CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS Recueil de jurisprudence canadienne en mati`ere de retraite et d’avantages sociaux

VOLUME 89 (Cited 89 C.C.P.B.)

EDITOR/REDACTRICE´ Andrea Boctor, B.COMM., LL.B. Stikeman Elliott, Toronto

ASSOCIATE EDITORS/REDACTEURS´ ADJOINTS Bruce Pollock, B.COMM., LL.B. Michel Legendre, B.A., LL.L. Stikeman Elliott, Toronto Stikeman Elliott, Montr´eal Catherine A. Jenner, B.A., M.L.S., LL.B., B.C.L. Stikeman Elliott, Montr´eal

CARSWELL EDITORIAL STAFF/REDACTION´ DE CARSWELL Jeffrey D. Mitchell, B.A., M.A. Director, Editorial Production and Manufacturing Catherine Bennett, B.A., LL.B., LL.M. Product Development Manager Sharon Yale, LL.B., M.A. Julia Fischer, B.A.(HON.), LL.B. Supervisor, Legal Writing Acting Supervisor, Legal Writing Susan Koster, B.A.(HON.), LL.B. Lori Lockwood, B.A.(HON.), LL.B. Lead Legal Writer Senior Legal Writer Barbara Roberts, B.A.(HON.), LL.B. Bridget Mak, B.A.(HON.), LL.B. Senior Legal Writer Legal Writer Rachel Bernstein, B.A.(HON.), J.D. Andrea Toews, B.A., LL.B., LL.M. Legal Writer Legal Writer Mark Koskie, B.A.(HON.), M.A., LL.B. Martin-Fran¸cois Parent, LL.B., Legal Writer LL.M., DEA (PARIS II) Bilingual Legal Writer Michel Marison, B.A.(HON.) Bilingual Content Editor CANADIAN CASES ON PENSIONS AND BENEFITS, a national series of Recueil de jurisprudence canadienne en mati`ere de retraite et annotated topical law reports, is published 12 times per year. Subscription d’avantages sociaux, une s´erie nationale de recueils de jurisprudence rate $397.00 per bound volume including parts. Indexed: Carswell’s Index to sp´ecialis´ee et annot´ee, est publi´e 12 fois par ann´ee. L’abonnement est de Canadian Legal Literature. 397 $ par volume reli´e incluant les fascicules. Indexation: Index a` la docu- mentation juridique au Canada de Carswell.

Editorial Offices are also located at the following address: 430 rue St. Pierre, Le bureau de la r´edaction est situ´e a` Montr´eal — 430, rue St. Pierre, Mon- Montr´eal, Qu´ebec, H2Y 2M5. tr´eal, Qu´ebec, H2Y 2M5.

______© 2011 Thomson Reuters Canada Limited © 2011 Thomson Reuters Canada Limit´ee

NOTICE AND DISCLAIMER: All rights reserved. No part of this publica- MISE EN GARDE ET AVIS D’EXONERATION´ DE RESPON- tion may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any SABILITE´ : Tous droits r´eserv´es. Il est interdit de reproduire, m´emoriser sur form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording or un syst`eme d’extraction de donn´ees ou de transmettre, sous quelque forme ou otherwise, without the prior written consent of the publisher (Carswell). par quelque moyen que ce soit, electronique´ ou m´ecanique, photocopie, enre- gistrement ou autre, tout ou partie de la pr´esente publication, a` moins d’en avoir pr´ealablement obtenu l’autorisation ecrite´ de l’´editeur, Carswell. A licence, however, is hereby given by the publisher: Cependant, l’´editeur conc`ede, par le pr´esent document, une licence :

(a) to a lawyer to make a copy of any part of this publication to give to a a) a ` un avocat, pour reproduire quelque partie de cette publication pour judge or other presiding officer or to other parties in making legal submis- remettre a` un juge ou un autre officier-pr´esident ou aux autres parties dans sions in judicial proceedings; une instance judiciaire;

b) a` un juge ou un autre officier-pr´esident, pour produire quelque partie de (b) to a judge or other presiding officer to produce any part of this publication cette publication dans une instance judiciaire; ou in judicial proceedings; or c) a` quiconque, pour reproduire quelque partie de cette publication dans le cadre de d´elib´erations parlementaires. (c) to anyone to reproduce any part of this publication for the purposes of « Instance judiciaire » comprend une instance devant une cour, un tribunal ou parliamentary proceedings. une personne ayant l’autorit´e de d´ecider sur toute chose affectant les droits ou les responsabiliti´es d’une personne. “Judicial proceedings” include proceedings before any court, tribunal or per- Ni Carswell ni aucune des autres personnes ayant particip´e a` la r´ealisation et son having authority to decide any matter affecting a person’s legal rights or a` la distribution de la pr´esente publication ne fournissent quelque garantie liabilities. que ce soit relativement a` l’exactitude ou au caract`ere actuel de celle-ci. Il est entendu que la pr´esente publication est offerte sous la r´eserve expresse que ni Carswell and all persons involved in the preparation and sale of this publica- Carswell, ni le ou les auteurs de cette publication, ni aucune des autres per- tion disclaim any warranty as to accuracy or currency of the publication. This sonnes ayant particip´e a` son elaboration´ n’assument quelque responsabilit´e publication is provided on the understanding and basis that none of Carswell, que ce soit relativement a` l’exactitude ou au caract`ere actuel de son contenu the author/s or other persons involved in the creation of this publication shall ou au r´esultat de toute action prise sur la foi de l’information qu’elle be responsible for the accuracy or currency of the contents, or for the results renferme, ou ne peuvent etreˆ tenus responsables de toute erreur qui pourrait of any action taken on the basis of the information contained in this publica- s’y etreˆ gliss´ee ou de toute omission. tion, or for any errors or omissions contained herein. La participation d’une personne a` la pr´esente publication ne peut en aucun cas etreˆ consid´er´ee comme constituant la formulation, par celle-ci, d’un avis No one involved in this publication is attempting herein to render legal, ac- juridique ou comptable ou de tout autre avis professionnel. Si vous avez counting, or other professional advice. If legal advice or other expert assis- besoin d’un avis juridique ou d’un autre avis professionnel, vous devez tance is required, the services of a competent professional should be sought. retenir les services d’un avocat ou d’un autre professionnel. Les analyses The analysis contained herein should in no way be construed as being either comprises dans les pr´esentes ne doivent etreˆ interpr´et´ees d’aucune fa¸con official or unofficial policy of any governmental body. comme etant´ des politiques officielles ou non officielles de quelque organ- isme gouvernemental que ce soit.

8 The paper used in this publication meets the minimum requirements of 8 Le papier utilis´e dans cette publication satisfait aux exigences minimales American National Standard for Information Sciences — Permanence of Pa- de l’American National Standard for Information Sciences — Permanence of per for Printed Library Materials, ANSI Z39.48-1984. Paper for Printed Library Materials, ANSI Z39.48-1984.

ISSN 1195-5848 Printed in Canada by Thomson Reuters ISBN 978-0-7798-0655-3

CARSWELL, A DIVISION OF THOMSON REUTERS CANADA LIMITED One Corporate Plaza Customer Relations 2075 Kennedy Road Toronto 1-416-609-3800 Toronto, Ontario Elsewhere in Canada/U.S. 1-800-387-5164 M1T 3V4 Fax 1-416-298-5082 www.carswell.com E-mail www.carswell.com/email Welk c. McGill University 175

[Indexed as: Welk c. McGill University] Thomas James Velk, Kohur Gowrisankaran, Lawrence Mysak, Isztar Zawadski, Henry Leighton, William G. Brown, Neville Sancho et Daniel Guitton (Appelants-demandeurs) c. Universit´e McGill / McGill University (Intim´ee-d´efenderesse) Cour d’appel du Qu´ebec Docket: C.A. Montr´eal 500-09-019801-091 2011 QCCA 578 A. Brossard, F. Doyon, JJ.C.A., G. Cournoyer, J.C.A. (ad hoc) Heard: 24 janvier 2011 Judgment: 24 mars 2011 Droit du travail et de l’emploi –––– Loi sur les normes du travail — Traite- ment — Salaire egal´ pour travail equivalent´ –––– En vertu de son r´egime de retraite, l’universit´e permettait a` ses employ´es de cotiser au r´egime jusqu’`a l’ˆage de 69 ans — Assembl´ee nationale a adopt´e une r`egle selon laquelle un employ´e ne devrait pas etreˆ autoris´e a` cotiser a` un r´egime de retraite une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 71 ans — Employ´es de l’universit´e souhaitaient cotiser au r´egime apr`es leur 69e anniversaire de naissance, mais l’universit´e a refus´e — Employ´es ont d´epos´e une requˆete en jugement d´eclaratoire et injonc- tion permanente devant la Cour sup´erieure — Juge de premi`ere instance a fait remarquer que la Loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite permettait aux employeurs de cesser de cotiser a` un r´egime de retraite une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 65 ans, et qu’ainsi la position de l’universit´e etait´ plus g´en´ereuse, et elle a rejet´e la requˆete — Employ´es ont interjet´e appel — Appel rejet´e — Ar- ticle 19 de la Charte des droits et libert´es de la personne du Qu´ebec pr´evoit que tout employeur doit, sans discrimination, accorder un traitement ou un salaire egal´ aux membres de son personnel qui accomplissent un travail equivalent´ au mˆeme endroit — Refus de l’universit´e de permettre aux employ´es de cotiser au r´egime de retraite apr`es leur 69e anniversaire de naissance ne contrevenait pas a` l’art. 19 de la Charte qu´eb´ecoise — Cour etait´ d’avis que le traitement ou le salaire ne comprenaient pas les cotisations a` un r´egime de retraite — Position de l’universit´e concernant les cotisations a` son r´egime de retraite etait´ la mˆeme pour tous les employ´es — Par cons´equent, le refus de l’universit´e de permettre aux employ´es de cotiser apr`es leur 69e anniversaire de naissance n’´etait pas discriminatoire. R´egimes de retraite –––– Administration des r´egimes de retraite — Ad- ministrateurs, fiduciaires et d´epositaires — Discr´etion et pouvoirs –––– En vertu de son r´egime de retraite, l’universit´e permettait a` ses employ´es de cotiser 176 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B. au r´egime jusqu’`a l’ˆage de 69 ans — Assembl´ee nationale a adopt´e une r`egle selon laquelle un employ´e ne devrait pas etreˆ autoris´e a` cotiser a` un r´egime de retraite une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 71 ans — Employ´es de l’universit´e souhaitaient cotiser au r´egime apr`es leur 69e anniversaire de nais- sance, mais l’universit´e a refus´e — Employ´es ont d´epos´e une requˆete en juge- ment d´eclaratoire et injonction permanente devant la Cour sup´erieure — Juge de premi`ere instance a fait remarquer que la Loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite permettait aux employeurs de cesser de cotiser a` un r´egime de retraite une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 65 ans, et qu’ainsi la position de l’universit´e etait´ plus g´en´ereuse, et elle a rejet´e la requˆete — Employ´es ont in- terjet´e appel — Appel rejet´e — Article 10 de la Charte des droits et libert´es de la personne du Qu´ebec pr´evoit que toute personne a droit a` la reconnaissance et a` l’exercice, en pleine egalit´´ e, des droits et libert´es de la personne, sans distinc- tion, exclusion ou pr´ef´erence fond´ee sur l’ˆage sauf dans la mesure pr´evue par la loi — Cour etait´ d’avis qu’en droit qu´eb´ecois, une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 65 ans, les cotisations a` un r´egime de retraite ne sont plus obli- gatoires — En d’autres termes, une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 65 ans, les employeurs sont libres de d´ecider de permettre a` l’employ´e de continuer a` cotiser a` leur r´egime de retraite — Ainsi, l’universit´e n’avait aucune obligation de permettre a` ses employ´es de continuer a` cotiser a` leur r´egime de retraite apr`es qu’ils aient atteint l’ˆage de 65 ans, encore moins apr`es qu’ils aient atteint l’ˆage de 69 ans — Par cons´equent, le refus de l’universit´e de permettre aux employ´es de cotiser apr`es leur 69e anniversaire de naissance n’´etait pas discriminatoire. Droits de la personne –––– Ce qui constitue de la discrimination — Ageˆ — Retraite obligatoire — Questions diverses –––– En vertu de son r´egime de re- traite, l’universit´e permettait a` ses employ´es de cotiser au r´egime jusqu’`a l’ˆage de 69 ans — Assembl´ee nationale a adopt´e une r`egle selon laquelle un employ´e ne devrait pas etreˆ autoris´e a` cotiser a` un r´egime de retraite une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 71 ans — Employ´es de l’universit´e souhaitaient cotiser au r´egime apr`es leur 69e anniversaire de naissance, mais l’universit´e a refus´e — Employ´es ont d´epos´e une requˆete en jugement d´eclaratoire et injonc- tion permanente devant la Cour sup´erieure — Juge de premi`ere instance a fait remarquer que la Loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite permettait aux employeurs de cesser de cotiser a` un r´egime de retraite une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 65 ans, et qu’ainsi la position de l’universit´e etait´ plus g´en´ereuse, et elle a rejet´e la requˆete — Employ´es ont interjet´e appel — Appel rejet´e — Ar- ticle 10 de la Charte des droits et libert´es de la personne du Qu´ebec pr´evoit que toute personne a droit a` la reconnaissance et a` l’exercice, en pleine egalit´´ e, des droits et libert´es de la personne, sans distinction, exclusion ou pr´ef´erence fond´ee sur l’ˆage sauf dans la mesure pr´evue par la loi — Cour etait´ d’avis qu’en droit qu´eb´ecois, une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 65 ans, les cotisations a` un Welk c. McGill University 177 r´egime de retraite ne sont plus obligatoires — En d’autres termes, une fois que l’employ´e a atteint l’ˆage de 65 ans, les employeurs sont libres de d´ecider de permettre a` l’employ´e de continuer a` cotiser a` leur r´egime de retraite — Ainsi, l’universit´e n’avait aucune obligation de permettre a` ses employ´es de continuer a` cotiser a` leur r´egime de retraite apr`es qu’ils aient atteint l’ˆage de 65 ans, en- core moins apr`es qu’ils aient atteint l’ˆage de 69 ans — Par cons´equent, le refus de l’universit´e de permettre aux employ´es de cotiser apr`es leur 69e anniversaire de naissance n’´etait pas discriminatoire. Labour and employment law –––– Employment standards legislation — Wages — Equal pay for equal work –––– Under its pension plan, university allowed its employees to contribute to plan until age 69 — Quebec legislature enacted rule whereby employee should not be allowed to contribute to pension plan once employee has reached age 71 — University’s employees wished to contribute to plan after their 69th birthday, but university refused — Employees brought motion for declaratory judgment and permanent injunction before Supe- rior Court — Trial judge noted that Supplemental Pension Plans Act allowed employers to stop contributing to pension plan once employee has reached age 65, thus university’s position was more generous, and she dismissed motion — Employees appealed — Appeal dismissed — Article 19 of Quebec Charter of Human Rights and Freedoms provides that every employer must, without dis- crimination, grant equal salary or wages to members of his personnel who per- form equivalent work at same place — University’s refusal to let employees contribute to pension plan after their 69th birthdays did not violate art. 19 of Quebec Charter — Court was of view that salary or wages did not include con- tributions to pension plan — University’s position regarding contributions to its pension plan was same for every employee — Therefore, university’s refusal to allow employees to contribute after their 69th birthday was not discriminatory. Pensions –––– Administration of pension plans — Administrators, trustees and custodians — Discretion and powers –––– Under its pension plan, univer- sity allowed its employees to contribute to plan until age 69 — Quebec legisla- ture enacted rule whereby employee should not be allowed to contribute to pen- sion plan once employee has reached age 71 — University’s employees wished to contribute to plan after their 69th birthday, but university refused — Employ- ees brought motion for declaratory judgment and permanent injunction before Superior Court — Trial judge noted that Supplemental Pension Plans Act al- lowed employers to stop contributing to pension plan once employee has reached age 65, thus university’s position was more generous, and she dismissed motion — Employees appealed — Appeal dismissed — Article 10 of Quebec Charter of Human Rights and Freedoms provides that every person has right to full and equal recognition and exercise of his human rights and freedoms, with- out distinction, exclusion or preference based on age except as provided by 178 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B. law — Court was of view that, under Quebec law, once employee has reached age 65, contributions to pension plan are no longer mandatory — In other words, once employee has reached age 65, employers are free to decide whether to allow employee to keep contributing to their pension plan — Thus, university had no obligation to let its employees keep contributing to their pension plan after they had reached age 65, even less so after they had reached age 69 — Therefore, university’s refusal to allow employees to contribute after their 69th birthday was not discriminatory. Human rights –––– What constitutes discrimination — Age — Mandatory retirement — Miscellaneous issues –––– Under its pension plan, university al- lowed its employees to contribute to plan until age 69 — Quebec legislature en- acted rule whereby employee should not be allowed to contribute to pension plan once employee has reached age 71 — University’s employees wished to contribute to plan after their 69th birthday, but university refused — Employees brought motion for declaratory judgment and permanent injunction before Supe- rior Court — Trial judge noted that Supplemental Pension Plans Act allowed employers to stop contributing to pension plan once employee has reached age 65, thus university’s position was more generous, and she dismissed motion — Employees appealed — Appeal dismissed — Article 10 of Quebec Charter of Human Rights and Freedoms provides that every person has right to full and equal recognition and exercise of his human rights and freedoms, without dis- tinction, exclusion or preference based on age except as provided by law — Court was of view that, under Quebec law, once employee has reached age 65, contributions to pension plan are no longer mandatory — In other words, once employee has reached age 65, employers are free to decide whether to allow employee to keep contributing to their pension plan — Thus, university had no obligation to let its employees keep contributing to their pension plan after they had reached age 65, even less so after they had reached age 69 — Therefore, university’s refusal to allow employees to contribute after their 69th birthday was not discriminatory. Cases considered: Gosselin c. Qu´ebec (Procureur g´en´eral) (2002), 2002 CarswellQue 776, [2002] R.J.Q. 1298, [2002] Q.J. No. 1126, REJB 2002-31809 (Que. C.A.) — re- ferred to Gosselin c. Qu´ebec (Procureur g´en´eral) (2002), (sub nom. Gosselin v. Quebec (Attorney General)) 221 D.L.R. (4th) 257, (sub nom. Gosselin v. Quebec (Attorney General)) 100 C.R.R. (2d) 1, (sub nom. Gosselin v. Quebec (Attorney General)) 44 C.H.R.R. D/363, (sub nom. Gosselin v. Quebec (Attorney General)) [2002] 4 S.C.R. 429, 2002 SCC 84, 2002 CarswellQue 2706, 2002 CarswellQue 2707, (sub nom. Gosselin v. Qu´ebec (Procureur Welk c. McGill University 179

g´en´eral)) 298 N.R. 1, [2002] S.C.J. No. 85, REJB 2002-36302 (S.C.C.) — referred to Qu´ebec (Commission des droits de la personne) c. St-Jean-sur-Richelieu (Commission scolaire) (1994), (sub nom. Saint-Jean-sur-Richelieu (Commission scolaire) c. Qu´ebec (Commission des droits de la personne) (No. 2)) 21 C.H.R.R. D/173, 1994 CarswellQue 264, [1994] R.J.Q. 1227, (sub nom. Quebec (Commission des droits de la personne) v. St-Jean-Sur- Richelieu (Commission scolaire)) 117 D.L.R. (4th) 67, 64 Q.A.C. 1 (Que. C.A.) — referred to Ruel c. Marois (2001), 2001 CarswellQue 2681, [2001] R.J.Q. 2590, REJB 2001-27081 (Que. C.A.) — referred to Withler v. Canada (Attorney General) (2011), [2011] 4 W.W.R. 383, 87 C.C.P.B. 161, 2011 SCC 12, 15 B.C.L.R. (5th) 1, 329 D.L.R. (4th) 193, D.T.E. 2011T-181, 2011 CarswellBC 379, 2011 CarswellBC 380 (S.C.C.) — considered Statutes considered: Budget Implementation Act, 2007, S.C. 2007, c. 29 Generally — referred to s. 34 — considered s. 34(1)(i) — considered s. 34(2) — considered s. 36(2) — considered s. 36(4) — considered Canadian Charter of Rights and Freedoms, Part I of the Constitution Act, 1982, being Schedule B to the Canada Act 1982 (U.K.), 1982, c. 11 Generally — referred to Charte des droits et libert´es de la personne, L.R.Q., c. C-12 en g´en´eral — referred to art. 10 — considered art. 15 — considered art. 19 — considered R´egimes compl´ementaires de retraite, Loi sur les, L.R.Q., c. R-15.1 en g´en´eral — referred to art. 5 — considered art. 5 al. 2 — referred to art. 6 — considered art. 75-78 — referred to art. 76 — considered art. 78 — considered art. 78 et seq. — referred to 180 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

Regulations considered: Income Tax Act, R.S.C. 1985, c. 1 (5th Supp.) Income Tax Regulations, C.R.C. 1978, c. 945 Generally — referred to s. 8502(e)(i) — considered s. 8506(2)(c.1) [rep. & sub. 2007, c. 29, s. 36] — considered

APPEL interjet´e par des employ´es a` l’encontre d’une d´ecision publi´ee a` Welk c. McGill University (2009), D.T.E. 2009T-454, 76 C.C.P.B. 147, 2009 Carswell- Que 5450, EYB 2009-159740, 2009 QCCS 2430 (Que. S.C.), ayant rejet´e leur requˆete en jugement d´eclaratoire et injonction permanente visant a` leur permet- tre de continuer a` cotiser a` leur r´egime de retraite jusqu’`a l’ˆage de 71 ans.

Me Julius H. Grey, Me V´eronique Cyr pour les appelants Me Gregory B. Bordan pour l’intim´ee

La Cour:

1 Il s’agit d’un pourvoi a` l’encontre d’un jugement du 1er juin 2009 de la Cour sup´erieure, district de Montr´eal (l’honorable H´el`ene Poulin), qui rejetait avec d´epens la requˆete en jugement d´eclaratoire et injonction permanente des appelants, professeurs a` l’institution intim´ee. Par leur re- quˆete, les appelants demandaient a` la Cour sup´erieure et maintenant a` notre Cour de : DECLARE that Plaintiffs are entitled to receive employer’s pension contributions and to contribute to the McGill Pension Plan between the age 69 and 71; DECLARE inoperative the amendment to the plan adopted to take effect on December 31, 2007 to the extent to which they conflict with this right; IN ADDITION, TO ISSUE a permanent injunction ordering Defen- dant to contribute and to allow contribution by Plaintiff to the McGill Pension Plan when Plaintiffs are between age 69 and 71;

LE CONTEXTE 2 Le r´egime de retraite mis en place par l’Universit´e McGill (« Mc- Gill ») pour ses employ´es est un r´egime priv´e assujetti a` la Loi sur les Welk c. McGill University La Cour 181

r´egimes compl´ementaires de retraite1. L’article 73 L.R.C.R., tout comme le r´egime de retraite de McGill, fixe a` 65 ans l’ˆage normal de la retraite. Lorsqu’un participant d´ecide de demeurer au travail apr`es cette date, l’article 76 L.R.C.R. enonce´ que sa rente normale est en principe ajourn´ee jusqu’`a ce qu’il prenne sa retraite. Selon la juge de premi`ere instance, et c’est l`a que se situe le nœud du litige, l’article 78 L.R.C.R. pr´evoit qu’au cours de la p´eriode d’ajournement, le versement de cotisa- tions par le participant est facultatif s’il ne donne pas lieu a` une con- trepartie patronale. 3 S’autorisant de ces dispositions, McGill d´ecide, a` compter du 1er janvier 1997, de prolonger jusqu’`a 69 ans l’ˆage auquel les participants peuvent cotiser au r´egime de retraite2. Elle s’engage egalement´ a` con- tribuer au r´egime de retraite des participants demeurant a` son service jusqu’`a ce qu’ils atteignent 69 ans. 4 A` l’´epoque, cet ageˆ charni`ere co¨ıncidait avec l’ˆage auquel les partici- pants a` un r´egime de retraite devaient obligatoirement commencer a` percevoir leurs prestations de retraite en vertu de la l´egislation fiscale alors en vigueur. 5 En d´ecembre 2007, par l’adoption de la Loi portant ex´ecution de certaines dispositions du budget d´epos´e au Parlement le 19 mars 20073, le l´egislateur f´ed´eral repousse de 69 a` 71 ans l’ˆage de la conversion obli- gatoire, une etape´ qui marque le d´ebut du versement au participant de ses prestations de retraite, de mˆeme que la fin du cong´e fiscal dont il pouvait b´en´eficier jusque-l`a. L’article 34 de cette loi, qui modifie le R`eglement de l’impˆot sur le revenu4, enonce´ que : 34. (1) Le sous-alin´ea 8502e)(i) du mˆeme r`eglement est remplac´e par ce qui suit : (i) d’une part, exige que le versement au participant des prestations de retraite pr´evues par chaque disposition a` cotisations ou a` presta- tions d´etermin´ees d´ebute au plus tard a` la fin de l’ann´ee civile dans laquelle le participant atteint 71 ans; toutefois :

1L.R.Q., c. R-15.1 (ci-apr`es « L.R.C.R. »). 2D-3 : Amendment No. 18 to the McGill University Pension Plan with effect as of January 1, 1997, M.A., p. 291. 3L.C. 2007, c. 29 (ci-apr`es « Loi d’ex´ecution du budget de 2007 »). 4C.R.C., c. 945. 182 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

(A) si les prestations sont pr´evues par une disposition a` presta- tions d´etermin´ees, leur versement peut d´ebuter a` tout moment post´erieur que le ministre juge acceptable, mais seulement si le montant des prestations payables, calcul´e sur une ann´ee, ne d´epasse pas celui qui serait payable si le versement des pre- stations d´ebutait a` la fin de l’ann´ee civile dans laquelle le par- ticipant atteint 71 ans, (B) si les prestations sont pr´evues par une disposition a` cotisa- tions d´etermin´ees conform´ement a` l’alin´ea 8506(1)e.1), leur versement peut d´ebuter au plus tard a` la fin de l’ann´ee civile dans laquelle le participant atteint 72 ans, (2) Le paragraphe (1) s’applique a` compter de 2007. (soulignement ajout´e) 6 Le paragraphe 36(2) de la Loi d’ex´ecution du budget de 2007 modifie egalement´ l’article 8506(2)c.1 du R`eglement de l’impˆot sur le revenu afin qu’il soit r´edig´e ainsi : 36. (2) Le passage de l’alin´ea 8506(2)c.1) du mˆeme r`eglement pr´ec´e- dant le sous-alin´ea (i) est remplac´e par ce qui suit : c.1) apr`es l’ann´ee civile dans laquelle le participant atteint 71 ans, aucune cotisation n’est vers´ee a` son egard´ dans le cadre de la disposition et aucune somme n’est transf´er´ee a` son profit a` la disposition d’une autre disposition a` cotisa- tions ou a` prestations d´etermin´ees du r´egime, sauf s’il s’agit d’une somme qui est transf´er´ee a` son profit a` la dis- position : [...] (4) Les paragraphes (1) a` (3) s’appliquent a` compter de 2007. (soulignement ajout´e) 7 En somme, en vertu de ces modifications l´egislatives, aucune cotisa- tion ne peut etreˆ vers´ee a` un r´egime de retraite apr`es la fin de l’ann´ee civile au cours de laquelle le participant atteint l’ˆage de 71 ans. D´educt- ibles d’impˆots pendant la p´eriode de capitalisation, les cotisations ac- cumul´ees par le participant commencent alors obligatoirement a` lui etreˆ vers´ees sous forme de rente imposable. Bref, ces dispositions fiscales ne forcent pas le participant a` prendre sa retraite, mais ont pour effet de l’obliger a` recevoir sa rente mˆeme s’il continue a` travailler. 8 Le 31 d´ecembre 2007, McGill modifie le r´egime de retraite de ses employ´es de mani`ere a` l’arrimer au texte du R`eglement de l’impˆot sur le Welk c. McGill University La Cour 183

revenu, haussant a` 71 ans l’ˆage auquel ses employ´es doivent obligatoire- ment commencer a` percevoir leur rente. La pi`ece D-2 illustre les modifi- cations apport´ees a` l’article 6.3 du r´egime de retraite5 : 6.3. A Member may elect to remain in the service of the University beyond the normal retirement date. In such event, the commence- ment of such Member’s Retirement Benefit shall be delayed until such Member’s actual retirement date and required contributions by the Member and the University will continue until such date, pro- vided that in no event shall the Retirement Benefit for such Member commence later than the last day of the calendar year in which such Member reaches the age of 71 69 years or such other date as may be prescribed by Applicable Legislation from time to time. McGill ne modifie toutefois pas l’ˆage jusqu’auquel elle-mˆeme et ses em- ploy´es peuvent contribuer au r´egime de retraite de ces derniers, qui demeure toujours fix´e a` 69 ans. 9 Les appelants souhaitent avoir la possibilit´e d’accroˆıtre leur r´egime de retraite jusqu’`a ce qu’ils atteignent l’ˆage de 71 ans en continuant leur propre contribution a` ce r´egime post´erieurement a` l’ˆage de 69 ans et en exigeant que McGill fasse de mˆeme. Selon eux, McGill les prive d’un avantage auquel ils ont droit a` cause de leur age,ˆ ce qui constitue une forme de discrimination fond´ee sur l’ˆage contraire a` la Charte des droits et libert´es de la personne6. 10 L’article 10 de la Charte qu´eb´ecoise est la seule disposition invoqu´ee par les appelants au soutien de leur requˆete. La Charte canadienne des droits et libert´es et son article 15 n’est pas en cause dans le litige. Devant nous, par ailleurs, les appelants ont voulu plaider l’article 19 de la Charte qu´eb´ecoise relatif au droit a` un traitement egal´ pour un travail equivalent.´ 11 A` mon avis, cette disposition n’a aucune application dans le pr´esent dossier. La contribution au r´egime de retraite ne fait pas partie du traite- ment non plus que du salaire. La rente constitue tout au plus un traite- ment diff´er´e dont la valeur est d’abord et avant tout fonction des ann´ees de service et de contribution, de l’ˆage a` la retraite, laquelle lui donne ouverture.

5D-2 : Draft of the document disclosed as Exhibit D-1, with revision marks showing the changes incorporated therein, M.A., p. 253, 270. 6L.R.Q., c. C-12 (ci-apr`es « Charte qu´eb´ecoise »). 184 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

12 En l’esp`ece, il n’y a aucune distinction entre le montant de la rente qui devait etreˆ payable au jour de la retraite et qui est cristallis´e pour tous, au mˆeme ageˆ maximum de 69 ans. 13 Il n’y a donc aucune discrimination a` cet egard´ a` l’encontre de ceux qui d´ecident de retarder leur retraite jusqu’`a l’ˆage de 71 ans et qui ne sont priv´es d’aucun droit edict´´ e a` la Charte non plus que d’aucun droit contractuel.

LE JUGEMENT ENTREPRIS 14 Apr`es avoir enonc´´ e le contexte g´en´eral de l’affaire dont elle etait´ saisie, ainsi que les pr´etentions des parties, la juge Poulin rappelle qu’en vertu de l’article 10 de la Charte qu´eb´ecoise, une distinction fond´ee sur l’ˆage n’est pas discriminatoire si elle est autoris´ee par la loi. Or, il est de la nature mˆeme de la L.R.C.R. d’´etablir des distinctions en fonction de l’ˆage. Cette loi permet a` McGill de mettre fin aux cotisations de ses em- ploy´es lorsqu’ils atteignent l’ˆage de 65 ans. Dans ce contexte, affirmer que la Charte qu´eb´ecoise ne lui permet pas d’y mettre fin lorsqu’ils sont ag´ˆ es de 69 ans serait ironique dans la mesure o`u McGill offre a` ses em- ploy´es plus que ce que la loi exige. En somme, la distinction fond´ee sur l’ˆage dont se plaignent les appelants est autoris´ee par la loi, en l’occurrence par la L.R.C.R. Ajoutant qu’une application plus g´en´ereuse que ce que la loi exige ne peut constituer une distinction discriminatoire, la juge Poulin rejette la requˆete des appelants. 15 Les appelants se pourvoient a` l’encontre de ce jugement. Le m´emoire des appelants ne soul`eve effectivement qu’une seule question en litige, a` savoir si la juge de premi`ere instance aurait commis une erreur en con- cluant que la distinction fond´ee sur l’ˆage dont se plaignent les appelants, est autoris´ee par la loi et que, pour cette raison, elle n’entre pas en conflit avec l’article 10 de la Charte qu´eb´ecoise.

LES PRETENTIONS´ DES PARTIES 16 Les appelants reprochent a` la juge d’avoir d´ecid´e que la L.R.C.R. permet a` l’employeur de mettre fin aux contributions lorsque le partici- pant atteint l’ˆage normal de retraite de 65 ans, alors qu’elle ne le stipule pas de fa¸con expresse. Selon eux, la distinction cr´e´ee par l’intim´ee pour les employ´es dont l’ˆage se situe entre 69 et 71 ans ne reposerait donc sur aucune autorisation l´egislative claire. Welk c. McGill University La Cour 185

17 Ils ajoutent que cette distinction va a` l’encontre du principe selon le- quel l’employeur doit sans discrimination verser un traitement ou un salaire egal´ a` ses employ´es qui effectuent un travail equivalent.´ Selon eux, les professeurs faisant partie de ce groupe d’ˆage auraient les mˆemes tˆaches et obligations que les autres en terme de recherche et d’enseignement. Enfin, les appelants notent que cette distinction pourrait mˆeme etreˆ consid´er´ee comme une forme de pression ill´egale pour les inciter a` prendre leur retraite de fa¸con pr´ematur´ee. 18 Enfin, ils soutiennent que la juge de premi`ere instance a commis une erreur dans son interpr´etation de la Charte qu´eb´ecoise lorsqu’elle a d´e- cid´e qu’il existe des diff´erences majeures entre celle-ci et la Charte canadienne des droits et libert´es et qu’elle aurait affirm´e que la Charte qu´eb´ecoise ne fait pas de l’´egalit´e un droit fondamental. 19 De son cˆot´e, l’intim´ee souligne que le fait d’adopter le point de vue des appelants aurait pour effet d’obliger tous les employeurs qui ont mis en place un r´egime de retraite priv´e a` y contribuer jusqu’`a ce que les participants qui demeurent au travail apr`es l’ˆage normal de la retraite at- teignent l’ˆage de 71 ans, ce qui impliquerait, dans la majorit´e des cas, la n´ecessit´e d’une contribution par l’employeur de six ann´ees suppl´ementaires. 20 La position de l’intim´ee est que s’il n’y a rien de discriminatoire a` avoir un r´egime de retraite qui pr´evoit que les contributions cesseront a` l’ˆage normal de la retraite, comme c’´etait le cas pour McGill jusqu’en 1997, il va de soi que, a fortiori, il n’y a rien de discriminatoire a` etendre´ d’une fa¸con volontaire les contributions au-del`a de l’ˆage de 65 ans, comme ce fut le cas entre 1997 et 2007, mˆeme si cette extension volontaire n’est pas pour toute la p´eriode pr´evue a` d’autres fins par des r`eglements fiscaux. 21 Selon l’intim´ee, les appelants confondent deux concepts distincts, a` savoir l’ˆage de la conversion obligatoire impos´ee par le fisc, et l’ˆage maximum de la contribution. Elle pr´ecise qu’aucune disposition de la L.R.C.R. n’oblige un employeur a` contribuer au r´egime de retraite au- del`a de la fin du mois au cours duquel le participant a atteint l’ˆage nor- mal de la retraite, soit 65 ans. D’ailleurs, un employeur n’est jamais tenu d’offrir un r´egime de retraite a` ses employ´es et en outre, a` McGill, le r´egime de retraite pr´evoit que les professeurs ne sont mˆeme pas oblig´es d’y adh´erer. 186 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

22 L’intim´ee ajoute que l’ˆage normal de la retraite constitue simplement l’ˆage a` compter duquel un participant peut, a` certaines conditions, exiger de commencer a` retirer sa rente de retraite. Les diff´erentes r`egles fiscales applicables ne r´egissent pas en soi les r´egimes de retraite sous cette seule r´eserve qu’elles imposent une date pr´ecise obligatoire pour la fin des cotisations ainsi qu’une date pr´ecise obligatoire ultime pour le d´ebut du paiement des rentes. 23 Depuis 2007, l’article 8502(e)i) du R`eglement de l’impˆot sur le revenu fixe le moment de la conversion obligatoire au plus tard a` la fin de l’ann´ee civile au cours de laquelle le participant atteint l’ˆage de 71 ans. L’article 8506(2)(c.1) du mˆeme r`eglement interdit toute contribution a` compter de ce moment. L’intim´ee all`egue que ces dispositions de na- ture purement fiscale n’ont pas pour effet d’obliger l’employeur a` con- tribuer au r´egime de retraite jusqu’`a ce moment et n’ont aucun impact sur la L.R.C.R. 24 Selon l’intim´ee, la juge de premi`ere instance n’a commis aucune er- reur en concluant que la distinction dont se plaignent les appelants est permise par la L.R.C.R. En vertu de cette loi, les contributions peuvent cesser a` l’ˆage normal de la retraite, qui est fix´e a` 65 ans. Si, et seulement si le r´egime de retraite pr´evoit le versement de contributions au cours de la p´eriode d’ajournement, ces contributions devront respecter les r`egles etablies´ aux articles 78 et suivants L.R.C.R. En offrant a` ses employ´es des conditions plus avantageuses que celles pr´evues a` la loi, le r´egime de retraite offert par l’intim´ee ne saurait etreˆ qualifi´e de discriminatoire, d’autant plus que le second alin´ea de l’article 5 L.R.C.R. enonce´ qu’un r´egime de retraite peut pr´evoir des conditions plus avantageuses que cel- les impos´ees par la loi.

L’ANALYSE 25 L’article 10 de la Charte qu´eb´ecoise edicte´ que : 10. Toute personne a droit a` la reconnaissance et a` l’exercice, en pleine egalit´´ e, des droits et libert´es de la personne, sans distinction, exclusion ou pr´ef´erence fond´ee sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’´etat civil, l’ˆage sauf dans la mesure pr´evue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handi- cap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap. Welk c. McGill University La Cour 187

Il y a discrimination lorsqu’une telle distinction, exclusion ou pr´ef´er- ence a pour effet de d´etruire ou de compromettre ce droit. (soulignement ajout´e) 26 Dans le cas pr´esent, il n’est pas contest´e que le r´egime de retraite instaur´e par McGill etablit´ clairement une distinction fond´ee sur l’ˆage. Il est evident,´ en effet, que le groupe des 69 a` 71 ans est trait´e diff´erem- ment de celui des 65 a` 69 ans. La question qui se pose en l’esp`ece est donc de savoir si cette distinction ou diff´erence est pr´evue par la loi. Une r´eponse affirmative a` cette question aurait, a` mon avis, pour effet de r´egler ipso facto le litige opposant les parties. 27 Le r´egime de retraite de McGill a et´´ e etabli´ et instaur´e sous l’autorit´e de la L.R.C.R. dont les dispositions qui suivent me paraissent les plus pertinentes : 37. La cotisation salariale est la quote-part que le participant actif est tenu de verser ou la somme qu’il choisit de verser, avec contrepartie de l’employeur. La cotisation patronale est la quote-part que l’employeur est tenu de verser. La cotisation volontaire est la somme que le participant choisit de verser, sans contrepartie de l’employeur. [...] § 3. — Rente normale 73. La rente normale est la rente de retraite dont le service d´ebute a` l’ˆage normal de la retraite. L’ˆage normal de la retraite ne peut exc´eder le premier jour du mois qui suit celui au cours duquel le participant atteint l’ˆage de 65 ans. 74. Sauf lorsque l’article 76 prescrit l’ajournement de cette rente, tout participant actif, a` l’exception de celui qui a re¸cu une rente de retraite au titre du r´egime de retraite, a droit a` la rente normale d`es qu’il atteint l’ˆage normal de la retraite. § 4. — Rente ajourn´ee 75. La rente ajourn´ee est la rente de retraite dont le service d´ebute apr`es l’ˆage normal de la retraite. 76. La rente normale d’un participant doit etreˆ ajourn´ee lorsque, apr`es l’ˆage normal de la retraite, il demeure au travail aupr`es de l’employeur pour lequel il travaillait a` cet age.ˆ 188 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

[...] 78. Si des cotisations sont vers´ees durant la p´eriode d’ajournement, la rente additionnelle qui en r´esulte doit etreˆ au moins egale´ en valeur a` la rente que constitueraient, a` la fin de la p´eriode d’ajournement, les cotisations salariales ver- s´ees au cours de cette p´eriode, avec les int´erˆets accumul´es. Elle doit egalement´ satisfaire aux exigences de l’article 84. 79. S’il y a ajournement de tout ou partie de la rente normale, le montant de la rente non vers´e durant la p´eriode d’ajournement doit etreˆ revaloris´e a` la fin de l’ajournement. Le r´egime de retraite doit pr´evoir comment s’effectue cette revalorisation. (soulignement ajout´e) 28 Il me paraˆıt evident´ de ces dispositions que tout ce qui peut survenir apr`es le jour o`u le salari´e atteint l’ˆage normal de la retraite, c’est-`a-dire l’ˆage de 65 ans, devient strictement optionnel et n’impose aucune obliga- tion de quelque nature que ce soit, au niveau des cotisations, qu’il s’agisse de celles du participant ou de l’employeur, la seule obligation etant´ la n´ecessit´e de l’ajournement du paiement de la rente normale d’un participant qui demeure au travail apr`es l’ˆage normal de la retraite. 29 L’employeur demeure le seul maˆıtre du r´egime de retraite, sous r´e- serve seulement des obligations impos´ees par la loi ou librement consen- ties au salari´e par convention, que ce soit sur une base collective ou sur une base individuelle, ce qui n’est pas le cas en l’esp`ece. 30 Ce choix unique a` l’employeur me semble ressortir clairement de l’article 78 pr´ecit´e. 31 Bref, l’article 78 ne prive pas le participant d’un droit au cours de la p´eriode d’ajournement, mais pr´evoit clairement que la contrepartie pa- tronale au versement des cotisations n’est pas obligatoire. 32 C’est ainsi que, s’autorisant des dispositions pr´ecit´ees, et tel que d´ej`a mentionn´e, McGill d´ecida, en 1997, d’ajuster le r´egime de retraite dont l’ˆage normal d’application etait´ 65 ans aux dispositions fiscales nouvel- les permettant a` tout citoyen de continuer de contribuer libre d’impˆots a` son REER´ ou autre r´egime individuel de retraite admissible au cong´e fiscal jusqu’`a l’ˆage de 69 ans et de pr´evoir l’obligation de retirer sa rente de retraite a` l’expiration de ce terme. McGill n’en avait pas l’obligation, mais instaura volontairement cette formule dite d’ajournement. Lorsque le l´egislateur, en d´ecembre 2007, prolongea de nouveau ses dispositions Welk c. McGill University La Cour 189

fiscales en repoussant de 69 a` 71 ans l’ˆage de la conversion obligatoire, McGill, comme c’´etait son droit, refusa de les suivre en maintenant l’ˆage de 69 ans comme limite aux contributions. 33 On peut souligner, en passant, que cette d´ecision de McGill ne privait pas non plus ses participants de quelque droit que ce soit compar´e a` l’ensemble de la population puisque rien n’empˆeche le professeur qui a atteint l’ˆage de 69 ans de contribuer dans un REER´ personnel le montant de ce qui aurait et´´ e sa contribution normale au r´egime de McGill, de l’ˆage de 69 ans a` celui de 71 ans, s’il le d´esire. 34 Cette distinction contest´ee n’est d’ailleurs pas la seule que l’on re- trouve dans le r´egime de retraite en litige qui, apparemment, n’a jamais fait l’objet de quelque contestation que ce soit. Qu’il suffise de souligner, a` titre d’exemple : • La participation d’un professeur au r´egime de retraite n’est pas obligatoire (art. 3.1); • Tout participant au r´egime est libre de contribuer volontairement un montant additionnel au montant de base (art. 4.1.3); • Les pourcentages de la contribution de base en regard du revenu varient substantiellement selon que le membre est ag´ˆ e de moins de 39 ans, ou de 40 a` 49 ans, ou de plus de 50 ans au moment de son adh´esion (art. 4.3); •L’ˆage normal de la retraite est toujours 65 ans (art. 6.1). 35 Enfin, le montant de la rente, ou la valeur du fonds accumul´e in- dividuellement en cas de rachat pur et simple au moment de la retraite, sont essentiellement fonction des contributions effectu´ees dans le compte particulier du salari´e, tant par l’employeur que par lui (art. 6.4.1), et l’incidence du nombre d’ann´ees de service est limit´ee a` un montant etabli´ en fonction seulement de l’ˆage normal de la retraite de 65 ans (art. 7.4.2). 36 Aucune preuve n’a et´´ e d´epos´ee au dossier pour etablir,´ dans les faits, quelle pourrait etreˆ l’incidence financi`ere r´eelle pour le participant. 37 Enfin, s’il pouvait subsister quelque doute quant a` la port´ee de l’article 78 pr´ecit´e de la loi, le Journal des d´ebats de l’Assembl´ee nation- ale du mardi 13 juin 1989, lors de l’´etude d´etaill´ee du projet de loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite devant la Commission permanente des Affaires sociales et la comparution des cadres de la R´egie des rentes du Qu´ebec, responsable de son application, ne laisse subsister aucun 190 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

doute. Les contributions au r´egime de retraite de la part de l’employeur, apr`es l’ˆage normal de la retraite, ont un caract`ere essentiellement facultatif. 38 Bref, l’employeur n’a aucune obligation de mettre sur pied un r´egime de retraite (art. 6 L.R.C.R.) et, s’il le fait, il n’a aucune obligation autre que celle etablie´ par la loi concernant l’ˆage auquel le participant peut b´en´eficier de sa rente de retraite ou cesser toute contribution mˆeme s’il continue dans son travail, soit celui de 65 ans etabli´ par la loi. 39 La loi pr´evoit egalement,´ aux articles 75 a` 78 pr´ecit´es, quels sont les droits du participant et les obligations de l’employeur lorsque le premier demeure au travail apr`es l’ˆage normal de la retraite. 40 L’utilisation de l’expression « si des cotisations sont vers´ees », a` l’article 78, d´emontre bien que le r´egime peut pr´evoir que le versement des cotisations cessera en tout temps apr`es que le participant a atteint l’ˆage normal de la retraite. Si, par ailleurs, le r´egime pr´evoit que des cotisations peuvent etreˆ vers´ees pendant la p´eriode d’ajournement, ce qui est le cas en l’esp`ece, elles devront alors respecter les dispositions pr´ecit´ees de la loi, ce qui est egalement´ le cas en l’esp`ece. Bref, la L.R.C.R. pr´evoit le caract`ere strictement facultatif des cotisations pendant la p´eriode d’ajournement. McGill pouvait donc tr`es bien pr´evoir la cessa- tion des cotisations d`es l’ˆage normal de la retraite, soit a` 65 ans, ce qui etait´ le cas jusqu’`a 1997. En permettant a` ses membres de cotiser jusqu’`a 69 ans, McGill leur accordait des conditions plus avantageuses que celles impos´ees par la loi, ce qui etait´ express´ement permis par le second alin´ea de l’article 5 L.R.C.R. 41 Par ailleurs, McGill n’a aucune obligation de fixer cet ageˆ au-del`a de 69 ans. La distinction susceptible d’en r´esulter est pr´evue et autoris´ee par la loi de sorte qu’il n’y a aucune discrimination qui en d´ecoule au sens de l’article 10 de la Charte qu´eb´ecoise. 42 En effet, et pour conclure, la jurisprudence etablit´ clairement que, contrairement a` l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libert´es, la discrimination prohib´ee par l’article 10 de la Charte qu´eb´ecoise n’existe que lorsqu’un droit fondamental enonc´´ e ailleurs dans la Charte est brim´e pour l’un ou l’autre des motifs contenus a` cet article (Qu´ebec (Commission des droits de la personne) c. St-Jean-sur- Welk c. McGill University La Cour 191

Richelieu (Commission scolaire)7; Ruel c. Marois8; Gosselin c. Qu´ebec (Procureur g´en´eral)9; Gosselin c. Qu´ebec (Procureur g´en´eral)10). Ceci n’est pas notre cas. 43 Durant le d´elib´er´e, les parties nous ont r´ef´er´e a` la d´ecision r´ecente de la Cour suprˆeme dans Withler v. Canada (Attorney General)11, qui con- cerne l’interpr´etation de l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libert´es dans le contexte d’une contestation de la r´eduction des presta- tions f´ed´erales suppl´ementaires de d´ec`es en raison de l’ˆage du d´ec`es. 44 L’article 15 n’est pas en cause dans notre pourvoi. Toutefois, l’arrˆet Withler confirme notre conclusion que la distinction fond´ee sur l’ˆage du r´egime de retraite mis en place par l’Universit´e McGill est pr´evue par la loi et ne cr´ee pas « un d´esavantage par la perp´etuation d’un pr´ejug´e ou l’application de st´er´eotypes ». 45 Pour l’ensemble de ces raisons, la Cour est d’avis que le jugement entrepris est bien fond´e en droit et elle est donc d’opinion de rejeter le pourvoi avec d´epens. Appel rejet´e.

7[1994] R.J.Q. 1227 (Que. C.A.). 8[2001] R.J.Q. 2590 (Que. C.A.). 9[2002] R.J.Q. 1298 (Que. C.A.). 10[2002] 4 S.C.R. 429 (S.C.C.), p. 658-659. 112011 SCC 12 (S.C.C.). 192 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

[Indexed as: Spence v. R.] Her Majesty the Queen, Appellant and Carroll A. Spence, Respondent Her Majesty the Queen, Appellant and David John Ratcliffe, Respondent of Appeal Docket: A-364-10, A-363-10 2011 FCA 200 Gilles L´etourneau, Eleanor R. Dawson, David Stratas JJ.A. Heard: June 8, 2011 Judgment: June 13, 2011 Tax –––– Income tax — Valuation –––– Taxpayers were unrelated teachers at Montessori school — School gave taxpayers and other teachers 50 per cent dis- count on teachers’ children’s tuition — School reported difference between dis- counted price school charged taxpayers and cost of providing education at school as taxable benefit — Taxpayers reported benefits on tax returns — Min- ister reassessed taxpayers under Income Tax Act (ITA) for 2003, 2004 and 2005 on basis that benefit was fair market value (FMV) of education, minus tuition — Observing that case law was inconsistent in area and that courts occasionally used cost approach to determine value of benefit, Tax Court judge allowed tax- payers’ appeals and referred reassessments back to Minister for reconsideration and reassessment — Tax Court judge applied reasoning in recent Tax Review Board decision with very similar facts involving s. 15(1) of ITA, wherein Board determined that value of benefit was employer’s actual cost of good or ser- vice — Minister appealed — Appeal allowed — In assessing value of benefit, issue was not cost for employer of granting benefit to employees but value of benefit received by employees — Costs of benefit to employer did not necessa- rily correspond to FMV — Assumption that value of benefit to employee would equal cost of benefit to employer was wrong — In recent decision apparently not brought to Tax Court judge’s attention, Court of Appeal had reviewed prin- ciples and jurisprudence applicable to quantification of taxable benefit under s. 6(1)(a) of ITA and concluded that equal treatment of taxpayers was facilitated by valuing benefits at FMV — CRA also instructed employers that, where FMV could be determined, employers were to value benefit based on FMV, less pay- ment made by employee — No objective evidence was provided to demonstrate that resort to valuation based on FMV was inappropriate here and, on contrary, value assessment based on costs incurred by employer potentially yielded unfair Spence v. R. 193 result — Taxing taxpayers based on tuition saved resulted in both taxpayers and other parents being taxed equally — Costs to school which depended on such matters as efficiency, overhead and suppliers were irrelevant and had no impact on value of taxable benefit enjoyed by taxpayers. Tax –––– Income tax — Employment income — Benefits — Reimburse- ments — School fees –––– Taxpayers were unrelated teachers at Montessori school — School gave taxpayers and other teachers 50 per cent discount on teachers’ children’s tuition — School reported difference between discounted price school charged taxpayers and cost of providing education at school as tax- able benefit — Taxpayers reported benefits on tax returns — Minister reas- sessed taxpayers under Income Tax Act for 2003, 2004 and 2005 on basis that benefit was fair market value (FMV) of education, minus tuition — Observing that case law was inconsistent in area and that courts occasionally used cost approach to determine value of benefit, Tax Court judge allowed taxpayers’ ap- peals and referred reassessments back to Minister for reconsideration and reas- sessment — Tax Court judge applied reasoning in recent Tax Review Board de- cision with very similar facts involving s. 15(1) of ITA, wherein Board determined that value of benefit was employer’s actual cost of good or ser- vice — Minister appealed — Appeal allowed — In assessing value of benefit, issue was not cost for employer of granting benefit to employees but value of benefit received by employees — Costs of benefit to employer did not necessa- rily correspond to FMV — Assumption that value of benefit to employee would equal cost of benefit to employer was wrong — In recent decision apparently not brought to Tax Court judge’s attention, Court of Appeal had reviewed prin- ciples and jurisprudence applicable to quantification of taxable benefit under s. 6(1)(a) of ITA and concluded that equal treatment of taxpayers was facilitated by valuing benefits at FMV — CRA also instructed employers that, where FMV could be determined, employers were to value benefit based on FMV, less pay- ment made by employee — No objective evidence was provided to demonstrate that resort to valuation based on FMV was inappropriate here and, on contrary, value assessment based on costs incurred by employer potentially yielded unfair result — Taxing taxpayers based on tuition saved resulted in both taxpayers and other parents being taxed equally — Costs to school which depended on such matters as efficiency, overhead and suppliers were irrelevant and had no impact on value of taxable benefit enjoyed by taxpayers. Tax –––– Income tax — Employment income — Benefits — Special work sites –––– Taxpayers were unrelated teachers at Montessori school — School gave taxpayers and other teachers 50 per cent discount on teachers’ children’s tuition — School reported difference between discounted price school charged taxpayers and cost of providing education at school as taxable benefit — Tax- payers reported benefits on tax returns — Minister reassessed taxpayers under 194 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

Income Tax Act for 2003, 2004 and 2005 on basis that benefit was fair market value (FMV) of education, minus tuition — Observing that case law was incon- sistent in area and that courts occasionally used cost approach to determine value of benefit, Tax Court judge allowed taxpayers’ appeals and referred reas- sessments back to Minister for reconsideration and reassessment — Tax Court judge applied reasoning in recent Tax Review Board decision with very similar facts involving s. 15(1) of ITA, wherein Board determined that value of benefit was employer’s actual cost of good or service — Minister appealed — Appeal allowed — In assessing value of benefit, issue was not cost for employer of granting benefit to employees but value of benefit received by employees — Costs of benefit to employer did not necessarily correspond to FMV — Assump- tion that value of benefit to employee would equal cost of benefit to employer was wrong — In recent decision apparently not brought to Tax Court judge’s attention, Court of Appeal had reviewed principles and jurisprudence applicable to quantification of taxable benefit under s. 6(1)(a) of ITA and concluded that equal treatment of taxpayers was facilitated by valuing benefits at FMV — CRA also instructed employers that, where FMV could be determined, employers were to value benefit based on FMV, less payment made by employee — No objective evidence was provided to demonstrate that resort to valuation based on FMV was inappropriate here and, on contrary, value assessment based on costs incurred by employer potentially yielded unfair result — Taxing taxpayers based on tuition saved resulted in both taxpayers and other parents being taxed equally — Costs to school which depended on such matters as efficiency, over- head and suppliers were irrelevant and had no impact on value of taxable benefit enjoyed by taxpayers. Cases considered by Gilles L´etourneau J.A.: Detchon v. R. (1995), 1995 CarswellNat 958, 11 C.C.P.B. 291, [1996] 1 C.T.C. 2475, [1995] T.C.J. No. 1342 (T.C.C.) — referred to Schroter v. R. (2010), 2010 CarswellNat 3171, (sub nom. Schroter v. Canada) 319 D.L.R. (4th) 450, 2010 CAF 98, 2010 CarswellNat 908, 2010 FCA 98, [2010] 4 C.T.C. 143, 2010 D.T.C. 5062 (Eng.), (sub nom. Schroter v. Minister of National Revenue) 403 N.R. 83, 81 C.C.P.B. 159 (F.C.A.) — followed Stauffer v. R. (2002), [2002] 4 C.T.C. 2608, 2002 CarswellNat 2475 (T.C.C. [Informal Procedure]) — referred to Statutes considered: Income Tax Act, R.S.C. 1985, c. 1 (5th Supp.) Generally — referred to Spence v. R. Gilles L´etourneau J.A. 195

s. 6(1)(a) — considered

APPEAL from judgment reported at Spence v. R. (2010), 2010 TCC 455, 2010 CarswellNat 3079, [2011] 1 C.T.C. 2538, 2010 D.T.C. 1312 (Eng.), 85 C.C.P.B. 94 (T.C.C. [General Procedure]).

Charles Camirand for Appellant David J. Thompson for Respondent

Gilles L´etourneau J.A.: Issues on appeal 1 These are appeals against a decision of Favreau J. of the (judge) in which he allowed with costs the respondents’ appeals against their reassessments under the Income Tax Act, R.S.C. 1985 (5th Supp.), c. 1, as amended (Act) for the 2003, 2004 and 2005 taxation years. 2 I should say at the outset that the judge felt constrained to follow the decision of a colleague of his court in Detchon v. R. (1995), [1996] 1 C.T.C. 2475 (T.C.C.) where the facts were similar to those of his case. It appears that his attention was not drawn to the decision of our Court in Schroter v. R., 2010 FCA 98, [2010] 4 C.T.C. 143 (F.C.A.). 3 I should also add for the sake of clarity that the judge rendered one set of reasons for the two appeals that were before him. Her Majesty the Queen appeals from the judge’s finding in both files. Pursuant to an Or- der of Nadon J.A., both appeals were consolidated in our Court. In con- formity with the Order of Nadon J.A., one set of reasons will be issued in the lead file (A-364-10) and a copy of said reasons will be filed in file A- 363-10. 4 The appellant submits that the only issue on appeal is the quantifica- tion of the respondents’ employment benefits under paragraph 6(1)(a) of the Act. In this respect, the appellant contends that the judge should have held that the value of the benefits was the fair market value of these be- nefits. Instead, the judge followed the Detchon decision where the value of the benefit was determined to be the actual costs of the good or service incurred by the employer. 5 In their memorandum of fact and law, the respondents raise two addi- tional issues: 196 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

a) whether the benefit was for them as employees or principally for the benefit of the employer; and b) whether there was a material acquisition by the respondents which conferred an economic benefit on them. 6 Counsel for the appellant objected to the issues raised by the respon- dents on the ground that they are contrary to, and in effect a withdrawal of, the judicial admissions of facts upon which the trial took place. After an exchange between counsel for the respondents and the members of the panel, it was understood that the sole issue before us was the valuation of the benefits received by the respondents. 7 That being so, I am satisfied that there is no recanting of the admis- sion that the respondents received a taxable benefit. Otherwise, there would be no point in discussing the value of the benefit received for tax- ation purposes if the benefit is not taxable.

The facts giving rise to the litigation 8 The respondents are teachers at a Montessori School in London, On- tario. By virtue of their employment, they were able to send their chil- dren to that school for half the standard tuition fees. For the taxation years at issue, they declared as a benefit the difference between the ac- tual overhead cost per student space available the school incurred in edu- cating the children and the employee tuition rate they had paid. The Min- ister of National Revenue reassessed them on the basis that their benefit was the fair market value of the education, minus the tuition they had paid. 9 The case proceeded in the Tax Court on the basis of the following agreed statement of facts reproduced at paragraph 2 of the judge’s rea- sons for judgment: [2] These appeals were heard on common evidence. The parties to the appeals agreed to file in Court the following Agreed Statement of Facts: 1. during the years 2003, 2004 and 2005, the Appellants were employed as teachers for The Montessori House of Children located in London, Ontario (“the School”); 2. the School serves approximately 400 children and their fami- lies annually, with the support of over 70 full and part time faculty and staff. The School’s central location houses all pro- gram levels from Toddler to Junior High and two satellite lo- Spence v. R. Gilles L´etourneau J.A. 197

cations, Westmount South and Whitehills North, have addi- tional preschool programs. 3. during the years 2003, 2004 and 2005, the respective children of the Appellants were enrolled at the School; 4. the Appellants are unrelated to each other and each deals at arm’s length with the School; 5. the Appellants are not shareholders of, and do not otherwise have an ownership interest in, the School; 6. the School granted a 50% discount on the tuition fees paid by all employees of the School, including the Appellants, for the enrollment of children of the employees, including the Appel- lants’ children, at the School; 7. the Appellants enjoyed the substantial benefits of reduced tui- tion fees by reason of their employment; 8. [t]he School enjoyed substantial benefits from having the Ap- pellant’s [sic] children attend the School, such attendance benefitting the School’s recruitment of prospective students and retention of existing students; 9. the School calculated the amount of the benefits enjoyed by the Appellants as the difference between the discounted price charged by the School to the Appellants and the cost of pro- viding education at the School as calculated by the School; 10. the amount of the benefits enjoyed by the Appellants as cal- culated by the School was included in the income of the Ap- pellants on the T-4 information returns prepared by the School, and was reported by the Appellants in their incomes for the 2003, 2004 and 2005 taxation years; 11. the amount of the cost of providing education at the School as calculated by the School is the correct determination of that cost; 12. the Minister reassessed the Appellants to increase the amount of the taxable benefit to the full amount of the discount (50% of the tuition charged to non-employees)[;] 13. the amounts of the standard tuition, the discount granted, the benefit reported and the adjustment to taxable benefit as reas- sessed in respect of the Appellants are the following: Carroll A. Spence 2003 2004 2005 Standard tuition $9,400 $9,800 $5,250 198 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

Discount granted $4,700 $4,900 $2,625 Employment Benefit reported $2,772 $2,654 $1,023 Adjustment to taxable benefit $1,928 $2,246 $1,602 David John Ratcliffe 2003 2004 2005 Standard tuition $9,400 $9,800 $10,050 Discount granted $4,700 $4,900 $5,025 Employment benefit reported $2,772 $2,654 $2,271 Adjustment to taxable benefit $1,928 $2,246 $2,754 14. the Fair Market Value of the discount, if determined by refer- ence to the tuition which would be paid in respect of a child whose parent was not employed by the School is equal to the full amount of the discount.

Analysis of the judge’s decision 10 The fate of the present appeal, in my respectful view, is governed by the decision of our Court in Schroter, cited above. What is in issue here is not the cost for the employer of granting the benefit to the employees. It is the value of the benefit received by the employees, i.e. in the present instance, the amount of the tuition fees that the respondents would have had to pay to send their children at their employer’s school if they had not been teachers at that school. This is the fair market value of the bene- fit they received, minus of course the amount that they paid for the tuition. 11 I agree with Professor Kim Brooks that costs of the benefit to the employer is the wrong instrument to assess the value of the benefit. While in some cases (see for example Stauffer v. R., [2002] 4 C.T.C. 2608 (T.C.C. [Informal Procedure]), at paragraph 17) the cost may corre- spond to the fair market value, it is not necessarily the case. 12 In her article entitled Delimiting the Concept of Income: The Taxa- tion of In-Kind Benefits, (2004) 49 McGill L.J. 255, at pages 274 and 275, Professor Brooks writes: Employers can often provide some goods or services to employees at very little cost to themselves. It is sometimes argued as a result that because these benefits are provided at no substantial cost to employ- ers, they should not be taxed in the hands of employees. However, the obvious reason for discarding this test is that it is the employee’s Spence v. R. Gilles L´etourneau J.A. 199

income that is in issue. The employer’s cost of providing these goods is irrelevant to this issue. ... The “cost to the employer” method assumes that the value of the ben- efit to the employee will equal the cost of the benefit to the employer. Both of these empirical assumptions are wrong. Employees may re- ceive a huge personal benefit from employer-provided goods and ser- vices even though they cannot sell the goods and services, and there is no reason for supposing that the value of a benefit to an employee should be in any way related to its cost to the employer. 13 In Schroter, Dawson J.A. reviewed the principles and the jurispru- dence applicable and applied to the existence and quantification of a tax- able benefit under paragraph 6(1)(a) of the Act. She concluded as fol- lows at paragraphs 47 and 48 of her reasons for judgment: [47] The equal treatment of taxpayers is facilitated by valuing their benefits at their fair market value. On an administrative basis, the Canada Revenue Agency recognizes this and instructs employers that where the fair market value of a parking pass cannot be determined, no benefit should be added to an employee’s remuneration. Where the fair market value can be determined, employers are instructed that the value of the benefit is based on the fair market value of the parking pass, less any payment the employee makes to use the space. See: Canada Revenue Agency, Employers’ Guide — Taxable Bene- fits and Allowances 2009, T4130(E) Rev. 09. [48] Given the inherent fairness of this method of valuation, and the absence of objective evidence demonstrating that a fair market value based valuation is somehow inappropriate on the facts of this case, the Tax Court judge did not err by valuing the parking pass in the amount of its fair market value. 14 Apart from the fact that I agree with this approach, no objective evi- dence was provided to us that demonstrates that resort to a fair market value based valuation is inappropriate in the present instance. On the contrary, a value assessment based on the costs incurred by the employer as advocated by the respondents can work unfairness. I will offer two examples. 15 Let us assume a non-teacher parent with an income of $50,000 who wishes to send his child to the Montessori school. He pays a tuition fee of $10,000. The school has an overhead cost of $7,000 for each student 200 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

space available. Having disbursed $10,000, this parent would be left with an income of $40,000. However, his taxable income would be $50,000. 16 Now let us take the situation of a teacher parent at the school who has an income of $45,000. He pays an employee-discounted tuition fee of $5,000. The school has an overhead cost of $7,000. The teacher would be left with an income of $40,000 after the disbursement of $5,000 for the tuition fee. 17 If this teacher’s taxable benefit were based on the overhead cost of the education for the school minus the tuition he paid ($7,000 - $5,000), he would be taxed on only $47,000, i.e. his salary plus the taxable bene- fit. He would be in the exact same position as the non-teacher parent in terms of the money he had left after paying tuition and in terms of the education his child received, yet he would be taxed on the basis of an income of $3,000 less. This seems unfair. 18 If, however, the teacher parent were taxed on the tuition he had saved, he would be taxed on $50,000 total, i.e. his salary plus the benefit. Both parties would then be taxed on the same amount. They would thus be taxed equally for the equal benefits they have received from their respec- tive jobs. As Dawson J.A. said at paragraph 47 in Schroter, cited above, “the equal treatment of taxpayers is facilitated by valuing their benefits at their fair market value”. 19 The following graphics illustrate the two scenarios: Income Yearly tuition Cost to the fee paid school Non-teacher parent $50,000 $10,000 $7,000 - $10,000 Income left $40,000 Taxable income $50,000 Income Employee tui- Cost to the tion fee paid school Teacher parent $45,000 $5,000 $7,000 - $5,000 Income left $40,000 Taxable income $47,000 ($45,000 + ($7,000 - $5,000) Spence v. R. Eleanor R. Dawson J.A. 201

20 Counsel for the appellant argued that the costs to the school depend on many factors such as efficiency, overhead, suppliers, etc. which, I agree, “are irrelevant and have no impact on the value of the taxable benefit enjoyed by the respondents”: appellant’s memorandum of fact and law, at paragraph 26. He provides the following hypothetical exam- ple which, I think, also illustrates the unfairness of treatment if the cost method is used: The tuition in three schools if $10,000. Each offers the same benefit of a $5,000 discount to their employees. The cost per student for one school is $5,000, the other is $10,000 and the last one is $11,000. According to the cost approach taken by the trial judge, the value of the discount would be $0, $5,000 or $6,000, even though each recipi- ent enjoyed the same benefit. 21 The respondents argued at the hearing that the value of the taxable benefit to the employees should be determined by a balancing, I suppose in an offset fashion, of the benefit to the employer and the benefit to the employees. 22 No authorities were cited for this proposal and I confess that I cannot find much legal and practical support for this test. As a general rule, an employer sees and seeks an advantage when he confers a benefit to an employee. With this proposed approach, instead of having to determine one value, i.e. the value of the benefit to the employee, the court would have to determine two values, i.e. that of the benefit to the employer as well.

Conclusion 23 For these reasons, I would allow the appeals without costs as re- quested by the appellant, set aside the decision of the Tax Court of Can- ada and dismiss the respondents’ appeals to the Tax Court of Canada without costs.

Eleanor R. Dawson J.A.:

I agree. 202 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

David Stratas J.A.:

I agree. Appeal allowed. Sodexho c. QNSL 203

[Indexed as: Sodexho Qu´ebec lt´ee c. Cie de chemin de fer du littoral nord de Qu´ebec & du Labrador inc.] Compagnie de chemin de fer du littoral nord de Qu´ebec et du Labrador inc. (Appelante-intim´ee incidente-d´efenderesse- demanderesse reconventionnelle) c. Sodexho Qu´ebec lt´ee (Intim´ee-appelante incidente-demanderesse-d´efenderesse reconventionnelle) Cour d’appel du Qu´ebec Docket: C.A. Montr´eal 500-09-019018-084 2010 QCCA 2408 L. Rochette, M.-F. Bich, L. Cˆot´e, JJ.C.A. Heard: 20-21 septembre 2010 Judgment: 30 d´ecembre 2010 R´egimes de retraite –––– Administration des r´egimes de retraite — Admin- istration des coˆuts et des d´epenses –––– Fournisseur de services alimentaires et l’exploitant d’une ligne de chemin de fer ont sign´e un contrat de type « cost- plus » en vertu duquel l’exploitant de la ligne de chemin de fer remboursait les frais du fournisseur de services alimentaires encourus dans le cours de ses op´era- tions et de son administration — Quelques ann´ees plus tard, l’exploitant de la ligne de chemin de fer a inform´e le fournisseur de services alimentaires qu’il s’apprˆetait a` lancer un appel d’offres pour la fourniture de services alimentaires, mettant ainsi fin a` son contrat avec le fournisseur de services alimentaires — Evaluation´ actuarielle a r´ev´el´e que le d´eficit de capitalisation dans le r´egime de retraite du fournisseur de services alimentaires s’´elevait a` 169 400 $ — Fournis- seur de services alimentaires a inform´e l’exploitant de la ligne de chemin de fer que, dans le cas o`u sa soumission n’´etait pas retenue, il lui revenait de rembourser le d´eficit de capitalisation ainsi que les frais relatifs a` la terminaison du r´egime de retraite — Soumission du fournisseur de services alimentaires n’a pas et´´ e retenue et ce dernier a proc´ed´e a` la terminaison du r´egime de retraite — Fournisseur de services alimentaires a d´epos´e plusieurs requˆetes a` l’encontre de l’exploitant de la ligne de chemin de fer, visant a` obtenir le paiement du d´eficit du r´egime de retraite, et l’exploitant de la ligne de chemin de fer a d´epos´e des demandes reconventionnelles a` l’encontre du fournisseur de services ali- mentaires — Requˆetes du fournisseur de services alimentaires et les demandes reconventionnelles de l’exploitant de la ligne de chemin de fer ont et´´ e accueillies en partie — Exploitant de la ligne de chemin de fer a et´´ e condamn´e a` rembourser le d´eficit — Exploitant de la ligne de chemin de fer a interjet´e appel 204 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B. et le fournisseur de services alimentaires a interjet´e un appel incident — Appel et appel incident accueillis en partie — Argument de l’exploitant de chemin de fer selon lequel les mots « r´egimes de retraite » que l’on retrouvait au contrat ne r´ef´eraient qu’`a la contribution mensuelle de l’employeur ne devrait pas etreˆ retenu — Comme l’a affirm´e la Cour suprˆeme du Canada, lorsque des mots sont susceptibles de deux interpr´etations, la plus raisonnable, celle qui assure un r´esultat equitable,´ doit certainement etreˆ choisie comme l’interpr´etation qui traduit l’intention des parties — Juge de premi`ere instance a conclu que l’exploitant de la ligne de chemin de fer avait toujours pay´e tous les frais relatifs au r´egime de retraite — En l’absence d’une erreur manifeste et dominante, on devrait accorder une grande d´ef´erence a` la fa¸con dont la juge de premi`ere in- stance a interpr´et´e le contrat — On devrait prendre pour acquis que les parties etaient´ au courant de la l´egislation applicable et que l’exploitant de la ligne de chemin de fer payait les frais relatifs au r´egime de retraite en toute connaissance de cause — R`egle contra stipulatorem devrait jouer en faveur du fournisseur de services alimentaires — Par cons´equent, les conclusions de la juge de premi`ere instance ne comportaient aucune erreur manifeste et dominante. Droit du travail et de l’emploi –––– Droit de l’emploi — Relations avec des tierces parties — Droits de l’employeur a` l’encontre des tierces parties — Divers –––– Fournisseur de services alimentaires et l’exploitant d’une ligne de chemin de fer ont sign´e un contrat de type « cost-plus » en vertu duquel l’exploitant de la ligne de chemin de fer remboursait les frais du fournisseur de services alimentaires encourus dans le cours de ses op´erations et de son adminis- tration — Quelques ann´ees plus tard, l’exploitant de la ligne de chemin de fer a inform´e le fournisseur de services alimentaires qu’il s’apprˆetait a` lancer un appel d’offres pour la fourniture de services alimentaires, mettant ainsi fin a` son con- trat avec le fournisseur de services alimentaires — Fournisseur de services ali- mentaires a d´epos´e plusieurs requˆetes a` l’encontre de l’exploitant de la ligne de chemin de fer et l’exploitant de la ligne de chemin de fer a d´epos´e des demandes reconventionnelles a` l’encontre du fournisseur de services alimentaires, faisant valoir que le fournisseur de services alimentaires l’avait surfactur´e, entre au- tres — Requˆetes du fournisseur de services alimentaires et les demandes recon- ventionnelles de l’exploitant de la ligne de chemin de fer ont et´´ e accueillies en partie — Au proc`es, la preuve pr´esent´ee par l’exploitant de la ligne de chemin de fer selon laquelle il avait et´´ e surfactur´e n’a pas et´´ e retenue — Exploitant de la ligne de chemin de fer a et´´ e condamn´e a` payer des services alimentaires mais le fournisseur de services alimentaires a et´´ e condamn´e a` rembourser l’exploitant de la ligne de chemin de fer pour les cr´edits auxquels il avait droit — Exploitant de la ligne de chemin de fer a interjet´e appel et le fournisseur de services ali- mentaires a interjet´e un appel incident — Appel et appel incident accueillis en partie — Mˆeme si la preuve de l’exploitant de la ligne de chemin de fer avait et´´ e Sodexho c. QNSL 205 retenue, la preuve prise dans son ensemble d´emontrait que les rapports du fournisseur de services alimentaires etaient´ fiables — En d’autres mots, selon la pr´epond´erance des probabilit´es, l’exploitant de la ligne de chemin de fer n’a pas r´eussi a` faire la d´emonstration qu’il avait et´´ e surfactur´e par le fournisseur de services alimentaires — Cour etait´ d’avis que les conclusions de la juge de pre- mi`ere instance ne comportaient aucune erreur manifeste et dominante — Par contre, l’exploitant de la ligne de chemin de fer avait droit aux cr´edits que le fournisseur de services alimentaires n’avait pas calcul´es — Par cons´equent, le fournisseur de services alimentaires devrait etreˆ condamn´e a` rembourser l’exploitant de la ligne de chemin de fer. Droit du travail et de l’emploi –––– Droit de l’emploi — Salaires et avantages sociaux — Divers –––– Fournisseur de services alimentaires et l’exploitant d’une ligne de chemin de fer ont sign´e un contrat de type « cost- plus » en vertu duquel l’exploitant de la ligne de chemin de fer remboursait les frais du fournisseur de services alimentaires encourus dans le cours de ses op´era- tions et de son administration — Quelques ann´ees plus tard, l’exploitant de la ligne de chemin de fer a inform´e le fournisseur de services alimentaires qu’il s’apprˆetait a` lancer un appel d’offres pour la fourniture de services alimentaires, mettant ainsi fin a` son contrat avec le fournisseur de services alimentaires — Fournisseur de services alimentaires a d´epos´e plusieurs requˆetes a` l’encontre de l’exploitant de la ligne de chemin de fer, visant a` obtenir le paiement du temps suppl´ementaire impay´e, et l’exploitant de la ligne de chemin de fer a d´epos´e des demandes reconventionnelles a` l’encontre du fournisseur de services ali- mentaires — Requˆetes du fournisseur de services alimentaires et les demandes reconventionnelles de l’exploitant de la ligne de chemin de fer ont et´´ e accueillies en partie — Exploitant de la ligne de chemin de fer a et´´ e condamn´e a` payer au fournisseur de services alimentaires le temps suppl´ementaire impay´e — Exploi- tant de la ligne de chemin de fer a interjet´e appel et le fournisseur de services alimentaires a interjet´e un appel incident — Appel et appel incident accueillis en partie — Exploitant de la ligne de chemin de fer a echou´´ e dans sa tentative de d´emontrer que la d´ecision de la juge de premi`ere instance etait´ mal-fond´ee — Appel interjet´e par l’exploitant de la ligne de chemin de fer n’´etait pas assez pr´ecis pour convaincre la Cour que l’´evaluation par la juge de premi`ere instance de la preuve qu’il avait pr´esent´ee comportait des erreurs manifestes et domi- nantes — Il n’appartenait pas a` la Cour de substituer son appr´eciation de la preuve a` celle de la juge de premi`ere instance — Preuve d´emontrait que l’exploitant de la ligne de chemin de fer avait accept´e les pratiques du fournis- seur de services alimentaires concernant les demandes de temps suppl´e- mentaire — Rien dans la preuve ne laissait croire que le temps suppl´ementaire n’aurait pas dˆu etreˆ pay´e ni que l’exploitant de la ligne de chemin de fer devrait etreˆ indemnis´e pour le temps suppl´ementaire pay´e — Cour etait´ d’avis que les 206 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B. conclusions de la juge de premi`ere instance ne comportaient aucune erreur manifeste ou dominante. Droit du travail et de l’emploi –––– Droit de l’emploi — Relations avec des tierces parties — Responsabilit´e de l’employeur pour les actes d’un em- ploy´e—D´elits civils — Divers –––– Fournisseur de services alimentaires et l’exploitant d’une ligne de chemin de fer ont sign´e un contrat de type « cost- plus » en vertu duquel l’exploitant de la ligne de chemin de fer remboursait les frais du fournisseur de services alimentaires encourus dans le cours de ses op´era- tions et de son administration — Quelques ann´ees plus tard, l’exploitant de la ligne de chemin de fer a inform´e le fournisseur de services alimentaires qu’il s’apprˆetait a` lancer un appel d’offres pour la fourniture de services alimentaires, mettant ainsi fin a` son contrat avec le fournisseur de services alimentaires — Soumission du fournisseur de services alimentaires n’a pas et´´ e retenue et ce dernier a proc´ed´e a` la terminaison du r´egime de retraite, ce qui a fait r´eagir les employ´es du fournisseur de services alimentaires, lesquels ont exprim´e leur op- position en refusant de quitter le lieu de travail — Exploitant de la ligne de chemin de fer a eu recours a` des gardiens de s´ecurit´e pour expulser les employ´es des lieux — Fournisseur de services alimentaires a d´epos´e plusieurs requˆetes a` l’encontre de l’exploitant de la ligne de chemin de fer et l’exploitant de la ligne de chemin de fer a d´epos´e des demandes reconventionnelles a` l’encontre du fournisseur de services alimentaires, visant a` obtenir des dommages-int´erˆets pour les frais encourus par l’exploitant de la ligne de chemin de fer en mettant fin a` la manifestation, entre autres — Requˆetes du fournisseur de services ali- mentaires et les demandes reconventionnelles de l’exploitant de la ligne de chemin de fer ont et´´ e accueillies en partie — Juge de premi`ere instance etait´ d’avis qu’aucune preuve ne laissait croire que le fournisseur de services ali- mentaires etait´ au courant que ses employ´es manifesteraient leur opposition en refusant de quitter les lieux — Juge de premi`ere instance etait´ d’avis que les employ´es qui avaient manifest´e n’agissaient pas au nom du fournisseur de ser- vices alimentaires ni ne d´efendaient ses int´erˆets — Ainsi, la juge de premi`ere instance a conclu que le fournisseur de services alimentaires n’avait pas commis de faute — Exploitant de la ligne de chemin de fer a interjet´e appel et le fournis- seur de services alimentaires a interjet´e un appel incident — Appel et appel inci- dent accueillis en partie — Aucune preuve ne laissait croire que, selon la pr´e- pond´erance des probabilit´es, le fournisseur de services alimentaires avait encourag´e ses employ´es a` manifester ni commis une faute de toute autre mani`ere — Preuve laissait croire que la manifestation avait et´´ e organis´ee par le syndicat — Cour etait´ d’avis que les employ´es qui avaient manifest´e n’agissaient pas dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions — Par cons´e- quent, la Cour a convenu avec la juge de premi`ere instance que les employ´es qui Sodexho c. QNSL 207 avaient manifest´e n’agissaient pas au nom du fournisseur de services alimentaires. D´elits civils –––– Negligence ´ — Responsabilit´e du fait d’autrui — Di- vers –––– Fournisseur de services alimentaires et l’exploitant d’une ligne de chemin de fer ont sign´e un contrat de type « cost-plus » en vertu duquel l’exploitant de la ligne de chemin de fer remboursait les frais du fournisseur de services alimentaires encourus dans le cours de ses op´erations et de son adminis- tration — Quelques ann´ees plus tard, l’exploitant de la ligne de chemin de fer a inform´e le fournisseur de services alimentaires qu’il s’apprˆetait a` lancer un appel d’offres pour la fourniture de services alimentaires, mettant ainsi fin a` son con- trat avec le fournisseur de services alimentaires — Soumission du fournisseur de services alimentaires n’a pas et´´ e retenue et ce dernier a proc´ed´e a` la terminaison du r´egime de retraite, ce qui a fait r´eagir les employ´es du fournisseur de services alimentaires, lesquels ont exprim´e leur opposition en refusant de quitter le lieu de travail — Exploitant de la ligne de chemin de fer a eu recours a` des gardiens de s´ecurit´e pour expulser les employ´es des lieux — Fournisseur de services ali- mentaires a d´epos´e plusieurs requˆetes a` l’encontre de l’exploitant de la ligne de chemin de fer et l’exploitant de la ligne de chemin de fer a d´epos´e des demandes reconventionnelles a` l’encontre du fournisseur de services alimentaires, visant a` obtenir des dommages-int´erˆets pour les frais encourus par l’exploitant de la ligne de chemin de fer en mettant fin a` la manifestation, entre autres — Re- quˆetes du fournisseur de services alimentaires et les demandes reconventionnel- les de l’exploitant de la ligne de chemin de fer ont et´´ e accueillies en partie — Juge de premi`ere instance etait´ d’avis qu’aucune preuve ne laissait croire que le fournisseur de services alimentaires etait´ au courant que ses employ´es manifes- teraient leur opposition en refusant de quitter les lieux — Juge de premi`ere in- stance etait´ d’avis que les employ´es qui avaient manifest´e n’agissaient pas au nom du fournisseur de services alimentaires ni ne d´efendaient ses int´erˆets — Ainsi, la juge de premi`ere instance a conclu que le fournisseur de services ali- mentaires n’avait pas commis de faute — Exploitant de la ligne de chemin de fer a interjet´e appel et le fournisseur de services alimentaires a interjet´e un appel incident — Appel et appel incident accueillis en partie — Aucune preuve ne laissait croire que, selon la pr´epond´erance des probabilit´es, le fournisseur de ser- vices alimentaires avait encourag´e ses employ´es a` manifester ni commis une faute de toute autre mani`ere — Preuve laissait croire que la manifestation avait et´´ e organis´ee par le syndicat — Cour etait´ d’avis que les employ´es qui avaient manifest´e n’agissaient pas dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions — Par cons´equent, la Cour a convenu avec la juge de premi`ere instance que les em- ploy´es qui avaient manifest´e n’agissaient pas au nom du fournisseur de services alimentaires. 208 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

Restitution et enrichissement injustifi´e –––– Avantages conf´er´es a` cause d’une erreur — Erreur de fait — Recouvrement de sommes pay´ees en trop –––– Fournisseur de services alimentaires et l’exploitant d’une ligne de chemin de fer ont sign´e un contrat de type « cost-plus » en vertu duquel l’exploitant de la ligne de chemin de fer remboursait les frais du fournisseur de services alimentaires encourus dans le cours de ses op´erations et de son adminis- tration — Quelques ann´ees plus tard, l’exploitant de la ligne de chemin de fer a inform´e le fournisseur de services alimentaires qu’il s’apprˆetait a` lancer un appel d’offres pour la fourniture de services alimentaires, mettant ainsi fin a` son con- trat avec le fournisseur de services alimentaires — Comme l’exploitant de la ligne de chemin de fer voulait voir une r´eduction dans les frais d’exploitation, on a mis fin a` l’emploi de deux employ´es du fournisseur de services alimentaires a` qui on a pay´e une indemnit´e de d´epart, laquelle a et´´ e rembours´ee par l’exploitant de la ligne de chemin de fer — Deux autres employ´es du fournisseur de services alimentaires ont re¸cu une indemnit´e de relocalisation, laquelle a egalement´ et´´ e rembours´ee par l’exploitant de la ligne de chemin de fer — Fournisseur de ser- vices alimentaires a d´epos´e plusieurs requˆetes a` l’encontre de l’exploitant de la ligne de chemin de fer et l’exploitant de la ligne de chemin de fer a d´epos´e des demandes reconventionnelles a` l’encontre du fournisseur de services ali- mentaires, faisant valoir l’enrichissement sans cause, entre autres — Requˆetes du fournisseur de services alimentaires et les demandes reconventionnelles de l’exploitant de la ligne de chemin de fer ont et´´ e accueillies en partie — Pr´eten- tion de l’exploitant de la ligne de chemin de fer selon laquelle il avait rembours´e l’indemnit´e de d´epart par erreur n’a pas et´´ e retenue par la juge de premi`ere in- stance — Toutefois, sa pr´etention selon laquelle il avait rembours´e l’indemnit´e de relocalisation par erreur a et´´ e retenue par la juge de premi`ere instance — Exploitant de la ligne de chemin de fer a interjet´e appel et le fournisseur de services alimentaires a interjet´e un appel incident — Appel et appel incident ac- cueillis en partie — Preuve d´emontrait que l’exploitant de la ligne de chemin de fer et le fournisseur de services alimentaires discutaient de la r´eduction des frais d’exploitation — Plus pr´ecis´ement, la preuve r´ev´elait que l’exploitant de la ligne de chemin de fer etait´ impliqu´e dans le processus de fin d’emploi et n’aurait pas pu rembourser l’indemnit´e de d´epart par erreur — De plus, la Cour etait´ d’avis que l’indemnit´e de relocalisation devrait etreˆ consid´er´ee comme faisant partie des frais d’exploitation et que l’exploitant de la ligne de chemin de fer, en vertu de contrat, avait l’obligation de rembourser le fournisseur de services ali- mentaires — Toutefois, le fournisseur de services alimentaires devrait remettre a` l’exploitant de la ligne de chemin de fer la partie du montant qui exc´edait ce qui etait´ pr´evu dans la convention collective. Contrats –––– Liberation ´ — Annulation — Divers –––– Fournisseur de ser- vices alimentaires et l’exploitant d’une ligne de chemin de fer ont sign´e un con- Sodexho c. QNSL 209 trat de type « cost-plus » en vertu duquel l’exploitant de la ligne de chemin de fer remboursait les frais du fournisseur de services alimentaires encourus dans le cours de ses op´erations et de son administration — Quelques ann´ees plus tard, l’exploitant de la ligne de chemin de fer a inform´e le fournisseur de services alimentaires qu’il s’apprˆetait a` lancer un appel d’offres pour la fourniture de services alimentaires, mettant ainsi fin a` son contrat avec le fournisseur de ser- vices alimentaires — Fournisseur de services alimentaires a ensuite mis fin a` l’emploi de ses derniers employ´es et leur a vers´e une indemnit´e de d´epart — Fournisseur de services alimentaires a d´epos´e plusieurs requˆetes a` l’encontre de l’exploitant de la ligne de chemin de fer, visant a` obtenir le remboursement des indemnit´es de d´epart, et l’exploitant de la ligne de chemin de fer a d´epos´e des demandes reconventionnelles a` l’encontre du fournisseur de services ali- mentaires — Requˆetes du fournisseur de services alimentaires et les demandes reconventionnelles de l’exploitant de la ligne de chemin de fer ont et´´ e accueillies en partie — Juge de premi`ere instance a conclu que le paiement de l’indemnit´e de d´epart par le fournisseur de services alimentaires a` ses derniers employ´es ne faisait pas partie des frais d’exploitation et que l’exploitant de la ligne de chemin de fer ne devrait pas etreˆ condamn´e a` payer l’indemnit´e de d´epart — Exploitant de la ligne de chemin de fer a interjet´e appel et le fournisseur de services ali- mentaires a interjet´e un appel incident — Appel et appel incident accueillis en partie — Exploitant de la ligne de chemin de fer n’avait pas l’obligation de rembourser l’indemnit´e de d´epart pay´ee par le fournisseur de services ali- mentaires puisque cette indemnit´e ne faisait pas partie des frais d’exploitation en tant que tel etant´ donn´e que le fournisseur de services alimentaires n’offrait plus ses services au moment de payer l’indemnit´e de d´epart — Fournisseur de ser- vices a echou´´ e dans sa tentative de faire la d´emonstration que la juge de pre- mi`ere instance avait fait une erreur manifeste et dominante — Par cons´equent, la Cour ne devrait pas intervenir dans les conclusions de la juge de premi`ere instance. Pensions –––– Administration of pension plans — Administration costs and expenses –––– Caterer and railroad operator entered into “cost-plus” contract whereby railroad operator paid caterer’s operating costs and managing fees — Few years later, railroad operator informed caterer that it was about to launch tendering process for catering services, therefore ending its contract with ca- terer — Actuarial valuation revealed solvency deficit in caterer’s pension plan of $169,400 — Caterer informed railroad operator that it was responsible for paying solvency deficit and plan termination fees should caterer’s bid not be selected — As its bid was not selected, caterer proceeded to terminate plan — Caterer brought several motions against railroad operator, seeking payment of pension plan deficit, and railroad operator brought cross-demands against ca- terer — Caterer’s motions and railroad operator’s cross-demands were granted 210 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B. in part — Railroad operator was ordered to pay deficit — Railroad operator ap- pealed and caterer cross-appealed — Appeal and cross-appeal allowed in part — Railroad operator’s argument that words “pension plan” used in contract only referred to employer’s monthly contribution should not be accepted — As Su- preme Court of Canada stated, where words may bear two constructions, more reasonable one, that which produces fair result, must certainly be taken as inter- pretation which would promote intention of parties — Trial judge found that railroad operator always paid all plan-related costs — Construction of contract by trial judge should be given great deference absent palpable and overriding error — It must be taken for granted that parties were aware of applicable legis- lation and that railroad operator knowingly paid plan-related costs — Caterer should benefit from contra stipulatorem rule — Therefore, trial judge’s findings contained no palpable and overriding errors. Labour and employment law –––– Employment law — Relationship to third parties — Rights of employer against third parties — Miscellaneous –––– Caterer and railroad operator entered into “cost-plus” contract whereby railroad operator paid caterer’s operating costs and managing fees — Few years later, railroad operator informed caterer that it was about to launch tendering process for catering services, therefore ending its contract with caterer — Caterer brought several motions against railroad operator and railroad operator brought cross-demands against caterer, asserting that he had been overcharged by ca- terer, inter alia — Caterer’s motions and railroad operator’s cross-demands were granted in part — At trial, railroad operator’s evidence that it had been overcharged was not accepted — Railroad operator was ordered to pay for ca- tering services but caterer was ordered to reimburse railroad operator for rebates that it was entitled to — Railroad operator appealed and caterer cross-ap- pealed — Appeal and cross-appeal allowed in part — Even if railroad operator’s evidence had been accepted, evidence taken as whole showed that caterer’s re- ports were reliable — In other words, on balance of probabilities, railroad opera- tor failed to show that it had been overcharged by caterer — It was Court’s view that trial judge’s findings contained no palpable and overriding errors — On other hand, railroad operator was entitled to rebates that were not calculated by caterer — Therefore, caterer should be ordered to reimburse railroad operator. Labour and employment law –––– Employment law — Wages and bene- fits — Miscellaneous –––– Caterer and railroad operator entered into “cost-plus” contract whereby railroad operator paid caterer’s operating costs and managing fees — Few years later, railroad operator informed caterer that it was about to launch tendering process for catering services, therefore ending its contract with caterer — Caterer brought several motions against railroad operator, seeking payment of unpaid overtime, and railroad operator brought cross-demands against caterer — Caterer’s motions and railroad operator’s cross-demands were Sodexho c. QNSL 211 granted in part — Railroad operator was ordered to compensate caterer for un- paid overtime — Railroad operator appealed and caterer cross-appealed — Ap- peal and cross-appeal allowed in part — Railroad operator failed to show that trial judge’s decision was ill-founded — Railroad operator’s appeal was not spe- cific enough to satisfy Court that trial judge’s assessment of its evidence con- tained palpable and overriding errors — It was not for Court to substitute its assessment of evidence for that of trial judge — Evidence showed that railroad operator had accepted caterer’s practices regarding overtime forms — Nothing in evidence suggested that overtime should not have been paid nor that railroad operator should be compensated for overtime paid — It was Court’s view that trial judge’s findings contained no palpable and overriding errors. Labour and employment law –––– Employment law — Relationship to third parties — Liability of employer for acts of employee — Torts — Miscella- neous –––– Caterer and railroad operator entered into “cost-plus” contract whereby railroad operator paid caterer’s operating costs and managing fees — Few years later, railroad operator informed caterer that it was about to launch tendering process for catering services, therefore ending its contract with ca- terer — As its bid was not selected, caterer proceeded to terminate plan, which prompted caterer’s employees to demonstrate their opposition by refusing to leave workplace — Railroad operator used security guards to remove employees from premises — Caterer brought several motions against railroad operator and railroad operator brought cross-demands against caterer, seeking damages for costs incurred by railroad operator to break up demonstration, inter alia — Ca- terer’s motions and railroad operator’s cross-demands were granted in part — Trial judge was of view that no evidence suggested that caterer was aware that its employees would demonstrate their opposition by refusing to leave prem- ises — Trial judge was of view that demonstrating employees were not acting on behalf of caterer nor were they defending its interests — Thus, trial judge concluded that caterer had not committed fault — Railroad operator appealed and caterer cross-appealed — Appeal and cross-appeal allowed in part — No evidence suggested that, on balance of probabilities, caterer had encouraged its employees to demonstrate or had otherwise committed fault — Evidence sug- gested that demonstration had been called by union — Court was of view that demonstrating employees were not acting in performance of their duties — Therefore, Court agreed with trial judge that demonstrating employees were not acting on behalf of caterer. Torts –––– Negligence — Vicarious liability — Miscellaneous –––– Caterer and railroad operator entered into “cost-plus” contract whereby railroad operator paid caterer’s operating costs and managing fees — Few years later, railroad op- erator informed caterer that it was about to launch tendering process for catering services, therefore ending its contract with caterer — As its bid was not selected, 212 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B. caterer proceeded to terminate plan, which prompted caterer’s employees to demonstrate their opposition by refusing to leave workplace — Railroad opera- tor used security guards to remove employees from premises — Caterer brought several motions against railroad operator and railroad operator brought cross- demands against caterer, seeking damages for costs incurred by railroad operator to break up demonstration, inter alia — Caterer’s motions and railroad opera- tor’s cross-demands were granted in part — Trial judge was of view that no evi- dence suggested that caterer was aware that its employees would demonstrate their opposition by refusing to leave premises — Trial judge was of view that demonstrating employees were not acting on behalf of caterer nor were they defending its interests — Thus, trial judge concluded that caterer had not com- mitted fault — Railroad operator appealed and caterer cross-appealed — Appeal and cross-appeal allowed in part — No evidence suggested that, on balance of probabilities, caterer had encouraged its employees to demonstrate or had other- wise committed fault — Evidence suggested that demonstration had been called by union — Court was of view that demonstrating employees were not acting in performance of their duties — Therefore, Court agreed with trial judge that demonstrating employees were not acting on behalf of caterer. Restitution and unjust enrichment –––– Benefits conferred under mistake — Mistake of fact — Recovery of overpayment –––– Caterer and railroad opera- tor entered into “cost-plus” contract whereby railroad operator paid caterer’s op- erating costs and managing fees — Few years later, railroad operator informed caterer that it was about to launch tendering process for catering services, there- fore ending its contract with caterer — As railroad operator wished to see reduc- tion in operating costs, two employees of caterer were terminated and received severance pay, which was reimbursed by railroad operator — Two other em- ployees of caterer received relocation allowance, which was also reimbursed by railroad operator — Caterer brought several motions against railroad operator and railroad operator brought cross-demands against caterer, asserting unjust en- richment, inter alia — Caterer’s motions and railroad operator’s cross-demands were granted in part — Railroad operator’s claim that it reimbursed severance pay by mistake was not accepted by trial judge — However, its claim that it had reimbursed relocation allowance by mistake was accepted by trial judge — Rail- road operator appealed and caterer cross-appealed — Appeal and cross-appeal allowed in part — Evidence showed that railroad operator and caterer discussed reducing operating costs — In particular, evidence showed that railroad operator was involved in termination of employment and could not have reimbursed sev- erance pay by mistake — Further, Court was of view that relocation allowance should be considered as part of operating costs and that railroad operator had to reimburse caterer in accordance with contract — However, caterer should remit Sodexho c. QNSL 213 to railroad operator amount it received in excess of what was provided in collec- tive agreement. Contracts –––– Discharge — Cancellation — Miscellaneous –––– Caterer and railroad operator entered into “cost-plus” contract whereby railroad operator paid caterer’s operating costs and managing fees — Few years later, railroad op- erator informed caterer that it was about to launch tendering process for catering services, therefore ending its contract with caterer — Caterer then terminated its remaining employees and paid them severance pay — Caterer brought several motions against railroad operator, seeking reimbursement of severance pay, and railroad operator brought cross-demands against caterer — Caterer’s motions and railroad operator’s cross-demands were granted in part — Trial judge con- cluded that payment by caterer of severance pay to its remaining employees was not part of operating costs and that railroad operator should not be ordered to pay severance pay — Railroad operator appealed and caterer cross-appealed — Appeal and cross-appeal allowed in part — Railroad operator did not have to reimburse severance pay paid by caterer because it was not part of operating costs per se as caterer was no longer operating its services when it paid sever- ance pay — Caterer failed to show that trial judge made palpable and overriding error — Therefore, Court should not interfere with trial judge’s findings. Cases considered: Aramark Canada Ltd. v. Ontario (Workplace Safety & Insurance Board) (1999), 102 O.T.C. 219, 1999 CarswellOnt 2145, [1999] O.J. No. 2629 (Ont. S.C.J.) — distinguished Carrefour Langelier c. Woolworth Canada Inc. (2002), [2002] R.D.I. 44, 2002 CarswellQue 115, REJB 2002-27889 (Que. C.A.) — referred to Consolidated-Bathurst Export Ltd. c. Mutual Boiler & Machinery Insurance Co. (1979), (sub nom. Exportations Consolidated-Bathurst Lt´ee c. Mutual Boiler & Machinery Insurance Co.) [1980] 1 S.C.R. 888, 112 D.L.R. (3d) 49, 1979 CarswellQue 157, 1979 CarswellQue 157F, 32 N.R. 488, [1980] I.L.R. 1- 1176, [1979] S.C.J. No. 133, REJB 1979-109268 (S.C.C.) — considered Coop´erants soci´et´e mutuelle d’assurance-vie/Coop´erants Mutual Life Insurance Society, Re (1997), 1997 CarswellQue 234, [1997] R.J.Q. 851 (Que. C.A.) — referred to Coop´erative des consommateurs de Ste-Foy c. Sobeys Qu´ebec inc. (2005), 2005 CarswellQue 11045, [2006] R.D.I. 12, 2005 QCCA 1172, [2006] R.J.Q. 100, EYB 2005-98532 (Que. C.A.) — referred to Dub´e c. Denis (1998), (sub nom. Havre des femmes Inc. c. Dub´e) [1998] R.R.A. 67, (sub nom. Havre des femmes inc. c. Dub´e) [1998] R.J.Q. 346, 1998 Car- swellQue 4 (Que. C.A.) — referred to Housen v. Nikolaisen (2002), 10 C.C.L.T. (3d) 157, 211 D.L.R. (4th) 577, 286 N.R. 1, [2002] 7 W.W.R. 1, 2002 CarswellSask 178, 2002 CarswellSask 214 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

179, 2002 SCC 33, 30 M.P.L.R. (3d) 1, 219 Sask. R. 1, 272 W.A.C. 1, [2002] 2 S.C.R. 235, [2002] S.C.J. No. 31, REJB 2002-29758 (S.C.C.) — referred to Isidore Garon lt´ee v. Syndicat du bois ouvr´e de la r´egion de Qu´ebec inc. (2006), 2006 C.L.L.C. 220-066, 2006 SCC 2, 2006 CarswellQue 199, 2006 Car- swellQue 200, 344 N.R. 1, 262 D.L.R. (4th) 385, 49 C.C.E.L. (3d) 1, 146 L.A.C. (4th) 1, (sub nom. Isidore Garon Lte´e v. Tremblay) [2006] 1 S.C.R. 27, [2006] S.C.J. No. 3 (S.C.C.) — referred to L. (P.) c. Benchetrit (2010), 2010 QCCA 1505, 2010 CarswellQue 8527, [2010] R.J.Q. 1853, [2010] R.R.A. 606, EYB 2010-178136 (Que. C.A.) — referred to Marois c. Alimentation B.M.R. Inc. (1986), [1986] R.J.Q. 1029, 1986 Carswell- Que 32, 63 C.B.R. (N.S.) 285, 4 Q.A.C. 161 (Que. C.A.) — considered MFQ, Corp. d’assurance c. Assurance-vie Desjardins (2000), 2000 Carswell- Que 2535, REJB 2000-21100 (Que. C.A.) — referred to Multi-Marques Distribution inc. c. Qu´ebec (Tribunal administratif) (2008), 66 C.C.P.B. 161, D.T.E. 2008T-351, 2008 QCCA 597, 2008 CarswellQue 2446, [2008] R.J.Q. 853, EYB 2008-131788 (Que. C.A.) — referred to N & H Contracting Ltd. v. Gordon (1993), 74 B.C.L.R. (2d) 373, 6 C.L.R. (2d) 68, (sub nom. N & H Contracting Ltd. v. Royal Insurance Co.) [1993] I.L.R. 1-2928, [1993] 3 W.W.R. 674, (sub nom. N & H Contracting Ltd. v. Royal Insurance Co.) 22 B.C.A.C. 10, (sub nom. N & H Contracting Ltd. v. Royal Insurance Co.) 38 W.A.C. 10, 11 C.C.L.I. (2d) 303, 1993 CarswellBC 5, [1993] B.C.J. No. 45 (B.C. C.A.) — referred to Nolisair International Inc., Re (1999), 1999 CarswellQue 1716, REJB 1999- 12189 (Que. C.A.) — considered Parent c. Structures Lamerain Inc. (1993), 1993 CarswellQue 2039, EYB 1993- 94429, [1993] J.Q. No. 294 (Que. C.A.) — referred to Paul Dub´e et Fils lt´ee c. Pisapia inc. (1993), 1993 CarswellQue 704, EYB 1993-57242 (Que. C.A.) — referred to Snyder c. Racine & Chamberland inc. (1995), 1995 CarswellQue 1086, EYB 1995-56004 (Que. C.A.) — referred to Soci´et´e de r´ecup´eration, d’exploitation & de d´eveloppement forestiers du Qu´ebec c. Gestion Grand Remous inc. (1999), 1999 CarswellQue 1870, REJB 1999-12452 (Que. C.A.) — referred to STCVQ c. Wright (2003), 2003 CarswellQue 2938, [2004] R.J.Q. 7, [2004] R.J.D.T. 26, REJB 2003-51806 (Que. C.A.) — considered Tricil lt´ee c. Gatineau (Ville) (2000), 2000 CarswellQue 215, [2005] G.S.T.C. 25, REJB 2000-16736 (Que. C.A.) — referred to Wallace v. United Grain Growers Ltd. (1997), 123 Man. R. (2d) 1, 159 W.A.C. 1, 152 D.L.R. (4th) 1, 1997 CarswellMan 455, 1997 CarswellMan 456, 219 N.R. 161, [1997] 3 S.C.R. 701, [1999] 4 W.W.R. 86, 36 C.C.E.L. (2d) 1, 3 Sodexho c. QNSL 215

C.B.R. (4th) 1, [1997] L.V.I. 2889-1, 97 C.L.L.C. 210-029, [1997] S.C.J. No. 94 (S.C.C.) — considered 3092-4484 Qu´ebec Inc. c. Turmel (1997), 1997 CarswellQue 74 (Que. C.A.) — referred to 137152 Canada inc. c. 9030-2175 Qu´ebec inc. (2010), 2010 QCCA 2176, 2010 CarswellQue 12704, EYB 2010-182779 (Que. C.A.) — followed Statutes considered: Bankruptcy and Insolvency Act, R.S.C. 1985, c. B-3 s. 68 — considered s. 68(1) — considered s. 136(1)(d) — considered Canada Labour Code, R.S.C. 1985, c. L-2 Generally — referred to s. 44 — referred to s. 230 — considered s. 230(1)(a) — considered s. 235 — considered Code civil du Bas-Canada, S. Prov. C. 1865, c. 41 art. 2006 — considered Code civil du Qu´ebec, L.Q. 1991, c. 64 art. 1425 — referred to art. 1425 et seq. — referred to art. 1426 — referred to art. 1432 — referred to art. 1463 — considered art. 1491 — considered art. 1619 — referred to Compagnies, Loi sur les, L.R.Q., c. C-38 art. 96 — considered Employment Standards Act, R.S.O. 1990, c. E.14 Generally — referred to Normes du travail, Loi sur les, L.R.Q., c. N-1.1 art. 1(9) “salaire” — considered art. 82 — referred to art. 83 — referred to R´egimes compl´ementaires de retraite, Loi sur les, L.R.Q., c. R-15.1 en g´en´eeral — referred to art. 7 — referred to art. 118 — referred to art. 119 — referred to art. 120 — referred to 216 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

art. 121 — referred to art. 129 — considered art. 134.1 [en. 2006, c. 42, a. 11] — referred to art. 136 — referred to art. 228 — considered Winding-up and Restructuring Act, R.S.C. 1985, c. W-11 s. 72 — considered

APPEL par un exploitant d’une ligne de chemin de fer et APPEL INCIDENT d’un fournisseur de services alimentaires a` l’encontre d’une d´ecision publi´ee a` Sodexho Qu´ebec lt´ee c. Cie de chemin de fer du Littoral Nord de Qu´ebec & du Labrador inc. (2008), 2008 CarswellQue 14886, EYB 2008-175097, 2008 QCCS 6899 (Que. S.C.), ayant accueilli en partie la requˆete du fournisseur de services alimentaires visant a` obtenir le remboursement de ses frais d’exploitation et ayant accueilli en partie la demande reconventionnelle de l’exploitant de la ligne de chemin de fer faisant valoir l’enrichissement sans cause du fournisseur de services alimentaires.

Me Fran¸cois Fontaine, Me Emmanuelle Demers pour l’appelante-intim´ee incidente Me Jean-Pierre R´emillard, Me Pierre Lefebvre pour l’intim´ee-appelante incidente

La Cour:

1 Statuant sur l’appel d’un jugement rendu le 13 aoˆut 2008 par la Cour sup´erieure, district de Montr´eal (l’honorable Christiane Alary), qui a ac- cueilli, en totalit´e ou en partie, sept recours introductif d’instance pris par l’intim´ee contre l’appelante et qui a, dans deux de ceux-ci, accueilli pour partie la demande reconventionnelle de l’appelante; 2 Apr`es avoir etudi´´ e le dossier, entendu les parties et d´elib´er´e; 3 Le 15 septembre 1999, la relation contractuelle qui existait entre les parties depuis 11 ans a pris fin dans la m´esentente. L’intim´ee a intent´e contre l’appelante sept recours portant sur divers aspects de leur d´esac- cord, recours qui ont et´´ e r´eunis et tranch´es par la juge de premi`ere in- stance, de fa¸con g´en´erale a` l’avantage de l’intim´ee. L’appelante conteste la plupart des d´eterminations auxquelles est parvenue la premi`ere juge. L’intim´ee revient a` la charge avec la seule r´eclamation qui lui a et´´ e refus´ee. Sodexho c. QNSL La Cour 217

EL´ EMENTS´ DE LA TRAME FACTUELLE 4 L’appelante [QNSL] exploite une ligne de chemin de fer entre Sept- ˆIles, Schefferville et Labrador City. Elle transporte principalement du minerai de Wabush Mines et Iron Ore Company [IOC] dont elle est une filiale. Ses employ´es qui travaillent le long de la voie ferr´ee sont log´es et nourris dans cinq camps fixes et deux camps mobiles. 5 Avant 1971, QNSL offrait le service de caf´et´eria dans ses camps et sur certains de ses trains. En 1971, elle confie a` Crawley & McCracken [Crawley] l’exploitation des services alimentaires. En vertu de leur en- tente, les employ´es syndiqu´es de QNSL affect´es aux services ali- mentaires sont transf´er´es chez Crawley, de mˆeme que les conventions collectives les r´egissant1. 6 En 1988, l’intim´ee [Sodexho] ach`ete Crawley et assume ses obliga- tions a` l’´egard de QNSL. Quelques contrats ecrits´ sont sign´es entre 1971 et 1992, dont les stipulations sont les mˆemes, pour l’essentiel. La derni`ere version [le Contrat], qui nous concerne particuli`erement, est de juin 19922. Le Contrat a et´´ e renouvel´e verbalement d’ann´ee en ann´ee, cela est admis. 7 Il s’agit d’un contrat « cost plus », c’est-`a-dire que QNSL rembourse a` Sodexho ses frais d’exploitation (« operating costs ») et lui verse 2,8 % « of the total cost of supplies and material purchased, and of the CA- TERER’s monthly payroll costs », que l’on qualifie de « managing fee ». Ces frais de g´erance ne peuvent etreˆ inf´erieurs a` 52,500 $3. 8 En octobre 1996, QNSL informe Sodexho qu’elle mettra fin au Con- trat le 31 d´ecembre 1996 et proc´edera a` un appel d’offres. Sodexho est invit´ee a` soumissionner et d´epose une soumission au d´ebut de janvier 1997. En f´evrier 1997, les parties se rencontrent et Sodexho sugg`ere de r´eduire les coˆuts des services offerts selon divers sc´enarios, tout en pro- posant un prix unitaire par repas de 4,75 $ pour l’ann´ee 1997. Certaines ententes sont mises en œuvre et Sodexho d´ebute une nouvelle facturation a` tarif fixe de 4,75 $ par repas, au mois de mai 1997. Ce mode de fac- turation sera accept´e par QNSL jusqu’en juillet 1999.

1Jugement dont appel, paragraphes 12-14. 2Il s’agit de la pi`ece GP-2. 3Art. 9.1 c) du Contrat. 218 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

9 Notons que 15 mai 1997, Sodexho licencie deux employ´es, T´er´esa Jarnet et Marco Roy. Elle verse a` la premi`ere une indemnit´e de d´epart de 41 000 $ qui sera transf´er´ee dans le r´egime d’´epargne retraite de l’employ´ee. Cette indemnit´e lui est rembours´ee par QNSL. 10 Un rapport d’´evaluation actuarielle du r´egime de retraite des em- ploy´es de Sodexho affect´es au Contrat, pr´epar´e par la firme William M. Mercer [Mercer], vraisemblablement a` l’automne 1997, indique qu’en date du 1er septembre 1996, le r´egime pr´esente un degr´e de solvabilit´e de 101 % mais un d´eficit de capitalisation de 169 400 $. 11 A` l’automne 1998, QNSL avise Sodexho qu’elle lancera un nouvel appel d’offres pour les services alimentaires et l’invite a` soumissionner. Elle s’ex´ecute. R´ealisant qu’elle est susceptible de perdre le Contrat, Sodexho avise QNSL, le 5 avril 1999, qu’en cas de terminaison du r´e- gime de retraite de ses employ´es, QNSL devra combler le solde du d´efi- cit de capitalisation du r´egime et assumer les frais aff´erents a` sa terminaison. 12 Le 12 juillet 1999, Sodexho apprend que sa soumission n’est pas retenue. On l’informe, le 30 juillet, que son contrat prendra fin le 15 septembre 1999. Le 9 aoˆut, des repr´esentants des parties se rencontrent pour finaliser la terminaison du contrat. Les pr´eavis de mise a` pied sont envoy´es et Sodexho paie a` ses employ´es des indemnit´es de d´epart total- isant 190 339, 99 $. Elle r´eclame cette somme, plus taxes, a` QNSL. 13 Le 26 aoˆut 1999, Mercer estime le d´eficit du r´egime de retraite des employ´es de Sodexho a` 1 485 000 $, en date du 1er juin 1999. Le 8 septembre 1999, Sodexho avise ses employ´es et la R´egie des rentes du Qu´ebec [RRQ] de la terminaison du r´egime de retraite et proc`ede, le 15 septembre 1999, a` la terminaison du r´egime. Le 6 octobre suivant, la RRQ ent´erine la d´ecision de Sodexho et lui indique la proc´edure a` suivre conform´ement a` la Loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite4 [LRCR]. 14 Au dernier jour du Contrat liant les parties, le 15 septembre 1999, des employ´es de Sodexho refusent de quitter les lieux et s’enferment dans les camps. Une ordonnance d’injonction provisoire est accord´ee le jour mˆeme par la Cour sup´erieure. Des agents de s´ecurit´e sont d´epˆech´es sur place et, apr`es discussion avec les repr´esentants syndicaux, les employ´es

4L.R.Q., c. R-15.1. Sodexho c. QNSL La Cour 219

acceptent d’ˆetre ramen´es a` Sept-ˆIles par h´elicopt`ere. QNSL assume tous les frais aff´erents a` l’op´eration. 15 Le 22 d´ecembre 1999, Mercer fournit un nouveau rapport d’´evaluation actuarielle du r´egime de retraite chiffrant son degr´e de solvabilit´e a` 69 % et son d´eficit de capitalisation a` 202 100 $5. Rap- pelons qu’en vertu de l’article 228 LRCR, ajout´e en 1990, constitue une dette de l’employeur le manque d’actif n´ecessaire a` l’acquittement des droits des participants ou b´en´eficiaires, manque d’actif qui est etabli´ a` la date de terminaison du r´egime. 16 Mercer pr´epare un rapport sur la terminaison totale du r´egime de re- traite mais le processus est suspendu pendant pr`es de deux ans en raison d’une contestation devant le Conseil canadien des relations industrielles [CCRI] dans laquelle le syndicat de Sodexho soutient que QNSL a toujours et´´ e le v´eritable employeur. Le 5 juillet 2001, le CCRI statue que QNSL n’est plus le v´eritable employeur depuis 19716. 17 Le 31 janvier 2000, Sodexho intente six recours devant la Cour sup´er- ieure contre QNSL qui r´eplique, dans chaque cas, par d´efense et de- mande reconventionnelle. Pour fins de commodit´e, ces dossiers ont et´´ e identifi´es ainsi : dossier A : 500-05-061211-007; dossier B : 500-05- 061209-001; dossier C : 500-05-061210-009; dossier D : 500-05- 061207-005; dossier E : 500-05-061206-007; dossier F : 500-05-061213- 003. Il y a lieu d’utiliser le mˆeme mode d’identification. 18 A` l’automne 2001, la firme AON reprend, a` la demande de Sodexho, le processus de terminaison du r´egime de retraite de ses employ´es. Des d´elais sont requis pour former le comit´e de retraite qui, le 28 f´evrier 2002, abandonne a` Sodexho ses pouvoirs dans la liquidation du r´egime de retraite. Un nouveau comit´e est constitu´e. 19 Un rapport de terminaison du r´egime - en date du 15 septembre 1999 - est d´epos´e par AON le 15 mai 2002, mais des discussions entre le syndicat, l’employeur et la RRQ reportent le d´epˆot du rapport final au

5Rapport d’´evaluation actuarielle pour la capitalisation du r´egime au 31 d´ecem- bre 1998, pr´epar´e par Mercer, Pi`ece GP-30. 6M´etallurgistes unis d’Am´erique, section locale 7065 et al. c. Aramak Qu´ebec Inc. et al., Conseil canadien des relations industrielles, d´ecision n° 123, 5 juillet 2001. 220 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

mois de juin 2003. Ce rapport pr´ecise que le d´eficit actuariel du r´egime etait´ de 1 522 533 $ en date du 15 septembre 1999. 20 Le 13 septembre 2002, Sodexho intente une nouvelle poursuite contre QNSL et recherche, dans son volet principal7, sa condamnation au paie- ment du d´eficit du r´egime de retraite de ses ex-employ´es. Il s’agit du dossier G (500-05-074156-025). 21 Le 19 juin 2003, la RRQ accuse r´eception du rapport final de terminaison du r´egime mais requiert une confirmation que la totalit´e de la dette et des int´erˆets a et´´ e vers´ee a` la caisse. Le 23 septembre 2003, les membres du comit´e de retraite d´emissionnent. Le 14 octobre 2003, la RRQ informe Sodexho qu’elle placera le r´egime de retraite sous adminis- tration provisoire et le 20 novembre 2003, elle en assume l’administration provisoire, mettant fin a` la d´el´egation qui avait et´´ e con- sentie par le comit´e de retraite au b´en´efice de Sodexho le 28 f´evrier 2002. 22 Finalement, Sodexho paie ce qui est dˆu le 10 novembre 2003, soit 1 850 996 $ repr´esentant le d´eficit actuariel du r´egime, plus les int´erˆets depuis le 15 septembre 1999. Le 10 d´ecembre 2003, la RRQ approuve le rapport de terminaison du r´egime de retraite. 23 Tous les dossiers pendants entre les parties ont et´´ e joints en novembre 2006 et tranch´es par la premi`ere juge. Arrˆetons-nous a` chaque r´eclama- tion, a` la d´ecision dont appel et aux moyens avanc´es par les parties.

SOMMAIRE DES RECLAMATIONS,´ DU JUGEMENT ET DES MOYENS D’APPEL Dans le dossier A • Les r´eclamations 24 Sodexho r´eclame 35 344,59 $8 pour des repas servis aux employ´es sur les sites d’op´eration, entre le 26 juillet et le 22 aoˆut 1999, a` un coˆut unitaire de 4,75 $. QNSL nie devoir quoi que ce soit et, par demande reconventionnelle, recherche une condamnation de 164 416,50 $ contre Sodexho, en r´ep´etition de l’indu. Elle plaide qu’entre 1997 et 1999 elle a pay´e ce montant pour des repas qui n’ont pas et´´ e servis.

7Selon la proc´edure amend´ee. 8Taxes incluses. Sodexho c. QNSL La Cour 221

• Le jugement 25 La premi`ere juge fait droit a` la demande qu’elle consid`ere prouv´ee et rejette la demande reconventionnelle de QNSL.

• Les moyens d’appel 26 QNSL reconnaˆıt devoir 24 771,25 $ sur la demande principale mais refuse de payer les repas des employ´es de Sodexho de mˆeme que certains repas de ses employ´es qui seraient erron´ement factur´es. Elle revient a` la charge avec sa demande reconventionnelle.

Dans le dossier B • Les r´eclamations 27 Sodexho r´eclame 25 290,84 $9 pour des repas servis aux employ´es10 et des coˆuts d’op´eration encourus entre le 23 aoˆut et le 15 septembre 1999. QNSL nie devoir quoi que ce soit et, par demande reconvention- nelle, recherche une condamnation de 135 473 $ contre Sodexho en r´ep´e- tition de l’indu. Elle plaide que, de janvier a` mai 1997, les employ´es de Sodexho ont pris 4 183 repas qui doivent lui etreˆ pay´es 1 $ l’unit´e. Elle ajoute qu’elle n’a pas a` etreˆ « factur´ee et a` payer pour les repas pris par les employ´es de Sodexho, dont elle assume d´ej`a gratuitement le gˆıte a` compter de juin 1997 ».

• Le jugement 28 La premi`ere juge accueille la demande qu’elle estime fond´ee. Sur la demande reconventionnelle, elle d´ecide que Sodexho etait´ en droit de facturer les repas de ses employ´es au prix unitaire de 4,75 $ a` compter de juin 199711. En revanche, elle note que Sodexho reconnaˆıt devoir le montant de 4 183 $ r´eclam´e (cr´edit de 1 $) sur les repas pris par ses employ´es et accueille ce volet de la demande reconventionnelle12.

9Taxes incluses. 10Factur´es a` 4,75 $. 11Au paragraphe 155 du jugement. 12Au paragraphe 382. 222 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

• Les moyens d’appel 29 Sur la demande principale, QNSL reconnaˆıt devoir 17 281,45 $13 et conteste donc la balance r´eclam´ee, soit 5 039,75 $14. Par sa demande reconventionnelle, elle ne r´eclame plus que 27 640 $ pour des « repas Sodexho » pay´es en trop de juin 1997 a` juin 1999 et formule une de- mande subsidiaire.

Dans le dossier C • Les r´eclamations 30 Sodexho r´eclame 220 056,85 $ repr´esentant des charges salariales et frais sociaux aff´erents a` ses employ´es, pour la p´eriode du 28 mai au 25 juin 1999. Au regard des charges salariales, il s’agit d’heures r´eguli`eres, d’heures suppl´ementaires et de cong´es r´emun´er´es. Les frais sociaux sont egalement´ d´etaill´es. 31 QNSL nie devoir les montants r´eclam´es et recherche, par demande reconventionnelle, une condamnation de 327 214,43 $ contre Sodexho qui se d´ecline ainsi : Avance consentie a` Sodexho15 : 75 000 $; Frais d’administration de la caisse de retraite des employ´es de Sodexho : 92 013,58 $; Sommes pay´ees en trop en regard du r´egime de retraite : 45 000 $; Temps suppl´ementaire pay´e en trop entre janvier et le 28 mai 1999 : 47 376,05 $; Indemnit´es de s´eparation et de relocalisation indˆu- ment pay´ees entre le 23 juin 1997 et le 31 mai 1998 : 45 803,11 $; Dom- mages caus´es par l’occupation ill´egale du 15 septembre 1999 : 22 021,69 $.

• Le jugement 32 La premi`ere juge accepte la demande principale et s’en explique16. Elle accueille par ailleurs la demande reconventionnelle a` hauteur de 79 803 $ puisque Sodexho reconnaˆıt devoir l’avance de 75 000 $ et qu’une indemnit´e de relocalisation de 4 803 $ a et´´ e erron´ement pay´ee par QNSL au b´en´efice de deux employ´es de Sodexho, en 1997 et 1998. Elle

13Sans les taxes. 14Sans les taxes. 15Lors de l’entr´ee en vigueur du Contrat. 16Aux paragraphes 162 a` 206. Sodexho c. QNSL La Cour 223

conclut, en revanche, que QNSL etait´ tenue d’assumer les frais aff´erents au r´egime de retraite, exclut la responsabilit´e de Sodexho en raison des ev´´ enements du 15 septembre 1999, et rejette les r´eclamations pour temps suppl´ementaire et pour primes de s´eparation et de relocalisation autres que celles accord´ees.

• Les moyens d’appel 33 QNSL reconnaˆıt devoir 104 493,77 $ au chapitre des charges salari- ales et 61 166,75 $ au regard des frais sociaux, pour un total de 165 660,52 $. Elle maintient sa demande reconventionnelle pour ce qui concerne les frais d’administration et sommes pay´ees en trop pour le r´e- gime de retraite (92 013,58 $ + 45 000 $), l’indemnit´e de d´epart pay´ee a` Mme Jarnet (41 000 $), les dommages caus´es par l’occupation ill´egale du 15 septembre 1999 (22 021,69 $) et du surtemps non autoris´e entre le 1er janvier et le 28 mai 1999 (41 376,82 $). 34 De son cˆot´e, Sodexho conteste, par appel incident, devoir payer l’indemnit´e de relocalisation de 4 803 $.

Dans le dossier D • Les r´eclamations 35 Sodexho r´eclame 289 722,92 $17 pour des charges salariales et frais sociaux relatifs a` ses employ´es pour la p´eriode du 26 juin au 23 juillet 1999. 36 QNSL conteste la demande et soutient, par demande reconvention- nelle, que Sodexho lui doit 227 318,29 $ pour du temps suppl´ementaire pay´e en trop en 1997.

• Le jugement 37 La juge de premi`ere instance accueille la r´eclamation principale et rejette la demande reconventionnelle.

17Incluant les taxes. 224 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

• Les moyens d’appel 38 QNSL reconnaˆıt devoir 152 904,94 $ sur la demande principale et conteste quant au reste. Sa demande reconventionnelle est r´eduite a` 198 532,98 $.

Dans le dossier E • Les r´eclamations 39 Ici encore, il s’agit de charges salariales et de frais sociaux de 308 594,18 $18 r´eclam´es par Sodexho, pour la p´eriode du 24 juillet au 3 septembre 1999. 40 QNSL conteste la demande et r´eplique que Sodexho est endett´ee en- vers elle de 105 355,42 $ pour du temps suppl´ementaire pay´e en trop en 199819.

• Le jugement 41 La juge de premi`ere instance accueille la r´eclamation principale et rejette la demande reconventionnelle.

• Les moyens en appel 42 QNSL reconnaˆıt devoir 129 589,31 $ sur la demande principale. Sa demande reconventionnelle est d´eduite a` 92 014,27 $.

Dans le dossier F • Les r´eclamations 43 Les charges sociales et frais sociaux r´eclam´es par Sodexho, qui total- isent 358 008,84 $20, sont relatifs a` la p´eriode du 4 au 15 septembre 1999. 44 En outre de contester la demande, QNSL r´eclame 105 355,42 $ pour l’autre demie du temps suppl´ementaire qu’elle consid`ere pay´e en trop pour l’ann´ee 1998.

18Taxes incluses. 19En fait, il s’agit de la moiti´e de la somme r´eclam´ee par QNSL pour l’ann´ee 1998, l’autre moiti´e l’´etant dans le dossier F. 20Taxes incluses. Sodexho c. QNSL La Cour 225

• Le jugement 45 Comme dans les affaires pr´ec´edentes, la juge accueille la demande principale et rejette la demande reconventionnelle.

• Les moyens d’appel 46 QNSL reconnaˆıt devoir 136 735,69 $. Sa demande reconventionnelle est le pendant de celle formul´ee dans le dossier E et s’´el`eve a` 92 014,27 $.

Dans le dossier G • Les r´eclamations 47 Dans le premier volet de son recours, Sodexho r´eclame 218 938,57 $ a` la suite du paiement a` ses employ´es de « primes de s´eparation » dues, vu la fin du Contrat liant les parties. Dans le second volet, elle demande le remboursement du montant de 1 850 996 $ pay´e a` la RRQ pour com- bler le d´eficit actuariel du r´egime de retraite de ses employ´es a` sa date de terminaison.

• Le jugement 48 La premi`ere juge n’accueille que la demande relative au r´egime de retraite.

• Les moyens en appel 49 QNSL et Sodexho contestent toutes deux la d´ecision : QNSL sous le second volet, par appel principal, Sodexho par appel incident en ce qui a trait aux primes de s´eparation.

ANALYSE 50 Il y a lieu d’aborder d’entr´ee les r´eclamations d´ecoulant du paiement par Sodexho du d´eficit actuariel du r´egime de retraite de ses employ´es, soit le second volet du dossier G, et de la demande de remboursement par QNSL des sommes pay´ees a` titre de « frais d’administration, d’investissement et de consultants relatifs a` la caisse de retraite » (92 013,58 $) et de sommes pay´ees en trop en regard du r´egime de re- traite (45 000 $). Il s’agit de deux chefs de r´eclamation apparaissant a` la demande reconventionnelle dans le dossier C dont il a et´´ e question ci- haut. Ces demandes sont connexes. 226 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

A- Le d´eficit du r´egime de retraite et les frais connexes [dossier G21 et dossier C22] 1. Probl´ematique 51 Le Contrat stipule : 9.0 COMPENSATION 9.1 In consideration of the performance by the CATERER23 for its obligations provided for herein, the COMPANY24 further agrees : a) To reimburse the CATERER for the actual operating costs incurred by the CATERER in the operation of its services; b) To pay the CATERER a management fee of two point eight percent (2.8%) of the total cost of supplies and material pur- chased, and of the CATERER’s monthly payroll costs; c) To guarantee the Caterer that the minimum compensation for the management fee referred to in b) above will not be less than 52 500.00 per year, payable in monthly installments of 4 375,99 minimum; [...] 52 Le Contrat d´efinit les frais d’exploitation : 10. OPERATING COSTS 10.1 CATERER’s operating costs shall include the following charges incurred in supplying the services covered by this Agreement: a) cost of all food supplies purchased; b) cost of cleaning and sanitary materials, paper goods, station- ery, uniforms, bedding and laundry; c) transportation of food, equipment and other necessary materi- als to Sept-Iles from point of origin limited in point of dis- tance to Montreal (Quebec); d) cost of transportation and living expenses to and from Sept- Iles of non-unionized employees of the CATERER when ap- proved in advance by the COMPANY;

21En partie. 22Partie de la demande reconventionnelle. 23Il s’agit de Sodexho. 24Soit QNSL. Sodexho c. QNSL La Cour 227

e) reasonable traveling expense properly incurred by the CA- TERER’s supervisors working on the railway when not sup- plied by the COMPANY; f) cost of pre-employment and periodic medical examinations for employees hired for work in connection with these ser- vices. All periodic medical examinations will be made in Sept-Iles; g) actual salaries and wages, including overtime, vacation and holiday pay, all payroll deductions required by law, pension plans and other fringe benefits pursuant to the current and future Collective Agreements between the CATERER and their employees, paid to or on behalf of the CATERER’s employees engaged in the services covered by this Agreement; h) cost of compensation and unemployment insurance charges which relate to the CATERER’s employees engaged in these services. [Gras et soulignement ajout´es.] 53 Rappelons que les employ´es de Sodexho travaillant sur le chemin de fer b´en´eficient d’un r´egime de retraite entr´e en vigueur le 1er septembre 1973 et modifi´e notamment le 1er mars 1996. Ce r´egime fait partie in- t´egrante de la convention collective25 et comprend deux volets, l’un a` prestation d´etermin´ee et l’autre hybride, etranger´ a` notre litige. 54 En vertu de la LRCR, le r´egime est a` prestation d´etermin´ee lorsque la rente normale est soit un montant d´etermin´e, ind´ependant de la r´emun´er- ation du participant, soit un montant qui correspond a` un pourcentage de cette r´emun´eration26. En l’esp`ece, le r´egime d´etermine a` l’avance la rente que l’employeur doit verser aux employ´es retrait´es, ind´ependam- ment de leur salaire ou des profits g´en´er´es par la caisse de retraite. 55 La LRCR exige que tout r´egime de retraite fasse l’objet d’une evalua-´ tion actuarielle p´eriodique27 qui permette d’attester la conformit´e de l’´evaluation avec les normes de capitalisation et de solvabilit´e prescrites

25Il s’agit de l’annexe D. 26A` l’article 7. 27Art. 118. 228 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

par la loi28. Est solvable le r´egime de retraite dont l’actif est au moins egal´ a` son passif. Est capitalis´e le r´egime de retraite dont la valeur de l’actif est, a` la date de l’´evaluation actuarielle, au moins egale´ a` la valeur du passif29. 56 La premi`ere juge ecrit´ a` ce sujet : [262] Le volet a` prestation d´etermin´ee oblige l’employeur a` cotiser en vue de verser une rente pr´ed´etermin´ee a` ses employ´es au moment de leur retraite. C’est ce volet qui doit etreˆ evalu´´ e et ajust´e p´eriodiquement pour s’assurer que le fonds sera suf- fisant pour verser la rente promise. [263] Tous les trois ans, Sodexho (et son pr´ed´ecesseur en titre Crawley & McCraken) fait pr´eparer par ses actuaires une evaluation´ du r´egime de retraite, comme l’exige la Loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite (la « LRCR »). [264] Il s’agit d’une evaluation´ « prospective » qui permet a` l’employeur de connaˆıtre les sommes qu’il doit verser dans les trois ann´ees a` venir, a` titre de contribution au fonds de retraite. Les actuaires etablissent´ le coˆut du service et les sommes qui seront n´ecessaires pour y arriver. [265] L’´evaluation permet egalement´ de d´eterminer si le fonds est suffisamment capitalis´e pour acquitter toutes les rentes dues aux employ´es, soit la prestation d´etermin´ee, advenant une liq- uidation du fonds a` la date de l’´evaluation. Lorsque les ac- tuaires constatent l’existence d’un d´eficit, celui-ci doit etreˆ combl´e par l’employeur. 57 Aux termes de son jugement, la juge de premi`ere instance estime que l’expression « pension plans » n’est pas claire et qu’il faut rechercher l’intention commune des parties30. Elle rappelle qu’un contrat cost plus « vise a` faire supporter au client tous les coˆuts encourus par l’entrepreneur et pr´esente, par le fait mˆeme, de faibles risques pour celui- ci »31.

28Art. 119. 29LRCR, art. 129 et 134.1 (anciennement les articles 120, 121 et 136). 30Jugement dont appel, paragraphe 302. 31Au paragraphe 304, r´ef´erence omise. Sodexho c. QNSL La Cour 229

58 Elle ne retient pas l’argument de QNSL selon lequel le Contrat ne pr´evoyait que le remboursement des « sommes relatives au service cou- rant et les ajustements au service courant »32 ou, dit autrement, que l’interpr´etation des termes « pension plans » ne devrait inclure que les « contributions mensuelles de l’employeur au fonds de pension de ses employ´es »33. La juge poursuit : [309] Suivant cette logique, Sodexho n’aurait droit, en vertu du Contrat, qu’au remboursement des paiements faits par Sodexho, sur une base mensuelle, a` ses employ´es, conform´e- ment aux recommandations du rapport actuariel. [310] L’´evaluation actuarielle faite tous les trois ans a deux objec- tifs principaux. Premi`erement, il s’agit de calculer, sur une base prospective, les sommes a` verser mensuellement dans le fonds de pension afin de maintenir le r´egime a` flot. Deux- i`emement, le Rapport r´ev`ele si oui ou non, les fonds ac- cumul´es sont suffisants pour payer la rente promise, advenant une terminaison hypoth´etique du r´egime, a` la date d’´evaluation. [311] Lorsque l’´evaluation actuarielle r´ev`ele un d´eficit, des recom- mandations de paiement sont faites pour qu’il soit combl´e. D’une certaine fa¸con, cela signifie que si toutes les donn´ees avaient et´´ e connues au moment de l’´evaluation pr´ec´edente, soit trois ans auparavant, les versements mensuels « prospec- tifs » auraient inclus ces sommes. [...] [313] Le fait que le r´egime se termine n’apporte rien de nouveau a` l’obligation de l’employeur de combler le d´eficit. Le verse- ment par l’employeur n’est pas provoqu´e par la terminaison du r´egime, mais par l’obligation cr´ee par la loi de maintenir en tout temps un r´egime solvable et dˆument capitalis´e, afin de prot´eger les droits des travailleurs. Seul le moment du paie- ment est modifi´e. [...] [...] [314] L’interpr´etation restrictive que QNS&L veut donner aux ter- mes pension plan met de cˆot´e le fait que tous les droits des

32Au paragraphe 306. 33Paragraphe 308. 230 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

employ´es dans leur fonds de pension, y compris ceux exige- ant que le d´eficit soit combl´e, sont acquis pendant la dur´ee du Contrat. [...] [315] Ainsi, les sommes en question sont li´ees a` des services dont QNS&L a b´en´efici´e, tout au long du Contrat. 59 La juge ajoute que les circonstances dans lesquelles le contrat a et´´ e conclu et la fa¸con dont les parties l’ont appliqu´e constituent des el´´ ements importants dans la d´emarche d’interpr´etation34. Or, plusieurs factures echelonn´´ ees de 1992 a` 1999 et pr´esent´ees a` QNSL par Sodexho sous la rubrique past service payments ont et´´ e pay´ees, de fa¸con r´eguli`ere. QNSL r´eplique qu’elle devait les assumer parce qu’il s’agirait d’« ajustements au service courant »35. 60 La juge rejette cet argument : [320] Comme l’a expliqu´e Mme Trudeau36, le coˆut du service cou- rant repr´esente un pourcentage de la masse salariale vers´e de fa¸con prospective. [321] Quant aux past service payments, QNS&L soutient qu’ils n’ont rien a` voir avec un d´eficit du fonds de pension. Tout au plus, ces paiements pourraient repr´esenter des sommes com- pensant un d´eficit de modification, ce qui, selon elle, se dis- tingue des d´eficits de capitalisation ou de solvabilit´e. Pour le Tribunal, cela n’apparaˆıt pas clairement de la preuve. [322] Selon QNS&L, Mme Trudeau aurait indiqu´e dans son t´emoignage que les past service payments constituent le paie- ment d’un d´eficit d´ecoulant d’une modification au r´egime. [323] Bien que Mme Trudeau ait en effet expliqu´e la nature d’un d´eficit de modification, elle n’a pas, de l’avis du Tribunal, re- li´e celui-ci aux « past service payments ». Elle a d’ailleurs indiqu´e qu’un d´eficit de modification fait partie du d´eficit de capitalisation. [...]

34Paragraphe 316. 35Au paragraphe 319. 36Mme Isabelle Trudeau est actuaire (fellow) chez Mercer depuis 1990 et agit comme consultante en mati`ere de r´egime de retraite. Elle a travaill´e dans le dos- sier Sodexho de 1999 a` 2002. Sodexho c. QNSL La Cour 231

61 Et la juge d’ajouter : [325] Bien que les parties tentent de relier les « past service pay- ments » a` des d´eficits diff´erents, il n’en demeure pas moins que, quelle que soit la cause du d´eficit, QNS&L a toujours assum´e tous les paiements reli´es au fonds de pension. QNS&L ne convainc pas le Tribunal qu’un d´eficit doit etreˆ trait´e diff´eremment selon qu’il rel`eve d’une modification au r´egime de pension ou selon qu’il s’agit d’un d´eficit de capitalisation ou de solvabilit´e. 62 Egalement,´ la juge souligne, se r´ef´erant encore l`a a` la preuve administr´ee : [326] La preuve d´emontre que, depuis 1971, Sodexho facture a` QNS&L, mensuellement, toutes les sommes que les rapports ac- tuariels lui indiquent de payer, conform´ement a` la loi, a` la Great West. Entre 1992 et aoˆut 1997, Sodexho facture mensuellement toutes les sommes qu’elle verse dans le fonds de pension au b´en´efice de ses employ´es. 63 Elle note enfin : [327] Outre les « past service payments », QNS&L a rembours´e a` Sodexho, a` trois reprises, des montants plus importants reli´es au fonds de pension. Dans son argumentation, QNS&L soutient que deux de ces factures s’expliquent ais´ement, car elles sont le r´esultat d’erreurs factuelles. [R´ef´erences omises] 64 La juge s’attarde a` ces trois factures. Elle note que la premi`ere d´ecoule d’une contribution r´etroactive pay´ee le 28 avril 1993 par Sodexho a` Great West, pour la p´eriode du 1er mars 1990 au 30 avril 1993, en raison de l’´evolution du r´egime depuis l’´evaluation actuarielle effectu´ee en date du 1er septembre 1990. A` son avis, cette cotisation semble « d´ependre d’un manque de fonds au moment de l’´evaluation ac- tuarielle d’avril 1993 »37. La juge qualifie de floue la preuve administr´ee a` ce sujet38. 65 Apr`es avoir conclu que la seconde facturation concerne un ajustement au service courant, la juge relate que la troisi`eme, qui s’´el`eve a` 50 600 $, vise a` combler un d´eficit de capitalisation du r´egime, ce que QNSL ad-

37Paragraphe 328. 38Au paragraphe 331. 232 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

met. Elle rejette la pr´etention d’erreur avanc´ee par QNSL en r´eit´erant que le d´eficit de capitalisation ne doit pas etreˆ trait´e diff´eremment de tout autre ajustement n´ecessaire pour respecter les exigences impos´ees a` l’employeur par la loi39. 66 Pour ce qui concerne les frais li´es au r´egime de retraite qui auraient et´´ e pay´es par erreur, QNSL les identifie ainsi dans sa d´efense et demande reconventionnelle amend´ee, dossier C : 39. Ainsi, pour la p´eriode allant de janvier 1997 a` juin 1999, Sodexho nous a factur´e les frais d’administration et d’investissement de la caisse de retraite de ses employ´es ainsi que les frais factur´es par divers consultants tels que Price Waterhouse Coopers, Aon Consulting, William M. Mercer, The Great West et Morris & Makenzie inc., pour la gestion et la v´erification des fonds de cette caisse de retraite (ci-apr`es collectivement les « frais d’administration de la caisse de retraite »); 40. Ces frais d’administration de la caisse de retraite qui nous ont et´´ e factur´es par Sodexho et que nous avons pay´es, pour la p´eriode allant de janvier 1997 a` juin 1999, s’´el`event a` 92 013,58 $; 67 La premi`ere juge rejette40 cette r´eclamation dans les termes suivants : [344] Telle que pr´ec´edemment mentionn´ee, la preuve r´ev`ele que pendant toute la dur´ee du Contrat, Sodexho facture a` QNS&L les frais d’administration de la Great West, des frais relatifs au r´egime-groupe La Mutuelle, les frais pour les etats´ finan- ciers v´erifi´es et pr´epar´es par Price Waterhouse relativement aux r´egimes de retraite, les frais des actuaires Mercer, les frais des courtiers Morris and McKenzie. [345] QNS&L a toujours pay´e ces montants. Elle soul`eve aujourd’hui avoir pay´e par erreur, et d´esire etreˆ rembours´ee. [346] Le Tribunal est d’avis qu’il ressort de l’´economie g´en´erale du Contrat que QNS&L est tenue de verser ces montants a` Sodexho. Ni l’interpr´etation des termes du Contrat, ni l’application qu’en ont fait les parties ne conduit a` une d´eci-

39Au paragraphe 341. 40Elle commet un lapsus en concluant que « cette r´eclamation est accueillie », au paragraphe 347. Sodexho c. QNSL La Cour 233

sion diff´erente. Il est faux de pr´etendre que les frais n’´etaient pas connus de QNS&L. Au contraire, QNS&L recevait toute l’information pertinente et n’avait qu’`a la consulter. 68 La juge de premi`ere instance refuse egalement´ 41 la r´eclamation de QNSL visant a` r´ecup´erer 45 000 $ qui auraient et´´ e vers´es par erreur a` Sodexho42 sur la foi d’une facture du 9 octobre 199743 relative a` des montants li´es au r´egime de retraite, pour les p´eriodes du 1er mars au 31 aoˆut 1996, du 1er septembre 1996 au 31 aoˆut 1997 et du 1er septembre 1997 au 31 aoˆut 1998. Cette facture dans laquelle est inclus le montant de 45 000 $ totalise 50 600 $44...... 69 QNSL revient a` la charge avec la plupart des arguments plaid´es en premi`ere instance. 70 Elle soutient que le Contrat est clair en ce qu’il se r´ef`ere aux coˆuts d’op´eration encourus dans l’ex´ecution des services de traiteur. Les men- tions des « fournitures et mat´eriel achet´es » et du « coˆut mensuel de la masse salariale » que l’on retrouve a` la clause 10.1 du Contrat indiquer- aient l’interpr´etation restrictive qu’il faut donner aux paragraphes 9.1a) et 10.1g) du Contrat. 71 Les contextes imm´ediat et g´en´eral dans lesquels on retrouve les ter- mes « pension plans » iraient dans le mˆeme sens. Il s’agirait d’obligations li´ees aux « prestations de service courant fournies par les employ´es »; les contributions mensuelles dues par l’employeur seraient les seules vis´ees. L’interpr´etation litt´erale, en parall`ele, du paragraphe 9.1b) du Contrat relatif au management fee appuierait la pr´etention de QNSL selon laquelle seul le « service courant transmis mensuellement a` Great-West au nom de ses employ´es » serait vis´e par les mots « actual salaries and wages... including pension plans ». La clause 10.4 du Con- trat devrait egalement´ etreˆ consid´er´ee.

41Aux paragraphes 387 et 388. 42D´efense et demande reconventionnelle dossier C. 43Elle porte le num´ero 123047. 44Voir le paragraphe 65 ci-haut et les paragraphes 334 et ss. du jugement dont appel. 234 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

72 QNSL ajoute que l’emploi des termes g´en´eraux « pension plans » ne permet pas de conclure, a` lui seul, qu’elle a assum´e une obligation g´en´er- ale de rembourser tous les frais aff´erents au r´egime de retraite des em- ploy´es de Sodexho. La juge aurait adopt´e une interpr´etation d´enaturant le Contrat. Son obligation se limiterait au remboursement des paiements li´es au service courant (current service) et aux ajustements au service courant (past service payments), sans qu’elle soit pour autant redevable des obligations qui incombent a` Sodexho en sa qualit´e d’employeur en vertu de la loi. 73 QNSL plaide aussi que l’obligation de payer le d´eficit actuariel du r´egime de retraite r´esulte de la d´ecision de Sodexho de mettre fin au r´e- gime de retraite de ses employ´es. Elle argumente que cette obligation n’a rien a` voir avec l’ex´ecution du contrat mais r´esulte de la performance des investisseurs agissant sous la responsabilit´e du comit´e de retraite sur le- quel elle n’exer¸cait aucune autorit´e. Elle demande ce qui se serait pass´e si le r´egime s’´etait termin´e quelques ann´ees plus tard ou s’il avait engen- dr´e un surplus. L’interpr´etation de la premi`ere juge serait d´eraisonnable. 74 Abordant le litige d’un autre angle, QNSL souligne que l’obligation faite a` l’employeur par la LRCR de combler le d´eficit actuariel d’un r´e- gime de retraite a` sa date de terminaison remonte a` 1990. Or, rien n’indique que les parties ont voulu, lors du renouvellement du contrat, en 1992, faire supporter par QNSL cette nouvelle obligation l´egislative. Le fardeau de cette preuve incombait a` Sodexho. Elle ajoute que les obliga- tions l´egislatives de Sodexho ne font, en principe, pas partie des coˆuts d’op´eration d´efinis a` la clause 10 du Contrat. 75 Pour ce qui concerne les paiements effectu´es au regard du r´egime de retraite pendant la dur´ee du Contrat, en sus du service courant, QNSL fait valoir qu’ils visaient a` compenser « des ajustements a` etreˆ faits a` ce mˆeme service courant et identifi´es aux factures comme des « past service payments ». Elle identifie deux types de paiements : les premiers se rap- portent aux factures mensuelles emises´ par Sodexho; les seconds se rap- portent a` des ajustements ponctuels visant a` corriger des erreurs com- mises en cours de route. 76 S’attardant plus particuli`erement a` une facture du 28 avril 1993, QNSL reproche a` la premi`ere juge45 de lui avoir, a` tort, impos´e de

45Au paragraphe 331 de son jugement. Sodexho c. QNSL La Cour 235

d´emontrer l’absence de lien entre ce paiement et l’obligation « de sup- porter le d´eficit actuariel » alors que le fardeau d’un tel lien incombait a` Sodexho. Elle d´eplore que la juge ne fasse pas de distinction entre un past service payment, qui constitue un ajustement au service courant, et un « paiement sp´ecial » qui comble un d´eficit de capitalisation. 77 Seul un paiement sp´ecial de 45 000 $ aurait et´´ e effectu´e par QNSL46 par erreur, « apr`es plusieurs mois d’h´esitation », en relation avec le d´efi- cit actuariel du r´egime de retraite. Il s’agit d’un montant r´eclam´e par de- mande reconventionnelle, dans le dossier C. QNSL conclut que si son erreur devait etreˆ qualifi´ee d’inexcusable, la sanction appropri´ee consis- terait a` lui en refuser le remboursement et non a` lui imputer la respon- sabilit´e contractuelle du d´eficit actuariel du r´egime. 78 En ce qui a trait au remboursement des frais d’administration, d’investissement et de consultants li´es au r´egime retraite47, QNSL r´eit`ere qu’ils ne sont pas assimilables a` des coˆuts d’op´eration en vertu du paragraphe 10.1g) du Contrat.

2. Interpr´etation 79 Le Contrat pose, sans l’ombre d’un doute, une difficult´e d’interpr´etation. La r´edaction des dispositions pertinentes remonte a` 1971 et leur port´ee n’a pas et´´ e pr´ecis´ee autrement par les parties con- tractantes entre 1971 et le 15 septembre 1999. Que recoupent les actual operating costs incurred by the CATERER in the operation of its ser- vices ? Que signifie la mention pension plans and other fringe benefits pursuant to the current and future Collective Agreements between the CATERER and their employees, s’agissant de charges qui sont incluses dans les coˆuts d’op´eration ? La premi`ere juge a, a` bon droit, estim´e qu’il fallait donner un sens a` ces dispositions et recherch´e la commune inten- tion des parties48. 80 En effectuant cet exercice, les principes de raisonnabilit´e et d’´equit´e ont leur place, comme le juge Estey le rappelait pour la majorit´e de la

46Facture 123047 du 9 octobre 1997, pi`ece GP-35, au montant de 50 600 $ dont 5 600 $ repr´esentait, selon QNSL, du service courant. 47Demande reconventionnelle, dossier C. 48Art. 1425 C.c.Q. 236 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

Cour suprˆeme dans l’arrˆet Consolidated-Bathurst Export Ltd. c. Mutual Boiler & Machinery Insurance Co.: [L]es r`egles normales d’interpr´etation am`enent une cour a` rechercher une interpr´etation qui, vu l’ensemble du contrat, tend a` traduire et a` pr´esenter l’intention v´eritable des parties au moment o`u elles ont contract´e. D`es lors, on ne doit pas utiliser le sens litt´eral lorsque cela entraˆınerait un r´esultat irr´ealiste ou qui ne serait pas envisag´e dans le climat commercial dans lequel l’assurance a et´´ e contract´ee. Lorsque des mots sont susceptibles de deux interpr´etations, la plus raison- nable, celle qui assure un r´esultat equitable,´ doit certainement etreˆ choisie comme l’interpr´etation qui traduit l’intention des parties. De mˆeme, une interpr´etation qui va a` l’encontre des intentions des par- ties et du but pour lequel elles ont a` l’origine conclu une op´eration commerciale doit etreˆ ecart´´ ee en faveur d’une interpr´etation de la po- lice qui favorise un r´esultat commercial raisonnable49. [Nous soulignons.] 81 Rappelons aussi que l’interpr´etation d’une clause contractuelle pourra, sous certains rapports, etreˆ assimil´ee a` une question de fait50 puisqu’elle requiert l’appr´eciation de la trame factuelle d’une affaire. C’est le cas ici et nous devons, dans les circonstances, faire preuve de

49Consolidated-Bathurst Export Ltd. c. Mutual Boiler & Machinery Insurance Co. (1979), [1980] 1 S.C.R. 888 (S.C.C.), p. 901. Voir aussi Snyder c. Racine & Chamberland inc. (1995), J.E. 95-1675 [1995 CarswellQue 1086 (Que. C.A.)] et Bettan c. 146207 Canada inc., [1999] R.J.Q. 2334 pour des r´ef´erences a` la no- tion d’´equit´e et Paul Dub´e et Fils lt´ee c. Pisapia inc. (1993), J.E. 93-1883, [1993 CarswellQue 704 (Que. C.A.)], Parent c. Structures Lamerain Inc., J.E. 93-699 [1993 CarswellQue 2039 (Que. C.A.)], 3092-4484 Qu´ebec Inc. c. Turmel (1997), J.E. 97-339 (Que. C.A.) [1997 CarswellQue 74], Soci´et´e de r´ecup´eration, d’exploitation & de d´eveloppement forestiers du Qu´ebec c. Gestion Grand Remous inc. (1999), J.E. 99-1151 (Que. C.A.) [1999 Carswell- Que 1870], MFQ, Corp. d’assurance c. Assurance-vie Desjardins (2000), J.E. 2000-2244 (Que. C.A.) [2000 CarswellQue 2535], et Carrefour Langelier c. Woolworth Canada Inc. (2002), J.E. 2002-368 (Que. C.A.) [2002 CarswellQue 115], pour des applications de la notion de raisonnabilit´e. 50Fran¸cois Gendron, L’interpr´etation des contrats, Montr´eal, Wilson & Lafleur, 2002, p. 15. Sodexho c. QNSL La Cour 237

retenue a` l’´egard d’une telle interpr´etation, sauf en pr´esence d’une erreur manifeste et dominante51.

a) La nature du contrat 82 Les parties conviennent que le Contrat en est un a` Cost plus52. La premi`ere juge note que ce « type de contrat vise a` faire supporter au client tous les coˆuts encourus par l’entrepreneur et pr´esente, par le fait mˆeme, de faibles risques pour celui-ci »53. QNSL n’attaque pas, comme tel, cet enonc´´ e. 83 Effectivement, ce type de contrat se prˆete bien a` des situations com- plexes o`u il est difficile de tout pr´evoir. Celui qui ex´ecute l’ouvrage prend peu de risques et sera normalement pay´e de ce qui lui est dˆu. De son cˆot´e, le donneur d’ouvrage esp`ere r´eduire la marge de profit de l’ex´ecutant mais s’efforcera de contrˆoler et de r´eduire les coˆuts54.

b) Les termes du contrat 84 De l’avis de QNSL, la lecture globale du Contrat convainc que seuls les paiements mensuels relatifs au r´egime de retraite sont remboursables. Son raisonnement d´ebute au paragraphe 9.1b) qui accorde le manage- ment fee sur the total cost of supplies and material prurchased et sur the CATERER’s monthly payroll costs. Ensuite, QNSL passe a` la clause 10.1 dont elle rattache les paragraphes a), b) et c) aux supplies and mate- rial prurchased puis le paragraphe g), qui nous concerne tout particuli`er- ement, au monthly payroll costs. 85 QNSL ajoute que les termes utilis´es au paragraphe 10.1g) « font tous r´ef´erence a` des obligations li´ees aux prestations de service courant fournies par les employ´es ». Il s’agit de sommes que l’employeur verse « a` chaque employ´e pour chaque p´eriode de paye » ou « a` des tiers au

51Housen v. Nikolaisen, [2002] 2 S.C.R. 235 (S.C.C.), paragr. 10. 52Le Bureau de la traduction du Canada propose de traduire cette expression par « contrat de remboursement des coˆuts », Termium Plus, Bureau de la traduction du Canada, http://www.termiumplus.gc.ca/tpv2alpha/alpha- fra.html?lang=fra&i=&index=ent&__index=ent&srchtxt=cost+plus 53Au paragraphe 304. 54Voir par exemple N & H Contracting Ltd. v. Gordon, [1993] B.C.J. No. 45 (B.C. C.A), paragr. 64. 238 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

b´en´efice de ses employ´es en vertu de la loi ou de la Convention collec- tive ». Elle r´esume son propos : 42. Ainsi, les termes « pension plans » r´ef`erent aux contributions mensuelles repr´esentant le coˆut du service courant (« current ser- vice ») et correspondant a` un pourcentage de la masse salariale, que Sodexho est tenue de verser au fonds de pension de ses employ´es conform´ement a` l’article 41 de la LRCR. 86 La premi`ere juge tranche ce moyen aux paragraphes 309 a` 315 de son jugement55. QNSL ne fait voir dans son raisonnement aucune erreur sus- ceptible de justifier notre intervention. 87 Ajoutons que les paragraphes 9.1a) et 10.1g) du Contrat ne font pas r´ef´erence aux monthly payroll costs. QNSL s’est engag´ee a` rembourser Sodexho for the actual operating costs incurred [...] in the operation of its services56. Si le r´egime de retraite avait pu etreˆ capitalis´e au jour le jour par l’employeur, dans un monde id´eal, QNSL aurait rembours´e a` Sodexho les sommes pay´ees au b´en´efice de ses employ´es aux fins du r´egime de retraite, pour toute la p´eriode vis´ee au contrat liant les parties. Ces sommes auraient n´ecessairement et´´ e int´egr´ees a` ses d´epenses d’op´eration. Le Contrat ne comporte aucune r´eserve a` cet egard.´ 88 Par ailleurs, font partie int´egrante des coˆuts d’op´eration les « pension plans and other fringe benefits pursuant to the current and future Collec- tive Agreements [...] » entre Sodexho et ses employ´es. Il n’y a pas de stipulation limitant l’obligation assum´ee par QNSL aux seuls montants pay´es chaque mois par Sodexho. 89 Plus encore, la convention collective exige de Sodexho qu’elle verse « a` la caisse de retraite les cotisations que l’actuaire juge n´ecessaires pour pourvoir : 1) au coˆut normal des prestations que les participants accumulent en vertu du r´egime, et 2) a` l’amortissement ad´equat de tout d´eficit actuariel ou de tout d´eficit de solvabilit´e [...] »57. La distinction que nous invite a` faire QNLS entre les coˆuts reli´es au service courant et ceux qui ne le sont pas ne ressort pas des termes du Contrat; elle est, au surplus, pr´ecaris´ee lorsque l’on interpr`ete concurremment le Contrat et la convention collective.

55Cit´es au paragraphe [58]. 56Art. 9.1 a). 57Clause 10.02 1). Sodexho c. QNSL La Cour 239

90 La premi`ere juge ne s’arrˆete pas l`a. Elle regarde de quelle fa¸con les parties ont mis en œuvre le Contrat.

c) Le comportement des parties 91 La juge ecrit´ a` ce sujet : [318] QNS&L soutient que le march´e conclu entre les parties se limite uniquement au remboursement par QNS&L des paie- ments li´es au service courant (« current service ») vers´es mensuellement par Sodexho dans le fonds de pension de ses employ´es. [319] Sodexho a produit plusieurs factures echelonn´´ ees de 1992 a` 1999. Celles-ci d´emontrent qu’en plus, de fa¸con r´eguli`ere, QNS&L payait des factures sous la rubrique « past service payments ». QNS&L admet que ces paiements font partie des obligations qu’elle doit assumer car, selon elle, ils sont des ajustements au service courant. 92 En regard des « Past service payments », elle conclut58 : [325] Bien que les parties tentent de relier les « past service pay- ments » a` des d´eficits diff´erents, il n’en demeure pas moins que, quelle que soit la cause du d´eficit, QNS&L a toujours assum´e tous les paiements reli´es au fonds de pension. QNS&L ne convainc pas le Tribunal qu’un d´eficit doit etreˆ trait´e diff´eremment selon qu’il rel`eve d’une modification au r´egime de pension ou selon qu’il s’agit d’un d´eficit de capitalisation ou de solvabilit´e59. 93 Aucune erreur manifeste et d´eterminante ne nous a et´´ e d´emontr´ee a` l’´egard de ces d´eterminations essentiellement factuelles. 94 Attardons-nous a` une facture pay´ee par QNSL le 30 avril 1998 et qui appuie la th`ese de Sodexho selon laquelle QNSL acceptait de payer les frais aff´erents au r´egime de retraite et son d´eficit eventuel.´ 95 Un rapport d’´evaluation actuarielle du r´egime en date du 1er septem- bre 1996, pr´epar´e par Mercer, indique un degr´e de solvabilit´e de 101% et un d´eficit de capitalisation de 169 400 $. L’on recommande a` Sodexho de verser 50 600 $ au gestionnaire du r´egime, Great West Life [Great

58Son raisonnement est expliqu´e aux paragraphes 320 a` 323, reproduits au paragraphe [60], supra. 59Ce paragraphe est reproduit de nouveau, par commodit´e. 240 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

West]. Sodexho s’ex´ecute et pr´esente a` QNSL, le 9 octobre 1997, une demande de remboursement. 96 Il s’agit de la facture 123047 au montant de 50 600 $ d´elivr´ee au nom de QNSL. Elle fait etat´ d’un montant de 45 000 $ dˆu pour la p´eriode du 1er mars 1996 au 31 aoˆut 1998 et est annex´ee a` une lettre envoy´ee le mˆeme jour au Directeur r´emun´eration et avantages sociaux de QNSL par le Vice-pr´esident Finances & Administration de Sodexho. Le rapport ac- tuariel du r´egime de retraite compl`ete l’envoi et l’on indique que, a` la suite du rapport, des ch`eques totalisant 50 600 $ ont et´´ e transmis a` Great West, repr´esentant un ajustement et des montants forfaitaires dˆus. 97 La facture demeure impay´ee et QNSL demande des explications. Sodexho revient a` la charge le 14 avril 1998, par lettre de son Vice-pr´esi- dent Finances & Administration envoy´ee a` l’acheteur senior de QNSL, monsieur Eddy McKinnon60 : M. McKinnon, Je me permet de vous ecrire´ en rapport avec notre facture num´ero 123047 du 9 octobre dernier au montant de $50,600.00 dont vous trouverez copie ci-jointe. D’apr`es notre g´erant de projet Monsieur Antonin Bernier, vous avez d´ej`a eu connaissance de cette facture. Tel qu’il est mentionn´e sur celle-ci, cette facture est pour le rembour- sement des versements que nous avons eu a` faire en octobre dernier a` la Cie. d’Assurance Great West. Les montants proviennent du rap- port actuariel du r´egime de retraite de nos employ´es travaillant sur notre contrat de gestion alimentaire que nous avons avec votre Com- pagnie depuis de nombreuses ann´ees. Pour votre information, je vous transmet la copie du rapport qui in- dique les montants a` payer dans la caisse du r´egime. Tel que je vous le mentionnais dans ma note du 22 octobre dernier, ce r´egime existe depuis 1973 et la nature de notre contrat avec I.O.C. fait en sorte que vous avez la responsabilit´e de nous rembourser tout les coˆuts relatifs a` notre personnel incluant les contributions aux deux r´egimes de retraite.

60Notons que les discussions entre QNSL et Sodexho intervenues entre octobre 1996 et avril 1997 et visant a` diminuer les coˆuts du Contrat en effectuant diverses economies´ ont impliqu´e directement Eddy McKinnon, agissant pour et au nom de QNSL. Sodexho c. QNSL La Cour 241

J’inclus egalement´ pour votre information, une copie recto-verso de notre ch`eque a` la Great West. Pour plus d’explication auriez-vous l’obligeance de communiquer avec Monsieur Mike Sefsik de votre Compagnie qui connaˆıt parfaitement ce dossier et a` qui nous avons envoy´e en octobre dernier une copie du rapport actuariel du 1er septembre 1996. Esp´erant le tout a` votre enti`ere satisfaction et que ces explications pourrons d´ebloquer le paiement de ce montant, veuillez agr´eer Mon- sieur McKinnon l’expression de mes sentiments distingu´es. [Nous soulignons.] 98 La facture est pay´ee le 30 avril suivant et la premi`ere juge ne retient pas, a` l’´evidence, la th`ese du paiement par erreur invoqu´ee par QNSL le 29 janvier 2008, dans le cadre de la d´efense et demande reconvention- nelle amend´ee du dossier C61. La juge ajoute plus largement sur la question : [341] Tel que pr´ec´edemment mentionn´e, QNS&L ne convainc pas le Tribunal que le d´eficit de capitalisation doive etreˆ trait´e dif- f´eremment de tout autre ajustement n´ecessaire afin de re- specter les exigences impos´ees a` l’employeur par la loi. [342] QNS&L plaide que seul le Comit´e de retraite de Sodexho est responsable des revenus qui sont g´en´er´es par le fonds. Cette donn´ee ne d´epend en aucune fa¸con de QNS&L et celle-ci ne devrait pas en etreˆ tenue responsable. [343] Mme Trudeau explique cependant dans son t´emoignage, que le d´eficit de capitalisation du fonds de retraite est caus´e par diff´erents facteurs. Le rendement des placements en fait par- tie, mais n’en est pas l’unique cause. Le Tribunal est d’avis que cet argument n’est pas suffisant pour exclure ce d´eficit des obligations de QNS&L. 99 QNSL ne nous convainc pas qu’une erreur r´evisable entache ces d´e- terminations de fait. 100 Dans un autre registre, rappelons que, depuis le 1er janvier 1990, l’article 228 LRCR edicte´ qu’en cas de terminaison totale ou partielle d’un r´egime de retraite, le manque d’actif n´ecessaire a` l’acquittement des droits des participants ou b´en´eficiaires vis´es par la terminaison constitue

61A` concurrence de 45 000 $. 242 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

une dette de l’employeur. Cette disposition d’ordre public62 n’empˆeche toutefois pas l’employeur de conclure une entente afin que quelqu’un d’autre assume une partie ou la totalit´e de cette dette [...]63. 101 Les clauses pertinentes du contrat de 1992 sont demeur´ees, pour l’essentiel, inchang´ees par rapport a` ce qui etait´ stipul´e aux contrats ant´erieurs. Baudouin et Jobin notent qu’en cas de changements de cir- constances en cours de contrat, des el´´ ements extrins`eques doivent etreˆ examin´es : Il peut arriver, par exemple, qu’un terme de la convention englobe d´esormais une r´ealit´e nouvelle qui n’existait pas au moment de la formation du contrat ; c’est en se r´ef´erant aux divers facteurs d’interpr´etation et notamment a` la mati`ere sur laquelle porte le con- trat que l’on parviendra a` d´eterminer s’il etait´ dans l’intention des parties d’ˆetre li´ees a` l’´egard de cette nouvelle r´ealit´e64. 102 La recherche de l’intention des parties doit, l`a encore, nous guider65. Or, il faut tenir pour acquis que les parties, des entit´es corporatives de premier plan, etaient´ au fait des changements l´egislatifs consid´erables survenus en mati`ere de r´egime de retraite en 1990. Elles n’ont apport´e aucun changement significatif a` leur entente de services en juin 1992. Mais fallait-il n´ecessairement y changer quelque chose ? 103 Le point de vue de Sodexho sur les obligations assum´ees par QNSL, notamment en mati`ere de r´egime de retraite, ne faisait pas l’objet de con- testation et sera mˆeme confort´e au fil des ans par l’attitude, voire l’acquiescement de QNSL, jusqu’`a ce qu’il paraisse clair que l’association entre les parties tirait a` sa fin, au d´ebut de 1999. Selon la compr´ehension de Sodexho, QNSL assumait les coˆuts g´en´er´es par les op- erations´ de Sodexho qui se contentait d’une r´emun´eration de gestion

62Voir par exemple Multi-Marques Distribution inc. c. Qu´ebec (Tribunal ad- ministratif), [2008] R.J.Q. 853, 2008 QCCA 597 (Que. C.A.), paragraphe 21. 63R´egie des rentes du Qu´ebec, Loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite: annotations et commentaires, feuilles mobiles, vol. 1, mars 1998, p. 228-2. 64Jean-Louis Baudouin et Pierre-Gabriel Jobin, Les obligations, 6e ed.,´ par Pierre-Gabriel Jobin avec la collaboration de Nathalie V´ezina, Cowansville, Edi-´ tions Yvon Blais, 2005, n° 442, p. 452-453. 65Tricil lt´ee c. Gatineau (Ville), J.E. 2000-609 (Que. C.A.) [2000 CarswellQue 215]. Sodexho c. QNSL La Cour 243

bas´ee sur les achats et la paye vers´ee mensuellement aux employ´es, cette r´emun´eration comportant un prix plancher. 104 Sodexho argumente a` son m´emoire, au sujet de la th`ese de l’erreur avanc´ee tous azimuts par QNSL : 8. Une s´erie de contrats ecrits,´ stipulant en grande partie les mˆemes modalit´es, se succ´ed`erent entre QNS&L d’une part et, d’autre part, Crawley (1971 a` 1988), puis SODEXHO (1988 a` 1999). Les contrats successifs pr´evoient que QNS&L allait payer a` SODEXHO des frais annuels de g´erance minimums qui vari`erent de 75 000 $ et qui furent progressivement r´eduits aux environs de 27 500 $, a` partir de 1997 (prix 0,25 $ par repas X 100 000 = 27 500 $). Ces frais de g´erance sont bien peu en comparaison des coˆuts des services alimentaires qui totalisaient annuellement entre 2 et 3 millions de dollars. 9. Les frais de g´erance repr´esentent les seuls profits bruts an- nuels de SODEXHO pour la gestion compl`ete des camps et des caf´et´erias de QNS&L. Ils sont minimes parce que SODEXHO n’encourre aucun risque puisque toutes les d´epenses de nourriture et la masse salariale sont rembours´ees par QNS&L. Cependant, avec les frais de g´erance, SODEXHO doit continuer a` assumer ses coˆuts administratifs de la gestion des salaires, des achats, de la nourriture, de la comptabilit´e et de la gestion qui ne sont pas couverts par le contrat. Les parties qualifient cette entente de contrat « costs plus ». Ainsi, SODEXHO facture jusqu’en 1997 le coˆut de la masse salariale ainsi que les coˆuts des achats de nourriture et de mat´eriel. A` partir de mai 1997, il y aura un changement. Au lieu de payer la nourriture, QNS&L paiera un prix fixe par repas pour la nourriture mais elle continuera de payer la masse salariale et les b´en´efices marginaux comme auparavant. [...] 37. La preuve a r´ev´el´e que pendant toute la dur´ee du contrat, SODEXHO a factur´e a` QNS&L r´eguli`erement tous les frais reli´es a` l’administration du R´egime de retraite. A` titre d’exemple, plusieurs factures des soci´et´es suivantes furent r´eguli`erement rembours´ees par QNS&L: le gestionnaire du fonds, Great West, la Mutuelle pour ses honoraires de ges- tion, PriceWaterhouse pour la pr´eparation des etats´ financiers v´erifi´es, Mercer pour ses honoraires professionnels a` titre 244 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

d’actuaire et pour les rapports actuariels qui r´e´evaluaient le R´egime de retraite tous les trois ans et, enfin, les frais de courtiers de Morris & MacKenzie. [...] 38. QSN&L a soulev´e encore une fois avoir pay´e ces sommes pendant vingt-huit ann´ees par erreur et a demand´e a` etreˆ rembours´ee pour celles qui avaient et´´ e vers´ees durant les trois derni`eres ann´ees du contrat. Pr´etendre que les paiements de ces frais et honoraires ont et´´ e faits par erreur, comme s’ils n’avaient pas et´´ e connus des dirigeants de QNS&L a` l’´epoque, contredit ce que les dirigeants ant´erieurs de QNS&L avaient d´ecid´e de mˆeme que l’ensemble de la preuve. Cette all´egation s’av`ere abusive dans les circon- stances. En effet, Louis Gravel et Jos´e Riopel, qui ont et´´ e responsables du contrat depuis 1997 jusqu’en septembre 1999, ont reconnu eux-mˆemes avoir approuv´e par leur signa- ture chacune des factures qui furent pay´ees a` SODEXHO. [...] [R´ef´erences omises.] 105 Il est bien difficile de qualifier cette position, accept´ee par la juge et largement appuy´ee par la preuve, de d´eraisonnable. 106 QNSL plaide aussi que le d´eficit du r´egime ne d´ecoule pas de son ex´ecution mais bien de sa terminaison. La premi`ere juge serait arriv´ee a` un r´esultat commercialement d´eraisonnable en concluant que l’employeur avait en tout temps l’obligation de maintenir un r´egime solv- able. Cet argument ne tient pas la route. Comme le souligne a` bon droit la RRQ dans ses commentaires et annotations relatifs a` l’article 228 LRCR : On doit remarquer que ce troisi`eme alin´ea66 ne cr´ee pas un nouveau type de dette. Il confirme une dette qui existe d´ej`a. En effet, il con- cerne des sommes que l’employeur etait´ tenu de verser, qu’il y ait ou non terminaison. Puisque l’employeur a fait d´efaut de se conformer a` cette obligation, il en aurait et´´ e d´ebiteur mˆeme en l’absence de cette disposition de la loi. Non seulement l’article 228 vient confirmer

66Il s’agit maintenant du second alin´ea qui enonce´ : « Si l’employeur a, a` la date de terminaison, omis de verser des cotisations a` la caisse de retraite ou, selon le cas, a` l’assureur, cette dette est l’exc´edent du manque d’actif sur ces cotisations. Sodexho c. QNSL La Cour 245

cette obligation, mais l’article 229 en pr´ecise les modalit´es d’acquittement. [...]67 [Nous soulignons.] 107 Au surplus, Sodexho doit b´en´eficier de la r`egle contra stipulatorem en cas de doute irr´em´ediable sur l’interpr´etation a` donner au contrat68.

d) L’autorit´e de la chose jug´ee 108 QNSL soutient finalement que le jugement de premi`ere instance con- trevient au principe de l’autorit´e de la chose jug´ee et remet en question les conclusions auxquelles est arriv´e le Conseil canadien des relations industrielles [CCRI] dans M´etallurgistes unis d’Am´erique69. Dans le contexte d’une objection pr´eliminaire, le CCRI a rejet´e, le 5 juillet 2001, une demande du syndicat des employ´es de Sodexho affect´es au Contrat qui cherchait notamment a` faire d´eclarer QNSL leur v´eritable em- ployeur70 depuis 1971. 109 Le CCRI estime que la demande vise le r´eexamen de quatre d´ecisions ant´erieures du Conseil, qu’elle est tardive et que le syndicat a acquiesc´e a` un etat´ de choses qu’il ne peut plus contester. Il conclut, en cons´equence, que QNSL « n’est plus le v´eritable employeur ». 110 Ce moyen est sans m´erite. 111 Sur le tout, la premi`ere juge a, a` bon droit, accueilli le recours in- troductif de Sodexho dans le dossier G pour ce qui concerne le d´eficit du r´egime de retraite et rejet´e la demande reconventionnelle de QNSL dans le dossier C visant a` r´ecup´erer le montant de 45 000 $ pay´e le 30 avril 1998 pour pallier le d´eficit du r´egime de retraite.

67R´egie des rentes du Qu´ebec, Loi sur les r´egimes compl´ementaires de retraite: annotations et commentaires, supra, note 63. 68Art. 1432 C.c.Q. Voir Didier Lluelles et Benoˆıt Moore, Droit des obligations, Montr´eal, Les Editions´ Th´emis, 2006, n° 1627, p. 863. 69M´etallurgistes unis d’Am´erique, section locale 7065 et al. c. Aramak Qu´ebec inc. et al., supra, note 6. 70En vertu de l’article 44 du Code canadien du travail, L.R.C. 1985, c. L-2. 246 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

e) Les frais d’administration, d’investissement et de consultants li´es au r´egime de retraite 112 Le montant de 92 013,58 $ r´eclam´e a` ce titre par QNSL dans sa de- mande reconventionnelle, dossier C, a et´´ e refus´e par la premi`ere juge qui s’en explique71. QNSL ne fait voir d’erreur r´evisable ni dans l’interpr´etation du contrat liant les parties, tel que discut´e pr´ec´edemment, ni dans l’appr´eciation de la preuve tant documentaire que testimoniale administr´ee a` ce sujet.

B- La facturation des repas [Dossiers A et B] 113 Comme on l’a vu pr´ec´edemment (supra, paragr. [24] a` [29]), les par- ties se disputent a` propos des repas servis et factur´es par Sodexho au cours de la p´eriode 1997 a` 1999. La juge de premi`ere instance, dans le dossier A, accueille l’action de Sodexho, qui r´eclame paiement d’une facture de 35 344,59 $ pour des repas servis entre le 26 juillet et le 22 aoˆut 1999; par contre, elle rejette la demande reconventionnelle de QNSL, qui exige de Sodexho le remboursement d’une somme de 164 416,50 $ pour des repas pr´etendument factur´es en trop, entre 1997 et 1999. En appel, QNSL reconnaˆıt maintenant devoir 24 771,25 $ a` Sodexho, niant cependant devoir le reste, qui r´esulterait d’une surfactura- tion (10 573,34 $); elle maintient par ailleurs sa demande reconvention- nelle (164 416,50 $). 114 Dans le dossier B, la juge de premi`ere instance, l`a encore, accueille l’action de Sodexho, condamnant QNSL a` payer 25 290,84 $ pour des repas servis du 23 aoˆut au 15 septembre 1999. De cette somme, QNSL reconnaˆıt aujourd’hui devoir 17 281,45 $72, mais non les 8 009,39 $ restants, all´eguant ici aussi une surfacturation indue. 115 Toujours dans le dossier B, la juge n’accueille que partiellement la demande reconventionnelle de QNSL, qui r´eclame135 473 $ de Sodexho, c’est-`a-dire : 1° 4 183 $ pour les 4 183 repas servis par Sodexho a` ses propres employ´es, au cours de la p´eriode de janvier a` mai 1997, repas qui auraient dˆu valoir a` QNSL, aux termes du Contrat, un cr´edit de 1 $ chacun, dont Sodexho a omis de tenir compte;

71Aux paragraphes 344 a` 346 reproduits ci-haut. 72P. 67 du m´emoire de l’appelante. Sodexho c. QNSL La Cour 247

2° 131 290 $ pour les 27 640 repas (`a 4,75 $ chacun) pris par des employ´es de Sodexho entre juin et septembre 1999 et dont la charge aurait dˆu incomber enti`erement a` Sodexho et non a` QNSL. 116 La juge de premi`ere instance condamne Sodexho a` verser 4 183 $ a` QNSL et rejette la demande reconventionnelle pour le reste. Cependant, signalons imm´ediatement que la juge, au paragraphe 160 de ses motifs, constate ce qui suit : [160] Sodexho admet qu’une somme de 10 560,70 $ a` titre de cr´edit est due a` QNS&L pour la p´eriode comprise entre le 1er septembre 1998 et le 15 septembre 1999. Cette somme doit donc etreˆ rembour- s´ee par Sodexho. 117 Or, par inadvertance, le dispositif du jugement ne comporte pas de conclusion correspondante. Il y aura donc lieu de le rectifier a` cet egard.´ 118 Par ailleurs, en appel, consid´erant les 4 183 $ d´ej`a obtenus pour la p´eriode de janvier a` mai 1997, QNSL ne r´eclame plus que 27 640 $ a` Sodexho, soit le cr´edit de 1 $ qui lui serait dˆu pour chaque repas pris par les employ´es de cette derni`ere entre juin 1997 et septembre 1999 (elle renonce donc a` soutenir, comme elle l’a fait en premi`ere instance, que Sodexho devait payer seule les repas de ses employ´es au cours de cette p´eriode). Consid´erant les 10 560,70 $ qui auraient dˆu lui etreˆ cr´edit´es pour la p´eriode du 1er septembre 1998 au 15 septembre 1999, le diff´erend ne porte plus que sur le cr´edit de 17 079,30 $ qui lui serait dˆu, pr´etend- elle, pour les repas pris par les employ´es de Sodexho de juin 1997 a` aoˆut 1998...... 119 Le d´ebat entre les parties dans le dossier A et dans le dossier B (pour ce qui est de la demande principale) tourne largement autour du nombre de repas servis au cours de la p´eriode litigieuse. Sodexho affirme qu’elle n’a rien factur´e de plus que les repas qu’elle a r´eellement servis. Elle offre en preuve de cela les rapports que ses cuisiniers sont tenus de r´ediger chaque jour et les compilations qui en ont et´´ e faites aux fins de facturation. De son cˆot´e, QNSL tente de d´emontrer l’existence d’une surfacturation en produisant le rapport73 et le t´emoignage de Jos´e Riopel, coordonnateur pour l’entretien de la voie entre 1997 et 2000. QNSL a

73Baptis´e « Document Riopel » par la juge de premi`ere instance. Le dossier ne r´ev`ele pas la date a` laquelle ce rapport a et´´ e confectionn´e. Son signataire, M. 248 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

demand´e a` M. Riopel de proc´eder a` une v´erification et a` une analyse r´etrospectives de la situation des repas, d’o`u le rapport produit comme pi`ece D-1674, qui etablirait´ que Sodexho a factur´e a` QNSL des repas qui n’ont jamais et´´ e servis. 120 La juge a retenu les pr´etentions de Sodexho a` ce sujet, pr´ef´erant les rapports fournis par les cuisiniers de celle-ci et les compilations qui en ont et´´ e faites et d´eclarant irrecevables, pour partie, le rapport et le t´emoignage de M. Riopel. 121 La juge de premi`ere instance, a` la suite d’une objection de Sodexho, a en effet d´ecid´e que : [104] De l’avis du Tribunal, le t´emoignage de M. Riopel, lorsqu’il se rapporte aux fa¸cons de faire g´en´erales, au sein de QNS&L, n’est pas un t´emoignage d’opinion. En effet, M. Riopel est un t´emoin de premier plan de l’organisation et il est en mesure d’observer et de rapporter les modes de fonctionnement en vigueur. [105] Par contre, lorsqu’il utilise ses connaissances et observations afin de tirer des conclusions sur ce qui, selon lui, repr´esente le nombre de repas qui ont vraisemblablement et´´ e servis, il rend un t´emoignage d’opinion. Or, ce t´emoignage va beaucoup plus loin que les exceptions permises a` la r`egle de l’admissibilit´e dans certains cas, de l’opinion d’un t´emoin ordinaire. [106] La partie du t´emoignage de M. Riopel et du Document Riopel qui rapporte des faits est difficile a` distinguer de celle qui constitue un t´emoignage d’opinion. En effet, les deux parties sont parfois inextricables. [...] [111] Le Tribunal consid`ere comme etant´ inadmissible toute la par- tie du t´emoignage de M. Riopel et du Document Riopel qui constitue son estimation du nombre de repas servis. De l’avis du Tribunal il s’agit d’un t´emoignage d’opinion qui n’est pas admissible.

Riopel, s’y d´ecrit cependant comme « Ing´enieur chef-Transport », poste auquel il a acc´ed´e en 2002. Le rapport est donc concomitant ou post´erieur a` cette date. 74Pi`ece corrig´ee par l’ajout d’une derni`ere page. Sodexho c. QNSL La Cour 249

122 QNSL fait valoir que la juge a err´e en excluant ainsi une large portion du rapport et du t´emoignage de M. Riopel. A` son avis, ni ce rapport ni ce t´emoignage ne sont assimilables au t´emoignage d’un expert, ni n’expriment v´eritablement une opinion. Le rapport est fond´e sur des don- n´ees factuelles et sur l’exp´erience personnelle du t´emoin, qui, en raison des fonctions qu’il occupait a` l’´epoque pertinente, etait´ « la personne la mieux plac´ee pour faire une evaluation´ du nombre de repas servis, parce que personne ne sait mieux que lui comment fonctionne le d´eploiement de la main-d’œuvre sur le chemin de fer »75. Du reste, le rapport et le t´emoignage de M. Riopel seraient recevables mˆeme s’ils exprimaient une opinion, vu le contexte de l’affaire et les exceptions jurisprudentielles applicables. Le t´emoin ordinaire n’est pas totalement empˆech´e d’´enoncer son opinion sur certains faits ou d’en tirer des inf´erences et les tribunaux lui reconnaissent une certaine latitude a` cet egard.´ Il y a sans doute des limites a` ne pas franchir, mais tant le rapport que le t´emoignage de M. Riopel demeurent en de¸c`a de ces limites. 123 Mˆeme si le rapport et le t´emoignage de M. Riopel avaient et´´ e re¸cus int´egralement plutˆot que partiellement, cela n’aurait toutefois pas chang´e l’issue du litige sur la question du nombre des repas servis par Sodexho au cours de la p´eriode en cause. En effet, le rapport et le t´emoignage de M. Riopel ne sont qu’un el´´ ement parmi d’autres. Or, il ressort de la preuve, consid´er´ee dans son ensemble, nombre de faits qui contredisent directement le rapport et le t´emoignage de M. Riopel et en r´eduisent singuli`erement la valeur probante. Ainsi, les faits que la juge rapporte aux paragraphes 122 a` 143 du jugement etablissent´ de mani`ere pr´e- pond´erante la fiabilit´e des rapports fournis par Sodexho (repas comptabilis´es directement par les cuisiniers) et l’exactitude de sa factura- tion, qui repose sur des donn´ees brutes et non (comme c’est le cas du rapport de M. Riopel) sur des estimations faites r´etrospectivement, plusieurs ann´ees apr`es le fait, a` partir de donn´ees indirectes (nombre de repas evalu´´ e en fonction du d´eploiement planifi´e de la main-d’œuvre), et soumises a` un traitement sp´eculatif a` bien des egards´ (par exemple quant au comportement des employ´es qui pourraient rentrer chez eux dans certaines circonstances).

75M´emoire de l’appelante, paragr. 151. 250 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

124 Bref, QNSL n’a pas r´eussi a` etablir´ que des repas lui auraient et´´ e fac- tur´es en trop ni qu’elle aurait pay´e plus que son dˆu au cours de la p´eriode litigieuse. Il n’y a donc pas lieu d’infirmer le jugement de premi`ere in- stance sur ce point, aucune erreur manifeste et dominante n’ayant et´´ e d´emontr´ee. L’action de Sodexho dans le dossier A devait etreˆ accueillie et la demande reconventionnelle rejet´ee, comme elles l’ont et´´ e. De mˆeme, dans le dossier B, la contestation du nombre de repas r´eclam´es par Sodexho (pour une valeur de 8 009,39 $ en appel76) ne convainc pas et ne sera pas retenue...... 125 R´eglons maintenant le cas de la demande reconventionnelle, d´esormais amend´ee, formul´ee par QNSL dans le dossier B. 126 Non seulement QNSL a-t-elle droit aux 4 183 $ dont la juge de pre- mi`ere instance a ordonn´e le paiement, mais elle a droit aussi aux 10 560,70 $ que Sodexho admet lui devoir. Elle a droit egalement´ au surplus qu’elle r´eclame. 127 En effet, contrairement a` ce qu’indique le jugement de premi`ere in- stance, la preuve montre de fa¸con largement pr´epond´erante que Sodexho a bel et bien factur´e a` QNSL les 27 640 repas pris par ses employ´es au cours de la p´eriode de juin 1997 a` septembre 1999, sans tenir compte cependant du cr´edit de 1 $ pr´evu par la clause 6.1 du Contrat. A` cet egard,´ les chiffres qui figurent a` la derni`ere page du rapport du t´emoin Riopel (version corrig´ee)77, colonne « Sodexho », concordent avec ceux des rapports, compilations et factures produits par Sodexho78 et fournis- sent un portrait succinct mais pr´ecis du nombre de repas pris tout au long de la p´eriode par les employ´es de celle-ci79. Il est vrai que ces rapports, compilations et factures ne couvrent pas toute la p´eriode de juin 1997 a`

76Voir supra, paragr. [114]. 77Pi`ece D-16. 78Voir les factures, compilations et rapports fournis a` mˆeme la pi`ece GP-34, ainsi que les pi`eces AP-4B, BP-4 et BP-4A. 79Il appert en outre que l’avocat de Sodexho, au proc`es, a reconnu l’exactitude de ces chiffres. Voir le proc`es-verbal de l’audition du 29 janvier 2008, 9 h 48 : « Me R´emillard admet le nombre de repas indiqu´e dans le tableau a` la page 10 et 21 de D-16 ». Le nombre de repas indiqu´e a` la page 21 de la pi`ece D-16 (rapport de M. Riopel) est identique au nombre de repas figurant sur la derni`ere page Sodexho c. QNSL La Cour 251

septembre 1999, mais on en compte suffisamment d’exemples pour con- stater que le cr´edit de 1 $ n’a pas et´´ e pris en consid´eration dans la fac- turation. C’est la conclusion a` laquelle la juge en etait´ d´ej`a venue pour la p´eriode de janvier a` mai 1997 et Sodexho admet pour sa part devoir a` ce titre 10 560,70 $ pour la p´eriode du 1er septembre 1998 au 15 septembre 1999. 128 Sodexho pr´etend toutefois qu’elle aurait cr´edit´e les repas pris par ses employ´es entre juin 1997 et aoˆut 1998. La preuve pr´epond´erante n’´etaye pas cette affirmation. D’une part, comme on le sait, Sodexho n’a pas ac- cord´e ce cr´edit durant la p´eriode du 1er janvier au 31 mai 1997 et pas davantage durant la p´eriode du 1er septembre 1998 au 15 septembre 1999. Qu’elle l’ait accord´e dans l’intervalle n’est pas vraisemblable. On constate d’ailleurs que les quelques factures produites par Sodexho pour cette p´eriode intercalaire ne comportent pas le cr´edit auquel QNSL avait droit. On verra ainsi les factures suivantes : 17 mai 1997 au 30 juin 1997 (facture 12142080), juillet 1997 (facture 12143481), octobre 1997 (fac- ture 12148782), avril 1998 et mai 1998 (facture 12835583). Mˆeme si ces factures ne couvrent pas toute la p´eriode de juin 1997 a` aoˆut 1998, on peut raisonnablement en extrapoler que le mode de facturation a et´´ e le mˆeme durant toute la p´eriode, omettant indˆument le cr´edit de 1 $ par repas. 129 Par cons´equent, il y aura lieu de faire droit a` la demande reconven- tionnelle de QNSL, telle que modifi´ee en appel. La juge de premi`ere in- stance ayant d´ej`a condamn´e Sodexho a` verser 4 183 $ a` QNSL, il faudra la condamner en plus a` verser 27 640 $ a` cette derni`ere (soit les 10 560,70 $ que Sodexho admet lui devoir pour la p´eriode de septembre 1998 a` septembre 1999 plus les 17 079,30 $ pour la p´eriode de juin 1997 a` aoˆut 1998).

(version corrig´ee) de la pi`ece telle que reproduite a` l’onglet 62 du compendium de l’appelante. 80Pi`ece GP-34. 81Pi`ece GP-34. 82Pi`ece GP-34. 83Pi`ece GP-34. 252 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

C- Charges salariales, frais sociaux, indemnit´e de Mme Jarnet, indemnit´es de relocalisation de MM. Leblanc et Lamarre, dommages-int´erˆets pour l’occupation ill´egale [Dossiers C, D, E et F] 130 Dans le cadre du dossier C, Sodexho r´eclame de QNSL le paiement de la facture 01210284, dat´ee du 30 juin 1999 (p´eriode du 28 mai au 25 juin 1999), au montant de 220 056,85 $ ventil´e comme suit : 1° Charges salariales Heures r´eguli`eres 96 633,38 $ Heures suppl´ementaires 32 970,22 $ Cr´edit pour cong´es r´emun´er´es et autres (10 067,10 $) Sous-total 119 536,50 $ 2° Frais sociaux 71 775,70 $ Sous-total 191 312,20 $ 3° T.P.S. et T.V.Q. 28 744,65 $ TOTAL 220 056,85 $ 131 La juge de premi`ere instance accorde cette demande int´egralement. En appel, QNSL reconnaˆıt devoir 165 660,52 $ a` ce chapitre, contestant le reste (54 396,33 $). 132 Dans le mˆeme dossier, QNSL, par demande reconventionnelle, exige que Sodexho soit condamn´ee a` lui verser 327 214,43 $, somme ventil´ee comme suit : 1° Frais d’administration, d’investissement et de consultants relatifs a` la caisse de retraite des employ´es de Sodexho 92 013,58 $ 2° Somme pay´ee en trop (r´egime de retraite des employ´es de Sodexho) 45 000 $ 3° Avance consentie a` Sodexho 75 000 $ 4° Temps suppl´ementaire excessif pay´e par QNSL entre le 1er janvier et le 28 mai 1999 47 376,05 $ 5° Indemnit´e de d´epart de Mme Jarnet 41 000 $ 6° Indemnit´e de relocalisation (Leblanc, La- 4 803,11 $ marre)

84Pi`ece CP-3. Sodexho c. QNSL La Cour 253

7° Dommages caus´es par les employ´es de Sodexho par l’occupation ill´egale des lieux 22 021,69 $ 133 Le sort des deux premi`eres r´eclamations, qui se rattachent au r´egime de retraite des employ´es de Sodexho, est d´ecrit et r´egl´e dans la section A du pr´esent arrˆet. 134 Quant aux cinq autres r´eclamations reconventionnelles, la juge ordonne a` Sodexho de rembourser l’avance de 75 000 $ qui lui a et´´ e consentie par QNSL. Sodexho reconnaˆıt d’ailleurs devoir ce montant. La juge rejette par ailleurs la demande de QNSL en ce qui concerne les heures suppl´ementaires excessives, le remboursement de l’indemnit´e ver- s´ee a` Mme Jarnet et les dommages r´esultant de l’occupation ill´egale des lieux par les employ´es de Sodexho. Par contre, d’avis que QNSL n’est pas responsable des indemnit´es de relocalisation de 4 803 $ vers´ees a` deux employ´es (MM. Leblanc et Lamarre), elle condamne Sodexho a` rembourser cette somme. 135 En appel, QNSL reconnaˆıt devoir 165 660,52 $ a` Sodexho au chapitre des charges salariales et frais sociaux, contestant l’exc´edent. Elle r´eit`ere sa demande reconventionnelle en ce qui touche le temps suppl´ementaire excessif, l’indemnit´e vers´ee a` Mme Jarnet et les dommages r´esultant de l’occupation ill´egale des lieux. 136 Par son appel incident, Sodexho conteste sa condamnation au remboursement de l’indemnit´e de relocalisation de 4 803 $. 137 Dans les dossiers D, E et F, on peut r´esumer ainsi les r´eclamations respectives des parties en premi`ere instance et en appel, de mˆeme que le jugement de premi`ere instance : Dossier D Sodexho r´eclame le paiement des charges salariales (heures r´egu- li`eres, heures suppl´ementaires) et frais sociaux, plus T.P.S. et T.V.Q., totalisant 289 722,92 $ et couvrant la p´eriode du 26 juin au 23 juillet 1999 (facture 012235, en date du 30 juillet 199985). QNSL, qui reconnaˆıt d´ej`a devoir en premi`ere instance 147 351,18 $ sur la demande principale86 (montant augment´e a`

85Pi`ece DP-3, compl´et´ee par les pi`eces DP-3A et DP-3B (compilations et tab- leaux), DP-3C (registre de paie) et DP-3D (feuilles de temps). 86Voir le paragr. 390 du jugement de premi`ere instance. 254 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

152 904,94 $ en appel87), conteste le reste, essentiellement au re- gard des heures suppl´ementaires; elle formule en outre une de- mande reconventionnelle au montant de 227 318,29 $ visant les heures suppl´ementaires non autoris´ees factur´ees par Sodexho en 1997. En appel, cette demande reconventionnelle est r´eduite a` 198 532,98 $. Le jugement de premi`ere instance accueille la r´eclamation de Sodexho, int´egralement, et rejette la d´efense et demande reconventionnelle88. Dossier E Sodexho r´eclame le paiement des charges salariales (heures r´egu- li`eres, heures suppl´ementaires) et frais sociaux, plus T.P.S. et T.V.Q., totalisant 308 594,18 $ et couvrant la p´eriode du 24 juillet au 3 septembre 1999 (facture 012788, en date du 3 septembre 199989). QNSL, qui reconnaˆıt en appel devoir 129 589,31 $ sur la demande principale90 (montant augment´e a` 152 904,94 $ en appel91), con- teste le reste, essentiellement au regard des heures suppl´e- mentaires; elle formule en outre une demande reconventionnelle au montant de 105 355,42 $ visant la moiti´e des heures suppl´e- mentaires non autoris´ees factur´ees par Sodexho en 1998 (l’autre moiti´e est r´eclam´ee dans le dossier F). En appel, cette demande reconventionnelle est r´eduite a` 92 014,27 $. Le jugement de premi`ere instance accueille la r´eclamation de Sodexho, int´egralement, et rejette la d´efense et demande reconventionnelle92. Dossier F

87M´emoire de l’appelante, p. 69. 88Paragr. 390 a` 393 et p. 69 du jugement. 89Pi`ece EP-3, compl´et´ee par les pi`eces EP-3A et EP-3B (compilations et tab- leaux), EP-3C (registre de paie), EP-3D (feuilles de temps) et EP-5 (tableau- synth`ese). 90M´emoire de l’appelante, p. 69. 91M´emoire de l’appelante, p. 69. 92Paragr. 394 a` 397 et p. 69-70 du jugement. Sodexho c. QNSL La Cour 255

Sodexho r´eclame le paiement des charges salariales (heures r´egu- li`eres, heures suppl´ementaires) et frais sociaux, plus T.P.S. et T.V.Q., totalisant 358 008,84 $ et couvrant la p´eriode du 4 au 15 septembre 1999 (facture 013096, en date du 30 septembre 199993). QNSL, qui reconnaˆıt en appel devoir 136 735,69 $ sur la demande principale94, conteste le reste, essentiellement au regard des heures suppl´ementaires; elle formule en outre une demande recon- ventionnelle au montant de 105 355,42 $ visant la moiti´e des heures suppl´ementaires non autoris´ees factur´ees par Sodexho en 1998 (l’autre moiti´e est r´eclam´ee dans le dossier E, voir supra). En appel, cette demande reconventionnelle est r´eduite a` 92 014,27 $. Le jugement de premi`ere instance accueille la r´eclamation de Sodexho, int´egralement, et rejette la d´efense et demande reconventionnelle95. 138 Nous examinerons dans l’ordre suivant tous les chefs de contentieux soulev´es dans les dossiers C a` F : r´eclamations salariales et heures sup- pl´ementaires (dossiers C, D, E, et F), dommages-int´erˆets pour occupation ill´egale des lieux (dossier C), remboursement de l’indemnit´e de d´epart de Mme Jarnet (dossier C) et remboursement de l’indemnit´e de relocalisa- tion de MM. Leblanc et Lamarre (dossier C).

1. R´eclamations salariales et heures suppl´ementaires [dossiers C, D, E et F] 139 QNSL, qui admet etreˆ oblig´ee envers Sodexho pour diverses charges salariales (voir supra), conteste cependant l’exc´edent de la r´eclamation principale de sa cr´eanci`ere dans chacun des dossiers C, D, E et F et reformule sa demande reconventionnelle quant aux heures suppl´e- mentaires excessives qui lui auraient et´´ e factur´ees sans autorisation dans le pass´e (entre janvier 1997 et mai 1999).

93Pi`ece FP-3, compl´et´ee par les pi`eces FP-3A, EFP-3B (compilations et tab- leaux) et FP-3C (registre de paie) ainsi que FP-3D (feuilles de temps) et FP-5 (tableau-synth`ese). 94M´emoire de l’appelante, p. 69. 95Paragr. 398 a` 401 et p. 50 du jugement. 256 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

140 Les moyens d’appel ne sont pas elabor´´ es. Dans son m´emoire, QNSL reproche g´en´eralement (et bri`evement) a` la juge de n’avoir pas consid´er´e les pi`eces et tableaux d´etaill´es produits en vue d’´etayer ses demandes reconventionnelles amend´ees dans les dossiers A a` F et d’avoir rejet´e celles-ci sans les etudier´ v´eritablement, comme si les demandes initiales avaient et´´ e maintenues int´egralement alors qu’elles ont et´´ e modifi´ees96. Doit-on d´eduire de cette proposition que QNSL nie que certaines heures aient et´´ e travaill´ees par les employ´es de Sodexho ou que certaines heures suppl´ementaires aient et´´ e accomplies ou autoris´ees? C’est ce qui ressort clairement de sa d´efense et demande reconventionnelle amend´ee97. Par ailleurs, QNSL reproche egalement´ a` la juge d’avoir mal appr´eci´e le t´emoignage de M. Antonin Bernier, qui « a affirm´e tr`es clairement, a` plus d’une reprise, qu’il demandait a` ses employ´es de mentionner dans le descriptif de leurs feuilles de temps, qu’ils avaient re¸cu une approbation verbale de sa part, pour effectuer du surtemps »98. Or, tout en reconnais- sant, au paragr. 187 de son jugement, que M. Bernier a bien tenu ces propos, la juge, au paragraphe 188, leur aurait n´eanmoins donn´e une in- terpr´etation d´eraisonnable99. 141 Ces moyens ne permettent pas de conclure que la juge a commis une erreur manifeste et dominante qui, seule, justifierait une intervention de la Cour. En r´ealit´e, on invite ici la Cour a` r´eappr´ecier la preuve faite a` ce sujet, sans lui indiquer pr´ecis´ement les erreurs de la juge et sans d´emon- trer, sauf a` l’all´eguer, comment ces erreurs seraient d´eterminantes en ce qu’elles auraient chang´e l’issue du litige sur cette question.

96Paragr. 237 a` 240 du m´emoire de l’appelante. 97Voir notamment, les paragr. 26 a` 33 de la d´efense et demande reconvention- nelle amend´ee produite dans le dossier C (29 janvier 2008), les paragr. 30 et 36 a` 41 de la d´efense et demande reconventionnelle produite dans le dossier D (29 janvier 2008), les paragr. 30 et 40 a` 46 de la d´efense et demande reconvention- nelle amend´ee produite dans le dossier E (29 janvier 2008), et les paragr. 32 et 38 a` 44 de la d´efense et demande reconventionnelle amend´ee produite dans le dossier F (29 janvier 2008). 98Paragr. 245 du m´emoire de l’appelante. 99Paragr. 245 a` 247 du m´emoire de l’appelante. Sodexho c. QNSL La Cour 257

142 R´ecemment, dans 137152 Canada inc. c. 9030-2175 Qu´ebec inc.100, la Cour ecrivait´ ce qui suit : [8] Comme le souligne le juge Morissette dans P.L. c. Benchetrit [renvoi omis], on pourra parler d’erreur manifeste et dominante dans les circonstances suivantes : [24] [...] Et pr´etendre qu’une chose est « manifeste » ne suffit pas a` la rendre telle. A` mon avis, c’est dans ce sens que doivent se comprendre les propos du juge Fish quand il ecrivait´ ce qui suit dans l’arrˆet H.L. c. Canada (Procureur g´en´eral) [renvoi omis] : ... en plus de sa r´esonance, l’expression « er- reur manifeste et dominante » contribue a` faire ressortir la n´ecessit´e de pouvoir « montrer du doigt » la faille ou l’erreur fondamentale. Pour reprendre les termes employ´es par le juge Vancise, [TRADUCTION] « [l]a cour d’appel doit etreˆ certaine que le juge de premi`ere in- stance a commis une erreur et elle doit etreˆ en mesure de d´eterminer avec certitude l’erreur fatale » (Tanel, p. 223, motifs dissidents, mais pas sur ce point). « Montrer du doigt » signifie autre chose qu’inviter la Cour a` porter un regard panoramique sur l’ensemble de la preuve : il s’agit de diriger son attention vers un point d´e- termin´e o`u un el´´ ement de preuve univoque fait tout sim- plement obstacle a` la conclusion de fait attaqu´ee. Si cette conclusion de fait, dont on a ainsi d´emontr´e qu’elle etait´ manifestement fausse, compromet suffisamment le dis- positif du jugement, l’erreur sera qualifi´ee de d´etermi- nante et justifiera la r´eformation du jugement. [9] En l’esp`ece, on ne trouve pas d’´el´ement de preuve univoque qui ferait obstacle aux conclusions de la juge de premi`ere instance sur l’intention commune et v´eritable des parties et sur le sens a` donner en cons´equence a` la clause de non-concurrence, qui pr´esentait en effet un caract`ere ambigu. On a plutˆot affaire a` une situation un peu em- brouill´ee, que divers t´emoins d´ecrivent de fa¸con plus ou moins con- tradictoire, offrant des versions que la juge a pes´ees et soupes´ees et qui l’ont convaincue de statuer comme elle l’a fait. Elle a conclu que

1002010 QCCA 2176 (Que. C.A.). 258 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

les parties avaient simplement voulu, par cette clause, empˆecher les intim´es d’ouvrir un restaurant du mˆeme genre que Le Verlaine. Dans le contexte, cette conclusion est suffisamment etay´´ ee par la preuve (et notamment par celle des circonstances dans lesquelles la clause de non-concurrence a et´´ e n´egoci´ee et stipul´ee — art. 1426 C.c.Q.), elle n’est nullement d´eraisonnable, elle ne vide pas non plus la clause de son sens ou de son utilit´e (art. 1428 C.c.Q.), elle convient enfin a` la nature et a` la mati`ere du contrat (art. 1426 et 1429 C.c.Q.), dans le contexte. 143 Ces propos sont transposables a` l’esp`ece : la juge a bien pr´esent´e et soupes´e la preuve, qui etait´ contradictoire, et il suffira de renvoyer ici aux paragraphes 162 a` 204 du jugement de premi`ere instance. QNSL ne peut pas simplement reprocher a` la juge de n’avoir pas accord´e assez d’attention a` ses propres pi`eces ou el´´ ements de preuve ou encore se con- tenter de cibler un paragraphe particulier dans lequel la juge aurait mal interpr´et´e le t´emoignage d’une personne (en l’occurrence M. Bernier), et ce, sans tenir compte du contexte ni de l’ensemble de la preuve. Il n’y a pas dans ces pr´etentions la d´emonstration de l’existence d’un el´´ ement de preuve univoque faisant tout simplement obstacle aux conclusions de la juge. 144 Ainsi qu’on le constate a` la lecture du jugement de premi`ere instance et du m´emoire des parties, le d´ebat porte essentiellement sur les heures suppl´ementaires et la question de savoir si, a` supposer mˆeme qu’elles aient bel et bien et´´ e accomplies (ce que QNSL conteste), elles ont et´´ e autoris´ees ou non conform´ement a` ce qu’exige la clause 3.3, paragr. ii), du Contrat. Si elles ne l’ont pas et´´ e, QNSL peut, selon cette disposition, refuser de les payer. 145 Il est vrai que le Contrat pr´evoit que l’autorisation de faire des heures suppl´ementaires doit venir d’un « non unionized management em- ployee » de QNSL. Or, cette approbation ne figure pas sur les feuilles de « temps suppl´ementaire » des employ´es de Sodexho. A` l’audience, l’avocat de QNSL fait valoir que si la pratique des parties etait´ empreinte d’un certain laxisme et que l’on acceptait que n’importe quel employ´e de QNSL, et pas seulement un cadre, autorise le temps suppl´ementaire des employ´es de Sodexho, cette pratique n’autorisait pas les employ´es de Sodexho a` approuver les heures suppl´ementaires de leurs coll`egues ou subordonn´es. La juge explique longuement les raisons qui la poussent au contraire a` conclure que les fa¸cons de faire de Sodexho ont et´´ e accept´ees par QNSL, l’intention des parties, telle qu’exprim´ee a` travers leur pra- Sodexho c. QNSL La Cour 259

tique constante pendant plusieurs ann´ees, indiquant leur intention com- mune de ne pas respecter la lettre de la clause 3.3, paragr. ii), du Contrat au chapitre de l’autorisation des heures suppl´ementaires. En quelque sorte, QNSL aurait donc renonc´e au droit qu’elle se r´eservait en vertu de cette clause. 146 Pour le reste, rien ne permet de conclure qu’il faudrait refuser les heures suppl´ementaires r´eclam´ees par Sodexho, dans le dossier C, pour la p´eriode du 28 mai au 25 juin 1999, telles qu’attest´ees par la facture 012102 et les pi`eces produites en annexe, qui en fournissent un compte rendu d´etaill´e101, ou qu’il faille rembourser a` QNSL des heures suppl´e- mentaires factur´ees en trop entre le 1er janvier 1997 et le 27 mai 1999. La mˆeme remarque vaut mutatis mutandis pour les r´eclamations et les de- mandes reconventionnelles formul´ees dans les dossiers D, E et F. 147 Quant au reste de la contestation salariale de QNSL, la juge de pre- mi`ere instance s’exprime ainsi : [205] QNS&L soul`eve les mˆemes arguments que dans le cas des heures suppl´ementaires pour refuser de payer a` Sodexho les salaires et frais sociaux r´eclam´es. [206] Pour les motifs exprim´es en regard des heures suppl´e- mentaires, le Tribunal ne retient pas les arguments de QNS&L et consid`ere que la r´eclamation de Sodexho est bien fond´ee. 148 QNSL n’´etablit pas ce en quoi cette conclusion serait erron´ee. 149 Il conviendra donc, dans le dossier C, de rejeter l’appel sur les ques- tions des heures suppl´ementaires et autres r´eclamations salariales dis- cut´ees ici. Il conviendra egalement´ de rejeter l’appel dans les dossier D, E et F.

2. Dommages-int´erˆets pour l’occupation ill´egale des lieux [dossier C] 150 A` la suite de l’annonce de la terminaison du Contrat et de leur licenciement, certains employ´es de Sodexho, le 15 septembre 1999, refusent de quitter les lieux et occupent les camps de QNSL, qui a dˆu recourir a` la justice pour obtenir leur d´epart. Elle r´eclame a` Sodexho le

101Voir notamment les pi`eces CP-3A et CP-3B (compilations de Sodexho), CP- 3C (registre de paie), CP-3D (feuilles de temps des employ´es) et la pi`ece CP-5 (tableau-synth`ese). 260 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

remboursement des honoraires et frais qu’elle a encourus pour ce faire. La r´eclamation de QNSL sous ce chef totalise 22 021,69 $, soit : Honoraires extrajudiciaires 8 891,79 $ Frais de huissier 1 503,36 $ Frais de transport en h´elicopt`ere 10 010 $ Frais des agents de s´ecurit´e 1 378,54 $ Frais de certains employ´es de QNSL 238 $102 151 Voici ce qu’´ecrit la juge de premi`ere instance : [351] Sodexho soumet que ses employ´es ont agi en dehors de l’exercice de leurs fonctions et qu’elle n’est pas responsable des dommages caus´es, le cas ech´´ eant. [352] QNS&L consid`ere que Sodexho a commis deux fautes : 1) Elle a et´´ e n´egligente en omettant de s’assurer que ses employ´es quittaient les lieux et en tol´erant qu’ils oc- cupent ill´egalement les camps. 2) A` titre de commettant elle est responsable de la faute de ses les lieux le jour mˆeme de leur fin d’emploi et qui portent ainsi atteinte aux droits de QNS&L de jouir paisiblement et librement de ses biens, au sens de l’article 6 de la Charte des droits et libert´es de la personne. [353] Tout d’abord, le Tribunal est d’avis que QNS&L n’a pas d´emontr´e, par pr´epond´erance de preuve, que Sodexho ait commis une faute. [354] La preuve ne d´emontre pas que Sodexho ait et´´ e au courant ou ait pu pr´evoir que ses employ´es agiraient comme ils l’ont fait et refuseraient de quitter les lieux. Au contraire, de l’avis du Tribunal, Sodexho etait´ en droit de s’attendre a` ce que ses employ´es agissent normalement et ne posent pas d’actes ill´egaux. [355] Par ailleurs, en vertu de l’article 1463 C.c.Q., le commettant est responsable de la faute de son employ´e, peu importe que le commettant ait lui-mˆeme commis la faute.

102Paragr. 62 de la d´efense et demande reconventionnelle produite dans le dos- sier C, 29 janvier 2008. Sodexho c. QNSL La Cour 261

[356] Afin d’ˆetre exon´er´e de cette responsabilit´e, le commettant doit d´emontrer qu’il n’est pas v´eritablement le commettant, que son pr´epos´e n’est pas fautif, qu’il y a eu force majeure ou faute de la victime ou alors que la faute du pr´epos´e n’a pas et´´ e commise dans l’ex´ecution de ses fonctions. [357] Lors des ev`´ enements, le personnel de cuisine travaillant dans les campements est bel et bien employ´e par Sodexho. Il existe donc un lien de pr´eposition r´eel. Les pr´epos´es commettent une faute en occupant ill´egalement les lieux. [358] Cependant, pour que Sodexho soit tenue responsable, ses em- ploy´es doivent avoir agi dans l’ex´ecution de leurs fonctions. [359] L’auteur Jean-Louis Baudouin constate qu’il n’existe pas de test clair pour d´eterminer si un pr´epos´e agit vraiment dans l’ex´ecution de ses fonctions. Il retient pour sa part, la d´e- marche qui consiste a` rechercher la finalit´e de la conduite du pr´epos´e. [360] Il formule la question comme suit : La question a` poser est donc la suivante : un des buts premiers de l’acte du pr´epos´e visait-il oui ou non la satisfaction de l’int´erˆet dominant ou du b´en´efice direct du patron? [361] Dans l’affaire dont le Tribunal est saisi, les employ´es d´ecident de manifester leur m´econtentement a` l’´egard de QNS&L, compte tenu de la terminaison du contrat. [362] Le Tribunal ne voit pas en quoi ils recherchent ainsi, de quel- que fa¸con que ce soit, l’int´erˆet dominant ou le b´en´efice direct de Sodexho. Au contraire, le Tribunal est d’avis que les em- ploy´es agissent pour leur propre compte et non pour celui de leur employeur. [363] Dans les circonstances, le Tribunal ne retient pas la respon- sabilit´e de Sodexho, a` titre de commettant. [R´ef´erences omises.] 152 Reprenant les arguments qu’elle a pr´esent´es en premi`ere instance, QNSL soutient que : 228. Sodexho a commis une faute extracontractuelle en omettant de s’assurer que ses employ´es allaient bien quitter les camps, en tol´erant leur occupation ill´egale et en ne prenant aucune mesure pour assurer leur d´epart. 262 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

229. Cette n´egligence a forc´e QNS&L, qui ne pouvait se permettre que les camps soient paralys´es, a` exercer toutes les mesures n´ecessaires afin de revendiquer son droit propri´et´e sur ces lieux, tel que pr´evu par la loi. 230. Contrairement a` ce que conclut la premi`ere juge aux paragraphes 353 et 354, dans les circonstances, cette situation etait´ tout a` fait pr´evisible. 231. Subsidiairement, Sodexho est responsable de la faute de ses employ´es a` titre de commettant en vertu de l’article 1463 C.c.Q. Elle doit en effet r´epondre de la faute de ses pr´e- pos´es qui ont refus´e de quitter les lieux de travail le 15 septembre 1999 et qui ont dˆu etreˆ d´eplac´es aux frais de QNS&L. 232. Le 15 septembre 1999 correspond a` la date de fin d’emploi des employ´es de Sodexho. En refusant de quitter les lieux a` la fin de leur derni`ere journ´ee de travail, les employ´es de Sodexho ont commis une faute engageant la responsabilit´e de leur employeur. 233. La concomitance des ev`´ enements comporte en elle-mˆeme la pr´esomption que les employ´es agissaient dans le cadre de l’ex´ecution de leurs fonctions, puisque leur pr´esence dans les camps etait´ directement reli´ee a` l’ex´ecution de ces mˆemes fonctions. 234. De plus, les employ´es de Sodexho ont, par leur occupation ill´egale des camps, port´e une atteinte illicite au droit fonda- mental de QNS&L de jouir paisiblement et librement de ses biens, tel que garanti par l’article 6 de la Charte des droits et libert´es de la personne, L.R.Q., c. C-12 (la « Charte »). 235. A` titre de commettant, Sodexho est responsable des dom- mages caus´es par ces atteintes puisqu’elles constituent des fautes civiles commises par ses pr´epos´es, qu’elle ait ou non eu connaissance ou endoss´e les actes commis. 236. Quelle que soit la source de responsabilit´e de Sodexho, QNS&L a droit au remboursement des sommes qu’elle a et´´ e contrainte de verser a` des tiers pour que les employ´es quittent les camps qu’ils ont ill´egalement continu´e a` occuper a` la fin du Contrat.103

103M´emoire de l’appelante, p. 61-62. Sodexho c. QNSL La Cour 263

[R´ef´erences omises.] 153 Ces paragraphes, qui repr´esentent l’int´egralit´e des moyens d’appel sur le sujet, ne convainquent pas. 154 D’une part, la preuve n’´etablit pas de mani`ere pr´epond´erante que Sodexho a commis une faute qui engagerait ici sa responsabilit´e person- nelle. D’ailleurs, on notera avec int´erˆet que, dans sa requˆete en injonction interlocutoire provisoire, pr´esent´ee le 15 septembre 1999, QNSL reproche au syndicat repr´esentant les employ´es de Sodexho d’avoir fo- ment´e l’occupation : 18. A` 8h00, la Demanderesse-requ´erante a et´´ e inform´ee par les d´efendeurs-intim´es qu’ils avaient re¸cu ordre de leur syndicat, d´efendeur-intim´e en l’instance, de ne pas quitter leur poste aux campements Tika, Mile 84, Mai, Oreway et Ross Bay Junction; 155 La preuve confirme en effet que le mouvement de contestation emane´ du syndicat. 156 La requˆete en injonction interlocutoire provisoire de QNSL reproche egalement´ ceci a` Sodexho : 24. Par ailleurs, les gestes pos´es par les d´efendeurs-intim´es sont cau- tionn´es et sanctionn´es par la d´efenderesse-intim´ee Sodexho qui, a` ti- tre d’employeur, a l’obligation de voir a` ce que ses employ´es respectent les obligations contractuelles et l´egales d´ecoulant de la terminaison de la Convention; elle ne peut s’en laver les mains en all´eguant les avoir inform´e de date de fermeture du contrat tel qu’elle le faisait dans sa lettre du 7 septembre 1999 d´ej`a d´epos´ee au soutien des pr´esentes sous la cote R-6; 157 Mˆeme si l’on pouvait soup¸conner une action des employ´es licenci´es, vu les rumeurs qui circulaient pr´ec´edemment, la preuve ne r´ev`ele pas que Sodexho a soutenu, encourag´e ou tol´er´e ce mouvement ni qu’elle a man- qu´e, volontairement ou par n´egligence, a` quelqu’obligation ayant pu lui incomber d’assurer le d´epart pacifique de ses employ´es en g´en´eral ou des protestataires en particulier. On ne sait d’ailleurs pas grand-chose de ce qu’elle a fait ou n’a pas fait et il est impossible de conclure a` l’existence d’une faute, mˆeme d’omission. Du reste, rien dans la preuve ne permet de savoir quelles mesures elle aurait pu ou dˆu raisonnablement prendre dans les circonstances. On notera aussi que l’injonction provisoire a et´´ e demand´ee par QNSL et prononc´ee par la Cour sup´erieure le 15 septem- bre mˆeme, l’occupation ayant cess´e aussitˆot, apr`es discussion avec les repr´esentants syndicaux. 264 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

158 Bref, il n’y a pas lieu de retenir la responsabilit´e personnelle de Sodexho dans cette affaire. 159 Conviendrait-il cependant que Sodexho, en vertu de l’article 1463 C.c.Q., soit tenue responsable de la faute de ceux de ses employ´es qui ont occup´e ill´egalement les camps de QNSL et forc´e celle-ci a` pren- dre des mesures judiciaires et autres destin´ees a` les en expulser? 160 L’article 1463 C.c.Q. enonce´ que : 1463. Le commettant est tenu de r´eparer le pr´ejudice caus´e par la faute de ses pr´epos´es dans l’ex´ecution de leurs fonctions; il conserve, n´eanmoins, ses recours contre eux. 161 Admettant que les protestataires etaient´ toujours les employ´es — et donc les pr´epos´es — de Sodexho le 15 septembre 1999 et admettant qu’ils ont commis une faute, la question demeure de savoir s’ils etaient,´ ce faisant, dans l’exercice de leurs fonctions, condition essentielle a` la responsabilit´e du commettant. 162 Dans Dub´e c. Denis104, le juge LeBel, tel qu’il etait´ alors, explique l’´etat du droit en la mati`ere, qui demeure le mˆeme aujourd’hui : Le cadre d’application de l’article 1054, al. 7 C.C. a et´´ e fix´e depuis longtemps par la jurisprudence de la Cour suprˆeme du Canada. N´e- anmoins, ses difficult´es d’application perdurent, comme en t´emoignent le nombre elev´´ e de d´ecisions judiciaires, comme les tentatives successives des auteurs pour syst´ematiser celles-ci. En sub- stance, tel qu’´elabor´e par la jurisprudence, l’´etablissement de la responsabilit´e du commettant sous l’article 1054, al. 7 C.C. requiert la preuve, par la victime, de trois conditions essentielles: la faute du pr´epos´e, un lien de pr´eposition entre celui-ci et le commettant et le fait que la faute ait et´´ e commise dans le cadre de l’ex´ecution de ses fonctions. Ces el´´ ements constitutifs demeurent les mˆemes sous le r´e- gime du nouveau Code civil du Qu´ebec (art. 1463 C.C.Q.), qui a con- sacr´e l’interpr´etation jurisprudentielle de l’article 1054, al. 7 C.C. (voir M. Tancelin: Les obligations: L’acte ill´egitime et les modes d’ex´ecution, Montr´eal, Wilson & Lafleur, 1993, pp. 49-50). Une fois ces conditions r´eunies, le Code civil du Qu´ebec etablit´ une pr´esomp- tion irr´efragable de responsabilit´e, que des auteurs fondent sur l’attribution du risque de l’activit´e du commettant (voir, par exemple, J.-L. Baudouin, op. cit., p. 348).

104[1998] R.J.Q. 346 (Que. C.A.), p. 351 a` 353. Sodexho c. QNSL La Cour 265

En l’esp`ece, l’appelante admet la faute du pr´epos´e et le lien de pr´epo- sition. Le litige se r´esume alors a` un d´ebat sur la notion de l’ex´ecution de fonctions, pour d´eterminer si les actes pos´es par l’intervenante Denis se situaient dans le cadre de celle-ci. G´en´erale- ment, trois cat´egories de situations sont susceptibles de se pr´esenter. La faute du pr´epos´e peut avoir et´´ e commise soit dans l’exercice nor- mal de ses fonctions, soit alors qu’il abusait de celles-ci ou, enfin, lorsqu’il se trouvait tout simplement en dehors de l’ex´ecution de ses fonctions ou a` l’occasion de ces derni`eres. Dans les cas de faute dans l’exercice normal des fonctions ou d’abus de fonctions, mais com- mise a` l’int´erieur de celles-ci, la responsabilit´e est engag´ee. Par contre, un acte pos´e a` l’occasion de l’ex´ecution des fonctions est con- sid´er´e comme hors de celles-ci et donc, comme soustrait a` l’application de l’article 1054, al. 7 C.C. Les arrˆets, rendus par la Cour suprˆeme du Canada, d’abord dans Curley c. Latreille, [1920] 60 R.C.S. 131, pp. 175-176, que con- firmait plus tard Moreau c. Labelle, [1933] R.C.S. 201, ont adopt´e un principe judiciaire d’application de l’article 1054 C.C., qui exige que le pr´epos´e ait commis une faute dans l’ex´ecution des tˆaches pour les- quelles il avait et´´ e engag´e, par son incomp´etence ou par une manœuvre ex´ecut´ee dans l’ex´ecution normale de ses fonctions. Elle peut mˆeme r´esulter d’un abus de fonctions, a` condition que l’acte du pr´epos´e demeure dans le cadre etabli´ par l’exercice de ses fonctions et que la faute ait et´´ e commise, au moins partiellement, pour le b´en´e- fice du commettant (Governor and Company of Gentlemen Adventurers of England c. Vaillancourt, [1923] R.C.S. 457, pp. 460 a` 463). Le professeur C. Masse d´efinit ainsi le concept d’abus de fonc- tions, dans une etude´ approfondie de la notion : Par abus des fonctions, on doit entendre toute faute com- mise par le pr´epos´e alors qu’il exerce sa fonction d’une mani`ere diff´erente que celle qui lui a et´´ e assign´ee mais qui reste dans la poursuite d’une activit´e qui b´en´eficie a` son commettant. (C. Masse, « L’abus des fonctions dans la relation pr´epos´e-commettant en droit civil qu´eb´ecois », (1978) 19 C. de D. 595, p. 604). La Cour suprˆeme du Canada a fermement rejet´e la solution fran¸caise, qui permettait de retenir la responsabilit´e du commettant pour les ac- tes fautifs pos´es simplement a` l’occasion de l’ex´ecution des fonc- tions. Le juge Mignault estimait, en effet, que la r´edaction du texte de l’article 1054, al. 7 C.C., a` la diff´erence de son equivalent´ fran¸cais, exigeait que l’acte du pr´epos´e soit demeur´e dans le cadre de ses fonc- 266 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

tions. Cette solution s’est impos´ee en droit qu´eb´ecois. Dans Curley c. Latreille, le juge Mignault a ecart´´ e la responsabilit´e de l’employeur de Latreille qui, chauffeur, d´esob´eissant a` son patron, s’´etait servi de son automobile pour se promener au lieu de la laisser remis´ee au ga- rage et avait caus´e un accident. La Cour suprˆeme a jug´e que cet acte se situait compl`etement en dehors des fonctions du chauffeur. Des arrˆets rendus a` la mˆeme epoque,´ en Cour d’appel et en Cour suprˆeme, ont retenu cette approche. Dans Sheenan c. Bank of Ottawa, (1923) 35 B.R. 432, la Cour d’appel avait ecart´´ e la responsabilit´e de la ban- que pour l’acte d’un commis qui, a` la fin de sa journ´ee, avait gard´e l’arme qu’on lui laissait pendant ses heures de travail, pour escorter des convois d’argent et de valeurs et l’avait utilis´ee pour un acte criminel, au cours de la soir´ee. Pour sa part, la Cour suprˆeme a d´e- cid´e que le livreur d’une compagnie de transport qui met son v´ehicule, en dehors des heures de travail, a` la disposition de tiers, pour commettre des vols de marchandises, ne restait pas dans le cadre de l’ex´ecution des fonctions. Elle a alors cass´e des jugements de premi`ere instance et d’appel qui avaient retenu cette responsabilit´e (voir Dominion Transport Company c. Fisher, [1925] R.C.S. 126). Cette orientation jurisprudentielle, d´efinie dans l’opinion du juge Mignault, dans Curley c. Latreille, a gouvern´e, par la suite, le d´eveloppement de cet aspect du droit qu´eb´ecois de la responsabilit´e civile (voir, par exemple, J.-L. Baudouin, op. cit., pp. 371 a` 373; Moreau c. Labelle, loc. cit.; Frank de Rice Ltd. c. Elder, [1939] 67 B.R. 563; Compagnie de Transport provincial c. Fortier, [1956] R.C.S. 258; Velan-Hattersley Valve Company Limited c. Johnson, [1971] C.A. 190; J.L. L´evesque et L.G. Beaubien Lt´ee c. McMahon, [1978] C.A. 561). Les r´eticences exprim´ees notamment par la Cour d’appel du Qu´ebec, dont certains membres auraient pr´ef´er´e la solu- tion fran¸caise, n’ont pas eu d’effet (voir, par exemple, l’opinion du juge en chef L´etourneau dans Moreau c. Labelle, [1932] B.R. 183, pp. 186-187). La Cour suprˆeme a cependant reconnu que ce qu’elle d´efinissait comme l’abus de fonctions se situait dans le cadre de l’application de l’article 1054, al. 7 C.C. La majorit´e de la Cour suprˆeme adoptait l’opinion du juge Mignault, dans l’arrˆet The Governor and Company of Gentlemen Adventurers of England c. Vaillancourt, [1923] R.C.S. 414. Le juge Mignault avait alors admis que la Compagnie de la Baie d’Hudson, propri´etaire d’un poste de traite isol´e dans le nord du Qu´e- bec, demeurait responsable des blessures caus´ees a` Vaillancourt par Sodexho c. QNSL La Cour 267

son patron, g´erant du poste, au cours d’une crise d’´ethylisme, alors qu’il entendait, certes de fa¸con d´eviante, faire respecter son autorit´e. Comme le premier juge, l’intim´ee s’est appuy´ee sur cette notion d’abus de fonctions pour retenir la responsabilit´e du Havre. Bien qu’employ´e constamment, ce concept a laiss´e bien des incertitudes, malgr´e toutes les tentatives de syst´ematisation. En substance, la doc- trine et la jurisprudence semblent d’accord sur la n´ecessit´e d’´etablir deux conditions pour qu’un abus de fonctions entraˆıne la respon- sabilit´e du commettant. Le pr´epos´e doit demeurer dans le cadre g´en- eral´ de ses fonctions. De plus, la faute commise doit l’ˆetre pour le b´en´efice, au moins partiel, du commettant. Tant C. Masse, dans son etude´ sur « L’abus des fonctions dans la relation pr´epos´e-commettant en droit qu´eb´ecois » (p. 604), que le juge Baudouin, dans son Trait´e de la responsabilit´e civile (op. cit. p. 378), identifient l’abus de fonctions couvert par l’article 1054, al. 7 C.c.B.-C., comme un acte du pr´epos´e, qui entraˆıne la transforma- tion du mode d’ex´ecution pr´evu, mais maintient la poursuite d’un b´en´efice pour le commettant, comme objectif au moins partiel de l’activit´e, en se fondant sur l’arrˆet Vaillancourt. Ainsi, en vertu de cette th´eorie de l’abus des fonctions, la d´esob´eissance aux ordres formels du commettant ne suffit pas pour faire sortir le pr´epos´e de l’ex´ecution de ses fonctions (Quebec Liquor Commission c. Moore, [1924] R.C.S. 540; Highland Transport c. Dow’s Trucking Ltd., [1992] R.R.A. 857, p. 864 (C.S.)). Le caract`ere d´elictuel ou criminel d’un acte dommageable n’´ecarte pas non plus la responsabilit´e du commettant, dans la mesure o`u cet acte se situe dans le cadre de l’emploi et des tˆaches reli´ees a` celui-ci (voir l’arrˆet Vaillancourt, p. 421; Schonberg c. Etheridge, [1957] C.S. 319, p. 321; voir aussi: A. et R. Nadeau, Trait´e pratique de la responsabilit´e civile d´elictuelle, Wilson & Lafleur, 1971, Montr´eal, p. 409). L’abus de fonctions peut parfois consister dans une modifi- cation des modalit´es d’ex´ecution, du moment, du lieu ou de la tech- nique d’ex´ecution, avec ou sans l’accord du commettant, ce qui en- traˆıne la responsabilit´e. Par exemple, la Cour sup´erieure a retenu la responsabilit´e d’un policier, qui arrˆete sans raison un citoyen, en dehors de ses heures de travail, alors qu’il n’est pas en fonction (Brault c. City of Montreal, [1944] C.S. 185). Elle peut survenir lorsqu’il prolonge sa fonction en accomplissant des activit´es non es- sentielles ou en rempla¸cant sa tˆache habituelle par une autre qui lui est etrang`´ ere, mais au b´en´efice du commettant. On retrouve une illus- tration dans ce cas d’un pr´epos´e a` la r´eception d’entretien d’appareils 268 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

electriques´ qui prend sur lui de r´eparer l’appareil d’un client, alors qu’il n’y connaˆıt rien, mais engage quand mˆeme la responsabilit´e de son employeur (Aubin c. Les Industries Roy, [1968] B.R. 77). [Nous soulignons.] 163 Vu cet enseignement, il est impossible de conclure que la juge a err´e en statuant que les employ´es de Sodexho n’´etaient pas dans l’exercice de leurs fonctions lorsqu’ils ont occup´e les camps de QNSL, leur action n’ayant pas et´´ e faite, mˆeme en partie, pour le compte de leur employeur : ils agissaient plutˆot pour leur propre compte (paragr. 362 du jugement) et en dehors de l’exercice de leurs fonctions. On ne peut pas parler ici, dans les circonstances r´ev´el´ees par la preuve, d’un acte se situant « dans le cadre de l’emploi et des tˆaches reli´ees a` celui-ci », au sens de l’arrˆet Dub´e c. Denis, ni d’un acte « qui entraˆıne la transformation du mode d’ex´ecution pr´evu, mais maintient la poursuite d’un b´en´efice pour le commettant, comme objectif au moins partiel de l’activit´e » au sens du mˆeme arrˆet. Peut-ˆetre l’acte a-t-il et´´ e pos´e a` l’occasion des fonctions (et, en l’occurrence, a` l’occasion de la terminaison de ces fonctions), mais cela, comme le rappelle le juge LeBel, ne suffit pas a` engager la respon- sabilit´e de l’employeur-commettant. 164 Il y aura donc lieu de rejeter l’appel sur ce point.

3. Remboursement de l’indemnit´e vers´ee a` Mme Jarnet [dossier C] 165 En mai 1997, a` la suite de discussions avec QNSL, qui souhaite une r´eduction des coˆuts du Contrat, Sodexho abolit deux postes et licencie les employ´es qui les occupaient, T´er´esa Jarnet et Marco Roy. Entre autres choses, elle leur verse alors une indemnit´e de d´epart (41 000 $ pour Mme Jarnet et 9 000 $ pour M. Roy). Des transactions sont sign´ees en ce sens par tous les int´eress´es, c’est-`a-dire les deux employ´es, leur syndicat et Sodexho105. 166 Selon la juge de premi`ere instance : [244] La preuve d´emontre que QNS&L est tr`es impliqu´ee dans l’abolition des postes de Mme Jarnet et de M. Roy. Des r´e- unions au sujet de ces coupures de poste ont lieu a` Sept-ˆIles.

105Voir la transaction conclue entre Mme Jarnet, son syndicat et Sodexho, en novembre 1997, pi`ece GP-7, et la transaction conclue entre M. Roy, son syndi- cat et Sodexho, en mai 1997, pi`ece GP-7. Sodexho c. QNSL La Cour 269

Mme Jarnet et M. Bernier rapportent que M. Duclos, et mon- sieur Michel Lamontagne [repr´esentants de QNSL] (« M. Lamontagne ») y assistent. Le Tribunal n’a pas eu le b´en´efice de leur t´emoignage. [245] Selon le t´emoignage de M. Martin, le d´epart de Mme Jarnet et de M. Roy est d´ecid´e avec l’accord de QNS&L. Mme Jarnet rapporte que, quelque temps avant que les modalit´es de son d´epart soient finalis´ees, elle discute directement du montant de son indemnit´e avec M. Duclos. La conversation a lieu aux bureaux de QNS&L. 167 On note d’ailleurs que, le 15 mai 1997, le vice-pr´esident Finances et Administration de Sodexho, Gilles Daoust, ecrit´ ce qui suit a` Marc Du- clos, directeur g´en´eral de QNSL : En raison de l’absence au bureau cette semaine de Camille Therrien et Louis-Philippe Martin, ceux-ci m’ont demand´e de vous faire parvenir ci-joint copie de l’entente intervenue entre Sodexho Canada et deux de nos employ´es, soit T´er´esa Jarnet et Marco Roy. Si vous d´esirez apporter des changements/commentaires, nous aimer- ions les recevoir au plus tard demain a` 12h00 si possible. En esp´erant le tout a` votre enti`ere satisfaction, veuillez agr´eer, Mon- sieur Duclos, l’expression de nos sentiments les meilleurs. 168 En l’absence de tout commentaire, les transactions ont et´´ e finalis´ees. Le 31 d´ecembre 1997 (on se rappellera que Mme Jarnet signe la transac- tion qui la concerne le 28 novembre 1997), Sodexho adresse a` QNSL la facture 126612, r´eclamant le remboursement de l’indemnit´e de 41 000 $ vers´ee a` Mme Jarnet, avec T.P.S. et T.V.Q., pour un total de 46 721,55 $. QNSL paie cette facture au moyen d’un ch`eque portant la signature de M. Lamontagne, l’un de ceux qui ont particip´e aux discussions con- cernant l’abolition du poste de Mme Jarnet. 169 QNSL exige maintenant le remboursement de cette somme106 : a` son avis, une telle indemnit´e de d´epart ne fait pas partie des « operating

106Si l’on s’en remet au paragr. 241, 247 et 249 du jugement de premi`ere in- stance, Sodexho a factur´e a` QNSL non seulement l’indemnit´e vers´ee a` Mme Jarnet, mais aussi celle qui a et´´ e vers´ee a` M. Roy, dont QNSL r´eclamerait egale-´ ment le remboursement (ce qui ne paraissait pas de sa d´efense et demande reconventionnelle du 29 janvier 2008). En appel QNSL ne r´eclame que le remboursement de l’indemnit´e vers´ee a` Mme Jarnet (41 000 $), expliquant ce 270 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

costs » dont elle doit assumer la charge en vertu des clauses 9.1, al. a), et 10.1, al. g), du Contrat (voir supra, paragr. [51] et [52]107) : c’est indˆu- ment qu’on la lui a factur´ee et c’est par erreur qu’elle l’a pay´ee. 170 La juge de premi`ere instance ne retient pas l’argument de l’erreur : mˆeme en admettant que l’indemnit´e n’ait pas et´´ e due, QNSL l’a pay´ee en toute connaissance de cause et ne peut invoquer maintenant la r´eception de l’indu pour en obtenir le remboursement. Et s’il y avait erreur, pr´ecise la juge au paragraphe 243, cette erreur, dans les circonstances, serait in- excusable. De l’avis de la Cour, la juge n’a pas err´e en d´ecidant ainsi. 171 L’article 1491 C.c.Q. dispose que : 1491. Le paiement fait par erreur, ou simplement pour eviter´ un pr´ejudice a` celui qui le fait en protestant qu’il ne doit rien, oblige celui qui l’a re¸cu a` le restituer. Toutefois, il n’y a pas lieu a` la restitution lorsque, par suite du paie- ment, celui qui a re¸cu de bonne foi a d´esormais une cr´eance prescrite, a d´etruit son titre ou s’est priv´e d’une sˆuret´e, sauf le recours de celui qui a pay´e contre le v´eritable d´ebiteur.

qui suit a` la note infrapaginale 198 de son m´emoire : « L’Appelante ne traite pas de l’indemnit´e de d´epart de M. Marco Roy car aucune facture au dossier ne d´emontre qu’elle a effectivement et´´ e factur´ee par l’Intim´ee pour le paiement de l’indemnit´e qu’elle aurait vers´ee a` M. Roy ». 107Le paragraphe 9.1a) stipule que : 9.1 In consideration of the performance by the CATERER for its obliga- tions provided for herein, the COMPANY further agrees: a) To reimburse the CATERER for the actual operating costs incurred by the CATERER in the operation of its services; Le paragraphe 10.1g) stipule que : 10.1 CATERER’s operating costs shall include the following charges in- curred in supplying the services covered by this Agreement: g) actual salaries and wages, including overtime, vacation and holiday pay, all payroll deductions required by law, pension plans and other fringe benefits pursuant to the current and future Collective Agreements between the CATERER and their employees, paid to or on behalf of the CATERER’s employees engaged in the services covered by this Agreement; Sodexho c. QNSL La Cour 271

172 Baudouin et Jobin ecrivent´ a` ce propos qu’il ne suffit pas, pour qu’on puisse parler de r´eception de l’indu au sens de cette disposition, que le solvens, en l’esp`ece QNSL, ne soit pas tenu de payer (condition qui est par ailleurs essentielle, bien sˆur). Il faut aussi que le paiement ait et´´ e fait par erreur : 562 – Principe – En second lieu, le paiement effectu´e par le solvens doit avoir et´´ e le r´esultat d’une erreur de fait ou de droit. Si, en effet, celui-ci a « pay´e » alors qu’aucune dette n’existait, mais en toute connaissance de cause, on doit traiter le pr´etendu paiement comme une lib´eralit´e et refuser la r´ep´etition. L’erreur est requise de la part du solvens et non de l’accipiens, puisque le Code envisage indirecte- ment la possibilit´e que ce dernier puisse etreˆ de mauvaise foi. De plus, la jurisprudence a pris l’initiative d’´etendre a` la r´ep´etition de l’indu la position que le l´egislateur a adopt´ee en mati`ere de vices du consentement : tout comme l’erreur inexcusable ne permet pas d’obtenir la nullit´e du contrat, elle ne permet pas davantage d’obtenir la r´ep´etition de l’indu, une interpr´etation tout a` fait coh´erente du Code civil, con¸cu comme un ensemble.108 173 L’implication de QNSL dans l’abolition du poste de Mme Jarnet et les discussions entourant son d´epart font en sorte qu’elle n’a pu payer la facture 126612 par erreur ou inadvertance (et encore moins pour eviter´ un pr´ejudice au sens du second alin´ea de l’article 1491 C.c.Q.). Ajoutons d’ailleurs que la cr´edibilit´e de QNSL a` ce propos souffre de la prodigalit´e avec laquelle elle use de la pr´etention d’erreur (renvoyons ici, par exem- ple, aux paragraphes [104] et [105] du pr´esent arrˆet). Il ressort de la preuve que ce paiement refl´etait une entente particuli`ere entre les parties, compte tenu de la situation dans laquelle elles se trouvaient a` l’´epoque, alors que Sodexho n´egociait avec QNSL des modifications au Contrat, en vue d’en r´eduire les coˆuts, et ce, afin d’´eviter la rupture de leurs rela- tions. Il peut paraˆıtre etonnant´ que QNSL ait accept´e de payer cette in- demnit´e alors mˆeme qu’elle cherche a` r´eduire les coˆuts du Contrat, mais il faut bien constater que le d´epart de Mme Jarnet (et de M. Roy)

108Jean-Louis Baudouin et Pierre-Gabriel Jobin, supra, note 64, p. 556-557. 272 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

repr´esentait a` l’´epoque des economies´ r´ecurrentes substantielles109, qui rendent plausible l’arrangement avec Sodexho. 174 Quoi qu’il en soit et peu importe les raisons du paiement, la preuve pr´epond´erante r´ev`ele que QNSL savait manifestement ce qu’elle faisait lorsqu’elle a vers´e ces 41 000 $ a` Sodexho. Cela fait obstacle a` sa de- mande de r´ep´etition de l’indu, et ce, mˆeme si, sujet sur lequel nous reviendrons, les paragraphes 9.1a) et 10.1g) du Contrat ne mettaient par hypoth`ese pas a` la charge de QNSL les indemnit´es de d´epart vers´ees aux employ´es de Sodexho. 175 Il n’y aura donc pas lieu d’infirmer le jugement de premi`ere instance sous ce rapport.

4. Remboursement de l’indemnit´e de relocalisation vers´ee a` MM. Leblanc et Lamarre [dossier C] 176 Une somme de 2 000 $ aurait et´´ e vers´ee a` M. Ga´etan Leblanc, en 1997, et une autre de 2 803,11 $ a` M. Marcelin Lamarre, en 1998, a` titre d’indemnit´e de relocalisation. Le dossier d’appel ne comporte pas de ren- seignements sur les circonstances dans lesquelles ces indemnit´es auraient et´´ e vers´ees. 177 Au paragraphe 389 de son jugement, la juge de premi`ere instance ecrit´ que : [389] Finalement, QNS&L r´eclame le remboursement d’une in- demnit´e de relocalisation de deux employ´es, soit la somme de 4 803 $. Tel que pr´ec´edemment expos´e, le Tribunal est d’avis que QNS&L n’est pas responsable des indemnit´es de d´epart, sauf a` l’´egard de Mme Jarnet et de M. Roy. QNS&L a donc commis une erreur en payant une somme qui n’´etait pas due. Cette partie de la demande reconventionnelle est donc accueillie. 178 Sodexho conteste cette d´etermination, affirmant que ces indemnit´es, que QNSL all`egue maintenant avoir pay´ees par erreur, sont incluses dans la notion d’« operating costs » des paragraphes 9.1a) et 10.1g) du Con- trat, au mˆeme titre que les indemnit´es de d´epart.

109Voir la pi`ece GP-36, note de M. Lamontagne a` M. Duclos, tous deux de QNSL, en date du 26 f´evrier 1997, faisant etat´ d’une masse salariale de plus de 170 000 $ annuellement pour Mme Jarnet et M. Roy. Sodexho c. QNSL La Cour 273

179 Il semble y avoir ici un malentendu (qui persiste d’ailleurs en ap- pel110) sur la nature des paiements faits a` MM. Leblanc et Lamarre qui, en cours de route, ont et´´ e trait´es comme des indemnit´es de d´epart, ce qui n’´etait pas le cas a` l’origine. 180 En effet, dans la d´efense et demande reconventionnelle de QNSL (version initiale du 31 juillet 2000 ou version amend´ee du 29 janvier 2008), ainsi que dans la r´eponse et d´efense reconventionnelle de Sodexho (6 f´evrier 2002), ces indemnit´es sont qualifi´ees d’indemnit´es ou de primes de « relocalisation ». Dans sa r´eponse et d´efense reconvention- nelle, Sodexho, au paragraphe 106, all`egue que : 106. En l’esp`ece, en ce qui concerne les indemnit´es de deux mille dollars (2 000,00 $) et de deux mille huit cent trois dollars et onze cents (2 803,11 $), celles-ci ont et´´ e pay´ees respectivement a` mes- sieurs G´erard Leblanc et Marcellin Lamarre et etaient´ pr´evues a` la convention collective dont fait r´ef´erence le paragraphe 10.1g) du contrat (pi`ece P-1) et, en cons´equence, sont dues par la D´efender- esse/Demanderesse reconventionnelle. 181 On notera que cette all´egation tranche avec celle des paragraphes 107 a` 109 qui suivent, quant a` l’indemnit´e de d´epart vers´ee a` Mme Jarnet, dont on pr´etend plutˆot qu’elle a et´´ e n´egoci´ee avec la participation de QNSL. 182 Les paiements faits a` MM. Leblanc et Lamarre sont constat´es par deux factures. Il y a d’abord la facture 121430 (que l’on trouve dans la liasse des documents produits comme pi`ece GP-34). Cette facture, dat´ee du 31 juillet 1997, est accompagn´ee d’un document explicatif qui men- tionne, sous la rubrique « frais d’exploitation », des « frais de relocalisa- tion » de 2 000 $111 (ce qui correspond au montant vers´e a` M. Leblanc). La facture 131913, dat´ee du 31 mai 1998, qui fait egalement´ partie des documents GP-34, est elle aussi accompagn´ee d’une annexe pr´ecisant, sous la rubrique « frais d’exploitation », une « indemnit´e de relocalisa- tion » de 2 803,11 $ (correspondant au paiement fait a` M. Lamarre)112. Il est int´eressant de noter que, dans cette mˆeme annexe explicative, figure egalement,´ toujours sous la rubrique « frais d’exploitation », la mention

110Voir notamment le m´emoire de Sodexho, appel incident, paragr. 210. 111Facture 121430 et annexe, pi`ece GP-34. 112Facture 131913 et annexe, pi`ece GP-34. 274 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

de la somme vers´ee a` Mme Jarnet (« Teresa Jarnet Fact. # 126612 31 d´ecembre 1997 (41,000.00 $) », ce qui constate le paiement fait a` cet egard´ par QNSL. Tout cela pour dire qu’il paraˆıt donc bien y avoir une diff´erence entre indemnit´e de relocalisation et indemnit´e de d´epart. 183 Or, il se trouve que la convention collective pr´evoit de telles in- demnit´es de relocalisation, qui se distinguent des indemnit´es de d´epart dont il sera question dans la section D du pr´esent arrˆet (voir infra, paragr. [187]) et qui se distinguent aussi de l’indemnit´e de d´epart vers´ee a` Mme Jarnet (dont le poste fut aboli). En effet, l’article 21 de l’annexe G de la convention collective enonce´ que : 21 OBJET : Relocalisation Tel qu’entendu lors des n´egociations, les employ´es qui prennent leur retraite ou qui sont atteints d’invalidit´e permanente sont eligibles´ a` recevoir des indemnit´es de relocalisation au montant de mille cinq cents ($1,500) dollars sur pr´esentation des re¸cus appropri´es et d’un montant forfaitaire de cinq cents ($500) dollars s’ils se relocalisent a` l’ext´erieur de la r´egion. 184 S’agissant d’un b´en´efice pr´evu par la convention collective, cette in- demnit´e de relocalisation est vis´ee par le paragraphe 10.1g) du Contrat et fait partie des « fringe benefits pursuant to the current [...] Collective Agreement[s] between the CATERER and their employees » et donc des « operating costs » dont il est question dans cette disposition ainsi que dans le paragraphe 9.1a). Sodexho pouvait donc facturer a` QNSL les in- demnit´es de relocalisation vers´ees a` MM. Leblanc et Lamarre, au moins jusqu’`a concurrence de 2 000 $ chacun, et QNSL devait les lui rembourser. 185 L’indemnit´e de relocalisation vers´ee a` M. Lamarre (2 803,11 $), toutefois, est sup´erieure au montant maximal pr´evu par la convention collective (2 000 $). Rien dans la preuve n’explique de fa¸con satis- faisante d’o`u proviendrait et ce que serait ces 803,11 $ additionnels, ni en vertu du quoi QNSL serait tenue de les payer. 186 Il y aura donc lieu de rectifier a` cet egard´ la conclusion du jugement de premi`ere instance et de r´eduire la condamnation de Sodexho au paie- ment, non plus de 4 803 $, mais bien de 803,11 $. Sodexho c. QNSL La Cour 275

D- Indemnit´es de d´epart vers´ees aux employ´es de Sodexho en raison du licenciement r´esultant de la terminaison du Contrat [dossier G] 187 Abordons maintenant la seconde partie du dossier G (la premi`ere con- cernant la question du r´egime de retraite). 188 QNSL ayant mis fin au Contrat conform´ement a` la clause 25.1 de celui-ci, Sodexho a pris la d´ecision de licencier tous ses employ´es (et plus exactement, tous ceux de ses employ´es affect´es a` l’ex´ecution du Contrat). Leurs conditions de travail tr`es avantageuses, dict´ees en pra- tique par QNSL, ne permettaient apparemment pas a` Sodexho de les d´eplacer ais´ement dans l’entreprise, de sorte que le licenciement s’est av´er´e la seule solution d’affaires possible. C’est du moins le choix qu’a fait Sodexho. 189 La convention collective applicable aux employ´es ainsi licenci´es ne pr´evoit pas le paiement d’une indemnit´e de d´epart, mais simplement l’envoi d’un pr´eavis ecrit´ de 14 jours, qui fut transmis a` chacun des em- ploy´es et dont le syndicat fut pr´ealablement notifi´e (art. 13.05 de la con- vention collective). 190 La loi, cependant, en l’occurrence le Code canadien du travail113, pr´evoit l’indemnit´e de d´epart et c’est en vertu de cette loi que Sodexho a vers´e de telles indemnit´es a` ses employ´es, totalisant 190 339,99 $. Cette somme a et´´ e factur´ee a` QNSL, avec l’ajout de la T.P.S. et de la T.V.Q. (28 598,58 $), pour un montant de 218 938,57 $114. 191 Les articles 230 et 235 C.c.t. prescrivent que : 230. (1) Sauf cas pr´evu au paragraphe (2) et sauf s’il s’agit d’un con- g´ediement justifi´e, l’employeur qui licencie un employ´e qui travaille pour lui sans interruption depuis au moins trois mois est tenu : a) soit de donner a` l’employ´e un pr´eavis de licenciement ecrit´ d’au moins deux semaines; b) soit de verser, en guise et lieu de pr´eavis, une indemnit´e egale´ a` deux semaines de salaire au taux r´egulier pour le nombre d’heures de travail normal. (2) En cas de suppression d’un poste, l’employeur li´e par une con- vention collective autorisant un employ´e ainsi devenu surnum´eraire a`

113L.R.C. (1985), ch. L-2. 114Facture 035105, 28 f´evrier 2000, pi`ece GP-10. 276 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

supplanter un autre employ´e ayant moins d’anciennet´e que lui est tenu : a) soit de donner au syndicat signataire de la convention collec- tive et a` l’employ´e un pr´eavis de suppression de poste, d’au moins deux semaines, et de placer une copie du pr´eavis dans un endroit bien en vue a` l’int´erieur de l’´etablissement o`u l’employ´e travaille; b) soit de verser a` l’employ´e licenci´e en raison de la suppression du poste deux semaines de salaire au taux r´egulier. (3) Sauf disposition contraire d’un r`eglement, la mise a` pied est, pour l’application de la pr´esente section, assimil´ee au licenciement. 235. (1) L’employeur qui licencie un employ´e qui travaille pour lui sans interruption depuis au moins douze mois est tenu, sauf en cas de cong´ediement justifi´e, de verser a` celui-ci le plus elev´´ e des montants suivants : a) deux jours de salaire, au taux r´egulier et pour le nombre d’heures de travail normal, pour chaque ann´ee de service; b) cinq jours de salaire, au taux r´egulier et pour le nombre d’heures de travail normal. (2) Pour l’application de la pr´esente section : a) sauf disposition contraire d’un r`eglement, la mise a` pied est assimil´ee au licenciement; b) l’employeur est r´eput´e ne pas avoir licenci´e l’employ´e dans le cas o`u celui-ci acquiert le droit d`es sa cessation d’emploi — ou avait d´ej`a droit —a ` une pension accord´ee aux termes d’un r´egime de pensions auquel cotise l’employeur et qui est enregistr´e en conformit´e avec la Loi de 1985 sur les normes de prestation de pension, a` la pension pr´evue par la Loi sur la s´ecurit´e de la vieillesse ou a` une pension ou rente de retraite accord´ee aux termes du R´egime de pensions du Canada ou du R´egime de rentes du Qu´ebec. 192 On comprend que, la convention collective pr´evoyant un avis de 14 jours qui fut donn´e aux employ´es, l’exigence de l’article 230, paragr. (1)a), C.c.t., est remplie. Il ne restait plus a` Sodexho qu’`a verser l’indemnit´e pr´evue par l’article 235, ce qui fut fait. 193 La question est maintenant de savoir si Sodexho peut r´ecup´erer de QNSL ce qu’elle a pay´e ainsi a` ses employ´es licenci´es. QNSL r´epond a` cette question par la n´egative, arguant que ni la lettre ni l’esprit du Con- trat ne permettent d’assimiler ces indemnit´es de d´epart a` des « operating Sodexho c. QNSL La Cour 277

costs ». Sodexho y r´epond, on ne s’en surprendra pas, par l’affirmative, soutenant que les indemnit´es en question doivent, compte tenu de la na- ture (contrat « cost plus ») et du contexte g´en´eral de la relation unissant les parties, etreˆ consid´er´ees comme des « operating costs » au sens des paragraphes 9.1a) et 10.1g) du Contrat, dont le texte est de nouveau reproduit ci-dessous, par commodit´e : 9.1 In consideration of the performance by the CATERER for its ob- ligations provided for herein, the COMPANY further agrees: a) To reimburse the CATERER for the actual operating costs in- curred by the CATERER in the operation of its services; [...] 10.1 CATERER’s operating costs shall include the following charges incurred in supplying the services covered by this Agreement: [...] g) actual salaries and wages, including overtime, vacation and holiday pay, all payroll deductions required by law, pension plans and other fringe benefits pursuant to the current and fu- ture Collective Agreements between the CATERER and their employees, paid to or on behalf of the CATERER’s employ- ees engaged in the services covered by this Agreement; [...] 194 Au soutien de ses pr´etentions, Sodexho reprend ce qu’elle a plaid´e en premi`ere instance, et notamment l’argument suivant : dans la mesure o`u la convention collective (aux articles 13.01 a` 13.05) pr´evoit la mise a` pied et les conditions dans lesquelles elle doit etreˆ effectu´ee, l’indemnit´e de d´epart associ´ee a` une telle mise a` pied (qui r´esulte naturellement de la terminaison du Contrat) doit etreˆ consid´er´ee comme une condition de travail et comme un b´en´efice issu de la convention collective ou rattach´e a` celle-ci. Et puisqu’il s’agit d’un b´en´efice d´ecoulant de la convention collective, alors cette indemnit´e est vis´ee par le paragraphe 10.1g) du Contrat et fait en cons´equence partie des « operating costs » dont Sodexho peut exiger le remboursement a` QNSL. 195 Sodexho fait egalement´ valoir que, mˆeme si ces indemnit´es ne pouvaient pas etreˆ consid´er´ees comme des b´en´efices issus de la conven- tion collective, elles seraient tout de mˆeme vis´ees par le terme de « salaire » (« salaries and wages »), au sens du mˆeme paragraphe 10.1g) du Contrat, terme qui doit etreˆ interpr´et´e de fa¸con large et lib´erale. Elle appuie ce moyen sur une jurisprudence qui reconnaˆıtrait que les in- 278 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

demnit´es de d´epart doivent etreˆ consid´er´ees comme du salaire ou comme une forme de r´emun´eration. 196 Elle invoque en outre l’affaire Aramark Canada Ltd. v. Ontario (Workplace Safety & Insurance Board)115, qui pr´esente en effet certaines similitudes avec la situation de l’esp`ece (mais aussi quelques diff´erences notables). 197 Les faits de cette affaire sont les suivants : 2 In 1958, the plaintiff contracted with the defendant to provide food to patients at the Centre. Because the number of the pa- tients at any particular time was uncertain, the parties agreed to a “cost plus” arrangement, whereby the defendant would reimburse the plaintiff for certain operating costs and ex- penses, in addition to paying the plaintiff a fixed amount. In 1980, the parties entered into a new contract, albeit substan- tially the same in form as the 1958 agreement. 3 The parties apparently performed under the contract without difficulty on into the 1990’s. (There is no record of their rela- tionship in the early years, and the staff at the Workers’ Com- pensation Board changed from time to time.) In 1991, the de- fendant decided to cut back on catering services at the Centre, thereby requiring fewer workers. The plaintiff discharged the unnecessary workers at the defendant’s request and paid the severance benefits owing under the ESA [Employment Stan- dards Act]. The plaintiff invoiced the defendant for the bene- fits paid and was reimbursed in 1993. Subsequently, in 1993, the defendant was restructured. There was a complete changeover of management and there seems to be little in the way of institutional memory. 4 In 1997, the defendant decided to further reduce the number of catering staff at the Centre and communicated this to the plaintiff. The plaintiff terminated seven people and paid the severance benefits owing under the ESA, which totalled $72,779.25. Once again, the defendant was invoiced for these payments, but this time it refused to reimburse the plaintiff. In a letter to the plaintiff, dated January 16, 1998, the defendant wrote that since severance pay was not specifically listed in

115[1999] O.J. No. 2629, 102 O.T.C. 219, 89 A.C.W.S. (3d) 1164 (Ont. S.C.J.). Sodexho c. QNSL La Cour 279

the agreement, the defendant was of the view that severance pay was not its responsibility. 5 It is clear that the ESA was not mentioned in the 1958 agree- ment because it did not exist at that time. In 1980, when the second contract was entered into, the ESA was in force, but the act at that time called for notice only and not for sever- ance payments. Subsequently, the ESA was amended and the act that was in place in 1997 entitled employees to severance benefits on termination of their employment. 6 The plaintiff commenced this action on November 24, 1998 on the basis that the severance pay is part of the operating costs for which the defendant agreed to reimburse the plain- tiff. The provisions of the contract the plaintiff says govern severance pay are sections 10 and 11 of the contract itself and paragraphs, 2 and 9 of Schedule A. The relevant part of the contract, for the purposes of this decision are the two paragraphs of Schedule A, which are reproduced below: Operating costs and expenses within the meaning of Clause 11(1) and clause 12(4) shall mean and include only: ... 2. Salaries and wages of the employees en- gaged in the operation of the food services at the Board’s Hospital, including all pay- ments in respect of Workmen’s Compensa- tion, Unemployment Insurance, sick time and Company portion of benefits paid as stated in the Policy and Procedure Manual of the Company, transportation in respect of such employees and a percentage of such salaries and wages as a Vacation Reserve. [...] 9. The costs actually incurred by the Caterer pursuant to the terms of the attached agree- ment in complying with any laws, orders or regulations of any Municipality, Prov- ince or of the Federal or any competent commission or authority thereof. 198 On peut imm´ediatement noter une diff´erence entre cette affaire et la nˆotre, en ce que les mises a` pied donnant lieu aux indemnit´es faisant 280 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

l’objet de la r´eclamation d’Aramark ne sont pas dues a` la terminaison du contrat : il y a, en cours de contrat, des fluctuations, ici a` la baisse, du nombre des employ´es, ce qui requiert des mises a` pied qui elles-mˆemes entraˆınent des indemnit´es de d´epart, selon la loi ontarienne applicable (Employment Standards Act). Le Contrat qui nous occupe peut egalement´ engendrer ce genre de fluctuations, qui ne sont pas en cause, cependant, dans le cadre du pr´esent litige. 199 Cela dit, les parties, dans Aramark, font valoir des arguments sembl- ables a` ceux que pr´esentent Sodexho et QNSL respectivement. Qu’on en juge : 8 The plaintiff submits that severance pay is included in the op- erating costs payable by the defendant under Schedule A of the contract. According to the plaintiff, the parties intended the phrase “salaries and wages” in paragraph 2 of Schedule A to capture “all direct labour costs arising out of employment contracts,” which would include severance pay. In support of its submission, the plaintiff relies on Re Mayfield Property Management Inc. v. Clarkson Gordon Inc. (1988), 65 O.R. (2d) 84 (H.C.J.) and Pullman v. Great Northern R. Co., 514 F. 2d 325 (1975). In both cases, however, broader language was used in the contract than in the case at bar. For example, in Re Mayfield, the contract referred to “salary and related costs of all building, operation and rental staff.” Similarly, in Re Giroux (1983), 41 O.R. (2d) 351, a case concerning the Bankruptcy Act, the court held that severance pay was cov- ered by the phrase “salary, wages or other remuneration,” on the basis that if employee benefits were not “salary” or “wage”, they were at least “other remuneration.” 9 The defendant argues that the plain meaning of “salaries and wages” does not include severance pay. In addition, the de- fendant submits that based on the ejusdem generis rule, “sala- ries and wages” cannot include severance pay because the lat- ter is not specifically mentioned in the list of benefits in paragraph 2. 200 Se fondant sur la clause contractuelle 2 reproduite plus haut, le juge ontarien conclut que l’expression « salaries and wages » inclut l’indemnit´e de d´epart, et ce, par analogie avec les prestations d’accidents de travail ou d’assurance-emploi ou les cong´es de maladie pr´evus par cette disposition et qui sont pay´es malgr´e que l’employ´e n’effectue pas de travail. Cette conclusion, qui paraˆıt controversable, est d’une utilit´e Sodexho c. QNSL La Cour 281

douteuse en l’esp`ece. Ce n’est pas parce qu’un tribunal, en fonction de la preuve faite devant lui, conclut que la clause d’un contrat signifie ceci ou cela qu’un autre juge, saisi d’une clause contractuelle semblable, doit en venir n´ecessairement a` la mˆeme conclusion : il ne peut evidemment´ statuer sans egard´ a` ce que la preuve faite devant lui r´ev`elera de l’intention commune et v´eritable des parties contractantes, compte tenu du contexte particulier du contrat. 201 Par ailleurs — et cela est le ratio decidendi du jugement ontarien — , consid´erant la clause contractuelle 9 reproduite plus haut, qui pr´evoit le remboursement par l’intim´ee de tous les coˆuts « actually incurred by the Caterer pursuant to the terms of the attached agreement in complying with any laws », le juge conclut que les indemnit´es de d´epart pr´evues par l’Employment Standards Act de l’Ontario sont vis´ees par cette disposi- tion et doivent etreˆ rembours´ees a` la demanderesse. Soulignons que le Contrat qui unit les parties ne contient pas de clause semblable. 202 La juge de premi`ere instance, dans le pr´esent dossier, a rejet´e les pr´etentions de Sodexho. Il convient d’examiner la d´emarche qui la m`ene a` cette conclusion. 203 La juge rappelle d’abord les principes qui doivent guider un tribunal dans la d´etermination du sens a` donner a` une disposition contractuelle, renvoyant aux articles 1425 et s. C.c.Q. Son expos´e des r`egles appli- cables est conforme a` l’´etat du droit. Elle fait ensuite la mise en garde suivante : [217] L’interpr´etation des lois et celle des contrats constituent toutes deux une d´emarche de recherche de volont´e. Le Tribunal est cependant d’avis qu’il y a lieu de faire certaines distinctions, les lois ayant une port´ee g´en´erale alors que les contrats sont de nature priv´ee. On ne peut donc sans r´eserve importer dans un contrat la d´efinition donn´ee a` un terme dans le cadre d’une loi particuli`ere, comme Sodexho tente de le faire. 204 Ecartant´ la jurisprudence cit´ee par Sodexho, qui porte sur l’interpr´etation de la notion de salaire ou de r´emun´eration au sens de diverses lois, la juge centre son analyse sur le Contrat lui-mˆeme, cherchant a` d´egager ce qu’a pu etreˆ l’intention commune des parties. Elle conclut de l’examen des dispositions du Contrat que : [224] De l’avis du Tribunal, l’esprit de l’entente convenue entre les parties consiste a` faire assumer par QNS&L toutes les d´epenses de Sodexho engendr´ees par l’ex´ecution du Contrat. Il s’agit des 282 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

d´epenses courantes, ou d’op´eration. Les indemnit´es de d´epart rel`e- vent plutˆot de la terminaison du Contrat. [Soulignement original.] 205 Dans un autre ordre d’id´ees, elle souligne que la convention collec- tive liant Sodexho a` ses employ´es ne pr´evoit pas d’indemnit´e de d´epart et ne pr´evoit pas non plus, il va sans dire, que QNSL soit responsable de quoi que ce soit a` ce chapitre, sauf l’exception suivante (clause 9 de l’annexe G de la convention) : 9. OBJET : Programme de Prime de S´eparation Dans l’´eventualit´e qu’il y aurait une fermeture permanente du Chemin de fer Quebec North Shore & Labrador Railway et, si a` ce moment-l`a, Sodexho Canada inc. est le contracteur des cuisines, le Chemin de fer consent a` rencontrer l’Union sur cette question pour n´egocier un plan de prime de s´eparation. 206 Or, de l’avis de la juge, cette exception ne trouve aucune application en l’esp`ece (paragr. 226 du jugement). Nous sommes du mˆeme avis : la situation envisag´ee par cette disposition n’a rien a` voir avec celle qui oppose ici les parties. Elle impose a` QNSL une obligation directe envers le syndicat qui repr´esente les employ´es de Sodexho, mais ne saurait con- f´erer a` celle-ci, aux termes du Contrat, le droit de demander le rembour- sement des indemnit´es de d´epart vers´ees dans le contexte que l’on sait. 207 Par ailleurs, selon la juge, il n’y a pas lieu de statuer comme on l’a fait dans Aramark Canada Ltd. v. Ontario (Workplace Safety & Insurance Board), pr´ecit´ee, affaire qui se distingue notamment en ce que « le texte du contrat incorporait [...] l’obligation l´egale de l’employeur de verser une indemnit´e de d´epart » (paragr. 227), ce qui n’est pas le cas ici, comme on l’a vu. 208 Finalement, la juge conclut que : [229] Enfin, les indemnit´es de d´epart deviennent payables aux em- ploy´es de Sodexho compte tenu de la d´ecision de cette derni`ere de licencier ses salari´es. Il s’agit d’une d´ecision d’affaires qui lui revient enti`erement et qui entraˆıne des cons´equences qu’elle doit assumer. Il semble que Sodexho n’ait pas eu la possibilit´e d’affecter ses em- ploy´es a` d’autres tˆaches compte tenu des contrats en vigueur a` cette epoque.´ De l’avis du Tribunal, cela ne rend pas pour autant QNS&L responsable des indemnit´es de d´epart a` verser. Il ne s’agit pas d’une d´epense qui d´ecoule directement du Contrat. Sodexho c. QNSL La Cour 283

209 La juge souligne que, de ce point de vue, le fait que QNSL a assum´e le paiement ultime des indemnit´es de d´epart de Mme Jarnet de M. Roy ne d´emontre pas qu’« elle consid´erait etreˆ responsable de ces in- demnit´es » aux termes du Contrat (paragr. 230 du jugement). Ce fait ne saurait servir d’outil interpr´etatif, qui r´ev´elerait l’intention de QNSL a` travers la conduite de celle-ci. 210 Insatisfaite, Sodexho soul`eve de nouveau en appel les moyens pr´esent´es en premi`ere instance. 211 Il est utile de rappeler la norme d’intervention qui s’applique a` l’appel d’un jugement relatif a` l’interpr´etation d’un contrat. Sauf une erreur, qui serait de droit, dans l’identification des r`egles interpr´etatives applicables, leur sens ou leur port´ee, l’interpr´etation d’une disposition contractuelle, qui repose sur la recherche de l’intention commune et v´eritable des par- ties, est une question de fait : il s’agit de d´ecouvrir, a` travers le texte du contrat et a` travers la preuve qui peut etreˆ administr´ee par ailleurs (par exemple sur les circonstances de sa conclusion ou le comportement des parties pendant le contrat) ce que voulaient les cocontractants. La conclu- sion du juge de premi`ere instance en pareille mati`ere ne saurait donc etreˆ r´evis´ee a` moins que la d´emonstration ne soit faite d’une erreur manifeste et dominante entachant son jugement. Sur le sens a` donner a` l’« erreur manifeste et dominante », on peut renvoyer aux arrˆets cit´es plus haut116. 212 Or, Sodexho n’´etablit pas l’existence d’une telle erreur manifeste et dominante dans l’interpr´etation retenue par la juge de premi`ere instance, dont la conclusion sur le sens a` donner au Contrat au regard des in- demnit´es de d´epart vers´ees en vertu de l’article 235 C.c.t. est suffisam- ment etay´´ ee par la preuve et r´esulte d’une analyse qui n’est pas d´eraison- nable, au contraire. 213 Comme on l’a vu pr´ec´edemment, la juge n’a pas commis d’erreur de droit : elle a correctement expos´e les r`egles et les principes d’interpr´etation applicables; elle ne s’est pas tromp´ee en notant la dis- tinction qui doit etreˆ faite entre l’interpr´etation d’un contrat et l’interpr´etation d’une loi. 214 Sur ce dernier point, en effet, mˆeme s’il y a des similitudes dans le processus interpr´etatif d’une loi et celui d’un contrat, la finalit´e de

116Supra, paragr. [142], renvoyant a` 137152 Canada inc. c. 9030-2175 Qu´ebec inc., supra, note 100, et L. (P.) c. Benchetrit, [2010] R.J.Q. 1853 (Que. C.A.). 284 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

l’exercice et sa port´ee ne sont pas les mˆemes sur le plan normatif et l’interpr´etation que l’on donne au terme qu’utilise une loi ne peut pas n´ecessairement et automatiquement etreˆ transpos´ee a` l’usage du mˆeme terme dans un contrat. C’est d’ailleurs ce qu’illustre bien la pr´esente situation. 215 Sodexho appuie son argument interpr´etatif sur divers arrˆets, citant notamment : Nolisair International Inc., Re117; STCVQ c. Wright118; Wallace v. United Grain Growers Ltd.119; Marois c. Alimentation B.M.R. Inc.120; Coop´erants soci´et´e mutuelle d’assurance-vie/Coop´erants Mutual Life Insurance Society, Re121. Passons rapidement ces arrˆets en revue. 216 Dans Nolisair, la Cour, a` la majorit´e, conclut que bien que l’indemnit´e de d´epart puisse etreˆ vue comme une r´emun´eration au sens large (comme l’enseigne la Cour suprˆeme dans l’arrˆet Wallace), il ne s’agit tout de mˆeme pas, aux fins de l’alin´ea 136(1)d) de la Loi sur la faillite et l’insolvabilit´e122, telle qu’elle etait´ alors, d’un salaire ou d’une r´emun´eration « pour services rendus au cours des six mois qui ont pr´e- c´ed´e la faillite ». Pareille indemnit´e n’est donc pas une cr´eance prioritaire au sens de cette disposition. Cet arrˆet montre bien que mˆeme si la notion de r´emun´eration peut englober l’indemnit´e de d´epart en th´eorie, il n’en ira pas n´ecessairement de mˆeme dans le contexte particulier d’une dispo- sition l´egislative. La mˆeme chose est vraie dans un contexte contractuel. 217 Dans Wright, le juge Forget, avec l’appui de son coll`egue Biron, con- clut au terme d’une analyse fouill´ee de la jurisprudence (analyse qui in- clut l’arrˆet Coop´erants, pr´ecit´e), que les « indemnit´es de report et de sus- pension », assimilables en l’occurrence a` des indemnit´es de d´epart, sont vis´ees par la protection offerte par l’article 96 de la Loi sur les com-

117(1999), J.E. 99-1020 (Que. C.A.) [1999 CarswellQue 1716]. 118(2003), [2004] R.J.Q. 7 (Que. C.A.). 119[1997] 3 S.C.R. 701 (S.C.C.). 120[1986] R.J.Q. 1029 (Que. C.A.). 121[1997] R.J.Q. 851 (Que. C.A.) (C.A. - requˆete pour autorisation de pourvoi a` la Cour suprˆeme rejet´ee, 1997-11-06, 25995). 122L.R.C. (1985), ch. B-3. Sodexho c. QNSL La Cour 285

pagnies123 (responsabilit´e personnelle des administrateurs pour « six mois de salaire pour services rendus a` la compagnie »). Le juge Baudouin conclut en sens contraire. 218 Dans l’arrˆet Wallace, la Cour suprˆeme (sous la plume du juge Iacobucci, pour la majorit´e) conclut que l’indemnit´e tenant lieu de pr´eavis (c’est-`a-dire celle que l’employeur d´esireux de r´esilier sur-le- champ le contrat de travail verse au salari´e plutˆot que d’exiger qu’il con- tinue de travailler pendant une p´eriode de pr´eavis) est incluse dans la notion de « traitement » ou de « salaire » au sens de l’article 68, paragr. 1, de la Loi sur la faillite (telle qu’`a l’´epoque pertinente)124, disposition qui vise a` prot´eger le failli (qui avait en l’esp`ece re¸cu une telle in- demnit´e). La Cour suprˆeme note que : 68 Les consid´erations d’ordre public qui sont a` la base du par. 68(1) de la Loi incitent davantage a` donner une interpr´etation lib´erale au libell´e de ce paragraphe. Dans l’arrˆet Marzetti, pr´ecit´e, la Cour d´e- clare, a` la p. 801 : ... je pr´ef`ere, lorsque des besoins familiaux sont en cause, p´echer par exc`es de prudence. A` l’art. 68 de la Loi sur la faillite, le l´egislateur a indiqu´e qu’avant que le salaire soit attribu´e aux cr´eanciers, il convenait d’avoir « egard´ aux charges familiales et a` la situation personnelle du failli ». A` mon sens, cela traduit une pr´eoccupation pr´epond´erante pour le soutien des familles. 69 Jusqu’`a ce qu’il ait trouv´e un autre emploi, l’employ´e cong´edi´e de fa¸con injustifi´ee aura besoin de fonds pour subvenir a` ses besoins et a` ceux de sa famille. L’obtention de dommages-int´erˆets comblera ces besoins, essentiellement en remplissant les goussets qui autrement auraient et´´ e remplis par un traitement ou un salaire. Si la somme ac- cord´ee est consid´er´ee comme constituant le patrimoine attribu´e aux cr´eanciers du failli qui est d´evolu au syndic, le failli et sa famille peuvent etreˆ priv´es d’un revenu essentiel pendant une p´eriode d’indigence. A` mon avis, pour respecter l’esprit de la Loi, les mots « traitement, salaire ou autre r´emun´eration » figurant au par. 68(1) doivent comprendre des dommages-int´erˆets accord´es pour cong´edie- ment injustifi´e. Les mˆemes raisons de principe qui empˆechent les

123L.R.Q, c. C-38. 124Wallace v. United Grain Growers Ltd., supra, note 119, p. 731-732, paragr. 65 a` 69. 286 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

traitement, salaire et autre r´emun´eration d’ˆetre d´evolus automatique- ment au syndic doivent sˆurement s’appliquer dans le contexte d’un cong´ediement injustifi´e, car de tels dommages-int´erˆets remplissent la mˆeme fonction que le salaire ou traitement gagn´e dans le cours d’un emploi. Conclure le contraire irait a` l’encontre de l’intention du l´egislateur de placer les besoins de la famille avant ceux des cr´eanciers. 219 En l’esp`ece, ce souci n’est pas pr´esent et le contexte du Contrat se distingue nettement de celui de l’article 68 de l’ancienne Loi sur la fail- lite. Par ailleurs, on peut signaler aussi que l’indemnit´e dont il est ques- tion dans la pr´esente affaire n’est pas une indemnit´e tenant lieu de pr´eavis. Le pr´eavis est pr´evu par l’article 13.05 de la convention collec- tive et il a et´´ e donn´e ici par Sodexho125. L’indemnit´e de d´epart qui a et´´ e vers´ee l’a et´´ e en vertu de l’article 235 C.c.t. et s’ajoute au pr´eavis. Elle ne pourrait etreˆ remplac´ee (au contraire du pr´eavis) par une p´eriode travaill´ee. 220 Dans l’arrˆet Marois c. Alimentation B.M.R. Inc., [1986] R.J.Q. 1029 (Que. C.A.), la Cour conclut notamment que l’indemnit´e tenant lieu de pr´eavis de cong´ediement, au sens des articles 82 et 83 de la Loi sur les normes du travail, fait partie du salaire au sens de l’article 1 de cette loi. Si elle n’a pas et´´ e pay´ee par l’employeur, elle devient une cr´eance privil´egi´ee au sens de l’article 2006 C.c.B.C.126. 221 Dans Coop´erants, la Cour, l`a encore au terme d’une analyse d´etaill´ee de la jurisprudence, conclut que l’indemnit´e de licenciement pr´evue par la convention collective (et dont les termes et la quotit´e sont pr´ecis´es par celle-ci), indemnit´e qui s’ajoute au pr´eavis et n’en tient pas lieu, doit etreˆ consid´er´ee comme du salaire au sens de l’article 72 de la Loi sur les liquidations127 (qui conf`ere un privil`ege aux arri´er´es de salaire et de gages dus aux employ´es et impay´es a` l’´epoque de l’ordonnance de liqui- dation, emportant un paiement par pr´ef´erence aux autres cr´eanciers).

125Sur la suffisance du pr´eavis pr´evu par la convention collective, voir par analogie : Isidore Garon lt´ee v. Syndicat du bois ouvr´e de la r´egion de Qu´ebec inc., [2006] 1 S.C.R. 27 (S.C.C.). 126Marois c. Alimentation B.M.R. Inc., supra, note 120, p. 1047 a` 1049. 127L.R.C. (1985), c. W-11, telle qu’`a l’´epoque. Sodexho c. QNSL La Cour 287

R´ep´etons que, dans notre affaire, l’indemnit´e n’est pas edict´´ ee par la con- vention collective, qui ne pr´evoit que le pr´eavis. 222 Ces arrˆets ne sont pas sans int´erˆet, car ils tendent a` etablir´ le sens usuel que les lois donnent aux mots « salaire », « traitement » ou « r´emu- n´eration ». Ils ne suffisent cependant pas a` d´eterminer ici l’interpr´etation qu’il convient de donner au paragraphe 10.1g) du Contrat. 223 En effet, on observera d’abord, et cela rel`eve de l’´evidence, que, dans les arrˆets que l’on vient de recenser (et tous ceux dont ils font eux- mˆemes l’analyse), on interpr`ete une disposition l´egislative pr´ecise, dans un contexte qui n’est pas celui de la disposition contractuelle qui nous int´eresse ici. 224 On observera ensuite que les lois examin´ees dans ces arrˆets ont un objectif de protection sociale, auquel les tribunaux ont donn´e une port´ee large, ce qui s’explique fort bien : ce principe de protection, toutefois, n’est pas pertinent au contrat que nous devons interpr´eter ici. Les em- ploy´es de Sodexho ont re¸cu ici toute la protection qui leur etait´ due aux termes de la convention collective et de la loi. La seule question est de savoir si Sodexho, qui n’a evidemment´ pas le mˆeme besoin de protection et ne peut invoquer a` son b´en´efice le besoin de ses employ´es, peut se faire rembourser des sommes qu’elle etait´ tenue de verser a` ceux-ci. Le contexte interpr´etatif de l’affaire est donc compl`etement diff´erent. 225 Finalement, comme le note juge Baudouin, dissident dans l’arrˆet Wright, pr´ecit´e, mais dont le propos demeure pertinent : [164] Je crois qu’il convient d’ˆetre tr`es prudent sur la transposition, a` l’esp`ece, de cet ensemble de pr´ec´edents qu’on nous a all`egrement cit´es. Leur valeur est tout au plus une valeur de pertinence par ana- logie et donc de port´ee et d’intensit´e forc´ement r´eduites. Je ne crois pas que tous ces diff´erents textes l´egislatifs aient le mˆeme but, la mˆeme finalit´e et une orientation identique au point qu’on en puisse d´eduire une volont´e d’´etablir un ensemble commun. 226 Il faut certainement faire preuve de la mˆeme prudence lorsqu’on cherche a` transposer a` l’interpr´etation d’un contrat particulier des pr´ec´e- dents relatifs a` l’interpr´etation de lois particuli`eres. A` vrai dire, ces pr´ec´edents ont peu de force, puisqu’il nous faut plutˆot nous concentrer sur la recherche de l’intention des cocontractants, telle qu’exprim´ee dans un texte pr´ecis. En d´efinitive, c’est au texte du Contrat et a` la preuve qui a et´´ e faite a` ce propos en premi`ere instance qu’il faut revenir. Bien sˆur, on ne peut exclure que les parties, au moment o`u elles ont conclu cette 288 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

entente, aient pu avoir a` l’esprit que le mot « salaire » inclut a` l’occasion l’indemnit´e de d´epart, mais la preuve, en tout cas, n’en a pas et´´ e faite. 227 Cela etant,´ on ne peut reprocher a` la juge de premi`ere instance de n’avoir pas fait grand cas des pr´ec´edents jurisprudentiels sur lesquels s’appuie Sodexho et d’avoir insist´e plutˆot sur le texte et le contexte des clauses contractuelles litigieuses. 228 On ne peut pas lui reprocher non plus de n’avoir pas conclu comme on l’a fait dans l’affaire Aramark, pr´ecit´ee. D’une part, tel que nous l’avons mentionn´e, ce jugement repose principalement sur une disposi- tion contractuelle qui n’a pas d’´equivalent dans le Contrat. D’autre part, bien que l’autre disposition contractuelle en cause dans cette affaire s’apparente a` la nˆotre, il n’y a pas lieu de transposer ici automatiquement l’interpr´etation que lui a donn´ee le juge ontarien. Tout d’abord, de fa¸con g´en´erale, l’interpr´etation de la clause d’un contrat particulier entre des parties n’a pas, faut-il le r´ep´eter, valeur de pr´ec´edent sur l’interpr´etation a` donner a` la clause, mˆeme similaire, d’un autre contrat particulier con- clu par d’autres parties. Ensuite, il faut aussi constater que mˆeme s’il y a des ressemblances entre la clause 2 du contrat Aramark et le paragraphe 10.1g) du Contrat128, elles ne sont pas identiques, peu s’en faut. Enfin, il faut aussi constater que la situation factuelle de l’esp`ece diff´erait de la nˆotre. 229 Dans cette affaire, les mises a` pied r´esultaient de la baisse du nombre des employ´es, baisse survenue pendant le contrat : compte tenu des fluc- tuations ordinaires du personnel, on peut comprendre que les indemnit´es pr´evues par la loi en cas de mise a` pied aient et´´ e consid´er´ees comme r´esultant du contrat liant les parties et comme des « operating costs and expenses » de celui-ci. La situation n’´etait donc pas celle de la terminaison du contrat. La diff´erence est de taille et justifie a` elle seule que l’on ne tienne pas compte de ce jugement. 230 Par ailleurs, comme nous l’avons mentionn´e au paragraphe [219] ci- dessus, il faut souligner que, contrairement a` ce qu’avance Sodexho, les indemnit´es de d´epart litigieuses ne sont pas issues de la convention col- lective et ne peuvent etreˆ consid´er´ees comme un b´en´efice pr´evu par cel- les-ci, mˆeme indirectement. Tout ce que pr´evoit la convention, en l’esp`ece, est le pr´eavis de 14 jours avant toute mise a` pied, qui a et´´ e

128S’agissant dans les deux cas d’un contrat « cost plus ». Sodexho c. QNSL La Cour 289

donn´e ici par Sodexho. Les indemnit´es de d´epart d´ecoulent pour leur part uniquement de l’article 235 C.c.t. et l’on ne peut pas y voir des « fringe benefits pursuant to the current [...] collective Agreement » entre Sodexho et le syndicat qui repr´esente ses employ´es. D’ailleurs, la notion de « fringe benefits » (« avantages sociaux ») n’est ordinairement pas associ´ee a` la notion de pr´eavis de licenciement ou d’indemnit´e de d´epart, mais renvoie plutˆot a` des b´en´efices tels ceux que l’on trouve, par exem- ple, a` l’annexe B de la convention collective (« r´egime de bien-ˆetre »). 231 Quant a` la question de savoir si ces indemnit´es peuvent etreˆ consid´er- ees´ comme du salaire (« actual salaries and wages »), nous reprenons a` notre compte le raisonnement et la conclusion de la juge de premi`ere instance, sans qu’il soit n´ecessaire de les r´ep´eter ici. 232 On peut tout de mˆeme ajouter que l’usage du mot « actual », dans l’expression « actual salaries and wages » qu’utilise le paragraphe 10.1g) paraˆıt militer contre l’assimilation des indemnit´es de d´epart a` du salaire. 233 Mentionnons aussi que, selon ce qui est r´ev´el´e par la preuve, le com- portement des parties n’est pas de nature a` etayer´ l’argument de Sodexho. Au paragraphe 210 de son m´emoire, celle-ci invoque en effet les pr´ec´edents Jarnet (et Roy) ainsi que le paiement d’« indemnit´es de d´epart » a` MM. Leblanc et Lamarre pour conclure que, dans le pass´e, QNSL aurait, par sa conduite, valid´e l’interpr´etation propos´ee (article 1426 C.c.Q.) 234 Or, a` l’instar de la juge de premi`ere instance (paragr. 230 du juge- ment), nous sommes d’avis que le remboursement de l’indemnit´e de d´e- part vers´ee a` Mme Jarnet ne constitue pas un pr´ec´edent interpr´etatif val- able : on a vu en effet les circonstances bien particuli`eres dans lesquelles fut n´egoci´ee, vers´ee et rembours´ee cette indemnit´e, qui est un pur cas d’esp`ece. 235 On ne saurait rien inf´erer de la situation de M. Roy, le dossier d’appel ne contenant aucun renseignement a` ce sujet. 236 Quant aux indemnit´es vers´ees a` MM. Leblanc et Lamarre, elles ont et´´ e pay´ees en vertu d’une disposition bien pr´ecise de la convention col- lective (et elles sont donc vis´ees par le paragraphe 10.1g) du Contrat), s’agissant d’indemnit´es de relocalisation et non d’indemnit´es de d´epart r´egies par l’article 235 C.c.t. 290 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

237 En fait, la preuve ne r´ev`ele pas que (sauf dans la mesure discut´ee ci- dessus) QNSL ait jamais rembours´e des indemnit´es de d´epart quelcon- ques a` Sodexho129. 238 Finalement, pourrait-on, sur la base du raisonnement qui permet a` la Cour de conclure comme elle le fait a` propos du d´eficit du fonds de re- traite, conclure de mˆeme que les indemnit´es de d´epart devraient etreˆ rembours´ees par QNSL, aux termes des clauses 9.1a et 10.1g)? 239 L’analogie ne peut tenir. Il faut voir en effet que le d´eficit du r´egime de retraite provient de l’insuffisance des cotisations mensuelles faites par Sodexho et que QNSL devait rembourser a` celle-ci comme partie in- t´egrante des coˆuts d’exploitation (« operating costs »), au sens du paragraphe 9.1a) du Contrat et, plus pr´ecis´ement, des coˆuts reli´es aux « pension plans » pr´evus par le paragraphe 10.1g). En ce sens, le d´eficit ne se serait pas creus´e si les cotisations mensuelles remboursables par QNSL avaient et´´ e fix´ees a` leur juste montant : on peut donc dire que ce d´eficit r´esulte bel et bien de l’ex´ecution du contrat et que les sommes destin´ees a` le combler font partie de ses coˆuts d’exploitation, dans le contexte d’un contrat « cost plus ». 240 Par contraste, les indemnit´es de d´epart d´ecoulent de la terminaison du Contrat et mˆeme le contexte d’un « cost plus » ne suffit pas a` conclure qu’il s’agit l`a d’« operating costs » li´es a` l’ex´ecution de ce Contrat. Ce sont sans doute des coˆuts d’exploitation pour Sodexho a` l’´echelle de toute son entreprise (elle se sp´ecialise dans le domaine de la fourniture de services de cuisine et a donc d’autres clients que QNSL), mais ce ne sont pas des coˆuts li´es a` l’ex´ecution du Contrat particulier qui unit ici les parties. 241 Il faut tenir compte aussi du fait que le Contrat, dans sa derni`ere mou- ture, est un contrat a` dur´ee d´etermin´ee, qui, par d´efinition, doit connaˆıtre une fin, qui est pr´evisible et dont Sodexho tient certainement compte lorsqu’elle offre ses services et fixe ses prix. Il paraˆıtrait curieux de tenir le client (QNSL) responsable des cons´equences de la terminaison du con- trat, qui est en quelque sorte annonc´ee d`es la conclusion de celui-ci. Si le contrat « cost plus » a pour objet de prot´eger le prestataire de service (ici

129C’est d’ailleurs ce qu’affirme le t´emoin Louis Gravel (cadre de QNSL) dans son t´emoignage du 23 janvier 2008, annexes du m´emoire de l’appelante, p. 5539. Sodexho c. QNSL La Cour 291

Sodexho), le contrat a` dur´ee d´etermin´ee, lui, avantage habituellement le client (ici QNSL) en le lib´erant de toute obligation envers le prestataire de service d`es la terminaison du contrat. 242 Par ailleurs, sachant qu’il s’agit d’un contrat a` dur´ee d´etermin´ee, si les parties avaient voulu que les indemnit´es de d´epart vers´ees par Sodexho en vertu de l’article 235 C.c.t. soient remboursables par QNSL, elles l’auraient vraisemblablement ecrit,´ ce qu’elles n’ont pas fait. Il ne faut pas oublier en effet que le texte d’un contrat est certainement son premier outil interpr´etatif130. Bien sˆur, l’interpr´etation peut permettre de suppl´eer aux silences ou aux ambigu¨ıt´es du contrat, mais il faut tout de mˆeme accorder une importance au texte, y compris en ce qu’il ne pr´evoit pas. Ici, ce silence renforce l’interpr´etation que retient la juge quant au sens a` donner aux clauses 9.1 et 10.1 du Contrat. 243 Pour toutes ces raisons, nous sommes d’accord avec la juge de pre- mi`ere instance lorsqu’elle conclut, au paragr. 224 de son jugement, que les indemnit´es de d´epart r´esultent de la terminaison du contrat et ne sont pas couvertes par une entente dont l’esprit (et, pourrait-on ajouter, le texte) « consiste a` faire assumer par QNS&L toutes les d´epenses de Sodexho engendr´ees par l’ex´ecution du Contrat » (soulignement origi- nal), s’agissant des « d´epenses courantes, ou d’op´eration ». 244 Tout bien pes´e, consid´erant l’ensemble des el´´ ements de preuve et consid´erant la d´ef´erence due a` la juge de premi`ere instance dans l’appr´eciation de cette preuve et l’appr´eciation du sens a` donner au Con- trat, nous concluons au caract`ere raisonnable de ses conclusions inter- pr´etatives. Sodexho n’a pas d´emontr´e ce en quoi ces conclusions seraient vici´ees par une erreur manifeste et dominante. Il n’y a pas de preuve univoque, ici, qui ferait tout simplement obstacle a` ces conclusions et compromettrait le dispositif du jugement. Il y a plutˆot une preuve parfois contradictoire, parfois impr´ecise et toute une s´erie d’arguments oppos´es entre lesquels la juge, au terme d’un exercice bien raisonn´e, a choisi. Il n’y a pas lieu de r´eformer son jugement. 245 L’appel incident de Sodexho doit donc echouer´ sur ce point.

246 POUR CES MOTIFS, LA COUR :

130Coop´erative des consommateurs de Ste-Foy c. Sobeys Qu´ebec inc. (2005), [2006] R.J.Q. 100 (Que. C.A.), paragr. 52. 292 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

247 Dans le dossier 500-05-061211-007 [dossier A] : 247.1 REJETTE l’appel, avec d´epens. 248 Dans le dossier 500-05-061209-001 [dossier B] : 248.1 ACCUEILLE l’appel a` la seule fin d’ajouter la conclusions suivante au jugement de premi`ere instance : CONDAMNE Sodexho Qu´ebec Lt´ee a` payer 27 640 $ a` Compagnie de Chemin de Fer du Littoral Nord de Qu´ebec et du Labrador Inc., plus l’int´erˆet au taux l´egal et l’indemnit´e additionnelle a` compter de la date de la demande reconven- tionnelle (31 juillet 2000). 248.2 Sans frais vue l’issue mitig´ee du pourvoi. 249 Dans le dossier 500-05-061210-009 [dossier C] : 249.1 REJETTE l’appel, avec d´epens. 249.2 ACCUEILLE l’appel incident, sans frais vu le caract`ere limit´e de la rectification, a` la seule fin de BIFFER la conclusion suivante du jugement de premi`ere instance : CONDAMNE Sodexho Qu´ebec Lt´ee a` verser a` la Compa- gnie de Chemin de Fer du Littoral Nord de Qu´ebec et du Lab- rador Inc. la somme de 79 803 $, plus les int´erˆets et l’indemnit´e additionnelle pr´evue a` l’article 1619 du Code civil du Qu´ebec, depuis le 31 juillet 2000; et de la REMPLACER par la conclusions suivante : CONDAMNE Sodexho Qu´ebec Lt´ee a` verser a` la Compa- gnie de Chemin de Fer du Littoral Nord de Qu´ebec et du Lab- rador Inc. la somme de 75 803,11 $, plus les int´erˆets et l’indemnit´e additionnelle pr´evue a` l’article 1619 du Code civil du Qu´ebec, depuis le 31 juillet 2000; 250 Dans le dossier 500-05-061207-005 [dossier D] : 250.1 REJETTE l’appel, avec d´epens. 251 Dans le dossier 500-05-061206-007 [dossier E] : 251.1 REJETTE l’appel, avec d´epens. 252 Dans le dossier 500-05-061213-003 [dossier F] : 252.1 REJETTE l’appel, avec d´epens. 253 Dans le dossier 500-05-074156-025 [dossier G] : 253.1 REJETTE l’appel, avec d´epens. Sodexho c. QNSL La Cour 293

253.2 REJETTE l’appel incident, avec d´epens. Appel et appel incident accueillis en partie. 294 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

[Indexed as: Cassidy v. Cassidy] Robert Nicholas Cassidy (Applicant) and Anne Elizabeth Cassidy (Respondent) Ontario Superior Court of Justice Docket: Walkerton 04-03688 2011 ONSC 791 Price J. Heard: May 13, June 25, July 29, September 15, December 2, 2009 Judgment: February 2, 2011 Family law –––– Costs — In family law proceedings generally — Factors considered — Success — Relative success –––– Wife successfully brought mo- tion to enforce terms of divorce order — Husband was found to be in contempt of divorce order for failing to pay wife her share of tax refund and for failing to transfer his interest in matrimonial home — Husband also brought motion for order quantifying and declaring amount of child and spousal support he had paid, but his motion was dismissed — Hearing on costs was held — Wife was awarded costs of $3,350 — Wife was substantially successful in both mo- tions — Favourable outcome which wife achieved could not be discounted by parties’ divided success in calculation of amounts that were transferred to wife from husband’s pension — Wife did her best to secure correct information and convey it — Indemnification of wife as successful litigant and disapproval of husband’s conduct in disobeying divorce order dictated that wife was awarded her costs — There was no reason to depart from principle that contemnor must pay costs of moving party on substantial indemnity scale. Civil practice and procedure –––– Costs — Particular orders as to costs — Costs on solicitor and client basis — Grounds for awarding — Contempt of court –––– Wife successfully brought motion to enforce terms of divorce or- der — Husband was found to be in contempt of divorce order for failing to pay wife her share of tax refund and for failing to transfer his interest in matrimonial home — Husband also brought motion for order quantifying and declaring amount of child and spousal support he had paid, but his motion was dis- missed — Hearing on costs was held — Wife was awarded costs of $3,350 — Wife was substantially successful in both motions — Favourable outcome which wife achieved could not be discounted by parties’ divided success in calculation of amounts that were transferred to wife from husband’s pension — Wife did Cassidy v. Cassidy 295 her best to secure correct information and convey it — Indemnification of wife as successful litigant and disapproval of husband’s conduct in disobeying di- vorce order dictated that wife was awarded her costs — There was no reason to depart from principle that contemnor must pay costs of moving party on sub- stantial indemnity scale. Family law –––– Costs — In family law proceedings generally — Factors considered — Complexity –––– Wife successfully brought motion to enforce terms of divorce order — Husband was found to be in contempt of divorce order for failing to pay wife her share of tax refund and for failing to transfer his interest in matrimonial home — Husband also brought motion for order quanti- fying and declaring amount of child and spousal support he had paid, but his motion was dismissed — Hearing on costs was held — Wife was awarded costs of $3,350 — Proceeding was moderately complex — Aside from law governing proceedings for contempt and penalties to be imposed, valuations raised com- plex issues which required expert evidence of actuary — Husband acknowl- edged that proceeding was complex — Proceeding required extensive steps, in- cluding preparation of detailed affidavit materials, retrieval of case authorities, and complex legal submissions on issues of contempt and equalization of net family property. Family law –––– Costs — In family law proceedings generally — Factors considered — Conduct of party –––– Wife successfully brought motion to en- force terms of divorce order — Husband was found to be in contempt of divorce order for failing to pay wife her share of tax refund and for failing to transfer his interest in matrimonial home — Husband also brought motion for order quanti- fying and declaring amount of child and spousal support he had paid, but his motion was dismissed — Hearing on costs was held — Wife was awarded costs of $3,350 — Husband precipitated present motions by his contempt — Even when wife brought her motion to enforce divorce order, husband sought to jus- tify his delay in paying wife’s share of his tax refund and his transfer of matri- monial home — Husband’s conduct was unreasonable and tended to lengthen proceeding — Scale of compensation had to properly reflect court’s disapproval of husband’s unreasonable conduct. Civil practice and procedure –––– Costs — Persons entitled to or liable for costs — Unrepresented party –––– Wife successfully brought motion to en- force terms of divorce order — Husband was found to be in contempt of divorce order for failing to pay wife her share of tax refund and for failing to transfer his interest in matrimonial home — Husband also brought motion for order quanti- fying and declaring amount of child and spousal support he had paid, but his motion was dismissed — Hearing on costs was held — Wife was awarded costs of $3,350 — Documents wife prepared were of professional calibre and saved 296 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B. significant time at hearing — Information and arguments contained in wife’s documents were close to what was expected from lawyer representing litigant — Husband’s solicitor’s hourly rate was $225 per hour — Accordingly, rate of $150 was appropriate for time wife spent that, had she been represented, would have been reasonably spent by lawyer representing her — Wife took no personal satisfaction from representing herself and she would have hired lawyer if she had been able to do so — Wife did not display arrogance or incivility, but rather displayed standard of civility expected of lawyer — In performing tasks that would normally have been performed by lawyers, wife lost opportunity to earn income elsewhere. Cases considered by Price J.: Brazeau v. Lefebvre (2003), 2003 CarswellOnt 1006, [2003] O.J. No. 1086, [2003] O.T.C. 233 (Ont. S.C.J.) — referred to Boucher v. Public Accountants Council (Ontario) (2004), 48 C.P.C. (5th) 56, 2004 CarswellOnt 2521, 188 O.A.C. 201, 71 O.R. (3d) 291, [2004] O.J. No. 2634 (Ont. C.A.) — considered British Columbia (Minister of Forests) v. Okanagan Indian Band (2003), 43 C.P.C. (5th) 1, 114 C.R.R. (2d) 108, [2004] 2 W.W.R. 252, 313 N.R. 84, [2003] 3 S.C.R. 371, 2003 SCC 71, 2003 CarswellBC 3040, 2003 Car- swellBC 3041, 233 D.L.R. (4th) 577, [2004] 1 C.N.L.R. 7, 189 B.C.A.C. 161, 309 W.A.C. 161, 21 B.C.L.R. (4th) 209, [2003] S.C.J. No. 76 (S.C.C.) — referred to Buckland v. Watts (1969), [1970] 1 Q.B. 27, [1969] 2 All E.R. 985, [1969] 3 W.L.R. 92 (Eng. C.A.) — referred to Coldmatic Refrigeration of Canada Ltd. v. Leveltek Processing LLC (2005), 2005 CarswellOnt 189, 5 C.P.C. (6th) 258, 75 O.R. (3d) 638, [2005] O.J. No. 160 (Ont. C.A.) — referred to Coletta v. Coletta (2003), 34 R.F.L. (5th) 9, [2003] O.T.C. 15, 2003 Carswell- Ont 55, [2003] O.J. No. 81 (Ont. S.C.J.) — referred to Dunsmore v. Dunsmore (2007), 2007 CarswellOnt 6936 (Ont. S.C.J.) — re- ferred to Fellowes, McNeil v. Kansa General International Insurance Co. (1997), 37 O.R. (3d) 464, 17 C.P.C. (4th) 400, 1997 CarswellOnt 5013, [1997] O.J. No. 5130 (Ont. Gen. Div.) — considered Fong v. Chan (1999), 1999 CarswellOnt 3955, 181 D.L.R. (4th) 614, 128 O.A.C. 2, 46 O.R. (3d) 330, [1999] O.J. No. 4600 (Ont. C.A.) — considered Heath v. Heath (2006), 2006 CarswellOnt 3546, [2006] O.J. No. 2337 (Ont. S.C.J.) — referred to Huard v. Hydro One Networks Inc. (2002), 2002 CarswellOnt 3996, 30 C.P.C. (5th) 164, [2002] O.J. No. 4547 (Ont. Master) — referred to Cassidy v. Cassidy 297

Jahn-Cartwright v. Cartwright (2010), 2010 ONSC 2263, 2010 CarswellOnt 5657, [2010] O.J. No. 3307 (Ont. S.C.J.) — followed Jhuman v. Moakhan (2007), 2007 CarswellOnt 6996 (Ont. S.C.J.) — considered Kassay v. Kassay (2000), 2000 CarswellOnt 3262, 11 R.F.L. (5th) 308, [2000] O.J. No. 3373 (Ont. S.C.J.) — referred to M. (C.A.) v. M. (D.) (2003), 2003 CarswellOnt 3606, 176 O.A.C. 201, 231 D.L.R. (4th) 479, 43 R.F.L. (5th) 149, 67 O.R. (3d) 181, [2003] O.J. No. 3707 (Ont. C.A.) — referred to Moon v. Sher (2004), 2004 CarswellOnt 4702, 192 O.A.C. 222, 246 D.L.R. (4th) 440, [2004] O.J. No. 4651 (Ont. C.A.) — referred to Mustang Investigations Inc. v. Ironside (2009), 82 C.P.C. (6th) 80, 2009 Cars- wellOnt 5563 (Ont. S.C.J.) — followed Perri v. Thind (2009), 2009 CarswellOnt 3989, 98 O.R. (3d) 74 (Ont. S.C.J.) — considered Risorto v. State Farm Mutual Automobile Insurance Co. (2003), 32 C.P.C. (5th) 304, 2003 CarswellOnt 934, 64 O.R. (3d) 135, [2003] O.J. No. 990 (Ont. S.C.J.) — considered Schaer v. Barrie Yacht Club (2003), 2003 CarswellOnt 2531, [2003] O.J. No. 2673 (Ont. S.C.J.) — considered West Lincoln (Township) v. Chan (2001), 13 C.P.C. (5th) 137, 2001 Carswell- Ont 1885, [2001] O.J. No. 2133 (Ont. S.C.J.) — referred to York (Regional Municipality) v. Schmidt (2008), 2008 CarswellOnt 7188 (Ont. S.C.J.) — referred to Young v. Young (1993), [1993] 8 W.W.R. 513, 108 D.L.R. (4th) 193, 18 C.R.R. (2d) 41, [1993] 4 S.C.R. 3, 84 B.C.L.R. (2d) 1, 160 N.R. 1, 49 R.F.L. (3d) 117, 34 B.C.A.C. 161, 56 W.A.C. 161, [1993] R.D.F. 703, 1993 CarswellBC 264, 1993 CarswellBC 1269, [1993] S.C.J. No. 112, EYB 1993-67111 (S.C.C.) — referred to 232 Kennedy Street Ltd. v. King Insurance Brokers (2002) Ltd. (2009), [2009] 3 W.W.R. 414, 236 Man. R. (2d) 147, 448 W.A.C. 147, 69 C.P.C. (6th) 357, [2009] I.L.R. I-4799, 2009 MBCA 22, 2009 CarswellMan 63, 71 C.C.L.I. (4th) 159 (Man. C.A.) — referred to 1465778 Ontario Inc. v. 1122077 Ontario Ltd. (2006), 216 O.A.C. 339, 38 C.P.C. (6th) 1, 2006 CarswellOnt 6582, 275 D.L.R. (4th) 321, 82 O.R. (3d) 757, [2006] O.J. No. 4248 (Ont. C.A.) — referred to Statutes considered: Courts of Justice Act, R.S.O. 1990, c. C.43 s. 131 — referred to s. 131(1) — referred to 298 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

Interprovincial Summonses Act, R.S.O. 1990, c. I.12 Generally — referred to Rules considered: Family Law Rules, O. Reg. 114/99 Generally — referred to R. 24 — considered R. 24(1) — considered R. 24(4) — considered R. 24(5) — considered R. 24(11) — considered Rules of Civil Procedure, R.R.O. 1990, Reg. 194 R. 57.01(3) — considered Regulations considered: Administration of Justice Act, R.S.O. 1990, c. A.6 Kilometre Allowances, R.R.O. 1990, Reg. 11 s. 1 — referred to Kilometre Allowances (Amendment), O. Reg. 498/00 s. 1 — referred to

ADDITIONAL REASONS to judgment reported at Cassidy v. Cassidy (2010), 2010 ONSC 2707, 83 C.C.P.B. 292, 2010 CarswellOnt 2937, 85 R.F.L. (6th) 148 (Ont. S.C.J.), respecting costs.

Elli Cohen, for Applicant Anne Elizabeth Cassidy, for herself

Price J.:

1 These are the reasons for costs in a motion which Ms. Cassidy brought on March 2, 2009 to enforce terms of the divorce order made by Thompson J. on November 14, 2007 (“the divorce Order”), which had required Mr. Cassidy to transfer his interest in the former matrimonial home to Ms. Cassidy, to reimburse her share of a tax refund to her and to transfer half of his LLRISP and Air Canada Pension to her, and in a mo- tion which Mr. Cassidy brought on June 19, 2009 for a declaration that payments he had made on the home he had failed to transfer be credited to his child and spousal support obligations, as an overpayment of such payments. My earlier reasons dated October 8, 2009 and May 10, 2010, set out the background facts and history of the proceeding. Cassidy v. Cassidy Price J. 299

2 The parties made their first court appearance on Ms. Cassidy’s mo- tion on May 13, 2009. On that date, I found Mr. Cassidy in contempt of the following terms of the divorce Order: 1. paragraph 14, which required him to pay Ms. Cassidy her share of a tax refund resulting from a re-assessment of their 2006 income taxes; and 2. paragraph 24 of the Order, which required him to transfer his in- terest in the former matrimonial home to Ms. Cassidy. 3 I ordered Mr. Cassidy to comply with these terms, which he did prior to the resumption of the hearing on June 25, 2009. The imposition of penalty was further adjourned pending submissions as to the appropriate range of penalty. 4 It was necessary for the court to hear the testimony of an expert and submissions as to the value of Mr. Cassidy’s LLRISP and Canada Pen- sion before ordering him to comply with paragraphs 32 and 33 of the divorce Order by specifying the amounts to be transferred to Ms. Cassidy. 5 Pending the return of the motion on June 25, 2009, Mr. Cassidy made his own motion on June 19, 2009, seeking an order quantifying the amount of child and spousal support paid by him from the date of the divorce Order, a declaration that he was entitled to a credit for the mort- gage payments he had made during his 19 months delay in transferring his interest in the former matrimonial home to Ms. Cassidy, and an order applying the amount of those payments, as an overpayment of child and spousal support, against payments he was required to make for equaliza- tion, tax reimbursements, or future support.

Analysis a) General Principles a) Principles to be balanced 6 In awarding costs in this case, I must balance two conflicting princi- ples, namely, to indemnify the successful litigant for the costs of enforc- ing or defending his or her rights, and to avoid making potential litigants feel unduly hesitant to defend their rights by requiring the unsuccessful litigant to bear all of the successful litigant’s costs, as well as his or her 300 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

own.1 The ultimate objective in balancing these principles is to ensure that the justice system works fairly and efficiently.2

b) Discretion to be exercised 7 The entitlement to costs and the appropriate amount to be paid is “within the court’s discretion”.3 The Family Law Rules direct the court as to how to exercise its discretion costs. Rule 24(1) presumptively enti- tles a successful party to costs and although this Rule circumscribes the broad discretion on costs conferred by s. 131(1), it does not completely remove a judge’s discretion.4 Rules 24(4) and 24(5), for example, state that a successful party may be deprived of costs if he or she has behaved unreasonably.

c) Objectives to be Served 8 The paramount objective to be served by a costs order is indemnifica- tion of a successful party for the costs incurred in asserting his or her rights. For many years, this was considered to be the only objective, and was held to preclude awards of costs to successful self-represented liti- gants, who had not paid fees to another for which they needed to be in- demnified. In the past decade and a half, courts in Canada have held that, while indemnification is the paramount objective, it is not the only one. The court has recognized other objectives, namely, to encourage settle- ment and discourage frivolous actions and defences and unnecessary steps in litigation.5 As Justice MacDonald noted in Fellowes, McNeil v. Kansa General International Insurance Co. (1997) and both the Court of Appeal for Ontario and the have since con- firmed, these objectives may be served by awards of costs to self-repre-

1Mark Orkin, The Law of Costs (2nd edition) (2001 Canada Law Book), p. 23 2British Columbia (Minister of Forests) v. Okanagan Indian Band, 2003 CanLII 71, [2003] 3 S.C.R. 371 (S.C.C.) at paras. 25 and 26 3Courts of Justice Act, R.S.O. 1990, c. C.43, s. 131 4M. (C.A.) v. M. (D.), [2003] O.J. No. 3707, 67 O.R. (3d) 181 (Ont. C.A.) 5Fellowes, McNeil v. Kansa General International Insurance Co., 1997 CanLII 12208, (1997), 37 O.R. (3d) 464 (Ont. Gen. Div.), para. 10 Cassidy v. Cassidy Price J. 301

sented litigants.6 More recently, access to justice has been recognized as a further objective that the court should seek to achieve when awarding costs.7 9 In the present case, Ms. Cassidy was substantially successful in the motions. She succeeded in her motion to enforce the terms of the divorce Order by requiring Mr. Cassidy to pay her the amount owed to her from his tax refund and by requiring him to transfer his interest in the former matrimonial home to her. She also succeeded in requiring him to transfer half his LLRISP and Air Canada Pension to her. Finally, she succeeded in resisting his motion for a credit for the mortgage payments he had made during the 19 months he had delayed transferring their home to her. 10 The favourable outcome which Ms. Cassidy achieved should not be discounted by the parties’ divided success in the calculation of amounts to be transferred to Ms. Cassidy from Mr. Cassidy’s LLRISP and Air Canada pension. Mr. Cassidy sought to have his pension valued at $76,311.00, less a 30% notional tax deduction. Ms. Cassidy sought to have it valued at $94,245.31, based on telephone conversations she had had with an employee of Mercer HR Consulting, the administrator of the pension. I valued the pension at $76,311.00 without a notional tax deduc- tion. Mr. Cassidy successfully sought to have the contribution deficiency owed to Air Canada paid back from the LLIRSP, which Ms. Cassidy had opposed. 11 The divorce Order required Mr. Cassidy to transfer half his net LLRISP, after making the pay-back to the Air Canada Pension, to Ms. Cassidy, and to transfer half of the pension amount accrued during the marriage to her. It did not specify an amount for either of these pay- ments. It was Mr. Cassidy’s obligation to comply with the divorce Order. Doing so did not require Ms. Cassidy’s concurrence. If Mr. Cassidy was unable to interpret the Order or determine the amounts to be transferred,

6Fong v. Chan, 1999 CanLII 2052, [1999] O.J. No. 4600, 46 O.R. (3d) 330, 181 D.L.R. (4th) 614, 128 O.A.C. 2 (Ont. C.A.), para. 22; British Columbia (Minister of Forests) v. Okanagan Indian Band, 2003 CanLII 71, [2003] 3 S.C.R. 371 (S.C.C.), at para. 25-26 71465778 Ontario Inc. v. 1122077 Ontario Ltd., 2006 CanLII 35819, (2006), 82 O.R. (3d) 757 (Ont. C.A.), per Feldman J.A., at para. 45 302 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

it was his obligation either to negotiate a resolution of this issue with Ms. Cassidy or to apply to the court for directions. By failing to do so, he made it necessary for Ms. Cassidy to move to have the Order enforced. 12 Mr. Cassidy, as the employee with the Air Canada Pension, was in a position to control access to information from Mercer HR Consulting, the pension administrator, concerning the pension. It was therefore in- cumbent on him to secure the necessary information and documents from Mercer and provide them to Ms. Cassidy. When he failed to do so, Ms. Cassidy sought to obtain the information herself, through telephone calls to one of Mercer’s employees. She should not be penalized for the fact that either incorrect information was given to her or she did not under- stand the information she was given. 13 I find that Ms. Cassidy was doing her best to secure the correct infor- mation and convey it to the Court. When Mr. Cassidy was either unable or unwilling to confirm the information she provided, it became neces- sary for the Court, on its own motion, to issue a summons pursuant to the Interprovincial Summonses Act8 to compel the attendance of a Mercer representative to court on December 2, 2009. It was only after this Order was made that the information was provided and the representative’s at- tendance dispensed with. 14 Of the three objectives referred to above, indemnification of Ms. Cas- sidy, as the successful litigant, and expression of the court’s disapproval of Mr. Cassidy’s conduct in disobeying the divorce Order dictate that Ms. Cassidy be awarded her costs. As I indicated in my earlier reasons,9 contempt proceedings occupy a special place in civil proceedings, where it has been said that it should be the rule, not the exception, that in any motion necessitated by contempt, the contemnor must pay the costs of the moving party on a substantial indemnity scale.10 I see no reason for departing from this principle in the present case.

8Interprovincial Summonses Act, R.S.O. 1990, c. I. 12 9Reasons dated May 10, 2010, para. 40 10West Lincoln (Township) v. Chan, [2001] O.J. No. 2133 (Ont. S.C.J.), para. 42; York (Regional Municipality) v. Schmidt [2008 CarswellOnt 7188 (Ont. S.C.J.)], 2008 CanLII 63236, para. 23; Heath v. Heath, [2006] O.J. No. 2337 (Ont. S.C.J.), at para. 17; Kassay v. Kassay, [2000] O.J. No. 3373 (Ont. S.C.J.), at para. 36; Coletta v. Coletta, [2003] O.J. No. 81 (Ont. S.C.J.), at para. 54; Cassidy v. Cassidy Price J. 303

d) Factors to be Considered 15 Rule 24(11) lists the factors the court should consider in quantifying costs: 24.(11)A person setting the amount of costs shall consider, (a) the importance, complexity or difficulty of the issues; (b) the reasonableness or unreasonableness of each party’s behaviour in the case; (c) the lawyer’s rates; (d) the time properly spent on the case, including conver- sations between the lawyer and the party or witnesses, drafting documents and correspondence, attempts to settle, preparation, hearing, argument, and preparation and signature of the order; (e) expenses properly paid or payable; and (f) any other relevant matter.

i. Importance, Complexity and Difficulty 16 As applications to enforce orders go, this was a moderately complex proceeding. Apart from the law governing proceedings for contempt and the penalties to be imposed, the valuation of Mr. Cassidy’s pension and LIRSP raised complex issues which required the attendance of an actuary to give expert evidence. Mr. Cassidy acknowledges that the proceeding was complex, requiring extensive steps, including preparation of detailed affidavit materials, retrieval of case authorities and complex legal sub- missions on the issues of contempt and equalization of net family property.

ii. Reasonableness of Each Party’s Behaviour 17 Mr. Cassidy precipitated the present motions by his contempt. He delayed reimbursing Ms. Cassidy for her share of his tax refund and delayed transferring the former matrimonial home to her for 19 months. He also failed to take the necessary steps to transfer half of his LLRISP and Canada Pension to her.

Dunsmore v. Dunsmore [2007 CarswellOnt 6936 (Ont. S.C.J.)], 2007 CanLII 44942, at para. 22 304 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

18 As noted above, Rule 24(1) provides that a successful party is pre- sumed to be entitled to the costs of the motion. In addition, Rule 24(4) provides: 24.(4) Despite sub-rule (1) [which provides that a successful party is presumed to be entitled to the costs of a motion], “a successful party who has behaved unreasonably during a case may be deprived of all or part of the party’s own costs or ordered to pay all or part of the unsuccessful party’s costs. 19 As also noted above, it is the rule, not the exception, that in motions necessitated by contempt, the contemnor must pay the costs of the mov- ing party on a substantial indemnity scale. 20 Even when Ms. Cassidy brought her motion to enforce the divorce Order, Mr. Cassidy sought to justify his delay in paying Ms. Cassidy’s share of his 2006 tax refund and his transfer of the matrimonial home to her pending the re-assessment of his taxes for other years and the resolu- tion of other issues in dispute between the parties. This was unreasonable and tended to lengthen the proceeding. 21 As noted above, the paramount consideration in costs awards gener- ally is indemnification and the fundamental principle governing awards of costs on a partial indemnity scale is that they are intended to indem- nify the person entitled to them, not to punish the person who must pay them.11 This is not the case in awards of costs for contempt, in which costs are customarily awarded on a substantial indemnity scale, in part, to denounce the conduct of the contemnor. 22 Even when awarded on a solicitor and client scale, however, costs should not be made a source of profit for a successful party. In Perri v. Thind, Henderson J. cited Orkin, writes: Since costs are an indemnity, it follows that they cannot be made a source of profit to a successful party. Thus, if costs have not been incurred or the party is not liable for any particular item or fee, he or she cannot recover them as part of the costs of the litigation.12 (Emphasis added)

11Orkin, The Law of Costs, (2nd ed.) at p.2-46. Young v. Young, 1993 CanLII 34, [1993] 4 S.C.R. 3 (S.C.C.), at p. 154, re-stated recently by Henderson J. in Perri v. Thind [2009 CarswellOnt 3989 (Ont. S.C.J.)] 12Orkin, above, at p. 2-48 Cassidy v. Cassidy Price J. 305

23 Justice Henderson recognized the role that costs, when awarded on a substantial indemnity scale, can serve in expressing the Court’s disap- proval of unreasonable conduct. He stated: [29] Moreover, the case law supports the proposition that where a motions judge wishes to express disapproval of the conduct of the unsuccessful party, the appropriate order is for costs to be payable on a substantial indemnity basis. See the case of Prinzo v. Baycrest Centre, 2002 CanLII 45005 (ON C.A.), (2002) 60 O.R. (3d) 474 (C.A.) at para. 76. This concept still complies with the principle of indemnity as substantial indemnity costs would not exceed the amount of costs actually incurred.13 24 Justice Henderson allowed leave to appeal in Perri v. Thind because the costs award was almost four times the successful party’s substantial indemnity costs. He held that, as the order was a marked departure from the normal or routine costs made in motions court, it was appropriate for an appellate court to clarify the grounds on which such an unusually high costs order may be made.14 25 In the present case, the scale of compensation made to Ms. Cassidy should property reflect the Court’s disapproval of Mr. Cassidy’s unrea- sonable conduct, which precipitated the motion to enforce the divorce Order and a finding that he was in contempt of that Order. Yet, the costs award must conform to the principle of indemnity and should not be made to be a source of profit to Ms. Cassidy. This principle will be ad- dressed below in my discussion of “the lawyer’s rates”, the time that Ms. Cassidy properly spent on the case, and of Mr. Cassidy’s reasonable ex- pectation as to the costs he would be required to pay if he were unsuccessful.

iii. The Lawyer’s Rates 26 The principles governing an award of costs to self-represented liti- gants are set out at length in my reasons in Jahn-Cartwright v. Cart-

13Perri v. Thind, 98 O.R. (3d) 74 (Ont. S.C.J.), paras. 24 to 26, and 32 to 33 14Perri v. Thind, paras. 24 to 26, and 32 to 33 306 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

wright15 I adopt those principles as set out in that case for the purpose of the present analysis. 27 Ms. Cassidy is not a lawyer, yet Rule 24 directs me to consider “The Lawyer’s rates” when assessing her entitlement to costs. Where one party in a proceeding is represented by a lawyer and the other is not, the hourly rate which the represented litigant’s lawyer is entitled to claim on an assessment of costs should inform the reasonable expectations of both parties as to the costs they will likely be required to pay if unsuccessful. Otherwise, the represented litigant would be less circumspect with regard to his or her conduct of the proceeding and his or her response to the opposing party’s efforts to settle because that party is a self-represented litigant. 28 Mr. Cassidy was represented through most of the proceeding by Elli M. Cohen. Mr. Cohen was called to the Ontario Bar in 2005, practices almost exclusively family law, and is highly skilled. His actual hourly rate is $225.00 per hour and he claims a partial indemnity rate of $200.00. The “Information for the Profession” bulletin, from the Costs Sub-Committee of the Rules Committee (“the Costs Bulletin”),16 sug- gests a maximum hourly rate (on a partial indemnity scale) of $225.00 for lawyers of less than 10 years experience. The maximum rates set out in the bulletin are generally intended for the most complex and important of cases. Based on the Costs Bulletin, Mr. Cohen’s years of experience, the amounts he charges and claims, I find that $225.00 on a substantial indemnity scale and $200.00 on a partial indemnity scale are conserva- tive for him. 29 It does not follow automatically from this that Ms. Cassidy is entitled to claim these rates for the time she spent. Litigants are routinely repre- sented by lawyers of differing seniority and levels of experience. The costs they are entitled to recover are not based on the hourly rate of their

152010 ONSC 2263 (Ont. S.C.J.), [2010] W.D.F.L. 5403, [2010] W.D.F.L. 5400, [2010] O.J. No. 3307, 2010 CarswellOnt 5657 (Ont. S.C.J.) 16“Information for the Profession” bulletin (“the Costs Bulletin”) from the Costs Sub-Committee of the Rules Committee (that the Costs Sub-Committee of the Rules Committee issued to replace the Costs Grid, which it repealed in 2005). The Costs Bulletin has advisory status only and not statutory authority, as it was not included in the Regulation that repealed the Costs Grid. Cassidy v. Cassidy Price J. 307

more experienced counterpart. On the other hand, the fact that Ms. Cas- sidy was required to contend with a qualified and very able family law- yer who would have been entitled to claim an hourly rate of $225.00, even on a partial indemnity scale, had Mr. Cassidy been successful is a factor which I consider, both in assessing the calibre of work that Ms. Cassidy performed in presenting her case to the Court, and the costs which Mr. Cassidy should reasonably have expected to pay if unsuccessful. 30 As MacDonald J. stated in Fellowes, McNeil v. Kansa General International Insurance Co.: “A party with counsel, opposite an unrepre- sented litigant should also be deterred from the notion that it is immune from a costs award merely because such opposite party is unrepre- sented.”17 I would add that a party with counsel, opposite a self-repre- sented litigant, should be deterred from the notion that he will face only nominal costs because the opposing party is not represented by a lawyer. 31 In Fellowes, McNeil, Justice MacDonald noted that the rule, as devel- oped in Buckland v. Watts,18 whereby a lay litigant who was entitled to costs was awarded disbursements only, was abolished in England in 1975 by the Litigants in Person (Costs and Expenses) Act, 1975 (U.K.), c. 47 and that now lay litigants are allowed up to two-thirds of the costs normally awarded to a represented litigant.19 32 As the Court of Appeal noted in Fong v. Chan, above, the right of a self-represented litigant to recover costs is not automatic. It follows that even when a self-represented litigant establishes his or her right to re- cover costs, there is no automatic right to recover such costs at the hourly rate that the opposing party’s lawyer would be entitled to claim, or even at some particular proportion of that rate. 33 In calculating the costs of a self-represented litigant, the hourly rate of the opposing litigant’s lawyer should not be used in a mathematical exercise by simply multiplying that rate, or a proportion of it, times the hours that the self-represented litigant spent. Nor should the hourly rate

17Fellowes, McNeil v. Kansa General International Insurance Co., 1997 CanLII 12208, (1997), 37 O.R. (3d) 464 (Ont. Gen. Div.), para. 34 18(1969), [1970] 1 Q.B. 27, [1969] 2 All E.R. 985 (Eng. C.A.) 19Fellowes, McNeil v. Kansa General International Insurance Co., 1997 CanLII 12208, para 33 308 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

that the self-represented litigant earns outside court be used in this man- ner. As Armstrong J. stated on behalf of the Court of Appeal in Boucher,20 involving a civil proceeding, Rule 57.01(3) provides: “When the court awards costs, it shall fix them in accordance with subrule (1) and the Tariffs.” He then continued: [26] ...Subrule (1) lists a broad range of factors that the court may consider in exercising its discretion to award costs under s. 131 of the Courts of Justice Act, R.S.O. 1990, c. C. 43. The express language of rule 57.01(3) makes it clear that the fixing of costs is not simply a mechanical exercise. (Emphasis added) 34 At paragraphs 37 and 38, Armstrong J.A. added: In deciding what is fair and reasonable, as suggested above, the ex- pectation of the parties concerning the quantum of a costs award is a relevant factor. See City of Toronto v. First Ontario Realty Corpora- tion 2002 CanLII 49482 (ON S.C.), 59 O.R. (3d) 568 at 574 (S.C.). I refrain from attempting to articulate a more detailed or formulaic approach. The notions of fairness and reasonableness are embed- ded in the common law. Judges have been applying these notions for centuries to the factual matrix of particular cases. [Emphasis added] 35 Mr. Cohen’s hourly rate is only one of several factors I have consid- ered in assessing Ms. Cassidy’s costs. I have also had regard to the fact that the documents which Ms. Cassidy prepared were of a professional calibre and saved significant time at the hearing. They were close to what I would have expected from a lawyer representing a litigant. The infor- mation and arguments they contained could, for the most part, be juxta- posed with those tendered by Mr. Cohen and were helpful to the Court in arriving at its decision. Having regard to all of these factors, I consider a rate of $ 150.00 to be appropriate for the time Ms. Cassidy spent that, had she been represented, would have been reasonably spent by a lawyer representing her. 36 Awarding Ms. Cassidy her costs based, in part, on a proportion of Mr. Cassidy’s lawyer’s hourly rate will not, in my view, encourage her to

20Boucher v. Public Accountants Council (Ontario) [2004 CarswellOnt 2521 (Ont. C.A.)], 2004 CanLII 14579 Cassidy v. Cassidy Price J. 309

engage in litigation. She brought her motion because it was necessary to enforce the divorce Order she had obtained in 2007. She also reasonably opposed Mr. Cassidy’s motion to secure a credit for the mortgage pay- ments he had made during the interval of his contempt. She did not bring her own motion, or oppose Mr. Cassidy’s, frivolously or to vex or harass him. 37 Awarding Ms. Cassidy her costs based, in part, on a proportion of Mr. Cohen’s hourly rate will not encourage her to represent herself in future litigation, rather than retaining a lawyer to represent her. I accept her submission that she was not in a financial position to hire a lawyer, as this would have entailed adding to the debt that she had already incurred as a result of Mr. Cassidy’s failure to make the payments and transfer the property to her in a timely manner. 38 I saw no evidence that Ms. Cassidy took personal satisfaction from representing herself and I believe that she would have hired a lawyer to represent her if she had been able to do so. It would be unfair to penalize her on this basis by discounting the costs of the legal work she performed in a lawyer’s place, and thereby reward Mr. Cassidy for forcing her to do that work herself. 39 Ms. Cassidy did not display arrogance or incivility such as Eberhard J. indicated might attract an unfavourable costs award to a self-repre- sented litigant in Schaer v. Barrie Yacht Club21 She displayed the stan- dard of civility expected of a lawyer. Her costs do not need to be dis- counted on this basis. 40 I accept Ms. Cassidy’s assertion that, in performing the tasks that would normally have been performed by a lawyer, she lost the opportu- nity to earn income elsewhere. She claims $2,500.00 for income she lost due to her preparation and review of materials sent and received, serving and filing of documents and attendance at court on seven occasions. While she did not submit evidence from I could derive the precise amount of her income loss, I do not require such evidence to arrive at a fair assessment of her costs. As Perrell J. stated in Mustang

21Schaer v. Barrie Yacht Club [2003 CarswellOnt 2531 (Ont. S.C.J.)], 2003 CanLII 38484 310 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

Investigations Inc. v. Ironside [2009 CarswellOnt 5563 (Ont. S.C.J.)], re- ferring to the principles set out in Huard22 [13] To read the second principle as requiring evidence that a self- represented litigant must actually prove lost opportunities for remu- neration in order to recover costs is to disqualify litigants who are homemakers, retirees, students, unemployed, unemployable, and disabled but not a party under a disability. To apply the second principle in the way suggested is to deprive courts of the tool that Justice Sharpe stated the court should have. [14] Moreover, it would be unproductive for a judge or master to have to decide a costs claim by a self-represented litigant matter as if it were a claim for damages for lost income. The true point is that a self-represented litigant can only expect to recover costs if he or she does work that a lawyer would do. Put somewhat differently, if the self-represented litigant demonstrates that he or she did the work ordinarily done by a lawyer, then they will have justified receiving an award of costs.23 (Emphasis added) 41 I agree with Justice Perrell that the court must be even-handed in the way it approaches both the entitlement to costs and quantifying costs. In indemnifying one party, at the expense of the other, for the “real” costs it incurs, both in the value of the work the litigant does (which a lawyer would otherwise do) toward the resolution of the dispute, and the lost opportunity that work entails, the Court must aim to preserve each liti- gant’s access to justice. The emphasis must be on the value of the work done. This encompasses both the value of the work to the Court and the value of the time spent to the litigant who performed the work, or who hired a lawyer to perform it. 42 The income that a litigant could or would have earned outside of court, had the same time not been spent doing the work that a lawyer would normally do, is a factor to be taken into account in assessing the value of that time to that litigant. The fact that the litigant could not have

22Huard v. Hydro One Networks Inc., 2002 CarswellOnt 3996, [2002] O.J. No. 4547 (Ont. Master), at para. 19 23Mustang Investigations Inc. v. Ironside, 2009 CanLII 49323, at para.10. See also 232 Kennedy Street Ltd. v. King Insurance Brokers (2002) Ltd. [2009 Car- swellMan 63 (Man. C.A.)], 2009 CanLII 22, at para. 30 Cassidy v. Cassidy Price J. 311

been using that time to earn income outside court had he or she not been spending it on the case does not necessarily disqualify her from recover- ing costs for that time. However, in quantifying the value of that time to the litigant, one measure that can be useful is the income the litigant could or would have earned otherwise. This is a factor that must be con- sidered, in some circumstances, in order to render the litigant’s compen- sation in costs meaningful and therefore preserve the value of the process to that litigant, and therefore that litigant’s access to justice. Ms. Cassidy has satisfied me that her time had real value. She is a person who is obviously capable of earning income elsewhere and would have been do- ing so, had she not been doing the lawyer’s work she did and that, but for necessity, she would have delegated that work to a lawyer. 43 In the present case, Ms. Cassidy is entitled to her costs on a substan- tial indemnity scale because costs on that scale are needed to mark the Court’s disapproval of Mr. Cassidy’s failure to comply with the divorce Order, thereby making it necessary for Ms. Cassidy to bring her motion, and of his failure to secure and provide to Ms. Cassidy the information needed from his pension administrator to quantify the amount that the divorce Order required him to transfer to her from his LLRISP and pension.

iv. Time Properly Spent on the Case 44 Ms. Cassidy has submitted a Costs Outline. Although she has not quantified the time she spent, she has referred to the fact that she pre- pared and reviewed materials sent and received, served and filed docu- ments, and attended at court on seven occasions over the course of a year, from May 13, 2009 to May 10, 2010. As noted above, she has claimed $2,500.00 for her time. I consider this amount to be conservative. 45 Mr. Cohen has provided a Costs Outline, which claims fees of $26,839.74 in fees, representing 103.13 hours spent by him and 40.5 312 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

hours spent by his law clerk. In Risorto v. State Farm Mutual Automobile Insurance Co.24, Winkler, J., as motion judge, stated at paragraph 10: ... the court is also entitled to consider “any other matter relevant to the question of costs”. (See Rule 57.01(1)(i). In my view, the relative expenditures, at least in terms of time, by adversaries on opposite sides of a motion, while not conclusive as to the appropriate award of costs, is still, nonetheless, a relevant consideration where there is an allegation of excess in respect of a particular matter. (Emphasis added) 46 Ms. Cassidy claims $450.00 for disbursements, including faxes, pho- tocopies, paper, ink, office supplies, swearing of materials and postal ser- vices. She claims an additional $500.00 for “Gas to and from seven court dates, serving and filing of documents, FLIC appointments, etc.” 47 Some of the categories of disbursements which Ms. Cassidy claims, such as paper, ink and office supplies, are overhead and not recoverable in costs. As for the amount claimed for mileage, a lawyer would be ex- pected to hire a process server who would generally charge a flat fee for the serving and filing of the document, and a standard mileage rate for the travel required. Ms. Cassidy lives in Port Elgin, approximately 50 kilometres from the courthouse in Walkerton, where the most of the hearings were held. I have no evidence as to the availability of process servers or their charges to travel that distance but the mileage alone for seven trips to court, at $0.30 per km.25 would be $210.00. I consider $350.00 for allowable disbursements and an additional $500.00, includ- ing mileage, for serving and filing documents, to be a modest award and allow this amount. 48 I have considered the principle that costs awards should facilitate ac- cess to justice, and the effect that the costs award in the present case may have on the attainment of that objective. I have considered, in particular, the Canadian Judicial Council’s “Statement of Principles on Self-Repre- sented Litigants” (September 2006) requiring the Court to facilitate ac- cess to justice. I am mindful of the fact that the justice system has an obligation to promote access to justice equally to all, irrespective of their

24Risorto v. State Farm Mutual Automobile Insurance Co. (2003), 64 O.R. (3d) 135, 32 C.P.C. (5th) 304 (Ont. S.C.J.) 25R.R.O. 1990, Reg. 11, s. 1; O. Reg. 498/00, s. 1 Cassidy v. Cassidy Price J. 313

representation and that, for the discharge of this duty, the Court cannot always demand the same standard of self-represented litigants that it de- mands of litigants who are represented by lawyers. Due to the complex- ity of court procedures and rules, special attention should be afforded to facilitate access to justice for self-represented litigants. (Canadian Judi- cial Council and National Judicial Institute, Self-Represented Litigants and Self-Represented Accused, April 2007). 49 I have considered the time which Ms. Cassidy, as a litigant, would have spent, in any event, had she been represented by a lawyer. I have deducted the $570.00 she spent obtaining legal advice, notwithstanding that a lawyer would presumably be entitled to recover time spent giving her such advice. I have also considered that the $2,500.00 Ms. Claims for her time is far lower, even allowing for Mr. Cohen’s higher hourly rate, than the amount he has claimed for time spent on similar work. 50 With regard to the time spent at the hearing, the Court in Fong v. Chan, upon endorsing the multiple objectives of costs awards, affirmed the right of a self-represented litigant, whether lawyer or not, to recover a counsel fee for the time spent in court, arguing his or her case: [23] Since ... over 100 years ago, it had been accepted that self-repre- sented lawyers are entitled to indemnity on the “time is money” or opportunity cost rationale. It is difficult to see why the opportunity cost rationale should not be more generally applicable to self-repre- sented litigants. The self-represented lawyer possesses legal skills, but lacks professional detachment when acting in his or her own cause. If the law is prepared to compensate lawyers for this loss of time when devoting their efforts to their own cause, I fail to see any basis for denying the same entitlement to self-represented lay liti- gants who are able to demonstrate the same loss. [Emphasis added] 51 It would be inconsistent to allow a self-represented lawyer-litigant a counsel fee for time spent at court and not to allow any counsel fee for a self-represented lay-litigant. I am also mindful of the observation that the Court made in Fong v. Chan, that all litigants suffer a loss of time through their involvement in the legal process and that a self-represented litigant should not recover costs for the time and effort that any litigant 314 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

would have to devote to the case, including attendances in court where the party would ordinarily attend.26 52 I have concluded that the fairest way to deal with this time is to allow Ms. Cassidy costs for the time she spent in court arguing her case, at the hourly rate that would reasonably be charged by a lawyer for this work, while deducting the same amount of time at the hourly rate she would have earned elsewhere and which she would have lost in any event by attending court as a litigant. After deducting the time she would have spent at the conference on June 10, 2009, which is not recoverable, I consider the $2,500.00 which Ms. Cassidy has claimed for her time to be a very modest award.

v. Other Relevant Matters 53 I must, at this point, “step back and examine the overall award with a view to determining whether it is ‘fair and reasonable’ for the kind of matter involved.” In determining what is fair and reasonable, I must take into account the reasonable expectation of the parties concerning the amount of costs.27 54 I have considered other cases involving applications to enforce or vary family law orders. In Jhuman v. Moakhan28, in 2007, for example, Van Melle J. awarded costs of $15,000 against a husband who sought to vary the child support and equalization provisions of a Separation Agree- ment and who was found to be in contempt of a non-harassment Order. The $2,500.00 which Ms. Cassidy has claimed is modest in comparison with the costs awarded to litigants in similar cases. 55 The claim which Ms. Cassidy has made for interest on child support is property recoverable as post-judgment interest pursuant to the divorce

26Fong v. Chan, at para. 28; Brazeau v. Lefebvre [2003 CarswellOnt 1006 (Ont. S.C.J.)], at para. 21 27Referring to: Boucher v. Public Accountants Council (Ontario), [2004] O.J. No. 2634 (Ont. C.A.) (released June 22, 2004); Moon v. Sher, [2004] O.J. No. 4651 (Ont. C.A.) (released November 16, 2004); and Coldmatic Refrigeration of Canada Ltd. v. Leveltek Processing LLC, [2005] O.J. No. 160 (Ont. C.A.) (re- leased January 24, 2005) 28Jhuman v. Moakhan [2007 CarswellOnt 6996 (Ont. S.C.J.)], 2007 CanLII 45913 Cassidy v. Cassidy Price J. 315

Order of Thompson J. It is not recoverable in a costs award. Similarly, Ms. Cassidy’s claim for $1,000.00 for anxiety associated with the pro- ceeding is not recoverable in a costs award.

Conclusion and Order 56 Based on the foregoing, I fix Ms. Cassidy’s costs at $3,350.00, con- sisting of $2,500.00 for fees and $850.00 for disbursements, payable within 30 days. 57 Having regard to the fact that at least a portion of these costs related to Mr. Cassidy’s unsuccessful motion for a declaration as to the amount of spousal and child support he had paid and for an order granting him a credit for overpayment of such support, these costs shall be enforceable as support by the Family Responsibility Office. Order accordingly. 316 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

[Indexed as: Lans v. R.] Cheryl Lans, Appellant and Her Majesty the Queen, Respondent Tax Court of Canada [Informal Procedure] Docket: 2010-3135(IT)I 2011 TCC 121 J.M. Woods J. Heard: February 17, 2011 Judgment: February 23, 2011 Tax –––– Income tax — Deferred income plans — Registered retirement savings plans — Over-contributions –––– Minister of National Revenue as- sessed taxpayer for excess contributions to RRSPs, and applied penalties and interest — Assessed tax and penalty for 2004 taxation year was $1,039.88 and $176.78, respectively; tax and penalty for 2005 taxation year was $1,098.72 and $186.78, respectively — Taxpayer appealed — Appeal dismissed — Fact that taxpayer claimed interest of zero in relevant taxation years was not bar to impos- ing tax — Tax under s. 204.1(2.1) of Income Tax Act is special tax under Part X.1 of Act, and applies regardless of taxable income — Any unfairness in result could not override application of Act — Court did not have jurisdiction to inter- fere with Minister’s decision to apply fairness measures set out in s. 204.1(2.1) of Act — Consideration regarding penalties set out in s. 162(1) of Act were not applicable, as there was no failure to file return of income — Return required for excess contributions was not return of income — Taxpayer’s belief she did not have to pay tax was not sufficient due diligence to vacate penalties — No basis existed to waive interest. Tax –––– Income tax — Administration and enforcement — Penalties (ad- ministrative) — General principles –––– Minister of National Revenue as- sessed taxpayer for excess contributions to RRSPs, and applied penalties and interest — Assessed tax and penalty for 2004 taxation year was $1,039.88 and $176.78, respectively; tax and penalty for 2005 taxation year was $1,098.72 and $186.78, respectively — Taxpayer appealed — Appeal dismissed — Fact that taxpayer claimed interest of zero in relevant taxation years was not bar to impos- ing tax — Tax under s. 204.1(2.1) of Income Tax Act is special tax under Part X.1 of Act, and applies regardless of taxable income — Any unfairness in result could not override application of Act — Court did not have jurisdiction to inter- fere with Minister’s decision to apply fairness measures set out in s. 204.1(2.1) of Act — Consideration regarding penalties set out in s. 162(1) of Act were not applicable, as there was no failure to file return of income — Return required for Lans v. R. 317 excess contributions was not return of income — Taxpayer’s belief she did not have to pay tax was not sufficient due diligence to vacate penalties — No basis existed to waive interest. Cases considered by J.M. Woods J.: Chaya v. R. (2004), [2004] 5 C.T.C. 141, 329 N.R. 59, 2004 FCA 327, 2004 CarswellNat 3503, 2004 D.T.C. 6676, (sub nom. Chaya v. Canada) [2004] F.C.J. No. 1630 (F.C.A.) — referred to Exida.com Ltd. Liability Co. v. R. (2010), [2010] 5 C.T.C. 149, (sub nom. Exida.com Ltd. Liability Co. v. Minister of National Revenue) 406 N.R. 245, 2010 CarswellNat 2168, 2010 CAF 159, 2010 CarswellNat 1689, 2010 FCA 159, 2010 D.T.C. 5101 (Eng.) (F.C.A.) — distinguished McNamee v. R. (2009), 2009 CarswellNat 4396, 2009 TCC 630, 2010 D.T.C. 1033 (Eng.), 2009 CarswellNat 5394, 2009 CCI 630 (T.C.C. [Informal Pro- cedure]) — referred to Neubauer v. R. (2006), 2006 D.T.C. 3252 (Eng.), [2006] 5 C.T.C. 2492, 57 C.C.P.B. 86, 2006 CarswellNat 5256, 2006 CCI 457, 2006 CarswellNat 2453, 2006 TCC 457 (T.C.C. [Informal Procedure]) — referred to Pereira-Jennings v. R. (2009), 2009 TCC 330, 2009 CarswellNat 1675, 2009 D.T.C. 1193 (Eng.), 76 C.C.P.B. 123, [2010] 1 C.T.C. 2397 (T.C.C. [Infor- mal Procedure]) — referred to Statutes considered: Income Tax Act, R.S.C. 1985, c. 1 (5th Supp.) Generally — referred to Pt. X.1 — considered s. 162 — considered s. 162(1) — considered s. 162(2.1) [en. 1999, c. 22, s. 65] — referred to s. 204.1(2.1) — considered s. 204.1(4) — considered s. 204.3(1) — considered s. 204.3(1)(a) — considered s. 204.3(2) — considered

APPEAL by taxpayer from assessment by Minister of National Revenue, re- garding penalties related to excess RRSP contributions.

Cheryl Lans, for herself Kristian DeJong, for Respondent 318 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

J.M. Woods J.:

1 The appellant, Cheryl Lans, has appealed assessments relating to ex- cess contributions that were made to registered retirement savings plans (RRSPs) in 2004 and 2005. 2 The Minister assessed tax in respect of the excess contributions under section 204.1(2.1) of the Income Tax Act, as well as penalties and inter- est. The assessed tax and penalty for the 2004 taxation year are $1,039.88 and $176.78, respectively. The tax and penalty for the 2005 taxation year are $1,098.72 and $186.78, respectively. 3 The appellant acknowledges that she contributed more to RRSPs than she was entitled to. However, she submits that it is inappropriate to im- pose the tax, penalty and interest in her particular circumstances.

Should tax be vacated? 4 The appellant submits that the tax under subsection 204.1(2.1) should not be imposed because she reasonably thought that the Canada Revenue Agency (CRA) would not issue an assessment since she had no taxable income in the relevant years. 5 In addition, the appellant submits that the tax should be vacated be- cause the CRA required her to include post-doctoral grants in her in- come. She submits that this policy has not been applied evenly across the country and that some taxpayers have not been required to include such grants in their income. The uneven application of the law results in un- fairness, it is submitted, which justifies the excess contributions tax to be vacated. 6 Subsection 204.1(2.1) provides: 204.1(2.1) Where, at the end of any month after December, 1990, an individual has a cumulative excess amount in respect of registered retirement savings plans, the individual shall, in respect of that month, pay a tax under this Part equal to 1% of that cumulative ex- cess amount. 7 This tax is a special tax levied under Part X.1 of the Act. It applies regardless of whether or not a taxpayer has taxable income. 8 The arguments raised by the appellant are essentially based on grounds of fairness. This Court is not able to provide relief on these grounds alone: Chaya v. R., 2004 FCA 327, 2004 D.T.C. 6676 (F.C.A.). Lans v. R. J.M. Woods J. 319

Parliament has clearly provided for a tax on excess RRSP contributions in subsection 204.1(2.1). The assessments cannot be vacated by this Court on grounds that the legislation provides an unfair result in the ap- pellant’s circumstances. 9 It is worth noting that subsection 204.1(4) of the Act gives the Min- ister of National Revenue a limited power to waive the tax on grounds of fairness. 10 Subsection 204.1(4) provides: 204.1(4) Where an individual would, but for this subsection, be re- quired to pay a tax under subsection (1) or (2.1) in respect of a month and the individual establishes to the satisfaction of the Minister that (a) the excess amount or cumulative excess amount on which the tax is based arose as a consequence of reasonable error, and (b) reasonable steps are being taken to eliminate the excess, the Minister may waive the tax. 11 This Court has no jurisdiction to interfere with Ministerial decisions made pursuant to the above provision. That jurisdiction lies with the Fed- eral Court: Neubauer v. R., 2006 TCC 457, 2006 D.T.C. 3252 (Eng.) (T.C.C. [Informal Procedure]). Accordingly, the remedy that the appel- lant seeks has been brought in the wrong forum. 12 It is unfortunate that the jurisdiction issue was not raised by the re- spondent in the reply. I do not fault the respondent, however, as the no- tice of appeal did not clearly set out the appellant’s position on this issue. In fact, at the commencement of the hearing the appellant confirmed to me that she did not intend to dispute the tax. She corrected her position during the course of the hearing. 13 For these reasons, the assessment of tax under subsection 204.1(2.1) will be upheld.

Should penalties be vacated? 14 Penalties were assessed in respect of the failure of the appellant to timely file a special return that is required when excess RRSP contribu- tions have been made. The return requirement in subsection 204.3(1) is reproduced below. 204.3(1) Within 90 days after the end of each year after 1975, a tax- payer to whom this Part applies shall 320 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

(a) file with the Minister a return for the year under this Part in prescribed form and containing prescribed information, with- out notice or demand therefor; (b) estimate in the return the amount of tax, if any, payable by the taxpayer under this Part in respect of each month in the year; and (c) pay to the Receiver General the amount of tax, if any, payable by the taxpayer under this Part in respect of each month in the year. [Emphasis added.] 15 The provisions under which penalties were assessed are subsection 162(1) and subsection 204.3(2) of the Act. They provide: 162(1) Every person who fails to file a return of income for a taxa- tion year as and when required by subsection 150(1) is liable to a penalty equal to the total of (a) an amount equal to 5% of the person’s tax payable under this Part for the year that was unpaid when the return was re- quired to be filed, and (b) the product obtained when 1% of the person’s tax payable under this Part for the year that was unpaid when the return was required to be filed is multiplied by the number of com- plete months, not exceeding 12, from the date on which the return was required to be filed to the date on which the return was filed. 204.3(2) Subsections 150(2) and (3), sections 152 and 158, subsec- tions 161(1) and (11), sections 162 to 167 and Division J of Part I are applicable to this Part with such modifications as the circumstances require. [Emphasis added.] 16 I would first observe that there are several different types of penalties in section 162. The section that was applied, subsection 162(1), applies only where there is a failure to file a return of income. The return that is required for excess RRSP contributions is not a return of income. 17 Subsection 162(1) can be modified to fit the circumstances, however, pursuant to subsection 204.3(2). The penalty under subsection 162(1) can therefore be applied to this type of return. Counsel for the respondent referred me to other decisions of this Court which upheld the application of subsection 162(1) in similar circumstances: Pereira-Jennings v. R., Lans v. R. J.M. Woods J. 321

2009 TCC 330, 2009 D.T.C. 1193 (Eng.) (T.C.C. [Informal Procedure]); McNamee v. R., 2009 TCC 630, 2010 D.T.C. 1033 (Eng.) (T.C.C. [Infor- mal Procedure]). 18 The appellant submits that subsection 162(1) does not apply in her circumstances because she was not liable for tax in 2004 and 2005. She relies on Exida.com Ltd. Liability Co. v. R., 2010 FCA 159, 2010 D.T.C. 5101 (Eng.) (F.C.A.). 19 The appellant has misinterpreted the decision in Exida.com. That de- cision concerned an interpretation of the phrase “liable to a penalty” in subsection 162(2.1) of the Act. This provision has no relevance to this appeal and the particular phrase that was considered in Exida.com is not found in the provision that is at issue here. 20 The appellant also submits that the penalties should be vacated be- cause she acted reasonably in the circumstances. In particular, the appel- lant asserts that she reasonably believed that the excess contributions tax would not be imposed where there is no taxable income. 21 The question is whether this constitutes sufficient due diligence to justify the penalty being vacated. In my view, it does not. 22 In order to take advantage of a due diligence defence to vacate a pen- alty, a taxpayer must establish that she took appropriate steps to deter- mine her obligations under the Act. 23 The appellant states that, after undertaking research, she came to the conclusion that the tax would not be imposed. 24 The evidence in this appeal does not satisfy me that the appellant’s research constituted reasonable steps. For example, the appellant did not point me to a particular reference upon which she relied to reasonably come to this conclusion. I am not satisfied that appropriate steps were taken.

Should interest be vacated? 25 The appellant also requests that interest be vacated on grounds of fair- ness. There is no legislative basis upon which this Court can provide this relief.

Conclusion 26 Before concluding, I would mention that the appellant had been noti- fied by the CRA of the requirement to pay the excess RRSP contribution 322 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

tax in 2007. However, she did not file the required form until February 2009. I am not satisfied that there was a reasonable excuse for this delay. My conclusion is that the Minister properly imposed tax, penalty and in- terest in this case. 27 The appeal will be dismissed.

J.M. Woods, J.:

[TRADUCTION FRANCAISE ¸ OFFICIELLE] 1 L’appelante, Cheryl Lans, interjette appel des cotisations etablies´ par le ministre du Revenu national (le « ministre ») concernant des cotisa- tions exc´edentaires vers´ees a` des r´egimes enregistr´es d’´epargne-retraite (les « REER ») en 2004 et en 2005. 2 Le ministre a etabli´ un impˆot concernant les cotisations exc´edentaires en vertu du paragraphe 204.1(2.1) de la Loi de l’impˆot sur le revenu (la « Loi »), ainsi que des p´enalit´es et des int´erˆets. L’impˆot et les p´enalit´es etablis´ pour 2004 sont de 1 039,88 $ et de 176,78 $, respectivement. L’impˆot et les p´enalit´es etablis´ pour l’ann´ee d’imposition 2005 sont de 1 098,72 $ et de 186,78 $, respectivement. 3 L’appelante reconnaˆıt qu’elle a effectu´e des cotisations exc´edentaires a` ses REER. Toutefois, l’appelante soutient qu’il n’est pas appropri´e d’´etablir a` son egard´ un impˆot, une p´enalit´e et des int´erˆets compte tenu de sa situation particuli`ere.

L’impˆot devrait-il etreˆ annul´e? 4 L’appelante soutient qu’elle ne devrait pas etreˆ assujettie a` l’impˆot pr´evu au paragraphe 204.1(2.1) de la Loi, parce qu’elle croyait raison- nablement que l’Agence du revenu du Canada (l’« ARC ») n’´etablirait pas de cotisation a` son egard,´ etant´ donn´e qu’elle n’avait pas de revenus imposables dans les ann´ees en cause. 5 En outre, l’appelante avance que l’impˆot devrait etreˆ annul´e parce que l’ARC avait exig´e que l’appelante inclue dans son revenu des subven- tions postdoctorales. Elle soutient que cette politique n’est pas appliqu´ee de fa¸con uniforme a` l’´echelle du pays et que certains contribuables n’ont pas et´´ e tenus d’inclure de telles subventions dans leur revenu. L’application in´egale de la loi aboutit a` une situation in´equitable, d´e- Lans v. R. J.M. Woods, J. 323

clare-t-elle, ce qui justifie l’annulation de l’impˆot etabli´ relativement aux cotisations exc´edentaires. 6 Le paragraphe 204.1(2.1) de la Loi pr´evoit ce qui suit: 204.1(2.1) Le particulier qui, a` la fin d’un mois donn´e post´erieur au mois de d´ecembre 1990, a un exc´edent cumulatif au titre de r´egimes enregistr´es d’´epargne-retraite doit, pour ce mois, payer un impˆot selon la pr´esente partie egal´ a` 1 % de cet exc´edent. 7 L’impˆot dont il est question est un impˆot sp´ecial per¸cu sous le r´egime de la partie X.1 de la Loi. Il s’applique ind´ependamment du fait qu’un contribuable a un revenu imposable ou non. 8 Les arguments soulev´es par l’appelante sont essentiellement fond´es sur des motifs d’´equit´e. La Cour ne peut pas accorder un redressement fond´e uniquement sur ces motifs, ainsi qu’il a et´´ e jug´e dans Chaya v. R., 2004 FCA 327, 2004 D.T.C. 6676 (F.C.A.). Le l´egislateur a express´e- ment pr´evu, au paragraphe 204.1(2.1) de la Loi, un impˆot sur les cotisa- tions exc´edentaires vers´ees a` un REER. La Cour ne peut pas annuler les cotisations etablies´ en se fondant sur le fait que la loi aboutit a` un r´esultat in´equitable dans la situation de l’appelante. 9 Il convient de souligner que le paragraphe 204.1(4) de la Loi donne au ministre un pouvoir limit´e de renoncer a` l’impˆot pour des motifs d’´equit´e. 10 Voici ce que pr´evoit le paragraphe 204.1(4) de la Loi: 204.1(4) Le ministre peut renoncer a` l’impˆot dont un particulier ser- ait, compte non tenu du pr´esent paragraphe, redevable pour un mois selon le paragraphe (1) ou (2.1), si celui-ci etablit´ a` la satisfaction du ministre que l’exc´edent ou l’exc´edent cumulatif qui est frapp´e de l’impˆot fait suite a` une erreur acceptable et que les mesures indiqu´ees pour eliminer´ l’exc´edent ont et´´ e prises. 11 La Cour n’a pas comp´etence pour s’immiscer dans les d´ecisions minist´erielles prises conform´ement au paragraphe susmentionn´e. Cette comp´etence appartient a` la Cour d’appel f´ed´erale, ainsi qu’il a et´´ e jug´e dans Neubauer v. R., 2006 TCC 457, 2006 D.T.C. 3252 (Eng.) (T.C.C. [Informal Procedure]). L’appelante s’est donc adress´ee a` un tribunal qui n’a pas comp´etence pour lui accorder le redressement demand´e. 12 Il est regrettable que l’intim´ee n’ait pas soulev´e la question de comp´e- tence dans la r´eponse. Je ne blˆame pas l’intim´ee, toutefois, etant´ donn´e que la position de l’appelante sur la question n’´etait pas clairement indi- 324 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

qu´ee dans l’avis d’appel. En r´ealit´e, l’appelante m’avait confirm´e au d´e- but de l’audience qu’elle n’avait pas l’intention de contester l’impˆot et-´ abli. Elle a rectifi´e sa position au cours de l’audience. 13 Pour les motifs expos´es ci-dessus, la cotisation d’impˆot etablie´ en vertu du paragraphe 204.1(2.1) de la Loi est maintenue.

Les p´enalit´es devraient-elles etreˆ annul´ees? 14 Les p´enalit´es ont et´´ e etablies´ relativement a` l’omission de l’appelante de d´eposer en temps opportun une d´eclaration sp´eciale exig´ee en cas de cotisations exc´edentaires vers´ees a` un REER. L’exigence de la d´eclara- tion est pr´evue au paragraphe 204.3(1) de la Loi. Cette disposition est reproduite ci-apr`es: 204.3(1) Les contribuables vis´es par la pr´esente partie doivent, dans les 90 jours qui suivent la fin de chaque ann´ee post´erieure a` 1975: a) produire aupr`es du ministre, sans avis ni mise en demeure, une d´eclaration pour l’ann´ee en vertu de la pr´esente partie, selon le formulaire prescrit et contenant les renseignements prescrits; b) estimer, dans cette d´eclaration, l’impˆot dont ils sont redev- ables en vertu de la pr´esente partie pour chaque mois de l’ann´ee; c) verser cet impˆot au receveur g´en´eral. [Non soulign´e dans l’original.] 15 Les p´enalit´es ont et´´ e etablies´ en vertu des paragraphes 162(1) et 204.3(2) de la Loi. Ces dispositions pr´evoient ce qui suit: 162(1) Toute personne qui ne produit pas de d´eclaration de revenu pour une ann´ee d’imposition selon les modalit´es et dans le d´elai pr´evus au paragraphe 150(1) est passible d’une p´enalit´e egale´ au total des montants suivants: a) 5 % de l’impˆot payable pour l’ann´ee en vertu de la pr´esente partie qui etait´ impay´e a` la date o`u, au plus tard, la d´eclaration devait etreˆ produite; b) le produit de 1 % de cet impˆot impay´e par le nombre de mois entiers, jusqu’`a concurrence de 12, compris dans la p´eriode commen¸cant a` la date o`u, au plus tard, la d´eclaration devait etreˆ produite et se terminant le jour o`u la d´eclaration est ef- fectivement produite. Lans v. R. J.M. Woods, J. 325

204.3(2) Les paragraphes 150(2) et (3), les articles 152 et 158, les paragraphes 161(1) et (11), les articles 162a ` 167 et la section J de la partie I s’appliquent a` la pr´esente partie, avec les adaptations n´ecessaires. [Non soulign´e dans l’original.] 16 Je ferais d’abord observer que l’article 162 de la Loi pr´evoit plusieurs sortes de p´enalit´es diff´erentes. La disposition qui a et´´ e appliqu´ee, le paragraphe 162(1), entre en jeu seulement lorsqu’il y a omission de pro- duction d’une d´eclaration de revenus. La d´eclaration exig´ee en cas de cotisations exc´edentaires vers´ees a` un REER n’est pas une d´eclaration de revenus. 17 Toutefois, le paragraphe 162(1) de la Loi peut etreˆ modifi´e pour etreˆ adapt´e aux circonstances selon le paragraphe 204.3(2) de la Loi. La p´enalit´e pr´evue au paragraphe 162(1) de la Loi peut par cons´equent s’appliquer a` cette sorte de d´eclaration. L’avocat de l’intim´ee m’a renvoy´ee a` d’autres d´ecisions de la Cour dans lesquelles il y a eu confir- mation de l’application du paragraphe 162(1) de la Loi dans des circon- stances semblables. Il s’agit des d´ecisions Pereira-Jennings v. R., 2009 TCC 330, 2009 D.T.C. 1193 (Eng.) (T.C.C. [Informal Procedure]) et McNamee v. R., 2009 TCC 630, 2010 D.T.C. 1033 (Eng.) (T.C.C. [Infor- mal Procedure]). 18 L’appelante soutient que le paragraphe 162(1) de la Loi ne s’applique pas dans son cas parce qu’elle n’´etait pas assujettie a` l’impˆot pour les ann´ees 2004 et 2005. L’appelante invoque la d´ecision Exida.com Ltd. Liability Co. v. R., 2010 FCA 159, 2010 D.T.C. 5101 (Eng.) (F.C.A.). 19 L’appelante a mal interpr´et´e la d´ecision Exida.com. Cette d´ecision portait sur une interpr´etation du passage « la p´enalit´e dont [...] est passi- ble » contenu au paragraphe 162(2.1) de la Loi. Le paragraphe 162(2.1) de la Loi ne concerne en rien le pr´esent appel et le passage pr´ecis analys´e dans Exida.com ne se trouve pas dans la disposition en cause dans le pr´esent appel. 20 L’appelante soutient aussi que les p´enalit´es devraient etreˆ annul´ees parce qu’elle avait agi de mani`ere raisonnable dans les circonstances. Plus particuli`erement, l’appelante affirme qu’elle croyait raisonnable- ment qu’un impˆot ne serait pas etabli´ sur les cotisations exc´edentaires en l’absence de revenus imposables. 326 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

21 La question est de savoir si, dans cette situation, il y a eu diligence raisonnable au point de justifier l’annulation des p´enalit´es. A` mon avis, il n’y a pas eu diligence raisonnable. 22 Pour se pr´evaloir du moyen de d´efense fond´e sur la diligence raison- nable afin d’obtenir l’annulation d’une p´enalit´e, le contribuable doit etab-´ lir qu’il a pris des mesures appropri´ees pour d´eterminer ses obligations selon la Loi. 23 L’appelante a d´eclar´e qu’apr`es avoir effectu´e des recherches, elle est arriv´ee a` la conclusion selon laquelle l’impˆot ne serait pas etabli.´ 24 La preuve produite en l’esp`ece n’est pas convaincante sur le fait que les recherches effectu´ees par l’appelante constituent des mesures indi- qu´ees. Par exemple, l’appelante n’a cit´e aucune r´ef´erence particuli`ere sur laquelle elle s’est fond´ee pour aboutir raisonnablement a` cette conclu- sion. Je ne suis pas convaincue du fait que des mesures appropri´ees aient et´´ e prises.

Les int´erˆets devraient-ils etreˆ annul´es? 25 L’appelante demande aussi que les int´erˆets soient annul´es pour des motifs d’´equit´e. Il n’y a aucun fondement dans la Loi qui permette a` la Cour d’accorder ce redressement.

Conclusion 26 Avant de conclure, je voudrais mentionner que l’ARC avait avis´e l’appelante en 2007 de l’exigence de paiement de l’impˆot etabli´ relative- ment aux cotisations exc´edentaires vers´ees au REER. Toutefois, l’appelante n’a produit le formulaire requis qu’en f´evrier 2009. Je ne suis pas convaincue qu’il y avait une excuse raisonnable pour justifier ce re- tard. Je conclus qu’en l’esp`ece, le ministre a etabli´ a` juste titre l’impˆot, les p´enalit´es et les int´erˆets. 27 L’appel est rejet´e. Appeal dismissed. Y.U.F.A. v. Ontario (Superintendent of Financial Services) 327

[Indexed as: Y.U.F.A. v. Ontario (Superintendent of Financial Services)] In the Matter of the Pension Benefits Act, R.S.O. 1990, c. P.8, as amended (the “PBA”) In the Matter of a Proposal of the Superintendent of Financial Services to Refuse to Make Orders under section 87 of the PBA requested by the York University Faculty Association respecting the manner in which the Administrator of the York University Pension Plan, Registration No. 0329763, calculates and applies annual adjustments to retirement pensions of the York University Pension Plan In the Matter of a Hearing in accordance with subsection 89(8) of the PBA. York University Faculty Association (Applicant) and Superintendent of Financial Services and York University (Respondents) and Canadian Union of Public Employees Local 3903 (Added Party) Financial Services Tribunal Docket: FST P0334-2008 Anne Corbett, V-Chair; Shiraz Bharmal, Paul Litner, Members Judgment: January 24, 2011 Pensions –––– Practice in pension actions — Jurisdiction –––– Tribunal issued decision with respect to clause in Pension Plan regarding annual adjustment — Dispute arose between parties as to application of adjustment mechanism to fi- nal determination of retirement date base pension for mid-year retirees — Issue arose as to whether or not Tribunal had jurisdiction to hear mid- year retirees issue — Tribunal determined that it did not have jurisdiction — No facts were presented to Tribunal that would allow it to reach conclusion that mid-year retir- ees issue was closely related to annual adjustment issue — It was not appropri- ate for Tribunal to exercise discretion to consider issue not previously consid- ered — Applicant was not left without remedy. Labour and employment law –––– Labour law — Labour relations boards — Jurisdiction — Miscellaneous –––– Tribunal issued decision with respect to clause in Pension Plan regarding annual adjustment — Dispute arose between parties as to application of adjustment mechanism to final determina- 328 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

tion of retirement date base pension for mid-year retirees — Issue arose as to whether or not Tribunal had jurisdiction to hear mid- year retirees issue — Tri- bunal determined that it did not have jurisdiction — No facts were presented to Tribunal that would allow it to reach conclusion that mid-year retirees issue was closely related to annual adjustment issue — It was not appropriate for Tribunal to exercise discretion to consider issue not previously considered — Applicant was not left without remedy. Cases considered: CBS Canada Co. v. Ontario (Superintendent of Financial Services) (2002), 2002 CarswellOnt 7907, 2002 CarswellOnt 2990, 34 C.C.P.B. 199 (F.S. Trib.) — considered Victorian Order of Nurses for Canada v. Ontario (Superintendent of Financial Services) (2009), 2009 CarswellOnt 5474, 2009 CarswellOnt 8516, 78 C.C.P.B. 244 (F.S. Trib.) — considered Statutes considered: Pension Benefits Act, R.S.O. 1990, c. P.8 s. 87 — referred to s. 89 — referred to s. 89(9) — referred to

RULING regarding jurisdiction of Tribunal.

No counsel provided.

The Tribunal: Nature of the Application 1 This matter concerns the jurisdiction of the Tribunal to hear certain issues in connection with the York University Pension Plan (the “Plan”).

Background 2 On July 9, 2010 the Tribunal issued a decision with respect to the manner in which two clauses of the Plan were to be interpreted. The two clauses in question related to the calculation of annual adjustments to pensions in pay. 3 In its decision, the Tribunal agreed to remain seized of two additional issues referred to by the York University Faculty Association (the “Ap- plicant”) as the Mid-year Retirees and Misrepresentation issues. These issues were described by the Applicant as follows: Y.U.F.A. v. Ontario (Superintendent of Financial Services) The Tribunal 329

(i) Mid Year Retirees. There is a dispute between the parties as to the application of the adjustment mechanism to the final determina- tion of the retirement date base pension for mid-year retirees; and (ii) Misrepresentation. The Applicant asserts that even if the Univer- sity interpreted the Plan correctly, it misrepresented the terms of the Plan to members. 4 The Tribunal made no decision as to whether such issues were prop- erly before the Tribunal or within its jurisdiction and gave the parties 60 days from the date of its decision to make submissions to the Tribunal in respect of its jurisdiction to hear either or both of these issues. 5 The Tribunal received submissions from the Applicant, York Univer- sity Faculty Association and from the Respondent, York University, the Administrator of the Plan. The Superintendent of Financial Services agreed with and adopted the submissions of York University. The Cana- dian Union of Public Employees, added as a party to the original hearing, declined to make any submissions. 6 In its submissions to the Tribunal in respect of this matter, the Appli- cant withdrew the Misrepresentation issue and accordingly the only issue for the Tribunal to decide is if it has jurisdiction to hear the Mid Year Retirees issue.

Submissions 7 Both the Applicant and the Respondent agree that the Mid Year Retir- ees issue was not addressed in the Notice of Proposal issued by the Su- perintendent on September 11, 2008 (the “NOP”) nor was it one of the issues identified at the pre-hearing conference held in respect of the hear- ing that resulted from the NOP. 8 The Applicant argues that the Tribunal has jurisdiction to hear the Mid Year Retirees issue on the basis of section 89(9) of the PBA: 89 (9) At or after the hearing, the Tribunal by order may direct the Superintendent to carry out or to refrain from carrying out the Propo- sal and to take such action as the Tribunal considers the Superinten- dent ought to take in accordance with this Act and the regulations, and for such purposes, the Tribunal may substitute its opinion for that of the Superintendent. 9 The Applicant also relies on the decision of this Tribunal dated March 4, 2002 in CBS Canada Co. v. Ontario (Superintendent of Financial Ser- 330 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

vices) [2002 CarswellOnt 2990 (F.S. Trib.)], (the “CBS Decision”). The Applicant argues that the CBS Decision supports the argument that the Tribunal has jurisdiction to “address an issue as one of first impression” where it has not been dealt with in the Superintendent’s NOP. The Appli- cant acknowledges the finding in the CBS Decision that in exercising such discretion, “....any direction by the Tribunal to the Superintendent to take particular action, in accordance with the Act or regulations, must be closely related to the subject matter of, or in the circumstances under- lying, the proposal that the Tribunal has directed the Superintendent to carry out or refrain from carrying out”. 10 The Applicant further argues that the Rules of Practice and Procedure of the Tribunal clearly contemplate the exercise of discretion on the part of the Tribunal to permit consideration of supplementary substantive is- sues that are not contained in a Pre-Hearing Conference Memorandum. 16.05 After the pre-hearing conference has been held, no substantive issues, other than those set out in the pre-hearing conference memo- randum, may be raised or addressed without leave of the Tribunal. 11 The Respondent takes the position that the Tribunal does not have jurisdiction in respect of the Mid Year Retirees issue on the basis that the Tribunal is a statutory tribunal whose jurisdiction is defined by and lim- ited by section 89 of the PBA and given that the Superintendent has not made any decision in respect of these issues, the Tribunal has no jurisdic- tion to deal with the issues.

Analysis 12 Previous decisions of this Tribunal have accepted that the Tribunal has jurisdiction to make orders which go beyond simply directing the Superintendent to carry out (or refrain from carrying out) the orders pro- posed in the NOP. However that jurisdiction has not been accepted to be unlimited. (Victorian Order of Nurses for Canada v. Ontario (Superintendent of Financial Services) (2009), 78 C.C.P.B. 244 (F.S. Trib.)) (the “VON Decision”). 13 The general scheme of the legislation is for the Superintendent to conduct a preliminary enquiry to determine whether or not an Order is appropriate before it comes to the Tribunal. Accordingly, we agree with the Tribunal in the VON Decision that the Tribunal must be cautious in taking jurisdictions in circumstances where neither the NOP or the pre- hearing conference memorandum has dealt with the issue. Y.U.F.A. v. Ontario (Superintendent of Financial Services) The Tribunal 331

14 We do not accept that the Rules of Practice and Procedure create ju- risdiction in the Tribunal to hear issues that have not been considered in the NOP or set out in the pre-hearing conference memorandum. Rule 16.05 simply creates the process by which the Tribunal will make a deci- sion as to whether or not to add additional substantive issues (i.e., spe- cific leave must be granted by the Tribunal). 15 In the matter of the Mid Year Retirees issue, there is no evidence before us to suggest that this matter has been considered by the Superin- tendent. Indeed there is very limited information before the Tribunal as to the nature of the facts or legal arguments in respect of the Mid Year Retirees issue. 16 The Applicant has asked us to find that the Mid Year Retirees issue is “closely related” to the annual adjustment issue that was the subject mat- ter of the Tribunal’s earlier decision. No facts have been presented to the Tribunal which would allow it to reach such a conclusion and the ab- sence of such facts underscores the need for the Superintendent to make a preliminary enquiry. A preliminary determination by the Superinten- dent, through an NOP, allows the parties to refine the issue for the Tribu- nal and further to determine the facts and arguments that need to be sub- mitted to the Tribunal. 17 The Tribunal therefore concludes that, to the extent that it has discre- tion to consider an issue not previously considered by the Superintendent in an NOP, it is not appropriate for it to exercise such discretion in this case. Accordingly, the Tribunal finds that the Mid Year Retirees issue is not within its jurisdiction. 18 We are mindful that our finding does not leave the Applicant without a remedy. The Applicant may request the Superintendent to make an Or- der pursuant to section 87 of the PBA to the effect that the manner in which the Respondent handles Mid Year Retirees is not in accordance with the Plan. The Superintendent will consider submissions in respect of such an allegation and issue an NOP addressing that allegation. It is only if a hearing is requested in response to the NOP that the Tribunal would have jurisdiction. Any party dissatisfied with the NOP could initiate a proceeding before the Tribunal. It may be that the investigation by the Superintendent may resolve any issues between the parties and the hear- ing in respect of the Mid Year Retirees issue may not be necessary. The parties should be afforded the opportunity to react to the Superinten- dent’s determination of this issue. 332 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

19 We are also mindful of the consideration raised by the Applicant that there may be inefficiency, undue delay and unnecessary expenses if the matter is referred to the Superintendent however, given the absence of any facts or submissions with respect to this issue before the Tribunal, we do not believe that a referral back to the Superintendent is inefficient in the circumstances.

Decision 20 It is the determination of the Tribunal that it does not have jurisdic- tion to hear the Mid Year Retirees issue with respect to the Plan.

Le Tribunal: Nature de la requˆete 1 La pr´esente affaire concerne la comp´etence du Tribunal d’entendre certaines questions relatives au r´egime de retraite de l’Universit´e York (le « R´egime de retraite »).

Contexte 2 Le 9 juillet 2010, le Tribunal a rendu une d´ecision sur l’interpr´etation de deux clauses du r´egime de retraite. Les deux clauses en question portaient sur le calcul des rajustements annuels des pensions de retraite payables. 3 Dans sa d´ecision, le Tribunal a accept´e de demeurer saisi de deux questions suppl´ementaires que la York University Faculty Association (la « requ´erante ») a appel´ees la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee et la question de la pr´esentation erron´ee. La requ´erante a d´ecrit ces questions de la fa¸con suivante: (i) Personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee. Un litige op- pose les parties concernant l’application du m´ecanisme de rajuste- ment a` la d´etermination finale du montant de la pension de base a` la date de la retraite pour les personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee; (ii) Pr´esentation erron´ee. La requ´erante affirme que mˆeme si l’Universit´e a interpr´et´e le R´egime de retraite correctement, elle a Y.U.F.A. v. Ontario (Superintendent of Financial Services) Le Tribunal 333

pr´esent´e les modalit´es du r´egime de mani`ere erron´ee aux participants. 4 Le Tribunal n’a pris aucune d´ecision etablissant´ si ces questions avaient correctement et´´ e port´ees devant le Tribunal ou si elles relevaient de sa comp´etence. Il a donn´e aux parties 60 jours, depuis la date de sa d´ecision, pour pr´esenter des observations au Tribunal sur sa comp´etence a` entendre l’une ou l’autre de ces questions ou les deux. 5 Le Tribunal a re¸cu les observations de la requ´erante, la York Univer- sity Faculty Association, et de l’intim´ee, l’Universit´e York, l’administratrice du R´egime de retraite. Le surintendant des services fin- anciers a adopt´e les observations de l’Universit´e York. Le Syndicat canadien de la fonction publique, ajout´e comme partie jointe a` l’audience originale, a refus´e de faire des observations. 6 Dans ses observations au Tribunal concernant l’affaire en question, la requ´erante a retir´e la question de la repr´esentation erron´ee et le Tribunal doit donc d´ecider seulement s’il a comp´etence pour entendre la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee.

Observations 7 La requ´erante et l’intim´ee conviennent toutes deux que la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee n’a pas et´´ e abord´ee dans l’avis d’intention du surintendant des services financiers dat´e du 11 septembre 2008 (l’« avis d’intention ») et qu’elle ne faisait pas partie des questions cern´ees lors de la conf´erence pr´eparatoire a` l’audience qui a fait suite a` l’avis d’intention. 8 La requ´erante soutient que le Tribunal a comp´etence pour entendre la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee en vertu du paragraphe 89 (9) de la LRR: 89 (9) A` l’audience ou par la suite, le Tribunal peut, au moyen d’une ordonnance, enjoindre au surintendant de donner suite ou de s’abstenir de donner suite a` l’intention, et de prendre les mesures que le Tribunal estime qu’il devrait prendre conform´ement a` la pr´esente loi et aux r`eglements et, a` ces fins, le Tribunal peut substituer son opinion a` celle du surintendant. 9 La requ´erante renvoie aussi a` la d´ecision du Tribunal dat´ee du 4 mars 2002 dans l’affaire CBS Canada Co c. Ontario (Surintendant des services financiers) [2002 Carswell Ont. 2990 (F.S.Trib.)], (la « d´ecision CBS »). 334 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

La requ´erante plaide que la d´ecision CBS appuie son argument selon le- quel le Tribunal a comp´etence pour « r´epondre a` une question pour la premi`ere fois », une question qui n’est pas vis´ee par l’avis d’intention du surintendant. La requ´erante rel`eve la conclusion du Tribunal dans la d´e- cision CBS, aux termes de laquelle dans l’exercice de ce pouvoir discr´e- tionnaire « ... toute directive du Tribunal au surintendant de prendre une mesure sp´ecifique, conform´ement a` la Loi ou aux r`eglements, doit etreˆ etroitement´ li´ee a` l’objet ou aux circonstances sous-jacentes de l’intention que le Tribunal a ordonn´e au surintendant d’ex´ecuter ou de ne pas ex´ecuter ». [TRADUCTION] 10 La requ´erante fait aussi valoir que les R`egles de pratique et proc´edure du Tribunal pr´evoient clairement l’exercice, par le Tribunal, de son pouvoir discr´etionnaire afin d’autoriser l’examen de questions im- portantes suppl´ementaires qui ne figurent pas dans la note r´esumant les r´esultats de la conf´erence pr´eparatoire a` l’audience. 16.05 Une fois la conf´erence pr´eparatoire termin´ee, aucune question essentielle autre que celles expos´ees dans la note r´esumant les r´esultats de la conf´erence pr´eparatoire ne peut etreˆ soulev´ee ou d´ebat- tue sans l’autorisation du Tribunal. 11 L’intim´ee soutient que le Tribunal n’a pas comp´etence a` l’´egard de la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee, car le Tribunal est un tribunal cr´e´e par une loi dont la comp´etence est d´efinie a` l’article 89 de la LRR et limit´ee par cette mˆeme disposition. Par ailleurs, elle plaide que comme le surintendant n’a pas pris de d´ecision a` l’´egard de ces questions il n’a pas comp´etence pour les entendre.

Analyse 12 Des d´ecisions pr´ec´edentes du Tribunal ont accept´e le fait que le Tri- bunal a comp´etence pour rendre des ordonnances qui vont au-del`a du simple ordre donn´e au surintendant de mettre a` ex´ecution (ou de s’abstenir de mettre a` ex´ecution) les mesures indiqu´ees dans l’avis d’intention. Toutefois, cette comp´etence n’a pas et´´ e accept´ee comme etant´ illimit´ee. (Victorian Order of Nurses for Canada c. Ontario (2009), 78 C.C.P.B. 224 (F.S.T.)) (la « d´ecision VON »). 13 L’intention g´en´erale de la loi est de conf´erer au surintendant le pouvoir de mener une enquˆete pr´eliminaire afin de d´eterminer si un ordre est appropri´e ou non avant qu’il ne soit port´e devant le Tribunal. En con- s´equence, nous sommes d’accord avec la conclusion du Tribunal dans la Y.U.F.A. v. Ontario (Superintendent of Financial Services) Le Tribunal 335

d´ecision VON selon laquelle le Tribunal doit faire preuve de prudence lorsqu’il accepte la comp´etence d’entendre des questions dans les cas o`u ni l’avis d’intention ni la note r´esumant la conf´erence pr´eparatoire a` l’audience ne mentionnent ces questions. 14 Nous ne pensons pas que les R`egles de pratique et proc´edure cr´eent la comp´etence du Tribunal d’entendre des questions qui n’ont pas et´´ e abord´ees dans l’avis d’intention ni dans la note r´esumant la conf´erence pr´eparatoire a` l’audience. La R`egle 16.05 etablit´ simplement la d´emarche selon laquelle le Tribunal rendra une d´ecision d’ajouter ou non des ques- tions additionnelles importantes (c’est-`a-dire le Tribunal doit donner une autorisation sp´ecifique a` cet egard).´ 15 En ce qui concerne la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee, il n’y a aucune preuve devant nous qui d´emontre que le surintendant a examin´e cette question. Il y a en fait tr`es peu d’information devant le Tribunal au sujet de la nature des faits ou argu- ments juridiques concernant la question des personnes ayant pris leur re- traite en cours d’ann´ee. 16 La requ´erante nous a demand´e de conclure que la question des per- sonnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee etait´ « etroitement´ li´ee » a` la question du rajustement annuel, qui faisait l’objet de la d´ecision pr´ec´edente du Tribunal. Aucun fait n’a et´´ e pr´esent´e au Tribunal qui lui permettrait d’atteindre une telle conclusion et cette absence de faits sou- ligne le besoin pour le surintendant de proc´eder a` une enquˆete pr´e- liminaire. Une d´etermination pr´eliminaire du surintendant, par le biais d’un avis d’intention, permet aux parties de peaufiner la question qui sera port´ee au Tribunal et d’´etablir les faits et arguments qui doivent etreˆ pr´esent´es au Tribunal. 17 En cons´equence, le Tribunal d´ecide que, dans la mesure o`u il a com- p´etence pour examiner une question qui n’a pas et´´ e trait´ee par le surintendant dans un avis d’intention, il n’est pas justifi´e qu’il exerce ce pouvoir discr´etionnaire en l’esp`ece. Ainsi, le Tribunal conclut que la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee ne rel`eve pas de sa comp´etence. 18 Nous savons que notre conclusion ne laisse pas la requ´erante sans recours. La requ´erante peut demander au surintendant de rendre un ordre aux termes de l’article 87 de la LRR d´eclarant que la fa¸con dont l’intim´ee traite la question des personnes ayant pris leur retraite en cours 336 CANADIAN CASES ON PENSIONS & BENEFITS 89 C.C.P.B.

d’ann´ee n’est pas conforme au R´egime de retraite. Le surintendant ex- aminera les observations concernant une telle all´egation et emettra´ un avis d’intention au sujet de cette all´egation. Ce n’est que si une audience est demand´ee en r´eponse a` l’avis d’intention que le Tribunal deviendrait comp´etent pour entendre la question. Toute partie s’opposant a` l’avis d’intention pourrait introduire une instance devant le Tribunal. Il se peut que l’enquˆete du surintendant suffise pour r´egler les diff´erends entre les parties et qu’une audience sur la question des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee ne soit pas n´ecessaire. Les parties devraient avoir la possibilit´e de r´eagir a` la d´ecision prise par le surintendant sur cette question. 19 Nous tenons aussi compte de la crainte soulev´ee par la requ´erante que le renvoi de l’affaire au surintendant risque de causer des proc´edures in- efficaces, des retards et des d´epenses inutiles, mais, en l’absence de faits ou d’observations sur cette question devant le Tribunal, nous ne pensons pas qu’un renvoi au surintendant dans les circonstances est une mesure inefficace.

D´ecision 20 Le Tribunal conclut qu’il n’a pas comp´etence pour entendre la ques- tion des personnes ayant pris leur retraite en cours d’ann´ee en ce qui concerne le R´egime de retraite. Order accordingly.