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Les héros du passé Space Cowboys de Pierre Barrette

Le cinéma québécois aux rayons X Numéro 105, hiver 2001

URI : https://id.erudit.org/iderudit/24039ac

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Éditeur(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique)

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Citer ce compte rendu Barrette, P. (2001). Compte rendu de [Les héros du passé / Space Cowboys de Clint Eastwood]. 24 images, (105), 56–56.

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Clint Eastwood en mission de sauvetage. Les cow-boys, qu'ils soient à cheval ou dans l'espace, restent des cow-boys.

LES HÉROS DU PASSÉ PAR PIERRE BARRETTE

pace Cowboys n'est pas le meilleur l'espace au début des années 60 soit réunie affleure naturellement; quelque chose en S film réalisé par Clint Eastwood, loin à nouveau pour cette mission. Toute l'idée fait comme une position idéologique, où s'en faut. Même en ne considérant que ses du film est là, dans cette situation exigeant peut être lue en filigranederrièr e l'humour plus récents (on pense par exemple au très la présence de quatre vieux routiers dans un qui teinte le geste d'autodérision (il s'agit beau In the Garden of Good and Evil), univers de haute technologie et de perfor­ tout de même d'un réalisateur fort intelli­ cette intrusion dans le monde de la comédie mance; et, de fait, les moments les plus réus­ gent), une nostalgie pour les figures fortes, à saveur technologique reste un des moments sis du film sont ceux qui font la part belle pour les modèles de héros traditionnels qui faibles d'une œuvre protéiforme et le plus aux contrastes entre le passé et le présent, connaissent d'instinct la limite entre le bien souvent digne d'intérêt, quoique inégale. notamment lorsque l'ancien as pilote de et le mal. Il n'est par ailleurs pas surprenant Mais il arrive que certains films,plutô t insi­ chasse apprend à diriger la navette spatiale, que cette pureté des modèles qu'on convo­ gnifiants comme c'est le cas ici du point de transposant son savoir des années 50 à des que au secours du monde moderne, mis à vue de leur réalisation et de l'intérêt cinéma­ appareils et dans des circonstances pour le part d'être blancs, mâles et grisonnants, sor­ tographique qu'ils sont à même de susciter, moins différentes. Mais c'est aussi dans la te directement du cinéma lui-même, de cet­ se révèlent par ailleurs extrêmement intéres­ confrontation de ces univers hétérogènes te immense réserve de figures héroïques qu'a sants, mais pour des raisons qui n'ont en fait que se révèle la posture idéologique d'une entassée au fil des décennies le cinéma amé­ rien d'artistique. Un film comme Forrest œuvre tout entière construite sur des conven­ ricain, et qu'on est prompt à dépoussiérer en Gump, par exemple, était très révélateur tions génériques dépassées; traînant avec cette époque dite postmoderne de doute et malgré ses défauts, malgré sa naïveté (et eux un ensemble de références propres aux de remise en question. Car les cow-boys du peut-être un peu grâce à eux), d'un certain années 60 et 70, il était inévitable en effet titre, qu'ils soient à cheval ou dans l'espace, état du cinéma et de la culture américaine, que Eastwood et sa bande finissent par tom­ restent des cow-boys, c'est-à-dire pour obsédé par son histoire récente et par la tech­ ber sur les Méchants Russes, dont on ap­ l'essentiel des hommes chargés de veiller à nologie qui permet désormais d'en revisiter prend qu'ils sont en fait à l'origine de tou­ ce que la frontière soit respectée; dans le (réviser?) certains des moments clés. Space te l'affaire, ayant braqué sur l'Amérique un meilleur des cas, cette frontière sera symbo­ Cowboys, pour des raisons un peu similaires, terrible engin de destruction maintenant lique et d'essence morale, comme dans est un de ces films et mérite qu'on s'attarde hors de contrôle. Voyez plutôt combien l'al­ ; dans les pires, elle sera la trans­ un instant sur les présupposés idéologiques légorie manque de subtilité: maintenant position dans l'espace (époque oblige) d'un qui sous-tendent son projet. que la guerre froide est terminée (et que les modèle de rapports sociaux qui existait déjà L'argument narratif du film est simple: Américains l'ont gagnée), l'ex-URSS, telle dans le western, et dont on connaît déjà confrontée à un problème apparemment un bateau ivre bourré d'explosifs, doit être trop bien tous les torts... • insoluble affectant un satellite de télécom­ sauvée du naufrage, et les seuls à pouvoir le munication, la NASA doit requérir les ser­ faire, ce sont bien sûr nos héros du passé, SPACE COWBOYS vices de l'ingénieur qui en avait conçu le sys­ ceux-là mêmes qui sont restés purs... États-Unis 2000. Ré.: Clint Eastwood. Scé.: tème de guidage trente ans auparavant; ce Clint Eastwood a pris l'habitude dans Ken Kaufman, Howard Klausner. Ph.: Jack N. Green. Mont.: . Mus.: Lennie dernier (joué par Clint Eastwood) accepte, ses derniers films de se moquer de son âge, Niehaus. Int.: Clint Eastwood, Tommy Lee mais à la condition que l'équipe originale ce qui fait un peu sourire, mais il y a plus, Jones, , , (, James Gardner et Donald nous semble-t-il, dans ce regard posé sur lui- James Cromwell. 128 minutes. Couleur. Dist.: Sutherland) qui devait partir avec lui dans même que la nostalgie douce-amère qui y Warner.

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