William Friedkin – « Police Fédérale Los Angeles » (To Live and Die in L.A) Par Lucien Halflants (Le 4 Janvier 2017)
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POLICE FÉDÉRALE LOS ANGELES TO LIVE AND DIE IN L.A. un film de William Friedkin « Saisissant » « Ce diamant noir n’a rien perdu de LE MONDE son éclat » TÉLÉRAMA « Un film tendu, violent, coloré, et mené tambour battant » « De l’adrénaline pure » L’EXPRESS LE FIGARO « Violent, nerveux et très noir, l’un des « Un polar survitaminé, très jouissif » meilleurs films de William Friedkin » LA DISPUTE – FRANCE CULTURE LE FIGAROSCOPE « Un beau classique eighties « Police Fédérale Los Angeles accumule de Friedkin » les bravoures, doté d’une course LES INROCKUPTUBLES poursuite d’anthologie » PLAN LARGE – FRANCE CULTURE « Une virtuosité renversante » CRITIKAT « Un titre phare des années 80 » ARTE « Une œuvre importante, et l’un des plus beaux films de son réalisateur. » « Ce qu’il y a de plus beau dans ce CULTUROPOING portrait urbain : la frénésie, les fuites en avant rythmées par les lignes de basse « Véritable chef-d’œuvre de Wang Chung, la vélocité folle des des années 80. » traques et des filatures. » DVD CLASSIK CHRONIC’ART « Le plus grand polar des années 80. » « Haletant de bout en bout. » TOUTELACULTURE.COM CINÉ CHRONICLE « Véritable manifeste du cinéma des années 80, le film n’a pas pris « Le film n’a rien perdu de sa force et de une ride. » son pouvoir de fascination. » CAPTURE MAG DIGITALCINE AU CINÉMA LE 4 JANVIER « Police fédérale, Los Angeles », une symphonie des bras cassés Réalisé en 1985, le film de William Friedkin, adapté d’un roman de Gerald Petievich, ressort en salles. Par Jean-François Rauger (le 4 janvier 2017) A l’origine de Police fédérale, Los Angeles, qui ressort en salle, il y a un livre écrit par Gerald Petie- vich, un ancien de ce que l’on appelle le « secret service », une unité de la police fédérale compé- tente à la fois pour la protection des hautes personnalités et pour la répression des contrefaçons et escroqueries monétaires. C’est, selon William Friedkin lui-même, cette particularité « bifonctionnelle » (passer de la protection rapprochée du président des Etats-Unis à la poursuite de voleurs de cartes de crédit) qui l’aurait conduit à s’intéresser au roman de Petievich, avec qui il en écrira l’adaptation pour l’écran, élaguant significativement le matériau d’origine. Le film, sorti en 1985, détaille les étapes de la traque menée par deux agents des services secrets, Chance et Vukovitch (interprétés respectivement par William Petersen et John Pankow), d’un habile faussaire, Masters, qui fabrique de la fausse monnaie et est le meurtrier du précédent coéquipier de Chance. Salué à juste titre comme un retour en grande forme, au milieu des années 1980, de l’auteur de L’Exorciste, le film retrouve ce goût de l’ambiguïté qui définissait les personnages de son French Connection en 1971, mais acclimaté à un nouvel air du temps. Sourd à toute objurgation éthique, Chance est obsédé par un désir de vengeance au nom duquel il multipliera pressions, chantages divers et irrespect des règles s’imposant à un policier. Face à lui, le luciférien Masters (excellent Willem Dafoe), faussaire, artiste peintre et criminel, apparaît porté par une souveraineté flamboyante qui manque singulièrement aux policiers à ses trousses. Un pessimisme profond Chance est une tête brûlée qui se jette régulièrement dans le vide (un motif central de l’œuvre de Friedkin) à la fois littéralement (il s’amuse à se lancer du haut d’un pont vertigineux pour tenir des paris avec ses collègues) et métaphoriquement. Cette manière de fuite en avant écer- velée favorise dès lors, par un effet paradoxal, un certain nombre d’actes particulièrement mala- droits. Les deux policiers multiplient les bévues et les bavures, assistent impuissants au meurtre d’un homme qu’ils surveillaient, laissent échapper un témoin, font abattre un agent du FBI infiltré. Police fédérale, Los Angeles est une symphonie des bras cassés, un concerto de ratages récurrents et de maladresses diverses. L’époque ne semble plus être celle de l’action efficace (horizon modèle du cinéma américain), mais de l’action se retournant contre elle-même. Saisissant par son montage, sa bande musicale due à Wang Chung et sa photographie signée Rob- by Müller (le chef opérateur de Wim Wenders), le clinquant hédoniste des années 1980, Police fédé- rale, Los Angeles s’affirme comme un pur théâtre de la dépense, désignée tout autant par les initia- tives aveugles des policiers (déclenchant notamment une spectaculaire poursuite en voitures) que par la fureur destructrice de Masters, brûlant régulièrement ses propres tableaux ainsi que des bil- lets de banque par poignées. Le plus remarquable du film reste quelque chose qui semble s’être perdu à Hollywood depuis long- temps : un pessimisme profond et une violence sèche, dénuée de toute emphase, seule façon de rendre intense et tragique un maniérisme typique de son temps et de son espace. POLICE FÉDÉRALE LOS ANGELES, POLAR NIHILISTE Par Valentin Pimare (le 4 janvier 2017) Police fédérale, Los Angeles marque l'apogée du style nerveux de William Friedkin. Cette plongée dans un univers paranoïaque cher au cinéaste ressort en copie restaurée. Retour sur un polar comme on n'en fait plus... Police Fédérale, Los Angeles débarque le 7 mai 1986 dans les salles françaises. Le film est salué par la presse, qui y voit un nouveau tour de force du style propre au réalisateur William Friedkin. Pourtant, le ton est différent du reste de sa filmographie; impression ressentie dès l'étonnant géné- rique, monté avec des plans comme choisis au hasard, affichant des crédits aux couleurs pétantes sur fond de musique de discothèque orchestrée par Wang Chung. Mais, histoire de le rendre plus compréhensible pour le public, en traversant l'Atlantique, ce polar a changé de titre, quitte à faire à disparaître le charme, l'originalité, et, surtout, le sens de cette his- toire vénéneuse. Aux États-Unis, Police Fédérale... s'intitule To Live and Die in L.A. (Vivre et mou- rir à Los Angeles). Or toute l'essence du film, qui ressort en copie restaurée le 4 janvier, se trouve dans ce titre américain. William Friedkin a trouvé l'inspiration dans le livre éponyme d'un ancien agent secret, Gerald Petie- vich. "Obsession, paranoïa, trahisons, frontière ténue entre le policier et le criminel: il y avait là tous les éléments du film noir classique", note le cinéaste dans son autobiographie (1) . Le réalisateur livre un film tendu, violent, coloré, et mené tambour battant. Six ans après La chasse, et quatorze ans après French Connection, ce nouveau polar raconte l'histoire de Richard Chance (William L. Petersen), flic tête brûlée qui cherche à coincer Rick Masters (Willem Dafoe), un faux-monnayeur. Le jour où Masters tue son coéquipier, Chance se transforme en vengeur ob- sédé, et les frontières entre bien et mal volent en éclat. Polar atypique Poussé par son enthousiasme et épaulé par le producteur Irving H. Levin, Friedkin se lance sans attendre dans le projet. "Je ne me suis jamais senti aussi confiant ou inventif que lorsque j'ai fait Police Fédérale, Los Angeles [...] Tout semblait couler de source", note le réalisateur. Il écrit le scénario en trois semaines avec une vision claire: "Je ne voulais pas que le film soit une copie de French Connection. J'allais laisser tomber l'aspect rugueux et macho de ce dernier pour quelque chose qui s'apparenterait au style unisexe typique du Los Angeles des années 80". Le cinéaste laisse aussi de côté les têtes d'affiche au profit d'acteurs peu connus. Il embauche Willem Dafoe juste en le voyant quelques instants lors du casting et ira chercher William L. Peter- sen sur les planches à Chicago. "Réaliser un film d'action populaire avec des acteurs totalement inconnus, c'était comme sauter dans le vide, mais j'étais sûr que je pouvais m'en tirer." Le réalisateur réussit son pari. Reste que le film ne rencontre pas le succès escompté. Police Fé- dérale... marque un nouveau coup d'arrêt pour Friedkin. Une succession d'échecs entamée avec Le convoi de la peur, son film maudit, ou encore La chasse, dont le sujet, un polar dans les milieux homos, fait scandale et se heurte à la censure. Des films jusqu'au-boutistes qui débous- solent les spectateurs, mais pas Friedkin, qui continue sur cette lancée en faisant de Police Fé- dérale... un polar atypique. Ambiance crépusculaire En ce qui concerne les années 90, Heat, de Michael Mann, fait office de référence incontour- nable. Pour de nombreux cinéphiles, Police Fédérale... est, lui, le polar emblématique des an- nées 80. Un statut acquis grâce au traitement qu'opère Friedkin sur le genre, prenant ses codes pour mieux les retourner. Il dépeint notamment des personnages atypiques. Le méchant à des allures de gentleman mystérieux. De façon plus incisive, Friedkin dynamite la figure du flic. Le personnage de Chance est décrit comme un chien fou bouffé par la violence, qui n'hésite pas à bafouer la loi pour arriver à ses fins. De quoi le rendre profondément antipathique. Rien n'est vraiment comme les choses semblent être dans ce polar qui explore des thèmes comme la paranoïa et l'ambiguïté. Friedkin s'amuse d'ailleurs à jouer sur les apparences, comme le note Thomas D. Clagett dans son ouvrage sur Friedkin (2): "Lorsque Chance saute du pont, on dirait qu'il se suicide avant que l'on ne voit l'élastique accroché à sa jambe. Quand Masters re- trouve sa copine dans le vestiaire du théâtre d'avant-garde où elle se produit, il semble que ce soit un homme qu'il embrasse passionnément sur la bouche, jusqu'à ce que Friedkin inverse l'angle de vue".