Hautes-Pyrénées) Georges Fouet, André Soutou
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Une cime pyrénéenne consacrée à Jupiter : Le Mont-Sacon (Hautes-Pyrénées) Georges Fouet, André Soutou To cite this version: Georges Fouet, André Soutou. Une cime pyrénéenne consacrée à Jupiter : Le Mont-Sacon (Hautes- Pyrénées). Gallia - Fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaine, Éditions du CNRS, 1963, 21 (2), pp.275-294. 10.3406/galia.1963.2392. hal-01934248 HAL Id: hal-01934248 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01934248 Submitted on 25 Feb 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License UNE CIME PYRÉNÉENNE CONSACRÉE A JUPITER 275 galerie sans doute non couverte et précédée époque. Cette hypothèse demandera d'être d'une exèdre semi-circulaire, pourrait être celui vérifiée ; car nous touchons à une question d'un mausolée ou d'un petit temple. L'absence intéressant l'histoire de l'organisation des d'indices empêche actuellement de préférer domaines ruraux en Provence et de l'une ou l'autre hypothèse. Ce qui est certain, l'implantation de l'habitat. On connaît bien les cités c'est que cet édifice devait dépendre de la villa romaines et certaines stations routières, mais voisine et il témoigne de l'importance de celle-ci. l'on ne sait encore rien sur la manière dont Cette villa est encore mal connue. Des fouilles s'est transformé le paysage rural avec ultérieures permettront sans doute de l'étudier l'extension de la romanisation. plus précisément. Les monnaies de la fin de la République et du Ier siècle, trouvées Abbé R. Boyer et P. -A. Février. fortuitement, laissent supposer un habitat de cette Une cime pyrénéenne consacrée à Jupiter : Le Mont-Sacon (Htes-Pyrénées). Le massif du Mont-Sacon, qui culmine au un dôme aplati qui s'étire en une courbe Pic de Tourroc (1541 mètres), appartient à la harmonieuse du sud-est au nord-ouest (fig. 1 et 2). zone calcaire externe du nord des Pyrénées, Le Mont-Sacon domine de sa masse boisée, zone dite de l'Ariège1, symétrique de la zone qu'éclaircissent à peine quelques artigues de pente et le pâturage du sommet, les villages d'Ourde, de Bramevaque et de Sacoué, dont les limites communales se rejoignent au Pic de Tourroc, c'est-à-dire à l'endroit même où les fouilles ont eu lieu. Du haut du sommet on embrasse un paysage immense, depuis la chaîne centrale, au sud-ouest, couronnée de rocs et de névés, jusqu'à la vallée de la Garonne qui s'étend, au nord-est, par-delà le Plantaurel, en direction de Toulouse. Depuis longtemps une auréole de légendes et de récits fabuleux entoure le Mont-Sacon : ** .. ** « Montagne bien étrange, en effet, et qui offrirait de fantasmagoriques spectacles si le Fig. 1. — Le Mont-Sacon dominant Saint-Bertrand-de- Gomminges (floche). Vue prise de Labroquère regard des mortels pouvait plonger dans ses (Pholo G. F ouel). entrailles. Les orifices dont sa carapace est criblée peuvent-ils avoir d'autre objet que de livrer passage à des puissances d'un autre -calcaire espagnole par rapport au noyau central monde? Ils se présentent sous des formes granitique. Ce massif se dresse en bordure de variées : là, ce sont des puits béants dont la la plaine sous-pyrénéenne, entre la vallée de la profondeur maximum est d'une quarantaine Barousse et celle de l'Arize, sous-affluent de la de mètres ; ici leurs ténèbres dessinent sur la Neste, qui débouchent sur la Garonne de part roche des niches, des croissants, des lézards ; et d'autre de Saint-Bertrand-de-Comminges. ailleurs, ce sont des grottes dont l'une a été Vue de Saint-Gaudens, sa crête allongée forme rendue célèbre par la tragique histoire de l'Abbé d'Agos. Par contre, l'énorme termitière (1) M. Sorre, Les Pyrénées, Paris, 1946, p. 17. se couronne d'un joli terrain plat auquel la Lannemezan St-Gauderts Montréjeau St'Bertrand de Comminges I'MONT SACON 4o k Fig. 2. — La région du Mont-Sacon (croquis A. Soutou). UNE CIME PYRÉNÉENNE CONSACRÉE A JUPITER 277 légende a donné le nom de Jardin de la reine C'est à M. Raymond Lizop, l'érudit historien Marguerite. »2 du Comminges antique, que revient le mérite La tradition orale, tant à Nistos3 qu'en d'avoir le premier souligné l'existence probable Barousse4 perpétue le terme poétique qu'avait d'autels votifs sur la cime du Mont-Sacon, où noté M. Pêne : des traces, dit-on, seraient on les aurait vus encore au xvue siècle : « Le restées, des Jardins que la « Reine Marguerite » manuscrit de la Collection Duchesne, à la aurait fait établir sur la cime du Mont-Sacon. Bibliothèque Nationale7, écrit-il dans son L'on y aurait, en particulier, observé des remarquable volume consacré au Comminges roses... et au Couserans avant la domination romaine91, Comme il est évident que des Heurs aussi contient d'intéressantes notes sur Saint-Ber- délicates n'ont jamais pu vivre sur ce pointe- trand-de-Comminges et la région voisine, ment rocheux exposé à toutes les intempéries, peut-être de la main d'Oïhenart. Ces notes il faut croire que la légende est née du fait que renferment le passage suivant : les bergers ont distingué sur des autels restés Montsacon, au-dessus de Tibiran, qui est une en place des figures en forme de roses, c'est-à- fort haute montagne où l'on voit diverses marques dire des rosaces gravées sur le marbre5. qu'aucuns prennent pour armoiries. L'attribution de ces prétendus Jardins à la « Reine Marguerite » fait intervenir une autre légende, Il semble, ajoute M. Lizop, qu'il s'agisse là celle de la détention supposée de la Comtesse d'autels votifs visibles, encore en place à cette de Comminges durant 23 ans dans le château époque sur la montagne du Mont-Sacon et féodal de Bramevaque6. portant, gravés à la pointe sur le marbre comme beaucoup de ceux qui figurent dans les collections, des rosaces, svastikas, rouelles, etc. » (2) J. L. Pêne, La Barousse, le pays, son histoire, ses mœurs, s. d., Meaux, p. 33. Cependant, malgré la publication d'indices (3) M. et Mme Rumeau, instituteurs à Nistos (IItes- aussi prometteurs, aucune recherche sérieuse Pyr.), avaient recueilli de multiples renseignements ne semble avoir été effectuée par la suite sur archéologiques sur ces pays auxquels ils s'étaient le Mont-Sacon. Ce n'est qu'en octobre 1956 que attachés. Nous devons rendre hommage à la mémoire de la Revue de Comminges informait ses lecteurs M. Rumeau, récemment décédé, et prier Mme Rumeau d'agréer l'expression de notre bien vive gratitude pour de la découverte par Mme Rumeau, institutrice t<011S IvïS rSïlSOl^ïlGïTlvîïj.î'S QlïïlG.J3lCïïïCïlt. COïTîïTÎTlîlltî vlCSt à Nistos, d'un autel votif, non pas sur la cime (4) Nous présentons nos plus vifs et amicaux de la montagne, mais 200 mètres plus bas remerciements à M. le Délégué de Barousse à Bramevaque, devant l'abri rocheux nommé « Le Four de à M. Sost, Conseiller Général, et surtout à M. Portopan, Pènetoue » sous le pic du même nom9. Une Maire de Sacoué, pour toutes indications et aides libéralement prodiguées. lettre10, puis la visite que nous fîmes à (5) A titre anecdotique et de témoignage sur le processus de création légendaire, voici le récit de notre découverte des marbres à laquelle avaient assisté origines, à son annexion à la Couronne, thèse, Toulouse- divers témoins de Sacoué et de Bramevaque, tel qu'il Paris, 1949) note que cette légende ne saurait être était colporté trois mois plus tard dans la vallée voisine retenue. De Saint-Marcet, « la dame de Comminges » de la Garonne et qu'il fut communiqué par M. le Curé avait été amenée au château de Saint-Julien puis en de Fronsac, intrigué, à la Société Julien Sacaze : « M. Béarn (note 70, p. 598). Norbert Gasteret vient de découvrir au fond d'un (7) Catalogue n» 17, vol. LXVII, fol. 69, 269, cotes gouffre situé sur le Mont-Sacon 97 statuettes d'argent. données par M. Lizop. Il a été obligé de louer des ouvriers, qui ployaient sous (8) R. Lizop, Le Comminges et le Couserans avant la charge, pour les redescendre en Barousse... ». la domination romaine, Toulouse- Paris, 1931, pp. 232- M. Casteret, explorateur intrépide, auteur de 233, note 158. R. Lizop, Les Convenue et les Consoranni nombreuses découvertes, est devenu légendaire dans le (Comminges et Couserans) , Toulouse - Paris, 1931, pays. De plus il est exact qu'il a exploré, il y a déjà pas pp. 158-377. mal d'années, des gouffres dans cette montagne. Les (9) Bertrand Sapène, Chronique Commingeoise : petits autels de marbre blanc ont dû dans un premier Trouvailles archéologiques en montagne, Revue de récit recevoir qualification de « statuettes blanches. » Comminges, LXIX, 1956, p. 131-132. M. Casteret a assuré ne pas être monté de l'année sur le (10) Lettre du 10/10/1956 de Mrae Rumeau à Mont-Sacon. M. Fouet : « Sous le porche rocheux... est une pierre (6) Ch. Higounet (Le Comté de Comminges, de ses triangulaire de nature différente des roches environ- 278 G. FOUET ET A. SOUTOU SOMMET du MONTSACON ROCKERx* DU BUS DE PRUDE! +>DE U TOURET!t COMMUNE COMMUNE DE DE SERRE 3 BRAMEVAQUE DE SACQUE US + ! 740/(3 nanÉs + / PKHES M ARM ES COL 738 "^ Dt ••++ de TOURROC uioiou \&BMONTSACON X»7 +t COMMUNE PENETOUE', PiC de d' ourde Fig.