dizaine d’ouvrages terre, apparaît dans les années mière aliya » (immigration) à de référence sur l’histoire du Le- 1880, modifiant peu à peu le l’« impossible conciliation » judéo- vant. Dans le premier tome, à la « grand jeu » d’influences et de arabe, au lendemain de la pre- fois érudit et limpide, de son nou- clientèles que l’Occident mène au mière guerre mondiale, Henry veau livre, il nous invite à un péri- Levant. C’est l’époque où l’éman- Laurens raconte – et analyse – ple passionnant à travers ce long cipation-intégration des juifs, en cette irrésistible montée des périls siècle où se noue peu à peu l’éche- marche en Europe de l’Ouest, se en Palestine. veau des drames futurs. Ce voyage heurte en Pologne et en Russie à la Son livre nous entraîne dans un s’ouvre sur l’arrivée des troupes de montée de l’antisémitisme. Henry va-et-vient très éclairant entre Bonaparte en Palestine (1799) et Laurens voit, dans ce phénomène l’évolution des esprits en Occident s’achève par la mise en place du nouveau, qu’il distingue nette- – notamment parmi la diaspora mandat britannique (1922). ment du vieil antijudaïsme chré- juive – et la transformation poli- Dans son Itinéraire de Paris à Jé- tien, « la dénonciation paradoxale tique, diplomatique, économique, rusalem (1811), Chateaubriand fait et fantasmatique du seul corps an- administrative, juridique, démo- de la Palestine une description su- cien qui aurait survécu aux nau- graphique et sociale de la Pales- perbe et presque hallucinée : frages des anciens régimes tout en tine. Dans un autre gros ouvrage, « Dieu même a parlé sur ces bords : étant le symbole suprême de la mo- qu’il préface, Le Retour des exilés, les torrents desséchés, les rochers dernité libérale ou socialiste : le ju- l’auteur a établi une précieuse an- fendus, les tombeaux entrouverts at- daïsme ». thologie des textes de référence testent le prodige ; le désert paraît A l’antisémitisme, Théodore sur les principaux événements encore muet de terreur, et l’on dirait Herzl et ses disciples opposent le ayant marqué la Palestine depuis qu’il n’a osé rompre le silence de- nationalisme identitaire, seule so- 1869. On comprend mieux com- puis qu’il a entendu la voix de lution, à leurs yeux, de la « ques- ment la Palestine, sainte pour les l’Eternel. » Précurseur génial, tion juive ». « Le sionisme, sou- religions, l’est devenue aussi, au l’écrivain annonce, à sa manière, ligne l’auteur, est un volontarisme début du siècle, pour deux peuples ce qu’Henry Laurens tient pour un absolu qui se présente comme la qui ont choisi le même lieu, le mur moment décisif dans l’histoire de seule vraie forme de judaïsme défi- des Lamentations et l’esplanade la Palestine : l’« invention » par nie par une hébraïsation de la des Mosquées, pour symbole d’un l’Occident de la « Terre sainte ». langue et des comportements, d’où affrontement qui dure encore. A la faveur de l’occupation le retour inévitable à la terre des an- Jean-Pierre Langellier LeMonde Job: WIV1999--0008-0 WAS LIV1999-8 Op.: XX Rev.: 13-05-99 T.: 07:57 S.: 111,06-Cmp.:13,08, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0073 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 14 MAI 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Le message de Marguerite Yourcenar, enjeu sans frontière b Crise aux PUF. Robert Hue, se- Le domaine de sa famille accueille une résidence européenne, les publications internationales se multiplient, un colloque italien crétaire national du PCF, a écrit lun- di 10 mai à Catherine Trautmann, interroge les engagements de l’essayiste : la première Immortelle échappe toujours aux enfermements de la convention ministre de la culture, pour lui de- mander que « l’Etat intervienne » imanche 9 mai, le parc plus passionnants autour de l’au- Etats-Unis sur les fonds d’archives vient de publier à Parme (éd. Battei, un ancien modèle académique). Le afin de trouver « une autre solution » du Mont-Noir accueil- teur de L’Œuvre au noir. Certes, il déposés à la bibliothèque Hough- 128 p. ), et la reprise de la thèse de véritable écueil tenait au contraste à la crise des Presses universitaires lait la première édition est des réflexions universitaires qui ton, à Harvard. L’Espagne où se tint Laura Brignoli, Marguerite Yource- marqué entre les textes publiés en de France (PUF) qui ont annoncé un d’une fête de la littéra- intégrent Yourcenar au panthéon le premier rendez-vous internatio- nar et l’esprit d’analogie. L’Image recueil à l’heure de la maturité, re- plan de restructuration (Le Monde tureD européenne, « Par monts et par du siècle, mais toujours pour la nal yourcenarien (Valence, 1984). La dans les romans des années trente pris dans Sous bénéfice d’inventaire du 12 mai). « Il me semble que les dif- mots », où fut proclamée la liste des croiser avec des créateurs choisis en Belgique ensuite, qui abrite le (éd. Ospedaletto, 414 p. 28 000 L et plus encore Le Temps, ce grand ficultés de ce groupe (...) méritent douze auteurs lauréats d’une rési- dehors des critères nationaux : Centre international de documenta- [14,46 ¤]) est aujourd’hui diffusée sculpteur, ceux parus à titre pos- d’être examinées dans une autre pers- dence d’écriture à la Villa Mont- après Pierre Brunel qui publia chez tion Marguerite-Yourcenar (CID- par Jean Touzot, (libraire-éditeur, thume qui n’ont pas connu l’ultime pective que celle qui conduirait à une Noir pour la saison 1999-2000. A Corti Transparences du roman. Le MY), éditeur d’un bulletin dont la 38, rue Saint-Sulpice, à Paris 6e). contrôle de leur auteur (d’où quel- mise en cause de cette entreprise. » moins d’un kilomètre de la frontière romancier et ses doubles au dernière livraison est consacrée à ques scories logiques) et ceux bien Robert Hue indique trouver « plei- franco-belge, l’ancienne propriété XXe siècle, où elle côtoyait Calvino, « Marguerite Yourcenar et l’Amé- CONSCIENCE CRITIQUE plus anciens qui livrent les premiers nement légitime » l’inquiétude des des Cleenewerck de Crayencour, qui Cendrars, Cortazar, Echenoz, Joyce, rique », et où on relèvera un bon ar- Aussi n’est-ce pas sans logique jalons, dès les années de l’entre- salariés. Il relève que « le plan envi- abrite désormais le parc départe- Kundera, Proust, Torga et Mann, ticle de Georgia Shurr sur le qu’en attendant le très provocant deux-guerres, d’une conscience cri- sagé par le directoire actuel, s’inscri- mental Marguerite-Yourcenar, en- voici que Robert Smadja la rap- « drame noir » (no 10, 136 p., 65, rue colloque prévu à Thessalonique tique qui ne fera que se préciser vant dans une pure logique finan- tend ainsi souligner la vanité des proche dans Corps et roman (éd. des Tanneurs, B-1000 Bruxelles). La pour novembre 2000 (« Marguerite sans jamais se trahir. cière, porte contradiction au statut de démarcations et la nécessaire poro- Champion, 304 p., 310 F [47,25 ¤]) directrice du CIDMY, Michèle Gos- Yourcenar, écrivain du XIXe On a pu apprécier cette cohé- société coopérative des PUF, qui pré- sité des lignes de partage que l’au- de Thomas Mann encore, de Balzac lar, vient du reste de publier une siècle ? »), les deux derniers rendez- rence remarquable tout au long des voit qu’elles sont au service de l’intérêt teur de Feux et d’Archives du Nord a et de Dylan Thomas. Certes, l’uni- nouvelle biographie de l’écrivain. vous universitaires aient été pris débats, mais il est clair qu’une ré- public et de l’Université française ». sans cesse illustrées. Si les pension- versité de Tours a organisé trois col- Après Josyane Savigneau (Galli- dans la péninsule italienne. Après flexion synthétique qui engloberait, b Lancement d’un bulletin de liai- naires n’ont pas à revendiquer la loques consacrés à l’écrivain (1985, mard, 1990) et Michèle Sarde (Laf- Rome à l’automne 1998 (La Ville de sans références précises au calen- son sur l’édition de création. L’as- moindre filiation, ni même la plus 1988 et 1997) et accueille la Société font, 1995), ce troisième regard en- Marguerite Yourcenar − actes à pa- drier de composition, tous les élé- sociation Hélikon, fondée au début mince connivence avec l’œuvre de internationale d’études yourcena- tend retrouver dans l’œuvre les raître aux éditions Racine en sep- ments repérés fausserait considéra- de l’année par une quinzaine de celle qui fut la première « Immor- riennes, principal relais d’informa- indices précis d’une autobiographie tembre 1999), Modène, Parme et blement la perspective. Est-ce pour professionnels – éditeurs, libraires, telle », il est intéressant de relever tion entre les chercheurs : la livrai- jamais entreprise. Le parti pris, sur- Bologne ont associé leurs moyens cela que ce furent les communica- bibliothécaires – et qui comprend que ce troisième cru est majoritaire- son 1998 de son bulletin propose un prenant, donne des résultats inat- pour inviter les spécialistes à réflé- tions les plus pointues, comme déjà deux cents adhérents, a pour ment féminin (on y retrouve tant entretien inédit de l’auteur donné à tendus s’il ne convainc pas toujours chir sur le genre le moins étudié du celles qui élisaient le terrain d’ob- objectif de soutenir l’édition de Sylvie Germain que Marilyne Des- Bruges, en juin 1971, dont la bande (« Yourcenar ». Qu’il eût été fade corpus yourcenarien, celui de l’es- servation le plus modeste, qui s’avé- création dans tous les domaines et bioles ou Sylvie Doizelet), mais plus originale s’est perdue mais dont la d’être heureux, éd. Racine (44, rue sai. Du 5 au 8 mai, les universités rèrent les plus riches ? Comme si de mieux faire circuler l’information ouvert encore qu’à l’ordinaire : l’In- fiabilité de la transcription semble de l’Aurore, B-1000 Bruxelles), d’Emilie-Romagne ont donc fédéré sans la rigueur la plus stricte, la sur le travail des petites maisons. Le dienne Esther David, l’Antillaise Gi- plausible – on s’étonnera juste de 408 p., 175 F [26,67 ¤]). leurs efforts, abandonnant les pers- piste suggestive échouait à tenir ses premier numéro d’un bulletin tri- sèle Pineau comme le Franco-Algé- son édition, qui corrige une citation Mais c’est d’Italie que nous pectives thématiques privilégiées promesses. On distinguera ainsi, en mestriel Les Cris de l’hélikon, dirigé rien Anouar Benmalek représentent qui n’est ouvertement qu’une ap- viennent les publications les plus ces dernières années (écriture de marge des études de « yourcena- par François Boddaert, animateur ainsi pour la première fois l’in- proximation et ne relève pas des fournies et souvent les plus intéres- l’Autre, de l’exil, de la ville...) pour riens » chevronnés (Claude Benoît, des éditions Obsidiane, vient de pa- cursion de trois autres continents bévues grossières, Hadrien vivant santes : l’excellent travail de Carmi- aborder un corpus disparate qui re- Carminella Biondi, Rémy Poignault raître. Le numéro suivant sera dis- dans le palmarès résolument euro- au VIIIe siècle de l’ère romaine ! nella Biondi, Marguerite Yourcenar groupe les impressions de voyage, ou Jean-Pierre Castellani), les belles ponible fin juin dans les librairies et péen de la Villa. (no 19, 192 p., SIEY, 7, rue Couchot, ou la Quête du perfectionnement (éd. les analyses critiques sur l’art des contributions de Laura Brignoli, les bibliothèques au prix de 20 F, Ces passerelles culturelles 72200 La Flèche). Libreria Goliarica, 216 p., 36 000 L plasticiens comme des écrivains et Christiane Papadopoulos, Elena 3,04 ¤ (abonnement, 3 rue de Ravi- marquent en fait la plus authen- Mais c’est hors de nos frontières [18,59 ¤]) est disponible à Paris chez les réflexions plus ou moins théo- Pessini et Teofilo Sanz. Pas plus gnan 75018 Paris ou par fax au 01- tique fidélité à l’esprit cosmopolite que l’engouement pour l’œuvre est Didier Université, qui devrait pro- riques sur les genres littéraires ou la qu’elle n’est prisonnière de fron- 42-64-33-05, à deux tarifs : 400 F de Yourcenar, si bien perçu à le plus net. En Europe essentielle- chainement proposer Marguerite mesure du temps, sans compter tières étanches, l’œuvre de Yource- (60,97 ¤) pour les professionnels, l’étranger que c’est hors de France ment malgré l’apport capital des Yourcenar. Fragments d’un album quelques raretés (« tombeaux » nar n’est affaire de génération. comprenant le droit à faire passer que s’inventent les rendez-vous les universitaires qui travaillent aux italien que Françoise Bonali Fiquet d’amis réactivant sans lendemain Philippe-Jean Catinchi des informations ; 100 F (15,24 ¤) pour le public). Une réunion prévue bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb à la fin du mois d’août rassemblera les partenaires de l’association. b Exposition sur l’abbé Grégoire. A L’ETRANGER Incarnation des idéaux généreux de Bénéfice d’un inventaire 1789, l’abbé Grégoire, qui fut sur- e n’est pas tant aux impatients soucieux de n’intègre en aucun cas l’œuvre littéraire de l’écrivain. b ROYAUME-UNI : la littérature s’en va en club nommé « l’ami des hommes de percer les secrets personnels de Marguerite Pourtant les éclats qui s’y rencontrent, le goût des listes Irvine Welsh fait partie d’un groupe d’écrivains qui vont aller toutes les couleurs » pour son Yourcenar que sont destinés les documents qui enregistrent pêle-mêle les traducteurs successifs faire des lectures dans des boîtes de nuit à Londres, Leeds, combat contre le statut de l’esclave regroupés dans cette livraison des Cahiers de d’un auteur aimé, les fleurs du jardin de Petite Plaisance Manchester et Birmingham, pour trouver de nouveaux lecteurs est célébré par une exposition à laC NRF. Comme son titre l’indique, ce recueil suppose au fil des saisons, les anniversaires des personnes chères et sortir du « Cocktail Circuit ». Selon l’auteur de Trainspotting, Blois depuis le 9 mai jusqu’au 7 juil- un premier corpus, rassemblé du vivant de l’auteur et ou les livres lus une saison avec le lieu de la rencontre, il s’agit, pour des auteurs, en général mal reçus par la critique let dans la bibliothèque qui porte scellé par ses soins pour encore près de soixante ans (la donnent à découvrir l’envers de l’invention roma- littéraire, de rencontrer le public pour lequel ils écrivent. Un son nom. Evêque constitutionnel de disposition légale qui protège la propriété littéraire a été nesque. Eloge du fragment, de la perle oubliée ou ternie public qui leur ressemble, et qui n’a rien à voir avec le monde Blois et champion de l’égalité, le récemment portée de 50 à 70 ans, ce qui réserve aux dans le désordre de règle dans ce coin secret de la ma- traditionnel des lettres britanniques. Ce projet est subvention- « curé-député » a illustré une « poli- chercheurs de 2057 la découverte de ces Sources, re- trice yourcenarienne. Editer un tel ensemble, capital né par le Arts Council. tique culturelle et éducative qui groupées dans un gros carnet déposé dès 1979 à la pour le chercheur qui ne fera pas lui-même le voyage à b ESPAGNE : prix Biblioteca Breve à Jorge Volpi émancipe » en défendant la création banque Bar Harbor Banking and Trust, et qui contien- Harvard, tient de la prouesse ; et Elyane Dezon-Jones Jorge Volpi, né en 1968 à Mexico, a obtenu le prix Biblioteca des bibliothèques municipales et drait un long fragment du seul journal que Marguerite s’en est acquittée de façon quasi exemplaire. On ne sau- Breve pour son roman En busca de Klingsor (Seix Barral). Ce des musées. (Une présentation de Yourcenar ait jamais tenu, durant les années 30). L’écri- rait lui imputer les rubriques retenues, si poreuses que prix, qui n’avait pas été attribué depuis 1972, vient d’être relan- l’exposition est disponible sur Inter- vain convenait que ce texte promis au mieux à une pu- nombre de pièces pourraient s’inscrire dans d’autres cé par Seix Barral dont le directeur éditorial, Basilio Baltasar, net, adresse http ://www.ville- blication posthume « pourrait avoir un certain intérêt cadres que celui qui leur est assigné ; tout au plus regret- faisait partie du jury aux côtés de Guillermo Cabrera Infante, blois.fr) biographique et psychologique sur une période de “[s]a vie tera-t-on l’absence d’équivalences claires des nombreux Luis Goytisolo, Pere Gimferrer et Susana Fortes. b Prix littéraires. Les Grands Prix mentionnée jusqu’ici presque uniquement dans certaines anglicismes rencontrés ou la correction des scories or- b BELGIQUE : les dix ans du CETL des lectrices de « Elle » ont été at- de [s]es préfaces” ». thographiques toujours possibles pour un matériau brut Le Centre européen de traduction littéraire (CETL) vient de fê- tribués à Nancy Huston pour L’Em- Est-ce à titre de dédommagement ironique qu’elle a concédé plutôt que destiné à la publication. Mais les lec- ter ses dix ans en présence de l’écrivain Hugo Claus, du profes- preinte de l’ange (Actes Sud), et à laissé les chercheurs s’aventurer dans l’atelier de sa créa- teurs éblouis de Feux ne feront pas l’économie des seur Jean Weissgerber, et des traducteurs Jacques De Decker et notre collaborateur Laurent Greilsa- tion, laboratoire désordonné où les notes de lecture, les brèves « méditations dans un jardin » où « l’arbre prie la Alain Van Crugten. Le Centre est un organisme de formation mer pour sa biographie de Nicolas pensées jetées à la diable, les fragments d’un journal de lumière divine », « certains oiseaux sont des flammes » postuniversitaire axé sur la pratique du métier de traducteur de Staël, Le Prince foudroyé (Fayard). bord sans principe ni méthode comme les matériaux les dans ce monde où « la terre, comme l’eau, gravite vers le littéraire. Les ateliers et les séminaires animés par des profes- b Le prix France Télévision de plus divers (photos, généalogies, citations et thèmes as- bas ». sionnels sont complétés par des ateliers de simulation à l’écri- l’essai a été décerné à Michel Bari- trologiques) sont autant de strates quasi géologiques Ph.-J. C. ture et des cours théoriques. La formation dure deux années. don pour son livre Les Jardins , paru d’une œuvre dont le plan n’obéit pas à la science des (CETL, ISTI, 34, rue Joseph-Hazard, 1180 Bruxelles.) aux éditions Robert Laffont. documentalistes ? SOURCES II Le lecteur épris de la facture si personnelle de Yource- de Marguerite Yourcenar. PRÉCISION nar sera déconcerté : cette « macédoine » – le mot est Texte établi et annoté par Elyane Dezon-Jones L’écrivain portugais Urbano Tavares d’elle, commentant le chantier chaotique de ses projets et présenté par Michèle Sarde. Gallimard, Rodrigues n’a pas été emprisonné en suspens en 1973 – n’intéressera que le spécialiste et « Les Cahiers de la NRF », 368 p., 150 F (22,86 ¤). entre 1963 et 1968, comme nous bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb l’avions écrit dans « Le Monde des livres » du 26 mars, mais en 1963 et AGENDA 1968. Deux incarcérations de six et neuf mois, selon Joaquim Vital, b LES 18, 20 ET 23 MAI. ROY. A Suzanne Flon et Claude Aufaure Michel Deguy... (Rens. tél. : 01- l’éditeur français de Tavares Paris, hommage à Claude Roy (le 18 à 21 h, le 20 à 19 h, le 23 à 49-40-68-16 et 01-44-37-95-00.) Rodrigues. dont les textes seront lus par 15 h à la Maison de la poésie, b LE 26 MAI. ENGAGEMENTS. 157, rue Saint-Martin, 75003 Pa- A Paris, la Bibliothèque natio- ris). nale de France organise une b LE 20 MAI. LYDIE DATTAS. A conférence autour du thème « Le Paris, les éditions Arfuyen et la temps des engagements ». L’in- librairie des éditions du Cerf tervention de Bertrand Poirot- 0123 proposent une lecture-ren- Delpech sera suivie d’une table contre avec Lydie Dattas pré- ronde avec Dan Franck, Jean- sentée par Jean-Pierre Lemaire François Revel et Danièle Salle- & DOSSIERS DOCUMENTS littéraires (à 19 h, librairie des éditions du nave (BNF, 11, quai François- Cerf, 29, bd La Tour-Maubourg, Mauriac, 75013 ; tél. : 01-53-79- 75007 Paris). 59-59). b LE 20 MAI. XXIE SIÈCLE. A b DU 27 AU 29 MAI. HYVER- Victor Hugo Paris, l’Unesco organise un dé- NAUD. A Reims – faculté des bat sur le thème : « Quel avenir lettres et IUFM – se tiendra un La légende d’un siècle pour la littérature ? » en pré- colloque international sur sence de Philippe Sollers, Ra- Georges Hyvernaud. Une exposi- « C’est ici le lieu de rappeler que les grands maîtres, makanta Rath et Vassilis Vassili- tion et deux lectures auront lieu poètes ou peintres, Hugo ou Delacroix, sont toujours kos (à 18 h 30, Maison de en large du colloque (rens. : Yves en avance de plusieurs années sur leurs timides admira- l’Unesco, 125, av. de Suffren, Ménager, tél. 03-26-05-30-33). teurs. Le public est, relativement au génie, une horloge 75007 Paris). qui retarde. » (Charles Baudelaire.) b LE 20 MAI. POLAR. A Paris, le Dahlia noir organise (en pré- sence de l’auteur) une lecture- e mise en musique de L’Homme à Les écrivains engagés du XIX siècle l’envers, de Fred Vargas (éd. Vi- viane Hamy) (à 21 h 30, 41, rue De Charles Fourier à Eugène Sue, des Tournelles, 75003 Paris). de Jules Vallès à Emile Zola, comment b DU 20 AU 22 mai. TEMPS des intellectuels se sont battus pour la justice, DES ŒUVRES, à Saint-Denis l’égalité et la liberté : une leçon de civisme (Université Paris-VIII) et Paris pour aujourd’hui. (Maison du Japon). Colloque sur le rôle des œuvres artistiques, « Entre mémoire et préfigura- UNE PUBLICATION DU MONDE tion », avec la participation, no- CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX tamment, de Pierre Bayard, Ro- ger Chartier, Bruno Clément,