Un Autre Regard Sur La Route De Langonand Archives Municipales De Saint-Chamond
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Un autre regard sur la route de Langonand Archives municipales de Saint-Chamond Un autre regard sur la route de Langonand Au bord du Langonand, au début du XXème siècle. Archives municipales de Saint-Chamond, 10Num22 Version originale publiée dans la revue « Le Jarez d’Hier et d’Aujourd’hui » n°60, décembre 2012 Version Internet mise en ligne avec l’aimable autorisation des Amis du Vieux Saint-Chamond en août 2013 1 Un autre regard sur la route de Langonand 2 Un autre regard sur la route de Langonand La route de Langonand a mauvaise réputation. Elle est considérée comme dangereuse, notamment parce qu’elle est le théâtre d’accidents de la route parfois spectaculaires et souvent dramatiques. Une mauvaise réputation qui doit sans doute aussi à l’obscurité de ses bois, et peut-être également parce qu’il est bien connu qu’on y pratique le plus vieux métier du monde... Mais à qui prend le temps de l’observer, la route de Langonand révèle une certaine valeur patrimoniale, liée à la qualité de son paysage marqué par le temps et les hommes. Origines La route de Langonand, c’est cette partie de la Route Départementale 1498 qui relie Saint-Chamond à Sorbiers. Entre le rond point du Champ du Geai et celui qui marque l’entrée à Sorbiers, la route parcours 4,4 km. Partant de 363 mètres d’altitude, elle culmine à 509 mètres, soit un dénivelé de 146 mètres. Elle doit son nom au cours d’eau qu’elle longe sur la plus grande partie de son tracé : le Langonand. Ruisseau plutôt que rivière, celui-ci prend sa source sur les premiers contreforts des Monts du Lyonnais, du côté de Saint-Christo-en-Jarez, pour se jeter dans le Janon à Paradis, une centaine de mètres avant que ce dernier ne disparaisse sous la chaussée du Boulevard Waldeck-Rousseau. L’origine du nom Langonand reste mystérieuse et son orthographe a sans doute évolué. Ainsi sur l’atlas cantonal du département de la Loire de 1887, il est orthographié Langonant. Si l’on s’aventure du côté de la toponymie, on peut effectuer un rapprochement avec le terme occitan ango ou angous qui désigne une gorge ou un passage étroit, ou avec la racine celte anco/ango qui signifie recourbé ou tortueux, le terme de « nant », que l’on trouve notamment en Savoie, Haute-Savoie et en Dauphiné, désignant un ruisseau ou une vallée. Le terme de Langonand pourrait donc se rapporter a une vallée étroite ou a une rivière ou une vallée sinueuse, en référence aux caractéristiques de la rivière 1. Un aqueduc romain Ce qui est un peu plus certain, c’est que la vallée du Langonand est fréquentée par l’homme au moins depuis deux millénaires, comme en atteste la présence de vestiges de l’aqueduc romain du Gier, les plus importants encore visibles sur le territoire de la commune de Saint-Chamond. Car pour franchir la vallée du Langonand, les romains avaient construit un pont qui devait compter huit arches et un radier qui culminait à 14 mètres environ au-dessus de la rivière 2 ! De cet ouvrage spectaculaire, il ne reste que cinq piles, en plus ou moins mauvais état, mais surtout enfouies sous la végétation : difficile de les apercevoir en passant à proximité de l’ancien restaurant « Le Gavroche », même si la base de la cinquième pile affleure au bord de la chaussée. 1 André PEGORIER, Les noms de lieux en France, glossaire de termes dialectaux , Institut Géographique Nationale, 2006 2 Département du Rhône, Préinventaire des monuments et richesses artistiques, IV Lyon, L’aqueduc Romain du Gier , 1996 3 Un autre regard sur la route de Langonand Fig. 1 : Sur cette carte postale du début du XXème siècle, on distingue nettement trois piles du pont qui permettait à l’aqueduc de franchir la vallée du Langonand. Collection particulière A proximité, le ruisseau de l’Arcelet se jette dans le Langonand. Le toponyme « Arcelet » semble être une contraction de l’expression « arc seulet », en référence à l’unique pile subsistante d’un pont qui devait en compter six ou sept pour permettre à l’aqueduc de franchir cette vallée encaissée. Une voie romaine passait aussi très certainement par la vallée du Langonand pour relier Saint-Chamond à Feurs, et plus largement les deux fleuves, le Rhône et la Loire. 4 Un autre regard sur la route de Langonand De la voie romaine à la route nationale Cette caractéristique de voie de communication, commune à la plupart des vallées, a donc marqué l’histoire de la vallée du Langonand. Le réseau routier hérité de l’Antiquité ayant souvent continué à être utilisé durant le Moyen Age, on peut supposer que la route de Langonand a été parcourue durant cette période. Seule certitude, on la retrouve sur le cadastre napoléonien de 1812. Le 7 janvier 1813 paraît au Bulletin des Lois, le Décret Impérial relatif à la perception des Centimes additionnels pour la réparation et l'entretien des Routes Départementales dans cent vingt-deux départements 3. C'est le premier document connu qui liste les routes départementales. Celles-ci sont classées dans chaque département par les ingénieurs des Ponts et Chaussées selon l'importance qu'ils leur attribuent. Dans la Loire, seules cinq routes sont élevées au rang de routes départementales. Leur nombre s’étoffe peu à peu, et celle qui relie Andrézieux-Bouthéon à Chavanay devient la Route départementale n° 7 de la Loire au Rhône, dont la route de Langonand constitue un tronçon. Le début du XX ème Siècle est marqué par l'essor de l'automobile. Malgré la qualité de leur conception et de leur entretien, les routes départementales ne sont pas conçues pour l’automobile. Face à l’incapacité des départements à investir dans leur réseau, l’État décide de reprendre la gestion directe d'un grand nombre d'axes représentant environ 40.000 km. Au début des années 1930, il procède à un classement ordonné mais massif de routes départementales, de chemins vicinaux et ruraux dans la voirie nationale. C’est ainsi que la route de Langonand est intégrée en 1933 à la route nationale 498, nouvellement créée. Celle-ci, définie comme la route de la Chaise-Dieu à Saint-Chamond, est réduite en 1973 à sa portion de l'agglomération stéphanoise reliant l’A72 à Saint-Chamond, en faisant le contournement nord de Saint-Étienne. Elle se résume désormais à la route de Saint-Priest-en-Jarez N82 à Saint-Chamond N88. La loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales marque l'avènement d'un réseau routier départemental totalement autonome et puissant pour les échanges locaux. A partir de 2006, l’État procède au déclassement dans la voirie départementale des routes nationales d’intérêt local. Leur liste est définie après concertation avec les Conseils Généraux : 18.000 km de routes sont finalement concernées. Parmi celles-ci, la RN 498 est intégralement déclassée pour devenir la RD1498 : la route de Langonand redevient départementale. Cette brève histoire administrative ne nous dit rien de la fréquentation de la route de Langonand. Les seuls chiffres disponibles sont relativement récents : 7 030 véhicules par jours en 1998, 6 650 véhicules par jours en 2004, 7 600 en 2012, dont environ 250 poids-lourds. Soit une fréquentation assez importante, mais relativement stable sur les quinze dernières années. 3 WikiSara, « l’encyclopédie des amoureux de la route et des transports » (www.routes.wikia.com ) : articles sur la Route Nationale 88, les routes départementales françaises, la liste des routes départementales de la Loire 5 Un autre regard sur la route de Langonand L’épopée de la Galoche Mais avant même l’apparition de l’automobile, qui va fortement modifier son apparence, la route se voit doubler au tout début du XX° siècle d’une… voie de chemin de fer ! Une ligne du chemin de fer départemental reliant Saint-Héand ou Saint-Etienne à Pélussin puis Maclas, où circule la fameuse Galoche 4. L’idée d’une telle ligne nait à la suite d’une loi votée en 1880 pour compléter le réseau national par des lignes de chemin de fer d’intérêt local. Une quinzaine de projets de lignes sont étudiés dans le département de la Loire, dont celle qui nous intéresse. La ligne Saint-Etienne- Pélussin est déclarée d’utilité publique en 1896, et réalisée en plusieurs tronçons. Le premier tronçon, permettant de relier Saint-Héand ou Saint- Etienne à Saint-Chamond via la vallée du Langonand est inauguré le premier août 1901. Quatre ans plus tard, la ligne est prolongée jusqu’à Pélussin via la Grand-Croix, en empruntant les rails du tramway : la Galoche circule sur une voie métrique 5, ce qui signifie que les rails bénéficient d’un écartement d’un mètre, le même que ceux sur lesquels circule le tramway. La ligne est exploitée par la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux de la Loire jusqu’en 1911. La Société des Chemins de Fer du Centre lui succède jusqu’en 1928, date à laquelle, confrontée à un déficit trop important, elle est remplacée par la Régie des chemins de fer départementaux de la Loire. L’exploitation de la ligne de voyageurs prend fin le 15 juillet 1931, le transport de marchandises étant prolongé jusqu’au premier juillet 1932. Pendant trente ans, la vallée du Langonand va résonner du bruit des locomotives. Des locomotives de type 030T, construites en 1897 et 1898 par le constructeur lyonnais de matériel roulant ferroviaire Pinguely. Clin d’œil de l’histoire, l’entreprise Pinguely, qui abandonne la construction de locomotives dans les années 1930, tombe par la suite dans le giron de Creusot-Loire et fusionne en 1995 avec le fabricant de matériel de manutention Haulotte… Pinguely-Haulotte, leader européen dans le domaine des nacelles élévatrices, a toujours un pied dans la vallée du Gier, puisque l’une des usines du groupe est implantée à l’Horme.