UNIVERSITE PARIS OUEST-NANTERRE/LA DEFENSE U.F.R. SCIENCES SOCIALES ET ADMINISTRATION ECOLE DOCTORALE 395 : « MILIEUX, CULTURES ET SOCIETES DU PASSE ET DU PRESENT » U.M.R. ARSCAN 7041 - EQUIPE GAMA

JEDRUSIAK FLORIAN

Thèse présentée et soutenue publiquement le 10 décembre 2016 en vue de l’obtention du doctorat Histoire et archéologie des mondes anciens de l’Université Paris Ouest-Nanterre/La Défense

Discipline : Archéologie

Etudes carpologiques : Oedenburg - Biesheim-, La Vallée - Saint-Ambroix sur Arnon, Rouillée/La Selle - Mont-Saint-Jean, La Fontaine aux Moines - Touquin, ZAC des Linandes - Cergy.

Annexe 1/2 : Texte

sous la direction de M. Paul VAN OSSEL, Professeur des Universités, Paris Ouest-Nanterre/La Défense

JURY

Simon Esmonde CLEARY (Rapporteur) Professeur, Université de Birmingham Frédéric TREMENT (Rapporteur) Professeur, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand Laurent BOUBY CNRS, UMR 5554 Jean-Pierre BRUN Professeur, Collège de Philippe MARINVAL CNRS, UMR 5140 Paul VAN OSSEL Professeur, Université Paris Ouest-Nanterre/La Défense

Sommaire

1. Méthodologie…………………………………………………………………….4

1.1. Echantillonnage…………………………………………..…………….4

1.2. Le tamisage…………………………………………………………..……………5

1.3. Le tri…………………………………………………………………………………6

1.4. La détermination………………………………………………………..……….7

1.5. L’interprétation…………………………………………………………………..8

2. Sites archéologiques et études carpologiques…………..………9

2.1. Oedenburg-Biesheim……………………………………………………….…...9

2.1.1. Localisation, conditions d’intervention et généralités…………………….……9

2.1.1. Plan général…………………………………………………………….………9

2.1.2. Chantier 21 - Fouille de 2012……………………………………………..…..11

2.1.3. Structure échantillonnée………………………………………………….…..15

2.1.4. Interprétation des données……………………………………………..……..16

2.1.4.1. Les céréales…………………………………………………………..19

2.1.4.2. Les légumineuses…………………………………………….……..20

2.1.4.3. Les légumes……………………………………………………….....21

2.1.4.4. Les aromatiques……………………………………………………..22

2.1.4.5. Les fruits………………………………………………………….…..22

2.1.4.6. Le sureau noir (Sambucus nigra)………………………………...….25

2.1.4.7. Les adventices…………………………………………………….....26

2.1.5. Synthèse…………………………………………………………………...…..27

2.1.6. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant.………………………………………………………………………..28

1

2.2. Saint-Ambroix sur Arnon…………………………………………………...…..32

2.2.1. Localisation, conditions d’intervention et généralités…………………….…..32

2.2.2. Plan général…………………………………………………………….……..32

2.2.3. Fouille du site de La Vallée (2010) …………………………………….……..34

2.2.4. Structure échantillonnée…………………………………………………..…..36

2.2.5. Interprétation des données……………………………………………...……..37

2.2.6. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant…………………………………………………………………….…..39

2.3. Rouillé…………………………………………………………………………..…..41

2.3.1. Localisation, conditions d’intervention et généralités………………….……..41

2.3.2. Plan général……………………………………………………………….…..41

2.3.3. Structures échantillonnées………………………………………………..…..42

2.3.4. Interprétation des données……………………………………………..……..43

2.3.4.1. Les céréales…………………………………………………………..43

2.3.4.2. Les légumineuses…………………………………………….……..44

2.3.4.3. Les fruitiers…………………………………………………………..44

2.3.4.4. Les adventices…………………………………………………...…..45

2.3.5. Synthèse…………………………………………………………………...…..45

2.3.5. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant…………………………………………………………………….…..46

2.4. Touquin………………………………………………………………………..……..47

2.4.1. Localisation, conditions d’intervention, généralités et plan générale………...47

2.4.2. Structures échantillonnées………………………………………………..…..47

2.4.3. Interprétation des données………………………………………………..…..48

2.4.3.1. Les céréales…………………………………………………………..49

2.4.3.2. Les Légumineuses…………………………………………………...49

2

2.4.3.3. La noisette…………………………………………………………....49

2.4.3.4. Les adventices…………………………………………………...…..50

2.4.4. Synthèse…………………………………………………………………...…..50

2.4.5. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant…………………………………………………………………….…..50

2.5. Cergy………………………………………………………………………………..51

2.5.1. Localisation, conditions d’intervention, généralités et plan générale………...51

2.5.2. Structures échantillonnées………………………………………………..…..51

2.5.3. Interprétation des données………………………………………………..…..52

2.5.4. Synthèse…………………………………………………………………...…..53

2.5.5. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant…………………………………………………………………….…..54

3. Bibliographie………………………………………………………………..…..55

3

1. Méthodologie

Rappelons que l’ensemble des sites ci-après a fait l’objet d’une fouille archéologique ayant donné lieu à un échantillonnage de sédiments bruts au sein de structures mises au jour lors du travail de terrain. Ces échantillons ont été traités dans l’optique d’effectuer une étude carpologique sur chacun d’entre eux. La méthodologie employée sur l’ensemble des sites est identique et rappelée ci-après.

Encore une fois, il convient de préciser que ces sites ont été étudiés au cours du travail de thèse développé dans le volume 1/2. Cependant ils ont été exclus de notre réflexion sur les agglomérations secondaires gallo-romaine du Bassin parisien soit :

- pour des raisons géographiques : le site de Oedenburg à Biesheim-Kunheim

(Haut-Rhin) est localisé en dehors du Bassin parisien,

- pour des raisons chronologiques : le site de la ZAC des Linandes à Cergy est daté de la fin de l’Age du Fer,

- pour des raisons fonctionnelles : le site de La Vallée à Saint-Ambroix sur

Arnon a permis de mettre au jour un sanctuaire périphérique de l’agglomération antique tandis que les sites de Rouillée/La Selle à Mont-Saint-Jean et de La Fontaine aux Moines à Touquin sont des établissements ruraux.

L’ensemble des études carpologiques peuvent être consultées dans les rapports de fouilles de chacun des sites archéologiques (Voir bibliographie).

1.1. Echantillonnage

Les échantillons prennent la forme de sédiments bruts prélevés lors de la fouille et conservés dans des sacs ou boites fermées hermétiquement jusqu’au moment de leur tamisage. Ce procédé permet de pallier au déchainement des

échantillons qui pourraient entrainer une détérioration des carporestes préservés dans les sédiments.

4

Lorsque cela était possible, il a été choisi d’échantillonner au minimum 10 L de sédiments bruts par unités stratigraphiques dans les contextes carbonisés ou bien l’intégralité des zones charbonneuses.

Pour les contextes minéralisés, 5 L de sédiments bruts par unités stratigraphiques ont systématiquement été prélevés, alors que pour les milieux imbibés, 2 L ont été échantillonnés.

Enfin, le contenu des céramiques et les sédiments autours des meules ont systématiquement été échantillonnées pour études.

1.2. Le tamisage

Comme pour les agglomérations de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant, il a été choisi d’avoir recours systématiquement à un tamisage à l’eau. La flottation a été exclue des procédés méthodologiques. L’ensemble des sédiments a donc été tamisé, à l’exception d’un caramel alimentaire découvert dans une céramique sur le site de Oedenburg - Biesheim-Kunheim.

Le choix du tamisage à l’eau s’explique par la diversité des structures et donc la multiplicité des modes de conservation des carporestes (carbonisation, minéralisation et imbibition). Dans cette optique, il a été choisi d’avoir recourt à un unique mode de traitement des sédiments, le seul à même de récolter des carporestes carbonisés, minéralisés et imbibés lors d’une seule et même action. Les sédiments

échantillonnés ont ainsi été intégralement tamisés à l’aide d’une colonne de tamis de

4, 2, 1 et 0,5 mm. Le choix des mailles n’est pas anodin et doit être mis en relation avec la diversité des tailles de paléo-semences analysées : si certains carporestes se mesurent en centimètres, la grande majorité d’entre eux n’excèdent pas quelques millimètres. Un jet d’eau diffus, associé à l’utilisation d’un pinceau souple, a permis la dissolution des sédiments, et ainsi de libérer les carporestes sans que ceux-ci ne soient écrasés sur les grilles des tamis. Les refus ont ensuite été mis à sécher à l’air libre, à l’exception de ceux des puits, pour lesquels une conservation en contexte 5 humide dans des sachets hermétiques scellées a été préférée, afin de ne pas faire sécher (et risquer qu’ils se détériorent) les carporestes qui auraient été conservés par imbibition.

Notons que pour le site de Oedenburg - Biesheim-Kunheim, la conservation des carporestes par minéralisation adopte une forme particulière, comme l’avaient déjà souligné S. JACOMET et P. VANDORPE1. Beaucoup de macrorestes connaissent une fossilisation intermédiaire à mi-chemin entre l’imbibition et la minéralisation. On suppose que cette conservation particulière s’explique par les fluctuations du cours du Rhin et donc du niveau de la nappe phréatique. Les taux de phosphate au sein des latrines sont alors aléatoires et amènent à cette conservation « hybride »2.

1.3. Le tri

Chaque refus de tamis a ensuite donné lieu à un tri effectué sous stéréo- microscope. Ce travail a été fait au sein du laboratoire de paléoenvironnement de la

Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie (MAE) de l’Université Paris Ouest

Nanterre-La Défense. Précisons que les refus de tamis ont été triés dans leur intégralité et n’ont donc fait l’objet d’aucun sous-échantillonnage. Ce choix doit nous permettre d’apprécier plus volontiers la représentativité d’un taxon au sein d’un

échantillon. En effet, l’usage d’un sous-échantillonnage aurait rendu impossible la comparaison des données entre les différents tamis d’un même échantillon3.

La fragmentation des carporestes rend l’appréciation du nombre minimum d’individus (NMI) assez problématique puisque le nombre des divers éléments composant les plantes n’est pas toujours standard et peut même varier au sein d’une même espèce4, et que le taux de fragmentation peut être très variable en fonction que celui-ci soit d’origine volontaire (anthropique dû à un artisanat par exemple) ou

1 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 2 IDEM. 3 ROVIRA N., 2012, page 134. 4 JONES M.K., 1991, pages 53 à 62. 6 involontaire (processus d’enfouissement, de fouille…)5. En tenant compte de cette problématique, les fragments d’un même taxon ont été regroupés par quatre pour ainsi être considérés comme un individu à part entière6. Ont été considérés comme un individu les spécimens entiers et les fragments comportant des caractéristiques morphologiques identifiables et uniques (un carporeste conservé a souvent plus de la moitié de sa morphologie initiale). Cette méthode permet de limiter l’importance du problème sans pour autant le solutionner. Les carporestes présentant des caractères similaires ont été regroupés sous un même taxon afin de permettre une homogénéisation et une systématisation des résultats. B. PRADAT traite de la question du comptage des carporestes dans une publication de 20157 et conclut que l’ensemble des méthodes utilisées pour calculer le NMI le sous-estime ou le surestime8.

Le décompte des carporestes, et donc les résultats obtenus, sont présentés de façon absolue par individu.

1.4. La détermination

La détermination a été rendue possible par l’emploi d’Atlas de référence9 et d’une collection de référence de semences10. L’identification des carporestes se base sur le principe de l’anatomie comparée. Les caractères morphologiques des semences sont confrontés à ceux de plantes actuelles selon deux indices : la morphologie de l’individu complet et les indices métriques (L = longueur ; l = largeur ; é =

épaisseur)11. Grâce à cette comparaison, chacune des paléo-semences retrouvées au

5 ROVIRA N., 2012, page 136. 6 IDEM, pages 133 à 136. 7 PRADAT B., 2015, pages 51 à 68. 8 IDEM, page 67. 9 CAPPERS R.T.J., BEKKER R.M. et JANS J.E.A., 2012, 502 pages ; CAPPERS R.T.J. et NEEF R., 2012, 475 pages ; CAPPERS R.T.J., NEEF R. et BEKKER R.M., 2009, 527 pages ; IDEM, pages 773 à 1508 ; NEEF R., CAPPERS R.T.J. et BEKKER R.M., 2012, 724 pages ; BEIJERINK W., 1976, 316 pages ; JACQUAT C., 1988, 162 pages et SCHOTCH W.H. et al., 1988, 227 pages. 10 Il s’agit d’une collection de référence personnelle débuté en 2010, à ce jour elle compte 2261 taxons exclusivement européens et asiatiques recueillis auprès de 38 jardins botaniques. 11 BUXO R., 1992, page 54. 7 sein des structures concernées par l’analyse peut être rapprochée d’une espèce végétale. Tout comme pour la phase de tri, la détermination des carporestes a été effectuée au laboratoire de paléoenvironnement de la Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie de l’Université Paris Ouest Nanterre-La Défense.

1.5. L’interprétation

L’interprétation des données passe nécessairement par une classification en plusieurs groupes des espèces végétales découvertes.

Aussi peut-on observer dans les tableaux qui présentent les résultats un premier groupe de taxons regroupés sous l’appellation de « Plantes domestiques », ce premier groupe étant lui-même subdivisé en six catégories : « céréales », « légumineuses », « légumes », « aromatiques et condimentaires », et enfin « fruitiers ».

Sous le vocable de « Plantes domestiques » sont ainsi regroupées les espèces végétales cultivées et/ou utilisés par l’homme.

Le second groupe de plante est celui des « adventices », c’est à dire ces plantes que les carpologues considèrent, en l’état actuel des connaissances, comme de mauvaises herbes non utilisées par l’homme. Cette catégorie, qui est parfois subdivisée en sous-classes, révèle bon nombre d’éléments que les seules plantes domestiques auraient bien du mal à fournir : environnement « naturel » autour des structures, période des récoltes, etc.

Précisons que, au vu de la vaste ampleur écologique de nombreuses espèces végétales, cette sous-classification doit être observée avec prudence et qu’il s’agit en réalité de proposition.

Conserver une classification unique pour chacun des sites doit permettre une cohérence et une comparaison de l’ensemble des études carpologiques établies au sein d’une même fouille comme entre les différents sites.

8

2. Sites archéologiques et études carpologiques

2.1. Oedenburg-Biesheim

2.1.1. Localisation, conditions d’intervention et généralités

Le site gallo-romain d’Oedenburg est localisé sur les communes de Biesheim et de Kunheim (Haut-Rhin, France). Entre 1998 et 2006, le complexe religieux, les camps militaires Julio-Claudiens et les grands ensembles administratifs et défensifs de l’Antiquité tardive de cette agglomération sont fouillés par des équipes françaises, allemandes et suisses dont les recherches ont été publiées dans les Monographien des

Römisch-Germanische Zentralmuseums de Mayence 1 (Annexe 2, Fig. 1 : Plan du site d’Oedenburg- Biesheim-Kunheim)12.

À la suite de ce premier programme de recherche, M. REDDE (EPHE) souligne la faiblesse des connaissances des secteurs civils de l’agglomération. Il entreprend donc de fouiller des quartiers d’habitat, si possible avec une chronologie longue enfin de compléter les recherches antérieures. C’est entre 2009 à 2012 qu’il débute la fouille d’un quartier d’habitation de l’agglomération de Oedenburg localisé à la périphérie de la butte d’ et de la fortification tardo-antique étudiée par l’Université de

Freiburg-im-Breisgau (Annexe 2, Fig. 2 : Localisation du Chantier 21, fouillée entre

2009 et 2012).

2.1.1. Plan général

La fouille du site d’Oedenburg a révélé la présence d’une agglomération installée sur la rive gauche du Rhin, en face du volcan du Kaiserstuhl, à environ 4 à

4,5 km au nord-ouest de l’oppidum de Breisach-Münsterhügel13.

12 REDDE M., FORTUNE S. et MARTIN S., 2014, pages 17 à 120. 13 IDEM. 9

L’installation d’un camp militaire romain sur le site, après l’avènement de

Tibère (14 apr. J.-C.) sans doute un peu avant 20 ap. J.-C14, serait à l’origine de l’implantation romaine. Cette datation précoce fait d’Oedenburg la première occupation militaire de la plaine d’Alsace par l’armée romaine. Le site localisé sur le limes rhénan et à l’embouchure de la trouée de Belfort était un emplacement militaire hautement stratégique jusqu’à la prise des Champs Décumates (69/79 ap. J.-C.). En

69/70 ap. J.-C., le déplacement vers le nord de la frontière de l’Empire avec la

Germanie entraîne l’abandon de ce camp. Conformément à un schéma fréquemment observé dans les provinces frontières de l’Empire en Europe du nord, c’est l’arrivée des légionnaires de ce premier camp qui aurait entraîné l’agglutination de l’habitat civil sur le site. Dès le Ier siècle ap. J.-C., on note la présence d’un parcellaire dans le plan d’urbanisme de l’agglomération, dont les parcelles d’habitation prennent principalement la forme d’unités allongées. Cette occupation civile est sans interruption jusqu’à l’époque contemporaine15.

De même que l’habitat civil, un ensemble cultuel est construit dès le Ier siècle ap.

J.-C. à la suite de la présence militaire romaine. L’étude numismatique démontre qu’à la différence du camp militaire, les temples ne connaissent pas d’interruption quant à leur fonctionnement entre le Ier siècle et le milieu du IVe siècle ap. J.-C16.

Le plan général de l’agglomération, ainsi que son évolution au fil des siècles apparaissent aujourd’hui très bien documentés, notamment grâce au programme de recherche international mis en place en 199617. Une étude dendrochronologie menée en 2011 sur le fossé palissade des temples de l’agglomération remet toutefois en cause l’origine du site. En effet, l’analyse a permis de mettre en évidence l’existence de bois coupés à deux périodes différentes. Les premiers en 3 ap. J.-C., c’est-à-dire plus de quinze ans avant la première installation militaire sur le site, alors que les

14 Cette chronologie est bien assurée par un croisement des études céramologiques et numismatiques qui montrent un contexte archéologique (voir REDDE M., 2005, pages 223 à 230). 15 REDDE M., 2005, pages 230 à 239. 16 IDEM, pages 239 à 240. 17 IDEM, 2014, pages 5 à 7 et REDDE M. et al., 2011, pages 173 à 181. 10 second l’ont été entre 16 et 17 ap. J.-C18. Dès lors, deux hypothèses sont possibles : dans un premier cas de figure, la palissade a été implantée en 3 ap. J.-C. et réparée avec des bois abattus vers 16-17 ap. J.-C. La première occupation humaine sur le site ne serait donc pas une implantation militaire. Dans un second cas, la palissade est construite vers 16-17 ap. J.-C. en réutilisant des bois plus anciens coupés en 3 ap. J.-C.

Cette seconde hypothèse respecte l’historique du site tel que vu précédemment19. En termes archéologiques, l’écart entre les deux dates est mince mais en terme de développement historique et de romanisation, la différence est considérable, puisque si l’on retient la datation haute, le modèle d’aménagement du site change du tout au tout : au lieu d’une implantation humaine à la suite de la présence militaire, on est face à une installation de l’armée près d’un lieu de culte, dont on ne sait s’il était isolé ou lié à un habitat. Dans les deux cas de figures, la fouille archéologique n’est pas en mesure, dans l’état actuel de la recherche, de localiser l’occupation indigène20.

2.1.2. Chantier 21 - Fouille de 2012

La fouille archéologique menée en 2012 est localisée à l’ouest de la route départementale D 52, en face de la fortification valentinienne d’Altkirch. Au nord, elle s’étend jusqu’à la voie antique menant au vicus d’Horburg-Wihr, au sud elle atteint un fossé tardo-antique reconnu par prospection géophysique et photographies aériennes21. La surface décapée et fouillée est de 3000 m2.

La chaussée romaine qui mène à Horbourg-Wihr a été sondée à plusieurs reprises, elle mesure environ 8 m et est associée à un caniveau (S 186). Il s’agit d’un petit canal de forme carrée, d’environ 35 cm de large pour 30 cm de profondeur, probablement coffré. Il est peu visible en surface dans la mesure où il est le plus

18 REDDE M. et al., 2011, pages 173 à 181. 19 IDEM. 20 IDEM. 21 REDDE M., FORTUNE S. et MARTIN S., 2014, pages 17 à 120. 11 souvent recouvert par des épandages de gravier22 (Annexe 2, Fig. 3 : Coupe de la

Chaussée romaine).

Les structures fouillées sur le chantier 21 ont révélé une stratigraphie complexe qui s’étend des premières décennies de notre ère jusqu’au début du IXe siècle ap. J.-C23. (Annexe 2, Fig. 4 : Plan du chantier 21). Aucun niveau ou matériel protohistorique, même résiduel, n’y a été mis au jour. Si l’occupation est ininterrompue jusqu’à la fin du IIIe siècle ap. J.-C., les structures sont évanescentes pour la première moitié du IVe siècle ap. J.-C., ce qui pourrait correspondre à une période de déprise dans ce secteur de l’agglomération. Une réoccupation dense de l’espace a lieu pendant l’époque valentinienne et jusqu’au début du Ve siècle ap. J.-C.

Par la suite, le site connait un abandon jusqu’au milieu du VIe siècle ap. J.-C. À partir de cette date et jusqu’au début du IXe siècle ap. J.-C. des sépultures sont installées au milieu des ruines, en bordure de la chaussée24.

Le matériel céramique et numismatique permet de proposer un phasage du site qui comprend cinq états principaux :

- La phase 1a est datable de l’époque Julio-Claudienne. Elle se caractérise

par une série de fosses et de latrines mais surtout par la présence d’un

atelier de métallurgie (A) dans l’angle nord-ouest de la fouille, le long de la

chaussée d’Horburg-Wihr25 (Annexe 2, Fig. 5 : Plan phase 1a et 1b

(Oedenburg-Biesheim)).

- La phase 1b correspond à la période flavienne et à celle de Trajan. L’atelier

A est toujours en fonctionnement, mais on observe une extension de la

zone occupée26 (Annexe 2, Fig. 5 : Plan phase 1a et 1b (Oedenburg-

Biesheim)).

22 REDDE M., FORTUNE S. et MARTIN S., 2014, pages 26 à 30. 23 IDEM, pages 17 à 120. 24 IDEM. 25 IDEM. 26 IDEM. 12

- La phase 2 est datable du IIe siècle ap. J.-C. Elle se caractérise par la

présence, vers le centre du site, de deux bâtiments construits en petit

appareil maçonné, dont une cave (B). On ignore si l’atelier A reste en

fonction puisque ses niveaux supérieurs ont été complètement arasés27

(Annexe 2, Fig. 6 : Plan phase 2 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M.

REDDE)).

- La phase 3 : On y distingue une phase 3a’ (de 190 à 230 ap. J.-C.), une

phase 3a’’ (de 230 à 260/280 ap. J.-C.) et une phase 3b (de 260/280 ap. J.-C.

au début du IVe siècle ap. J.-C.). L’extension de la zone occupée à cette

époque se limite à la moitié nord de la fouille. On ignore si l’atelier A

(complètement arasé au niveau du début du IIe siècle ap. J.-C.) subsiste.

Des latrines situées juste au sud pourraient dépendre de cet ensemble ou

d’un éventuel bâtiment situé sous la route moderne28 (Annexe 2, Fig. 7 :

Plan phase 3 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE)).

- La phase 4 englobe le IVe siècle et le début du Ve siècle ap. J.-C. Elle se

caractérise par une extension de la surface occupée. Elle prend la forme

d’un empierrement présent sur toute la surface sondée. En raison de

l’érosion qui a affecté la zone de fouille, ce sol n’est pas conservé sur

l’ensemble du site, mais on observe quelques plaques résiduelles sur le

reste du chantier. Enfin, il a été identifié diverses constructions en petits

blocs de basalte bruts, parfois complétés par des remplois (meules,

fragments de calcaire...)29 (Annexe 2, Fig. 8 : Plan phase 4 (Oedenburg-

Biesheim) (DAO : M. REDDE)).

- La phase 5 : elle correspond à l’installation de sépultures suite à l’abandon

du site30 (Annexe 2, Fig. 9 : Plan phase 5 (Oedenburg-Biesheim) (DAO :

M. REDDE)).

27 REDDE M., FORTUNE S. et MARTIN S., 2014, pages 17 à 120. 28 IDEM. 29 IDEM. 30 IDEM. 13

Le plan général d’interprétation des structures de cette fouille montre à de très nombreux endroits des espaces non couverts situés à l’arrière des unités d’habitation.

Au nord du site, ces espaces forment deux lignes parallèles, situées de part et d’autre de la chaussée moderne qui recouvre la voirie antique31.

Au sud-est, l’habitat est visible et montre des unités d’habitation d’environ 40 m de longueur pour une largeur de 12 m de moyenne, avec des exceptions de plus grande dimension. La zone fouillée n’a pas révélé de structures matérialisant clairement l’existence d’un parcellaire urbain (clôtures ou murs mitoyens). On en déduit que les limites parcellaires étaient matérialisées par des procédés n’ayant pas laissé de traces visibles aujourd’hui32, des haies ou des clôtures sommaires33.

Plusieurs lignes de puits ont été observées. La plus orientale est constituée de quatre structures dont trois à cheminée circulaire de pierres (P 12-97 ; P 12-123 ; P 10-

149), la dernière adoptant un plan carrée non parementé (P 10-47), probablement construit à l’aide d’un caisson en bois. Ces quatre puits sont datables de la phase 4 du site et se situent à environ 25/30 m de la chaussée romaine. Si P 10-149 est peut-être implanté au sein d’un bâtiment tardif, P 12-97 et P 12-123 sont situés juste derrière les dernières structures bâties34. Une seconde ligne, à une quinzaine de mètres en arrière, est constituée par les puits P 12-98, P 12-19, P 10-04. Seul P 12-19 a été fouillé et peut

être daté de la phase 4. Comme le puits 10-04, il est caractérisé par une margelle et une cheminée supérieure construites en blocs de basalte. Les trois puits sont situés à environ 20 m les uns des autres et sont implantés dans une zone non couverte35.

Enfin, un puits (P 12-250) non maçonné a été mis en évidence dans le secteur médian du chantier. Il est datable de la phase 1b36 (voir Annexe 2, Fig. 4, l’emplacement des puits est matérialisé par des cercles).

31 REDDE M., FORTUNE S. et MARTIN S., 2014, pages 17 à 120. 32 IDEM. 33 IDEM. 34 IDEM. 35 IDEM. 36 IDEM. 14

Des latrines ont été mises au jour durant le chantier. Deux d’entre elles sont datables de la phase 1. La première L 12-273 est datable de la phase 1a (40-70 ap.

J.-C.) alors que la seconde P12 - 268 est plus tardive (phase1b). Pour la phase 2, on observe une série de latrines assez bien alignées, espacées de 17/18 m les unes des autres (L12-302 ; L 12-300 ; L12-282). Elles pourraient scander un parcellaire d’habitat urbain allongé. La phase 3 voit se construire une série de quatre latrines comblées dans le courant du IIIe siècle ap. J.-C. (L 12-269 ; L 12-215 ; L 12-280 ; L 12-285)37 (voir

Annexe 2, Fig. 4, l’emplacement des latrines est matérialisé par des étoiles).

L’organisation générale du site renvoie à une fouille récente menée sur le secteur de Kreuzfeld à Horbourg-Wihr (Haut-Rhin)38. Les parcelles d’habitation en bordure de voie mesurent entre 12 et 20 m de large, pour une profondeur comprise entre 48 m et 32 m de long. Des puits apparaissent derrière les unités d’habitation, même si leur présence n’est pas systématique. Il n’y a donc apparemment pas de règle définissant des modules réguliers, ce que d’autres auteurs ont déjà relevé39.

2.1.3. Structure échantillonnée

L'étude carpologique s’appuie sur l’analyse de quatorze structures : deux puits

(19 et 250), huit latrines (215, 268, 269, 273, 280, 282, 285 et 300) et une fosse (220). Qui plus est, un niveau de terre végétale noirâtre a également été échantillonné et étudié

(1000). Notons que, lors de la fouille, sept céramiques ont été découvertes, déposées ou jetées dans les différentes latrines. Leur contenu a systématiquement été prélevé pour étude : deux céramiques dans le comblement de la structure 215, une dans chacune des latrines 280 et 285 et trois pour l’ensemble 300. Enfin, trois forges fouillées lors d’une campagne de fouilles menée en 2009 (20, 99 et 277) ont également

été étudiées. La totalité des échantillonnages concernés par cette étude est répertoriée

37 REDDE M., FORTUNE S. et MARTIN S., 2014, pages 17 à 120. 38 FLOTTE P., 2012, 270 pages. 39 Voir KAISER H. et SOMMER C.S., 1994, pages 309 à 313 et PAULI-GABI Th. et al., 2002, pages 76 à 92. 15 dans les tableaux, voir figure 10. Pour l’année 2012, trente échantillons (soit 188,2 L de sédiments bruts) ont été sélectionnés, tamisés, triés et déterminés.

Les structures du quartier d’habitation couvrent une période qui s’étend de l’époque Julio-Claudienne (phase 1a) jusqu’à la fin du IVe siècle ap. J.-C. (phase 4).

Le nombre relativement important de structures échantillonnées s’inscrit dans la quête d’un résultat scientifiquement pertinent, dont l’exactitude dépend d’une méthode précise consistant à prélever des sédiments dans le maximum de structures dans lesquelles le remplissage est susceptible de contenir des restes végétaux, et ce afin d’obtenir la vision la plus exhaustive possible de l’environnement végétal étudié.

La diversité des structures est intéressante et permet une vision d’ensemble sans doute plus complète qu’un travail mené sur un seul type de fait archéologique. Au vu des différents types de conservation observés, les structures 215, 268, 269, 273,

280, 282, 285 et 300 sont interprétées comme étant des latrines : leurs carporestes sont préservés par minéralisation. La conservation par imbibition des carporestes retrouvés dans les faits 19 et 250 confirme leur fonction de puits. Enfin, la fosse 220 ainsi que le niveau de terre végétale (1000) sont les deux seuls ensembles à ne pas avoir livré de carporestes (Annexe 2, Fig. 11a à 11f : Etude carpologique du chantier

21 (Oedenburg-Biesheim)).

2.1.4. Interprétation des données

L’analyse carpologique doit permettre d’affiner notre compréhension des structures, notamment leur fonction, et des activités alors en cours en sein de ce quartier antique, dans la mesure où les carporestes reflètent en partie les activités des hommes qui occupaient ce même site durant l’Antiquité. L’un des objectifs de la présente étude carpologique est de définir quelles étaient les plantes utilisées dans ce quartier d’habitation et, plus largement, de comparer ces résultats avec ceux déjà obtenus par S. JACOMET et P. VANDORPE au sein de l’agglomération antique40.

40 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 16

Afin de pouvoir interpréter au mieux les données récoltées sans commettre de contresens, il convient de revenir sur certaines difficultés propres à l’ensemble des

études carpologiques, et que le chercheur doit toujours garder à l’esprit. Dans un premier temps, il nous faut distinguer, dans la mesure du possible, les différents types de dépôts susceptibles d’avoir conduits à l’emprisonnement des carporestes au sein des structures. Les agents de transport des carporestes sont relativement peu nombreux : la gravité (barochorie), le vent (anémochorie), l’eau (hydrochorie), les animaux (endo et épizoochorie) et l’homme (facteur anthropique). Dans le cas présent, il a été assez simple de déterminer que la présence des carporestes est bien souvent due à un seul et même agent : l’homme. En effet, au vu des structures

étudiées (latrines et puits), le doute n’est pas permis, d’autant que la majorité des espèces attestées sont liées à l’homme et à ses activités (espèces domestiques ou adventices). L’origine anthropique d’une grande partie de ces carporestes permet de souligner que le « bruit de fond » de cette étude est relativement limité. Une nuance doit tout de même être apportée, puisque si les rejets au sein des deux types de structures sont à mettre sur le compte de rejet anthropique, l’étude carpologique d’un ensemble latrinaire et celle d’un puits reflètent des réalités bien différentes. De fait, les latrines sont à même de nous renseigner sur les habitudes alimentaires des populations de Oedenburg durant l’Antiquité, alors que les rejets effectués au sein d’un puits sont bien différents : s’il s’agit de rejets à caractère détritique, ils sont en effet le reflet de l’entretien des parcelles autour de la structure41. Cette différence entre les structures doit être considérée comme une opportunité plutôt que comme une contrainte, puisqu’elle permet d’étudier de façon complémentaire l'ensemble cohérent que forment les latrines et les puits d’un même site.

Un autre problème se pose : celui de la sur- ou sous- représentation des espèces étudiées. La forte productivité par pied d’une plante peut en effet fausser les résultats obtenus : une espèce sans usage particulier pour l’homme, mais produisant un grand nombre de graines, pourrait se retrouver surreprésentée au sein des

41 Voir volume 1/2, Chapitre 2, partie 2.1. 17 assemblages sans que cela ne soit pour autant significatif d’un quelconque usage au sein des parcelles42. La résistance des semences (c'est-à-dire leur capacité à résister au passage du temps, et aux éléments qui pourraient amener à leur destruction) est

également un facteur dont il faut tenir compte, puisqu’une plante ayant des graines à faible résistance peut tout à fait être sous-représentée, alors même qu’elle est d’un usage courant durant l’Antiquité.

En gardant à l’esprit ces quelques données, la présente étude reste à même d’améliorer notre compréhension du site et des hommes qui l’occupaient. L’analyse a en effet mis en évidence 14 964 carporestes, conservés en partie par minéralisation

(35,5 % des carporestes) dans les latrines et par imbibition au sein des puits (63 % des macrorestes végétaux) : les 1,5 % restants représentent les quelques semences retrouvées carbonisées. Les 14 964 carporestes répertoriés représentent 118 taxons différents. 59 d’entre eux, soit 50 % des taxons répertoriés, sont des espèces utilisées par les populations gallo-romaines, principalement à des fins alimentaires. Au vu du type de conservation des carporestes considérés (minéralisation, imbibition et carbonisation) et de la nature des structures étudiées, il ne fait aucun doute que ces plantes aient effectivement été utilisées par l’homme, principalement dans le cadre de leur alimentation. Notons que les structures datables de la phase 1 ont livré moins de carporestes que celles des phases 2, 3 et 4. Cette différence est aussi observable à propos de la diversité des taxons, moins importante aux seins des latrines, puits et fosse de la phase 1. Les volumes étudiés étant sensiblement les mêmes, ces différences peuvent être imputées soit à une conservation différentielle, soit à une modification de la fonction de l’espace autour des structures entre les phases 1 et 2, qui aurait influé sur la concentration et la diversité des taxons au sein des structures.

42 Voir volume 1/2, Chapitre 2, partie 2.1. 18

2.1.4.1. Les céréales

Soulignons que l’alimentation des populations qui occupaient le quartier mis au jour était relativement diversifiée. Pour les quelques structures à l’étude, on ne distingue pas moins de huit espèces céréalières, parmi lesquelles l’orge (Hordeum vulgare) (4,6 %), l’épeautre (Triticum spelta) (1,2 %), le blé tendre (Triticum aestivum)

(2,8 %), l’engrain (Triticum monococcum) (0,4 %), l’amidonnier (Triticum dicoccon)

(1,2 %), l’avoine (Avena sp.) (0,6 %), le millet commun (Panicum miliaceum) (57,4 %) et le millet des oiseaux (Setaria italica) (2,2 %). En considérant le contexte de leur découverte (latrines) et nos connaissances générales à propos de ces taxons au sein de l’agglomération43, il ne fait aucun doute que ces céréales aient été consommées.

Cette bonne représentativité des céréales dans une agglomération secondaire gallo- romaine n’est en soit pas exceptionnelle, puisque les céréales constituent l’aliment de base de cette époque. Néanmoins, et malgré leur abondance et leur diversité, il est difficile d’établir un classement d’importance entre ces espèces céréalières. Au sein de cet assemblage, trois espèces se distinguent des autres par leur concentration

élevée dans le comblement des latrines et donc potentiellement par leur importance dans le quotidien des populations.

Le millet est de très loin l’espèce céréalière la mieux représentée : à lui seul, il fournit 57 % des carporestes de céréales identifiées. Conservé principalement par minéralisation, le millet est consommé sur le quartier d’habitation durant toute la période d’occupation, de la phase 1a à la phase 4. Il semble toutefois connaître un essor à partir de la phase 2. Bien que beaucoup moins représentés, l’orge et le blé tendre se distinguent par leur présence dans la quasi-totalité des structures : de fait, il s’agit de deux céréales couramment utilisées durant l’Antiquité44. Les autres céréales

(avoine, épeautre, engrain, amidonnier et millet des oiseaux) sont plus rares et attestées que par quelques individus : au vu des résultats, il s’agirait donc d’espèces

43 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 44 IDEM. 19 de second plan. On notera que l’engrain n’est présent qu’au sein des structures précoces (phase 1) et finit par disparaître sur les phases tardives (phases 3 et 4).

D’une manière plus générale, on observe que les blés vêtus sont peu attestés et pourraient avoir été supplantées par l’orge, le blé tendre et le millet, bien mieux représentés. Enfin, la faible représentativité des céréales d’hiver (amidonnier, engrain et épeautre) trouve un écho et une cohérence dans celle des adventices des cultures d’hiver, peu présentes en comparaison des adventices de culture d’été par exemple.

À l’exception du millet commun et du millet des oiseaux, 98% des carporestes de céréales répertoriés ont été conservés par carbonisation : ce constat avait déjà été observé lors des études carpologiques précédentes45. Leur dépôt au sein des latrines ou du puits peut alors être considéré comme un rejet domestique qui fait suite à leur combustion, probablement au sein d’un foyer de cuisine. Seule cette hypothèse valide la présence de carporestes carbonisés dans des structures en eau, qu'il s'agisse de puits ou de latrines. Ce corpus céréalier est cohérent avec le spectre connu dans la région pour l’Antiquité46, comme à Augst47, à Bâle48 ou dans le Bade-Wurtemberg49.

2.1.4.2. Les légumineuses

Les légumineuses semblent jouer un rôle tout aussi important que les céréales présentées ci-dessus dans l’alimentation des populations du quartier d’habitation

étudié. Ce groupe alimentaire compte huit taxons dont cinq ont pu être identifiés avec précision : la gesse (Lathyrus sativus) (1,4 %), la lentille (Lens culinaris) (27, 9 %), le pois (Pisum sativum) (2,7%), la fève (Vicia faba) (5,7 %) et la vesce (Vicia sativa)

(1,4 %). Tout comme pour les céréales, l’étude de ces légumineuses révèle que les populations de Oedenburg avaient à disposition un large choix de denrées végétales.

45 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 46 IDEM. 47 AKERET O., 2004, pages 111 à 178. 48 BROMBACHER C., 1995, pages 55 à 56. 49 STIKA H.P., 1999, pages 119 à 126. 20

Pourtant, et malgré ce large panel, il semble que ce soit la lentille qui avait les faveurs des habitants de l’agglomération, puisque 72,8 % des carporestes de légumineuses ayant pu être déterminés jusqu’au rang de l’espèce sont des lentilles. Ce constat est courant puisque la consommation de cette légumineuse est répandue en Gaule romaine durant toute l’Antiquité50.

56,7 % des Fabacées étudiées sont fragmentées, ce qui rend impossible leur identification précise et oblige à limiter la détermination au rang du genre ou de la famille. Ce taux élevé est révélateur des pratiques culinaires qui avaient cours. En effet, cette fragmentation importante ne pouvant être mise sur le compte d’un tamisage trop brutal des sédiments ou d’une conservation différente des carporestes, elle révèle que les légumineuses étaient bien souvent broyées avant d’être consommées, peut-être pour en faire des bouillies, comme cela a pu être mis en

évidence au sein de l’agglomération de Châteaubleau51.

2.1.4.3. Les légumes

À ces deux premiers ensembles viennent s’ajouter les légumes, représentés par des espèces ou genres végétaux que l’on peut classer parmi les salades : c’est le cas de de l’arroche (Atriplex sp.) (40 %), de la moutarde (Brassica/Sinapis sp.) (6,7 %) ou du pourpier (Portulaca oleracea) (3,3 %). Les feuilles de ces taxons sont consommées en salade, mais on trouve également à Oedenburg des espèces dont on consomme la racine, comme la rave (Beta vulgaris) (30 %) ou les inflorescences comme la carotte

(Daucus carota) (20 %).

La carpologie se limitant à l’étude des graines, et la consommation de légume se limitant à l’absorption de feuilles, tiges ou racines, il n’est pas possible de mettre en évidence à travers la présente étude une vision exhaustive des légumes consommés sur le site 21 durant l’Antiquité.

50 MATTERNE V., 2001, 310 pages. 51 JEDRUSIAK F., POILANE D. et PILON F., 2010, pages 633 à 635.

21

2.1.4.4. Les aromatiques

Le cas des plantes aromatiques est très intéressant et assez représentatif des flux économiques relativement importants que l’on suppose au sein du site. Sept taxons ont été mis en évidence. Pour cinq d’entre eux, la mise en culture est sans aucun doute locale et répandue dans tout le bassin rhénan : c’est le cas du céleri

(Apium sp.) (5,5 %), de l’aneth (Anethum graveolens) (30,5 %), de la coriandre

(Coriandrum sativum) (27,8 %), du fenouil (Foeniculum vulgare) (5,6 %) et du thym

(Thymus vulgaris) (5,6 %). Si ces cinq espèces sont courantes, soulignons néanmoins que le thym est pour la première fois attesté au sein de l’agglomération antique.

La mise en évidence de cumin (Cuminum cyminum) (2,2 %) et de nigelle

(Nigella sativa) (2,8 %) est beaucoup plus rare pour le Nord de la Gaule. Ces taxons témoignent sans doute d’importations lointaines (Asie) et sont représentatifs des flux commerciaux passant par le bourg. Tout l’intérêt de cette étude est de démontrer que l’attraction du site est effective dès le Ier siècle après J.-C. : si l’hypothèse avait déjà été formulée du fait de la présence d’un camp militaire sur le site et grâce aux études carpologiques menées sur un certain nombre d’ensembles archéologiques52, le présent travail permet d’observer qu’après l’abandon de ce camp militaire, l’agglomération reste un carrefour commercial important, puisque des denrées rares dans cette région de l’Empire continuent à y parvenir. La position stratégique du site le long du Rhin est sans doute l’explication de cette persistance des importations.

2.1.4.5. Les fruits

Les fruits se distinguent des autres groupes alimentaires par la diversité des taxons et l’importante quantité de carporestes découverts. Leur consommation est variée et répandue. Sont attestés des pomoïdés comme la pomme (Malus domestica) et la poire (Pyrus communis), sans doute issues d’une production locale.

52 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 22

La calebasse (Lagenaria siceraria), longtemps considérée comme importée, est de plus en plus souvent associée à une production locale53. Depuis une vingtaine d’année, elle est couramment attestée sur des sites situés dans le nord des Gaules : en

Allemagne, sur les sites de Hanau-Kesselstadt54, Lahr-Dinglingen55, Dieburg56 et

Ellingen57 ; en France à Beaune-la-Rolande58, Châteaubleau59, Longueil-Saint-Marie60; en Suisse à Petinesca61. La multiplication des attestations dans des contextes d’habitat amène de plus en plus de chercheurs à envisager sa mise en culture au nord de la

Loire dès l’époque romaine62. Avec le melon (Cucumis melo) et le concombre (Cucumis sativus), également mis en évidence, elle appartient à la famille des cucurbitacées. À la différence près que, si un doute persiste quant à sa mise en culture effective, il y a bien longtemps qu’il n’est pu permis dans le cas du melon et du concombre. Ces trois espèces ont été introduites dans le bassin rhénan par les Romains63.

Ces interrogations sur la mise en culture ou l’importation de certaines espèces végétales occupent une place centrale parmi les problématiques abordées par les carpologues64. De fait, la question se pose également pour une autre espèce attestée sur le site ; le mûrier noir (Morus nigra) (1,2 %), dont l’introduction est sans aucun doute romaine65. Bien que l'espèce ne fasse pas l’objet de recherches systématiques, la multiplication de ses attestations (elle est attesté en France sur le site de Jouars-

Pontchartrain66, en Allemagne dans des villae du Rheinland67 et en Suisse68) tend à laisser penser à une acclimatation de l’espèce en Gaule.

53 SCHLUMBAUM A. et VANDORPE P., 2012, pages 499 à 509. 54 KREUZ A., 1994, pages 4 à 6. 55 RÖSCH M., 1995, pages 151 à 156. 56 GÖLDNER H. et KREUZ A., 1999, pages 10 à 17. 57 FRANK K.-S. et STIKA H.P., 1988, pages 1 à 101. 58 JEDRUSIAK F., à paraitre, 5 pages. 59 IDEM, 212 pages. 60 DE HINGH A., 1993, pages 93 à 97 et MARINVAL P., 2002, pages 264 à 268. 61 REDDE M., 2005, page 254. 62 SCHLUMBAUM A. et VANDORPE P., 2012, pages 499 à 509. 63 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 64 SCHLUMBAUM A. et VANDORPE P., 2012, pages 499 à 509. 65 REDDE M., 2005, page 255. 66 MATTERNE M., 2001, page 94. 23

Deux espèces de Prunus spp. étaient cultivées sur place ; la merise (Prunus avium) (0,02 %) et la prune (Prunus domestica) (0,03 %). Une quantité non négligeable

(95 %) des carporestes de Prunus spp. n’a pu être identifiée qu’au niveau du genre, la minéralisation des macrorestes n’ayant permis de préserver que l’amande du noyau, rendant ainsi difficile l’identification. Au vu des résultats observés, la pratique de la cueillette semble limitée, puisque la prunelle (Prunus spinosa), dont la cueillette est très répandue partout en Gaule, n’est pas attestée. Cette pratique pourrait être mise en évidence par la présence d'un carporeste de ronce (Rubus fruticosus) (0,01 %) et treize de lanterne (Physalis alkekengi) (0,1 %) mais la distinction entre cueillette et culture reste problématique69. Dans le cadre de notre étude, le cas du sureau noir

(Sambucus nigra) (63,7 %), généralement considéré comme issu de la cueillette, est assez symptomatique de ces questionnements70, puisque considérant le très grand nombre de carporestes découverts au sein du puits 19 (voir ci-après) on est en droit de se demander sur le taxon n’était pas mis en culture directement sur le site. Parmi les espèces cultivées localement, la vigne (Vitis vinifera) (26,7 %) se distingue très clairement par sa forte présence. L’attestation de 2353 macrorestes minéralisés découvert dans les latrines tend à prouver qu’une partie de la production de raisin

était réservée à la consommation, comme raisin de table.

Toutes ces espèces peuvent être classées en deux groupes : un premier où l’on retrouve les taxons poussant naturellement dans le bassin rhénan et qui sont dès lors cueillis ou mis en culture localement (c’est le cas de la ronce et du sureau noir) et un second qui concerne les espèces importées par les romains, acclimatées et mises en culture localement, comme le concombre, le melon ou encore la figue. On peut aussi distinguer un troisième groupe où figurent les espèces dont l’acclimatation est impossible dans des territoires si loin de la Méditerranée, et dont on peut sans doute possible certifier l'importation. Deux espèces sont concernées par ce dernier cas de

67 KNÖRZER K.-H. et MEURERS-BALKES J., 1990, pages 242 à 246. 68 POLLMANN B., 2003, 105 pages et KLEE M. et JACOMET S., 2003, pages 178 à 190. 69 BOUBY L., RUAS M.-P. et TERRAL J.-F., 2012, pages 79 à 85. 70 IDEM. 24 figure : l’olive (Olea europaea) (0,1 %) et de la datte (Phoenix dactylifera) (0,01 %). À l’instar du cumin, la présence de ces espèces est symptomatique de la persistance des flux commerciaux.

Enfin, il est intéressant de noter l’absence de la noisette (Corylus avellana) et de la noix (Juglans regia), pourtant régulièrement découvertes sur les sites gallo- romains71. Cette absence peut s’expliquer par la nature des structures échantillonnées

(latrines) où l’on ne retrouve que rarement ces deux espèces, les coques ou coquilles n’étant pas consommées par l’homme. Il est plus étonnant de ne retrouver aucuns carporestes de ces deux taxons au sein du comblement des puits 19 et 250.

2.1.4.6. Le sureau noir (Sambucus nigra)

Les résultats de la structure 19 dénotent par leur originalité. En effet, hormis un nombre relativement important de carporestes de céréales carbonisées que l’on peut mettre sur le compte de rejets de foyer domestique, ce puits n’a révélé que très peu de carporestes domestiques. Une espèce détonne toutefois par sa très forte concentration ; le sureau noir (Sambucus nigra) dont on a identifié 6055 carporestes pour seulement 27 carporestes de sureau hièble (Sambucus ebulus). On précisera que l’unité stratigraphique 3 correspond à la phase de fonctionnement de la structure.

L’étude palynologique menée par A. GANNE concorde parfaitement avec les données carpologiques, puisqu’elle indique que le sureau noir poussait non loin du puits72.

La question de l’utilisation de ce sureau noir poussant à proximité du puits 19 est centrale. Sa présence dans les structures gallo-romaines est souvent assimilée à un abandon des sites73, alors même que les sources antiques et quelques témoignages archéologiques semblent témoigner en faveur de son utilisation74. De fait, son usage

71 MATTERNE V., 2001, 310 pages. 72 GANNE A., 2014, pages 391 à 406. 73 Pour l’archéologie des puits voir TARDY C., FEMENIAS J.-M., PELLECUER C. et POMAREDES H., 2014, pages 156 à 169. 74 PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, Livre XVI, LXXI, (1) « Le sureau a des baies noires que l’on mange bouillies dans l’eau ». 25 est attesté dès l’âge du cuivre (2500-1800 av. J.-C.) sur les palafittes d’Annecy75, où on suppose qu’il pourrait avoir été employé pour la fabrication de boissons ou pour teinter des tissus76. L’utilisation du sureau noir est multiple puisque l'ensemble des parties qui le compose (écorces, feuilles, fleurs et fruits) peuvent également trouver un emploi médical77.

La question de cette surreprésentation du sureau noir reste pour l’instant sans réponse. Nous pouvons toutefois nous permettre quelques hypothèses. Dans le cas présent, il a été choisi de ne pas considérer ce taxon comme une plante rudérale déposée naturellement dans le puits. En effet, le taux de fragmentation très élevé des carporestes de sureau noir (87 %) semble indiquer que ses baies ont subi une action mécanique faisant exploser les graines (Annexe 2, Fig. 12 : Carporestes de sureau noir découvert dans le puits 19). La seule explication serait une extraction du jus des baies du sureau dans un but que nous ignorons (teinture, alimentation…).

Notons enfin la forte représentation de plantes nitrophiles des familles

Urticaceae, Solanaceae ou Chenopodiaceae, qui pourrait attester d’une fertilisation du sol autour du puits 19 (Annexe 2, Fig. 13a, 13b et 13c : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits 19), comme cela a pu être le cas à Châteaubleau78 ou à

Jouars-Pontchartrain79, ainsi que la présence de plantes à rapprocher des terrains humides ou des milieux plantés de haies.

2.1.4.7. Les adventices

Les plantes adventices ne sont pas très nombreuses : rien d’anormal à cela

étant donné la nature des structures échantillonnées. En effet, les latrines ne délivrent que très rarement une quantité conséquente de ce groupe de plantes. Seul le puits 19 a livré un nombre non négligeable de carporestes d’adventice. Toutefois, étant donné

75 LIEUTAGHI P., 2004, page 1200 et 1201. 76 IDEM, page 1200. 77 IDEM, page 1201. 78 JEDRUSIAK F., 2014, pages 371 à 390. 79 MATTERNE V., 2001, 310 pages. 26 qu’il est la seule structure appartenant à la phase 4 du site que nous avons étudié, il ne saurait être représentatif du site. Hormis l’anthropisation importante du milieu, ces adventices tendent à attester d’une mise en culture locale de certaines denrées végétales parmi lesquelles les céréales (adventices d’hiver et d’été).

2.1.5. Synthèse

L’étude carpologique menée sur le site 21 permet de conforter les études déjà entreprises sur le site de Oedenburg quant à l’alimentation des populations de l’agglomération80. Au vu des structures étudiées (latrines), la majorité des carporestes sont assimilables à des rejets alimentaires. Les céréales, qui peuvent avoir été mises en culture dans les environs du site81, y occupent une place importante et se distinguent notamment par leur diversité : céréales vêtues, nus, d’hiver et d’été (orge, millet, blé tendre, amidonnier, engrain, épeautre). Si l’on recoupe ces résultats et ceux déjà obtenus sur l’agglomération antique, il apparaît que l’occupation du Ier siècle ap.

J.-C. correspond à une consommation de blé vêtus, qui tend à disparaître au profit du blé tendre et de l’orge à partir du IIe siècle ap. J.-C.

La production de denrées locales peut être étendue aux nombreux légumes, légumineuses et aromatiques mis en évidence. Lentilles, melons, concombre, aneth ou encore céleri peuvent avoir fait l’objet d’une mise en culture en sein de potagers : néanmoins les indices permettant d'affirmer l'existence de telles pratiques sont un peu minces, puisque le seul élément en faveur d’une mise en culture au sein de ce quartier est le taux élevé de plantes nitrophile découvert dans le comblement du puits 19 et qui peu renvoyé à une fertilisation du sol82. Des fruits tels que la pomme, la poire ou la prune étaient également consommés et certainement mis en culture.

Pour le site fouillé lors de la campagne de 2012, les indices d’une pratique de la cueillette sont quasiment inexistants. Mais, loin d’être significative, cette absence

80 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 81 GANNE A., 2014, pages 391 à 406. 82 Voir volume 1/2, Chapitre 3, partie 2.1.2.2.3.4. 27 peut n'être que le fruit du hasard. Exception faite du sureau noir qui semble être un cas particulier, la part des espèces considérées comme cueillies est relativement faible : la ronce est par exemple assez mal représentée.

À ces productions locales venaient s’ajouter des importations, notamment des fruits venus de contrées parfois lointaines comme l'olive, la datte ou encore le cumin.

Consommer ces mets était une opportunité rare et sans doute réservée à une partie de la population relativement aisée. Sans sombrer dans le raccourci scientifique, la présence de ces aliments tend à laisser penser que ce quartier au moins était occupé par des hommes ayant des moyens financiers conséquents. Comme le soulignait déjà

S. JACOMET, on est toutefois en droit de se demander si une systématisation des

études carpologiques comme il est pratiqué à Oedenburg ne permettrait pas à ces taxons de perdre de leur caractère exceptionnel83.

Notons enfin que la fouille archéologique n’avait pas permis de matérialiser les limites des parcelles d’habitation de ce quartier. Or, les adventices découverts dans le puits 19 font état de taxons poussant dans les haies. La présence potentielle de haies pourrait expliquer l’absence de limite physique (palissade ou muret)

(Annexe 2, Fig. 14a, 14b et 14c : Groupements végétaux des adventices du puits 19).

2.1.6. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant

Si on compare les données sur l’alimentation obtenues à Oedenburg à celles obtenus sur les trois sites de notre corpus, on ne peut que souligner la particularité de cette agglomération qui se caractérise par une grande diversité des denrées végétales présentes et consommées durant toute l’occupation du site fouillé en

2012 84, et plus généralement sur l’ensemble de l’agglomération85.

83 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 84 REDDE M. et al. 2014, 434 pages. 85 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 28

Les attestations de fruits ou d'épices rares pour le nord de la Gaule, comme la datte et le cumin, témoignent de la diversité et de l’originalité des taxons observés au sein de l’agglomération. S'ils sont sans contestation possible le fait d’importation depuis de lointaines contrées de l’Empire, les raisons de leur présence semblent devoir être débattues. En s’appuyant sur l’étude des camps militaires localisés sur le limes rhénan en Allemagne, en France et en Suisse, S. JACOMET souligne que cette présence militaire est précisément à l’origine des importations sur les sites de la région, et notamment à Oedenburg. Toutefois si la concomitance entre les premières importations et l’installation du camp julio-claudien est incontestable, la persistance des importations après l’abandon de ce même camp nous laisse à penser que la présence militaire n’est pas le seul facteur justifiant les importations sur le site.

Comment expliquer la persistance de ces importations entre la fin du Ier siècle ap. J.-

C. et le milieu du IIIe siècle ap. J.-C., alors que le camp militaire est abandonné ?

Comme nous l’avons souligné dans le cadre du travail de thèse (voir volume 1/2,

Chapitre 1, partie 2.1.2.2.), la localisation géographique d’un bourg à proximité de grandes voies économiques (routes ou fleuves) est un facteur bien plus déterminant quant à l’attestation d’importations que la présence militaire au sein d’un site86. Dans cette optique, la proximité du Rhin et de la voie romaine menant au vicus d’Horburg-

Wihr, et donc la localisation de Oedenburg sur des axes économiques majeurs en direction de la frontière nord de l’Empire ou de la Germanie non romaine, semble expliquer l’occurrence d’importations au sein de l'agglomération. Cette hypothèse permet en outre d'expliquer pourquoi les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et Châteaumeillant, qui jouissent d’une situation géographique moins favorable, n’attestent pas d’importations.

Exception faite des nombreuses importations et de la diversité taxonomique qui en découle, les données sur les denrées végétales de Oedenburg concorde parfaitement avec les grandes tendances identifiées sur les sites de notre corpus87 et

86 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 87 Voir volume 1/2, Chapitre 3, partie 1.2.2.5.2. 29 plus largement dans le nord de la Gaule88. Les céréales occupent une place centrale, avec les blés vêtus en période précoce (Ier siècle ap. J.-C.) avant que ceux-ci ne disparaissent progressivement au profit du blé tendre et de l’orge dès le début du IIe siècle ap. J.-C. Ce constat qui vaut pour l’ensemble de l’agglomération89 s’accorde avec les données obtenues pour le centre du Bassin parisien90. À l’instar de ce qui a

été démontré dans notre travail de thèse, lentille et pois dominent très largement le corpus des légumineuses durant toute l’occupation de l’agglomération. Tout comme

à Châteaubleau, on observe que la gesse et la vesce tiennent une place grandissante à la table des habitants du bourg. Leur présence anecdotique au Ier siècle ap. J.-C. devient significative dès le IIe siècle ap. J.-C. Les aromatiques sont dominées par la triade aneth, coriandre et céleri, répandue dans toute la Gaule du Nord, alors que pour les fruits, pomme, poire, Prunus spp., sureau noir et vigne sont les taxons les mieux représentés.

La question des espaces non couverts, nombreux sur la fouille de 2009, est plus problématique. On sait que la partie arrière des parcelles était non couverte et que la forme du parcellaire renvoie à l’habitat allongé maintes fois mis en évidence en Gaule91 et notamment à Beaune-la-Rolande92 et Châteaubleau93. Si les latrines qui ont été étudiées ne nous sont d’aucun secours, le puits 19 nous apporte un début de réponse quant à la morphologie de ces espaces, grâce à l’étude des adventices retrouvées emprisonnées dans ses sédiments. Les résultats obtenus sur ce puits 19 ne sont pas sans rappeler ceux de Châteaubleau et de Jouars-Pontchartrain, qui avaient permis de mettre en évidence la présence de jardins vivriers dans la partie arrière du parcellaire allongé. Si l’on ajoute la présence de taxons de légumes, légumineuses et aromatiques ainsi qu’une surreprésentation des nitrophiles, on est en droit d’émettre

88 MATTERNE V., 2001, 310 pages. 89 VANDORPE P. et JACOMET S., 2011, pages 3 à 71. 90 Voir volume 1/2, Chapitre 3, partie 1.2.2. 91 PETIT J.-P., 2005, pages 169 à 193 et IDEM, 2007, pages 120 à 127. 92 CRIBELLIER C., à paraitre. 93 PILON F., 2009, 738 pages et ISMAËL J. et al., 2008, pages 107 à 122.

30 l’hypothèse de la présence d’espaces mis en culture autour du puits 19. Toutefois, en l’absence d’étude similaire sur d’autres structures du même type (puits 4 et 98 par exemple), ces résultats ne peuvent être généralisées à l’ensemble du quartier d’habitation mis au jour (Voir volume 1/2, Synthèse).

31

2.2. Saint-Ambroix sur Arnon

2.2.1. Localisation, conditions d’intervention et généralités

Saint-Ambroix sur Arnon est une agglomération moderne située dans le département du Cher (18). Suite aux nombreuses prospections aériennes, pédestres

(BERTIN B.) et aux fouilles archéologiques menées sur le territoire de la commune depuis les années 1980, c’est aujourd’hui plus de 80 sites et indices de toutes périodes qui sont connus sur le territoire communal (3122 ha) de Saint-Ambroix sur Arnon.

Au cours des années 2009 et 2010, une fouille dirigée par O. BUCHSENSCHUTZ, C.

CRIBELLIER, J.-L. ROCHE et B. ZELIE sur le lieu-dit La Vallée, sur la rive droite de l’Arnon, a permis de mettre au jour la présence d’un sanctuaire péri-urbain94.

2.2.2. Plan général

Le site de Saint-Ambroix sur Arnon est une agglomération secondaire gallo- romaine mentionnée sur l'Itinéraire d'Antonin sous le nom d’Ernodurum95. Elle s'est développée au carrefour de la voie antique Bourges (Avaricum)/Argenton-sur-Creuse

(Argentomagus) et de celle supposée antique qui, partant de Châteaumeillant

(Mediolanum), suivait les vallées de la Sinaise et de l’Arnon jusqu'à Vierzon96. On suppose l'existence d'une troisième voie partant du site en direction de l’agglomération d’Issoudun, mais son tracé exact et son origine sont douteux97.

L’agglomération ne se serait développée que sur la rive gauche de la rivière, aux lieux dits "Saint-Hilaire" et "Le Carroir d’Airain"98 (Annexe 2, Fig. 15 : Plan de l’agglomération antique de Saint-Ambroix sur Arnon). Les premières fouilles ont

94 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 9. 95 IDEM et VILLERIO C., 1992, page 33. 96 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 9. 97 IDEM. 98 IDEM ; VILLERIO C., 1999, pages 33 à 38 ; BERTIN B., 1993, 72 pages ; BERTIN B., 2007, pages 45 à 59 ainsi que CHEVROT J.-F. et TRAODEC J., 1992, pages 167 à 182. 32

été effectuées entre 1861 et 1911. Par la suite, le site fit l’objet de prospections aériennes menées par J. HOLMGREN dans les années 1970, et de prospections pédestres 99 régulièrement pratiquées depuis près de 20 ans.

Les différentes études témoignent de zones d'habitat et de bâtiments publics

(sanctuaire, potentielle basilique civile) au cœur de l’agglomération : débris d’autel, dédicace à Jupiter, deux blocs d’un pilier -dont chacune des quatre faces porte un couple divin100 et une statue de dieu accroupi101- sont parmi les découvertes les plus remarquables.

En périphérie de l’agglomération, le long de la voie Avaricum/Argentomagus sur le site du Carroir d’Airain, une nécropole à incinération datée du Haut Empire a été identifiée par des fouilles pratiquées en 1861 et des découvertes fortuites postérieures102. À l’ouest, au lieu-dit Terre de la Chaussée des Vignes, la prospection aérienne a mis en évidence un sanctuaire comportant au moins deux fana avec cella et péribole de plan carré et deux autres bâtiments dont la fonction demeure incertaine103. Au lieu-dit Terre des Maisons Neuves, encore une fois sis en périphérie de l’agglomération, un fanum à simple cella sans péribole et d’autres bâtiments ont été découverts104. Enfin, l'existence d'un dernier sanctuaire est supposée au lieu-dit

Vallées d’Harpé, à plusieurs kilomètres au sud/est de l’agglomération105.

Tous ces ensembles cultuels sont des sanctuaires péri-urbains implantés non loin des voies de communication, principalement sur la rive gauche en direction de

Châteaumeillant et d’Issoudun, mais peut être aussi sur la rive droite au lieu-dit de

La Vallée106.

La campagne environnante est également très densément anthropisée puisque la présence de villa et autres fermes antiques a pu être mise en évidence grâce à la

99 Prospections pédestres menées par B. BERTIN. 100 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 11 et CHEVROT J.-C. et TRAODEC J., 1992, pages 168 à 169. 101 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 11 et VILLERIO C., 1999, page 36. 102 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 11 et BERTIN B., 1993, 72 pages. 103 IDEM, ainsi que CHEVROT J.-F. et TRAODEC J., 1992, pages 181 à 182. 104 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 11 ; CHEVROT J.-F. et TRAODEC J., 1992, page 181. 105 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 11 ; BERTIN B., 1993, page 21 et BERTIN B., 2007, pages 45 à 59. 106 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 11. 33 photographie aérienne et aux prospections pédestres. Citons à titre d’exemple l’établissement rural à deux cours de "La Viarronnerie", situé à quelques centaines de mètres de l’agglomération, ou cet autre connu le long de la voie se dirigeant vers

Vierzon, au lieu-dit Arnaise107.

Comme cela a été présenté précédemment, les découvertes archéologiques ne témoignent pas du développement de l’agglomération sur la rive droite de l’Arnon, hormis peut-être le cas sanctuaire du lieu-dit La Vallée108 (Annexe 2, Fig. 16 : Plan du site de « La Vallée » - Saint Ambroix sur Arnon).

Au haut Moyen Âge, une basilique paléochrétienne et une nécropole sont implantées au cœur de l’ancien site antique109. C’est avec le développement du bourg médiéval que l’on voit s’effectuer l’occupation de la rive gauche, avec notamment l’implantation d’une nécropole à sarcophages connue par des découvertes faites lors de travaux d’enfouissement de réseaux effectués au chevet de l'église du XIIe siècle. Il s’agit potentiellement d’une nécropole mérovingienne contemporaine de celle installée dans et aux abords de la basilique paléochrétienne110.

2.2.3. Fouille du site de La Vallée (2010)

Une première campagne de fouille menée en 2009 a permis de confirmer l’existence d’un site cultuel sur le site de La Vallée. Il avait été pressenti les années précédentes par le biais de prospections magnétiques (Annexe 2, Fig. 17 : Prospection magnétique – La Vallée/Saint Ambroix). Suite à ces premiers résultats, une tranchée de sondage a été effectuée au centre d’une concentration de monnaies mise en

évidence par un détecteur de métaux et une prospection magnétique (Annexe 2, Fig.

18 : Répartition des monnaies - La Vallée/Saint-Ambroix sur Arnon). Cette première étude a permis de mettre au jour un bâtiment très arasé de type fanum, un

107 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 11 et CHEVROT J.-F. et TRAODEC J., 1992, pages 179 à 180. 108 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 9. 109 IDEM ; CHEVROT J.-F. et TRAODEC J., 1992, pages168 à 169 et BERTIN B., 1993, pages 31 à 35. 110 IDEM. 34 foyer qui a livré de nombreuses monnaies, ainsi que les premiers mètres d’un puits à eau (F BB)111.

À cette première étude très prometteuse a succédé une campagne de fouille réalisée en 2010, dont le but était non seulement de délimiter l’extension des vestiges du sanctuaire découvert l’année précédente, mais aussi de mener à son terme la fouille du puits. Le décapage des abords du fanum a permis de compléter le plan du sanctuaire avec la découverte d’une fosse riche en mobilier céramique et monétaire, de plusieurs trous de poteau et d’un nouveau dépôt de 41 monnaies gauloises. Pour ce seul site de « la Vallée » le nombre de monnaies gauloises s’élève à 194, et 80 pour la période romaine112.

Tous ces éléments permettent de dater la construction du fanum de la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. : le site est dès alors occupé durant tout le siècle. L’état de conservation des vestiges rend assez difficile la compréhension de l’évolution du sanctuaire à partir du IIe siècle ap. J.-C.113. Toutefois, l’étude du puits F BB permet, de façon indirecte, d’attester le fonctionnement de ce lieu de culte jusqu’au IVe siècle ap.

J-C. Le dépôt des trois vases en bronze dans la structure peu avant le milieu du IIIe siècle, puis son comblement massif et définitif au début du IVe siècle ap. J.-C., témoignent en effet de l’occupation du site au moins jusqu’à cette date. Le sanctuaire est définitivement abandonné à la fin de la période constantinienne et ne sera réinvesti qu’à la fin de la période carolingienne114.

Le comblement du puits F BB, essentiel pour la compréhension générale du site, a livré lors de la fouille, un mobilier lapidaire composé de fragments d’un groupe statuaire en calcaire (sans aucun doute en relation directe avec le sanctuaire) et un ensemble faunique115. Dans le fond de la structure ont été découverts trois vases en bronze dont deux portaient une inscription, de fragments de seau et de nombreux

111 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 6. 112 IDEM. 113 IDEM, page 36. 114 IDEM, page 91. 115 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, page 6. 35 artefacts en bois (Annexe 2, Fig. 19 : Vase en bronze, Iso 10275, puits F BB, Fig. 20 :

Vase en bronze, Iso 10276, puits F BB et Fig. 21 : Vase en bronze, Iso 10277, puits

F BB). Surtout, le comblement du puits a fait l’objet d’un échantillonnage dans le but de mener une étude carpologique.

2.2.4. Structure échantillonnée

Le puits F BB découvert sur le site de La Vallée à Saint-Ambroix sur Arnon a fait l’objet d’un échantillonnage de sédiments bruts pour étude carpologique au sein de l’unité stratigraphique 1039 (Annexe 2, Fig. 22 : Coupe du puits F BB, Fig. 23a :

Structure échantillonnée – Saint Ambroix et Fig. 23b : Emplacement de la structure

échantillonnée). Ce puits doit sans doute être mis en lien avec le fanum découvert sur le site116. Il est creusé au plus tôt dans la deuxième moitié du Ier siècle ou au cours du

IIe siècle ap. J.-C., avant d’être abandonné et comblé durant le dernier tiers du IIIe siècle ou au tout début du IVe siècle ap. J.-C.117.

En soi, cette structure est en totale opposition avec celles déjà sélectionnées pour la présente étude, puisqu’elle n’est pas liée à une activité domestique ou à un espace d’habitat. Son lien avec le fanum du site de La Vallée devrait néanmoins nous permettre d’avancer dans notre réflexion : si la méthodologie que nous avons décidé de mettre en place est adaptée, le puits devrait en effet présenter des résultats archéologiques et environnementaux différents de ceux établis pour les trois agglomérations déjà présentées.

116 BUCHSENSCHUTZ O. et al., 2011, pages 27 à 39. 117 IDEM. 36

2.2.5. Interprétation des données

Au vu des résultats, la carpologie révèle l’image d’un milieu très fortement anthropisé, dans lequel l’environnement végétal ne semble jouer qu’un rôle

« secondaire ». (Annexe 2, Fig. 24 : Etude carpologique du puits F BB (Saint-

Ambroix sur Arnon)). En effet, les plantes potentiellement exploitées par l’homme durant l’Antiquité ne représentent qu’une part infime de l’assemblage carpologique, tant par leur diversité (seulement 8 taxons) que par le nombre de carporestes retrouvés (39 individus). Ces carporestes doivent sans doute être interprétés comme des rejets anthropiques, reflets d’une alimentation anecdotique (peut-être un simple grignotage…) puisque seuls quelques fruitiers sont attestés. Quant aux adventices, elles représentent 80,6 % des carporestes étudiés. Notons que la majorité d’entre elles sont symptomatiques d’un milieu fréquemment piétiné et d’une strate herbacée.

L’environnement proche du puits semble donc être un lieu de passage très régulier où, à force de piétinement, la végétation n’a pu se développer.

Un élément doit toutefois être souligné. En effet, la présence conjointe de rachis de Poaceae (bien qu’on ne puisse déterminer ce taxon qu’au niveau du genre) et d’un adventice des cultures de céréale, la nielle des blés (Agrostemma githago), est intéressante du point de vue carpologique. Si l’on considère le caractère cultuel du site, cette particularité est troublante puisque la divinité susceptible d’avoir été célébrée au sein du fanum fouillé à quelques mètres seulement de ce puits est Mercure, divinité agraire de son état. La présence de Poaceae et d’adventice des cultures pourrait alors être le reflet des offrandes faites à la divinité.

37

Deux éléments plaident dans le sens de cette hypothèse :

1) Rachis et adventices ont été retrouvés au sein de la structure, conservés par

imbibition. Or il est plus courant de retrouver les Poaceae conservées par

carbonisation, tout simplement parce que bon nombre d’entre elles sont des

céréales qui entrent dans l’alimentation des populations antiques et qui, en

tant que telles, font donc l’objet d’une cuisson. Qui plus est, la présence de

cet unique taxon est étrange. Si les Poaceae avaient eu vocation à être

consommées, sans doute auraient-elles été accompagnées d’autres taxons

constitutifs de l’alimentation gallo-romaine, comme les légumineuses ou les

aromatiques. Toutefois il n’en est rien, et ces Poaceae semblent bien seules

au milieu de tous ces adventices. En somme, au vu de ces données il est

possible d’affirmer avec une quasi-certitude que ces Poaceae n’avaient pas

pour vocation d’être consommées par l’homme.

Ce premier élément corroborerait l’hypothèse d’un dépôt cultuel, bien que

nous nous devions de limiter l’importance de cette idée. En effet, les seuls

rachis n’ont pas permis d’affiner les déterminations du taxon, et il peut tout

aussi bien s’agir de céréales potentiellement offertes aux dieux que

d’adventices, comme le brome (Bromus sp.) par exemple.

2) Les rachis retrouvés semblent avoir fait l’objet d’une action mécanique qui

les a aplatis, les rendant non identifiables (tout du moins avec précision).

Cet élément a une importance non négligeable, puisque cette action subie

par les rachis est obligatoirement d’origine anthropique. Nous pouvons être

plus précis et ajouter que ces rachis, et donc les semences qui y étaient

accrochées, ont fait l’objet d’une action de battage et/ou de broyage. Il est

donc fort probable que ces Poaceae aient été des céréales utilisées par

l’homme : de fait, il est fort peu probable que les hommes puissent avoir

38

volontairement fait subir un tel traitement à des adventices, ne pouvant

faire aucun usage des résidus ainsi obtenus.

Bien qu’intéressante, cette hypothèse doit être abandonnée ou tout du moins limitée. En effet, les taxons concernés ne sont pas assez nombreux pour que cette idée puisse être significative. Sans doute aurions-nous constaté une présence plus importante de carporestes de Poaceae et de céréales dans le puits F BB si ces taxons avaient véritablement joué un rôle important au sein du site antique.

L’étude carpologique entreprise sur le puits F BB s’avère donc assez problématique, le faible nombre de carporestes et de taxons retrouvés nous permettant seulement d’affirmer que les alentours du puits en question étaient très fortement anthropisés, avec sans doute un passage régulier de l’homme dont témoigne la présence d’adventices symptomatiques des sols piétinés. Plus qu’un lieu de passage, les alentours du puits semblent avoir été occupés occasionnellement, comme semble le prouver la présence de quelques noyaux de fruitiers témoins d’une activité anthropique autour de la structure. Toutefois, l’absence de taxons constitutifs d’un repas (légumineuses, légumes, aromatique…) permet de supposer qu’il ne s’agit aucunement d’un puits privatif et domestique, mais plutôt d’une structure

« publique » ou « cultuelle ». Enfin, bien qu’intéressante, l’hypothèse des offrandes se doit d’être fortement limitée.

2.2.6. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant

Les données recueillies sur le site de la Vallée ne nous permettent pas d’améliorer directement notre compréhension des espaces non couverts ou des productions vivrières des agglomérations secondaires gallo-romaines, puisque la fouille archéologique a démontré que le site était occupé par un fanum localisé en

39 périphérie du bourg antique et que le puits F BB concerné par l’étude carpologique pouvait être mis en lien direct avec le fonctionnement de ce même fanum.

C’est en fait l’originalité du site qui rend l’analyse du puits F BB intéressante.

Les données archéologiques montrent en effet que cette structure n’est pas un puits domestique lié à une unité d’habitation. Plus encore, la localisation de l’ensemble cultuel à l’extérieur de l’agglomération permet de supputer l’absence d’une mise en culture de l’espace autour du puits et du fanum. Or, l’étude carpologique du puits

F BB démontre que les adventices des cultures sarclées sont très peu représentées

(8 %) (Annexe 2, Fig. 25 : Groupements végétaux attestés au sein de puits F BB) et que le taux de plantes nitrophile est bas (25 %) (Annexe 2, Fig. 26 : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits F BB). Ces résultats rappellent ceux du puits F 05 de

Châteaubleau-Parcelle cadastrale 703, identifié comme un puits entouré d’un espace empierré et donc non cultivé. À ces premiers éléments vient s’ajouter l’absence de taxons pouvant être mis en culture au sein de potager (légumes, légumineuses ou aromatiques). Si l’on tient compte de l’ensemble de ces données, le puits F BB est entouré d’un espace non couvert, non fertilisé (faible taux des nitrophile) et non mis en culture (faible taux des adventices des cultures sarclées et absence d’espèces potagères). Ces données carpologiques corroborent la fouille archéologique du site.

40

2.3. Rouillé

2.3.1. Localisation, conditions d’intervention et généralités

L’établissement de Roullée/La Selle (Mont-Saint-Jean, Sarthe, 72) a été identifié au milieu du XIXe siècle à l’occasion de travaux agricoles menés en contrebas de la maison de La Selle.118 À la suite de cette découverte, une première fouille a lieu au cours des années 1844 et 1845. Il faut ensuite attendre 2008 pour voir se développer des prospections géophysiques conduites par G. HULIN dans le cadre d’un programme d’ANR piloté par K. GRUEL119. (Annexe 2, Fig. 27 : Prospections géophysiques, Roullée/La Selle). Les anomalies repérées ont été validées en 2009 grâce à deux sondages. Ces résultats positifs ont ouvert la voie à une fouille programmée pluriannuelle dirigée par F. SARRETE (EVEHA) depuis 2010120.

Le site est localisé au nord de la cité des Aulerques Cénomans, à 35 km au nord-ouest de son chef-lieu de cité : Vindunum (Le Mans) (Annexe 2, Fig. 28 : Localisation du site de Roullée/La Selle).

2.3.2. Plan général

En l’état actuel des connaissances, l’établissement rural de Roullée/La Selle compte cinq ensembles bâtis distincts121. Les bâtiments mis au jour forment un L de

125 m de long sur 100 m de large, orienté nord-ouest/sud-est (Annexe 2, Fig. 29 :

Plan de la fouille – Roullée/La Selle). Il semble que cette disposition ne constitue que l’angle sud d’une vaste cour en U dont l’aile orientale n’est pas encore connue et dont l’aile occidentale pourrait se poursuivre vers le nord sur une distance indéterminée. Selon cette hypothèse, la villa de Roullée intégrerait donc la catégorie

118 SARRESTE F., 2013, page 7 et DU PEYROUX A., 1861, 361 pages 119 SARRESTE F., 2011, page 7. 120 IDEM. 121 IDEM, 2013, page 18. 41 des villae à pavillons multiples alignés telle qu’elle a récemment été définie par A.

FERDIERE, P. NOUVEL et C. GANDINI122.

Deux bâtiments composant la branche occidentale (Bât. 1 et 2) sont identifiés comme des annexes agricoles, alors que les édifices 3, 4 et 5 correspondent aux installations résidentielles123. Cette bipartition, associée à la mise en évidence d’installations de confort, a permis de valider l’identification du site comme un établissement agricole et plus précisément une villa124.

Les indices chronologiques recueillis pour les six bâtiments sont jusqu’ici cohérents et montrent que ceux-ci ont été bâtis vers le milieu du Ier siècle ap. J.-C. Jusqu’à présent, une occupation plus précoce du site n’a jamais été attestée.

Les bâtiments connaissent plusieurs états jusqu’au IIIe siècle ap. J.-C., durant lequel le bâtiment résidentiel est abandonné alors que certains bâtiments agricoles, notamment le bâtiment 2, sont toujours occupés et connaissent même des restructurations profondes125.

2.3.3. Structures échantillonnées

Au cours de la fouille de l’été 2013, deux échantillonnages ont été réalisés dans les fossés F5 (US 2022) et F65 (US 23059). Ces deux structures ont été mises au jour lors des travaux réalisés sur un sondage (Sd. 23), situé en face du bâtiment résidentiel n°3. L’ensemble de ces structures est datable du milieu du Ier siècle ap. J.-C., c’est-à- dire contemporain de la phase 1 de l’exploitation agricole126 (Annexe 2, Fig. 30a :

Structures échantillonnées – Roullée/La Selle et Fig. 30b : Emplacement des structures échantillonnées).

122 SARRESTE F., 2013, page 18 ; FERDIERE A. et al. 2010, pages 357 à 446 et SARRESTE F. et al. 2011, pages 139 à 141. 123 SARRESTE F., 2013, page 18. 124 SARRESTE F. et al., 2011, pages 120 à 121. 125 SARRESTE F., 2013, pages 18 à 21. 126 IDEM. 42

Le choix des fossés échantillonnés a été laissé à l’appréciation des archéologues lors de la fouille et s’explique par la présence des nombreux charbons de bois au sein des deux structures, ce qui en faisait des faits susceptibles d’avoir permis la conservation d’un nombre variable de carporestes.

Dans le cadre de cette étude, il a été assez simple de déterminer que la présence des carporestes est le fait d’un seul et même agent : l’homme, tant au vu des structures

étudiées (c'est-à-dire ces fossés « dépotoirs »), du type de conservation des carporestes (la carbonisation), que parce que la majorité des espèces qui y sont attestées sont liées à l’homme et/ou à ses activités. Le « bruit de fond » est donc relativement limité dans cette étude127.

2.3.4. Interprétation des données

Au vu des résultats obtenus par la présente étude (Annexe 2, Fig. 31 : Etude carpologique du site de Rouillée/La Selle – Mont-Saint-Jean), il est possible d’améliorer notre compréhension de l’alimentation des hommes qui occupaient le site de Rouillée/La Selle durant l’antiquité. Les conclusions de l’analyse carpologique ne bouleversent en rien les connaissances des archéologues et historiens sur le sujet, et témoignent d’une alimentation quotidienne basée sur deux fondamentaux de l’époque : les céréales et les légumineuses.

2.3.4.1. Les céréales

Les assemblages sont dominés par deux espèces : l’orge vêtu (Hordeum vulgare) et le blé tendre (Triticum aestivum), auxquelles il faut ajouter un carporeste d’épeautre

(Triticum spelta). Il est intéressant de noter que les habitants du site disposent d’une diversité notable de céréales qui se compose de céréales vêtues, dans le cas présent

127 Part des semences provenant d’horizons plus lointains, non liées directement à l’activité humaine, et qui viennent polluer l’interprétation. 43 l’orge et l’épeautre, et de céréales nus (blé tendre). Ce sont trois espèces très courantes durant toute la période gallo-romaine128. L’orge vêtu présente l’avantage de pouvoir être cultivé sur de très nombreux sols de par sa grande facilité de mise en culture et sa tolérance. Pour les blés, il n’est pas rare d’observer sur les sites gallo- romains du centre du Bassin parisien, une mise en culture parallèle du blé tendre et de l’épeautre. L’épeautre (blé vêtu) est un blé plus rustique mais plus résistant que le blé tendre (blé nu). Cette résistance explique à elle seule la persistance de l’espèce, alors même que son rendement est moins important et son traitement (récolte, battage, décorticage) plus contraignant que celui du blé tendre (récolte et battage).

2.3.4.2. Les légumineuses

La conservation de ces carporestes étant relativement mauvaise, il n’a pas été possible d’affiner la détermination des trois Fabacées découvertes. Toutefois, au vu du contexte archéologique (rejet anthropique et domestique), il a été choisi de considérer ces carporestes comme des rejets alimentaires et donc des légumineuses consommées par l’homme.

2.3.4.3. Les fruitiers

Un noyau de Prunus spp. a été découvert au sein de la structure F05. Sans être précise au vu de la conservation du carporeste, cette attestation permet d’élargir un peu la palette de l’alimentation des hommes qui occupaient le site.

128 MATTERNE V, 2001, 310 pages. 44

2.3.4.4. Les adventices

Enfin, notons la présence de deux taxons adventices que sont le chénopode

(Chenopodium sp.) et la patience (Rumex sp.). Les sources antiques ne font pas acte d’une utilisation de ces espèces pour la période antique. On les retrouve très couramment sur les sites gallo-romains anthropisés. Leur carbonisation pourrait signifier qu’elles ont été cuites en même temps que les céréales et les légumineuses.

Dans ce cas, il faudrait alors les considérer comme des plantes messicoles.

2.3.5. Synthèse

Les résultats de cette étude sont à même d’améliorer notre connaissance des habitudes alimentaires des hommes qui occupaient le site à l’époque Antique. En effet, la mise en relation qui a pu être fait lors de la fouille entre le fossé F5, bâtiment

1 et le foyer F66, nous permet de rapprocher les carporestes étudiés, de rejets domestiques alimentaires. La situation du fossé F66, bien plus éloigné du bâtiment 1 pourrait expliquer la faible quantité de carporestes retrouvés.

L’alimentation des hommes occupant le site était basée sur la consommation de céréales et de légumineuses. Bien sûr il ne s’agit là que d’une vue très réduite de cette alimentation qui devait se composer de nombreux fruits, de légumes ou d’aromatiques mais pour lesquels nous avons que très rarement des témoignages dans des sites archéologiques comme celui de Rouillé/La Selle, où les carporestes sont principalement conservés par carbonisation.

45

2.3.5. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant

Bien qu’étant un établissement rural, l’établissement antique de Rouille/La Selle permet de corroborer les données sur l’alimentation céréalière des contextes gallo- romains du Bassin parisien. Ainsi, comme dans les contextes urbains de Beaune-la-

Rolande et de Châteaubleau, le blé tendre et l’orge dominent le corpus céréalier alors que l’épeautre joue un rôle secondaire.

46

2.4. Touquin

2.4.1. Localisation, conditions d’intervention, généralités et plan générale

Le site de la Fontaine aux Moines est situé sur la commune de Touquin en

Seine-et-Marne (France) (Annexe 2, Fig. 32 : Plan du site de La Fontaine aux Moines

(Touquin)). La fouille archéologique débutée en 2014 par la Société Archéologique de Touquin (SAT) et dirigée par F. RIGAULT, a permis de mettre au jour un

établissement rural gallo-romain. Sondé en 2014 et 2015, cet établissement se situe le long d’un chemin présent sur le plan d’intendance de 1786 et sur le cadastre

Napoléonien129 (Annexe 2, Fig. 33 : Carte de situation de Touquin sur le réseau régional de voirie antique). Ce chemin permet de desservir une série de sites ruraux situés en bordure de l’Yerres, dont la Fontaine aux Moines fait partie. L’étude céramologique permet de dater l’occupation du site de la seconde moitié du IIe ap.

J.-C. à la fin du IVe ap. J.-C. La fouille archéologique ne permet pas pour le moment d’identifier les activités en cours au sein de cet établissement ; si un bâtiment a bien

été mis au jour il est pour le moment difficile d’en interpréter la fonction130.

2.4.2. Structures échantillonnées

Des échantillonnages de sédiments bruts ont été réalisés dans cinq structures. Au total 48 litres de sédiments bruts ont été échantillonnés. L’intégralité des prélèvements est renseignée dans la figure 34.

129 RIGAULT F., 2014, 166 pages. 130 IDEM. 47

2.4.3. Interprétation des données

On notera que l’intégralité des carporestes mis en évidence a été conservée par carbonisation. L’ensemble des structures a livré des carporestes, même si certaines d’entre elles, comme F71, n’ont livré que deux individus. Les concentrations par litre de sédiment brut sont bonnes (de 1 à 20 individus par litre). Les résultats de l’étude carpologique sont regroupés dans la figure 35.

On observe que certains taxons sont difficilement identifiables étant donné la très forte carbonisation qu’ils ont subie : ils sont regroupés sous l’appellation

« Indéterminés ».

Le taux de fragmentation des carporestes est conséquent, puisque qu’il concerne plus de 60 % des carporestes triés.

Dix-huit taxons ont été mis au jour. Dans leur grande majorité (83 %), il s’agit de taxons dits « domestiques » à rapprocher d’un usage alimentaire. Seuls trois d’entre eux sont assimilables à des adventices : la nielle des blés (Agrostemma githago), le gaillet (Gallium sp.) et le sureau hièble (Sambucus ebulus).

En l’état actuel de nos connaissances, les carporestes identifiés sont assimilables à des rejets de foyer, peut-être des ratés de cuisson ou des graines tombées dans le feu involontairement.

Les taxons domestiques nous permettent d’améliorer notre compréhension des habitudes alimentaires des hommes qui occupaient le site durant l’Antiquité.

Ainsi, nous savons que les céréales et les légumineuses semblent avoir été le socle de cette alimentation.

48

2.4.3.1. Les céréales

On notera la présence de deux espèces de blé : un premier blé nu et panifiable, le blé tendre (Triticum aestivum), qui domine très largement le corpus carpologique. L’épeautre (Triticum spelta) est lui un blé vêtu, dont l’occurrence est plus anecdotique.

Ce constat place Touquin dans la « norme » céréalière observée au sein des

établissement ruraux gallo-romains d’Ile-de-France, c’est-à-dire que le site se caractérise par la surreprésentation du blé tendre par rapport à l’épeautre.

Le corpus céréalier est complété par l’orge commune (Hordeum vulgare) et le millet commun (Panicum miliaceum).

2.4.3.2. Les Légumineuses

Les légumineuses sont représentées par sept taxons dont seulement quatre ont pu être identifiés au niveau de l’espèce. On notera la consommation de la lentille

(Lens culinaris) et du pois (Pisum sativum). La gesse (Lathyrus sp.) et la vesce (Vicia sp.) sont également attestées. Leur consommation par l’homme n’est pas forcément

évidente durant l’Antiquité, on leur préfère souvent une fonction de plante fourragère. Toutefois, leur découverte dans des contexte détritiques et dans des quantités équivalentes à celles de la lentille et du pois, nous pousse à penser que ces deux taxons étaient bel et bien consommés sur le site de Touquin.

2.4.3.3. La noisette

Les fruits ne sont représentés que par un unique taxon, un fragment de coquille de noisette (Corylus avellana) (Annexe 2, Fig. 36 : Carporestes, La Fontaine aux Moines-Touquin).

49

2.4.3.4. Les adventices

Seuls trois taxons composent le groupe des adventices. La nielle des blés

(Agrostemma githago) et le gaillet (Galium sp.) sont deux messicoles très courantes dans les champs de céréales antiques. Ils peuvent être interprétés comme des mauvaises herbes récoltées en même temps que les céréales et qui n’auraient pas été retirées lors du traitement de ces mêmes céréales.

Le sureau hièble (Sambucus ebulus) est une espèce rudérale qui pousse au contact de la présence humaine et de l’anthropisation de son milieu.

2.4.4. Synthèse

Les premiers travaux carpologiques réalisés sur le site de Touquin sont très encourageants. Nous savons que le socle alimentaire des habitants de cet

établissement rural était les céréales et les légumineuses, et que celles-ci étaient diversifiées. Même si notre compréhension des pratiques agricoles reste assez chaotique, les futures études carpologiques devraient permettre de pallier ce problème, en approfondissant l’analyse des adventices découvertes sur le site.

2.4.5. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant

Tout comme le site de Rouillée/La Selle, la Fontaine aux Moines permet de corroborer les données céréalières obtenues pour les sites de Bassin parisien. Surtout, cet établissement rural, contemporain de l’agglomération de Châteaubleau, ne lui est distant que de dix-sept kilomètres. Un parallèle entre les deux sites permet donc d’observer la concordance des données carpologiques entre un établissement rural et une agglomération secondaire d’une même zone géographique.

50

2.5. Cergy

2.5.1. Localisation, conditions d’intervention, généralités et plan générale

Une fouille de sauvetage menée en 2008, sur le site de la ZAC des Linandes à

Cergy par le Service Départementale d’Archéologie du Val d’Oise (SDAVO) a permis de mettre au jour un établissement rural datée du second Âge du Fer. Trois enclos quadrangulaires fossoyés et cinquante-neuf trous de poteaux ont été mis au jour.

Trois bâtiments ont pu être identifiés pour l’époque protohistorique.

La compréhension de l’occupation romaine est plus chaotique. Il apparait qu’à cette période, les enclos fossoyés protohistorique sont comblés et qu’un nouveau fossé est creusé131 (Annexe 2, Fig. 37 : Plan de la fouille ZAC des Linandes-Cergy 2).

2.5.2. Structures échantillonnées

La fouille du site de la ZAC des Linandes a permis de mettre au jour un silo protohistorique (F36) dont le tamisage de l’une des unités stratigraphiques a révélé l’existence de 15 carporestes. Il apparait que cette structure a bénéficié de condition très particulière. En effet, des remonté d’eau résiduel au sein du silo a permis une conservation des carporestes par imbibition (la présence conjuguée d’eau et de sédiments permettant la création d’un milieu anaérobie, favorable à la conservation des graines). Ces carporestes ont fait l’objet d’une étude carpologique dont les conclusions sont explicitées ci-dessous.

131 PARIAT J.G., 2009 163 pages. 51

2.5.3. Interprétation des données

Soulignons dans un premier temps que la conservation des carporestes est relativement mauvaise. En effet, après leur extraction du silo ils ont été laissés à sécher à l’air libre, accélérant ainsi leur détérioration. Cet état de conservation rend la détermination des carporestes assez délicate puisqu’une partie des semences a éclaté en séchant, rendant alors impossible une prise de mesure et donc une identification précise.

Pour cette raison, la détermination des semences s’est bien souvent limitée au rang du Genre. Malgré les difficultés rencontrées, cette étape permet d’affirmer que la totalité des semences appartient à la famille de Fabaceae (Fabacée). Pour différencier une espèce d’une autre au sein de cette famille, il est important de disposer de semences intactes, mais surtout de pouvoir observer le hile de la légumineuse : or, celui-ci est conservé sur quelques-uns des exemplaires retrouvés dans le silo

(Annexe 2, Fig. 38 : Etude carpologique du silo 36 (ZAC des Linandes)).

Les Légumineuses

L’étude carpologique a pu mettre en évidence la présence de vesce (Vicia), un genre de plante relativement commun durant l’époque protohistorique. Les sites de cette période attestent essentiellement de la présence de quatre espèces : deux d’entre elles, vesce hérissée (Vicia hirsuta) et vesce à quatre graines (Vicia tetrasperma) sont considérées comme des adventices, alors que vesce commune (Vicia sativa) et lentille bâtarde (Vicia ervilia) sont des espèces domestiques et cultivées. On a pu mettre en

évidence la présence de la vesce dans des silos de l’Âge du Fer à Bétheny (Marne),

Bailly (Yvelines) ou encore Acy-Romance (Ardennes).

En l’état actuel des choses, il est impossible de savoir si l’on doit considérer la vesce attestée sur le site de Cergy 2 – ZAC des Linandes comme une plante domestique ou bien comme une adventice. Soulignons toutefois que ce genre de plante était couramment utilisé en tant qu’espèce fourragère à destination du bétail. Que ce soit

52 pour l’alimentation humaine ou dans le cadre de la pratique de l’élevage animal, il est donc fort possible que la vesce ait été utilisée par les populations qui occupaient le site.

L’identification de deux exemplaires de pois (Pisum sativum) est bien plus instructive. Pisum sativum est une espèce de la famille des Fabacées qui, tout comme la vesce (Vicia sp.), est très courante durant l’Âge du Fer et dont la présence est notamment attestée dans des silos à Bailly (Yvelines), à Bussy-Saint-Georges

(Seine-et-Marne) ou encore à Herblay (Val d’Oise). La découverte de cette espèce domestique est intéressante, et ce pour deux raisons : tout d’abord, sa présence au sein d’une structure de stockage de dimension importante tend à laisser penser que le pois (Pisum sativum) était cultivé par les hommes occupant le site. Ensuite, sa présence donne des indices quant aux modes de culture en cours au sein du site.

Comme toutes les légumineuses, le pois possède un système de mise en culture particulier dit de « culture intensive ». Il réclame davantage de soins que les céréales et souffre de la compétition avec les mauvaises herbes132. Pour ces raisons, il semble assez cohérent d’imaginer que le pois était cultivé au sein de potagers privatifs.

Toutefois, le manque de données sur le sujet oblige à modérer ces propos, puisque aucun spécialiste n’a encore réussi à mettre en évidence de façon certaine la culture du pois au sein de potagers.

2.5.4. Synthèse

Bien que n’ayant livré qu’un nombre relativement restreint de carporestes, les résultats obtenus à partir du silo étudié permettent d’affirmer que les légumineuses, et notamment le pois (Pisum sativum), étaient l’une des composantes de l’alimentation des populations occupant le site. Durant l’Âge du Fer, on observe que les céréales occupent une place majeure au sein de l’alimentation des populations ; viennent ensuite les légumineuses. Les résultats de l’étude de Cergy 2 – « ZAC

132 MATTERNE V., 2001, page 103. 53

Linandes » viennent donc corroborer cette observation générale quant à l’alimentation des populations protohistoriques du Bassin parisien. Si l’on considère l’importance occupée par les céréales durant cette période, leur absence au sein de la structure F36 peut d’ailleurs paraître étrange ; il est possible, toutefois, que celles-ci aient été stockées au sein d’une autre structure.

2.5.5. Parallèles avec les sites de Beaune-la-Rolande, Châteaubleau et

Châteaumeillant

Au regard de sa datation précoce, l’étude du site de la ZAC des Linandes ne permet pas d’effectuer des rapprochements avec le travail de thèse développé dans le volume 1/2.

54

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TARDY C., FEMENIAS J.-M., PELLECUER C. et POMAREDES H., 2014 : La fouille de puits, Contraintes, protocoles et perspectives de recherhce, Archéopages, 40, pages 156 à 169.

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VILLERIO C., 1992 : Les agglomérations secondaires des Bituriges Cubi dans le département du Cher, Ier-IIIe siècles après Jésus-Christ, Mémoire de Maîtrise, Université de Tours, 64 pages.

59

UNIVERSITE PARIS OUEST-NANTERRE/LA DEFENSE U.F.R. SCIENCES SOCIALES ET ADMINISTRATION ECOLE DOCTORALE 395 : « MILIEUX, CULTURES ET SOCIETES DU PASSE ET DU PRESENT » U.M.R. ARSCAN 7041 - EQUIPE GAMA

JEDRUSIAK FLORIAN

Thèse présentée et soutenue publiquement le 10 décembre 2016 en vue de l’obtention du doctorat Histoire et archéologie des mondes anciens de l’Université Paris Ouest-Nanterre/La Défense

Discipline : Archéologie

Etudes carpologiques : Oedenburg - Biesheim-Kunheim, La Vallée - Saint-Ambroix sur Arnon, Rouillée/La Selle - Mont-Saint-Jean, La Fontaine aux Moines - Touquin, ZAC des Linandes - Cergy.

Annexe 2/2 : Figures

sous la direction de M. Paul VAN OSSEL, Professeur des Universités, Paris Ouest-Nanterre/La Défense

JURY

Simon Esmonde CLEARY (Rapporteur) Professeur, Université de Birmingham Frédéric TREMENT (Rapporteur) Professeur, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand Laurent BOUBY CNRS, UMR 5554 Jean-Pierre BRUN Professeur, Collège de France Philippe MARINVAL CNRS, UMR 5140 Paul VAN OSSEL Professeur, Université Paris Ouest-Nanterre/La Défense

60

Fig. 1 : Plan du site d’Oedenburg- Biesheim-Kunheim (DAO : M. REDDE).

61

Fig. 2 : Vue du Chantier 21 par prospection géomagnétique (par POSSELT & ZICKGRAF GMbH).

Fig. 3 : Coupe de la Chaussée romaine (DAO : M. REDDE).

62

Fig. 4 : Plan du chantier 21 (DAO : M. REDDE).

63

Fig. 5 : Plan phase 1a et 1b (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE).

64

Fig. 6 : Plan phase 2 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE).

65

Fig. 7 : Plan phase 3 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE).

66

Fig. 8 : Plan phase 4 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE).

67

Fig. 9 : Plan phase 5 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE).

68

4

8

3

8

1

99

6,7

220

1000

Forge

Fosse

99-04

12-21-220-01

Terre végétale Terre

12-21-1000-03

6

9

9

20

9-20-20

Latrines

Alt.187,31

12-21-215-04

4

20

282

Forge

Latrines

12-21-282-04

4

17

6,5

8,4

2,8

215

9-20-17

Alt.187,09

Céramique B Céramique

12-21-215-04

6

0,8

0,05

Latrines

Céramique A Céramique

Céramique A Céramique

3

280

12-21-280-03

9

8,5

268

0,05

échan 1 échan

Latrines

Latrines

Alt.186,40

12-21-258

Céramique C Céramique

1

300

12-21-300-01

1

0,3

6,7

8,5

277

Forge

Alt.187,68

Céramique B Céramique

11-21-277-01

1

250

Fosse

12-21-250-01

14

0,1

8,5

273

Alt.188

Latrines

Alt.186,60

12-21-273

Céramique A Céramique

6

2

8

8,5

269

Latrines

Alt.186,79

Alt.187,42

Alt.186,05

12-21-269-02

Latrines

6

8

8

8

3

19

285

Puits

Alt.186,40

Alt.185,97

Alt. 185,45 Alt.

12-21-19-03

12-21-285-08

268

Latrines

échan 2 échan

12-21-268

8

8

0,8

Alt.186,10

Alt.185,90

Céramique A Céramique

Nbr de Litre sédiment de Nbr Litre

Altitude

Code

Type

US

Structure

Nbr de Litre sédiment de Nbr Litre

Altitude

Code

Type

US

Structure

Nbr de Litre sédiment de Nbr Litre

Altitude

Code

Type US Structure Fig. 10 : Structures échantillonnées (Oedenburg-Biesheim).

69

12-21-1000-03 Terre végétale Terre

1000

3

11-21-277-01

Forge

1

1

1C

1C 277

99-04

Forge

4

2C

1C 99

9-20-20

3C

2C

1C

2C

3C

4C 20

Forge

20

9-20-17

17

Alt.186,05

1C 1C

Alt.185,97 12-21-19-03

Puits

3

2C

1C

1C 19

Alt.185,90

1C

2C

1C

2C

1C 1C

Alt.186,79

12-21-285

2

Alt.186,40 12-21-285

Latrines

1C

4C

11

4C

3C

8 Alt. 185,45 Alt.

285 12-21-285

3

1C

24

58

3C 2C

12-21-285-08 Céramique A Céramique

Céramique A Céramique

1C

12-21-280-03

3

280 Latrines

1C

1C

18

1C

3C

25+3C

Alt.187,42 12-21-269-02

Latrines

2

2

1C 269

12-21-215-04

Latrines

4

1C

1C 1C

Céramique B Céramique

2

4

1C 2C 215 12-21-215-04

Céramique A Céramique

Latrines

8

30

1C 141

Céramique C Céramique

3 4

12-21-300-01

1

300 B Céramique

5 8

Céramique A Céramique

7 4

Alt.187,31

4

1C 1C 12-21-282-04

Latrines

4

282 Alt.187,09

1 2

Alt.186,40

1

4C

10

3C

7C 1C 12-21-268 Latrines

268 Alt.186,10

1C

1C

3C

3C

2C

5C

2C 11C

Alt.186,60 12-21-273

Latrines

2

273

Alt.187,68

12-21-250-01

Puits

1

250 Alt.188

12-21-220-01

Fosse

1

220

Code Type US

Structure

Blé

Epeautre- rachis

Epeautre

Engrain

Amidonnier

Blé tendreBlé

Millet desoiseaux Millet

Rachis

Poacées

Millets

Millet

Orge -Orge rachis

Orge

Céréale

Avoine

- rachis

sp.

- rachis

Oedenburg-Biesheim

sp.

sp.

Plantes domestiques Plantes

Taxon

Triticum Triticum

Triticum spelta Triticum

Triticum spelta Triticum

Triticum monococcum Triticum

Triticum dicocum Triticum

Triticum aestivum Triticum

Setaria italica Setaria

Rachis

Poaceae

Panicum/Setaria

Panicum miliaceum

Hordeum vulgareHordeum

Hordeum vulgareHordeum

Cerealia Avena Céréales Fig. 11a : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (céréales).

70

1000

3

1

1

1C

1C

277

1

4

99

3C

2C

1C

20

20

1C

1C

17

1

2C

2

4

3

1C

19

1

5

2C

1

1

13

5

1

1

1

8

285

1

1

2

1

3

1

7

2

2

1

1

8

13

17

123

1

1

3

280

3

1

2

1

3

7

5

1

1

2

1

1

9

46

12

1

2

269

8

4

2

1

1

4

4

4

215

3+1C

1

4

6

4

1

1

1

6

1

33

15

12

19

25

150

3

3

8

5

1

300

5

1

3

15

20

14

1

5

2

7

1

1

2

1

4

11

3+1C

4

282

1

3

1

1

3

2

5

1C

268

1

273

1

250

1

220

US

Structure

Thym commun Thym

Nigelle cutivéeNigelle

Fenouilcommun

Cumin

Coriandre

Aneth

Céleri

Pourpier

Calebasse

Carotte

Cucurbitacées

Concombre/Melon

Concombre

Melon

Moutarde

Rave

Arroche

Vesce/Gesse

Vesce

Vescecommune

Féve

Pois

Lentille

Gesse

Fabacées

sp.

sp.

sp.

sp.

sp.

sp.

Thymus vulgaris

Cuminum cyminum

Taxon

Oedenburg-Biesheim

Cf. Cf.

Nigella sativa

Foeniculum vulgare

Cf.

Coriandrum sativum

Anethum graveolens

Apium

Aromatiques

Portulaca oleracea

Lagenaria siceraria

Daucus carota

Cucurbitaceae

Cucumis sativus/melo

Cucumis sativus

Cucumis melo

Brassica/Sinapis

Beta vulgarisBeta

Atriplex

Légumes

Vicia/Lathyrus Vicia/Lathyrus

Vicia Vicia

Vicia sativa Vicia

Vicia fabaVicia

Pisum sativum

Lens culinaris Lens

Lathyrus sativusLathyrus Fabaceae Légumineuses Fig. 11b : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (légumineuses, légumes et aromatiques).

71

1000

1

3

1

2

2

1

277

4

99

20

20

2

17

573

1

1

3

19

1064

4418

75

2

2

3

2

3

2

5

5

1

22

10

8

285

1

4

1

1

2

1

5

4

2

16

14

11

17

31

66

59

27

872

7

4

3

50

3

280

1

9

2

2

1

2

32

27

37

27

71

683

2

269

5

2

1

5

5

3

59

2

7

4

215

2

2

9

3

1

28

28

19

1

1

1

300

2

1

3

3

3

6

1

5

7

8

5

21

68

13

461

4

282

1

1

6

4

1

2

86

14

4

268

1

273

1

250

1

220

US

Structure

Carthame des teinturiersdes Carthame

Vigne

Sureaunoir

Ronce

Poirier

Prunus

Prunier

Merisier

Lanterne

Dattier

Olivier

Mûrier

Mûrier noir Mûrier

Mûrier blanc/noir Mûrier

Pommier/Poirier

Pommier

Figuier

Figuier

Aubépine

sp.

sp.

sp.

spp.

sp.

Phoenix dactylifera

Morus nigra Morus

Ficus carica Ficus

Taxon

Oedenburg-Biesheim

Cf. CarthamusCf. tinctorius

Artisanat

Vitis vinifera Vitis

Sambucus nigra

Rubus fruticosus

Pyrus communis

Prunus

Prunus domestica

Prunus avium

Physalis alkekengi

Cf.

Olea europaea

Morus Morus

Cf.

Morus alba/nigraMorus

Malus/Pyrus

Malus domestica

Cf.

Ficus carica Ficus Crataegus Fruits Fig. 11c : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Fruits).

72

1000

3

1

1

277

4

99

20

20

17

5

4

1

2

2

6

3

2

2

5

1

3

3

28

15

19

2

1

5

1

36

13

15

1

8

285

1

1

1

6

3

280

4

4

2

269

1

3

1

4

215

1

1

2

1

300

3

1

1

1

4

282

6

2

5

2

1

1C + 1C 1

268

1

1C

3

1

273

1

250

1

220

US

Structure

Verveineofficinale

Petiteortie

Tabouretdeschamps

Mourondesoiseaux

Epiaire deschamps Epiaire

Laiteronmaraîcher

Morelle noire Morelle

Renonculerampante

Mauve

Lamier amplexicaule/pourpre Lamier

Euphorberéveille-matin

Chénopodiacée

Chénopode

Chénopode à graines nombreuses graines Chénopodeà

Chénopodehybride

Chénopode à feuilles de figuierde feuilles Chénopodeà

Chénopodeblanc

Véronique à feuille de lierrede feuille Véroniqueà

Passerine

Epiaire annuelle/des champs annuelle/des Epiaire

Pavot

Cameline

Nielle desblés Nielle

sp.

sp.

sp.

sp.

sp.

Adventices

Taxon

Oedenburg-Biesheim

Verbena officinalisVerbena

Urtica urens Urtica

Thlaspis arvense

Stellaria media Stellaria

Stachys arvensis

Sonchus oleraceus

Solanum nigrum

Ranunculus repens

Malva

Lamium amplexicaule/purpureumLamium

Euphorbia helioscopia

Chenopodiaceae

Chenopodium

Chenopodium polyspermum

Chenopodium hybridum

Chenopodium ficifolium

Chenopodium album

Céréalesd'été

Veronica hederifolia Veronica

Thymelaea passerina

Stachys annua/arvensis

Papaver

Camelina sativa Agrostemma githago Agrostemma Céréalesd'hiver Fig. 11d : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Adventices 1).

73

1000

3

9

6

1

277

4

99

20

20

17

2

1

9

3

23

10

1

7

1

3

11

29

23

14

19

357

3

4

2

21

654

1

1

8

285

1

2

1

1

13

1

3

280

2

1

1

1

1

3

3

1

1

1

2

269

1

1

1

4

215

1

1

300

2

1

1

7

4

282

6

3

6

1

268

1

1C

2

1

273

1

250

1

220

US

Structure

Viornelantane

Petitpigamon

Douce-amère

Trèfle

Epiaire droite Epiaire

Renonculeâcre

Plantainlancéolé

Knautiedeschamps

Centaurées

Renouée poivre d'eau Renouée

Reine- des- prés

Laîche

Grandeortie

Sureauhièble

Patience

Réséda

Renouéedesoiseaux

Lampsanecommune

Lamier blancLamier

Jusquiamenoire

Liserondeschamps

Brionedioïque

Grandebardane

sp.

sp. (perianth) sp.

sp.

sp.

sp.

Taxon

Oedenburg-Biesheim

Viburnum lantana

Thalictrum minus Thalictrum

Solanum dulcamara

Haies

Trifolium

Stachys recta

Ranunculus acris

Plantago lanceolata

Knautia arvensis

Centaurea

Paturage

Persicaria hydropiperPersicaria

Filipendula ulmaria

Carex

Lieuxhumides

Urtica dioica Urtica

Sambucus ebulus

Rumex

Reseda

Polygonum aviculare

Lapsana communis

Lamium albumLamium

Hyoscyamus niger

Convolvulus arvensis

Bryonia dioica Arctium lappaArctium Rudérales pérennes Rudérales Fig. 11e : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Adventices 2).

74

1000

8

1

1

3

M

2

1

13

29

6,7

277

C/M

C

3

4

7

4

99

6,7

C

3

6

10

24

20

20

1

1

5

6

17

6,5

C/M

I

2

5

8

1C

1C

18

409

1054

I

2

2

5

4

8

3

10

19

33

1135

2743

I

5

7

9

8

13

27

625

5850

6

M

93

8,5

39

23

8,5

C/M

129

3

8

285

7

6

77

50

1519

C/M/I

1

7

M

0,8

3

8

M

64

0,8

3

3

280

2

1

9

64

10

50

1143

C/M

2

3

6

4

6

2

269

C/M

1

1

2

9

33

24

C/M

145

1

3

4

M

10

12

39

2,8

215

1

3

4

M

0,1

6

63

27

15

33

173

C+M

831

7

9

M

35

0,1

2

1

300

6

M

19

13

0,3

102

5

M

13

13

59

0,1

4

9

47

26

C+M

683

2

4

282

1

1

M

44

24

23

8,4

221

1

8

41

18

94

C/M

1b

268

8

23

13

55

C/M

5

1

1

M

14

10

18

1a

273

I

1

1

1

8,5

1

1a

250

I

1

1

2

2

8,5

8

0

0

1

1a 220

US

Structure

Stellaire

Epiaire

Morelle

Silène

Sureau

Renoncule

Polyganacées

Poacées

Lamier

Lamiacées

Fraisier/Potentille

Apiacées

.

sp

sp.

sp.

sp.

sp.

sp.

sp.

sp.

Phase

Volume (L) Volume

Conservation

NMT

NMI

Taxon

Oedenburg-Biesheim

Indéterminés

Stellaria Stellaria

Stachys

Solanum

Silene

Sambucus

Ranunculus

Polygonaceae

Poaceae (allongés) Poaceae

Lamium Lamium

Lamiaceae

Fragaria/Potentilla Apiaceae Divers Fig. 11f : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Adventices 3).

75

Fig. 12 : Carporestes de sureau noir découvert dans le puits 19 (Chantier 21, Oedenburg-Biesheim).

Fig. 13a : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits 19/US3/Alt.185,9 m.

76

Fig. 13b : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits 19/US3/Alt.185,97 m.

Fig. 13c : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits 19/US3/Alt. 186,05 m.

77

F19/US3 (Alt. 185,90)

40% 40% Cultures sarclées Piétiné/Empièrement Herbacées 10% 10% Haies/Lisières

27 taxons Fig. 14a : Groupements végétaux des adventices du puits 19/US3/Alt. 185,90 m.

F19/US3 (Alt. 185,97)

16% Cultures sarclées 11% 47% Moissons 16% Piétiné/Empièrement 10% Herbacées Haies/Lisières

33 taxons Fig. 14b : Groupements végétaux des adventices du puits 19/US3/Alt. 185,97 m.

F19/US3 (Alt. 186,05)

17% Cultures sarclées 41% 17% Moissons Piétiné/Empièrement 17% 8% Herbacées Haies/Lisières

18 taxons

Fig. 14c : Groupements végétaux des adventices du puits 19/US3/Alt. 185,90 m.

78

Fig. 15 : Plan de l’agglomération antique de Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER).

79

Fig. 16 : Plan du site de La Vallée à Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER).

80

Fig. 17 : Prospection magnétique – La Vallée/Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER)

81

Fig. 18 : Répartition des monnaies - La Vallée/Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER)

82

Fig. 19 : Vase en bronze, Iso 10275, puits F BB (Clichés : C. CRIBELLIER).

83

Fig. 20 : Vase en bronze, Iso 10276, puits F BB (Clichés : C. CRIBELLIER).

84

Fig. 21 : Vase en bronze, Iso 10277, puits F BB (Clichés : C. CRIBELLIER).

85

Fig. 22 : Coupe du puits F BB (Dessin : B. ZELIE).

86

Saint-Ambroix sur Arnon Site La Vallée Structure BB US 1039 Type Puits Fig. 23a : Structure échantillonnée – Saint-Ambroix sur Arnon.

Fig. 23b : Emplacement de la structure échantillonnée DAO : C. CRIBELLIER, modifié par F. JEDRUSIAK)

87

La Vallée - Saint-Ambroix sur Arnon Taxon Puits F BB, 18 198 021 AH, US1039 Plantes exploitées Corylus avellana Noisetier 3 Juglans regia Noyer 25 Poaceae Poacées 3 Prunus avium Merisier 1 Prunus spinosa Prunellier 1 Rubus fruticosus Ronce commune 2 Vitis vinifera Vigne 3 Adventices Achillea millefolium Achillée millefeuille 1 Agrostemma githago Nielle des blés 3 Anthriscus caucalis Anthrisque commun 2 Carex sp. Laîche 5 Chenopodium album Chénopode blanc 3 Cornus sanguinea Cornouiller sanguin 1 Lapsana communis Lampsane commune 20 Linum usitatissimum Lin 2 Malva sp. Mauve 3 Persicaria lapathifolia Renouée à feuilles de patience 1 Persicaria maculosa Renouée persicaire 3 Pinus sylvestris Pin sylvestre 1 Polygonum aviculare Renouée des oiseaux 18 Ranunculus acris Renoncule âcre 1 Ranunculus bulbosus Renoncule bulbeuse 7 Ranunculus repens Renoncule rampante 3 Ranunculus sardous Renoncule sarde 7 Rumex sp. Oseille 3 Sambucus ebulus Sureau hièble 10 Sambucus nigra Sureau noir 17 Sambucus sp. Sureau 6 Scabiosa columbaria Scabieuse colombaire 1 Silene sp. Silène 7 Solanum nigrum Morelle noire 9 Sparganium erectum Rubanier d'eau 1 Urtica urens Petite ortie 1

Indéterminés 27

NMI 201 NMT 34 Conservation I Fig. 24 : Etude carpologique du puits F BB (Saint-Ambroix sur Arnon).

88

Fig. 25 : Groupements végétaux attestés au sein de puits F BB.

F BB/US1039

25%

Taxons nitrophiles

75% Non nitrophiles

33 taxons

Fig. 26 : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits F BB.

89

Fig. 27 : Prospections géophysiques, Roullée/La Selle (DAO : F. SARRESTE).

90

Fig. 28 : Localisation du site de Roullée/La Selle (DAO : F. SARRESTE).

91

Fig. 29 : Plan de la fouille – Roullée/La Selle (DAO : F. SARRESTE).

Roullé Site La Selle Structures 5 65 US 2022 23059 Type Fossé Fig. 30a : Structures échantillonnées – Roullée/La Selle.

92

Fig. 30b : Emplacement des structures échantillonnées (DAO : F. SARRESTE, modifié par F. JEDRUSIAK).

93

Mont-Saint-Jean (Villa de Rouillée/La Selle) Taxon Fait 5 65 US 2022 23059 Céréales Hordeum vulgare Orge vêtue 3 Triticum aestivum Blé tendre 6 Triticum spelta Epeautre 1 Triticum sp. Blé 2 Légumineuses Fabaceae Fabacées 3 Fruitiers Prunus sp. Prunus 1 Adventices Chenopodium sp. Chénopode 1 Rumex sp. Patience 1

Indéterminés 7 5

NMI 25 5 NMT 9 1 Conservation C C

Fig. 31 : Etude carpologique du site de Rouillée/La Selle – Mont-Saint-Jean.

94

Fig. 32 : Plan du site de La Fontaine aux Moines (Touquin) (DAO : F. RIGAULT).

95

Fig. 33 : Carte de situation de Touquin sur le réseau régional de voirie antique (DAO : F. RIGAULT).

Structures HF 67 65 70 71 US 1451 1471 1478 1493 1495 Volumes 10 25 3 5 5 NMI 192 128 13 58 2 Fig. 34 : Bilan des échantillonnages menés en 2015.

96

Touquin Structure HF 67 65 70 71 Taxons US 1451 1471 1478 1493 1495 Céréales Cerealia Céréale 88 51 8 42 Hordeum vulgare Orge commune 1 2 Panicum miliaceum Millet commun 2 Triticum aestivum Blé tendre 35 5 1 Triticum spelta Epeautre 2 Triticum sp. Blé 2 26 5 Legumineuses Fabaceae Fabacées 2 2 5 Lathyrus sp. Gesse 2 Lathyrus sativus Gesse commune 3 2 Lens culinaris Lentille 2 5 2 Pisum sativum Pois cultivé 1 1 Vicia/Lathyrus sp. Vesce/Gesse 6 Vicia sativa Vesce commune 3 Fruit Corylus avellana Noisetier 1 Adventices Agrostemma githago Nielle des blés 1 Galium sp. Gaillet 3 15 Sambucus ebulus Sureau hièble 1

Indéterminés 51 12 1 2

NMI 192 128 13 58 2 NMT 11 13 3 7 1 Volumes 10 25 3 5 5 Conservation Carbonisation Fig. 35 : Etude carpologique Touquin- La Fontaine aux Moines 2015.

1 2 3

1. Lentille (Lens culinaris) / Structure HF – US 1451, 2. Noisette (Corylus avellana) / Structure 67 -

US 1471 et 3. Blé tendre (Triticum aestivum) / Structure HF – US 1451.

Fig. 36 : Carporestes, La Fontaine aux Moines-Touquin.

97

Fig. 37 : Plan de la fouille ZAC des Linandes-Cergy 2.

(les structures vertes correspondent à l’Ager du Fer et les structures rouges à l’époque romaine)

98

Cergy 2 - ZAC

Linandes

Silo F36

Taxon

Fabaceae Fabacées 6

Pisum sativum Pois 2

Vicia sp. Vesce 6

Indéterminé 1

NMI 15

NMT 4

Fig. 38 : Etude carpologique du silo 36 (ZAC des Linandes).

99

Table des Figures

Fig. 1 : Plan du site d’Oedenburg- Biesheim-Kunheim (DAO : M. REDDE)……………..…..61

Fig. 2 : Vue du Chantier 21 par prospection géomagnétique (par POSSELT & ZICKGRAF GMbH)………………………………………………………………………………………….…….62

Fig. 3 : Coupe de la Chaussée romaine (DAO : M. REDDE)……………………………..……...62

Fig. 4 : Plan du chantier 21 (DAO : M. REDDE)……………………………………………..…....63

Fig. 5 : Plan phase 1a et 1b (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE)…………………..….64

Fig. 6 : Plan phase 2 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE)…………………………..….65

Fig. 7 : Plan phase 3 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE)………………………..…….66

Fig. 8 : Plan phase 4 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE)……………………..……….67

Fig. 9 : Plan phase 5 (Oedenburg-Biesheim) (DAO : M. REDDE)……………………..……….68

Fig. 10 : Structures échantillonnées (Oedenburg-Biesheim)………………………...………...69

Fig. 11a : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (céréales)……………70

Fig. 11b : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (légumineuses, légumes et aromatiques)……………………………………………………………………………71

Fig. 11c : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Fruits)…………...….72

Fig. 11d : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Adventices 1)…...…73

Fig. 11e : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Adventices 2)…...….74

Fig. 11f : Etude carpologique du chantier 21 (Oedenburg-Biesheim) (Adventices 3)……....75

Fig. 12 : Carporestes de sureau noir découvert dans le puits 19 (Chantier 21, Oedenburg- Biesheim)……………………………………………………………………………………………..76

Fig. 13a : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits 19/US3/Alt.185,9 m……………..…76

Fig. 13b : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits 19/US3/Alt.185,97 m…………..…..77

Fig. 13c : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits 19/US3/Alt. 186,05 m………………77

100

Fig. 14a : Groupements végétaux des adventices du puits 19/US3/Alt. 185,90 m………...…78

Fig. 14b : Groupements végétaux des adventices du puits 19/US3/Alt. 185,97 m…………...78

Fig. 14c : Groupements végétaux des adventices du puits 19/US3/Alt. 185,90 m………...….78

Fig. 15 : Plan de l’agglomération antique de Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER)…………………………………………………………………………………………...79

Fig. 16 : Plan du site de La Vallée à Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER)……80

Fig. 17 : Prospection magnétique – La Vallée/Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER)…………………………………………………………………………………………...81

Fig. 18 : Répartition des monnaies - La Vallée/Saint-Ambroix sur Arnon (DAO : C. CRIBELLIER)…………………………………………………………………………………………...82

Fig. 19 : Vase en bronze, Iso 10275, puits F BB (Clichés : C. CRIBELLIER)………………….....83

Fig. 20 : Vase en bronze, Iso 10276, puits F BB (Clichés : C. CRIBELLIER)………………….....84

Fig. 21 : Vase en bronze, Iso 10277, puits F BB (Clichés : C. CRIBELLIER)………………….....85

Fig. 22 : Coupe du puits F BB (Dessin : B. ZELIE)………………………………………………..86

Fig. 23a : Structure échantillonnée – Saint-Ambroix sur Arnon……………………………....87

Fig. 23b : Emplacement de la structure échantillonnée (DAO : C. CRIBELLIER, modifié par F. JEDRUSIAK)……………………………………………………………………………………………87

Fig. 24 : Etude carpologique du puits F BB (Saint-Ambroix sur Arnon)………………..……88

Fig. 25 : Groupements végétaux attestés au sein de puits F BB………………….………….…89

Fig. 26 : Taux des plantes nitrophiles au sein du puits F BB……………………………….….89

Fig. 27 : Prospections géophysiques, Roullée/La Selle (DAO : F. SARRESTE)……………..…90

Fig. 28 : Localisation du site de Roullée/La Selle (DAO : F. SARRESTE)……………………...91

Fig. 29 : Plan de la fouille – Roullée/La Selle (DAO : F. SARRESTE)………………………..…92

Fig. 30a : Structures échantillonnées – Roullée/La Selle…………………………………...…..92

Fig. 30b : Emplacement des structures échantillonnées (DAO : F. SARRESTE, modifié par F. JEDRUSIAK)………………………………………………………………………………………...….93

101

Fig. 31 : Etude carpologique du site de Rouillée/La Selle – Mont-Saint-Jean…………...…..94

Fig. 32 : Plan du site de La Fontaine aux Moines (Touquin) (DAO : F. RIGAULT)…………..95

Fig. 33 : Carte de situation de Touquin sur le réseau régional de voirie antique (DAO : F. RIGAULT)……………………………………………………………………………………………...96

Fig. 34 : Bilan des échantillonnages menés en 2015………………………………………….…96

Fig. 35 : Etude carpologique Touquin- La Fontaine aux Moines 2015………………………..97

Fig. 36 : Carporestes, La Fontaine aux Moines-Touquin……………………………………….97

Fig. 37 : Plan de la fouille ZAC des Linandes-Cergy 2……………………………………...….98

Fig. 38 : Etude carpologique du silo 36 (ZAC des Linandes)………………………………..…99

102