UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE FORMATION GENERALE -----ooOoo-----

« PERSISTANCE D’UNE AGRICULTURE VIVRIÈRE DANS LES HAUTES TERRES DE MADAGASCAR : RIZ IRRIGUÉ ET CULTURES PLUVIALES DANS LA COMMUNE RURALE DE MAHAVELONA, District de (Région Itasy) »

Mémoire pour l’obtention du diplôme de MAÎTRISE

Présenté par :

RALAIMIDONA Harisoa Miangolatiana

Sous la direction de Monsieur ANDRIAMITANTSOA Tolojanahary Maître de conférences Année 2013

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

FORMATION GENERALE -----ooOoo----

Mémoire de maîtrise

LA PERSISTANCE D’UNE AGRICULTURE VIVRIERE DANS LES

HAUTES TERRES DE MADAGASCAR : RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES DANS LA COMMUNE RURALE DE MAHAVELONA, District de Soavinandriana (Région ITASY)

Présenté par : RALAIMIDONA Harisoa Miangolatiana

Sous la direction de Monsieur ANDRIAMITANTSOA Tolojanahary Maître de conférences

Membres du jury :

Président : Mme JosélyneRAMAMONJISOA, Professeur titulaire Rapporteur : Mr. Tolojanahary ANDRIAMITANTSOA, Maître de conférences Juge : Mme. Vololonirainy RAVONIARIJAONA, Maître de conférences. 05octobre 2013 REMERCIEMENTS

A la réalisation de ce travail, je voudrais remercier de nombreuses personnes et services qui m’ont été de grande aide et de grand soutient. Que tous trouvent ici l’expression de mes sincères remerciements.

Tout d’abord, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à RAMAMONJISOA Josélyne, Professeur titulaire d’avoir bien voulu assurer la présidence du jury ainsi que Mme RAVONIARIJAONA Vololonirainy, Maître de conférences pour avoir accepté d’être le juge de ce travail.

Mon second remerciement s’adresse à Monsieur ANDRIAMITANTSOA Tolojanahary, Maître de conférences au département de la géographie qui, avec ses conseils et ses critiques constructives, m’a encadré tout au long de la recherche.

Je tiens également à offrir mes vifs remerciements aux personnes administratives et à tous les enseignants du département de géographie, à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. J’adresse particulièrement ma reconnaissance à Monsieur ANDRIAMAHOLIARISON Lucien Arsène, Maire de la commune rurale de Mahavelona ainsi qu’aux différents responsables administratives au niveau de la commune, qui m’ont bien accueilli et m’ont fourni des informations importantes malgré leur emploi du temps chargé. Pour finir, merci à tous mes amis et à toute ma famille, surtout à mes parents, qui m’ont soutenu émotionnellement mais aussi financièrement à la réalisation de ce présent travail. Que tous trouvent ici le témoignage de ma reconnaissance.

RESUME

La commune rurale de Mahavelona se trouve dans la partie centrale de Hautes Terres de Madagascar. C’est d’un prototype d’un sous-espace avec des conditions géographiques caractéristiques du milieu tropical d’altitude. La Commune Rurale de Mahavelona présente quelques atouts favorables au développement de l’agriculture de subsistance ou cultures vivrières. Les conditions naturelles caractérisées par un climat à deux saisons bien distinctes et une pluviosité suffisamment bien réparties sont favorables à la diversification des cultures. Comme toutes les localités de Hautes Terres Centrales, les activités paysannes sont basées sur une polyculture traditionnelle à dominance rizicole. Dans ce cadre, la pratique paysanne est dominée par le riz irrigué qui occupe presque la totalité des bas-fonds. Mais les sommets de collines sont destinés pour les cultures pluviales où le maïs occupe une place importante au niveau de l’espace malgré la présence des autres tubercules : manioc et patate douce. Pour compenser l’insuffisance alimentaire et pour subvenir aux besoins quotidiens de la nourriture, les paysans sont amenés à pratiquer d’autres activités comme les cultures maraichères, la culture de contre-saison, l’élevage et l’artisanat car ce dernier est un élément indispensable pour l’équipement des travaux agricoles. Cette pratique traduit donc une activité fortement diversifiée et un manque de spécialisation et de professionnalisation. L’analyse de la structure agraire ressorte une exploitation de type familial dont la majorité se fait sur de petites parcelles. Ainsi, le rendement est faible parce que malgré l’introduction des systèmes intensifs comme le SRI par les organismes d’encadrement, les paysans sont moins enthousiastes afin d’adopter ces innovations pour diverses raisons. Pour évoluer, les cultures vivrières font face à de nombreux problèmes. L’absence de crédit agricole, l’insuffisance de formation et de vulgarisation font que les paysans s’accrochent à leurs techniques traditionnelles. La pauvreté paysanne constitue également un blocage majeur et l’agriculture locale a de plus en plus du mal à se tourner vers une économie monétaire. Les aspects spatiaux de l’accessibilité rapportent que l’enclavement constitue encore un blocage pour le développement de la commune. La mauvaise accessibilité de la zone en période de soudure décourage les collecteurs extérieurs et entraîne la baisse des prix par manque de concurrence.

Mots clés : Mahavelona, cultures vivrières, riz irrigué, cultures pluviales, filières de production, développement local, inaccessibilité.

SOMMAIRE

Introduction ………………………………………………………………………………… 1 PREMIERE PARTIE: MAHAVELONA: UN SOUS ESPACE DES HAUTES TERRES DE MADAGASCAR Chapitre I: Une polyculture traditionnelle à dominance rizicole 6 A. Un milieu rural caractéristique des Hautes Terres 6

B. La diversification du système des cultures 8

Chapitre II: La rigidité endogène du sous espace de Mahavelona 16 A. La défaillance des infrastructures de base 16

B. Les aspects spatiaux de conditions d'accessibilité 19

Conclusion partielle…………………………………………………………………………… 26 DEUXIEME PARTIE: RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES: UN SYSTÈME FIGE Chapitre III: La dimension agraire du riz irrigué et cultures pluviales 27 A. Les conditions géographiques favorables 27

B. La dimension agraire du riz irrigué et cultures pluviales 35

Chapitre IV: Riz irrigué et cultures pluviales : des systèmes de culture bien 40 enracinés spatialement A. Un système de production moins évolué. 40

B. La dimension spatiale du riz irrigué et cultures pluviales 50

Conclusion partielle ………………………………………………………………………………. 55 TROISIEME PARTIE: LA PERSPECTIVE D’UNE FILIERE LOCALE DE CULTURES VIVRIERES Chapitre V: La constitution d'une filière locale de cultures vivrières 56 A. Cultures vivrières: une filière classique et traditionnelle 56

B. Des circuits commerciaux dominés par le système de collecte 61

C. Orientation des flux 70

Chapitre VI: Une mutation difficile malgré l’encadrement. 72 A. Les structures d'encadrement des paysans 72

B. Le rôle de la commune et de l'Etat 76

C. Perspective d'avenir 77

Conclusion partielle…….……………………………………………………………………… 84 CONCLUSION GENERALE…………………………………………………………………. 85 Bibliographie…………………………………………………………………………………... 87 Annexe………………………………………………………………………………………… 89 TABLE DES MATIERES…………………………………………………………………….. 97

i

GLOSSAIRE

Amparitra: système de main d’œuvre agricole dont le salaire est fonction de la superficie approximative des casiers agricoles et le temps de travail non déterminé.

Angady : bêche, un outil traditionnel et indispensable pour retourner la terre pour les agriculteurs merina et betsileo.

Antoka : cautions ou biens de remboursement

Betro : ce sont les limons, très fertiles, déposés par l’eau de rivière durant la période de crue.

Daba : unité de mesure locale utilisée pour la vente des graines de paddy (1 daba équivaut à 13 kg) Fody : moineau (Foudia Madagascariensis)

Haom-bary: poux du riz

Isan’andro : système de main d’œuvre agricole payé par jour de travail de 8 h à 16 h incluant le repas de midi.

Jiri-bary : système de revente de paddy par daba avec une spéculation ou sous forme de troc et d’usure.

Kapoaka : unité de mesure locale utilisée pour la vente des graines (gobelet issu d’une boîte du lait concentré qui équivaut à 285g du riz blanc)

Misasaka : mode de faire-valoir indirecte basée sur le métayage qui correspondait généralement à un partage à moitié-fruit de la récolte.

Manala songo: travailler à l’angady les parties qui n’ont pas pu être faites par la charrue.

Mofo gasy : galette de mouture de riz, très apprécié par les paysans souvent accompagné par une tasse du thé ou du café. Ce genre de mets se sert généralement dans les petites gargotes en milieu rural.

Renin-jaza : une tradipraticienne qui joue le rôle de sage-femme au village.

Sevalahy: une plante qu’on retrouve presque dans tous les bas-fonds de la zone d’études (famille d’asteraceae ; vernonia garnierina).

Tanety : terres sur relief de collines des Hautes Terres de Madagascar. Le tanety désigne généralement les terroirs des collines.

Teloina : mode de faire-valoir indirecte basé sur le métayage qui correspondait généralement à un partage à tiers-fruit de la récolte.

Taretra : sisal

ii

Tanymainty : sol plus fin, plus riche en eau qu’on retrouve dans les bas-fonds.

Tany manga : ou terres alluviales. Ce sont des sols marécageux où le drainage est défectueux.

Tany mena : ou sols ferralitiques. Ce sont des sols imperméables où affleurent les cailloux.

Toerana : unité de mesure et de localisation d’un champ de culture, utilisé notamment pour les champs de rizière.

Tombamaso: méthode empirique par l’observation directe utilisée pour le repiquage en ligne mais sans utiliser aucune corde.

Varyaloha : riz de première saison, c’est la première récolte dans le calendrier cultural de la riziculture. Un système de culture favorisé par la maitrise de l’eau.

Volyavotra: cultures maraichères ou cultures de contre-saison dans les bas-fonds et dans les parcelles rizicoles pendant la morte-saison.

Valintanana ou mifanandro : une sorte d’entraide entre des paysans comme réponse à la pénurie de main d’œuvre agricole.

Vakitany : Sol laissé en jachère pendant plusieurs années qu’on laboure par la suite pour la reprise de l’exploitation.

Varymaitso : un système d’usure qui se fait par une avance de numéraire pour les ménages ruraux en difficulté où le remboursement se fait en nature par prochaine récolte de paddy.

.Varybe ou varyankapobeny: c’est la deuxième récolte dans le calendrier culturale de la riziculture ou riz de première saison.

Varymalady:appellation de la semence du riz de trois mois.

Varymarenina ou miandrybararata: Appellation de la semence de riz de quatre mois.

Vazaha : dénomination populaire des « colons » ou les Européens en général.

Zezi-bazaha : littéralement « fumier étranger », terme utilisé pour les engrais chimiques.

iii

LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES

BIF : Birao Ifoton’nyFananantany

CECAM : Crédit d’Épargne et de Crédit Agricole Mutualiste

CEG : Centre d’Enseignement General

CR : Commune Rural

CSA : Centre de Service Agricole

CSB : Centre de Santé de Base

DRDR: Direction Régional du Développement Rural

DRS : Défense de restauration du sol.

EPP: Ecole Primaire Publique

FER Travaux: Fonds d’Entretien Routier

FID: Fonds d’Intervention pour le Développement

FRAM : (Maîtres FRAM) Enseignants non fonctionnaires payés par les associations des parents d’élèves

GCV : Grenier Commun Villageois

HTC : Hautes Terres Centrales

LVM : Location-vente Mutualiste

MA : Mode Amélioré

MT : Mode Traditionnel

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PCD : Plan Communal du Développement

PCLS : Président du Comité Local de Sécurité

PPN : Produit de Première Nécessité

PSDR : Programme de Soutien pour le Développement

RIP : Route d’Intérêt Provincial

RN : Route National

SRA : Système de riziculture amélioré ; SRI : Système de riziculture intensif

iv

LISTE DES PHOTOS

Page Photo N° 01 Une petite exploitation de cultures maraichères sur des parcelles de rizières asséchées. 14 Photo N° 02 Le barrage d'AmbalavoryAndranomena après réhabilitation 18 Photo N° 03 Un champ de culture du riz pluvial devenu une déviation en période de pluies. 20 Photo N° 04 Etat de la route en saison de pluies 22 Photo N° 05 Transport des produits de terroirs en empruntant une piste charretière 23 Photo N° 06 Transport à bicyclette 26 Photo N° 07 Une vue d’ensemble dans la partie occidentale du secteur de Mahavelona 27 Photo N° 08 Une maladie observée sur les riz irrigués 33 Photo N° 09 Un repiquage en ligne sans corde 41 Photo N° 10 Le seva lahy : une plante qui éloigne les poux de riz 42 Photo N° 11 Travail de sarclage du riz irrigué 48 Photo N° 12 Intervention du CSA le jour du marché et exposition de la méthode de SRA. 71 LISTE DES TABLEAUX

Page Tableau N°1 Production du riz irrigué au sein de la commune en 2010 9 Tableau N°2 Production du riz pluvial au sein de la commune en 2010 9 Tableau N°3 Statistique sur la production de maïs 10 Tableau N°4 Statistique sur la production de manioc 11 Tableau N°5 Statistique sur la production d’arachide 12 Tableau N°6 Statistique sur la production de pois de terre 12 Tableau N°7 Nombre de tête par type d’élevage 13 Tableau N°8 Répartition de nombre par type d’artisanat 15 Tableau N°9 Taille générale de l’exploitation 35 Tableau N°10 Exemple d’une structure foncière dans le Fokontany Bevazaha, Selon la hiérarchie sociale 35

v

Tableau N°11 Apports du propriétaire et du métayer selon le type de métayage 37 Tableau N°12 Nombre des exploitants du riz irrigué et riz pluvial en 2010 40 Tableau N°13 Calendrier agricole 44 Tableau N°14 Types de semences qu’on rencontre dans la zone 44 Tableau N°15 Exemple de la variation du rendement avec le riz irrigué et le riz pluvial. 46 Tableau N°16 Quantité des intrants nécessaires pour chaque type de culture 47 Tableau N°17 Les détails de travaux et de mains d’œuvres agricoles 48 Tableau N°18 Localisation des camions collecteurs dans la zone 60 Tableau N°19 Exemple d’emprunt et de remboursement en vary maitso 63 Tableau N°20 Moyenne des salaires par ha sur les plus grands travaux agricoles 64 Tableau N°21 Exemple du coût de transport avec la charrette 65 Tableau N°22 Moyenne des bénéfices agricoles par ha/an. 66 Tableau N°23 Fluctuation des prix selon la saison 79

LISTE DES FIGURES

Page Figure N°1 Occupation des sols de tanety dans la commune Mahavelona 39 Figure N°2 Destination de la production de Maïs 62 Figures N°3 Destination de la production de riz 63 Graphe N°4 Courbe de la variation des prix : exemple de la saison 2011 80

vi

LISTE DES SCHEMAS

Page Schéma N° 1 Types des sols dans la commune rurale de Mahavelona 31 Schéma N° 2 Schéma de la filière des cultures vivrières 56 Schéma N° 3 Circuit directe. 67 Schéma N° 4 Circuit long 67 Schéma N° 5 Le rôle du CSA envers les producteurs et les acteurs de développement. 75 Schéma N° 6 Arbre des objectifs de la commune Mahavelona 81

vii

LISTE DES CROQUIS

Page Croquis N° 01 Localisation de la commune de Mahavelona 2 Croquis N° 02 Répartition spatiale des dix Fokontany 7 Croquis N° 03 Infrastructures routières dans la CR de Mahavelona 21 Croquis N° 04 Relief et profil topographique de la commune rurale de Mahavelona 28 Croquis N° 05 Réseaux hydrographiques 34 Croquis N° 06 Localisation de terroir agricole dans le Fokon tany Bevazaha 51 Croquis N° 07 Répartition de la production de paddy au sein de la commune 53 Croquis N° 08 Répartition de la production des cultures pluviales au sein de la commune 54 Croquis N° 09 Localisation du marché et des points de collectes 69

Croquis N°10 Flux entrants et flux sortant 71

viii

INTRODUCTION GENERALE

L’agriculture vivrière est une agriculture essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance. La production n’est destinée ni à l’industrie agroalimentaire ni à être exportée. Elle est en grande partie autoconsommée par les paysans eux-mêmes et la population locale. Bien qu’essentiellement limitée aux pays sous- développés ou au « pays du Sud », cette forme d’agriculture traditionnelle demeure très importante au niveau de la pratique paysanne locale. Pour un pays en voie de développement comme Madagascar, la majorité de la population rurale pratique l’agriculture de subsistance et les ménages ruraux peinent à assurer leur autosuffisance alimentaire. Dans les Hautes Terres de Madagascar, la totalité des bas-fonds sont consacrés aux rizicultures irriguées tandis que les sommets de collines, dénommés« tanety », sont destinés aux cultures pluviales. Avec leurs aptitudes culturales, que ce soit au niveau du sol ou du climat, les Hautes Terres de Madagascar sont renommées par les cultures vivrières, de différentes sortes qu’elles soient telles que le maïs, le riz, le manioc, la patate douce, le haricot, l’arachide, le pois de terre ou encore les légumineuses. Ainsi, si la politique agricole et les actions de développement ont été axées sur les cultures d’exportations, actuellement les cultures vivrières bénéficient de financement et ont pris de l’importance et participent même au développement local voire national par le biais de la commercialisation des produits vivriers notamment avec le riz et le maïs. C’est ainsi que notre choix s’est porté sur le sujet intitulée : « persistance d’une agriculture vivrière dans les Hautes Terres de Madagascar : riz irrigué et cultures pluviales dans la Commune Rurale de Mahavelona, District de Soavinandriana (région ITASY) ». Le site de Mahavelona a été, particulièrement, choisi pour les raisons suivantes :

- Un milieu bien familier de l’auteur, en tant qu’originaire de la région. La connaissance fine des secteurs d’études constitue un atout majeur pour la collecte des informations nécessaires ; - Une volonté de renforcer la notoriété d’un sous espace mal connu des Hautes Terres Malgache et la persistance des cultures vivrières dans cette zone.

L’objectif de l’étude est surtout de pouvoir connaître au mieux les principaux types de problèmes ou les sources de blocages de la filière au niveau de la production jusqu’à la commercialisation.

1

Croquis n°01 : localisation de la commune de Mahavelona

2

Ainsi, la problématique principale s’exprime comme suit :

« La difficulté d’intégration d’une agriculture modeste, dans le système d’une économie monétaire, (à l’exemple de la Commune Rurale de Mahavelona (District Soavinandriana »).

La Région Itasy, regroupe trois Districts : , ArivonimamoetSoavinandriana. Avec une superficie de 6570 km2, elle est l’une des plus petites régions de Madagascar, formée de trois districts répartis en 51 communes et 513 Fokontany. Dans la District de Soavinandriana, le massif volcanique de l’Itasy présente des formes diverses allant des cônes de scories avec leurs coulées et des dômes trachytiques, de part et d’autre d’Analavory, aux cratères d’explosion, dans les environs d’. A l’Ouest, le complexe du lac Itasy offre dans sa partie occidentale un relief plus aéré avec des plaines et des vallées plus larges (secteurs d’Analavory, d’Ifanja et de Soavinandriana). On observe notamment une augmentation de la température en allant vers l’Ouest, un accroissement du niveau général des précipitations dans la région de Soavinandriana et une prononciation plus forte du maximum des jours de pluies pour les sous-préfectures d’Arivonimamamo et de Miarinarivo. La commune rurale de Mahavelona fait partie du District de Soavinandriana dans la province autonome d’Antananarivo. Située à 36 km du chef-lieu de district (ancien Fivondronana), à 24 km de la commune de sur la RIP 103 reliant Soavinandriana à Mahasolo. La distance géographique qui la sépare d’Ankadinondry est de 50 km et elle se situe à 18 km d’. Elle est encadrée par quatre communes :

- Au Nord-ouest, Ankadinondry Sakay - Au sud, Ankisabe - A l’Est, Mananasy - A l’Ouest, Ambatoasana.

S’étendant sur une superficie de 396 km2, la commune est composée de10 Fokontany avec 21794 habitants en 2010. Le climat est de type tropical sec divisé en deux saisons bien distinct : l’une humide du mois de Novembre en Avril et l’autre sèche du mois de Mai en Octobre. Située approximativement entre 900 et1 020 m d’altitude. La commune présente une structure paysagère et morphologique fortement diversifiée allant du relief dont des vallées étroites à l’Est et des plateaux et larges bas-fonds à l’Ouest. Les éléments pédologiques sont constitués essentiellement par un type de sols ferralitique bruns rouges. La végétation naturelle est dominée par des savanes herbeuses du type « hypparheniaruffa et d’aristida ».

3

Pour mieux évoquer et interpréter la problématique, l’étude a été structurée en trois grandes parties, dont chaque partie est constituée par deux chapitres. Voici les grandes lignes traitées : .Partie I : Mahavelona : un sous espace des Hautes Terres de Madagascar.

.Partie II : riz irrigué et cultures pluviales : un système figé.

.Partie III : la perspective d’une filière locale de cultures vivrières.

Dans cette étude, la démarche inductive a été adoptée pour mener à terme le travail :

La phase préliminaire se subdivise en trois points : - L’exploration bibliographique sur les cultures vivrières - La collecte des données auprès de nombreuses bibliothèques, surtout celle du département de géographie et de différents centres d’informations. - Les travaux cartographiques, pour une vision globale sur les caractéristiques du paysage et d’expliquer les réalités de la zone d’étude.

Pour les enquêtes, ont été élaborés et utilisés :

- Un questionnaire d’enquête communale ; - Un questionnaire d’enquête pour les organismes et les ONG ; - Un questionnaire d’enquête ménage ; - Un questionnaire d’enquête pour les collecteurs.

La phase des études sur terrain, permet d’identifier les réalités géographiques, sociologiques et économiques de la zone. D’abord, la première étape de la descente sur terrain consiste à réaliser les enquêtes au niveau de la commune. Des autorités locales et des techniciens agricoles ont été interviewés en guise d’une phase exploratoire de processus de collecte de données pour la réalisation du mémoire. Ensuite, l’étape suivante avait pour objectif de récupérer le maximum d’informations sur les caractéristiques et le déroulement des activités culturales sur les cultures vivrières auprès de la pratique paysanne. Ainsi, le taux d’échantillonnage sur les enquêtes des ménages a été de 10 % dont 7% dans le Fokontany Akon’Ambohimenabe (qui présente la surface cultivable la plus élevée) et 3% dans le Fokontany Soaniadanana et Bevazaha. 4

La période des enquêtes s’est établie en une grande partie durant la saison des pluies (c’est en ce moment que s’effectuent les plus grands travaux des cultures). De cette façon, certaines zones ont été inaccessibles à cause du mauvais état de la route mais aussi par la montée du niveau des eaux des rivières. Certains Fokontany ont été fortement touchés par ce phénomène d’enclavement relatif à l’instar du Fokontany d’Ampasapoana.

Le dépouillement et la rédaction, consistent au rangement et à l’analyse des données obtenues pour consolider les résultats des enquêtes. Ensuite, les travaux de rédaction proprement dite marquent la fin de la phase de la réalisation matérielle de cet ouvrage.

5

Chapitre 1 :

« UNE POLYCULTURE TRADITIONNELLE A DOMINANCE RIZICOLE »

A. UN MILIEU RURAL CARACTERISTIQUE DES HAUTES TERRES

1. Une situation géographique assez favorable a. Une accessibilité relative

La commune rurale de Mahavelona se situe à 30 km au Sud du chef-lieu de district, longeant la RIP103 qui relie Soavinandriana et Mahasolo. Avec un moyen de transport qui se fait par voie terrestre, la commune présente des pistes non bitumées. De ce fait, la zone se retrouve avec un accès difficile en période de pluie surtout pour les automobiles. Depuis 2002, la route n’est plus accessible sauf pour les véhicules à deux roues. Face à ce problème d’inaccessibilité, les véhicules sont forcés d’emprunter la piste qui mène vers Ankadinondry. C’est un détour obligatoire pour atteindre le chef-lieu de district. Mais on peut admettre que la commune rurale de Mahavelona n’est pas vraiment isolée malgré le mauvais état de la route et la manque d’électricité. Administrativement, elle est reconnue parmi les sept communes comprises dans le district « Soavinandriana Andrefana » : , , Ankisabe, Mahavelona, Ambatoasana centre, et Ankarananana. Grâce aux trois chemins qui partent du chef-lieu de la commune, le RIP103et le RIP105 (cf. croquis n° 01), il y a la création de flux de transport voir commercial dans la zone. Avec l’installation du réseau téléphonique « CELTEL » depuis 2007 et avec le captage de six stations radio « FM », dont la radio Don Bosco qui émet directement d’Antananarivo, et un radio « AM », le RNM, la population locale reste informée. b. Commune rurale de Mahavelona : une position centrale

Du point de vue géographique, la commune rurale de Mahavelona tient une position centrale par rapport aux trois communes alentours : Ankisabe, Mananasy et Ambatoasana mais également par rapport aux Fokontany notamment pour Miaramandroso, Masoandromaherana, Akonifiraisana, Miarinatsimo et Andohady.

6

07 : Localisation de dix Fokontany de la commune de Mahavelona

Il existe des flux intercommunaux sur tous les plans. Sur le plan économique, il y a échange des produits agricoles c'est-à-dire à l’aide des collecteurs et ses intermédiaires : le jour du marché, des collecteurs des communes voisines mais aussi d’autres localités viennent sur place. La commune accueille également des grands événements religieux qui regroupent les croyants des églises aux alentours, c'est-à-dire en provenance des communes voisines

7 faisant parties du même district. De plus en 2010, Mahavelona a été désigné comme étant le centre d’examen de CEPE du district « Soavinandriana Andrefana ».

2. Une formation toponymique récente

La formation toponymique du village de Mahavelona est un phénomène récent qui date de la période coloniale. En 1900, le village portait encore le nom d’Ambatomainty, une dénomination née de la présence d’un rocher noir surplombant le village, là où se trouve actuellement le CSB2 (cf. croquis n°05).En 1902, un « vazaha » s’aventurait dans la région et arrivait à Ambatomainty affamé et très épuisé. Un gargotier très accueillant lui donna à manger. C’est ce vazaha qui avait initiéde changer le nom du village en « Mahavelona » et le nom du village a changé.

Bref rappel de l’installation de la population

La majorité de la population de Mahavelona sont des migrants venant de Faratsiho vers 1900et de Miarinarivo et vers 1935. C’est pourquoi la majorité de la population est à75% merina. Ce sont les paysans à la recherche de terrains à exploiter. Pendant la construction de la RIP103 et la route de Mahavelona-Ankisabe vers 1937, la population s’est installée massivement à construire des maisons le long des routes surtout pour faire des petits commerces tels que des épiceries ou bien des gargotes. Ainsi, en 2010, le nombre de la population dans la commune est estimé à un total de 21794 habitants.

B. LA DIVERSIFICATION DU SYSTEME DES CULTURES

1. La polyculture traditionnelle à dominance rizicole

Dans le cadre de la caractéristique du système agricole et de la pratique paysanne, la commune rurale de Mahavelona n’échappe pas à la tradition. Il s’agit d’un système complexe caractérisé par un manque de spécialisation où les paysans font un peu de tout pour subvenir. Les activités paysannes sont fortement diversifiées mais qui laisse tramer quand même un système de polyculture traditionnelle où la pratique rizicole constitue un dénominateur commun.

8

a. La riziculture

Les Hautes Terres de Madagascar sont les principales zones de production rizicole de Madagascar. La commune rurale de Mahavelona, faisant encore partie de cette tradition séculaire où les paysans vivent essentiellement de la riziculture généralement pratiquée dans les bas-fonds. Chaque ménage pratique la culture de riz principalement du riz irrigué que ce soit par faire-valoir directe ou indirecte.

Tableau n° 01 : production du riz irrigué au sein de la commune en 2010 SRI MA MT TOTAL Surface (ha) 182 1 736 309 2 227 Production (t) 1 095 11286 1 237 13 618 Source : monographie de la commune, 2010

Tableau n° 02 : production du riz pluvial au sein de la commune en 2010 MA MT TOTAL Surface (ha) 1110 130 1 240 Production (t) 4995 391 5 386 Source : monographie de la commune, 2010

Comme le riz constitue la base de l’alimentation de la population malgache, sa culture est pratiquée habituellement dans les terroirs des HTC malgache. On la trouve un peu partout dans les surfaces cultivées d’autant plus que les efforts des paysans sont consacrés à ce produit en termes de journée de travail. Au total une surface de 3 467 ha est occupée par la riziculture au sein de la commune, dont 2 227 ha par le riz irrigué et 1 240 ha par le riz pluvial qui sont, pour la plupart, destinés à l’autoconsommation. Dans ce système de production, le surplus commercialisable ne constitue qu’une partie infime de la production. Si le riz pluvial tient une place moins importante, c’est parce que cette culture est souvent pratiquée sur « tanety », un terrain généralement utilisé chaque année pour la culture de maïs et des tubercules (manioc et patate douce). Ainsi, on peut dire qu’il y a en quelque sorte une rotation de culture entre le maïs et le riz pluvial. Toutefois, des détails pratiques handicapent certainement le riz pluvial auprès de la pratique paysanne. D’après les enquêtes, la culture du riz pluvial détériore plus vite le sol et demande beaucoup d’investissement financier. Cela constitue trop des dépenses et certain nombre de paysans doutent de cette pratique pluviale et préfère s’en tenir à la culture de maïs. Quoi qu’il en soit, le mode amélioré

9 reste le plus pratiqué parce qu’avec le mode traditionnel, il y aura peu de rendement et la production sera mince. Avec l’apparition du SRI (système de riziculture intensive) et du SRA (système de riziculture améliorée), le riz irrigué prend de plus en plus d’ampleur dans la commune. Par ailleurs, la paysannerie de Hautes Terres est un riziculteur avertis avec beaucoup d’expériences en la matière. Les rizières des bas-fonds sont alimentées par des sources d’eau naturelle et le système de maîtrise de l’eau repose sur une technique traditionnelle savante. De ce fait, les paysans peuvent pratiquer le « vary aloha » dans les parties où les rizières peuvent recevoir assez d’eau et sans difficulté, ce qui est un des atouts des cultures de bas-fond.

Grâce aux différents systèmes d’irrigation adoptés par les paysans, malgré que cela reste traditionnel, il est ainsi possible d’étendre les rizières pour avoir plus de surface cultivable voire plus de production. Mais le SRA reste le plus pratiqué avec une surface cultivée de 1 736 ha en 2010 si le SRI n’occupe que 182 ha seulement. Cette dernière technique est encore mal maîtrisée par les paysans à part le problème du manque de financement et de matérielles. b. Les cultures pluviales : une pratique intensive sur le tanety

Les cultures pluviales occupent essentiellement les tanety pendant la saison chaude et humide comme le maïs et le manioc qui jouent un rôle vivrier à côté du riz. Ces sont des compléments des aliments de subsistance à part les cultures maraichères. En réalité, c’est une productivité vivrière qui peine à suivre la croissance démographique.

Tableau n° 03 : statistique sur la production de maïs Surface (en hectare) 3432 Production (en tonne) 12014 Source : monographie de la commune, 2010

La majorité de la culture de maïs dans la commune rurale de Mahavelona se pratique chaque année sur tanety. Mais il y a quand même, une mineure partie qui se situe dans les bas-fonds asséchés ou sur la pente des collines. Souvent le maïs est associé avec le haricot pour les parcelles proches du village ou avec le riz pluvial ou encore avec l’arachide. D’après le classement par ordre d’importance des cultures habituellement pratiquées à part le riz, le maïs vient en premier rang au sein de la commune. Sur une surface de 3 432 ha en 2011, il est censé arriver en seconde place après le manioc dans l’ensemble de la production à Madagascar.

10

La plupart des paysans cultive le maïs pour l’autoconsommation d’abord mais également pour la vente en cas d’un besoin urgent en numéraire et éventuellement pour l’alimentation des animaux. Certains n’en cultivent que pour la consommation familiale, sur une petite parcelle, à cause de manque de terrain cultivable. Cependant la pratique reste, pour la plupart, traditionnelle, avec une production de 1,5t/ha et si on utilise des intrants agricoles, la production arrive jusqu’à2t/ha. Sur le tanety, les champs sont localisés sur le flanc des collines dont certains se présentent en longues bandes, tracés parallèlement aux courbes de niveau.

Tableau n° 04 : statistique sur la production de manioc. MA MT TOTAL Surface (ha) 515 1 555 2 070 Production(t) 3 350 778 4 128 Source : monographie de la commune, 2010

Si on fait référence à l’ensemble des Hautes Terres Centrales, la culture de manioc succède le riz selon le rang des cultures vivrières pratiquées par les paysans et traditionnellement, il était cultivé dans le but de substituer le riz en période de soudure. Dans le cas de la commune de Mahavelona, elle tient la troisième place dans le système de production. En fait, c’est souvent une petite exploitation familiale, dans une parcelle moins vaste, sur le tanety, localisée sur le versant des collines ou encore dans les bas-fonds asséchés. D’après les enquêtes, 90% des ménages cultivent le manioc et possèdent au moins une petite parcelle de 20m². Le manioc sert en grande partie pour l’autoconsommation, sauf pour les quelques surplus qui sont destinés à la commerce. Mais il existe des paysans qui cultivent le manioc sur des terrains assez vastes en une année, justement pour essayer d’orienter la production au commerce local, surtout pendant la période de soudure. Ce qui est un cas rare dans la commune parce que seulement un paysan sur dix le pratique. Puisque généralement, le plus grand nombre des paysans consacrent les sols de tanety en culture de maïs. En 2010, la surface cultivée est de 2 071 ha, avec une production de 4 128 t ce qui est quand même insuffisante pour la consommation locale. Pour le reste, dans l’ensemble des cultures pluviales les plus pratiquées dans la commune de Mahavelona, à part le maïs et le manioc, le pois de terres et l’arachide ne sont que des cultures de rotation avec le maïs et n’occupe qu’une mineure partie des tanety (cf. graphe n°01).Le pois de terre est généralement pour l’autosubsistance journalière tandis

11 qu’une grande partie de l’arachide est destinée à la commerce pour être, ensuite, transformée en huile. La transformation artisanale d’huile d’arachide est une activité très développée au sein de la commune. Auparavant, les paysans peuvent obtenir jusqu’à cinq charrettes par hectare par an, mais à cause des maladies et de l’épuisement du sol, la production a diminué jusqu’à deux charrettes par an. De ce fait, les fabricants d’huile d’arachide de la commune de Mahavelona doivent s’approvisionner auprès des producteurs situés dans les autres communes les plus proches.

Tableau n° 05 : statistique sur la production d’arachide. MA MT TOTAL Surface (ha) 506 854 1 360 Production(t) 607 768 1 375 Source : monographie de la commune, 2010

Tableau n° 06 : statistique sur la production du pois de terre Surface (ha) 836 Production (t) 1 087 Source : monographie de la commune, 2010

Ces types de cultures peuvent être également pratiqués dans les bas-fonds asséchés, sur une surface réduite, quand il s’agit surtout de la consommation familiale. c. L’élevage à cycle court.

La population de la CR Mahavelona vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. Parmi l’élevage, les plus pratiqués sont l’élevage bovin, l’élevage porcin et les volailles mais en général, le système demeure encore au stade d’une exploitation traditionnelle. Les volailles n’ont pas d’alimentation spéciale, ni de traitement particuliers. Les bovins sont surtout utilisés au piétinement de la rizière et à la traction de la charrette et de la charrue. On retrouve rarement un système d’élevage moderne avec un système évolué où les animaux suivent un traitement et une alimentation particulière mais cela est uniquement pratiqué par 2% des éleveurs. Le reste opte encore pour le système traditionnel. C’est ce dernier type d’élevage qui est le plus pratiqué dans le cadre de pratique à cycle court. En fait, les paysans engraissent un porc avant la période de culture, pour le revendre ensuite et qui pourra subvenir financièrement aux dépenses agricoles. Sinon ils profitent de la période de récolte pour en acheter.

12

Tableau n° 07 : nombre de tête par type d’élevage Type Bovins porcins Volailles Nombre par tête 5 009 4 925 46 555 Source : monographie de la commune, 2010

2. Les autres activités a. Les innovations culturales : cultures maraichères

Les cultures maraichères sont des cultures praticables pendant toute l’année. Au lieu de laisser la terre en repos pendant la morte-saison, les cultures maraichères telles le gros oignon, l’ail, le haricot vert, les breds, les légumes sont en général pratiquées juste après le« vary ankapobeny » ou « vary be » dont la récolte commence à partir du mois de mai. Mais la période de culture n’est pas toujours la même. Cela dépend largement de l’exploitant, de la façon dont il veut exploiter son parcelle mais également de la disponibilité de cette parcelle. Le semis peut être commencé vers début du mois d’avril, pour les gros oignons par exemple, et la récolte verte peut déjà se faire à partir du mois de juin. Quoiqu’il en soit, la culture de bred reste la plus dominante avec 870 pratiquants et 5 ha de surface cultivée en 2010.

13

Photo n° 01 : une petite exploitation de cultures maraichères sur des parcelles de rizières asséchées. Cette culture maraîchère est pratiquée par un ménage composé de quatre personnes, dans un village du Fokontany de Bevazaha. La culture s’étend sur une surface de 100 m2 et se répartissent sur sept micro-parcelles de rizières et de bas-fonds asséchées. Les gros oignons et les ails sont les plus pratiqués et vendus sur le marché local alors que les choux fleurs, carottes, et breds sont réservés pour la consommation familiale. Généralement, le type de culture est fortement diversifié en fonction de l’attraction du marché local et du besoin de la consommation. Les maraîchers sont généralement de système hautement intensif avec de rendement satisfaisant. Beaucoup de soins ont été apportés pour la culture : sarclage, apport de fumier organique et chimique, arrosage, etc.

Source : cliché de l’auteur, mars 2012.

Les paysans appellent également ce type de culture par « voly avotra », par sa courte durée de production (récolte après un à deux mois de culture), donc une culture qui rapporte vite. Cette appellation est aussi due aux intrants apportés au sol des rizières pendant la culture maraîchère. Cet amendement a un effet bénéfique cumulé puisque non seulement pour avoir une bonne récolte mais également la prochaine culture du riz bénéficiera un sol plus fertile. Mais le nombre des exploitants a vu leur nombre se baisser parce que les paysans préfèrent pratiquer le « vary aloha » assez tôt qu’après la culture maraichère, justement pour prévenir la période de soudure.

b. L’artisanat

On note la pluralité des artisans dans la commune. Plusieurs d’entre eux s’investissent au niveau des constructions, de réparation de matériels agricoles, et surtout dans la transformation des produits agricoles (huilerie).

14

Tableau n° 08 : répartition de nombres par type d’artisanat Type Huilerie Poterie Menuiserie Maçonnerie Nombre 50 10 5 10 Source : PCD, 2002.

Il n’y a pas vraiment de création de matérielles sauf pour les sarcloirs et les charrues, uniquement dans les hameaux de Morafeno et de Mahavelona qui font partis du Fokontany d’Akon’Ambohimenabe. Sinon pour les charrettes et les « angady », il n’y a que des réparations selon les commandes reçues. En réalité, 85% des activités artisanales se concentre dans le Fokontany Akon’Ambohimenabe surtout pour l’huilerie et la poterie. Miarinkofeno par exemple, un hameau se situant à 1,5 km de Mahavelona, vers la RIP 105, est bien réputé pour la poterie, fabrication de pots d’argile. Il y a en somme une dizaine de ménages qui pratique cette activité et les produits sont tous vendus sur le marché local, à part les commandes faites sur place. En ce qui concerne la fabrication d’huile, ce Fokontany regroupe pour lui seul 30 fabricants sur 43 pour l’ensemble de la commune. Les menuiseries, maçonneries, et forgerons se répartissent un peu partout dans la commune. Mais l’artisanat est quand même une activité secondaire à l’agriculture qui reste la principale activité des paysans

3. Une ébauche d’un surplus commercialisable ?

Dans le cas général, il n’y a pas de grandes exploitations dans la zone. Avec les moyennes exploitations, le surplus commercialisable de la production de maïs, par exemple, est assez important qui va de six à douze tonnes par an en moyenne. Le reste, pour les petites, le surplus est de deux à Cinque tonnes par an en moyenne, voire même inférieure parce que certains de ces paysans n’ont pas de surplus commercialisable. Le peu de produits agricoles récoltés sont utilisés pour l’autoconsommation et pour les dépenses habituelles obligatoires telles les frais de scolarité de leurs enfant mais également pour les imprévus comme la maladie.

15

Chapitre 2

« LA RIGIDITE ENDOGENE DU SOUS ESPACE DE MAHAVELONA»

A. LA DEFAILLANCE DES INFRASTRUCTURES DE BASE

1. Les infrastructures sociales a. Le rayonnement du système scolaire

En moyenne le taux de scolarisation est très faible, un enfant sur deux seulement fréquente les établissements scolaires, malgré le nombre assez élevé de ces derniers. En 2010, la commune possède onze EPP, six écoles privées, un CEG, et un lycée, avec au moins un EPP dans chaque Fokontany. En fait il se peut qu’un Fokontany possède deux établissements d’école primaire publique (EPP).Cela est dû à la distance trop éloignée qui sépare les autres hameaux de l’endroit où se trouve l’école. De ce fait, les gens se voient forcer de construire une école dans leur propre village ou d’accepter de faire implanter de nouvelles écoles privées, tel est le cas du Fokontany Miaramandroso. Par contre, les seuls CEG et Lycée se trouvent uniquement au sein du chef-lieu de la commune. La plupart des EPP sont délabrées avec un nombre de salle de classe limité. La pression sur la capacité d’accueil est très forte. Le niveau d’encadrement est faible car l’effectif des enseignants reste en deçà des normes nationales quand bien même les associations des parents d’élèves(FRAM) recrutent des enseignants à leur charge et contribuent à l’extension des bâtiments. Les fournitures et les équipements pédagogiques font défaut auprès de différents établissements. Ceux-ci influent négativement sur la qualité des enseignements. b. L’accès aux soins

La commune ne dispose pas d’infrastructure sanitaire de base type CSB1.Installé au chef-lieu de la commune, le CSB2 constitue la seule infrastructure hospitalière de la zone. Encadré par une médecine diplômée d’Etat et une sage-femme, le taux d’accès aux services sanitaires demeure négligeable. Ceci est dû à l’éloignement du CSB et le coût des médicaments. Mais à partir de l’année 2008, la dernière sage-femme a quitté la commune. Par conséquent, l’hôpital est obligé de recruter une « renin-jaza » pour faire accoucher les femmes. En2003, un projet a été mené à Ambatofotsy dans le Fokontanyd’Ambatofotsy et a mise en place un établissement sanitaire dans le but de mieux aider la population de la zone et

16

de faciliter l’accès aux soins. Malheureusement, le projet n’a pas pu aller très loin. En 2005, le docteur qui a été installé a fini par s’en aller, tout d’abord parce qu’il n’a pas été bien payé, ensuite les clients étaient rares à cause du prix de la consultation qui était trop chère pour les paysans. c. Les maladies fréquentes

L’état de pauvreté chronique de la population influe sur les conditions d’accès aux services sanitaires. La vulnérabilité de la population provient d’une insuffisance alimentaire chronique. Le paludisme et les maladies diarrhéiques sont les principales maladies courantes qui causent la plus grande majorité de la mortalité. De plus, l’isolement médical d’une majeure partie de la commune rend redoutable ces maladies. Le taux de fréquentation de centre de santé demeure infime.

2. Les infrastructures productives a. Problème de l’électrification rurale

Malgré que l’électricité soit un facteur essentiel de la vie moderne, la commune n’a pas encore obtenu de branchement électrique. Selon l’enquête, malgré la demande insistante faite auprès du responsable, il n’y a pas eu de réponse satisfaisante. Le responsable refuse de faire l’installation électrique, malgré les efforts fournis par la commune pour se procurer des matérielles nécessaire à l’installation. En effet, le manque du moyen financier est aussi un des obstacles qui empêche la réalisation de ce projet. Des installations telles que les centrales thermiques ou hydrauliques, pylônes et câbles sont extrêmement coûteuses. Ainsi, la population vit au quotidien avec de la bougie et du pétrole pour avoir de la lumière pendant la nuit. Mais quelques personnes comme les fonctionnaires de la commune ont la possibilité d’utiliser le courant électrique à l’aide d’un groupe électrogène. Malheureusement cela reste encore limité à cause du prix des carburants, notamment l’essence, où le prix à la pompe augmente constamment. Il est à noter que l’absence de l’électricité dans la zone est un facteur de blocage face au bon fonctionnement de la commune et affecte gravement la qualité de vie des ménages. Avec les différentes sortes de paperasserie qui doivent s’effectuer au sein de la commune presque tous les jours, le service de photocopie est vraiment utile. Il n’y a qu’un seul service de ce genre au sein de la commune et le responsable en profite car pour faire une page de noir et blanc, il faut payer 100 Ariary si en ville, le prix est de 50 Ariary.

17 b. Les barrages d’irrigation

Le système de production dominant dans la région reste tributaire des précipitations. L’absence d’infrastructures micro hydrauliques handicape fortement la riziculture des bas- fonds. La plupart des infrastructures rencontrées sont érigées d’une manière archaïque. Les barrages de retenue ou prise au fil de l’eau sont construits de façon rudimentaire et sont emportés généralement lors des premières pluies. Dans la commune, il y a au total 53 barrages d’irrigations traditionnels et 3 barrages qui suivent la norme dont les deux sont en mauvais état et ne fonctionnent plus très bien. Mais on a pu constater que les réalisations des périmètres irrigués demandent des investissements considérables, ce qui pose un énorme obstacle pour la construction des barrages. De ce fait, le paysan ne s’arrête pas de déposer des demandes à la construction ou à la réhabilitation des barrages au niveau de la commune, mais jusqu’à maintenant cela reste incertain à cause du manque de moyen financier de la part de la commune.

Photo n° 02 : le barrage d’Ambalavory-Andranomena après réhabilitation. Cette infrastructure se situe dans le Fokontany Soaniadanana, dans le Nord du village d’Antandrokomby. Elle a été la seule à avoir été réhabilitée. Les rizières dans ce secteur souffrent d’un manque d’eau et les paysans se sont mis d’accord pour déposer une demande auprès de la commune en 2009. La réhabilitation a commencée en 2010 par le DRDR. Mais parmi les différentes demandes déposées dans la commune, peu d’entre elles sont accordées. L’existence de ce dispositif est un levier important pour l’extension de surface cultivable. Beaucoup des riziculteurs sont incités à aménager des nouvelles parcelles rizicoles. Mais, il arrive parfois qu’il y ait un désaccord sur la gestion des canaux d’irrigation.

Source : cliché de l’auteur, mars 2012.

18

Pour illustrer le besoin manifesté de l’aménagement de petits périmètres irrigués, voici un exemple de demande de réhabilitation en 2009 :

-Rivière : Andranomena

- Longueur du barrage : 25 m

- Longueur du canal d’irrigation : 4 km 600m

- Surface déjà irriguée : 80 ha

- Superficie du terrain à irrigué après la réhabilitation du barrage : 50 ha

- Nombre du bénéficiaire et usagers: 40 ménages

B. LES ASPECTS SPATIAUX DE CONDITION D’ACCESSIBILITE

1. Les infrastructures routières a. La qualité de l’infrastructure de circulation

Dans la commune rurale de Mahavelona, la voie de communication est constituée par le réseau routier avec des routes non bitumées et en mauvais état. Certaines sont étroites et trouées. Le milieu physique constitue une contrainte majeure pour la construction de route si bien qu’il n’y a pas vraiment des voies aplanies. La RIP103 n’a pas connu une véritable réhabilitation. Seule la population locale s’entraide périodiquement (vers le mois de mai) et fait de leur mieux pour reboucher la partie la plus désastreuse. Mais c’est une méthode d’entretien routier spontanée et mal organisée qui se fait par Fokontany avec des moyens rudimentaires où l’outil principal est « l’angady ». Ainsi les pistes sont rudimentaires et en mauvaise état, plus particulièrement pendant la période de pluie. Par ailleurs, le passage de charrette à bandage métallique a favorisé la dégradation avancée des pistes en terre malgré l’existence de certain dispositif de contrôle comme le barrage de pluie. Dans la commune, il y a au total deux barrages de pluies : un vers la sortie de Mahavelona et un autre vers l’entrée du village d’Antandrokomby dans le Fokontany Soaniadanana. C’est la piste la plus fréquentée, surtout par les véhicules. Ils sont parfois même obligés de cesser leur activité à cause de la dégradation de la route. Malgré le règlement imposé sur les barrages de pluie qui interdit le passage des automobiles et des charrettes pendant la période de pluie, les usagers n’ont pas le sens du respect de bien

19 commun. Les chauffeurs de taxi brousses qui ont hâtent de déposer leurs passagers, ne peuvent pas attendre quatre heures après la pluie, ils n’ont juste qu’à donner de l’argent au gardien pour passer. Dans la zone, enfreindre le règlement est une chose, mais traverser le terrain des autres, surtout quand il s’agit d’un champ de culture, en est une autre. Le plus souvent des hommes et véhicules improvisent une déviation par les terrains abordant la route pour éviter la partie inaccessible. Cette initiative ne fait que détruire les champs de culture de la victime.

Photo n° 03 : un champ de culture du riz pluvial devenu une déviation pendant la période de pluie. Cette parcelle de la riziculture pluviale se trouve dans la partie de la commune Masoandromaherana où il y un tronçon très mauvais en période de pluie. Longeant la route principale, ce champ du riz est devenu une déviation pour les transports pédestres, les bicyclettes et même les motos afin de contourner la chaussée la plus mauvaise.

Source : cliché de l’auteur, février 2012.

b. Une condition d’accessibilité difficile

Trois voies principales partent du chef-lieu de la commune : celle qui mène vers Soavinandriana et un autre axe qui aboutit à Mahasolofont parties de laRIP103. Tandis que le RIP 105passe par Ankisabe. En général, les routes ne sont pas carrossables pendant toute l’année. Les fossés et les cailloux qui sont présents sur la route engendrent de plus en plus de difficulté pour le passage des véhicules surtout pour les automobiles (taxi brousse et camion).

20

Croquis n° 03 : infrastructures routières au sein de la commune rurale de Mahavelona.

Grâce au projet FID, la RIP 105(vers Ankisabe) a été réhabilitée en 2004. Elle a été faite de gravillon avec des « dos d’âne » et des canalisations d’eau pour drainer les eaux de ruissellement pendant la saison des pluies afin d’éviter les flaques d’eau et l’érosion le long de la route. Malheureusement, la RIP 103 n’a pas pu bénéficier de cette réhabilitation. Les usagers souffrent du mauvais état de la route. Cela s’explique tout d’abord par l’état défectueux de la route vers Mananasy-Soavinandriana qui n’est praticable pour la circulation des automobiles. Seules les deux roues qui passent (motos, bicyclettes). Depuis une dizaine d’année, les taxis- brousses et les camions sont obligés de faire un détour pour atteindre le chef-lieu de district.

21

C’est-à-dire, il faut passer par Ankadinondry Sakay. La présence de « lavaka » en évolution sur la route rend difficile le trajet. Il y a également un pont cassé et d’autres facteurs tels que les petits cailloux qui entretiennent une circulation lente et entraîne parfois le glissement des pneus des véhicules pendant la période pluvieuse. Toujours dans le même cas, la route vers Ankadinondry est également désastreuse parce que celle-ci est boueuse et collante durant la saison des pluies. L’état des pistes le plus grave se situe au niveau de Mahavelona jusqu’au village d’Ambohikely, Fokontany de Masoandromaherana. La période la plus difficile se situe du mois de décembre au février pour la circulation des véhicules parce qu’en ce moment, la pluie est fréquente et agressive. L’état des voies est aggravé par l’action de l’érosion et de l’éboulement. A 3 km de Mahavelona, il y a la rivière de Botia où la descente et la monté paraissent difficile parce que les pneus glissent ou dérapent et cela peut prendre des heures pour s’en sortir.

Photo n° 04 : état de la route pendant la saison de pluie. On remarque la forte présence de trou boueux très favorable au patinage. Tous les passagers sont obligés de descendre face à une route pareille. L’aide-chauffeur et quelques hommes se mettent à faire de leur mieux pour que le véhicule puisse passer. Ainsi, quelques outils tels la bêche, feuillage et les sons du riz sont nécessaires pour pouvoir s’en sortir. Durant cette période, les taxis brousses font de caravane pour pouvoir s’entraider.

Source : cliché de l’auteur, février 2012.

22

c. L’importance des pistes charretières

Les pistes charretières ont une grande importance dans le mode de transport rural. Ce sont des chemins rudimentaires, sommairement aménagés. Normalement, les pistes charretières relient un hameau à un autre se trouvant sur des flancs de colline, mais assurent également la desserte inter fokontany (cf. croquis n° 02). Elles sont construites par les villageois, sans financement et sans aucune aide vis-à-vis de la commune. L’ouverture d’une piste se fait souvent suite à un besoin fondamental des habitants. Ainsi, tous les hommes valides construisent la piste avec des pelles et des « angady ».Mais ces pistes charretières aboutissent souvent à la route principale (RIP). De ce fait, cette connexion facilite le transport des produits agricoles que ce soit à l’aide d’un transport pédestre, par charrette ou à bicyclette.

Photo n° 05 : transport des produits de terroir en empruntant une piste charretière. N’ayant pas le moyen financier de posséder une charrette entièrement en bois comme moyen de transport, certains paysans optent pour le bricolage afin d’avoir une charrette par l’assemblage de matériaux de récupération (fûts aplatis, pneus usés de tracteur ou d’automobile et planches en bois).

Source : cliché de l’auteur, mars 2012.

2. Un mode de transport moins performant et traditionnel

Etant donnée la dégradation du réseau routier, la majorité des transports de marchandises ont été assurés par les charrettes. En 2002, il y avait 13850propriétaires de charrette. Pendant la grande saison de culture, les gens partent de leur village de très bon matin pour travailler aux champs. La plupart d’entre eux emmènent leur charrette pour porter les matériels de travail mais également pour amener les hommes même s’il n’y a pas de

23 produits agricoles à charger au retour. Quoiqu’il en soit, il y aura toujours quelques troncs de bois ou des branches d’arbres secs dans la charrette en rentrant le soir. En tant que moyen de transport, une charrette peut être également louée par sa propriétaire. Ainsi pendant la saison de récolte à partir du mois de mai, l’offre de transport en charrette explose. Les ménages les plus défavorisés ne peuvent pas s’offrir une charrette, malgré leur importance pour le transport en milieu rural, à cause de son prix qui n’est pas à la portée de toute la bourse. Une charrette d’occasion s’achète entre 500 000 à 600 000 Ariary et le prix d’une charrette neuve peut aller jusqu’à 1 000 000 d’Ariary. Donc, pour transporter leurs marchandises ou leurs produits agricoles, beaucoup des ménages doivent louer une charrette en fonction de la distance de parcours. A titre d’exemple, un parcours de 2 km est taxé de 3 000 à 4 000 Ariary par charrette et par voyage (un voyage comprend un trajet aller- retour). Les bicyclettes demeurent également le moyen de transport le plus utilisé en milieu rural. En 2002, on comptait 1000 utilisateurs au sein de la commune. Elles sont surtout utilisées pour le déplacement fréquent d’une personne d’un endroit à l’autre tel qu’un village aux champs de cultures ou bien d’un hameau à un autre. De ce fait, c’est plutôt un moyen de transport de personne que de marchandises ou de produits agricoles. Mais cela n’empêche que souvent la bicyclette transporte quelques sacs de produits agricoles tels que les riz, maïs, manioc, etc.

Photo n° 06 : transport à bicyclette. Ce mode de transport rural constitue un moyen intermédiaire qui peut faire tout le trajet jusqu’au fin fonds de la brousse. Cet homme est en train de pousser sa bicyclette qui ramène les bagages d’un voyageur vers le stationnement de taxi-brousse situé au chef-lieu de la commune. A cause du mauvais état de la piste, le cycliste semble avoir beaucoup du mal à pousser l’engin à cause des boues qui collent aux pneus.

Source : cliché de l’auteur, décembre 2012

24

Durant la période des pluies, les taxis brousses ne peuvent pas accéder dans le chef-lieu de la commune et un transbordement s’avère incontournable. En fait, les cinq taxi-brousses qui opèrent dans la zone n’arrivent pas toujours au terminus de Mahavelona et pour rejoindre le point accessible, les passagers, avec leurs bagages, doivent faire le chemin à pied, en bicyclette ou en moto. Quant au parc de véhicule motorisé, on a identifié un nombre limité avec quelques camions et taxi-brousses. En 2011, on a compté exactement7 camions, 8 tracteurs et 5 taxis brousses au sein de la commune. Actuellement, le nombre de transport à dos d’homme est réduit grâce au développement des moyens de transports motorisés. Leur nombre ne cesse de s’accentuer de plus en plus surtout pour les bicyclettes qui restent efficaces et à prix abordable (avec quelques efforts fournis par les paysans) et qui sont en vente dans le gros bourg de Mahasolo Tsiroanomandidy, située à 14 km de la commune ou à Ankadinondry avec un trajet de 30 km de la commune de Mahavelona.

3. Les autres moyens de communication : la téléphonie mobile

La téléphonie mobile est apparue dans la localité de Mahavelona vers l’année2000, avec l’opérateur MADACOM. Un ménage sur dix possédait un téléphone mobile. En 2004, ce nombre a augmenté de 20 %. A partir de 2010, toutes les opérateurs existants à Madagascar fonctionnent dans la commune et seulement un ménage sur dix est dépourvu de téléphone mobile. Grâce aux trois pylônes installés dans la zone, c’est l’opérateur « AIRTEL » qui a le meilleur réseau.

25

CONCLUSION PARTIELLE.

La commune rurale de Mahavelona représente un prototype parfait d’un milieu rural de Hautes Terres de Madagascar. Les principales caractéristiques de ce milieu résident dans la domination d’un milieu physique accidenté et de haute altitude. La succession de montagne et des vallées étroites constitue le dénominateur commun de toutes les localités de la zone d’études. Mais dans son ensemble, la commune est quand même pourvue des conditions géographiques favorable pour les activités agricoles. Cette commune située administrativement dans le district de Soavinandriana de la région Itasy, renferme dans sa majorité la domination écrasante des activités rurales. Toutefois, Mahavelona véhicule une image négative d’un milieu rural figé qui n’évolue pas beaucoup et qui traîne tous les facteurs du sous-développement rural. Parmi les facteurs les plus manifestes, les conditions d’accessibilité désastreuses constitue un facteur de blocage majeur pour s’ouvrir au développement. Mais dans sa globalité, le manque des infrastructures communautaires de base entretienne un degré d’enclavement élevé qui se répercute sur les activités quotidiennes de la population locale. De par son histoire et ses caractéristiques naturelles, la région géographique de Hautes Terres de Madagascar est une région spécialisée dans les cultures vivrières. Le fait que la commune rurale de Mahavelona est un sous espace des Hautes Terres Centrales, avec ses conditions géographiques favorables, explique que les cultures vivrières sont les principales activités de la population dont en dépend largement cette dernière. La commune est surtout dominée par la riziculture. Le maïs occupe en grande partie le sol des « tanety » si le reste des cultures pluviales sert à assurer l’autosubsistance alimentaire, plus particulièrement pendant la période de soudure. Mais les paysans hésitent encore pour le riz pluvial puisqu’il nécessite beaucoup d’investissement financier. Les bas-fonds et les rizières asséchés sont utilisés pour les cultures maraichères tandis que quand la condition de maîtrise de l’eau le permet, les paysans préfèrent pratiquer le « vary aloha ». Toutes ces cultures, sont basées sur des pratiques traditionnelles, sans doute par le fait du mauvais état des voies routières. Mais cette dégradation routière n’empêche que la commune reste peu isolée et pratique des échanges inter communaux malgré l’absence d’électricité.

26

Chapitre 3

« LA DIMENSION AGRAIRE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES »

A. LES CONDITIONS GEOGRAPHIQUES FAVORABLES

1. Un système d’aménagement dicté par le relief

A Madagascar, en particulier sur les Hautes Terres, les cultures occupent les sols selon suivant la disposition topographique qui est en relation étroite avec la nature du sol et le régime hydrique. Généralement la topographie caractéristique des Hauts plateaux montre des reliefs résiduels à pente douce et aux formes arrondis (50 à 300 m) : « les tanety ». Les bas- fonds sont engorgés d’eau en permanence et favorables à la pratique la riziculture irriguée tandis que les tanety ne reçoivent que des eaux de pluies. a. Un relief tourmenté

La commune rurale de Mahavelona se trouve dans la région de Mandridrano, plutôt dans la partie du moyen Ouest, ainsi, les caractéristiques topographiques présentent quelques ressemblances à ceux de cette unité morphologique.

Photo n° 07: une vue d’ensemble la partie occidentale du secteur de Mahavelona. Dans la partie Ouest, les larges bas-fonds se dessinent bien entre les collines arrondies. Le paysage est à perte de vue et dessiné à l’horizon par le massif de Bongolava. Les parcelles aménagés se trouvent généralement dans les bas-fonds.

Source : cliché de l’auteur, avril 2012

27

Croquis n° 04: relief et profil topographique de la commune de Mahavelona

Dans une vue d’ensemble, la zone présente un relief assez régulier au niveau de l’espace. La commune se trouve dans une altitude comprise entre 300à1 020 m qui diminue d’Est en Ouest. A l’Est on rencontre des collines avec des vallées étroites et à l’Ouest des plateaux cultivables et des larges bas-fonds allant jusqu’à 200 hectares. Cette topographie donne un paysage assez monotone dans la zone à l’exception de la colline d’Ambohimahavelona où se trouve le chef-lieu de la commune au niveau de1200 m

28

d’altitude (cf. croquis n° 04 et photo n° 07).Les larges bas-fonds se dessinent bien entre les collines arrondies. Le paysage est à perte de vue et dessiné à l’horizon par le massif de Bongolava.

Tandis que la partie Sud est dominée par quelques plateaux utilisés notamment par la culture de maïs dont presque les 80% sont cultivés. Ces surfaces longent généralement la route vers Ankisabe, la RIP 105. Par contre, dans la partie Ouest, le paysage est dessiné par la succession de collines et de larges vallées. Ainsi, pendant les périodes culturales, la verdure de chaque sommet de colline est due par les cultures pluviales surtout par le maïs et le riz pluvial. Si les bas-fonds sont utilisés pour la riziculture irriguée, le bas des pentes quant à elles accueillent les breds et les légumes diverses. L’utilisation des sols reste la même pour le reste de la commune, sauf qu’à l’Est et au Sud Est, les bas-fonds sont plus rétrécis.

2. Des conditions agro-environnementales favorables aux diverses cultures a. Un climat favorable pour l’agriculture vivrière

Dans la région Itasy, tout en présentant une parenté certaine, le climat présente certaines particularités pour chaque écosystème. On observe notamment un échauffement de la température en allant vers l’Ouest. Une augmentation du niveau général des précipitations dans la région de Soavinandriana est également observée. Il faut noter une particularité de la répartition des jours de pluie suivant les mois et notamment à l’intérieur des mois décisifs pour les principales cultures sur tanety pratiquées dans la région. Car des cultures, comme le maïs, l’arachide et le riz pluvial sont très sensibles au manque d’eau au moment de leur floraison-fructification. Pendant les mois de décembre et janvier, temps critique à cet égard selon le calendrier cultural, des moyennes de jours de pluie sont assez élevés et favorable à ces cultures. Par contre, on observe parfois certaines années de sécheresses de 8 à 20 jours. Il s’agit en conséquence de déterminer le temps de semis non pas en fonction d’une date du calendrier cultural « habituel » mais en fonction de la tombée de la première pluie. Dans la commune Mahavelona, le climat est du type tropical sec. Il est divisé en deux saisons :

 Du mois de Novembre au mois d’Avril, une saison pluvieuse de 900 à 1100 mm de pluie par an.  Du mois de Mai- au mois d’Octobre, une saison sèche.

29

La température moyenne est de 21° C avec un maxima de 30° C et un minima de 12° C. La pluviométrie annuelle dans la région tourne autour de 1797 mm avec 129 jours de pluies. Les conditions climatiques sont assez agressives et il y a parfois des pluies orageuses. Si on analyse les conditions hydriques de la croissance de certaines plantes, on peut dire que cette condition climatique est assez favorable pour les cultures vivrières :

Exigence de quelques plantes en eau : - Manioc : requiert de fortes humidités atmosphériques et des précipitations abondantes et bien réparties (plus de 1200 mm). Mois favorable : novembre - Avril et Mai- octobre.

- Maïs : une moyenne mensuelle de 100 mm durant la période de végétation. Mois favorable : novembre – Avril

- Haricot : pluies régulières et bien réparties ; un excès d’eau et manque d’eau sont défavorables. Une moyenne mensuelle de 300 à 400 mm d’eau durant la période végétative.

Ainsi, on peut dire que ces types de culture vivrière qui sont les plus pratiquées dans la commune peuvent bien s’adapter aux conditions climatiques de la zone.

b. Conditions pédologiques favorables

Comme le cas des Hautes Terres Centrales, les sols du moyen Ouest sont marqués par des processus de ferralitisation aboutissant à des formations ferralitiques. Néanmoins, la proximité des massifs volcaniques de l’Itasy pourrait jouer un rôle plus ou moins important dans la qualité de ces sols. En effet, les andosols dans le district de Soavinandriana sont formés sur projections volcaniques de dimensions variables, ce qui prouve un bon potentiel de fertilité.

30

Schéma n°01 : types des sols dans la commune rurale de Mahavelona

Source : composition de l’auteur, juin 2012.

LEGENDE : Tany mena : sols imperméables où affleurent les cailloux. Type de culture : manioc, poids de terre et maïs Tany mainty : sols plus fins, plus riche en eau et bien drainés. Colluvions : sols provenant de l’érosion sur les pentes supérieures. Tany manga : sols souvent marécageux où le drainage est défectueux. Type de culture : riz

Généralement, il y a trois principaux types de sols sur les Hautes Terres :

- Les sols ferralitiques : ce sont les « tany mena » qui caractérise les versants des hauts plateaux dans leur ensemble ; - Les sols hydromorphes : se retrouvent dans les bas-fonds et sont surtout mis en valeur sous forme des rizières. - Les terres alluviales : ce sont les sols de « tany manga » à texture très fine et se retrouvent également dans les bas-fonds.

Les sols ferralitiques bruns rouges de la commune de Mahavelona, qui constituent généralement les plateaux du Moyen Ouest, sont des sols bien structurés aux propriétés physiques favorables à toutes les cultures pluviales habituelles sous réserve d’une protection

31 contre l’érosion et le maintien de la fertilité. 70% des plateaux sont cultivés en riz, maïs, arachide et manioc. En 2011, la surface cultivable sur tanety est de 19500 ha si celle des bas- fonds est de 2230 ha. c. Classification empirique des sols

D’après les enquêtes menées auprès de certains cultivateurs, on a pu constater qu’ils ont eux aussi leur propre idée sur la vocation du sol mais également sur le classement des sols, selon leur fertilité, d’après leur connaissance empirique. Ainsi, six enquêtés sur dix ont mis en place le classement des sols comme suit :

- Tany mainty : sol fertile en général ou « tany masaka » surtout pour la riziculture irriguée (cf. schéma n° 01) ; -Tany mena : sol stérile ou « tany manta », qui a besoin des intrants que ce soit chimique ou organique ; - Les terrains à proximité d’une rivière produit un peu plus de rendement grâce aux « betro » (ce sont des boues collantes et molles qui sont très fertiles) que l’eau dépose pendant la période de crue ; - Tany manga: Le tallage ne peut se faire correctement, ainsi, l’émission de tiges secondaires et tertiaires est limitée.

Concernant cette dimension pédologique de l’agriculture, certaines cultures ont des besoins spécifiques pour se croître convenablement si on prend le cas de la zone d’études, à titre d’exemple :

Manioc : optimum de rendement sur des sols chimiquement riches, sols bien drainés et légers. Maïs : optimum de rendement sur les sols alluvionnaires, demande des sols profonds, meubles, frais et humifères, fertiles et assez légers.

Ainsi, l’idée de fertilité que celle-ci soit naturelle ou acquise grâce à l’art de l’agriculteur implique, d’abord, l’abondance ou l’existence en proportion suffisante des aliments nutritifs indispensables. Elle sous-entend corrélativement l’absence d’éléments toxiques capables de supprimer la productivité du sol.

32

Photo n°08: une maladie observée sur les riz irrigués. Ce phénomène s’observe dans le Fokontany d’Akon’Ambohimenabe. Avec cette maladie, la production de riz a diminuée de 70%. Malgré l’hypothèse que cela est lié au type du sol, le phénomène n’est pourtant pas fréquent. Cette maladie se manifeste par un assèchement de la tige du riz jusqu’aux graines de paddy (sur la photo ce sont les parties sèches) parce que justement cela arrive quand les graines ont déjà germé.

Source : cliché de l’auteur, décembre 2011

d. La maîtrise de l’eau et système d’irrigation

L’insuffisance d’eau de rizière pose un énorme problème au niveau de la production du riz irrigué. Une infime partie du territoire communal est traversé par les deux grandes rivières existantes : Amoroniboina, dans la partie Nord et Sahamitaha, dans la partie Sud. Les ruisseaux se répartissent un peu partout mais à cause du manque des matériels et de technique, le système d’irrigation reste traditionnel et fragile. Durant les périodes sèches, les ruisseaux se dessèchent, ce qui est l’une des raisons du retard de la pratique du riz de la première saison. Comme presque dans tous les bas-fonds, les rizières sont en « terrasses », soit en forme de gradin ou d’escalier. Vers le sommet, l’extension des rizières est limitée par l’altitude où naissent les sources mais cet extension peut avoir lieu si l’eau d’irrigation peu atteindre ce nouveau parcelle aménagé en rizière. Donc, l’irrigation s’effectue par gravité. Le moindre ruisseau, qui avoisinent leurs rizières sont soigneusement exploitées par les paysans. Les ruisseaux venant de l’amont sont captées ou détournées par l’intermédiaire de canaux de dérivation. Pour certains, ceux qui ont le moyen, la diguette est construite avec des pierres de moellon et du ciment. Pour d’autres, tel le cas de Solo, un paysan auprès duquel on a mené l’enquête, la diguette est seulement faite avec des morceaux de bois et de l’argile ou tout

33 simplement des blocs de terre, qui sert justement à remonter l’eau d’un ruisseau pour arroser sa rizière. Mais malheureusement cela s’effondre après une pluie assez forte ou une pluie successive.

Croquis n° 05 : réseaux hydrographiques

34

B. LA DIMENSION AGRAIRE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES

1. De système d’exploitation tributaire de l’appropriation du sol a. La domination de petites exploitations

L’exploitation a été toujours de type familial basé sur une culture pluviale et une riziculture irriguée. Dans la commune de Mahavelona, on peut distinguer les petites exploitations et les moyennes exploitations.

Tableau n° 09 : taille de l’exploitation Taille de l’exploitation Rizière Tanety Petites exploitations - 65 ares - 120 ares Moyennes exploitations 65– 100 ares 120 - 500 ares Source : enquêtes personnelles, mars 2012

La taille générale de l’exploitation peut varier de 65 à 100 ares pour les rizières et de 120 à 500 ares pour les tanety. Par rapport à la dimension culturale de la zone, une exploitation inférieure de ces deux cas peut être dite « micro exploitation ». Sur la majorité de superficie cultivée, on remarque un fort pourcentage d’autoconsommation et qui représente 60% de la population locale. Un exploitant peut posséder des terrains sur différentes lieux en champs ou parcelle. Généralement, les paysans comptent leurs terres par nombre de champs dont ils nomment par « toerana ». Ainsi, une rizière de 100 ares ou 200 ares peut être répartie sur quatre champs de rizières ou « efatra toerana ». Un « toerana » de rizière peut être subdivisé en petites parcelles allant de 10 à 20 parcelles mais d’une dimension moyenne de 10 à 15 m2.

Tableau n° 10: exemple d’une structure foncière dans le Fokontanyde Bevazaha, selon la hiérarchie sociale. Surfaces exploitées en hectare (ha) Types de ménage Rizière Tanety 1 3ha (300a) 20ha (2 000a) 2 1ha (100a) 9ha (900a) 3 0.5ha (50a) 2ha (200a) Source : enquêtes personnelles, mars 2012

La répartition des terres au niveau de chaque exploitation est très inégale et selon la hiérarchie sociale. Les résultats de l’analyse effectuée auprès de trois catégories de ménages ont donné la répartition suivante :

35

 Ménage n° 01 : ce type de ménage peut profiter des bénéfices de ses culture et évolue dans un niveau de vie plus élevé, dont l’exploitation fourni une main d’œuvre assez importante.  Ménage n° 02 : arrive à l’autosuffisance mais les bénéfices se limitent à l’achat des PPN et aux frais de scolarité de ces enfants.  Ménage n° 03 : peut être classé parmi les paysans les plus défavorisés à un niveau de vie très faible et dont les 3/4 du riz consommé sont acheté quotidiennement par kapoaka.

Les paysans ont obtenu leurs terres par différente manière. La taille de l’exploitation est souvent selon la façon dont l’exploitant a obtenu sa terre. Selon les enquêtes, en moyenne, la totalité des terres (tanety et bas-fond) que possèdent les paysans se répartissent ainsi en 2011 :

o Tanety : 75% héritage ; 15 % louée ; 10% acheté. o Rizière : 40% héritage ; 25% louée ; 35% achetée.

Ces données nous prouvent que les paysans antérieurs possédaient plus de tanety que de bas-fond. Cela s’explique par la facilité de la mise en valeur en ce temps. C'est-à-dire qu’il ne faut pas beaucoup d’effort sur l’entretient agricole pour produire. Le problème de saturation et de l’épuisement des sols ne se posent pas encore à ces moments-là car ce sont généralement de fronts pionniers. Selon les paysans, la plupart des mauvaises herbes sont arrivées avec les engrais chimiques appelés « zezi-bazaha ». De plus, en ce temps, le niveau de vie était encore plus élevé. A partir des années 90, les paysans ont constaté que les récoltes de tanety et le peu de riz de bas-fond ne sont plus suffisants pour subvenir à leur besoin. De ce fait, ils ont commencé à aménager des rizières de bas-fond. Il existe des paysans qui restent sur l’héritage parce que compte tenu de leur moyen financier, ils ne peuvent pas en acheter plus. D’autres, sans héritage, tel est le cas de nouveau migrant, achètent de nouveau terrain ou louent, mais toujours en petite portion. Ainsi, la taille de l’exploitation est souvent selon l’héritage mais généralement petite. A titre de comparaison, on peut affirmer que la taille de l’exploitation au sein de la commune de Mahavelona se situe encore à un niveau acceptable par rapport au contexte national. Actuellement, la taille moyenne de l’exploitation agricole à Madagascar se situe à 0,87 ha (RABEMANAMBOLA M., 2007). Dans les années 1970, Françoise LE BOURDIEC signale des superficies oscillant entre 30 et 80 ares par ménage dans le cœur de l’Imerina et le

36

Betsileo central (F. LE BOURDIEC, 1974). A la même période, on relève même un are par famille dans la région d’Ambovombe et cinq ares par exploitant dans le secteur d’Ampanihy. b. La complexité du mode de faire-valoir

Le mode de faire-valoir est une façon dont les paysans exploitent leurs terres d’une manière directe ou indirecte. C’est un régime juridique de l’exploitation agricole, réglant les relations entre exploitant et propriétaire (BRUNET R. 2005).Il varie beaucoup en fonction de la tradition agricole de chaque pays mais suivant également de système de production foncière. Il existe deux catégories de propriétaire :

o Ceux qui donnent la quasi-totalité de leurs terres en métayage ou propriétaire absentéiste. o Ceux qui cultivent une partie de leurs terres en faire-valoir directe et donnent le reste en métayage.

Dans la commune de Mahavelona, la première possibilité n’existe que rarement parce que la majorité des exploitants sont propriétaires de leur terrain. Par contre, presque la moitié des paysans s’engage dans la deuxième catégorie. Il existe deux formes de métayage :

o Le métayage à moitié ou « misasaka » o Le métayage au tiers (1/3 propriétaire, 2/3 métayer) ou « teloina ».

Tableau n° 11: apports du propriétaire et du métayer selon le type de métayage Apport du propriétaire Apport du métayer Métayage au tiers Terrain Semence, engrais, tous les travaux nécessaires. Métayage à moitié Terrain, semence ou engrais Tous les travaux nécessaires

Source : enquêtes personnelles, mars 2012

Le métayage à moitié est seulement pratiqué par le tiers des métayers si, les 2/3 pratiquent le métayage au tiers. Il existe plusieurs causes d’un mode de faire-valoir indirecte, mais les cas qu’on rencontre souvent dans la commune sont les suivants :

. Manque de capital financier pour l’exploitation : beaucoup des petits paysans ont souvent un problème au niveau du financement agricole. Durant les grands périodes de travail, le plus grand souci de ces paysans est de ne pas pouvoir cultiver toutes leurs

37

parcelles et surtout de trouver de quoi manger pour leur famille. Ainsi, ils exploitent les parcelles les plus fertiles et laisse le reste en métayage. De cette façon, leur terre peut être mise en valeur entièrement et ils reçoivent le tiers de la production sans payer aucun frais.

. Eloignement des champs d’exploitation : pas mal de paysans souffrent à cause de ce type de problème. Par exemple, presque la moitié des exploitants du hameau de Mahavelona possèdent des terrains dans la partie Sud de la commune incluant le Fokontany Bevazaha, c'est-à-dire à plus de 8 km de leur habitat dont la plupart de ces terrains sont des bas-fonds. . Problème lié à l’aptitude productive du sol elle-même.

Dans le cas général, les rizières sont les plus mises en métayage parce qu’on rencontre souvent des contraintes avec ces dernières qu’avec les sols de tanety. En fait, soient les rizières sont très loin, soient elles ne sont pas vraiment productives (avec un sol peu fertile) ou parfois le problème de maîtrise de l’eau constitue un enjeu de taille pour pouvoir mettre en œuvre un bon système d’irrigation. Tout cela fait que le propriétaire se décourage. En tous cas, les rendements sont généralement moins élevés dans le cas du métayage qu’en faire- valoir directe. Le paysan non propriétaire n’accorderait pas un intérêt suffisant à obtenir le maximum de la parcelle qui lui a été confiée parce qu’il n’a pas la certitude d’en retirer à juste profit par une exploitation prolongée.

c. La dimension foncière de la parcelle : rizière et champs de maïs

La surface cultivée sur le « tanety » est de 9 125 ha en 2011. Le maïs occupant une grande partie a été pratiqué sur une surface de 3 432 ha soit 37 % de la surface cultivée. Occupant une superficie de 2 071 ha soit 22 % de la surface cultivée, le manioc vient en seconde place. Cela s’explique sans doute par le fait que ces deux types de cultures peuvent substituer le riz. Le haricot est pratiqué sur de petites parcelles près du village ou mis en association avec le maïs (cf. croquis n°03), juste pour une autoconsommation. Ainsi, seulement 2,02 % de la surface cultivée a été occupée par ce type de culture, soit près de 185 ha.

38

Figure n° 01 : occupation des sols de « tanety » dans la commune de Mahavelona

Source : enquêtes personnelles, mars 2012.

39

Chapitre 4

« RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES : DES SYSTEMES DE CULTURE BIEN ENRACINEES SPATIALEMENT »

A. UN SYSTEME DE PRODUCTION MOINS EVOLUE

1. Un système traditionnel bien enraciné malgré l’innovation a. Un mélange du traditionalisme et de modernisme

Les techniques des bases des cultures vivrières sont parfaitement connues des paysans et sont adaptées aux conditions écologiques. De ce fait, la méthode traditionnelle est la plus pratiquée et même ceux qui semblent adopter la méthode améliorée ne s’éloigne pas beaucoup du système traditionnel. A partir de 2009, beaucoup des producteurs ont opté pour les pratiques améliorées notamment pour la riziculture que ce soit irriguée ou pluviale. Cela se justifie par la présence des différents organismes de vulgarisation dans la zone.

Tableau n° 12: nombre des exploitants du riz irrigué et riz pluvial en 2010 Nombre des exploitants agricoles Système des cultures Mode amélioré Mode traditionnel Riz irrigué 2359 590 Riz pluvial 1220 248 Source : monographie 2010. a1. La riziculture irriguée : entre la tradition et l’innovation

Les outils de travail sont limités aux charrues tirées par des bœufs, à l’angady et à des sarcloirs fabriqués localement. Ainsi, des matériels de travail archaïques ne suivent pas les normes adéquates sur l’agriculture moderne. Même avec des pratiques plus avancées, voire plus moderne, les outils de travail ne sont pas toujours au point : pour le repiquage du riz irrigué par exemple, les paysans utilisent des cordes de « taretra » pour faire un repiquage en ligne. Pendant la période de culture, le temps est précieux, la plupart de l’employeur ne voudrait pas que le travail traîne à cause du salaire des ouvriers. De ce fait, beaucoup des exploitants n’utilisent pas la corde pour le repiquage en ligne. En fait, pour aller plus vite ils emploient la méthode du « tombamaso » ou « à l’à peu près » qui semble efficace. Par exemple, un travail de quatre personnes sur une parcelle de 24 m2 est fait en 15 minutes si avec dix minutes de plus si on utilise la corde.

40

Photo n° 09 : un repiquage en ligne sans corde. Il s’agit de maintenir la pratique traditionnelle de repiquage manuelle mais inspirée de la technique moderne pour gagner du temps. Cette méthode mixte a un souci de faciliter les opérations de désherbage et de sarclage puisque le sarcloir peut passer toujours même si l’intervalle de ligne n’est pas uniforme. Cette parcelle de riz de 100 m2 s’effectue en seulement 20 minutes par ces cinq femmes.

Source : cliché de l’auteur, septembre 2011

Pour la riziculture irriguée, il est recommandé que le sol doive être labouré un peu plus de temps avant le repiquage pour que les rayons du soleil puissent pénétrer assez profond pour réchauffer le sol. Après ce premier labour, on fait encore un deuxième labour avant le repiquage. Pour la riziculture de première saison ou le « vary aloha » qui commence normalement dès le mois d’août, on prépare déjà le sol à partir mois de juin. Ainsi voici les étapes à suivre pour le travail de rizière (cf. tab. n° 13):

- Juin à juillet : le labour, qui est souvent fait à l’aide des charrues ou de l’angady. - Août : deuxième labour : Etape 1 : « manala songo » ou travailler à l’angady les parties qui n’ont pas pu être faites par la charrue ; Etape 2 : le drainage pendant lequel on fait entrer l’eau dans la rizière; Etape 3 : hersage ou piétinage (si la parcelle est assez étendu, on fait le piétinage à l’aide des bœufs, par contre s’il n’y a qu’une seule parcelle, le piétinement peut être réalisé par des personnes) ;

41

Etape 4 : l’aplanissement du niveau du sol pour faciliter le repiquage. Le sol doit avoir le même niveau d’aplanissement ; Etape 5 : le repiquage.

Photo n° 10: le « sevalahy » (famille d’asteraceae ; vernonia garnierina): une plante qui éloigne les poux du riz. Pour gérer les insectes du riz (pou du riz) de façon empirique, la pratique paysanne a recouru au « seva lahy » qui se rencontre dans des bas-fonds mais aussi sur les « tanety ». La plupart des paysans riziculteurs trouvent ce type d’insecticide traditionnel efficace. C’est ainsi qu’ils sont nombreux à l’adopter.

Source : cliché de l’auteur, septembre 2011

Le sarclage se fait en deux étapes. Le premier se fait deux semaines après le repiquage et le second deux semaines après le premier. Si c’est un repiquage en ligne, le premier sarclage se fait avec une houe rotative et le second à l’aide des mains. Pour le repiquage en foule, les deux étapes du sarclage se fait toujours à la main. Actuellement, les paysans ne sont plus habitués à utiliser des intrants que ce soit pendant la préparation du sol ou pendant la période de semis. C’est justement là la nécessité de la première laboure. Le laboure se fait d’une manière grossière en retournant tout simplement les blocs de terres les unes contre les autres. Dans ce cadre, les différentes sortes d’herbes qui poussaient dessus moisiront une fois dedans et servent de fumure naturelle. Pendant la germination des graines de paddy, les plus à craindre sont les rats, les oiseaux tel le « fody », et surtout les « haom-bary ». Avec ce dernier, rares sont les paysans qui optent pour les insecticides, la plupart utilise une méthode traditionnelle qui est la plantation des « sevalahy »(une plante qu’on retrouve presque dans tous les bas-fonds de la

42

zone) au milieu des plantes de riz. D’après les témoins, il y aurait deux hypothèses contradictoires sur ce procédé mais ni l’une ni l’autre n’a été vérifiée, ce qui compte c’est que cela semble bien fonctionner. La première serait que le sevalahy attire les « haom-bary » et la seconde qu’il a une forte odeur ce que ces derniers ne pourront pas supporter. Pour la riziculture irriguée, après la moisson de la culture de première saison, la terre est tout de suite travaillée pour recevoir la seconde culture (vary ankapobeny).

a.2. Les cultures pluviales : encore un système mélangé

Le terrain est débarrassé des déchets de la précédente récolte et des mauvaises herbes par incinération. Le semis se fait en même temps que le labour qui se fait à partir de la première pluie c'est-à-dire, dès le début du mois d’octobre à novembre. Avec ces types de culture, on emploie également des charrues tirées par deux bœufs, ce qui est le cas des 95% des cultivateurs. Pour le maïs, le grain est semé par une personne qui suit la charrue et ajoute la semence dans le rigole une par une avec un intervalle d’un rigole pour faciliter le sarclage. Une autre personne ajoute les intrants pardessus que ce soit des engrais chimiques, des fumures organiques ou encore des compostes. Un seul sarclage (à la main ou à l’aide d’une charrue) peut suffire si on le fait en temps voulu et qui doit se faire un mois après le semi. La dose de semis est de 30 à 50 kg à l’hectare pour la culture en poquets de 2 à 3 graines. Le semis mécanisé est effectué en ligne à raison de 15 à 30 kg de graines à l’hectare. La pratique est pareil avec le riz pluvial sauf que pour celui-ci, il a besoin d’être passé deux fois au sarclage. Autrefois, les cultures sur tanety ne reçoivent guère de matière fertilisante. Le riz et les cultures maraichères sont prioritaires en toute fumure disponible. Les quantités de fumures sont très faibles c’est pour cela que les paysans les apportent lors des semis et les mettent dans chaque rigole ou dans chaque trou mais ne les épandent pas. Le fumier est la principale source de matières fertilisantes pour les exploitations car les engrais minéraux coûtent chers. Actuellement, à cause de l’épuisement du sol, les engrais sont nécessaires si on veut avoir un rendement satisfaisant. Pour les cultures sur tanety, les plus à craindre des mauvais herbes sont les « striga » dont le nom vernaculaire sont l’« arema », les « sofinkisoa », « veromalay », etc. Les insectes les plus ravageurs sont les « fano », les « sakivy » et les sauterelles.

43 a3. Le calendrier agricole : soumis aux conditions climatiques

Tableau n° 13: calendrier agricole Mois Fév. Mars Av. Mai Juin Juil. Août Sept Oct. Nov. Déc. janv. Type cult s Maïs R R R s s S S

R R s s S S Riz pluvial Riz irrigué T r R R R R S r r Source : enquêtes personnelles, août 2012.

Légende : S : sarclage ; T : travail du sol ; s : semi ; r : repiquage ; R : récolte ; T, r, R, S : riziculture de première saison

Le calendrier agricole n’est pas souvent le même chaque année parce que les temps de travaux sont variables. Ce décalage dépend principalement de la variabilité climatique, à l’éloignement des parcelles selon les exploitations, aux différences de la nature du sol dont dépend, la difficulté des travaux au sol, aux différents modes d’exploitation (intensif ou extensif) et au moyen financier de paysans. Le choix de la date du semis pour les cultures sur tanety est parfois fonction du temps disponible laissé par les travaux rizicoles. Mais en général, les calendriers agricoles montrent que les paysans tiennent comptent des conditions climatiques. Par exemple, en 2010, la riziculture irriguée de première saison a connu un grand recul à cause du retard de la pluie.

Quant à la semence, généralement, pour tout type de culture, la semence est tirée de la récolte précédente, bien conservée et bien séchée. Il existe différentes sortes de semences surtout pour le riz et se pratiquent selon le mode de culture.

Tableau n° 14: types de semences dans la zone d’études Type de culture semences Riz de première saison Riz de deuxième saison Soafahita, makalioka, Riz irrigué Kala bory, fitarikandro, mavozeny, miandry X265, vary 12 bararata. Riz pluvial Madrigal Maïs Telo volana, Trafonomby, Irat 200 (trois mois) Source : enquêtes personnelles, août 2012.

44

Le nom de certaines semences a une appellation locale. Ces noms vernaculaires peuvent varier d’une localité à l’autre alors qu’on parle toujours du même type de semence. Pour le riz irrigué, il existe deux sortes de semence différentes :

o Pour le riz de première saison (vary aloha), les exploitants optent pour une semence de trois mois c'est-à-dire que cette variété se récolte après trois mois. On le nomme également par« vary malady » comme les « kalabory ou vary 12 ». o Pour la culture de deuxième saison (vary be), la semence est de quatre mois qu’on connaît aussi sous le nom de « vary miandry bararata » ou « vary marenina » tels que les « makalioka et soa fa hita ».

Ici, on remarque que les semences pour la première saison peuvent également être pratiquées pour la culture de deuxième saison. Les maïsiculteurs eux même choisissent à chaque récolte les épis le plus long, à grains intacts. Pour éviter que les grains ne se cassent, on ne bat pas le maïs, une méthode que les gens pratiques habituellement. Pour se faire, ils détachent les grains du corps du maïs (de l’épi) avec les mains. Avant de semer, on ajoute avec la semence les « gaz » ou les insecticides. Le maïs « telovolana » est le plus ancien des semences. L’Irat 200 est une semence plus récente et plus rentable mais également du type « telovolana » (c'est-à-dire peut être récolté après trois mois). Ces deux types de semences sont les plus utilisés des producteurs. b. Le rendement : en fonction de soins et de la technique culturale

Le rendement agricole dépend largement de la pratique agricole. La production technicienne est plus rentable que la production paysanne et que les meilleurs rendements obtenus sont fonction de la quantité des intrants utilisés. Selon le tableau n° 15, le rendement sur le système intensif et amélioré est nettement plus élevé que celui du mode traditionnelle. Cela s’explique sans doute par la quantité importante de fumures sur les deux premiers mais aussi, grâce aux techniques plus avancées. Les intrants sont utilisés en quantité réduite pour le mode traditionnelle parce que non seulement les engrais chimiques sont chères mais aussi parce qu’il manque des points de vente. Les fumures, sur lesquelles repose l’espoir des paysans sont insuffisants.

45

Tableau n° 15 : exemple de la variation du rendement avec le riz irrigué et riz pluvial Rendement en t /ha SRI MA MT Riz irrigué 8.5 6.5 4 Riz pluvial 6 4.5 3 Source : monographie 2010

L’entretient des cultures joue un rôle très important sur la rentabilité que ce soit sur le sarclage, sur l’irrigation ou sur l’apport des intrants. Le rendement agricole dépend largement du sarclage surtout pour les riz irrigués et le riz pluvial, alors que c’est l’une des grandes difficultés rencontrées par les exploitants à cause d’une demande de main d’œuvre importante. De ce fait, une récolte peut être complètement perdue faute de sarclage en temps voulu. Ainsi, on peut observer une grande différence entre la production technicienne et la production paysanne. Dans ce même ordre d’idée, le système intensif ne tient pas une place importante dans la commune. C’est un phénomène dont les paysans ont encore beaucoup de mal à adopter. Tout d’abord à cause de la mentalité rurale mais également par le manque de moyen financier. Le SRI ou riziculture intensive a été le premier système intensif qui attirait certains exploitants. Beaucoup d’entre eux sont membres d’un groupement et reçoivent de l’aide par le financement de certains organismes. Seulement deux exploitants sur dix pratiquent le SRI indépendamment. En effet, il se pratique uniquement avec des semences à « court cycle » (moins de quatre mois), ketsa tanora (huit jours sur pépinière), avec un repiquage en « carré » (25cm x 25cm).Tandis que le SRA peut se faire avec des ketsa de 21 à 30 jours sur pépinière avec un intervalle de ligne de 22 à 25 cm et à une extrémité selon l’exploitant, juste pour que le sarcloir puisse passer. D’après le CMS, le système intensif ne se limite pas au repiquage en ligne et à l’utilisation des engrais. En fait, il faut suivre des étapes qui commence par la sélection des semences (améliorés), au respect du calendrier agricole jusqu’à la récolte. Généralement, la préparation du sol constitue un facteur déterminant pour le rendement. Sur le tanety, le labour doit être assez profond (20 à 30 cm) et il serait préférable de laisser le sol se reposer. Avant de semer, on labour une fois de plus, dès la première pluie après avoir apporté des fumures et des dolomites. Pour le maïs ou le riz pluvial, le plus convenable c’est d’intervenir sur un sol qui vient d’être cultivé pour de l’arachide ou du pois de terre ou sur un sol laissé en jachère.

46

Il en est de même pour les apports des engrais. Avec le riz et le maïs, apporter des engrais s’avère toujours bénéfique. Il existe deux sortes d’engrais : engrais organique (fumures et compostes) et engrais chimiques ou minéral.

Tableau n° 16 : quantité des intrants nécessaires pour chaque type de culture Fumure Composte NPK (11-22-16) UREE

(t/ ha) (t/ ha) (kg/ ha) (kg/ ha) Riz pluvial 7 à 10 pendant le second 150 à 200 durant 50 après deux mois 14 à 20 labour la semence de semence Maïs 10 à 15 durant le second 75 à 100, appliqué 200 à 250 labour 2 fois de suite Source : CMS Sakay, 2012

Pour le maïs, si le semis se fait par poquet, cinq à sept tonnes de fumure par hectare est suffisant. L’utilisation des urées se fait par deux étapes dont la première 15 à 20 jours après les premières pousses et la deuxième 15 à 20 jours après le premier suivi du sarclo-buttage. Pour lutter contre les mauvaises herbes, il faut commencer par le labour. L’un des moyens le plus efficace c’est le labour peu profond c'est-à-dire de 10 à 15 cm et cela juste après la récolte précédente (pour les cultures pluviales que pour les cultures irriguées) suivi d’un deuxième labour. Pour la riziculture irriguée en particulier, la maîtrise de l’eau par l’irrigation est un atout vu que l’eau est le premier herbicide. L’eau empêche l’expansion des mauvaises herbes et les asphyxie en même temps. De façon mécanisé ou à l’aide des mains, le sarclage doit être fait en temps voulu et se fait en deux étapes : 12 à 20 jours après les premières pousses tout en apportant des urées et deux semaines après le premier, toujours avec des urées et en profitant pour faire le buttage. Si on emploie des outils mécaniques tel le tracteur, on apporte une fois l’engrais.

2. La dimension économique du riz irrigué et cultures pluviales a. Besoin de main d’œuvre varié

L’agriculture fournit le plus grand nombre d’emplois dans la région, environ 90 % de la population active ont comme occupation principale une activité agricole. En effet, hommes femmes ou enfants participent tous à l’entretient de l’agriculture. Parfois la main d’œuvre familiale est insuffisante et le ménage doit recourir à la main d’œuvre extérieur. Mais pour la tâche des cultures maraichères, la main d’œuvre familiale suffit généralement puisque ce sont de petites superficies et les travaux sont assez étalés. A noter que tous les travaux sont faits à l’angady et que la fertilisation est quasi-systématique pour toutes les cultures maraîchères

47

Tableau n° 17 : les détails de travaux et main d’œuvre agricoles Main d’œuvre par saison par Type de culture Type de travail hectare -Travail du sol -5 demi-journées à la charrue -10 personnes masculines Riz irrigué -Repiquage -30 personnes féminines -Sarclage -10 personnes (sarcloir) -15 personnes (à la main) -Moisson -20 personnes

-Travail du sol - 5 demi-journées à la Maïs charrue -Sarclage -20 personnes (à la pelle) -Récolte -20 personnes

-Sarclage -20 personnes avec la pelle Riz pluvial -40 personnes à la main -Moisson -20 personnes Source : enquêtes personnelles, mai 2012

Photo n° 11 : travail de sarclage du riz irrigué. Le sarclage à la machine est exclusivement réservé aux hommes car l’utilisation des houes rotatives nécessite beaucoup de force alors que celui à la main est assuré par les femmes. Ici, sur cette parcelle de96 m2, le sarclage à la houe rotative est plus avancé quand trois ouvriers s’y mettent à la fois.

Source : cliché de l’auteur, Novembre 2011

Le travail du sol, le sarclage et la récolte sont les plus grands travaux à faire et demandent le plus grand nombre de main d’œuvre. Pour le sarclage, la main d’œuvre 48 familiale est souvent insuffisante parce que les travaux de sarclage couvrent sur plusieurs travaux d’autres cultures. Compte tenu de la complexité et de la diversité de travaux agricoles, ils peuvent avoir des catégories de main d’œuvre selon les besoins et la modalité pratique des contrats :

Mpanao isan’andro : ce sont des ouvriers payés par jour de travail qui commence à 8heure du matin jusqu’à 16heures de l’après-midi y compris le repas de midi. Le salaire n’est pas stable, il peut varier selon l’année et selon l’employeur. Le plus souvent, cela varie d’un village à un autre et surtout fonction de la distance du lieu de travail mais généralement il n’y a pas un très grand écart entre le salaire. Par exemple, depuis 2010 le cours se situe entre 2 000 à 2500 Ariary1par jour.

Amparitra : en fait, l’employeur montre l’étendu ou la superficie de parcelle à cultiver sur laquelle doit s’effectuer le travail, ensuite tous deux se mettent en accord sur le salaire qui correspond sans tenir compte du repas. Le mode de paiement n’est pas toujours le même, cela dépend uniquement de l’entente entre les deux concernés que ce soit en espèce ou tout simplement en nature (riz blanc, haricot, etc.). Des fois, le paiement se fait par un « kapoaka » du riz à chaque 1 000 Ariary (qui est une façon de remplacer le repas) c'est-à-dire si le salarié est payé à 5 000 Ariary, alors il y aura cinq kapoaka du riz qui l’accompagne. Ce type de main d’œuvre se base surtout sur la confiance entre l’employeur et de l’employé comme quoi, le travail doit être fait à temps et sans traîner.

Mifanandro ou valintanana : pour les petits paysans qui n’ont pas assez de budget pour payer une main d’œuvre, le valintanana est une meilleure façon pour s’entraider. Cela se passe évidemment entre des gens qui peuvent s’entendre mais également qui se trouvent dans le même cas. C’est ce qu’ils appellent « Mifanandro ».

Les « Merindahy » : ce sont des personnes venues des Hautes Terres, notamment de Faratsiho, pour chercher du travail dans la zone. Ils viennent massivement pendant les périodes de sarclage des cultures pluviales, notamment entre décembre-janvier et mi- février. Les merindahy travaillent en amparitra. Les exploitants qui possèdent une

1 Soit moins d’un euro (de 0,69 à 0,86 euros). A titre de référence, 1 euro valait 2 882 Ariary au mois de septembre 2013. 49

exploitation assez vaste les préfèrent parce qu’avec eux le travail est satisfaisant dans tout le plan.

La main d’œuvre ne devrait donc pas être un facteur limitant pour les cultures vivrières. Et pourtant elles sont souvent laissées au soin des femmes. En effet, les petits paysans une fois les travaux de leur rizière terminés cherchent à travailler comme ouvrier agricole chez les grands propriétaires car c’est aussi une opportunité de manger du riz en période de soudure. b. L’enjeu de la période de soudure

La fonction économique du paysan malgache se situe au niveau de la combinaison ordonnée par le besoin de riz et le besoin d’argent. Le budget des ménages est selon la taille de l’exploitation (cf. tab n° 09) et selon les types d’exploitation. Le riz de première saison est un avantage pour les exploitants. Donc, on peut distinguer une grande différence de niveau de vie entre ceux qui pratique la riziculture de première saison et ceux qui restent sur la riziculture de deuxième saison. Le « vary aloha » est, pour la plupart, récolté en décembre. Ainsi, en cette période, ceux qui n’en pratiquent sont obligés d’acheter du riz par kapoaka, alors que c’est justement en ce moment que les « mpijiri-bary » profitent pour tirer le maximum de bénéfice possible.

B. LA DIMENSION SPATIALE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES

1. Des terroirs de bas-fonds et de tanety

La notion « d’un terroir » a une signification importante dans l’interprétation spatiale de l’organisation de l’espace cultivé. Plusieurs définitions ont été attribuées à un terroir mais à titre de référence, ci-dessous les plus significatives :

- C’est une terre considérée par rapport à la production agricole. Un ensemble des terres exploitées par les habitants d’un village. - Un ensemble des terres d'une région, considérées du point de vue de leurs aptitudes agricoles et fournissant un ou plusieurs produits caractéristiques, par exemple un vin. - Terme polysémique utilisé tantôt pour désigner l’ensemble des terres agricoles d’une communauté, tantôt pour distinguer, dans un territoire rural, les différents faciès d’occupation du sol (labours, prairies, vignobles, forêts, etc.). Dans un sens plus étroit et plus technique, le terroir est usité pour isoler des portions d’espace aux

50

caractéristiques particulières comme le sol lourd hydromorphe de dépression, sol alluvial de vallée, etc. (BRUNET R. 2005).

Croquis n°06 : localisation des terroirs agricoles dans le Fokontany Bevazaha

Dans la zone d’études, on observe la dominance de la culture de maïs dans le terroir considéré vu l’importance de ce type de culture dans la zone. Les cultures sur de petites étendus sont près du village ou compris dans le village. Pour ce cas, les maïs sont presque consommés verts. Sur les versants, on trouve la culture de manioc, sur de petite parcelle. C’est une consommation presque quotidienne et sa proximité du village facilite la tâche du propriétaire. Généralement, les cultures pluviales sont caractérisées par des terroirs de tanety tandis que le riz irrigué est situé dans le terroir de bas-fonds. En réalité, il y a un agencement bien soigné de type de culture en fonction de terroir constitué. Un exemple de cet agencement se trouve illustré par le croquis n° 06. Il y a trois unités topographiques qui forgent un terroir

51 spécifique : les bas-fonds, le bas de pente et les versants avec de types des cultures correspondantes.

Les champs des haricots se trouvent près du village ou compris dans le village, cela justement pour faciliter la cueillette. Souvent, dans le monde rural, on rencontre différentes types d’association de cultures, ce qui peut être une des conséquences possibles de la petite taille de la parcelle cultivée. Le cas fréquent est l’association de maïs avec d’autres types de cultures comme du haricot ou encore du riz pluvial. Tandis que les poids de terres et les arachides sont pour la plupart dans les bas de pentes ou encore sur des « vaki-tany » (surtout pour les poids de terre). Ainsi, on rencontre peu ou pas de ces types de cultures près du village.

2. Une zone de production concentrée dans le secteur central

Sur les croquis n° 07 et 08, le Fokontany Akon’Ambohimenabe comporte la plus grande zone de production que ce soit au niveau de la culture de riz ou celle du maïs au sein de la commune. Dans tous les cas, la production du riz irrigué est plus importante que celle du riz pluvial car ce dernier nécessite beaucoup d’entretien et de financement agricole. En 2010, la production en riz irriguée du FokontanyAkon’Ambohimenabe est de3 472 tonnes qui s’explique par le fait que ce Fokontany a un avantage comparatif au niveau de périmètre irrigué et possède de larges bas-fonds.

En ce qui concerne le maïs, le Fokontany a fourni une production de 6 725 tonnes en 2010. Cela s’explique par la grande étendu de surface cultivable de la zone dont les pentes et les tanety, longeant la RIP 105 et la RIP 103. Ce Fokontany fourni à lui seul, une superficie cultivée de 1 921 hectare si la totale des surfaces cultivées en maïs dans l’ensemble de la commune est de 3 432 hectare.

52

Croquis n° 07 : répartition de la production de paddy au sein de la commune

53

Croquis n° 08:répartition de la production des cultures pluviales au sein de la commune

54

CONCLUSION PARTIELLE

Plusieurs variables démontrent que le système de production au sein de la commune rurale de Mahavelona n’évolue pas beaucoup en ce qui concerne le riz irrigué et les cultures pluviales : la technique culturale, le rendement, l’amendement du sol, le système de main d’œuvre, etc. L’analyse des conditions agro-écologiques a ressorti que tous les éléments d’un avantage comparatif sont là, il manque l’avantage compétitif qui devrait se baser sur un dynamisme de la structure de production et le système d’exploitation au sein de la commune.

A titre d’illustration dans cette la technique adoptée où la pratique traditionnelle prime encore malgré un semblant modernisme adopté par les paysans. Le riz irrigué peut être pratiqué en deux saisons : celui de la première saison dont le « vary aloha », cultivé août- septembre et celui de la deuxième saison ou le « vary be » ou encore « vary miandry bararata ». Sur le plan économique, le riz de première saison est un atout mais dépend uniquement sur la capacité en eau des rizières. Les cultures pluviales sont à partir des premières pluies. Quoiqu’il en soit, la taille moyenne de l’exploitation est moindre, par rapport à la surface cultivable, allant de 65 à 100 ares pour le riz irrigué et de 120 à 500 ares pour les cultures sur tanety. La culture vivrière fournit de nombreux travail mais la pauvreté des paysans entraîne de multiples façons au niveau de l’exploitation foncière ce qui est en quelque sorte l’origine de la faible productivité.

Parallèlement, l’interprétation spatiale de la zone de production ressorte clairement qu’une sorte de bassin de production se dessine dans la partie centrale de la commune. Les Fokontany situés au centre présentent un nombre de production agricole plus élevé à l’exemple du FokontanyAkon’Ambohimenabe. A l’opposé, les secteurs périphériques sont presque déficitaires aussi bien dans la production rizicole qu’au niveau des cultures pluviales. Ce déséquilibre allant du centre vers la périphérie s’explique sur le degré d’ouverture du milieu rural. Ainsi, la partie centrale en tant que pôle de développement économique constitue un milieu plus réceptif de l’innovation (SRI, SRA) que les autres zones plus isolées. Dans tous les cas, le système intensif a été introduit dans la commune très tard et seulement avec le riz irrigué dont le pourcentage des pratiquants est faible. Le système amélioré est appliqué sur le maïs mais la pratique reste semi-traditionnelle, faute de moyen financier.

55

Chapitre 5

« LA CONSTITUTION D’UNE FILIERE LOCALE DES CULTURES VIVRIERES »

A. CULTURE VIVRIERE : UNE FILIERE CLASSIQUE ET TRADITIONNELLE

1. Le schéma de la filière

Schéma n° 02 : schéma de la filière des cultures vivrières

ELEMENTS EN AMONT MAÏS RIZ MANIOC ARACHIDE

Paysans Paysans Animateurs Paysans Paysans producteurs producteurs producteurs Vulgarisateurs producteurs

Décortiquerie Intrants Huile agricoles d’Arachide

Tourteaux Marché local

ELEMENTS EN AVAL Rabatteurs

Farine du Grossistes riz

Collecteurs Transporteurs Vendeurs de Provendes mofo gasy animaliers

Mpanera à Imerintsiantosika

Consommateurs

Gros éleveurs Rizerie Brasserie Provenderie

Source : conception de l’auteur, mars 2013.

Le schéma général de la filière transcrit dans le schéma n° 02 ne reflète pas tellement une structure de filière de type agroalimentaire comme le cas dans les pays développés. C'est-à- 56 dire, il n’y a pas tellement une image parfaite d’une filière moderne où il y une division très nette des éléments en amont et en aval. Là, il n’y a qu’une simulation de l’enchaînement logique d’une filière classique et traditionnelle où trois étapes majeures constituent quand même un dénominateur commun de toutes les filières : la production, la distribution et la consommation.

Par exemple, les filières riz et maïs passent par les différentes sortes d’intermédiaire avant d’arriver à la consommation finale. Mais le plus souvent, une grande partie du riz est consommée dans la zone. Dès fois, le paddy est transformé en farine pour en faire des « mofogasy et dérivés ». 35% de la production du riz seulement est destiné à la commercialisation (cf. fig. n° 03) dont la plupart atterrissent dans des rizeries. Par contre, la majorité de la production de maïs est commercialisée et passent éventuellement dans des brasseries ou des provenderies.

2 Des filières dominées par le riz et le maïs

La culture vivrière fait la renommée des Hautes Terres Centrales. Initialement, l’objectif se contentait d’« une culture d’autosuffisance », mais elle a connu, au fil du temps, un développement progressif au niveau de la commercialisation surtout pour le riz et le maïs. C’est l’une des activités prédominantes de la commune de Mahavelona. En plus, de la quantité et de la variété des produits, la qualité de ces produits est l’un des facteurs qui fait que de plus en plus de collecteur s’intéresse à la zone. La filière « culture vivrière » tient un grand rôle dans la zone malgré qu’elle évolue dans un système figé. Globalement, c’est une filière destinée pour l’autoconsommation des ménages, avec un peu de surplus commercialisé. Deux produits se détachent des autres cultures si on veut interpréter la notion d’une filière. D’abord, la filière riz qui constitue l’alimentation de base de la population. Ensuite, la filière maïs, parce que 70% des cultures pluviales sur « tanety » sont de maïs. Ces deux filières connaissent quand même des problèmes. Il s’agit de la difficulté d’entretient agricole qui comporte toujours l’un des premiers soucis des producteurs parle manque de financement et de main d’œuvre. Il y a également le problème au niveau de l’évacuation des produits (sur le circuit de commercialisation) par le manque de concurrence au niveau des collecteurs. De plus, l’état de la voie de communication favorise le découragement des collecteurs.

57

3. Beaucoup des acteurs intermédiaires

Les producteurs, se trouvent dans les éléments en amont de la filière. Il fournit par son travail le produit agricole qu’on retrouve à l’état brut ou transformé ou mis dans le circuit de commercialisation intermédiaire ou finale. Les paysans producteurs peuvent vendre leurs récoltes sur le marché hebdomadaire. Ils cherchent souvent à améliorer leur production afin de satisfaire la demande. Ces producteurs essaient d’éviter dans la mesure de possible les intermédiaires et vendent directement leur production. Mais en vain, leur faiblesse financière les empêche d’imposer le prix au niveau du marché. a. Les principaux acteurs commerciaux a1. Les collecteurs en tant que principaux intermédiaires

Différents types de collecteurs opèrent dans la zone, mais les plus dominants sont les rabatteurs. Les collecteurs proprement dits se lancent dans les collectes des produits agricoles pour s’enrichir le plus rapidement possible et en tirer le maximum de profit. Ce sont des commerçants ou des personnes qui sont directement en contact avec les producteurs. Cette catégorie de gens se rend sur les marchés hebdomadaires pour y acheter les produits agricoles. Certains de ces commerçants revendent les produits achetés sur les marchés de la préfecture de la zone de production, mais la plupart se rendent à Antananarivo où le bénéfice tiré est plus important. Ils font généralement des avances de fonds s’assurant ainsi la constance et la fidélité des fournisseurs.

Les collecteurs changent souvent de lieu de collecte. Ils visent le marché de gros et les plus grosses unités de transformations. Ces derniers proposent des marges plus intéressantes et rentables surtout si le collecteur possède son propre matériel de transport. a2. Les rabatteurs, les "mpijiri-bary" ou les « mpiantoka »

Les rabatteurs sont des populations locales, connus sous l’appellation de zana-tany2qui ramassent des produits agricoles auprès des paysans producteurs et les vendent ensuite aux collecteurs. En général, ils collaborent avec ces derniers et leurs fournissent les marchandises. Comme la plupart des rabatteurs ne possèdent pas assez d’argent pour avancer les producteurs en espèce, les collecteurs leurs donnent un fond de départ qui est par la suite retiré du bénéfice obtenu par les rabatteurs. Ainsi, de cette façon, le chargement du camion se

2 Littéralement « fils du pays ». Ce sont acteurs intermédiaires originaires même de la commune et bien enraciné auprès de la communauté rurale. 58 passe plus vite et c’est un atout pour les collecteurs. Les rabatteurs sont rémunérés par kilo des produits achetés.

Tandis que le système de « jiri-bary » rassemble des personnes dont les « mpijiri-bary » ou une sorte des sous-collecteurs, qui achètent des grains de paddy par « daba » dans des villages inaccessibles (loin de la route principale ou à cause du mauvais état de la route). Le Fokontany de Miaramandroso est l’un des Fokontany le plus ciblé mais les autres sont également concernés comme le village de Mahazoarivo, de Fenoarivo ou encore d’Amboandelaka. Le prix ne suit pas le cours des collecteurs mais un peu plus bas car les mpijiri-bary ont pour but de revendre le riz par « kapoaka » après l’avoir décortiqué.

Exemple :

- 1daba=8500 Ar - 1 daba = 40 kapoaka du riz décortiqué - 1 kapoaka = 300 Ar, ce qui fait 300Ar x 40 kpk = 12 000 Ariary - Bénéfice = 12 000 Ar – 8500 Ar = 3 500 Ar

Des fois, le système se fait sous forme de « troc » ou « takalo » mais se fait par « gobelet » (1 daba = 18 gobelet). Cette pratique est plus rentable encore pour les mpijiri- bary. Les produits échangés varient beaucoup (patate douce…) mais le plus souvent ce sont des PPN compte tenu de l’inaccessibilité de certains villages qui sont éloignés du marché. Par exemple, un gobelet de grains de paddy contre quelques poissons secs.

Période de Jiri-bary :

- Avril- Mai : début de la récolte - Déc. Janv. Fév. : Période de soudure. a3. Les transporteurs : garant de l’ouverture de la commune

Ils se positionnent entre les producteurs et les consommateurs ou entre les producteurs et les collecteurs. Ils sont la plupart du temps employés par les collecteurs ou les transformateurs. Leur tarif varie suivant le trajet à faire et la distance à parcourir. Il existe deux types de tarification dans la commune Mahavelona:

59

La location de camion et le service du conducteur. Le camion est loué pour une durée déterminée à un coût entre 20 000 et 30 000 Ariary par jour. Le carburant est non compris mais à la charge de l’employeur. La tarification des frais par kilo de marchandise.

Le prix du kilo varie suivant la distance à parcourir. C’est plus intéressant car le coût est plus faible par rapport à la location. Les transporteurs adoptent la stratégie de minimisation des risques comme le dégât de leur camion, tout en acquérant le maximum de profit possible en faisant le plus de livraison et de collecte possibles. b. Origine des commerçants et collecteurs

Certains commerçants sont venus des autres communes tels que les vendeurs des pièces de bicyclette en provenance de certains chefs-lieux du district. Il arrive également que durant le jour du grand marché, tel « la foire », il y a des commerçants qui viennent de la capitale. Il existe Cinque collecteurs qui possèdent des camions dans la zone. Ce sont eux qui opèrent presque toute l’année dans la zone, même les jours ordinaires. Ils partent d’une commune à l’autre et de village en village. Ils se répartissent comme suit :

Tableau n° 18 : localisation des camions collecteurs dans la zone Fokontany Nom du hameau Nombre des camions Akon’Ambohimenabe Mahavelona 04 Akonifiraisana Ampasapoana 02 Masoandromaherana Ambohijatovo 01 Source : enquêtes personnelles, février 2012

Les restes proviennent des communes aux alentours et des collecteurs extérieurs notamment de , Imarintsiatosika, Arivonimamo, Soavinandriana et ²Antananarivo. Mais la majorité de ces derniers ne sont dans la zone que pendant la période de grande récolte. En décembre, c’est la période de récolte du riz irrigué de première saison, mais ce n’est qu’à partir de mois de mai, juin et juillet qu’ils sont en grand nombre tout en profitant du bon état de la route. c. Existence de transformation artisanale

L’existence de transformation artisanale d’huile d’arachide au sein de la commune constitue un atout pour les producteurs. L’arachide se vend par « daba », seulement les

60 collecteurs achètent en kilo. Le prix peut varier de 4 000 Ariary à 8 000 Ariary le daba. Du mois d’octobre au mois de février, le prix augmente sensiblement puisque l’arachide se raréfie, tandis qu’en fin de mars jusqu’en avril, le prix commence à baisser car c’est la période de la récolte. Avec des outils archaïques, à l’exemple de la presse huile qui est fabriquée à l’aide de troncs d’arbres, un daba d’arachide (5 kg de cacahouète) produit 1,5 à 2 litres d’huile et 3 kg de tourteaux. Le prix de l’huile ne varie pas trop grâce à la concurrence fournie par les huiles importées et vendues auprès de grandes épiceries et les magasins du village. Le tourteau peut aller de 600 à 1 000 Ariary le kilo. Ces produits sont très recherchés par les éleveurs de porcs pour faire de la provende. Quoiqu’il en soit, les produits de transformation créent un flux intercommunal parce que les commerçants d’huile d’arachide ne se limitent par sur le marché local mais profitent également des marchés des communes voisines. Quant au riz, il est transformé en poudre pour fabriquer des « mofo gasy et dérivés» qui nécessite au moins 40 kilos de poudre de riz par vendeur par jour.

B. DES CIRCUITS COMMERCIAUXDOMINES PAR LES SYSTEMES DE COLLECTE

Le concept de circuit de distribution doit être perçu comme la présentation de la route que suit un produit entre deux pôles bien définis. C’est une route constituée par une série d’acteurs et de relation spécifiques entre ces acteurs eux-mêmes. Mais quand on parle de circuit commercial au niveau local, les rôles des intermédiaires et collecteurs de différentes sortes jouent un rôle prépondérant. A part les collectes au sein du marché, les camions passent de village en village pour ramasser des marchandises. Des fois, ils collaborent avec des rabatteurs et surtout de sous-collecteurs qui travaillent pour leur compte avec l’obtention d’une marge fixe suivant le volume de produits collectés. De cette façon, les marchandises seront embarquées sur un même lieu et cela permet aux collecteurs de ne pas perdre trop de temps mais surtout d’assurer l’approvisionnement régulier des produits locaux.

1. Une économie de subsistance a. Le maïs : un produit à vocation commerciale ?

Au moment du développement du marché, le maïs au sein de la commune rurale de Mahavelonaa été toujours fortement commercialisé. En moyenne, 60% du produit est vendu. De ce fait 25 % seulement est consommé dont 5% à l’état vert. Généralement, cette part

61 destinée à la consommation est conservée, à l’état sec, et n’est utilisé qu’en période de soudure. Les 10% restant sont destinés aux bétails et sont souvent transformés en provende.

Figure n° 02 : destination de la production de maïs

Source : enquêtes personnelles, février 2013.

Si certains paysans producteurs arrivent à s’auto suffire, c’est sans doute à la limite des besoins alimentaires en norme. Les 35% qui passent au niveau du commerce sont parfois des ventes obligées pour faire face à un besoin urgent. Dans une situation difficile et pour les imprévus par exemple, parce que la majorité de la production est réservé pour l’alimentation quotidienne. Par ailleurs, les paysans préfèrent stocker le riz en attendant la hausse du prix. b. Le problème de la période de soudure

La période de soudure est la période de l’année que les paysans craignent le plus, durant les mois de février et mars. En cette période de l’année, les activités agricoles sont en veille parce que les grands travaux tel que le sarclage sont déjà fini que ce soit pour les cultures pluviales que pour le riz irrigué. De ce fait, c’est la période de pénurie générale pour les petits paysans, notamment pour les nourritures et le manque de salariat agricole. Ainsi, au mois de mars, les paysans occupent leurs temps à faire des jardinages autour de leur maison ou des cultures de contre saison comme les gros oignons, cultiver des patates douces ou encore préparer des sols pour planter des tiges de manioc.

62

Figure n° 03 : destination de la production du riz

Source : enquêtes personnelles, février 2013.

La période de soudure constitue également un terreau favorable pour la vente sur pieds de la future récolte ou « vary maitso ». C’est une forme d’emprunt de grain paddy par des paysans auprès de l’usurier en attendant leur propre récolte. Le remboursement peut se faire en espèce ou en graine de paddy mais dans les deux cas, le paiement est souvent le « double de l’emprunt ».Par exemple, un emprunt de un kilo (1kg) de paddy sera remboursé en deux kilos (2 kg) en période de récolte ou par deux fois plus le prix de paddy au moment de l’emprunt si le paiement se fait en espèce.

Tableau n° 19: exemple d’emprunt et de remboursement en varymaitso Emprunt Remboursement Un kilo de grain de paddy (dont le prix est En grain de paddy En argent liquide 400 Ariary le kilo) Deux kilos 800 Ariary le kilo Source : enquêtes personnelles, février 2012.

Le « vary maitso » n’est pas reconnu par la loi parce que d’abord ce système ne permet pas aux paysans de s’épanouir mais ensuite c’est une forme d’usure. Face à ce problème et pour être sûr que le remboursement se fait à temps, l’usurier et l’emprunteur déposent un accord sur papier au niveau de la commune. Dans cet accord il doit être mentionné que c’est un emprunt d’argent remboursé en graine de paddy ou en espèce.

63 c. Des budgets des ménages basés sur le fonctionnement c1. La source de revenu

Les principales sources de revenu sont les ventes des produits agricoles. La plupart des paysans producteurs ne vendent pas leurs produits d’un seul coup pour prévenir les imprévus mais également pour attendre la hausse des prix. Mais souvent, les produits agricoles ne suffisent pas pour une année. En effet, à part l’autoconsommation et les semences pour la prochaine saison de culture, il reste peu de surplus commercialisable. Le salaire agricole est aussi une source de revenu pour les paysans. C’est ainsi que durant la période de grands travaux, les paysans pauvres trouvent un autre moyen de se nourrir et de laisser de l’argent de côté pour financer leurs propres travaux agricoles, avec un salaire de 2000 Ariary par jour de travail. Avec les revenus locatifs (surtout au niveau du riz irrigué), les propriétaires trouvent un avantage parce que c’est un revenu de plus sans fournir trop d’effort au niveau des entretiens. Le jour du marché, certains paysans font du commerce de friperie, de volaille ou de petites gargotes. c2. Les dépenses

Il y a généralement deux types de dépenses. La réalisation de grands travaux agricoles constituent les premières dépenses pour les paysans :

Tableau n° 20: moyenne des salaires par ha sur les plus grands travaux agricoles Salaire/ha Travaux riz irrigué cultures pluviales (maïs) Labour 45000 Ariary 35000 Ariary Sarclage 50000 Ariary 40000 Ariary Récolte 40000 Ariary 40000 Ariary

Total : 135000 Ariary Total : 115000 Ariary

Source : enquêtes auprès des agriculteurs, février 2012

Si le riz irrigué nécessitent autant de moyen financier, c’est parce qu’il a besoins de plus de soins et de travaux intensifs que le maïs et cela sans compter les autres travaux tel que le repiquage qui nécessite au moins 30 personnes par hectare (cf. tab. n° 20). Il y a un écart de 20000 Ariary par rapport aux dépenses fournies par la culture de maïs. Cette situation s’explique, en une certaine façon, par l’abondance de ce type de culture.

64

A part les travaux agricoles, il y a l’achat de la semence. Certains exploitants préfèrent tirer la semence de la récolte précédente à cause de son prix. Le madrigal par exemple coûte en moyenne 1 000 Ar. / kg, un peu plus élevé que le prix du riz irrigué car le Madrigal fait parti du « riz de luxe ». Mais pour une récolte satisfaisante, certains de ces paysans n’hésitent pas à se lancer sur l’achat de ces semences.

Parallèlement, les coûts de transport constituent également une part importante de la dépense afin d’écouler les produits locaux. La distance en kilomètre est la distance entre le champ de culture et le lieu de dépôt. Le prix de la location d’une charrette est fonction du retour, c'est-à-dire quand la charrette est chargée.

Tableau n° 21: exemple du coût de transport avec la charrette Distance en km Prix (en Ariary) 3km 5 000 1,5 km 3 000 Source : enquêtes personnelles, février 2012

Enfin, en ce qui concerne les dépenses des activités agricoles, les intrants d’entretien pour les cultures sur tanety. Dans ce cadre, au niveau de la fumure avec une moyenne de 10 charrettes de fumures par hectare, les exploitants doivent dépenser une somme de 50 000 Ariary. Puis, il y a les engrais chimique. Le NPK est de 2 200 Ariary le kilo. En déduire que la moyenne par hectare est de 80 kilos, alors la dépense est de 176000Ariary. Mais le dosage des intrants est selon chaque exploitant, cela peut diminuer ou augmenter, en raison de la capacité d’achat de ces derniers.

Quant au fonctionnement proprement dit, les dépenses quotidiennes constituent l’essentiel des dépenses paysannes. Les PPN sont indispensables pour les paysans. De ce fait, ils font des provisions fortement atomisées au niveau du marché en se basant sur le sel, le pétrole, le sucre, le café et le savon. En moyenne un ménage dépense au moins 4 000 Ariary par semaine sur ces produits. Mais les obligations comme les frais de scolarités et les imprévus à savoir les maladies sont encore des circonstances dont les paysans ne pourront pas se passer. Les dépenses agricoles sur le tableau n° 22incluent les plus grands travaux comme le sarclage, le travail du sol, le repiquage pour le riz irrigué et la récolte. Les frais de transport et les petits travaux n’y sont pas compris. Comme la fumure est la plus utilisé des intrants, la

65 moyenne des bénéfices avec le maïs est de 315 000Ariary. Ainsi, additionné aux bénéfices du riz irrigué qui est de 120 000 Ariary, la totale des bénéfices agricoles est de 435000Ariary par an.

Tableau n°22 : moyenne des bénéfices agricoles par ha/an Revenus (Ariary) Dépenses (Ariary) Bénéfices (Ariary) -Maïs : 60% vendu= 0,6 ha - Maïs : Moyenne de production : Travaux : 115000 + B=480 000 – 165 000 B=315 000 1 hectare=2tonnes Fumures : 50000

Part vendu par kilo : 1200 kg = 165000

Prix moyen : 1 000 Si on utilise le NPK la Revenu : 480000 dépense sera de :

115 000 + 176 000 B=480 000 -291000 B=189000 = 291 000

-Riz irrigué : 35% vendu -Riz irrigué :

=0.35 Ha Travaux : 195 000 B= 315 000 – 195000 B=120000 Moyenne de production : (incluant le repiquage) 1 hectare = 1.5tonnes Part vendu par kilo : 525 kg Prix moyen : 600 Ariary Revenu : 315000Ariary

Source : enquêtes personnelles, février 2012

On peut déduire que les paysans sont pauvres dans cette commune et le niveau de vie est très faible. Étant donné que, chaque ménage dépense au moins 4 000 Ariary pour les PPN, ce qui fait une somme 192000Ariary par an, le reste des bénéfices agricoles annuels serait de 243000Ariary. Cette somme n’est rien par rapport aux différentes dépenses que les paysans doivent faire pendant toute l’année y compris les frais de scolarité des enfants.Ce qui est certain c’est que ces bénéfices agricoles dépendent largement de la taille de l’exploitation. Plus la taille est petite, plus le bénéfice est faible, alors que 60% de la population locale possèdent une exploitation inférieure ou égale à 0.65 ha (65ares) pour le riz irrigué et inférieur ou égal à 1.2 ha (120 ares) pour le maïs (cf. tab. n°09).

66

2. Le schéma général des échanges a. Collecteurs et relais des collecteurs principaux

On rencontre deux types de circuit principaux dans la zone. D’abord, il y a le circuit direct.

Schéma n°03: un circuit direct

PRODUCTEURS CONSOMMATEURS

Dans ce circuit direct, ce sont les producteurs eux même qui vendent leurs produits en fonction de leurs besoins en liquide et de leur stock. Il est remarqué dans ce genre de circuit l’existence de la vente en verte des maïs. D’ailleurs, c’est là l’avantage de ceux qui ont pu avancer leur culture. Les acheteurs de maïs vert en font leurs repas pour substituer au riz tandis que d’autres les font cuire et vendent l’épi de maïs au marché afin d’obtenir un peu de bénéfice (acheté à 200 Ariary/3 épis de maïs et vendu à 200 Ariary par épis de maïs). Dans ce circuit les producteurs n’ont pas besoin des collecteurs pour écouler leurs produits.

Schéma n° 04 : un circuit long

Producteurs Collecteurs Grossistes Détaillants

Transformateurs

Consommateurs

Source : conception de l’auteur, mars 2012

67

Le deuxième circuit concerne une chaîne de vente longue et complexe. Ce type de circuit long est surtout rencontré au niveau des marchés des grandes villes comme à Antananarivo. Dans ce genre de circuit, on rencontre beaucoup d’intermédiaires tels que les collecteurs, intermédiaires, les rabatteurs et les transporteurs. b. Les acteurs dominants

Sur le plan commercial, les collecteurs dominent notamment par rapport aux producteurs. Ils sont les principaux acteurs du développement parce qu’ils instaurent le prix à leur dépend et cela aux inconvénients des producteurs.

3. De lieux de transaction assez denses a. Les marchés hebdomadaires ruraux

Sur le croquis n° 09, les établissements scolaires, les marchés et le CSBII sont représentés à une échelle élargie pour une raison qu’ils se trouvent sur une large enceinte allant de 300 m2 pour le CSBII à 900 m2 pour le CEG. Le marché se tient chaque vendredi dans le chef-lieu de la commune. Il se trouve en plein cœur du hameau et débute très tôt en période de pluie, pour finir à 14h ou à 15h de l’après-midi. En 1999, il a été réhabilité en des bâtiments parallèles avec des toitures en tôle, si auparavant les commerçants étalaient leurs marchandises par terre. Les paysans viennent y vendre une part de leur produit vivrier, qui est souvent en petite quantité pour pouvoir acheter les biens courants nécessaire à leur ménage. Le marché de zébu et de porc se situe plus à l’Ouest du marché principal (cf. croquis n° 09).

Généralement, les produits vendus sur le marché sont des produits locaux. Mais pour certaines légumes à l’exemple des cressons et les pommes de terre sont originaires de la commune de Mananasy. La plupart des commerçants sont des « mpiantoka ». Ce sont des personnes qui achètent des marchandises (animales ou agricoles) et les revendent ensuite au niveau des marchés. A l’exemple des pommes de terre et des cressons. Mais ils ne sont pas forcément d’origine locale parce qu’à Mahavelona par exemple, des personnes des communes voisines sont venues exprès au marché pour ramasser des volailles pour les revendre à Ankadinondry. Par contre, il n’existe aucun grossiste dans la commune de Mahavelona.

68

Croquis n°09 : localisation des infrastructures de base et des points de collecte au sein du chef-lieu de la commune.

b. Les points de collecte

Les principaux points de collecte se trouvent au sein du chef-lieu de la commune le jour du marché, c'est-à-dire chaque vendredi. Généralement, les camions-collecteurs de produits agricoles se trouvent à l’entrée du marché même (cf. croquis n° 09). Ils sont parfois trois à quatre camions à ramasser des marchandises à cet endroit et sont munis d’une balance chacun. Mais ce nombre n’est atteint que lors de la période de grande récolte où les camions n’ont pas de difficulté à passer. Dès fois, notamment en période de soudure, l’endroit est transformé en

69 marché de « friperie ». En fait, il se peut qu’aucun camion n’est présent à Mahavelona le jour du marché. C’est justement là que les rabatteurs interviennent parce qu’on peut les trouver côte à côte à chaque entrée du chef-lieu de la commune pour attirer le plus de client possible. Mais ces points de collectes ne sont pas fixes pour chaque collecteur. Ils peuvent se placer à leur aise à condition qu’ils possèdent une « patente ». Mais ils ne sont pas prêts à laisser ces endroits habituelles de peur qu’ils ne perdent du client mais également pour maintenir la concurrence avec d’autres collecteurs. Mais le plus souvent ce sont des collecteurs étrangers. La collecte se fait également au niveau de quelques hameaux où il existe des rabatteurs ou chez des personnes qui possèdent des camions de collecte. Ce sont les hameaux d’Ampasapoana ou d’Ambohijatovo (cf. tab. n° 20).

C. ORIENTATION DES FLUX

1. Flux entrants

Beaucoup de vendeurs étrangers sont présents au niveau de la commune le jour du marché dont la majorité proviennent des communes avoisinantes à savoir les vendeurs de pièce à bicyclette de la commune de Mahasolo ou d’Ankadinondry Sakay sans oublier les marchands des articles vestimentaires qui sont venus de Soavinandriana ou d’Antananarivo surtout quand il s’agit d’une grande foire. Deux balles des vêtements confectionnés et trois balles de friperie entrent dans la commune toutes les semaines. Si la commune produit des produits maraîchers, cela ne suffit pas car la majorité de ces exploitants cultivent des légumineuses pour une consommation familiale. Ainsi, la plupart des légumes vendu au marché chaque semaine sont originaire de la commune de Mananasy et se répartissent comme suit : quatre sacs de pomme de terre (320 kg), trois sacs de carotte (240 kg), Cinq caisses de cressons et cinq caisses de tomates.

2. Flux sortants

En général, les produits agricoles sont reçus par les « mpanera » dès leur arrivé à Imerintsiantosika. D’ailleurs, c’est le cas avec presque tous les produits venant de la partie Ouest de la capitale, notamment de Soavinandriana, Miarinarivo, Arivonimamo et Ankadinondry Sakay. Toutefois, collecteurs et mpanera collaborent ensemble pour que les produits collectés soient déjà sur commandés.

70

Croquis n° 10 : flux entrants et flux sortants

PPN (Sel, sucre, savon, café, pétrole…) : Produits agricoles en saison de viennent d’Antananarivo récolte (mai-juin) :

Maïs : vers Antananarivo et vers Marchands des articles vestimentaires : Imerintsiatosika : 60 t/semaine viennent de Soavinandriana et de Mahasolo Riz : vers Antananarivo et vers Imerintsiantosika : 40 t / semaine Marchands des pièces à bicyclette : viennent Manioc : vers Antananarivo et vers

d’Ankadinondry et de Mahasolo Imerintsiantosika : 1 t / semaine

Haricot sec : vers Antananarivo et vers Imerintsiantosika : 750 kg / semaine

Marchands de légumes viennent de SORTIE Mananasy: ENTREE Arachide : vers Antananarivo et vers

Imerintsiantosika : 300 kg / semaine - Pomme de terre : 320 kg/semaine - cressons : 05 soubiques /semaine Volailles : 10 à 20 poules et coqs -carottes : 240 kg/semaine - /semaine Antananarivo et vers Tomate : 04 caisses / semaine Ankadinondry Sakay

Source : conception de l’auteur, mars 2012 De grandes entreprises comme la LFL (provenderie) ou la brasserie (STAR) et les gros éleveurs sont les premières cibles des mpanera avec le maïs. Le riz est envoyé chez des grandes rizeries comme celle à Fenoarivo ou à Alakamisy. Mais une part de ces produits collectés est également reçue par des grossistes, à Anosibe par exemple, que ce soit du riz, du maïs ou du manioc sec. L’arachide subis souvent une transformation locale et sort presque rare de la zone de production. Ici, la quantité des produits agricoles sortants par semaine sont recueillies durant la période de grande récolte, notamment entre le mois de Mai et Juin : - Maïs : 60 t / semaine - Riz : 40t / semaine - Manioc : 1t / semaine - Haricot sec : 750 kg / semaine - Pistache : 300 kg / semaine

71

Chapitre 6

« UNE MUTATION DIFFICILE MALGRE L’ENCADREMENT »

A. LES STRUCTURES D’ENCADREMENT DES PAYSANS

1. Les organismes d’encadrement

Dans la commune rurale de Mahavelona, on constate surtout l’absence de structure de vulgarisation et d’appui. En 2002, en dehors de quelques ONG (Organisation Non Gouvernementale) qui opèrent dans la région en tant que partenaire de l’ANAE, on note l’insuffisance d’encadrement, d’animation et de formation pour soutenir la professionnalisation des agriculteurs de la région. Les paysans ont besoins d’un appui conséquent pour les aider à valoriser au mieux les potentialités de la région et de rationaliser les ressources dont ils disposent actuellement. La technique de mise en valeur des tanety telle qu’elle se fait maintenant ne permettent pas une conservation des sols. Au contraire, elles accentuent la pauvreté des sols. Les rizières de bas-fonds s’ensablent d’année en année. En 2008, le DRDR, premier responsable de l’agriculture dans le milieu rural malgache a apporté la notion de SRI dans la commune. A partir de 2009, les organismes qui ont déjà existé se sont de plus en plus investis dans la commune tandis que d’autres ce sont mis à apparaître. a. PSDR et SECAM

Le PSDR ou Projet de Soutien au Développement Rural a déjà fait entendre ses projets en 2006, mais c’est seulement à partir de 2009-2010 qu’il a vraiment opérer dans la commune. Son objectif est surtout de réduire la pauvreté en milieu rural en finançant les paysans au niveau des matériels agricoles et des semences mais également en leur donnant des formations. L’avantage des groupements paysans c’est surtout d’avoir accès plus facilement au financement de crédit par les organismes. Ainsi, en 2011, trois groupements dans trois Fokontany ont reçus des aides financières de la part du PSDR. Il s’agit du Fokontany de Mahavelona, d’Ambohijatovo et d’Ambatofotsy. Cet appui du PSDR est très avantageux car non seulement les membres des groupements ne remboursent pas l’argent mais également ils sont appuyés techniquement. Pour la CECAM ou Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel, elle est présente dans la commune depuis 2002 et possède une agence locale. Parmi ces objectifs, on cite l’amélioration de la condition de vie des agriculteurs et l’amélioration des activités de

72 production des membres. Le CECAM présente différentes offres mais les plus pratiquées et les mieux adaptés aux paysans sont surtout les suivants :

-Le CECAM pro ou « productif » : convient aux personnes qui ont des projets d’améliorer les rendements agricoles. La durée d’emprunt est de 3 à 18 mois ;

-Le LVM ou Location-vente Mutualiste : concerne la location ou la vente des matériels agricoles, avec une durée de 3 à 36 mois ;

-Le GCV ou Grenier Commun Villageois : c’est pour éviter que les paysans ne vendent leurs produits à bas prix. De ce fait, le CECAM offre un grenier communautaire des membres. Mais le taux d’intérêt allant de 2% (pour le GCV par exemple) à 2,5% (pour le PRO et le LVM) par mois constitue un handicap pour les agriculteurs. De plus, la procédure de sélection pour devenir membre de cette structure mutualiste d’épargne et de crédit regarde de près le statut social de l’intéressé ainsi que de ses capacités à rembourser. b. PROSPERRE/PARECAM et “Land O’Lakes”

Ce sont des organismes plus récents dans la commune. Le PROSPERER et PARECAM font parti de l’ONG et coopèrent de près avec la commune. En effet, PARECAM est un sous organisme du PROSPERER. Ensemble ils visent surtout les petites entreprises rurales. En 2010, ils ont présenté leur projet dans la commune mais l’opération n’a commencé qu’en 2011.Le PROSPERER qui se présente comme facilitateur s’est par exemple investi dans la formation des paysans sur la culture de maïs en donnant gratuitement des nouvelles semences : « l’Irat 200 ».Mais également, il a offert cinq tonnes d’engrais chimique « NPK » à la commune dont les paysans achètent à moitié prix (il y a subvention).Pour sa part, le PARECAM s’est investi dans la formation des paysans sur la transformation artisanale d’huile d’arachide. Pour s’y prendre, la commune a envoyé deux représentants qui vont à leur tour transmettre cette formation aux paysans de la zone. Land O’Lakes, région Itasy – Bongolava, a apporté une formation dans l’élevage de vache laitière mais aussi une formation dans la culture d’arachide en 2010.Dans ses démarches, il recrute deux paysans leaders pour suivre la formation. Ces paysans reçoivent un certificat de formation pour pouvoir ensuite partager cette formation aux différents groupements. Un paysan leader est responsable d’une dizaine de groupements.

73 c. Le rôle du CSA

Le Centre de Services Agricoles (CSA) est une structure indépendante de statut d’ONG, à mettre en place dans tous les districts ruraux de Madagascar et pilotée par les acteurs locaux du district pour servir d’outil technique pour le développement des services agricoles. C’est un programme national en partenariat avec l’Union Européenne et sous l’égide du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche.

Photo n° 12 : intervention du CSA le jour du marché et exposition de la méthode de SRA.Sur le marché, les représentants du CSA incitent les gens à pratiquer le système amélioré notamment le SRA. Il y a eu une vente- exposition de matériels agricoles mais également la présentation de nouveaux types de semence du riz avec la présence du Maire et de quelques représentants de la commune et des paysans leaders.

Source : cliché de l’auteur, Juin 2012.

La mission du CSA consiste à mettre en relation les demandes de services des agriculteurs avec les prestataires de services qui pourront y répondre tout en incitant l’émergence des réponses locales (opérateur privés, ONG, organisations professionnelles, institutions financières, etc.). Leur domaines d’intervention sont en particulier les intrants et l’équipement matériel, l’appui conseil incluant la formation, l’information technico- économique et la diffusion des nouvelles techniques.

Comme il opère dans la région de Mandridrano, il se déplace d’une commune à une autre le plus de fois possible surtout avant d’entrée dans la grande période de culture. Par exemple, lors de notre descente dans la commune Mahavelona en juin 2012, une période durant laquelle certains agriculteurs commencent déjà le semi pour la première saison

74 de riziculture (le vary aloha), le CSA et ses groupes étaient présents sur place le jour du marché, justement pour attirer l’attention des paysans. Ils ont apporté sur les lieux des matérielles agricoles à prix abordable comme les sarcloirs, les houes, les rayonneurs et ont également offert des fiches techniques gratuitement et des calendriers agricoles qui se vends à 1000 ariary.

Schéma n° 05: le rôle du CSA envers les producteurs et les acteurs du développement

UNION EUROPEENNE BANQUE MONDIALE

Ministères : Agriculture, Elevage, Pêche

CSA

PRODUCTEURS PRESTATAIRES DE SERVICES

PAYSANS (opérateur privés, ONG…)

Source : enquêtes personnelles, juin 2012.

Cette tournée a été justement consacrée à la culture du riz. De ce fait, lors de son passage, il a amené des nouveaux types de semence comme le RV 2509qui s’adapte très bien sur terres moins humides et résiste au manque d’eau ; ou encore le sebota PKX 20 qui est une semence standard, c'est-à-dire qu’il peut être à la fois utilisé pour la riziculture pluviale que pour la riziculture irriguée. L’« ONG Sitraka » est un organisme qui n’a pas encore pu réaliser son projet jusqu’ à maintenant ; par contre, des études ont déjà été faites dans le Fokontany d’Andohady. Ce projet a été réalisé en 2010 et concerne une adduction d’eau potable. En 2011, le FER (Fond

75 d’Entretien Routier) a conclu un accord avec la commune pour la réhabilitation de la route entre Mahavelona et Vohimarina mais cela n’a pas pu être réalisé qu’en 2012.

B. LE ROLE DE LA COMMUNE ET DE L’ETAT

1. Promouvoir la capacité des acteurs communaux

Dans la commune, on rencontre des problèmes liés à la performance des élus. Par exemple, en 2002, le niveau de motivation des élus et responsables communaux influe globalement dans la gestion des affaires communales. De plus, la commune est soumise régulièrement à l’influence des politiques. Les acteurs institutionnels de base (Commune et Fokontany) ne peuvent pas assurer convenablement son rôle par manque des moyens. A titre d’illustration, l’administration des Fokontany ne disposent pas d’infrastructures adéquates. Par exemple, en 2002, les Chefs Fokontany ne possédait pas encore de bureau, ni de machine à écrire. Le classement des dossiers laisse à désirer si bien que les travaux de recensement de la population ne se sont pas effectués d’une manière systématique. Parallèlement, le personnel de la commune souffre de l’absence de recyclage et des formations. La commune est sous équipée et les fournitures sont très limitées. Les ressources financières de la commune proviennent essentiellement des subventions par le budget de l’État. Elle représente presque la totalité du budget de fonctionnement de la commune. Le budget primitif de la commune nous atteste ce déséquilibre de ressources au niveau du budget communal. Ainsi, la commune doit faire un axe d’intervention avec des renforcements institutionnels de l’administration communale sur les trois points suivants (d’après le Plan Communal de Développement de 2002) :

o Renforcement des compétences des élus par des voyages d’étude ou encore de formations ; o Amélioration de la gestion administrative ; o Amélioration de la recette communale.

2. Création des infrastructures économiques a. Amélioration du mode de transport rural

L’infrastructure routière influe énormément sur l’intensité des échanges et sur la commercialisation des produits vivriers. Or, plusieurs villages sont enclavés du fait du

76 mauvais état de la route notamment pendant la saison pluvieuse, mais également il existe des villages qui ne sont même pas traversés par une quelconque piste. Parmi les plus enclavés sont les hameaux du Fokontany de Miaramandroso. Les paysans sont contraints d’aller à pied vers les marchés ou de s’en remettre aux rabatteurs. C’est une situation favorable pour l’intervention des « mpijiri-bary ». De multiples projets ont été mise en place dans la commune en ce qui concerne la réhabilitation de la route. Mais à cause des problèmes politiques, certains projets ont dû être annulés. La marginalisation de la commune pose un vrai problème dans la prise de décision. De plus, il est toujours question de manque de budget vis-à-vis de l’Etat. En début 2010, un accord a été conclu entre la commune et le FER pour la réhabilitation de la route entre Mahavelona et Vohimarina dont les 10% du budget sont payés par la commune. Mais ce projet n’a pas pu être réalisé qu’en 2012 et sans parler du fait que l’accord n’a pas été respecté car les travaux de réhabilitation se sont arrêtés à quelques kilomètres de Mahavelona. b. Multiplication des lieux de transaction

Les lieux de transaction sont encore insuffisants. Mahavelona est le centre de toute commerce et généralement c’est là qu’on trouve la concentration de points de transaction, surtout pendant le jour du marché. Il existe quelques zones de transaction dans quelques villages mais à cause de la dégradation des pistes de desserte, certaines zones sont inaccessibles.

C. PERSPECTIVE D’AVENIR

1. Les facteurs déterminants pour la mutation du système

La culture vivrière dans la commune de Mahavelona peut connaître un développement remarquable grâce aux efforts des paysans, de vouloir encore plus de rendement mais également grâce aux différents organismes qui apportent leurs aides en donnant une formation aux paysans. Mais malgré la motivation des paysans, faute de moyen financier et des différents facteurs climatiques qui empêchent le développement des cultures vivrières, ces derniers pourraient demeurer encore une agriculture figée. Ainsi, d’après une étude approfondie, voici quelques points importants qui pourraient influer la mise en perspective des cultures vivrières au niveau d’un développement à long terme.

77 a. Des innovations qui se conjuguent à plusieurs facteurs

La restructuration de l’économie, la privatisation de différentes structures d’encadrement, d’approvisionnement et de commercialisation constituaient un handicap dans la zone. Faute d’approvisionnement adéquat, les paysans souffrent d’une insuffisance de matériels agricoles, de semences, d’engrais et de pesticides. L’analyse du diagnostic des problèmes ressortent que l’intensification des moyens de production et des équipements de production est encore très faible. Le dosage des intrants diminue, selon le moyen financier. Le plus utilisé des engrais est la fumure de bœufs parce qu’elle coûte moins chers que les engrais chimiques. Au lieu de 20 charrettes de fumures (environ 10 tonnes) par hectare, cela diminue jusqu’à 5 à 8 charrettes par hectare. Sur les infrastructures d’irrigation, les barrages nécessitent de vraie réhabilitation. Si on veut moderniser les outils de production, un effort palpable devrait être engagé. L’étendue de terroir exige une utilisation accrue de matériel agricole car la main d’œuvre est limitée, mais l’acquisition de ces matériels n’est pas à la portée des exploitants. Ainsi le degré d’équipement de la commune demeure très faible. Limité actuellement à la culture attelée, ce niveau d’équipement semble être dépassé et rétrograde compte tenu de l’étendue du territoire et l’historique des opérations menées antérieurement dans la zone. L’outillage agricole est insuffisant pour les producteurs. Il est d’avantage archaïque. Pour le travail du sol, par exemple, les paysans utilisent des « angady » ou des charrues tirées par deux bœufs. Pendant la récolte, les « sobika » sont utilisés pour transporter les épis de maïs. Il en est de même pour les « grands sacs » avec le riz. Les sarcloirs fabriqués sur les lieux sont issus des feuilles de baril et fabriqués sur commande. Au niveau de la semence, la pénétration de la révolution verte est encore relative. Les semences devraient être renouvelées au moins tous les trois ans pour maintenir la « qualité » de la récolte. Pour certains paysans, une variété de semence est utilisée à plusieurs reprises non seulement à cause de son prix mais aussi de peur qu’une nouvelle variété ne soit moins rentable alors que plus le nombre de génération des produits est important, plus le rendement agricole diminue d’avantage. De plus, le mélange de variété entraîne un mauvais rendement. Enfin, la valorisation de ressources naturelles est également incontournable si on veut instaurer une agriculture durable et efficace. Avec l’agressivité du climat, la déforestation accentue la mise à niveau du sol. Les sols ferralitiques bruns de tanety se dégradent facilement. Les sources sont taries. La pratique culturale actuelle aggrave les facteurs de conservation: absence de rotation, de DRS (Défense de Restauration du Sol). Cette

78 dégradation de l’écosystème se fera sentir à court terme sur le niveau de productivité de l’agriculture dans la région. b. Renforcement de la stratégie commerciale

L’état défectueux des pistes et voies d’accès desservant les différentes localités limite le nombre d’opérateurs qui opèrent dans la zone. Les rares collecteurs qui y opèrent sont en situation d’ « oligopole ». Ils déterminent à leur façon les prix aux producteurs. De cette façon les prix ne sont pas incitatifs pour ces derniers. Pour le maïs, le prix varie entre 600 Ar et 200Ar, ce qui nous donne un prix moyen annuel de 400 Ar. Le prix est plus élevé et plus avantageux avec le riz dont le maximum est de 800 Ar et le minimum à 400 Ariary, ce qui fait une moyenne annuelle de 600 Ar. Plusieurs facteurs reflètent sur le niveau des prix agricoles dont l’offre et la demande, le lieu des achats, la période des achats ou encoure la qualité des produits. Le caractère général de l’offre de productions vivrières est surtout l’instabilité. Celle-ci est due à l’existence des différentes périodes qui régissent une exploitation paysanne : période de gros travaux, période de soudure et période de récolte. Les variations de l’offre suivent ces périodes et elles se reflètent dans les prix.

Tableau n° 23 : fluctuation des prix selon la saison Type de culture Prix minimum Prix maximum Cultures pluviales Mai - juin Février – Mars et oct.- Déc. (Maïs et riz pluvial) Riz irrigué Décembre et Mai Novembre et Février-Mars Source : enquêtes personnelles, juin 2012.

Les récoltes des cultures pluviales se font presque toutes en même temps dans l’année. De ce fait, une fois que les récoltes sont terminées, les paysans vendent presque tous en même temps. On remarque alors une baisse des prix durant les périodes de récolte (mai- juin). Durant la période de soudure (février-mars) et des gros travaux, le cours des cultures pluviales tend à monter car les paysans ont liquidé leurs stocks. Pour le riz irrigué, celui de la première saison est récolté en Décembre et celui da deuxième saison à partir du fin d’Avril jusqu’en Mai. Les mois de Novembre, février et Mars sont la période de grande pénurie et le prix du riz augmente sensiblement.

79

Figure n° 04 : courbe de la variation des prix : exemple de la saison 2011

Source : enquêtes personnelles, juin 2012.

2 Perspectives du développement économique local

Généralement, les prix institués ne permettent pas aux agriculteurs d’assurer la valorisation de leurs exploitations. Ainsi, les capacités financières des agriculteurs sont très réduites et le degré de monétarisation de l’économie dans la commune est très faible. Le but pour un développement économique local est l’augmentation de la recette communale. D’après l’arbre des objectifs de la commune, le bon état des pistes est l’un des clés pour atteindre cet objectif parce que face aux mauvais états de la route, les véhicules refusent de payer le « taxe de roulage » qui s’élève à 5000 Ariary pour les camions et 1 000 Ariary pour les petits véhicules dont les taxis brousses.

80

Schéma n°06: arbre des objectifs de la commune Mahavelona

Système de production Augmentation recette

amélioré communale

Augmentation du niveau de revenu

Augmentation de la productivité

Technique de production améliorée Élevage performant

Techniciens sur Prix aux producteurs place opérationnels incitatif

Infrastructures Collecteurs en hydro agricole fonctionnels concurrence

Transformation Bon état des pistes pertinente

Formation assurée Matériels adéquats

Crédits accessibles

Source : Monographie, 2010.

81

Le manque de concurrence au niveau des collecteurs posent un énorme problème sur l’instauration du prix des marchandises. Le nombre des collecteurs est réduit notamment en période de soudure. Les techniques de base sont assimilées par les producteurs, mais certaines pratiques empêchent le bon développement des cultures et l’obtention de mauvaises récoltes. Il y a en moyenne une formation sur deux ans mais cela dépend uniquement des organismes qui veulent coopérer avec la commune. Si le financement est un atout pour les paysans, cela reste encore incertain compte tenu du nombre réduit du groupement par rapport à l’ensemble de la commune.

3. Milieu rural de Mahavelona : une situation complexe

La culture vivrière est une activité de base des paysans. Leur premier objectif est d’atteindre l’autosuffisance. Mais cela ne suffit pas parce qu’à part la consommation, ils ont également besoins de vendre pour subvenir à d’autre préoccupations nécessaires voire même obligatoire comme les produits de premières nécessités. Mais les récoltes sont souvent insuffisantes pour une année. Les paysans n’arrêtent pas de se plaindre du niveau de vie qui s’accentue de plus en plus alors que le prix des produits agricoles est faible. C’est justement face à ce dernier critère que ces paysans se découragent et ne sont plus motiver à produire plus. Ainsi, ceux qui peuvent profiter de leurs produits agricoles et obtiennent plus de bénéfice, sont ceux qui possèdent des exploitations importantes. Par contre, les petits paysans, qui restent sur leurs petites exploitations sont de plus en plus défavorisées. Le central d’achat des intrants et outillages agricoles sont insuffisants. Au sein de la commune, il existe seulement un distributeur d’engrais chimiques qui n’est pas toujours disponible. L’insuffisance d’eau des rizières empêche la pratique du riz de première saison. Ainsi, il serait nécessaire de construire des barrages hydro agricoles. Le niveau de scolarisation est très faible. Moins de la moitié des enfants seulement sont scolarisés. En 2010, sur 9 754enfants, 4735 sont scolarisés et 5019 non scolarisés dont 3742 sont moins de 5 ans et 1277, âgés de 5 à 16 ans. La mentalité de la communauté rurale empêche le développement local. Six paysans sur dix refusent de s’intégrer dans des groupements. Par exemple durant le recueillement des noms pour entrer dans un groupement, beaucoup de paysans ont refusé de s’inscrire par peur qu’on fasse autre chose avec leur nom. De plus, même s’ils veulent devenir membre d’un quelconque organisme, tel est le cas avec le SECAM, les paysans ne possèdent pas assez de « caution »pour pouvoir y accéder.

82

La commune rurale de Mahavelona manque de sensibilisation auprès des paysans à participer à la nouvelle technique. L’insuffisance de moyen entraîne de grandes difficultés pour la transmission des formations au niveau des paysans. Par exemple, les paysans leaders sont obligés de marcher ou de monter à bicyclette pour aller de village en village pour transmettre aux groupements les formations qu’ils ont reçues. De ce fait, le transfert des connaissances prend beaucoup de temps. Il y a des moments où certains villages ne sont pas accessibles en saison pluvieuse.

Mais la question foncière reste encore un point sensible dans la zone parce que la plupart des terres ne sont ni titrées ni bornées. Le BIF ou « Birao Ifoton’ny Fananantany », a été établi dans la commune en 2010. Malgré tout, peu sont les terres qui sont bornées et sont inscrites au niveau du BIF. Nombreux des exploitants préfèrent inscrire leurs terres au niveau de la commune et payent des impôts par an. En fait, les impôts sont plus légers à payer avec 10 Ariary/a ou 1 000 Ariary/ha pour les cultures sur tanety et 20 Ariary/a ou 2 000 Ariary/ha pour le riz irrigué. En plus, l’implantation du « domaine » à Miarinarivo ne motive pas trop les gens.

83

CONCLUSION PARTIELLE

La culture vivrière reflète une filière longue en passant par différentes sortes d’intermédiaires. Au niveau de l’espace, les acteurs dominants sont les producteurs mais les collecteurs dominent au niveau du prix. Ces derniers sont en nombre assez important en période de grande récolte parce qu’à part les « zanatany », la plupart viennent d’Antananarivo, de Miarinarivo ou d’Imerintsiantosika. Souvent, ils collaborent avec les rabatteurs pour ramasser les produits mais également avec de grandes entreprises pour les dépôts. Mais tous les produits agricoles ne sont pas commercialisés mais aussi destinés à l’autoconsommation dont la quantité consommée est plus importante pour le riz que pour le maïs. A part le mauvais état de la route, les difficultés au niveau de l’entretien et de la commercialisation sont les principaux blocages au développement économique local. La déficience des matériels agricoles, l’insuffisance de formation, d’encadrement et de financement sont les bases du sous-développement de la culture vivrière. L’absence de concurrence au niveau des collecteurs persiste en faveur de ces derniers en instaurant eux même le prix agricole.

En réalité, cette troisième partie constitue un débat d’idée essentiel sur la perspective de la filière locale de cultures vivrières. C’est un enjeu de taille que partage tout le milieu rural malgache, plus particulièrement dans les Hautes Terres de Madagascar. Le bilan du diagnostic de cette filière est clair. Ce n’est pas pour demain qu’on aura une véritable mutation de l’agriculture vivrière tournée essentiellement vers la commercialisation. L’analyse de cette deuxième partie ressorte d’une manière explicite tous les éléments techniques qui expliquent la stagnation de facteurs agraires à l’instar de la commune rurale de Mahavelona. En réalité, il y a l’effet cumulatif de tous les facteurs de blocage où il n’y aura pas de miracle. Il faudrait beaucoup de temps pour pallier progressivement à trop des carences presque dans tous les secteurs de production. Parfois même, la priorisation de secteurs phares laisse parfois les développeurs perplexes. Si on reproche beaucoup au problème d’accessibilité et de la desserte du territoire, le capital humain trop pauvre empêche l’ouverture du milieu rural et la mutation vers une professionnalisation des métiers des agriculteurs. En dehors de tout cela, le problème de maîtrise de circuit de commercialisation constitue une contrainte en toile de fonds. La paysannerie voudrait bien produire davantage mais pour vendre comment ?

84

CONCLUSION GENERALE

Grâce à des conditions naturelles favorables, la commune rurale de Mahavelona offre divers types de cultures vivrières. Avec un sol ferralitique brun rouge et un climat type tropical sec, les cultures pluviales trouvent leur abondance sur les sommets de collines mais également dans les pentes et les bas-fonds asséchés. Dans certains cas, l’abondance des eaux de rizières dans les bas-fonds permet d’appliquer le riz irrigué en deux saisons bien distinctes: la première saison débute à partir du mois d’août et la deuxième commence au mois de janvier. Mais le calendrier agricole, quel que soit le type de culture, n’est pas toujours respecté faute de temps ou du climat. Les cultures vivrières fournit de nombreux travails et demande un bon nombre de mains d’œuvre surtout en période de grands travaux. D’une autre manière, ces types des cultures, plus particulièrement la riziculture irriguée exige beaucoup d’heures de travail. En réalité, c’est un système intensif qui nécessite beaucoup des soins. Là, il n’y a que de travail à la main faute de machine agricole comme le cas dans les pays développés. La paysannerie a donc un vrai problème de main d’œuvre. L’insuffisance de budget et l’atomisation de la taille de l’exploitation aggrave encore les problèmes travaux agricoles. Certains paysans se sont efforcés de sauvegarder la valeur traditionnelle d’entraide mais cela n’est pas toujours une solution durable, surtout si on veut accroître le surface cultivé. Pour les paysans pauvres, la solution extrême est le recours au métayage afin d’éviter l’abandon de certaine parcelle. Malgré la diversification des cultures vivrières, le riz et le maïs restent les principaux activités agricoles les plus importants et les plus dominants au niveau de l’espace tandis que les cultures de contre saison, l’élevage ou encore l’artisanat sont des activités secondaires pour les paysans. Mais dans tous les cas, on a une exploitation fortement diversifiée et complexe où la paysannerie fait un peu de tout. On est loin d’un système professionnel de pays développés où la spécialisation constitue le dénominateur commun des agricultures. En matière d’accessibilité, la commune est traversée par deux routes principales : le RIP 103, reliant Soavinandriana et Mahasolo et le RIP 105 qui mène vers Ankisabe. L’intersection des deux routes au niveau du chef-lieu de la commune se trouve bénéfique pour cette dernière car elle lui permet une position centrale par rapport aux dix Fokontany qui l’entourent mais aussi cela lui faciliter les échanges, surtout économique, avec les communes avoisinantes et extérieures. Mais le manque d’électricité et l’état défectueux de la route constituent un véritable handicap pour la zone. Le système agricole reste traditionnel faute de technique, de matériels agricoles mais encore par manque de financement. Les infrastructures de

85 productions telles que les barrages d’irrigations sont très usées et ne fonctionnent plus correctement. Les barrages micro hydrauliques sont archaïques et s’effondre après une pluie agressive et successive. La création et la réhabilitation des infrastructures productives telles les barrages hydrauliques seront un atout pour pouvoir appliquer le riz irrigué de première saison mais aussi pour pouvoir aménager de nouvelles rizières. L’instauration de nouveau lieu de transaction à part le marché local pourrait fournir plus de concurrence au niveau des collecteurs mais aussi un atout pour les plus éloignés du marché. Avec un prix imposé par les collecteurs, les paysans sont moins enthousiastes à produire plus et le niveau de vie de ces derniers est de plus en plus faible. Ainsi pour instaurer l’autoconsommation des cultures vivrières au niveau local mais également pour pouvoir mener plus de produits destinés à la vente, des mesures comme la facilitation d’accès au crédit, l’approvisionnement en intrants agricoles et l’apport d’encadrement et de formation auprès des paysans producteurs sont indispensables et devront être prises. De plus, les cultures vivrières connaissent des ennemies encore mal maîtrisés par les paysans. A part la détérioration du sol, il y a les mauvaises herbes et les insectes. Dernièrement, une invasion de criqueta terrorisé tous les agriculteurs mais la situation politique actuelle ne permet pas de trouver une solution immédiate à ce fléau. Bref, l’agriculture vivrière de la commune de Mahavelona repose en tout sur deux types de cultures : le riz irrigué et le maïs. Mais les contraintes et les facteurs de blocage sont énormes. Ces cultures auront de mal à décoller d’une agriculture figée à une économie monétaire sans la levée de ce blocage multidimensionnelle. Mais cette mutation serait possible si les routes sont bitumées et que le taux d’alphabétisation augmente afin de corriger la mentalité paysanne. A titre d’illustration, la réhabilitation de la route vers Mananasy serait plus avantageuse afin d’éviter le grand détour vers Ankadinondry Sakay.

86

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux :

1. ANDRIAMAMPANDRY D. (1986) : Facteur fertilisation dans le développement de la région Itasy 2. APPERT J. (1988): Insectes nuisibles aux cultures vivrières et maraichères. Le technicien agriculture tropicale. Paris (FR). 105p. 3. BOURGEAT.F, VICARIOT.F : Relation entre le relief, type de sols et leur aptitude culturale sur les hautes terres malgache, Antananarivo (MG), 39p. 4. BATISTINI R. (1986) : Géographie de Madagascar 5. BONNARMAR (1973) : Géographie rurale : méthode et perspective, édition Masson et Compagnie France, 215p. 6. BDPA (1965) : Les temps de travaux- La répartition des activités 7. BRUNET R., (2005), Dictionnaire de la Géographie. Sous la Direction de Gabriel WACKERMANN. Ellipses Edition Marketing S.A., novembre 2005. 432p. 8. CHARMES JACQUES (1972) : Evolution des modes de faire-valoiret de transformations sociales dans la région de l’Anony/ Nord-Ouest du Lac Alaotra 9. DONQUE G. (1971) : Contribution géographique à l’étude du climat de Madagascar ; Antananarivo ; 469p. 10. GENY P. (1992) : Environnement et développement rural : guide de la gestion des ressources naturelles édition Frisson Roche A.C.C.T-Paris, 418p. 11. GRIFFON, MICHEL(1990) : Economie des filières en régions chaudes : formation ders prix et échanges agricoles, Mont Petllier. 887p. 12. MINELLE J. : L’agriculture à Madagascar. Librairie Marcel Rivière et Cie. Edition Paris ; 379p. 13. MINISTERE DE LA PRODUCTION AGRICOLE ET DE LA REFORMA AGRAIRE (1984-1985) : Culture et superficie des exploitations agricoles ; 59p. 14. MINISTERE DE LA PRODUCTION AGRICOLE ET DU PATRIMOINE FONCIER : L’agriculture Malgache : Caractéristique et tendance.61p. 15. RANDRIANINA S.C(2009) : Analyse organisation paysanne dans la région Itasy 16. RAKOTOARISOA R.D (1986) : Aménagement hydroagricole et participation paysanne en milieu tropical. 87p. 17. RAKOTOSON J. (2009) : Dynamique du développement participatif dans la commune rurale d’AnosibeIfanja(Itasy).89p.

87

18. RABEMANAMBOLA M.F., (2007), Le "Triangle laitier" malgache, contribution d’une étude d’une filière alimentaire et de son inscription spatiale dans un pays en voie de développement. Thèse de doctorat, CERAMAC - Université de Clermont- Ferrand II. 375p. 19. URER ITASY (1973) : Instruction de campagne 1970-1971 : moniteur « tanety » ZER-1

Ouvrages spécifiques :

1. DOBELMANN J.P : Riziculture pratique 1 : riz irrigué. Techniques vivantes. 123p. 2. LE BOURDIEC (1974) : Homme et paysage de riz à Madagascar, imprimerie FTM Antananarivo, 647p. 3. MAHOMED NASSER(2001) : Politique de développement de la filière maïs dans le Sud-Ouest de Madagascar. 4. POISON C., RAKOTOARISOA J. (1997) : Séminaire riziculture d’Altitude 5. RAKOTOLAHY NELLY (1984) : Paysannerie et agriculture vivrière dans le farintany d’Antananarivo. 6. RAZAFINIMARO, NJARANIRINA C. (2011) : Facteurs de blocage du circuit de commercialisation du riz dans la région Itasy. 7. RAMAMBASOA T. (2007) : Amélioration de commercialisation et de développement de la filière maïs cas de la fédération Miray zone Rive Est district d’Ambatondrazaka, région Alaotra. 8. RABEZANDRINA B. (1997) : Contribution à l’étude de filière riz à Madagascar cas des plaines de la basse Betsiboka(Marovoay). 9. RANDRIANATSIMBARAFY, EDDY(1980) : Travail du sol et profil cultural : cas du maïs et du pinus.

Documents techniques

10. PCD de la commune rurale de Mahavelona, 2002. 11. PRDR Itasy, 2008. 12. Fiche technique : IFAD, AGRONOMES VETERINAIRES, AINA NY RANO: fanondraham-boly madinika : Maroloarano (2010). 13. Fiche technique : PROSPERER, CMS SAKAY, DRDR ITASY (2010) : fambolena katsaka.

88

ANNEXES

89

ANNEXE 1

Un questionnaire d’enquête communale Un questionnaire d’enquête pour les organismes et les ONG Un questionnaire d’enquête ménage Un questionnaire d’enquête pour les collecteurs

QUESTIONNAIRE1

Enquête au niveau de la commune

1) Nom et prénom du maire 2) Nom de la commune 3) District et région d’appartenance 4) Superficie de la commune 5) Nombre de : La population ? Du Fokontany ? 6) Les différentes ethnies qui forment la population ? 7) Taux de : Scolarisation ? De natalité ? De mortalité ? 8) Quelles sont les activités principales de la population ? 9) Quelles sont les différentes infrastructures que la commune possède ? Leur nombre ? 10) Quelles sont les rôles joués par le marché ? 11) Quels sont les modes de transport utilisés dans la commune ? Leur nombre ? 12) A propos de la réhabilitation des infrastructures (route, barrage d’irrigation…), qui s’en occupe ? 13) Sur le foncier, qui sont les responsables ? Existe-t-il des problèmes ? 14) Superficie des terres cultivables et cultivées ? 15) Répartition de la production au sein de la commune ? 16) Historique de la commune.

90

QUESTIONNAIRES 2

Enquêtes auprès des organismes et ONG.

Nom et prénom :………. Organisme :…………… ONG :………… Association :…………. 1) Où assurer vous l’encadrement ? Par Fokontany ? Au sein du chef-lieu de la commune ? 2) Genre de l’encadrement assuré Formation ? Etude ? Essai ? 3) Les techniques ou l’agronomie des cultures vivrières Préparation du sol…………… Semence……………….. Entretien………………… Stockage………….. Récolte…………….. Transport…………… 4) Les problèmes rencontrés par les paysans Terrain de culture……. Fond d’investissement……………… Intrants……………. Semence………………. 5) Avenir de la culture vivrière dans la commune Mahavelona Positif ? Négatif ? 6) Autres renseignements disponibles.

91

QUESTIONNAIRE 3

Enquête ménage.

A. Caractéristique de l’interviewé Nom………… Sexe…………. Age…………….. B. Caractéristique générale du ménage et de l’exploitation familiale 1. Etat du patrimoine familial a. Habitation b. -Terrains agricoles Rizière :

-Nombre de parcelles, superficie (a ou ha), estimation récolte kg, T, Charrette

-mode de faire Valloire : Directe ? Métayage ? Fermage ?

Terrains de cultures pluviales

-Nombre de parcelle, superficie, estimation récolte

-Localisation

-Situation juridique

2. Techniques culturales a. Agriculture Matérielles agricoles utilisées et leurs nombres. Division sexuelle des tâches…. Mode de stockage de la production : où, comment ? Le stock est-il suffisant ? Gestion économique de la production Mode d’écoulement de la production : part vendue, période, quantité, nombre de fois, prix unitaire, lieu de vente, distance par maison, moyen de transport, coût…

92

3. Systèmes culturales Traditionnelle Amélioré Intensive 4. Êtes-vous encadré ? -Oui -Non Si oui, par qui : Organisme, ONG, association, autres……….. 5. Les difficultés rencontrées de la filière culture vivrière ? Au niveau de la production : semence, intrants, main d’œuvre, moyen financier, les mauvais herbes, les insectes……… Au niveau de la commercialisation : insuffisance de collecteurs, prix faible, éloignement des points de collectes, pris du transport, ……… 6. Quels sont les facteurs de motivation à la vente des produits agricoles ? 7. Quels sont les freins à la vente des produits agricoles ? 8. Quels sont les contraintes à la vente des produits agricoles ? 9. Quels sont les opportunités identifiées sur le marché actuel ? 10. Quels sont vos opinions si nous instaurions un marché intercommunal dans le marché de Mahavelona? 11. Quels sont vos opinions si on va réhabiliter la route ?

C. Revenues et dépenses des ménages 1. Structure des dépenses des ménages. Postes de dépenses : -PPN -Santé -Education -Exploitations (semence, engrais, transport, main d’œuvre, foncière,…..) 2. Structure des revenus moyens Source de revenus : -Vente des produits agricoles -Salaire Agricole -Elevage -Revenus locatifs -Commerce

93

QUESTIONNAIRE 4

Enquête auprès des collecteurs.

1. Identification de la personne enquêtée. Nom :…… Sexe :………… Activité :………. Adresse ou origine : Région, district, commune, Fokontany…………. 2. Quelle est la distance qui sépare votre lieu d’habitation et le point de collecte. 3. Quels sont les types de produits achetés ? Les quantités achetées pour chaque type de produits ? Quels sont les prix ? 4. Qui fixe le prix ? 5. Quel est votre place dans le circuit commercial ? Propriétaire de camion Rabatteur Transporteur 6. Où sont les destinations des produits ? 7. Pourquoi avoir choisi la commune Mahavelona ? 8. En quelle période de l’année les collecteurs sont-ils en masse dans la zone ? 9. Les difficultés rencontrées Durant la période de soudure Au niveau des produits agricoles

10. Quels sont les facteurs de motivation à l’achat des produits ? 11. Quels sont les freins à l’achat des produits ? 12. Quels sont les contraintes à l’achat des produits ? 13. Quels sont les besoins non satisfaits par le marché actuel ? 14. Quels sont vos opinions si on va réhabiliter la route ?

94

ANNEXE 2

Pluies annuelles Températures annuelles

Normales de température (en °C 1/10) Station Soavinandriana période 1961 - 1990

Mois J F M A M J J A S O N D

Normal : Min 11,6 11,8 11,8 10,3 9,4 7,7 6,7 7 8,6 10,7 11,9 12,4

Normal : Max 24,7 25,3 25,2 24,1 22,9 21,9 21,5 22,5 24,5 25,6 25,5 25,6

Moyenne 18,1 18,5 18,5 17,2 16,1 14,8 14,1 14,8 16,6 18,2 18,7 19

Absolues : Min 5,6/77 05,6/77 06,5/77 04,0/77 04,0/77 03,0/74 03,0/63 03,4/66 0,4/77 04,8/75 05,8/76 05,7/76

Max 30,1/78 30,9/81 29,7/80 28,5/79 28,4/81 28,6/81 27,5/79 27,9/79 30,8/79 30,1/61 30,6/81 32,6/81

Normal de précipitation

Station : Soavinandriana LAT : 19° 10'S LONG : 46° 45’E Alt 1575 m Période 1961-1988

Mois J F M A M J J A S O N D

Normales 307,7 297,3 239,6 91,3 39,8 9,4 16,1 13,4 15,2 106,5 205,4 361,6

Nombres de jours 19,8 19 17,3 9,2 4,6 2 2,5 2,5 2 9,9 15 20,7

Max de 24 H 83,7 77,4 84,2 61,3 96,5 28 38,2 37,9 22,3 62,1 78,9 77,7

Date 15/1980 04/1969 15/1979 03/1965 03/1981 22/1961 11/1980 19/1965 25/1965 12/1963 24/1970 30/1966

95

ANNEXE 3

Liste des groupements dans la commune en 2002.

Liste de groupement par Fokontany par village en 2002

Fokontany Nombre de groupements Nom du village Miarinantsimo 0

Akon'Ambohimenabe 12 Ambalavato

Soaniadanana 6 Antandrokomby

Andohady 0

Ambatofotsy 0

Akonifiraisana 3 Ampasapoana

Miaramandroso 3 Mahazoarivo

Masoandromaherana 3 Ambohimamory

Andafiatsimomboay 0

Bevazaha 2 Ambohijanakantitra

96

TABLE DES MATIERES

« Persistance d’une agriculture vivrière dans les Hautes Terres de Madagascar : riz irrigué et cultures pluviales dans la Commune Rurale de Mahavelona, District de Soavinandriana (région Itasy) »

REMERCIEMENTS RESUME SOMMAIRE ...... i GLOSSAIRE...... ii LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES ...... iii LISTE DES PHOTOS ...... iv LISTE DES TABLEAUX ...... v LISTE DES FIGURES...... vi LISTE DES SCHEMAS...... vii LISTE DES CROQUIS ...... viii

INTRODUCTION GENERALE ...... 1 PREMIERE PARTIE : MAHAVELONA, UN SOUS ESPACE DES HAUTES TERRES DE MADAGASCAR Chapitre 1 : UNE POLYCULTURE TRADITIONNELLE A DOMINANCE RIZICOLE ...... 6 A. UN MILIEU RURAL CARACTERISTIQUE DES HAUTES TERRES ...... 6 1. Une situation géographique assez favorable ...... 6 a. Une accessibilité relative...... 6 b. Commune rurale de Mahavelona : une position centrale...... 6 2. Une formation toponymique récente ...... 8 B. LA DIVERSIFICATION DU SYSTEME DES CULTURES ...... 8 1. La polyculture traditionnelle à dominance rizicole ...... 8 a. La riziculture ...... 9 b. Les cultures pluviales : une pratique intensive sur le tanety ...... 10 c. L’élevage à cycle court ...... 12

97

2. Les autres activités ...... 13 a. Les innovations culturales : cultures maraichères ...... 13 b. L’artisanat ...... 14 3. Une ébauche d’un surplus commercialisable ? ...... 15 Chapitre 2 : LA RIGIDITE ENDOGENE DU SOUS ESPACE DE MAHAVELONA» 16 A. LA DEFAILLANCE DES INFRASTRUCTURES DE BASE ...... 16 1. Les infrastructures sociales ...... 16 a. Le rayonnement du système scolaire ...... 16 b. L’accès aux soins ...... 16 c. Les maladies fréquentes ...... 17 2. Les infrastructures productives...... 17 a. Problème de l’électrification rurale ...... 17 b. Les barrages d’irrigation ...... 18 B. LES ASPECTS SPATIAUX DE CONDITION D’ACCESSIBILITE ...... 19 1. Les infrastructures routières ...... 19 a. La qualité de l’infrastructure de circulation ...... 19 b. Une condition d’accessibilité difficile ...... 20 c. L’importance des pistes charretières ...... 23 2. Un mode de transport moins performant et traditionnel ...... 23 3. Les autres moyens de communication : la téléphonie mobile ...... 25 CONCLUSION PARTIELLE ...... 26 DEUXIEME PARTIE : RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES : UN SYSTEME FIGE Chapitre 3 : LA DIMENSION AGRAIRE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES ...... 27 A. LES CONDITIONS GEOGRAPHIQUES FAVORABLES...... 27 1. Un système d’aménagement dicté par le relief...... 27 2. Des conditions agro-environnementales favorables aux diverses cultures ...... 29 a. Un climat favorable pour l’agriculture vivrière ...... 29 b. Conditions pédologiques favorables ...... 30 c. Classification empirique des sols ...... 32 d. La maîtrise de l’eau et système d’irrigation ...... 33

98

B. LA DIMENSION AGRAIRE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES ..... 35 1. De système d’exploitation tributaire de l’appropriation du sol ...... 35 a. La domination de petites exploitations ...... 35 b. La complexité du mode de faire-valoir ...... 37 c. La dimension foncière de la parcelle : rizière et champs de maïs ..... 38 Chapitre 4 : RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES : DES SYSTEMES DE CULTURE BIEN ENRACINEES SPATIALEMENT ...... 40 A. UN SYSTEME DE PRODUCTION MOINS EVOLUE ...... 40 1. Un système traditionnel bien enraciné malgré l’innovation ...... 40 a. Un mélange du traditionalisme et de modernisme ...... 40 b. Le rendement : en fonction de soins et de la technique culturale .... 45 2. La dimension économique du riz irrigué et cultures pluviales ...... 47 a. Besoin de main d’œuvre varié ...... 47 b. L’enjeu de la période de soudure ...... 50 B. LA DIMENSION SPATIALE DU RIZ IRRIGUE ET CULTURES PLUVIALES .... 50 1. Des terroirs de bas-fonds et de tanety ...... 50 2. Une zone de production concentrée dans le secteur central ...... 52 CONCLUSION PARTIELLE ...... 55 TROISIEME PARTIE : LA PERSPECTIVE D’UNE FILIERE LOCALE DE CULTURES VIVRIERES Chapitre 5 : LA CONSTITUTION D’UNE FILIERE LOCALE DES CULTURES VIVRIERES ...... 56 A. CULTURE VIVRIERE : UNE FILIERE CLASSIQUE ET TRADITIONNELLE ... 56 1. Le schéma de la filière ...... 56 2 Des filières dominées par le riz et le maïs ...... 57 3. Beaucoup des acteurs intermédiaires...... 58 a. Les principaux acteurs commerciaux ...... 58 b. Origine des commerçants et collecteurs ...... 60 c. Existence de transformation artisanale...... 60 B. DES CIRCUITS COMMERCIAUX DOMINES PAR LES SYSTEMES DE COLLECTE ...... 61 1. Une économie de subsistance ...... 61

99

a. Le maïs : un produit à vocation commerciale? ...... 61 b. Le problème de la période de soudure ...... 62 c. Des budgets des ménages basés sur le fonctionnement ...... 64 2. Le schéma général des échanges ...... 67 a. Collecteurs et relais des collecteurs principaux ...... 67 b. Les acteurs dominants ...... 68 3. Des lieux de transaction assez denses ...... 68 a. Les marchés hebdomadaires ruraux ...... 68 b. Les points de collecte ...... 69 C. ORIENTATION DES FLUX ...... 70 1. Flux entrants ...... 70 2. Flux sortants ...... 70 Chapitre 6 : UNE MUTATION DIFFICILE MALGRE L’ENCADREMENT ...... 72 A. LES STRUCTURES D’ENCADREMENT DES PAYSANS ...... 72 1. Les organismes d’encadrement ...... 72 a. PSDR et SECAM ...... 72 b. PROSPERRE/PARECAM et “Land O’Lakes” ...... 73 c. Le rôle du CSA ...... 74 B. LE ROLE DE LA COMMUNE ET DE L’ETAT ...... 76 1. Promouvoir la capacité des acteurs communaux ...... 76 2. Création des infrastructures économiques ...... 76 a. Amélioration du mode de transport rural ...... 76 b. Multiplication des lieux de transaction ...... 77 C. PERSPECTIVE D’AVENIR ...... 77 1. Les facteurs déterminants pour la mutation du système ...... 77 a. Des innovations qui se conjuguent à plusieurs facteurs ...... 78 b. Renforcement de la stratégie commerciale ...... 79 2 Perspectives du développement économique local...... 80 3. Milieu rural de Mahavelona : une situation complexe ...... 82 CONCLUSION PARTIELLE ...... 84 CONCLUSION GENERALE ...... 85 BIBLIOGRAPHIE ...... 87 ANNEXES ...... 89

100