PROGRAMME AFRICAIN DE LUTTE CONTRE L’ONCHOCERCOSE (APOC)

MONITORAGE PARTICIPATIF INDEPENDANT DU PROJET TIDC DU SUD, CAMEROUN (19 Février au 5 Mars 2008) RAPPORT FINAL (Draft)

1. Pr. Takougang Innocent (Chef de mission) 2. Dr. Manjo Mathilda (Moniteur) 3. Dr Djeugabeng Fabien (Moniteur) 3. Mme Mah Cecilia Kongla (Moniteur) 4. Mme Enonguene Ekodi Julienne Louise (Moniteur) 5. Mr Ndjoh Joseph (Moniteur) 6. Mr Obatte Zoo (POC, TIDC Sud)

Mars 2008

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LISTE DES ACRONYMES

AFRO Bureau Régional de l’OMS pour l’Afrique APOC Programme Africain de lutte contre l’Onchocercose CBS Chef du Bureau Santé CDD=C2D Contrat Désendettement Désengagement COSADI Comité de Santé de District CSSD Chef de Service de Santé de District CSS Chef Centre de Santé DC Distributeur Communautaire DPSPS Délégation Provinciale de la Santé Publique pour le Sud DS District de Santé ESG Effets Secondaires Graves ESM Effets Secondaires Mineurs FGD Groupe de Discussion GTNO Groupe National de Travail sur l’Onchocercose IEF International Eye Foundation IVAC Instituteur vacataire MS Ministère de la Santé OMS Organisation Mondiale de la Santé ONGD Organisation non-gouvernementale de Développement RAPLOA Rapid Assessment Procedure for Loa loa RBF River Blindness Foundation REMO Rapid Epidemiological Mapping of Onchocerciasis PNLO Programme National de Lutte contre l’Onchocercose TDR WHO Special Programme for Training and Research in Tropical Diseases TIBC Traitement à l’Ivermectine à Base Communautaire TIDC Traitement à l’Ivermectine sous Directives Communautaires MDP Programme de Donation du Mectizan LCIF Lion’s Club International Foundation PPTE Pays Pauvres Très Endettés

1 TABLE DES MATIERES

Titres Pages Liste des acronymes 2 Format du rapport de l’équipe de monitorage indépendant 3 Remerciements 3 1. Description du projet 5 2. Termes de référence 6 3. Méthodologie 7 3.1. Echantillonnage 7 3.2. Instruments d’enquête 8 3.3. Limites du travail 9 4. Résultats 10 4.1. Processus de prise des décisions au niveau communautaire 10 4.2. Principales causes de refus 14 4.3. Principaux avantages attendus de la participation à la distribution à la 15 distribution et à la prise du Mectizan 4.4. Principales causes d’absence à la distribution 15 4.5. Stratégie de traitement des refus et absents 16 4.6. Principales raisons pour lesquelles des distributeurs ont été remplacés après 16 le premier traitement 4.7. Déterminant, obstacles et contraintes à la supervision des DC par le 17 personnel de santé 4.8. Sensibilisation relative à la durée du traitement 18 4.9. Sensibilisation relative au rôle de la communauté dans l’appropriation dans 18 l’appropriation et la pérennisation de la distribution 4.10. Sensibilisation relative au rôle de la communauté dans le soutien et la 19 motivation des DC 4.11. Problématique de la toise dans le projet TIDC Sud 19 4.12. Gestion des registres de traitement des DC 20 4.13. Gestion et compilation des données de traitement au niveau de la 21 coordination du projet (AS, DS et province) 4.14. Performance du système d’approvisionnement en Mectizan 21 (commande, transport, stockage et distribution) 4.15. Gestion des effets secondaires graves (expérience, prévention, 22 sensibilisation, identification et référence) 4.16. Questions relatives à la pérennisation du programme 23 4.17. Perception du programme par la communauté (appréciation globale, 23 appropriation communautaire) 4.18. Forces, faiblesses, obstacles et opportunités du projet TIDC Sud 23 4.19. Propositions formulées en vue de l’amélioration de la performance du 24 programme 5. Conclusions 5. Recommandations

2 REMERCIEMENTS

L’équipe de monitorage exprime sa gratitude au Management d’APOC qui a bien voulu lui confier l’exercice du monitorage participatif indépendant du projet TIDC Sud. Elle exprime également sa profonde gratitude aux personnes ci-après désignées dont l’apport a été déterminant pour la réalisation de la mission. Il s’agit de : Dr. NTEP Marcelline et son staff du Secrétariat Central du Groupe Technique National de lutte contre l’Onchocercose (GTNO);

Dr. Doaw Menkanda Jean Blaise, Délégué Provincial de la Santé Publique du Sud;

M. Nkwelle Patrice, Project Adviser de l’ONGD IEF;

M. Nkouelle Alexis, Programme Officer de l’ONGD IEF;

M. Engama Augustin, Financial officer de l’ONGD IEF ;

Les équipes cadres des districts de santé d’, de et de Sangmelima;

Les responsables des aires de santé visitées ;

Les chefs de villages, les DC et autres membres des 30 communautés visitées dans le cadre de l’exercice.

3 RESUME ANALYTIQUE

Le Monitorage Participatif Indépendant (MPI) du projet TIDC Sud s’est déroulé du 19 février au 05 mars 2008 par une équipe de six (06) moniteurs.

La première rencontre de l’équipe de monitorage a eu lieu le 19 février 2008 au secrétariat du GTNO, Ministère de la santé Publique puis au bureau de l’OMS pays pour les formalités et modalités de départ. A cette circonstance, un chronogramme de travail a été élaboré.

Du 20 au 21 février 2008, une séance de briefing de l’équipe des moniteurs et des guides s’est tenue à la délégation provinciale de la Santé Publique pour le Sud à . Les objectifs de cette rencontre étaient d’imprégner les intervenants sur les outils de collecte des données ; de sélectionner les districts de santé, aires de santé et villages pour l’exercice de monitorage. La méthode d’échantillonnage et d’enquête utilisée étaient celle proposée dans le document du Monitorage Participatif Indépendant des Projets TIDC : Guide et Instruments.

Trois équipes de deux moniteurs et d’un guide provincial chacune ont été constituées pour l’exercice dans chacun des districts de santé d’Ambam, de Djoum et de Sangmelima. La collecte des données a eu lieu du 22 au 27/02/08. La compilation et l’analyse des données se sont déroulées à la Délégation Provinciale du 28/02 au 03/03/2008. La restitution des résultats s’est faite le 4 mars (niveau provincial) et le 5 mars 2008 (niveau central).

Au total les enquêtes ont été menées auprès de 517 personnes auprès des ménages, 41 DC interviewés, 30 leaders communautaires, 6 membres des équipes-cadres de district, 6 Chefs de Centre de santé. Près d’une vingtaine (18) discussions de groupes ont été organisées, couvrant 144 personnes incluant les jeunes hommes, jeunes femmes et adultes des deux sexes.

Le système d’approvisionnement en Mectizan fonctionne bien et aucune rupture de stock ni de retard n’est rapportée.

Le taux de couverture thérapeutique est de 60% dans la zone du projet.

De manière générale, le personnel de santé influence la période de distribution. Le mode de distribution le plus utilisé est le porte à porte.

Le choix du distributeur communautaire est le plus souvent (80%) fait au cours d’une réunion de la communauté.

La peur des effets secondaires graves et mineurs, la propension à la prise d’alcool et du tabac sont les principales causes de refus.

L’amélioration de l’état de santé des communautés (la vue, la peau et les vers intestinaux) constitue le principal avantage attendu à la prise du Mectizan.

La brève période de distribution et les déplacements occupationnels des populations sont les principales causes d’absence lors de la distribution.

Il n’existe aucune stratégie pour le traitement des cas d’absence ou de refus.

Les principales causes de remplacement des DC sont la démission, la mauvaise qualité du travail, la recherche d’un emploi rémunéré.

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Le manque ou l’insuffisance des moyens de déplacement sont l’obstacle principal à la supervision des DC par le personnel de santé.

Les communautés ignorent la durée du traitement, leur rôle dans la sensibilisation, la motivation des DC, le leadership, l’appropriation et la pérennisation du programme.

Les registres de recensement et de distribution des DC présentent des disparités et nécessite une standardisation prenant en compte la liste minimale des variables proposée par l’APOC.

L’équipe de monitorage formule les recommandations ci-après :

A l’APOC 1. Revoir les outils de collecte des données de monitorage participatif indépendant, pour une meilleure analyse des informations reçues. 2. Renforcer les capacités des coordonnateurs provinciaux du PNLO en méthodes de recherche sociale pour leur permettre de participer efficacement à l’exercice d’automonitorage.

A la Délégation Provinciale de la Santé Publique pour le Sud (DPSPS) et à l’ONGD International Eye Foundation (IEF) 1. Former les communautés dans l’auto monitorage communautaire des activités du TIDC. 2. Encourager les communautés à une mobilisation locale des ressources pour assurer la pérennité des activités du TIDC; 3. Sensibiliser les communautés sur leurs responsabilités et leadership qu’elles doivent jouer dans les activités du TIDC ; 4. Standardiser les registres de distribution en utilisant la liste minimale des variables proposée par l’APOC. 5. Former les distributeurs communautaires à l’élaboration des rapports de traitement. 6. Renforcer la supervision de la tenue des registres des distributeurs communautaires. 7. Impliquer l’ensemble du personnel de santé au niveau des districts dans les activités du TIDC. 8. Prolonger la durée de la distribution d’une semaine et rendre disponible un stock d’appoint de Mectizan dans les centres de santé. Aux Communautés 1. Actualiser le recensement de population avant le début de chaque distribution selon le modèle mis en place par le GTNO. 2. Mobiliser localement des ressources pour la motivation des DC.

5 1. DESCRIPTION DU PROJET

Le Cameroun, pays d’Afrique centrale, est situé au fond du golfe de Guinée entre les 2e et 13e degrés de latitude Nord et les 9e et 16e degrés de longitude Est, couvrant diverses zones écologiques de la forêt équatoriale du sud à la zone soudano sahélienne du Nord. Il inclut une diversité géographique, climatique, humaine, physique et socioculturelle.

La province du Sud (une des dix provinces que compte le pays) est limitée au Nord par la province du Centre ; à l’Ouest par la province du Littoral et l’océan Atlantique; à l’Est par la province de l’Est ; au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale. Elle compte environ 1345 communautés, réparties sur une superficie de 47 190 km2 avec une population estimée à 563 246 habitants (densité moyenne de 12 habitants au km²).

La province du sud appartient à la zone écologique du bloc forestier de l’Afrique Centrale, caractérisée par une flore et une faune variées. Le climat est équatorial de type guinéen avec quatre saisons (2 saisons de pluies et 2 saisons sèches). La pluviométrie est de plus de 1500 mm par an. Le relief est celui de plateau avec une altitude de 500 à 1000 m.

La zone du projet TIDC Sud est traversée par les fleuves Ntem et Dja avec des rapides, alimentés par leurs principaux affluents que sont les rivières Kom, Kyé, Ayina, Mboua, , Mboro pour le fleuve Ntem (Bassin du Congo) ; les rivières Lobo, Lélé, Afamba, Ndou, Libi pour le fleuve Dja (Bassin du Congo).

La province du Sud comprend 4 départements administratifs, 23 arrondissements et 28 communes.

Le projet TIDC Sud couvre les départements administratifs du Dja et Lobo, et de la Vallée du Ntem. Les cinq districts de santé d’Ambam, Djoum, , Sangmelima et Zoetélé sont méso et hyper endémiques pour l’onchocercose.

Les populations sont essentiellement paysannes et ont comme activités l’agriculture extensive, la chasse, la pêche et la cueillette. Les principaux groupes ethniques sont les Bantou dont les Bulu, Fang, Fong, Ntumu, et les Pygmées Baka et Maka. Le français et l’anglais sont parlés, en marge des langues vernaculaires des différents groupes ethniques et tribaux.

Les chefs lieux des districts de santé d’Ambam, Meyomessala, Sangmelima et Zoetélé sont reliés à la capitale politique par une route bitumée. A l’intérieur des districts de santé, les routes ne sont pas bitumées et sont moins praticables en saison des pluies.

Sur les plans du système sanitaire et de prestation des services médicaux, la province du Sud est desservie par un hôpital provincial et 9 hôpitaux de district. Les services de soins de santé primaires sont assurés par 10 districts de santé, subdivisés eux-mêmes en 101 aires de santé. La province compte 135 formations sanitaires.

Le personnel de santé de la zone TIDC comprend surtout les infirmiers (183), les infirmiers supérieurs (6), les autres personnels médico-sanitaires (27) et Les médecins (23).

6 Dans le cadre du renforcement des effectifs, le Ministère de la Santé Publique sur financement PPTE et C2D a affecté du personnel supplémentaire dans la zone du projet au cours des 12 derniers mois.

Le programme de lutte contre l’onchocercose existe dans la province du sud depuis les années 1994 lorsque la distribution se faisait à base communautaire (TIBC) avec l’assistance de la River Blindness Foundation (RBF). Le TIDC est mis en œuvre dans les districts cibles depuis l’année 2005, suite aux recommendations d’une évaluation externe réalisée en 2001 et les enquêtes REMO subséquentes qui ont montré le fardeau de l’onchocercose comme problème de santé publique dans la localité. Les enquêtes RAPLOA ont montré une hyperendémicité de la filariose Loa loa dans la zone du projet TIDC Sud.

Les partenaires locaux du Ministère de la Santé Publique dans le TIDC sont l’ONGD IEF et LCIF.

2. TERMES DE REFERENCE Les moniteurs ont reçu du Management du Programme Africain de lutte contre l’Onchocercose (APOC), le mandat d’évaluer la mise en ouvre des activités TIDC dans la province du Sud Cameroun. Ainsi, les moniteurs devaient collecter les données suivant les procédures décrites dans le document intitulé Monitoring Participatif des Projets TIDC : Guide et Instruments mis à leur disposition, analyser les données collectées, les interpréter et en tirer les grandes conclusions. Les missions spécifiques de l’équipe de moniteurs étaient les suivantes : 1. Participer au monitorage participatif indépendant du Projet TIDC de la Province du Sud ; 2. Organiser et animer la session de formation sur la collecte des données à l’intention des moniteurs ; 3. Participer à la collecte et à l’analyse des données ; 4. Rédiger le rapport final et le soumettre à la Direction de l’APOC ; 5. Finaliser et distribuer le rapport avant la fin de la mission.

7 3. METHODOLOGIE 3.1.Echantillonnage

La méthodologie suivie est celle décrite dans le document intitulé Monitorage Participatif Indépendant des Projets TIDC : Guide et Instruments.

L’équipe de monitorage composée de 6 moniteurs, trois guides provinciaux et 3 guides locaux, a procédé à la sélection de trois des 5 districts de santé (DS) de la zone du projet TIDC Sud pour l’exercice du monitorage participatif indépendant. Il s’agissait des districts de santé d’Ambam, Djoum et Sangmelima. Les trois districts de santé sélectionnés ont la particularité de représenter les variantes bio-géographiques et sociologiques de la zone de projet. Les moniteurs se sont organisés en trois sous-équipes, chacune ayant pour charge de collecter les données nécessaires dans un district. Chaque sous-équipe a choisi au hasard 2 aires de santé par district et 5 villages par aire de santé pour un total de 30 villages (Annexe …). Parmi les 30 villages, six (6) ont fait l’objet d’enquêtes approfondies (villages du groupe A) tandis que les 24 autres ont fait l’objet d’enquêtes simplifiées (Villages du groupe B).

Tableau 1 : Enumération des aires de santé et villages enquêtés dans le cadre du monitorage participatif du projet TIDC Sud (19 Février - 5 Mars 2008)

District de Aires de santé Villages santé (DS) Mendjimi - Mendjimi (A) Ambam - Nkol Efoulan, Bindameyos, Akam Messi, Nselan (B) Kye-Ossi - Ngoasik (A) - Meyo koulou, Adjou’ou, Mekomo, Akouangui (B) Djoum - Minko’o (A) Djoum - Adjap, Akom Zaman, Meyos Obam, Bitebiokang (B) Melen - Akonetye (A) - Alop-Essinguili, Efoulan, Mekotto, Meyos III (B) -Yemvak - Oveng (A) Sangmelima - Bilik, Kombé, Evindissi II, Nkout (B) Nkolotou’outou - Nkolotou’outou (A) - Mintyamiyamin, Bibouleman, Nkoloyop, Alouma (B)

3.2.Instruments d’enquête Au total, 10 instruments de collecte de données ont été utilisés au cours du monitorage. Il s’agissait des outils suivants: - Guide d’entretien avec les informateurs clés - Chef de village ou leader communautaire (Village A et B)

8 - Guide de Discussion de Groupe entre les membres de la communauté dont les groupes d’hommes jeunes et adultes: Village A (Figure 1).

Figure 1 : Discussion de groupe avec les jeunes hommes dans le village Melen-Akonetye (district de santé de Djoum). Ici, trois langues sont utilisées. Traduction du Baka (langue vernaculaire pygmé) en Boulou et ensuite en français. Les facilitateurs sont Mr Obatte (2ème rang à gauche ; POC Sud) et Dr Manjo Mathilda (Moniteur, 2ème rang à droite).

- Guide d’entretien Approfondi avec les distributeurs Communautaires (DC): Villages A et B - Questionnaire pour enquête de couverture auprès des ménages (Villages A). - Guide d’entretien avec le personnel de santé - Guide d’entretien avec les décideurs des politiques, Représentant de l’OMS, Directeur de l’ONGD locale, les coordonnateurs; - Guide d’auto-monitorage par la communauté.

- Guide de Discussion de Groupe entre les membres de la communauté dont les groupes de femmes jeunes et adultes: Village A (Figure 1).

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Figure 2 : Discussion de groupe avec les jeunes femmes dans le hangar (place publique pour les réunions) du village Baka de Akonetye. Ici, les femmes doivent tourner la face vers le derrière lorsqu’elles parlent.

3.3. Limites de la méthodologie Du fait des difficultés rencontrées dans le remplissage des fiches de collecte des données, l’équipe de monitorage a fait des amendements au niveau de la formulation de certains items des outils présentés. Certaines questions ne paraissaient pas pertinentes. Les amendements suggérés sont joints en annexes du rapport principal. Le questionnaire adressé aux DC dans les villages B devrait être aussi complet que celui des villages A pour permettre une meilleure analyse.

10 4. RESULTATS Au total les enquêtes ont été menées auprès de 517 personnes auprès des ménages, 41 DC interviewés, 30 leaders communautaires, 6 membres des équipes-cadres de district, 6 Chefs de Centre de santé. Près d’une vingtaine (18) discussions de groupes ont été organisées, couvrant 144 personnes incluant les jeunes hommes, jeunes femmes et adultes des deux sexes.

4.1. Processus de prise des décisions au niveau communautaire

Le moment de distribution est décidé par le personnel de santé, immédiatement après la formation des DC. C’est aussi à ce moment que le Mectizan est mis à leur disposition. Cette approche est adoptée par le programme pour permettre aux services de santé de prendre en charge les éventuels cas d’effets secondaires graves, la zone du projet étant co-endémique pour la loase (Figure 3).

Figure 3 : Prise de vue au village Nkolyop Akam, le chasse-mouche tenu par l’homme (2ème à droite) est utilisé pour la protection individuelle contre les piqûres douloureuses des Chrysops, vecteur de Loa loa.

A ce sujet, un leader communautaire déclare : «Ce sont les gens qui nous amènent le Médicament … qui choisissent le moment de distribution … L’agent de santé. Oui! Oui! L’agent de santé.» (Chef du village Akonetye ; DS de Djoum ; 22/02/2008).

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Prise de décision relative à la période de distribution du Mectizan dans les communautés

4,8 Réunion 9,8 Chef du village 14,6 Anciens du village Agent de Santé 53,8 2,4 Comité de santé 14,6 Autres

Figure 4 : Principaux acteurs communautaires de la prise de décision relative à la période de distribution du Mectizan dans la zone du projet TIDC Sud

Du moment où le Mectizan est disponible au niveau du centre de santé, la prise de décision relative au moment de la distribution est faite au cours d’une réunion dans plus de la moitié des cas (53.8%) (Figure 4). Le mode de distribution le plus utilisé est le porte à porte. Très souvent, la distribution est faite à un point central qui est le « hangar » (lieu public pour les rencontres), une école ou le domicile du DC. Un participant à un groupe de discussion affirme : « C’est mieux quand c’est chez le délégué (DC), car il nous mesure d’abord » (FGD Femmes adultes, village Minko’o, DS Djoum, 24/02/2008).

Dans la plupart des cas (95 %), les DC ont été choisis par la communauté au cours d’une réunion du village (Figure 5). Les critères qui sont considérés dans le choix sont la disponibilité, le comportement, la morale et parfois les connaissances en matière de santé. Les participants au FGD de femmes partagent les points de vue ci-après : « (..) C’est nous tous qui les a choisi (...) pour Henriette c’est parce que c’est un personnel de santé et pour Essoné il est délégué de santé c’est bien ! Ce tout le village qui les a choisi. (..) On se réunit, on s’est entendu.» ; (FGD Femmes adultes, village Minko’o, DS Djoum ; 24/02/2008).

Dans quelques communautés (5%), les DC sont choisis par les agents de santé. Ces DC sont pour la plupart des délégués de comité de santé. Souvent, ils servent plus d’un village.

Certains leaders communautaires ont émis le vœu de voir le nombre de DC augmenter, surtout avec des personnes de leur village. « Il y a deux Distributeurs. Ils ne viennent pas de ce village on les envoie de Melen jusqu’ici. Ils nous donnent le remède. Oui ! Oui nous on aimerait quelqu’un de notre village. Oui, quelqu’un de notre village » (Chef du village Akonetye, DS Djoum ; 22/02/2008).

12

100

80 60

40

20 % de distributeurs distributeurs % de 0

n e é e té s io g t g n re n la n lla t u il a i sa u é v S v A e u e R u d d d d t f é s n e it n e h e g m ci C o n A C A Acteur de la sélection

Figure 5 : Principaux acteurs de la sélection des distributeurs communautaires dans la zone du projet TIDC Sud

4.2. Principales causes de refus

Une peur à l’égard du Mectizan s’est installée depuis la première distribution (année de TIBC) suite à la survenue de plusieurs cas d’effets secondaires mineurs et graves.

L’association perçue entre la consommation d’alcool ou du tabac et la survenue d’effets secondaires graves sont des causes principales de refus de la prise du Mectizan. La prise de Mectizan est de ce fait antagoniste à la propension à la prise d’alcool et de tabac, très répandue dans la zone du projet.

Faisant allusion à un cas d’ESG vécu, un participant déclare : « (…) Accepter d’abord de passer une journée entière (sans boire d’alcool avant la prise de Mectizan), mais il y a par exemple un beau-frère à Meyos. Après avoir bu, il a pris un litre d’arki [boisson alcoolisée traditionelle]. (…) Le gars partait. Il a demandé la mort. » (FGD Hommes- village Mendjimi, DS Ambam, 22/02/08).

Un DC confirme l’association perçue: « Souvent …, la prise du tabac par les femmes et l’alcool par les hommes font que les gens refusent de prendre le Mectizan.» (DC village Efoulan, DS Djoum ; 23/02/2008)

Un participant à un FGD affirme : « Je n’ai jamais pris le Mectizan. (..) Quand on a amené la dernière fois, j’étais saoul ». (FGD Hommes- village Akonetye, DS Djoum, 22/02/08).

Certains jeunes refusent de prendre le Mectizan sous prétexte qu’ils ne sont pas malades. L’un d’eux affirme : « Je ne prends pas le Mectizan, parce que je ne suis pas malade » (FGD- Jeunes femmes, Village Minko’o,DS Djoum, 24/02/2008).

13 4.3. Principaux avantages attendus de la participation à la distribution et à la prise du Mectizan

En participant aux activités du TIDC, les communautés attendent voir leur état de santé amélioré, notamment en ce qui concerne la vue. Elles espèrent avoir la réduction de la fréquence des maladies de la peau et l’expulsion des vers intestinaux. Un participant à un FGD déclare : « … Tout le monde prend le Mectizan dans ce village ; les gens avaient les peaux gâtées. Maintenant les peaux sont lisses. Le Mectizan c’est bien » (FGD Hommes adultes, Minko’o, DS Djoum, 24/02/2008).

Un leader communautaire affirme : « Ces campagnes sont très appréciées dans la localité, car l’ivermectine nous soulage et beaucoup de personnes en demandent encore après la campagne, nous sommes contents pour ce programme.» (President COSADI, DS Djoum, 25/02/2008). Un leader du village Mekotto (DS Djoum) affirme : « … Nous sommes contents ça (le Mectizan) nous soulage au corps, depuis qu’on prend le Mectizan, on sent bien au corps, ça nous soulage même le démangeaison qui sont au corps, la maladie des yeux et les nerfs, ça commence à diminuer.» Un autre leader communautaire précise : « Actuellement j’ai les bosses (nodules) et si je prends le Mectizan, les bosses là vont disparaître. Il y a d’autres gens qui ne voient plus très bien mais quand ils prennent ce médicament ils voient bien » (Leader, village Minko’o, DS Djoum, 24/02/2008).

Les distributeurs communautaires attendent l’amélioration de l’état de santé de leurs communautés (amélioration de la vue, de la peau et expulsion des vers intestinaux). Ils sont motivés par leur contribution à la santé de leur communauté et la participation à une œuvre humanitaire. Les DC souhaiteraient toutefois être reconnus et valorisés pour leur travail. Une femme DC au village de Akonetye (DS Djoum) affirme : « Je suis contente de mon travail parce je sers mon village et à travers cela rend une œuvre humanitaire » (village Akonetye, DS Djoum, 23/02/08).

4.4. Principales causes d’absence à la distribution La période de distribution de Mectizan est très brève (une semaine) dans les communautés. Certains membres des communautés sont absents, parce qu’ils campent dans les forêts pour les travaux champêtres, la pêche et la chasse. Un personnel de la santé affirme : « Certains membres passent la plupart de leur temps dans les brousses pour des longues périodes » (CCS, DS Djoum, 26/02/2008).

Certains élèves quittent le village et n’y reviennent qu’en fin de semaine. Ils ont ainsi une faible opportunité de prendre le Mectizan. Une participante à un FGD affirme : «Quand on distribuait le Mectizan j’étais encore à l’école » (FGD Jeunes femmes, Village Minko’o, DS Djoum, 24/02/2008).

4.5. Stratégie de traitement des refus et absents

14 Dans l’ensemble il n’y a pas de stratégie pour le traitement des refus et des absents. Une sensibilisation de proximité est faite auprès des refus par les DC, chef du village et le personnel de santé. Un DC insiste et déclare : « Il reste à beaucoup sensibiliser la population des bienfaits du Mectizan avec la collaboration du chef de village. » (DC, village Akonetye, DS Djoum, 23/02/2008).

Parfois certains membres de la communauté contribuent aux activités de sensibilisation des refus. Un jeune homme donne le conseil suivant à son frère qui refuse de prendre le Mectizan : « Il faut prendre le Mectizan c’est bien, ne prend plus l’alcool à ce moment, ça évite les démangeaisons » (FGD Hommes adultes, Akonetye, DS Djoum, 22/02/2008).

4.6. Principales raisons pour lesquelles des distributeurs ont été remplacés après le premier traitement

Dans près de la moitié des communautés (40%), au moins un DC a été remplacé après la première distribution (Figure 6). Le fort taux de remplacement des DC qui en découle est un obstacle à l’appropriation et à la durabilité du projet TIDC Sud.

Les DC sont changés à cause de la qualité de leur travail. Certains quittent le village pour mariage, décès ou maladie. Quelques uns ont démissionné volontairement parce que ne trouvant pas de compensation financière.

A ce sujet, un leader communautaire déclare : « Elle a démissionné parce qu’elle était devenue très occupée. Elle ne trouvait plus son compte. » (Leader village Alouma, DS Sangmelima, 22/02/08).

Un participant à un FGD affirme : « On a changé N.Z.J parce qu’il n’avait pas bien travaillé dans son secteur. Il n’a pas été actif avec le reste du produit. Il n’a pas remis le reste. » (FGD Hommes, village Mendjimi, DS Ambam, 22/02/08).

Un leader communautaire entérine : « Il était devenu nuisible. Il n’était pas disponible et la collaboration avec le chef de centre n’était pas bonne. C’est pour çà qu’on l’a enlevé. » Leader, village Nkolotou’outou, DS Sangmelima).

Certains DC quittent le village pour des emplois rémunérés. A ce sujet, un leader affirme : « Le DC a quitté le village pour son occupation d’Instituteur vacataire (IVAC). » (Chef village Akom Zaman, DS Djoum, 24/02/08).

15 90 100

80

60 40

40

20

0 DC formé DC changé

Figure 6 : Formation et mobilité des distributeurs communautaires de Mectizan dans la zone du projet TIDC Sud

Certains distributeurs sont remplacés par le personnel de santé, ce qui ne retient pas l’unanimité des membres de la communauté. Un leader communautaire se plaint en ces termes : « Le chef de centre a changé le délègue et on ne sait pas pourquoi » (Leader communautaire, village Meyos III, DS Djoum, 23/02/2008).

4.7. Déterminant, obstacles et contraintes à la supervision des DC par le personnel de santé

La quasi-totalité (80,5%) des distributeurs ont été supervisés par le personnel de santé (Figure 7). Le personnel de santé rencontre des difficultés liées aux moyens de transport ou de locomotion (vélo, motos, ..) pour mener cette activité du TIDC. Un leader communautaire affirme : « Les vélos offerts pour le TIDC n’ont pas résisté. Nous accusons aussi un besoin au niveau des moyens de locomotion notamment pour (…) superviser la distribution dans leurs aires de santé et acheminer les rapports, … le reste du médicament.» (Président COSADI, DS Djoum, 25/02/2008).

L’insuffisance du personnel de santé, le manque de collaboration dans certaines structures sanitaires représente des obstacles à la coordination des activités du TIDC. Un personnel de santé affirme : « Je ne suis pas impliqué dans les activités de TIDC, .. Je ne sais pas ce qui ce passe …. » (CBS, DS Djoum, 26/02/2008).

16 Acteurs de la supervision des distributeurs communautaires dans la zone du projet TIDC Sud

5 2,4 9,6 Equipe médicale Communauté ONGD Autres 83

Figure 7 : Principaux acteurs de la supervision des distributeurs communautaires dans la zone du projet TIDC Sud

4.8. SENSIBILISATION RELATIVE A LA DUREE DU TRAITEMENT

Les connaissances relatives à la durée du traitement sont disparates parmi les leaders et distributeurs communautaires. Des durées de dix ans et moins étaient rapportées. Seule une minorité (2,4%) avait connaissance du fait qu’il faut 15 à 17 ans de distribution pour contrôler l’onchocercose comme problème de santé publique.

Un participant à un FGD affirme : « On prend le Mectizan chaque année pendant 15 ans. C’est l’information du DC et de l’infirmière. » (FGD Adulte Homme, village Mendjimi, DS Ambam, 23/02/08)

Une participante à un FGD affirme : « On n’a pas dit pendant combien de temps il faut prendre le Mectizan.» (FGD Adulte Femme –village Mendjimi, DS Ambam, 23/02/08).

4.9. SENSIBILISATION RELATIVE AU ROLE DE LA COMMUNAUTE DANS

L’APPROPRIATION ET LA PERENNISATION DE LA DISTRIBUTION

Le rôle de la communauté dans l’appropriation et la pérennisation est mal connu par les acteurs du TIDC, surtout en ce qui concerne la sensibilisation et le plaidoyer. De même une faible implication des communautés dans la supervision de la distribution (7,3%) a été notée. Ces facteurs ne sont pas de nature à garantir la pérennisation du TIDC dans la zone du projet.

Un participant à un FGD affirme : « Nous à notre niveau, qu’on continue à sensibiliser, on continue à s’organiser pour que le programme aille jusqu’à son terme ». (FGD Adulte Homme, village Mendjimi, DS Ambam, 23/02/08).

Une participante à un FGD affirme : « Nous n’avons pas pensé à çà (pérennisation). .. on peut faire des requêtes … pour que l’infirmier les transmette [au Ministère de la Santé], afin qu’on

17 sente que les populations ont un besoin [du Mectizan]. » (FGD Adulte Homme, village Mendjimi, DS Ambam, 23/02/08).

4.10. SENSIBILISATION RELATIVE AU ROLE DE LA COMMUNAUTE DANS LE

SOUTIEN ET LA MOTIVATION DES DC

La connaissance du rôle de la communauté relative à sa responsabilité dans la motivation du DC est presque absente. Bien que certains membres de la communauté se proposent d’assister le DC dans la sensibilisation, plusieurs personnes perçoivent tout soutien comme une fuite de ses responsabilités par l’Etat.

Une participante à un FGD argue : « Le gouvernement a décidé de donner le Mectizan à la population. Nous n’avons rien demandé. Nous n’avons rien à produire. Que le gouvernement continue à faire ce qu’il a décidé. Est-ce qu’il a commencé pour nous dire de faire les faveurs ? » (FGD Adulte Femme, village Mendjimi, DS Ambam, 22/02/08).

Certains membres de la communauté ne croient pas devoir motiver le DC. Ces derniers se justifient par le fait que le DC reçoit déjà une motivation des services de santé. Un participant à un FGD déclare : « On dit ici chez nous qu’il n’y a rien pour rien. Quand quelqu’un accepte de distribuer le Mectizan, il sait qu’il ne le fait pas pour rien. Inutile d’aller encore dire que je vais gâter mon temps (…) pour aller l’aider. » (FGD Hommes adultes, village Nkolotou’outou, DS Sangmelima, 23/02/08).

4.11. PROBLEMATIQUE DE LA TOISE DANS LE PROJET TIDC SUD

L’utilisation du modèle de toise fabriquée à base de matériaux locaux, commun dans les autres projets TIDC, est redouté dans la zone du projet TIDC Sud en ce sens qu’il allude à la mort. Compte tenu de cette perception, les acteurs du TIDC recommandent l’utilisation du mètre ruban pour la confection des toises in situ en faisant usage des portes, poteaux du hangar (corps de garde). Nous avons relevé la non utilisation systématique de la toise par les DC, ce qui entraîne des erreurs dans la détermination de la taille et du nombre de comprimés de Mectizan.

Dans certains cas, le DC détermine la taille en se référant aux inscriptions sur la carte d’identité. Une femme DC affirme : « On nous donne le mètre [mètre ruban].. Je prends la taille de tous. Si c’est un adulte, je prends la carte d’identité. Pour un enfant, je prends le mètre. Je les place à la porte de ma cuisine. Chez le corps de garde, il y a un endroit qu’on a mesuré dans la cuisine ». (DC, Village Akam Messi, 22/02/08)

Ce type d’approche pour la confection des toises présente des inconvénients surtout en ce qui concerne la stabilité de ce matériel de travail. Un homme DC affirme : «Ma toise ... J’ai pris le mètre pour tracer. Mais je ne sais pas … les enfants ont déjà effacé ça. Je vais tracer une autre ». (DC, village Bindameyos, DS Ambam, 22/02/08).

Au début du projet, certains DC utilisaient des bambous pour la confection des toises. Ce matériel est jugé encombrant par ces derniers (Figure 8). Un DC affirme : « On nous a donné le mètre pour mesurer et savoir combien de comprimés donner. Je mesure aussi sur la porte

18 ou alors j’emploie la carte nationale d’identité ou la porte et le mètre pour les enfants. La carte nationale pour les grands, c’est plus rapide. En 2005, j’avais le bambou mais c’était pénible alors j’ai changé ». (DC, village Nkol Efoulan, DS Ambam, 22/02/08)

Figure 8 : Un DC formé (village de Bibouleman, DS Sangmelima), tenant le registre de distribution du Mectizan, le mètre ruban pour la confection de la toise au lieu choisi pour la distribution. Ici, une toise rigide n’est pas acceptée parce que faisant référence à la mort.

4.12. GESTION DES REGISTRES DE TRAITEMENT DES DC

Les distributeurs communautaires consignent les données de traitement dans un cahier qui tient lieu de registre. La plupart des communautés (83,3%) reconnaissent ce matériel de travail. La plupart des DC remet les registres au personnel de santé dès la fin de la distribution.

Les fiches de synthèse de traitement ne sont disponibles ni auprès des DC, ni dans les formations sanitaires.

19 Disponibilité du matériel de travail auprès des DC

61

60

59

58

57 Toise Régistre

Figure 9 : Disponibilité du matériel de travail auprès des distributeurs communautaires dans la zone du projet TIDC Sud

Le type et la qualité des informations recueillies ne sont pas uniformes (Figure 10). Certains DC consignent uniquement la population éligible au traitement tandis que d’autres enregistrent la population totale. De même les données de recensement n’étaient pas actualisées de manière systématique avant la distribution.

Une femme DC affirme : « On nous donnait des cahiers. J’ai mes vieux cahiers que j’utilisais ». (DC village Akam Messi, DS Ambam).

Figure 10 : Le registre de distribution du DC du village Nkout (DS sangmelima). Certains DC ne relèvent les données démographiques que chez les personnes traitées, rendant difficile le calcul du taux de couverture.

20 4.13. GESTION ET COMPILATION DES DONNEES DE TRAITEMENT AU

NIVEAU DE LA COORDINATION DU PROJET (AS, DS ET PROVINCE)

Les registres de traitement des DC sont remis au personnel de santé qui fait une compilation qu’il transmet au district de santé.

« On va souvent remettre [le registre] à l’hôpital. Habituellement, nous faisons que quand on finit on part remettre tout à l’hôpital. (DC village Ngoazik, DS Ambam, 24/02/08).

Les données de traitement sont généralement présentes au niveau des centres de santé, du district de santé et de la province. Quelques incohérences ont cependant été notées en ce qui concerne les personnes recensées et les personnes traitées.

Les données de traitement n’étaient pas toujours complètes et certaines variables minimales (Rapport de l’atelier de standardisation et d’harmonisation, Ouagadougou, 24-28 Avril 2006) étaient souvent inexistantes.

4.14. Performance du système d’approvisionnement en Mectizan (Commande, transport, stockage et distribution)

Le Mectizan est reçu au niveau du district, et acheminé vers les centres de santé où il est remis aux DC juste avant la distribution. Le reste de comprimés est récupéré deux semaines après la distribution. Ce circuit est confirmé par un personnel de santé qui déclare : « ... Il arrive et est gardé au niveau du DS. Après on forme les personnels et les DC. Après la formation des DC on met le Mectizan dans chaque AS (…). Il n’y a pas de contraintes dans le stockage, le transport et le vol. Après la campagne, le Mectizan restant est retiré et remis au niveau de la province. ... On connaît le nombre de comprimés en fonction du recensement qui a été fait.» (CBS, DS de Sangmélima, 22/02/08).

Dans la quasi-totalité des villages, le Mectizan est reçu en quantité suffisante. Aucune rupture de stock ou de vol n’a été rapportée. Quelques cas de perte ont été signalés. Dans certains cas, les leaders communautaires n’avaient pas connaissance du moment de l’approvisionnement de la communauté en Mectizan.

La plupart des leaders communautaires n’avaient pas connaissance du circuit d’approvisionnement en Mectizan, le centre de santé étant le seul point d’approvisionnement connu.

4.15. Gestion des effets secondaires graves (expérience, prévention, sensibilisation, identification et référence)

Les principaux effets secondaires mineurs rapportés dans la zone du projet TIDC Sud sont les démangeaisons, les maux de tête, nausées et éruptions cutanées (Figure 11).

Au cours de la première année du projet, des ESG ont été rapportés dans les DS d’Ambam, de Djoum et de Sangmelima. Parmi les membres de la communauté, il existe une peur des effets secondaires graves. Un leader communautaire affirme : «Il ont peur parce qu’ils ont des échos, d’ailleurs pas d’ici,

21 parce que, bon le produit tue, vous êtes malades, tel est mort, mais ce sont des cas rares. » (village Nkolotou’outou, DS Sangmelima, 23/02/08).

10

5

traitée

% population de 0

s te s e s s n n é e re o tê io s ig t is t u rt u a e p a e A e d ru N g x é V n u t a a e m M s é e D m è d e O

Effets secondaires rapportés

Figure 11 : Principaux effets secondaires rapportés au cours des campagnes de distribution du Mectizan dans la zone du projet TIDC Sud

La peur des ESG est soutenue par des rumeurs de décès survenus à la suite de la consommation du Mectizan dans certaines communautés. Au début du projet, et compte tenu de la co-endémicité de la loase dans la zone du projet, l’exercice RAPLOA a été mené par les coordonnateurs du TIDC. De même au début de chaque campagne, le management du projet organise la formation du personnel de santé, dote les formations sanitaires de références en médicaments et consommables nécessaires à la prise en charge des effets secondaires mineurs et graves.

4.16. Questions relatives à la pérennisation du programme Les membres de la communauté ne connaissent pas le rôle de leadership qu’ils doivent apporter au programme TIDC. Parallèlement, ils ne reconnaissent pas leurs responsabilités, notamment en ce qui concerne la motivation des DC.

Il a été noté que les communautés ne sont pas sensibilisées en ce qui concerne l’auto monitorage. Un personnel de santé affirme : « Pas de formation à ce niveau pour le personnel de santé dans les aires de santé de district et communautés » (CBS, DS Sangmélima, 22/02/08).

Dans certaines communautés, des personnels de santé et leaders communautaires ont évoqué la possibilité d’utiliser une partie des fonds collectés dans le cadre d’une mutuelle pour financer la distribution du Mectizan dans le futur. Ceci pourrait aider à la pérennisation du programme.

22 Des jeunes participants à une discussion de groupe ont émis la possibilité de constituer un fonds de pérennisation pour assurer la continuité de la distribution du Mectizan. L’un d’eux très ovationné déclarait : « Ils ne sont pas payés. Ils travaillent pour le village. Le village doit les donner les remerciements. On peut cotiser, même si c’est 5 ! 5 francs. On peut cotiser pour qu’il paye la moto pour amener les remèdes. » (FGD Hommes jeunes, village Minko’o, DS Djoum, 24/02/08).

Le Mectizan est très apprécié par les membres de la communauté. Des noms tels « Mike Tyson », « bon frappant » marquent une intégration de ce produit dans les moeurs et pratiques des populations.

4.17. Perception du programme par la communauté (appréciation globale, appropriation communautaire)

Le Mectizan est apprécié dans les communautés. Cette appréciation positive est perceptible à travers le taux de couverture élevé (60%) en dépit des rumeurs persistantes relatives au risque d’effets secondaires graves. Les effets induits du Mectizan sur les vers intestinaux, la diminution de la fréquence des démangeaisons et autres pathologies de la peau, la réduction des atteintes oculaires, sont autant de bénéfices évoqués par les personnes intéressées

Un participant à un FGD affirme: « Oui, on nous a dit pourquoi il faut prendre ça, ça diminue la cécité, ça fait à ce que même si vous avez une vision faible, vous continuer à bien lire. Donc il faut continuer à distribuer pendant 15 ans pour faire mourir les filaires. Et le Mectizan là, nous avions remarqué que si vous n’avez jamais sorti les vers du ventre ça élimine ça.» (FGD Hommes, Village Nkolotou’outou, DS Sangmélima, 23/02/08)

La majorité des leaders communautaires perçoivent le projet comme étant une partie du système de santé. Ils ne se sentent pas leader de la distribution du Mectizan.

Un personnel de santé affirme : « Pour qu’ils sachent que le programme est pour eux, il faut beaucoup de suivi des membres des communautés, des supervisions, voire même l’importance du programme. Qu’ils ne disent pas que le programme, c’est le personnel de santé qui l’apporte mais sachent que c’est le leur.» (CBS, DS Sangmélima, 22/02/08).

4.18. Automonitorage communautaire

Les communautés de la zone du projet TIDC Sud ne sont pas sensibilisées en ce qui concerne l’auto monitorage. Un personnel de santé affirme : « Pas de formation à ce niveau pour le personnel de santé dans les aires de santé de district et communautés » (DS de Sangmélima, 22/02/08).

Les leaders communautaires n’ont pas connaissance de leur rôle dans le leadership, la supervision de la distribution et la motivation des DC. Le chef du village Minko’o affirme : « De fois je viens seulement voir comment le travail se passe. Comme je ne connais rien, je vois seulement. » (DS Djoum. 24/02/08)

23 4.19. Forces, Faiblesses, Obstacles et Opportunités du projet TIDC Sud

Forces : Le fait que dans certaines localités deux DC soient formés permet à celles-ci d’avoir une stabilité dans le suivi de la distribution. Ceci permet aussi d’avoir une complémentarité au cas où l’un d’eux viendrait à être absent ou indisponible.

Le circuit d’approvisionnement en Mectizan fonctionne bien, et il n’y a pas de rupture de stock ou de retard dans l’approvisionnement.

Le personnel de santé est impliqué dans la formation, la supervision des DC et la gestion du Mectizan.

Le matériel de travail des DC est présent dans la quasi-totalité des villages.

Faiblesses : Les membres de la communauté ne connaissent pas le rôle de leadership qu’ils doivent apporter au programme TIDC. Ils ne connaissent non plus leurs responsabilités, notamment en ce qui concerne la motivation des DC.

Les informations contenues dans le registre des DC sont disparates avec beaucoup de variations au niveau du recensement et de la collecte des données sur la population totale ainsi que sur la population cible du TIDC.

Il n’existe pas actuellement un système qui permet aux absents et cas de refus de prendre le Mectizan en dehors de la période de distribution.

Il n’existe actuellement aucun système de motivation des DC par les communautés.

La non implication de l’ensemble du personnel de santé dans les activités du TIDC.

Obstacles : L’insuffisance des moyens et logistique de transport pour la mise en œuvre, le suivi et la supervision des activités du TIDC.

Les habitudes de consommation d’alcool traditionnel le «Hah», « Odontol », sont un obstacle à la prise du Mectizan dans les communautés enquêtées. L’interaction perçue entre le Mectizan et l’alcool contribue à l’augmentation du taux de refus.

Opportunités : La plupart des DC rencontrés participent à d’autres activités de promotion de la santé (Figure 12 et 13). Ceci est une opportunité d’utiliser la stratégie TIDC pour la lutte intégrée contre les autres affections endémiques. Ceci est facilité par l’existence d’un plan d’action et de supervision des personnels de santé qui intègrent le TIDC et les autres services de soins de santé primaires.

24

Figure 12 : La plupart des DC sont impliqués dans plusieurs autres interventions, notamment le planning familial, la prévention des infections sexuellement transmissibles, le paludisme. Cette DC du village d’Oveng-Yemvak montre sa boîte de pharmacie contenant son matériel de travail.

Figure 13 : Cette affiche placée au domicile du DC du village Alouma fait la promotion des activités de vaccination, de distribution des capsules de vitamine A, de planning familial, de services anténataux, de distribution de l’albendazole pour la lutte contre les vers intestinaux.

4.20. Propositions formulées en vue de l’amélioration de la performance du programme Les communautés se sont engagées à entreprendre un plaidoyer pour un financement soutenu des activités du TIDC.

Les leaders communautaires ont proposé qu’un stock d’appoint en Mectizan soit tenu au centre de santé pour les absents et les cas de refus.

Les leaders communautaires ont suggéré la confection de cartes de traitement individualisées pour le suivi de la participation à la distribution. Ces derniers ont suggéré que les activités de sensibilisation au sein des communautés soient continues et intensifiées, avec l’assistance du personnel du projet TIDC Sud.

Certains DC ont suggéré que le personnel de santé les implique dans d’autres activités de santé.

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5. RECOMMANDATIONS

A l’APOC 9. Revoir les outils de collecte des données de monitorage participatif indépendant, pour une meilleure analyse des informations reçues.

A la DPSPS et ONGD 10. Former les communautés dans l’auto monitorage communautaire des activités du TIDC. 11. Encourager les communautés à une mobilisation locale des ressources pour assurer la pérennité des activités du TIDC; 12. Sensibiliser les communautés sur leurs responsabilités et leadership qu’elles doivent jouer dans les activités du TIDC ; 13. Standardiser les registres de distribution en utilisant la liste minimale des variables proposée par l’APOC. 14. Former les distributeurs communautaires à l’élaboration des rapports de traitement. 15. Renforcer la supervision de la tenue des registres des distributeurs communautaires. 16. Impliquer l’ensemble du personnel de santé au niveau des districts dans les activités du TIDC. 17. Prolonger la durée de la distribution d’une semaine et rendre disponible un stock d’appoint de Mectizan dans les centres de santé.

Aux Communautés 18. Actualiser le recensement de population avant le début de chaque distribution selon le modèle mis en place par le GTNO. 19. Mobiliser localement des ressources pour la motivation des DC.

26 LISTE DES PARTICIPANTS A LA SESSION DE FORMATION DES MONITEURS (Ebolowa : 20-21 Février 2008)

N° Noms et Prénoms Qualité Téléphone e-mail 1 TAKOUGANG Chef d’équipe 99 65 28 08 [email protected] Innocent (moniteur) 2 OBATTE ZO’O POC /Sud 77 48 65 60 [email protected] (guide) 3 NKOUELLE Alexis PO/IEF 99 21 58 80 [email protected] (guide) 4 WANDA Equipe Yaoundé 99 58 29 72 [email protected] KOUEKEM Alice (Secrétaire) 5 Dr MANJO Matilda Cons Temporaire 77 78 85 27 [email protected] (moniteur) 6 NDJOH Joseph POC Littoral 99 77 42 60 [email protected] (moniteur) 7 ENONGUENE Anthropologue 99 10 81 22 [email protected] EKODI Julienne (moniteur) [email protected] Louise 8 MAH Cecilia POC Sud-Ouest 77 71 42 67 [email protected] KONGLA (moniteur) 9 ENGAMA Augustin FO/IEF 77 73 10 21 Engama_georgesaugusto@y G. (guide) ahoo.fr 10 Dr DJEUGABENG CSSD/ 75 47 98 78 Fabien (indisponible) Messamena 99 56 88 92

27 PLANNING DES ACTIVITES RELATIVE A LEXERCICE DE MONITORAGE PARTICIPATIF DU PROJET TIDC SUD (19 Février - 5 Mars 2008)

Jours Activités Lieu

- Rencontre avec Dr NTEP, coordonnatrice PNLO 19 Février 2008 - Départ pour Ebolowa Yaoundé

Rencontre avec Mr le Délégué Provincial de la Santé du Sud Formation des moniteurs sur les instruments de travail (Questionnaires, guides d’entretien etc.), Constitution des différentes équipes de travail sur le terrain : 20 -21 Février 1. Equipe Ambam : Ndjoh - Engama – Enonguene Ekodi Ebolowa 2008 Julienne 2. Equipe Djoum : Mathilda Manjo – Obatte Zo’o 3. Equipe Sangmélima : Takougang Innocent – Mah Cecilia - Nkouelle Alexis Collecte des données dans les districts, formations sanitaires et - Ambam 22 – 27 Février communautés. - Djoum 2008 - Sangmélima 27 Février 2008 Retour de toute l’équipe à Ebolowa 27-29 Février Transcription des différentes interviews, Transcriptions et saisies Ebolowa 2008 diverses 29 Fév- 02 Mars Analyse des données, Rédaction du rapport final Ebolowa 2008 03 Mars 2008 Préparation des présentations de restitution 04 Mars 2008 Débriefing à la Délégation Provinciale du Sud Ebolowa Départ pour Yaoundé 05 Mars 2008 Débriefing avec le DLM Distribution du rapport 06 Mars 2008 Fin de mission et retour des moniteurs

28 LISTE PARTIELLE DES PERSONNES RESSOURCES RENCONTREES DANS LE CADRE DU MONITORAGE PARTICIPATIF DU PROJET TIDC SUD (19 Février-5 Mars 2008) N° Nom et prénom Village Qualité DS Ambam Dr Enyegue André Marie CSSD Essian Robert CBS Akieme Mendjimi CCS Mme Biene Josephine Kye Ossi CCS Nsom Zomo Jean Mendjimi Chef de village Engounou Eko Arthur Adjou’ou Chef de village Aba’a Ondo Augustin Meyo Nkoulou Chef de village Ondo Oyono Michel Akonangui Chef de village Nsienga Alphonse Bindameyos Chef de village Eneme Bikoro Samuel Mekomo Fenete Chef de village Zoue Ngoazik Chef de village Enam Ntem Justin Nkol Efoulan Chef de village Assoko E. Michel Nselang Chef de village Ndong Mba Arsène Mendjimi DC Zoue Antonin Léonard Ngoazik DC Mme Endong Minko’o Epse Emana Akam Messi DC Ekoto Be Justin Bernard Nselang DC Mba Evina Léonard Bindameyos DC Mvele Ntem Joseph Nkol Efoulan DC Akieme Akieme Augustin Mekomo Femete DC Oyono Ela Saturnin Akonangui DC Mme Nsa Obam Chantal Akonangui DC Ondo Aba’a Pie Meyo Nkoulou DC Ela Essono Bertin Meyo Nkoulou DC Menye Emmanuel Adjou’ou DC

DS Djoum Dr Amougou Amana CSSD Menanga Djoum CBS Bomba Sidonie Djoum CCS

29 N° Nom et prénom Village Qualité Sombeng Jean Pierre Melen CCS AYENG Emmanuel Akonetye DC ESSONO Martin Minko’o DC Mme MAMUALA Eugénie Akonetye DC MBITA Jean Claude Mekotto DC OTINANE Simon Mboumal DC NDONGO Joseph Meyos DC SENDE Daniel Efoulan DC ADJO Salomé Newton DC BENGONO André Meyos Obam DC NKOLO Jacqueline Meyos Obam DC ONDO OTOU Samson Xavier Akom Zaman DC Mme BEKAI Marlyse Bitebiokang DC Mme MEBE KOUMA Juliette Accra DC EKONGO Louis Paul Edengue DC NJANA MBALLA François Evindissi DC EBO Jean Calvin Akane DC ABOLO Régine Adjab DC Mme NDONGO Josiane Salomé Adjab DC DS Sangmelima CSSD Ohanda Ohanda Sangmelima CBS Abondo Salla Etienne Nkolotou’outou Chef de village Evina Télesphore Oveng-Yemvak Leader communautaire Abondo Martin Bilik Chef de village Engama Jean Evindissi II Chef de village Eyinga Awoutou Oveng-Yemvak DC Mbanga Manga Nkoloyop Akam DC Amangle Amangle Daniel Alouma DC Ze Ze Alexis Bibouleman DC Nyangono Pauline Mintyamiyamin DC Olle Emane Bilk DC Nyamekine Eyame Gilbert Kombe DC

30 N° Nom et prénom Village Qualité Mme Eyamba Anne Evindissi II DC Ndongo Ze Roger Nkout DC

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