Critiques / Bullets Over Broadway / Jeanne La Pucelle / Outbreak / Le Professionnel / Shallow Grave]
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Document generated on 09/26/2021 3:33 p.m. Ciné-Bulles Le cinéma d’auteur avant tout Critiques Bullets Over Broadway Jeanne la Pucelle Outbreak le Professionnel Shallow Grave Michel Coulombe, Jean Beaulieu, Stéphane Morin, Jeanne Deslandes and Bernard Perron Volume 14, Number 1, Winter–Spring 1995 URI: https://id.erudit.org/iderudit/33823ac See table of contents Publisher(s) Association des cinémas parallèles du Québec ISSN 0820-8921 (print) 1923-3221 (digital) Explore this journal Cite this review Coulombe, M., Beaulieu, J., Morin, S., Deslandes, J. & Perron, B. (1995). Review of [Critiques / Bullets Over Broadway / Jeanne la Pucelle / Outbreak / le Professionnel / Shallow Grave]. Ciné-Bulles, 14(1), 52–59. Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 1995 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Critiques Diane Wiest et John Cusack dans Bullets Over Broadway BULLETS OVER BROADWAY auteur angoissé des années 20 dont la pièce sera de Woody Allen jouée à Broadway. Même s'il est nettement plus jeune et s'il a un physique très différent de celui du par Michel Coulombe réalisateur, John Cusack rappelle Allen par son jeu nerveux et son personnage même. Tout comme, inévitablement, Mia Farrow empruntait au réalisa teur un jeu fébrile et un débit mitraillé. Il existe un oody Allen est certainement l'un des réa type allenien comme il y a un style fellinien ou un lisateurs les plus prolifiques qui soient. phrasé romherien. Bullets Over Broadway W Chaque année amène un nouveau film, et ce depuis plus de 25 ans. Se succèdent ainsi les 35 mm / coul. / 98 min / œuvres introspectives et les films divertissants et, Sur fond de coulisses affolées, qui rappellent celles 1994 /fict. /États-Unis parfois, des films qui offrent un heureux croisement de Noises Off de Michael Frayn, Bullets Over de ces deux courants. Bullets Over Broadway ap Broadway évoque le prix à payer pour connaître la Réal: WoodyAllen Scén.: Woody Allen et partient, comme d'ailleurs le récent Manhattan gloire, et s'intéresse au véritable talent. David, auteur Douglas McGrath Murder Mystery, à la veine ludique, qui, chez et metteur en scène, doit, pour faciliter le finance Image: Carlo Di Palma Allen, n'exclue surtout pas les considérations sur le ment de la production de sa pièce, y tolérer, dans le Son: Frank Graziadei sens de la vie. rôle de la psy, la petite amie sans le moindre talent Mus.: Dick Hyman Mont.: Susan E. Morse d'un mafieux qui, en contrepartie, joue au mécène. Prod.: Magnolia Productions À la différence toutefois de Manhattan Murder Lourd compromis. La vie d'un dramaturge étant Inc., Sweetland Film et B.V. Mystery où Allen tenait un des rôles principaux, aux riche en surprises, David voit ses amours bouscu Dist.: Alliance Vivafilm côtés de sa muse et compagne des années Annie Hall lées, sa vie remuée et son texte transformé. En fait, la Int.: Dianne Wiest. John pièce n'est jamais aussi juste que lorsque les acteurs Cusack, Mary-Louise Parker, et Manhattan, Diane Keaton, le réalisateur ne joue Rob Reiner, Jennifer Tilly, pas dans Bullets Over Broadway. Pourtant, on le s'éloignent des intentions originales du dramaturge. Tracey Ullman voit et on l'imagine dans le rôle de David Shayne, cet Allen signe un film sur les sacrifices auxquels doit Vol. 14 n» 1 CMÏ3ULLES 52 Critiques consentir un auteur pour atteindre au succès et dé Jeanne La Pucelle JEANNE LA PUCELLE I - Les Batailles montre qu'un artiste peut en cacher un autre, dans ce de Jacques Rivette cas-ci un tueur à gages qui, lui, ne tolère pas de II - Les Prisons compromis. D'où les coups de feu. par Jean Beaulieu 35 mm /coul. /160 et 176 min / 1992-1993/fiel. /France Dans la foulée d'un divorce tumultueux, Woody Allen, qui raconte l'histoire d'un auteur face à son as facile, même pour un vieux routier du Réal.: Jacques Rivette Scén. : Christine Laurent et œuvre et ses interprètes, aurait pu évoquer plus cinéma, de tourner un film sur une histoire si Pascal Bonitzer directement sa propre situation comme d'ailleurs il P souvent adaptée au grand écran, surtout lors Image: Willy Lubtchansky l'avait fait dans Husbands and Wives. En appa que des maîtres comme Dreyer et Bresson en ont tiré Son: Florian Edenbenz rence, il ne cède pas à la tentation du film à clé. Tout la substance d'œuvres majeures. Ne craignant pas les Mont. : Nicole Lubtchansky Mus.: Jordi Savait de même, petite vengeance, il évoque ce malentendu défis, Rivette s'attaque au mythe et nous livre, fidèle Prod.: Martine Marignac - qui subsiste lorsqu'une femme aime l'artiste plutôt à ses habitudes, un film-fleuve dont les deux parties Pierre Grise Productions que l'homme, fait descendre de manière très expédi- — assez symétriques — totalisent plus de cinq Int.: Sandrine Bonnaire, An ti ve une mauvaise actrice par un fier-à-bras exaspéré heures et demie. dré Marcon, Jean-Louis Ri et réunit sur scène trois actrices d'une grande sottise chard ou d'une absolue vanité. Malgré sa longueur et un départ un peu lent, le film prend rapidement sa vitesse de croisière. Le seul Le personnage de Jennifer Tilly, la sotte et mignonne moment un peu languissant correspond au moment Olive, se croit taillé pour le premier rôle mais s'ac où Jeanne subit les affres de l'attente, dans les «Bizarrement, nous n'avons commode mal d'un personnage secondaire dont les Prisons, soit après l'échec vécu à la porte Saint- jamais parlé de Dieu. On ne répliques sont pour elle un mystère insondable. Celui Honoré de Paris et avant la période de sa détention s'est pas vraiment posé la ques de Tracey Ullman accorde plus d'attention à son chez les Bourguignons. tion de savoir si Jeanne croyait chien adoré qu'à la production. Quant à la diva sur le en Dieu ou pas. Pour nous c'était évident dès le départ. retour composée par Dianne Wiest, elle triomphe S'appuyant en grande partie sur l'ouvrage de Régine Dans le film, on ne voit jamais quotidiennement dans son numéro, très au point, de Pernoud (ainsi que, comme ses illustres prédéces une prière les yeux aux ciel, au légende vivante manipulatrice. Ses «Please, don't seurs, sur les minutes même du procès de Rouen), sens où Jeanne serait complè talk» empressés ont le génie d'exprimer exactement Rivette y a trouvé une astuce, non seulement pour tement illuminée. Les prières le contraire de ce qu'ils suggèrent et de chavirer contourner les pièges habituels de la narration tradi sont montrées comme une con centration sur elle-même. En David. Si les actrices font largement les frais de cette tionnelle, mais aussi pour filmer à l'économie. Il a core une fois, c 'est une volonté, comédie, l'acteur qui complète la distribution, inter décidé d'entrecouper «l'action» de passages en voix une discipline. Comme un spor prété par Jim Broadbent, n'est guère plus édifiant, off, d'intertitres explicatifs et de plans fixes dans tif qui s'entraîne tous les jours. boulimique incapable d'affronter le stress dont le lesquels les personnages confient aux spectateurs tour de taille dépasse les pires cauchemars du met leurs souvenirs ou commentaires à propos de Jeanne, (...) teur en scène. ni plus ni moins sous forme d'interview, à la façon «Jeanne est humaine. J'ai voulu des documentaires d'aujourd'hui. Ainsi s'ébranle le la rendre humaine. Pour moi Reproduisant le regard du spectateur au théâtre, film, avec le témoignage d'Isabelle Romée, mère de les héros sont des gens humains. Allen recourt aux plans séquences, style très diffé Jeanne, qui vante la piété de sa fille. En ce sens le bûcher est vrai ment la conclusion. On va sa rent de la caméra alerte de Don't Drink the Water, voir si elle est humaine ou pas. sa plus récente réalisation. Dans ce téléfilm diffusé Escamotant la partie familiale à Domrémy et les Et elle souffre, elle sent le feu, l'automne dernier à la télévision américaine, le réa manifestations des fameuses «voix» qu'entend comme n 'importe quelle autre lisateur reprend, justement, une de ses pièces créées Jeanne, qu'il trouvait impossibles à filmer, Rivette femme. C'est un être de chaire! d'os. Les «Jésus» sont dits de à Broadway dans les années 60. Le soin qu' il apporte amorce donc le récit de son film à Vaucouleurs en cette manière-là. Rivette était au choix musical (Kern et Hammerstein, Porter, janvier 1429, avec l'intention de présenter l'héroïne surpris du dernier «Jésus» qui Rodgers et Hart, Gershwin, etc.), au décor et aux comme une jeune femme normale, mais déterminée est crié. Pour moi, il était évi couleurs dans Bullets Over Broadway tranche radi à l'extrême, mue par une force mystérieuse et mys dent que ça s'est passé comme calement sur la majorité des films de nos voisins. Et tique qui la pousse à vouloir «sauver la France». Ce ça. C'est la panique, elle est arrachée à la vie. En même on aimerait que les innombrables coups de feu des qui donne, dans un premier temps, les Batailles, où temps, elle sait que ça ne ta Schwarzenegger, Stallone et autres gorilles l'on assiste à l'émancipation de Jeanne et à son dérangera pas d'être ailleurs, survitaminés, grands ambassadeurs d'Hollywood, «ascension» graduelle jusqu'au dauphin ainsi qu'à avec Dieu.