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SOCIÉTÉ DU BERRY

MÉMOIRES: INÉDITS

-- - - - SUR LH-ISTIiIRE CIVILE ET RELIGIEUSE DE VATAN

RSEÎ1S ET MIS AU JOUR

PAR M. A. DESPLANQUE,

Arv4tiriste du Nord, &BEIEO arch[yie(e de L.

a n

Les Mémoires inédits que jentreprends danalyser se composent de deux parties distinctes. Lapremière offre un tableau de ce quétait Vatan dans le milieu dû kvj iie siècle, sous le double rapport civil-et religieux. Idée générale de la mile de Vatan, idée de la seigneurie et du château de Valan, Idée de lHôtel-Dieu de Vatan, Idée du chapitre de Saint -Laurian, tels sont les titres des principaux articles qui apparaissent dans la pre- : mjèrè moitié du uEnuscrit: Lauteur y trace lhistorique de chacun de établissemeits de la bourgade quil habite. Incomplet, souvent même fautif, quand il traite des origines, ou quand il plonge dans les -ténèbres dii moyen âge, il abonde en renseignements curieux sue les époques qui vont se rapprochant de la sienje. -

Document -% D I I l I lu lIIl 111M 111M 0000005561735 I - —2- A la date (10 4725, il échange son rôle dhistorien contre celui dannaliste, et cest là que commence la seconde moitié de son tra- vail. Il le poursuit sous forme de chronique locale jusquen 1749, année où il parait avoir été interrompu par la mort. 11 a eu (autant qudn peut en juger par la différence des écritures qui se succèdent dans le manuscrit) deux continuateurs, dont lun pour les années 1750-51, et lautre pour lannée 1752. Le manuscrit original qui sert de base à ma publication et qui a pour auteur lun des chanoines de Saint-iÀauran , se conserve à Vatan, dans la famille Delorme. M. DE LA TiuMnials et M. - LE)iAIGnE lont transcrit lors de la prépaiataon du texte des Esquisses pitto- resquis de lindre. Cest avec lautorisation du premier de ces messieurs et en me servant de la copie- du second, que jai rédigé larticle quon Na lire, article qui. forme le pendant de celui que jai consacré, lannée dernière, à Mézières-en-Brenne ( 1), et qui, sous un antre rapport, peut être envisagé comme le complément de mes lon- gues études sur lEgiise eÏ la Féodalité dans le bas Berry (2).

PhEMIÈBE PARTIE: - Idée générale de Vatan.

SITUATION DE LA VILLE. CARACTÈIiE DES HABITANTS. - La ville de \Tataji, « assise au milieu de la province de Berry, » sur la grande route de Paris à Toulouse, dépendait de lélection de Romorantiu, de la généralité dOrléans et du grenier à sel d. Elle relevait, au spirituel, de larchevêché de Bourges. lin bailliage y était établi. Ce bailliage, qui, au dire du Chanoine, nétoit pas décoré de sujets exceilens, u quoique, de temps à autre, e il y ait où de bons ésprfts, u rSsomiissait ah présidial de Blois. Batie dans un marais, la ville de Vatan se. recommandait par la , fertilité de, son, sol. Le vin ,.e quoique gros, y étéit asséz bon. n Le trafic des hiabitans se limitait à la vente des brebis, « dont la laine est t.rès-finC. e

(1) Mézières.en-DreHflO et lu. famille 7vrqnet de Mayerne. - Première Partie Ville et seigneurie de filésières. (compte rendu des travnuw de ta Société du Berry. Onzième a,iiêe, P. 200-223.) (2) Le Chapitre de Saiu(-Sylvain de Levreu.r et les seigneurs (le Chauvigny. - Le prieuré de Saint-Benolt du Saule et les vicomtes de Brosse. - Labbaye de Fout- r- gomband et les seigneurs dAll&g,y de BoeheforC (Comptes rendus de la Société du ljerry, ,,e,,vièrne année, L 80, 407; h,,it.iéuie année, p.88.) -3- Laspeet (le la ville, sil faut en, croire le mArne auteur; noffrait rien de séduisant, et le caractère des habitants najoutait pas aux agréments du séjour. e La construction des hâtiinens est très-maus- sade presque toutes les maisons sont en bois et en fort mauvais état. Les habitans, quoique chargés dimpôts exorbitans (1) sont léehes et fainéans. Si lon manque de cueillir, tout foisonne en me»- dians. On y, aime la bonne chère; lambition et lenvie y sont les passions dominantes.

Foinas ET MARCHÉS DE VATAN. - U y a à Vatan, dans le cours de Vannée, quatré foires une le 4 juin , une le 14 août, une le 22 sep- tembre et la dernière le 18 octobre. 11 sy tient une assemblée le lendemain de la Saint-Jean-Baptiste (2 juin) et une autre le vendredi avant la fète de la Toussaint, pour la loue des domestiques. -

Le quatrième dimanche après Pâques, il se produit à Valait « un apport considérable de peuples qui viennent en dévotion à - saint Clair n particularité ,assez surprenante, car cest ce jour même quon célèbre la translation de saint Ladrian (2). li y a, tous les lundis de lannée, à Vatan, un marché au blé qui nest pas considérable, et, tous les vendredis, un marché pour les provisions en maigre. Les droits de foire et de marché se prélèvent au profit du seigneur, à ]a réserve des droits de la foire de Saint-Luc (18 octobre), qui ap- partiennent à la communauté des vicaires, établie dans léglise du chapitre (3). Les marchands de Valait et les gens du seigneur sont -exempts des droits (le foire dans les trois dernières de lannée; mais tous paient Je jour de Saint-Lue.

Founs ET puEssOins BANAUX DE VArAN. - « Les fours banaux de Vatan appartiennent partie au seigneur, partie au chapitre, partie à la communauté des vicaires. Ladjudication de ces fours ne peut et ne doit se faire quau-devant de la principale porte du cloîtra du cha- pitre, le procureur fiscal y étant au préalable convoqué. « Les adjudicataires des fours banaux sont tenus daller chez lha-

() Sur lénormité des impdts, voir la deuxièrno partie du présent alémoiré, ar t nées 1225, 1742; 1743, 1744 1745; 1748. (2) Sa r ta fête de la translation de saint Lautian et sur ta dévotion à saint Clair, voir la fin de la première partie de ce travail. - (3) Sur cette communauté de vicaires , voir, jlnrs bas., larticle Organisation tu- lê,-icure du chapitre. -4- bitant chercher la pâte di d y retourner le pain, privilège dont jouissent, dans toute la province, les seuls habitans de Valait. Par une tran- saction faite entre Vincent Du Puy, seigneâr de Vatan, et le chapitre, il ho doit y avoir à Vatan que six boulangers et quatre brenassiers (1), lesquels sont obligés de faire cuire leul grand pain aux fburs banaux. Ce droit a été en litige assez de temps; mais, en 1748 on a permis au-, boulangers de, cuire leur grand pain dans leur • four,• au moyen de quoi chacun paie une certaine somme, à proportion de son débit, - . aux ;co-propriétaires de la banalité des fours. n - -. Depuis 4721, iPy a aussi des pressoirs banaux à Vatan. » Léta blissement de ces pressoirs est do à feue Magdeleine de Bailleul, marquise du lieut»Cette damé,» observe ici lhistorien-chanoine qui ne la porte pas dans son coeur, « celte dame nous donnera occasion de ce parler delle dans la suite. Je souhaite que que nous pourrons en dire apprenne à la postérité quune femme ambitieuse et téméraire est bien û appréhender (2). n - Lauteur de la construction des pressoirs banaux « na jamais pu réparer » le tort causé par cette mesure à la masse de la population, et spécialement à trois citoyens qui en avaient de particuliers: « Ça été une usurpation faite sur lhabitant, qui na osé lever la tète (3). » Quaht au chapitre, il a toujours gardé son pressoir, et ne sest point soucié du prétendu droit seigneurial. » ORGANISATION MUNICIPALE DE VATAN. REVENUS ET CHARGES DE LA VILLE. - « La ville u deux échevins, qui se nomment à la pluralité des voix, tous les trois ans, à moins que des ordres éniana du Conseil nen einpd- client lélection ordinaire. n Cette élection se Lait le premier dimanche après Pûques. Les revenus de la ville se composent 10 des octrois, quon appelle vulgairement tes droits de la petite mesure, sur le vin; 20 des rentes que paient, e à proportion du terrain dont un chacun jouit, n les oc- cupeurs des jardins e qui sont sur les fossés de la ville. » - Les droits doctroi sont affermés, année commune, 430 livres, et les rentes produisent annuellement 50 livres ce- qui fait, au total, un revenu de 480 livres. • Ce revenu est employé, partie à lacquittement des charges de la

• (4) Confectionneurs de pain de son. - (2) Voir deumiirno partie, années 1725, 1731, 1735. - (3) Cf. à lannée 1749; Iorlicle Elabtisscment de pressoirs Innaun (dans le [ai,- bourg-haut.) Construclion dune nouvelle halte. - - L: commune et à la réparation des deux portes de la ville, partie aux dépenses que les échevins sont tenus de supporter e tant pour laccom- plissement dun voeu jadis fait à Notre-Daine du bourg de Déols, que pour les voyages quils sont obligés de faire soit à Orléans, soit à Romorantin, lors des milices ou des affaires de la, ville. Le voeu à Notre-Dame du bourg de Déols fut pris par les liahil,ans de Vatan en 158, à loccasion de la peste qui ravagea, polir ainsi dire, le pays. Par lintercession de la sainte Vierge, la ville fut délivrée dê ce fléau; et; depuis ce temps, chaqtie année. M. le curé de Saint-Christophe, accompagné des principaux liahitans, va accomplir ledit voeu. On offre un cierge de quatre ou cinq livres à la sainte Vierge. Toute la dépense a lieu aux frais de la ville. » e Les habitans firent un autre voeu à loccasion de la peste qui dé- sola Vatan eu 4638. Ce second voeu consiste en une procession qui se célèbre tous les ans le jour de la Nativité de la sainte Vierge, et à laquelle assistent les 1W. Récollets, les paroisses de Saint-Christo-. plie et de Saint-Laurent. , -

«.4 cette procession, la famille des Guillonnetuix ou leurs dcscendaris portent un cierge dune livre qui est offert à la sainte Vierge, aux Récollets. Lorsque les habitaus de Vatan prirent leur second voeu, (en 1638), ils firent présent, à lautel de la sainte Vierge aux Récollets, dune lampe dargent. Cette lampe fut volée, longtemps après, pat ui) nommé Marin, cordonnier à Vatan, qui la porta, brisée en morceaux, à la Monnaie de Bourges. Ce mauvais homme lut arrêté au 1)0W, de six mois, convaincu du vol et pendu. La famille de MM. l)umoutier dlierblay fit alors présent dune autre lampe dargent, plus belle et plus zicle flue la première; cest celle que nous voyons décorant lautel dédié à la sainte Vierge aux Récollets » « Le voeu à Notre-Dame du bourg de Déols à été renouvelé au mois daoût 1737. M. Utimoutier étant curé de saint Chiistophe (1). Les charges de la ville consistent à payer « Premièrement, aux .Récollets, pàur les sermons des premiers diman-

(1) Le double voeu û Notre-Dame de Dénis • consigné par M. or. LA. TRAMDI,Àrs dans ses Esquisses pittoresques dc lIndre, p. 46-47, na été relaté par aucun des histo- riens du pèterinagé. En revanche, ceux-ci rapportent un voeu tout semblable fait par les habitants de i.evroux cii 1348, et renouvelé solennellement, en 1832, à loccasion di, choléra. Voir le Saint pèlerinage deNôtre-Danrc de Ddo/s parle B. P. passez, t . 28. et Illistotre du cuite de la sainte Vierge en . province ecclésiastique de heur gos et fie carnbiai . P. 46. Un autre voeu frit contracté par ta vi11 e le vatan lors .4». la peste de 4638. voir plus bas,à larticle Processions ordinaires.

ff oies de chaque mois, des (tes des mystères et de la sainte Vierge, (lui ne tombent point dans le carême ou dans lavent, la somme de qua- rante livres; oPIna, au principal du collége, la somme de trente livres, pour son logement dc chaque année; » « Plus, à celui qui a soin de régler lhorloge de la ville, la somme de vingt livres; e Plus, au tambour de la ville, la somme de dix livres. o « Dans des événeinens extraordinaires, comme à lentrée dun nou- vean seigneur ou dun nouvel archevêque de Bourges, la milice bour- geoise se met sous les armés (fl . La ville clans ces occasions est obligée de faire aussi quelques dépenses, qui se prennent sur ses re- venus, »

Idée de la seigneurie et du château de Vatan.

ANTIQUITÉ DU cUATEAu DE VATAN. SES PREMIERS SEIGNEURS. - « Les seigneurs de Vatan ont un elffiteau très-ancien , mais bâti comme un sève. Le seul morceau qui puisse satisIfire tant soit peu sont les écuries, les cuviers elles autres aisances qui se trouvent clans un seul- corps de bâtiment, » « La seignurie - de Valeur n toujoursété une châtellenie jusquen 1650 quelle fit érigée en marqhtiat. Cette terre n été possédée suc- cessivement par de grands seigneurs, tels que MM. de Saint-Palais (qui en même temps étaient seigneurs de Graçax, MM. de lranehecerf (2), et MM. Du Puy. Vincent Du Puy étoit gouvernur du Berry, capitaine de cent hommes de la garde du Roy (3); Claude et Pierre Du Puy lui

(1) Voir, à lannée 1731 lin spécimen de la récepfio;i dune nouvelle dame et dun nouvel archcvèque à Vatan. () En 1370, Jeanne de Saint-Palais vendit à Jean ) duc de Berry, ses fiefs de Craray, Vatan, Buxeuil et Villenenve-sous-Barillon, pour obtenir la liberté de son mari, liélie Tranchecer prisonnier (le ce prince. V& s leu ulieu durx siècle, lacte le vente fut attaqué par Marie de Clèves, duchesse dOrléans, tutrice (le Louis, son fils, qui devint. roi sous le jiom -de Lnuis XII, et qui était, comme comte de Illois, wzerain des seigneuries aliénées; il fut encore attaqué plus tard par son chambellan, Philibert Du Puy, petit-fils de la soeur et (le lhéritière de Jeanne, -Isabelle de saint-Palais, et cette oeuvre de violence et diniquité fut ziuiiulée lier limpartialité du Parlement. » IDE IIAVNAL. 711sf. du Bercy, t. li, p. 407.1 (3) ,\ri,iceflt Du Puy, seigneur (je Vatan , bailli de Berry après Cilbert liertranri épousa la fille du secrétaire dttat, Étieune Ilobertet. Il fut désigné, après la paix de Lenjuimeau, comme gouverneur et lieutenant du Roi en la ville de Courges, pour y. »estabtir toutes choses est testai auquel elles estaient auparavan t tes troubles, cl eu e vit-q-e les habitants dicette eh union et bonne amitié, sous te bdndflec de lédit

- ont succédé dans cetCe dernière charge. Cette famille apossédé ht terre de T tan jusquen 1612, que Florimond.Dupuy eut la tète tranchée sur la place de Grève, à Paris, au sujet de la révolte dun gentilhomme de sa terre quil avoit favorisée. Suit le récit dùn incident parfaitement connu (1), mais qui, malgré son peu de nouveauté, trouvera dautant mieux ici sa placé quil &eln- preint, sous la plurne.du nalTael1r, dune animosité qui le rajeunit en quelque sorte.: RÉVOLTE DE FL0R1MONu Du Pu y ; SES SUITES, - « Cette rv•olte arriva au sujet du faux saunage. Les du Grenier à sel .dJssoudun avoicut arrêté un homme de la Degeuserie, dite t présent licitait, d la paroisse de Saint-Lament. FlorimondDu Puy, qui se gouvei noit à Valait en petit souverain, crut que cétoit lui faire insulte darrêter , sans sa participation, un de ses vassaux: il fit courir sur les •cmpIoys, à qui lon enleva le prisonnier. Le Grenier à sel dIssoudttn fit, de sou côté, dresser de cette contravention un procès- verbal, lequel fut. envoyé au Conseil, qui ordonna que Floritnond D L! Puy seroit poursuivi comme rebelle aux ordres de Sa Majesté. « Eu conséquence, M. de La Châtie-Nançay, pour lors gouverneur dit et lieutenant général des armées du Boy, fut envo yé à Vatan avec une compagnie de Suisses, un régiment dinfanterie et six pièces de canon. n e Le bruit (les ordres de la Cour ne fit aucune impression sur 1esprit du seigneur Florimoeid ait abandonné de Dieu et abandonné à lui-méme, il résolut dessuyer le siège de son château; il sy renferma avec environ quatre-vingts hommes qui étoient tous propriétaires des différents fiefs relevant de la seigneurie de Vatan; et là, il attendit de gaieté de coeur ,, comme sil eût été en état de se bien défendre, larrivée des troupes de Sa Majesté. » M. de La Châtre arriva euviron , ks premiers jours de décembre de lannée 1611, avec son escorte quil fit placer sur une élévation, qui est au nord du château Là , il fit dresser la batterie de canons, et, après onze volées de cette artillerie, le pont-levis fut rompu. Les Suisses forcèrent lentrée du château, et, suivis du régiment dinfan-

dc pacification. Il devait recevoir, aux frais des bourgeois, cent livres pci mois pour son entrelènemenl, et, afin de laider à conserver ta ville Sons lobéissance du Roi, il -avait Sons ses ordres cent hommes de pied commandés par le capitaine La Sudraye, a clofl les bourgeois devaient également p yer tontes les dépenses. lu., t. III, P. 278, -t. iv, i 80. - (1) Mal. lIE LA TRAMIILAIS (Esq. fû1t. de lindre, p. 42-4%) et DE RAVN,tl. (lita. du lieny, t. IV, p. 241-2M) ont luis ce fait en pleine lumière. tèÇe, ils y trouveront Florimond Du Puy ? qui fut fait prisonnier, e( Mis sous la garde de cent hommes. » - e Les troupes, entrées dans le château, arêtèrent le reste . de ceux qui navoient pu se sauver, lesquels furent pendus sui- le-champ aux arbres quiJse trouvoient dans la basse-cour. Le seigneur duMagny, capitaine des ivatre-vingts hommes, fut un des premiers expédiés. troupes e Les se retirèrent ensuite, et M. de La Châtie conduisit à Paris Florimond Du Puy, qui, quelques jours après, fut condamné comme ayant voulu favoriser les contraventions aux ordres de la Cour et comme sujet rebelle, à avoir la teL& tranchée en Grève: La sentence lut exécutée le même jour, malgré les puissantes protections que Marie Du Pùy; sa soeur, datnedlionneur de la duchesse dOrléans, avoit en cour. e « Ce qui a mis le comble à la consternation de cette famille, cest que ce seigneur mourut protestant, sans avoir jamais voulu entendre parier des sacremens. Il avoit dans son château vii endroit où se passoit, de temps à autre, lassemblée des calvinistes qui étaient de sou temps aux environs de Yatan dont les habitans ont toujours eu en horreur les sen Limens. e - « Ce fait (de la répulsion des gens de la ville pour le protestan- tisme) Lut avéré à Henri 1V (1), lequel, passant un jour par Vatan fut conduit par les deux échevins dans léglise du chapitre de cette ville, pour y entendre la messe. Ces deux magistrats allèrent au- devant du prince, avecia ihiliee1ouigeoise, jusque dans le chèmin de la plaine qui est entre CIALeauroux et Vatan, où, étant arrivé, le Roi leur demanda si, dansla ville, il y avoit des calvinistes; ils lui répon- dirent que non, et que Dieu avoit (oujous préserve ce petit endroit de lhérésie qui avoit presque inondé tout le royaume: Cette réponse surïwit fort Henri IV, dautant plus que le Berry étoit la province où Calvin avoit conmencé à débiter des erreurs. aLinières, premier théâ- tre des prédications du réformateur, nest éloigné de Vatan que de tu lieues. e La terre de Vatan, après la révolte de Florimond Du Puy et la Peine quil en subit, fut confisquée au profit de la couronne; tous les Lois - futaies en dépendans furent coupés et déshonorés. Cependant après quelque temps, Marie Du Puy «entra en possession de ladite terre. » -

RÈGNE »u MARIE Du Put ET DE SES NIÈCES. Ce que notre clironi

(1) Lanecdote en question est., je crois, inédite. «ueuP appelle un peu ambitieusement

MAISONS DE MF.INJÈBE ET DAnBERY,— « Ces deux alliances ont pro- enté bien des différends dans la suite, et pour les prééminences et pour les honneurs qui étoient dus aux officiers de justice des deux parties.» « Chaque seigneur avoit son bailli, soti procureur fiscal 5 sès pro- cureurs, son notaire et son greffier. Les officiers de chaque seigneur examinoient les causes tour à tour. La maison de Meiuière, ou Ménière, sest toujours distinguée pour ses officiers: elle nen clioisisoit que de mérite. Au contraire, iIM. Aubery se sont presque toujours servis de gens qui avoient 1ème basse et mercenaire; et si, de temps à antre, ils onçeu pour officiers des hommes de grande probité, le mérite de ceux-ci a été récompensé dingratitude (3) : on a cherché ou à les

(I) Fait consigné par M. Du LA TRAMBLAIS dans ICS Esq. 3)111. dc tlsdrc, P. M (i) Sur le procès de la Cc,,scric ou Censive, voir deuxième partie, année i735. () Voir, à lannée 1750, le récit de la disgrâce de René Auguste Le cliarpeiuicr, i,itendant des Au,ianv. -40— perdre totalement, ou à les réduire dans tin état si triste quil leur t-- été presque impossible den sortir IVolue con fiJere in principibus I e La maison de Meinière fut éteinte par la mort de M. le marquis de ce nom, qui fut -tué à la bataille de Malplaquet -(11 septembre 4709). Madame sa mère, qui .avoit été mariée en secondes noces à M. le marquis de Buey , voyant ses espérances évanouies, résolut de tendre sa portion de la terre de Vatan à M. Aubery, qui en fit lacquisition en 17(8. Cette terre étant réunie, tous les différends qui sétoient élevés entre lds deux seigneurs et leurs officiers cessèrent. »

MAISON DAUBEIiY, SEULE MAITRESSE A VATAN.—. ci La maison de Mci- fière a toujours eu de la bienveillance pour le chapitre; dans bien des rencontres, elle en a donné des preuves. La maisdn .de MM. Au- herv, au contraire, a toujours jalousé les droits et prérogatives de cette église; de temps à autre, elle lui a suscité des procès injustes et Irès-déraisonnables. Cette église na joui de la paix que sous le règne 0e Félix Aubery, qui est mort conseiller dÉtat CL prévôt des mar- chands de Paris, en 1743. Ce seigneur avoit un vrai mérite, et étoit un magistrat très-judicieux et très-équilable (1). Sa mort n été une perte irréparable pour Vatan , et difficilement iaraitra-t-il un seigneur (lui légale en mérite aussi déplorera-t-on toujours sa perte. Après sa mort, on nomma des tuteurs à ses enfans, qui étoient au nombre de trois, savoir Augustin Aubery , qui pour lors était eu logique au collége de Louis le Grand, h Paris; Guillaume Aubcry, chevalier non-profès de lordre de Malte, et une demoiselle Aubery, -qui depuis a été mariée au marquis de Janson (2). » cc Le tuteur honoraire a été M. le chevalier de Valait , chevalier non-profès de lordre de Malte, et le tuteur onéraire le sieur Dumont iui , à la mort de Félix Aubery, prévôt des marchands, étoit son secrétaire. n

fi Cette tutelle a longtemps duré, au point de vue de lintérêt des pauvres pupilles les dépenses extraordinaires faites pour la réédifi- cation des domaines, et pour la construction des Fessons et de la halle du faubourg-haut, nont pas peu préjudicié à leurs intérêts (3). n « Tout ce qui peut leur avoir été lucratif, ou plutôt honorable, cest le gai)) du procès intenté contre eux par le chapitre, pour 1oppo-

(1) voir on éloge et sa biographie A lanimée 1743. (2) voir, aux années 1,fl, 1747, 1749, le rôle di, Inanluis tic Jalisco ([ans Iafl&irô ries Rires. (2) CI année j 79, H - shion aux ceintures funèbres en dedans et au dehors de léglise de Suint-Laurian. Par la transaction Ihite après larrêt obtenu contre le scigicur au grand Conseil en 1068, cc droit paiaissoit douteux. Pour léclaicir, le chapitre a intenté aux mineurs un procès quil a perdu le 28 août 4749. Nous parlerons de cette affaire pins au long dans son lieu et place (1), ainsi que de toutes celles que les seigneurs ont, depuis 1725, suscitées au chapitre. Plût à Dieu que ces dissentiments fussent les derniers, et que lesprit de division laissât tranquille, jusquà la lin, les uns et les-autres! Ipse auteni Doneinvs pacis & t iwbis pacem sempiternam in omni loco! Dôminus sit turn omnibus nobisl »

Idée du couvent des Récollets.

e, Selon les mémoires les plus justes que nous ayons lus, ce fut en lan 4450. que la communauté des religieux de Saint-François fut ici étabLie. Les seigneurs de Vatan ont voulu sarroger la qualité (le fondateurs de ce couvent : quel honneur et quel privilége (remarque le chroniqueur avec une pointe dironie qui nest pas seulement A ladresse du château) que davoir fondé un couvent de nzendians! » Si peu enviable que soit ce titre, lhistorien ne le conteste pas Moins -aux seigneurs. Suivant lui, le mérite principal de la fondation revient à un chanoine de Saint-Laurian , Jean Devols , qui, e tbus le milieu du xv° siècle, bàtit une chapelle sous linvocation de salut Jérôme. » lies franciscains étant venus peu de temps après A Vatan, Devols leur donna, e -en lagrandissant, de manière à ce quelle pût leur servir déglise, » la chapelle quil avoit fait construire. Le terrain nécessaire à lagrandissement de lédicule fut offert, ainsi que « lem- placement du jardin, de la cour et des bâtimens, » par un notable de lendroit, Silvain Baudon. Un simple- vigneron, Antoine Martinet, se dépouilla, au profit -des nouveaux arivants, du « terrain qui est du côté du château.... Bien des personnes concoururent à cette pré- tendue bonne oeuvre (cest le chroniqueur qui parle et non pas moi). Chacun contribua selon ses facultés. Les aumônes fui-eût assez abon- dantes pour quen peu de temps louvrage entrepris parvînt à sa perfection. o Les premiers Franciscains établis A Vatan étaient des Cordeliers. Leur irrégularité fit quon les remplaça, en 4050, par les PP. Récol- lets. e Le public, » ajoute charitablemen t le narrateur, « fut autant

1 Sur laffaire des hO-es o ceintures fanibres, voir les années 1743, 1746, 1747, 1710. 1L2 - éclUlé de la conduite pieuse et méritante de ces Pères quil avoit ét4 scandalisé des mauvais exemples des Cordeliers. o Ceux-ci ne se tinrent pas pour battus après leur expulsion de Vatan. Joints à plusieurs de leurs confrères dlssoudun, ils enlevèrent nui- tamment, de leur ancien domicile, le R. P. gardien des Cordeliers, Arthur Durnoutier. (in tel coup «audace ne pouvait manquer dattirer lattention du juge de Vatan. Pierre Macé (cétait son nom), lorsquil se présenta au couvent pour y remettre un peu dordre, trouva quatre Cordeliers installés clans le réfedtoire. e Semblables à des soldats eu guerre, ils y commettoient toutes sortes dexcès et cru- p&hoient les religieux (Récollets) de vaquer à leurs exercices. Laissons, au reste ,k Chaioinè nous ramiter le détail de lexpédi- tien de Pierre Macé. - - « Le juge, informé de lattentat, commanda les gardes et huissiers avec les notables du pays, à leffet de se rendre k la communauté de Saint-François, pour sopposer aux insultes de la gent cordelière. Ses ordres furent exécutés avec la dejnière ponctualité. :Escorté de ses officiers, il se transporta en robe au couvent. La porte ayant été re- fusée, on escalada les murs; les huissiers, suivis (les gardes, pné- trèrent jusquau réfectoire, dont on força la porte; et là, on trouva des digues religieux, qui furent gardés en otage jusquà ce.que le P. Arthur Durnoutier fût reconduit dans sa maison. Après sou re- tour, ces misérables Cordeliers Turent chassés si hontcusenientdu cou- vent, quils nont jamais essayé de trouble dans la suite.

Idée de lHôtel-Dieu do Vatan.

EPOQUE DÉ SA FONDATION. UNIONS QUI y ONT ÉTÉ FAITES. - « iNous ne saurions dire précisément le temps auquel lHôtel-Dieu de Vatan u - ité bâti et fondé. Tout cc quon peut en supposer, cest quil est - très-ancien, puisque, depuis plus de cent ans, on a annexé à son - revenu annuel, et la charité du lard et la maladrerie de Saint-Jean de-la Marzaut. - e La clwrild du lard consisteit en un revenu de plus de 200 livres. Ce revenu étoit employé Ù acheter plusieurs-porcs, quon Salait et qui • étozent distribués, lo. mardi gras, aux pauvres de Vatan et des cmi- ronsb Avant la distribution de cette aumône, il se célébrait, Ù la pa- roisse Saint-Christophe, un service solennel peur les pauvres dérunts. On pCI-toi t -au .seigneui, cii Pompe, un morceau (le porc salé; les - - oTflciers de la justice y avaient aussi leur portion, et ensuite la dis- tribution sen Iisoit à tous les pauvres 1l1i se présentoient. ii « Cette aumône, étant connue abuive, fut réunie au revenu an- nuel de lHôtel-Dieu de cette ville, environ lan 1036. Cependant, chaque année, le mardi gras, on fait le service ordinaire pour les pauvres défunis, et lon paie pour cela lhonoraire à M. le curé de Saint-Christophe (1). » - • « Dans presque toutes les villes du royaume, il y avoit des mala- dreries pour y mettre les lépreux ou ceux qui étaient infectés de maladies incurables. Nous avions, proche de Valait , dans la paroisse de Saint-Pierre de , la maladrerie de Saint-Jean de la Mar- zaut. Cétoit un bénéfice à la collation du chapitre de Vitan, qui y a toujours nommé, jusque sur la fin du xvlle siècle que, par arrêt (2, toutes les maladreries du royaume ont été réunies aux Hôtels-Dieu les plus prochains. e Cette maladrerie, avant la réunion, étoit régie par des adminis- trateurs particuliers; le chef du bureau étoit le tituIair du bénéfice de Suint-Jean de la Marzaut. Après la réunion, le tout a été dirigé par les adminisïrateurs de lHôtel-Dieu. e - DESTRUCTION DE LA CHAPELLE DELA lFAItZACT. - « Il y avoit, à la Marzaut, une chapelle où le curé de lieboursiÙ eélébroit une messe chaque semaine. La chapelle a étédétruite par décret rendu en 1737 parMsr de La Rochefoucauld, archevêque de Bourges (3). Les messes ont été transférées à lilctel-Dieu de Vatan ; elles sacquittent, tous les jeudis de chaque semaine, par ladministrateur ecclésiastique, ainsi que les messes fondées par Jeanne-Rose Chapon. e - ÉTABLISSEMENT DES SOEURS DE LA CUABITÉ. j.- « En lan 1733, on établit, à lHôtel-Dièu deVatan, des soeurs de la Charité... Larche- vêque aurait souhaité des soeurs de Saint-Lazare; mais M. de Mouville, vicaire général du diocèse, qui est le protecteur des filles du Montoir, leur procura cet établissement... Lune des deux soeurs sert pouf soi- gner les malades qui sont placés à lHôtel-Dieu, et lautre pour ins- truire es filles des paroisses de Saint-Christophe et de Saint-Laurian. On leur donne, à chacune, 40 écus et un quart de vin; avec cela, elles sont chauffées, éclairées, etc. e

(l ) M. DE LA. THAMBLAIS o parlê de la charité dit lard, daprès notre nianuscrit à h puugc 46 des Esquisses pittoresques de lIndre. - 21 De mars 1693. . - ait() •M" de La Rochefoucauld avait lin goût prononéé pour les réformes, comme verra à propos de loffice et des processions de Saint-Loue-ion. • - - La destruction de la chapelle de la Marzaut •et létablissement, des soeurs de la Charité se sont faits sous 1administation de M. Louis Larligues, chanoine de Vatan. - e Les soeurs qui ont Commencé létablissement étoient la soeur Perpétue Merceret, native de Vierzon, et la soeur Aune-Marie Besson, native de Cosne-en-Bourbonnois. Ces deux filles avoient un vrai mérite. » SITUATION DE LHÔTEL-DIEU. « LIIôteLDieu est situé dans la pa- roisse de Saint-Christophe. Les soeurs qui lhabitent, ainsi, que leurs domestiques, sont paroissiennes 4e cette église. » - FONDATIONS DE LhÔTEL—DIEU. - « Les fondations de lHôtel-Dieu ne sont pas anciennes ni considérables. » Voici lindication des prin- cipales Fondation par Pierre Mousseled, sacristain de léglise de Saint-JJau- rian, dans la chapelle de sainte Anne dudit Hôtel-Dieu, en 1698, de messes basses toutes les fêtes et dimanches de lannée, et de loffice du jour et fûLe de sainte Aune; - -

Fondation par daine Jeanne-Rose Chapon, épouse de M. Germain Renaudon, seigneur (le Beauchêne, de plusieurs messes basses au- dit Hôtel-Dieu , à célébrer à époques indéterminées. « Nous avons commencé de les dire vers la Mn de lan 1750. Viennent ensuite, dans le manuscrit du Chanoine, des chapitres dont nous nous bornons à rapporter les sommaires REVENUS DE LhÔTEL-DIEU. - CHARGES DE LHÔTEI-DIEÙ. - HoNonAIns DE L OEFICE DE SAINTE ANNE. - REDDITION DES COMPTES DES REVENUS DE LHGTEL-DIEU. - BUREAUX OiIDINAIBES. - BUREAn EXTRAORDI- NAIRES. TITRES DE LHÔTEL-DIEU REMIS PAR LES SEIGNEURS DE VÀTAN AUDIT llôrn. - « Pendant un long espace de temps, les seigneurs ont conservé tous les titres de cet Hôtel-Dieu; ils .vouloient seuls être les maîtres de la direction de la maison. Mais M. le procureur général, Par SOI] autorité, força M"4 la marquise de Vatan, pour lors Magde- leine de Bailleul , à rendre tout ce qui se trouvoit de ces titres dans son château , qui ont été rapportés au trésor dudit Hôtel-Dieu. « Le noni de Gabriel Bidault., notable du pays, qui lon doit principalement la restitution de ces titres, sera toujours el] dans lHôtel-Dieu , et plût Ù Dieu que tous se&successeurs eussent autant de zèle pour le bien tIc cet établissement - IN -

Idée du chapitre de Saint-Laurian.

ANTIQUITÉ DE L ÉGLISE. - « Le chapitre de Vatan est un des plus anciens de la province. » Alappui de cette assertion, le Chanoine historien invoque le caractère architectural de léglise, à la cons- truction de laquelle il assigne une date impossible. Suivant lui, e elle étoit premièrement dédiée aux apôtres saint Pierre et saint Paul; niais en lan 554, qui fut celui où le glorieux martyr saint Laurian donna sa vie pour Jésus-Christ, » elle senrichit des reliques de cet éêque, et le prit pour patron , e de sorte que le chapitre de lalun (t été au moins fondé dons le Vie siècle.» Cest ainsi que le Chanoine sexprime dans son chapitre ANTIQUITÉ. Plus bas, à larticle DESCRIPTION DE LÉ- GLISE, il restreint lui-même la portée de son affirmation, et attribue à la seule tour le degré dancienneté quil revendique ici pour léglise en son entier. e La croupe de léglise, dit-il, a été bâtie en 1532 par M. Dubreuil, ancien doyen, qui lit présent de la tenture de tapisserie où est repïéséntée la vie de saint Laurian. » - Cette tapisserie sétend depuis la porte de la sacristie jusquà la tour. - « La partie de léglise quelle décore ne remonte P suivant lauteur de la DESCRIPTION, au- delà du xir siècle, léglise, bâtie dans le temps de la dotation, étant tombée en ruines... Quant à la tour (persiste-t-il à dire), elle est très-belle et très-ancienne. Ceux qui se conndissent aux anciennes structures pensent quelle a été bâtie dans te VP siècle (4). » La science archéologique a fait, depuis le temps du Chanoine, des progrès qui ne permettent plus de prendre an sérieux cette dernière opiniolL Le simple rapprochement des dates aurait suffi, du reste pour préserver notre historien de laffreuse contradiction dans laquelle il tombe, lorsque, imuiédiàtement après avoir dit que le chapitre de lalun a été au moins fondé au J/ siècle, il ajoute e Cette église a élé fondée par les comtes de Blois, qui en ont toujours eu le liir. s Les comtes de Blois napparaissent dans lhistoire q&au milieu du Ix5 siè- cle. Le chapitre de Saint-Laurian nest lui-même mentionné dans

(I) Le Chanoine historien renouvelle les mêmes affirmations dans un passage des ANNALES, que nous croyons devoir transporter ici « Le cul-de-lampe de Saint-Lau- ion, autrement te soncliwfre fut bâti en 1532 le reste du choeur et de la nef est rIo xli siècle, mais la tour, on le clocher, est - très-aneicn et comme on le présume, du vi siècle. Apparemment que la tour u toujours résisté aux injures du temps, tandis nre le corps deIéglise, tombéeri ruines de vétusté, o été rebâti cri diffuS- renis temps et à diverses reprises. £f. Esquisses. pilloresques de lindre, P. 39, etlion ma Slatlsliqrec monumentale du déportement (le lIndre, p. 115. Sur la du petit clocher et la restauration (]il grand, voir aux armées 1738, 1740 1741. les actes quà la fin du x°. Cest assez dire que la fondation de lêta- blisseinent qui nous occupe se place entre ces deux époques. Quant à la reconstruction partielle de léglise, quo le Chanoine his- torien rapporte au xIle siècle, M. nu LA TRAMBLAIS, daprès lexamen du monument et des titres, la fixe aux environs de lan 1005 (1). Enfin la dépouille de saint Laurian na point été transportée, immé- diatement après son martyre, à Vafan, où lon peut douter quil y eût, dès lors, une basilique dédiée à saint Pierre et à saint Pan!. Elle fut primitivement déposée sur le champ même du meurtre, au lieu dit la Chapelle-Sai nt-L aurian :(). Le transfert ne sen est opéré que plus tard, sans doute à lépoque où les comtes de, Blois fondèrent un cha- pitre à Valait, et ouvrirent (à leffet de le recevoir) une église qui sest graduellement transformée en celle que lon voit aujourdhui. LES COMTES DE BLols, FONDATEURS DU CHAPITRE. PnocÊs DE LA FONDA- TION. - e Les comtes de Blois ont toujours eu le titre de fondateurs du chapitre jusquà ce que, leur comté ayant été réuni à la couronne, il a été permis à toutes les églises fondées et dotées par eux de se qualifier de fondation royale. « Cette qualité, prise par le chapitre, a extrêmement choqué les seigneurs de Vatan, lesquels, ayant toujours voulu écraser ceux qui tenoient à conserver leurs droits, privilèges et prérogatives, se sont conduits en cette occasion en téméraires. Devenus marquis en 1650 (3), ils simaginèrent être aussi en pouvoir de devenir fondateurs du cha- pitre de \Tatan , et, par conséquent, patrons et collateurs des béné- fices dépeaidans de cette église. Pour cet effet, ils intentèrent procès au chapitre au sujet de la place quoccupoit M. le grand chantre, dont la dignité avoit été créée en 1646 (4). Ils prétendoient que cette place leur appartenoit, quon auroit dû, lors de la fondation de la chantrcrie, dernandr leur agrément, et que, lorsquils venoient pour assister aux- du cha- pitre, on devoit leur rendre tous les honneurs dus à leur qualité de fondateur. Un arrêt du grand Conseil, en date de 1668, autorisa le chapitre à continuer de se qualifier de fondation royale, lit défense. aux seigneurs de Vatan de prétendre la qualité de fondateurs, main- tint ceux-ci dans les seuls droits honorifiques dus aux seigneurs hauts justiciers, et les condamna à tous les dépens. »

(1) Esquisses pittoresques de lIndre, p. 39. (2) Ibid., P. 38. () Voir, plus haut, art. Seigneurs de Valan. - (4) Voir, plus ba, art. Organisation inUrieure du. chapitre. -r- - Lannée suivante, le marquis de VaLail voulut se soustraire à cat arrêt en requête civile; mais, comme il se servoit dun titre dont on fit eonnoît.re le faux, il fut le -premier ii assoupir cette seconde pro- Sciure, qui ne tendoit quà le perdre et le déshonorer; il alla trou- ver M. Jacques Lefebvre, prêtre, doyen du chapitre, député par icelui pour suivre à Paris laffaire dès son commencement., et il transigea avec lui en 1606. En 1700 et 1704, les seigneurs de Vatan ont essayé, mais ,en vain, de se relever du jugement rendu Ù la gloire et à j a- vantage du chapitre. e Les droits honorifiques à eux dus dans léglise ont été réglés, en 1704, de la manière suivante On ne donne aux seigneurs laspersion quaprès tout le choeur; item, lon encense dabord les autels, les dignités, les officiants, dans les hautes stalles, et dans le choeur; api-ès quoi seulement, lofficiant prend lencensoir, dont il donne trois coups aux seigneurs. u Cest, observe Inalignenlent le Chanoine, de lencensoir et non de lencens quon leu) donne. A ce trait, comme t centautres épars dans le cours du récit, on reconuait la vérité de cette parole du Chanoine, que LE CUAPITRE ET LE CHÂTEAU SONT RouE ET CARTHAGE. e r Cependant Dieu a toujours P otégé le chapitre; et, dans bien des occasions, sa main sest ap- pesantie sur te château ce (lui nous prouve que le Seigneur soutient toujours la cause de linnocent. ORGANISATION INTÉRIEURE DU CHAPITRE. - e Il paroit, par danciennes chartes, que, dans léglise de Saint-Laurian de Vatn, il y a eu au- trefbis des chanoines qui vivoient en communauté. La maison, sise Ù lentrée du cloître à main gauche, servoit de cuisine et de rétèetoiie, Lon a trouvé, en 1.743, un Litre doù il résulte que cette maison fut aflèrmée, en 1112, 30 sols pai an. Le nombre des prébendes a été indéterminé jusquen 14t0 autant quil se préselitoit de sujets, au- tant en admettoit-on dans le chapitre; mais enfin , voyant -que le nombre des prébendes auroit surpassé le revenu de cette église, ou la fixé à vingt-uatre, dont 011 prit quatre pour huit sujets qui doivent sa\-oIr ii musique, et sur lesquels le chapitre a la juridiction correctionnelle, Cest ce qui forme a ujourdhui le bas choeur, e Le chapitre est donc composé de deux di gn ités, de dix chanoines capitulaires, de huit serni-prébendés, dun maître de psallette et dun - précdpteur qui a une prébende annexée à sa place, e DOYENNÉ DE VArAN. - u Le doyeutné est la premièredignifd : il a de gros, le revenu do trois prébendes. M. le doyen est obligé dofficier le jour de Piques, de la translation de saint Laurian, de la Pente- côte, de la fête de saint Laurian, de lAssomption de la sainte Vierge et de Noël. Les jours quil officie, il doit le paNtuin au grand chantre 2 L 18 - aux deux premiers chapiers et à ceux qui ont fait lordre. Cc droit de pastum a été disputé par M. Cyr-Claude de La Chastre, doyen qui succéda à M. Mathieu Jouslin de Clois, en 1733. Laffaire fut jugée par Mir de La Rochefoucauld, pour lors archevêque de Bourges, en présence de deux autres prélats, au déshonneur et atïdésavantage du disputent,. M. le doyen venant à mourir sans résigner, le chapitre nomme à ce bénéfice à la pluralité des voix. Le doyenné est électif et confir- matif de la part du chapitre, droits que le seul chapitre de Vatan a dans le diocèse, puisque les dignités des autres chapitres, quoique électives de la part des capitulaires, sont cependant confirmatives de la part de l\lgr larchevêque (1). » CHANTEtERIE - e La chaufferie est la seconde dignité du chapitre de Vatan. M. André Chapon, prêtre, chanoine de cette église, y fut le premier promu par le chapitre en corps, lequel y a nommé peut- cette fois seulement. En effet, ce bénéfice est à patron laïque, et la nomination en appartient aux descendans de Magdeleine et de Barbe Chapon, comme il est porté dans le titre de fondation. Depuis 1646 jus- quen 170, U y a eu cinq titulaires de la chantrerie , savoir : Andri Chapon, fondateur, Jacques Lefebvre, Pierre Perrinet, Jacques Cher- bonnier, J. B. Le Normand et Louis Trot.ignon. Les patrons de ce bénélicé ne doivent y nommer que des chanoines de la même église. Quoique cette dignité soit dun revenu modique, il y a toujours eu bien des altercations lorsquil sest agi de lobtenir; jen ferai men- tion dans la suite (2), et le peu que nous en dirons fera bien con- noitre que lambition se trouve jusque dans les ecclésiastiques et que les moindres places de léglise sont toujours bien briguées; o

« Le revenu de cette seconde dignité nest $s considérable, et sil nétoit essentiel que ce fût un chanoine qui la possédât, ce ne seroit en ml aln c bague dans le doigt. Tout ce qui dépend consiste dans le logis de la chantrerie, qui est beau, commode, et gracieux (3), dans un plant de trois arpents de vigne et dans dix-huit tuez de-terre.

(I) Voir, à lannée I 733, de quelle • manière et en quelle forme eut lieu linstal- lation du doyen Claude de La Chastre, en remplacement de Mathieu Jouslin de dois. (2)Voir, à lannée 1750, les débats qui torrentlien pour ta possession de la chantre- rie, après le trépas de M. Le Normand. (3) « À la chantrerie, maison ainsi nommée à cause de la dignité pu y était attachée, 011 voit encore le portrait tin fondateur, André Chapon, lut des chanoines, avec la date de 11338, et tiise peinture de la niènie époque représentant une vue de la ville le Vatan, Le bon chanoine avait mis une sorte dorgueil à faire peindre sa maison dune nunèrc un peu flattée. Esquisses »Moresques, t. - - e Pour posséder le doyenné, il faut être docteur en tiiéoloie ou licencié en lois. Pour posséder la chantrerie .,- il nest pas nécessaire de tous ces grades la raison est que la cliantrerie nest quun person- nel et que, pour posséder ces sortes de bénéfices dans es collégiales, il faut seulement que le chantre soit chanoine.

!R]IJIENDFS CAPITÙLA1RF5 ET AUT RES . - e Avec ces deux dignités (celles de doyen et de chantre), il y a, clans léglise Saint-Laurian, ainsi quon la, vu plus lifut, dix chanoines capitulaires. Le doyen nest què primas inter pares, et tout son privilége dans le chapitre consiste à avoir la • prépondérance lorsquil y u six voix dun côté et six voix de ldutiè dans les délibérations. » e Le doyen, à sou entrée en charge, doit une belle chape au cha- pitre z cest pourquoi il touche son revenu dès sa- première année. e MM. les chanoines, au contraire, donnent au chapitre la pre- Inière aimée de leur revenu: cest Ce que lon appelle subir la ri- goureuse; mais aussi, pendant eett année stérile; ils ne sont pas tenus à la résidence; Cet usage existe de temps immémorial (I). » - « Outre les dix capitulaires; il y n, dans léglise Saint-Laurian, deux autres prébendes, dont lune est annexée à la Aa/leu et lautie à la Préceptorale. ))

e te maître de musique, ou de psallette, nest que bailliste; il est - amovible et na point de voix au chapitre. » - — s Le principal du collége u le revenu de la prébende préceptorale; il ifest aussi que bailliste et na pas non plus de voix au chapitre. », SEnt- !RÉRENDES. - s fi existe, dans léglise Saint-Laurian, huit seuil-prébendes : deux presbytérales, deux diaconales et quatre autres (lui nexigent que la tonsure. » e Ces bénélices.sont serfs :leurs possesseurs ne peuvent en dispo- ser ni sabsentei, môme un jour, sans lagrément du chapitre. Parmi les bénéficiaires de cet ordre, il y en un de seini-pré- bendé pour toucher do lorgue. - ENFANTS DE Cifoenu ET orricrEmis DE lÉGLISE. - Le personnel de ]»église est complété par quatre enfants de Choeur (deux poni pote la croix et deux pour donner lencens), un sacristain et deux bedeaux,

- CURES ET VICARIATS A LÀ NOMINATION DU cHApITRE. - Le chapitre

1) M. DE LÀ TRAMBLI5 ]e inelitionne ù k page 39 des Esquisses piltoresques, - 20 - nomme dix-sept vicariats, on bénéfices simples, et à onze cures, lesquels sont tous dans le diocèse de Bourges

Valeur des vieairie Cures Valcûr des bénéfices Vicairies de Saint-Christophe de Vatan 700 liv. de Xaintes ...... 120 I. de Saint-Lainent de Vatan 600 de Saint-Michel ...... 80 de Saint_Florentin4ez-Vatan 500 de Longehamps...... 40 40 de la Chapelle-SaintLaIlrian 400 de La Croix ...... de Rehoursin ...... 500 du Crucifix...... 30 de Menuet ...... 500 de Vaux ...... 25 de Fontenay ...... 500 de Nigeraut ...... 20 de ...... 800 de Saint-Sulpice ..... 15 de BaIième ...... 200 de Bois-Huart ...... 20 de Loreux en Sologne . . . 500 de Sainte-Marie-Magdelcine 60 de Nancay eu Sologne . . . . 1000 dc Brialix ...... 40 de lréverault ...... 6 de Saint-Simple . . -. 3 de Avidan ...... 40 -de Fery ...... I I. 10 s. de Saint-Senon 10 dAizc ...... 30,

Il y a, en outre, dans • léglise de Saint-Laurian, comme dans plusieurs du diocèse, une communauté du vicaires qui u un revenu et une maison particulière.» « MM. de Saint-Laurian sont les seuls patrons et présentateurs des bénéfices qui dépendent de leur église. » Les douze capitulaires nomment chacun leur mois, et, afin que le mois change chaque année, le chapitre en corps a son mois particu- lier. Ils ont ce droit, tant pour les canonicats, bénéfices simples, que pour les cures.» Les semi-prébendes e donnent ux sujets qui en sont dignes, par le chapitre en corps. » - Tus les actes de nominations et prises de possession sinscrivent « et se contrôlent, tant aux bureaux laïques quecclésiastiques; sans qudi, ils sont de nulle valeur. -

Lieu DINHUMATION DES MEMBRES 1113 CHAPITRE. - i De tout tmps, léglise ii été le lieu de la sépulture de MM. les doyen, chantre et chanoine& prébendés de Saint-Laurian. Anciennement MM. les serai- prébendés étoient inhumés dans le cimetière qui joint léglise. Ce cimetière étoit aussi le lieu de la sépulture de MM. les vicaires. Mais, depuis quelques années, on enterre dans léglise indistinctement les chanoines, les demi-chanoines et les vicaires. a 21 - e Les héritiers de ceux qui sont inhumés font carreler, de grands carreaux neufs, la fose à leurs dépens. « Les gagistes, officiers et enfans de choeur sont inhumés dans, le cimetière qui joint léglise. s DESCRIPTION DE LÉGLISE. DANGERS QUELLE A COURUS. - « Léglise na rien de beau dans sa construction; le choeur est propre et très- éclairé. s ici se placent les renseignements sur la date des différentes parties de lédifice, renseignements dont nous avons apprécié plus haut la alcur. e II y a quatre chapelles dans le choeur: la première, sbus linvocation de la sainte Vierge; la deuxième, sous celte de Notre- Dame de Pitié; la troisième, sous linvocation de saint Martin, et la quatrième SOUS celle de saint Blaise. Dans cette dernière, se trouve un tombeau que lon dit être de la famille de Tranchecerf. e Entre le choeur et la nef, existe une tribune assez belle, et, au bout de léglise, un buffet dorgue et un positif (1). Dans la nef, il y a quatre chapelles; celle qui se voit en entrant à main droite est sous linvocation de Notre-Dame de Lorette; lautre, en montant, sous lin- vocation de sainte Marie-Magdeleine. Les deux dernières se trouvent à main gauche : la première en entrant est dédiée à saint Nicolas, lautre à sainte Catherine. Dans cette c]iapqlle, on remarque les tom- beaux de MM. Du Puy, anciens seigneurs de Vatan, et de MM. Aubery, à présent seigneurs de cette même ville. Celte chapelle est grande; le charnier en a été renouvelé depuis quelques années (2). Il y a dans. la tour, ou gros clocher, six cloches: trois grosses et trois petites. La plus grosse se nomme Saint-Pierre, la deuxième Saint-.Laurian, la troisième Saint-Clair, la quatrième Saint-Valentin, la cinquième Saint- Nicolas et la sixième Saint-Jean (3). s e Léglise de Saint-Laurian a été exposée deux fois aux incursions et aux insultes des calvinistes. En lan 40, ils y entrèrent; mais, comme les chanoines vivoient bien avec Pierre Du Puy, pour lors sei- gneur de Vatan, ils eurent la précaution de faire porter au château tout ce quils avoient de précieux. Pierre Du Puy en donna une recon- noissance, qui est encore dans le trésor... En lan 1503, les cal- vinistes revinrent à Vatan; ils pillèrent léglise de Saint-Laurian. Le corps de ce glorieux martyr étoit conservé dans une belle châsse

(1) Sur la réparation du buffet dorgue et sur la provenance do positif, voir la deuxième partie, année 1747. - Cf. dans la pre,niêre partie, au sujet de M. Pierre Perrinet, donateur du positif, larticle Ddvotion, à aaiW Clair. (2) Voir deuxième partie, année 1747. (3) Voir, à lannée 1731, le détail de la re)IIte iies trois grosses dociles, ainsi que l;nir poids et leurs inscriptiohs. - -22- daigeii t; ils prirent la chAsse et firent brûler le corps dans la cuisine lii château. Des domestiques catholiques ramassèrent quelques ossemens qui éloient échappés aux flarnmcs. Ces ossemens fuient remis, avec les cendres, à M. Barathon de Fonteneaux, qui les conserva précieuse- ment pour les remettre ensuite entre les mains des chanoines, (lui depuis ce temps, les gardent dans une châsse. Le plus apparent de cos ossernens a été mis dans un bras dargent (t). n

RELIQUES QUI SONT DANS L ÉGLISE DE SAINT-LAURIAN DE VArAN. Indépendamment de cette châsse et de ce bras de saint Laurian, il existe, dans léglise capitulaire, une autre châsse où sont des reliques de saint Clair et de saint Simple, et un autre bras dargent où est un ossement de saint Valentin, martyr. On y voit aussi une croix très-propre renfermantt du bois de la croix de Notre-Seigneur, plus un petit reliquaire soutenu par deux anges ( le tout dargent. e Ces reliques, hors les deux châsses, sont exposées sur le grand autel les jours de Pâques, de la Translation de saint Laurian, de lAscension de la Pentecôte, de Saint-Laurian, de lAssomption et de Noël, n « Depuis quelques années, on a déposé dans léglise de Saint- Laurian deux petits reliquaires sortis de la fameuse abbaye (le Saint- Cyran, située dans la i3reiinc. Lé premier est digent ; il est très- propre et renferme un ossement de la mfiehoire du Précurseur de Jésus-Christ (saint Jean-Baptiste). Ce reliquaire fut donné à saint Cyran par le roi Dagobert. Lautre est de cuivre rouge; ou nous dit quil. renfermoit des reliques de saint André, apôtre. ExpositioN DES RELIQUES 13E SAINT I4AURIAN. Paocassios xrnon- DINAuE5. - Les deux châsses ne sont exposées â la vénération (les Iidùlès que dans des cas urgents, et elles ne sont portées procession- iiellemcnt hors de léglise que dans des temps de calamité; il est rare (lue lon ait invoqué saint Laurian sans avoir été exaucé (2). Ancien- - aiement, lorsquil sagissoit de faire trie procession générale, les principaux présentoient au chapitre une requête signée deux. Lu requête répondue, on prenoit jour pour cette cérémonie, à laquelle on invitoit quelquefois plus de soixante paroisses. A présent le cérd-

(I) CI. gsquisses pittoresquci de lindre, par M; 0E LA I"RAIiiLAIS , P. 38-39. Sta- tislique monumentale du département de tindre, p. 117-118, et Tableau des ciels- 5 ilttdes des instjtulions monastiques dons le bas llerry, par M. A. DESPLANQUE, P. i& du tirage à part.

(2) Voir, aux Annales, la relation ries processions extraordinaires qui ont eu lieu en 1731, 1732, 1 -M, 1741), 1741, 1742, 1746, 1749, 17bO. — 23 •monial a changé ; il faut demander la permission à M ie, larchevêque ou, à son défaut, à Min. les grands vicaires, pour sortir ou plutôt porter proccssionnellement les châsses, ce qui est très-souvent refusé, et rarement accordé (I). »

PROCESSIONS ORDINAIRES. - En dehors des processions générales ou extraordinaires dont il vient dêtre parlé, il y en a dannuelles ou ordinaires, telles que la procession des Rameaux; la procession de Saint-Marc, la procession du Relèvement ou Translation de saint Lau- Flan (on y porte le bras de ce saint) ; la procession de linvention de la vraie croix (on y porte le fragment de larbre du Calvaire que possèdent les chanoines); la procession du lundi des Bogations et celle du jeudi de lAscension (à cette dernière, on porte la vraie croix, le bras de saint Laurian et le bras de saint Valentin); la procession de la Fête-Dieu (les chanoines se rendent avec le très-saint sacrement à léglise des Récollets); la procession du jour de Saint-Laurian (on porte autour de la cité le bras de saint Laurian); la procession de lAssomption (on fait, ce jour, la procession du Roi et on va, après, aux Récollets); la procession du jour de Saint-Roch (ce jour on va à Saint-Christophe et on chante, devant lautel de saint Roch, une, grandmesse, après quoi on fait le tour de là cité); la procesion du jour de Saint-Valentin (on porte procession nellement autour de la cité le bras de ce saint); la procession du jour de la Nativité de la très- sainte Vierge (cc jour on va processionnellement aux Récollets, en accomplissement dun voeu de la ville fait à loccasion de la peste de 1638); la procession de lExaltation de la sainte croix (elle a lieu autour de la cité avec la vraie croix). - c A toutes ces processions le curé de Saint-Christophe est obligé de sy trouver, celles des Rogations seules exceptées. Le curé de Saint- Laurent est obligé de se trouver aux processions de la fête de la Trans- lation de saint Laurian, de la Fête-Dieu, de lAssomption, de la Nati- vité de la sainte Vierge » - e Les Récollôts sont tenus dassister aux processions de la fête de la Translation de saint Laurian, de la Fête-Dieu, de lAssomption, de la Nativité de la sainte Vierge. »

DÉVOTION A SAINT CLAIR. — eA côté du choeur, du côté du doyenné, il y n une grande chapelle sous linvocation de saint Clair, au bout de laquelle se renconLre une espèce de caveau sous le chapitre. l)an ce caveau existent une fontaine et une figure de saint Clair. »

(I) Cf. de uxii,ne partie, années 1742, 1749. - 24 —

Le peuple, qui, ainsi quil a été dit plus haut, y vient en dé, lotion le quatrième dimanche après Pâques, fait ses prières dans la éllapelle en entrant, et descend ensuite dans le caveau; chacun, se lave les euxïle leau (le la fontaine, et fait aussi ses prières à la ligure 4e saint Clair; après quoi, on lin ôte la tête de dessus les épaules pour la baiser. Cette dévotion, quoique bizarre, produit au moins 40 écus chaque année à Messieurs du chapitre, et quelquefois plus dans des années meilleures (4). n - « Il vient, à cette dévotion de saint Clair, des personnes de 10lieue9 environ; quelquerois le concours du peuple est si grand, quon ne e connaît pas dans léglise. Ce nest pas dans ce jour que loffice se Jait le mieux ni avec plus de recueillement. n - - u La grande chapelle de saint Clair a été construite, telle quon la voit aujourdhui, aux dépens de M. Pierre Perrinet , grand chantres Le positiF de lorgue est aussi LIn de ses hienlaits. » Fw DE LA PREMIÈRE PARTIE. - La première partie du travail que nous analysons se termine par un double Abrqé de la vie de saint Laurian, patron de Vatan, et (le la Vie de saint Ursin, apôtre du diocèe de Bourges. Nous nentreprendrons point de résumer ces deux espèces de panégyriques, rendus inutiles, poux la masse de nos lec- teurs, par les études, aussi solides quattrayantes, (lue M. Jusr VEn.LAr ii consacrées à ces deux saints, dans son ouvrage intitulé Pjeiseg ?légendes du Iterry (2).

DEUXIÈME PARTi E.

Année lirzl à. - e Grandes pluies, inondations considérables Vatan, consignées sùr les registres baptistaires et mortuaires de la paroisse de Saint-Christophe. o (Al. DE LA TBAMBLAI5 en a donné la relation dans ses Esquisses pittoresques de lIndre) ( 3). e Expositioafdu

(1) Depuis, la fontaine a été ouverte dans ]église, à côl.é de la porte principale; la dévotion continue, et on sy rend le plus de 10 lieues, surtout des environs de Romorantin. Les os de saint Clair , auxquels Catiierinot attribue une grandeur dé- mesurée, étaient déposés sous le choeur, ainsi que les cendres de saint Laurian et les reliques de plusieurs autres saints. (Da LA IEAMI,eAIs, Esj plu. de lIi,dre, P. 41.) 2) P. 5-13, 113-123. (3) P. 47. « Le 30 aoô t, à la suite clos pI nies continuelles qui n vaicu t pourri les LécOites des praities, plusieurs orages toi,séctitifi fondirdnt sur Yatau Les eaux en t,aiujrent les lbins vers la seule issue que leur offrait la grille des jardins du châ- teau et-qui fut bientôt bouchée; et, sélevant en quelques instants à plus de dix- pieds, elles souvrirent une large voie dans la muraille, renversèrent tout ce qui — M E;aÉtlt sacrement h loccasion de ces calamités,—Grandetherté du pain, qui valut jusquà douze sous la livre en Normandie; révoltes à ce sujet, surtout à Can (1). - Vendanges faites à la Toussaint: elles nont produit que de mauvais vin. » « M. Nicolas de Poix (2) succède à la prébende de M. Pierre De- lorme, prêtre et chanoine, décédé sur la fin de la semaine de la Passion, fort r.?g.retté de tous les gens de probité. Cétoit (M. Pierre Delorme) un prêtre exemplaire; il avoit été curé de Villedieu-sur- Indre. II vint être chanoine à Valait au lieu et place de feu Nicolas Delorme. - e Procès entre le chapitre de Vatan et Mme la marquise de ce noms pour raison dun banc que cette dame avoit fait placer dans le choeur de Saint-Christophe. Le chapitre perdit ce procès; il lui en coûta sept à huit cents livres de frais. M. Jouslin, pour lors doyen, avoit été député par son corps pour aller à Paris poursuivre dette affaire. Il revint accablé de fatigues dont il ne sest jamais rétabli. n e Louis XV, âgé de quinze ans sept mois, épouse, à Fontaine- bleau, la princesse de Poogne, âgée de vingt-deux ans. e Imposition de vingt sous par pièce de vin , en sus de seize sous quatorze deniers, ancien droit dinventaire qualifié de droit dîiôpi taux, parce que largent en provenant était primitivement destiné à réparer les hôpitaux des grandes villes. On ne souffroit plus aucun pauvre mendier publiquement tous ceux qui étaient surpris, étoient traînés impitoyablement dans les hôpitaux. Rien ne paraissoit mieux établi; mais, au bout de quelque temps, le roi s est approprié ce droit, lequel se percevra, à ce que je pense, jusquà la fin, étant compris dans la ferme des aides. Année IflO. - e Les vendanges ont commencé le 13 sep- tembre, ce pn est rare. Elles ont produit un vin exquis. » Maladie du roi; réjouissances pour sa convalescence; feu de joie à Bourges. sopposait à leur passage et se répandirent dans la ville plus de trente pas au-delà de lancienne halle. n - - - til Il y eut pareillement des troubles à Rouen , à Lisieux, et, à Paris, dans le faubourg Saint-Antoine. a Saint-Simon accuse le due de Bourbon davoir créé la disette par de criminelles spéculations si? les grains. Cette imputation ne parait pas fondée: lÉtat lit, pour nourrir Paris, des sacrifices qui sélevèrent de dix à onze millions; niais il y eut beaucoup dimpéritie et probablement de malversations su- lialternes , car ces sacrifices nempêchèrent pas les Parisiens de payer le pain au prix exorbitant de neuf sous la livre. (1F. MARTIN, 11m. de Franc», t XV, P. 1%4. Cf. ).ésioxTxy , histoire de la Régence, t. Il, p. 218. 5) Voir son éloyr à la:snéc 1731. 20 • PHÉNOMÈNE ÉPOUVANTABLE. - tc Environ le 15 octobre de cette an- née, commença à parottre un phénomène qui, augmentant de joui en jour, jeta bien des personnes dans lépouvante et Jans la conster- nation. Ce phénomène se montroit au Couchant depuis une partie du Sud-Ouest jusquà la partie du Nord-Ouest; il paraissoit un . grand nuage noir . et fort épais; de ce nuage, il . sortait des tourbillons de flammes, qui montoient jusquau milieu du firmament. Les pre- miers jours, cela ne fut pas considérable; mais, la nuit du 18 au 49, les tourbillons de feu, qui sortaient de dessous ce image, faisoient tant dimpression quà minuit on aurait facilement reconnu une épingle dans la rue. Tout le monde se leva; on examinait les diffé- rentes exhalaisons. On crut que cdtoil Ut un signe de la fin du monde; mais au bout de quelques heures, le feu diminua tant soit peu et lin t tout à fait. Dans plusieurs villes du Berry, non-seulement on sonna les cloches dans toutes les églises, mais même on exposa le très-saint sacrement. On û entendu parler sur le nième ton (le tous les endroits du royaume. Il ny eut quà Vatan où lon fut le moins effrayé.

297.—SACBJi.ÉGE CONMIS DANS LA cHAPELLE DAsNIÈREs. - Asnières est nu village éloigné de trois quarts de lieud de Bourges, dans un terrain charmant on y compte trois mille habitants au moins, dont deux mille sont calvinistes (4), lesquels ont été soupçonnés de lattentat (vol des vases sacrés) commis dans la chapelle. Pour réparer les injures faites à Jésus-Christ dans le très-saint sacrement, dont les saintes hosties avaient été jetées par terre, Messieurs du séminaire de Bourges firent une processioù à Asnières, où la messe fut célébrée solennellement par M. de Monville (2), supérieur de ce séminaire, grand vicaire de Mgr le cardinal de Gesvres, pour lors archevêque de Bourges. Il sy trouva plus de huit mille personnes. « Sur la lin de lannée 1727, mort de M. Jacques Cherbonnier, prêtre et grand chantre de léglise (le Saint-Laurian. il fut remplacé par M. Le Normand, lors chanoine à la résidence de la cathédrale de Bourges, bon prédicateur (3). »

Aiinc I S 25. - e Au commencement de la sainte Quarantaine, arrivèrent à Vatan , pour faire la mission, les prêtres de Saint-Lazare,

(1) Circonstance qui sexplique par les nombreuses prédications que Calvin avait faites autrefois aux environs de Bourges. (2) Le même qui introduisit tes s p irs tic la Charité dans lHôtel-Dieu de Vatan. (3) Voir aux urinées 1738, 1730, le détail de ses missions et son éloge. -- .; — (tablis à Bourges depuis quelques années (f)... ils étoient au nombre de quatre. s Leur station se termina par une procession générale et par la plantation dune croix de mission. Année 2 t 28. — cc Cette année a commencé par un froid des l)us rudes. Naissance de Mn le Dauphin le 4 septembre. - Mort tIc M. Claude Chapon, cidevant curé de Saint-Laurent de Valait pen- dant plus de s;ingt ans. M. Dumonstier, semi-prébendé, natif de Vatan, lui a succédé; il obtint cc bénéfice en vertu de ses grades; M. Chapon avoit eu ce canonicat par permutation de M. Bourget de Boissoudy, qui, de chanoine, devint titulaire des vicairies de Vaux et de Longchamps, en 1723. Ce M. Bourget de Boissoudy mourut dans le mois doctobre 1729. Il est un des principaux bienfaiteurs de léglise outre lannexe quil a faite de 10 livres de rente à sa pré- bende, il légua encore au chapitre, par son testament, 32 arpens (te bois. Cest un homme qui a beaucoup travaillé pour les intérêts de son église son canonicat a duré près de cinquante ans; il nétoit que diacre, et il est resté dans cet ordre jusquà la fin de sa carrière. » Année 1330. - Mort de M. Auguste Corset, docteur en théo- logie, curé de Saint-Laurent; M. Duval, pour lors curé de , lui succéda. « M. Corset étoit un excellent prêtre. s Mort de M. Mar- tineau, prêtre, curé de Liniers; , il fut remplacé par M. Allais, natif de Vatan.. Année £131. — « Lhiver de cette année na commencé que le 2 février; il a été très-long et très-rude; les neiges ont resté six semaines sur la terre, et aux froids a succédé tiiae sécheresse des plus opiniâtres. On a imploré, cette année, lintercession de saint Laurian, pour obtenir un temps plus favorable. Il se fit à cet effet une procession générale le 20 avril, à laquelle prirent part plus de soixante paroisses des environs. Celle dlssoudun, entre autres, ainsi que les cavaliers de la même ville, y assistèrent. Le lèndemain les prières fuient exaucées, et il tomba une pidie si abondante quelle remit en entier même les bleds, qui étoient pour ainsi dire désespérés.» « Le 3 mai, jour de fAscension, gT Frédéric-Jérôme de Roye de La Rochefoucauld, archevêque de Bourges (depuis le 13 décembre 1727), vint à Vatan donner la confirmation dans léglise de Saint- Laurian. » Sa réception par la ville et le chapitre marque dans cette année, féconde en événements.» -

(l) M de Gesvres les avaiL fait venir dans sa cité épiscopale en 1741, il les mil, en possession de labbaye de Foatgornhaud, qui se survivait â elle-même depuis le décès de dom Andrieu. PnIuÈaE RÉCEPTION DE ilgr DE LÀ ROCHEFOIJCÀULD À YÀTAÇ.— g Le veille de lAscension, Messieurs du chapitre députèrent deux cha- noines pour aller à , au-devant de Sa Grandeur, et la saluer de la part de la Compagnie. » « Le 3 mai, il partit de la ville cinquante hommes, montés lestement et habillés de même, qui allèrent au-devant de Sa Grandeur jusquà Paray, village au-delà de Liniers. En abordant le carrosse, le capi- taine de la bande, M. de La Cousinerie, complimenta le prélat dune manière peu commune. Le 3, sur les neuf heures, tout l e chapitre en surplis partit d léglise pour aller recevoir Monseigneur à la porté de la ville: M. Le Normand, chantre, pour lors président de la Compagnie à cause de linfirmité de M. .!ouslin, doyen, étoit en chape, son bâton à la main. Le dais étoit venu avec la croix blanche. On étendit, devant, un tapis, sur hqtmel on mit un carreau de velours. »

ffgr larchevêque arriva par les Récollets, à la porte desquels Mme la marquise de Vatan lattendoit pour le saluer. Il descendit de Carrosse, et, après es honnêtetés de part et dautre, il remonta et arriva à la porte de la Croix-Blanche. Il entra dans la salle de lhôtel- I Nie , où il prit son rochet, son camail et son bonnet carré; ensuite, il vint se placer sous le dais et se mit à genoux sur 1c carreau de velours. M. le chantre lui présenta la petite croix dargent à baiser.» Après la messe, Messieurs du chapitre engagèrent Sa Grandeur et ses officiers à venir se rafraîchir chez un chanoine le plus voisin (M. .Laurcucc, un du corps, demeuroit pour lors à la porte de léglise). Messieurs avoient préparé uu déjeuner composé dun jambon de Mayence, doeufs frais, de gâteaux et dun bouillon pour Sa Grandeur, (lui ne e prit pas et mangea seulement du jambon Messieurs eurent lhonneur de manger avec lui sans être assis, non plus que lui. » « Larchevêque procéda ensuite Ù la confirmation, quil donna dans le choeur, dans la nef et autour de léglise en dehors; la céré- monie faite, tout le chapitre le conduisit au château, où Mm0 de Vatan lattcndoit à étirer et où il logea. Le lendemain, il confirma encore; mais il ne voulut point quon fût le chercher au château ni quon le conduisit, disant que la première conduite (celle de la veille) suflisoit. Il fit lhonneur à M. le doyen et au chantre, ainsi quà M. Delorme, curé de Saint-Christophe, (je leur rendre visite.

Enfin, il partit le 5, à sept heures du matin, pour aller à Graçay, et Messieurs du chapitre députèrent deux autres chanoines pour ly conduire, aver la cavalerie bourgeoise. p -244— FONTE DES TROIS GROSSES CLOCHES DU CHAPITRE. - « Aux mois de juin et juillet de la même année, Messieurs du chapitre tirent fondre les trois grosses cloches dont il a été parlé à larticle Description de léglise. Depuis un an, leur grosse cloche, nommée Saint-Pierre, (laquelle comptoit deux cent quarante-deux ans dexistence), étoit cassée. » e Les trois cloches en question furent heureusement fondues le 3juillet, veille de Saint-Lanrian. Les cloches de Saint-Pierre et le Saint..Laurian furent fondues ensemble à trois heures, celle de Saint- Clair à cinq heures et demie. La dépense totale qua entraînée cette fonte (en y joignant la réparation faite à lhorloge), a coûté 1100 li- vres, o INSCRIPTIONS ET POIDS DES GROSSES CLOCHES. - La cloche de Saint- Pierre pèse 2,830 livres, et telle est son inscription

SÂNCTE PETRI, ORA PRO ROSIS. - MITrE PROCUL 50115 HOSTILES, PETRE, PRDCELLAS (i) La cloche de Saint-Laurian pèse 4,870 livres, et telle est son ins- cription

SANCTE LAURIÂSF,, 0ES PRO ROSIS. - NOSTIIAS, AIME PATER, SEGETES A CRANTIINE SERrA,

La cloche de Saint-Clair pèse 1,400 livres. Inscription

SANCTE CLAME, OR, PlIA 1001115. - AIICE, CLAME POnNS IGNITOII, FULMINES ICTUS. RÉCEPTION AVATAN DE PLUSIEURS MEMBRES DE LA FAMILLE SEIGNEURIALE. e Le 4juillet, arriva dans cette ville M. le marquis de Vatan (2) avec son épouse. Les habitans allèrent au devant-deux, parce que cette dame faisoit sa première entrée il y eut, à cet effet,, une compagnie de cavalerie bourgeoise qui se transporta à deux lieues, et une compagnie de milice bourgeoise aussi, qui alla à leur rencontre jusquà Reboursin, tambours battans, mèche allumée. La marquise descendit sous le dais, où M. Duval, curé de Saint-Laurent, se trouva croix et bannières levées. Après lavoir complimentée, il la conduisit à léglise. Là elle reçut de leau bénite, qui lui fut présentée par le curé. I) - « Le lendemain, Messieurs du chapitre vinrent en corps -saluer le

(1) Vers consigné par M. Dz LA TRAMIILA lb dans les Esq. pull. de lIndre, p. 41, () Ce doit être Félix Aubery, dont il n déjà été question clans la première par- tie de ce travail (art. Seigneurs de Vatan) , et sur lequel nous aurons occasion de revenir aux années 1735, 36 et 43. Lépouse qui laccompagnait était, sans doute, sa seconde femme. (Voir notes de la page 9.-) M

D n

-30- seigneur et la dame. » Au lieu dentrer dans la salle du chûteau pour attendre les époux, qui, en ce moment, assistoient à la messe dans léglise de Saint-Laurent, ils commirent la hutte, que le Chanoine leur reproche comme un coupable excès de zèle, daller se poster à la. porte de ladite église, et de saisir le moment où le marquis et la marquise en sortoient pour leur présenter leurs devoirs. n Durant son séjour à Vatan, le marquis reçut diner les chanoines trois par trois. e Il vint une fois au chapitre, à vêpres, avec madame son épouse et 8011 fils aîné. n lei se produisit,à légard des maîtres du château, un nouvel acte, dobséquiosité dont notre auteur sindigne M. le chantre fit ce quil ne devoil point faire il les -reçut à la porte du choeur. Comme M. le marquis aimait beaucoup la musique, S quil ai-oit témoigné avoir envie dentendre la nôtre, après Forai- son de Magnificat, on chanta un motet, qui tint lieu de station, quoique ce fût le dimanche,» « Â la fin de juillet, M. le président de Vaudreuil, président mortier, fils de M. Portail (4), premier président du Parlement de Paris et petit-fils de 111 m0 la marquise de Vatan, douairière, arriva à Vatan, pour aller joindre Poitiers Mme de Cauaman, sa soeur. Il sé- journa ici trois jours; le lendemain de son arrivée, Messieurs du chapitre députèrent deux dentre eux pour laller saluer de la part de la Compagnie ce quil reçut avec mille politesses et bien des marques de reconnaissance. »

Année I flt. - RÉFORME DE LA LITURGIE DU DIOCÈSE DE BOURGES. DÉBATS AUXQUELS ELLE DONNE LIEU. - Les événements dont le Cha- noine entretient ses lecteurs, pour lannée 1732, ont été relatés, à des points de vue différents, par M. DE RAYNAL dans le tome IV de son IHs-toire du Berry (2) , et par M. LABBÉ RIcIIAUDEAU dans ses Obser- valions sur le re?nanie-?nent qua subi, au xvu te siècle, le bréviaire du diotése de ilourges (3). M. GRILLON DES CHAPELLES, dans ses Esqu&-ses biographiques du département de lIndrd (4), et M. JusT TEILLAT, dans ses Pieuses légendes du Berry (5), ont égalenient dit un mot de cet incident liturgique, que nous allons laisser à notre chroniqueur le soin de raconter à sa manière,

(1) Voir, à lannée 1743, le rôle de celui-ci dans Iallaire des litres; (2) P 443447. (3) ces Obscrvaiio,is datent de 1849, et sont conséquemment postérieures de cieux zinnées à la publication du quatrième volume de M. DE RAYNAL, (4) T. t, p. 64-71. t) Noie, ci pièccsjusiificn/iics, P. 17. 34 - « Au commencement de Vannée 432, le chapitre apprit que M. labbé Roger, doyen de la cathédrale de Bourges, homme dune grande éru- dition et dune sévère critique (4), étoit chargé, de la part de notre archevêque Mar de La Rochefoucauld, de revoir et de réformer les légendes du bréviaire, pour les rendre plus exactes et plus correctes, et que lddit sieur doyen , ne trouvant rien de sûr ni dauthentique sur notre saint Laurian , étoit dans le dessein den supprimer loffice et la légende, et de le réduire en simple mémoire au 4 juillet.» Sur cela, le chapitre lit ses efforts pour conserver à son patron la place et la dignité quil tenait dans lancien bréviaire, qui en ihi- soit double mineur dans tout le diocèse. n M.M. de Saint-Lau,ian exhi- bèrent et produisirent, à cet effet, e les légendes du bréviaire de Saint-Martin de fouis et de Saint-Gatien dudit Tours; des morceaux de (Histoire ecclésiastique de M. Godeau, évêque de Vence, et de lHistoire de larianisme du père Maimbourg; ce que les bollandistes disent (le saint Laurian au 4 juillet; ce quen pense Arthur Dumou- tier (2), qui a beaucoup écrit sur ledit saint; les vitres et tapisseries du choeur de léglise capitulaire, où lhistoire de saint Laurian est détaillée (3). » Mais e tous ces monumens furent de mauvais aloi et marchandise de contrebande, pour M. Boger, doyen. » e Enfin le chapitre se détermina à écrire à M 91 larchevêque de Séville, en Espagne, afin de tirer de lui quelques authenticités qui pussent appuyer le degré de culte de son saint patron. Larchevêque de Séville fit réponse par une longue lettre. Cette- lettre ne lit encore aucune impression sur lesprit de M. Roger, ni sur celui de lar- chevêque de Bourges. » Suivent la lettre latine du chapitre de Vatnn à larckevd que de Sé- ville, et la réponse du méme prélat auxdits chanoines, traduite en

(1) Le principal auteur de la liturgie de Bourges, dit M. labbé HICHAUDEAC, est le docteur Louis Roger, doyen lu chapitre de la métropole; lors de In bulle Unigenitus, il fui du nombre des appelants au futur concile... Éloigné de Bourges par M. do Gesvres, il fut rappelé par M. de La Rochefoucauld, qui avait en liii grande confiance,.. Le docteur Roger est donc suspect de jansénisme... » Cf. na IIAYNÀL L. IV, p. 439-440. (2) Le même gardien (supérieur) des premiers Récollets de Vota»,, que nous 3VOfl5 Vu enlevé nuitamment de son couvent par les anciens Cordeliers du lieu. (3) Il a déjà été fait mention de cette tapisserie à larticle Antiquité de léglise. Tous les détails de la légende de saint Laurian étaient aussi reproduits sur les vitraux qui furent posés deux ans après. La date de 1539 sy voit en plusieurs en- droits. Il est bien à regretter que ces vitraux soient en grande partie détruits. A en juger par ce qui reste, ils étaient fort beaux, et lun des compartiments, où est tiguré le jeune Lauriao conduit à Milan par son oncle, est plen de grâce et le frai- clieur. DE LA TRAMBLAIS, Esq. pUt., p. 39. - 32 français. M. VEILLÂT a publié intégralement la seconde de ces pièces dans sa Noie sur la Idgeade de saint Laurian (fl. Le bon évêque, ajoute lauteur des Pieuses 1gendes en se guidant sur le texte de notre manuscrit, joignit à cette lettre loffice de saint Caurian, tel quon le fait dans léglise cathédrale de Séville. Un an après la réception de cette lettre, deux chanoines de Sésille, venant de Paris, passèrent par Vatan. Le chapitre de cette, dernière ville, averti quils étaient descendus à lauberge des Trois-Rois, sy rendit pour les saluer, et les pria, après un long entretien qui eut lien en latin, de se charger dune lettre de remercîments et de recon- naissance pour leur archevêque (2).» Le. Chanoine termine lexposé dés laits de cette année par le récit dune « procession générale des reliques de saint Laurian, laquelle eut lieu le 14 juillet, au sujet des pluies continuelles et excessives, (lui durèrent pendant deux mois et qui désolaient les biens de Valait. Sitôt que le voeu de la procession fut fait (et il le fut le 7 du même mois), le temps se mit tout dun coup au beau et ne cessa pas de continuer. » Année 1333. - € Pendant le carême de cette année, il cou- Ait dans tout le royaume une maladie dont personne ne fut exempt. Cette maladie étoit ni) rhume, accompagné de quelques accès de fièvre assez violente on eu étoit quitte pour cinq ou six jours de maladie; on tonssoit beaucoup, on ne saignoit personne; et même à Paris, où On voulut user de saignée, cd moyen devenoit mortel on appela cette maladie lallure. Sur la fin du carême, ilsr Claude de La Chastre, natif dlssou- dun, pourvu dune résignation en cour de Rome, qui lui aoit été faite pat M. Mathieu Jouslin, prêtre, titulaire du doyenné de Vatan se présenta au chapitre pour prendre possession dudit doyenné. Le chapitre assemblé examina ses provisions; mais soit quil y manquât quelque forme, soit que le sujet ne fût pas agréable, on ne jugea pis à propos de le recevoir. Sur ce refus, leposiulant prit possession â ta vue du clocher; quelques •jours après, la prise de possession se fit en règle. M. le chantre étoit allé en station , et M. Laurence, se trouvant président pour lors, fit linstallation dur doyen cii suivant le cérémonial ordinaire. » Avant de linstaller, il lui adressa une harangue où il lui cita, à titre dexemple, « le zèle pour la con

(Il Notes e• pièces justi/lcativcs, p. 17-21. (2) Ibid., p. 21. - o) - .scrvaiion des droits de léglise de Vatan, de feu M. Lefèbvre, doyen (lu chapitre, qui y sacrifia soit sa santé et sa vie (I). » .jine Ill 3$ • - e Cette année a été une des plus lavorables dit siècle 011 a cueilli de tout eu abondance et dune excellente qUa- lité.» MORT ET ENTERREMENT DE M" LÀ MARQUISE DE VATAr. - n Dans la nuit dù 21 au 22janvier 1734, mourut dune mort imprévue Magde- leine-Louise de Bailleul, veuve en secondes noces de M. Jean Auberv, marquis de Vatan. Le 22, à lissue des matines, vinrent lintendant ou receveur de ladite darne, et le procureur fiscal, qui demandèrent à Messieurs la sonnerie ce qui leur fut accordé. Le même jour,. après vêpres, ledit intendant vint requérir de Messieurs que le corps du chapitre se transportât au château pour jeter de leau bénite sur le corps de ladite dame et chanter le De profundis ce qui lut Pareillement accordé et exécuté. « Le 23, ledit intendant vint, après vêpres, requérir encore de Messieurs quiis voulussent bien faire les funérailles et inhumer ladite daine ce qui fut accordé, et la cérémonie se fit de la sorte Le 24, ou avança vêpres dune heure, à lissue desquelles le chapitre

fut procsssiounelierent à léglise de Saint-Laurent, oh le corps étoit déposé. M. le curé de Saint-Laurent, .pour lors M. Duval, se présenta à lofficiant du chapitre. .Les complirnens de pàrt et daune étant finis, on se oiiit en marche pour transporter le corps de la défunte à Saint-l1aurian. Durant le cours de la procession, on chanta deux Lois le 50 psaume. Plusieurs curés circonvoisins, qui avoient été invités par lintcudantdu château, grossirent le nombre du clergé. Lorsquon lut de retour dans le choeur (le Saiitt-Laur.ian, on chanta un nocturne des maines des morts, 011 entra le cadavre dans le choeur, et, après avoir tait le reste, des cérémonies, on porta le corps de ladite défunte dans le tombeau des seigneurs. o « Le lumiioaire fut ainsi partagé M. te curé (le Saint-Laurent eut tous les cierges de so it et ceux de soit le chapitre eut tous les cierges exposés au grand autel, aux anges, autour du corps et sur tous les autels du chapitre, avec ceux de soit aussi. Péur ce qui est des quatre Ilambeaux de cire bleuâtre flue portoierit dit quatre gentilshommes tenant les cordons mortuaire, (lis

(I) Il eut, comme on la va la première partie, le niéri Le un terminer, iii jouG, fi lavantage dit chapitre, le procès 4e la Fondation. - II SOii(CiiVit aussi une transaction • en 1068 .70, air stij.:L du droit de t)trc. Voir, dans. li dcuaihro partie, larmée 1743, et, dans la première, larticle Seigneurs de lotan. —o.n — quatre flambeaux de clic jaune. que portoient quatre domestiques et de fous les cierges des officiers de justice et autres séculiers, le tout fut partagé entre M. le curé de Saint-Laurent et le chapitre. n - Le 24; à huit heures du soir, on sonna les coups et-les volées ordinaires des grosses cloches, pour annoncer le service du lendemain, qui -se- fit musicalement et solennellement à dix heures du matin. Les cierges Lurent renouvelés, lintendant du château en envoya trois douzaines. Lhonoraire du convoi et enterrement fit de 40 livres; celui du De profundis, chanté le jour du décès au château, et du service solennel le lendemain des funérailles, fut aussi de 40 livres, laquelle somme fut payée au chapitre par le receveur du château et cela par lordre de M. le chevalier de Vatan, qui y vint pour faire linventaire de la succession. n

II Il Lut donné, à loffrande, un cierge de demi-livre et un demi- louis. - « Sur le tombeau de la marquise, on plaça lépitaphe suivante:

PINS CE TEMPLE F.tEIEUX, VOICI LHUMBLE CERCUEIL, OU REPOSE A PRÉSENT MAGUELEINE DE BAILLEUr,. PENDANT QUATRE-VINGTS ANS QE;F, FIT LA BONNE DAME?

BEAUCOUP DE BIEN - CHRÉTIENS PRISE DIEU POUR SON AUE-

La dame dont nous parlons faisoit beaucoup de bien Ù Vatan. Sa chai-lié séteiidoit sur beaucoup de gens; elle distribuoit du pain à plusieurs familles dans le cours de lannée. Pendant lhiver, chaque semaine, elle donuoit aux pauvres trois voitures de bois. Tous les malades étoient par elle largement soulagés. Elle secouroit les veuvts et vêtissoit les nus. » Le ton de cet éloge, si cii rapport avec le style de Fépitaphe, contraste singulièrement avec ce que le .Chaudine a dit de Magdeleine de Bailleul, dans la première partie de ses Mémoires. Mais voici qui concilie, dans une mesure satisfaisante, la louange et le blâme. « Elle (la marquise) auroit fait des biens infinis, si elle neût- été continuellement obsédée par des personnes qui nétoient capables que de lui inspirer de mauvais sentrinelis : cc qui la porta susci- ter plusieurs procès injustes au chapitre et à divers particuliers. n L» Chroniqueur se réserve, du reste,- de revenir une deriiùre fois sur ces affaires, à propos des événements de 173, année où, nous dit-il U tous les troubles furent calmés et tous les procès éteints. n

- Mont na M. NICOLAS DE Poix, CHANOINE. - e flans le mois de jan- vier 4734, mourut Al. Nicolas de Poix, prêtre chanoine, natif de Va- tan. Il avoit été curé à Rehoursiit pendant près de quarante ans, doù il ai-oit été levé pour être chaiioiiie à Saint-ÀoustiilIe de Ciç] où il resta peu de temps. Il succéda (comme on la vit haut) au canonicat de M. Pierre Delorme, mort en 4725, et il obtint ce bénéfice par un induit. Ce bon prêtre u toujours été recommandable par sa piété, par sa charité et par le bon exemple quil n constam- ment donné... M. Claude-Pascal deVais, prieur dOizon-en-Sologne et son neveu, a été son successeur. ii Annc 1235. - « On ne peut rien dire sur cette année que de consolant. Labdndante récolte de lannée dernière et celle qui sb pré- pare font que le pauvre vit content et à son aise[ Le froment ne vaut que neuf sous le boisseau, ainsi du reste. Le vin est aussi assez vil prix, quoiquil soit excellent. » Ainsi sexprime le Chanoine dans la première moitié de lannée. en La moisson et les vendanges faites, il consigne sur son registre les - résultats: «La récolte a été très-abondante cii blés. Pour lejus de Bac- chus , il ne sest las trouvé bon; encore sen est-il cueilli en petite quantité. Les résultats, comme on le voit, ne répondirent pas à lattente primitive du cultivateur, et celui-ci ne les obtint quau sortir dune période danxiété, e Il sest fait une procession générale des reliques de saint Laurian le 9 août, pour demander à Dieu la cessation des pluies continuelles et excessives qui désoloient les biens de la terre. Le cérémonial qui sobserva à celle du 14 juillet 1732, fut aussi observé à loecùion de c3lle-ci. Il se trouva à celte procession quarante-six paroisses, et le Seigneur exauça uns voeux par lintercession de notre saint patron: car le temps se mit au beau, et donna lieu à 1aire parfaitement la moisson:» PAIX FAITE AVEC LES SEIGNEURS DE VATAN. - « Au mois de juillet 1735, se terminèrent toutes les difficultés et contestations que lé ehûteau avoit avec le chapitre. Pour être au fait de cette affaire, il faut prendre la chose de plus haut, s « Madame la marquise de Vatan, Magdeleine de Bailleul, feinrnb pétrie daigreur et de haine contre le chapitre, lui déclara ouverte- ment la guerre en 1731. Elle commença par faire assigner plusieurs de nos censitaires à exhiber leurs contrats dacquisition et par con- clure à lamende, en ce quen vertu de sri girouette elle ai-oit ce droit. Elle ne tendoit à autre chose qua écraser et anéantir la censerie du chapitre. Le chapitre intervint et prit fait et cause pour Ses censitaires, sa M. Baucheton procureur du chapitre (I) plaida si bien cause,

(1) \oi? son avyc à lannée 1748. - 36 -. que le bailli pour lors M. de La Ronde, qui étoit lintendant géné- raI de Vierzon, nosa condamner le chapitre et ordonna seulement que les pièces seraient mises sur le bureau. La marquise, pénétrée de ce que le juge afavoit pas décidé à son; gré et que le procureur avoit pris trop vivement les inIrô1s (tu chapitre, cassa lé procureur et tj aita indignement te bailli, qui, dans la suite, abdiqua pour faire place à un nommé Bonnet, avocat à Craçay, qui étoit un vrai boute- feu. AndriS.Rïchelieu, pour lors procureur fiscal, avoit lâme vénale et aigrissoit lesprit de la marquise coutre le chapitre. Jugez combien démotions, dinquiétudes et de démarches de part et dautre! « Pour - nous mettre hors détat de nous défendre, dentrer cii cause et dappeler ù Blois, en cas que nous vinssions Û perdre notre procès h Valait, elle nous fit signifier une commission du Grand Con- soif que feu soit avilit, obtenue en 1703 dans une autre affaire •particulièr& (1), qui navilit nul rapport k aucune autre, laquelle coin- mission nous ôtoit toute liberté de plaider ailleurs quau. Grand Con- seil... Il y avilit une mauvaise foi marquée de se servir, en cette oc- -casion, de cette commission contre nous. « Nous découvrîmes, dans la suite, quà loccasion de la commis- sièn obteiue en 1704 par feu M. de Valait, le chapitre avoit fait rendre un arrêt ait Conseil (lu Roi , (lui inlirmoit- cette commission et qui non s renvoyoi t auditt Conseil. n - La marquise lie sarrêta point dans la voie où elle se trouvait lancée. - e Elle refusa ait de payer la rente due par Aigiemont cii qualité de bled de tente, prétendant quelle ne devoit que du bled de chage, tandis que, de temps, immémorial, la dite rente avoit été fournie en bled de nature de rente, conlortnéiuent aux reconnaissances de Viucnt Ou Puy et de Marie Ou Puy (2). « Elle refusa, en outre, de payer la rente de bled due sur lOuche de la Gave, qui est inainteuantle grand cimetière de Saint-Christophe, et cela sous prétexte quelle ne jouissoit pas dudit cimetière. - « Notons queur ta cimetière en questionles seigneurs de Valait doivent au chapitre une rente de six boisseaux de froment. Voici -lorigine (le ce droit le cimetière actuel étoit anciennement uni- terne labourable, et le cimetière de Saint-Christophe se trouvait clans la cour dentrée (lu château. Comme ce voisinage étoit désagréable

(t) Sans doute à loccasion du procès de la Fondation et du règlement .dcs droits ho,ioriflqttes. - () \oir 1a première partie ù larlicle un rie bu Puy cl ses nièces. mn seigneurs, le cimetière fut placé dans la terre appelée lOuche de la Cave et, par cette tranlatiW), les Seigneurs se chargèrent de servir la •dte rente au chapitre. » Enfin, la dame de Vatan retiroit impunément, par droit cousue!; les héritages vendus dans la directe du chapitre. Que sais-je? il nest rien dinjuste et de criant quelle ne fit pour ruiner le chapitre: Si elle eût pu, jusque-là quelle se vantait quelle vouloil laisser à son fils une terre de 20,000 livres de renie, et cela apparelr!inent aux Il dépens des biens du chapitre. » « Le chapitre, fatigué de toutes ces vexations, se détermina Ù voyer un député; M. Verneuil (4), à Paris, pour. soutenir lias droits, (liiliâ tous les cheFs quai) nous disputait. A peine tut-il -parti, muni de toutes les pièces, titres et moyens qui faisaient preuve pour îtous, que le Seigneur appesantit sa main sur la marquise de Vatan , et lit de mort subfte. o - Noire député ne laissa pas de rester à Paris, afin (le savoir à quo voulait se déterminer M. le marquis, pour lors intendant , de Caên, et héritier de la terre de Vatan. M. le marquis fit réponse à notre député quil le prioit déclaircir et «aplanir toutes les ,diffieultés et contestations de concert avec M. Tauxier, avocat au Parlement,. homme dune probité et dune politesse reconnues , moi intime de M. de Vatan et cii qui celui-ci ,nettoi t toute sa con Ii ance. Notre dé- puté fut quatre mois à Paris, à 3 livres par jour pie te chapitre lu donnait il ont de fréqueits entretiens avec M. Tauxier. qui examina nos titres, nos moyens et les Pl, oeMurcs mot struc-uses qui sétoieiit faites à Vatan ; ensuite de quoi, le dit Tauxier fit un mémoire exact du tout, quil envoya à Calin à M, le marquis. « M. le marquis, sur le vii du mémoire de M. Tauxier, , accorda au chapitre la provision des rentes saisies, et même restituiion du certains profits perçus par ses père et mère, jusquà fin de toutes contestations quil promettait deJerininer au premier voyage quil ferait à Vatan. ) « Enfin, le temps de son départ de Caén étant arrivé, il se rendit à Vatan, mit lin i tous les procès intentés par sa mère, accorda au chapitre toutes ses demandes, passa nouveaux titres de toutes les rentes contestées et autres, paya et terahiva toutes les contestations. » -

MORT DE M. SELLER6N, cunt DE SAINT-FLORENTIN. —. « Le samedi des Quatre-Temps .de ta Pentecôte, au commencement du mnos de juin, mourut M. Louis Selleron , prêtre, curé de Saint-Florentin,.

(i) Voir sou éloge et sa biographie à lannée 174e.. (t lSSOUtlafl en 1679, qui, pendant trente-cinq ans, na cessé de travailler pour le bien de cette cure, dont il avait pris passes- 81011 Cil 1699. On peut clive quil n par ses soins rétabli le revenu de eu cibénflce réparé léglise, qui ilnnbnit en ruines. Il a donné polir la. décoration dicelie, et son attention et son bien. Il est mort ûg5 de soixante-cinq ans, regretté avec raison de tous ges paroissiens, M. iirme Nestivers , prêtre, outil de Vatan , lui a succédé. s nu& I;39. - « ljabohdante récolte de lannée dernière a pro- doit la continuation (lu soulagement et de la tranquillité des pauvres. Le bled s est toujours maintenu à assez bas priï. La récôlte a été assez abondante en toute espèce de grains. Pour éclle du vin, elle sest trouvée médiocre; mais le jus en a été asez bon et fait par une saison des plus agréables. s PARC DU CHÂTEAU.- M. le marquis do Vatan avoit amené un ingénieur, nommé M. Bayeux, avec qui il projeta Fenceinte dun porc, qui séte,]doit dans 1c terrain du chapitre, soit pour le Fonds, soit pour la r-nte, soit pou- la censerie. o A leffet détablir ce parc, M. le marquis demanda à Caire échange pour chaque espèce dc biens , et laissa, pour cela, le chapitre maître de choisir tout ce (lui lui conviendroit dans sa terre, voukint /lire, Uisait-il , le bie4 de léglise , ce qui s exécuta par une transaction où tous les b:ens échangés sont spéciliés; cet échange ne fut consommé et signé que le août 1739 (1).

lIOlSElUE DU CIIOEUrI DE SAINT-LAÇIIÂN. - e En 1736, MM: du dia- pi tic liront faire la boiserie du sanctuaire depuis ta porte de Saint- Clair jusquà la porte de la sacristie. e Voici à quelle oCcasion ri y avoit quatre colonne, ou piliers en potin aux quatre coins du sa lle- filaire, surie haut de chacune des quelles se Il-ouvoit un ange. Il y avoit aussi une crosse du même métal, qui sélevoit au-de3 gu8 de lautel , à- laquelle étoi t attachée la suspense qui ren fernoit le saint sacrement. Cétoit tin présent quavoit fait autrefois M. Oubrou il, doyen, en jYj37 (2), pour suspendre des rideaux qui resifermoient

(I) Voir, â larticle, F. 68 (le lInveniaire sommaire des archives deivariemenIoles de ?!ndre, une requête (Je Félix Auhery clans laquelle il expose que, cc voulant (airé lui pare pour la décoration de son château, il est dans le dessein dy faire entrer le vieux presbytère de la paroisse Sain r-La,imit, et que, le voyant dans "tic ruine totale, il e proposé, tant au sieur culé quaux hahitans de ladite paroisse, de len accommoder; que, 51M sa demande et représentation, lesdits habi taris se sont assemblés et Ont consenti à labandon dudit presb y tère • par acte (Iii 10 novembre M. - Ordonnance du bailli de Vatan qui autorise la vente en question. » ( Le méme qui donna, en 1537, la tapisserie reprdscnanl le tic de saint Lauriva , et qui, en 153 , rebâtit 1a croupe de léglise. - 39 le Sanc/a sanclorum.. Lusage de ce genre de tenture ayant cessé dans léglise, et les piliers faisant mauvaise figaro, à cause quils étoient soutenus par des bras de fer attachés au mur, on résolut de les ôter, de les vendre et demployer largent qui en proviendroit à la décora- tion du sanctuaire, ce qui fut exécuté. On réserva un.des anges, et les plus grosses pièces, soit de la crosse, soit des piliers, quon ajustapour former le piédestal de lange, qui sert aujourdhui de pupitre. »

» Comme les murs des environs du sanctuaire étoient nus, di- gracieux et rongés dune lèpre verte que causoit lhumidité, le chapitre se détermina à les laire boise. Ce fut un nommé Moreau, menuisier, (lui entreprit cet ouvrage, lequel fut totalement conduit par un de s:s garçons, nommé Jérémie. Un sieur J. B. Simonet se mit à la tête de cette entreprise, qui coûta 1,000 francs. o e Cette Année I 731. - DoilMAcEs CAUSÉS PAR LA GRÊLE. - année na pas été une des plus favorables. La- grêle a endommagé plusieurs provinces du royaume, et ce fléau sest fait sentir presque dans ce pays. Cependant le dommage quil a causé na pas été con-, sidérable cette grêle tomba (le 21 juillet) surtout à- , dans les provinces circonvoisines, dans. la Touraine, dans la Sologne ut dans une partie du Maine et de lAnjou. Elle étoit dune grosseur surprenante et de la pesanteur de O ou 7 livres. Toutes les églises, maisons et biens rie la terre, ont été totalement perdus (1). Le vin -a valu, cette année, 504 livres le tonneau, et le froment sest vendu 17 sous; le méteil, 12 sous; la marseiche, S sous, et lavoine 4 sous le boisseau. o -

SECONDE VISITE DE llIsr DE LA RocllEvoucAuLn. - « M de La Roche- foucauld est veau à Vatan, Cette année, pour y faire sa visite; -il y arriva te samedi 8juin, veille de la Pentecôte, et fut logé au chà- teau. M. de Saint-Jal, évêque de Castres , ci-devant évêque dUzès(2),. vint de Bourges à Vatan trouver hi gr larchevêque, son ami. « Le lendemain , 9 juin, dimanche de la Pentecôte, le clergé étant assemblé, on alla processjonnellement au château , sans dais et sans

(t) r Du I" coin—Le roi dit hier, à sen souper, quil y «voit eu amie grêle en Berry, auprès de Saint-Âignau ,dont les grains ,esoient jusquà I S , 17 et 25 livres. li y eu pluseurs personnes et bestiaux tués par cette grêle. D Mémoires dit de Lniprns, sur la cour de Louis X V (1735-1753,) publiés sous le patronage le M. LE une (E par MM. L. BussIEuX et Eu,,. SuUUÉ, Pal ii, 1560, t. I, p.313. (2) François de Lastie de Saint-Jai avait été saerê vèqne lUzès, le 3 avrU 1729. Il échangea ce siégfl contre celui le Castres eu 1737. - • -4--- chape 1 paHe quoit nen use ainsi quaux prerniêies entrées deW uchevques. » On étendit, à la porte de la salle du château, un tapis sur lequel cri iii it un carreau. M larchevêque sagoeaouilla , Monsieur le doyen lui donna à baiser la croix et 1e harangua ensuite, Monsieur le chantre entonna le Te Deum, qui [ut continué jusquà la porte de Iéglse,. où M. ddLa Chastre, doyen i présenta de leau bénite et tIc Iencus â Sa Grandeur. Monsieur le cliantve, avec 4uatre des assistans, entonna lé Veni Criatûr. Monseigneur, après être rentré dans le choeur et y avoir Lait sa prière, alla shahiller dans la sacriste pour la messe, quil célébra potitificaleruent. » Suit la des- cri ption du cérémonial observé dans Cette occasion. « Aprèa la messe, Monseigneur fit la visite du saint saèrement, des lïnt, des autels, des châsses et autiesreliquaircs,. des vaisseaux sa- oit, ornements et sacristie: le tout se fit, selon quil est marqué daff& le rituel du diocèse. On monta ensuite au chapitre,: où Monseigneur lit, en peu de mots; léloge de la Compagnie : on parla de statuts, il - parcourut une liève de tout le revenu. Enfin, ou descendit du chapitre pont aller au doyenné, où Messieurs ,16s chanoines donnèrent Un dîner splendide aux deux seigneurs archevêque et évêque. Le nombre des convives se trouva monter à vingt-quatre. Messieurs du chapitre .avoient fait venir de Paris du vin de Bourgogne et de Champagne. ( g dîner coûta cri tout 300 livres. Messieurs du bas choeur furent :igalés.le lendemain , par, le chapite , au doyenné les vins de pagne et de Bourgogne qui dtoent de reste du repas de Sa Grandeur leur furent servis.

• r A quatre heures on chanta vêpres i où MŒ larchevêque officia encore. On avoir préparé, (lu côté de lépUre, un tr6ne monté sur unu estrade à trois étages, couverte duu tapis (le Turquie, chargée di fiiù.ieuil , au . inilieu pour Me larchevêque, de huit tabourets et deux banquettes pour les o[ïicier (le Sa Grandeur, de deux grands cierges de eut blanche sur les deux angles, etc. Les deux gardes de la terre du chapitre gardoient la porte du choeur:» « Le jubé Luit destiné pour les darnes, et il ny eut que lei notables du pays quon laissa placet clans le choeur.. Mg larchev&1ue resta cinq jours à Varan, pendant lesquels il donna à manger, tous les soirs; aux éhanoines , quil interrogeoit cri paiticuhiei en manière de scrutin, avant le souper. .1 lit ses visites dans les paroisses circonvoisines et clans toutes les chapelles rurales et sen retourna 5 Bou;ges donner les ordres,

M tine 1123S. - Que dire sur cette année, qui ne jette 1 lecteur dans la consternation? Depuis longtemps, on navait eu une année si pluvieuse. Dans tout le pays quon appelle Bois-Chaud ou Païenne, les gros bleds ont été noyés, et on na presque recueilli que de liaie6 La pluie a duré depuis et pendant le mois de janvier jusquà la fin de juin. Le 8 juillet, le beau temps sest fait, qui a duré le reste de lannée. La récolte a été des plus stériles. « La vigne navait pas poussé h la mi-mai. Les enfants de Bacehus étaient consternés de voir manquer cette aimable plante. Le 4 juillet elle i ,,était point en heur. Cependant, par un prodige des plus sur- prenans, elle fleurit, elle produisit son fi-ait, eut un temps favorable et devint cri état dêtre cueillie à la fin du mois de septembre. Il faut remarquer néanmoins quon recueillit très peu de cette excellente liqueur. o Lamisère commença à se fluire sentir dès cette année, à cause de la hausse des blés. Le froment sest vendu 26 sous, le seigle 20 sous, la marseiche 15 sous, et lavoine S sous le boisseau. On na point cueilli de fruits. Le viii sest vendu 40 et 45 livres le tonneau. « Le 3 juin, on rit une procession générale pont obtenir de Dieu par lintercession de notre saint patron, la cessation de pluies con- tinuelles, qui ne inenaçoient rien tnoins que de la perte totale des biens de la terre. DEsTncTroN liii PETIT CLOCHER DE SAINFSLAUBIAN. - « Pendant les mois do septembre et octobre, Messieurs du chapitre firent abattre le. petit clocher (le letir église, qui était placé à quelques toises de la croupe. Ce clocher étéit très-bien lit et décoroit parfaitement! Lai- guille avait 50 pieds de hauteur, et supportait une croix de fer de 10 pieds environ. La lanterne, où se trouvoient deux petites cloches, lune pour soinier la messe basse, lantre pour avertir des distribu- tions (le bled et vin , étoit à joui et revêtue de plomb on en tira 2,180 livres. La ruine prochaine dont inenaçoit le clocher engagea Messieurs (.Ili chapitre à ne point différer den prévenir la chute qui .aurait écrasé toute léglise. Il en coûta 330 livres pour les ouvriers 180, et 150 pour matériaux déplacés. o

ACHAT DUN AUTEL DE ilAflhlilE POUR LÉGLIsE. -- M. J. B. le Nor- minai, prêtre et chantre en dignité de léglise de Vatan , allant pré- cher, cette année 1737 ,,le carême à Angers , fit achat dun autel composé de différents marbres (tel-- quil est aujourdhui dons 1-1, - sanctuaire (le Féglise de Vatan ) , moyennant la somme dt500 livres, noli compris lits frais de voyage, de transport, de pde , etc.). Le

/ - 4.92 -. tout revint à 800 livres (campris deux bénitiers (le marbrenoir à manches, destinés à être placés dans le mur à un pied dévasure en dedans). François Rousseau, maître marbrier à Angers, qui vendit cet autel, vint pour le placer lui-même à Vatan. Lancien autel étoit disgracieux. Appliqué contre un ffiur qui lui servôit dentable, il eouvroit la chapelle de la Conception. Cétoit un autel (le bois orné de mauvais panneaux, qui nannonçoit pas la majesté du lieu saint. » « Le nouvel autel de marbre fut rapproché vers le choeur sur le planum du sanctuaire, et cela se lit le 20 mai 4738, temps auquel lautel arriva à Vat.an. » « Le 24 mai, louvrage fut mis dans sa perfection, et le 25, jour de la Pentecôte, M. le doyen de La Chastre officia dessus le premier. Avant que cet autel partit dAngers, M. de Vaugirauld, évêque de cette Illême ville (1), voulut bien en consacrer la table, ainsi quil lavoit ois à M. Le Normand. Dans cette table dautel, est insérée une petite boîte en plomb où sont des cliques et cette inscription Ego JoIIon?w.s de VaugiauId, Episcopus Andeqavensis, tabutam banc causecravi, et in S inciusivi ictiquias SS. marty ?tum. Antimi et Coites- uni, die 12 d,ecembr/s 1737, î.1 ecclesid Andegavensi, ad uswn ecc(c- sice cottegiauce de lotan , diecoesis Bituricensis. - JOIIANNE5, Ejnscopns Andegav. De mandate ittust,isuimi oc reverendissirni D. Episcopi AlIdegav. PRÉAU, Canon. et Secret. Année 1739. - Pnix ExonnrrÀNT DES GRAINS. MISÈRE GÉNÉRALE. - « Lannée sur laquelle nous allons, faire quelques remarques a été assz bonne, à lexception du prix excessif du bled causé par la sué- rilité de lannée précédente ce qui a fait que la misère a été affreuse depuis le mois de février jusques à la moisson. Le froment a valu 492 sous te boisseau, • le méteil 36, la marseiche, 32 et lavoine 12. » « On na jamais vu tant de pauvres mendians tous les habitans de la Touraine de la haute et basse Sologne et dune partie du bas Beriy, tombèrent dans ces cantons où ils reçurent de grands secours. Dans les gros domaines du pa ys que nous appelons Champagne, il ne se passa point de jours quil ny couchât soixante ou quatre-vingts pauvres. I

(il Jean de \augiiauhu , origin:.ii-e lune des Première; ramilles de IÀnjou , aveu été s-ici-é év&pue dAngers le 26 janvier 173m. - 43 - « La misère (itoit si grandeqûe , qûoiquon fit de grandes auniénes la plupart des misérables étaient obligés dc manger de lherbe (1). il Un secours fut accordé parle Roi et envoyé dans les provinces à messieurs les curés pour le distribuer aux pauvres, mais mallieu- reusernent il demeura insuffisant.. e Enfin la moisson, ce temps si désiré, arriva elle mit fin à bien des larmes et des gémissements. On a cueilli beaucoup de froment, menus et passablement de grains. La vendange a été assez abondante, et le vin sest trouvé dune excellente qualité. n

ADOPTION DU NOUVEAU BRÉVIAIRE DE BOURGES. DÉPENSE 11Es LIVRES DE CHANT. « Sua la in de celte année ) 28 novembre, veille du pre- mier dimanche de lavent, aux premières vêpres, on commença, dans léglise de Saint-Laurian de Vatan , chanter loffice suivant le nouveau bréviaire de M. de La Rochefbucauld. Le chapitre avait fait la dépense de faire imprimer ces livres de chant en.parchemin par J. B. Cristo et la veuve Boyer, imprimeurs à Bourges, à raison de I sol O deniers pour limpression de chaque feuillet. Un nommé Char- bonnier, habile relieurque Monseigneur avoit fait venir de Paris, fit payer 40 livres pour la reliure de chaque volume, sans y comprendre - les cartons, qui coûtèrent 30 sous pièce, de sorte quen ycomprenant les frais de voiture, port, achat, dépens, etc., chaque gros volume revint à 450 livres, et, par conséquent, les huit à 4,200 livres. Année 1140. - HIVER LONG ET RUDE. PROCESSION GÉNÉRALE. - De mémoire dhomme, on na VII un hiver si long, et pour ainsi dire plus rude, quoiqde celui de 4700 ait été un des plus rudes du siècle. La gelée a commencé à se faire sentir vers la fin du mois «octobre 4730. Le froid devint excessif le jour des Rois après midi,

(1) Le résultat de .tant dabus était une misère dont le marquis dArgenson nous il laissé, dans ses Mémoires (Milieu de 1825 , p. 322-331) leffrayant tableau. Les années 1738 à 1740 furent désastreuses pour les paysans. Sous ce ministère, cité pal les historiens comme une époque dheureuse tranquillité et tout au moins de bien- être matériel , les hommes mouroieril dru comme mouches, de pauvreté et brou- s tarit rlierbe , s et cola sans disettes caractérisées, si ce nest en 1740, année stérile pour toute ]Europe, et malgré les préoautïons prises par le pouvoir afin dassurer lmi1aprovisiounemtnt. Les provinces (le lEst et de Ouest étaient les plus maltraitées; mais ]il gagnait jusquaux faubourgs de Paris. Un jour de septembre 4730, le Roi, traversant le faubourg Sairrt-Victor, pour aller à sa nouvelle maison de Choisy, théâtre ae.coutuané de ses lm:mrties galantes, le peuple samassa et cria, non plus Vire le uni! mais Misère, famine et du pain! A la fin de 4740, il passait pour constant que la richesse piihEque avait diminué mIuii sixième depuis un an, et dA rgcuson affirme quil était « mort plus de Français de misère depuis deux ours, que tien avaient tué toutes las guerres de louis xiv! • En admettant que le hou coeur rie dArgenson leût, en I aillé à charger ses couleurs, la réalité resterait toujori bien lugubre. li. ittRTrN , Histoire de Fronce, I. W, P. 215-2I6.

-44- ri continua de cette façon jusquau (O du mois suivant, sans aucune nterruption. - o Les travaux furent retardés jusquau (O de mars. Survint alors le dégel, suivi dun printemps froid et de pluies continuelles durant la moisson, qui tirent germer presque tous les bleds. Le 22 août, on fit une procession générale peut, demander à Dieu la cessation des pluies. Quarante-cinq paroisses se trouvèrent à cette ioœoii. Dieu exauça nos prières, et nous éprouvâmes, dans ce jour, la puissante protection du glorieux martyr saint Laurian. Sur la lin du mois de septembre, la gelée commença à se faire sentir ce qui causa un dommage notable aux vignes, qui- à peine cominesiçoient à noircir. Le froid a continué et on na commencé à, vendanger que le 19 octobre, et encore quelles vendanges! Les rai- sins étoient demi-confits de la gelée, et, de quatre poinçons de vin, à peine en tir-oit-on une poince. De plus, cétoit du vin de la plus mauvaise qualité du monde, qui sest encore vendu jusques à 60 francs -le tonneau. » « Il fut rendu un arrêt, le M octobre de cette année, portant quà cause de la disette de froment et autres grains, les redevances en grains seoient payées en argent, suivant le prix quils sétoient ven- dus au premier marché de 1740. - Comme cet arrét nétoit point assez clair, il en fut rendu «u autre le mois de décembre suivant, par lequel il étoit ordonné que les fermes de toutes espèces de bleds, les dimes. •tout ce qui concei- noiC les portions congrues des curés et but ce qui était dû aux hôpi- taux, seraient payés suivant les ?ègleniens de chaque siége royal, à lexception que MM, les curés et les hôpitaux s&oient toujours Illyés bu espèces,espèèes, et que les renies; charges dues sur les moulins et dunes, devoient être aussi acquittées en espèces. s

IMPRESSION 1)11 NOUVEL OFFICE DE SAINT LAUILIAN. DÉPENSES DIVERSES.

- Pendant e cours de cette année, Messieurs du chapitre liren t imprimer, à Orléans, un nouvel office de saint Laurian dans le goût (lu nouveau bréviaire. Cet office fut approuvé, avant limpression, par M. de Cot.loguet, grand vicaire de M. larchevêque. Les layinnès ont été faits par M. Coffin, auteur de ceux du bré- \iaire de Paris (1), et châtiés en dernier lieu par le R. P. Griffet, jésuite,

à - (I) La première éditian des IL- joncs dis Bréviaire de Paris avait paru en 1736 e Ou y ftou ve tille h en relise application ri es gra nU es lui ages ci. ri es id roi ts I ni plia - u subi j nies le I Écriture, I !iO us rie verve et déclat que dans celles ilu S ai) tenu , [liais -413— auteur des hymnes du bréviaire de Bourgcs(l). Messieurs du chapitre tirent tirer quatre-vingt-dix exemplaires du nouvel office, qui coûtèrent la somme de 18 livres.)) « lis firent emplette, vers le nième temps, dune croix proces- sionnelle dargent, munie de sou bâton, et dun soleil ou ostensoir. Pour la façon du ces objets, 4e chapitre envoya t un de ses membres, qui étoit alors à Paris, 14 marcs dargent et 475 livres dargent monnoyé. Lorfèvre (lui litbriqua ces ornements sappelle Lois, à limage Suint-Andrd, sur le Pont-au-Change, à Paris. On reçut le soleil et la croix par le message! de Toulouse, le dimanche des Rogations de 1740. ? Cette même année, .seffeetua la réparation de la tour du clocher, dont lentablement et le cintre menaçoient ruine. » - e On fit venir du bois de la forêt de Saint-Paul, (lui étoit en coupe, pour ta somme de 150 livres; Le premier joui quon travailla à monter les matériaux l" les oeijs-de-bœuf qui servent à hisser les cloches, Étienne Potin, un des couvreurs du chapitre, qui étoit employé à cette opération, tomba de la tour et se tua sur la première voûte, t OURAGAN. TENTATIVE DE VOL 5ACRILÉGE DANS LÉGLISE DE SAINT- LAUDIAN, PitècÊs EN CONSÉQUENCE. - « Pendant la nuit, du 4 au B décembre, il se fit un ouragan des plus terribles, accompagné dune pluie si violente et si abondante que toutes les campagnes furent inon- dées. Lorage et la tempête durèrent plus de douze heures. t Durant cette nuit même, quelques sacrilèges impies passèrent sur les murs (lu cimetière des vicaires de Saint-Laurian, cassèrent le grand panneau de vitre de la chapelle de Saint-Martin, entrèrent pal cette ouverturedans la sacristie de Saint-Laurian; de là furent à la porte du chapitre, qui est incrustée dans la boiserie ils la trouèrent avec des vrilles, tarières et autres instrumens, dans lespérance de voler les trésors dudit, chapitre. » Cette première porte étant ouverte, ils sattaquèrent à la seconde, quils percèrent aussi en plusieurs endioits; mais comme cette seconde

• une latinité peut-être plus pure, et surtout une simplicité et une onction qui Seuil- • bien former le vrai caractère de ce genre de poésie. » Art, de ÀoaL dans la Biographie Micliond. t) Laborieux compilateur et puissant controversiste, né à Moulins on 1698, décédé à .liiuxetles, après la suppression de son onire, le 22 février 1771. Voir son éloge dans lAnnée tif téroirc, L. iF, tilt. « flans sa jeunesse il avait composé des poésies latines, entre lesquelles on distingue les hymnes pour le nouveau bréviaire ilu db- ehse de llourges. » Ait, WEISS, dans la Biographie Michaud. - 46 -. poile est double et est avinée de Ici et garnie de deux bonnes ser- rures, ils ne purentvenir à bout de leur dessein ils forcèrent seu- lement une des serrures, qui résista et quils ne purent ouvrir.

- 47 - seau; le méteil elle seigle, 28; la inarseiche, 24; lavoine, 13. Récolte de bled stérile. - Récolte de vin, aussi très stérile. On u vendangé le 25 septembre, par un temps des plus favorables. On a cueilli peu de raisin, mais dune bonne qualité. Le vin a été cher jusques aux vendanges celui de 1739 sest vendu 120 livres le tonneau, et celui de ,174, quoique mauvais, sest vendu 60 livres. RPARATJONS CONTINUÉES AU cLocuEn. - « On n continué, cette année, la réparation de la tour du clocher, eu faisant faire le haut dun aie- boutant du côté du couchant : on payoit les maçons et les charpen- tiers 20 sols par jour. ACTION DES PLUS NOIRES DELISÀBETII MTGNOT. - Élisabeth Mignot, natie dOrléans, fille dun maître bouclier et soeur dun M. Mignot, chanoine de la collégiale de Saint-Aignan dOrléans, avoit été mariée: P à un nominé Guillaume Rocheniond; 2Ô à un nommé Bonnet, de Dun-le-Poislier, fort jeune, fort inégal dâge et de condition, mais du reste fort honnête homme. Après dix-huit mois de ce second mariage, elle se laissa aller à la débauche avec titi nommé Jacques Barthélemy, maçon de la Souterraine, qui venoit tous les ans à Vatan pour y travailler de son métier. Il logeoit dans la même maison quelle et couehoit dans une chambre voisine de la sienne. Les deux amants formèrent le dessein dempoisonner ledit Bonnet, dessein quils exécutèrent le S juillet, en servant à lent victime de la rôtie au vin, dans laquelle ils mirent de larsenic: voyant quil ne inouroit point assez vite, il paroit quils finirent par lassonnner, Leur crime fut découvert on procéda à larrestation et à linterro- gatoire des coupables, ainsi quà louverture du cadavre de Bonnet. Barthélemy, qui avoit toujours avec lui provision (le poison , en prit - dans la prison et mourut trois jours après sou arrestation. La mort de son complice Ihisoit bien pour la Mignot. Son procès fut cependant instruit elle fut jugée à Vatan et condamnée à six mois de prison jusquà un plus ample informé. Le procureur fiscal interjeta appel au Parlement du jugement de Valait. Laccusée fut conduite à Paris, et là il a été rendu un jugement qui contient trois chefs : le premier, que la Migiiot sera confrontée avec soit Roche- moud; le deuxième, quà la diligence dit procureur fiscal, il sera publié un monitoire; le troisième, que ladite Mignot sera conduite dans les prisons de Blois jusquà un plus ample informé, et que Pierre Petit, geôlier de la prison de Valait, se constituera prisonnier dans la eoneierkerie de Paris., pour être jugé suivant ce quon avi- sera bon être, sur ce quil sest coupé dans les dépositions quil n faites contre ladite Mignot. . . , . - 48 - « En conséquence de et arrêt, on publia un monitoire. Cinquante-. neuf personnes ont été à révélation, lesquelles furent aussitôt assignées pour déposer contre ladite Mignot. Celle-Ci fut ramenée de Blois A Valait la confrontation et le récolement; après quoi, elle a été reconduite à,Paris, où, par une Laveur des plus inouïes, elle a été condamnée seulement à subir un ait prison. »

PREMIÈRES CALENDES A VATAN: - « Le 30 octobre, Mg, larchevêque tint ses calendes A Vatan, où il se trouva vingt-sept curés, qui avoient été avertis de sy rendre... Avant Mgr: de La Roclictoucauld, on ne savoit dans le diocèse cc que eétoit que les calendes. Par cc moyen, en deux mois, le prélat prend connaissance de tout son diocèse, et. évite à MM. les curés des voyages longs et pénibles, quils ét.oient souvent obligés de faire pour mettre ordre à leur position. Ces calendes les exemptent aussi daller ait qui se tient deux fois lan h Bourges. « La cérémonie se fit dans léglise de Saint-Laurian. M gr larche- vêque, qui avoit couché. h la Vernusse, arriva à Valait à neuf heures précises. Dès quon put lapercevoir, on sonna la grosse cloche. Messieurs dii chapitre en corps furent aussitôt, en manteau long, lui rendre leurs hommages chez M. Delorme, chanoine et archidiacre de Graçay, dans le domicile duquel ledit sieur archevêque vint lofer, et chez qui il dîna avec les vingt-sept curés, M. le doyen et le chantre, ll. lrotignon ,Sur les neuf heures, MM. les curés, en surplis, le con- sirent à Saint-Laurian. A SOC approche, on sonna toutes les cloèhes nu volée. M. le curé de Saint-Laurent célébra une messe basse du Saint-Esprit, après laquelle jflgr larchevêque, avec cieux de ses grands vicaires, MM. de La Roclicfoucauld et Gautier, présida à la calendc... Le même jour au soir, Monseigneur retourna coucher à la Vernusse. »

jtnine S 24-e. - SÉcurnEssE ÉTONNANTE. RARETÉ DES FOURRAGES. lIItx DU BLED ET DU VIN. lnPoTs DE TOUTES ESPÈCEs. - « Hiver rude ainsi que le printemps. Cette dernière saison a été accompagnée dun vent du nord qui a tellement desséché la terre, que les gros c menus Bestiaux ho pouvoient plus paître et ont beaucoup souffert. Les fourrages ont été «une rareté et dune cherté étonnantes; le foin sest vendu jusques à 3 livres 10 sols le quintal. Les gelées ont duré jusques à lAscension. lont étoit dans la • consternation les gros bleds jaunisso:cnt, les menus ne ponnvoient •Jcver Oit à la réquisition de la ville, une procession du bras de saint Laurian à la Chapelle. On chanta, en y allant, les sept psaumes de la pénitence 011 y célébra une gianrimesse pro quôcuuique - - v.ecess/tate, et on chanta, au retour, les litanies dès saints. Chose merveilleuse! une pluie abondante tomba dès le lendemain, et con- tinua plusieurs jours. Tout le pays est témoin de cette espèce (le miracle, et rend grâces et gloire au Tout-Puissant. « Récolte de bled abondante. - Récolte de vins peu excellents, étant plats et verts. - Pendant le cours de cette année, le bled et le vin ont été chers le froment sest vendu 32 et 34 sols le boisseau; le vin it valu jusques à 40 pistoles le tonneau. Sur la lin de cette année,. le vin ne se vend (lue de (S à 20 livres, le pain coûte 6 deniers la livre. - Labondance de cette année iéjouiroit parfaitement, si les impôts nétoiciit pas augmentés exorbitamment. On a commencé, cette année-ci, à payer, outre la taille, la capitation et la gabelle, le dixième denier des biens, le dixième de lindustrie, des arts et. métiers (4), et cela à leffet dentretenir des années formidables, que la France envoie en Ravière et en Allemagne, pour soutenir lem- pereur contre la reine de Hongrie. Lannée a fini par un froid des plus excessifs. n « M larchevêque (le Chanoine nous Fa déjà dit) avoit rendu une ordonnance sy nodale, quelques années auparavant, par laquelle il étoit défendu de faire, dans la suite, une procession générale avec convocation des corps et de différentes paroisses, quau-préalable on ne lui eût présenté une requête et quil ne leût répondue, ou affirmativement ou négativement. Cest pourquoi (observe le Chanoine) au lieu dune procçssion générale, on se contenta daller à la Cha- pelle-Saint- Laurian. Notre bon patron (ajoute-t-il avec une joie qui aide à sa résignation) na pas laissé dexaucer tioe prkres. »

Mowr DE MM. VEIINEUIL ET BAucIlEmtoN, CIIÀNOINE5. - M. eineuii i.nourut le 45 ou 16 septembre 4742, après une maladie de dix-huit mois; il avoit fait une démission pute et simple de sa prébende, à la- quelle M. Pierre Duval, curé de Saint-Laurent, Fut nominé. a M. Ver- neuil , primitivement curé de Meunet, possédait, enfle autres « qualités rares, » celle dêtre « très-entendu en affaires, » A la mort de Magdc- bine de Bailleul, il avait eu (on sen souvient) le talent de lenniner

(1) Limpôt du dixième avait été créé, en 1710, au milieu le lépuisement des nnane.s causé. par la guerre de la succession dEspagne il fut maintenu jusquen s Le dixième, en 1742, donna 1719, rétabli de 1732 è 1735, et de 1741 à 1749. la 23 millions dans les pays (lélection seulement. Comme pendant guerredc 1733, les privilèges du clergé furent maintenus nominalement, moyennant des dons gra- taiits considérables un premier de 12 millions en 4742; puis nu second tIc 16 mil- lions. » Il. MARTIN , Histoire de Fronce, t. XV, P. 249. - CI. BAILLI, !Hsl. flnom- ci&e de lu Fronce, I.. li, p. 121 ; et Journal de Louis XI, p. 199. - t) - avec M. le marquis de Vatan, « qui, quoique équitable, nétoit pas trai- table,» les difficultés au sujet de la ce.nserie (1). 11 sétait acquitté de cette mission e avec une précision et une solidité parfaites. Deux jours après M. Veineuil, mourut M. Claude Baucheron, son collègue. Il avoit été dabord chanoine en résidence Ù la cathédrale de Nevers, ensuite chanoine senti-prébendé à Saint-Ursin de Bourges. 11 est mort chanoine de Saint-Laurian, dans un âge très-avancé. M. Trotignon se trouva en mois pour nommer à ce bénéfice : il le donna à M. Urbain Haudry, prêtre, curé de Pouillé en Touraine, qui le résigna ensuite à M. La Cour, chanoine en résidence à la cathé- drale de Bourges, lequel, lannée suivante, en fit une démission au chapitre. M. de La Chastre, qui étoit cette fois eu tour, y nomma M. Pierre Péron , parent dudit défunt Baucheron. »

Aiine It$3. - HIvER TEMPÉRÉ. ABONDANTE RÉCOLTE DE BLED ET DE ViN CONTINUATION DIMPOTS EXORBITANTS. - e Printemps disgra- éièux au début. - Disette de toute espèce de fruits - Le reste du printemps et tout lété ont été si favorables que lon a cueilli du bled en abondance, et du vin tel quon nen avoit pas cueilli depuis vingt ans pour b qualité. - On parlera longtemps du vin de 4743: le raisin mûrit sans eau et se recueillit do même : jugez de la bonté de cc di- vin jus!...- Le vin de 1742 ne sest vendu ,toute lannée, que 20 francs le tonneau. Quoique le froment nait valu que H sols le boisseau et le reste des grains au prorata, le peuple ne sest guère senti de cette abondance, surtout dans es villes, oit les impôts eontinuoient dêtre exorbitans; le peb de satisîaction (quoit a eu sous ce rapport) vint (le. ce que la France continua la guerre contre la reine de Hongrie, qui soppose à ce que lElecteur de Bavière soit empereur. »

MAISON DU ROI TAILLÉE EN PIÈCES. u Cette année, sur leMein, rivière de lAlsace, la maison du roi a été taillée en pièces par la mauvaise conduite du duc de Grammont. Le roi a levé, à la fin de la moisson, soixante mille hommes de milice. » - BÉNITIER DARGENT ACHETÉ PAR LE CHAPITRE. --- w Messieurs du chapitre ont fait lacquisition dun bénitier d argent, nen navant quun de cuivre auparavant. M. Verneuil, chanoine ,donna à cet effet (en son vivant.) 250 livres; le chapitre y ajouta 2 marcs 3 onces dargen- terie. Un de ces Messieurs, qui eut loccasion daller à Paris, fut chargé de faire faire louvrage pal -le mtFnne orfévie qui, trois ans auparavant, avoit fait la croix processionnelle, lostensoir_et le vase de lhuile des

(1) Voir À lao,,e -I 735. - - infirmes, dont il est parlé ci-dessus. Ce bénitier pèse O marcs 8 onces, et a coûté 60 livres de façon; il revint à 400 livres, façon, contrôle, boite et voiture. » .

MORT DE DEUX MEMBRES DU CllAPFRE. - « Au commencement dc cette année, mourut M. Bertaudin, chanoine depuis quarante ans. Quatre ans avant sa mort, il avoit permuté sa prébende avec la vicairie de la Magdeleine, dont M. Joseph Bertaudin, son neveu, pour lors curé de Meunet , étoi t pourvu. Le 11 janvier, mourut pareillement M. J. B. Simonnet, prètrc cha- noine il eut M. Argypoiir successeur.

DEUxiÈMEs CALENDES A \r TAN. - e Le 5 du mois de juin , le mer- credi des Quatre-Tentps, gr de la Rocheîoueauld tint ses calendes à Va- tan. Il sy trouva trente-six curés. La cérémonie se fit connue en 741, excepté que Mgr [archevêque coucha à Vatan. Après avoir honoré de sa visiteles deux dignitaires du chapitre, vers les cinq heures du soir, il trouva les chanoines assemblés à la Bûche du Cloître: .11 les pria de recevoir là sa visite, sy assit avec eux et les entretint fort agréablement et fort familièrement pendant un quart dheure. 11 étoit accompagné pour lors de MM. de La Rochefoucauld et Gautier, grands vicaires. Le lendemain, à son lever, tout le chapitre sassembla chez M. Delorme, archidiacre, ainsi quon en étoit convenu à la Bûche, le soir précé: dent. Là, on mit la dernière main au règlement pour le chapitre, après avoir lu, relu, discuté, châtié, augmenté, retranché, examiné mûrement pour ny plus revenir. M91 larchevêque fut prié, de la part de la Compagnie, demporter ce règlement à Paris pour le faire ho- mologuer en Parlement; mais il (le règlement) est resté comme on le lui avoit donné, et même on le croit perdu, Monseigneur ayant été nommé, trois semaines après, cardinal et ambassadeur pour le roi à Rome. » PonrîuiT, CARACTÈRE ET QUALITÉS nc Mgr DE LÀ 11oHEFoucÀTiLD. - n Cétoit le plus beau prélat dÙroyauine, jeune, grand, bien fait, gra- cieux, doux, poli, ouvert, familier. Outre toutes ces grâces extérieures dont la nature lavoit orné, les plus rares talens et les qualités les plus parfaites se trouvoient réunis en lui : profonde érudition, in- telligence vive, discernement exquis, pénétration subite qui lui fai soit sentir du premier coup le point ou la difficulté dune affaire; moeurs intègres, conduite édifiante;mépris pour les minuties, petitesses et puérilités dune dévotion mal réglée; zèle infatigable dans ses visites continuelles pour le bien et la réforme de son diocèse: enfin rien ny maiiquoit. Ajoutez à tout cela quil était dun caractère offi- cieux, bienfaisant., ne refusant que ce quil ne pouvoit absolument - - accorder, et assaisonnant son refus de tant de raisons plausibles- et gracieuses, quon ne se retiroil jamais sans admiration et sans lui savoir gré de ses manières insinuantes et agréables. Je ne parle point (le sa charité envers les pauvres, de sa tempérance à table, de sa modestie dans les honneurs quon lui rendoit cest surtout dans ces vertus quil excelloit. Chaque diocèse nous lenvioit, et tout le royaume, (lune voix unanime, faisoit son éloge (1). TE DEUM ChANTÉ PAR MESSIEURS DU CHAPITRE, LE 21 JUILLET, AU SUJET DE LA NOMINATION ET ÉLÉVATION DE M gr DE LA ROCHEFOUCAULD AU CARDINA- LAT. REPAS DONNÉ Â MESSIEURS, Dii CIIAPITFSiAPRÈS LA CÉRÉMONIE.— 4 On donna la veille, à huit heures dd soir, trois volées des grosses cloches et autant le lendemain à quatre heures du malin, pour annoncer la cérémonie. On sonna, le lendemain , In grosse cloche pendant coin- plies pour servir dappeau; et, pendant le Te Deum, les grosses cloches furent sonnées à la volée. o « Pour terminer la cérémonie, Messieurs du chapitre lirent préparer un grand repas ordonné par M. Trotignon, lequel repas fut porté chez M. Delorme, chanoine et archidiacre, qui lavoit ainsi requis. Non- seulement tous ces messieurs sy trouvèrent, mais encore les senti- prébendés, gagistes et sacristains, qui et, avoient été priés de la part de la compagnie. Les deux bedeaux servaient à table, après quoi ils soupèrent aussi. On fit porter Ù la maîtrise un bon et copieux plat de rôt pour les enfans de choeur et les deux bacheliers, qui y soupèrent. On donna aux sonneurs 40 sols pour leur peine; on chanta en faux bourdon, mainte et mainte fois, lorsque le dessert fut servi. On composa sur-le-champ ces paroles Vivat Hieronirnus, cardinatis • dcsignatus! La compagnie étoit composée de vingt personnes, et la dé- pense tomba sur neuf chanoines, savoir: MM. le diantre, Laurence, Simonnet, Trotignon,de Poix, Bertaudili, Dumoutier, Mestiviers, cl Duval. M. Delorme, qui gracieusement donna , le couvert et son Vin

tU Rapprocher de ce portrait vraiment remarquable celui qua tracé du même personnage le nue DE Lnvsas en ses Mérnûi,es (t. XVI, p. 41-42). « Cétoit lit prélat qui est bien digue dêtre regretté; il ne faisoit apercevoir sa naissance à ses égaux et à ses inférieurs que par sa politesse; il étoit doux et gai dans le commerce ,et il avoit cette lare vertusi peu connue et sidésirable. Il étoit attaché à la saille doctrine, et a toujours été invariable dans ses sentimens il avoit dans lesprit une mesure et une sagesse qui pouvoient nêtre pas approuvées par le zèle ardent et indiscrét, mais qui éloient plus propres à soutenir la religion. It sétoit conduit à Rome avec ce même esprit de prudence et de sagesse qui dirigeoit toutes sesdémarches ; et cest une grande perte dans les circonstances présentes; il aurait été dune utilité infinie. Ù 1105 deux cardinaux et à notre nouvel ambassadeur. RI" de La Rochefoucauld navoit que cinquante-six ails, 1111e figure noble et agréable; sa physionomie annonçuit su, caractère. - excellent, fut exempt de payer comme de raison; il en coûta, à dia-- cura des susnommés, la somme de 4 livres. MORT DE M. LE MARQUIS DE VÂTAN, PRÉVOT DES MARCHANDS. CARAC- TÈRE ET RARES QUALITÉS DE CE SEIGNEUR. - « Le mardi 23 juillet, on reçut la triste nouvelle de la mort de M. le marquis de Vatan. Une apoplexie subite et imprévue létouffa en moinsmoins de deux jours, sans quau milieu de Paris on pût lui procurer aucun soulagement (i) Le chapitre, averti par le procureur fiscal, lit sonner le trépas sut-le- champ par trois ,volées de grosses cloches, à la manière ordinaire. Le soir, sur le; huit heures, on sonna également trois volées pour annon- cer le service solennel, (lui se fit le lendemain, 24 dudit mois...Les honoraires du service montèrent à 40 livres... Pendant un an, il fut célébré nue messe basse pour le repos de lâme de M. le marquis. Chacun des chanoines disoit la messe à soif par semaine; elle se célébroit à neuf heures et demie. DuK prébenles étoient alors va- cantes. Ce fut dans la chapelle dédiée à saint- Biaise quon u célé- bré tes messes de cet annuel. » - e Félix Aubery, mort le 27juillet 1743, à lâge de cinquante-deux ans, fut Premièrement maître des requ&es et avocat général ait de Paris. Après quoi, il fut nommé procureur général dans lai- faire de Bretagne (2), ensuite intendant de Maubeuge (3) et successive- ment de Caên en Normandie, oit lieu prévôt des marchands à Paris, enfin conseiller dÉtat. Tout le royaume lui reitdoit la jus-

(1) Pu samedi 20, Versailles. - « On a su aujourdhui que M. de -VaLa,i, prévôt des marchands, est mort dapoplexie; fi étoit dans sa quatrième aimée dexercice le cette charge... M. de Vatan étoit aussi conseiller dÉtat,.. 31. de Vatan avoit été intendant i-le Valencienneset ensuite ile Caéu , aprèsquoi il fut prévôt des niar- chauds. li avoit été marié deux fois : il avoit épousé en premières noces lit de M. Fontaine , homme fort riche, de laquelle il avait eu une fille qui o épousé M. le président Portail CL qui est vivante: cest la mère de M de Confions; M. (le Valait en secondes noces, épousa la fille de hl. Le Mairnt, maître des requ&es, qui avait beaucoup (le biens; il en avoit eu deux garfons et une fille. M. de Vatan, lainé des garçons, a un régiment dinfanterie. Le chevalier, qui vient de mourir (11 jan- vier 1757), avoit acheté 180,000 livres une charge dans les mousquetaires, qui nen vaut que 70,000. Il avoit de lesprit et des talents, et désiroit fort dêtre employé dans les négociations. Il avait obtenu par le crédit rie 1U Portail, sa soeur de père, (lêtre envoyé dans les paya étrangers, et 011 loi doniioit 2,000 écus par an. Il jouis- soit de 27 oit livres de rente, mais il avait beaucoup mangé de biens. Il avait aine terre nommée Saint-Lienne, qnil avoit fort bic,. accommodée. On a déjà dit que M. de Valait, le prévôt (les marchands , avoil eu une fille de son second mariage; cette fille a épousé le fils de M. (le Jansou et de )l" Nieolai. Mémoires du duc de Luynes, t, V, P. 82-81; t. XV, pSOS-SGO. - (2) Insurrection des nobles en 1718- 1719. Voyez lIfiatoi,e de Bretagne, par 1M. ÂuatflEN na Couasos, et la Revue de Bretagne cl de Vendée, années 1s57-I858, li lart. Conjuration de-Ponlcallec. - (3) Autrement dit de Valenciennes, où il exercd sa charge de li-2% é lifl. -- - tic-. quil était un magistrat des plus équitables et des plus judicieux; 5411e dessentirneas nobles, une grandeur dâme, un- esprit supérieur et ine vaste étendue de génie le rendoient capable des plus grands enipois. II estimoit notre chapitre, rient jamais aucune contestation avec lui, tant quil fut seigneur tic la terre de Vatan. II faisait tra- vailler à niveler les allées (lu pare quil avait entrepris et soccupoit à le former la nouvelle de sa mort fit cesser tout \ eou les travaux les teri-atsiei-s et les ingénieurs furent aussitôt congédiés; on conti- nua seulement lenceinte et la clôture du parc.

DOM Gcnou, BÉNÉDICTIN DE SAINT-MAUR, VIENT À VATAN FOUIS TIREft DES MÉMOIRES QUI ONT SERVI, A LHISTOIRE DU Baanv. - e Dans le mois daoût de cette, même-année; $arut ici un bénédictin de la congiéga Lion tic Saiiat-Maur, habile chroniqueur. Il étoit (le labbaye de Saint- Sulpice de Bourges, matifdOrléans, et se noffirnoit Dom» Gérbu, Sa congrégation lavoit eliai-gé de parcourir tous les chapitres et toutes les communautés de la piovince du Berry, pour en recueillir toutes les curiosités, les antiquités et les différents événements, afin de composer lhistoire du Barry sur les différents mémoires quil en auroit tirés (i),ll resta dix jours à Vatan chez un de MM. les chanoinci pendant lequel temps il visita les chartes du chapitre quon luilui corninurriqua: il en trouva de fort anciennes et de fort curieuses, dont il fit des extraits pour insérer dans son histoire Cétoit un reli- gieux de beaucoup desprit et dont les connaissanees étoient vastes et

Sur la Chronologie des Intendants de Rainant, voir la notice que jai ins érée dans le tome IX du Bulletin de la Courra, hist. dit Nord, p. 222, (t) Il sagit ici de lHistoire du Beary, dont les matériaux périrent dans lineen . « pi, peu da,mnées avant 1789, vint détruire labbaye de Saint-Germain des-die, Jrés. » Cf.- la page I de la préface du livre de IL]. DE JIAYNAL.. - « Douta G&ou, matif lOrléans, rat profession dans labbaye de Vendôme, le 20 juillet fis, égé de dix-sept ans. Après ses études, il fut envoyé à Po,illevov, pour y enseigner les humanités. Une granule application, jointe à une ardeur excessive pour le travail, havait mis en étal de former de bons disciples. La cormgrégation ayant conçu le des- sein: de. dentier let IJ)sloires particulières, il fut associé â D. Verinac pour tra- vailler à cefle du Bea-. Un goût décidé pour les inelmerclies historiques le rendait propre à ce genre de travail. Après la mort (le Veninac, il se trouva seul chargé nie cette histoire, li y a travaillé avec assiduité, pendant plusieurs années, et a ramassé un grand nombre de titres et de monuments. Mais se déliant de ses forc pour en tonner uni corps dhistoire, il sappliqua seulement à perfectionnmer la Bibliothèque des Auteurs du Dong, qui avoir été commencée par D. Méri , bibliothécaire dOr- léans. Cette bibliothèque, ainsi que la collection des matériaux de lhistoire dur Berry, pissèrent entre les maints de D. Précieux, qui, se trouvant d uns la suite chargé (le la conntinuationa de I). Bouquet 5 a reluis - le tout à D. Claude Antoine Turpin, roll, gieux de saint Germain des Irés (flirt, littéraire de Un co;ngrdgatiou (lc .Sainl-Maur, 1- 765-766.) - o;) - étendues; il lisoit aisément les différentes écritures (le tous les siècles et disccrnoit leur àge à leur caractère. Après avoir fini ici son ouvrage, il continua sa route à Levroux, pour y faire môme opéraï.ion , et de là ailleurs.

AFFAIRE DES LITRES. - e Sur la fin du mois (laoût, M. le chevalier de Vatan, frère du marquis mort au mois de juillet précédent, tuteur de ses neveux, fit renouveler la litre ou ceinture funèbre dans léglise de Saint-Laurian en dedans, ainsi que dans celles de Saint-Christophe et de Saint-Laurent. n séleva une contestation au sujet de cette cein turc entie le chapitre et le chevalier de Vatan, tuteur, prenant fait et cause pour ses neveux. Le marquis exigeoit une litre cii dehors de Saint-Laurian, comme en dedans. Le chapitre se croyoit fondé de refuser la litre en dehors de léglise, aux termes de la transaction de 1670, dont voici les paroles u Et moi, - Lefebvre, doyen et député » à. cet effet, consens que la litre et ceinture funèbre, qui est autour •» de notre église en dedans, épitaphes, tombeaux, armoiries et clin- » pelles des anciens seigneurs, restent tels quils sont. Dans cette conjoncture, le chapitre songea à se pourvoir de lu- inières. Il obtint une consultation équivoque de M. Estève, fameux avocat de Paris. » « Peu de temps après, M. le chevalier de Vatan vint en cette ville où il séjourna trois semaines pour régler les affaires de sa terre. Du- rant cc temps, il ordonna quon travaillât sans • délai à la litre du dehors. I) Le chapitre tira « de M. de La Chastre, avocat à Issoudun, frère de M. le doyen, une nouvelle consultation prétendant que MM. de Vatan, en qualité de seigneurs hauts justiciers, navoient point de droit de litre en dedans, mais seulement en dehors; quil ny avoit que le patron ou fondateur qui eût une ceinture funèbre en dedans, et que le chapitre avoit bien fait de sopposer à celle qui a été reuou veée en dedans, attendu que le Roi, étant fondateur de léglise de Saint-Laurian , il ne ponvoit avoir de concurrent. » Troisième consultation d e un autre avocat dissoudun, nominé M. Augras. (lui prétend que les seigneurs hauts justiciers ont •droit de litre en dedans et en dehors des églises situées dans létendue de leur justice. Lequel doit croire le chapitre? Lun dit oui, lautre dit non ; lun dit pour, lautre contre; lun dit blanc, lautre noir. A quoi se fixer? Dans ces perplexités, le chapitre se détermina ù prendre la voie de la protestation. » Afin que, dafis la suile, les seigneurs ne pussent tirer de consé- li101CC sinistre de ladite opposition, M. le chevalier de sTatan , à qui la chapitre fit part de ses intentions à cet égard , lui répondit, en la persanne (le doux chanoines à lui envoyés, quil y conseritoit de tout san coeur, quil ne prétendoit point blesser en rien leur titre de fon- dation royale , quil ne réclamoit que la qualité de seigneur liant jus- ticier et quil ne souhaitoit rien tant que la paix entre le château et le chapitre. »

Protestation faite par le chapitre, mais qui brouille tout 4° par 03 termes peu mesurés (]ont M. de La Chastre; avocat à Issoudun, qui lavoit rédigée, sétoit servi, et qui sembloient insinuer que le• chapitre doutoit toujours du droit de litre, que le seigneur prétendoit avoir en qualité de haut justicier; 2 0 parce que le chevalier de Vatan sattendoit que la chose se faisant de concert et dintelligence, on lui feroit la politesse de la lui communiquer, et cest à quoi lon man- qua. t « Il fit donc signifier, le lendemain, une protestation de sa part, -par laquelle il désavonoit la nôtre, et nous soinrnoit de déclarer sil iiaioit pas le droit, en qualité de seigneur liant justicier, dapposer des litres funèbres en dehors et en dedans de notre église, faute de quoi il sauroit prendre-ses mesures pour nous faire connoiti-e son droit. e

« On ne répondit point -à cette sommation. t De son côté, M. le chevalier de Vatan partit pour Paris, « avec la ferme résolution de faire assigner le chapitre au Grand Conseil ce quil ne fit pas. t Le chapitre consulta alors trois fhmeux avocats de Paris MM. Estève, Réricourt et Lemaire, afin de ne pas sembarquer té- niérairernent dans nue affaire qui paraissoit devoir devenir sérieuse et de conséquence. On envoya cet effet, auK avocats consultants, copie de larrêt de 1068 et de la transaction de 1670, et autres pièces qui avoient trait . à cette affaire. La consultation fut tout à lavantage du chapitre. »

« Le chapitre écrivit, en outre, à M. Portail, président à mortier, ayant quelque intérêt dans la terre de Vatan, pal-ce quil mit épousé -la 1)11e (lu premier mariage de Félix Aubar y, prévôt des marchands. Oit reçut de cemagistrat une réponse mêlée de beaucoup de politesse et de hauteur, déclarant quil ne pouvoh se départir des vues de M. le chevalier de Vatan, son oncle, et menaçant quil étoit Ù craindre que, si on eiitieprel]oit de contester pour lesdites litres, ce ne fût une Bi - occasion de renouveler la grande affaire de la Fondation. .Dans la suite, ledit sieur Portail déclara quil ne pienoit aucun intérêt à laf- faire des Jitres, sétant brouillé avec sa femme, reléguée dans un couvent pat lettre de cachet. e - » Enfin le chapitre se détermina à faire assigner au Grand Conseil le chèvalier de Vat.an, tuteur honoraire des enfants de feu M. k mar- (luis de Vatan, prévôt des marchands. On présenta pour cela requête par le moyen de M. Brunet, procureur au Grand Conseil ,et on signi- fia les assignations au sieur Dumont e tuteur onéraire desdits enfants. La rèquéte tendoit aux fins de laire effacer les litres apposées tant au dedans quau dehors, attendu que léglise du chapitre étant de fonda- tion royale, ne devoit point ôtre assujettie à une telle servitude. Aunée 1144. - « Dès le milieu du mois de janvier, II n paru une comète, dont on était assez surpris. A la fin du jour, on voyoit, du- côté du Couchant, une étoile très-lumineuse, qui jetoit, du côté du Levant, des rayons dune grandeur prodigieuse. Chacun ne savoit que penser. Comme lon faisoit de grands préparatifs (le guerre, les uns disoient que lon ne réussiroit pas; les autres, au contraire, en li- roicnt un bon augure pour la campagne prochaine, de sorte que les uns étoient dans la joie, les autres dans la consternation. Quoi quil en soit, tout a été assez bien, à peu de chose près (I). Opérations de la guerre. -- Prise de plusieurs villes. - Maladie du Roi à Metz. - Réjouissances à sa convalescence ; Te Deum chanté à Vatan à cette occasion ; illuminations, festons , guirlandes, feu de joie dans le grand champ de foire derrière les Loges. - Repas et fêtes don- nés par le chapitre s On chanta par intervalle, pendant le cours du repas, en faux bourdon du premier ton, ces p aioles composées sur- le-champ Vivat iex Ludovicus, incolurnis Gallia reddiius. Lac oui- pagaie étoit composée de vingt-huit persoiines et la dépense tomba sur sept chanoines, savoir MM. Le Normand, chantre, Rerlaudin, Dumoutier, Mestiviers, Duval , Trotignon et de Poix. Il en coûta à chacun la somme de G livres. »

» Après le repas, sut les dix heures du soir, M.-Baucljeton, vicaire de Nigeraut, qui avoit eu soin de décorer la porte du cloître (où lon voynit le portrait du roi étalé sur un beau tapis); fit allumer des lam- i p ons, et Messieurs se rendirent sur la Bùche pour goùtdr le plaisir (le

j ) Sur 1» comète dc 1744, Voir lJtistoirc de VAeaddnzit royale dss seieflee84 P. 32 CL les Mémoires tic cette même Compagnie pour ladite année, . 58 et 30f-.

- 58 - la beauté de lillumination. II sy trouva une iîifjnité dautres peuples; qui, par leurs cris de joie, donnoient à connoitro combien la con- valescencé du Roi Jeui procuroit de satisfaction et de contentement. Le jeudi 23 juillet, on fit, à la réquisition de M. le Charpentier, ni- tendant et receveur du château, le service du bout de lan de M. Fé- -lis Aubery; 011 sonna les grosses cloches pour servir dappeau loffice 50 célébra avec musique. Lhonoraire fut de 40 livres. s Le Roi chasse de lAlsace ses ennemis. - Magnifique réception du -Roi à Strasbourg. - Siège et prise de Fribourg. - Continuatioji des impôts exorbitants. c Le peuple cependant n eu lieu de vivre à son aise pendant cette année, puisque le fi-ornent ne valoit que 42 sols le boisseau; le reste des autres grains en proportion; le vin de 1742 valoit 24 livres le tonneau, et celui de 1743, 36 livres. - Abon- dante récolte de blé et de viu, malgré les pluies continuelles. Le vin sest trouvé assez bon. s « Le Roi déclara la guerre aux Anglois, qui continuoient de fournir à la reine de Hongrie des troupes Pour 5C défèndre contre la Fiance. &1ane $145. - Hiver tempéré. Printemps froid. Pluies conti- nuelles pendant la moisson. Temps favorable, pour les vendanges. Vins verts. Jubilé pour demander la paix entre les princes chrétiens. Louverture sien fit le dimanche 5 septembre, et la clôture le 18 du même mois. - Bataille de Fontenoy. Prise de Tournay et de sa citadelle, de -Gand, de Bruges, dOudenarde, de Termonde, de Nieuport et dAtli -Mêmes succès en Italie. ((Tout sembloit se soumettre au pouvoir de - Louis XV. Malgré de si grands succès, tout le monde aspire à la paix: les impôts augmentent de jour en jour. »

Année I 146. s Le froid a duré jusques à la semaine de la Passion, et il fut si excessif, surtout dans la première semaine de carème, (]UC plusieurs puits ont gelé, pàrmi lesquels celui de- la maî- trise et autres dans la grande rue. s

oo Avant cette gelée, il parut un prodige qui étonna bien des gens ce fut un corbeau.qui se percha sur tous les clochers de V-atan (1).» « Récolte stérile de bled et de vin: à peine un quart de vin par arpent; quoique la récolte de bled et (le V1I ne sannonçât pas bien, le bled-a été à assez bon marché; le froment ne sest vendu que 42 sols le boisseau ainsi des autres grains à proportion. Le vin u été cher:

(I) Détail consigné daims les Esquisses pi//urrsques de lIndre, p, 41. - - celui dc 4743 sest vendu 90 lires le tonneau; ccliii de 1744 GO livres, et celui de 1745, 40 livres. Frise de . B,uxelles. - Siége de Mons. - Bataille de Raucoux, donnée par M. de Saxe, où M. de Fénelon, un de nos lieutenants gé néraux, fut tué dun coup de canon: e nous perdîmes, à cette bataille1 deux cents officiers et six mille soldats; lennemi y a laissé douze mille hommes. e Procession générale à loccasion des pluies continuelles., très-con- traires aux gros et aux menus grains, dont le prix augmentait de jour un jour. - « Le cortége se rendit chez les Pères Récollets, où lon porta le bras de saint Laurian; on) chanta une grandinesse : le temps se mit au beau, et notre confiance en notre saint patron ne fut point vaine. e Calendes tenues, le ldndi 2 août et le lendemain, dans léglise de Saitit-Lanrian de Vatan pat M. dé Monville, grand vicaire. « II sy trouva seize curés. Le 23 au soir, M. (le Monville alla coucher à Gra- ay, pour tenir eu cette ville une antre calende.

SUITE DE LAFFAIRE DES LITRES. - « M. de La Chastre, doyen du chapitre, fut député pour aller à Paris poursuivre linstance pendante ail Conseil au sujet des litres ou ceintures funèbres: il partit dès le mois de mars. On sétait flatté que ce ne setoit quune cause daudience. Mais M. le chevalier de Vatan eut ladresse de la faire mettre aux rôles des dernières causes du semestre dhiver, de sorte que, nayant point été jugée dans le mois de mars, elle fut appoin- tée de droit pour le semestre dété. Il fallut donc se pourvoir dun rapporteur, qui fut M. Lambert, et dun avocat pour faire les écri turcs, qui fut M. Estève. e M. le député employa le semestre dété à faire produire, à répli- quer, à contredire les parties adverses, tirant toujours de longueur et ne répondant quà force de sommations et de jussions. Enfin, lorsque laffaire fut sur le point dêtre jugée, les parties firent signi- fier nue intervention de M. le marquis de Janson (lui avoit épousé depuis peu Mlle de Vatan, fille de feu M. le prévôt des marchands, lequel marquis de.lanson avoit droit disoit-il, à cause de son épouse, à une partie de la terre de Vatan, eLpar conséquent aux droits ho- norifiques de ladite terre. Par celte signification , finit le sclnesire dété; on ne jugea pas Ù propos de faire assigner M. le marquis de Jansoit pour le semestre dhiver qui suivoit. On différa Inêrne do mettre laffaire au semestre dété de lannée suivante, parce que lo:s - 60 - espéroit que les juges de ce semestre nous seroicut Pl us favorables que ceux du semestre dhiver. » Année 1717. -Gelées excessives au commencement de lhiver, notamment tout le mois de janvier. - Récolte stérile.— « Le bled est beaucoup augmenté pendant la moisson; le froment ne sétoit encore vendu, jusquà ce temps, que 15 et 16 sols le boisseau; mais, tout dun coup, il vint à 20 et 21 sols, et les menus grains, quoique plus abondans, ont suivi la même progression. Le vin u toujours été cher; le bon sest vendu jusquà 100 francs le tonneau. - Maladie épidémique des bêtes à cornes. - o Le Berry et partie de la Touraine ont été extrêmement affligés de cette maladie. o Dans les cantons où elle a sévi, elle na épargné aucun sujet. o Cette maladie est venue jusquà Ménétiéol -et à un petit village de la paroisse de Liniers, nommé Badin, assez proche de la paroisse delà Chapelle- Sant-Laurian. o « Bataille deLawlèldt, livrée par le maréchal de Saxe, au commen- cement du mois de juillet. Siège et prise de Berg-op-Zoom; cette ville est livrée au pillage. Bataille dExiles, perdue par limprudence de M. le chevalier de Belle-Isle, qui y périt, ainsi que sept à huit mille hommes le roi de Sardaigne y eut un très-grand aiantag »- SUITE DE LAFFAIRE DES LITRES. - « Au mois de mars de cette année, Sert M. de La Chastre fui député par pour retourner à Paris, Où, ayant tout disposé pendant les mois davril, mai et juin , pour tiére juger laffaire des litres, à la veille pour ainsi dire du jugement, M. le marquis de Janson. qui jusque-là navoit pas voulu répondre, fit signifier des lettres dEtat, qui suspendoient toute instance et qts4 mirent le procès au croc, jusques à la lin de la guerre que nous avions en Flandre, où il sen oit en qualité de capitaine. M. le député. revint de Paris à Vatan, le 24 juin. - NOUVEAU CHARNIER DES SEIGNEURS. - o Pendant les mois de février, mars et avril de cette aimée, les seigneurs de Vatan firent creuser nu charnier dans la chapelle de Sainte-Catherine, laquelle est située dans 1a nef de léglise Saint-Laurian. Ce charnier a 18 pieds de long sur 10 de large. En ci-cusant,oit trois tombeaux de MM. Du Puy, lun en plomb et deux autres en pierre. Ce nouveau charnier est bien voûté et a 6 pieds de hauteur. Pour létablir, il a fallu élever de 4 pieds Je plonurri de la chapelle Saintc-Catlieriiie, qui auparavant étoit de niveau avec la net de léglise. o « Pour cxécutei• cet ouvrage, les seigneurs demandèrent, au chapitre la permission de jeter deux marches dans ],a mais le chapitre in Leur en accorda qu une, dont ils se conteitLèreut. Messieurs de Vatan donnèrent un acte au chapitre par lequel ils reconnaissoient que cétait par grâce et par considération que les chanoines leur accordoient cette marche; les autres marches furent jetées dans la chapelle. » « La • translation, de lancien caveau dans le nouveau, se lit, le 28 septembre 1747. il sy trouva le corps de Marie Du Puy, de Cathe- rine Le Coq, épouse de Claude Aubery, de Mue de Vatan, sur- nommée de Tryc, fille de Jean Aùbery, et de Magdeleine de Bailleul, lesquels corps furent déposés dans le nouveau caveau avec les cadavres de Pierre Du Puy, de Vincent Du Puy et de Claude Du Puy, quon avoit découverts brsquoii creusoit le nouveau caveau. »

RÉPARATION DE LORGUE. - e Lorgue de Saint-Laurian de Vatan frit réparé, cette année, par M. Colard, habile facteur de Paris, lequel, cinq ans aupaiavant, avoit parfaitement rétabli celui de Saint-Étienne de Bourges. Un traité fut, en conséquence, passé avec lui, moyennant 600 livres et pourvu que Messieurs in turno voulussent bien lui donner le paslum à lui et à Claude Deschamps, son garçon, habile ouvrier, ce qui fut conclu de part et dautre au mois de mai 4747.» « Le grand corps dorgue étoit très-ancien, mais très-faible et très- délabré. La plupart des tuyaux tombaient en poussière. Le positif, ai contraire, étoit un ouvrage excellent et parfait, au jugement de ces facteurs. Cétoit un nommé M. Bridan, élève de M. Thiroy, facteur habile de Paris, qui le fit en 468, aux frais et dépens de leu M. Pierre Perrinet, pour lors chantre en dignité de Saint-Laurian. On mit im nouveau buffet au grand corps dorgue. La réception de louvrage se fit par M. des Polis, organiste de Bourges, venu exprès à Vatan. - Dépense totale de la réparation faite à lorgue 1,400 livres, dont 840 payées à M. Colard ; le reste aux différents autres artistes, ouvriers, etc., et pour matériaux employés à cette ré- fection. »

TnAVAUX 5U11 LES GRANDES BOUTES. - e On commença, le 2 mai, à faire donner des corvées aux paroisses tic lélection de Rdinorantin, comme Saint-Christophe, Saint-Laurent de Vatanet les circonvoisines, pour travailler à la grande route de Vatan à Vierzon. Lannée précé- dente, on avoit commencé à faire travailler les paroisses de la géné- ralité de Berry sur la route de Vatan à Châteauroux. On ne sauroit croire combien ces corvées, quon fait donner gratis au peuple, causent de misères, et coiiibien les héritages ont été endommagés par les travailleurs on na épargné ni bleds, ni vignes, ni maisons, et les propriétaires nont pas même été dédommagés. - 62 - A.iane i t 19. - «.M. J. B. Baucheton, procureur du chapitre, mourut le 17 février. CétOitUn homme très-éclairé et très-versé dans les affaires il fut enterré honorablement par le chapitre, qui plaça une croix levée sur sa tombe. » « Le vin sest trouvé excellent., ramassé quil fut par un temps des plus favorables;, il sest vendu 72 livres le tonneau. Le froment coûté, celte année, 27 sols le boisseau; le méteil et 1e seigle ont coûté 20 sols, la marseiclie 48, et lavoine 6. »

cè Commencement de lhiver doux, mais qui est tellement ensuite devenu rude et rigoureux jusquà la lin de mars, que, de mémoire dhomme, on navoit éprouvé de si grands froids, Il tomba aussi, dans ce mois, extraordinairement de neiges, qui ont grandement retardé les travaux, et réduit bien des gens à, une extrême misère.. » Grands préparatifs de. guerre. - Siège de Maëstricht par le maré- chal de Saxe, qui avait feint dinvestir Bréda. Reddition de Maëstricht cerné par le maréchal et M. de Lowendal avec deux cent soixante mille hommes. « Après la reddition de cette place, on y trôuva mille trois cents déserteurs françai, qui furent pendus de dix en dix, et ceux qui échappèrent au supplice furent tous envoyés dans les lies. o Paix conclue à Aix-la-chapelle, au mois doctobre. e Les conditions, quoique peu favorables à la France, furent acceptées par les ministres du Roi. s - « Malgré la promesse du Roi quà la conclusion de la paix les charges seroient diminuées, les tailles et tous les impôts furent augmentés partout, malgré les représentations du Parlement. Le vingtième denier et les 2 sols par livre du dixième ont continué détre perçus sur tous les biens du royaume, et le Roi fit indiquer une as- semblée générale du clergé pour lannée suivante, afin dimposer le vingtième sur les biens ecclésiastiques. La mohalité des gros bestiaux continua dans le Berry. Dans nos cantons, Liniers, la Chapelle-Saint-Laurian, Fontenay, Bouges et Rouvres ont été entièrement dépeuplés. Ce fléau a ruiné eu entier plusieurs familles. Tout le monde en est dans la consternation. Cest une.mahidié à laquelle il ny a aucun . remède, et, de mémoire dbomme, on na jamais eu. lieu deparler dun pareil accident car tous les animaux qui en sont atteints. périssent, et dans les domaines où il se trouve vingt ou trente pièces, à peine en reste-t-il une. o

Année (149, - On sera peut-être surpris de la remarque que. jai faite, après bien des personnes, de la rétrogradation du soleil. Rien nest cependant plus certain que ce que javance.. Bien des gens, connaisseurs dans le cours des astres, ont remarqué que le soleil - 63 - .navoit point tant rétrogradé qua lordinaire. Il est aussi incroyable que, de mémoire dhomme, on ait vu un hiver si doux et se passer, pour ainsi dire, sans aucune gelée car il na gelé que quatre jours dans le mois de février, et le froid na point été vif ni cuisant. Cette douceur prématurée fit beaucoup avancer les plantes et les arbres fruitiers; mais les 24, 2N et 26 mars, rabat-joie pendant ces trois jours, il fit une gelée excessive, qui gàta les seigles et perdit tous les arbres fruitiers. »- Publication de la paix. Récolte assez abondante on bled, qui a commencé à la Saint-Jean On a cueilli aussi abondamment du vin, (lui sest trouvé excellent, ouoi q ue les vendanges aient été faites par un assez mauvais temps. e Sur la fin du mois de juin, on fit une procession générale dans laquelle on porta toutes les reliques aux Récollets, où lon célébra une messe solennelle. Cette procession se fit à loccasion des pluies conti- nuelles et des vents impétueux, qui couchèrent les bleds, retardèrent la moisson et firent enchérir considérablement les grains. Le pauvre peunle géinissoit, et étoit aux abois de ne pas même trouver de pain chez les boulangers. « M. Morat,ehirurgien, lut député par la ville vers M. le cardinal de La Rochefoucauld, étant alors Ù Massay, où il tenoit les calendes, Pour lui demander lautorisation de faire cette procession; ce que larchevêque accorda avec peine. On convoqua seulement les Récollets, les paroisses de Saint-Christoplie-, Saint-Laurent, Saint-Florentin, la Chapelle-Saint-Laurian, Liniers, Fontenay, Cuilly, Reboursin, bleu- net et Ménétréol. e Par une espèce de miracle, le temps changea tout à coup, le ma- tin même de la procession. Le soleil, qui navoit parti depuis long- temps, commença à briller dès les six heures. Le ciel devint serein, titre chaleur bénigne se fit sentir et ranima les campagnes désolées. Tout le peuple, pénètré de reconnaissance, pleura de joie , à la vue dune telle merveille et bénissoit hautement le Seigneur de lavoir regardé dans sa miséricorde par les suffrages et lintercession de saint Laurian A Domino factum est istud, et est mirabile inoculis nâstris. Le doigt de Dieu n paru si visiblement en cette occasion, que les bleds de toute espèce qui ne pouvoient parvenir à leur maturité, lac- quirent en peu de temps la moisson, quise fit heureusement, causa la diminution du prix des grains. e

FIN DI) PROCÊS DES LITRES. - s En 1749, la paix étant faite et par conséquent la lettre dÉtat (lue M. le marquis de Janson , mari de -- oi - Mt5 de Vatan, avoit fait signifier au chapitre nayant plus lieu, le député du chapitre partit pour Paris sur la fin du mois daoèt pour être A la poursuite et à la continuation du procès des litres. MM. de Vatan firent leur production, à laquelle M. Estève, avocat du chapitre, répondit par un factum des plus solides et des mieux faits, que fut iinjiriiné. Enfin, après bien des démarches et des sollicitations, ce procès fut jugé le. 28 août S 1749. Le chapitre fut débouté de ses demandes, condamné à tous les dépens, et cependant maintenu dans tous les droits et prérogatives à lui adjugés par larrêt de 1668, et consentis par le seigneur de Vatan dans la transaction de 4670.

ÉTABLISSEMENT DES PRESSOIRS BANAUX. - CONSTRUCTION DUNE NOU- VELLE HALLE. - ce El 1749, les seigneurs de. Vatan, après avoir fait bâtir, dans la placé du faubourg deu haut, des pressoirs quils dirent banaux, quoiquil nen soit rien, et une belle halle, indiquèrent, au son du tambour, le marché au bled sous ladite halle, le lundi suivant; et afin que lhabitant, qui murmuroit, ne résistât point à cette nou- veauté, les factotums des seigneurs firent abattre et démolir, le ven- dredi 40 octobre, lancienne halle qui étoit dans la ville, où se voit aujourdhui la place destinée pour la vente des provisions et autres denrées, les lundis et vendredis. Un tort considérable fut fait à la ville par cette translation.

CÉRÉMONIE DE LA CANONISATION DE SAINT PIERRE DE RÉGALÂT, ET DE LA BÉATIFICATION DE JEAN DE PRADO. - « Le 9 août, se fit louverture de la canonisation de saint Pierre de Rêgalat (4) et de la béatification du B. Jean de Prado (2), tous deux religieux Récollets de lordre sé- raphique de Saint-François dAssise. A quatre heures du soir environ, quarante religieux, tous en aube et chape, se rendirent procession- nellement à léglise de Saint-Laurian, doù ils partirent, précédant le dliapitre, qui y alla aussi pour faire louverture de la cérémonie. Ou bénit dabord les figures de saint Pierre liégalat et du B. Jouis de ,Prado. Ensuite, on chanta en musique le Te Deum. A cette cérémonie pompeuse, se trouvèrent des religieux Récollets dOrléans, de Tours dAinay-le-Château, dlssoudun, de Châteauroux et dArgenton. Parmi les objets qui concoururent à lornement de cette fête, on re- marqua des bannières données par le seigneur et où ses armes étaient apposées. Elles étaient e arrivées à Vatan, le 40 du mois, par le messager de Paris. Elles furent déployées et portées, pour la pre- mière fois, à la procession du curé de Saint-Laurent et à celte des

(1) Mort le 30 mars 145ti, canonisé par Hennit XIV en 1746. (2) Martyrisé par les Africains, le 24 mai 163C, béatifié par RoueR XI[t CII 1728. - 83 - ilécollets, le lendemain 14. Tous lis curés du voisinage de Saint-Lau- rent furent régalés par ledit curé, en lhonneur de saint Régalat. » La communauté des vicaires de léglise collégiale officia le l dudit mois daot. Elle étoit pour lors composée de dix-neuF assis- tans. » On y voit figurer « M. Louis Trot.ignon, grand chantre de cette même église et titulaire de la vicairie de Brialix; M. Étienne De- lorme, chanoine de cette même collégiale, archidiacre et archiprêtre de Graçay, titulaire de la vicairie de Saint-Sulpice (1.); M. J.-B. De- lorme(2), ancien prêtre de lOratoire; titulaire de la vicairie de Vaux.» La cérémoniedu 12, célébrée par les vicaires, faf suivie dun grand repas, comme celle du il, célébrée par le curé de Saint-Laurent. Vous pensez bien que le moine, étant une nation insinuante et insa- tiable, ne rendit pas, et au chapitre et à la communauté des vicaires, les honneurs dont nous parlons, gratis et pro Deo. Il fallut que chaque corps se cotisât pour aider à faire valoir la cuisine. Le chapitre donna 2 louis de 24 livres, et la commwiauté des vicaires I louis de même valeur. » Le 13 août,3!. le curé de Saint-Christophe fit sa, cérémonie. » e Le 14, les honneurs furent dévolus à MM. les curés de Reuitly, Lazenay, Limeux, Cerboy, Lury, Saint-Père, flou, Paudv, Giroux, Luçay, Meunet, Reboursin, Saint-Florentin, Fontenay, Bouges, Liniers, Bretagne, , Saint-Valentin, et Ménét.réol avec la Chapelle-Saint-Laurian. »

«Le 1, jour de la fête de lAssomption de la très-sainte Viergc les religieux Cordeliers dArgenton, de Châteauroux, dissoudun et de Bourges, firent loffice. s Le 10, Mi les curés de Notre-Dame de Graçay, de Saint-Martin de Graç.av, de Saint_Aoustrille,deSaint-Phatier, dOrville, de Bagneux, de fun, dAnjoùin, de Saint-Christophe en Bazelle, de Sembleçay, de Poulaines, de Buxeuil, d, de Rouvres et de Guilly, eurent lhonneur dofficier..»

e Le 17, dimanche, octave de la cérémonie, Messieurs du chapitre de Sainte-Aoustrille de Graçay en firent clôture : un détachement de la milice bourgeoise alla au-devant de ces vénérables jusquau cimetière. Ils furent conduits tambour battant, mèche allumée, dans léglise (lu chapitre. »

(Il Voir son Éloge et sa f os-t, à lannée 1752. (2) Voir son Éloge et sa Mort, à année 1750. - 6G - • « Messieurs de Sain te-Aoustrillefirent les choses très-gracieusement. Ils firent présent aux Récollets (le 3 louis de 24 livres, donnèrent aux musiciens de Saint-Laurian 18 livres, aux sonneurs 6 livres, et aux bedeaux 3 livres. « Pendant la cérémonie, qui dura huit jours entiers, il y eut un sermon chaque jour M. , chanoine de Saint-Laurian ; prêcha le jour de louverture de la cérémonie, avec applaudissement; M. Asse, airé de Limeux, prêcha le 11 avec assez dapplaudissement; M. Calasse, curé de Clfiteauvieux-sur-Saint-Aignan, prêcha le 12 avec la plus par- faite éloquence.; M. Marcel, curé de Veneshe- sur-Cher, prêcha le 13; M. Jourdain, curé de Fontenay, prêcha le 14; le Père Tobie, Récollet, prêcha le 45 avec grand succès ; M. Marcel, curé de Venesrne, prêcha le 16. M. Bargirot, curé de Guilly, prêcha le 17, bien ; mais son dis- cours fut si long que peu de personnes y prirent goût il parla pen- dant deux heures et demie » « cette cérémonie a été très-coûteusè aux habitans, qui se seraient bien passés dune pareille fête. Pendant huit jours, il ny eut ni bor- gne ni boiteux qui ne Fût visité par quelques $Ierins de saint Ré- galat. bans certaines maisons, il y avoit tous les jours plus de douze Ou quinze, trangers à régaler; jugez de la dépene que cette canoni- sation occasionna! on la fait monter à 4,000 écus:, li ny eut que les bois Récollets à qui elle fut favorable. La bruit d couru que, tous leurs convives défrayés, ils avoient eu 1,200 livres de reste Ils firent quêter dans tout le, diocèse et les environs. Leur attention alla jusquà lamasser plus de quarante douzaines de froment en gerbes; ils ne firent pas une quête faorable dans la ville, qui fut assez chargée de festoyer tous les pèlerins que leur fête attiroit à Vtan. On peut gagner le ciel et y être glorifié sans toutes ces cérémonies . »

REFONTE ET BÉNÉDICTION DES CLOCHES 0E SAINT-LAURENT. - «La nuit du 1G au 17. août, les deux cloches de la. paroisse de Saiht-J4aurent furent fondues dans la basse-cour du château. Avant leur refonte, elles avoient un son des plus désagréables. Nicolas Gaulard, fon- deur, qui, dix-huit ans auparavant., ivoit fait les trois grossb cloches (le Saint-Lautian, étant revenu par hasard à Vatai, fut chargé de re- ihire aussi celles de Saint-Laurent. La dépense de: cette opération fut supportée par la fabrique, lôs Jiabitans et deux particuliers. Les cloches de Saint-Lament ontété augmentées de 8ô livres. Letout a coûté, augmentation et fonte, 150 livres. Le curé et les habitants ont eu la simplicité de faire mettre le nom du marquis de Vatan sur les cloches en qualité de,parrain , et ce seigneur a CII la crasse de t — e;? — ne pas donner un denier pour répondre à lIionnéur quon lui avdit tiéféré. » M. Delorme, archidiacre de Valait et chanoine de Saint-Laurian, assisté de M. Mestiviers, aussi chanoine, et de M. J. B. Delorme, son frère, en fit la bénédiction sur la fin de septembre. M. Dumont, tu- teur onéraire de Mill. de Valait, représenta pour lors ce seigneur si libéral. « Le vin a toujours été très-cher pendant cette année, ainsi (lue le bled; la récolte de lun et de lautre a été passable; et, sans la pluie, on eût cueilli des vins exquis. « :La maladie des bêtes à cornes est enfin cessée clic a duré trois ans. A lexception des paroisses de Saint-Christophe et de Saint-Lau- rent, tout le pays, peu de domaines exceptés, n perdu la totalité des bestiaux de cette espèce. Aiinc I - « Le récit de ce qui est arrivé de remarquable pendant le cours de cette année, ne peut quattrister. La mort a tait une moisson des plus abondantes dans la paroisse de Saint-Christophe et dans celle de Saint-Laurent, et a enlevé (les personnes dignes des regrets de tout Vatan. Le premier quelle n subjugué et mis au tom- beau fut M. J. B. Le Normand, prêtre, gran.d diantre du chapitre, natif de Selles, en Berry. Il avoit prêché, Ù Paris, pendant trois ca- rêmes, savoir à Saint-André- des - Arts, à Saint-Jean en Grève et à Saint- Germain -le -Vieux; à Orléans, deux carêmes; à Chartres, deux carêmes; à Blois, à Nevers, à Clermont, à Beauvais, à Amiens, à Limoges, à Tours (dans les églises de Saint-Gatien et de Saint-Mai- tin), à Issoudun et à Iomora1ltit). Ce digne ecclésiastique mourut assez béni gnement il célébra la messe, la veille (le son trépas, et, la nuit du O au 7 janvier, il sortit de ce inonde. o Sa mort donna bien du bouleversement à deux ecclésiastiques du chapitre. car tous les deux aspiroient à la ehajitrerie , qui est à la nomination du patron laïque. Ce patron se trouvoit être M. Antoine Méry, originaire de Vatan, tripier à Blois. M. Duval, qui avoit as- sisté M. Le Normand à la mort, neut rien de plus pressé, après que le moribond eut expiré, que denvoyer à Blois pour avoir la nomi- nation dAntoine Méry. Il adressa son exprès à Anne-Marie Besson, soeur de la Charité (1),. (lui étoit pour lors dans la maison de Blos. Celle-ci obtint facilement dAntoine Méry la nomination de la clan- trerie. Après cet exprès envoyé de la part de M. buval, mi autre

(1) Lune des premières qui furent éLiblies dans Ihospice de Vatan. Vair, (tans la première partie de ce travail, larticle Ifôlci-Dicu de JT (an. - - 08 - chanoine, M. Trotignon, y envoya tin second exprès, et le même Néry, qui avoit nominé M. Duval, varia à linstigation du pro- cureur du roi à Blois, il nomma M. Trotignon, par acte devant notaire. Cette nouvelle se répand. M. Trotignon prend possession; M. Duval , indigné, retourne de suite à Blois, le 12 janvier, par un temps déplorable, et là, grâce à lintervention de la soeur ilarie-Anne Besson, il tire de Méiy une troisième nomination. Enfin Méry, recon- naissant sa bévue, se rend à Vatan ; il donne un acte au chapitre, •ar lequel il désapprouve la première et la troisième nomination, et continue de nouveau eclié quil a raite de M. Trotignon , chanoine qui est resté paisible possesseur de la chatitrerie. » Que de démarches téméraires et imprudentes pour un bénéfice -de si petite conséquence Lorgueil , la vanité et lamour-propre ne peuvent quoccasionner des courses aussi peu sensées » Le 7 février de la même année, la mort nous enleva M. J. B. ilelormne, prêtre de lOratoire, titulaire des vba.ries de Saint-Sulpice et de Vaux il entra à lOratoire de Paris en 1706; après son novi- ciat, il fut envoyé pour régenter les basses classes à Nantes, de là au Matis, ensuite à Saumur et enfin à Angers. Ii y resta jusquen 1727, quil revint demeurer à Vatan , où il est mort. Les pauvres lont beaucoup regretté. CéLoit un prêtre ([exemples très-charitables. Il a donné des preuves, jusquà la fin., de la pratique des vertus propres ù ni) vrai ecclésiastique. » « Dans le carême suivant, bien dhonnêtes gens, sortirent de ce monde. Léuls Pitrou i clerc tonsuré, sacristain du chapitre, mourut. Pendant cinquante-deux ans quil tut honoré de cet office, il se coin- porta avec tant de sagesse et de prudence quil avoit. mérité une pension de la part (lu chapitre. n « René-Auguste Le Charpentier, chargé des intérêts de M. le mai- quisé de Vatan , trépassa dans le même temps. Charlotte Bouclier, suit pouse, le suivit, cinq jours après, dans la tombe. n Feu M. le mur- quis de, Vatan, étant intendant de Caên, avoit pris ce M. Le Charpentier à son service; il lenvoya, ici pour être régisseur de sa terre, suivre - les projets quil avoit formés pour son pare, et travailler à la répara- tion des domaines et dépendances. » Lentrée de Le Charpentier et de sa femme dans ce pays fut gra- cieuse; ils se tirent autant iespecter que les seigneurs. Cette satislhc- lion ne tut pas de longue durée pour les habit-ans car, à la mort de M. le marquis, la chance tourna. M. Dumont, nommé tuteur des en- Caris de ce seigneur, l) ci, initié Louis Le Charpentier, de Vaux - - cousin de M. Le Charpentier, et le lit intendant à la place de ce der nier, si bien que celui qui avoit voulu procurer du pain et de lem- ploi i son cousin, en fût privé par le même et se vit obligé dêtre subordonné à lui. René-Auguste Le Charpentier laissa sept enfans Son frère, homme de mérite et qui avoit un emploi Cain, vint pour être tuteur de ces pauvres orphelins. Après dix jours de séjour à Vatan, il tomba maladeet mourut, laissant sa famille et ces pauvres petits enfans dans la dernière consternation. M. Devaux fut leur tu- teur, et les envoya tour à tour à Caên , au mois daoût suivant, ii Printemps pluvieux. - Procession générale, composée des paroisses de Saint.Clnistoplie, Saint-Laurent, la Chapelle-Saint-Laurian, 11e- boursin, Saint-Floreàtin. e La moisson sest commencée dès le milieu - du mois de juillet; elle fut très-coûteuse; les , ouvriers étoient rares, ils ont gagné jusques à 30 sols par jour et la nourriture. - De mé- moire dhomme, lon na cueilli tant de bleds de toutes espèces. - Vin de mauvaise qualité et peu abondant. Mort, dans la nuit du 31 octobre au i novembre, de M. Etieiue Desprez, curé de Saint-Florentin M. Louis Caignault lui a succédé. « Il sest tenu, cette année, une assemblée du clergé pour engager les ecclésiastiques à donner une -déclaration exacte (les biens de léglise, ce qui na eu aucun effet. n - Ann& t ni, - Continuation des pluies. - Calendes de M de LaRochefoucauld, tenues à Vatan, dans léglise collégiale de cette ville « Il se trouva à cette calende les paroisses (le Saint-Christophe, Saint-Laurent, Saint-Florentin, la Chapelle-Saint-Laurian, Fontenay, Cuilly, Aize, Btxeuil, Ménétréol, Menuet, Paudy, Luça y et Reboursin.. - M. Étienne Delorme, chanoine de cette église t archidiacre de Graçay, reçut, à lentrée, le prélat, quil complimenta avec autant desprit que déloquence (4). Son Excellence étoit logée chez lui; elle y resta

déloquence à la mode dons (1) Aux personnes désireuses de se faire une idée du genre le clergé berrichon dl xvii siècle, pour la réception et complinientation des, prélats diocésains, nous donnerons le conseil de lire ta harangue suivante, adressée à M. lar- curé de Chaselct, 4 chevêque de berges, par N . Bach -Robert Rocade de Lnus(rot, présent curé de , près ChntteatA.rOUX cv Si, Monseigneur, lenvie et la passion de vous posséder ic civoient P» quelque chose, il est sûr et certain que nous se- où en mon particulier je me rions quittes IL y ni longtemps de lagréable embarras trouve aujourdhui mais âvec Votre Grandeur ce qui est différé nest pas perdu, comme dit lautre; nous navons pas perdu pour attendre, car enfin quelle 1115.5 douce consolation que (lavoir auprès de ions un archevêque, un pasteur bien aimé dont notes désirons la présence avec tant dardeur Suivit in ta anima mica, conflue dit le grand apôtre; oui, Itonseigneur, ce peuple chrétien et moi avions tous lie soir de vous voir, et pour ce qui me regarde, je peux répondre que cette altération Yioleii te -ni n se passera jamais yéritahiennenit, lont Ce qui quant à légard le notes, quelle deux jours. Le premier jour tout te chapitre mangea à la table du seigneur arehevôqùe; le second jour ce furent MM. les curés. De Vatan, M. le cardinal se rendit à la Vernusse, de là à Valençay, de Valençay à Selles, de Selles à Graçav, à Meltun, ensuite à Bourges.

Monseigneur dorrna la confirmation dans léglise Saint-Lauriaii, et présida à louverture du jubilé. « Louverture du jubilé se fit le 42 mai, par une procession solennelle à laquelle les Rêcollets, les deux

heureuse journée, et de quelle faveur ne nous comblez-vous pas? Il estpour,.cohstarfl quon peut dire de Votre Grandeur quelle gagne les œuvres de miséricorde, et rnisericor- dia ejus, en venant nous visiter avec autant de bonté que si nous étions sesaells. Car enfin qui est-ce qui ne sait pas votre illuatre naissance? pour en tirer au jute la véritable origine il faudrait laller chercher longtemps avant celle de Pharamond et de Clovis, ou plutôt pour la trouver il faudrait laller chercher dans tous les sé- des des siècles, in Minuta swcu(orurn, amen. Mais sans ehercliersi Ioi]ig, Monseigneur, nous savons de science certaine que votre illustre maison n toujours eu, a et 3H11, toujours des personnes dun très grand mérile; cest tout dire, quand je dirai quo depuis que le monde est monde, elle o fourni une multitude innombrable de papes et de cardinaux, dont vous sortez en droite ligne, à progenie in progen(cs, et qûb je ranimerais sil on étoit besoin; mais lions lie sommes rias ici pottr parler des JèffuimLs , requiescant In pace Dieu les absolve. Il faut parier dun bôn vivant comme vous, Monseigneur, pax vois, dont la politesse et la bonté charment vérita- blemerit tous les coeurs; bontéqui me rassurera toujours contre la malice de mes ennemis; je les deflie de me nuire; le soleil a paru, il ny a plus de ténèbres; ils peuvent me vendre, mais ils ne nie livreront pas; jay dans Votre Grandeur un bon protecteur, si Versa pro rotais, quis contra nos? Mais laissons tout cela, rira bien qui rira le dernier; songeons bien seulement à cèlébrer votre heureuse arrivée, qui pour moi, sans mentir, est un vrai sujet (le joie et de jubilation, jubitcmvs Deo. Mais comment faire pour la célébrer dignement? Ah je prendrai le calice en niai" - doù dépend lion salut et ma joye, etjinvoqnerai selon nia louable coutume le saint train (lede Dieu, et mécrierai avec le grand apôtre, vola cira ?eddani in conspectie oumnis populi ejus. Oui, jélèverai nia voix, je bénirai cet heureux jour, et je répan- drai mon cccii, sur le carreau en présence (le tous sues paroissiens. E i)lijlj llonsei- gneur, puisse-t-il vous arriver tout le Lieu que je vous souhaite, puissions-hou ne vous voir de toute la vie et-vous perdre à jamais, en troquant, pour le niai que je svous souhaite, votre mnittre polir "ne thiare quon dit étre le bonnet carré de notre aint Père le Pape; enfin en un mot puissiez-vous donnerie démenti Lotit haut et clair aux badins qui disent, à ce que jay ouï dire, aniiquata contant galluL 70. • manu. £Çon-senlemnent il chante à Brime, niais il danse eonmnie David devant larche lalliance. Pour nous, Monseigneur, nous navons Finit de meilleur à faire A présent, que douvrir et de dire avec Isaac et Jaeôb, ottolllle pot-/as, ouvrez vos portes, prin- cipes vr,St,-eç, à votre prince, votre pasteur bien Aimé, qui vient Four vous donner les scconrs et les consolations dont vous avez besoin, s Or a ilorie, ouvrons nos portes, recevons notre pasteur, notre grand, notre il- lustre mi rr,hscvéqmie, avec loirs les égards quil mérite. Fit 7 us le rideau, et faisons-lui voir sa chère et tendre épouse; elle nest pas bien parée, niais elle est toujours belle, ,iigi-n Lune, sert (osmose iii trorlu isoums-le dans son lit nuptial , et, pendant leurs col- loques amoureux, cli a ii ous et cd éb rons leur sainte allia,, ce. E u lin finale,,, eu t cli Lori- nons avec le Prophète 7e flenrn (oudanru.,. Extrait du n 412 des niarluscriLs Ici bibliothèque de Valenciennes, imprimé par M. MANGEAnT dans le Catalojne ries- s-ipri( et soisonni desdits )slanusrrj(s 1 vo!. in-8, p 671. —il - paroisses de Saint-Laurent et de Saint-Christophe assistèrent., Avant la procession,. un sermon fut prononcé par M. Argy, un des chanoines. Ce jeune prédicateur fut applaudi, tant pour léloquence de son discours que pour lédification avec laquelle il le pronw]ça;. après quoi, on chanta une messe solennelle du Saint-Esprit en musique. - Le jubilé a continué depuis le 13 mai jusquau 43 novembre sui- vant. « -Toutes les paroisses circonvoisines venoient ici processionnelle- ment. - On y a vu les paroisses deMénétréol, Giroux,Meunet,Luçay, Reboursin, Saint-Florentin, Saint-Christophe-en-Bazelle. Dun, Sein- bleçay, Aize; Guilly, Fontenay, la Chapelle-Saint-Laurian, Saint-Chris Éophe et Saint-Laurent de Vatan, les Récollets de cette ville et labbaye de la Vernusse, dont M. Imbert Dut il étoit ablé. Cet ecclésiastique sest rendu respectable, non-seulement par la piété avec laquelle il a paru aux processions, que lui et ses religieux tirent pendant le jubilé, mais encore plus par ses aumônes extraordinaires quil u constamment répandues dans les paroisses circonvoisines de son abbaye, et par la vie pénitente quil a menée depuis plusieurs années. » On ne peut exprimer le zèle la piété, la religion et les sen- .timens de pénitence avec lesquels les prières du jubilé se sont faites, » Sur la fin de septembre, mourut subitement M. Léon Desprez. La nomination an bénéfice quil laissoit vacant tomba dans les mains de M. Argy, lequel, au lieu dy nommer un jeune homme du pays, se laissa conduire par des gens -contraires aux intérêts des habitans de Vatan et y nomma M. Guillârd, natif de Châteauroux, qui était pour lors curé de Saint-Fauste, près de . » Année 175e. - e L commencement - de cette année a été doux, mais la misère a été grande, à cause du peu de bled quon a recueilli lannée dernière. » o Cette année, la récolte du bled a été abondante et les vendanges se sont bien faites. Le 10 mars, mourut I(. Claude de Poix, chanoine. 11 avoit été curé dOizon en Sologne, et étoit natif de Vatan. Cbmme il mourut en son mois, son canonicat tomba au chapitre en corps, qui nomma M. Gagnauld, neveu de M. de La Chastre, doyen. M. Claude de Poix avoit été dix-huit ans chanoine et huit ans prieur curé il avoit succédé au canonicat de M. Nicolas de Poix, son oncle. Huit jours après, mourut subitement, dun coup dapoplexie, M. Étienne Delorme, prêtre, chanoine, archidiacre et archiprêtre de Graçay, homme dïn vrai mérite. Dès lage de vingt-deux ans; il alla M

à lOratoire de paris, de là à Troyes, à Soissons et à Dijon; il f61 nommé visiteur dans le Lyonnais et successivement professeur et préfet au collège dAngers. En 1744, il fut fait curé de Yaïan et chanoine en 1731. Son successeur a été M. Étienne Dumoutier, cûré de Saint- Christophe; auquèl il donna son canonicat par résignation. ))

Ici se terminent les Mémoires du Chan6ine; auxquels un éditeur humoristique eât pu donner pour titre : Une petite ville sous lancien

FIN.

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