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L’ des rêves My Own Private Idaho de André Roy

David Cronenberg Number 59, Winter 1992

URI: https://id.erudit.org/iderudit/23325ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this review Roy, A. (1992). Review of [L’Idaho des rêves / My Own Private Idaho de Gus van Sant]. 24 images, (59), 70–71.

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L'IDAHO DES REVES par André Roy

es jeunes cambrioleurs de pharmacies nage, un film dedormeur , de somnambule. leptiques servent exactement à ça) sur les L de feignaient l'épi- My Own Private Idaho, libre adapta­ obsessions de Scott. Cesobsessions , qui ont lepsie pour détourner l'attention et com­ tion de Henri IV de Shakespeare, raconte comme noyau central le trauma d'une perte mettre leurs vols. Scott Favor, le jeune l'histoire de deux prosritués masculins, (paternelle et maternelle), prennent la prostitué de My Own Private Idaho, souf­ Scott Favor, un sans-abri, et Mike Waters, forme d'un voyage mental vers les origines. fre, lui, de narcolepsie, une Tendance irré­ fils du maire de Portland en révolte contre Elles défilent dans la tête de Scott comme sistible au sommeil qui se manifeste par l'autotité paternelle. Ils sont liés à une un film. Quand il s'endort, son rêve est accès brusques. Si l'épilepsie apparaissait bande de jeunes de la rue, prostitués justement habité par les images d'un film pour les cowboys urbains comme une srra- comme eux, se droguant sous l'œil d'un amateur 9 mm le montrant enfant avec sa tégie, c'est-à-dire comme une pure conven­ Falstaff qui remplace pour ainsi dire leur mère (le procédé du film amateur se trou­ tion scénaristique, la narcolepsie de Scott père. Au cours de ses pérégrinations avec vait également dans Drugstore Cowboy). Favor, tout en étant un embrayeur de son ami Mike qu'il aime, Scott, qui a été Ces images d'enfance, mal cadrées, hésitan­ fiction qui relance constamment le récit, abandonné par sa mère, cherchera la vérité tes, viennent trouer le récit et déchirer la gère, elle, toute l'économie de ce nouveau sur son père qu'il n'a jamais connu. Àl a fin, peinture sociale qui yétai t latente. Elles ne film de Gus van Sant. il n'a toujours pas découvert lavérit é et son sont cependant pas les seules puisqu'elles La narcolepsie se dédouble ici en une copain a retrouvé le bon chemin en se sont appuyées par d'autres images menta­ métaphore du cinéma, celle du rêve. mariant et en devenant un homme d'affaires les, comme celles de cette maison qui Comme Lars von Trier, dans Europa, qui (est-ce une façon pour Gus van Sant de se tombe du ciel et volee n éclats, trop psycho- utilise l'hypnose pour mettre son spectateut dédouaner pour avoir peinr avec chaleur et logisantes pout ne pas être artificielles et sur les rails (c'esr le cas de le dire) de l'His­ amout ses beaux voyous ?). Toujours esr-il pléonastiques. La visualisation des obses­ toire pour le transporter dans un voyage que rous les ingrédients sociaux et psycho­ sions de Scott affaiblit le plus souvent le dans l'après-guerre, Gus van Sant place son logiques sont réunis pour faire de My Own film par leur facilité, l'exemple le plus spectateur dans un état de somnolence, Private Idaho un postet social. flagrant étant la scène des magazines entre veille et sommeil, entre rêve diurne Mais, comme Drugstore Cowboy, qui parlants dans le sex-shop. et rêve nocturne, lào ù lessensation s devien­ n'était pas un film sur lesdrogué s ni un film Là où Gus van Sant réussit vraiment nent aiguës et labiles. Comme un rêve, le policier, My Own Private Idaho n'est heu­ son film, c'est quand il brosse la dérive et film ne se déroulera plus linéairement; il reusement pas un film sur la prosritution la vacuité de ses personnages, déréalisanr procédera par sauts et coupures, s'accélé- masculine ni sur l'homosexualité. Certes, le par sa mise en scène baroque le monde de rant et se ralentissant pour se transformer scénario prend un malin plaisir à nous la prostitution et de l'homosexualité. La en un récit lacunaire, toujours en insistance séduire en nous présentanr un monde misé­ misère sociale montrée baigne dans un halo de dérapage dans son fragile équilibre. My rable et matginal (prostitution et homo­ nébuleux (voir cet hôtel abandonné où les Own Private Idaho est une travetsée des sexualité), mais c'est pour ensuite nous garçons de la rue se retrouvent). On nage apparences vue par le cerveau d'un person­ entraîner, nous embrayer (les crises narco- en eau trouble, on a l'impression d'être

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Verhoeven,Cronenberg , Schroeder , Anger, Deren, Pagnol, Gainsbourg , Tati, Keaton , Avery , Clouzot,Roeg , Wa|da^^^^l^^H7otta . Pasolini, VonStroheim ,Fassbinder ,Demme , Ferreri, Altman, Russell, Lombardi, Powell,Gillian , Greenaway, Forcier,Jarmusch , Carie, Kazan, Cukor.Wyler.Capra,Pabst , Murnau, Saura, Mizoguchi, Kurosawa , Ophuls , Zulawski .

-o 2 4 IMAGES Mike Waters () et Scott Favor () dans un autre monde, dans des limbes, lident par leurs ramifications, éclairant que que les critiques ont cru voir, oubliant dans un théâtre hallucinatoire. Le jeu des ainsi l'ensemble. Introduit par une des que Gus van Sant a essentiellement conçu acteurs, anti-réaliste, presque théâtral, et le crises de sommeil de Scott, chaque «chapi­ son film comme une aventure cérébrale et dialogue, chuchoté ou clamé, mélange de tre» est suggéré comme une partie d'un un jeu formel. Il a voulu que son film s'in­ prose ample (empruntant des pans entiers long rêve. Lequotidie n social et intime des tègre aux rêves mêmes du spectateur. • au texte shakespeatien) et d'argot urbain garçons devient un ensemble de synapses vulgaire, participent de cet aspect irréel du nerveux qui branche le spectateur et le récit. déporte, non pas plus loin mais à côté, MY OWN PRIVATE IDAHO Mais là où le récit remplit surtout son comme Scott et Mike sedéporten t en allant Etats-Unis, 1991.Ré . et scé.: Gu s van Sant. Ph.: d'un État américain à l'aurre, endroits qui Eric Alan Edwards, John Campbell. Mont. : Cur­ programme ludique, c'est dans sa narration tis Clayton. Int. : River Phoenix, Keanu Reeves, fracturée. Les aventures des deux jeunes sont autant de paraphrases de leurs états de James Russo, William Richert, Rodney Harvey, hommes sont découpées et identifiées par conscience (d'où explication du titre: Chiara Caselli. 105 minutes. Couleur. Dist.: blocs, un peu comme les chapitres d'un l'Idaho se trouve dans la tête de chacun). Alliance-Vivafilm. livre («Seattle», «Portland», «Idaho», C'est dans ces syncopes narratives qui «Rome»). Ce sont des fragments erratiques suspendent la narration que My Own Pri­ qui, à la fois, se suffisent en eux-mêmes - vate Idaho trouve sa richesse, sa finesse e t sa chacun possédant son intrigue - et seconso ­ complexité, non dans le portrait sociologi­

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Imaginons unpe ugu e la Boîte Noire soit unfil m Sûrement celui d'un jeune réalisateur se taille une place au box-office au grand dam des comptables et autres vendeurs de Pashermétique ,pa s con nonplu s Possiblement à contre-courant. L e genregu ifinalemen t balayeuses, ébahis La critique: une vidéo-boutique qui affiche une Vision Originale. 71