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Octobre 1919

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Ces renseignements, arrêtés en 1919, pourront n’être plus exacts lorsqu’ils tomberont sous les yeux du lecteur. Se reporter à la dernière édi­ tion parue du Guide Michelin pour la ou consulter le ‘ ‘ Bureau de Tourisme Michelin ’ ’.

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A LA MÉMOIRE / — Q

DES OUVRIERS ET EMPLOYÉS DES USINES MICHELIN

MORTS GLORIEUSEMENT POUR LA PATRIE

L’ARGONNE

(1914-1918)

MICHELIN & Cie, ÉDITEURS, CLERMONT-FERRAND

Copyright by Michelin & Cle 1919 Tous droits de traduction, d'adaptation ou de reproduction totale ou partielle réservés pour tous pays.

* BMIU ?) L’ARGON NE 1914-1918

P r é a m b u l e.

Le piésent volume englobe la description de LArgonne proprement dite et des abords de l’Argonne, c’est-à-dire la majeure partie du terrain compris entre les champs de bataille de Champagne et de Verdun décrits dans les Guides : La bataille de Verdun et Les batailles de Champagne. L’Argonne n’a pas eu d’histoire administrative et politique distincte. Elle a toujours été rattachée au petit ou au grand Etat voisin. Elle fut jadis une marche entre la Champagne et la Lorraine. Elle appartint d’abord aux trois évêchés de Châlons, et Verdun. Plus tard elle devint Comté d’Argonne, avec comme chef-lieu Sainte-Menehould, mais resta tributaire des diocèses précédents. Le roi de France, après la réunion de la Champagne et le duc de Lorraine, prirent chacun la zone touchant à son domaine. Plus tard, la région fut morcelée entre la province de Champagne, le Barrois et la Lorraine.

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Couverte d épaisses forêts, longtemps dépourvue de routes et de chemins lArgonne lut jadis une barrière presque infranchissable pour les armées en dehors des quelques vallées transversales qui la découpent en îlots inac­ cessibles. Ces vallées, appelées défilés, sont, du nord au sud : les passages 3

du Chesne Populeux, de la Croix-aux-Bois, de Grandpré, de La Chalade et des Islelles. Ces cinq défilés,ont été souvent disputés. Depuis la campagne de 1792, qui se termina par la victoire française de , leurs noms sont célèbres.

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LA BATAILLE DE VALMY.

La campagne d’Argonne de 1792.

A peine la journée du 10 août 1792 avait-elle m arqué la chute de la royauté que les armées prussiennes et autrichiennes envahissaient la France. Longwy et Verdun étaient investies et capitulaient. La route de Paris semblait ouverte à l’ennemi qui ne doutait pas de venir rapidement à bout des jeunes armées, à peine organisées, de la Nation. Dumouriez avait pu cependant former une armée régulière en encadrant les bataillons nouveaux avec les soldats solides des vieux régiments. Il veut interdire à l’ennemi le passage des défilés de l’Argonne qu’il surnommeles Thermopyles de la France. Mais les Coalisés enlèvent les défilés de la Croix-aux-Bois et du Chesne Populeux. Ils sont maîtres de l’Argonne. Dumouriez peut encore battre en retraite sur Châlons. 11 préfère manœu­ vrer l’ennemi et, concentrant ses forces à Sainte-Menehould, il prend posi­ tion sur les hauteurs de Valmy sans d’ailleurs être inquiété par un adver­ saire dont les mouvements sont d’une lenteur extraordinaire. Le duc de Brunswick, déjà engagé sur la route de Châlons, se retourne contre lui et l’attaque au matin du 20 septembre. Ebranlés un instant par une violente canonnade, les Français se ressaisissent et, entraînés par Keller- mann dans une charge enthousiaste, ils bousculent l’ennemi aux cris de « Vive la Nation ». Brunswick, surpris, et inquiet de l’état sanitaire de son armée, se décide à une retraite précipitée. Sur les 42.000 Prussiens qui avaient envahi la France le mois précédent, 20.000 à peine repassaient la frontière. Cette première victoire précédait de quelques heures l’ouverture de la Convention et la proclamation de la République (21 septembre 1792). Son effet moral fut considérable. Le grand poète Gcethe, qui avait suivi les opérations, disait en parlant de Valmy : « De ce jour et de ce lieu, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde. » 4

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LA FORMATION DU FRONT DE L’ARGüNNE EN 1 9 1 4 .

LA GUERRE DE 1914-1918

En août 1914, malgré leurs succès sur la Meuse, les 3° et 4e armées françaises ont dû, sur l’ordre du général Joffre, opérer un mouvement général de repli vers le sud. La 3° armée (Sarrail), pivotant sur sa droite, est venue s’appuyer sur la place de Verdun pour faire face à la Ve armée allemande (Kronprinz). Les forces allemandes, suivant le mouvement de retraite des armées françaises, ont glissé de part et d’autre du massif boisé de l'Argonne, en remontant les vallées de l’Aisne et de l’Aire. Le 5 septembre, suivant les ordres de Joffre, la retraite prend fin et la grande bataille qui va sauver la France s’engage. Après 6 jours de luttes violentes ( Voir le Guide La: Trouée de Revigny),les troupes du Kronprinz, sous la pression de la 38 armée française, retraitent le long des deux flancs de l’Argonne ; mais, dans la deuxième quinzaine de septembre, elles font tête après avoir occupé et organisé : à l’est, Montfaucon qui commande le terrain entre Aire et Meuse, Montblainville et Varennes qui commandent la vallée de l’Aire ; à l’ouest, Binarville, Servon, Vienne-le-Château, qui commandent la vallée de l’Aisne. Dès lors une bataille acharnée et continue commence. Les troupes françaises, arrêtées sur les flancs, vont pousser 5 dans la forêt, cherchant à couper les communications transversales de l’ennemi. Celles-ci sont assurées par deux voies capitales de l’est à l’ouest : 1° La grande route de Varennes à Vienne-le-Château, par le Four-de- Paris, où s’embranche une route nord-sud, qui coupe, aux Islettes, la route nationale et la voie ferrée de Châlons-sur- à Verdun par Sainte- Menehould ; 2° Le large chemin forestier qui, deux ou trois kilomètres au nord, court, presque parallèlement à la première voie, de Montblainville à Servon- Melzicourt par Bagatelle, à travers le Bois de la Grurie. De leur côté, les Allemands s’efforcent de maintenir les communications. De plus, ils n’ont pas renoncé à l’espoir d’encercler et d’atteindre Verdun. Par les vallées latérales de l’Aire et de l’Aisne et par le couloir central de la Biesme, ils menacent la voie ferrée de Châlons à Verdun, et peuvent couper l’armée de Champagne de l’armée de Verdun. On voit l’importance de cette position d'Argonne ; elle explique l’acharnement des luttes qui s’y déroulèrent.

La bataille dans la forêt.

La forêt d’Argonne est formée de futaies de hêtres, de bouleaux, de charmes, de frênes et de chênes sous lesquels souvent les coudriers, les arbustes de toutes sortes, dressent des fourrés presque impénétrables. Elle abonde en coins délicieux ou sauvages ; aux ravins étroits à flancs abrupts couverts de taillis, s’opposent des vallées fraîches avec des ruisselels. de petits étangs, des fontaines. Les sites pittoresques ont parfois des noms charmants : Bois de la Vier- gette, Ruisseau des Emerlots, Fontaine La Houyette, Fontaine-aux-Charmes, Fontaine-Madame, Bagatelle. Parfois ils portent des noms étranges : la Fille-Morte, Moulin de l’Homme-Mort, Ferme-la-Mitte, le Chêne-Tondu, les Courtc-Chausses ; sous la longue crête qui est comme l’épine dorsale de la forêt, le chemin de la Ilaute-Chevauchée et, un peu plus à l’ouest, le Pavillon Saint-Hubert, évoquent les grandes chasses d’antan. Tous ces noms, ignorés hier, sont aujourd’hui fameux ; pendant de longs mois, ils sont revenus presque quotidiennement dans les communiqués de la grande guerre ; chacun d’entre eux ne rappelle pas seulement un combat, mais une série de combats répétés, de luttes ardentes, de corps à corps sanglants dans les taillis et les buissons. La guerre de position prit en Argonne un caractère spécial. En dehors des layons et des sentiers, ce n’étaient que fourrés presque impénétrables ; pas de glacis, pas de champs de tir commodes pour l’infanterie, à plus forte raison pas de vues pour l’artillerie à laquelle une épaisse feuillée dérobait tout. Pas de cheminements faciles ; quelques grandes vallées entaillent bien le massif, mais sur ces vallées se greffent des ravins étroits, des « barrabans » qui, en dehors des sentiers, offrent des obstacles presque infranchissables. L’humidité est fort grande, les sources jaillissent partout ; les eaux traînent sur la terre argileuse ; la boue s’y forme facilement, rendant les pistes impraticables ; on dut faire des pistes de rondins pour faciliter les relèves et le ravitaillement. Les tranchées, à peine creusées, étaient envahies par l’eau et la boue ; les soldats devaient les vider sans relâche, parfois avec des moyens de fortune, avec des seaux, des pelles, des plats, voire des ga­ melles. Ces tranchées creusées sous le feu de l’emnemi, au petit bonheur, étaient de tracé fort capricieux ; tranchées françaises et allemandes s’enchevê­ traient. La fusillade était continuelle ; si quelques tireurs, juchés çà et là dans les arbres, faisaient du tir ajusté, le plus souvent, la nuit, les fusils et les mitrailleuses tiraient sans relâche au jugé, balayant la forêt pour ren­ dre la circulation dangereuse et pour se protéger contre une surprise. Les fusées ne cessaient d’éclairer la nuit. Mais le fusil n’était là que l’arme accessoire. A longueur de jour, les adversaires s’arrosaient de grenades, de pétards et de bombes. Sous le jet continu de ces projectiles et aussi sous les obus dont les fré­ quentes rafales bouleversaient les tranchées, les pertes étaient toujours nombreuses. En dehors de tout combat, il y avait souvent des centaines de tués et de blessés par jour. Dans l’attaque ou dans la défense d’une tranchée, le combat tournait tout de suite au corps à corps ; le long fusil dans les fourrés était plutôt gênant ; le plus souvent les couteaux et les revolvers le remplaçaient. Devant la difficulté d’aborder ouvertement les tranchées de l’adver­ saire, on s’efforçait d’en approcher en poussant des sapes en avant, ou de les faire sauter à coups de mines. Sous terre, c’était, de part et d’autre, un creusement incessant de galeries et de fourneaux de mines ; entre les sapeurs adverses, c’était une lutte de vitesse et d’habileté, il fallait faire sauter l’adversaire avant qu’il ne vous fît sauter lui-même. Sur les tranchées éventrées, bouleversées par les mines, dans la fumée, sous la pluie de terre projetée par l’explosion, les soldats s’élançaient pour occuper l’entonnoir ou le disputer à l’adversaire si celui-ci les avait devancés ; on se battait à coups de grenades, à l’arme blanche, et de terribles combats aboutissaient à un gain de quelques mètres de terrain. De la fin de 1914 à la fin de mars 1915, entre le Four-de-Paris et la vallée de l’Aire, les sapeurs français exécutèrent plus de 3.000 mètres de galerie de mines, firent exploser 52 fourneaux dont la charge avait demandé 7.200 kilos d’explosif. Plus tard, la guerre de mines prit un développement autrement considé­ rable. Et l’on vit sauter des fourneaux chargés de plus de 60.000 kilos d ’explosif. La guerre de position. De septembre 1914 à septembre 1918.

C’est durant la première année de la guerre que le front d’Argonne est le plus agité. Les positions allemandes sont tenues par une partie de l’armée du Kronprinz, dont le conseiller technique est le vieux maréchal von Haese- ler. Dans cette armée, il y a d’excellentes troupes, dont le XVIe corps, le corps de Metz, un des meilleurs de l’Allemagne, supérieur au corps pourtant si réputé de la Garde. Ce corps est commandé par le général von Mudra, un sapeur versé dans la guerre de mines, qui dispose de beaucoup de pion­ niers et d’un outillage approprié. Les divisions françaises des 5e et 2e C. A., en dépit d’un outillage inférieur, rivalisèrent de cran et d’énergie avec leur adversaire. Elles tinrent le secteur pendant de longs mois et leur ténacité eut raison de l’obstination allemande ; elles s’adaptèrent vite aux nécessités de la lutte en forêt et, à partir de 1915, elles disposèrent d’une organi­ sation et d’un outillage qui valurent ceux de l’ennemi.

Le front en octobre 1914.

En octobre 1914, la ligne, dans l’ensemble, traverse l’Argonne dans toute sa largeur, du nord de Viennc-le-Châtcau au nord de Neuvilly. En réalité il n’y a pas de ligne continue ; les troupes françaises ne tiennent que des éléments de tranchées, elles répugnent encore aux travaux d’immobilisa­ tion. Elles croient que l’arrêt est momentané, qu’elles vont bientôt repartir AU PIED DU MAMELON BLANC. Entonnoir formé par un obus allemand 380, de à 500 mètres au sud de Vauquois. 1915. Fin en avant. Elles attaquent sans cesse. De leur côté, les Allemands sont aussi agressifs ; par des attaques de tranchées, par des opérations locales, sans cesse renouvelées, ils cherchent à reprendre du terrain, à user la résis­ tance de l’adversaire. La ligne, fort irrégulière avec de continuels rentrants et saillants, varie fréquemment. Les Français se sont établis sur les deux voies parallèles qui traversent la forêt, à Bagatelle sur la voie nord, dans le Bois de la Grurie, à la Barricade sur la voie sud ; entre les deux voies, ils ont pris et fortifié quelques positions, comme le pavillon de chasse Saint-Hubert et Fontaine- Madame. Sur la voie nord et autour de Bagatelle, les Allemands, dans les derniers mois de 1914, avancent ou reculent tour à tour d’un kilomètre ; en octobre, ils prennent Saint-Hubert, le reperdent ; ils approchent à 400 mè­ tres à l’est du Four-de-Paris, mais, en novembre, sont arrêtés dans ce sec­ teur ; au centre, ils ne peuvent enlever Fontaine-Madame malgré des attaques répétées (Voir la carte de la page 57).

Les combats de 1915.

En janvier 1915, la ligne passe un peu en amont de Servon, au gué de Melzicourt, coupe la route de Servon à Vienne-le-Château au nord de Fon- taine-la-Houvette, puis court, avec de nombreux saillants et rentrants, par le Bois de la Grurie jusqu’à Fontaine-aux-Charmes et les abords de Baga­ telle; de là, elle descend au sud, par Fontaine-Madame, jusqu’à environ 1 kilomètre au nord de la liarazée, remonte vers Saint-Hubert, redescend en coupant le ruisseau des Meurissons jusqu’à 300 mètres du Four-de-Paris, puis s’enfonce vers l’est à travers le Bois Bolante, le Bois de Courte-Chausses pour atteindre la vallée de l’Aire entre Neuvilly et Boureuilles et la butte célèbre de Vauquois. 8

SUR LA BUTTE DE VAUQUOIS. Canon de montagne mis en batterie, sur ta butte de Vauquoisf après les attaques de mars 1915, et photographié 10 minutes avant sa destruction par un 210 (V oir p. 9).

Presque toute l’année, sur cette ligne, les combats continuent avec le même acharnement. 11 est impossible d’énumérer ici tous les combats, presque journaliers, livrés dans les secteurs de la Fontaine-aux-Charmes, de Baga­ telle, de Marie-Thérèse, de Fontaine-Madame, de Saint-Hubert, du Four-de- Paris, des Meurissons, du Bois Bolante, des Courte-Chausses, de la Haute- Chevauchée ; les principaux seront signalés plus loin dans l’itinéraire. Dans l'ensemble, les troupes françaises, avec lesquelles coopéra un moment le régiment garibaldien, réalisèrent quelques progrès et infligèrent de rudes échecs à l’ennemi. A l’est, dans la vallée de l’Aire, si elles échouèrent contre Boureuilles, elles finirent par emporter Vauquois, en mars, après de nom­ breux assauts.

Les attaques allemandes de juin-juillet 1915.

Dans le courant de 1915, les Allemands recourent plusieurs fois à de grosses attaques sur un front étendu, notamment en juin et juillet. Du 20 juin au 13 juillet, le Kronprinz mène une forte offensive avec de gros effectifs, engageant d’un seul coup jusqu’à un corps d’armée. Le 20 juin, après un bombardement intense par obus asphyxiants, il attaque des deux côtés de la route de Binarvillc à Vienne-le-Château. Intoxiqués ou presque ensevelis dans leurs tranchées bouleversées, les Français ne peuvent arrêter l’ennemi, mais le 24 juin, des contre-attaques lui reprennent presque tout le terrain conquis. Le 26, le Kronprinz reprend et élargit l’attaque ; le 29, il l’étend encore depuis le Four-de-Paris jusqu’à 3 kilomètres au-delà de la route de Binarville à Vienne-le-Château; après trois jours de bombardement, il engage par trois fois au moins 40.000 hommes ; sur le seul saillant de Bagatelle au nord du 9

SUR LA BUTTE DE VAUQUOIS. Déblaiement de l’abri sous lequel lirait le canon de montagne photographié ci-contre, après sa destruction pai• 210 un.

Four-de-Paris, sur un Iront de 8 kilomètres, il lance deux divisions. Grâce à une pluie d’obus et de bombes asphyxiantes, l’ennemi progresse et par le couloir de la Biesme s’avance jusqu’à 8 kilomètres de la gare des Islettes, son objectif. Le feu de? 75 lui barre la route, puis les réserves françaises lui reprennent le terrain perdu qu’il laisse couvert de cadavres. Après quelques attaques locales les 2 et 7 juillet, les Allemands déclen­ chent le 13 une nouvelle attaque générale, depuis la route de Binarville à Vienne-le-Château jusqu’à la Haute-Chevauchée. Après un bombardement, qui dépense plus de 45.000 obus, 5 régiments du XVIe corps s’élancent sur les tranchées bouleversées ; le choc est dur, surtout à l’est où quelques tranchées sont perdues, mais, au cours de plusieurs jours de lutte, l’ennemi est contenu, et, le 14, les Français l’attaquent à leur tour à l’ouest, le refoulent au nord de la route de Servon et lui enlèvent un moment le Bois Beaurain à l’ouest de cette route. Le 7 septembre, l’ennemi lance encore deux divisions sur la partie ouest de la forêt, mais ce nouvel essai de rupture échoue comme le précédent. En septembre 1915, l’offensive française de Champagne eut son reten­ tissement en Argonne. Une attaque secondaire, destinée à couvrir de flanc l’attaque principale, fut exécutée, le 25, entre Servon et le Bois de la Grurie, sur un terrain difficile, solidement organisé par les Allemands et flanqué de nombreux feux de mitrailleuses. Après avoir emporté les premières lignes allemandes, les troupes françaises, contre-attaquées et décimées par les mitrailleuses des lisières ouest du Bois de la Grurie, durent se replier sur leurs positions de départ. A partir d’octobre, le front d’Argonne devient soudain aussi calme qu’il avait été agité. Les Allemands, fort occupés ailleurs, se tiennent sur la défensive. La lutte de sapes reprend, les mines bouleversent les tranchées et les entonnoirs sont disputés par de courtes luttes à la grenade. Pendant la bataille de Verdun, l’Argonne est surtout agitée par une lutte d’artillerie.

2 10

LE MARÉCHAL FOCH ET LE GÉNÉRAL PERSHING.

LES OPÉRATIONS DE 1918

Alors que de graves événements se passent sur les autres points du front, l’Argonne reste calme pendant le premier semestre de 1918. Cependant, la bataille gagne de proche en proche et le front de l’Argonne, à son tour, va se rallumer, à la date fixée par le maréchal hoch dans le vaste plan offensif qui amènera les Allemands à la capitulation. Après la contre-offensive alliée du 18 juillet(voir le Guide La : 2‘ bataille de la M arne), qui avait ramené les Allemands sur la Vesle, les Alliés doivent marquer un temps d’arrêt sur le centre du front. La bataille se déplace alors sur les ailes. Les offensives vont se succéder avec une régularité implacable d’abord sur la gauche (offensive franco-bri­ tannique du 8 août) puis en Artois (offensive du 20 août) et enfin sur l’ensem­ ble de la ligne Hindenburg que les Alliés vont attaquer le 1er septembre. Déjà les Allemands sont fortement ébranlés, mais le maréchal Koch ne leur laissé aucun répit. Pour éviter qu’ils se ressaisissent, il va intensifier encore ses attaques. Un double mouvement offensif aux ailes est alors envisagé : à l’aile gauche, dans les Flandres, le groupe d’années belge, française, britannique, sous le commandement du roi Albert, s’ébranlera en même temps que frapperont, à l’aile droite, la 4“ armée française (Gouraud) et la lre armée américaine (Pershing). Déjà l’armée américaine avait préludé à son entrée en ligne dans la grande offensive, en procédant brillamment à la réduction du saillant de Saint-Mihiel, effectuée le 12 septembre(voir le Guide :Le saillant de Saint-M ihiel). 11

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l’offensive a l l i é e .

A peine cette opération terminée, le gros des forces américaines s’ache­ mine très rapidement entre Meuse et Argonne à la place qui a été assignée au général Pershing dans le plan d’attaque générale des Alliés. Ce mouvement très important, effectué sans heurt et sans à coup entre le 4 et le 24 septembre, nécessita un déplacement d’effectifs énormes : 11 divisions françaises constituant la 2« armée, furent remplacées par les 15 divisions de la l rc armée américaine, qui tenait ainsi tout le front de Verdun, depuis l’Aisne jusqu’à la Moselle, entre la I larazée et Pont-à- Mousson. L’offensive franco-américaine du 26 septembre. L’attaque combinée des deux armées franco-américaines avait pour objectif immédiat de rejeter les Allemands au delà de la Meuse. Elles devaient progresser vers le nord en glissant sur les deux flancs de l’Argonne, se rejoindre au défilé de Grandpré, puis continuer en liaison la poussée vers la Meuse et couper la grande ligne de communication allemande constituée par la voie ferrée Sedan-Mézières. LA PROGRESSION DES AMÉRICAINS D U 26 S E P T E M B R E (2 6 /9) A U 30 S E P T E M B R E (3 0/9) 1918.

L’attaque. 26 septembre - 30 septembre 1918.

L’attaque française sera traitée séparément dans le Les Guide batailles : de Champagne. De la Meuse à l’ouest de l’Argonne (la Harazée), les Américains ont en ligne trois corps d’armée (généraux Bullard, Cameron, Liggett). Sur la droite, le 17° corps français est placé en observation sur la rive droite de la Meuse. En face des 3 corps d’armée de l’armée américaine, les Allemands ont 11 divisions en ligne (Armée Gallwitz) et 7 divisions en réserve d’armée. Le 26 septembre 1918, la double attaque combinée se déclenche, de part et d’autre de l’Argonne. A 5 h. 30 du matin, après une préparation d’artillerie de six heures du côté français, de trois heures du côté américain, les soldats alliés se jettent à l’assaut. Pendant que les Français enlèvent Ser- von et prennent pied sur les contreforts qui bordent la rive droite de l’Aisne, les Américains, qui ne rencontrent pas tout d’abord trop de résistance, s’emparent d’un seul élan de la première position allemande. La 2e ligne est aussitôt abordée, et malgré la résistance croissante, une avance moyenne de 6 à 9 kilomètres est réalisée. Le 27, la progression se fait plus lente, la réaction ennemie s’accroît. Cependant, les redoutables hauteurs de Montfaucon, débordées à l’ouest par Ivoiry et à l’est par Septsarges, sont conquises. Le 28, les Américains atteignent les lisières de Briculles-sur-Meuse, le Bois des Ogons, les abords de Cierges et la lisière nord d’Apremont ; à l’ouest, les Français approchent de Binarville et sont à la Ferme d’Ivoy. 13

PRISONNIERS CONDUITS AU P. C. DE LA 35° D. I, AMÉRICAINE. Près de Bourenilles, le 26septembre 1918.

Le 29 et le 30, jetant de nouveaux renforts dans la bataille, les Allemands contre-attaquent furieusement. Ils défendent âprement les abords deKriemhilde la Stellungqui, de Saint-Juvin, atteint la Meuse dans la région de Brieulles. La première phase de l’attaque est terminée. Les Américains ont chassé les Allemands de leurs 1re et 2e lignes et leur ont pris 9.000 hommes et plus de 100 canons.

LES CHARS D'ASSAUT RENAULT DES AMÉRICAINS. 14

J£?/7c?/\N Dun-jvWfc F6|e Dhu^.a^ ^ ^ v^ ClérJ'-/e^ z ^ :v ^ '^ > l? ^ llC h ampianeulle D a m v ille r s r ie u lle s P - » S SV Juvin ">«•■ ■" * ° l%|0 r 1 i i /ia 'o'/Q / HUIlR o m 1 a a n e i S Ä S & f c k > «u .'. c \ - ■•-?'-■ Mouron .-.iM arçq !urrtont

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LA PROGRESSION AMÉRICAINE JUSQU’AU 30 OCTOBRE (30 /10).

La phase d’usure. 1er octobre 31- octobre 1918. L’avance effectuée pendant la première phase de l’attaque a amené les Américains devant de nouvelles organisations allemandes puissamment défendues, bourrées de mitrailleuses et d’armes automatiques, échelonnées en profondeur, se conjuguant les unes avec les autres et qu’il faudra réduire presque séparément. Dans les bois, les Allemands emploient un nouveau type de défenses accessoires, des cloisons en treillis de fil de fer mascbcndrahl( ), hautes d’envi­ ron 3 mètres, fixées aux arbres. Brisant définitivement la contre-offensive de flanc, les Français avancent dans la vallée de l’Aire ; le 1er octobre, ils occupent Binarville, Condé-iez- , Vaux-lez-Mouron, après avoir capturé un matériel considérable. Le 4 octobre, Pershing déclenche une attaque sur tout le front de l’armée. iMais la résistance s’accroît encore par suite de l’arrivée de nombreux renforts : la progression devient de plus en plus dure. Il est décidé alors d’étendre le front d’attaque : le 17° corps français (Claudel) placé en observation sur la rive droite de la Meuse, est mis à la disposition du général Pershing. On adjoint en renfort à ce corps d’armée la 26e D. I. française, la 29° D. I. américaine et les éléments de la 33e D. I. américaine qui opèrent déjà sur la rive droite du fleuve. Ces dispositions arrêtées, une nouvelle attaque va se déclencher de l’Argonne jusqu’à Beaumont, à l’est de la Meuse. Le 8 octobre, les troupes françaises du 17e corps progressent jusqu’aux lisières sud des bois d’Haumont et de Conscnvoye. Le 9 octobre, une avance importante est réalisée dans la Forêt de l’Ar­ gonne ; les Américains capturent plus de 2.000 hommes, les 'Français plus de 600, outre de nombreux canons. Les Français franchissent l’Aisne en face de Termes, dont ils se rendent maîtres, et occupent la station de Grandpré, après avoir ramassé de nombreux prisonniers. Menacé d’être coupé, l’ennemi évacue la forêt, et, derrière lui, les Américains, après avoir dépassé Marcq, Chevières, donnent la main aux Français devant Grandpré. 15

l’artii.lf.rif. française sur une route inondéeRégion ( de Vouziers).

Les renforts américains arrivant de plus en pins nombreux vont per­ mettre à Pershing d’intensifier les opérations. C’est dans ces conditions qu’une attaque générale est déclenchée le 14 octobre. Les Allemands se défendent désespérément, mais sans pouvoir ressaisir l’avantage ; leurs ressources diminuent ; on constate un grand mélange des unités engagées dans les vallées de l’Aisne et de l’Aire ; les bataillons retirés du combat sont hâtivement réorganisés à l’arrière et aussitôt réengagés. Une bataille sanglante se livre à l’est de Vouziers. A ces durs combats, succède une période de calme. Les Américains ont capturé 7.000 hommes et 50 canons.

PRISONNIERS RASSEMBLÉS A EXFRMONT LE 2 OCTOBRE. 16

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L’IMMENSE NÉCROPOLE AMÉRICAINE ,, Dans ce cimetière, le plus impressionnant qui existe, les Américains ont rassemblé 25.500tombes.

La poursuite. 1er novembre -11novembre 1918.

Au nord, les Belges viennent de libérer leurs côtes et s’avancent au cœur de leur pays ; les Britanniques ont occupé Lille et brisé la ligne Hindenburg • les Français, talonnant l’ennemi en retraite, ont pénétré dans Laon après’ avoir forcé le bastion de Saint-Gobain.

Trois cliars d’assaut mis hors de service devant un nid de mitrailleuses qu'ils ont détruit avantd’être touchés (Baqonville, 7 lenovembre 1918). 17

NE DE ROMAGNE-SOUS-MONTFAUCON.

L'itinéraire de la page 24indique la route que Von peut prendre, entre Varennes et Raulnij, pour gagner Romagne.

Le 1er novembre, l’armée Goitraud et la lre armée américaine pronon­ cent une nouvelle offensive et progressent de plusieurs kilomètres. Le 3, menacé d’enveloppement, l’ennemi lâche pied. En trois jours, il a perdu plus de 6.000 prisonniers, 100 canons ; il a dû reculer vers la grande artère Sedan-Metz, dont il veut défendre les abords à tout prix.

MONUMENT AMÉRICAIN COMMÉMORANT LE PASSAGE DE LA MEUSE. Route de Cunel à Vilosncs-sur-Mcuse. 3 18

Mais, devant la pous sée continue des Alliés, il recule en­ core. Le 4 novembre, le 3e corps américain atteint la Meuse en­ tre Villefranche et Stenay. Les Allemands se retirent sur la rive droite. Le 8, les F rançais entrent les premiers dans les faubourgs de Sedau et, le 9, ils sont à Mézières. A l’extrême droi­ te, l’ennemi est rejeté le 10 au pied des côtes de Meuse, au sud de Stenay, par le 17e C. A. français. Le 11 novem bre survint l’armistice, qui sauva l’armée A BUZANCY, L E 3 NOVEMBRE. allemande de la des­ Le 3 0 6 eBataillon de mitrailleuses américain traverse le village en feu que les Allemands ont incendié en se retirant.truction.

A RRIEULLES-SUR-BAR, LE 4 NOVEMBRE. L'arrivie cles cuisines rie campagne 117edu Génie. L’avance avait été si rajiide i/ue, pendant trois jours, les cuisines n'avaient pu rejoindre. lit

SAINTE-MENEHOULD

Les origines de la ville sont incertaines et son histoire avant les temps mérovingiens est obscure. A en juger par les découvertes d’objets et de tombes gallo-romaines faites autour de la ville, notamment par la verrerie gallo-romaine mise à jour près de la gare, il est vraisemblable qu’il y eut de bonne heure sur le rocher, enserré par les'deux bras de l’Aisne, un temple païen ou un castrum gallo-romain. Peu à peu, les habitations se groupèrent autour de la forteresse déjà importante avant le ve siècle. Dans le courant du ve siècle, elle fut réunie au Perthois, dont le comte, Sygmar, vint tenir des assises périodiques au château. Sygmar était chrétien et avait sept filles, chrétiennes aussi. L’une d’elles, Manéchildis ou Manéhildis, suivit son père à Stadunum. Très pieuse, elle se dévoua aux soins des malades et des malheureux, elle fut très populaire et, après sa mort, elle fut honorée par le peuple comme une sainte. La ville prit alors son nom : Sainte Mene- hould. La légende raconte que la sainte serait intervenue en faveur de la ville lors de l’invasion d’Attila et lui attribue la création miraculeuse de la fontaine de Côte-à-Vignes. Vers la fin du vne siècle, Drogon, duc de Champagne, fils de Pépin d’Héristal, fit reconstruire le château et ceindre le rocher de remparts. Sainte-Menehould fut par la suite souvent assiégée. La vieille devise : « Nul ne s’y frotte», qui figure au-dessous des armes de la ville, est justifiée par le • courage civique de ses habitants. A la finx du i i' siècle, Sainte-Menehould fut réunie au comté de Champagne et n’en fut plus séparée ; elle devint française au xnie siècle, après la réunion de ce comté à la France. En 1398, Charles VI fit clore de murailles la ville proprement dite qui n’avait que des palissades. François IEr ordonna de refaire et d’entretenir les remparts de la Cité, que Charles-Quint n’osa attaquer ; en 1545, l’ingé­ nieur italien Marini renouvela la place en construisant une nouvelle ligne de remparts avec fossés et quatre portes. Une enceinte spéciale avec deux portes et sept bastions entoura l’esplanade ou château. Les fortifications du château persistèrent jusqu’en 1634 ; jugées inutiles depuis l’annexion des Trois Evêchés à la France, elles furent alors démantelées. Sous la Ligue le gouvernéur Mondreville tint pour les Guise, mais ne put tourner les 20

Bourgeois contre Henri III ; arrêté par le lieutenant-général du bailliage, il fut chassé de la ville qui échappa aux Ligueurs. Le 1er mai 1589, un chef ligueur, Antoine de Saint-Paul, poursuivit des troupes royales jusqu’aux portes de la ville, mais les Bourgeois intervinrent et, après deux heures de bataille, obligèrent les ligueurs à se replier. En mars 1603, Henri IV, après son abjuration, vint visiter la Cité fidèle: « Je vais entrer dans une petite ville qui a fait des actes signalés pour mon service », dit-il à Marie de Médicis qui l’accompagnait. Le roi et la reine logèrent à l’Hôtel de ville, qui occupait alors l’emplacement de la place d’Austerlitz actuelle. Sous la Fronde, en octobre 1652, le grand Condé, avec une armée de 15.000 à 16.000 hommes et deux canons, assiégea la ville que les Bourgeois avaient refusé de rendre. Ceux-ci ne capitulèrent, avec les honneurs de la guerre, qu’après treize jours de tranchées et trois assauts. En octobre de l’année suivante, les troupes royales, commandées par le maréchal de Plessis-Praslin, assiégèrent la ville à leur tour et forcèrent la garnison à capituler ; le 24 novembre, Louis XIV fit son entrée dans la ville délivrée, par la brèche, à pied, appuyé sur un bâton de saule ; le siège de 1653 est le dernier qu’ait subi la ville. En dédommagement des misères causées par son fait, le prince de Condé lui légua en mourant 10.000 livres franches de toutes charges. En août 1719, dans la nuit du 7 au 8, un immense incendie brûla presque toute la ville. En 1791, c’est à Sainte-Menehould que le roi Louis XVI, en fuite, fut reconnu par Drouet, le fils du maître de poste de Varennes. En 1792, le 3 septembre, c’est dans le cimetière de la ville que fut inhumé le corps de Beaurepaire, le commandant militaire de Verdun, qui s’étail tué plutôt que de rendre la place aux Prussiens et dont la garnison avait emporté le cercueil en évacuant la ville. C’est devant la ville que Duinou- riez, ne voulant pas l’abandonner à l’ennemi, vint s’établir en attendant l’arrivée de Kellermann qui devait remporter la victoire de Valmy le 20 sep­ tembre de la même année.

Sainte-Menehould pendant la guerre. En 1914, dès le début d’août, les premiers émigrés des régions de Longwy, Longuyon, Audun-le-Roman et des pays de la Meuse, passèrent à Sainte- Menehould. Le lundi 24 août, la ville entendit le canon vers le nord-est de l’Argonne. Le 31, le bruit du canon se rapprocha et les émigrés des Ardennes affluèrent, effrayant les habitants par les récits des pillages et des violences des Allemands. Le 1er septembre, on vit des lueurs d’incendie vers Monthois. Le 2, on avertit qu’il serait prudent de quitter la ville; les administrations financières fermèrent leurs guichets, de nombreux habitants abandonnèrent la Cité, les trains furent pris d’assaut, le soir. Le dernier train partit, le 3, vers 10 heures. Le 4, les dernières troupes françaises traversèrent la ville, descendant vers Verrières, de grand matin.

L’occupation allemande. A 8 h. et demie, le 4 septembre, venant par la route de , les compagnies prussiennes d’un corps de réserve, précédées de uhlans, entrèrent à Sainte-Menehould. Les uhlans allèrent à la découverte par les rues Chanzy et Chantereine, puis au delà de Bel-Air. A peine arrivés, les fantassins prussiens pillèrent. Les Allemands, furieux de l’abandon des maisons par les habitants, poussaient au pillage des maisons désertées et des magasins fermés; l’entrepôt des tabacs, les magasins Caïffa, les caves du négo­ ciant en vins Quesnel, furent vidés et leur contenu chargé sur des camions. Les Allemands ne trouvèrent que 82 hommes dans la ville : 12 d’entre eux durent se présenter chaque jour, dès 6 heures du matin, à la Komman- 21

dantur, comme garants de l’ordre et de la sécurité de la ville ; 6 hommes de jour et 6 de nuit furent gardés comme otages par les sentinelles allemandes, d’abord à la maison Viard, siège de la Kommandantur, puis à l’Hôtel de Metz. Le maire, M. Moulin, fut fort occupé par les exigences allemandes ; l’ennemi s’empara des fers des maréchaleries, de l’avoine des magasins militaires, des bois en dépôt à la gare. Un officier vint de Nettancourt, où l’on disait qu’était le Kronprinz, exiger du champagne, des vins fins et des liqueurs. Le maire déclara qu’il n’y avait plus rien ; l’officier se fâcha, parla de le faire fusiller, mais il fut s’enquérir au Q. G. allemand, maison Géraudel, où on lui confirma les déclarations du maire. Comme en 1814, les chevaux furent parqués sous les arbres du Jard ; la prairie de Planasse fut un bivouac de troupes ; les fours de campagne furent installés près de la rivière, du côté des abattoirs ; les convois dans la prairie de Laquemine. Le général von Schaeffendorf, commandant l’artillerie du VU corps, résida au Château de la Mignonnerie. Le Q. G. s’établit dans la maison Géraudel, rue de la Force, où il ne semble pas que le duc de Wurtemberg ait logé, comme on l’a prétendu. Les habitants mâles, valides, furent employés de force par les Allemands aux corvées et au balayage des rues. La veille ou l’avant-veille de leur départ, les Allemands présentèrent une réquisition de 6.000 bouteilles de vin de Bordeaux ; le maire ayant protesté et affirmé qu’il ne pourrait trouver la quantité exigée, la réquisition fut réduite à 3.000 bouteilles ; celles-ci furent rassemblées à la mairie, mais les Allemands durent fuir avant d’en avoir pris possession.

La retraite allemande. Le 13 septembre, on entendit la canonnade du côté du sud. Le 14, la garnison allemande montra une agitation fébrile ; des trains régimentaires traversèrent la ville en marche vers le nord, les états-majors firent des malles ; dans la matinée, des troupes refluèrent par les routes de Verrières et de Daucourt ; bientôt la garnison les suivit en emportant les meubles volés sur des voitures. Les bâtiments municipaux, la caisse d’épargne, la poste étaient pleins de blessés et de malades allemands ; l’ennemi manquant de voitures ne put en évacuer qu’une partie ; la retraite se précipitait. Les troupes allemandes encombraient le pont, le faubourg de Verrières et la rue de Vitry avant de s’écouler par Moiremont et Chaudefontaine. Bientôt une batterie d’artillerie de 77, qui avait pris position sur la route de Ver­ rières, se replia, traversant la ville au galop et les dernières troupes alle­ mandes, par la rue des Prés, s’enfuirent vers le pont des Maures. Les artil­ leurs français occupèrent presque aussitôt après la butte de Bel-Air ; ils ouvrirent le feu sur les colonnes en retraite. Des avant-gardes françaises, des cyclistes et des chasseurs à cheval, entrèrent à Sainte-Menehould, vers 17 h. 30. Un Prussien attardé, avenue Kellermann, refusa de se rendre et fut tué net sur place. A 19 heures, le général Cordonnier arrivait dans la ville, occupée par le 51e de ligne et les troupes françaises passaient sans cesse, continuant la poursuite vers Ville-sur-Tourbe, Vienne-la-Ville et Florent. Pendant la guerre de position, la ville fut pour le front d’Argonne un centre de quartiers généraux, de ravitaillement et d’hôpitaux. Pendant quatre ans, elle connut une animation toute militaire. Elle fut souvent bombardée : le 26 avril 1915, à 4 h. 30 du matin, le premier bombardement visa la gare, quelques maisons furent éventrées et deux civils tués. Le 20 juil­ let suivant, un nouveau bombardement fut réglé par avion ; le 28 août, un avion lança quelques bombes à 1 h. 30 du matin ; le 14 septembre, un violent bombardement incendia l’hôpital d’évacuation et tua quelques civils, dont l’adjoint au maire, M. Bocquillon, qui remplaçait le maire malade et fut atteint en se rendant à l’Hôtel de ville, dont il voulait faire mettre les archi­ ves en sûreté. En 1918, la ville fut souvent bombardée par les avions allemands. 22

l ’h ô t e l d e v i l l e d e s a i n t e -m e n e h o u l d .

VISITE DE SAINTE-MENEHOULD

Lorsqu’on arrive de Verdun, on entre dans la ville par l’avenue Viclor- Hugo ; après avoir passé le ponl sur l’Aisne, on voit à droite, 8 , l a au n° G endarm erie. C’est l’ancienne poste où Louis XVI fut reconnu dans sa fuite en 1791. Au-dessus d’une porte qui donne sur la rue de la Porte-des-Bois, on peut encore lire le mot p o s t e gravé dans la pierre. La berline du roi s’était arrêtée près de cette poste, en plein jour, éveillant les curiosités par l’apparat et par le respect que le voyageur et sa famille imposaient aux officiers. Le maître de poste Drouet crut reconnaître Louis XVI qu’il avait aperçu à Versailles. Un assignat portant l’effigie du roi, qu’on venait de lui donner, acheva de le convaincre. Après le départ de la voiture, Drouet se mit à sa poursuite jusqu’à Varennes où il la rejoignit et fit arrêter la famille royale. On arrive ensuite à la place de l’Hôtel de ville. A droite, bâtiment de l'Hôtel de ville (M. H.) du x v i i i 0siècle (photo ci-dessus). Traverser la place et continuer à gauche par la rue Chanzy, la principale de la ville. A droite, au 3n° 3 , est I’H ô t e l d e M e t z , vieille auberge autrefois très réputée sur la route de Paris à Metz, dont l’ancienne cuisine a gardé ses amples dimensions et ses cuivres innombrables. La rue Chanzy se termine sur les bords de l’Aisne à la place d’Austerlitz. Prendre à angle aigu à gauche, avant de traverser cette place, la rue de la Côle- du-Château, puis la rue des Ormes, qui conduit (1). à l’église L’E g l is e , qu’entoure un cimetière, s’élève sur le rocher, au milieu de la vieille ville (il reste quelques vestiges du château, et quelques débris des murailles). Elle a été construite aux xm e et xive siècles ; elle est d’exté­ rieur massif ; le grand portail a été masqué par un porche moderne ; dans les murs extérieurs, on a encastré de jolis débris de sculpture antérieurs, cinq caissons reproduisant des scènes de la Passion et trois dais très ornés. De chaque côté du portail du transept gauche, par où l’on entre dans l’église, des pierres tombales sont encastrées dans le mur.

(1) On peut monter à l'église par des escaliers l'accès dont sc trouve près du n° 72 de la rue Chanzy. 23

L’intérieur comprend cinq nefs à voûtes basses. Dans le bras gauche du transept, sous une arcade ogivale trilobée, le groupe du « Trépassement de la Vierge » représente la Vierge couchée, des enfants qui lisent en tenant les pieds et la tête de la Vierge et huit pleureuses portant des livres. Dans la chapelle à gauche du chœur, un tableau du xvn° siècle est une vue de Sainte-Menehould, avec trois persorinages dont l’un est la patronne de la ville et les deux autres sont peut-être Louis X III et Richelieu. Derrière cette chapelle, qui servait jadis aux cérémonies des corporations de la ville, est un réduit appelé « Trésor», petite salle voûtée du xve siècle ouvrant sur le chœur. Le chœur polygonal est d’un bel aspect avec ses cinq fenêtres légèrement ogivales, encadrées de deux archivoltes appuyées sur des colon- nettes à chapiteaux romans ; tout autour règne une élégante arcature du xm e siècle masquée par d’assez lourdes boiseries. L’extrême basse nef de droite forme trois chapelles séparées, du xive siècle. Les chapiteaux des collatéraux présentent des têtes humaines ; dans la chapelle de la Vierge, un curieux chapiteau représente un chêne chargé de glands, vers lequel un paysan pousse trois porcs. Cette chapelle de la Vierge, fondée en 1552, par le sire de Saulx, servit, depuis la fin du xiv" siècle, à la corporation des vignerons qui, l’ayant à leur charge, en firent peindre les voûtes à fresques ; elle est aussi appelée Chapelle Notre-Dame-des-Vignes. Dans l’une des chapelles du bas côté droit, on voit encore une belle et grande pierre tombale du xv' siècle avec les effigies de Jean Toignel et de sa femme sous un fronton Renaissance remarquablement travaillé. Derrière le chevel de l’église, prendre la rue du Cimetière, puis la rue Basse- dji-Châleau qui mène à un sentier longeant les vieilles murailles du château. De ce sentier, la vue est très belle sur la ville, la vallée de l’Aisne et de l’ et les coteaux voisins.

I.E GRAND CIMETIÈRE MILITAIRE DE SAINTE-MENEHOULD. Ce cimetière se trouve d l’entrée de la ville par la route du Claon (voir p. 24). L’itinéraire y conduit (p.63j. Le monument porte l’inscription : AUX DÉFENSEURS DE I.’ARGONNE, LES X ' ET XVIII' CORPS D’ARMÉE, I.A VILLE DE SAINTE-MENEHOULD. 24

VISITE DES CHAMPS DE BATAILLE DE L’ARGONNE

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Itinéraire. — 120 kilomètre# . ' Départ de Sainte-Menehould pur ta roule de Verdun.

L e s I s l e t t e s ( p . 2 5 ) , C l e h m o n t - e n -A r g o n n e ( p . 2 6 ) , L a B u t t e d e V a u q u o i s ( p . 3 2 ) , V a r e n n e s ( p . 3 7 ) , S a i n t -J u v i n ( p . 4 0 ) , G r a n d p r é ( p . 4 2 ) ,V i e n n e - l e -C h a t e a u ( p . 5 0 ) . LE BOIS DE LA GRURIE (p. 52), LE FOUR DE PARIS (p. 56). Retour à Sainte-Menehould.

Consulter les feuilles 7 et 12de la Carte routière Michelin. 25

VISITE DES CHAMPS DE BATAILLE DE L’ARGONNE

Dépar! de Sainte-Mcnehould par l’avenue Victor-Hugo (N. 3). La N. 3 passe à la Grange-aux-Bois,qui tire son origine d’une maison et d’une grange devenues un coupe-gorge, qui furent purgées de brigands en 1514. De la Grange-aux-Bois on gagne les Islettes (5 kil. 5). Ce gros bourg est le cœur de la vallée. En 1789, le voyageur anglais, Arthur Young, le traitait « d’amas de boue et de fumier». Depuis, le bourg s’est assaini et embelli, mais les chaumières y sont encore nombreuses. L’industrie de la verrerie, qui y fut jadis très active, est fort déchue.

LES UUINES DES ISLETTES.

En 1792, les 17 et 20 septembre, pendant que l’armée prussienne se geait vers la route de Châlons et se battait à Valmy, les Austro-Hessois du Landgrave de Hesse et de Hohenlohe Kirchberg firent deux démonstra­ tions contre les Islettes, vite arrêtées par les troupes françaises. Au cours de l’affaire du 20 septembre, un boulet tua un canonnier près du Landgrave qui fut désarçonné. Eu 1914, le tunnel des Islettes, bien que miné, restait intact, le 3 sep­ tembre, quand les Allemands apparurent ; quinze jours plus tard, refoulés vers le nord, les Allemands évacuaient le village. Ils ne se résignèrent pas à la perte de cette position capitale, sur la route et la voie ferrée de Châlons ù Verdun. Pendant un an, jusqu’à l’offensive française de Champagne de septembre 1915, le Kronprinz se flatta de remettre la main sur les Islettes et, en coupant la voie précieuse, de tourner Verdun. Ses nombreuses tenta­ tives pour enfoncer la ligne échouèrent toutes ; une seule fois, le 29 juin 1915, ses troupes menacèrent sérieusement la position ; elles parvinrent à 8 kilo­ mètres de la gare, mais un formidable barrage de 75 les cloua sur place, et bientôt les réserves accourues les rejetaient au delà du Four-de-Paris.

4 26

I.KS RUINES DE CLERMONT-EN-ARGONNE INCENDIÉ EN 1U14 PAR LES TROUPES DU KRONPRINZ EN MARCHE SUR PARIS. Vue prise de V église. A droite, la roule de Varrnnes.

CLERMONT-EN-ARGONNE

Cette pittoresque petite ville a eu une histoire agitée, tille était la capi­ tale de l’ancien comté de Clermont. Charles-Martcl l’avait donnée avec ses dépendances, en 719, à l’évêque de Verdun. lin 1049, elle tomba entre les mains d’un aventurier, Odon ; l’évêque de Verdun l’en délivra. En 1110, le comte de Clermont, Dudon, ayant insulté l’évêque de Verdun, fut assiégé par l’empereur. Par la suite, la ville, disputée par les évêques de Verdun et les comtes de Bar, fut plusieurs lois assiégée et incendiée. Les comtes de Bar, â la condition de rendre l’hommage aux évêques de Verdun, finirent par en rester maîtres ; ils la fortifièrent solidement. Un château-fort fut construit sur le plateau Sainte-Aune. Cédé â la France en 1632, Clermont lui fut définitivement rattaché par le traité de Paris (1641). En 1648, Louis X III le donna en apanage au Grand Condé, dont la famille le garda jusqu’à la Revolution. Sous la Fronde, Clermont prit part à la guerre des Princes révoltés ; en 1654, la ville fut investie par les troupes royales et le siège mené par Vauban, qui avait lui-même fortifié la place, en 1652. Le 8 novembre 1654, le marquis de Ribcrpray emporta d’assaut le cliàteau- fort et l’église. Le 22, après un mois de siège, la ville se rendit. La ville haute et le château furent entièrement détruits ; des corvées des paysans de tous les environs furent employées à raser le château. Le Clermontois fut réuni au domaine national en 1790. En 1792, Clermont fut occupé par les troupes autrichiennes et hessoises de Hohenlohe. Le 11 septembre, les hussards ennemis surprirent près de Clermont des Français qui s’étaient égarés dans le brouillard. Le 20 septembre, les Français, qui gardaient 27

VUF. PANORAMIQUE DE CLERMONT-EN-ARGONNE. riiolo prise dn plateau qui domine la ville. Au centre de la vue, la roule de Varennes à droite, la roule d'Aubrèville que suivra Vitinéraire.

le défilé des Islcttcs, repoussèrent les Hcssois ; ceux-ci, arrêtés par le feu de l’artillerie, durent se replier et les tirailleurs, commandés par Marceau, les réconduisirent jusqu’aux jardins de Clermont. En 1914, Clermont fut occupé par les Allemands de l’armée du Kron­ prinz ; la ville était presque déserte ; à l’hospice des vieillards pourtant,

QUELQUES MAISONS DE CLERMONT SUK I.A ROUTE DE BAR-LE-DUC. 28

l ’Æg l i s e i »e c l e k m o n t - e n - a r g o n n e . dirigé par sœur Gabrielle, les pensionnaires étaient restés. Le 4 septembre, dans la nuit, les 121° et 122e régiments wurtembergeois entrèrent en brisant les portes à coups de crosse et en pillant. A l’hospice, après avoir fait enfoncer les portes, des officiers envahirent la maison, revolver au poing ; sceur Gabrielle, entourée de ses religieuses et de ses vieillards, reçut les envahis­ seurs, et, par sa fermeté, leur imposa le respect. Au jour, dans le reste de la ville, le pillage continua ; vers midi, fut allumé l’incendie ; tout fut brûle ou ruiné, sauf l’hospice, protégé par la présence de sœur Gabrielle. Pour aller visiter l’église Saint-Didier, curieuse (M. H.),prendre dans la Grand’Rue, près du 28,n° la rue Casimir-Bonjour qui, par une pente assez jorle, mais accessible aux automobiles, monte jusqu’à la terrasse de l’église. Belle vue pendant le trajet.

L'église Saint-Didier.

L’E g l is e S a in t -D id i e r est du xvie siècle. Le chœur date de 1530, comme l’atteste la date gravée sur la clef de voûte. Les trois nefs et le portail principal ont été ajoutés en 1596. Cependant, dans l’ensemble, l’édifice est du style ogival flamboyant ; l’ogive s’est maintenue dans les arcades, dans les voûtes, dans les croisées ; le style Renaissance n’apparaît que dans l’ornementation des chapiteaux, les culs de lampes de l’intérieur et dans les portes. La façade occidentale est de la dernière période Renaissance ; elle a dû être achevée au début du xvue siècle. Elle est percée de deux portes cintrées qui avaient gardé leurs anciens vantaux en bois ornés i> de clous têtes de rosettes. Au-dessus, dans une niche surmontée d’une belle rosace, est une statue moderne. Au sud, une ancienne tourelle d’angle a été refaite en 1728. La façade porte l’écusson et le chiffre coiironné de Henri de Lor­ raine, duc de Bar. L’intérieur du chœur était majestueux ; l’abside a six pans, ce qui est une disposition assez rare. Dans une chapelle accostée à la nef latérale nord, près du transept, 29

dite Chapelle des M orts, un tombeau Renaissance a un bas- relief d’une remarquable com­ position. En bas, un défunt est représenté couché dans la tombe, nu, mangé parles vers ; au-dessus, dans trois compar­ timents, se succèdent : « le Pè- sement des Ames, le Miroir de la Mort et le Purgatoire ». Cha­ que sujet est illustré d’une ins­ cription en vers français, gra­ vés en belle gothique peinte en noir. La scène du Purgatoire n’est guère représentée, en ico­ nographie, avant le xvie siècle; on ne signale que de très rares exemples antérieurs à celui-ci.

L e P r e s b y t è r e . -— Le presbytère, dans une rue étroite qui longe l’église au midi, est une vieille maison de bois dont l’intérieur s’est conservé intact. On y garde une maquette en terre cuite datée de 1530, pro­ venant de la chapelle Sainte- Anne. Cette maquette, qu’on a ttrib u e à Ligier-Richier, repré- l e p o r t a i l renaissance d e l ’é g l i s e . sente la Vierge recevant le corps du Christ descendu de la croix ; elle a été malheureusement restaurée et badigeonnée. La chapelle Sainte-Anne. Au-dessus de l’église, au sommet du plateau Sainte-Anne, que couron­ nait jadis le château-fort, il ne reste qu'une modeste chapelle, but d’un

LA N E F D E L’É G LISE. 30

LA « PITIÉ » DE LA CHAPELLE SAINTE-ANNE. La chapelle Sainte-Anne s’élève sur le plateau qui domine Clermont. pèlerinage très fréquenté. La chapelle Sainte-Anne se compose d’un avant- corps en bois, surmonté d’un petit clocher, et d’un chœur en pierre, voilté d’ogives ; la décoration flamboyante est dans le style de celle, de l’église St- Didicr. Quatre ormes séculaires ombragent le parvis et dominent le clocher. A l’intérieur, est un sépulcre à six statues presque grandeur nature, acquises en 1829, lors de la démolition de l’église des Minimes de Verdun (Photo ci-dessus). Trois de ces statues seulement, les trois Marie, toutes trois peintes, sont de la fin du xvie siècle ; la plus belle, celle du milieu, est sans bonne raison attribuée à I.igier-Richier. Tout près est un ermitage occupé au début du xvne siècle par des Bénédictins, puis par des Cordeliers. Depuis 1845, la ville de Clermont a acquis tout le plateau, la promenade, l’ermitage et la chapelle. Du plateau, qui est l’endroit le plus élevé de l’Ar- gonne, on a une belle vue très étendue sur la forêt d’Argonne à gauche, la forêt de Hesse à droite et, au fond, la butte de Vauquois et Montfaucon.

De Clermont à Vauquois.

Sortir de C lerm o n t par la roule de Varennes et, après le pont du chemin de 1er, prendre à droite la route d’Aubrêvillc ( Voir photo, 27). p. On traverse Aubréville en ruines (5 kilomètres). Après le passage à niveau, prendre à (N. droite 46), puis,quelques mètres plus loin, à gauche (I. C. 60),vers Varennes cl Avocourl. On traverse la forêt de Hesse. Nombreuses organisations françaises. A la sortie de la forêt (6 kil. d’Aubréville), carrefour. Prendre à gauche vers Varennes. On passe sur les anciennes premières lignes. A droite, le bois de Clieppv, à gauche, les lisières de la forêt de Hesse, sont hachés par la mitraille. La b u tte de V a u q u o isdomine le paysage. 31

I.K PONT SUR LA COUZANCE A L'ENTRÉE D*AUBRÉVILLE.

A 2 kilomètres du carre/our, on longe un étang. Peu après, on troupe à gauche un chemin très mauvais qui monte vers la butte de Vauquois. Laisser la voilure et prendre ce chemin à pied pour la visite de Vauquois (durée : 1 heure). A 400 m. de la route, on voit un poste de commandement allemand(Photo ci-dessous). Prendre à gauche de cette construction un petit qui, sentier bientôt, monte en serpentant iusqu’à la crête Vdeauquois ( Voir le panoram a p.des 32 et 33).

P. C. ALLEMAND SURMONTÉ DU DRAPEAU AMÉRICAIN. (Voir le panorama 33.^ p. 32 l.a route de Varennes Le chemin de Vauquois.

PANORAMA DE LA BUTTE DE VAUQUOIS

VAUQUOIS

Vauquois est un des points fameux du champ de bataille d’Argonne. Les Allemands l’avaient occupé en septembre 1914, lors de leur violente pous­ sée sur la 3° armée française, quand ils cherchaient à encercler Verdun. La butte masquait leurs opérations au nord de Varennes, couvrait leur ravi­ taillement du front d’Argonne par la route du Four-de-Paris et constituait par surcroît un excellent observatoire d’artillerie. Les Allemands transfor­ mèrent cette importante position en une vraie forteresse. Des caves furent creusées dans le roc et reliées par des boyaux souterrains, les rues furent excavées pour que les soupiraux des caves devinssent des meurtrières, à hauteur d’homme, les murs des maisons et des jardins furent crénelés des tranchées furent établies en avant du village sur les pentes. La position fut appuyée et flanquée par les feux des bois de Cheppy, de Montfaucon et d’Argonne. L’accès en était difficile ; de tous côtés, des ravins et des glacis, offrant d’admirables champs de tir aux mitrailleuses, l’entouraient. Cette formidable position, qui, au début de la guerre, avant les progrès de l’artillerie française, pouvait passer pour imprenable, fut prise par la 10e D. I. (Valdant) à force d’héroïsme et aussi de sacrifices répétés; les pre­ miers assauts surtout, menés sans préparation ni accompagnement d'artil­ lerie, furent meurtriers pour les magnifiques fantassins français. Le premier assaut fut donné le 28 octobre 1914 par deux bataillons du 46e de ligne. Les premières lignes françaises étaient alors sur le Mamelon Blanc, face à Vauquois. Deux compagnies, sorties du Bois Noir, s’engagèrent sur les pentes ouest de Vauquois, les sections déployées en lignes de tirail- P. C. alleinuud. Le chemin vers la crête. Les entonuuirs de mines.

PUIS DE la ro u te de VARENNES a AVocouRT (Lignes allemandes).

LA BUTTE DE VAUQUOIS. Le versant occupé par les lignes françaises ; vue prise du Mamelon Blanc. En basy la Gabionnadc : puis la route de Boureuilles à Cheppy et les boyaux conduisant aux premières lignes en haut de la butte. En haut se trouvait le joli village de Vauquois dont il ne reste rien. 34

UN PETIT POSTE SUR I.A PLACE TIE L’fcGLISE A VAUQUOIS EN 1915» Le qrns arbre qui protèqe le poste s'élevait au milieu de . la Les place A llem a n d s qu il gênait Vont coupé à coups de mitrailleuse. On voit que la base du tronc et la souche, à droite, sont déchiquetées par les balles.

eurs, sans aucune préparation d’artillerie, sans même qu’un coup de canon français fût tiré sur le village. Les hommes, qui avançaient par bonds sur le glacis, furent fauchés par les tireurs allemands, bien abrités ; ils progres­ saient quand même sous les balles quand une avalanche de gros obus alle­ mands les dispersa et les écrasa ; au bout de trente minutes, ils furent presque tous hors de combat. Le deuxième assaut fut mené dès le lendemain 29, après une très courte préparation d’artillerie qui ne lança sur Vauquois que quelques obus dont beaucoup n’éclatèrent même pas. De nouvelles compagnies attaquèrent plus à droite, près de la Cigalerie. Les hommes s’élancèrent à la baïonnette ; comme la veille, ils furent fauchés par les mitrailleuses et les fusils allemands et échouèrent après de grosses pertes. La nuit, on tenta de relever les blessés restés sur place ; malgré la lanterne de la Croix-Rouge, l’ennemi tira impi­ toyablement sur les brancardiers et empêcha la relève. Le troisième assaut fut exécuté le 17 février 1915. L’opération faillit réussir. La préparation par pièces de 75, de 95, de 155 et de 270, dura plus d’une demi-journée. Avant l’attaque, trois mines devaient sauter et boule­ verser les lignes ennemies. Une seule explose : mais trop peu creusée sous la colline, elle fait fougasse et les pierres qu’elle projette retombent en grande partie sur la tranchée de départ, tuant ou blessant 30 hommes. Malgré le désarroi produit par la mine, les hommes escaladent les échelles et partent à l’assaut. La musique du 31e de ligne, groupée sur le Mamelon blanc, en pleine vue de l’ennemi, joue-la Marseillaise ; en quelques minutes, plusieurs musiciens tombent tués ou blessés, mais les vagues d’assaut sont p.rtics et les musiciens survivants jouent la charge ; le colonel du 31" qui dirige l’attaque tombe mortellement blessé, mais les compagnies de tête lancées escaladent les pentes de Vauquois.3 1Le 11p én ètrefi la charge dans Vauquois et atteint les ruines de l’église, mais, sous les batteries de l’Argonne et de Montfaucon, sous les mitrailleuses de Clieppy, il doit reculer après de grosses pertes, redescendre le plateau et s’accrocher à mi-pente de la colline. 35

UN ABRI SUR LA CRÊTE DE LA BUTTE.

Un quatrième assaut, est exécuté le 2S février sans plus de succès. Enfin le I er mars, l’attaque décisive est menée par le 31e, soutenu par le 46e et le 89e. La préparation est encore en progrès. Un plan du village, dont il ne restait que des ruines, a été distribué aux troupes ; chaque compagnie a ses objectifs précis ; pour la première fois, les hommes ont reçu le pre mier engin à main, le pétard à mélinite. Le bombardement commence à l’aube ; de grosses pièces écrasent les abris, des 75 hissés au sommet du Mamelon Blanc, ravitaillés par les fan­ tassins à dos d’hommes, tirent de plein fouet sur le village. Le départ est splendide. D’un bond, une ligne étincelante de baïonnettes se dresse sur le flanc de la butte. La pente est dure à monter. Debout sur un parapet, un clairon sonne éperdument la charge jusqu’à ce qu’une balle l’abatte. A son observatoire, le général Sarrail, qui suit l’attaque, se tourne ému vers ses officiers, enlève son képi et dit : « Saluez, Messieurs 1 » La ba taille fut rude ; deux fois les troupes atteignirent le plateau après avoir sauté de trou en trou ; la deuxième fois elles s’y maintinreut, enlevèrent les maisons une à une et poussèrent jusqu’à l’église. Il n’y avait plus de village, mais des trous, des amas de pierres, des bouts de mur, des caves éventrées. Le lendemain, les Allemands soumirent leurs adversaires, qui

les entonnoirs DE MINES(voir le Panorama p.33t. 3b

n’avaient que leurs fusils, à un crapouillotage continu. Débordés, les Fran­ çais durent céder ; ils se replièrent lentement de trou en trou en combattant toujours ; mais leur ligne de résistance organisée sous le feu au bord du plateau, arrêta l’ennemi ; à 14 heures, les fantassins français, repartaient à l’assaut du village, emportaient les tranchées allemandes, entraient dans les ruines, à 14 h. 35, et refoulaient l'ennemi à la baïonnette. A 15 heures, a 16 heures, à 17 heures et à 17 h. 30, les Allemands contre-attaquèrent, lançant successivement des troupes de 14 unités différentes ; ils ne purent déloger les Français de la rue médiane. Dans la nuit, par deux fois, ces der­ niers essayèrent en vain d’enlever l’église ; pendant quatre jours et quatre nuits, sous le pilonnage incessant des percutants et l’arrosage des fusants ennemis, les troupes françaises tinrent sans ravitaillement, obligées pour manger de prendre les vivres des morts. L ’infanterie coloniale, qui releva un moment les troupes d’attaque, fut décimée en quelques jours. Les Alle­ mands utilisaient déjà des minenwerfer à grosses torpilles ; à ces engins n’étaient opposés que des crapouillots rudimentaires faits d’un corps d’obus de 77 dont le médiocre projectile ne portait qu’à 100 ou 150 mètres ; la lutle n’était pas égale. Presque chaque nuit, les Allemands attaquaient. On les repoussait à la grenade et au fusil, parfois à la baïonnette. La position était intenable : il fallait reculer ou se donner de l’air. Les Français attaquèrent encore une fois. Le 4 mars, dans l’après-midi, le 76e de ligne s’empara des tranchées allemandes a l’ouest de l’église, atteignit le mur du cimetière, malgré les fougasses éclatant sous ses pas et les engins des grenadiers ennemis. Le 5, une contre-attaque allemande lut refoulée. La prise de Vauquois par les Français était définitive. Dans la nuit du 15 au 1G, une nouvelle tentative allemande fut facilement repoussée. Le 16, à la Cigalerie, où pendant les assauts de février et de mars, fonctionnait un poste de secours, le porte-drapeau du 46° de ligne, le conseiller d’Etat et ancien secrétaire général de la Présidence de la République, Collignon, engagé volontaire à 58 ans, fut tué d’un éclat d’obus en allant relever un blessé du 76° de ligne. Depuis, aux appels du régiment, son nom suit celui de La Tour d’Auvergne et l’on répond : « Mort au champ d’honneur ». C’est à Vauquois aussi que mourut, écrasé dans un abri, un autre engagé volontaire de 54 ans, Cazeneuve, de l’Opéra-Comique, adjudant au 46e de ligne. Vauquoiÿ resta longtemps agité par des coups de main fréquents, par la lutte de mines et par un bombardement continu. Les Allemands ne se résignèrent pas à la perte de cette position qui donnait aux Français des vues sur Varennes eL sur la route prolongeant la voie ferrée étroite, construite par eux entre Montfaucon et Spincourt. Le 22 mars 1915, près des ruines de l’église, ils lancèrent des liquides enflammés dans une tranchée. Presque chaque mois, des mines sautaient et on se battait autour des entonnoirs. La bataille de Verdun amena un calme relatif dans le secteur ; les adver­ saires renoncèrent pour ainsi dire à la lutte de mines. En1917 , ils ne se livraient guère qu’à des coups de main ou à des reconnaissances plus ou moins importantes. Dans les trois premiers mois de 1918, par trois fois, les Français exécutèrent dans la région des raids importants. Le 17 mars, notamment, sur un front de 1.400 mètres, ils pénétrèrent dans les lignes ennemies jusqu’à 800 mètres en profondeur et ramenèrent une centaine de prisonniers. Le 20 septembre 1918, dès le premier jour de l’offensive franco- américaine, les abords nord de Vauquois furent largement dégagés et Bou reuilles conquis par les Américains. Après lu visile, revenir au G. C. 38 que l’on suivra jusqu’à V aren n es (3 k il. 5). 37

VARENNES. VUE PRISE DE I.A VILLE HAUTE. Le panl sur VA ire. A droite, l'église.

VARENNES Cette petite ville, rendue célèbre par l’arrestation de Louis XVI, est presque complètement détruite. V aren n es fut occupée en septembre 1914 par les Allemands qui la transformèrent en forteresse. Elle fut reconquise par la lro armée améri-

l ’ é g l i s e d e v a r e n n e s . 38

VARENNES. —■ I.A PLACE DU MARCHÉ. .4 lirai Ir, la maison où /ni arrêt- LouisXVI, cl, derrière la fontaine, la maison on il imssa la nuit.

caine, le 26 septembre 1918, premier jour de l’offensive franco-américaine. L’Aire sépare la ville haute (sur la rive gauche) de la ville basse. En vcnanl de Vauquois, un arrive dans la ville basse, devant l’église. Traverser le pont. On arrive par la me de la Basse-Cour à la place du Marché, sur laquelle se trouvent, à droile, les ruines de la maison de l’épicier Sauce, procureur de la commune, dans laquelle Louis XVI passa la nuit Cette maison, qui portait le n» 28, était restée jusqu’à la guerre à peu près telle qu’elle était en 1791. Drouet, qui avait reconnu le roi à Sainte-Menehould(voir page 20), l’avait devancé à Varennes où il était arrivé par un chemin détourné. Toute la ville, réveillée par le tocsin, s’était rassemblée et avait obligé la voiture royale à s’arrêter. L’arrestation de Louis XVI eut lieu à l’auberge du Bras d’Or, dont l’em

LA MAISON DE PRÉFONT AINE# Cette maison est restée telle qu'elle était lorsque 21 lejuin 1791,à 11 heures du soir, Louis X V I el sa suite, fuyant Paris, frappèrent à sa porte pour demander leur route. 39

I.i: PONT UK l.'AinF. ---- All FOND I.’ÉGIJSE.

placement a été occupé plus tard par trois maisons dont l’une portant le n° 340(pholo ci-contre). Le roi et sa famille logèient dans la maison de Sauce jusqu’au matin où ils furent ramenés à Paris. A la mairie on pouvait consulter le procès- verbal authentique de l’arrestation de Louis XVI. Après avoir traversé la place du Marché, suivre la rue des Religieuses ourue de l’Hôtel de Ville. La dernière maison à gauche est la maison de Préfontaine restée telle qu’elle était le 21 juin 1791Pholo ( ci-contre). Revenir à l’église et suivre la N. 46 en laissant l’église à droite. La roule tail, à la sortie de lu ville, un coude brusque à gauche. / ranchit On une crête puis on descend vers l’Aire. Ontraverse F lèville (12kil. 5), et 4 kit. 5 plus loin, on arrive Saint-Juvin à

1'. C. AI.LEMAND, EN BÉTON, SUR I.A ROUTE DE IIAUT.Nl . Au tond, les ruines du vitlaqe de Cheppy. 40

L'ÉGLISE FORTIFIÉE DE SAINT-JUVIN.

SAINT-JUVIN

Le 15 septembre 1792, un fort détachement prussien, commandé par Hohenlohe, délogea du village un petit détachement français et le rejeta sur Senuc ; 80 fantassins furent faits prisonniers et emmenés au Q. G. de Landres ; il y avait parmi eux quelques Alsaciens ; le prince royal de Prusse leur parla allemand et voulut les enrôler dans son régiment : un seul accepta de servir contre la France. En octobre 1918, 'de Saint-Juvin à Landres-Saint-Georges, une longue et dure série de combats furent livrés par les Américains contreBrunehilcl- la stellung ou deuxième position de repli des Allemands, établie dans cette région. Le 11 octobre 1918, au moment où les Américains approchaient de Saint-Juvin, le village brûlait. Sa reconquête fut dure. Le 14 octobre, les Américains le débordaient par le nord ; le 15, ils réussirent à l’emporter pied à pied, sans souci de leurs pertes qui furent sévères, et à pénétrer dans les positions de Saint-Georges et de Landres-Saint-Georges. Saint-Juvin est dominé par uneÉ g l i s e qui, de loin, ressemble beaucoup à une forteresse ; c’est une des plus curieuses églises fortifiées de la région. Elle est formée d’un parallélogramme de hautes et épaisses murailles, percées en haut d’étroites fenêtres et çà et là de créneaux ; chaque angle de l’édifice est flanqué d’une tourelle ronde en encorbellement. A l’intérieur de l’église, il y a un puits et un four. Elle date du premier tiersx vdu w siècle ; elle fut reconstruite, de 1615 à 1623, pour remplacer l’ancienne église dé­ truite sous la Ligue, vers 1552. Une partie des reliques du patron de la paroisse, saint Juvin, étaient conservées dans une châsse de bronze doré. Au delà de l’église, à la sortie du village sur la route de Champigneulle, a gauche U. C. 20), on voit un important cimetière allemand. La F o n t a i n e d e S a i n t -J u v i n , sise entre les Bois de Marcq et de Cornay, est fréquentée par les pèlerins qui y vont invoquer le saint pour la guérison des porcs malades ; à défaut du pèlerinage à la fontaine, les paysans touchent la châsse de l’église avec un morceau de pain, qu’ils font ensuite manger à leurs animaux. L’église possède une statue de saint Juvin, représenté avec un bâton à la main et deux porcs à ses pieds. La légende raconte que saint Juvin fut disciple de saint Oricle, le martyr de Senuc. Un jour qu’il accompagnait Oricle et les sœurs de celui-ci, Oricule et Basilique, les voya- 41

LA CONSTRUCTION Il’UN PONT SUR L'AIRE A GRANDPRF, PAR I.E 303e GÉNIE. Trois fois le pont foi délniil par l'artillerie ennemie, trois fois il fut rétabli. geurs durent passer l’Aisne près de Senuc, au gué dit « gué de Mme Anciaux ». Les sœurs d’Oricle ayant retroussé leur robe pour entrer dans l’eau, Juvin, qui les suivait, s’écria : « Oricle, Oricle, que tes sœurs ont de belles cuisses ». Oricle irrité réprimanda sévèrement Juvin et le condamna à garder les porcs durant toute sa vie. C’est pourquoi Juvin, jusqu’à sa mort, garda les porcs au fond des forêts, autour de la fontaine qui porte aujourd’hui son nom. De Sctinl-J twin, gagner Grandpré parla N. 46 (6kil. 5).

LE PONT SUR l ’a ire A GRANDPHÉ. A u fond, l’église el la ville. 42

I.'FO I.[SK DE G RAND PRÉ.

GRANDPRÉ

Grandpré est à l’extrémité orientale du défilé creusé par la vallée de l’Aire dans l’Argonne qu’elle entaille largement. Il est ancien ; au sud, sur la montagne de Nègremont, il y a des vestiges d’un camp qui passe pour être romain. Attila, après sa défaite des Champs Catalauniques, aurait aussi campé là. Le village fut peut-être fondé ou développé par un leude de Clovis qui y construisit un château dont il ne reste rien. En 884, il fut pillé par les Normands, pendant la guerre de Cent ans par les Anglais, sous la Ligue par les troupes rivales du maréchal de Saint-Paul, de Mayenne et de Henri IV. Celui-ci y séjourna en 1591 ; c’est de là qu’est datée sa lettre du 3 octobre 1591 dans laquelle il relate les événements des jours précédents. Sous la Fronde, le pays fut encore ravagé ; il fut aussi pillé plus tard par le hollan­ dais Growcnstein. En septembre 1792, Dumouriez y eut son quartier général ; le roi de Prusse, après les affaires de la Croix-aux-Bois et de Montcheutin y eut ensuite le sien. En octobre de la même année, pendant la retraite prussienne, Grandpré fut encombré par les malades ennemis, atteints de dysenterie. Le Château, selon le mot de Gœthc, fut alors un séjour de peste et de mort, les environs du village, semés de cadavres ou de tombes, ressemblaient à un cimetière. '•jPendant la guerre de 1914-1918, les bivouacs et les organisations allemands de Grandpré furent souvent bombardés par les avions alliés ; les troupes franco-américaines ne reprirent le village qu’après une longue et difficile lutte, à la fin de septembre 1918. Au nord du village, sur une terrasse, dans un parc, se dresse un château de style Louis XIII, qui n’est que l’entrée principale d’un ancien château plus considérable des ducs de Joyeuse. Ce château, où logea Charles VI quand il passa dans les Ardennes, avait été reconstruit par Louis de Joyeuse, aidé par les libéralités de Louis XI. C’est là que, le 7 messidor, an VII. fut célébré le mariage de Joubert, commandant en chef de l’armée d’Italie. Le château fut ruiné par un incendie, en 1834. On passe près de l’église que l’on aperçoit à gauche. Cette église (M. H.) (photo ci-dessus), en pierre jaune, vaste et belle, a beaucoup souffert des bombardements. 43

LA NEF DE L’ÉGLISE DE GRANDPRÉ.

Depuis lex i i i 6 siècle, où elle faisait partie de l’ancien prieuré de Saint- Médard, elle avait été souvent restaurée et remaniée. La chaire et les stalles du chœur avaient été fabriquées avec les débris des magnifiques boiseries du xvie siècle provenant de l’abbaye de Belval. L’église renferme le tom­ beau de Claude de Joyeuse, monument assez remarquable en marbre noir. A la sortie de la ville, 100 mètres après les dernières maisons, prendre a route de qauche (I. C. 15), qui conduit Termes,à à 3 kil. 5 de Grandpré. Nombre de maisons de Termes sont détruites. On passe devant l’église, intéressante, dont le clocher est décapitéphoto ( ci-dessous). En face de Termes, on voit le villageS enucde qui commande le confluent de l’Aisne et de l’Aire. En 1918, la position de Senuc, fortement organisée par les Allemands, fut enlevée par les troupes françaises au prix d’une longue lutte.

L* É G L IS E D E T E R M E S . 44

Continuer à suivre il. 15C. gui conduit directement M ào u ro n (2kil. 7). C’est entre Ternies et Mouron que, le 2 octobre 1792, l’armée prussienne, en retraite après Valmy, repassa l’Aisne sur deux ponts de bateaux. Gœthe, placé entre les deux ponts, assista au défilé des troupes qui passaient tristes et épuisées. Le roi de Prusse et le duc de Brunswick fermaient la marche avec leur état-major. Tous deux, dit Gœthe, s’arrêtèrent un instant à l’entrée du pont comme s’ils hésitaient encore à passer et regrettaient d’abandonner les plaines de Champagne où ils venaient de subir un échec humiliant. M o u r o n et V a u x , gardent l’entrée du défilé de Grandpré, le passage le plus facile de l’Argonne. En 1792, Dumouriez, pendant qu’il dégarnissait les passages des Islettcs, de la Croix-aux-Bois et du Chesne, y mit le gros de ses forces. En 1918, les Allemands se cramponnèrent désespérément à ces positions que les Français durent enlever de vive force. A la sortie du village prendre la roule à gauche qui traverse l’Aisne (photo ci-dessous) cl arrive, après un passage à niveau, Vaux-lez-Mouron, à à 1 kil. 2. La roule longe la façade sud de l’église de Vaux, passe devant le portail et continue tout droit. Environ 100mètres après l’église, laisser à droite la roule de Challerangc et faire encore 800mètres : on tourne à gauche (I. C. 21) et, 4 kilomäres plus loin, on arrive à la lisière du bois d’Autrg. Aon droite, aperçoit un village construit par les Allemandsphoto ( p.45). Traverser le bois. A la sortie, bifurcation : prendre à gauche; 500mètres plus loin, autre bifurca­ tion ; prendre encore à gauche. Bientôt on entre A u try dans (6kil. 3 de Vaux). Comme tous les villages environnants, celui-ci a une histoire assez mou­ vementée. 11 fut assiégé et pris par les Anglais en 1359 ; au débutx v du i i c siè­ cle, il était presque ruiné et désert ; la Fronde l’éprouva encore. Le sire d’Autry était un des quatre chevaliers porte-dais de la Sainte Ampoule, pendant le sacre des rois à Reims. La roule contourne le rocher sur lequel est l’église en La ruines. chapelle Saint-Lambert, dans le cimetière, renferme d’intéressantes peintures mu­ rales. Le château, qui est au pied de l’église, date de 1635.

LE VII.I.AGE DE MOURON ET LE PONT SUR L’AISNE. 45

AUX LISIÈRES DU BOI s J d ’a UTRY. Auant de traverser le bois d’Autrg, en venant de Vaux-lez-Mouron, on voit an bord de ta roule un véritable village construit par les Allemands.

Sortir d’Autry en passant deux ponls sur l’Aisne après le; deuxième pont et la dernière maison, on voit une construction allemande sous le rocher à droite ; à gauche, route de Lançon, village où les troupes françaises et américaines firent leur jonction pendant l’offensive de septembre-octobre 4948. Continuer à suivre l’I. C. 24 dans la direction de Binarville. A 4 kil. 7 d’Autry, on laisse à droite la roule de Condé-lez-Autry. 500 mètres avant Binarville, on voit à gauche un cimetière français.

L E P O N T D ’ a UTRV. 4(>

CENTRAL TÉLÉPHONIQUE ALLEMAND. A l’enlréc de Binarville, à gauche, en venant d’Aulrg.

150 mètres avant Binarville, à 50 mètres de la route, à gauche, impor­ tantes constructions allemandes en béton, poste de commandement, central téléphoniquephoto ( ci-dessus). Le village de Binarville ainsi que le hameau voisin de la Mare-aux- Boeufs, furent occupés par les Allemands de 1914 à 1918 et reconquis seule­ ment en septembre 1918 par la 4e armée française. Binarville est complètement détruit.A la sortie, laisserà gauche la roule de Vienne-le-Châleau, impraticable, et continuer lout (G. droit C. 66). 2kil. plus loin on passe la àMare-aux-Bœufsdont les quelques maisons sont en ruines. Laisser à droite la route de Condé-les-Aulnj et continuer vers la gauche. A 500 mètres de la Mare-aux-Bœufs, à gauche, on aperçoit un poste de commandement allemand en béton avec chambres, abris et un central téléphonique ; sur l’une des portes, la Croix de Fer est sculptée. Continuer à suivre G. le C. 66 : tout le long, nombreuses organisations et abris, dont certains en béton. Cette région, excellente position d’artillerie et véritable place d’armes d’où les Allemands lancèrent de nombreuses contre-attaques contre le flanc droit de la 4e armée française pendant l’of- l'ensive du 26 septembre 1918, fut dégagée par les Français au cours d’une lutte héroïque, le 30 septembre. 5 kilomètres après Binarville, on arrive Servon. à C’est près de Servon que, le 25 août 1786, l’aéronaute Blanchard, parti de Lille pour Paris où il comptait offrir un bouquet au roi, dut descendre après avoir été contrarié et déporté par le vent. Occupé par les Allemands depuis septembre 1914 et supérieurement organisé par eux, le village et ses abords furent attaqués par les troupes françaises, le 25 septembre 1915, au cours d’une offensive secondaire chargée de couvrir la grande offensive de Champagne. Après avoir progressé, les Français durent, devant les contre-attaques débouchant de Servon, se replier sur leurs anciennes positions. Le village ne fut reconquis, de haute lutte que le 26 septembre 1918, par la 4° armée française dont les troupes attei­ gnirent le soir du même jour, le bois à 1.500 mètres au nord-est du village. Servon est aujourd’hui entièrement détruit. Seul, le cimetière, à gauche de la route, indique remplacement du village. Sous les ruines de l’église, 47

SEHVOX. Abris allemands sous l’église qui est complètement détruite. qui occupait le sommet de la butte sur laquelle le village était bâti, on voit encore plusieurs abris allemands(photo ci-dessus). Tout de suite après, prendre la roule de gauche qui traverse le villageet des deux côtés de laquelle on voit d’autres organisations. A la sortie de Servon, laisser à gauche la roule de Vienne-Ie-Château, impraticable et continuer tout droit. La route qui suit le cours de l’Aisne jusqu’à Saint-Thomas, côtoie des tranchées, des boyaux, des réseaux de fils de fer. Ce sont les anciennes premières lignes allemandes. Peu après on arrive aux anciennes premières lignes françaises. A droite, on aperçoit sur la rive gauche de l’Aisne le

SCH I.A ROUTE DE SERVON A SAINT-THOMAS. Uarricade et tranchée de soutien allemandes photographiées 2 lévrier le1916. Ces ouvrages n'existent plus.

« 48

SUR LA ROUTE DE SERVON A SAINT-THOMAS. Organisations françaises. A u fond, le cimetière représenté ei-dessous.

SUR LA ROUTE DE SERVON A SAINT-TIIOMAS. Le cimetière français qu'on aperçoit sur la photo ci-dessus. La route i)asse derrière la grande croix, au fond du cimetière. 49

DANS LE SECTEUR DE SAINT-THOMAS (9 F É V R IE R 1916). La première ligne française clans la vallée de l’Aisne, devant Servon. hameau deM elzicourt que les Français reprirent le 25 octobre 1914 ; c’est au gué de Melzicourt que passa, pendant toute la guerre de positions, la ligne française. 2 kilomètres après Servon, le long de la route, importants abris en ciment et pierres(photo p.48) ; en face, cimetière français(pholo p. 48). 2 kilomètres plus loin, on arriveSaint-Thomas. à Le village a complètement disparu ; de l’église il ne reste que quelques pans de mur. A la sortie de Saint-Thomas, la roule descend, par plusieurs lacets, dans la vallée de la Biesme passe près d’un cimetière, traverse la vallée et arrive à une bifurcation ; prendre à gauche : on passe vers la laRenarde, ferme puis le long d’un important cimetière militaire et on Vienne-le-Château arrive à (3 kil. de Saint- Thomas).

L'ÉGLISE ET LE VILLAGE DE SAINT-TIIOMAS. A droite, route impraticable vers Vienne-le-Château. L’église, dans son état actuel, est plus abtmèe encore. • 50

VIENNE-LE-CHATEAU. ---- L ’É G L IS E .

VIENNE-LE-CHATEAU

Vienne-le-Chàteau fut bombardé par les Allemands surtout en 1914- 1915. La plus grande partie du village n’existe plus ; pourtant 1 église et l’Hôtel de ville, qui est à côté, n’ont pas trop souffertphotos ( ci-contre). L’église date du xv' siècle, sauf la façade, qui est du xvine. Le G. C. 07 tourne à droite, passe le long de l'Hôtel de ville et suit la vallée de la Biesme, au courspresque rectiligne, que les habitants appellent « le Canal ». La route que l’on suit est très pittoresque, c’est une des plus belles de l’Argonne. Elle passe au sud des bois de la Grurie, de Bolantc cL de la Chalade, c’est-à-dire de la partie de la forêt où se livrèrent, en 1914-1915, les combats qui ont rendu fameuse la forêt d’Argonne. Dans cette forêt, entre beaucoup d’autres, quelques points sont particulièrement célèbres :

I.A NEF DE L’ÉGLISE. 51

UNE USINE DE VIENNE-LE-CHATEAU EN 1915. Ces ateliers ont complètement disparu. les plus accessibles aux touristes seront indiqués et décrits dans l’ordre où l’on pourra s’y rendre sans trop allonger l’itinéraire. A un kilomètre de Vienne-le-Château, prendre à gauche une roule construite pendant ta guerre, qui franchit la Biesme et continue sur la rive droite : on longe de nombreuses constructions cl des (photoabris ci-dessous) jusqu’à H arazée. la Dans ce. village, complètement détruit, on rejoint, près d’un cimetière français, le G. C. 67 qui vient de ta rive gauche de la Biesme. De cet endroit part un petit sentier, le long d’un ruisseau, qui monte vers le Bois de la Grurie ; le suivre à pied pendant 500 mètres pour voir le champ de bataille : le bois csl complètement haché par l’arlillerie ; nombreuses organi­ sations de toute sorte ; spectacle impressionnant. On peut continuer le chemin plus loin jusqu’aux premières lignes allemandes.

LA HARAZÉE. La cloche de l'église sentait de signal contre les gaz. Elle se trouve sur la nouvelle roule entre Vienne-le-Château et la Harazée, sur la rive droite de la Biesme. 52

CE QUI RESTE DE LA HARAZÉE. Au fond, un cimetière militaireet, plus loin, le bois de la Grurie.

Le Bois de la Grurie en 1914-1915.

Le Bois d e l a G r u r i e , que les poilus appelèrent « le Bois de la Tuerie », fut, de septembre 1914 à la fin de 1915, un des secteurs les plus agités et les plus dangereux du front occidental. La guerre s’y fit dans des conditions particulièrement dures ; les attaques s’y succédèrent presque sans interrup­ tion, précédées presque toujours d’explosions de mines, aboutissant souvent à de féroces corps à corps. Dans ce bois, quelques secteurs furent plus dis­ putés que les autres, tels pavillonle de Bagalelle, les vallées de la Foniaine- aux-Charmes et de la Fontaine-Madame. De la Harazée, un sentier conduit à la Fonlaine-aux-Charmes, en remontant le ruisseau, qui se jette dans la Biesme à la Harazée el auquel elle donne son nom ; un autre sentier longe le ruisseau de la Fontaine-Madame. Ces deux ruisseaux, au sud-est de Bagatelle, enserrent un plateau, coupé de ravines et de crêtes, sur lequel les Français s’étaient avancés en septembre et octobre 1914. De là ils menaçaient les communications allemandes en Argonne. Les Allemands cherchèrent avec obstination à les refouler au sud de la route de Servon à Varennes et à s’infiltrer, par la vallée du ruisseau de la Fontaine- aux-Charmes, vers la Harazée. En décembre 1914, ils attaquent par six fois à Fontaine-Madame, par trois fois à Bagatelle. En janvier 1915, les attaques et les contre-attaques sont presque quotidiennes ; du 16 au 26, quinze atta­ ques allemandes se succèdent entre Fontaine-Madame et Saint-Hubert qui se trouve au sud-est sur le ruisseau de la Fontaine-au-Mortier ; les Fran­ çais ripostent par des contre-attaques immédiates et ces luttes terribles aboutissent à des gains réciproques d’une centaine de mètres de tranchées. Le 27, les Allemands lancent trois attaques vers Bagatelle ; le 29, toute la 27° division wurtembergeoise, préalablement enivrée d’alcool et d’éther, se jette sur la même région. La gauche française cède, mais reprend une partie du terrain après six contre-attaques. La lutte continue les jours suivants et, après des pertes sévères des deux côtés, les Allemands sont repoussés deux fois dans la nuit du 29, une fois le 30 janvier, une fois le 1er, trois fois le 2. deux fois les 4 et 7 février. Le 17 février 1915, pendant qu’une offensive française se déroule dans la région des Hurlus en Champagne, les troupes d’Argonne attaquent l’ennemi pour l’empêcher de prélever des renforts dans la forêt. Sur la rive droite du ruisseau de Fontaine-aux-Char- mes, elles font sauter un blockhaus allemand, dont une pièce de 65, tirant à 400 mètres, canonne ensuite l’emplacement. L’opération la plus impor­ tante est dirigée contre les positions allemandes de la croupe Blanleuil qui, située entre le Ravin sec et le ravin de Fontaine-Madame, peut prendre d’enfilade le saillant de Bagatelle. Trois fourneaux de mines ont été chargés sous les lignes allemandes ; les troupes d’attaque ont été réparties en trois échelons : 1° Une compagnie doit sauter sur l’ouvrage après l’explosion des mines, le dépasser et pousser de l’avant ; 2° une compagnie doit organiser la position conquise ; 3° un bataillon doit nourrir l’attaque et exploiter le succès. Chaque colonne d’assaut sera précédée d’un lanceur de grenades et suivie de sapeurs avec des sacs à terre et des outils de parc. A 8 heures, les mines explosent ; un des fourneaux fait sauter en même temps une mine préparée par les Allemands. Deux minutes après, les trois colonnes d’assaut, chefs de section en tête, s’élancent ; l’ouvrage, abordé de trois côtés, est enlevé, une centaine d’Alle­ mands tués dans les tranchées ; on prend 4 prisonniers et une mitrail­ leuse. A 8 h. 30, les Français tiennent 350 mètres de la tranchée allemande lame et parviennent jusqu’à la deuxième ligne pleine d’Allemands ; ceux-ci lancent alors de très fortes contre- attaques qui leur rendent leur deuxième ligne. Du côté français, le deuxième échelon est venu renforcer la l re com­ pagnie dans l’ouvrage conquis ; deux mitrailleuses fauchent les Allemands qui avancent ; mais ceux-ci, après les avoir contre-battues et mises hors d’usage, reprennent leurs contre-atta­ ques avec des bombes. Les Français sont renforcés par deux compagnies du 3° échelon ; la 3° compagnie ravi­ taille les combattants en grenades, en bombes et en sacs à terre. Les Allemands multiplient les contre attaques, mais se font repousser ; à midi, ils commencent un violent tir d’artillerie et de minenwerfer ; le terrain est bouleversé; entre 13 h. 30 et 14 heures, sur la droite française, une forte contre-attaque allemande se lance en masse et à la baïonnette ; elle est brisée ; une nouvelle contre-attaque se produit et pro­ gresse par tous les boyaux voisins à coups de grenades et de bombes : les Français résistent héroïquement, mais fondent ; vers 16 h. 30, ce coin est perdu ; l’ennemi prend alors de flanc l’autre partie de la tranchée sous un jet de bombes ininterrompu ; leurs adversaires doivent reculer, mais reculent pas à pas de 200 mètres en deux heures et perdent 40 0 /0 de leur effectif ; peu à peu ils doivent évacuer la position ennemie et regagner leur tranchée de départ n’ayant plus de munitions et ne pouvant être ravitaillés. Une compagnie de chasseurs s’est battue deux heures avec les fusils et les mu­ nitions des Allemands, avec leurs bombes non éclatées qu’elle leur relançait. Le 1er mars, un violent combat se livre à nouveau à Blanleuil. Vers 7 h. 15, trois mines allemandes explosent sous les tranchées françaises et les Allemands se ruent dans les entonnoirs, submergeant deux compagnies en première ligne, dont les survivants se battent corps à corps. De grands renforts alimentent l’attaque allemande qui progresse notamment dans le ravin de Fontaine-Madame ; une première contre-attaque d’un bataillon l’arrête et la contient ; à la nuit, une nouvelle contre-attaque, menée par un autre bataillon sous une tempête de neige, reprend, après quatre heures de lutte à la baïonnette, la plus grande partie du terrain perdu. De part et d’autre, on n’a presque pas fait de prisonniers. Le 22 mars, à Bagatelle, après l’explosion de trois mines, deux compagnies françaises enlèvent une tranchée allemande et repoussent une forte attaque pendant qu’à 500 mètres de là, l’ennemi fait lui aussi sauter des mines, se jette sur les tranchées françaises et dans un combat corps à corps, est battu et rejeté. Du 30 juin au 15 juillet, le secteur est affecté par l’offensive allemande menée entre le Four-de-Paris et la route de Binarvillc. Les 28 juillet, 4 et 17 août, trois tentatives allemandes sur la Fontaine-aux-Charmes échouent. Le 9 septem­ bre, une nouvelle tentative plus puissante aboutit à une lutte acharnée : repoussés, les Allemands reviennent à la charge une seconde fois sans plus de succès. Le lendemain, ils soumettent le secteur à un long bombardement

LE BOIS DE LA GHURIE. Les cuisiniers apportent la soupe aux premières lignes (Secteur de Saint-Hubert).

par gros obus. A partir de 1916, le secteur se calme ; en dehors du bom­ bardement des tranchées, quelques luttes à la grenade, quelques coups de main de part et d’autre le troublent de temps en temps, mais ce n’est plus la lutte continuelle et féroce de 1915. Un autre secteur,le secteur de Saint-Hubert, fut d’octobre 1914 à septem ­ bre 1915, le théâtre de fréquents combats. En décembre 1914, par cinq fois, les Allemands attaquent à Saint-Hubert ; après quelques alternatives d’avance et de recul, les Français maintiennent sensiblement leurs posi­ tions. Du 16 au 27 janvier 1915, une quinzaine d’attaques allemandes se produisent dans cette région. Au début de juillet, la bataille y fait rage. Le 2 août, au cours d’une attaque, les Allemands se servent de liquides enflammés. Par la suite, le secteur s’apaisa, comme le reste de l’Argonne. Non loin de Saint-Hubert, la position Marie-Thérèsedite était un saillant prononcé de la ligne française au nord de la fontaine La Mitte. Le saillant fut ainsi baptisé par les poilus, sans qu’on sache exactement pourquoi ; l’opinion dominante veut qu’il fut ainsi nommé à cause du voisinage du pavillon d’un garde-chasse dont la fille s’appelait Marie-Thérèse. Bordé sur trois côtés par les lignes allemandes, le saillant de Marie-Thérèse était difficile à tenir, les Allemands cherchèrent à l’enlever souvent. Le 19 janvier 1915, ils font exploser deux fourneaux de mine devant les tranchées des Français qui occupent aussitôt les entonnoirs. Le 22, après avoir poussé des têtes de sapes le plus près possible de leurs adversaires, leurs grenadiers émergent brusquement vers 10 heures et lancent chacun deux grosses bombes ; puis un de leurs bataillons s’élance sur les trois faces de l’ouvrage, lue les mitrailleurs et sur certains points, pénètre dans la deuxième ligne française. A 2 heures, un bataillon de chasseurs français contre-attaque, réoccupe en partie la première ligne, puis est refoulé par des troupes fraîches allemandes ; une troisième contre-attaque le soir, une quatrième le lende­ main matin, rendent après une lutte terrible, une partie des positions perdues. Toute la journée, toute la nuit, on s’est battu à coups de bombes, de pétards,

LE BOIS DE LA ORUR1Ë. Le ravin île M arie-Thcrèse juillet 11)16).

de grenades, à la baïonnette, au couteau, à la pioche, avec le même achar­ nement de part et d’autre ; une centaine de Français, presque tous blessés, furent faits prisonniers. Le 10 février, vers 9 h. 30, les Allemands lont sauter à la mine une partie des tranchées adverses et lancent contre celles-ci des forces considérables ; ils en occupent une partie, mais une contre-attaque immédiate les arrête net et au soir ils sont partiellement refoulés ; le combat a été féroce ; les Allemands, enivrés pour la plupart, massacrèrent quelques prisonniers après les avoir désarmés. Le 12, vers midi, en colonnes par quatre, sur un front de 300 à 400 mètres, les Allemands se jettent à nouveau sur Marie-Thérèse ; arrêtés par les feux d’infanterie et dispersés par le barrage d’artillerie, ils se replient après de fortes pertes. Deux heures plus tard, deux compagnies de chasseurs français attaquent l’ennemi à leur tour, mais sont fort éprouvées par les mitrailleuses ; un groupe seulement parvient dans un boyau au contact de l’ennemi et s’y cramponne. Le 12 mai, par deux fois, au début de juillet à différentes reprises, le 2 août en utilisant les liquides enflammés, le 4 août, les 12 et 24 août par deux fois et le 29 août, les Allemands donnent encore l’assaut à ce saillant si convoité et si bien 56 défendu, puis ils renoncent, là comme ailleurs, à briser la résistance des Français. Dans les années suivantes, le nom de Marie-Thérèse n’apparaît plus guère dans les communiqués. Après la visite du Bois de la Grurie, on reviendra G. C. au 67que l’on continuera à suivre. Il passe devant deux grands cimetières français, puis devant une série de cagnas ; la forêt devient plus dénudée, les arbres ont été fauchés par les obus. Bientôt on arrive sur l’emplacement Four-de-Paris du dont il ne reste que des vestiges. De la Harazée au Four-de-Paris 2 kilomètres. :

VUE GÉNÉRALE DU FOUR-DE-PARIS, PRISE D’UN OBSERVATOIRE. Au premier plan, la roule du Four-de-Paris à Varennes.

LE FOUR-DE-PARIS

C’est sur le secteur du Four-de-Paris que portèrent tout d’abord les efforts des Allemands après leur retraite de septembre 1914 ; ils tentèrent de reprendre à tout prix cette position capitale sur la route des Islettes. En deux jours, les 27 et 28 novembre, ils lancent sept attaques au nord du Four : le 5 décembre, par trois fois, leurs troupes, au son des fifres et des tambours, reviennent à la charge sans succès. Le 18, après avoir fait sauter une tranchée, ils attaquent encore. Le 5 janvier 1915, le 2e bataillon du 4° étranger ou régiment garibaldien, est chargé d’une opération de diver­ sion dans ce secteur pendant que le reste du régiment exécute l’attaque principale, plus à l’est, à Courte-Chausse. A 10 heures, les garibaldiens, soutenus par quelques grenadiers du 9° bataillon de chasseurs et du 91e de ligne français et par deux sections du génie, s’élancent des tranchées sur un front de 400 mètres, mais décimés par les mitrailleuses, ils ne peuvent aborder les tranchées allemandes. Les 16 et 17 février, le 9 mars, se livrent de nouveaux et vifs combats. Du 29 juin au 15 juillet, la bataille se rallume dans ce secteur, coupée de terribles bombardements avec obus asphyxiants. En 1916 et 1917, comme le reste de l’Argonne, le secteur est presque calme, la lutte de mines y continue, mais avec moins de fréquence ; il n’y a plus de combats à proprement parler, mais des coups de main que les Français réussissent en général beaucoup mieux que leurs adversaires. 57

Du Four-de-Paris, au lieu de gagner directement La Chalade par ta route de la vallée de la Biesme (2 kil. 500), on suivra, à travers la forêt, une série de roules (au total 17 kit. 500) qui permettront de voir, en même temps que certains sites pittoresques de la forêt, quelques lieux fameux depuis la guerre. comme B o l a n t e , l e s M e u r i s s o n s, la H a u t e -C h e v a u c h é e , la F i l l e -M o r t e , la P i e r r e -C r o i s é e , C o u r t e -C h a u s s e . T o u s ces lieux furent le théâtre de farouches combats en 1914-1915.

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LE FRONT DANS LA FORÊT d ’ARGONNE.

En décembre 1914, de nombreux engagements se succèdent dans ce secteur, où les troupes françaises progressent quelque peu. C’est à l’est du Bois Bolante, dans le ravin sauvage de la fontaine des Meurissons, que le régiment garibaldien, mis à la disposition du général Gérard, commandant le 2e C. A., reçut le baptême du feu. Le 26 décembre 1914, le 2e bataillon gari­ baldien est chargé d’emporter une tranchée allemande ; le front d’attaque est restreint, 150 mètres environ, mais la position est solidement tenue et protégée par un épais réseau de fils de fer. Après une préparation d’artillerie qui dure de minuit à l’aube, les compagnies garibaldiennes s’élancent, les unes derrière les autres, pour faire brèche à tout prix, mais elles sc brisent contre les fils de fer intacts : sur un point un passage est ouvert, quelques hommes par là arrivent au bord de la tranchée allemande, mais s’y font tuer. C’est au cours de cet engagement, qui coûta 30 morts, 17 disparus et 111 bles­ sés au 2° bataillon, que fut tué le sous-lieutenant Bruno Garibaldi, un des petits-fils de Giuseppe Garibaldi « le vieil oiseau-rouge » que, en 1870, le général prussien Werder s’était flatté «de prendre au nid» dans les Vosges, sans y réussir. Bruno Garibaldi, bien qu’en réserve, s’élança à l’assaut avec 58

LE FOUR-DE-PARIS. Une ferme à la sortie du village, sur la route de La Chalade, Vue 1915. prise en le 2e bataillon, sabre au clair, la tunique verle déboutonnée, laissant voir la traditionnelle et symbolique chemise rouge. Blessé à la main, il revint dans la tranchée se faire panser et repartit ensuite au combat ; une balle l’abattit ; comme il continuait à exciter ses hommes à progresser, une nouvelle balle l’atteignit à la poitrine ; avant de mourir, il eut la force d’embrasser un soldat blessé, tombé près de lui, en murmurant : « Tiens, embrasse mes frères pour moi. » Le 5 janvier 1915, plus à droite, sur le plateau de Courte-Chausse, les 1er et 3e bataillons garibaldiens prennent leur revanche sur l’ennemi. Huit mines, dont les galeries varient entre 45 et 50 mètres, ont été préparées sous la tranchée allemande et les fourneaux ont été chargés dans la nuit. A 7 heures, 8 mines — près de 3.000 kilos de poudre — sautent l’une après

LE FOUH-DE-PAHIS. La même ferme, photographiée 1918. en 59

l’autre ; au son des clairons et des tambours, les 8 compagnies garibaldien- ncs enlèvent d’un seul élan la première ligne ennemie bouleversée, bouscu­ lent une contre-attaque allemande, prennent et reprennent la deuxième ligne et poussent jusqu’à la troisième ligne allemande. Elles ne peuvent garder cette dernière, mais elles ont réalisé une importante avance, pris 4 mitrailleuses, 2 minen et 200 hommes des 135e, 28e et 27e régiments alle­ mands, pour la plupart Poméraniens. Coïncidence curieuse, c’était le drapeau d’un régiment poméranien — 61e — qu’avait enlevé, en 1870,*à la bataille de Dijon, Ricciotti Garibaldi, le père de Bruno. Les pertes des garibaldiens turent lourdes ce jour-là ; parmi les morts, était l’adjudant-chef Costante Garibaldi, frère de Bruno. Quelques jours plus tard, au ravin des Meuris- sons, s’engage une violente bataille. Le 7 janvier, après une petite attaque allemande vite enrayée, on fait creuser des éléments de tranchées sur le plateau pour préparer une position de repli éventuel; les travailleurs— des hommes du 46e de ligne français — piochent sous une pluie de balles ; le général Gouraud, commandant la 10e I). I., venu examiner la position, est blessé à l’épaule d’une halle de mitrailleuse. Le lendemain, une violente

DANS LE SECTEUR DU FOUR-DE-PAR1S (1Ü16). préparation d’artillerie allemande commence avec l’aube ; à 7 h. 30, des troupes fraîches, trois régiments de chasseurs bavarois, se lancent à l’attaque ; une tranchée, occupée par des hommes du 89° de ligne a sauté, la ligne française est rompue et les Bavarois prennent à revers les première et deuxième lignes où les garnisons du 89e et du 46e de ligne résistent farou­ chement. Sur le plateau, la 11e compagnie du 46°, qui occupe la tranchée de repli inachevée, brise l’élan de l’ennemi qui, n’osant l’aborder de face, la tourne sur le flanc droit ; cependant elle résiste toujours jusqu’aux der­ nières cartouches. Les Allemands se sont infiltrés jusque dans le ravin ; ils prennent le P. C. du régiment, blessant le colonel et ses adjoints. La 11e compagnie tient toujours. Sur la crête, les cuisiniers et les malades ont pris le fusil et font le coup de feu. Vers 9 h. 30, sur la droite, une sonnerie de clairon éclate : c’est le secours. Des éléments du 89e de ligne français et du 2° bataillon garibaldien chargent sous les taillis, c’est regorgement et la lutte corps à corps sous bois. Les renforts réussissent à dégager le 46e et à contenir l’ennemi, qui évacue même le ravin. Le 9, avant le jour, des éléments du 120e de ligne relèvent les Garibaldiens, qui ont, parmi leurs tués, l’enfant du régiment, Gaston Huet. un petit Français d’une douzaine d’an­ nées, ardent au combat comme un homme. En vain les Allemands renou­ vellent-ils leurs attaques ; jusqu’au 9 au soir, ils sont repoussés et contenus. Les débris du 46e de ligne français — quelque 300 hommes — sous le com­ mandement d’un capitaine, se sont cramponnés à leurs positions, sans ravitaillement, pendant trois jours, et leur résistance a permis aux renforts d’arriver et de rétablir la situation. Du 9 au 19 mars, plusieurs attaques françaises entre le Four-de-Paris et Bolante, réalisent de légères avances en dépit des contre-attaques ennemies. Le 7 août, une attaque de nuit allemande à la Fille-Morte enlève un élément de tranchée. Tout le mois, à Courte-Chausse, aux Meurissons, à la Haute-Chevauchée, comme à Bolante, la lutte d’artillerie, de mines, de pétards et de bombes est continuelle. Le 27 septembre, pendant l’offensive française de Champagne, les Allemands tentent une diversion sur Bolante

SUR LA ROUIE DU FOUR-DE-rARIS A VAHENNES. Un cimetière allemand, à 4 kilomètres du Four-de-Paris, et la Fille-Morte. Après un vif bombardement par explosifs et obus toxiques, près de deux régiments attaquent à quatre reprises ; tout d’abord ils réali­ sent quelque avance, mais bientôt ils sont presque partout repoussés avec des pertes énormes. A partir d’octobre 1915, c’est dans cette région de l’Argonne que l’activité, bien que très diminuée aussi, se maintint le plus. En 1916, de fréquentes explosions de mines provoquèrent des luttes à la grenade autour des entonnoirs à la Fille-Morte, à Bolante, à la Haute-Ghe- vauchée, à Courte-Cliaussc. En 1917, la lutte de mines est presque abandon­ née, mais les adversaires exécutent souvent, à tour de rôle, des coups de main pour faire des prisonniers, détruire leurs travaux et leurs abris. Lorsque l’on vient de II laa h a z é e , on trouve à gauche, en arrivant au Four- de-Paris, une route (G. C. 38) qui se dirige vers V a r e n n e s . Prendre celle route qui suit la vallée des Meurissons (à droite, Bois (il

'

r,A F O R Ê T d ’ARGONNE RAVAGÉE.

Bolante), puis /ranchil la cote 265. Bientôt on passe devant les anciennes premières lignes ; à partir de ce moment, sur les flancs de la colline de la rive gauche du ruisseau des Meurissons, on aperçoit de vrais villages cons­ truits par les Allemands. Sur la crête, la forêt est fauchée par la mitraille. La route, presque en haut de la côte, passe devant un cimetière allemand avec monum ent kil. (4 du Four-dc-Paris). Un kilomètre plus loin, on croise l’ancienne voie romaine H aute- de la Chevauchée au carrefour des Meurissons. Prendre, à droite, la Haute-Chevauchée, roule très intéressante. Aller avec précaution pendant les deux premiers kilomètres qui sont assez mauvais. On

L E S ENTONNOIRS D E L A COTE 2 8 5 . Secteur de la Fille-Morte. Vue prise de la route de Vitinéraire. 62

traverse le Bas-Jardinet, bois rempli de cagnas, d’abris, d’emplacements de pièces. A la sortie de ce bois, le spectacle est impressionnant : la cote 285 qui se dresse en face est complètement retournée par la mitraille ; il n’existe plus un arbre(photos p.61 et 62). C’est le secteur de la Fille-Morte, de la Pierre-Croisée, de Courte-Chausse. La roule contourne la cote et passe devant une série d’entonnoirs que l’on aperçoit sur la crête. Peu après on entre dans le Bois de La Chalade et la route devient meilleure ; à droite et à gauche, on voit des constructions françaises en maçonnerie. Un kilomètre après la cote 285, on passe au carrefour des Sepl-Fonlaines où se trouvait un poste de secours français en face de la route qui va vers le Mont de Villers.Continuer tout droit 1.800 ; mètres plus loin, on rencontre le croisement de routes de la Maison Forestière où se trouve un important

su it l a c o t e 285. Le secteur de lu Fille-Morte. La voiture rouie en direction de la Croix-de-Pierre.

cimetière de soldats. La maison forestière est complètement détruite.Faire encore 2 kit. 3 0 0pour atteindre le carrefour de la Croix-dc-Picrre. 5 0 mètres avant le carrefour, à gauche, abri du lieutenant de Courson, tué glorieusement en 1915. Au carrefour de la Croix-de-Pierre, d’où parlent la roule de Neuvilly (à gauche), la route de Clermont (en face), on prendra à droite laL a route de C h a l a d e, dénommée Chemin des Romains. On passe bientôt devant un ancien (camp camp Monhoven).Un kilomètre après la Croix-de-Pierre, laisser à gauche la roule du 2 Claonkilomètres ; plus loin, forte descente jusqu’à ta routeG. C. 22 que l’on prend à droite et que l’on suit pendant 1 kilomètre pour aller visiter La Chalade. Le village deL a Ch a l a d e est né autour d’un cloître fondé,1 1 2en 0 , p a r Robert et Ricuin, religieux de l’Abbaye Saint-Vanne de Verdun. L’abbaye, 63

peuplée de Bénédictins, puis de Cisterciens à partir de 1127, fut placée sous la tutelle des évêques de Verdun et la protection des sires de Vienne-le- Château. Les religieux desséchèrent les marécages de la vallée de la Biesme et défrichèrent le coteau. La chapelle abbatiale, commencée en 1275, resta inachevée. La légende raconte que le prieur désespérant de finir l’église reçut la visite de Satan qui lui offrit de terminer l’édifice à condition qu’il pourrait prendre l’âme du premier chrétien qui franchirait le seuil de l’église complètement achevée. Le prieur ayant refusé l’offre du diable, celui-ci dispersa de tous côtés les maisons, jusqu’alors groupées autour du couvent, et effrita les blocs de gaize dans les carrières ouvertes. Depuis, les maisons sont restées éparpillées et la gaize en bloc demeure introuvable dans les environs. Cette légende n’est qu’une explication simpliste de phénomènes géographiques. La gaize est une argile siliceuse particulière à la région. Dans l’enclos de l’abbaye, la maison abbatiale est en ruines ; au sud de l’église, les bâtiments conventuels, reconstruits sans doute au xvne siècle, subsistent, délabrés. L’église abbatiale est devenue l’église paroissiale. Les fenêtres et la rosace ont été restaurées au xixe siècle ; la nef a été rognée de deux travées, le clocher a été abattu. La nef gothique est haute et vaste, les nervures des

LE CIMETIÈRE MILITAIRE ET L’ÉGLISE DE LA CHALADE.

voûtes s’appuient sur des cliapitaux sculptés. Des restes d’anciens vitraux s’étaient conservés à quelques fenêtres, ils ont été détruits par le bombarde­ ment pendant la guerre. Au fond de la nef, est une belle rosace, dont les meneaux proviendraient, dit-on, des ruines de l’ex-abbaye de Saint-Vanne de V erdun. Après la visile de La Chalade, revenir sur scs pas G.par C. le 22et continuer celle roule jusqu’au Claon (3 Kilometres). Ce petit village servit pendant la guerre de cantonnement et fut un centre de ravitaillement. Dans le Claon, prendre à droite la route Florent de qui ramène directe­ m ent à Sainte-Menehould.A l'entrée de la ville, voir le cimetière militaire dont la photo a fié donnée 23. p. TABLE DES MATIÈRES

La forêt d'A rgonne...... 2 La bataille de V alm y...... 3 La guerre de 1914-1918...... 4 Sainte-Menehould...... 19 V isite d e S a in te -M e n e h o u ld ...... 22 Visite des champs de bataille de l’A rgonne...... 24 Clermont-en-Argonne...... 26 V a u q u o...... i s 32 V a r e n n e s...... 37 Saint-Juvin...... 40 G r a n d p r...... é 42 Vienne-le-Château...... 50 Le bois de la Grurie...... 52 Le Four-de-Paris...... 56

l e f o r t d e v a u x, e n 1916. Vue prise en avion.

Gravure extraite du Guide illustré La : bataille de Verdun.

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COTISATIONS Le montant annuel de la cotisation est de : 6 francs pour les nouveaux sociétairesnationalité de française ; 10 francs pour les nouveaux sociétairesnationalité de étrangère, quelle que soit leur résidence. Les cotisations nouvelles versées à partir du 1er octobre donnent acquit pour l’année suivante. Le rachat de la cotisation, qui donne droit au titre de MEMBRE A VIE, peut être effectué moyennant le versement de 120 francs pour les Français et de 200 francs pour les Étrangers. Le titre de MEMBRE FONDATEUR comporte un versement de 300 francs. Le titre de MEMBRE BIENFAITEUR comporte un versement minimum de 500francs.

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65, Avenue de le Grande-Arm^e, Pari» (I6f) COMPAGNIE FRANÇAISE DU TOURISME

La Compagnie Française du Tourisme a pour but de faciliter sous toutes ses formes la circulation touristique en France. Fondée par les organisations de la circulation, elle re­ présente ainsi directement les Compagnies de Chemins de fer, les Compagnies de Navigation, la Chambre Natio­ nale de l’Hôtellerie, le Syndicat des Agences de Voyages, la Chambre syndicale des Eaux Minérales et Etablisse­ ments Thermaux, les Sociétés de Transports sur routes et aériens. Elle se propose : 1° De créer un Bureau de renseignements ; 2° De supprimer pour le voyageur, par l’étude de circuits établis à l’avance et l’émission de billets spéciaux, tous les inconvénients d’un voyage entrepris sans prépa­ ration ; 3° D ’établir avec les organisations similaires à l’étran­ ger et les agences fonctionnant sur notre territoire, des accords en vue du placement de ses billets de voyage et d’une manière générale de la publicité nationale à faire auprès de leur clientèle ; 4° Enfin d’examiner et réaliser tous les moyens suscep­ tibles de rendre pour les touristes la plus aisée et la moins onéreuse possible, la circulation à travers le pays.

COMPAGNIE FRANÇAISE DU TOURISME

2, Rue Caumartin, Paris. BERGER-LEVRAULT, LIBRAIRES-ÉDITEURS \ M aison d’édition, 5-7,rue des Beaux-Arts. P A R l b f M a g a s i n£> e d étaii., 229, boulevard Saint-Germain. . Im prim erie e t édition, 18,rue des Glacis. N A . N t i ; M a g a s i nd e d étail, 7, rue Saint-Georges. STRASBOURG — M agasin de détail,23, place Broglie. ARDOUIN-DUMAZET VOYAGE EN FRANCE En 65 volumes in-12, avec plus de 1.300 cartes

PUBLICATION COURONNÉE PAR L’ACADÉMIE FRANÇAISE, LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE PARIS. LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE COMMERCIALE LE TOURING-CLCB DE FRANCE ET LA SOCIÉTÉ NATIONALE d ’a GRICULTCRE DE FRANCE Chaque volume, d’environ 400 pages, avec cartes, broché. . 4.50 — Élégamment cartonné en toile souple, tête rouge. . 6 » (Chaque volume comprend une région géographique bien délimitée.) LES 17 VOLUMES DÉCRIVANT LE THEATRE DE LA GUERRE SONT LES SUIVANTS : 17. Littoral du Pays de Caux, Vexin, Vérmandois et Basse-Picardie. 2e édit. Avec 28 cartes. 18. R égion du N ordI. : Flandre et Littoral du Nord. 2e édit. Avec 30 cartes. 19. R égion d u N o rd11. : Artois, Cambrésis etHainaut. 2e édit. Avec 28 cartes. 20. Haute-Picardie, Champagne rémoise et Ardennes. édit. 2e Avec 21 cartes. 21. Haute-Champagne et Basse-Lorraine. 2e édit. Avec 27 cartes. 22. Lorraine centrale (Plateau Lorrain). 3e édit. Avec 20 cartes. 23. Plaine comtoise et J ura. Avec 25 cartes. 42. Le Valois. Avec 21 cartes. 43. L a Brie. Avec 23 cartes. 48 e t 60. Haute-Alsace. 3e édit. 2 vol. Avec 22 cartes. 49 e t 61. Basse-Alsace. 3e édit. 2 vol. Avec 29 cartes. 50 e t 62. Lorraine délivrée. 2e édit. 2 vol. Avec 29 cartes. 58. Calaisis, Boulonnais et Artois. Avec 27 cartes. 59. Les Vosges. Avec 25 cartes. Envoi gratuit, sur demande, du catalogue détaillé6 5 volumes des de la collection.

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Impressions pour Syndicats d'initiative et pour tourisme