Jean-Philippe Billarant président du conseil d’administration Brigitte Marger directeur général Ami Flammer - dimanche Salvatore Sciarrino La nuit sous-tend l’ensemble de la production du 18 novembre - 16h30 Salvatore Sciarrino Autoritratto nella notte compositeur Salvatore Sciarrino (né à Palerme en salle des concerts Autoritratto nella notte 1947). Elle tisse tout le décor d’une œuvre comme durée : 15 minutes Lohengrin – donnée à la cité de la musique au prin- temps dernier – et apparaît explicitement dans les titres de plusieurs pièces telles le concerto pour vio- Concerto pour piano n° 3 en ut mineur, op 37 lon Allegoria della notte, les Tre notturni brillanti pour allegro con brio, largo, rondo (allegro) alto, ou Autorittrato nella notte (« Autoportrait de nuit ») durée : 33 minutes – une œuvre pour orchestre composée en 1982 pour la Radio suisse italienne. Cette « nuit » est, pour Sciarrino, le moment de l’in- entracte trospection, lorsque l’on se retrouve seul et livré à soi-même ; la musique se fait alors paysage de l’âme et se met à l’écoute du corps, comme en témoignent Wolfgang Amadeus Mozart les évocations de la respiration produites par les pul- Symphonie n° 36 en ut mineur, K 425, « Linz » sations lentes et les interprètes soufflant dans leur adagio/allegro spiritoso, andante, menuetto, presto instrument dès le début d’Autorittrato. Mais la nuit durée : 38 minutes est aussi le moment où, la vision passant au second plan, les autres sens s’exercent en retour avec une acuité renforcée, et tout particulièrement l’ouïe qui s’attache à capter les mille nuances sonores qui l’en- Ami Flammer, direction vironnent. La musique de Sciarrino reproduit ces Georges Pludermacher, piano sonorités qui se dévoilent la nuit, parfois d’une manière Orchestre du Conservatoire de Paris presque réaliste (les cailles de Lohengrin) mais le plus souvent d’une façon au contraire très stylisée : ainsi peut-on déchiffrer, dans Autorittrato, hululements, bruits du vent, bruissements des insectes... Cette transcription de phénomènes divers implique pour Sciarrino un emploi bruitiste des instruments – il est d’ailleurs célèbre pour ses sons « nouveaux » ; d’où, dans Autorittrato, cette sonorité déchirante des paquets de cordes jouant en harmoniques, ou leurs multiples tremolandos. Ces derniers se déploient dans une atmosphère quasiment immobile et silencieuse : une autre caractéristique de la musique du compo- siteur italien dont les œuvres, matérialisations de l’ab- sence et de la disparition, se situent toujours à la limite du silence et du néant.

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Ludwig Il semble que le premier projet de ce Troisième mine en son centre par cette merveilleuse page où van Beethoven Concerto pour piano de Beethoven remonte à l’année flûte et basson dialoguent sur un fond d’arpèges du Concerto pour piano 1795, lorsqu’il notait dans son carnet d’esquisses piano ponctuées par les pizzicatos des cordes. Enfin, n° 3 en ut mineur, op 37 l’idée d’un concerto où les timbales joueraient un rôle le rondo final tire son ambiguïté d’une verve et d’une original. Mais l’œuvre fut écrite pour l’essentiel en vitalité peu habituelles dans le mode mineur ; il 1800 et vraisemblablement achevée en 1802 seule- s’achève par une coda jubilatoire où se retrouve l’es- ment – encore que l’on sache, par le témoignage du prit de l’opera buffa. chef d’orchestre Ignaz Seyfried qui tournait les pages au compositeur lors de la création à Vienne en avril Wolfgang Amadeus Au milieu de l’année 1781, Mozart, fâché avec son 1803, que ce dernier se servait d’une partition consis- Mozart employeur salzbourgeois, déménage à Vienne. Le tant surtout en pages blanches et en « quelques hié- Symphonie n° 36 jeune marié – il épouse Constance Weber en août roglyphes égyptiens incompréhensibles (…) qu’il avait en ut mineur, K 425, « Linz » 1782 – y connaît rapidement de grands succès, gribouillés là pour lui servir d’indications ». Célèbre notamment lors des « académies » (concerts) qu’il improvisateur (ceci à l’instar de Mozart) et capable donne au public, ou grâce à son nouvel opéra de produire un discours musical sans passer par le L’Enlèvement au sérail. C’est dans la continuité de support de l’écrit, Beethoven maîtrisait donc de cette période euphorique qu’avec son épouse, il rend mémoire presque toute la musique de son concerto, visite à son père à Salzbourg, pendant trois mois, au sans qu’il lui ait été nécessaire de la noter dans les cours de l’été 1783. Il travaille alors à un opéra bouffe moindres détails. qui restera inachevé, ainsi qu’à deux duos pour vio- C’est justement comme un hommage à Mozart que lon et alto (K 423 et K 424) destinés à dépanner son débute l’œuvre, tant son thème initial évoque celui ami malade Michel Haydn. À la fin du mois d’octobre, du Concerto n° 24 (K 491). À ce premier thème plein il prend le chemin du retour, mais pour s’arrêter d’énergie retenue succède un second qui, lui, presque tout le mois de novembre à Linz où il reçoit contraste par son lyrisme ; mais c’est la première idée un accueil chaleureux, comme il l’explique à son père : que le compositeur a retenue pour construire la plus « Nous étions à peine arrivés aux portes de la ville grande partie du mouvement, la métamorphosant qu’un serviteur s’y trouvait déjà pour nous conduire tour à tour de manière héroïque, tendre ou angois- chez le vieux comte de Thun où nous logeons à cette sée. Le piano, dès son entrée dramatique, met en heure. Je ne puis assez vous dire à quel point on valeur la virtuosité du soliste – Beethoven, brillant nous comble de politesse dans cette maison. » On interprète, écrivait ses concertos pour piano à son propose à Mozart de donner un concert dès la propre usage –, et c’est juste à la fin de la cadence du semaine suivante ; et comme il désire y faire jouer soliste que s’est matérialisée cette idée notée par le une symphonie et n’en a pas avec lui, il se met immé- compositeur au tout début de la genèse de l’œuvre, diatement à l’œuvre pour en écrire une nouvelle. Il lorsque les timbales égrènent mystérieusement la fin s’agira de la symphonie baptisée ensuite « Linz », du premier thème que le piano reprend ensuite à son composée en quelques jours et créée dans cette ville compte dans un grand crescendo menant à la conclu- le 4 novembre 1783. sion du mouvement. Cette symphonie est la première de Mozart à débu- Le second mouvement est au contraire un largo médi- ter par une introduction lente, au caractère sévère et tatif qui débute par un long solo contemplatif du mystérieux, selon le modèle déjà mis en œuvre plu- soliste, prolongé ensuite par l’orchestre, et qui cul- sieurs fois par Joseph Haydn (frère aîné de Michel),

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dont la production influence alors fortement celle de biographies Ami Flammer Lamoureux ou l'Orchestre son confrère et ami. L’allegro spiritoso qui s’y enchaîne Élève de Roland Charmy philharmonique de fait alterner quelques moments mélancoliques avec au Conservatoire de Paris, Moscou) et se produit en d’autres, au contraire très extériorisés (évocations de Ami Flammer y obtient, en musique de chambre dans fanfares et style « turc » présent deux ans plus tôt 1969, un Premier prix de différentes manifestations dans L’Enlèvement). Le mouvement lent qui suit frappe violon. Admis en troisième (Rencontres d'Arc-et- par son thème au rythme de sicilienne évoquant le cycle, il bénéficie de l'en- Senans, Cluny, Académie second des deux duos composés à Salzbourg ; puis seignement de J. Gingold, des Arcs, Floréal d'Épinal). le menuet est l’un de ceux qui nous font entrer le plus H. Szeryng et C. Ferras. Il forme, depuis de longues directement dans l’univers de la danse et du diver- Première médaille au années, un duo avec tissement ; après quoi le presto final conclut l’œuvre Concours international Jean-Claude Pennetier, en dans l’exubérance. Maria-Canals (Barcelone), il compagnie duquel il a travaille avec I. Galamian enregistré les œuvres de François-Xavier Adam (Juilliard School de New Franck, Debussy, York), puis avec Szymanovski, Enesco, N. Milstein. Violon solo de Webern, Schönberg et l'Orchestre de chambre de Janácek. Ami Flammer a Versailles à partir de 1971, fondé en 1999 le Quatuor membre du Quatuor Prat, Carré-Le Partage des Voix il est soliste invité perma- dédié au répertoire nent de l'Orchestre de contemporain, et participe Haute-Normandie et colla- aux travaux de l'Orchestre bore avec l'Orchestre de des Jeunes de la chambre de Toulouse. Méditerranée. Professeur Membre du collectif 2e2m aux conservatoires de et de l'ensemble Chalon-sur-Saône et de L’Itinéraire, il reçoit en 1983 Gennevilliers, Ami Flammer le Prix Georges-Enesco est actuellement profes- (SACEM). Ami Flammer a seur de musique de créé en France les chambre au Conservatoire Freeman Etudes de Cage, de Paris. Il a publié, en qui lui a dédié l'une de ses 1988, un grand ouvrage dernières partitions. Il sur le violon (éd. mène parallèlement une Lattès/Salabert) et a com- carrière de soliste (avec posé plusieurs partitions l'Orchestre Liszt de pour le cinéma (pour M. Budapest, le Nouvel Duras et E. Rohmer) et Orchestre philharmonique pour le théâtre (spectacle de Radio France, les Kafka, Festival d'Avignon, concerts Pasdeloup et 1993, avec M. Lonsdale).

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Georges Pludermacher nourri, notamment au Variations Diabelli de puis de Mozart et selon le programme et la Debussy, le Poème de Associant aux qualités contact des violonistes Beethoven (Grand Prix de Beethoven, étaient jouées démarche pédagogique l’amour et de la mer de d’un virtuose prestigieux , Ivry l’Académie Charles-Cros) par les élèves sous la retenus. Les sessions se Chausson, Daphnis et les audaces d’un inter- Gitlis, et de son maître témoignent-elles de cette direction de François- déroulent sur des Chloé de Ravel, la prète souvent original et incontesté, le grand prédilection. Après avoir Antoine Habeneck ; ce périodes d’une à deux Musique pour cordes, exigeant, Georges . Avec le enregistré, dans le cadre même chef fonde, en semaines, en fonction de percussion et célesta de Pludermacher est aujour- Trio Pasquier, le Quatuor des Flâneries Musicales 1828, avec des anciens la difficulté et de la lon- Bartók, Sept Lieder de d’hui un pianiste Amadeus et les parte- d’Été de Reims, l’intégrale étudiants, la Société des gueur du programme. jeunesse de Berg, Mort et unanimement reconnu. Il naires émérites que sont des sonates de Concerts du L’encadrement en est le transfiguration de Richard a trois ans lorsqu’il com- Ernst Haefliger (cycles de Beethoven sur un piano Conservatoire, à l’origine plus souvent assuré par Strauss, les Métaboles de mence l’étude du piano, Schubert, Schumann et de concert Steinway muni de l’Orchestre de Paris. des professeurs du Dutilleux, Hymnen - troi- et onze ans lorsqu’il entre Schönberg), Michel d’une quatrième pédale Cette pratique constitue Conservatoire ou par des sième région de au Conservatoire de Paris Portal, et harmonique, un coffret de aujourd’hui un des axes solistes de l’Ensemble Stockhausen et pour y suivre l’enseigne- Jean-François Heisser, dix CD vient de paraître forts de la politique de Intercontemporain, parte- Autoritratto nella notte de ment de Lucette Georges Pludermacher sous le label Transart. programmation musicale naire privilégié du Sciarrino. Descaves, Jacques poursuit aujourd’hui une Tout en s’accomplissant proposée par le Conservatoire. Le principe Février puis Geneviève fructueuse collaboration. brillamment dans sa car- Conservatoire dans ses de la programmation de flûtes Joy et Henriette Puig- Invité régulièrement dans rière pianistique, Georges trois salles publiques, l’orchestre du Sophie Guérin Roget. Aux nombreux les plus grands festivals Pludermacher reste un aussi bien que dans la Conservatoire est simple : Delphine Hueber premiers prix qu’il obtient, en France comme à artiste pluriel. Éclaireur salle des concerts de la faire aborder aux étu- Jean-Christophe Maltot vont s’ajouter les récom- l’étranger, il s’illustre dans précieux de la musique cité de la musique, institu- diants des chefs-d’œuvre penses internationales : un répertoire diversifié qui contemporaine à ses tion partenaire de son de périodes et de styles hautbois seconds prix des lui permet de concilier son débuts (Domaine musical, projet pédagogique dès variés, avec de nombreux Hélène Gueuret concours Vianna da Mota goût du défi et son amour Musique vivante...), grand sa création. Un instrumen- chefs invités : pour la sai- Véronique Perisse et Leeds, puis, en 1979, du secret. En effet, loin de amateur de jazz (dans tiste doit en effet pouvoir son 2001/2002, Ami unique prix du concours se dérober aux gageures lequel il retrouve ce sens pratiquer, au cours de ses Flammer, Alain Altinoglu, clarinettes Geza Anda. Rapidement, de l’interprétation, il est de l’invention qui lui est années d’apprentissage, János Fürst, François Maguy Giraud sa carrière de soliste le l’homme des relectures cher), il ne renonce pas à la musique d’ensemble Théberge, Pascal Rophé, Olivier Patey conduit à se produire personnelles et novatrices ses activités d’enseignant sous toutes ses formes – Yan-Pascal Tortelier, Péter sous la direction de chefs d’œuvres de référence – (Conservatoire de Paris), de la création contempo- Eötvös et Jan Caeyers. bassons prestigieux tels Sir Georg intégrales des sonates de ni à celles d’écrivain de la raine en petit effectif au Les étudiants auront ainsi Vincent Jaboulet Solti (Chicago Mozart et de Schubert – musique ou de meneur répertoire symphonique – abordé des œuvres aussi Jessica Rouault Symphony), Christoph mais aussi celui qui privi- de débats. et acquérir l’expérience de diverses et essentielles von Dohnányi (Orchestre légie l’intériorité et la la scène. L’orchestre du que la Flûte enchantée et cors national de France) et concentration. Ainsi, ses Orchestre du Conservatoire est consti- les Symphonies n° 29 et Yannick Maillet (Sinfonietta Études de Debussy (Choc Conservatoire de Paris tué à partir d’un ensemble 36 de Mozart, le Concerto Pierre Remondière de Londres). D’autre part, du Monde de la Musique, La pratique de l’orchestre de trois cent cinquante pour piano n° 3 et la il affectionne la musique Diapason d’or, Grand Prix est inscrite dans l’histoire instrumentistes, réunis en Symphonie n° 8 de trompettes de chambre, dont il avoue de l’Académie du Disque) de l’institution : dès 1803, des formations variables, Beethoven, le Prélude à César Femenia-Dominguez s’être particulièrement ou bien encore ses les symphonies de Haydn, renouvelées par session, l’après-midi d’un faune de Nadine Schneider

8| cité de la musique notes de programme | 9 Ami Flammer - Conservatoire de Paris trombones György Kharadze Nicolas Moutier Guillaume Thiboult contrebasses Laurène Durantel percussions Mathieu Petit Marc Dumazert Hélène Colombotti violons Guillaume Barli Pierre Colombet Sarah Dayan Sylvain Giles So-Ra Han Samika Honda Olivia Hugues Noe Inui Stéphane Kilic Arno Madoni Élodie Michalakakos Aude Miller Ana Millet technique Julie Oddou cité de la musique Sébastien Richaud régie générale Yuta Takase Joël Simon Philippe Talec régie plateau Florian Voisin Jean-Marc Letang régie lumières altos Marc Gomez Catherine Demonchy régie son Sylvain Durantel Didier Panier Cécile Grenier Gwenola Morin technique François Riou Conservatoire de Paris David Vainsot régie générale Bernard Surrans violoncelles régie d’orchestre Caroline Boita Tony Scheveiler Eve-Marie Caravassilis adjoint Xavier Chatillon Vincent Acampo

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