Sloup « Courrier De L'î Le De Batz » 1877
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Histoire maritime de Bretagne Nord Sloup « courrier de l’î le de Batz » 1877 Le courrier de l’île de Batz dans le chenal vers 1903 à bord le patron à la barre un matelot en avant du mât et deux iliennes en coiffe au milieu du bateau ( Coll personnelle) Contexte L’île de Batz est proche du continent et le chenal de l’île de batz entre l’île et Roscoff n’est pas très profond et est parsemé de dangers. En grande marée, à basse mer, l’estran s’étend sur une distance importante et le chenal bien réduit. Le passage entre l’île de batz et le continent a toujours été assuré par des iliens armant des petits bateaux. Vers 1900, on peut distinguer, trois types de bateaux des petits canots, plus ou moins long assurant le passage par beau temps à la voile et à l’aviron , ces canots jaugeant de 0,5 à 2 tonneaux étaient appelés localement péniche. Des sloups, de 6 à 7 m jaugeant aux alentours de 4 tonneaux assuraient le passage toute l’année des passagers des marchandises utiles à l’île et des productions agricoles iliennes. Et enfin des bateaux un peu plus gros jaugeant 10 tonneaux ou plus, bateau creux à arrière pointu également gréé en sloup et appelé localement gabare, ces bateaux sont plus dédiés au transport des marchandises, production agricole, goémon sec ou goémon épave et à la « pêche » du sable. Cette monographie porte un bateau du second type, un sloup de passage de l’île de Batz. Ce type de bateau gréé en sloup semble assez ancien en 1864 on en trouve déjà plusieurs à l’île, en 1870 le gréement de sloup cohabite avec le gréement de flambart avec ses deux mâts et ses voiles au tiers. Les bateaux à deux mâts vont disparaitre par contre les sloups de passage vont perdurer, Ils se transforment avec l’arrivé des moteurs dans les années 30 les tonnages augmentent et c’est seulement dans les années 50 et 60 qu’ils sont remplacé par des vedettes en bois. Le bateau étudié est l’exemple même d’un sloup de passage d’avant la motorisation. Mars 2016 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Histoire maritime de Bretagne Nord Peinture d’Henry Kerisit spécialement réalisée pour cette monographie ( Coll personnelle) Sloup « Courrier de l’île de Batz » 1877 : Coque : La coque de ce petit sloup est assez élégante avec des formes à la fois rondes et tendues. Le tirant d’eau est modéré pour naviguer entre les cailloux du chenal, la quille est modérément en différence mais suffisamment pour assurer une bonne manœuvrabilité. L’étrave est quasiment verticale et l’étambot présente une quête modérée. La tonture est plus prononcée que celle des cotres de Carantec plus récent Le franc bord est assez important, ce sloup doit avoir de la marge pour embarquer de nombreux passagers ou quelques tonnes de pomme de terre de l’île de Batz. Mars 2016 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Histoire maritime de Bretagne Nord Eté 1896 Roscoff à la cale du Vil, le petit port du passage de l’île de Batz ces deux photos montre le départ du Courrier de l’île de Batz, de la cale de mis-marée par petit vent de sud Mars 2016 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Histoire maritime de Bretagne Nord Les dimensions en douanes du « Courrier de l’île de Batz » sont les suivantes : Longueur : 6,67 m (mesure prise du dedans de l’étrave au-dedans de l’étambot) Baux : 2,37 m (mesure de la largeur maximum prise à l’intérieur de la membrure) Creux : 1,20 m (hauteurs intérieures) En extrapolant sur le dessin d’Henry Kerisit on obtient les dimensions suivantes : Longueur coque : 6,96 m (longueur totale de la coque entre perpendiculaires à la flottaison) Baux 2,51 m (largeur max extérieure) Tirant d’eau : 1,10 m Le bateau vient de quitter la cale, un matelot fait tourner le bateau en poussant avec la gaffe un autre matelot est prêt à hisser la grand-voile avec les deux drisses le patron a préparé la grand-voile et va passer de l’autre côté des espars C’est bien sûr un bateau creux avec un plancher intérieur. Son aménagement est simple à l’avant du mat pas de pontage mais un petit banc très à l’avant pour y fixer le bout dehors un solide banc forme étambrais pour le mat, sur l’arrière un banc forme une petite chambre avec un petit pontage sur l’extrême arrière, ce petit pontage permet de mettre à l’abri quelques outils, le panier du repas du patron et du matelot, la boite ou le bambou avec le rôle d’équipage. Vers 1903 au port du vil à Roscoff une ilienne en coiffe est assise sur le banc les défense semble être de simples morceaux de bois Mars 2016 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Histoire maritime de Bretagne Nord Une solide préceinte ceinture le bateau. Il y a 3 toletières de chaque bord pour la marche à l’aviron. Sur les toletières de l’avant sont lovés les orins de mouillage. Il a apparemment trois avirons à bord, deux sont rangés sur tribord et un sur bâbord. Chose étonnante, on ne voit pas de trou de godille en haut du tableau. A l’avant formant chaumard, une pièce de bois est clouée de chaque bord sur la lisse de plat- bord. Le crochet de corps-mort et son estrope fourrée capelée sur l’étrave et le bout dehors traversant la préceinte A l’avant le crochet de corps mort, la photo de 1896 de ce bateau est la source la plus ancienne montrant cette spécificité ilienne, capelé sur l’étrave l’estrope en cordage fourrée du crochet forgé de corps-mort le crochet est alors perpendiculaire à l’axe du bateau. La coque est entièrement peinte en noir à l’exception d’un large liseré blanc sur le haut de la préceinte, Peint sur le tableau arrière à bâbord le nom « Courier » à tribord « Roscoff » quartier maritime jusqu’en 1904. Le courrier de l’île de Batz à le numéro 959 du quartier de Roscoff son immatriculation est donc R 959, Armé au bornage il n’a pas l’obligation de l’afficher contrairement aux unités de pêche Ce numéro n’est ni peint sur la coque ni peint sur la voile, ce qui ne facilite pas l’identification des bateaux de passage de l’île. Mars 2016 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Histoire maritime de Bretagne Nord Le patron est debout sur le petit pontage arrière, la barre entre les jambes et tient l’écoute de grand-voile à la main, le gui est bas et l’on comprend bien la mise en garde récurrente du patron pour les passagers « attention les têtes » Voilure et gréement : La voilure est bien caractéristique des sloups du secteur Roscoff, baie de Morlaix. Avec une grand-voile bien apiquée de surface importante, une grande trinquette et un foc qui n’est pas toujours envoyé Ce sloup n’a pas de flèche. L’extrapolation sur le dessin d’Henry Kérisit donne les surfaces suivantes : Grand-voile : 24,5 m2 Trinquette : 7,7 m2 Foc : 8 m2 Surface totale : 40.2 m2 Sur les photos les 3 voiles sont tannée et semblent assez foncée, Henry Kerisit a choisi de le représenter avec une trinquette neuve encore écrue, c’est souvent au bout d’une saison que le patron tanne la voile pour la première fois. Le gréement dormant est simple, le mat est soutenu par un étai sur l’étrave et deux haubans de chaque bord sur cadènes extérieures le capelage des haubans est assez haut sur le mât, l’œil de l’étai se capelle sur le même capelage et n’est pas bloqué par un taquet cloué sur la face arrière du mât. La ride de haubans est simplement des tours de cordage entre la cosse terminant le hauban et la boucle de la cadène. Le grand mat a la fusée peinte en clair et la tête de mât forme une boule. Le bout dehors est vraiment très simple, il passe dans un trou de la préceinte sur tribord sa fixation sur le banc Mars 2016 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Histoire maritime de Bretagne Nord n’apparait pas dans les documents iconographique mais c’est certainement une ferrure très simple Le bout-dehors peut être simplement rentré. Détail du tableau, de la ferrure d’écoute, on ne voit pas si la partie de la barre s’insérant dans le gouvernail est une barre de fer Toutes les poulies sont estropées en cordage sur cosse ronde en fer. La grand-voile est à bordure libre et comporte 3 bandes de ris, la bosse d’écoute du premier ris est en place sur les clichés, le gui vient s’articuler sur le mat par un croisant reposant sur un taquet circulaire cloué sur le mat.