Atlas de l’Avant—Pays Savoyard

epuis septembre 2019, nous me- d'enfants, de poèmes, de témoignages. découvrir des lieux. Cette expérience nons avec notre association Les Fragment par fragment, l'ATLAS s'étoffe a été réalisée en majeure partie avec DInattendus une résidence artis- jusqu'à dessiner une cartographie sub- les prises de son des élèves du collège tique en Avant-Pays-Savoyard, durant la- jective et originale du pays, dont les élé- Charles à , et avec la com- quelle nous animons des ateliers de créa- ments, une fois entremêlés, se répondent plicité d'associations locales. Ce travail tions documentaires, sonores et visuels. et s'enrichissent. À la fois réel et imagi- est restitué ici sous la forme d'un col- Au cours de cette première année de naire, l'ATLAS traduit de manière sensible lage qui utilise une partie de la collecte résidence nous avons découvert ce terri- ce qui compose ce territoire, ce paysage, de cartes postales du pays et de la re- toire avec enthousiasme et curiosité. Nous cet habiter, une mémoire des lieux et des transcription des témoignages réalisés l'avons sillonné du nord au sud, exploré usages en quelque sorte, une projection auprès des élèves et des habitants. d'est en ouest, parcouru en son milieu, dans l’avenir proche ou lointain. Com- Enfin, les marches contées — — au creux de ces éléments naturels. Nous ment les occupants des lieux se voient menées par Hugo Montero, ont, pas avons soulevé des pans de son histoire vivre ici demain ? L’objet artistique de- à pas, mis en relief les liens qu’entre- et déplié certains de ses recoins. Nous vient un dénominateur commun qui relie tiennent les habitants à leur territoire nous sommes intéressés à ses réalités des lieux géographiquement éloignés, et comment ils se sentent y appar- sociales et économiques, comme à ses des temporalités et des pratiques d’hier tenir. Lors de celles-ci des habitants mythes et à ses légendes. Nous avons à aujourd’hui, des parcours d’habitants à et habitantes parcourent un territoire longé ses frontières et questionné son différents âges de la vie, et qui in fine, ra- qui leur est bien connu, celui où ils et identité, interrogé son présent et imaginé conte une part de l’Avant-Pays Savoyard. elles ont vécu. Au fur et à mesure de son futur. Surtout, nous avons rencontré la déambulation ils nous racontent ses habitants : des retraités, des travail- u cours de cette première année, ce qui fut et ce qui est, en cherchant leurs, des collégiens, des élèves d'écoles les ateliers ont orienté notre périple dans leurs mémoires et en l’agrémen- primaires, des enfants de centre de loisir. Ade Pont-de-Beauvoisin à Saint- tant d’anecdotes et de détails nous Avec eux, nous avons commencé à pro- Paul-sur-Yenne en passant par Saint-Ge- faisant revivre ce passé à la lumière duire les pages qui constitueront ce que nix-sur-Guiers, de Yenne à en du présent. Qu’il s’agisse de la crue nous avons appelé : « L'Atlas de l'Avant- passant par Saint-Maurice-de-. de Pont-de-Beauvoisin racontée par Pays Savoyard ». Il y a tout d’abord le bestiaire de l’Avant- l’ancien boucher de la commune, de Pays Savoyard — — mené par Alexis la commémoration de l’entrée de la Jacquand qui nous a fait découvrir com- en , de la vie sociale L'atlas est la première vertèbre bien les lieux sont peuplés d’animaux qu’avaient engendrée les usines de cervicale. Elle a été nommée extraordinaires et comment les petits La Bridoire ou encore de l’utilisation et les grands s’en saisissent à leur tour du lavoir de la petite commune de ainsi en référence au géant pour conter leurs récits imaginaires du Meyrieux-Trouet ; les marcheurs nous Atlas de la mythologie grecque, territoire. La Spiranthe d’été, le Sonneur à invitent à découvrir ensemble avec ventre jaune, la Cordulie à taches jaunes… leurs mots et en images des lieux qui portait la voûte céleste sur autant de noms intrigants et évocateurs marquants de leur territoire. ses épaules comme cette d’espèces remarquables du territoire. À quoi peuvent-ils bien ressembler ? C’est e journal de bord propose un aper- vertèbre porte la tête. ce que des élèves en école primaire ont çu de nos interventions, une sorte essayé d’imaginer, par le dessin et de Cde carnet de voyage dans lequel ans sa dénomination courante, manière collective, donnant naissance à nous aurions noté les éléments saillants l'Atlas est un recueil ordonné de un étrange bestiaire. En révélant ces des- de nos explorations, nos découvertes, Dcartes, de graphiques, d’indices, sins à certains habitants, il semble que les nos rencontres et ce que les habitants ont de représentations cartographiques. animaux dessinés par les enfants aient partagé et créé avec nous. Il se veut éga- Notre collectif d’artistes propose d’en fait d’étranges apparitions au cours de lement un trait d’union entre notre pre- détourner le concept afin de réaliser un l’histoire de l’Avant Pays Savoyard, mar- mière année de résidence et la seconde, atlas qui soit une traduction sensible quant les lieux et les mémoires de plu- afin que tout un chacun puisse s’en saisir et poétique du territoire à partir d’une sieurs générations. et venir participer à un atelier, nous ren- approche artistique sonore et visuelle. Il y a les cartes postales sonores contrer, partager, ou juste suivre le projet Ainsi, nous élaborons cet ATLAS à travers — — menées par Julia Pinget, qui qui s'orientera cette année vers nos ma- des interventions artistiques auprès des ont révélé les strates qui composent nières d’imaginer le futur du territoire. habitants et habitantes, en collaboration le paysage, tant dans sa dimension avec les structures et les acteurs locaux. historique et mémorielle, que dans Au plaisir d’élaborer cet ATLAS de Au sein de chaque atelier, nous créons sa dimension actuelle. Ces créations l’Avant-Pays Savoyard avec vous ! un ou des objets qui viennent s’intégrer sonores font le portrait d'habitants à l’ATLAS. Il peut s'agir de récits d'habi- qui, à travers leurs récits émaillés de tants, d'archives personnelles, de dessins légendes et de souvenirs, invitent à L’équipe des Inattendus

03 Yenne Le Pont-de-Beauvoisin 45° 42' 06" nord Voilà, on a passé 5° 45' 38" est 45° 32'′ 06"″ nord la frontière. 5° 40'′ 16" est Georgette Le bruit Glandu du Rhône

Nous voilà de nouveau de retour au pont. C’est vrai que moi quand je suis arrivée, le balcon qui est en surplomb c’était encore un garage, maintenant c’est une habitation.

« Je pars de chez moi. Je vais jusqu’au stade et après le stade, je vais à la boulangerie Marron. Là, je prends la deuxième sortie à gauche. Je vais comme si j’allais à l’école primaire sauf qu’à un moment, je tourne dans un tunnel pour aller vers le pont où on voit le Rhône. À cet endroit, ce que j’aime, c’est le chant des oiseaux, avec l’eau du fleuve.

Ça fait une mélodie. Le bruit du Rhône. » Là on voit les caves qui sont très pro- Cet écusson, qui est le dernier vestige Pour les Pontois c’est un peu notre Zouave fondes et bon qui servaient peut-être à la du pont François 1er, détruit en 1940 par de l’Alma, parce que quand le Guiers contrebande. l’armée française. monte, on compte les pierres qui arrivent Noah, élève de 6e au collège avant d’arriver à l’écusson. On compte les Charles Dullin à Yenne. pierres, on vient sur le pont et on compte, quand le Guiers monte, il nous reste que deux pierres avant l’écusson.

« On a eu de très grosses inondations avant que le Rhône soit dévié sur Belley. Belley, il leur faut « Ce pauvre constamment 900m3 seconde pour que les tur- bines marchent. Alors 900m3, si nous on n’en a pas assez, tant pis ! Et tant que la déviation n’a pas lièvre » été faite, on a eu de très grosses inondations. La dernière grosse crue que j’ai vue, c’est celle de 44. Celle-ci était Avec Huguette Reveyron, vraiment très importante. Elle arrivait au niveau de la jonction à Saint- habitante de Yenne. Entretien réalisé le 10 mars Joseph. Et entre ce qui venait du Rhône et ce qui venait de l’autre côté, 2020 par Baptiste, Clara, il est resté à peu près deux mètres pour pouvoir passer. Gamzé, Nathan et Noah, Avec mon père, on avait pris la barque pour aller voir les alentours. élèves de 6e au collège C’est là qu’on a cueilli un lièvre ! Charles Dullin à Yenne. Toute la plaine était inondée et ce lièvre, qui était effrayé, était monté sur un pêcher. Lorsque l’on est passé avec la barque, ce pauvre lièvre, Quand le pont a sauté, ça a fait tom- Alors pour le 150ème anniversaire du rat- Là-bas il y a une très belle maison, qui Voilà un camion qui n’est pas il s’est laissé prendre et je l’ai mis dans un sac. Il est rentré à la maison. ber toutes les maisons, elles avaient des tachement de la Savoie à la France, on était une grande maison bourgeoise, de très grosse taille, il faut ima- Vous voyez le passage qui mène à l’office du tourisme ? En face il y a balcons de bois qui sont eux aussi tombés. avait refait la frontière, et on avait déguisé c’était la MJC avant, et le grand bâtiment giner qu’avant dans les deux un panneau sur lequel il y a la photo de l’inondation de 1944. Et sur la deux personnages en douanier Sardes et rose à côté c’était le collège où j’ai fini ma sens ils passaient là. C’était ça photo on voit la barque qui arrive, mon père est devant et moi je suis en douanier Français. carrière et au dernier étage les trois der- en permanence, les façades derrière. » nières fenêtres c’était ma classe. étaient sales.

04 05 Le Pont-de-Beauvoisin

45° 32'′ 06"″ nord 5° 40'′ 16" est Saint-Genix-sur-Guiers Mais enfin, il y a des maisons La Laîche 45° 36'′ 05''″ nord à bec court 5° 38'′ 07''″ est qui sont réparées mais pas toutes.

« Elle a quatre Henri Rey dents de chaque côté de son bec »

Nom Laîche à bec court Localisation connue Saint-Genix-sur-Guiers Habitats Cave, grenier de maison et maison forte Régime Légumes cultivés par l’homme Là on arrive sur la rue d’Aiguenoire, il y Là il manquait trois mètres, après la crue, La crue c’était quand… j’étais jeune. À ce Taille Inconnue a des maisons qu’on a fait tomber. C’est ça avait tout arraché, on voyait les gros moment-là je prenais pas encore de pho- souvent très vieux, en pisé. tuyaux, les égouts, les câbles électriques. tos, sinon je l’aurai datée. Les maisons d’en haut sont toutes très Signes particuliers vieilles avec les balcons de bois. Animal intelligent et volontier farceur. Elle se plaît à jouer des tours aux humains, bons ou mauvais, au gré de son humeur. Pour cela, on la confond souvent avec le Servan. Elle se nourrit exclusivement La Laîche à bec court, par de légumes chapardés dans les potagers et les jardins. Tamara, Liliana, Kiara et Noé, De ceux qui l’ont observée, ne s’accordant pas sur sa Février 2020 couleur, on raconte qu’elle en change selon ses repas. Orange quand elle mange des carottes, verte quand elle mange de la salade... Elle a quatre dents de chaque côté de son bec. Aux dires de certains, elle serait apprivoisable.

du Guiers car ils craignaient une crue. Mais dans la nuit du 5 au 6 Il y a des appartements qui ont été répa- Là il y avait un marchand de vélos, quand Sur cet emplacement il y avait la laite- juin, ces mêmes pierres ont été rés mais qui ne sont pas forcément occu- l’eau a commencé à arriver, il a cloué sa rie « Colle », maintenant c’est devenu la enlevées et transportées dans la pés. Les ronces s’installent partout. porte à l’intérieur, pour pas que ça lui ar- poste. Par là-dessous il y avait trois ou rivière. Ce qui risquait de projeter rache et que ça l’emmène avec. quatre grandes cuves en cuivre de 2500 le Guiers sur le territoire dauphi- litres, le lendemain après la crue, elles nois, et de leur enlever une bonne étaient pleines de terre. C’est-à-dire que partie de terrain ! Le lendemain, l’eau passait à fond dessus et la terre se « C’est mon grand-père qui me les gens de Romagneu s’en aper- décantait au-dessus. parlait de la Laîche à bec court. çurent et déplacèrent à nouveau Il s’appelait Joanny. Il était impri- les pierres, ce qui mit en rogne meur. C’est lui qui a crée l’impri- les Savoyards. S'est ensuivi une La légende merie à Saint-Genix, en 1903. Il que c’était pour appeler la Laîche belle empoignade ! À l’époque nous emmenait souvent avec à bec court. Il disait : « La Laîche à les querelles étaient fréquentes de la Laîche à mon frère le long du Guiers pour bec court c’est un animal très far- entre Savoyards et Dauphinois Il y avait dans un coin une petite porte nous faire écouter des chants ceur ! Elle s’amusait à déplacer la car les pierres étaient constam- qui descendait à la cave. bec court et d’oiseaux. Je me souviens, il me frontière ». Et alors il me racontait ment déplacées. Certains racon- Ça a arraché la porte. prenait par le maillot et m’en- une histoire que des habitants du taient que c’était un mauvais tour Et le père Prestos qui était dans sa cave voyait au milieu du Guiers. Il m’a Guiers lui avaient racontée. Des joué par la Laîche à bec court. en train de nettoyer des bouteilles il est de la frontière appris à nager comme ça. Il n’y gars qui pêchaient toute la jour- Mon grand-père disait qu’elle fai- parti avec la flotte. avait pas de piscine à l’époque. née et qui vendaient leurs pois- sait ça pour que les hommes se déplacée J’avais 6 ou 7 ans. Il connaissait sons en criant « poissons frais » disputent. » toutes les espèces d’oiseaux et dans les rues de Saint-Genix. Ils reconnaissait leurs chants. Il les vivotaient avec ça. Ils savaient Témoignage de Mme Suzanne Gauthier, Ça avait fait un sacré travail de destruc- Là en face vous aviez le café « Prestos », imitait avec ses doigts et il avait tout sur le Guiers. De ce que je habitante de Saint-Genix-sur-Guiers, Juin 2020. tion, les matériaux de la route étaient tous la flotte est rentrée elle a embarqué la toujours un sifflet dans sa poche. m’en souviens, l’histoire se passait descendus. grande porte, elle a traversé le bistrot, il Mais il avait aussi un objet étrange, en juin 1752. Les gens de Roma- n’y avait personne heureusement. une sorte d’appeau. Quand il gneu avaient déplacé quatorze appuyait dessus ça produisait énormes pierres des champs voi- un « clac-clac-clac ». Il me disait sins, pour les disposer sur le bord 06 07 Mont Tournier

45° 38' 24" nord 5° 42' 19" est Le Molosse Yenne

45° 42' 06" nord 5° 45' 38" est de Cestoni « Il a la taille Cette d’un arbre » montagne

Nom Molosse de Cestoni Localisations connues Mont Tournier, falaise du Banchet Habitats Montagne, falaise Régime Rocher Le Molosse de Cestoni Taille Inconnue par Hugo, « Depuis ma maison, je vois un pré où il y a des arbres Nathan, Léo à coings et des vaches. Il y a beaucoup d’arbres tout et Louane, Signes particuliers autour. Il y a aussi une ruine derrière chez moi. Ma Février 2020 Au dire de ceux qui l’ont aperçu, son apparence serait maison a été construite à partir de rien. On est en hau- assez semblable à celle d’un gigantesque chien. teur. Ça fait un genre de cirque où l’on voit à 360°. Je Sa peau est dure comme la pierre et pleine de bosses. vois la route pour aller sur et Yenne. Et la Son régime alimentaire particulier en fait un animal montagne, la Dent du Chat. dangereux pour l’homme. En effet, il casse des rochers avec sa queue pour se nourrir provoquant ainsi de dangereux Ce paysage, j’adore quand il est sous la neige. Dès éboulements. Il est capable de dormir plusieurs jours de qu’il y a de la neige, c’est tout blanc. Au-dessus de suite, voire plusieurs semaines, en s’enterrant sous la terre. chez moi, y’a aussi des vignes et un talus, ça fait un On raconte que la pierre qui vire au sommet du Mont petit replat et ça fait un super endroit pour descendre Tournier serait en fait le bout de sa queue. en luge. On a passé plein de bons moments là-bas. J’aime la montagne quand le sommet est tout blanc. Une fois j’ai fait un rêve bizarre, sur la montagne. J’étais… Il y avait des monstres, avec le bas du corps comme une coquille d’œuf toute poilue et sur le des- sus, il y avait une tête ronde. On devait faire une course dans la montagne. Mais on devait faire ça accroupi. Courir en restant accroupi comme un vers de terre. Si tu te relevais, un ballon au-dessus de toi éclatait et le monstre te dévorait. C’était sur cette montagne. Ce que j’en retiens, c’est « Je suis originaire de Saint- qui vit dans les falaises et qui interpréter, je ne suis pas sour- qu’il faudrait ne jamais se lever ! Pierre-d’Alvey. Saint-Maurice je provoque des éboulements. Je cier. Mais peut-être que les ba- Enfin c’est un rêve. » ne connaissais pas, on n’y allait ne sais pas si c’est vrai, mais en guettes réagissent au Molosse. jamais, c’était le « flan darye » tout cas j’ai entendu dire que la Parfois je me demande si la comme on disait. L’autre ver- pierre tourne d’un quart de tour pierre ne serait pas le bout de Maxime, élève de 6e au sant de la montagne, « le côté les soirs de Noël. Je pense que sa queue. Et que si elle bouge, collège Charles Dullin derrière ». La première fois que c’est pour ça que Louis parlait c’est que le Molosse s’est re- à Yenne. j’ai vu la pierre qui vire ça m’a fait de cavité. Je crois qu’il pensait tourné dans son sommeil. » bizarre, j’ai trouvé ça étrange que l’animal dormait ici, juste cette forme. Et puis où elle est en dessous de la pierre. Après Témoignage de M. Michel Clerc, habi- placée, comme ça, au bord ça, je suis retourné à la pierre tant de Saint-Maurice-de-Rotherens, Juillet 2020. La légende d’une falaise… En dessous de la avec mes baguettes de sour- pierre il y aurait peut-être une cier. Enfin, c’est simplement du Molosse cavité. C’est l’ancien curé de deux poignées en bois avec Saint-Maurice qui m’avait parlé deux fils de cuivre recourbés à de ça. Louis Revel il s’appelait. l’équerre. On met « coude au de Cestoni et Il est mort il y a quelques an- corps ». Ça fait deux pôles. Le nées. Il connaissait beaucoup cuivre ça conduit bien. Et bien de la Pierre de choses. Il était natif de Saint- à vingt mètres avant d’arriver à Maurice. Un sacré personnage. la pierre, il se passe des trucs. qui vire Assez sec, avec beaucoup de Les deux fils se mettent en bagou. On était face à la pierre parallèle d’un coup d’un seul. et il m’a dit : « Je pense qu’il y On le voit bien c’est net. J’ai fait a une cavité là en dessous ». le test plusieurs fois, à chaque Et c’est là qu’il m’a parlé du fois c’est pareil. Bon, moi je La pierre qui vire Molosse de Cestoni. Un animal vois bouger mais je ne sais pas 08 09 La Bridoire

45° 31'′ 37"″ nord 5° 44'′ 36"″ est « L’usine, c’était juste ça, et le bruit des machines »

La Bridoire

45° 31'′ 37"″ nord C’était moins sauvage ici, les gens pas- L’idée c’était quand même de faire ses 5° 44'′ 36"″ est saient beaucoup à pied, pour aller au bou- courses localement puis une fois par lot, au boulot puis aux commissions. semaine, le lundi, on descendait faire ses courses au marché de Pont-de-Beauvoi- sin. C’était la sortie qu’on appelle de nos jours la sortie « centre commercial », on Il y a toujours eu beaucoup descend faire le plein de courses. de jeunesse, beaucoup d’associations, beaucoup

de bénévolat Gilbert Perrod-Minnot & Philippe

« Ils sont tous venus en 1919. 1919, ça correspond avec C’était la plus importante de la Bridoire. Elle a dû avoir l’ouverture de l’usine PTB, Produits Tréfilés de la Bri- jusqu’à trois-cent, trois-cent-cinquante ouvriers dans Il y avait un service de cars qui descendait doire. Dans le courant de l’année 1919, les quatre frères les années cinquante je pense. J’y ai jamais travaillé. à Pont le lundi matin et qui remontait les et les deux sœurs sont venus à la Bridoire avec leur Quand j’ai eu l’occasion d’aller y travailler, c’est quand gens pour le marché. papa qui était veuf. Cet homme était mon arrière- l’usine des caoutchoucs industriels de Rochassieux, où grand-père Élie. Il était venu avec ses fils accompagner je travaillais, a fermé. C’était en 1977. Le directeur de monsieur Lévin, futur directeur des PTB. Monsieur Tréfilé nous a entretenu, « nous », l’équipe de nuit, pour Lévin arrivait avec les machines et le personnel qui savoir si on voulait aller travailler à PTB. Mais comme le savait s’en servir. La majorité, sauf le fils aîné Felix, se salaire de monsieur Gerbelot-Barillon ne nous conve- sont tous mis en ménage ici, à la Bridoire ou dans les nait pas, ça n’a pas duré très longtemps ! environs. Aujourd’hui, c’est la dernière usine. Agrati maintenant. Il Ces gens-là étaient natifs du Haut-Doubs, dans le sec- y a encore pas mal de monde qui y travaille. Mais dans teur de Villers-le-Lac. Ils étaient agriculteurs. Métayers. les années à venir, ça va tout disparaître. Les bâtiments Ils ont eu plusieurs métairies puis ils sont allés travail- sont pas commodes. Ils vont aller s’installer à Avres- ler à l’usine, chez Japy, à Fesches-le-Châtel, dans le sieux ou au bord de l’autoroute. Dans des bâtiments Il reste deux bars à la Bridoire, le maxi- Je pense que ça a disparu quand les Doubs. Puis de Fesches-le-Châtel, ils sont venus à la tout neufs. mum de bistrots qu’on a connu quand on gens, enfin l’industrie a disparu. Les gens Bridoire. Ça a dû être un grand bouleversement. S’ex- Je n’irai pas jusqu’à dire que le village est désert mais… était jeunes ça devait être cinq ou six. n’allaient plus au travail à pied, du coup patrier comme ça... tous célibataires. Pour avoir connu autre chose, bien oui, évidemment, il n’y avait plus l’arrêt « tentation » on va Le papa était contremaître de l’atelier de visserie. ça a été complètement chamboulé ! Y’avait beau- dire. Quand ils ont commencé à se dépla- C’était immense. Plein de machines et très très bruyant. coup plus d’activités. Les gens s’amusaient mieux et se cer en transports en commun ou en voi- Et tous ces bars c’était des particuliers Plein de machines, plein de gens... et ça sentait l’huile connaissaient certainement mieux aussi. Mais ça, on ne ture ils ne s’arrêtaient plus. qui vendaient des canons chez eux, on dit très fort. peut rien y faire. C’est le brassage de populations qui bistrot mais… On lui emmenait le casse-croûte. On avait alors le droit est comme ça. d’entrer dans l’usine. On lui portait un barroquin. Un La preuve, c’est qu’on est déjà des expatriés ! Il y a déjà barroquin, c’est un petit récipient avec un couvercle si longtemps. Depuis le début du siècle. Du siècle pré- dessus. C’était pour une nourriture chaude. Ils les fai- cédent. saient réchauffer sur place. Et la coopérative, l’épice- Les gens viennent d’ailleurs à cause du travail. Ils re- rie, qui dépendait de l’usine. Quand on était gamin, on partent à cause du travail. Soit parce qu’ils en ont pas, allait acheter des papillotes, des oranges. Les ouvriers soit parce qu’ils ont trouvé mieux ailleurs. Tu en as tou- avaient des avantages ! jours qui s’ancrent sur place, qui font partie d’associa- À l’école, qui n’avait pas quelqu’un qui travaillait à tions, qui fondent un foyer. PTB ? Pour nous gamins, c’était des grands, des aînés, Comme quoi ça a toujours existé. C’est toujours le tra- des “monsieurs”. vail qui fait bouger les gens. » Quand on remontait de l’école et qu’on longeait le trot- toir, il y a un endroit où y’avait un carreau cassé. Il était juste à notre hauteur et on regardait à l’intérieur. On s’arrêtait tous les uns derrière les autres, et on regardait Entretien avec Gilbert Perrod-Minnot, habitant Du temps des industries il y avait beau- Il y a toujours une forme de bénévolat Tout le temps qu’il y a eu les usines c’était à l’intérieur de l’usine. On voyait des gens qui s’affai- de La Bridoire, membre de l’association À la coup de sociétés de foot, le comité des qui est un peu à part à la Bridoire. Il suf- rouge ici, PCF et tout ça. Puis après il y découverte du passé de la Bridoire. raient et des machines. fêtes, ça a toujours été très associatif, ça fit d’avoir un bon casse-croûte et un bon a eu deux listes à une époque, alors ça Pour nous l’usine, c’était ça. Surtout le bruit des ma- ne s’est pas arrêté, ça s’est un peu calmé coup à boire et c’est bon. N’empêche, c’est plus ou moins mélangé et le rouge chines qu’on entendait de très loin, avec la sirène. c’est tout. Beaucoup d’associatif et donc c’est ça qui tient l’ambiance, on dira ce s’est éclairci et puis c’est devenu rose. L’usine c’était juste ça, et le bruit des machines. beaucoup d’animation du coup. qu’on voudra. 10 11 Yenne

45° 37' 28"″ nord 5° 40'′ 29"″ est 45° 42' 06" nord 5° 45' 38" est -Leschaux

45° 46'′ 25"″ nord La Cordulie 6° 07'′ 36"″ est à taches jaunes À la ferme

« Mon papa et mon papy ont construit ma maison sur les bases d’une grange que mon arrière- grand-père avait construite en 1954. Elle est grande. Il y a une cave car l’arrière-grand-père, alias Pépé, cultivait la vigne et faisait son vin quotidien. Dans notre cuisine, il y avait la réserve de foin ramassée en vrac. Dans la grande pièce du bas (cuisine d’été, salle de jeu), c’était l’écurie des vaches. Le salon et nos chambres étaient réservés au sé- chage du bois et de la paille. Mes arrière-grands-parents étaient agriculteurs dans le village de La- « Elle aime gneux. Mon grand-père travaillait Nom Cordulie à taches jaunes le feu » ses terres et celles du château avec d’autres agriculteurs du village. Localisations connues Falaise Il avait quelques vaches aussi. Sa du Mont Tournier, plaine femme s’occupait des enfants, de de Champagneux-Leschaux La Cordulie à taches jaunes, la basse-cour, des lapins. Elle allait par William, Sonny et Louan, aussi faire le ménage au château et Habitats Forêt, falaise Février 2020 la cuisine. »

Régime Arbres épineux Romane, élève de 6e au collège Charles Dullin à Yenne. Taille Inconnue

Signes particuliers Elle a des pics sur le dos qui sont comme ceux des dragons. Elle ne vit La légende de la Cordulie à que la nuit. On peut voir ses taches jaunes dans la nuit. Un seul coup de queue lui suffit à couper un arbre en taches jaunes et de Galletti deux. Elle se déplace si vite qu’elle laisse une traînée de feu derrière elle. On dit que ce sont les petites l’eau glisse dessus. Et cette blache, dulie était une bête qui vivait la « Je suis le seul exploitant » glandes au bout de ses pattes qui on allait la couper dans la plaine de nuit, et qui se déplaçait tellement produisent des étincelles avec la Champagneux, au lieudit « Les Îles ». vite qu’elle laissait une traînée de vitesse. « Ma famille est dans l’agriculture depuis quatre, cinq, six vaches pour vivre. Ils faisaient On n’en trouve plus beaucoup de feu derrière elle. Comme des étin- On affirme l’avoir aperçue en « La Cordulie à taches jaunes, j’en ai mon grand-père. Mon grand-père est arri- beaucoup de polyculture, un peu de vignes, plusieurs lieux la même nuit et nos jours sur ce secteur car il s’est celles. C’est pour ça que le seul entendu parler pour la première fois vé à la ferme dans les années 60. L’ancien des lapins… Ils vivaient plutôt en autarcie. Ils à la même heure. C’est pourquoi reboisé et a été envahi par des moment où on pouvait l’apercevoir, certains disent qu’elle peut être dans les marais de Champagneux. propriétaire était une personne seule et produisaient ce dont ils avaient besoin pour plantes invasives. Mais à l’époque, c’était quand elle allait s’abreuver. plusieurs. En réalité, ce phénomène J’étais gamin, ça m’impressionnait. célibataire. Mon grand-père habitait alors vivre. Ils vendaient très peu de chose. c’était plus marécageux, plus sau- De ce que racontaient des anciens serait dû à son extraordinaire J’habite sur le plateau de Duisse. la commune de Traize, un peu plus loin. Puis ils sont passés de dix, à vingt, à trente vitesse de déplacement. vage. Dans le marais, moi je râtelais de Leschaux, elle surgissait sou- Ma famille est là depuis très long- Cette personne lui a donné la ferme pour vaches. Ils ont fait des bâtiments. Ils se sont Elle pousse des cris entre le la blache pour en faire des tas, et vent vers la station de Galletti. Dans rugissement et l’aboiement. temps. Environ 1730, je l’ai vu sur le qu’il vienne habiter avec lui. C’est comme ça agrandis pour arriver où on est. Et aujourd’hui, avec la fourche on chargeait le char. un rugissement d’étincelles. Je ne Elle aime le feu. cadastre. Mon père est né en 1907. qu’ils sont arrivés à Yenne. Parce qu’à l’ori- sur la commune de Yenne, je suis le seul C’était en été, on se faisait dévorer sais pas si c’est la Cordulie ou cette Mes parents et mes grands parents gine, le nom Gache, c’est un nom de Traize. exploitant. Il y a vingt ou trente ans, on était par les moustiques. Je me souviens « Marie-Louise des îles », mais ça étaient paysans. Ils avaient une Après mon père s’est associé avec une autre cinquante. L’évolution a été très rapide ! On qu’il y avait une dame qui vivait me fichait la trouille. » ferme en polyculture. Je me sou- personne pour développer l’activité jusque a repris plein de petites fermes, petit à petit, seule dans le marais. Elle me faisait viens que gamins, on s’amusait à Conte interprété par M. Pierre Gerbelot, dans les années 70’. Ils sont partis de tout quand les gens arrêtaient... Ça nous permet- peur, sa cabane m’impressionnait. sauter sur les meules de blache. La habitant du hameau de Duisse, petits. Dix, quinze hectares avec peut-être tait d’agrandir les terrains et d’avoir plus d’ani- On l’appelait « Marie-Louise des blache c’est une plante qui pousse Juillet 2020. dix vaches. Et puis aujourd’hui, on arrive à maux chez nous. On n’a pas pris les vaches îles ». C’est elle qui nous avait parlé dans les milieux humides. On s’en plus de cent cinquante hectares et cent- mais on a pris les terres. Ça s’est passé de la Cordulie à taches jaunes. Elle servait pour la litière des animaux. soixante-dix animaux sur la ferme. Donc voi- comme ça. disait l’avoir vue à la tombée de la On la coupait à la faux et on la là, le développement s’est fait doucement, Alentour, il y a des communes qui ont un peu nuit s’abreuver dans le marais près stockait en meule dans la cour de au fil du temps. Moi, ça fait trente-cinq ans plus de fermes que nous, mais globalement, de l’ancienne station de Galletti, la ferme. que je suis sur la ferme. par commune, il reste peu de fermes. C’est où poussait aussi de la blache. Elle On plantait un poteau et on dispo- L’évolution de l’agriculture, c’est un peu deux, trois fermes, pas plus. Sur le canton, y’a parlait de taches jaunes qui bril- sait la blache tout autour pour for- l’évolution de ma ferme. Il y avait beau- plus de ferme. On est les derniers. » laient dans la nuit, et de feu. Mon mer un dôme, de manière à ce que coup de fermes dans les villages. Ils avaient père m’expliquait alors que la Cor-

Robert Gache, agriculteur à Yenne. Entretien réalisé le 10 mars 2020, par Lucas, Timéo, Lilian, Rapahël, Kassandra et Océane, élèves de 6e au collège Charles Dullin à Yenne. 12 13 Joseph René Meyrieux-Trouet

Clocher 45° 38'′ 38″" nord 5° 46'′ 54"″ est Champagneux

45° 37' 28"″ nord 5° 40'′ 29"″ est « Il n’aime pas la lumière »

Le Murin

Le Murin La maison Clocher, eh ben la voilà, c’est la Ici on est à côté du travail, c’est un appa- On peut imaginer toutes les discussions à oreilles principale du village avec la toiture rouge. reil qui servait à ferrer les bœufs autrefois. qu’il y avait, les canons de vin blanc qu’on à oreilles échancrées, Quand je dis autrefois c’est surtout dans enfilait… il y a assez peu de communes qui par Manon, les années cinquante après la guerre que en ont gardé. Heïdi, Eléa, échancrées tous les gens de la commune venaient là. Emma, Beyza et Maëlyne, Février 2020 Après, l’eau est arrivée sur l’évier, puis le frigo, donc ça a beaucoup changé, mais le lavoir c’est très important.

Nom Murin à oreilles échancrées Localisation connue Champagneux Habitats Sources souterraines, nappes phréatiques, fond de marais

Régime Inconnu Et je me souviens être allé avec La légende du Murin à mon père puiser de l’eau aux Je me rappelle quand j’étais gamin on ve- On comprend bien le relief ici. Il y avait l’épicerie et là derrière il y avait Taille On dit qu’il ferait la taille fontaines de Lion pour arroser nait ici, c’était pas goudronné à l’époque, le café. La grande porte là c’était le café… d’une énorme loutre notre jardin. La source coulait et l’eau, elle faisait remonter les perles on et puis je vous dis on vendait tout, on ven- oreilles échancrées encore. Après il y a eu celle de venait les récolter là. On savait même pas dait les bouteilles de gaz, on vendait les 2003. Mais même là, ça coulait que c’était l’emplacement du cimetière à aliments pour le bétail. On avait la seule et des fontaines de Lion encore. Alors peut-être que cette époque-là. cabine téléphonique de la commune. On Signes particuliers c’est vrai cette histoire de Murin vendait le tabac et tout. Ses deux oreilles n’entendent pas « Les fontaines de Lion on Honorine, y a travaillé dix à oreilles échancrées. En tout les mêmes sons. L’une capte les sons très lointains, l’autre les sons connaissait parce qu’en allant ans. Elle chargeait les ca- cas je ne l’ai jamais vu, mais très proches. Il produit des bulles à la pêche avec mon père, mions de tuiles. C’était un tra- on raconte que les Tarascon- d’eau en ouvrant la gueule. on traversait le pont qui pas- vail très physique. Mon père nais, en arrivant près de cette On raconte que grâce à cette sait au-dessus. « Le pont des lui n’y a pas travaillé long- fontaine, avaient cru voir un faculté, les sources d’eau dans lesquelles on le trouve, ne tarissent fontaines » on l’appelait. On temps. Et donc, quand on lion. Peut-être était-ce à cause jamais. Il a des diamants incrustés passait en vélo. J’avais une di- passait sur le pont, mon père de la mousse qui pousse sur dans sa peau à certains endroits de zaine d’années peut-être. C’est me disait que les fontaines de les arbres autour de la source. son corps. là qu’il m’a parlé du Murin à Lion étaient intarissables et Ils ont cru voir une crinière. À On dit qu’il les trouve sous terre, à de très grandes profondeurs. oreilles échancrées. Mon père que c’était grâce à cet animal, moins qu’ils aient aperçu le Il n’aime pas la lumière et sort très était maçon, il s’appelait Pierre le Murin à oreilles échancrées. Murin… » peu, c’est pourquoi il est extrême- Arnoldi. C’est mon grand-père Pour le Murin, je ne sais pas, ment rare de l’apercevoir. qui est arrivé le premier dans mais en tout cas, de mémoire, Témoignage de M. Jean-Noël Arnoldi, la région. En 1935, il a fait ve- je l’ai toujours vu couler cette habitant de Champagneux, Juin 2020. nir toute sa famille d’Italie. Ça source. Même lors de la séche- embauchait beaucoup à la Tui- resse de 1976. Cette année-là, Alors le bassin. Chaque hameau a un Dans les familles où il y a des chasseurs Quand on arrivait à l’école, la maîtresse lerie de Champagneux. Surtout je rentrais de l’armée et je me lavoir, un bassin, tous faits entre les an- ils les tuaient au fusil et nous on avait faisait l’examen des doigts. Et bien sûr des Italiens. Ma grand-mère, souviens que les fils d’agri- nées 1880 et 1910, ça servait à plusieurs cette habitude, chez nous, je ne sais pas les ongles ils étaient pas toujours impec- culteurs avaient été libérés un choses. L’eau était très pure, on venait pourquoi, c’est de les noyer. Donc on pre- cables. Il y avait un peu de terre ou il y mois plus tôt pour aider leurs chercher l’eau ici. nait un sac de jute, on mettait les petits avait de l’encre, eh ben il fallait venir là. parents à faire les foins, à cause chats dont on voulait se débarrasser de- de la sécheresse justement. dans, on mettait un caillou et on les met- tait là-dedans. 14 15 Et maintenant ? Les intervenants Nous voici désormais à mi-chemin de cette résidence dans l’Avant- Pays Savoyard. Forts de cette première année d’interventions, de rencontres et d’échanges avec celles et ceux qui habitent et ani- ment ce territoire, il nous a semblé nécessaire d’associer à notre démarche un public plus large et plus divers. Nous avons ainsi fait le choix, pour cette deuxième année, de nous rapprocher de trois La méthode de travail structures locales, avec lesquelles nous explorerons des théma- tiques propres à l’Avant-Pays Savoyard. Pour cela, nous inviterons / Invitation à participation tout un chacun à participer, selon ses envies et ses disponibilités. Le but étant quant à lui toujours le même : rassembler et produire de manière collective des textes, dessins, sons, photos, archives… Nous investirons chaque lieu et leurs thématiques durant deux semaines. qui composeront, au terme de cette résidence, un Atlas sensible Pendant la première, nous sillonnerons le territoire, rassemblant ainsi des du territoire. témoignages, des archives, rencontrant des personnes et des structures ressources. Durant cette première période, chacun pourra venir à notre rencontre, nous contacter pour nous apporter son expérience, son envie ou son savoir à propos des thèmes abordés. Lors de la deuxième semaine, nous proposerons des ateliers à destination Les contacts pour s'inscrire et s'informer du plus grand nombre. C’est en effet à ce moment-là que, fort de toute la matière collectée précédemment, nous produirons ensemble à la fois des JULIA PINGET ALEXIS JACQUAND HUGO MONTERO textes, des dessins, des images et des sons à travers des ateliers d'écriture CARTES POSTALES SONORES BESTIAIRE MARCHES CONTÉES  Mail : [email protected] et de dessin, des temps de création photographique ou sonore, qui vien-  Tel : 04 82 53 49 74 dront former cet Atlas sensible de l’Avant-Pays Savoyard. Julia Pinget a étudié l’histoire, le cinéma puis Alexis Jacquand est artiste et réalisateur. Hugo Montero est cinéaste et anthropo- le cinéma documentaire à Marseille, au sein Après 5 ans d’études d’arts plastiques à logue, diplômé d’un master Européen d’an- du Master « Métiers du film documentaire ». l’école des Beaux-Arts de Valence, il s’oriente thropologie sociale et culturelle, lui ayant Dans son travail, elle s’intéresse à l’histoire vers le cinéma documentaire au sein du permis d’étudier en Suède (Stockholm Uni- des lieux et à l’habiter en tant qu’expérience Master 2 « Documentaire de création » de versity) et en Slovénie (Ljubljana University). sensible. Elle questionne les différentes Lussas. A travers ses deux films documen- Il mène une thèse, au sein de l’ENTPE (École Les lieux de résidence et leurs thématiques Lieux & dates strates du paysage en tant que révélateur taires, Sous nos pas (réalisé en 2014) et Vers Nationale des Travaux Publics de l'État) au d’histoires visibles ou enfouies. ce lieu enfoui (réalisé en 2020), il explore des LAET (Laboratoire Aménagement Écono- Entre 2014 et 2018, elle réalise son premier liens organiques entre l’homme et l’animal, mie Transports) depuis 2019, intitulée « Mar- long métrage documentaire : Une place au par les rapports étroits et sensibles qu’ils en- cher la ville en surchauffe : L’adoption de la 01 — HABITER LE TERRITOIRE Association Vivre Ici Ensemble soleil, dans lequel s'intéresse à des familles tretiennent avec les paysages, qu’ils soient marche en milieu urbain au prisme du chan- (AVIE) à La Bridoire, populaires qui viennent camper chaque été façonnés, habités ou traversés. gement climatique » s’intéressant aux mobi- Dans le sud de l’Avant-Pays, autour de La Bridoire, Saint-Béron et Verel-de-Montbel, nous nous intéresserons Maison de la vie locale, sur une plage de Camargue. Entre 2013 et 2017, il travaille comme per- lités pédestres des habitants de quartiers à ce qu’habiter ce territoire veut dire. Comment on s’y déplace, et pour quelles raisons, comment le territoire est 35 place de la Résistance En parallèle, elle participe à la programma- chiste-opérateur-son sur le film d’Antoine de Lyon et de Madrid et de leurs transfor- desservi, traversé, coupé par ses grands axes. Cela nous amènera à questionner les voies de communications pas- 73520 La Bridoire tion du festival Les Inattendus, à Lyon. Elle Dubos, Exils adolescents et le film d’Anaëlle mations lors des vagues de chaleur. Il utilise sées, présentes et futures. Nous interrogerons aussi ce qui fait communauté, et quels sont les liens qui rassemblent anime avec eux des ateliers vidéo ama- Godard, Au jour le jour, à la nuit la nuit. Il co- dans son travail différents medias (vidéos, ses habitants. Cela nous mènera vers le tissu associatif, culturel et sportif dense du territoire. Enfin, en allant à la Semaine 1 : du 02 au 07 nov. 2020 teurs en collaboration avec la réalisatrice réalise également avec la réalisatrice sonore photographies, enregistrements sonores) rencontre des habitants, notamment ceux des HLM de La Bridoire, nous interrogerons les raisons pour lesquelles Semaine 2 : du 21 au 28 nov. 2020 Anna Roussillon et participe en 2013 à une Péroline Barbet, des courts métrages pour dans l’objectif de redessiner la relation entre on élit l’Avant-Pays Savoyard comme lieu de vie. résidence de création cinématographique des expositions au sein des musées Ga- le chercheur et son « terrain » et parvenir à en collaboration avec la réalisatrice Barbara dagne de Lyon et du musée Dauphinois à une co-construction de ce dernier. De plus, Vey dans la Vallée de la Chimie. Grenoble. à l’aide de ces outils, il souhaite parvenir à Avec l’association Service Compris, en 2015, Depuis 2009, il a participé à des expositions évoquer des couches du réel qui peuvent 02 — « LES TERRES DU MILIEU » elle conduit un projet éditorial de valorisation collectives d’artistes plasticiens, et travaillé être difficile à aborder, et cela notamment patrimoniale : Histoire d’un lieu, mémoire des sur des courts métrages animés expérimen- dans le domaine sensible. Ce petit clin d’œil à Tolkien pour désigner cette partie du territoire qui, de Saint-Pierre-d’Alvey à Traize, en passant Bibliothèque de Traize hommes, sur l’histoire industrielle et humaine taux, qui s’inscrivent dans une veine docu- Pour le projet ATLAS, il conduit les marches par ou encore , se loge au cœur de l’Avant-Pays Savoyard. Sa situation La Chapelle-Saint-Martin Meyrieux-Trouet Chef lieu — 73170 Traize d’une ancienne papeterie. mentaire, plus particulièrement sur la ques- contées, accompagnant des habitant.e.s sur en altitude, son aspect plus sauvage et inaccessible, son caractère rural et quelque peu isolé du reste du territoire Elle mène également un travail de création tion de l’exode et de la migration. des lieux emblématiques du territoire, et lui confère-t-il une identité particulière ? Au-delà de sa géographie, c’est aussi la part de mythes, de croyances et Semaine 1 : du 25 au 30 janv. 2021 sonore, sous la forme radiophonique, en réa- Depuis 2014, il participe à la programmation convoquant ainsi leurs souvenirs et anec- de légendes sur laquelle nous souhaitons travailler. Au sein de ces reliefs accidentés, de ces vallées aux rivières Semaine 2 : du 20 au 27 fév. 2021 lisant de courts documentaires pour Radio du festival Les Inattendus à Lyon, et collabore dotes. encaissées, de sa toponymie, survivent encore certains de ces récits pouvant paraître d’un autre temps mais qui Campus Besançon. régulièrement avec Melissa Cascarino, dan- continuent de donner corps à son identité actuelle. En 2020, elle termine After Work, son deu- seuse, pianiste et chorégraphe au sein de la

xième long métrage documentaire qui traite compagnie Velvet Blues, pour des créations des mutations du travail et de la disparition et des captations vidéo. 03 — VIVRE AVEC LE RHÔNE du monde industriel. En parallèle, il intervient régulièrement Pour le projet ATLAS, Julia Pinget conçoit comme réalisateur en milieu scolaire (lycées, À l’est du territoire, le long du Rhône, de Champagneux à , c’est le lien fort et parfois tourmenté avec le Bibliothèque de Champagneux et réalise entre autre les cartes postales et collèges et écoles primaires) pour accompa- fleuve que nous explorerons. Autrefois pourvoyeur de travail à travers l’agriculture et les usines installées à proxi- 151 place de la Tuilerie autres objets sonores. gner les élèves a la réalisation de films courts : mité, son aménagement a profondément changé le rapport et les usages que les habitants entretiennent avec le 73240 Champagneux essai, fiction, documentaire et animation. fleuve. Garde-t-il malgré tout, d’une manière différente, cette dimension populaire ? Reste-t-il ce lieu de villégiature Pour le projet ATLAS, il intervient plus parti- prisé pour sa nature particulière ? À travers l’histoire de la construction du barrage et la vie de la Guingette d’hier à Semaine 1 : du 29 mars au 03 avr. culièrement sur la pratique du dessin et de aujourd’hui, la re-naturalisation des berges et la ViaRhôna, nous interrogerons les nouveaux usages, les nouvelles 2021 la prise de vue. perceptions du fleuve et du paysage qui l’entoure. Semaine 2 : du 17 au 24 avr. 2021

16 17 Remerciements

Syndicat Mixte de l'Avant-Pays Savoyard Alice Desbenoit Christophe Maurel Anne Dupont Mélanie Arrivé La résidence Atlas se déroule dans le cadre de la convention Lise Estragniat territoriale d’éducation artistique et culturelle, soutenue par la Ecoles DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Cécile Evrard Evelyne Debay le Conseil Départemental de la Savoie, le Syndicat Mixte de Laure Combet l’Avant-Pays Savoyard et les communautés de communes du Val Marie-Pierre Pellissier de Guiers, de Yenne et du Lac d’Aiguebelette. Collège Charles Dullin (Yenne) Thierry Gaboriau Catherine Wiedemann Tiphanie Kopac Les élèves de 6e (2019-2020), et tout particulièrement la classe de 6e Moreau Centre de loisir Les Marmousets Françoise Szarek Les Inattendus Nathalie Pienoz Maison de la Dent du Chat Marie-Cécile Masson Nadine Chevalard Les Inattendus est une association de création et de diffusion au- Musée Galletti diovisuelles créée en 1995 à Lyon. Elle rassemble des réalisateurs, Joëlle Perrier Gustin des artistes plasticiens, des programmateurs et des producteurs. Catherine Val Guiers Ado Fred Grosjean-Vernizeau LA CRÉATION Laurent Laurent Association À la découverte du Au sein d’ateliers de création et de pratique audiovisuelles : captations passé de La Bridoire sonores, réalisations de films collectifs, créations plastiques et photogra- Annie-Claire Bovagnet-Pascal phiques, nous proposons à différents publics (scolaires, habitants…) des Gilbert Perrot-Minnot espaces d’expérimentations en lien avec leur environnement. Hélène Locatelli Le Cesam LA DIFFUSION Sandra Terrien Edith Grienay Par l’organisation de projections et d’un festival biennal, Les Inattendus Association Mnémosyne cherchent à promouvoir la richesse et la diversité de la création cinéma- Jean-Pierre Blazin tographique en soutenant des films audacieux, rares et singuliers, qui se Georgette Glandut démarquent des normes en vigueur et qui par là ont peu d’opportunités Edition La Fontaine de Siloé de diffusion. Jacques Bourdon Conservatoire d’espaces NOS PRINCIPES ARTISTIQUES naturels de Savoie Manuel Bouron  Produire des images et des sons de manière collective et Christine Garin participative ; ONF Antoine Barnier  Appréhender cette production de manière transversale en mêlant Sylvain Ducruet plusieurs pratiques artistiques ; Christophe Fauge Vincent Reynaud  Mener une réflexion sur les fonctions artistiques, culturelles et Laurent Roudet sociales de l’image. Raphaël Solivers Habitant•es•s Jean-Noël Arnoldi Claudine Bollier Michel Clerc Joseph René Clocher Marie-Thérèse Dantin M. Davier Sébastien Durlin Suzanne Gauthier Robert Gache Crédits Pierre Gerbelot Jean-Luc Guaraldo Page de couverture : Photographie couleur : archive privée ; Romane ; collège Charles Dullin à Yenne. Pascal Guigue Photographie N/B : archives privées collectées par Lola Lecointe (élève au collège Charles Dullin à Yenne) Marguerite Lacombe auprès de Marie-Thérèse Dantin, habitante de La Balme, au hameau Les Bessons. Cartes postales : archive privée ; Timéo ; collège Charles Dullin à Yenne. Collection de cartes postales anciennes Annick Lafond des Archives Départementales de la Savoie [Ref : FRAD073 - 2FI 580] Antoine Leblan 4ème de couverture : Carte postale : collection privée de Gilbert Perrot-Minnot ; La Bridoire. Christian Maljournal Page 5 : Photographie de J-L. Soudan ; archive du SMAPS. Pierre Récoché Page 8 : Carte postale : collection de cartes postales anciennes des Archives Départementales de la Savoie Huguette Reveyron [Ref : FRAD073 - 2FI 6520]. Henri Rey Page 13 : Photographie couleur : archive privée ; Romane ; collège Charles Dullin à Yenne. Michèle Thomas Photographies N/B : archives privées "collectées par Lola Lecointe (élève au collège Charles Dullin à Yenne) Olivier Tompa auprès de Marie-Thérèse Dantin, habitante de La Balme, au hameau Les Bessons . Charles Vianey Page 10 : Cartes postales : collection privée ; Gilbert Perrot-Minnot ; La Bridoire. Jean-Paul Vincent

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