Le Livre 010101 (1971-2015)
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LE LIVRE 010101 (1971-2015) MARIE LEBERT https://marielebert.wordpress.com Juin* 2015 Copyright © 2015 Marie Lebert et toutes les personnes citées [Résumé] Datée de juin 2015, une grande saga du livre numérique de juillet 1971 à nos jours, basée sur le suivi de l'actualité au fil des ans et sur une centaine d’entretiens poursuivis pendant plusieurs années en Europe, en Afrique, en Asie et dans les Amériques. On y parle des auteurs, des éditeurs, des libraires, des bibliothèques, des catalogues, des dictionnaires, des encyclopédies, des formats de livre numérique, des logiciels de lecture et des appareils de lecture. On accorde autant d’importance au livre numérique non commercial (né en 1971) qu’au livre numérique commercial (né en 1998). On n’oublie pas que ce sont les auteurs qui font les livres – y compris numériques. De nombreux auteurs sont donc interviewés dans ces pages. Les projets collaboratifs existent depuis les débuts du web et leurs auteurs sont également interviewés ici. Ce livre est complété par une chronologie détaillée. Avec la participation (dans ce livre et/ou dans les précédents) de Sophie Amaury, Nicolas Ancion, Alex Andrachmes, Guy Antoine, Silvaine Arabo, Arlette Attali, Marc Autret, Isabelle Aveline, Jean-Pierre Balpe, Emmanuel Barthe, Robert Beard, Michael Behrens, Michel Benoît, Guy Bertrand, Olivier Bogros, Christian Boitet, Bernard Boudic, Bakayoko Bourahima, Marie-Aude Bourson, Lucie de Boutiny, Anne-Cécile Brandenbourger, Alain Bron, Patrice Cailleaud, Tyler Chambers, Pascal Chartier, Richard Chotin, Alain Clavet, Jean-Pierre Cloutier, Jacques Coubard, Luc Dall’Armellina, Kushal Dave, Cynthia Delisle, Émilie Devriendt, Bruno Didier, Catherine Domain, Helen Dry, Bill Dunlap, Pierre-Noël Favennec, Gérard Fourestier, Pierre François Gagnon, Olivier Gainon, Jacques Gauchey, Raymond Godefroy, Muriel Goiran, Marcel Grangier, Barbara Grimes, Michael Hart, Roberto Hernández Montoya, Randy Hobler, Eduard Hovy, Christiane Jadelot, Gérard Jean-François, Jean-Paul, Anne-Bénédicte Joly, Matthieu Joly, Brian King, Geoffrey Kingscott, Steven Krauwer, Gaëlle Lacaze, Michel Landaret, Hélène Larroche, Pierre Le Loarer, Claire Le Parco, Annie Le Saux, Fabrice Lhomme, Philippe Loubière, Pierre Magnenat, Xavier Malbreil, Alain Marchiset, Maria Victoria Marinetti, Michael Martin, Tim McKenna, Emmanuel Ménard, Yoshi Mikami, Jacky Minier, Jean-Philippe Mouton, John Mark Ockerbloom, Caoimhín Ó Donnaíle, Jacques Pataillot, Alain Patez, Germain Péronne, Nicolas Pewny, Marie-Joseph Pierre, Olivier Pujol, Anissa Rachef, Peter Raggett, Patrick Rebollar, Philippe Renaut, Jean-Baptiste Rey, Philippe Rivière, Blaise Rosnay, Claire Rousseau, Bruno de Sa Moreira, Pierre Schweitzer, Henri Slettenhaar, Murray Suid, June Thompson, Zina Tucsnak, François Vadrot, Christian Vandendorpe, Robert Ware, Russon Wooldridge et Denis Zwirn. « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « 1 # TABLE Introduction Le Projet Gutenberg, un projet visionnaire Le web booste l’internet L’Unicode, système d’encodage universel Des répertoires de textes électroniques L’Online Books Page, liste de livres en accès libre Le format PDF, lancé par Adobe La presse imprimée se met en ligne Le livre numérique gratuit comme outil de marketing Les premières bibliothèques numériques L’internet dans les bibliothèques «en dur» Amazon, pionnier du cybercommerce D’autres librairies en ligne et «en dur» CyLibris, éditeur électronique Vers de nouvelles méthodes d’enseignement Le projet @folio, baladeur de textes «ouvert» Les éditions du Choucas sur la toile La convergence multimédia: contrats précaires et télétravail Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France Gabriel, portail des bibliothèques nationales européennes L’Encyclopédie de Diderot et autres bases textuelles 00h00, premier éditeur commercial en ligne Un durcissement du copyright Une information plurilingue Du bibliothécaire au cyberthécaire Les auteurs tissent leur toile Fictions numériques et multimédias Des espaces d’écriture hypermédia Les aventures de Stephen King sur la toile D’autres auteurs de best-sellers suivent Encyclopédies et dictionnaires en ligne Dictionnaires de langues en ligne - première génération Dictionnaires de langues en ligne - deuxième génération Un format standard pour le livre numérique Le livre numérique et ses canaux de diffusion La librairie numérique Numilog Wikipédia, et autres encyclopédies collaboratives La licence Creative Commons Le livre numérique pour les personnes en situation de handicap La Public Library of Science, ou la science pour tous WorldCat, et autres catalogues collectifs pour bibliothèques De Google Print à Google Books L’Internet Archive lance une bibliothèque publique planétaire Comment voit-on les futurs appareils de lecture en l’an 2000? La lecture sur PDA et sur smartphone 2 La lecture sur tablette et sur liseuse Le papier électronique Conclusion Chronologie « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « 3 # INTRODUCTION Si le livre imprimé a plus de cinq siècles et demi, le livre numérique approche les quarante- cinq ans, soit l’âge de la maturité. Le premier livre numérique date de juillet 1971. Il s’agit de l’eText #1 du Projet Gutenberg, un projet visionnaire lancé par Michael Hart pour créer des versions électroniques gratuites d'œuvres littéraires et les diffuser dans le monde entier. Au 16e siècle, Gutenberg avait permis à chacun d'avoir quelques livres. Au 21e siècle, le Projet Gutenberg permettrait à chacun d'avoir une bibliothèque gratuite. L’arrivée de l’internet en 1974 puis du web en 1990 permet à ce projet de devenir réalité. Robert Beard, professeur de langues à l’Université Bucknell (Lewisburg, Pennsylvanie), écrit en septembre 1998: «Le web sera une encyclopédie du monde faite par le monde pour le monde. Il n'y aura plus d'informations ni de connaissances utiles qui ne soient pas disponibles, si bien que l'obstacle principal à la compréhension internationale et interpersonnelle et au développement personnel et institutionnel sera levé. Il faudrait une imagination plus débordante que la mienne pour prédire l'effet de ce développement sur l'humanité.» En novembre 2000, signe des temps peut-être, la British Library met en ligne sur son site la version numérisée de la Bible de Gutenberg originale, premier livre à avoir jamais été imprimé. Dans les années qui suivent, le web devient une gigantesque encyclopédie, une énorme bibliothèque, une immense librairie et un médium des plus complets. De statique dans les livres imprimés, l’information devient fluide, du moins pour les sujets scientifiques et techniques, avec possibilité d’actualisation constante. On lit des livres numériques sur ordinateur personnel, sur PDA, sur smartphone, sur tablette et sur liseuse. Mais, contrairement aux pronostics un peu rapides de quelques spécialistes enthousiastes, le papier n’est pas mort pour autant et les adeptes du «zéro papier» restent peu nombreux. Beaucoup d’entre nous sont toujours amoureux du livre imprimé, à la fois pour son côté pratique et pour le plaisir de l’objet, tout en reconnaissant les nombreuses qualités du livre numérique. Malgré les années qui passent, la terminologie du sujet reste encore fluctuante. Doit-on parler de livre électronique ou de livre numérique? La question qu’on se posait en 1995 semble toujours d’actualité vingt ans plus tard. Selon Jean-Gabriel Ganascia, qui était directeur du GIS (Groupement d’intérêt scientifique) Sciences de la cognition en 1995, le terme «livre électronique» est «à la fois restrictif et inopportun». Ce terme est restrictif parce que le livre désigne «un support particulier de l’écrit qui est advenu à un moment donné dans l’histoire» alors que le document électronique comporte à la fois de l’écrit, de l’image et du son. Ce terme est également inopportun parce qu’on ne peut guère juxtaposer au terme «livre» le terme «électronique», «un nouvel objet immatériel défini par un ensemble de procédures d’accès et une structuration logique». De plus, qu’il s’agisse de sa forme exacte ou de sa fonction exacte, le statut même de ce qu’on appelle «livre électronique» n'est pas encore déterminé. C’est aussi l’avis de Pierre Schweitzer, concepteur du projet @folio, tablette numérique de lecture nomade, qui écrit en juillet 2002: «J’ai toujours trouvé l’expression "livre électronique" très trompeuse, piégeuse même. Car quand on dit "livre", on voit un objet 4 trivial en papier, tellement courant qu’il est devenu anodin et invisible... alors qu’il s’agit en fait d’un summum technologique à l’échelle d’une civilisation. Donc le terme "livre" renvoie sans s’en rendre compte à la dimension éditoriale - le contenu -, puisque "l’objet technique", génial, n’est pas vraiment vu, réalisé... Et de ce point de vue, cette dimension-là du livre, comme objet technique permettant la mise en page, le feuilletage, la conservation, la distribution, la commercialisation, la diffusion, l’échange, etc., des œuvres et des savoirs, est absolument indépassable. Quand on lui colle "électronique" ou "numérique" derrière, cela renvoie à tout autre chose: il ne s’agit pas de la dimension indépassable du codex, mais de l’exploit inouï du flux qui permet de transmettre à distance, de recharger une mémoire, etc., et tout ça n’a rien à voir avec le génie originel du codex! C’est autre chose, autour d’internet, de l’histoire du télégraphe, du téléphone, des réseaux...» Le présent livre – qui privilégie le terme «livre numérique» - tente de dresser un panorama