8 LE FIGAROSCOPE DU MERCREDI 12 AU 18 DÉCEMBRE 2018

Tous les jeudis, le Bal Blomet (XVe) propose « Les 1 001 Nuits du jazz ». À LA UNE

LE RENOUVEAU DU JAZZ À CERTAINS SIGNES NE TROMPENT PAS. DEPUIS QUELQUES MOIS, ÇA SWINGUE DE NOUVEAU À PANAME, DANS LES CLUBS, LES BARS D’HÔTEL ET AUTRES NOUVELLES SCÈNES PARISIENNES ACCUEILLANT DES TALENTS PROMETTEURS. « LE FIGAROSCOPE » AUSCULTE CETTE FIÈVRE JAZZY, EN CLAQUANT DES DOIGTS POUR MIEUX PRENDRE LA MESURE DU PHÉNOMÈNE.

DOSSIER RÉALISÉ PAR OLIVIER DELCROIX, SOPHIE DE SANTIS, CHRISTOPHE DORÉ, AGATHE MOREAUX, OLIVIER NUC ET NICOLAS D’ESTIENNE D’ORVES

sent le respect. Les amateurs de jazz pari- LA GARE, SUR LA LIGNE. Le lieu a un pe- LES NOUVELLES SCÈNES siens, qui avaient coutume de se glisser dans tit côté mystérieux, hors du temps et hors Entre la Petite Halle, la Gare, la péniche des caves étroites, sont presque désorientés de Paris, avec ses allures de friche, rénovée Le Marcounet ou le Bal Blomet, le jazz dans ce décor industriel et spacieux. Le lieu juste ce qu’il faut pour donner l’impression se redéploie vers de nouveaux lieux est piloté par Renaud Barillet (la Bellevilloise) au bobo qu’il s’encanaille dans un quartier qui ne manquent pas de charme… et la programmation musicale par Reza Ack- qui n’en est pas vraiment un. Ouverte en baraly (festival Jazz à Vienne, Qwest TV). La août 2017 sous l’impulsion de l’ex-journa- programmation se veut moderne et éclecti- liste-street-artist Julien de Casabianca- que, c’est-à-dire ouverte sur les musiques du Caumer, la Gare est posée sur la petite LA PETITE HALLE, INDUS JAZZ. Elle se monde et l’électro. Les nouvelles scènes fran- ceinture en face de la Cité des sciences. Son cache un peu sur la façade ouest de la Grande çaise, britannique ou américaine connaissent fondateur n’est pas un inconnu du milieu Halle, dans ce XIXe qui s’impose comme le le chemin depuis l’ouverture en 2015. du jazz parisien. Il avait lancé le Laboratoi- nouveau quartier du jazz, avec la Gare, les Parc de la Villette, 211, av. Jean-Jaurès (XIXe). re de la création, faisant émerger des musi- rendez-vous jazz de la Cité de la musique et Tél. : 09 82 25 91 81. www.lapetitehalle.com. ciens à la qualité aujourd’hui reconnue son festival de fin d’été Jazz à la Villette. Mais Plat autour de 16 €. comme Yaron Herman, Anne Paceo, So- la façade toute vitrée de la Petite Halle, son Entrée concert variable phie Alour ou Géraldine Laurent. Par la

jardin, son long bar et sa large scène impo- suivant la programmation. suite, il a piloté la Fontaine, un jazz-club, VICTOR TONELLI rue de la Grange-aux-Belles, dont la voca- LES CLUBS Le Sunset/Sunside, tion était de promouvoir la scène française. rue des Lombards. Ici, l’esprit de découverte reste le même TIENNENT LA NOTE avec des jams des élèves du Conservatoire et des rendez-vous comme celui de Riccar- Sans eux, le jazz parisien n’aurait do Del Fra, qui a été contrebassiste de Chet pas la même renommée. Aujourd’hui, Baker (le mercredi), ou le saxophoniste ces lieux mythiques tiennent américain Rick Margitza (le lundi). La plus que jamais la cadence. clientèle est jeune et mélomane, attirée autant par la qualité des prestations scéni- ques que par les petits prix des boissons et SUNSET/SUNSIDE. En 1983, le Sunset est de l’assiette pour petite faim. le premier des trois clubs à s’installer rue 1, av. Corentin-Cariou, Paris (XIXe). des Lombards au numéro 60 de la rue. facebook.com/LaGareJazz. À l’étage le restaurant perdure et le bar Participation libre. américain au sous-sol est remplacé par le club de jazz En 2001 le club s’agrandit avec PÉNICHE LE MARCOUNET, AU FIL DE la naissance du Sunside à la place du restau- L’EAU. L’été, elle se place dans le top des rant. Dès lors l’endroit promeut deux iden- DUC DES LOMBARDS. Dernier né de la terrasses les plus sympathiques de Paris et tités musicales : le Sunset se consacre au rue du centre de Paris, le Duc des Lombards sa carte de vins naturels attire les amateurs Jazz acoustique, à l’électro-jazz et à la world ouvre en 1984. Après plusieurs change- de bons produits à petits prix. Mais la péni- music quand le Sunside accueille des ments de propriétaires, il est racheté en che Le Marcounet s’impose aussi, petit à concerts de jazz acoustique. 2007 par Gérard Brémond, copropriétaire de petit, dans le parcours des jazzophiles de la 60, rue des Lombards (Ier). Tél. : 01 40 26 46 60. TSF Jazz. Aujourd’hui la programmation du capitale. Ça part un peu dans tous les sens, www.sunset-sunside.com club est assurée par le directeur d’antenne mais pourquoi pas ? Thomas Dutronc y a de la station consacrée au Jazz. présenté son dernier album live en sep- BAISER SALÉ. Décidément, il s’en passe 42, rue des Lombards (Ier). tembre et le bal swing anime la place régu- des choses rue des Lombards en 1983. Quel- Tél. : 01 42 33 22 88. lièrement. La tradition « jam-session » est ques mois après son confrère, le Baiser salé www.ducdeslombards.com respectée avec le quartet du lieu qui ac- ouvre ses portes à l’initiative des trois Gib- compagne les invités. Au fil de la program- son’s Brothers autour d’une ligne directri- LE PETIT JOURNAL SAINT-MICHEL. mation, les styles se succèdent avec une ce : le jazz fusion (appelé jazz-rock) et les Dans la pure tradition du Saint-Germain de influence latine (Cuba, Amérique du Sud) musiques métissées. Là-bas naissent des l’après-guerre, baigné dans le Jazz, Le Petit assumée et des incursions côté blues. groupes comme Chic Hot et certains musi- Journal Saint-Michel accueille depuis 1971 Quai de l’Hôtel-de-Ville, près du pont Marie ciens comme Sylvain Luc et Stéphane Bel- dans sa cave des musiciens spécialisés dans (IVe). www.peniche-marcounet.fr. mondo s’y sont retrouvés. le Jazz Nouvelle Orléans. Tél. : 06 60 47 38 52. 58, rue des Lombards (Ier). Tél. : 01 42 33 37 71. 71, bd Saint-Michel (Ve). www.lebaisersale.com Tél. : 01 43 26 28 59. LE BAL BLOMET, HISTOIRE D’UN RE- Réservez vos places pour le Baiser salé petitjournalsaintmichel.fr TOUR. D’accord, glisser le Bal Blomet dans sur www.ticketac.com A. M. la catégorie des nouveaux lieux de jazz pa- risiens est un rien anachronique pour le plus ancien club de jazz d’Europe ! Mais, à notre décharge, il a rouvert ses portes l’an- née dernière après une rénovation quasi intégrale sans perdre l’esprit des lieux. Avec un restaurant et une grande salle de 250 places, il s’impose dans la program- mation de la capitale grâce à sa volonté de tisser le lien entre son histoire, les bals nè- gres des Années folles et de Joséphine Ba- ker, puis les concerts de Sidney Bechet, la période Ubu, l’existentialisme et enfin la Nouvelle Vague… La programmation n’est pas uniquement jazz, mais le souffle du swing imprègne fortement les murs. Parmi les soirées à ne pas manquer, celles ani- mées par le saxophoniste Raphaël Imbert, le pianiste Johan Farjot et des invités. « Les 1 001 Nuits du jazz » propose, un jeudi sur deux, une soirée thématique au cours de laquelle il retrace un pan de l’histoire de cette musique. Le prochain rendez-vous (jeudi 15 décembre) est sur le thème du jazz dans la chanson française avec Aman- dine Bourgeois en chanteuse multicarte. 33, rue Blomet (XVe). www.balblomet.fr. Tél. : 07 56 81 99 77. Concerts du mer. au sam.

MICHEL VESPASIEN C. D. 10 LE FIGAROSCOPE DU MERCREDI 12 AU 18 DÉCEMBRE 2018

Le trio de Benjamin Lopez (guitare), avec Viktor Nyberg (basse) et Stefano Lucchini (batterie) au Park Hyatt Madeleine.

LE JAZZ À L’HÔTEL re au 5 O’Clock Jazz Group (le 21 déc.). For- AU PROVIDENCE. Ambiance piano jazz mule Snack & Jazz à 48 € dès 21 h. tous les soirs de 20 h et 23 h dans la bonne La note bleue s’immisce 81, bd Gouvion-Saint-Cyr (XVIIe). humeur du restaurant cosy du boutique- dans les salons feutrés. Tél. : 01 40 68 30 42. www.jazzclub-paris.fr hôtel de la porte Saint-Martin. 90, rue René-Boulanger (Xe). AU MEURICE. Tous les soirs de 19 h à mi- Tél. : 01 46 34 34 04. AU LUTETIA. Le tout nouveau bar Joséphi- nuit, les notes du piano, accompagné d’une ne de l’Hôtel Lutetia vibre au son du jazz les contrebasse ou d’un saxophone, s’envolent AU BERRI. Le nouvel hôtel arty du VIIIe, le ven., sam. (de 19 h 30 à 22 h 30) et dim. (de dans l’atmosphère chic et arty, entre le bar pianiste et chanteur Julius de jazz et pop ani- 19 h à 21 h). Autour d’un duo ou d’un trio, le 228 et le restaurant ouvert le Dali. Cocktail à me le Bizazz, le grand bar peuplé de sculptu- palace renoue avec la tradition musicale de partir 30 €. res moulages, du mer. au ven., de 19 h à la rive gauche. Au programme, Camille 228, rue de Rivoli (Ier). Tél. : 01 44 58 10 66. 22 h 30. Une carte de cocktails (16 €) et un Grillon, guitariste de jazz, swing et pop (le menu pour grignoter les spécialités italien- 16 déc.), Gabrielle Jeanselme (le 21 déc.) ou nes du chef accompagnent cette pause jazzy. encore le pianiste Matthieu Boré, invité ré- Gabrielle Jeanselme 20-22, rue de Berri (VIIIe). Tél. : 01 76 53 77 70. gulièrement à reprendre en trio les stan- jouera au bar dards de Nat King Cole à Sinatra. Cocktail à Joséphine du Lutetia AU PARK HYATT MADELEINE, les trois partir de 24 €. le 21 décembre. premiers jeu. du mois de 19 h à 22 h, le Ben- 45, bd Raspail (VIe). Tél. : 01 49 54 46 00. jamin Lopez Trio se produit sous la verrière Eiffel de la Chinoiserie. Dans l’espace bar- AU MÉRIDIEN ÉTOILE. Ouvert en 1975, le restaurant de l’hôtel, le guitariste invite des club de jazz est resté une scène de jazz pari- musiciens différents pour trois sets de sienne des plus respectées pendant une qua- 50 minutes. La formation reprend les plus rantaine d’années. Les plus grandes pointu- grands standards du jazz (de Duke Ellington res, Dizzy Gillespie, Count Basie, Cab à Thelonious Monk) lors de véritables Calloway, B.B. King, Ike Turner et Lionel concerts. Prochain rendez-vous le 13 déc. Hampton, ont foulé cette scène de l’Ouest pa- où Benjamin Lopez sera accompagné du risien. Rénové en 2016, le club continue de batteur Stefano Lucchini et du contrebas- programmer des concerts live de blues, be- siste Lucas Fattorini. bop, funk, soul et jazz actuel, le ven. et le sam. 24, bd Malesherbes (VIIIe). soir. Place à Dr Wu - Tribute to Steely Dan (le Tél. : 01 55 27 12 34.

14 déc.) et aux Rapetous (le 15 déc.), ou enco- S. DE S. AVEC A. M. PARK HYATT MADELEINE ; LUTÉTIA PANAME MAGNIFIÉ Jeanne Moreau et PAR LE JAZZ AU CINÉMA Miles Davis pendant l’enregistrement Dès la fin des années 1950, de la musique la capitale est célébrée sur les rythmes du film Ascenseur jazzy par le cinéma, de la Nouvelle Vague pour l’echafaud, jusqu’à aujourd’hui… le 5 décembre 1957.

Comme le chantait Nougaro, « quand le jazz est là… », la java des B. O. classiques s’en va ! Les liens tissés entre Paris et le jazz ont très vite aiguisé les envies du cinéma. Dès 1957, Roger Vadim montre la voie avec Sait-on jamais ?, une gentille comédie dramati- que vénitienne où le réalisateur d’Et Dieu créa la femme utilise le jazz comme une bande-son digne de ce nom. La même année, le jeune Louis Malle lui emboîte immédiatement le pas pour Ascenseur pour l’échafaud, un film noir qui bat le pavé parisien, avec Maurice Ronet et Jeanne Moreau, où le jazzman Miles Davis im- provise un « score » en direct, avec Barney Wilen, René Urtreger, Pierre Michelot et Kenny Clarke à la batterie. La légende rapportée par Boris Vian veut que durant les trois heures d’improvisation, Miles Davis ait obtenu un son particulier de sa trompette car un morceau de peau s’était détaché de sa lèvre et obstruait partiellement son embouchoir…

PARIS JAZZY. Porté par le souffle de la Nouvelle Vague, le succès du film lance une mode. C’est dit, Paris est jazzy. Truffaut signe Tirez sur le pia- niste avec Aznavour, et Georges Delerue rend hommage dans sa bande-son au Paris nocturne des cafés-concerts. Godard avec À bout de souf- fle laisse le pianiste Martial Solal voguer au gré de son inspiration jazz. Vadim enfonce le clou avec Les Liaisons dangereuses 1960, où il confie à Art Blakey la bande-son de son film libertin, li- bre adaptation de Choderlos de Laclos. En 1961, le cinéaste américain Martin Ritt s’engouffre également dans la brèche, avec Paris Blues, fiction hollywoodienne dans laquelle Sidney Poitier et Paul Newman incarnent des jazzmen expatriés à Paname, avec Serge Reggiani en guest-star. Jean-Pierre Melville joue également la carte du jazz pour donner des couleurs au Paris du Doulos, avec Belmondo en 1962. La fièvre retombe dans les années 1970. Ber- trand Tavernier remet des pièces dans le juke- box en 1986 avec Autour de minuit et scelle à nouveau les noces entre Paris et le jazz, ses clubs enfumés, ses caves inspirées, ses romances nocturnes… Woody Allen, fou de jazz et de cla- rinette, met en scène son Paris jazzy et nostal- gique dans Tout le monde dit I love you, en 1996. Après une nouvelle éclipse d’une dizaine d’an- nées, le jeune réalisateur Damien Chazelle ral- lume la mèche, en mettant en scène le Caveau de la Huchette dans La La Land, en 2017. Et hop ! Le jazz danse à nouveau la java avec Paname. La preuve ? Cette année, Pawel Pawlikowski a présenté au Festival de Cannes le splendide Cold War (prix de la mise en scène) où son héros est un pianiste de jazz qui passe à l’Ouest pour jouer dans les clubs parisiens de Saint-Germain-des-

RUE DES ARCHIVES/AGIP Prés… ❚ O. D. 12 LE FIGAROSCOPE DU MERCREDI 12 AU 18 DÉCEMBRE 2018

LE NEW MORNING, l’écrit. Elle est journaliste et arrive à la mu- sique par la plume. Elle parviendra pourtant UNE HISTOIRE à maintenir le club à flot pendant presque DE FAMILLE trente ans.

Pourquoi avoir pris la suite de votre mère LE FIGAROSCOPE. - Cela fait bientôt quarante ans à la direction du New Morning ? que le New Morning a ouvert à Paris. Il fallait bien que quelqu’un le fasse ! (Rires.) Comment a débuté l’aventure ? Plus sérieusement je voulais rendre hom- Catherine FARHI. - Tout a commencé à Ge- mage au travail de ma mère et de mes deux nève où mes deux frères (Daniel et Alain) frères. Je ne pouvais pas abandonner cet hé- créent à la fin des années 1960 un premier ritage. J’ai donc laissé mon travail de pro- New Morning dans les docks de la ville. fesseur à Science Po et je me suis lancée moi Les deux avaient découvert le jazz en aussi dans l’aventure du New. Égypte dans l’effervescence de l’après- guerre. Le succès est tel à Genève que lors- Qu’est-ce qui explique selon vous la durabilité qu’Alain arrive à Paris en 1981, il reprend du lieu ? une ancienne imprimerie qu’il transforme C’est un lieu très convivial et le côté fami- en club de jazz. Le New Morning parisien lial transparaît dans notre manière de tra- était né ! Quelques mois après l’ouverture, vailler et dans l’équipe même, en grande la direction du lieu est reprise par leur bel- partie féminine. Cet esprit que j’essaie de le-mère Eglal Farhi, ma mère. maintenir a été insufflé par ma mère qui a pris beaucoup de personnes sous son aile. C’est d’ailleurs votre mère qui gérera le club Cette façon de travailler nous est propre. jusqu’au début des années 2010. Nous sommes différents et pas forcément Ce que ma mère a fait est extraordinaire. appréciés pour cela. L’équipe a d’ailleurs Quand elle prend la direction du New Mor- peu bougé à l’image de notre programma- ning au pied levé, elle a presque 60 ans et trice, Christine Bardier, qui travaille au n’est pas familière du milieu. Comme mon New depuis de nombreuses années. père et mes frères, elle vient du milieu de

JEAN-FRANÇOIS ZYGEL IMPROVISE SUR LES POÈTES SAISON 7

VICTOR HUGO 18 DÉCEMBRE 2018 RETROUVEZ LE CÉLÈBRE PIANISTE BAUDELAIRE IMPROVISATEUR CINQ MARDIS Àcôté de la , 15 JANVIER 2019 DE L’ANNÉE DE 12H30 À13H30. Caffè Bellucci vous accueille VERLAINE pour un Aperitivo 19 FÉVRIER 2019 RENCONTRE AVEC L’ARTISTE avant votre spectacle, ÀL’ISSUE DE CHAQUE CONCERT. pour dîner après votre spectacle, RIMBAUD ou simplement pour boire un café. 12 MARS 2019 TARIF UNIQUE : 12,50 € De 8h30 àminuit APOLLINAIRE ABONNEMENT ÀPARTIR DE 2CONCERTS du lundi au vendredi 16 AVRIL 2019 PLACEMENT LIBRE De 18hàminuit le samedi (sauf ouverture exceptionnelle)

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45, rueLaBoétie, Paris8ème / Billeterie : 01 49 53 05 07 /www.sallegaveau.com Catherine Farhi, Vous avez ouvert la programmation que l’ancien est le terreau du nouveau. En sa directrice, à d’autres styles de musique. outre, depuis 2012 je constate un rajeunis- maintient l’esprit Pourquoi avoir fait ce choix ? sement du public. Cette ouverture à la jeu- convivial et familial À une époque, il a fallu rajeunir notre pu- ne génération coïncide avec de nouveaux de la salle mythique blic et nous avons fait le choix de faire un projets musicaux comme celui de Roy Har- de la rue des pas de côté en ouvrant à des musiques plus grove et du RH Factor. Ce grand musicien Petites-écuries (Xe). jeunes comme le funk ou la soul. Nous ne qui nous a quittés il y a un mois avait un voulions pas remplacer le jazz mais juste- pied dans la soul et un pied dans le jazz le ment continuer à le faire vivre ! Le jazz est tout agrémenté d’un peu de funk. Il a joué aujourd’hui nourri du hip-hop, c’est de nombreuses fois chez nous. d’ailleurs pour cela que nous accueillons souvent des slameurs. D’un point de vue Et bientôt quarante ans après financier, le fait de programmer des musi- son ouverture le public ques plus jeunes nous permet de « mécè- du New Morning suit toujours ? ner » le jazz classique. Avec 280 concerts Oui pour notre plus grand plaisir ! Notre par an en moyenne, contre 200 il y a quel- public est composé de personnes fidèles, ques années, il faut trouver un équilibre des habitués très érudits de jazz qui sont entre les deux et rester dans l’actualité de capables de venir voir un concert car ils la musique, là où il y a une tension, où ça connaissent l’un des musiciens du groupe pulse. programmé. Nous essayons aussi constam- ment d’attirer les plus jeunes car un public De votre point de vue, constatez-vous fidèle qui vieillit, c’est super, mais un pu- une certaine émulation ou un renouveau blic qui se renouvelle, c’est encore mieux. du jazz à Paris ? C’est toujours le public qui nous a tirés Oui, cette émulation est réelle et elle pro- d’affaire et tant qu’il nous aime; nous vient à mon sens du décloisonnement du avons une raison d’être. ❚ genre. Certains amateurs de jazz restent PROPOS RECUEILLIS PAR A. M. dans leurs officines et considèrent Le New Morning, qu’ouvrir le jazz à d’autres styles est une 7-9, rue des Petites Écuries (Xe).

VINCENT LE GALLIC trahison. Ce n’est pas mon cas. Je pense www.newmorning.com

La radio TSF JAZZetl’Adami présentent le concert Jazz de l’Année. THEAMAZINGKEYSTONEBIG BAND NOLAFRENCH CONNECTIONBRASSBAND THOMASDUTRONC SHAIMAESTRO JUDI JACKSON CHRISTIANSANDSTRIO HAILEYTUCK SAMYTHIÉBAULT“CARIBBEANSTORIES” KOKOROKO HUGHCOLTMAN FLORIANPELLISSIERQUINTET ALINAENGIBARYAN COTONETE YOU& FIONAMONBET Salle Pleyel GÉRAUDPORTAL“MINGUSPROJECT” lundi17décembre MARIOCANONGE &MICHELZENINOQUINTET 20h00 THENIGHT ETDESSURPRISES… jazz.

&THEMUSIC #16 le It’s a human que thing.* humain plus n’est

empoweringartists *Rien

TSF_Jazz_PUB_YOU_FIGAROSCOPE_190X130.indd 1 06/12/18 17:28 14 LE FIGAROSCOPE DU MERCREDI 12 AU 18 DÉCEMBRE 2018

Quand le jazz prend l’air : Paris Jazz Festival au Parc floral (XIIe), au mois de juillet.

CONCERTS MELANIE DE BIASIO. Le 17 jan. à (92 Boulogne-Billancourt). Les standards ET FESTIVALS : des films de Disney sont revisités à er ON PREND DATE ! LISA SIMONE. Le 1 fév. à La Seine musi- la Philharmonie les cale (92 Boulogne-Billancourt). 22 et 23 décembre. De la rive gauche à la rive droite, le jazz s’invite sur toutes les scènes… CONCERT HOMMAGE À MICHEL PE- TRUCCIANI. Le 9 fév. à La Seine musicale (92 Boulogne-Billancourt). JAZZY POPPINS. Le 16 déc. La Seine mu- sicale (92 Boulogne-Billancourt). ANDRÉ MANOUKIAN & JEAN-FRAN- ÇOIS ZYGEL. Le 15 fév. à La Seine musica- JAZZ LOVES DISNEY. Les 22 et 23 déc. à le (92 Boulogne-Billancourt). la Philharmonie (XIXe). BRAD MEHLDAU & IAN BOSTRIDGE. RHODA SCOTT Du 31 déc. au 1er jan. au Le 25 fév. à la Philharmonie (XIXe). Sunset/Sunside (Ier). YOUN SUN NAH. Le 12 mars au Trianon (XVIIIe).

TROMBONE SHORTY & ORLEANS AVENUE. Le 21 mars à L’ (IXe).

LISA EKDAHL. Le 26 mars à L’Olympia (IXe). JAZZ À SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. Du 16 au 27 mai 2019, dix lieux du quartier de Ça vaut le détour NILS PETTER MOLVAER + SLY & Saint-Germain-des-Prés (VIe). ROBBIE. Le 28 mars au New Morning (Xe). 7jours/7 de 16hà19h GEORGE BENSON. Le 9 juil. à l’Olympia THOMAS ENHCO. Le 17 avril à (IXe). Tous lesmardis, à18h13 (XVIIIe). La sélectiond’Olivier Delcroix, JAZZ À LA VILLETTE. Du 29 août au Rédacteur en chef du Figaroscope STANLEY CLARKE. Le 20 avril à La Seine 8 sept. à la Villette (XIXe). musicale (92 Boulogne-Billancourt). JAZZ SUR SEINE. Du 11 au 26 oct., dans Ecoutez, on estbienensemble francebleu.fr CHUCHO VALDÈS. Le 5 mai à la Philhar- 25 lieux différents. e monie (XIX ). C. D., A. M. ET O. N. SIMON DUBOIS/FASTIMAGE ; DISNEY

Encart Figaroscope.indd 1 16/11/2018 14:59 16 LE FIGAROSCOPE DU MERCREDI 12 AU 18 DÉCEMBRE 2018

LAURENT DE WILDE une composante essentielle de la vie de mu- sicien. Lorsqu’on passe trois jours dans un « Un club de jazz, club, cela correspond à six concerts où il faut CONTRE se réinventer autant que possible. C’est ce n’est pas comme un bain de jouvence. POINT PAR NICOLAS D’ESTIENNE D’ORVES une salle Que pensez-vous des nouveaux lieux parisiens ? Nous sommes dans une période déstructu- de concerts » rée, dans laquelle on cherche des formes plus naturelles et plus ouvertes. Le modèle Ça balance Pianiste, compositeur et auteur, classique du club du jazz vieillit avec son pu- Laurent de Wilde est une figure blic, il ne correspond plus à la manière ac- incontournable de la scène jazz tuelle de consommer de la musique. Pour les à Paris internationale. Vingt ans après la musiciens, les conditions n’y sont pas tou- parution de sa biographie de référence jours optimales : cela force à renouveler son ill & John Bazinet vivent à La Nou- de Thelonious Monk, il a de nouveau répertoire et la façon de jouer. Mais les cho- velle-Orléans mais ont toujours rendu hommage au maître ses n’évoluent pas très vite, Paris est une J voulu découvrir Paris, l’autre capi- du piano à l’occasion du centenaire ville un peu conservatrice. ❚ tale du jazz. Voilà des années que ce couple de sa naissance avec l’album PROPOS RECUEILLIS PAR O. N. rêve aux images mythiques de l’âge d’or : la « New Monk Trio », en 2017. trompette de Boris Vian au Tabou, La Petite Fleur de Sidney Bechet, Miles Davis improvi- sant la BO d’Ascenseur pour l’échafaud… Bien LE FIGARO. – Quel rôle ont joué les clubs de jazz sûr, ces musiques de leur jeunesse ne sont dans votre éducation musicale ? plus, mais ils savent qu’un renouveau des Laurent DE WILDE. – Au début des an- clubs de jazz s’opère dans la Ville Lumière. Ils nées 1980, il ne se passait plus grand-chose ont donc économisé, longtemps, pour s’of- à Paris. Le Saint-Germain-des-Prés jazz frir le voyage de leur rêve. Dont acte : Jill & était en train de mourir, les clubs comme La John sont venus à Paris du 23 novembre au Villa, Le Bilboquet, Le Furstenberg fer- 2 décembre dernier. Quel festival ! maient les uns après les autres. Heureuse- Sitôt arrivés à leur hôtel, sur une avenue voi- ment qu’il y avait Le Petit Opportun, aux sine des Champs-Élysées, Jill & John ont Halles, tenu par un intégriste nommé Ber- senti gronder la passion d’une ville pour la nard Rabaud qui jouait très bien du piano musique. En voilà une cité qui swingue, qui stride. Ça a été pendant quinze ans le point tangue ! On leur disait que Paris était une de rendez-vous de Barney Wilen, et des belle endormie : mensonges ! Nos Louisianais Américains comme Lou Rawls. J’allais pas- ont été pris par le flot joyeux d’un bœuf mu- ser l’été à New York où je trouvais une scène sical comme jamais ils n’en pensaient bouillonnante. Le contraste était saisissant. connaître. Tout semblait fait pour ressusciter Le peu d’action parisienne m’a donné envie un Paris plus jazzy que nature. Une électricité de m’établir là-bas dès 1983. dans l’air, un dérèglement des sens. Et puis cette atmosphère nébuleuse, enfumée, qui Quelles y ont été vos impressions ? pique les yeux comme dans ces caves étouf- C’était le paradis. On pouvait voir Hank fantes où l’on n’aperçoit que les silhouettes Jones et Kenny Barron jouer ensemble pour du pianiste, de la contrebasse, découpées 15 dollars, discuter avec le fondateur du Vil- dans les nuées. Voilà la vraie transgression du lage Vanguard. À mon arrivée, j’étais tombé jazz : cette musique des esclaves, des damnés sur un groupe de rue. J’étais en extase. Je de la terre, qui chantent pour oublier leurs voulais aller écouter Oscar Peterson au Blue chaînes. Et puis cette force virile, parfois Note. Ils m’ont conseillé Woody Shaw au bravache, des passionnés qui ne veulent pas Vanguard, avec Mulgrew Miller au piano. Je que la musique s’achève, prêts à en découdre ne l’ai pas regretté. avec les murs, les pavés, les grilles pour que le flot continue, libérateur. Un grand feu de Vous avez fini par revenir à Paris… camp swinguant, impulsif, syncopé, où une À mon retour, au début des années 1990, le ville entière est prise de frénésie, pour mieux jazz était redevenu à la mode. Il y avait plein s’abîmer dans le rythme pur. de guitaristes comme Sylvain Luc ou Louis Jill & John sont repartis, la tête farcie de mu- Winsberg, qui étaient des disciples de Pat sique et de souvenirs. Ils ont rapporté de Metheny et de Mike Stern. En allant voir des une conjonctivite, une inflammation concerts au New Morning on avait l’impres- des poumons et deux vestes sans manches

sion de participer à l’histoire. couleur canari. À Paris, c’est le dernier cri. ❚ S.GRIPOIX

Qu’est-ce qui fait un bon club de jazz ? Un club, ce n’est pas une salle de concerts. Il y a une intimité particulière. La perception Laurent de Wilde des silences, des regards, des respirations est sera en concert LA SEMAINE PROCHAINE multipliée par deux. Entendre les soupirs, le 18 décembre Nos 20 meilleures tables c’est merveilleux. Aucun club parisien n’est à Élancourt (78) parfait, l’auditeur doit faire un effort à tra- et le 21 janvier de l’année vers une attention positive. Jouer en club est au Pan Piper (XIe).