12ème Congrès AFSP

Paris / 9-11 juillet 2013

Appels à communications pour les 64 Sections Thématiques

Date limite commune : 15 octobre 2012 12ème Congrès de l’AFSP 2013 Liste des Sections Thématiques

N° Responsables scientifiques Titre de la ST

1 Anne‐Laure Beaussier US politics and policies in motion : un nouveau regard sur l’Etat Catherine Hoeffler américain Ulrike Lepont Marc Smyrl 2 Jean‐Michel Eymeri‐Douzans « Saisir l’État » à travers ses écrits ordinaires. Enjeux, méthodes Gildas Tanguy et objets 3 Jenny Andersson Gouverner la mémoire, gouverner le futur. Sarah Gensburger Nouvelles perspectives sur l’Etat à partir d’objets « marginaux » 4 Julien Barrier Les politiques de réforme de l’Etat et des services publics : Olivier Quéré une approche par les activités des « cadres intermédiaires » de Jean –Marie Pillon l’administration 5 Mathilde Darley Ce que le genre fait à l’Etat : une ethnographie du contrôle des Gwénaëlle Mainsant déviances 6 Claire Dupuy Politiques publiques et démocratie. Les « policy feedbacks » et Virginie Van Ingelgom les attitudes et comportements politiques 7 Céline Belot Opinion publique et action publique Charlotte Halpern 8 Clémence Ledoux Impôt et politiques publiques Julie Pollard 9 Xabier Itçaina L’économie sociale et solidaire et les territoires du politique : Nadine Richez‐Battesti vers un dialogue interdisciplinaire 10 Renaud Payre Sociologie politique des agendas. Guillaume Marrel Emploi du temps, activité quotidienne des acteurs Laurent Godmer politiques et gouvernement des territoires 11 Samina Mesgarzadeh Regards croisés sur les catégorisations ethnoraciales : action Jonathan Miaz publique et mobilisations en contextes nationaux 12 Jacobo Grajales La terre et le politique : de la construction de l’État aux Stellio Rolland mobilisations sociales 13 Nicolas Rio Prospective et action publique Pauline Prat 14 Selma K. Sonntag Gouverner les langues Nuria Garcia 15 Monika Steffen Markets and Health. Quels enjeux nationaux et internationaux ? Holly Jarman Quelle régulation politique ? 16 Vincent Gayon Sociologie des politiques économiques : état des lieux et Benjamin Lemoine perspectives 17 Marc‐Olivier Déplaude Retour sur le gouvernement des risques collectifs : quelle place Nicolas Fortané pour les industriels ? 18 Lucile Maertens Penser la politisation de l’environnement à l’international Géraldine Pflieger 19 Stéphane Cadiou Penser les régimes urbains Gilles Pinson 20 Yann Bérard Vers une sociologie politique des sciences ? Antoine Roger 21 Jean‐Gabriel Contamin L’activité scientifique au prisme de Martine Legris‐Revel l’impératif participatif 22 Gil Delannoi Les procédures de la démocratie. Perspectives pour la théorie Andrei Poama politique et la pratique de la démocratie 23 Isabelle Engeli Agendas publics et réactivité démocratique : une perspective Emiliano Grossman comparée 24 Ludivine Balland Un retour des meetings électoraux ? Les meetings dans la Paula Cossart campagne présidentielle : dispositifs, acteurs et publics 25 Marie Brossier Hérédité et compétition politique : Le paradoxe de la Gilles Dorronsoro transmission familiale du pouvoir politique dans les systèmes politiques concurrentiels 26 Bruno Cautrès L’élection présidentielle de 2012 : quelles permanences et Martial Foucault quelles évolutions des « alignements » électoraux ? 27 Nonna Mayer Le "nouveau" Front national en question Alexandre Dézé 28 Bernard Dolez La coordination des partis et des électeurs dans les systèmes Annie Laurent politiques bipolarisés 29 Julien O’Miel La participation politique des musulmans dans les sociétés Julien Talpin occidentales 30 Frédéric Sawicki Les enseignants, un groupe mobilisé ? Bertrand Geay 31 Charles Girard La représentation politique au‐delà de l’élection. Penser la Samuel Hayat représentation face aux transformations contemporaines de la démocratie 32 David Paternotte Des mouvements en changement : autonomisation, Massimo Prearo institutionnalisation, professionnalisation et transnationalisation des associations LGBT 33 Sandrine Lévêque Affaires sexuelles, questions sexuelles, sexualités Frédérique Matonti 34 Camilo Argibay L’analyse de réseaux comme méthode pour la science Claire Lemercier politique 35 Géraldine Bozec La socialisation politique des enfants : nouvelles approches, Julie Pagis nouveaux enjeux 36 Nicolas Bué La division du travail exécutif : distribution, différenciation et Nicolas Kaciaf appropriation des postes exécutifs 37 Guillaume Courty Les groupes d’intérêt pendant les campagnes électorales. Qui Julie Gervais intervient ? Comment ? Avec quels effets politiques ? 38 Clément Desrumaux Le travail politique orienté vers les médias Jérémie Nollet 39 Hervé Fayat Sociogenèse de l’ordre parlementaire. Processus, Christophe Le Digol configurations et pratiques 40 Gilles Massardier La gouvernance : ouverture démocratique ou pluralisme limité ? Yannis Papadopoulos 41 Jonathan Mendilow Political Finance and Political Corruption Eric Phélippeau 42 Raphaëlle Parizet La « dépolitisation » : registres, processus et interprétations Fabien Desage 43 Laure Neumayer Une échelle parmi d’autres ? La fabrique européenne des Cécile Jouhanneau politiques de réconciliation 44 Sandrine Lefranc Champs transnationaux, enquête transnationale Antoine Vauchez 45 Olivier Nay Organisations internationales et acteurs de la société civile : Delphine Lagrange vers de nouvelles pratiques démocratiques dans l’espace international ? 46 Delphine Lacombe La globalisation à l’aune du genre : vers une sociologie politique Elisabeth Marteu de la promotion internationale des normes égalitaires 47 Delphine Placidi‐Frot Les fonctions symboliques des organisations internationales Franck Petiteville 48 Mélanie Albaret Les diplomaties des pays émergents Delphine Alles 49 Yves Schemeil Puissances émergentes, institutions globales et gestion de crise Clara Egger 50 Johanna Siméant « Plaidoyer » et Advocates. Acteurs et formats internationaux Etienne Ollion des mobilisations 51 Thomas Lindemann L’art comme indice et matrice des conflits armés Frédéric Ramel 52 Didier Bigo Sociologie politique de l’international Laurent Bonelli 53 Amin Allal L’option violente. Combattants et insurgés dans les Olivier Grojean soulèvements populaires 54 David Ambrosetti Praticiens et experts de la sécurité internationale : sociologie Thibaud Boncourt politique d’un espace professionnel 55 Guillaume Gourgues Foucault ou le politiste impossible ? Ouassim Hamzaoui 56 Fabrice Larat Acteurs et généalogie des études européennes (1945‐1992) Michel Mangenot 57 Mathieu Laurent Comment étudier les clubs, les fondations politiques, les think Thibaut Rioufreyt tanks ? 58 David Smadja Cinéma, Film et (Science) politique Laurent Godmer 59 Solenne Jouanneau Observer la laïcité comme répertoire d’action administratif Yann Raison du Cleuziou 60 Arnault Skornicki Une sociologie de la pensée politique est‐elle possible ? Le cas Jérôme Tournadre des (néo)libéralismes 61 Erwan Sommerer Quelle place pour le comparatisme en histoire des idées Jean Zaganiaris politiques et en théorie politique ? 62 Luc Semal Appropriations et prolongements critiques de la Green Political Andrew Dobson Theory 63 Astrid von Busekist Les frontières de la communauté libérale Benjamin Boudou 64 Jean‐Marie Donegani Approches du normatif. La théorie politique entre philosophie Carlo Invernizzi Accetti et sociologie

ST 1 / US politics and policies in motion : un nouveau regard sur l’Etat américain

Anne‐Laure Beaussier (CEPEL, 1) [email protected]

Catherine Hoeffler (CEPEL, Montpellier 1) [email protected]

Ulrike Lepont (CEPEL, Montpellier 1) [email protected]

Marc Smyrl (Denver University) [email protected]

Les années 1990 et 2000 ont été témoins d’évolutions substantielles de l’action publique. On peut citer le changement des politiques sociales, depuis B. Clinton jusqu’à B. Obama, la politique de réduction des recettes fiscales de G. W. Bush, les évolutions de la politique de défense regroupées sous le vocable de « révolution dans les affaires militaires » ou encore, en 2010, la loi de régulation du système financier.

Comment comprendre ces changements quand, jusqu’ici, la plupart des travaux académiques américains invoquaient les blocages institutionnels à l’innovation politique ? Qu’ils soulignaient la résistance au changement des politiques (Pierson, 1994) ? Dans quelle mesure peut‐on encore caractériser le développement des politiques américaines comme incrémental ?

Appréhender ces transformations nécessite d’interroger ces réformes à l’aune de changements qui viennent questionner le fonctionnement du système politique américain.

Ces évolutions passent par des transformations institutionnelles : le renforcement récent de la Maison Blanche, les logiques de polarisation partisanes au Congrès, ou encore la politisation de plus en plus contestée de la Cour suprême. Elles affectent également le cadre des interactions des différents acteurs politiques américains. Elles renvoient ainsi à la polarisation de la vie politique (Brady, Nivola, 2006 ; McCarty, 2007), aux évolutions des formes de mobilisations sociales et électorales (Fiorina, Skocpol, 1999), ou encore au renforcement du mouvement conservateur (Gritchlow, 2009 ; Philipps‐Klein, 2009 ; Zelizer, 2011).

Cette section vise ainsi à faire dialoguer travaux français et internationaux autour de la question des transformations de l’Etat américain analysées sous l’angle des évolutions des politiques publiques et des acteurs politiques. Ce thème fait l’objet de débats parmi la communauté politique américaine, avec par exemple l’approche dite « American political développement » (Orren, Skowroneck, 2004 ; Shapiro, Skowroneck, Galvin, 2006). Il s’agira de questionner la thèse du renforcement paradoxal de l’Etat fédéral (Novak, 2008 ; Jacobs, King, 2009), alors même qu’il n’a jamais été aussi contesté par les élites politiques et l’opinion publique.

Cherchant à réunir le plus largement possible les travaux empiriques portant sur les Etats‐unis, le fil directeur que se donne la S.T. se veut large et intégrateur : il s’agira d’appréhender les transformations du système politique américain par le biais des « politics » et des politiques publiques (« policies »). En effet, un des enjeux principaux de cette S.T. est de réunir les politistes français et étrangers travaillant sur les Etats‐Unis afin

d’encourager les dynamiques communes et de valoriser ces travaux dans les débats internationaux sur les transformations de l’Etat américain1.

Organisation de la section thématique :

La section s’articule autour de deux axes de recherche :

Module 1 : Les transformations des « politics » américaines : une approche par les acteurs. Seront privilégiées ici des études portant sur les évolutions des acteurs de la vie politique américaine dans un sens large : qu’il s’agisse des acteurs institutionnels étatiques (Cour Suprême, Congrès, administration fédérale, etc) ou des acteurs extérieurs à l’Etat (partis politiques, groupes d’intérêts, think tanks, experts, société civile et opinion publique).

Module 2 : Etudier le changement des politiques publiques américaines. Ce module vise à regrouper des communications analysant les évolutions récentes des politiques américaines. Les organisateurs ne privilégient pas un secteur d’action publique en particulier mais seront attentifs au terrain empirique associé à ces recherches.

Cette section thématique privilégiera les communications s’appuyant sur des travaux empiriques de première main. Elle s’adresse à tous les chercheurs : les contributions des doctorants sont les bienvenues. Les organisateurs sont ouverts à toutes les approches et méthodes, mais veilleront à garantir un équilibre d’ensemble.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 1 / US politics and policies in motion: New points of view on the American state

Anne‐Laure Beaussier (CEPEL, Montpellier 1) [email protected]

Catherine Hoeffler (CEPEL, Montpellier 1) [email protected]

Ulrike Lepont (CEPEL, Montpellier 1) [email protected]

Marc Smyrl (Denver University) [email protected]

1 Cette S.T. s’appuie sur des recherches conduites dans le cadre du projet de recherche ANR‐OPERA dirigé par William Genieys (CEPEL, Montpellier 1) (ANR‐08‐BLAN‐0032 : Operationalizing Programatic Elites Research in America, 1988‐2008).

The 1990 and 2000 decades have witnessed significant evolutions in the US public policy: for instance, the redirection of social policies toward workfare from B. Clinton to B. Obama, tax‐reduction policy under G. W. Bush, changes in defence policy designated by the generic expression “revolution in the military affairs”, and in 2010 the federal act regulating the financial sector.

How are we to understand these changes, when most academic works have emphasized institutional hindrances to political innovations in the United‐States, and, more generally, resilience to policy changes has been emphasized (Pierson, 1994)? To what extent is it still possible to characterize American policy development as incremental? Analysing these reforms, which question how the American political system works, is necessary to understand the transformation of the American state.

Indeed, these evolutions imply institutional changes: recent strengthening of the White House, partisan polarization in Congress, and even – which is especially controversial ‐ in the Supreme Court. These influence the interactions between the various American political actors; more broadly, they reflect the polarization of the political life in the US (Brady, Nivola, 2006 ; McCarty, 2007), the evolutions of social and electoral mobilization (Fiorina, Skocpol, 1999), the strengthening of the conservative movement (Gritchlow, 2009 ; Philipps‐Klein, 2009 ; Zelizer, 2011).

This section aims to gather French and international researchers working on the issue of American state transformations with a policy analysis and/or an actor‐centered perspective. This subject is nowadays debated by the American political science community, especially in the context of « American political development » (Orren, Skowroneck, 2004 ; Shapiro, Skowroneck, Galvin, 2006). Its purpose is to question the assumption of the paradoxical strengthening of the federal state (Novak, 2008 ; Jacobs, King, 2009), while it have never been as contested as today by political elites and in public opinion.

In order to gather as widely as possible empirical works on the US, the general subject of the thematic section ‐ analysing the transformations of the American political system from the point of views of politics and policies ‐ is very comprehensive. Indeed, one of the major purposes of the TS is to gather French and foreigner researchers working on the US in order to encourage common collaborations and promote these works in the international debate on the transformations of the American state.2

Organisation of the thematic section:

The section is organized in two axes:

Axis 1: Transformations of American politics: An actor‐oriented approach. This first axis brings together studies on the evolutions of American political actors, defined in a broad way: actors internal to the state (Supreme Court, Congress, federal administration, etc) and external to the state (political parties, interest groups, think tanks, experts, civil society and public opinion).

Axis 2: Analysing changes in American public policy This axis encourages papers that analyse recent evolutions of American public policies. While no particular policy sector is favoured, the quality of the empirical fieldwork will be carefully examined.

This thematic section will favour papers based on “first hand” empirical data. It is open to all researchers, including Ph.D. candidates. All types of approaches are accepted.

Deadline for proposals: 15 october 2012

2 This thematic section is initiated by research financed by the research project ANR‐OPERA, lead by William Genieys (CEPEL, Montpellier 1) (ANR‐08‐BLAN‐0032 : Operationalizing Programatic Elites Research in America, 1988‐2008).

ST 2 / « Saisir l’État » à travers ses écrits ordinaires. Enjeux, méthodes et objets

Jean‐Michel Eymeri‐Douzans (IEP de ‐LaSSP) jean‐michel.eymeri‐douzans@sciencespo‐toulouse.fr

Gildas Tanguy (IEP de Toulouse‐LaSSP) gildas.tanguy@sciencespo‐toulouse.fr

Cette section thématique souhaiterait engager la discussion sur l’une des activités les plus routinières de la « vie de l’État » : les pratiques d’écritures ordinaires. Depuis une quinzaine d’années, nombreux sont les travaux de sociologie, de science politique, d’histoire, de socio‐histoire, d’histoire du droit ou d’anthropologie qui ont réinvesti le champ de l’État, et plus largement des institutions politico‐administratives de gouvernement, embrassant ainsi des dimensions très hétérogènes de l’appareil étatique. L’État, dans toutes ses composantes, est analysé, observé, scruté, disséqué. Ces recherches s’inscrivent dans des perspectives diverses et mobilisent des outils et des méthodes d’enquêtes variés, mêlant les approches et les jeux d’échelles : archives, littérature grise, observation participante, entretiens, prosopographie, questionnaires et statistiques. Mais rares sont les travaux qui analysent et observent l’État à travers ses scènes cachées et ses coulisses. L’écrit ordinaire constitue encore assurément un objet marginal de la sociologie de l’État. Cette section voudrait donc s’interroger sur la place et le rôle de cet objet, le quotidien scriptural, au sein de l’institution‐en‐Majesté qu’est l’État, jetant ainsi les bases d’une anthropologie de l’écriture administrative comme moyen de saisir l’État en action et au concret. En effet, ce que Pierre Legendre appelle à juste titre la « paperasserie administrative » n’est que trop rarement interrogée comme modalité d’actualisation de l’État à l’état de culture, entendue ici, au sens anthropologique du terme, comme une logique propre à l’institution État existant à l’état de système incorporé de pratiques (à la fois façons de dire et façons de faire) commun aux corps administratifs, ces « corporations d’état » d’aujourd’hui qui sont les « Gardiens de l’Etat ». L’on voudrait ainsi jeter les bases d’une anthropologie de l’écriture administrative comme moyen de saisir l’État en action et au concret, c’est‐à‐dire à l’état de « culture en action ».

Cette section transdisciplinaire qui invite des chercheurs travaillant sur des contextes différents, sollicite des contributions autour des deux axes suivants :

1) La première session explorera la nature et le rôle de l’écrit ordinaire comme pratique d’État et plus largement comme dispositif d’institution. Il s’agira en premier lieu de proposer une définition sociologique et une cartographie aussi précise que possible de l’objet « écrit ordinaire de l’État ». Qu’entend t‐on par écrit ordinaire ? A‐t‐il vocation à demeurer confidentiel ? Est‐il toujours dissimulé ? En second lieu, l’on souhaiterait s’interroger sur le statut bureaucratique et juridique de l’écrit ordinaire. Quel rôle joue t‐il dans le processus de décision ? Que nous dit‐il des pratiques administratives et du fonctionnement de l’État ? Qu’est ce que l’ordinaire administratif de l’État ? Que signifie tenir le stylo ? Quelle place juridique occupe t‐il ?

2) La seconde session privilégiera une réflexion sur les enjeux, les difficultés et les méthodes d’une sociologie de l’État à travers ses écrits ordinaires. Se saisir des plis de la routine administrative, c’est d’une certaine manière entreprendre une lecture anthropologique de l’État à partir des traces éphémères et non stabilisées produites par l’institution. Au‐delà des enjeux, cette session essaiera d’identifier les difficultés possibles et probables pour sortir les écrits de leur indexicalité et de leur oubli – notamment à l’ère du numérique – à travers une série d’interrogations sur l’accès, l’archivage, la conservation des données et se penchera aussi sur les méthodes efficientes pour déchiffrer et faire parler ces écrits souvent inintelligibles sans un cadrage exogène et contextuel des documents.

Les communications écrites (40 à 50 000 signes) devront être remises à l’avance et seront discutées.

Les propositions (une à deux pages indiquant un titre, la problématique générale du propos et le terrain accompagnée d’une courte notice biographique) sont à envoyer à deux responsables scientifiques de la ST : jean‐michel.eymeri‐douzans@sciencespo‐toulouse.fr gildas.tanguy@sciencespo‐toulouse.fr

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Les auteurs mentionneront à titre indicatif la session pour laquelle ils font une proposition.

ST 3 / Gouverner la mémoire, gouverner le futur1. Nouvelles perspectives sur l’Etat à partir d’objets « marginaux »

Jenny Andersson (CNRS / CEE Paris) jenny.andersson@sciences‐po.org

Sarah Gensburger (CNRS / ISP) [email protected]

Depuis quelques années, le concept d’Etat ‐ longtemps laissé de côté par la science politique au profit, par exemple, de la notion de politiques publiques ‐ donne lieu à des réflexions théoriques renouvelées. Cette proposition de section thématique s’inscrit dans ce mouvement. Elle choisit cependant de le faire en plaçant la focale sur des objets empiriques situés à la marge tant de l’action publique que de son étude. Elle fait ainsi le pari que ce décalage peut permettre de voir différemment les transformations contemporaines de l’Etat. En première apparence, la “mémoire” et le “futur” sont en effet deux objets situés à la marge du politique. Ils ont jusqu’ici peu retenu l’attention des spécialistes de la gouvernance et du pouvoir. Leur marginalité permet pourtant de mettre en relief les limites, et donc les mécanismes, de l’action publique. Aujourd’hui comme hier, les Etats, dans leur diversité, ont mis en place des dispositifs multiples (des discours aux institutions) destinés à gouverner les représentations du passé comme du futur. Cette section thématique entend ainsi prendre au sérieux ces dispositifs pour faire de l’analyse de leurs genèses, de leurs fonctionnements et de leurs évolutions, une étude de cas de la gouvernance. En abordant de manière croisée ces deux domaines d’action publique, cette section a ainsi l’ambition d’éclairer d’un jour nouveau des questions théoriques centrales telles que la manière dont des objets de gouvernance deviennent des catégories d’action publique ou la manière dont des formes légitimes d’expertise, d’instruments ou d’institutions peuvent émerger dans des domaines qui apparaissent à la fois intangibles (le passé) et controversés (le futur par essence non advenu). L’étude des formes de gouvernement de la mémoire ou du futur constitue ainsi un lieu particulièrement pertinent à partir duquel poser la question de la légitimité du pouvoir politique. Elle offre également un terrain privilégié pour cerner plus avant le changement de la rationalité de la puissance publique et la nouveauté de la gouvernance multi‐ niveaux qui est censée le caractériser. Ce second axe de réflexion amène enfin à s’interroger sur la nature politique de ces politiques « de la mémoire » et « du futur ». Proposer ces nouveaux objets à la science politique permet ainsi de s’interroger sur l’évolution des fondements du pouvoir politique pour considérer la question centrale de la « dépolitisation » et de son corollaire la « politique » dépolitisante. Il s’agit d’éprouver la thèse aujourd’hui répandue selon laquelle le développement, décrit comme récent, de politiques symboliques viendrait compenser la perte d’effectivité du pouvoir politique. Cette interrogation sur les fondements du pouvoir politique et de la « dépolitisation » amène simultanément à réfléchir sur l’échelle à laquelle ce pouvoir s’exerce effectivement. Au croisement des objets, des disciplines – de l’histoire à l’anthropologie ‐ et des temporalités, cette section thématique souhaite enfin réfléchir aux implications méthodologiques qu’implique la construction de tels objets de recherche. Là encore, loin des secteurs de politique publique constitués, la marginalité des gouvernements de la mémoire et du futur, tant pour l’action publique que pour la science politique, permet en effet d’innover d’un point de vue méthodologique et conceptuel. Cette section thématique a donc également une ambition épistémologique revendiquée.

1 Si elle en est institutionnellement indépendante, cette section thématique se nourrit des travaux collectifs en cours au sein du programme ERC Starting Grant « Futurepol. Une histoire politique du futur : création de savoir et gouvernance du futur de 1945 à 2010 » (Sciences Po) et du Labex « PP. Passés dans le Présent » (Université Paris Ouest Nanterre). Les organisatrices invitent donc à la soumission de contributions de science politique mais également d’autres disciplines, comme l’histoire ou l’anthropologie, traitant de cette thématique : à savoir le rôle de la temporalité, du passé et du futur, dans l’action publique, les formes d’expertise permettant de rendre gouvernables des catégories telles que mémoire ou futur, et la dimension symbolique et politique des objets « dépolitisés ». Des développements sur les méthodologies et les corpus mobilisés comme la présentation de travaux comparatifs sont également encouragés.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 4 / Les politiques de réforme de l’Etat et des services publics : une approche par les activités des « cadres intermédiaires » de l’administration

Julien Barrier (Triangle – ENS ) julien.barrier@ens‐lyon.fr

Jean‐Marie Pillon (IDHE ‐ Paris Ouest Nanterre) [email protected]

Olivier Quéré (Triangle – IEP Lyon) olivier.quere@sciencespo‐lyon.fr

L’objet de cette session est de contribuer à l’analyse des recompositions contemporaines de l’Etat et des services publics, en plaçant la focale sur la dimension « constituante » des activités des agents administratifs, c'est‐à‐dire la façon dont ils contribuent à « donner forme », à réguler et à structurer le fonctionnement des administrations (Bezes et Join‐Lambert 2010). La plupart des travaux se sont penchés sur le rôle des hauts fonctionnaires dans la conception des « réformes » administratives (Rouban 2010), ou sur les transformations du travail des agents directement impliqués dans la fourniture de services à des usagers (Dubois 2010). Nous proposons ici de nous intéresser aux activités des agents que l’on peut qualifier provisoirement de « cadres intermédiaires » de l’administration. Nous désignons ainsi les fonctionnaires qui occupent des positions hiérarchiques intermédiaires, par exemple des fonctions de « supervision » et « d'encadrement de proximité » (e.g. responsable d’équipe, chef de service), ou des « fonctions support » (e.g. contrôle de gestion, ressources humaines), comme ils sont qualifiés au sein des administrations. L’un des enjeux de la session sera d’éprouver l’intérêt analytique de cette catégorie. Celle‐ci peut néanmoins constituer un bon point de départ pour mettre en lumière le rôle de tout un segment des chaînes d’acteurs, pour l’instant peu étudié, des rouages de l’administration. Or, par analogie avec les travaux sur les firmes soulignant le rôle pivot des middle managers dans l’articulation entre orientations stratégiques et enjeux opérationnels (Floyd et Wooldridge 1997), nous avançons l’hypothèse selon laquelle ces acteurs jouent un rôle crucial en faisant « exister » les administrations, dans leurs reconfigurations comme dans leurs routines. Par leur activité, ils peuvent ainsi contribuer à la traduction et à la médiation des multiples initiatives de réforme qui travaillent quotidiennement les administrations publiques depuis maintenant près d’un demi‐ siècle. En effet, c’est précisément à ces agents qu’il revient de déployer et de mettre en forme de nouveaux dispositifs, discours et pratiques, pour leur donner une traduction opérationnelle. Ainsi, du fait de leur position, ces acteurs sont potentiellement plus directement confrontés que leurs supérieurs hiérarchiques aux éventuels effets pervers et contradictions de ces réformes. Simultanément, ces initiatives peuvent leur offrir des opportunités pour affirmer des capacités d’action nouvelles et asseoir des légitimités professionnelles. Autrement dit, l’étude de ces acteurs est susceptible de fournir un point d’observation original pour saisir finement les ressorts des mutations – et des permanences – de l’administration.

En privilégiant la présentation de résultats issus d'enquêtes empiriques au sein d’administrations publiques – entendues dans un sens large1 – les communications pourront s’articuler autour de deux grands axes, non exclusifs, de questionnement. Il s’agira d’abord de s’interroger sur la façon dont ces acteurs investissent – et se trouvent investis par – de nouveaux dispositifs réglementaires ou outils de gestion, mais aussi les discours et les postures rhétoriques du « management » : - Dans un contexte marqué par un mouvement de recentralisation des fonctions stratégiques au sommet des administrations, jusqu’à quel point ces acteurs constituent‐ils des « courroies de transmission » des initiatives portées par leur hiérarchie ? Cherchent‐ils au contraire à traduire dans un langage proprement « professionnel » et à se réapproprier ces initiatives ? - Symétriquement, en quoi leur proximité avec les agents directement impliqués dans la fourniture de services à des usagers peut‐elle affecter la façon dont ils interprètent, traduisent et opérationnalisent ces initiatives ? On pourra également chercher à mettre en évidence les modalités, les contradictions et les déterminants de cet investissement : - De quelle manière les formations professionnelles – initiales ou continues – encadrent‐elles les savoirs, savoir‐faire et savoir‐être que ces acteurs mobilisent quotidiennement ? - De même, les réformes de l’administration ouvrent‐elles – ou non – des opportunités de construction de nouveaux savoirs, pratiques et juridictions professionnelles ? En retour, comment ces opportunités donnent corps à ces réformes ?

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Références Bezes, P. et Join‐Lambert, O., 2010. « Comment se font les administrations ». Sociologie du Travail 52 (2) p. 133‐ 150. Dubois, Vincent. 2010. « Politiques au guichet, politiques du guichet » In : Borraz & Guiraudon (dir.) Politiques publiques 2, Paris, Presses de Science Po. Rouban, L., 2010. « Les élites de la réforme ». RFAP (136) pp. 865–879. Floyd, S. W. et Wooldridge, B., 1997. “Middle management’s strategic influence and organisational performance”. Journal of Management Studies, 34 (3) p. 465–85.

1 Services de l’Etat, collectivités territoriales, organisations publiques et parapubliques.

ST 5 / Ce que le genre fait à l’Etat : une ethnographie du contrôle des déviances

Mathilde Darley (CNRS‐Centre Marc Bloch) [email protected]‐berlin.de

Gwénaëlle Mainsant (IRIS‐EHESS) [email protected]

Cette section thématique s’intéresse à la régulation étatique des déviances envisagée au prisme du genre. Elle s’inscrit au carrefour de trois champs de recherche féconds dans la science politique française, mais dont les avancées ont été peu mises en perspective : le contrôle des déviances, l’ethnographie de l’Etat et l’action publique appréhendée dans sa dimension genrée. Il s’agira ici d’éclairer, à partir d’observations ethnographiques, la manière dont le genre travaille les interactions entre les street level bureaucrats et leurs publics. En renseignant les pratiques d’ordonnancement et de qualification des populations contrôlées (Lipsky, 1980 ; Dubois, 1999 ; Weller, 1999 ; Spire, 2008 ; Serre, 2009), ces interactions mettent en effet au jour les mécanismes par lesquels certaines personnes ou groupes en viennent à être qualifiés (ou se qualifier) de « déviants » (Darley et al., 2010). Si elle s’inscrit dans la lignée des travaux cherchant à appréhender « par le bas » la fabrique étatique de l’ordre social, cette section invite à penser la relative gender blindness des analyses portant sur le contrôle des déviances. La perspective de genre est certes venue ces dernières années enrichir les questionnements de nombreux travaux francophones sur l’action publique, mais ces derniers ont principalement porté sur les politiques publiques directement conçues pour produire des effets sur les rapports sociaux de sexe, par exemple en matière de parité homme/femme (Lépinard, 2007 ; Bereni, Revillard, 2007), de lutte contre les violences faites aux femmes (Lieber, 2008), ou encore de conditions d’accès au marché de l'emploi (Laufer et al., 2003). Si cette sociologie de l’action publique pose ainsi la question de ce que l’Etat fait au genre, elle laisse généralement dans l’ombre ce que le genre fait à l’Etat. Dans le champ particulier des recherches sur les déviances, différents auteurs ont mis au jour la dimension genrée du contrôle, et notamment le traitement différencié des déviances féminines (Parent, 1998 ; Cardi, 2007 ; Cardi, Pruvost, 2011). Le caractère sexué des pratiques de contrôle reste malgré tout peu étudié ‐ ainsi, le fait que le travail policier consiste en un « contrôle des hommes par les hommes » demeure toujours un impensé de la sociologie de la police. Les propositions de communication (1500 signes) viseront donc, à partir d’observations ethnographiques des interactions entre agents institutionnels et populations cibles, à élargir la focale d’analyse à la dimension genrée non seulement de la déviance elle‐même, mais aussi des acteurs de son contrôle (voir Malochet, 2007 ; Mainsant, 2008). Ce faisant, il s’agira de renseigner ce que le genre fait aux représentations et aux formes d’exercice et/ou de contournement du contrôle, et de questionner ainsi l’existence de modalités sexuées du contrôle des déviances.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie indicative

Bereni L., Revillard A., « Des quotas à la parité : La cause de la représentation politique des femmes dans l’Etat (1974‐2007) », Genèses, n°67, 2007, p. 5‐23. Cardi C., « Le contrôle social réservé aux femmes : entre prison, justice et travail social », Déviance et société, vol. 31, n°1, 2007, p. 3‐23. Darley M., Gauthier J., Hartmann E., Mainsant G. (dir.), « L’Etat au prisme du contrôle des déviances : plaidoyer pour une approche ethnographique », Déviance et société, vol. 34, n°2, 2010. Dubois V., La vie au guichet. Relation administrative et traitement de la misère, Paris, Economica, 1999. Laufer J., Maruani M., Marry C., Le travail du genre. Les sciences sociales à l’épreuve des différences de sexes, Paris, La Découverte, 2003. Lépinard E., L'égalité introuvable, la parité, les féministes et la République, Paris, Presses de Sciences po, 2007. Lieber M., Genre, violence et espaces publics. La vulnérabilité des femmes en question, Paris, Presses de sciences Po, 2008. Lipsky M., Street‐Level Bureaucracy. Dilemmas of the Individual in Public Services, New York, Russell Sage Foundation, 1980. Mainsant G., « L’Etat en action : classements et hiérarchies dans les investigations policières en matière de proxénétisme », Sociétés contemporaines, vol. 4, n°72, 2008, p. 37‐57. Malochet G., « Des femmes dans la "maison des hommes". L’exemple des surveillantes de prison », Travail, Genre et Sociétés, n°17, 2007, p. 105‐121. Parent C., Féminisme et criminologie, Bruxelles, PUM/PUO/De Boeck Université, 1998. Serre D., Les coulisses de l’Etat social. Enquête sur les signalements d’enfant en danger, Paris, Raisons d’Agir, 2009. Spire A., Accueillir ou reconduire. Enquête sur les guichets de l’immigration, Paris, Raisons d’Agir, 2008. Weller J.‐M., L’Etat au guichet. Sociologie cognitive du travail et modernisation administrative des services publics, Paris, Desclée de Brouwer, 1999. ST 6 / Politiques publiques et démocratie. Les « policy feedbacks » et les attitudes et comportements politiques

Claire Dupuy (ISPOLE/ Université catholique de Louvain) [email protected]

Virginie Van Ingelgom (ISPOLE/ Université catholique de Louvain) [email protected]

Comment les politiques publiques affectent‐elles, de manière générale, le rapport des citoyens à la politique ? Cette question, directement tirée de l’analyse classique selon laquelle « new policies create new politics », est au cœur de la section thématique. Centrée sur la notion de « policy feedback », celle‐ci vise à explorer comment l’action publique des gouvernements affecte, en retour, les citoyens1. Si les rapports entre opinion publique et politiques publiques restent encore largement sous‐étudiés, l’attention s’est jusqu’à présent davantage, même si timidement, centrée sur les modalités par lesquelles les citoyens influencent le contenu des politiques publiques (ces rapports sont explorés plus spécifiquement par la ST 7). Afin de caractériser ces modalités d’influence, les recherches ont été consacrées à l’étude de la représentation et des mobilisations des partis politiques, des mouvements sociaux ou des groupes d’intérêt. Les policy feedbacks sur les citoyens, en revanche, ont été beaucoup moins étudiés (Mettler & Soss, 2004; Soss & Schram, 2007). On ne dispose encore que de connaissances parcellaires sur les ressources que l’action publique peut fournir aux individus et sur les mécanismes par lesquels elles favorisent leur intérêt pour la politique et leur participation politique (Campbell, 2003; Lynch, 2006), sur les effets de légitimation du système politique ou de la démocratie que l’action publique génère (Dupuy & Van Ingelgom, 2012; Ervasti, Andersen, Fridberg, & Ringdal, 2012; Huseby, 1998), ou encore sur les mécanismes par lesquels les messages sur la communauté politique que les politiques publiques véhiculent jouent sur les comportements politiques et sur la construction des identités politiques (Mettler, 2005). Travailler aujourd’hui à l’étude empirique des policy feedbacks sur les citoyens engage un certain nombre de questions d’ordre analytique et méthodologique que la section thématique se propose d’explorer. ‐ On s’interroge d’abord sur ce que sont les policy feedbacks. La littérature est relativement peu claire sur cette question. Les travaux qui leur ont été initialement consacrés les définissent comme les effets des politiques publiques sur la structuration des attitudes et des comportements politiques. Ils sont observables sur une période relativement longue, et sont véritablement transformatifs. La recherche de Suzanne Mettler sur la G.I. Bill est exemplaire de cette démarche (Mettler, 2005). Elle montre comment cette loi qui a ouvert aux soldats de la Seconde Guerre mondiale l’accès à l’enseignement supérieur et à l’enseignement professionnel a profondément accru leurs sentiments civiques et leur participation politique, électorale et non électorale. Certains travaux plus récents comprennent les policy feedbacks de manière plus large. Ils les définissent comme la réaction d’individus ou de groupes sociaux à des politiques publiques. En contribuant à l’analyse du soutien que le système génère, ces analyses s’inscrivent dans la perspective de David Easton, et analysent par exemple comment des changements dans la générosité des politiques sociales affectent le soutien à la démocratie (Kumlin, 2012). A l’aune de terrains empiriques, il va s’agir d’examiner les avantages heuristiques de chacune de ces positions, ainsi que leur potentiel explicatif. ‐ On s’interroge ensuite sur les conditions et les mécanismes producteurs des policy feedbacks. La littérature existante s’accorde pour souligner qu’il ne suffit pas qu’une politique publique soit développée et mise en œuvre pour qu’elle produise un effet retour. Soss et Schram s’attachent à distinguer les conditions dans lesquelles une politique publique peut exercer cet effet. Ils mettent l’accent sur la visibilité de la politique et sa proximité aux citoyens (Soss & Schram, 2007). Certaines recherches proposent de distinguer plusieurs mécanismes explicatifs des policy feedbacks (Mettler & Welch, 2004; Pierson, 1993). Elles distinguent en

1 Les policy feedbacks sur les bureaucraties ou les groupes d’intérêt ont, pour leur part, été précisément explorés, en particulier par les travaux du néo‐institutionnalisme historique (e.g. Pierson, 1994, 2001; Weaver, 2010). En effet, ils peuvent s’exercer sur les organisations ou sur les individus (Pierson, 1993). particulier l’effet par les ressources et l’effet interprétatif2. Mais il reste à explorer si ces deux mécanismes sont les seuls à rendre compte des policy feedbacks. ‐ Enfin, on s’interroge sur les méthodes d’étude des policy feedbacks. La plupart des travaux sur la question repose sur le traitement de données de sondage. Mais quel serait l’apport des méthodes qualitatives à l’étude des policy feedbacks ? Un certain nombre de travaux francophones mobilisant des méthodes qualitatives apportent des éléments très fructueux à l’analyse des policy feedbacks, sans toutefois nécessairement mobiliser cette notion (Dubois, 2010; Duchesne, 2012; Warin, 2010). On s’interrogera donc sur les apports de chacune de ces méthodologies à l’analyse des policy feedbacks.

Les communications attendues doivent contribuer à l’analyse de l’une ou plusieurs de ces trois questions. Si les politiques sociales ont classiquement été au centre de l’analyse des policy feedbacks, l’étude d’autres politiques sera grandement appréciée. Enfin, les communications centrées sur les citoyens en général ou sur certains groupes de bénéficiaires seront les bienvenues.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Campbell, A. L. (2003). How Policies Make Citizens. Senior Political Activism and the American Welfare State. Princeton: Princeton University Press. Dubois, V. (2010). Politiques au guichet, politique du guichet. In O. Borraz & V. Guiraudon (Eds.), Politiques publiques, 2. Paris: Presses de Sciences Po. Duchesne, S. (2012). National Identification, Social Belonging and Questions on European Identity. In R. Friedman & M. Thiel (Eds.), European Identity & Culture: Narratives of Transnational Belonging: Ashgate. Dupuy, C., & Van Ingelgom, V. (2012). Policy Feedback and Multi‐Level Legitimacy. The Exploratory Case of Belgium. Paper presented at the 19th Conference of the Council for European Studies/ ECPR Joint Sessions, Boston/ Antwerp. Ervasti, H., Andersen, J. G., Fridberg, T., & Ringdal, K. (Eds.). (2012). The Future of the Welfare State. Social Policy Attitudes and Social Capital in Europe: Edward Elgar Publishing. Huseby, B. M. (1998). Attitudes Towards the Size of Government. In O. Borre & E. Scarbrough (Eds.), The Scope of Government (pp. 87‐117). Oxford: Oxford University Press. Kumlin, S. (2012). Policy Feedback in Political Context: Unemployment Benefits, Elections Campaigns, and Democratic Satisfaction. Paper presented at the Paper presented at the ECPR Joint Sessions, University of Antwerp. Lynch, J. F. (2006). Pension Inequality and Pension Policy Preferences in Europe: Self‐Interest, Policy Feedbacks, or None of the Above? Council for European Studies Working Paper. Mettler, S. (2005). Soldiers to Citizens. The G.I. Bill and the Making of the Greatest Generation. New York: Oxford University Press. Mettler, S., & Soss, J. (2004). The Consequences of Public Policy for Democratic Citizenship. Bridging Policy Studies and Mass Politics. Perspectives on Politics, 2(1), 55‐73. Mettler, S., & Welch, E. (2004). Civic Generation: Policy Feedback Effects of the GI Bill on Political Involvement over the Life Course. British Journal of Political Science, 34(3), 497‐518. Pierson, P. (1993). When Effect Becomes Cause. Policy Feedback and Political Change. World Politics, 45(4), 595‐628. Pierson, P. (1994). Dismantling the Welfare State? Reagan, Thatcher, and the Politics of Retrenchment. Cambridge: Cambridge University Press. Pierson, P. (Ed.). (2001). The New Politics of the Welfare State. Oxford: Oxford University Press. Soss, J., & Schram, S. (2007). A Public Transformed? Welfare Reform as Policy Feedback. American Political Science Review, 101(1), 111‐127. Warin, P. (2010). Les politiques publiques face à la non‐demande sociale. In O. Borraz & V. Guiraudon (Eds.), Les politiques publiques, 2. Paris: Presses de Sciences Po. Weaver, K. R. (2010). Paths and Forks or Chutes and Ladders? Negative Feedbacks and Policy Regime Change. Journal of Public Policy, 30(2), 137‐162.

2 L’effet par les ressources décrit “how resources and incentives provided by policies shape patterns of behaviour” et l’effet interprétatif renvoie à “how policies convey meanings and information to citizens” (Mettler & Welch, 2004, p. 500).

ST 7 / Opinion Publique et Action publique

Céline Belot (CNRS‐PACTE, ) celine.belot@sciencespo‐grenoble.fr

Charlotte Halpern (FNSP‐PACTE, Grenoble) [email protected]

Pourquoi s’intéresser aux relations entre opinion publique et action publique ? Cette question semble d’autant plus légitime qu’il s’agit de deux objets traditionnellement étudiés séparément, par des sous‐ discipline distinctes de la science politique (respectivement la sociologie politique et l’analyse des politiques publiques). S’inscrivant dans une perspective de renouvellement des hypothèses de travail sur la relation entre policies et politics, l’objectif de cette section thématique (ST) est de s’inscrire à la croisée de ces deux traditions de recherche pour interroger l’articulation entre, d’une part, l’opinion publique, entendue rapidement comme « les jugements et perceptions de la majorité de la population » (Siméant, 2008, 363) et l’action publique, appréhendée à partir des formes de régulation de l’action collective résultant de l’activité d’une pluralité d’acteurs, publics et privés, agissant conjointement dans des interdépendances multiples et à différentes échelles (Commaille, 2010, 599). Alors que les réponses apportées dans la littérature se caractérisaient par leur approche essentiellement normative et fonctionnaliste de cette relation (Wlezien, Soroka, 2007, 800), des approches plus pragmatistes ont été développées ces dernières années à partir du constat d’un usage de plus en plus courant des enquêtes d’opinion par les gouvernants. La question du « Who leads whom ?» (Canes‐Wrone, 2006) a ainsi permis d’interroger les usages différentiés des données d’opinion dans la mise sur agenda, la prise de décision, mais aussi le discours politique. Quel que soit le point de départ de l’analyse, celui de la demande ou celui de l’offre, les différentes approches identifiées dans la littérature se rejoignent sur deux points : la nature circulaire de la relation entre opinion publique et action publique d’une part, et le caractère mutuellement contraignant de ces deux pôles d’autre part. Pour autant, encore peu d’études proposent d’analyse de manière fine et précise les mécanismes de ce jeu d’influence réciproque.

Cette ST a pour objet d’explorer, dans le cadre de deux sessions, l’étude de la relation entre opinion publique et action publique à partir de trois séries de questionnements. Tout d’abord un questionnement sur la stabilisation des concepts. La difficulté à lier les travaux consacrés à l’opinion et ceux relatifs à l’action publique nous paraît pour partie découler de problèmes de compréhension entre sous‐disciplines, en raison de la difficulté à se retrouver autour d’une acception commune de certains concepts – opinion publique, publics, action publique. Ensuite, un questionnement méthodologique pour réfléchir aux stratégies collectives à mettre en œuvre pour résoudre les problèmes liés à la prise en compte de la dimension temporelle dans la relation entre opinion publique et action publique, à l’absence de données ou de bases de données longitudinales et au caractère schématique de certains indicateurs privilégiés pour mesurer les effets de l’opinion publique sur l’action publique, tel notamment celui des dépenses publiques. Enfin, un questionnement autour des enjeux analytiques. Il s’agira de saisir comment les opinions et les jugements sont intégrés dans des registres de justification, de légitimation et de labellisation qui structurent l’élaboration et la mise en œuvre de l’action publique, à la fois en tant que contraintes et opportunités, et comment en retour l’action publique, dans ses différentes dimensions (substantielle, procédurale, symbolique), produit des comportements spécifiques et affecte les opinions et les représentations sociales.

Les textes pourront porter sur différents enjeux, en particulier, sociaux, urbains, « sécuritaires », la politique étrangère, l’éducation ou encore l’environnement. L’objectif de la section thématique est ainsi de permettre de dépasser des cloisonnements sous‐disciplinaires, épistémologiques et méthodologiques. Les réflexions engagées seront menées en lien étroit avec la ST 6 (policy feedbacks et attitudes et comportements politiques). Les propositions de communication qui croiseront l'étude empirique originale d'un cas concret avec une réflexion analytique et/ou méthodologique seront privilégiées. Les travaux comparatifs, entre types de données, types d’action publique et/ou systèmes politiques, sont particulièrement bienvenus. Ces textes (35.000 signes) auront été envoyés au préalable aux organisatrices et discutants.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

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ST 8 / Impôt et politiques publiques

Clémence Ledoux (Université de Nantes) clemence.ledoux@sciences‐po.org

Julie Pollard (Université de Lausanne) [email protected]

Largement investi par les juristes et les économistes, l’impôt peut sembler technique et difficile à appréhender par la science politique. Pourtant, les questions fiscales sont capitales pour les politiques publiques et leur analyse. Les décisions en matière de fiscalité sont porteuses de choix politiques, économiques et sociaux, qui renvoient à des questions de justice sociale, de redistribution et d’efficacité économique (Leroy, 2010). L’impôt tisse des liens entre l’individu et la société, entre le contribuable et l’État (Martin, Mehrotra, & Prasad, 2009). L’objectif de cette section thématique est de (re)considérer l’instrument fiscal comme une entrée stimulante pour travailler sur l’action publique, et notamment sur le lien entre les politiques publiques et leurs bénéficiaires. Constituant un thème important chez certains fondateurs de la science politique, comme Alexis de Tocqueville, l’impôt fait plutôt figure d’objet délaissé dans les recherches de science politique française actuelles, alors même que la sociologie, l’histoire, l’économie et le droit s’y intéressent de manière croissante. Aux Etats‐Unis, les différences entre les systèmes fiscaux nationaux font l’objet d’une attention soutenue depuis plus longtemps (Steinmo, 1993) et les travaux plus récents sur les dépenses fiscales – c'est‐à‐dire les différentes exemptions d’impôt – ont renouvelé l’étude des welfare state (Howard, 1997; Hacker, 2002). L’impôt est crucial pour l’analyse des politiques publiques, aussi bien dans ses fondements et mécanismes de collecte, que dans les actions et dispositifs visant à s’y soustraire. A travers ces deux dimensions, la section thématique vise à étudier comment l’impôt nous renseigne sur les transformations de l’action publique – et participe à celles‐ci.

(1) La collecte de l’impôt comme fondement des politiques publiques. La première session de travail renverra aux questions de financement de l’action publique. Travailler sur l’impôt est une manière d’aborder les choix – et leurs significations et implications politiques – d’instruments et de techniques de financement des dépenses publiques. Ainsi, dans les pays bismarckiens, le financement de la protection sociale par la cotisation sociale régresse au profit de l’impôt. Comment interpréter cette transformation ? Comment positionner le recours à l’impôt par rapport au financement par la dette et par l’inflation ? En quoi l’évolution des différents types d’impôts informe‐t‐elle sur les transformations de l’action publique? Réfléchir sur la collecte de l’impôt peut également se faire « par le bas » : à travers les relations au guichet, qui construisent la confiance dans la relation fiscale, ou à travers les révoltes fiscales (Delalande & Spire, 2010). Ces éléments renseignent sur les conditions du consentement à l’impôt et sur les fondements de l’Etat fiscal.

(2) Les dépenses fiscales comme instrument de politiques sociales et économiques. La deuxième session de travail s’attachera à l’évitement de l’impôt comme principe de politique publique. A travers les exemptions, dérogations et avantages consentis par la puissance publique, il s’agira d’explorer différents enjeux autour des dépenses fiscales. Depuis les travaux fondateurs de C. Howard et J. Hacker (Howard, 1997; Hacker, 2002), les dépenses fiscales ont été davantage prises en compte pour évaluer l’ampleur des politiques publiques (Gilbert, 2010). Cette approche peut alors permettre de modifier l’analyse faite de certaines politiques publiques car les dépenses fiscales se différencient fortement des dépenses budgétaires dans leurs objectifs, dans les publics qu’elles visent, et dans leur évaluation (Ledoux, 2011; Pollard, 2011). Cette progression des dépenses fiscales renvoie à une transformation majeure dans certains secteurs d’action publique (comme les politiques sociales et environnementales). Comment la qualifier ? Signale‐t‐elle l’existence d’un Etat qui inciterait plus qu’il n’allouerait ? Alors que la dépense fiscale est souvent caractérisée par sa moindre visibilité par rapport aux dépenses budgétaires, les conditions de sa mise en visibilité et de son évaluation pourront également être interrogées.

Les communications mobilisant un matériau comparatif, dans le temps et/ou dans l’espace, sont vivement encouragées.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Références bibliographiques Delalande, N., & Spire, A. (2010). Histoire sociale de l'impôt. Paris: la Découverte. Gilbert, N. (2010). « Comparative Analyses of Stateness and State Action: What Can we Learn from Patterns of Expenditure ? » In United in diversity ? : Comparing social models in Europe and America, Oxford : Oxford University Press, Vol. 1, pp. 133‐145. Hacker, J. S. (2002). The divided welfare state : the battle over public and private social benefits in the United States. New York: Cambridge University Press. Howard, C. (1997). The hidden welfare state : tax expenditures and social policy in the United States. Princeton, N.J.: Princeton University Press. Ledoux, C. (2011). L’Etat‐providence et les mondes professionnels : la construction politique des métiers féminisés d’intervention dans la sphère privée. Une comparaison ‐République fédérale d’Allemagne depuis les années 1970. Doctorat en Science Politique, Centres d'études européennes, Sciences Po. Leroy, M. (2010). L'impôt, l'État et la société : la sociologie fiscale de la démocratie interventionniste. Paris: Économica. Martin, I. W., Mehrotra, A. K., & Prasad, M. (2009). The new fiscal sociology : taxation in comparative and historical perspective. Cambridge ; New York: Cambridge University Press. Pollard, J. (2011). « L'action publique par les niches fiscales. L'exemple du logement ». In P. Bezes & A. Siné (Eds.), Gouverner (par) les finances publiques. Paris: Sciences Po Les Presses. Steinmo, S. (1993). Taxation and democracy : Swedish, British, and American approaches to financing the modern state. New Haven ; London: Yale University Press.

ST 9 / L’économie sociale et solidaire et les territoires du politique : vers un dialogue interdisciplinaire

Xabier Itçaina (CNRS‐Centre E. Durkheim Sciences po – European University Institute Florence) [email protected]

Nadine Richez‐Battesti (Aix‐Marseille Université‐LEST CNRS) nadine.richez‐battesti@univ‐amu.fr

La crise économique globale a soulevé des interrogations sur les modèles de développement économiques dominants et donné une visibilité nouvelle à des expériences souvent perçues comme alternatives ou marginales. Regroupées sous les vocables parfois concurrents d’« économie sociale », « économie sociale et solidaire » (ici ESS), « tiers secteur », « entreprises sociales », ces expériences partagent a minima une identité en tant qu’« organisations productrices de biens et services qui ne sont pas constituées sur le principe de la maximisation du profit » (Laville, 2000). Qu’on les définisse par leurs statuts (coopératives, associations, mutuelles, fondations), par leurs pratiques ou par leurs secteurs (commerce équitable, microfinance, insertion, services à la personne mais également agriculture, artisanat, logement, crédit, etc.), les « entreprises associatives » (Demoustier, 2001) constituent des exemples de compromis institutionnels participatifs marqués en valeurs. Pourtant, leur dimension politique n’a été abordée jusqu’ici que de façon marginale.

La ST entend approfondir le dialogue interdisciplinaire en la matière, en particulier entre sociologie économique et sociologie politique. Celui‐ci a été amorcé dans quatre domaines. Le premier concerne la dimension idéologique de l’ESS. Les entreprises associatives entendent articuler valeurs coopératives et efficience économique. Ces valeurs reposent historiquement sur des matrices idéologiques plurielles : marxisme, anarchisme, démocratie participative, christianisme social, régionalismes, etc. Les coopératives ont pu ainsi constituer l’expression institutionnalisée de cultures politiques territoriales, comme dans la Troisième Italie. Du fait de ces matrices territoriales, l’ESS a pu se greffer à des mouvements sociaux, voire contribuer à générer des espaces sociaux à vocation contestataire. Dans le même temps, la réticence d’un secteur du mouvement ouvrier à l’égard de formules entrepreneuriales jugées réformistes voire dépolitisées est toute aussi attestée. La deuxième direction de recherche concerne la mise en œuvre des dispositifs de participation. Moins outillés sur ce plan que les économistes, les politistes peuvent cependant repérer la mise en pratique des principes d’ESS : démocratie interne, échelle limitée des salaires, redistribution limitée des excédents, réserves impartageables, liberté d’adhésion, hybridation des ressources. Cette interrogation doit être croisée avec les controverses sur l’efficience socio‐économique de l’ESS (gouvernance partenariale vs. actionnariale, problèmes d’incitation et de coordination, innovations organisationnelle et territoriale). Troisièmement, plusieurs recherches se sont penchées sur l’articulation de l’ESS et des politiques territoriales. L’impératif participatif a pu associer acteurs publics, privés et « privés sociaux » dans une approche partagée de la gouvernance territoriale et de l’ESS. Cette congruence doit cependant être interrogée. Enfin, l’un des antidotes contre toute vision idéalisée du champ consiste à croiser les approches territoriales de l’ESS avec des analyses sectorielles en termes de jeux d’échelles des politiques publiques et de l’action collective. Quel est, par exemple, le travail politique effectué par la coopération agricole pour s’adapter à l’européanisation de son cadre d’action publique ? L’ESS viendrait ainsi illustrer la proposition de Jullien et Smith (2008) en faveur d’une analyse d’économie politique des firmes à partir des ordres institutionnels sectoriels.

Le repérage du politique dans l’ESS ouvre ainsi un champ de contributions potentielles autour de quatre questions :

Quel enrôlement politique de l’ESS ? Comment le pluralisme des sources idéologiques de l’ESS se traduit‐il en termes d’enrôlement politique de l’ESS, à l’échelle des mouvements sociaux, des partis, des élites politiques, des syndicats ou des groupes d’intérêts?

Quelle mise en œuvre des principes dans la gouvernance interne de l’ESS ? Comment articuler un questionnement sur les dispositifs participatifs dans le travail et la controverse sur l’efficience économique de la firme d’ESS ? La distinction entre secteurs marchand et non marchand de l’ESS est‐elle toujours pertinente ici ?

Quelles territorialités de l’ESS ? Loin de postuler une territorialité spontanée de l’ESS, l’observation des dynamiques d’ESS doit être réintégrée dans les jeux de complémentarité, coopération ou concurrence propres aux constructions territoriales. Quels sont les formes que prend l’institutionnalisation de l’ESS en tant que secteur d’action publique territoriale ?

Quel est l’impact des politiques publiques sectorielles sur les dynamiques d’ESS ? Comment considérer les jeux d’échelles en matière de régulation des secteurs, du local à l’Europe, afin de saisir ce que le politique fait à l’ESS et réciproquement ?

Les contributions internationales et comparatistes seront particulièrement bienvenues, tout comme les études de cas consacrées à la France.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 10 / Sociologie politique des agendas. Emploi du temps, activité quotidienne des acteurs du politique et gouvernement des territoires

Laurent GODMER (EEP – Université Paris‐Est Marne‐la‐Vallée) laurent.godmer@univ‐paris.est.fr

Guillaume MARREL (LBNC – Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse) guillaume.marrel@univ‐avignon.fr

Renaud PAYRE (Triangle – Science Po Lyon) renaud.payre@sciencespo‐lyon.fr

Rarement saisie sous l'angle de sa quotidienneté dans une perspective scientifique, le travail politique concret des divers professionnels qui en vivent, peut faire l'objet d'une approche ethnographique. Celle‐ci peut commencer par la constitution d'un corpus de sources largement sous‐utilisées en science politique : les agendas personnels des acteurs du politique. Cette section vise à rassembler et évaluer les expériences d'analyse du politique testées par des chercheurs d'horizons divers, à partir de l'exploitation expérimentale du contenu d'agendas mis à leur disposition. Elle s'inscrit donc dans le sillage d'une démarche ethnographique de suivi d'acteurs (élus, collaborateurs, administrateurs, experts etc.). L’emploi du temps est ici considéré comme un point d’entrée empirique d'une grande richesse, qui permet d’étudier finement les modalités de gouvernement des territoires politiques. Dans une perspective à la fois empirique et méthodologique, les propositions pourront aborder tout ou partie des quatre éléments de cadrage suivant : Les historicités de l’emploi du temps en politique L’agenda est cet instrument individuel ou collectif de gestion et de domestication du temps qui peut servir à l’objectivation de la construction temporelle du leadership. Son étymologie renvoie à l’inscription des affaires d’une église, puis par extension à celle des affaires du royaume. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’agenda a encore un usage rétrospectif. C’est un mémorandum où on écrit ce que l’on a fait. Au milieu du XIXe siècle, l’agenda devient le régulateur de l’existence, l’instrument de la planification de l’avenir. Ce moment correspond à une transformation des formes de communication, notamment des déplacements sur le territoire. En politique, il renvoie également à l’ouverture des marchés électoraux et aux transformations de la conquête des mandats. L’agenda contemporain est un bien souvent un agenda électronique et partagé dont l’usage est encore plus systématique. L’agenda – restitué dans son historicité – aide ainsi à penser ensemble transformations du métier politique, innovation technologique et gestion du temps, dans une meilleure compréhension de la construction des territoires politiques et des réseaux d'action publique. L'objectivation de l’emploi du temps quotidien des acteurs politiques Saisir la politique par sa quotidienneté, c'est d'abord recenser les différentes manières d'objectiver la succession des activités, l’enchaînement des rendez‐vous et des réunions, les déplacements qui constituent le quotidien des différents acteurs politiques. L'objet‐agenda constitue a priori la source principale de cette démarche, sous les diverses formes matérielles qu'il recouvre, des simples carnets aux iCal embarqués sur smartphone. Mais l'objectivation de l'emploi du temps d'acteurs publics suppose de s'interroger sur la variété des sources « agenda », des méthodes et des outils mobilisables (analyse de contenu, analyse statistique, analyse de réseau, cartographie, entretiens et récits de vie, observation participantes et suivis ethnographiques...), et des conditions d'accès à ces informations, selon les périodes et les acteurs observés. Le champ politique saisi par des emplois du temps variés Les agendas des professionnels de la politique attestent les logiques de différenciation des multiples acteurs du politique : élus locaux, nationaux ou européens, collaborateurs, permanents des partis politiques, militants, fonctionnaires de l'Etat déconcentrés et des collectivités territoriales, consultants, experts, journalistes politiques etc. Mais l'agenda permet aussi d'objectiver la construction de l’ubiquité ou de la disponibilité, de la professionnalisation ou de la rationalisation de pratiques quotidiennes des différentes catégories d’acteurs. L’entrée par l’agenda autorise à rendre compte de la variété des activités des acteurs politiques (spécificité des élus cumulants, choix d’une stratégie davantage locale, nationale ou partisane...) au‐delà de leur apparente homogénéité. L’étude de l’emploi du temps des élus par exemple conduit à distinguer ainsi entre des élus pratiquant une rationalisation de leur travail (par une professionnalisation de l’agenda) et les élus qui, au contraire, préservent une dimension « floue » dans la gestion de leur activité. L’agenda est donc un analyseur inégalable de l’activité des décideurs politiques, puisqu’il donne à voir les modalités précises du « management » de la ressource limitée et précieuse qu’est le temps. Les usages politiques de l’agenda L'agenda n'est pas un simple instrument neutre et fonctionnel. S'il participe manifestement de la rationalisation et de l'optimisation des usages du temps en politique, il fait également l'objet d'usages plus latents. La section sera l'occasion d'en éprouver quelques uns relevant notamment de la collectivisation et de la managérialisation du travail politique (articulation des agendas individuels et collectifs, agenda‐reporting), du travail de maillage des territoires (agenda‐réseau et agenda‐géolocalisation), ou encore de la communication politique (agenda‐présentation‐de‐soi communiqué à la presse ou mis en ligne sur les blogs personnels, ou encore conservés pour la rédaction des mémoires). Les organisateurs de cette section thématique attendent des propositions de communications faisant montre d’une attention particulière à l’empirie. Les monographies portant sur les usages du temps et de l’agenda par des acteurs politiques spécifiques, du passé et du présent, seront ainsi les bienvenues. Elles devront notamment contribuer à mettre en valeur les usages différenciés par des acteurs de type différent (au niveau local, régional, national, européen voire international) de leur agenda. Les études portant sur l’univers politique lato sensu sont privilégiées. Enfin, les communications qui seraient consacrées à une démarche comparative, en particulier dans un contexte international seront appréciées.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 11 / Regards croisés sur les catégorisations ethnoraciales : action publique et mobilisations en contextes nationaux

Samina Mesgarzadeh (ETT/ ENS/EHESS ; CRAPUL/IEPI, Université de Lausanne) [email protected]

Jonathan Miaz (CRAPUL/IEPI – GSPE‐PRISME, Universités de Lausanne et de Strasbourg) [email protected]

Les catégorisations ethnoraciales peuvent constituer un enjeu majeur dans l’analyse de l’action publique et de la forme prise par certaines mobilisations (mouvements sociaux, associations, syndicats, etc.) dans des contextes nationaux contrastés. Les catégorisations ethnoraciales sont appréhendées en sociologie de l’action publique à partir de terrains portant sur les politiques d’immigration et d’asile dans différents pays européens (Spire, 2008; Jubany, 2011; Darley, 2010), le système de protection sociale aux USA (Lens et Cary, 2010), les caisses d’allocation familiales (Eberhard, 2001) et de travaux sur la police en France notamment (Fassin, 2011). Elles suscitent l’attention tant pour leur implication dans la construction d’un problème public que pour leur mise en œuvre. À cet égard, les auteurs observent par exemple des traitements et des décisions administratives différenciés selon les catégorisations forgées. En sociologie des mobilisations, la question des catégorisations ethnoraciales se pose à deux niveaux. Premièrement, certains politistes s’interrogent sur les conditions de possibilité d’un cadrage « racial » des mobilisations en lien avec les contextes nationaux (Célestine, 2009) dans une approche ethnographique ‐ boycott opposant « Afro‐Américains » et « Coréens » aux USA (Kim, 2000) ‐ ou dans un questionnement sur les transformations du contexte politique en France (Escaffré‐Dublet et Simon, 2009 ; Bereni et Jaunait 2009). Deuxièmement, au prolongement des travaux américains sur l’intersectionnalité, des chercheurs s’interrogent sur le rôle des catégorisations ethnoraciales dans la construction ou la fragmentation des groupes mobilisés, un enjeu soulevé par l’émergence du féminisme noir (Dorlin, 2007). L’objectif de cette section thématique est de décloisonner les réflexions sur les processus de catégorisations ethnoraciales à partir de questions transversales à la sociologie de l’action publique et la sociologie des mobilisations. Trois axes seront discutés :

1. Comment les catégories ethnoraciales sont‐elles construites dans l’action publique et les mobilisations ? Observe‐t‐on des circulations, des réappropriations ou des redéfinitions de ces catégorisations dans ces différents espaces ? Du point de vue de la construction de catégories ethnoraciales, on peut penser à des processus de catégorisations liés à la construction d’un problème public impliquant agents de l’action publique et/ou groupes mobilisés. Ces catégorisations ethnoraciales peuvent être explicites (dans les politiques d’affirmative action aux USA) ou implicites (« réfugiés » (Noiriel 1997), « immigrés », « étrangers » ; autant de catégorisations qui véhiculent un certain rapport au « national »). Le rôle du droit dans ce processus constitue aussi un angle d’attaque fécond.

2. Comment les catégories ethnoraciales s’actualisent‐elles sur différents terrains de l’action publique ou de mobilisations ? D’une part, on interroge la manière dont les pratiques des agents (fonctionnaires, « street‐level bureaucrats » ; dirigeants, adhérents et bénéficiaires d’associations, porte‐paroles, militants et sympathisants de mouvements sociaux) et les interactions (p. ex : interaction entre un fonctionnaire et un usager ou d’un permanent juridique avec un travailleur) participent à la construction ou à la redéfinition de ces catégorisations. D’autre part, à partir d’enquêtes de terrain, on interroge ce que ces catégorisations « font » à l’action publique ‐ dans les relations de guichet (Spire, 2008 ; Eberhard, 2001), dans le travail quotidien des « street‐level bureaucrats » (Lipsky, 2010) ‐ et aux mobilisations ‐ divisions ethnoraciales au sein des collectifs et leurs transformations dans le cours des mobilisations (Chauvin, 2009) ; concurrence entre causes (p. ex entre lutte syndicale et droit des immigrés et sans‐papiers (Plein droit, 2011). Enfin, on peut se demander dans quelle mesure les catégorisations ethnoraciales structurent les prises de rôle et les manières de les tenir dans les institutions et les mouvements sociaux.

3. Un dernier axe portera sur les questions méthodologiques et épistémologiques soulevées par l’observation et l’écriture sur les catégorisations ethnoraciales. Qu’observe‐t‐on concrètement ? En quoi nos propres catégories et shèmes de perception influent‐ils sur le repérage des catégorisations sur le terrain ? Comment passer des catégorisations observées à l’écriture (Mazouz, 2008)?

Les contributions peuvent s’inscrire dans l’un de ces axes ou en aborder plusieurs de manière transversale. Afin de favoriser la comparaison entre sous‐disciplines et contextes nationaux, les papiers ancrés dans des enquêtes de terrain précises seront privilégiées.

Les propositions de contributions (2 pages au maximum) comportant une présentation de la problématique, du terrain étudié et du protocole d’enquête doivent être adressées aux organisateurs ([email protected]; [email protected]) au plus tard le 15 octobre 2012.

Bibliographie sélective

Bereni, Laure et Alexandre Jaunait, « Usages de la diversité (Editorial) », Raisons politiques, 35, 2009, pp. 5‐10. Brotherton, David C. et Kretsedemas, Philip (eds.), Keeping Out The Other. A Critical Introduction to Immigration Enforcement Today, New York, Columbia University Press, 2008. Célestine, Audrey, Mobilisations collectives et construction identitaire. Le cas des Antillais en France et des Portoricains aux Etats‐Unis, Thèse de science politique sous la direction de Denis Lacorne, IEP‐Paris, 27 novembre 2009. Chauvin, Sébastien, « The Political Ethnography of Critical Processes : Describing Disruption in a Multiethnic Labour Group », Ethnographeast IV Conference, Leiden, The Netherlands, June 25‐27. Darley, Mathilde, « Le pouvoir de la norme. La production du jugement et son contournement dans les lieux d'enfermement des étrangers », Déviance et Société, n° 34, 2010, pp. 229‐239. Dorlin, Elsa, Black Feminism. Anthologie du féminisme africain‐américain. 1975‐2000, Paris, L’Harmattan, 2007. Eberhard, Mireille, « Catégorisations ethnico‐raciales au guichet », Cahiers du Cériem, n° 8 déc. 2001. Escaffré‐Dublet, Angéline et Patrick Simon, « Représenter la diversité en politique : une reformulation de la différence et de l’égalité par la doxa républicaine », Raisons politiques, 35, 2009, pp. 125‐142. Fassin, Didier, La force de l'ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris: Editions du Seuil, 2011. Jubany, Olga, « Constructing truths in a culture of disbelief: Understanding asylum screening from within », International Sociology, n° 26, 2011, pp. 74‐94. Kim, Claire, Jean, Bitter Fruit: The Politics of Black‐Korean Conflict in New York City, New Haven, CT, Yale University Press, 2000. Lens, Vicky et Colleen Cary, « Negotiating the discourse of race within the United States welfare system », Ethnic and Racial Studies, n° 33, 2010, pp. 1032‐1048. Lipsky, Michael, Street‐Level Bureaucracy. Dilemmas of The Individual in Public Services, New‐York, Russell Sage Foundation, 2010 (1980) Mazouz, Sarah, « Les mots pour le dire. La qualification raciale de l’enquête de terrain à l’écriture », in Fassin, Didier, Bensa, Alban, Les politiques de l’enquête. Epreuves ethnographiques, Paris : Bibliothèque de l’Iris, coll. Recherche, 2008, p. 81‐98. Noiriel, Gérard, « Représentations nationale et catégories sociales. L’exemple des réfugiers politiques », Genèses, Année 1997, Volume 26, Numéro 1, pp. 25‐54. Palidda, Salvatore (ed.), Racial Criminalization of Migrants in the 21st Century, Farnham, Ashgate Pulblishing Ltd., 2011. “Etrangers, syndicats: “Tous ensemble”?”, Plein droit, n°89, 2011. Spire, Alexis, Accueillir ou reconduire. Enquête sur les guichets de l'immigration. Paris: Raisons d'agir, 2008. Spire, Alexis, Etrangers à la carte. L'administration de l'immigration en France (1945‐1975), Paris: Editions Grasset & Fasquelle, 2005. Wacquant, Loïc, « For an analytic of racial domination », Political Power and Social Theory, 11, 1997, pp. 221‐234. Wimmer, Andreas, « The Making and Unmaking of Ethnic Boundaries : A Multilevel Process Theory », American Journal of Sociology, 113, 4, 2008, pp. 970‐1022. ST 12 / La terre et le politique : de la construction de l’État aux mobilisations sociales

Jacobo Grajales (CERI‐Sciences Po) jacobo.grajaleslopez@sciences‐po.org

Stellio Rolland (EHESS) [email protected]

Au cours de la dernière décennie, plus de 230 millions d’hectares de terres arables ont été achetés ou loués en Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud‐Est par des acteurs économiques transnationaux et par des agences gouvernementales ayant reçu pour mission de couvrir un besoin alimentaire. Il s’agit d’une transformation majeure, bien qu’elle ne soit pas totalement nouvelle et qu’elle emprunte des éléments aux modes d’exploitation (néo)coloniaux. La nouveauté se trouve dans les mécanismes de contrôle de la terre et dans ses récits de justification, ainsi que dans le contexte de l’économie globale du néolibéralisme.1 Ces transformations touchent à la fois les pays producteurs et les marchés internationaux.2 De nouveaux enjeux internationaux tels que le souci de garantir la sécurité alimentaire et l’intérêt croissant pour les agro‐ carburants ont alimenté la flambée internationale des prix agricoles et la ruée vers la terre dans les pays du Sud.3

Les conflits qui se nouent autour des questions de propriété, d’accès et de contrôle de la terre ne peuvent s’appréhender uniquement à travers le prisme de l’échange rationnel. Au contraire, il est nécessaire d’interroger la dimension sociale et politique de la terre et de recourir à l’économie morale pour comprendre pleinement les enjeux des conflits fonciers. Cette section thématique vise à interroger la façon dont les mutations du marché de la terre à l’échelle globale participent à la reconfiguration des rapports de pouvoir et de citoyenneté dans les sociétés du Sud. Nous proposons deux axes de réflexion, le premier, centré sur les politiques publiques et la construction de l’État et le second, centré sur les mobilisations sociales et les processus identitaires.

1. La construction de l’État et les politiques de la terre

Les conflits fonciers participent au processus de formation de l’État. C’est le cas lorsqu’il rencontre la recherche d’autonomie des communautés locales, d’autant plus lorsque l’étatisation est synonyme de l’insertion des terres dans un marché globalisé. L’appropriation de terres liée aux agro‐industries, mais aussi celle liée à la conservation des forêts et autres espaces protégés, limite et structure l’accès des populations rurales aux ressources naturelles. Il ne s’agit donc pas seulement pour l’État d’attester des droits de propriété sur la terre, mais aussi de réguler l’accès aux biens communs qui lui sont associés, tels quel l’eau ou l’air. Ainsi, par la régulation des droits d’utilisation de ces ressources limitées, l’État s’inscrit dans un territoire et définit des régimes de citoyenneté.

Les conflits fonciers participent également à la reconfiguration des relations entre l’État et le marché. Ils font clairement apparaître l’interpénétration entre le milieu administratif, la classe politique et le secteur des agro‐ industries dans certains pays émergents – en Amérique latine notamment. De même, les conflits fonciers valorisent le rôle des « courtiers » qui lient le milieu de l’agro‐industrie mondialisée avec celui des dirigeants des gouvernements du Sud.

1 Christian LUND, Nancy PELUSO. New frontiers of land control. Journal of Peasant Studies. octobre 2011, vol. 38, n4. 2 Saturnino BORRAS, Jennifer FRANCO. Global Land Grabbing and Trajectories of Agrarian Change: A Preliminary Analysis. Journal of Agrarian Change. janvier 2012, vol. 12, n1. 3 Voir le rapport de la Banque Mondiale : Klaus DEININGER, Derek BYERLEE. Rising global interest in land. Can it yield sustainable and equitable benefits? Washington : The World Bank, 2011.

Enfin, l’étude du lien entre appropriation de terres et formation de l’État nécessite également que l’on s’intéresse aux récits (narratives) qui se construisent autour de cette « ruée vers la terre ». Il s’agit notamment des récits sur la crise mondiale de l’approvisionnement en nourriture et sur la nécessaire « révolution verte » qui doit répondre aux besoins croissants en matières agricoles. Ces récits s’opposent à des récits concurrents et contra‐hégémoniques, tels que ceux sur la décroissance ou sur les droits des peuples autochtones.

2. Les mobilisations sociales et les demandes de citoyenneté

L’objectif du deuxième axe de réflexion sera d’examiner la mise en place de logiques d’action collective autour de thématiques foncières. Il s’agira d’analyser l’émergence d’un socle de revendications transnationales autour des droits des paysans. Comment certaines mobilisations sociales sont‐elles nées autour de conflits fonciers ? Quels sont les répertoires d’action, les revendications, les réseaux et les acteurs mobilisés dans le domaine du foncier, notamment au niveau des communautés locales ? Quelles sont les stratégies déployées par ces réseaux d’action pour s’opposer à l’appropriation massive de terres par différents acteurs, et notamment par le secteur agro‐industriel ? Quelle est la place du répertoire juridique qui fait de la reconnaissance des droits de propriété le socle de la citoyenneté paysanne ?

L’étude de ces mobilisations foncières vise à décrire leur participation à la production des identités sociales et des formes de citoyenneté et d’appartenance émergeant au niveau des communautés locales. Quelles sont les relations de connivence, ou au contraire les tensions entre, d’un côté, les acteurs de la société civile et de l’autre, les administrations étatiques ? Quel est le rôle de l’accès à la propriété de la terre dans les modes de production citoyenne, politique et identitaire ?

Enfin, il faudra déterminer quels sont les acteurs transnationaux qui participent à la formation de thématiques globalisées sur les questions foncières. Quels ont été les processus d’émergence de certaines thématiques aujourd’hui fondamentales au niveau international, telles que la « défense du droit à la terre », la « protection de la souveraineté alimentaire des communautés locales » ou encore, la « protection de la biodiversité des territoires » ? Quels ont été les rôles des réseaux d’action transnationaux (advocacy networks) et des réseaux d’expertise dans le développement dans la production de ces thématiques foncières globalisées ?

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 13 / Prospective et action publique

Pauline Prat (Sciences Po/CEE) [email protected]

Nicolas Rio (IEP de Lyon/Triangle ‐ Acadie) nicolas.rio@sciencespo‐lyon.fr

Développée en France comme technique de planification (Guiader, 2008), la prospective a été réappropriée depuis par de nombreux acteurs, au niveau national et infranational. Ces changements au cœur des questions de gouvernement et de gouvernance de nos sociétés, ont été peu étudiés. En partant de l’analyse des dispositifs prospectifs, cette section thématique propose de s’interroger sur les usages de la prospective par l’action publique, dans un univers multiniveaux. La prospective institutionnelle comme dispositif de gouvernement La prospective est un label qui recouvre un ensemble de dispositifs concrets conçus par les institutions publiques. Devant la multiplicité tant des formes que des acteurs de la prospective, se pose la question suivante : que cherche‐t‐on à gouverner par les dispositifs de prospective ? Comme dispositif de gouvernement, la prospective participe au cadrage et à la délimitation des problèmes publics, légitime certains acteurs, est porteuse de sens et a des impacts politiques (Rochefort & Cobb, 1994). Peut‐on à l’image du projet urbain ou de la carte des risques, voir dans ces dispositifs des instruments de gouvernement (Le Galès & Lascoumes, 2004 ; Pinson, 2004 ; Le Bourhis, 2007) ? Les dispositifs sont‐ils au contraire des outils flous et peu stabilisés privilégiés pour coordonner l’action publique dans un univers complexe ? La multiplicité des usages de la prospective institutionnelle La récurrence de certains outils dans les dispositifs de prospective (groupes de travail avec les partenaires extérieurs, construction de scénarios), ne doit pas masquer la pluralité de sens, d’objectifs et de stratégies que recouvrent ces démarches. La notion d’usage est heuristique pour comprendre les réappropriations multiples des dispositifs prospectifs dans un univers multiniveaux (Featherstone & Radaelli 2003 ; Jacquot & Woll 2004). La convergence des dispositifs peut révéler des usages différenciés, tout comme des dispositifs différents peuvent recouvrir des usages similaires.

Objectifs de la section thématique Cette section thématique met l’accent sur les formes concrètes des dispositifs de prospective, sur les institutions, les acteurs qui les portent et leurs usages dans une action publique à plusieurs échelles. Différentes dimensions peuvent guider l’analyse. Parmi celles‐ci : • Les acteurs de la prospective. Quels sont les acteurs qui portent et produisent ces dispositifs ? Quelles sont leurs trajectoires, les savoirs qu’ils mobilisent et les pratiques qu’ils instaurent ? Peut‐ on repérer des catégories d’acteurs? Permettent‐elles de comprendre les usages différenciés de la prospective ? • Les transformations des dispositifs de prospective et leurs usages dans le temps. Peut‐on les comparer dans le temps ? Peut‐on identifier des trajectoires nationales (et infranationales) et des chemins institutionnels des dispositifs et de leurs usages (Palier & Surel, op. cit. ; Pierson, 2004) ? • La gouvernance des dispositifs prospectifs. La production centralisée de la prospective a été remise en cause par la multiplication des lieux de production de prospective et leur légitimé à produire l’action publique. Comment s’articulent les différents lieux et usages de la prospective ? • Une entrée par une politique publique spécifique permettrait de s’interroger sur ses interactions avec le dispositif prospectif. Quels sont les effets produits par la prospective ? Suivant quels usages et quels mécanismes ? Aucune posture théorique ne sera privilégiée. Les cadres analytiques existants seront au contraire interrogés (instrument d’action publique, expertise, cadrage des problèmes publics par exemple). La section s’attachera également à confronter des terrains empiriques variés et encourage la présentation de dispositifs étrangers tout comme l’analyse de dispositifs transnationaux et les démarches comparatives.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Références Featherstone, K. & Radaelli, C., 2003. The politics of europeanization, Oxford: Oxford University Press. Guiader, V., 2008. Socio‐histoire de la prospective: La transformation d’une entreprise réformatrice en expertise d’État. Thèse de science politique, Université Paris Dauphine. Jacquot, S. & Woll, C. (Eds.), 2004. Les usages de l’Europe : Acteurs et transformations européennes. Paris: L'Harmattan. Le Bourhis, J‐P., 2007. Du savoir cartographique au pouvoir bureaucratique : Les cartes des zones inondables dans la politique des risques (1970‐2000). In Genèses, vol. 4, n°68, p. 75‐96. Lascoumes, P. & Le Galès, P. (Eds.), 2004. Gouverner par les instruments, Paris: Presses de Sciences Po. Pierson, P., 2004. Politics in Time: History, Institutions and Social Analysis. Oxford: Princeton University Press. Pinson, G., 2004. Le projet urbain comme instrument d’action publique ». In Lascoumes, P. & Le Galès, P. (Eds.), 2004. Gouverner par les instruments, Paris: Presses de Sciences Po, p. 199‐233. Rochefort, D. & Cobb, R. (Eds.), 1994. The Politics of Problem Definition: Shaping the Policy Agenda. University Press of Kansas. ST 14 / Gouverner les langues

Selma K. Sonntag (Humboldt State University, California) [email protected]

Nuria Garcia (CEE Sciences Po) nuria.garcia@sciences‐po.org

S’inscrivant dans une perspective de « normalisation » de l’étude des politiques linguistiques, cette section thématique cherche à dégager les conditions d’existence et d’exercice d’un gouvernement des langues dans les sociétés démocratiques contemporaines et complexes à travers une perspective comparative. En reliant l’étude des politiques linguistiques à des questionnements généraux de la science politique, elle vise à dépasser l’opposition entre approches instrumentale et symbolique des langues et à assurer une plus forte cumulativité des recherches entreprises dans ce domaine.

La réflexion sur le gouvernement des langues sera engagée autour de deux sessions :

Une première session se placera dans une perspective d’analyse des politiques publiques et soulèvera la question de la délimitation et la spécificité des politiques des langues : Qu’est‐ce qu’une politique linguistique ? S’agit‐il d’un secteur de politique publique spécifique ou d’un ensemble hétérogène de politiques issues de secteurs différents ? Ces politiques se caractérisent‐elles par des instruments et des finalités spécifiques ? Comment les différents types de politiques linguistiques s’articulent‐elles ?

Une deuxième session abordera la question du gouvernement des langues dans une perspective de sociologie politique : Les politiques linguistiques sont‐elles la traduction de modèles de citoyenneté ? Comment agissent‐ elles en tant que vecteurs de représentation, de définition et de délimitation de la communauté civique ? Que nous disent ces politiques sur les transformations affectant la nature de la citoyenneté ?

Afin de construire une réflexion collective autour de ces questions, nous privilégierons des contributions comportant une dimension comparative et cherchant à articuler des études de cas empiriques à une réflexion plus générale sur la question du gouvernement des langues. Nous encourageons également la diversité des approches à la fois en termes des types de politiques linguistiques étudiées, en termes d’échelle de l’analyse (national, régional, supranational) et de sources et de méthode utilisées.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 15 / Markets and Health. Quels enjeux nationaux et internationaux ? Quelle régulation politique ?

Monika STEFFEN (CNRS‐PACTE, IEP et Université de Grenoble) [email protected]

Holly JARMAN (Rockefeller College, State University of New York, Albany, E.U.) [email protected]

Des nouveaux marchés se développent dans le secteur de la santé, au niveau national et européen ainsi qu’à l’échelle mondial. Ce phénomène en croissance rapide n’a pas encore retenu l’attention des politologues. Il soulève pourtant des questions fondamentales pour la discipline comme l’articulation entre intérêts publics et privés, la capacité régulatrice de l’Etat et l’équité sociale dans l’accès aux services et aux produits de santé.

La literature disponible identifie certaines conditions d’émergence pour un marché de la santé, essentiellement dans la maitrise des dépenses publiques et dans le développement du droit européen, mais elle n’a pas encore pris acte du marché de la santé tel qu’il existe et se développe, en tant qu’industrie. Les marchés de la santé et de la médecine prospèrent ailleurs que dans les réformes de l’Etat providence et la construction du marché européen. Ils sont liés à la globalisation, aux nouvelles technologies, aux choix individuels de convenance personnelle. Une offre de services économiquement très compétitif se développe en Europe de l’Est et dans plusieurs pays émergents. Par exemple, les assurances maladies américaines passent des contrats avec des hôpitaux mexicains et philippins pour faire opérer leurs affiliés au meilleur prix, le Service National de Santé britannique délocalise son travail administratif en Indes, des spécialistes pointus peuvent suivre une opération dans un autre pays par voie électronique. Le secteur de la médecine et de la santé connaît des migrations économiques très importants. Les dispositifs de régulation sont‐ils en adéquation avec ces évolutions ?

La section thématique vise ces phénomènes nouveaux et complexes. Elle souhaite susciter des propositions portant sur des thèmes suivants :

1 – La régulation des marchés de la santé. Un problème majeur dans le développement des marchés, le plus souvent transnationaux, est celui du contrôle de la qualité et de la sécurité des traitements. Quels sont les agents, les modalités et la réalité du contrôle ? Quelle garantie contre les conflits d’intérêt ? L’accident du « sang contaminé » a démontré que le marché peut être l’œuvre d’une industrie publique. La répétition des crises en matière de médicaments et de biens médicaux questionne, vingt après les reformes institutionnelles alors adoptées, la capacité de contrôle des autorités publiques. Si au niveau national, l’élément clés du contrôle réside dans l’attribution claire des responsabilités, quelles sont les conditions de réussite et d’échec de dispositifs de contrôle lorsqu’il s’agit de marchés européens et internationaux ?

2 – L’impact de l’ouverture des frontières. Il n’existe aucun recensement permettant de connaître le marché médical international. Le phénomène prend des formes multiples, dont d’abord le « tourisme médical » (dentaire, rééducation, procréation, esthétique, transplantation d’organes, etc.). Qui sont ces patients voyageurs ? Qui sont les fournisseurs de services ? De quelle informations disposent les patients et de quelle protection, notamment en termes de post‐market surveillance ? Quel est l’impact des nouveaux marchés sur les systèmes de soins nationaux, en France et en Europe ? Quels nouveaux enjeux ?

3 – Les questions juridiques. Quel régime de droit s’applique à ces nouveaux marchés internationaux ? Comment s’articule l’obligation de moyens régissant les traitements médicaux avec l’obligation de résultat régissant les produits et le marché ? Certaines nouvelles technologies de la santé ont été désignées comme des « objets juridiquement non‐identifiés ». Le marché international des médicaments a connu, à la suite de la lutte contre le sida, des conflits entre la protection de la propriété intellectuelle et le droit à l’accès aux soins. Comment ces glissements dans l’ordre juridique se concrétisent‐ils ?

Les propositions peuvent être des études empiriques, des contributions à visée théorique, des études de cas ou des comparaisons. Les réponses comme les futures contributions peuvent être écrit en français ou en anglais. Les organisatrices de la ST envisagent une publication sous forme d’un numéro spécial d’une revue française acceptant des textes français et anglais.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 16 / Sociologie des politiques économiques : état des lieux et perspectives

Vincent Gayon (IRISSO‐CNRS, Université Paris Dauphine) [email protected]

Benjamin Lemoine (CSO, Sciences Po Paris, et IFRIS, Université Paris Est) benjaminnoel.lemoine@sciences‐po.org

Cette section thématique part du constat d'un faible investissement de la science politique hexagonale sur les questions économiques, monétaires et financières. Fruit d'une division disciplinaire sans doute trop précoce entre les sciences économiques, l'histoire économique, les finances publiques et la sociologie économique, on peine à trouver dans les ouvrages et les revues clés de la discipline des interrogations et des investigations substantielles en ce domaine. Des recherches récentes contribuent à rétablir des ponts entre ces champs d’études et proposent une lecture des institutions politiques et étatiques à la lumière des enjeux de la régulation économique, monétaire et financière1.

La section thématique, composée d'une ou deux sessions suivant les retours à l'appel à communications, s'intéressera plus précisément à la formation et à la conduite de la politique économique. Nous retenons ici une définition ouverte de ce terme. Si à l'évidence les politiques économiques relèvent des politiques budgétaires, fiscales, monétaires et financières, l'acception peut être étendue à de toutes autres politiques publiques dites « sectorielles ». Il suffit pour cela que ces dernières soient principalement analysées à la lumière des implications et des incidences « économiques » dont elles sont porteuses. C'est par exemple le cas des politiques environnementales ou énergétiques, largement enserrées dans des dispositifs de chiffrage et d'économicisation. C'est tout aussi bien le cas pour les politiques « sociales », que l'on pense aux réformes des retraites, aux politiques de l'emploi ou au financement de la sécurité sociale.

Quelle que soit l'acception retenue, il convient plus généralement de retenir une commune démarche d'enquête. Loin de s'en tenir aux seules données économiques et comptables, mais sans les négliger pour autant, il s'agit d'étudier les institutions, les groupes d'acteurs (publics ou privés) qui mettent en œuvre, organisent, inventent, négocient, pilotent ou subissent au concret ces politiques économiques, de même que ceux qui en débattent ou en relaient les attendus dans les arènes les plus variées, qu'elles soient politiques, journalistiques, administratives, internationales ou locales.

Si la politique économique a partie liée aux fonctions régaliennes de l’État, par le prisme monétaire et fiscal, la section thématique pourrait appeler, en priorité, à des travaux s'intéressant aux ministères dits « centraux » (Trésor, Budget) ainsi qu'aux institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, OCDE, UE). L'actuelle crise financière met en évidence l'intrication historique entre l’État et les marchés dans la construction du capitalisme. Il s'agit donc de saisir également le rôle tenu dans la définition des politiques économiques par les institutions privées (agences de notation, presse économique, banques commerciales) et publiques‐privées (agences de régulation financière, Banques centrales), ainsi que les circulations d'acteurs entre ces institutions.

Une seconde voie de réflexion consisterait consiste à revisiter du point de vue de l'enquête sociohistorique ce qui a été balisé comme des « tournants », des « virages » ou des moments « décisifs » des politiques économiques. Il

1 V. Gayon, B. Lemoine (dir.), « Argent public », Genèses, n°80, 2010 ; P. Bezes, A. Siné (dir.), Gouverner (par) les finances publiques, Paris, Presses de Sciences‐Po, 2011 ; F. Muniesa, D. Linhardt (dir.), « Politiques d'économisation », Politix, n°95, 2011. s’agira d'analyser sous ces deux angles les changements relatifs aux institutions, aux acteurs et aux instruments de la politique économique. Cette interrogation mettrait au cœur de l'analyse la constitution des « catégories » d’observation et d’action sur l’économie : modèles macro‐économiques de prévision, agrégats de la comptabilité nationale, techniques de financement des États, mesure de l’inflation et de la croissance (monétaire), etc.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

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ST17 / Retour sur le gouvernement des risques collectifs : Quelle place pour les industriels ?

Laure Bonnaud INRA ‐ Unité RiTME (Risques Travail Marchés État) [email protected]

Marc‐Olivier Déplaude INRA ‐ Unité RiTME (Risques Travail Marchés État) marc‐[email protected]

Nicolas Fortané INRA ‐ Unité RiTME (Risques Travail Marchés État) [email protected]

Depuis la fin des années 1990, le paysage institutionnel de la régulation des risques sanitaires et environnementaux s’est profondément modifié, en France comme en Europe. De nombreux travaux ont montré comment cette nouvelle configuration des politiques publiques s’est accompagnée, sous la pression des médias et de diverses mobilisations collectives, de transformations importantes des formes de gouvernement des risques collectifs : création de nouvelles agences d’évaluation des risques, développement de dispositifs de surveillance épidémiologique, procéduralisation de l’expertise, etc. Toutefois, un aspect de ces recompositions a été peu abordé par la littérature scientifique : le rôle des acteurs industriels. Cette section thématique propose ainsi de réunir plusieurs contributions visant à mieux appréhender la façon dont ces acteurs (entreprises, groupes, filières, organisations professionnelles, agences de communication, organismes de conseil, fondations privées, etc.) participent à l’évaluation, à la gestion et à la prévention des risques que leurs activités économiques contribuent à créer.

Quatre axes de recherche nous intéressent particulièrement :

1 ‐ La participation des acteurs privés à la production de l’expertise. Dans ce domaine, les agences et les administrations sont souvent dépendantes des données fournies par les industriels. On évoque parfois un « détour de régulation » pour qualifier ce mode de gouvernance qui place les acteurs privés au cœur de la gestion et l’évaluation des risques. Dans le secteur des industries chimiques et pharmaceutiques par exemple, la production de données et leur partage avec les pouvoirs publics constitue un enjeu clé pour la mise sur le marché de nouvelles substances. Quelles sont les données rendues publiques par les industriels et selon quelles modalités sont‐elles produites et contrôlées ?

2 ‐ La place des acteurs privés dans la production des normes, des règlements et des instruments de régulation des risques collectifs. On s’intéressera particulièrement aux types de relations qu’entretiennent les pouvoirs publics avec les industriels (co‐gestion, co‐décision, recherche du consensus, etc.). Les cadres institutionnels et les formes de ces interactions (participation à des groupes de travail, activités de lobbying, relations informelles, etc.) pourraient faire l’objet d’un examen approfondi. Quels sont les représentants et les organisations qui portent les intérêts des industriels ? Quels liens entretiennent‐ils avec leurs mandants ? Que produisent ces interactions, ponctuellement et sur le moyen terme ?

3 ‐ La diffusion et l’appropriation de ces normes, règlements, et instruments d’action publique dans les établissements industriels. On portera un intérêt particulier aux dispositifs à caractère incitatif et volontaire, ainsi qu’aux standards, chartes et autres guides de « bonnes pratiques ». L’extension des obligations d’autocontrôle place les industriels au cœur du gouvernement des risques collectifs, et ils ont des effets en retour sur le rôle des agents de l’Etat, désormais cantonnés à un contrôle dit de « second degré », par exemple dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments. Comment se met en place concrètement le gouvernement des risques par les acteurs privés ? Correspond‐il seulement à un effacement de l’action publique ? Quelle nouvelle donne crée‐t‐il entre autorités publiques et industriels ?

4 ‐ Le travail d’information et de communication des industriels. Ces démarches incluent à la fois des actions d’information à caractère obligatoire (en matière de prévention des risques professionnels ou autour des établissements SEVESO…) et des opérations volontaires de communication visant à mettre en scène leur implication et leur souci du bien commun (campagnes de prévention sur les risques nutritionnels au sein des cantines scolaires, financement de la recherche par des fondations privées…). Comment les campagnes et les supports de communication sont‐ils fabriqués ? A quels publics sont‐ils destinés ? Dans quelle mesure ces outils concourent‐ils au gouvernement des risques collectifs et des populations qui y sont exposées ?

Enquêter sur les entreprises industrielles et leurs organisations soulève des difficultés spécifiques, notamment en termes d’accès aux sources. Cela pose aussi la question de la posture du chercheur lorsqu’il aborde un tel objet, l’adoption d’une approche compréhensive (sans être lénifiante) dans l’étude des industriels étant sans doute moins évidente et moins aisée que pour d’autres univers sociaux. Nous attendons donc des contributions à cette ST qu’elles abordent de front ces enjeux en termes de méthodes et de posture de recherche.

Les propositions de communications (4 000 signes maximum) devront inclure une présentation précise du terrain et des matériaux empiriques mobilisés. Elles devront être adressées avant le 15 octobre 2012 à l’adresse suivante : marc‐[email protected]

ST 18 / Penser la politisation de l’environnement à l’international

Lucile MAERTENS (SciencesPo Paris et Université de Genève) lucile.maertens@sciences‐po.org

Géraldine PFLIEGER (Université de Genève) [email protected]

L’échelle internationale devient un vecteur de renouvellement de l’agenda environnemental tant pour les autorités publiques nationales que pour les organisations internationales ou non gouvernementales. A l’heure où le multilatéralisme climatique fait face à des difficultés récurrentes pour aboutir à un accord, le champ environnemental connaît paradoxalement de nouvelles voies de politisation par l’international et à l’international.

L’international apparaît tout d’abord comme un vecteur incontournable de mise en politique de la question environnementale tant pour les politiques locales (mentionnons à titre d’exemple les stratégies internationales des collectivités locales telles que le C‐40) que pour les politiques nationales (dans le travail de légitimation des politiques sectorielles) et intergouvernementales (via le travail des instances de l’Organisation des Nations Unies). L’international représente une voie déterminante de politisation, voire de sécurisation, de l’environnement grâce à des stratégies discursives de toute échelle.

L’international constitue, ensuite, une échelle de menaces, qui surgissent d’emblée à l’échelle planétaire, via des crises ou des évènements tournants (telles qu’une catastrophe nucléaire, ou le changement environnemental global) ou sont progressivement construites par les communautés épistémiques et les ONG comme des problèmes d’échelle planétaire, à l’image de la découverte du trou d’ozone dans les années 1980 ou la reconnaissance aux régions polaires, à la biodiversité, à l’eau ou plus récemment aux montagnes, du statut de bien commun planétaire.

L’international représente également un système de décisions à niveaux multiples (européens, régional, mondial) qui produit des règles et des normes et participent ainsi du vaste mouvement d’instrumentation des politiques environnementales et de circulation des normes d’action. Les Etats occupent une position centrale dans ce jeu institutionnel, négociateurs, producteurs de normes et acteurs de leur traduction et implémentation. La politisation de l’environnement par l’international s’adosse à une certaine matérialité, à des normes, des règles et des régimes complexes et à géométrie variables qui peuplent désormais l’univers de la décision.

L’international, enfin, émerge comme un niveau déterminant de définition des politiques publiques nationales, suivant en ce sens les tendances observées depuis plus de 40 ans dans le champ des politiques économiques et monétaires. Dans un contexte post‐Fukushima de mise en concurrence des filières énergétiques internationales (fossiles, nucléaires, renouvelables) et de compétition pour l’accès aux ressources naturelles de tous ordres, l’environnement pénètre par son internationalisation les politiques économiques, industrielles et étrangères. Les interdépendances économico‐environnementales entre Etats, relevées depuis les négociations climatiques de Kyoto en 1997, ne constituent plus seulement des contraintes pour les négociations internationales mais des axes stratégiques de construction des problèmes environnementaux nationaux.

Penser la politisation de l'environnement par l’international et à l’international nous conduira à faire dialoguer différents secteurs de rattachement. Le positionnement de cette section réside dans la volonté d’entrecroiser précisément le domaine des relations internationales et de l’analyse des politiques publiques pour produire du sens dans l’étude du champ environnemental. Au‐delà des secteurs, et tout en proposant une focale d’analyse précise, cette section thématique permettra de faire dialoguer différentes approches théoriques et

méthodologiques dans une perspective ouverte : discursives et constructivistes, cognitives, néo‐ institutionnalistes, néo‐réalistes, critiques ou de la nouvelle écologie politique. Cette section thématique permettra de soutenir ce dialogue sur des objets partagés, mais entre des perspectives contrastées et résolument complémentaires.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 19 / Penser les régimes urbains

Stéphane Cadiou (Université de Nice Sophia‐Antipolis – ERMES) [email protected]

Gilles Pinson (Institut d’études politiques de Lyon – TRIANGLE) gilles.pinson@sciencespo‐lyon.fr

Les approches des politiques urbaines en termes de « régimes » ont aujourd’hui un peu plus de vingt ans. Développées par la science politique nord‐américaine (Elkin, 1987 ; Stone, 1989), ces approches considèrent que les villes sont caractérisées par une « capacité de gouvernement », et que les politiques urbaines sont élaborées par des coalitions informelles, mais stables, unissant des groupes d’acteurs porteurs de ressources et d’intérêts variés. Dans cette perspective, les travaux américains ont surtout insisté sur l’interdépendance entre autorités politiques et milieux d’affaires locaux comme principal élément constitutif des régimes urbains.

Outre‐Atlantique, cette approche a vite rencontré le succès au point de structurer le débat autour du fait politique urbain. Elle a nourri la controverse très ancienne sur le « pouvoir de la communauté » entre élitistes et pluralistes. Cette approche n’a toutefois pas connu le même succès en Europe continentale, et plus particulièrement en France. Le débat sur l’intérêt d’un tel concept a en fait été vite tranché par le constat d’une différence irréductible de contextes qui compliquerait son importation (Le Galès, 1995). Comme le reconnaissent eux‐mêmes les utilisateurs anglo‐saxons du concept, l’un de ses défis est en effet celui des conditions de son transfert (Mossberger, 2009).

Les mérites d’une telle approche sont pourtant indéniables. Elle invite à s’interroger sur les modalités de construction d’une capacité de gouvernement dans des environnements fragmentés, sur la genèse de coalitions de gouvernement et ses effets sur les agendas, les politiques publiques et la démocratie urbaine. Fidèle à une perspective d’économie politique, elle permet de réarticuler l’analyse du politique urbain avec son substrat socioéconomique. Elle incite notamment à penser l’impact des transformations socio‐ économiques sur la gouvernance urbaine, ainsi que les modes de médiation entre autorités politiques et groupes sociaux. Elle permet de reposer la question de la stratification du pouvoir en ville dans un contexte marqué par la compétition urbaine et le retour en force des intérêts de la rente foncière. L’approche des régimes est aussi sensible à une sociologie fine des dispositifs et réseaux informels qui permettent de reconstituer une capacité d’action collective (un « pouvoir de »). Elle propose ainsi une perspective d’analyse « agrégative » qui gagnerait néanmoins à s’enrichir d’une lecture également conflictuelle des politiques urbaines (Imbroscio, 2003 ; Nicholls, 2005). La vitalité de cette approche s’est illustrée par des propositions de typologie des régimes urbains formalisant les manières très variables par lesquelles sont gouvernées les villes en fonction de leur position dans la hiérarchie urbaine et des équations sociales qui les caractérisent (Mossberger, Stoker, 2001 ; Stone 1993).

Cette Section thématique vise donc à remettre sur le métier la question de l’intérêt heuristique du cadre d’analyse des régimes urbains pour l’étude des formes de gouvernement des villes européennes et françaises en sollicitant deux types de contributions : - Des études de cas de ville(s) présentant une analyse de la genèse et de la composition d’un ou plusieurs régimes urbains, mais aussi des échanges de ressources qui les structurent et des outcomes en termes de structure de l’agenda et d’orientation des politiques publiques.

- Des contributions mettant en débat le concept lui‐même à partir de quelques dimensions‐clés : l’échelle (métropolitaine, intercommunale, communale…) de formation d’un régime urbain ; la diversité des régimes urbains et des agendas autres que ceux de dimension pro‐growth ; la place des milieux économiques et la nature des groupes d’intérêt impliqués.

L’objectif est de susciter des travaux sur des cas européens et français pour évaluer les difficultés et opportunités offertes par cette approche des régimes urbains.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie :

ELKIN S., City and Regime in the American Republic, Chicago: University of Chicago Press, 1987. IMBROSCIO D. L., « Overcoming the Neglect of Economics in Urban Regime Theory », Journal of Urban Affairs, vol. 25, n°3, 2003. LE GALES P., « Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine », Revue française de science politique, vol. 45, n°1, 1995. MOSSBERGER K., « Urban Regime Analysis », in Jonathan S. DAVIES, David L. IMBROSCIO (eds.), Theories of Urban Politics, Second edition, Londres, Sage, 2009. MOSSBERGER K., STOKER G., « The Evolution of Urban Regime theory. The Challenge of Conceptualization », Urban Affairs Review, vol. 36, n°6, 2001. NICHOLLS W. J., « Power and Governance : Metropolitan Governance in France », Urban Studies, vol. 42, n°4, 2005. STONE C. N., Regime Politics : Governing Atlanta, 1946‐1988, University Press of Kansas, Lawrence, 1989. STONE C. N., « Urban Regimes and The Capacity to Govern : A Political Economy Approach », Journal of Urban Affairs, vol. 15, n°1, 1993.

ST 20 / Vers une sociologie politique des sciences ?

Yann Bérard Centre Émile Durkheim, Sciences Po Bordeaux [email protected]

Antoine Roger Centre Émile Durkheim, Sciences Po Bordeaux [email protected]

Tout en s’accompagnant d’une multiplication des dispositifs qui visent à favoriser les interactions entre chercheurs, citoyens, pouvoirs publics et industries, la production et l’utilisation de connaissances scientifiques font l’objet de fortes régulations politiques et entretiennent des échanges asymétriques. Ces questions ne font pas l’objet d’un traitement systématique dans les travaux disponibles.

Le choix d’études de cas intensives pour étudier et rendre compte des phénomènes de traduction ou de « coproduction » a fortement marqué la sociologie des sciences au cours de ces dernières années. Aujourd’hui prédominants dans le paysage des science studies, les travaux qui mobilisent la théorie de l’« acteur‐réseau » et ses dérivés tendent à se concentrer sur la description de certains processus d’innovation. Ce faisant, ils ne rendent guère compte des inégalités qui caractérisent la distribution sociale des savoirs. Une autre limite de ces approches, d’ordre à la fois méthodologique et épistémologique, provient du déséquilibre observé entre la multiplication des études monographiques et la relative absence de travaux comparatifs – qu’il s’agisse de comparaisons dans le temps, entre les « succès » et les « échecs » d’une même entreprise scientifique, ou de comparaisons dans l’espace, entre les logiques qui président à la hiérarchisation des constructions savantes, les configurations des groupes impliqués dans la recherche, les mécanismes de circulation ou de transfert, etc. Or, le raisonnement comparatif reste indispensable pour arriver à des généralisations contrôlées. En l’absence d’une telle démarche, le risque encouru est d’extrapoler à partir de micro‐études reliées entre elles par un vocabulaire à visée avant tout descriptive.

La section thématique vise à renouveler la réflexion sur les relations entre sciences et pouvoir, en mobilisant les outils de la sociologie politique comparative. Elle invite plus spécifiquement à considérer l’ancrage des recherches scientifiques et techniques dans des systèmes de relations structurés et hiérarchisés. Dans cette optique, deux sessions sont proposées :

1) Une première session permettra d’étudier les effets politiques des sciences de la vie et de la nature. Dans les sciences sociales, l’exigence de réflexivité est régulièrement posée : qu’il s’agisse de leur positionnement face aux médias, aux pouvoirs publics ou aux entreprises privées, les chercheurs ont pris pour habitude de s’interroger sur l’onction scientifique donnée à des catégories de sens commun. Qu’en est‐il de cette posture dans les sciences de la vie et de la nature ? La session se propose à la fois de déplacer et d’étendre le regard réflexif que portent les sciences sociales sur leurs propres pratiques et usages sociaux en direction des sciences dites « dures ». Dans cette perspective, il conviendra de s’interroger sur la consolidation de certaines catégories d’action et de pensée par l’autorité de la science, la définition implicite de modes de vie et de formes économiques légitimes qui en procède, ou encore leur instrumentalisation par des « entrepreneurs de cause ». L’objectif de cette session est de prendre en compte plusieurs sciences (médecine, biologie, physique, agronomie, etc.) pour comprendre leur structuration différentielle et leurs rapports avec la prise de décision politique.

2) Une seconde session nous amènera à étudier les inégalités d’influence et de distribution sociale des savoirs. Depuis plusieurs années, on retrouve dans de nombreux travaux de sociologie des sciences (ou inspirés par elle) le postulat d’une participation de plus en plus large des citoyens, qui neutraliserait certains des enjeux relevés plus haut, en permettant à chacun de « maîtriser » les découpages introduits par la science – ou de les orienter à tout le moins. Or, ces orientations ne sont pas exemptes de logiques de pouvoir et

d’effets performatifs, qui peuvent contribuer à gommer la production de certains groupes mobilisés ou à délégitimer certaines actions, voire à masquer la persistance de formes d’encadrement plus traditionnelles et à favoriser la production de consensus au détriment de la pluralité des savoirs. Pour mieux rendre compte de tels mécanismes, la seconde session insistera sur les inégalités d’influence et de distribution des savoirs à l’œuvre entre groupes sociaux (hauts fonctionnaires, experts, entreprises, groupes d’intérêt, etc.) lorsque la science est mobilisée. Un autre objectif sera de croiser les réflexions sur les dispositifs d’« évaluation interactive » des recherches scientifiques (Interactive Technology Assessment) avec celles qui portent sur la « démocratie participative ».

Compte tenu des enjeux méthodologiques relevés plus haut, l’exploration de ces thématiques devra faire une large place aux démarches comparatives, orientées deux directions : des comparaisons dans le temps permettront de développer une sociologie historique de la structuration des sciences et de l’évolution des régimes de production des savoirs ; des comparaisons transnationales poseront la question de savoir ce que change la structuration de réseaux de recherche élargis, souvent contrôlés par une puissance dominante, et préciseront dans quelle mesure l’utilisation d’une organisation transnationale peut servir à imposer certaines catégories savantes, contre des formes de savoirs légitimées à d’autres échelles d’action et de gouvernement – que ce soit à travers le relais d’ONG, l’appui d’organisations internationales, ou par le prisme des relations entre « centres » et « périphéries » scientifiques.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 21 / L’activité scientifique au prisme de l’impératif participatif

Jean‐Gabriel Contamin (Université Lille 2, CERAPS) [email protected]

Martine Legris‐Revel (Université Lille 2, CERAPS) [email protected]

Depuis une quinzaine d’années se sont multipliées en France comme à l’international les études consacrées à la démocratie participative ou délibérative et à des dispositifs relevant de ce nouvel ‘impératif délibératif’. Il serait toutefois réducteur de n’associer ce « tournant participatif » ou « délibératif » qu’au seul univers politique. On en trouve en effet des traces dès les années 1970 dans le monde de l’entreprise sous la forme, par exemple, du management participatif ou de la démocratie industrielle (Emery et Trist, 1976 ; Emery et Thorsrud, 1976). D’autres espaces pourtant a priori plus rétifs à l’intrusion de ce ‘monde civique’, comme l’univers de la science elle‐même, s’ouvrent à ces questionnements (Wynne, 1992 ; Callon, Lascoumes et Barthes, 2001 ; Callon, 2006). Celui‐ci apparaît comme un monde comme un autre dans lequel s’affrontent des dispositions et des intérêts et qui, dès lors, pourrait être tout autant soumis à un impératif participatif que les autres espaces sociaux.

Cette remise en cause de la dissociation entre l’univers scientifique et l’univers civique s’est traduite en un ensemble de dispositifs qui accordent au citoyen des places très différentes : source des besoins auxquels la science devrait répondre et juge de l’adéquation entre ses demandes et les réalisations (thème de la demande sociale) ; pris en compte au travers de la thématique de l’acceptabilité sociale de la science (travaux sur les mobilisations collectives, par exemple) ; objet et sujet des transformations initiées par les scientifiques (interventionnisme sociologique) ; représenté par le chercheur lui‐même ; voire convié à contribuer à parité avec les chercheurs à une ‘recherche collaborative’ (Hackett et alii, 2008).

Cette participation citoyenne à la démarche scientifique a toutefois jusque là été essentiellement étudiée dans une optique très prescriptive ou en faisant des citoyens un simple obstacle à la rationalité scientifique qu’il faudrait enrôler (Pestre, 2011), en croisant notamment assez peu méthodes et interrogations des science studies avec les développements récents des études de démocratie participative dans le domaine politique.

L’enjeu de cette session thématique sera précisément de s’interroger globalement sur les modes contemporains de participation citoyenne à la recherche scientifique en rassemblant un ensemble d’études empiriques portant sur cette question, en privilégiant notamment les travaux qui porteront sur des dispositifs collaboratifs qui sont supposés faire intervenir les logiques participatives et démocratiques au cœur même du travail scientifique. Elle sera aussi l’occasion de faire le lien entre science studies et études sur la démocratie participative, en se demandant ce que les interrogations, outils et méthodes développés dans chacune de ces sous‐disciplines peuvent apporter aux autres, et en quoi les spécificités de fonctionnement du monde scientifique peuvent limiter ces croisements réciproques. Elle sera enfin l’opportunité de réfléchir sur nos propres pratiques et sur la manière dont nos propres recherches sont ou non (et comment) redevables de l’espace civique.

Cette session thématique est aussi pensée dans l’idée de contribuer à structurer une communauté internationale de chercheurs travaillant autour de ces questions. Elle s’appuie sur un projet européen qui questionne la participation des citoyens à la recherche et devrait par la suite être déclinée sous forme de panels tant à l’ECPR qu’à l’ISA.

Toute proposition (5000 caractères maximum) à dimension empirique correspondant à ces perspectives sera examinée avec intérêt.

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 22 / Les procédures de la démocratie. Perspectives pour la théorie politique et la pratique de la démocratie

Gil Delannoi (Sciences Po, Paris / CEVIPOF) gil.delannoi@sciences‐po.fr

Andrei Poama (Sciences Po, Paris / CERI) andrei.poama@sciences‐po.org

Cette section thématique se propose d’analyser et d’évaluer trois procédures de décision qui sont actuellement revendiquées comme démocratiques : le vote, la délibération et le tirage au sort. Il s’agit, dans une première séance, de mettre en évidence les considérations normatives et les conceptions de la démocratie qui servent de justification à ces trois procédures. L’idée, à ce niveau, est double : d’une part, on essaie d’envisager les critères qui isolent et définissent le vote (Dahl 1997 ; Brams 2008), la délibération (Habermas 1987 ; Gastil et al. 2011) et le tirage au sort (Dowlen 2008 ; Delannoi 2010 ; Sintomer 2011) comme des procédures spécifiquement démocratiques. D’autre part, on tente de mesurer la diversité de ces trois types de procédures dans leurs applications, ainsi que la possibilité et les arguments pour leurs articulations hybrides (Fishkin & Ackerman 2004).

La deuxième séance sera consacrée à l’examen plus circonstanciel des origines historiques, des particularités culturelles et des limites politiques de ces trois procédures. Le but est de voir dans quelle mesure le vote, la délibération et le tirage au sort sont des mécanismes liés à et dépendant de leur histoire au niveau de leur légitimation politique et de leur fonctionnement technique (Manin 1996).

Ces deux séances seront structurées selon trois axes de recherche analytiquement distincts.

Axes de recherche

1. Typologie normative des procédures de la démocratie. On se propose, à ce niveau, d’entamer une discussion sur le découpage conceptuel et normatif des procédures démocratiques. Les questions porteront en particulier sur la possibilité de définir une procédure de manière générale et une procédure démocratique en particulier, sur les critères suivant lesquels on est susceptible d’opérer une typologie des procédures (niveau d’application, nombre d’agents requis par l’application d’une procédure, nature des résultats escomptés, etc.), sur la pertinence théorique de la dichotomie entre la dimension procédurale et la dimension substantielle de la démocratie, sur la possibilité de ‘mixtes procéduraux’ ainsi que sur l’opportunité des innovations en matière procédurale.

2. Contextes des procédures de la démocratie. L’objectif est de dégager l’influence du contexte historique sur l’émergence des trois procédures de décision spécifiques. Seront privilégiées, à cet égard, les contributions qui mettent en avant des aspects concrets jusqu’à présent méconnus par rapport au fonctionnement de ces procédures (Hacking 1990 ; Dupuy 2002 ; Ober 2009). Les propositions ne doivent pas être, cependant, exclusivement historiographiques, mais insister sur les aspects pratiques et les implications proprement conceptuelles des procédures analysées.

3. Limites des procédures de la démocratie. La question qu’on se pose est ici celle du découpage pratique et technique: dans quelle mesure les procédures du vote, de la délibération et du tirage au sort peuvent être généralisées ? On s’intéressera, d’une part, au lien qui peut exister entre la légitimité d’une procédure et la spécificité du problème que celle‐ci est censée trancher (Kies 2010 ; Stone 2007 ; 2011). On examinera, d’autre part, la possibilité d’une articulation hybride de ces trois procédures.

Les propositions, ainsi que les textes envoyés peuvent être rédigées en anglais ou en français, tout en sachant que la langue de travail privilégiée de la section thématique sera le français. Les propositions (un ou deux auteurs) doivent être comprises entre 300 et 500 mots.

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 23 / Agendas publics et réactivité démocratique : une perspective comparée

Isabelle Engeli (Université d’Ottawa) [email protected]

Emiliano Grossman (Sciences Po / CEE) emiliano.grossman@sciences‐po.fr

Cette section thématique propose d’étudier dans une perspective comparée la réactivité démocratique (democratic responsiveness) des agendas publics. Dans quelle mesure est‐ce que les gouvernements répondent aux attentes des citoyens ? Est‐ce que les partis écoutent leurs électeurs ? Et qu’est‐ce qui détermine la proximité relative entre citoyens‐électeurs, l’Etat et les partis ? Depuis les travaux fondateurs de Page et Shapiro (1983) sur la réactivité démocratique aux préférences des citoyens, la recherche s’est progressivement éloignée d’une conceptualisation simplificatrice et quasi‐mécanique de la réactivité démocratique à l’évolution de l’opinion publique pour investiguer plus en profondeur sous quelles conditions et de quelle manière les gouvernements répondent aux attentes, préférences et inquiétudes de leurs citoyens. Plus récemment, la recherche a appelé à une compréhension plus fine de la direction de l’effet de causalité qui permettrait de mieux rendre compte de l’aspect dynamique et interactionnel de la réactivité démocratique (Soroka et Wlezien 2010). Cela passe aussi par une meilleure compréhension des possibles intermédiaires, comme les partis politiques et les médias.

Cet atelier thématique se propose de continuer cette réflexion sur la réactivité démocratique en l’insérant dans une perspective plus large des agendas politiques et publics qui comprend, outre les gouvernements, d’autres institutions politiques telles que les parlements et les courts mais aussi les médias et les partis politiques. Plus particulièrement, cet atelier thématique se propose d’organiser deux séances articulées comme suit :

(1) Réactivité démocratique et agendas institutionnels : cette première séance s’attache à étudier dans une perspective comparée les mécanismes causaux sous‐tendant la dynamique de la réactivité démocratique des agendas institutionnels tels que les exécutifs, les parlements et les courts. Quelle est l’évolution à travers le temps de la réactivité démocratique des agendas institutionnels ? Comment et dans quelles mesure la réactivité démocratique diffère‐t‐elle à travers les différents agendas institutionnels ? Existe‐t‐il des tendances dans la réactivité institutionnelle qui se retrouvent à travers les pays ?

(2) Réactivité démocratique et agendas partisans: cette deuxième séance se penche sur la dynamique de la réactivité des partis politiques. Comment les partis politiques réagissent aux changements dans l’opinion publique, Comment la réactivité partisane s’est‐elle modifiée à travers le temps? Quel est l’impact des contraintes internes sur leur capacité à réagir ? Dans quelle mesure les partis politiques s’adaptent‐ils aux changements contextuels versus maintiennent une stratégie d’issue ownership qui les poussent à se profiler électoralement sur leurs thèmes porteur respectifs ? Comment peut‐on expliquer les similitudes et différences dans la dynamique de compétition électorale à travers les pays ?

Nous acceptons des propositions en Français et en Anglais touchant à un de ces deux ensembles.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 24 / Un retour des meetings électoraux ? Les meetings dans la campagne présidentielle : dispositifs, acteurs et publics

Ludivine Balland (LaSSP, IEP Toulouse) [email protected]

Paula Cossart (CeRIES, Lille III, Institut Universitaire de France) [email protected]

Les meetings ont constitué un enjeu majeur de la campagne et de son traitement médiatique. Ce dernier s’est largement fait autour de la thématique du rapport de force entre candidats, mais aussi du renouvellement de cette forme traditionnelle de mobilisation électorale – quand les meetings se tiennent en plein air, par exemple, ou quand ils touchent des participants à distance, via la retransmission par les chaînes d’information en continu, internet, les réseaux sociaux. Si les formes, l’organisation, les enjeux varient, ces meetings ont en commun de représenter dans l’espace public la dynamique d’un parti ou candidat, leur capacité à mobiliser, voire à convaincre, et de refléter un possible état des rapports de force. La ST vise à interroger cette technique de mobilisation, qui permet de croiser les regards disciplinaires pour revisiter certains objets classiques de la science politique : les discours, la division du travail politique, la professionnalisation, le militantisme, la politisation, etc. Il s’agira de se demander ce que les meetings nous apprennent des transformations politiques contemporaines, et en particulier ce qu’ils « font » aux élections.

La croyance des acteurs politiques, militants, médiatiques, dans les effets du meeting est sans doute un des éléments les plus visibles – en même temps qu’un frein à l’analyse. Elle est en partie liée à leur progressive focalisation autour d’une personnalité politique ; l’éloquence et la théâtralisation du dispositif seraient alors les clefs de sa réussite : le meeting est censé illustrer la force d’un candidat et de son parti. Les discours y sont centraux – et la parole et les arguments, disséqués. Qui a parlé et pour dire quoi ? Avec quels effets ? Participant à une forme de mythification du candidat, les meetings font alors appel à un « travail émotionnel » (Hotchschild) de la part de participants : la quête de la mobilisation des affects y est souvent cruciale. Pour autant la compréhension du meeting ne saurait se résumer à cette dimension. Il peut aussi être vu, entre autres, comme un moyen de réassurance pour les militants, alimentant les raisons de soutenir un candidat, un moment de sociabilité.

Plus largement, que sait‐on précisément de cette technologie politique, de son organisation comme de ses enjeux ? Que s’y passe‐t‐il en pratique entre les participants et le ou les orateur(s), ou à ses marges, du côté des organisateurs ? Quelles sont les motivations des individus qui s’y déplacent ou les suivent à distance ? Il faut alors se demander comment le chercheur peut circonscrire le meeting : déterminer son début et sa fin. Le meeting est‐il simplement le moment réunissant orateurs et public dans une salle ? Cette conception rejoindrait en partie sa vision journalistique comme évènement médiatique. Il convient d’élargir la focale au travail en amont de préparation et mobilisation des soutiens. Le choix d’un lieu, son agencement, sa décoration, la musique, l’entrée du candidat, etc., ne sont pas anodins. Ils nous livrent des représentations du lien entre le candidat et ses publics, mais aussi de l’incarnation politique, de la figure présidentielle qu’on veut construire. Il faudra dans cette perspective regarder aussi l’après meeting : depuis les occasions festives qui le suivent parfois, jusqu’à ses retombées médiatiques. On doit considérer le meeting comme un processus plus que comme un événement ; et il ne prend aussi tout son sens qu’en relation aux autres meetings tenus par le candidat et par ses adversaires.

La première session portera sur le meeting comme dispositif. Il s’agira d’abord de s’interroger sur ses différents temps. Que se passe‐t‐il avant, pendant et après un meeting ? Quel est le rôle dévolu dans son organisation aux militants locaux et aux équipes nationales ? On s’intéressera aussi aux dispositifs médiatiques. Quelle est la place attribuée aux journalistes et quel est leur rôle ? Quels sont les rapports des organisateurs avec les réseaux sociaux ? Comment sont relatés les meetings dans les médias ?

La deuxième session se centrera sur les publics, divers, des meetings. Pour ce faire, nous voudrions partir de la question des dispositifs d’enquête – par exemple, mais pas seulement, à partir de l’expérience de la recherche des membres du groupe SPEL (Sociologie Politique des Élections). Quels sont les outils les plus appropriés pour étudier les meetings ? Comment (et peut‐on) saisir les affects, les émotions, des participants ? Mais l’essentiel sera de réfléchir à ce que sont les participants aux meetings. Peut‐on identifier des différences entre eux, établir des profils‐type ? Et quelles perceptions des participants ressortent des dispositifs, des discours ? Les propositions s’appuyant sur une recherche empirique seront privilégiées. Les communications collectives (papiers écrits collectivement et présentés lors de la ST par un ou deux des auteurs) sont également les bienvenues.

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 25 / Hérédité et compétition politique : le paradoxe de la transmission familiale du pouvoir politique dans les systèmes politiques concurrentiels

Marie Brossier (CERAPS, Université Laval/ CERAPS) [email protected]

Gilles Dorronsoro (Université Paris 1 Panthéon‐Sorbonne) gilles.dorronsoro@univ‐paris1.fr

Depuis deux siècles, la généralisation progressive des systèmes politiques concurrentiels (y compris donc ce qu’on peut conceptualiser comme régimes sécuritaires, illeberal democraties etc.) a fait largement disparaître la transmission héréditaire de droit du pouvoir, hors de quelques systèmes monarchiques1. De plus, les révolutions arabes ont montré la difficulté à transmettre le pouvoir dans un clan familial (Tunisie, Egypte, Syrie). Rien d’étonnant si la transmission familiale et héréditaire du pouvoir politique relève dans l’imaginaire collectif scientifique d’une anthropologie des sociétés pensées comme « exotiques » ou « archaïques ». Dans les systèmes politiques concurrentiels, la transmission familiale du pouvoir politique semblerait a priori paradoxale. La logique démocratique est en effet celle du mérite et de l’élection avec une une séparation des sphères privées et publiques en réaction à une conception lignagère du politique. Le marché électoral voit, toujours en principe, la rencontre d’individus – votants et candidats – dont les familles sont renvoyées à la sphère privée. De plus, au moins dans les pays occidentaux, les familles politiques survivent rarement à la troisième génération, indiquant une transmission temporellement limitée. Pourtant, sans qu’il y ait de transmission héréditaire de droit, on constate l’existence de familles qui occupent des places stratégiques dans le système politique. Ce phénomène ne semble pas propre à des espaces géographiques et socio‐culturels précis puisqu’on le retrouve en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Asie, dans le monde arabe et en Afrique sub‐saharienne. De plus on observe que le vocabulaire politique et politologique fait constamment appel à des références métaphoriques qui empruntent au vocabulaire de la parenté et de l’alliance (héritage, dauphin, descendance, parrainage, filiation, parricide, famille politique, parti frère). Or, on constate une surprenante carence d’études en science politique sur le phénomène héréditaire en politique malgré la parution de l’ouvrage de Patriat et Parodi dans les années 19902. Il est vrai que des études se sont intéressées à la transmission familiale des systèmes de valeurs politiques ou du capital partisan et militant. La famille a ainsi été travaillée comme agence de socialisation et espace de transmission des capitaux notamment autour de la reproduction sociale des élites (Bourdieu) et la formation de dynasties familiales (Pinçon, Pinçon‐Charlot). Ces études n’ont cependant que très peu questionné le phénomène héréditaire de transmission du pouvoir politique notamment du point de vue des mandats électifs et nominatifs, des fonctions, des stratégies, des positionnements politiques et des reconfigurations partisanes. Cet atelier cherche ainsi à comprendre comment se construit une dynastie familiale dans un système politique concurrentiel. En voulant dépasser la dimension supposée paradoxale d’une transmission familiale du pouvoir politique dans les contextes marqués par la compétition politique, notre objectif est de défricher un phénomène qui reste très peu appréhendé comme objet de recherche. En particulier, nous proposons de

1 Historiquement, la transmission familiale du pouvoir politique est loin d’être universelle ou très stable comme le montre l’opposition entre, d’une part, les empires romain et ottoman ‐ où l’instabilité politique naît en partie de l’absence de règles de succession (Voir Paul Veyne, L’empire gréco‐romain, Seuil, 2015 ; et Nicolas Vatin et Gilles Veinstein, Le sérail ébranlé, Fayard, 2003) – et, d’autre part, les royautés occidentales qui installent des règles de transmission stables et contraignantes, qu’on peut interpréter comme un élément de construction des systèmes démocratique par leur insistance sur les procédures.. 2 C. Patriat, J. L Parodi (dir.), L’hérédité en politique, Paris, Economica, 1992, 264 p. ouvrage tiré de C. Patriat, J. L Parodi (dir.), « L’hérédité en politique, colloque organisé par l’Association française de science politique et le Centre d’étude et de recherches politiques de l’Université de Bourgogne, Dijon, 14‐15 mars 1991

rouvrir l’étude des formes de patrimonialisation familiale de la dévolution du pouvoir (mandats électifs et nominatifs, leadership partisan, logiques d’institutionnalisation de la transmission) au regard des modes de passation et succession politique en contexte démocratique, sachant que la transmission familiale ne suppose pas que le système politique ou le système partisan soient forcément néo patrimonial. Afin de penser le paradoxe apparent de la transmission familiale du capital politique en régime concurrentiel, nous proposons une approche délibérément à contresens de l’idéologie démocratique et de la logique individualiste par les concepts de famille, de systèmes de parenté, d’alliance, d’héritage, de capitaux, de réseaux de clientélismes. En rouvrant les pistes de recherches sur l’analyse du couple famille/politique, cette section propose de s’intéresser à la formation et à la trajectoire de familles évoluant et perdurant dans la sphère politique par l’intermédiaire d’échéances électorales qui les positionnent à la tête de l’Etat ou de grandes formations politiques partisanes. Il ne s’agit donc pas d’aborder ici les dynasties qui se construisent au sein de la haute fonction publique (bureaucratie). En dépassant les analyses sur la formation de ‘familles politiques’ (qui abordent le parti comme une famille), notre propos est d’interroger la formation de ‘familles biologiques’ en politique (quand la famille devient une véritable organisation politique). La question de leur formation appelle également celle de leur maintien en politique sur plusieurs générations et celle de leur disparition. L’approche comparatiste que nous souhaitons développer cherche à identifier les mécanismes de transmission du pouvoir au sein d’une même famille. Afin de comprendre si ceux‐ci peuvent être corréler aux types de structures politiques, de systèmes partisans, du degré de décentralisation, de l’idéologie dominante (familialiste, conservatrice, par exemple), nous faisons le choix de comparer des cas d’études nationaux qui ne s’inscrivent pas dans les mêmes aires géographiques et par conséquent pas dans les mêmes trajectoires socio‐ historiques du politique. De la comparaison, nous espérons voie émerger la singularité des contextes et phénomènes étudiés, tout en cherchant à comprendre leur apparition ce qui permettra peut‐être d’amorcer un premier effort de typologie. Ceci nous amène à adopter une conception extensive de la famille qui reste suffisamment souple pour permettre d’aborder la complexité des représentations et pratiques de la famille dans les sociétés qui nous intéressent. L’approche développe une compréhension de la famille en fonction des contextes et des pratiques (Bourdieu, Boltanski) et non comme une réalité immuable qui imposerait une conception figée pensée comme extérieure à l’espace du politique. Aborder l’institution familiale en pratiques (Lagroye) permettra de penser l’évolution et le modelage des liens familiaux quand se crée une dynastie politique. Celle‐ ci est marquée par un double processus d’accumulation et de dilapidation par différentes générations d’un capital politique qui fait d’un certain nombre de membres de la famille des professionnels de la politique. Le contexte de transmission qui nous intéresse est celui d’un système politique concurrentiel pensé comme un système multipartite ouvert avec des élections concurrentielles. Le choix de cette catégorie ouverte cherche à dépasser l’analyse en termes de régimes qui peine à décrire les processus d’hybridation et de complexification du fait politique (Dabène, Massardier, Camau). Afin d’explorer quelques pistes de recherche, les communications seront organisées selon trois axes: la famille comme lien de transmission d’un capital et de compétences spécifiques, la relation entre famille et partis politiques et la relation entre capital familial et électeurs (élections).

1/ Formation des dynasties politiques et constitution d’un capital familial politique Tout d’abord, il semble fécond d’identifier les mécanismes par lesquels se forme une dynastie en politique : Pourquoi et comment le pouvoir peut‐il considéré comme objectivé, solidifié et transmissible ? La formation d’une dynastie politique relève‐t‐elle de processus de socialisation précoce ? Comment les parents organisent‐ils la carrière politique de leurs enfants ? Comment le nom devient‐il un capital, voire une véritable marque ? Quels sont les critères de désignation de l’héritier ? Comment se gèrent les rivalités au sein du clan politique et familial ? En quoi le genre influence‐t‐il les modalités de transfert familial du pouvoir politique ? En quoi le choix de l’héritier au sein de la famille du leader est‐il considéré comme plus sûr ? Comment s’articulent les stratégies de positionnement et d’accès aux mandats électifs au niveau national et local ? Ce premier axe propose de s’intéresser à la circulation des capitaux au sein des familles et entre les espaces sociaux. Les capitaux non politiques (charismatiques, économiques, religieux, etc), qui sont transmis au sein des familles sous certaines conditions (génération, genre, primogéniture, dispositifs de règles de transmission) vont être investis en politique et favoriser l’accès à des positions de pouvoir spécifique dans cet espace. Le regard porté sur la mobilité de ces capitaux (accumulés et/ou dilapidés), des trajectoires des

membres de ces familles, permet d’interroger la conversion de ces ressources entre différents espaces sociaux, du coût de cette conversion (notamment dans le cas de capitaux charismatiques), et de la formation de réseaux clientélistes autorisent cette circulation. En effet, si une famille a un fort capital économique ou charismatique par exemple, est‐elle à même de l’investir en politique et à quelles conditions ? La réponse renvoie aux contraintes légales, aux barrières entre champs et ouvre sur une typologie des familles selon les capitaux initiaux et leur stratégie de conversion. Ceci permettre de poser la question du maintien sur le temps long d’une dynastie en politique et celle de sa disparition, en soulignant l’existence de stratégies de socialisation et de formation des nouvelles générations. Pour ce faire, on cherchera à retracer les bifurcations de parenté dans la formation des dynasties qui ne suivent pas forcément les liens familiaux directs ; il s’agit d’interroger les modalités du choix de l’héritier et peut‐être d’un processus d’invention et de légitimation d’un descendant lointain choisi pour devenir un acteur familial central plus à même de sécuriser l’accumulation des capitaux dans les différents espaces sociaux et par conséquent l’existence de la dynastie dans l’espace politique.

2/ Familles et partis politiques Le deuxième axe s’intéresse non plus aux mécanismes de formation de la dynastie mais aux mécanismes politiques qui font du parti politique et du système partisan le vecteur de la transmission familiale du pouvoir politique. Le critère pertinent que nous avons choisi de retenir pour cette étude réside bien dans la capacité de la famille à prendre contrôle du parti en particulier avoir accès à la candidature, et non dans celui de l’élection (voir axe 3) : Comment une dynastie peut‐elle intimement se lier à un parti politique ? Comment on transmet familialement une organisation partisane comme un patrimoine ? Quelle conception à l’intérieur du parti de ce qu’est la famille ? Est‐ce que transmission familiale doit être autorisée, validée par les militants? Comment se gèrent les résistances nées de l’opposition à cette transmission ? On s’interrogera notamment sur le rôle des familles fondatrices de partis politiques, où le lien parti‐famille est par nature plus fort. L’enjeu de cet axe est de questionner la spécificité des partis – ou des systèmes partisans ? ‐ qui autorisent, voire favorisent le contrôle par une famille. On questionnera les modalités d’occupation, de légitimation du leadership familial à la tête d’un parti, considérant qu’une telle position dominante n’est pas immuable et doit être constamment réactualisée. Par exemple, le parti est‐il nourri par une idéologie familialiste qui va faciliter cette transmission familiale du leadership ? L’orientation idéologique, autant que l’organisation bureaucratique, joue probablement un rôle. Enfin on cherche à quelles conditions une dynastie, influente dans un parti sans pour autant le contrôler, peut perdurer.

3/ Perception publique et élections Ce dernier axe cherche à travailler l’idée que la transmission n’a rien de naturel, ni d’évident, mais au contraire, qu’elle a besoin d’être constamment légitimée. On s’intéressera à comprendre d’une part, comment les gouvernants cherchent à produire la famille comme un modèle légitime d’organisation politique ; et d’autre part, comment les gouvernés se réapproprient ou non, ce registre de légitimité. Pour ce faire, cet axe s’intéresse à la perception publique de cette transmission familiale du pouvoir politique, et des moments électoraux comme validation ou sanction par les citoyens. On essaiera d’identifier, dans la lignée des travaux de sociologie pragmatique, les registres de justification (valeurs familiales, politiques) mobilisés dans la compétition politique, notamment électorale. On s’intéressera aux questions suivantes : Est‐ce qu’on peut être élu en étant le fils de son père ? Est‐ ce que cela représente un problème, un blocage dans les imaginaires collectifs ou pas ? Le registres familialistes (qui justifie la transmission) et républicains (qui l’invalide) entrent‐ils en compétition lors des moments électoraux ? Quels sont les arrangements institutionnels et constitutionnels mis en place pour légaliser ou interdire cette transmission ? En quoi les cycles électoraux ont un effet important sur la capacité d’un héritier biologique à investir l’espace politique et électoral ? Y a‐t‐il un effet de saturation ?

Afin de souligner la richesse des différentes pistes de recherche que propose l’analyse de la transmission familiale du pouvoir politique en systèmes politiques concurrentiels, cette section accueillera des communications développant des approches sur les thématiques suggérées ci‐dessus. Il semble particulièrement fécond de faire dialoguer une diversité d’objets, d’espaces et de périodes relatives à cette question afin d’identifier les représentations et les modalités de mise en œuvre de cette transmission familiale du pouvoir politique dans le monde contemporain.

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie indicative

M. ABELES, « La référence familiale. L’hérédité élective et la vie politique locale : une approche anthropologique », in Claude Patriat, Jean‐Luc Parodi (dir.), L’hérédité en politique, Paris, Economica, 1992, pp. 81‐97. J. L. Debré, Les dynasties républicaines, Paris, Fayard, 2009. M. AMIOT, H. de FONTMICHEL, « Nice : un exemple de monarchie élective au XXe siècle », Ethnologie française, 2, 1971, pp. 49‐64. L. BANTIGNY et A. BAUBEROT, Hériter en politique. Filiations, générations et transmissions politiques (Allemagne, France et Italie, XIXe‐XXIe siècle), coll. Le noeud gordien, PUF, février 2011 V. BERNADOU, « Nestor Kirchner : du président « sans pouvoirs » au « chef hégémonique » », Critique internationale, 2009, 04/06, n°43, pp. 89‐107 S. BOUKHAIMA, « Bachar el‐Assad : chronique d’une succession en Syrie », Monde arabe, 2000, 07/09, n°169, pp. 164‐172 O. DABENE, V. GEISSER, G. MASSARDIER (dir.), Autoritarismes démocratiques et démocraties autoritaires au XXIème siècle : convergences Nord‐Sud, Paris, La Découverte, 2008. J. N. FERRIE, L'Egypte entre démocratie et islamisme : le système Moubarak à l'heure de la succession, Paris : Autrement, impr. 2008. C. JAFFRELOT (dir.), « Asie : A l’épreuve du phénomène dynastique ? », Critique internationale, n° 33, octobre‐décembre 2006, pp. 111‐179. C. PATRIAT, J. L PARODI (dir.), L’hérédité en politique, Paris, Economica, 1992, 264 p. ouvrage tiré de C. Patriat, J. L Parodi (dir.), « L’hérédité en politique, colloque organisé par l’Association française de science politique et le Centre d’étude et de recherches politiques de l’Université de Bourgogne, Dijon, 14‐15 mars 1991. K. KELLEY, The Family : The real story of the Bush Dynasty, New York : Doubleday, 2004. S. HESS, America’s political dynasties, New Brunswick : Transaction, 1997 [1ère ed. 1966]. J. PAGIS, Les incidences biographiques du militantisme en Mai 68. Une enquête sur deux générations familiales : des « soixante‐huitards » et leurs enfants scolarisés dans deux écoles expérimentales, doctorat de sciences sociales sous la direction de Gérard Mauger, ENS/EHESS, 2009. A.PERCHERON, L’univers politique des enfants, Paris : Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1974. A.PERCHERON, La socialisation politique, Paris, Ed. Armand Colin, 1993 M. PINÇON et M. PINÇON‐CHARLOT, Grandes fortunes : dynasties familiales et formes de richesse en France, Paris, Payot, 1998. M. PINÇON et M. PINÇON‐CHARLOT, Les ghettos du Gotha : comment la bourgeoisie défend ses espaces, Paris, Seuil, 2007. O. WORNAT, Reina Cristina : vida pública y privada de la mujer más poderosa de la Argentina, Buenos Aires : Planeta, Cop, 2005.

ST 26 / L’élection présidentielle de 2012 : quelles permanences et quelles évolutions des « alignements » électoraux ?

Bruno Cautrès, (CEVIPOF‐ Centre de recherches politiques de Sciences Po) bruno.cautres@sciences‐po.fr

Martial Foucault (Centre d’Excellence sur l’Union Européenne, Université de Montréal/McGill University, Département de science politique) [email protected]

Lors du congrès AFSP de Toulouse (2007), une table ronde avait été proposée sur le thème temporalités du vote. L’interrogation d’alors portait sur le processus de la décision électorale, une dimension alors peu explorée par la sociologie électorale française (Cautrès, Muxel 2009).

La séquence électorale de 2012, et notamment l’élection présidentielle, permet de revenir avec une pluralité d’approches et de points de vue sur la question des « alignements » électoraux et des clivages socio‐ politiques. Si le contexte (crise économique internationale, impopularité du président sortant) a joué, la sociologie des électorats de 2012 semble à la fois marquer la permanence des « variables lourdes » et la manière dont elles ont été travaillées par de nouvelles dimensions tant au plan sociologique qu’au plan des attitudes politiques. Les français ont voté pour choisir un président de la République, mais ils avaient en perspective les questions liées à la crise, au rôle et aux directions suivies par l’Europe, à la mondialisation. L’économique et les dimensions plus « culturelles » ont joué simultanément. Deux facettes permettent de saisir cette élection : d’une part les évolutions des stratifications, l’émergence ou l’affirmation de nouveaux alignements socio‐politiques; d’autre part l’impact de l’intégration européenne, du thème européen et de celui de la mondialisation sur les représentations et systèmes de valeurs).

La première séance (premier axe de la ST : Permanences et recompositions des explications socio‐politiques du vote en 2012) appellera des communications discutant de manière théorique et/ou empirique de quelle manière l’élection présidentielle de 2012 s’inscrit en continuité ou en rupture vis‐à‐vis des grandes variables socio‐politiques explicatives du vote : classe, religion, idéologie, identifications partisanes, systèmes d’attitudes politiques. Le cadre d’analyse national, souvent privilégié par les enquêtes par sondages, pourrait être interrogé au prisme d’enquêtes locales, qualitatives, ethnographiques, historiques ou comparatives. Si la question ancienne des « variables lourdes » est encore pertinente, a‐t‐on vu s’exprimer de nouveaux clivages ?: clivages générationnels ou culturels (Inglehart, 2008), de genre, territoriaux, d’appartenances à des univers sociaux marqués par le chômage, les inégalités ou la précarité. Ces perspectives s’inscrivent dans le débat académique sur le « vote de classe » et le « vote culturel » ou « vote sur valeurs » (Houtman et Achterberg 2006, Tiberj 2012) ainsi que sur les recompositions et désalignements /réalignements au sein du salariat, et des classes populaires. (Nadeau, Bélanger, Lewis‐Beck, Cautrès et Foucault 2012). Comment analyser également l’affirmation d’un vote d’extrême droite au sein des milieux populaires (Oesch 2008 ; Mergier/Fourquet 2011) ? Et de quels milieux populaires s’agit‐il ?

La seconde séance (second axe de la ST : Pertinences et limites du clivage intégration/démarcation dans le vote de 2012) prendra essentiellement la direction d’une discussion des effets de la crise, du contexte économique, mais aussi des effets sous‐jacents des questions liées à l’Europe, à la mondialisation, à l’affirmation du clivage intégration/démarcation ou gagnants/perdants de la mondialisation et/ou de l’intégration européenne (Kriesi 2008 ; Fligtsein 2008). Il s’agira de faire dialoguer la sociologie électorale et la littérature sur les effets politiques de ces deux processus. Ces nouvelles dimensions se sont‐elles fortement ou pas exprimées dans le vote de 2012 ? Et dans le système de partis français ? Peut‐on ou non déceler des traces du 29 mai 2005 parmi certains électorats ? Les différents électorats sont‐ils toujours traversés par ces questions liées à l’affirmation d’un monde global et ouvert ? La tripartition de l’espace politique français est‐elle plus que jamais d’actualité ? Au‐delà des forts reports de voix au sein de la gauche, ces dimensions ses sont‐elles exprimées alors même que le thème de la « démondialisation » semble gagner en popularité ?

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012. Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie

Achterberg, Peter. Class voting in the new political culture: Economic, cultural and environmental voting in 20 western countries. International Sociology, 21, 2006, pp. 237‐62.

Cautrès, Bruno, Muxel, Anne. Comment les électeurs font‐ils leur choix. Le panel électoral français 2007. Paris, Presses de Sciences Po, 2009.

Fligstein, Neil. Euroclash : the EU, European identity and the future of Europe. Oxford, Oxford University Press, 2008.

Inglehart, Ronald, “Changing values among western publics from 1970 to 2006”, West European Politics, 31(1‐ 2), 2008, pp. 130‐146

Kriesi, Hans‐Peter et al. West European politics in the age of globalization. Cambridge, Cambridge University Press, 2008.

Mergier, Alain, Fourquet, Jérôme. Le point de rupture. Enquête sur les ressorts du vote FN en milieux populaires. Paris Fondation Jean Jaurès, 2011.

Nadeau, Richard, Bélanger, Eric, Lewis‐Beck, Michael, Cautrès, Bruno, Foucault, Martial. Le vote des Français de Mitterrand à Sarkozy. Paris, Presses de Sciences Po, 2012.

Oesch, Daniel, “Explaining workers’ support for right‐wing populist parties in Western Europe: Evidence from Austria, Belgium, France, Norway and Switzerland”, International Political Science Review, 29 (3), 2008, pp. 349‐373.

Tiberj, Vincent, « La politique des deux axes. Variables sociologiques, valeurs et votes en France (1988‐2007) », Revue française de science politique, vol. 62, 2012/1, pp. 71‐106 ST 27 / Le "nouveau" Front national en question

Alexandre Dézé (UM1, CEPEL) [email protected]

Nonna Mayer (CEE, Sciences Po) nonna.mayer@sciences‐po.fr

Si le Front national (FN) a longtemps constitué un objet d’étude privilégié en sociologie politique, au moins jusqu’à l’élection présidentielle de 2002, l’intérêt pour ce parti semble depuis avoir décliné : la plupart des livres parus sur le FN au cours de ces dernières années ont été écrits par des journalistes et les rencontres scientifiques sont devenues rares. Cette section thématique se donne pour ambition de réinvestir le champ de l’analyse sociologique du FN. Une telle perspective ne se trouve pas seulement justifiée par la relance de la dynamique électorale du parti (15,1% au premier tour des élections cantonales de 2011, 17,9% au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, 13,6% au premier tour des élections législatives de 2012) et par le besoin de compréhension et d’explication qu’elle suscite. Elle puise également ses fondements dans l’appréciation critique des interprétations dominantes qui ont été produites sur le phénomène frontiste depuis l'élection de Marine Le Pen à la présidence du parti, en janvier 2011. Avec le renouvellement du leadership frontiste s’est installée l’idée selon laquelle le FN serait devenu un « nouveau » parti, un « parti comme les autres », en lien avec la « stratégie de dédiabolisation » de Marine Le Pen. Or cette lecture de la réalité frontiste apparaît oublieuse de l’histoire et de la sociologie du parti frontiste. La stratégie de Marine Le Pen a été présentée comme inédite, alors même qu’elle s’insère dans la logique ordinaire des stratégies de « respectabilisation » du FN et mobilise des ressorts déjà usités par le passé (euphémisation du discours, modération de l’image, captation du capital de légitimité de personnes ressources, création d’un think tank, etc., cf. Crépon 2012 ; Dézé 2012). On a cru de la même manière diagnostiquer pour la première fois un glissement entre vote de protestation et d’adhésion, alors même que ce phénomène est discuté depuis la fin des années 1980 (cf. Mayer, 2002). On a affirmé encore que le FN avait changé, sans même se rappeler que tout changement partisan engage une série d’opérations nécessairement complexes, à commencer par un travail de redéfinition des orientations programmatiques qui n’a toujours pas débuté au sein de ce parti. Pourtant, la « nouveauté » du FN ne s’est pas moins imposée comme l’une des problématiques dominantes de la campagne électorale et mérite d’être tout à la fois prise au sérieux et déconstruite. C’est précisément l’ambition que se fixe cette section thématique. La question de la « nouveauté » frontiste sera tout d’abord abordée à l’aune d’un examen renouvelé des principales dimensions du phénomène frontiste (organisation, programme, stratégie, communication, électorat, militantisme). Les contributions s’inscrivant dans cet axe devront s’appuyer sur les outils ordinaires de l’analyse sociologique ; elles mobiliseront autant que possible des données d’enquête originales et s’efforceront de mettre en perspective le FN « mariniste » avec le FN « lepéniste ». La « nouveauté » frontiste sera ensuite appréhendée dans une perspective comparative. L’évolution récente du FN gagne sans conteste à être rapportée à la progression qu’enregistrent en Europe des formations telles que le Parti de la Liberté aux Pays‐Bas, le Parti du Progrès en Norvège ou l’Union démocratique du Centre en Suisse. Ces organisations extrêmes droitières apparaissent en rupture avec l’extrême droite historique. Loin d’attaquer frontalement les fondements des systèmes politiques dans lesquels ils évoluent, les responsables de ces formations cherchent à se les approprier pour mieux dénoncer l’Islam, les immigrés, l’Union européenne ou encore la mondialisation. Le discours « républicain » et « laïc » de Marine Le Pen pendant la campagne électorale de 2012 semble précisément témoigner d’un alignement du FN sur le registre discursif de ces partis en Europe. D’où l’intérêt de recourir à l’analyse comparée. Les contributions s’inscrivant dans cet axe devront de fait privilégier un point de vue croisé visant plus particulièrement à faire ressortir les singularités du FN.

Références bibliographiques mentionnées

− Crépon S, 2012, Enquête au cœur du nouveau Front national, Paris, Editions du Nouveau monde. − Dézé A., 2012, Le Front national : à la conquête du pouvoir ?, Paris, Armand Colin. − Mayer N., 2002, Ces François qui votent Le Pen, Paris, Flammarion.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 28 / La coordination des partis et des électeurs dans les systèmes politiques bipolarisés.

Bernard Dolez (Paris 1) [email protected]

Annie Laurent (CNRS‐CERAPS, Lille2) annie.laurent@univ‐lille2.fr

Nous proposons d’interroger, au travers d’études comparatives ou d’études de « cas », l’effet des règles électorales sur la coordination des partis (la formation des coalitions électorales) et des électeurs (le vote stratégique, ou utile) dans les systèmes politiques multi‐partisans bipolarisés, ou « two‐bloc politics », autrement dit dans les systèmes politiques où deux blocs politiques s’affrontent. Plus précisément, il s’agit de mesurer si cette division du paysage politique en deux blocs accentue ou, au contraire, atténue les effets des principales variables qui impactent le système partisan.

Cette section est constituée de 2 sessions, organisées autour de 4 thématiques principales, n’excluant pas d’autres entrées si elles sont justifiées. Chaque session regroupera 4 (voire 5) communications, afin de préserver le temps nécessaire au débat. La moitié des interventions est soumise à appel à communications, l’autre moitié étant réservée à des collègues étrangers afin d’assurer la dimension comparative de cette section thématique.

1. Les dimensions de l’espace politique Selon la littérature scientifique, il est bien établi que le nombre de dimensions de l’espace politique a un impact sur le nombre de partis. Les dimensions de l’espace politique ont‐elles également un effet sur la division du système partisan en deux blocs ? Les blocs sont‐ils idéologiquement homogènes ?

2. La construction des blocs Les règles électorales à l’œuvre dans différents pays ont‐elles un effet sur la construction des blocs ? La division du système partisan en deux blocs conduit‐t‐elle à son tour à des effets sur la coordination partisane, c’est‐à‐dire sur la constitution des coalitions électorales ?

3. La géographie électorale L’existence de deux blocs favorise‐t‐elle la nationalisation des comportements électoraux ? D’un scrutin à l’autre, quelle est la part de la mobilité intra‐bloc et de la mobilité inter‐bloc ?

4. Le vote stratégique Les modalités du vote stratégique varient d’un pays à l’autre, dans la mesure où le système électoral est différent. En quoi l’existence de blocs limite‐t‐elle la possibilité des électeurs d’avoir un comportement stratégique ?

Les propositions doivent préciser les hypothèses de recherche, le type de données et la méthodologie mobilisée. Elles devront être envoyées au plus tard le 15 octobre 2012 aux deux adresses suivantes : [email protected] ET annie.laurent@univ‐lille2.fr ST 29 / La participation politique des musulmans dans les sociétés occidentales

Julien O’Miel (Ceraps/Université Lille 2) [email protected]

Julien Talpin (Ceraps/Université Lille 2) [email protected]

Du fait de l’histoire coloniale et postcoloniale et des flux migratoires plus ou moins récents selon les pays, le nombre de musulmans dans les sociétés occidentales (en Europe et en Amérique du Nord principalement) a fortement cru au cours des cinquante dernières années. Se pose par conséquent la question de leur participation au jeu politique, de l’arène électorale à des formes plus informelles d’engagement civique. Il semble dès lors qu'une sociologie politique de l'islam et de ses fidèles dans les sociétés occidentales reste à conduire. Cherchant à interroger à nouveaux frais des questionnements plus anciens relatifs au rôle de la religion dans la politisation et le rapport au politique des individus, nous invitons des communications autour de deux axes de réflexion :

1. Espaces et vecteurs de la politisation des musulmans

Tout d’abord, si dans les pays où l’islam constitue la religion majoritaire la mosquée et les associations qui lui sont affiliées constituent des espaces importants de mobilisation et de politisation des individus, peut‐on observer des phénomènes similaires dans des pays où l'islam est minoritaire ? C’est ainsi à une sociologie politique des mosquées et de ceux qui les fréquentent, ainsi que des associations cultuelles et culturelles qui les entourent, que nous invitons ici. Qui sont les vecteurs de ce travail de politisation (rôle des imams, des associations cultuelles, etc.) ? Par quel canal passe ce travail de politisation (prêche, action sociale, culturelle) ? Ensuite, au delà de la question des espaces, peut‐on parler d'une politisation comme réponse à la stigmatisation ? En effet, si les luttes pour faire valoir ses droits constituent de puissants vecteurs de politisation et alors que les populations musulmanes sont souvent présentées comme discriminées dans les sociétés occidentales du fait de la montée de l’islamophobie, ce sentiment de relégation constitue‐t‐il un vecteur de politisation collective et individuelle ? Les controverses autour de la création de lieux de cultes musulmans, qui se sont multipliées au cours de la dernière décennie, constituent‐ils également un vecteur de politisation voire d’empowerment des communautés musulmanes ? Enfin, si la stigmatisation et les conflits qu’elle occasionne sont vecteurs d’engagement, quelle forme prend‐il ? Il serait de ce point de vue intéressant d’étudier des trajectoires d’engagement de fidèles musulmans, afin de repérer tant la création de collectifs propres que les organisations les plus propices à les accueillir, des associations aux partis politiques, des syndicats aux institutions de démocratie participative.

2. le rapport des musulmans au jeu électoral : du licite à l'illicite, au vote ethnique

Le deuxième axe que nous souhaiterions approfondir est celui du rapport des citoyens de confession musulmane au jeu électoral dans les sociétés occidentales. Quel est le rapport au vote des musulmans ? Alors qu'un débat anime la communauté musulmane autour de la conformité du vote au regard de la religion musulmane (le vote est‐il haram ?), qui intervient dans ce débat ? Quelles sont les positions tenues par les différents acteurs religieux et institutionnels à cet égard ? Et quelle est la réception de ces injonctions contradictoires par les citoyens musulmans ? Des discussions ont‐elles lieu dans l’espace public à ce sujet ou faut‐il rechercher des traces de ces interrogations dans des arènes moins publiques, voire infra‐politiques, à la mosquée ou sur des sites internet spécialisés ? La question d'un éventuel vote musulman constitue un autre axe de recherche. Où vont leurs suffrages ? Existe‐t‐il une tendance lourde ici, ou d’autres variables, générationnelles, sociales, de genre ou éducatives prévalent‐elles dans ce cas ? Peut‐on constater des variations selon le type de scrutins (local ou national) ?

D'une manière générale la section thématique privilégiera des travaux comparatifs mettant en avant les (non)effets des spécificités des cas étudiés sur les résultats présentés. En particulier, selon les pays, le statut des individus de confession musulmane se pose de façon très contrastée, entre ceux où l’immigration ancienne et les politiques de nationalité ont conduit à la participation pleine et entière au jeu politique, et ceux où l’immigration plus récente rend juridiquement plus compliquée l’intégration civique. Par ailleurs, la recherche sur ce sujet présente des difficultés au regard de la construction des catégories d'analyse ou dans le recueil des données. Les communications présentant une réflexion méthodologique et épistémologique seront donc privilégiées.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 30 / Les enseignants, un groupe mobilisé ?

Bertrand Geay (Université de Picardie‐Jules Verne‐CURAPP) bertrand.geay@u‐picardie.fr

Frédéric Sawicki (Université Paris I‐CESSP) frederic.sawicki@univ‐paris1.fr

Dans de très nombreux États, les enseignants du primaire et du secondaire constituent un groupe professionnel particulièrement mobilisé, quel que soit le mode d’organisation du système éducatif et quel que soit le statut de leur profession. Leurs syndicats ou leurs associations professionnelles sont souvent de type corporatif, leur conférant une capacité de mobilisation et d’influence importante sur l’orientation des politiques scolaires. Dans les pays où le système d’enseignement est centralisé, l’existence de statuts nationaux passe pour avoir particulièrement favorisé l’homogénéisation de la profession enseignante et de leurs organisations. C’est le cas en France, où, de plus, le conflit entre enseignement privé confessionnel et enseignement public laïque du fait de la fonction politique assignée à l’école primaire par la IIIe République a fortement contribué à la politisation de ce groupe social. L’histoire syndicale et politique est venue à la fois consolider les statuts enseignants et les liens politiques entre les syndicats enseignants, les syndicats de salariés et les partis de gauche.

Les systèmes éducatifs ont connu d’importantes transformations au cours de ces trente dernières années. D’une part, les effectifs de l’enseignement secondaire se sont considérablement accru, sous le double effet de politiques volontaristes de démocratisation et d’une diffusion des aspirations à la promotion sociale par l’école. D’autre part, l’organisation du système d’enseignement a été affectée par un mouvement qu’on peut schématiquement décrire comme un processus de déconcentration et de décentralisation dans les pays de tradition centralisée débouchant sur une autonomisation des établissements et comme un processus de recentralisation dans les pays où la gestion des établissements ressort des collectivités locales à travers la mise en place de mécanismes de pilotage étatique par l’évaluation, que certains assimilent à une « néo‐ libéralisation » de l’Ecole. L’ensemble de ces transformations semblent avoir considérablement modifié les conditions d’exercice du métier enseignant, mais aussi les formes de mobilisation et d’organisation de ce groupe professionnel.

Cette session thématique, qui se situe au croisement de la sociologie de l’engagement et de la sociologie des professions, entend donc faire le point sur l’évolution des formes de mobilisation et d’organisation des enseignants en sollicitant des contributions portant aussi bien sur les syndicats et les organisations professionnelles (associations disciplinaires, mouvements pédagogiques…) et les mobilisations collectives locales et nationales (grèves, manifestations…) que sur la sociologie des enseignants eux‐mêmes dans leur rapport au politique et à l’engagement (investissements politiques, associatifs, mais aussi orientations idéologiques et comportements électoraux). Dans cette optique, les contributions historiques et comparatives permettant de resituer les évolutions en cours, voire de les relativiser, seront particulièrement bienvenues. Les travaux monographiques ou historiques, aussi bien que les enquêtes conduites à une large échelle, sur une base statistique et/ou comparative, pourront trouver leur place dans cette session.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 31 / La représentation politique au‐delà de l’élection

Charles Girard (Université Paris‐Sorbonne) [email protected]

Samuel Hayat (CRESPPA‐CNRS/Université Paris 8) samuel.hayat@club‐internet.fr

La théorie démocratique a connu de nombreux bouleversements ces dernières décennies : un « tournant délibératif », invitant à faire reposer la légitimité démocratique non plus sur la seule élection, mais sur les procédures de débat contradictoire précédant la décision ; une importance croissante accordée à la participation politique des citoyens au‐delà de la seule activité électorale ; la montée d’un impératif de justice et d’inclusion, mettant en question la neutralité supposée des procédures démocratiques et leurs effets émancipateurs. Ces changements se sont en grande partie faits contre les théories « réalistes » ou « minimalistes » de la démocratie, développées à la suite des écrits de Joseph Schumpeter, et réduisant la démocratie à la seule compétition électorale. La réflexion sur la démocratie en a été considérablement enrichie, mais avec une conséquence indésirable : la mise entre parenthèse de la question de la représentation. Concept central de la théorie réaliste de la démocratie, qui l’identifie à sa forme électorale, la représentation politique a perdu sa centralité à mesure que cette théorie s’est trouvée contestée.

Cependant une série d’études a récemment remis en question, de façon dispersée, cette minoration de la représentation, non pas en réaffirmant la théorie réaliste et le primat de l’élection, mais au contraire en réévaluant les possibilités ouvertes par les transformations théoriques récentes pour repenser la représentation au‐delà de l’élection. Elles examinent la représentation politique en considérant l’ensemble des relations au sein desquelles un agent politique parle, agit ou décide au nom d’un ou plusieurs autres. La dissociation partielle de la représentation et de l’élection rend possible la reprise de ce premier concept non seulement dans d’autres agencements théoriques que le paradigme schumpétérien mais aussi dans d’autres contextes que celui des institutions traditionnelles du gouvernement représentatif.

Dans la continuité de ces multiples études, cette section thématique entend contribuer au processus de reformulation des théories de la représentation, jusqu’à présent peu explorée par la science politique française. Dans cette perspective, cette section thématique, orientée vers la théorie politique, réunira des communications ancrées dans l’ensemble des sciences humaines et sociales, visant à mettre au jour et à analyser les formes de représentation politique qui ne relèvent pas stricto sensu de l’élection. Le but étant de permettre de nouveaux dialogues et de nouvelles convergences, nous proposons aux contributeurs, à titre indicatif, d’inscrire leurs propositions (en français ou en anglais) dans un ou plusieurs de ces axes :

1. La position de porte‐parole

En tant qu’il tente de « rendre présent ce qui est absent », un porte‐parole, même s’il n’a pas été « autorisé » par ceux dont il prétend faire entendre la voix, peut être un représentant. A partir d’une réflexion sur la position de porte‐parole, notamment dans le monde associatif et les mouvements sociaux, les contributions pourront s’interroger sur les conditions de l’établissement d’une relation de représentation en dehors de toute autorisation par un vote.

2. Les effets de la représentation sur les représentés

Dans la plupart des études classiques sur la représentation, la focalisation porte sur le monde des représentants. Or l’existence d’une relation de représentation a aussi des effets sur les représentés, en particulier des effets de subjectivation et de politisation. Des contributions pourront rendre compte de la relation de représentation du point de vue des représentés.

3. Les politiques de la présence

Une attention particulière sera portée aux théories et aux expériences qui relèvent des politiques de la différence, de la présence, ou de la « représentation de groupe », qui visent à garantir une place spécifique aux groupes dominés et sous‐représentés. En particulier, les contributions rendant compte des usages de la représentation pour lutter contre les discriminations de race, de genre et de classe seront bienvenues.

4. Représentation électorale et représentation non électorale

Enfin, loin d’opposer seulement les formes électorales et non électorales de la représentation, les contributions pourront interroger l’articulation des procédures de représentations traditionnelles avec les nouvelles formes de représentation.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 31 / Political representation beyond election

Charles Girard (Université Paris‐Sorbonne) [email protected]

Samuel Hayat (CRESPPA‐CNRS/Université Paris 8) samuel.hayat@club‐internet.fr

Democratic theory has known many changes the last decades: a “deliberative turn”, according to which democratic legitimacy should be based non only on election, but also on the contradictory debates preceding decisions; the growing importance given to the political participation of citizens beyond their electoral activity; the rising of an imperative of justice and inclusion that questions the alleged neutrality and emancipatory effects of democratic procedures. These changes have largely happened against “realist” or “minimalist” theories of democracy, developed after Joseph Schumpeter’s writings, which reduce democracy to electoral competition. As a result, reflections of democracy have grown richer, but with an unwanted consequence: the question of representation has been put aside. As the central concept of the realist theory of democracy, which identifies representation with elections, political representation has progressively been losing its centrality as this theory was getting challenged.

However, several studies have recently brought into question this undervaluation of representation, not by reaffirming the realist theory and the primacy of election, but on the contrary by reappraising the possibilities opened by recent theoretical transformations to rethink representation beyond elections. To understand representation, theses studies consider all the relations where a political actor speaks, acts or decides in the name of others. The partial disassociation between representation and election allows us to take up representation not only in other theories than the Schumpeterian paradigm, but also in other contexts than the traditional institutions of representative government.

Continuing these studies, this workshop aims at contributing to the process of reformulation of the theory of representation, little explored by French political science so far. In that perspective, this workshop, oriented towards political theory, will gather papers coming from all the social sciences, that try to reveal and analyse forms of political representation that do not strictly comes down to election. Since we intend to allow new discussions and new convergences, we suggest the contributors to have their paper proposal (in English or in French) fit into one (or more) of these themes:

1. What is a spokesperson?

Since he or she tries to “make present what is absent”, a spokesperson, even if he or she had not been “authorized” by those he or she pretends to speak for, can be a representative. Basing on reflections about the position of spokespersons, particularly in community life and social movements, the papers could wonder about how a relation of representation is established without any electoral authorization.

2. The effects of representation on the represented

Most classical studies about representation are focused on the world of the representatives. Yet the existence of a relation of representation also has consequences on the represented, especially effects of subjectification and politicization. The papers could study the relation of representation from the point of view of the represented.

3. The politics of presence

A specific attention will be given to the theories and experiences that relate to the politics of difference and of presence, or to group representation, which aims at guaranteeing a specific place to dominated and under‐ represented groups. In particular, we would welcome papers about the uses of representation in the struggle against discriminations of race, gender and class.

4. Electoral and non‐electoral representation

Finally, far from just opposing electoral and non‐electoral forms of representation, the papers could deal with the articulation between traditional procedures of representation and new forms of representation.

Deadline for proposals: 15 october 2012

ST 32 / Des mouvements en changement : autonomisation, institutionnalisation, professionnalisation et transnationalisation des associations LGBT

David Paternotte (Fonds national de la recherche scientifique / Université libre de Bruxelles) [email protected]

Massimo Prearo (Université de / University of Sussex) [email protected]

Les mouvements sociaux sont l’objet d’une très vaste littérature en sciences sociales et politiques. Comme l’ont montré, en France, les travaux pionniers d’Olivier Fillieule, Christophe Broqua ou Jan Willem Duyvendak et ceux de chercheuses comme Mary Bernstein et Elizabeth Armstrong aux Etats‐Unis, les mouvements gays et lesbiens constituent un vivier de réflexion particulièrement fertile.

Cette section thématique souhaite analyser les conditions et les causes des transformations récentes des mouvements LGBT. En effet, à la faveur, notamment, d’une intensification du débat public et d’une reconnaissance croissante de leurs demandes par les pouvoirs publics, les mouvements LGBT se sont profondément transformés au cours des dernières années. Ces transformations sont concomitantes avec l’adoption, à une échelle internationale, du « label » LGBT. Nous proposons ici d’explorer les dynamiques d’autonomisation, d’institutionnalisation, de professionnalisation et de transnationalisation des mouvements LGBT. L’objectif sera plus précisément, à travers une comparaison entre cas français et étrangers, de les désarticuler et de préciser leur définition et leur mode de fonctionnement.

Sur base d’un travail de terrain conséquent, les propositions aborderont les transformations contemporaines d’une association en particulier ou des mouvements LGBT dans un cadre précis, que ce soit au niveau local, national ou transnational, sans limite d’aires géographiques. Il s’agira de mettre en lumière le travail des acteurs et les transformations récentes du militantisme LGBT, en accordant une attention particulière aux dynamiques d’autonomisation, d’institutionnalisation, de professionnalisation et/ou de transnationalisation, qui tendent à rompre avec le répertoire d’action hérité des années 1970 et 1980.

CV et propositions de communication de 2500 signes maximum à envoyer par mail avant le 15 octobre 2012 aux deux responsables de la section thématique. ST 33 / Affaires sexuelles, questions sexuelles, sexualités

Sandrine Lévêque (Université Paris I‐Panthéon‐Sorbonne, UMR CESSP) [email protected]

Frédérique Matonti (Université Paris I‐Panthéon‐Sorbonne, UMR CESSP) [email protected]

L’arrestation en mai 2011 de D. Strauss‐Kahn, les controverses sur « les lois de l’amour », les mobilisations LGBT, autant d’événements montrant que les questions sexuelles et de sexualités sont, comme le proclamaient les revendications féministes des années 70, au cœur du politique. Objet scientifique longtemps illégitime en France, à la différence des espaces académiques anglophones, les questions sexuelles intéressent pourtant l’ensemble de la science politique autour de leur politisation et de leur publicisation progressives. Le but de la section thématique est d’ouvrir en France, un chantier inédit et de créer autour des thématiques liées à la sexualité et aux affaires sexuelles une dynamique de recherche à la croisée de plusieurs champs disciplinaires de la science politique et des sciences sociales. Pour cette rencontre inédite dans le cadre d’un congrès français de science politique, nous souhaitons ouvrir cet appel à communication à des objets multiples et à des approches variées afin que des chercheur‐es d’horizon disciplinaires différents confrontent leurs points de vue et leur expériences de travail. De ce fait, les communications comportant une réflexion épistémologique et méthodologique seront privilégiées comme celles permettant d’apprécier l’état des savoirs dans les champs académiques étrangers. Les objets et les approches théoriques pourront être extrêmement variées même si l’on favorisera le travail empirique et les enquêtes de terrain.

Objet de controverses, la sexualité est tout d’abord devenue un thème de mobilisation collective qui nécessite de comprendre comment des individus plus ou moins organisés s’engagent pour faire advenir ces revendications « privées » dans l’espace public. Les communications pourront ainsi porter sur la « visibilisation » progressive des groupes dont l’existence sociale était jusqu’alors « cachée » (LGBT, travailleurs et travailleuses du sexe, féministes …), sur la manière dont il s’organisent et sont reconnus. Il s’agira alors de travailler sur des trajectoires d’engagement de ceux qui s’y reconnaissent mais aussi sur leur revendications et sur les modes d’action destinés à faire advenir ces revendications comme l’humour, la dérision ou la provocation.

La production au fil du temps des « lois de l’amour » par les politiques publiques invite à penser la socio‐ histoire de l’intervention de l’État dans ces domaines. Si l’avortement, la répression du viol ou de la pédophilie ont fait l’objet de prises en charge étatiques, d’autres questions —l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, les réassignements de sexe — peinent encore à être objets de politiques publiques. Alors que vient de se clore une double séquence électorale il s’agira par exemple de traiter de la place de ces questions sur l’agenda politique, de leur cadrage et de la manière dont, objets de programme politique, elles vont désormais être traitées.

La légitimité d’user de ressources corporelles identitaires (un corps féminin, un coming out…) ou comme l’ont montré les affaires Strauss‐Kahn ou plus récemment encore les controverses sur la place de la compagne du chef de l’État, la montée d’une exigence de transparence en matière de vie privée (ou supposée telle) suscitent des controverses dont on pourra saisir les enjeux en matière de transformation de la professionnalisation politique et journalistique. Des communications sur les usages des capitaux corporels identitaires et sur les ressources ou les handicap que constituent dans l’espace politique ces éléments liées aux sexes ou à la sexualité – réelle ou supposée comme lorsque se propagent les rumeurs — pourront être proposées. L’accueil et les controverses que ces enjeux suscitent dans les médias, la manière dont les journalistes s’en emparent et dont ils en font des ressources ou non pertinentes en politique pourront aussi être abordées.

Enfin, alors que l’on s’interroge à nouveau sur le poids de diverses variables sociales et géographiques dans la participation et les choix électoraux, les orientations sexuelles pourraient permettre d’enrichir les analyses sociologiques, voire écologiques du vote. Bien qu’aujourd’hui en France il soit difficile de traiter de données relatives aux orientations sexuelles des électeurs, certaines approches s’interrogent sur l’existence par exemple d’un vote gay, écho des processus urbains de « gaytrification » ou se demandent si les enjeux relatifs à la sexualité déterminent les choix électoraux.

Les communications en général pourront inviter à analyser l’apport des questions sexuelles et des sexualités pour repenser les rapports de l’ordre politique et de l’ordre social. Elles rejoindront ainsi les préoccupations de la théorie politique notamment anglophone, parfois inspirée par Foucault ou le mouvement queer.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 34 / L’analyse de réseaux comme méthode pour la science politique

Camilo Argibay (Triangle, ENS de Lyon) [email protected]

Claire Lemercier (CSO, CNRS‐Sciences Po) claire.lemercier@sciences‐po.org

Ceux qui la pratiquent présentent en général l’analyse de réseaux sociaux plutôt comme une méthode que comme une théorie. Il s’agit d’une façon particulière de regarder la réalité, qui met l'accent sur les relations plus que sur les propriétés des individus ou organisations, et sur les structures dessinées par ces relations (Granovetter, 1990). À quelques exceptions près (Payre, 2005 ; Combes, 2009), la science politique française n'a guère utilisé dans des travaux empiriques les formalisations correspondantes. Dans les autres pays aussi, en dehors de l'étude des mouvements sociaux (Diani et McAdam, 2003), les recherches de ce type sont encore peu cumulatives. Pourtant, l'analyse de réseaux peut apporter des clés pour deux questionnements de science politique, sur la multipositionnalité des acteurs et les processus de circulation.

La question de la multiplicité des espaces d’engagement a été posée, surtout à propos du militantisme et des élites politiques et administratives, depuis les années 1970 (Boltanski, 1973). Ainsi, le renouvellement des enquêtes sur les partis politiques a été marqué par l’analyse des milieux partisans, portant attention aux relations consolidées entre différents groupes (Sawicki, 1997). Mais elles en restent souvent au récit de trajectoires individuelles, là où l’analyse de réseau formalisée permet d’étudier conjointement l’individuel et le collectif, en prenant au sérieux la coappartenance synchrone de différents individus à une même institution et d’un même individu à différentes institutions. Cette méthode permet notamment de repérer les frontières de l’espace social étudié, d’en discerner les sous‐groupes et leurs relations, et enfin de penser les engagements individuels dans cet espace donné (voir par exemple Rebmann, 2011). Elle est à cet égard complémentaire de l’analyse factorielle et de l’analyse de séquences.

L’analyse des processus de circulation, qu’ils concernent des individus ou des savoirs, s’est forgée autour de l’étude du niveau transnational, en se démarquant d’une lecture linéaire et unidirectionnelle de type émetteur‐récepteur, pour privilégier l’étude d’un espace de circulation. Elle procède à une sociologie fine des acteurs qui circulent et font circuler (Hassenteufel, 2005). L’entrée par les réseaux permet de cartographier ces espaces pour repérer les circuits, les zones d’intrication et d’éventuelle convergence, mais aussi de non circulation entre différents mondes (voir par exemple Rosenthal et al., 1985). En donnant un contenu précis à la notion d’« intermédiarité », elle permet d’objectiver la position des passeurs individuels ou collectifs.

Sur ces deux thèmes en priorité, cette section propose de discuter le traitement formalisé (par la quantification et/ou la représentation graphique) de données relationnelles issues d’une enquête de terrain, réalisée par des politistes, ou bien par des historiens ou sociologues dont la méthode et l'objet pourraient intéresser des politistes. L'objectif étant de discuter d'une méthode, les communications qui utiliseront la notion de réseau sans recourir à une analyse formalisée ne seront pas retenues. Nous demanderons aux auteurs de présenter précisément leur protocole d’enquête ainsi que l’apport de cette méthode à leur travail, ce qu'ils n'auraient pas pu saisir sans elle.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Références Boltanski Luc, « L’espace positionnel : multiplicité des positions institutionnelles et habitus de classe », Revue française de sociologie, 14, 1, 1973, p. 3‐26. Combes Hélène, « Pour une sociologie du multi‐engagement : réflexion sur les relations partis ‐ mouvements sociaux à partir du cas mexicain », Sociologie et sociétés, 41, 2, 2009, p. 161‐188. Diani Mario et McAdam Doug, Social movements and networks: relational approaches to collective action, Oxford, Oxford university press, 2003. Granovetter Mark S., « The Myth of Social Network Analysis as a Special Method in the Social Sciences », Connections, XIII, 1‐2, 1990, p. 13‐16. Hassenteufel Patrick, « De la comparaison internationale à la comparaison transnationale. Les déplacements de la construction d’objets comparatifs en matière de politiques publiques », revue française de science politique, 55, 1, 2005, p. 113‐132. Payre Renaud, « Un savoir « scinetifique, utilitaire et vulgarisateur » : la ville de La vie urbaine, objet e science et objet de réforme (1919‐1939) », genèses, 60, 3, 2005, p. 5‐30. Rebmann Frédéric, « Le réseau des commissions extra‐parlementaires (1910‐2000) : essor et déclin d’une expression institutionnelle du néocorporatisme helvétique », Redes, 21, 2011, p. 498‐537. Rosenthal Naomi, Fingrutd Meryl, Ethier Michele, Karant Roberta et McDonald David, « Social Movements and Network Analysis: A Case Study of Nineteenth‐Century Women’s Reform in New York State », American Journal of Sociology, 90, 5, 1985, p. 1022‐1054. Sawicki Frédéric, Les réseaux du Parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan, Paris, Belin, 1997, 340 p. ST 35 / La socialisation politique des enfants : pour un réexamen empirique et transdisciplinaire

Géraldine Bozec (Centre d’études européennes/Sciences Po) [email protected]

Julie Pagis (Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales, Lille) [email protected]

Cette section thématique sur la socialisation politique des enfants entend contribuer à renouveler un champ de recherche largement délaissé par la science politique française. Elle se donne pour objectif de faire dialoguer les approches scientifiques récentes de cet objet ‐ qui restent trop segmentées par discipline – et d’articuler les méthodes d’enquête. Depuis les travaux fondateurs– en particulier aux Etats‐Unis, des années 1950 aux années 1970, et en France dans les années 1970 et 1980 avec les recherches d’Annick Percheron – l’enfance n’a suscité que peu d’intérêt. Les recherches sur la socialisation politique ont privilégié d’autres catégories d’âge (adolescents, jeunes adultes) et se sont intéressées à la socialisation secondaire, liée aux événements et aux contextes politiques notamment. Celles qui ont porté sur les enfants et les adolescents ont eu tendance à restreindre le point de vue aux seules préférences politiques, limitant ainsi la définition et l’approche du politique. En outre, la majorité de ces études ont mobilisé des données quantitatives, laissant dans l’ombre les processus et les pratiques à l’origine de cette socialisation politique enfantine. L’analyse des rapports qu’entretiennent les enfants au politique et plus généralement à l’ordre social connaît actuellement un certain renouveau, en science politique et dans d’autres disciplines (sociologie et anthropologie de l’enfance, sociologie de l’éducation, psychologie sociale, notamment). Cette section thématique cherchera à approfondir, les réflexions sur cet objet, en favorisant les échanges entre chercheurs(ses) issu(e)s de la science politique et d’autres disciplines, en France et à l’étranger. Pour ce faire, nous partirons d’une définition large du politique, qui ne se cantonne pas à l’univers spécialisé de la politique, pour considérer plus généralement des représentations et des pratiques orientées par des divisions ‐ potentiellement conflictuelles ‐ du monde social, et ce faisant construites comme politiques. Dans la même optique, les comportements politiques des enfants seront analysés à l’aune des multiples dimensions de leur expérience sociale (socialisation religieuse, trajectoires scolaires, rapports à l’autorité parentale et enseignante, par exemple).

Cette section thématique est destinée à accueillir des présentations scientifiques fondées sur des données empiriques relatives aux enfants et aux différents agents de la socialisation enfantine (famille, école, groupe de pairs, médias, etc.) dans la période contemporaine. Deux axes seront privilégiés :

1) La caractérisation des univers politiques enfantins :

Seront ici étudiées les représentations, les attitudes et les comportements politiques des enfants, dans leurs multiples dimensions : - sentiments d’appartenance à des communautés sociopolitiques (locale, nationale, européenne…); - représentations des principaux clivages du monde social (de classe, de genre, de religion, d’ethnicité, notamment) et manières enfantines de se situer par rapport à ces clivages ; - visions et comportements civiques et politiques des enfants : perceptions du système politique et partisan ; rapports à l’autorité ; participation à la vie collective dans un cadre scolaire ou autre; relations politiques entre enfants, dans la sociabilité et les jeux par exemple, etc.

2) La genèse des représentations et comportements politiques enfantins :

Il s’agit ici de mieux comprendre les processus de la socialisation politique, par l’analyse des pratiques éducatives des différents protagonistes au quotidien, des conditions de leur réception par les enfants, etc. Les présentations peuvent porter sur : - la manière dont les différents milieux (famille, école, groupe de pairs, médias…) participent à la socialisation politique enfantine, en tenant compte de leurs caractéristiques différenciées (types de configurations parentales et de fratries, caractéristiques des milieux scolaires, etc.) ; - l’articulation entre ces différentes sphères de socialisation (concordance, dissonance, voire conflit) et ses effets sur la socialisation politique des enfants ; - la manière dont les enfants, comme acteurs de leur socialisation, s’approprient ces éléments politiques ; leur rôle dans la socialisation de leur entourage.

Les propositions qui articuleraient les apports de plusieurs disciplines sont particulièrement bienvenues.

Date limite pour les propositions : 15 octobre 2012

ST 35 / Children’s Political Socialization: towards an empirical and transdisciplinary reassessment

Géraldine Bozec (Centre d’études européennes/Sciences Po) [email protected]

Julie Pagis (Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales, Lille) [email protected]

This thematic section on children’s political socialization aims to contribute to renewing a research field that has largely been overlooked by French political science. Its purpose is to foster discussion between recent scientific approaches to this issue – which remain too compartmentalized along disciplinary lines – and create links between diverse fieldwork methodologies. After founding studies – in the U.S.A. between the 1950s and the 1970s and in France between the 1970s and the 1980s with Annick Percheron’s work – childhood has not attracted much academic attention. Research on political socialization has been more concerned by other age categories (teenagers, young adults) and has investigated secondary socialization, especially the one related to political events and contexts. Studies on children and teenagers tended to restrict the analysis to political preferences only, hence limiting the definition and the approach to the political. Moreover, most studies used quantitative data, overlooking processes and practices at stake in children’s political socialization. The approach to children’s political relationships to the political and more generally to the social order is currently renewed, in political science and other disciplines (sociology and anthropology of childhood, sociology of education, social psychology). This thematic section aims to go further in reflecting on this issue by favoring discussions between researchers from different disciplinary backgrounds and countries. In this aim, a large definition of the political will be used as a basis, not restricted to the specialized world of politics, but considering more generally representations and practices based on divisions of the social world – which are potentially conflictive – and thus built as political. In the same way, children’s political behaviors will be analyzed in link with the diverse dimensions of their social experience (religious socialization, school experience, relationships to parents’ and teachers’ authority and so on).

This thematic section welcomes scientific communications based on empirical data on children and socialization agents (family, school, peer group, media, etc.) in the contemporary period.

Two axes are given priority:

3) Children’s political views

Children’s political perceptions, attitudes and behaviors will be studied, exploring diverse dimensions : - feelings of belonging to sociopolitical communities (local, national, European…); - perceptions of the main divisions of the social world (social class, gender, religion, ethnicity, in particular) and children’s ways of situating themselves with regards to these divisions; - children’s civic and political perceptions and behaviors : perceptions of the party and political system ; relationships to authority ; participation in the public life of schools or elsewhere ; political relationships between children through their social relationships or play for example, etc.

4) The building of children’s political perceptions and behaviors

The aim is to better understand the processes of political socialization, by analyzing the educational practices of different actors in the everyday life, the conditions for reception by children, etc. Communications may address: - The ways in which different environments (family, school, peer group, media…) contribute to children’s political socialization, taking into account their different characteristics (types of families and siblings, characteristics of schools, etc.) ; - The links between these different spheres of socialization (concordance, dissonance, or even conflict) and effects on children’s political socialization; - The ways in which children, as actors of their socialization, take these political messages for themselves; their role in socializing those around them.

Proposals that would use the contributions of different disciplines are particularly welcomed.

Deadline for proposals : 15 October 2012

ST 36 / La division du travail exécutif. Distribution, différenciation et appropriation des postes exécutifs

Nicolas Bué (Université de Nice‐Sophia Antipolis / ERMES) [email protected]

Nicolas Kaciaf (UVSQ / CERAPS) [email protected]

S’il est un point peu abordé par la sociologie des dirigeants politiques1, c’est sans doute l’attention accordée aux modalités différenciées de conquête et d’exercice du pouvoir selon les secteurs sur lesquels les gouvernants exercent leur emprise. Bien que chacun puisse convenir qu’être affecté aux questions budgétaires, éducatives, judiciaires, militaires, agricoles ou encore sportives engage des compétences, ressources, réseaux, apprentissages, marges de manœuvre et rétributions spécifiques, peu de travaux ont érigé la division du travail exécutif, à l’échelle nationale ou locale, en objet de recherche à part entière. Si cette question est étudiée dans le cadre des gouvernements de coalition2, elle reste surtout abordée à travers un prisme partisan, comme détachée des propriétés sociales et des jeux d’acteurs individuels. Cette section thématique entend se focaliser sur les logiques de distribution, de différenciation et d’appropriation des postes exécutifs. La diversité des terrains d’enquête, des échelons territoriaux et des contextes sociohistoriques est ici privilégiée tant elle permet de travailler cette variable « sectorielle » et d’en évaluer les effets propres sur les carrières des professionnels de la politique comme sur les dynamiques de conquête et d’exercice du pouvoir. Différencier les postes exécutifs selon leurs « domaines » d’intervention respectifs et les propriétés sociales de leurs occupants permet en effet de réinterroger et d’articuler deux objets majeurs de la sociologie des gouvernants : l’accès aux positions de pouvoir et les formes de rétribution liées à l’exercice du pouvoir.

1. On interrogera d’abord la place des différents postes exécutifs dans les trajectoires et carrières politiques. Quels sont les ministères et délégations les plus spécifiquement convoités, selon les niveaux territoriaux, les conjonctures, les partis, les profils sociaux des acteurs ou leurs « clientèles » politiques ? Quels sont les ressources, compétences, règles [Nay, 1998], réseaux d’alliés et/ou trophées antérieurs qu’il faut mobiliser, maîtriser ou faire valoir pour prétendre occuper tel portefeuille ou délégation ? Si les postes les plus « techniques » vont généralement aux représentant(e)s les moins doté(e)s [Gaxie, Offerlé, 1985], si des logiques genrées ont été soulignées [CURAPP 1990 ; Davis 1997], peut‐on objectiver plus précisément les logiques sociopolitiques de distribution des portefeuilles ? La comparaison spatiale et temporelle, et l’attention aux jeux d’échelle doivent permettre d’apprécier si l’inégal prestige associé aux différentes fonctions exécutives est relativement stable dans le temps et l’espace ou, au contraire, contingent, c’est‐à‐

1 Cf. Birnbaum [1977], Dogan [1957 et 1967], Estèbe [1982], Gaïti [1985], Garraud [1988 et 1989], Gaxie [1980, 1983 et 1986], Guttsman [1963], Lewis [1970], Putnam [1976], Sotiropoulos et Borikas [2003], Tavares de Almeida et al. [2003]. Pour une synthèse, voir Genieys, 2011, chap. 4. 2 Budge et Keman [1990], Laver et Shofield [1990], Laver et Shepsle [1996], De Winter [2001], Verzichelli [2006].

dire redevable des types de configurations politiques, des acteurs en présence et de ce que leurs négociations mettent en jeu.

2. Si ces postes sont différentiellement convoités, c’est aussi qu’ils offrent à leurs détenteurs des ressources et rétributions singulières. D’une part, les acteurs peuvent escompter d’un poste exécutif des ressources inégalement déterminantes pour la suite de leur carrière : capacité d’accès aux médias, contrôle d’administrations et de budgets, transactions privilégiées avec telles catégories d’acteurs de la « société civile », etc. La question des usages, personnels ou collectifs, de ces ressources se pose alors, tant pendant l’occupation du poste qu’après. Comment les acteurs politiques les investissent‐ils dans la compétition partisane ou électorale ? Dans quelle mesure ces ressources leur permettent‐ils de s’affranchir de la discipline partisane ou gouvernementale ? Avoir occupé un poste ne peut‐il pas marquer durablement certains individus au point de limiter les possibles évolutions de carrières et les « reconversions » vers d’autres secteurs d’action publique ? D’autre part, ces gratifications et rétributions peuvent être recherchées pour elles‐mêmes, dans une logique d’appropriation personnelle des ressources publiques [Fauré, Médard, 1995 ; Briquet, Faverel‐ Garrigues, 2008]. Prendre en compte la diversité des postes ministériels permet alors d’analyser la pluralité potentielle des pratiques de patrimonialisation (qui ne se réduisent pas à la seule prédation financière) et de ne pas réserver la question de la porosité des frontières du public et du privé aux seules sociétés extra‐ occidentales [Médard, 2000 ; Bach, 2011].

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

Bach D., 2011, « Patrimonialisme et néopatrimonialisme : lectures et interprétations comparées », in Bach D., Gazibo M., dir., L’État néopatrimonial, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, p. 37‐78. Birnbaum P., 1977, Les Sommets de l’Etat, Paris, Seuil. Briquet, J.‐L., Favarel‐Garrigues, G., dir., 2008, Milieux criminels et pouvoir politique, Paris, Karthala. Budge I., Keman H., 1990, Parties and Democracy. Coalition Formation and Government Functioning in Twenty States, Oxford, Oxford UP. CURAPP, 1990, Le Social transfiguré, Paris, PUF. Davis R., 1997, Women and Power in Parliamentary Democraties, Lincoln and London, University of Nebraska Press. De Winter L., 2001, « Parties and Government Formation, Portfolio Allocation, and Policy Definition », in Richard K. R., Müller‐Rommel F., eds., Political Parties in the New Europe, Oxford, Oxford UP. Dogan M., 1967, « Les filières de la carrière politique », Revue française de sociologie, vol. 8, 5, p. 468‐492. Dogan M., Campbell P., 1957, « Le personnel ministériel en France et en Grande‐Bretagne 1945‐1957 », Revue française de science politique, vol.7, 2, p. 313‐345 et 4, p. 793‐824. Estèbe J., 1982, Les Ministres de la République (1871‐1914), Paris, Presses de la FNSP. Fauré Y.‐A., Médard, J.‐F., 1995, « L’Etat‐business et les politiciens entrepreneurs » in Fauré Y.‐A., Ellis S., dir., Entreprises et entrepreneurs africains, Paris, Karthala/Ed. de l’ORSTOM, p. 289‐305. Gaïti B., 1985, « “Politique d’abord” : le chemin de la réussite ministérielle dans la France contemporaine », in Birnbaum P., dir., Les Elites socialistes au pouvoir, Paris, PUF, p. 53‐85. Garraud P., 1988, « La sélection du personnel politique local », Revue française de science politique, vol. 38, 3, p. 402‐432. Garraud P., 1989, Profession : homme politique, Paris, L’Harmattan.

Gaxie D., 1980, « Les logiques du recrutement politique », Revue française de science politique, vol. 20, 1, p. 5‐45. Gaxie D., 1983, « Facteurs sociaux de la carrière gouvernementale sous la cinquième République de 1959 à 1981 », Revue française de sociologie, vol. 24, 3, p. 441‐465. Gaxie D., 1986, « Immuables et changeants : les ministres de la Vème République », Pouvoirs, 36, p. 61‐78. Gaxie D., Offerlé M., 1985, « Les militants syndicaux et associatifs au pouvoir ? Capital social collectif et carrière politique », in Birnbaum P., dir., Les Elites socialistes au pouvoir, Paris, PUF, p. 104‐138. Genieys W., 2011, Sociologie politique des élites, Paris, A. Colin. Guttsman W. L., 1963, The British Political Elite, New York, Basic Books. Laver M., Shofield N., 1990, Multiparty Government, Oxford, Oxford UP. Laver N., Shepsle K., 1996, Making and Breaking Government, Cambridge, Cambridge UP. Lewis E. G., 1970, « Social background of French Ministers (1944‐1967) », Political Research Quaterly, vol. 23, 3, p. 564‐578. Médard J.‐F., 2000, « L’Etat et le politique en Afrique », Revue française de science politique, vol. 50, 4, p. 849‐854. Nay O., 1998, « Les règles du recrutement politique », Politix, 44, p. 161‐190. Putnam R. D., 1976, The Comparative Study of Political Elites, New Jersey, Prentice Hall. Sotiropoulos D. A., Borikas D., 2003, « Les élites ministérielles en Grèce de 1974 à l’an 2000 », Pôle Sud, 18, p. 79‐89. Tavares de Almeida P., Costa Pinto A., Berméo N., 2003, Who governs southern Europe ? Regime Change and Ministerial Recruitment, 1850‐2000, London, Franck Cass. Verzichelli L., 2006, « Portfolio allocation », in Strøm K., Muller W. C., Bergman T., eds, Cabinets and Coalition Bargaining, Oxford, Oxford UP.

ST 37 / Groupes d’intérêt et Think tanks pendant les campagnes électorales. Qui intervient ? Comment ? Avec quels effets politiques ?

Guillaume Courty (IEP de Lille, CERAPS ‐ UMR 8026 Lille 2) [email protected]

Julie Gervais (Université Paris 1 Panthéon‐Sorbonne, CESSP ‐ UMR 8209) [email protected]

Cette section thématique porte sur des acteurs des campagnes électorales que la recherche a peu étudiés dans le cadre français : les groupes d’intérêt et les think tanks. Depuis que les élections sont un quasi‐monopole des partis politiques, ces organisations ont fait l’objet de nombreuses recherches mais l’activité électorale des groupes d’intérêt, des think tanks et de la nébuleuse de groupements qui entend agir sur les décideurs, y est curieusement peu décrite et pratiquement jamais traitée comme un objet d’investigation. C’est ce vide que cette section thématique entend combler.

Les communications pourront inclure des travaux portant sur des types d’organisations différents (syndicats, think tanks, associations, clubs, organisations professionnelles, ONG, etc.) qui cherchent à attirer l’attention des candidats de façon directe (lettre, appel, demande de rendez‐vous, manifestation devant les QG, etc.) ou indirecte (publication de rapports, intervention dans les médias, etc.) et à partir du moment où il s’agit d’organisations et non d’individus qui agiraient seuls ou en leur nom propre.

Dans la science politique anglo‐saxonne, les analyses qui ont été faites de l’action de ces groupes pendant les campagnes électorales ont retenu trois problématiques. La première est focalisée sur leur contribution financière : l’objet devient la présentation des règles de financement et les flux générés entre les groupes d’intérêt et les partis (ou candidats) dans certaines démocraties pluralistes. Cette exploration est très peu développée en Europe et, en raison des règles juridiques en vigueur, quasiment impossible à mener en France. Le deuxième axe emprunté par la science politique anglo‐saxonne est celui de la participation des groupes d’intérêt à l’élaboration des enjeux des campagnes électorales. Il est composé de travaux qui insistent sur le rôle joué par les groupes d’intérêt dans la formulation stratégique des programmes, élaborés en vue de capter les voix des ONG considérées comme les plus puissantes. Le troisième et dernier axe disponible s’inscrit dans l’étude de la participation des groupes au déroulé d’une campagne électorale. Leur participation la plus soulignée est celle de la présélection des candidats en amont de l’ouverture de la campagne officielle (Norris, 1997). Dans ce processus, les groupes d’intérêt sont analysés comme des gatekeepers qui participent à leur manière au soutien, à la mise en valeur et aux logiques de sélection des candidats à la candidature. Plus généralement, les enquêtes insistent sur la fourniture de moyens logistiques pour les meetings, l’apport en main d’œuvre (pour le porte à porte ou l’acheminement des électeurs), l’achat d’espaces dans les médias, voire la responsabilité du « sale boulot », ces groupes prenant parfois en charge des tâches que les candidats laissent à leur bon soin (comme prendre position à leur place sur un enjeu jugé politiquement sensible). Cet appel à communications ouvre sur trois axes permettant chacun de découvrir l’action des groupes d’intérêt pendant une campagne électorale.

Axe 1. Le lobbying pendant les élections : quelles raisons d’agir ?

Il est difficile de comparer avec précision l’activité pendant les campagnes électorales d’organisations aussi diverses que des syndicats, des fondations politiques, des think tanks, des clubs, des associations ou des ONG. Cette difficulté est symptomatique des problèmes de définition qui entourent les pratiques englobées sous l’étiquette de lobbying. Elle est renforcée par la circulation d’acteurs souvent multi‐positionnés au sein de ces groupes, souvent à l’intersection du monde politique. Il s’agit dans cet axe de rendre compte de qui sont ces acteurs de l’élection (les fameux lobbyistes ou chargés de relations institutionnelles) en retraçant leurs trajectoires, leurs formations scolaires, leurs réseaux d’appartenance, etc. Si la mise au jour de liens éventuels entre « lobbyistes » et décideurs politiques permet de poser l’énigme de l’influence, les auteurs sont également ici encouragés à interroger cette question classique de façon critique. Plutôt que de présupposer que ces groupes ont en commun une prétention à influencer les décideurs politiques, on cherchera à sonder précisément leurs logiques d’action et leurs raisons d’agir durant les périodes électorales.

Axe 2. Les interactions entre équipes de campagne et groupes d’intérêt : comment se composent les enjeux de la campagne ?

Disposant de peu de travaux sur les équipes qui entourent les candidats, une première attente de cet axe serait de se demander comment ces équipes établissent des relations pendant la campagne et avec qui. Les contributions attendues peuvent privilégier deux entrées. L’une par les équipes de campagne, en découvrant comment et avec qui elles interagissent (intègrent‐elles des consultants et, si oui, quels rôles y jouent‐ils ? ─ Magleby, 2002), comment et grâce à quelles catégories de l’entendement politique elles hiérarchisent les informations reçues, divisent le travail et organisent les modalités de réponse. L’autre contribution pourrait être menée en étudiant un échantillon de groupements ou d’enjeux et en analysant les trajectoires des demandes émises pendant la campagne.

Axe 3. Qu’est‐ce qu’une élection vue par les groupes d’intérêt ? Quels répertoires d’actions électives disponibles ?

L’objectif de cet axe est de découvrir les pratiques considérées comme légitimes pendant les campagnes électorales mais également de saisir tant les autocensures que les acteurs s’imposent que les pratiques qu’ils considèrent comme impossibles à mettre en place dans ce cadre. Les campagnes électorales sont composées de nombreuses pièces de répertoires d’actions collectives que cet axe souhaiterait pouvoir interroger. Il y a des pièces écrites transmises aux équipes sans nécessairement être médiatisées. Il y a également des manifestations relativement variées, les unes cherchant à faire du nombre (des pétitions), d’autres à faire l’actualité. Cet axe souhaiterait disposer de communications permettant d’ouvrir sur la perspective historique en posant cette question : les groupes d’intérêt ont‐ils inventé un répertoire d’action élective en France ? Il a également pour objectif de s’interroger sur la variation sociologique de ce répertoire : les patrons, les ouvriers ou encore les écologistes (et bien d’autres) sont‐ils reconnus à leur façon d’agir pendant les élections ?

Tous ces axes offrent une occasion de discuter ce qu’est une élection en adoptant un point de vue nouveau. Est‐on en présence d’une « outside election » (Magleby, 2002), catégorie forgée pour expliquer le retrait des acteurs politiques et l’entrée en lice des groupes d’intérêt aux premiers rangs des campagnes ? Est‐on en présence au contraire d’une tradition électorale de plus longue durée, depuis longtemps méconnue et qui montre comment cet événement politique qu’est une élection est imposé en minimisant, voire en rendant invisible, l’action des organisations qui doivent être considérées comme hors du jeu électoral ? Nous ne pourrons répondre à ces questions qu’en comparant les résultats obtenus sur les élections françaises avec d’autres.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie indicative

Courty Guillaume, Les Groupes d’intérêt, Paris, La Découverte, Coll. Repères, 2006. Courty Guillaume et Gervais Julie, « Lobbies on the Campaign Trail. What Happens and How », IPSA conference, Madrid, juillet 2012. Gervais Julie et Healy Aisling, « A Conveniently Moveable Border, two Clubs Making Public and Private Spheres Interplay », PSA conference, Londres, avril 2011. Heaney M. T., « Linking political parties and interest groups », in The Oxford Handbook of American Political Parties and Interest Groups, Oxford, Oxford, University Press, 2010, p.568‐587. Farrell David M., Schmitt‐Beck Rüdiger (dir.), Non‐Party Actors in Electoral Politics. The role of Interest Groups and Independent Citizens in Contemporary Election Campaigns, Baden‐Baden, Nomos, 2008. Franz M. M., Choices and Changes. Interest Groups in the Electoral Process, Philadelphia, Temple University Press, 2008. Gais Thomas, Improper Influence. Campaign Finance Law, Political Interest Groups, and the Problem of Equality, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1996. Heaney Michael T., “Bridging the Gap between Parties and Interest groups”, in Cigler Allan J., Loomis Burdett A. (dir.), Interest group politics, New York, Sage, 2012, 8è edition, p.194‐218. Herrnson Paul S., Shaiko Ronald G., Willox Clyde(dir.), The Interest Group Connection. Electioneering, Lobbying and Policymaking in Washington, Chatham, Chatham House Publishers, 1998. Hrebenar Ronald J., Burbank Matthew J., Benedict Robert C., Political Parties, Interest Groups, and Political Campaigns, Boulder, Westiview press, 1999. Magleby David (dir.), The other campaign: soft money and issue advocacy in the 2000 Congressional elections, Lanham, Rowman and Littlefield, 2003. Michel Hélène (dir.), Lobbyistes et lobbying de l’Union européenne. Trajectoires, formations et pratiques des représentants d’intérêt, Strasbourg, PUS, coll. « Sociologie politique européenne », 2005. Norris Pippa (dir.), Passages to Power. Legislative Recruitment in Advanced Democracies, Cambridge, Cambridge University Press, 1997. Rozell Mark J., Wilcox Clyde, Interest Groups in American Campaigns, The New Face of Electioneering, Washington, CQ press, 1999. Wilcox Clyde, Lida Rentaro, « Interest groups in American Elections », in The Oxford Handbook of American Political Parties and Interest Groups, Oxford, Oxford, University Press, 2010, p.552‐567. Wright John R., Interest Groups and Congress. Lobbying, Contributions, and Influence, New York, Longman, 2003.

ST 38 / Le travail politique orienté vers les médias

Clément Desrumaux (CERAPS, Lille 2) clement.desrumaux‐2@univ‐lille2.fr

Jérémie Nollet (LaSSP, IEP de Toulouse) jeremie.nollet@sciencespo‐toulouse.fr

Cette section thématique analyse le travail politique effectué en direction des médias, que la littérature anglophone désigne comme media‐driven politics. Elle sollicite des travaux qui prennent pour objet les usages de l’accès au champ journalistique médias, tant dans le travail gouvernemental ou parlementaire, que dans celui des élus locaux ou des institutions internationales, dans les campagnes électorales ou les mouvements sociaux. Il est tenu pour acquis que les médias ont profondément changé les façons de faire de la politique. Ce phénomène est protéiforme et concerne les agents politiques selon une intensité variable : le « média‐ training » est devenu une pratique courante pour le personnel politique ; les tribunes de presse accueillent une partie du débat idéologique d’un parti politique ; les politiques publiques sont fréquemment accompagnées d’une stratégie de communication ; les prises de positions des responsables politiques sont de plus en plus cadrées par des « éléments de langage » ; certaines mobilisations sont mises en scène pour offrir des images prêtes à illustrer les reportages ; le rôle de porte‐parole des partis politiques se spécialise vers la parole médiatique, etc. Les études qui abordent les interactions médias‐politique s’inscrivent davantage dans la sociologie du journalisme et analysent les agents politiques en tant que source d’information plutôt que dans une perspective de sociologie du métier politique. L’objectif est donc ici d’étudier ce que les professionnels de la politique font pour et avec l’accès aux médias. Pour le dire autrement, en quoi consistent les stratégies d’accès aux médias des divers agents politiques ? En quoi permettent‐elles d’agir en politique ? En proposant de raisonner en termes d’usages des médias dans le champ politique, cette section thématique vise à porter l’analyse au plus près des pratiques politiques, dans une perspective de sociologie du métier politique.

Les propositions attendues s’inspireront d’au moins un de ces deux axes.

Axe 1 : Accéder aux médias : pratiques et savoir‐faire politiques Le premier axe vise à analyser, en détails, les pratiques politiques orientées vers les médias. Quelles sont ces pratiques qui assurent la médiatisation d’une prise de position? Comment se joue un « coup » médiatique ? Il s’agit d’étudier l’ambivalence de certaines pratiques politiques ordinaires qui sont également une forme de stratégie d’accès aux médias : organiser la visite d’une usine en présence de journalistes, répondre à une interview, prendre la parole publiquement au Parlement en présence de caméras, inaugurer un collège en invitant la presse locale, dîner avec des responsables éditoriaux, etc. On peut se demander comment ces pratiques orientées vers les médias s’inscrivent dans un métier politique ? Il faut ainsi examiner les ressources mobilisées dans la mise en œuvre ces pratiques et les représentations qui les accompagnent. Il convient également de prendre pour objet la production collective de ces pratiques au prisme de la division du travail politique. Quelles sont les prescriptions des experts en communication ? Quels instruments utilisent‐ils (revues de presse, sondages, etc.) ? On peut aussi s’intéresser à la (re)structuration des organisations (partis politiques, ministères, associations, syndicats, etc.) pour favoriser l’accès aux médias de leurs agents.

Axe 2 : Recourir à l’accès aux médias dans les trajectoires politiques Plus largement, le deuxième axe examine ce que l’accès aux médias permet de faire dans le champ politique. En quoi l’accès aux médias peut‐il être une ressource dans la trajectoire politique, qu’elle soit ou non professionnalisée ?

A quoi tient le fait qu’un homme politique peut être considéré comme un « spécialiste des médias » ? Certains agents sont‐ils plus disposés que d’autres à s’investir dans les stratégies d’accès aux médias ? De quelle compétence politique disposent‐ils (ou manquent‐ils) ? Quel est leur intérêt à faire usage de l’accès aux médias ? En quoi cet usage de l’accès aux médias permet de cumuler du capital dans le champ journalistique (i.e. une bonne « image ») mais aussi dans le champ politique ? Les contributions pourront aussi s’intéresser aux règles de fonctionnement du champ politique. Quel est son degré d’autonomie par rapport au champ journalistique ? Quels sont ses mécanismes de consécration internes ? En quoi un savoir‐faire dans l’usage des médias peut‐il conférer un « avantage comparatif » ? L’efficacité ou la nécessité des stratégies d’accès aux médias varient‐elles selon les conjonctures (campagne électorale, scandale ou « affaire » politique, etc.) ou le degré de compétitivité du jeu politique ?

Les propositions de communication sont invitées à détailler les matériaux et les méthodes utilisées. Les enquêtes empiriques précises et contextualisées sont vivement encouragées, tout autant que l’approche comparative.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 39 / Sociogenèse de l’ordre parlementaire. Processus, configurations et pratiques

Hervé Fayat (Groupe d’Analyse Politique de Nanterre, Université de Paris Ouest‐Nanterre‐La Défense) [email protected]

Christophe Le Digol (Groupe d’Analyse Politique de Nanterre, Université de Paris Ouest‐Nanterre‐La Défense) [email protected]

L’histoire comme la science politique ont fourni depuis quelques années la matière d’une littérature abondante sur les parlements et les représentants qui y siègent. Cette littérature s’est accompagnée d’un renouveau des approches aussi bien internes qu’externes de la vie parlementaire dans ses pratiques, ses rôles et ses origines. Dans le cadre du Congrès de l’AFSP, il nous a semblé opportun de revenir sur ces apports afin de soumettre à la critique un processus de parlementarisation intégrant toutes ces perspectives. En effet, il est possible d’inscrire ces observations dans des configurations d’assemblée distinctes mais contribuant à un processus de parlementarisation qui ménage des trajectoires diverses, des évolutions et parfois des involutions.

Dans le cadre des hypothèses que nous souhaitons éprouver, il existerait deux configurations typiques : l’une à caractère monopoliste et l’autre à caractère concurrentiel. La première serait caractérisée par un accès restreint à la position parlementaire par le biais du suffrage restreint (soit la liste de notabilité soit le suffrage censitaire) ; les assemblées impériales et censitaires nous donnent des exemples de ces deux variantes de monopolisation de l’accès à la fonction parlementaire. Ces « assemblées de notables », terme sous lequel Max Weber les a appréhendées, présentent également une faible différenciation du travail parlementaire, qu’on l’envisage du point de vue de sa spécialisation, de sa hiérarchisation ou de sa coordination. Expression d’une concurrence des notabilités plutôt que d’une compétition proprement politique, ces assemblées sont moins propices à la constitution d’un capital parlementaire spécifique qu’à la conversion des ressources propres des notables en fonctions étatiques (Conseil d’Etat, administration préfectorale, magistrature, etc.). La seconde configuration résulterait d’une ouverture de la concurrence élective qui, se faisant jour localement dans la configuration précédente, s’étendrait à la faveur de l’élargissement du suffrage et de la transformation de la compétition électorale. Cette concurrence élective, dont la professionnalisation politique est le signe et l’instrument, redistribue les probabilités d’accès aux positions parlementaires dont elle modifie également le sens. Au contraire du précédent, ce type de configurations se signale par une plus forte différenciation du travail parlementaire sous le rapport de sa spécialisation, de sa hiérarchisation et de sa coordination (commissions permanentes, groupes parlementaires, positions parlementaires pérennes, etc.).

À condition de ne pas considérer ce processus de parlementarisation comme téléologique et finaliste, c’est‐à dire de tenir compte de l’équilibre des tensions propres à chacun de ces transformations, cette perspective permet d’apporter un nouveau regard sur la sociogenèse des parlements. À ce titre, nous sollicitons des contributions qui, de la Révolution française à nos jours, portent sur l’organisation du travail d’Assemblée, sur les transformations du métier parlementaire et sur les formes de représentation qui y sont associées. Par ailleurs, il nous semble indispensable de confronter ces hypothèses à des exemples, des processus et des expériences étrangères, passées ou contemporaines, entre autres en Europe de l’Est, en Afrique ou en Amérique du Sud.

Les propositions (2500 signes espaces compris au maximum) sont à envoyer avant le 15 octobre 2012 à Hervé Fayat ([email protected]) et à Christophe Le Digol ([email protected]).

ST 40 / La gouvernance : ouverture démocratique ou pluralisme limité ?

Gilles Massardier (CIRAD) [email protected]

Yannis Papadopoulos (Université de Lausanne) [email protected]

La littérature sur la gouvernance insiste sur quatre points : le partenariat publics et privés ; la coordination renforcée entre ces divers acteurs ; l’horizontalisation de leurs relations ; et le renforcement de la « qualité de la démocratie » qui résulterait de ces caractéristiques et de la pluralisation des acteurs. L’approche de la « gouvernance » demeure attachée à la version de March et Olsen (1995) : elle est parée de l’évidence d’un renforcement démocratique et d’efficacité décisionnelle (Goldsmith, Kettl, 2009). C’est cette dernière vertu que cette ST souhaite mettre en discussion qui est un promontoire idéal pour lire les recompositions des rapports politics/policies et donc du polity (Leca, 2012) et des régimes politiques (Camau, Massardier, 2009). Quatre phénomènes viendraient cependant relativiser l’évidence démocratique de la gouvernance (Papadopoulos, 2012, 2002 ; Kanzancigil, 2010 ; Schneider et alii, 2010 ; Blühdorn, 2009; Massardier, 2009 ; Hermet, 2005) : la fermeture des processus décisionnels dans des espaces sociaux où le pluralisme seraient limité ; le manque de transparence ou l’opacité du policy making ; l’éloignement du policy making de la « politique électorale » ; le glissement de la légitimité de la compétition politique vers celle des outputs. Les communications seront de deux ordres : 1/ Un premier prendra la « gouvernance collaborative » comme objet et non comme outil d’analyse. Il s’agira de repérer les « principes du gouvernement » collaboratif, à la manière de B. Manin (1995), à partir des écrits savants, experts ou politiques de ces trente dernières années. Comment se sont stabilisés des « paradigmes » internationaux, nationaux et sectoriels de cette catégorie de gouvernement ? Quels sont les mécanismes intellectuels qui ont construit l’évidence démocratique de la « gouvernance » ? Par qui étaient‐ils portés ? Comment ? Et surtout, sans oublier la problématique principale de cette ST : comment ces « paradigmes » ont‐ ils joué avec ou déjoué les quatre phénomènes susmentionnés ? 2/ Quel est le fonctionnement des procédures de gouvernance et notamment de la contradiction, déjà mise au jour par Tocqueville, entre ouverture démocratique et efficacité décisionnelle ? D’une part, les communications porteront l’attention sur les conditions d’apparition du caractère coalisé, fermé et non pluraliste de la gouvernance, sur l’efficacité à l’interne (des dynamiques inclusives des réseaux, coalitions) de la gouvernance collaborative. D’autre part, les communications décrypteront les effets sur la démocratie du glissement vers le gouvernement par les outputs. Le caractère comparatif des propositions (international et/ou sectoriel) sera un élément décisif de sélection des communications, de même que leur caractère empirique.

Bibliographie indicative :

‐ Beeson Mark, “The coming of environmental authoritarianism”, Environmental Politics, vol. 19, n°2, 2010, pp. 276‐294 ‐ Blühdorn I., In Search of Legitimacy. Policy making in Europe and the Challenge of Complexity, Barbara Bubrich, 2009 ‐ Camau M., Mansarder, « les régimes politiques revisités », dans Camau M., Massardier G. (Dir.), Démocraties et autoritarismes. Fragmentation et hybridation des régimes, Karthala, 2009 ‐ Gibson Edward L., “Boundery Control: Sub‐national Authoritarianism in Democratic Countries”, World Politics, n° 58, 2005, pp. 101‐132 ‐ Gibson Edward L., “Sub‐national Authoritarianism and Territorial Politics: Charting the Theorical Landscape”, APSA, 2008 ‐ Goldsmith Stephen, Kettl Donald F. (dir.), Unlocking the power of networks: keys to high performance government, Brookings Institut, 2009 ‐ Hendricks C. M., “Policy design without democracy? Making democratic sense of transition management”, policy Sciences, vol. 42, n°4, 2009, pp. 341‐368 ‐ Hermet G. (2004), « Un régime à pluralisme limité ? A propos de la gouvernance démocratique », Revue Française de Science Politique, n°1, vol. 54 ‐ Leca J., (2012), « L’Etat entre politics, policies et polity ou, peut‐on sortir du triangle des Bermudes ? », dans Gouvernement et Action publique, n°1, p. 59‐82 ‐ Kanzancigil A., La gouvernance. Pour ou contre le politique ?, Armand Colin, 2010 ‐ March J. G., Olsen J. P., Democratic Governance, The Free Press, New York, 1995 ‐ Massardier G., “Authoritarian Islands in Pluralist Democracies”, in Kienle, E. (ed.), Democracy Building and Democracy Erosion, SAQI, pp. 187‐213, 2009 ‐ Papadopoulos Y., « Démocratie, gouvernance et „management de l’interdépendance’ des rapports complexes », in Santiso J. (dir.), A la recherche de la démocratie, Kathala, 2002 ‐ Papadopoulos Y., “The democratic quality of collaborative governance”, in Levi‐Faur David (ed.), Oxford Handbook of Governance. Oxford University Press, 2012 (à paraître) ‐ Schneider S., Hurrelman A., Krell‐Laluhovà Z., Nullmeier F., Wiesner A., Democracy’s Deep Roots. Why the Nation State Remains Legitimate, Palgrave, McMillan, 2010

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 41 / Political Finance and Political Corruption IPSA RC 20 Meeting

Jonathan Mendilow (Rider University) [email protected]

Eric Phélippeau (Institut des Sciences sociales du Politique ‐ ISP/CNRS Université Paris Ouest ‐ Nanterre La Défense) e‐[email protected]

The Research committee on Political Finance and Political Corruption (RC 20) chaired by Jonathan Mendilow will conduct its mid‐conference meeting in Paris, July 9‐11. The meeting will be held in partnership with the French Political Science Association, and its Research group Money and Politics (ArP), directed by Abel François and Eric Phélippeau.

The first effort to gather an international group of scholars to study the subject in an attempt to produce viable generalizations did not take place till the mid 1960’s, and at first was limited to political finance. Among the subjects that engaged the attention since then was the lack of agreement concerning what constitutes political finance. It is clear that the funding of parties and electoral campaigns should be studied, but not always what the term party itself denotes, nor what type of expenditures are political. In many countries one finds independent organizations that are, in practice, close to or linked to electoral competitors without being defined as such. Another difficulty relates to the effort to determine the impact of political spending under different circumstances. From the early 1980s on, additional questions have received growing attention: what are the possible mechanisms to fund political competition where there is a growing gap between costs and the readiness of the general public to finance them. In both established and emerging democracy the question turned on methods that would obviate plutocratic funding or corruption that would erode democracy. Again, the question regarded mechanisms, but also their impacts. By the time such questions came to the fore, fields of political finance and political corruption were reunited and in 1979 received recognition as a Research Council within IPSA. Not only do the two subfields relate intimately to each other (as noted above) but both encounter similar problems of definition (does corruption in one context constitute corruption in all ?) share the search for reform, and the need to analyze its impacts and consequences, and grapple with the need to come up with alternatives to investigative journalism in a sphere of inquiry that tends to produce scandals and be kept secret by the subjects of investigation. The aim of the RC is to serve as a meeting place for scholars interested in the pursuit of political funding and political corruption and encourage the sharing of ideas. The RC seeks thereby to encourage research that meets the highest academic standards on subjects that relate to the very viability of democracy in the turbulent current times. Finally, the committee seeks to contribute to the public debate and government deliberation of issues that are, or should be, at the top of the democratic agenda. To stick to that agenda during our mid‐conference meeting in Paris 2013, papers (in English) dealing with the funding of political competition, or linked to perspectives on corruption and ethical dimensions of politics, etc. ‐ theoretical, empirical, and comparative ‐ are welcome.

The Research committee on Political Finance and Political Corruption ( RC 20 ) will conduct its mid‐conference meeting in Paris, July 9‐11. The meeting, will be held in partnership with the French Political Science Association, and its Research group Money and Politics (ArP) directed by Abel François and Eric Phélippeau. We invite you to submit a paper proposal for our panels. If you are interested in participation please contact me at [email protected]. For information concerning Paris and the French Political Science Association please contact Eric, e‐[email protected]. Papers in English, dealing with the funding of parties, political institutions or political competition, or linked to perspectives on corruption, ethical dimensions of politics, etc. theoretical, empirical, and comparative, are welcome.

The deadline for submissions of proposals is 15 October, 2012. Please include the name of the paper and a synopsis (up to 250 words ).

ST 42 / La « dépolitisation » : registres, processus et interprétations

Fabien Desage (Université Lille 2, CERAPS, Université de Montréal) fabien.desage@univ‐lille2.fr

Raphaëlle Parizet (Université Lille 2, CERAPS ) raphaelle.parizet@univ‐lille2.fr

Il y a dix ans paraissait l’ouvrage collectif dirigé par Jacques Lagroye, appréhendant la notion de « politisation » à travers une multitude d’entrées empiriques. Celle‐ci y apparait aussi centrale dans l’approche socio‐historique du politique que « polyphonique » et relativement peu stabilisée dans ses usages. J. Lagroye y définit la politisation comme un « processus de requalification des activités sociales les plus diverses, requalification qui résulte d’un accord pratique entre des agents sociaux enclins, pour de multiples raisons, à transgresser ou à remettre en cause la différenciation des espaces d’activité ». Si la « politisation » apparaît donc a minima comme un processus de décloisonnement, de « dépassement des limites », de transfiguration d’objets sociaux non naturellement considérés comme politiques, comment envisager et penser ce qui précède/succède à cet état et/ou ce qui s’y oppose ?

La notion de « dépolitisation » est très couramment utilisée, tant dans les espaces profanes qu’académiques, pour désigner l’inverse des processus de politisation. Mais elle renvoie à des processus multiples, voire contradictoires : désidéologisation ; départisanisation ; technicisation et/ou accaparement par des professionnels d’un enjeu ; confinement des décisions dans des arènes non publiques ; déconflictualisation des assemblées ou d’enjeux sociaux ; évitement ou déni du débat et de la montée en généralité ; indifférence pour les enjeux a priori constitués comme politiques ; etc.

Aussi, malgré (ou à cause de) ces usages variés, cette notion a rarement fait l’objet d’une réflexion spécifique, en France ou à l’étranger. Tout se passe comme si la définition des processus de politisation suffisait à expliquer, en creux ou en négatif, les phénomènes de dépolitisation.

Cette section thématique vise précisément à recenser les usages de ce terme par les chercheurs, à identifier les processus spécifiques auxquels il renvoie mais aussi à évaluer les interprétations auxquelles les diagnostics de « dépolitisation » ou d’ « apolitisme » donnent lieu. Etant entendu que ces derniers semblent souvent considérés par les acteurs sociaux – et en particulier les politistes – comme un « problème », auquel il faudrait remédier en remplissant ce qui est perçu comme un vide.

Pour ce faire, la section s’adresse à des chercheurs travaillant sur des objets variés mais qui ont en commun de mobiliser la notion de dépolitisation, de façon plus ou moins centrale, soit comme « constat » à expliquer (un comportement, une institution, une politique publiques jugés « dépolitisés » ou dépolitisants), soit comme variable explicative d’autres phénomènes (le désengagement, les consensus inter‐partisans, la non mise à l’agenda d’un problème public, etc.), soit enfin comme registre/catégorie du discours de certains acteurs sociaux (l’apolitisme des maires ruraux, la dépolitisation du sport par les instances sportives, etc.).

Les propositions attendues peuvent s’inscrire dans une multitude de sous‐champs disciplinaires : l’étude des comportements politiques ou des organisations partisanes, l’analyse des politiques publiques, la sociologie des mobilisations ou des institutions politiques.

Elles pourront, en s’appuyant sur des terrains étrangers ou français, locaux, nationaux ou internationaux, s’inscrire dans l’un des deux axes suivants :

• Axe 1 : La « politisation et la « dépolitisation » comme processus entremêlés. Ces deux notions seront interrogées non pas comme des pôles antagonistes, qui renverraient à deux ordres de réalité distincts,

mais plutôt comme des formes de catégorisation concurrentes et parfois mêlées/simultanées, résultant du travail de groupes d’acteurs, agissant dans des configurations et selon des socialisations qui favorisent la requalification politique ou son « évitement » (Eliasoph 2010). Il s’agit notamment ici de remettre en cause l’idée d’un continuum, allant de la dépolitisation à la politisation, où le chercheur serait condamné à déterminer l’emplacement du curseur selon ses objets.

• Axe 2 : L’activité de labellisation et ses effets. À l’instar de la politisation, la dépolitisation apparaît comme une activité de labellisation, à laquelle participent à la fois les acteurs sociaux, les professionnels de la politique et les universitaires. Elle renvoie à des luttes de classement, plus qu’à un état stabilisé d’un problème ou d’un enjeu, ou à la manifestation d’une « absence de politique ». Dans cette perspective, l’existence de frontières (et donc de garde‐frontières) entre le politique et le non‐ politique sera questionnée de manière centrale. On pourra également prêter attention aux controverses, scientifiques et politiques, qui accompagnent le constat de « dépolitisation ».

Bien que soucieux d’avancées d’ordre théoriques, les organisateurs de la section thématique privilégieront les propositions qui résultent d’enquêtes de terrain de première main, qu’elles s’appuient sur un travail ethnographique, sur des entretiens et/ou des archives.

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 43 / Une échelle parmi d’autres ? La fabrique européenne des politiques de réconciliation

Cécile Jouhanneau (ISP‐CERI) [email protected]

Laure Neumayer (Université Paris 1) laure.neumayer@univ‐paris1.fr

La réévaluation du passé dans les pays postcommunistes, ainsi que la réouverture de dossiers historiques qui avaient été gelés par la guerre froide, ont suscité une résurgence des questions dites « mémorielles » dans de nombreuses sociétés européennes depuis les années 1990. Dans le champ scientifique, une vaste littérature s’est intéressée aux « politiques de réconciliation », au sens de dispositifs censés permettre la coexistence entre anciens adversaires après un conflit armé ou un changement de régime. Initialement centrés sur les politiques publiques nationales, ces travaux ont été complétés par une approche sociologique des relations internationales qui s’est focalisée sur les arènes internationales et transnationales où se fabriquent et se diffusent des techniques toujours plus standardisées de production de la réconciliation. Parallèlement, un pan entier des études européennes s’est intéressé à « l’européanisation des politiques publiques », en analysant les interactions entre les structures politiques des Etats membres de l’UE et le système décisionnel européen. Si elle n’a pas toujours échappé au risque de concept stretching, l’approche par l’européanisation a produit un tableau assez complet des dynamiques à l’œuvre dans le rapprochement tendanciel des politiques publiques en Europe, tout en pointant les divergences persistantes des structures politiques nationales en raison de réappropriations locales diversifiées des injonctions communautaires.

Or les études sur l’européanisation ont longtemps négligé les politiques de gestion du passé, bien que le traitement de l’histoire par les instances européennes ait été profondément modifié par la fin de la guerre froide. Il ne s’agit plus seulement pour celles‐ci de mettre en avant une histoire et des valeurs partagées, mais aussi de répondre à des demandes de reconnaissance d’histoires douloureuses. L’Union européenne, le Conseil de l’Europe et l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe sont devenus des caisses de résonance, des acteurs de médiation, voire des agents de sanction dans les luttes mémorielles, comme en attestent leurs interventions variées dans des conflits d’interprétation du passé (médiations politico‐ diplomatiques dans des querelles bilatérales, condamnation des « crimes des régimes totalitaires », constitution d’un « acquis communautaire mémoriel » dans la politique d’élargissement…).

Cette section thématique se donne pour objectif de réexaminer les politiques de réconciliation en Europe en dépassant le cloisonnement actuel entre ces deux traditions d’étude. Il s’agit d’adopter une conception inclusive de la réconciliation pour englober non seulement les sorties de conflit mais aussi les mesures dites « mémorielles » prises au niveau européen afin de « réconcilier les histoires nationales », et de centrer la réflexion sur la constitution d’un espace social transnational européen spécifique, reposant sur des multipositionnements et des trajectoires professionnelles internationalisées. Ce double parti pris permettra de saisir ce qui est spécifique aux dynamiques d’européanisation par rapport aux logiques d’internationalisation mises en lumière par la littérature existante, et d’examiner en retour dans quelle mesure l’étude de ce nouveau secteur d’action européen peut contribuer à renouveler l’approche par l’européanisation.

Les communications attendues, qu’elles soient empiriques ou théoriques, monographiques ou comparatives, s’insèreront dans les deux questionnements suivants :

1.l’articulation entre européanisation et internationalisation : comment les organisations européennes (UE, COE, OSCE) contribuent‐elles à la consolidation de « modèles européens de gestion du passé », mais aussi de sites d’intervention différents de ceux des agences de l’ONU ou des ONG plus fréquemment prises pour objet ? Les dispositifs européens font‐ils l’objet de réappropriations locales spécifiques ? L’échelle européenne occupe‐t‐elle une place singulière dans les processus d’autonomisation relative des professionnels internationaux de la réconciliation ?

2.la production des politiques publiques dans des formes « molles » de gouvernance européenne : en quoi les investissements d’acteurs politiques et sociaux qui cherchent à inscrire un nouveau champ de compétence dans l’espace institutionnel de l’UE, ainsi que les pratiques des fonctionnaires et des experts qui prennent en charge ces demandes, éclairent‐ils les dynamiques d’institutionnalisation de secteurs de politique publique dont l’intégration ne repose pas sur une contrainte juridique ? Dans quelle mesure permettent‐ils de « dénaturaliser » l’européanisation, en replaçant ces dynamiques européennes dans des temporalités plus larges et des contextes localisés ?

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 44 / Champs transnationaux, enquête transnationale

Sandrine Lefranc (CNRS‐ISP‐Université Paris Ouest Nanterre) slefranc@u‐paris10.fr

Antoine Vauchez (CNRS‐CESSP‐Université Paris 1‐Sorbonne) [email protected]

Les références au « transnational » ont fait flores dans la littérature de sciences sociales au cours de la dernière décennie au point de faire apparaître parfois, en histoire notamment (A. Iriye, P‐Y Saunier ; K. Patel, 2010), d’authentiques sous‐champs disciplinaires. En science politique et sociologie, les travaux qui s’y réfèrent balisent des domaines très divers, des relations internationales à la sociologie des mouvements sociaux (Della Porta, Tarrow ; Siméant), des analyses en terme de réseaux d’experts (Sikkink ; Lefranc) à la sociologie des élites (Dezalay, Garth, 2004), des formes de circulation des idées et autres transferts de technologies de gouvernement (Histoire@Politique, 2011 ; Charle, Wagner, 2004 ; Heilbron et alii, XXX) à l’analyse des formes d’européanisations/internationalisations, etc… En repartant de diverses enquêtes collectives engagées au cours des dernières années (notamment ici les projets ANR Polilexes et Irene) comme de travaux monographiques (sur des terrains aussi divers que les droits de l’homme, la paix, la « justice transitionnelle », le droit des affaires), cet atelier se propose d’ouvrir un espace de discussion commun sur l’outillage conceptuel (« communautés épistémiques », réseaux transnationaux, « champ faible », « champ du pouvoir », etc…) et les difficultés méthodologiques de l’enquête transnationale.

Le premier piège auquel le chercheur du transnational se trouve confronté est sans doute celui du caractère familier des mots et les noms par lesquels on désigne ordinairement, à l’international, les divers groupes et institutions : on trouve là en effet des « cours » internationales, des « congrès » savants, des « commissions d’expert », des forum militants, mais aussi des « organisations » plus ou moins gouvernementales et adossées à des Etats, etc. Construits dans la continuité des termes du national, ces mots sont pourtant autant de faux‐amis qui recouvrent des réalités profondément différentes. De même qu’on croise anciens ministres et diplomates dans les allées des cours internationales, on trouvera réunis sous le label « expert » des profils alliant lobbying et militantisme, dans des proportions diverses selon la période considérée. Faute de fondations institutionnelles stables, ces enceintes transnationales sont en effet souvent des espaces hybrides (Stampnitzky, 2010 ; Mudge, Vauchez, 2012), faiblement cloisonnés, et où les rôles et frontières professionnelles et sectorielles sont marqués par une grande labilité. Les formes de brouillage des types de savoirs, des registres et des rôles entre « réforme » et « sciences », « praticiens » et « experts », « activistes » et « lobbyistes » qui en résultent ne sont pas sans faire penser aux « champs réformateurs » analysés par Topalov. Quels sont dès lors les outils conceptuels les plus heuristiques pour saisir ces espaces ? Dans quelle mesure les notions forgées pour l’analyse des espaces du pouvoir nationaux peuvent‐ils être mobilisés et avec quelles précautions ? L’atelier explorera également les difficultés et embûches de l’enquête transnationale, notamment lorsqu’elle prétend à une forme de quantification. Sans être nécessairement propres à l’enquête transnationale, elles s’y présentent néanmoins sous une forme particulièrement aiguë : difficulté à identifier les contours de populations quand n’existent pas de corps professionnels supranationaux ; à introduire une juste prise en compte de l’histoire ; à reconstituer les trajectoires sociales et professionnelles complètes quand les individus sont les plus souvent des intermittents dans les espaces transnationaux ; à coder les positions et fonctions quand il n’existe pas de formes transnationales d’équivalence des titres, diplômes et professions ; à interpréter les données, enfin, quand la signification et la valeur des titres (« docteur », par exemple), diplômes et professions (« expert », « avocat », « professeur »…) reste indissociable d’espaces de pouvoir nationaux très divers.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

St 44 / Transnational fields, transnational inquiry

Sandrine Lefranc (CNRS‐ISP‐Université Paris Ouest Nanterre) slefranc@u‐paris10.fr

Antoine Vauchez (CNRS‐CESSP‐Université Paris 1‐Sorbonne) [email protected]

References to transnational studies have blossomed over the past ten years in social sciences. A whole stream of scholarship has emerged in political science and sociology ranging from IR literature to social movements’ theories, from the sociology of elites to the study of transnational networks or policy transfers’ studies, etc… Taking stock of various large‐scale collaborative research projects started over the past years, and drawing from a number of monographical inquiries (in particular in the field of human rights, European law or transitional justice), this workshop offers room for discussion and exchanges on both the conceptual toolbox (epistemic communities, transnational networks, ‘weak field’, field of power, etc…) and the methodological difficulties raised by transnational field‐work. As a matter of fact, such type of investigation faces many pitfalls starting with the fact that transnational settings are populated by institutions and arenas (professions, courts, congresses, expert committees, advocacy coalitions, etc…) that are built along the lines of their national counterparts but oft differ profoundly by the blurriness of their members’ profiles and the uncertainty of their institutional definitions. The workshop will question which conceptual instruments are best fit to address this particular hybrid structure of transnational spaces: to what extent do notions established on a national scale can navigate and be transferred to the study of transnational settings? The papers will address a number obstacles typical of transnational inquiries, in particular when it comes to coding or quantifying: identifying the groups’ boundaries when there are no supranational professional bodies ; taking into due account the specific weight of history ; tracing in full individual trajectories when these are often only ‘part‐timers’ in transnational settings ; coding positions and functions when there are no transnational forms of equivalency of titles, diplomas and professions; interpreting the data when the value of these remain essentially defined at the national level, etc… The proposals are expected to be drawn from ongoing empirical research and take into account one or more of these issues.

Deadline for proposals : 15 october 2012 ST 45 / Organisations internationales et acteurs non‐étatiques : vers de nouvelles pratiques démocratiques dans l’espace international ?

Olivier Nay (Université Paris I Panthéon‐Sorbonne) [email protected]

Delphine Lagange (Sciences Po Paris) delphine.lagrange@sciences‐po.org

Les échanges entre les acteurs non étatiques et les organisations internationales (OI) se sont régulièrement développés durant la seconde moitié du 20e s. Ils se sont toutefois considérablement intensifiés ces deux dernières décennies. Des réseaux associatifs transnationaux et des groupes représentant des intérêts sectoriels ou communautaires, des entrepreneurs de cause défendant des biens universels, ainsi que tout un ensemble de producteurs de savoir (cabinets de consultants, experts et analystes, think tanks, universités, médias) s’invitent plus aisément dans les débats. Dans le même temps, les OI multiplient les dispositifs de consultation associant des ONG, des réseaux associatifs et des groupes de plaidoyer, à la fois pour intégrer les idées nouvelles qui émergent dans la société, limiter les critiques des mouvements militants et construire des communautés épistémiques soutenant leur agenda. Elles nouent également des partenariats public‐privé avec des acteurs divers présents dans leur environnement (firmes, ONG, associations, médias). Tous ces échanges permettent aux OI de consolider leur légitimité institutionnelle à un moment où, dans de nombreux domaines où est mise en place une régulation internationale, les rôles des organisations multilatérales et des acteurs non étatiques sont de moins en moins différenciés. L’intégration des acteurs non étatiques permet également aux OI d’accroître l’efficacité de leur action en important une partie des savoirs experts produits dans leur environnement, mais aussi en s’appuyant sur les acteurs non étatiques pour diffuser des normes, promouvoir leur propre agenda et assurer la mise en œuvre opérationnelle de leurs projets sur des terrains où elles ne sont pas en mesure d’intervenir directement. Comme toutes les organisations publiques, les OI sont des systèmes organisationnels complexes ouverts sur leur environnement. Elles sont des espaces sociaux enchâssés dans des ensembles institutionnels plus vastes. Elles sont des lieux de socialisation où se rencontrent, de façon formelle ou informelle, diplomates, agents de l’administration internationale, communautés d’experts et acteurs des groupes représentant des intérêts sociaux ou économiques. Elles peuvent également être étudiées comme des acteurs capables de construire des formes d’autonomie, de contribuer à la construction de normes et d’instruments internationaux, et de participer à des systèmes de régulation des intérêts des Etats à différents niveaux (international, transnational, régional ou national).

La section thématique 45 propose de suivre deux pistes principales pour réfléchir à la question des échanges entre les OI et les acteurs non étatiques. La première porte sur les formes de mobilisation et d’intervention des acteurs non‐étatiques dans les arènes multilatérales. Il s’agira de réfléchir, d’une part, aux stratégies d’action, aux types d’engagement et aux formes de participation des acteurs non étatiques cherchant à influer sur les agendas internationaux et, d’autre part, au développement de dispositifs « participatifs », « consultatifs » ou « partenariaux » par les OI dans une logique d’auto‐légitimation et de mobilisation de ressources externes. La rencontre des acteurs non‐ étatiques, des administrations des OI et des délégations étatiques s’inscrivent dans des jeux à motivation mixte qui génèrent des arrangements divers selon les secteurs concernés, les enjeux et les moments. Elle conduit à la transformation des arènes de négociation, à l’évolution des processus délibératifs et à l’émergence de nouveaux agencements institutionnels. On peut s’interroger sur les conditions d’émergence, à terme, d’un nouvel espace public international plus ouvert, plus complexe, mais dont les contours sont aussi moins stabilisés du fait de la négociation permanente des positions, des rôles et des règles dans les nouvelles configurations d’acteurs. La seconde entrée de la section thématique 45 rejoint la question de la représentation. Il s’agit de s’intéresser aux processus de sélection, d’enrôlement et de légitimation des représentants habilités à parler au nom d’intérêts sociaux dans les arènes multilatérales. Cette question peut être étudiée empiriquement dans deux environnements distincts. Au niveau des acteurs non‐étatiques et de leurs réseaux tout d’abord : comment les acteurs associatifs et des coalitions d’ONG s’imposent‐ils comme des représentants légitimes d’un secteur ou d’une question sociale particulière ? quelles sont les caractéristiques sociales et professionnelles des représentants ? quelles trajectoires professionnelles ou militantes suivent‐ils en amont de leur entrée dans l’espace de l’OI ? comment les rapports de force se structurent‐ils dans leur environnement direct ? comment les savoirs et des croyances des représentants, leur statut, leurs ressources, les intérêts dont ils sont porteurs orientent‐ils les façons de s’engager dans les échanges avec une OI ? comment ces représentants gèrent‐ils leur multipositionnalité et les différents rôles ? quels types de rétribution symbolique, quelles ressources et quel pouvoir en tirent‐ils ? peut‐on parler d’une professionnalisation des représentants d’intérêts sociaux au contact de la bureaucratie internationale ? Au niveau des organisations multilatérales, ensuite, l’administration joue souvent un rôle décisif dans la reconnaissance des « acteurs de la société civile », selon des mécanismes divers (accréditation officielle, création d’organes consultatifs, collaborations intellectuelles, recrutement d’experts et de consultants issus des firmes, d’ONG et de groupes de plaidoyer). Dans ce contexte, quels sont les lieux de socialisation auxquels participent les acteurs non étatiques dans le champ de l’OI ? l’intégration des acteurs non étatiques s’accompagne‐t‐elle de formes de cooptation politique ou bureaucratique voire, dans certains cas, de formes de domestication des acteurs issus de réseaux associatifs militants ? comment les codes, les valeurs et les règles pratiques qui dominent l’OI sont‐ils diffusés auprès des acteurs non étatiques ? les mécanismes d’enrôlement des représentants s’accompagnent‐ils d’effets de compétition, de hiérarchisation, voire de fermeture dans l’environnement des acteurs non étatiques ? D’une façon plus générale, comment la représentativité des acteurs non‐étatiques se construit‐elle ? de quel type de légitimité se prévalent‐ils ? Toutes ces questions rejoignent la problématique plus générale de l’émergence de nouvelles pratiques démocratiques à l’international. Elles peuvent également s’inscrire dans une perspective critique s’intéressant aux jeux de pouvoir dans les arènes multilatérales et à la reproduction des arrangements entre OI et les représentants d’intérêts sociaux.

Au total, pour travailler sur les dynamiques d’échange et les configurations d’acteurs associant délégations nationales, fonctionnaires, experts et consultants internationaux, représentants d’ONG et de réseaux associatifs, la section thématique souhaite réunir des contributions privilégiant une démarche sociologique s’appuyant sur un travail d’observation critique des pratiques des acteurs non‐étatiques autorisés à parler au nom d’intérêts sociaux, professionnels ou sectoriels dans les arènes internationales. La section thématique 45 invite les intervenants à croiser l’analyse des relations internationales avec des traditions de recherche telles que la sociologie des administrations publiques, l’analyse des politiques publiques, l’étude des mobilisations collectives, ou encore la sociologie des élites et des représentants.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST46 / La globalisation à l’aune du genre : vers une sociologie politique de la promotion internationale des normes égalitaires

Delphine Lacombe (IRIS‐ EHESS) [email protected]

Elisabeth Marteu (Sciences Po Paris,) elisabeth.marteu@sciences‐po.org

De la « Décennie de la femme » après la conférence internationale de Mexico (1975), aux politiques de « gender mainstreaming » à la suite de la conférence de Pékin (1995), les luttes féministes ont connu une légitimation croissante sur la scène internationale. Les politiques d’égalité femmes‐hommes et la sexuation du langage des droits humains ont été portées aux échelles locales, nationales et transnationales, avec pour point de mire les institutions étatiques et pour agent de promotion internationale l’Organisation des Nations Unies. Terminologie d’usage où convergent aujourd’hui à la fois les rapports sociaux de sexe et les identités sexuelles, le genre est devenu une catégorie globale d’intervention publique, à l’appui de laquelle il s’est agi de prétendre reconfigurer l’organisation sexuée des sociétés dans un sens plus égalitaire. Un débat tant scientifique que politique a émergé sur les modalités de ce processus globalisant, en particulier sur les contraintes et les ressources qu’il présente vis‐à‐vis des populations, des Etats et des sociétés civiles. L’institutionnalisation internationale du genre a‐t‐elle rimé avec la standardisation des actions et l’uniformisation des savoirs ? Ses modalités ont‐elles été facteur de dépolitisation des luttes féministes ? Leur a‐t‐elle ouvert de nouvelles marges d’actions à toutes les échelles ? A‐t‐elle plutôt signifié l’accentuation des divisions et des hiérarchies entre différents entrepreneur‐e‐s de causes et entre productrices de savoirs ? A‐t‐elle été combinée à un renforcement de la transnationalisation des revendications et des mobilisations ? A‐t‐elle conduit les Etats à se revendiquer à peu de frais de l’égalité femmes‐hommes ou du respect des droits des « minorités » sexuelles ? Telles sont quelques‐unes des questions récurrentes qui animent encore ces débats.

A côté des perspectives qui soulignent les effets de structure de la mondialisation néolibérale sur les rapports sociaux de sexe et qui insistent sur les effets de dépolitisation des questions de genre dans ce contexte, nous proposons d’explorer une autre hypothèse : la promotion internationale de normes centrées sur l’égalité des sexes n’est ni linéaire ni unidirectionnelle et elle provoque des effets inattendus, voire même déconnectés des logiques qui lui sont propres au départ. Il s’agirait donc plutôt de processus hybrides, certes traversés par des rapports de pouvoir, où stratégies et discours se réinventent selon des enjeux et des débats localisés. Certains acteurs situés dans des contextes sociopolitiques précis sont connectés ou ont accès à des arènes internationales et ils peuvent participer à la production voire à la resignification des agendas politiques et des normes globales (Cîrstocea 2011). Plutôt donc que de réfléchir en termes de dépossession ou d’appropriation par les institutions internationales de savoirs, de mobilisations ou de ressources militantes, l’option qui est pour nous la plus heuristique consiste à penser en termes de processus d’hybridation, de co‐formation et d'imbrication des savoirs et des pratiques, des répertoires de discours et d’actions.

La section thématique entend ainsi d'une part renouveler la sociologie politique de l'international sous le prisme du genre et d'autre part affiner sociologiquement et empiriquement notre compréhension d'une globalisation à vocation universelle (Marques‐Pereira et al. 2010, Lacombe et al. 2011, Verschuur, Destremeau et al. 2012). La réflexion engagée touche donc à des enjeux d’ordre théorique mais également méthodologique, puisqu'il s'agit aussi de réfléchir à des méthodes d'enquête permettant de saisir sociologiquement et empiriquement les phénomènes globaux. Le principal défi que nous souhaitons relever est donc celui de saisir les modes de circulation du genre au gré de phénomènes sociaux enchevêtrés mais habituellement abordés à travers des perspectives disciplinaires et géographiques cloisonnées.

Les propositions d’intervention dans le cadre de cette section thématique, qui se déroulera en deux sessions s’inscriront dans un ou plusieurs axes problématiques suivants : ‐ Les modes de production et de circulation internationale des normes en rapport avec l’égalité des sexes et des sexualités ‐ La reconstitution des logiques pratiques du déploiement transnational des militances ‐ Les modes d’action, les formats de la réception et les usages des répertoires internationaux du genre dans des contextes localisés restitués dans leur historicité.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

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Références ‐ D. Lacombe, E. Marteu, A. Jarry‐Omarova et B. Frotiée (coord.), « Le genre globalisé : cadres d’actions et mobilisations en débats », Cultures et Conflits, n°83, automne 2011. ‐ I. Cîrstocea, « Lieux et formes de transnationalisation du féminisme: le cas de l’Europe de l’Est depuis 1990 », in M. P. Arrizabalaga et al. (éds.), Femmes sans frontières: stratégies transnationales féminines face à la mondialisation (XVIIe‐XXe siècles), Berne, 2011, p. 385‐402. ‐ B. Marques‐Pereira et al. (dir.), Au‐delà et en‐deçà de l’Etat. Le genre entre dynamiques transnationales et multi‐niveaux, Louvain‐la‐Neuve, Bruylant‐Academia, 2010. ‐ C.Verschuur, B. Destremeau (coord.), « Féminismes décoloniaux, genre et développement », Revue Tiers Monde, n°209, 2012/1.

ST 47 / Les fonctions symboliques des organisations internationales

Delphine Placidi‐Frot (Université de Poitiers) delphine.placidi@univ‐poitiers.fr

Franck Petiteville (IEP Grenoble) [email protected]

Les fonctions des organisations internationales ont alimenté un débat nourri chez les théoriciens des relations internationales. Coordination des intérêts nationaux des Etats pour les auteurs réalistes, réduction de l’incertitude dans les transactions entre Etats pour les institutionnalistes, socialisation des acteurs autour de normes partagées pour les constructivistes ont constitué l’essentiel des arguments échangés.

Dans ces débats, la dimension proprement symbolique des fonctions accomplies par les organisations internationales a été un peu négligée. On peut pourtant considérer que les notions couramment véhiculées par les organisations internationales ‐ « communauté internationale », « patrimoine commun de l’humanité », « sécurité humaine », « développement durable », « développement humain », « biens publics mondiaux », « gouvernance globale », « responsabilité de protéger », etc. ‐ contribuent à la production d’un ordre d’interdépendance symbolique par lequel les organisations internationales créent en quelque sorte du « lien symbolique global ».

Les organisateurs de cette section thématique formulent dès lors trois hypothèses de recherche : 1/ Les organisations internationales assurent non seulement des fonctions régulatrices dans le système international mais aussi des fonctions symboliques, au sens où elles élaborent des « symboles signifiants » sous forme de normes, mythes, rites, croyances, récits, discours, hymnes, emblèmes, images ; 2/ Ces symboles contribuent à la représentation et à la légitimation d’un ordre international singulier dont les propriétés ‐ unité, interdépendance, solidarité, etc. ‐ ne sont pas neutres ; 3/ La réception de ces symboles dans la société internationale est de nature diverse ‐ légitimation du rôle des organisations internationales et des représentations de l’ordre international qu’elles véhiculent, mais aussi scepticisme, résistances et critiques.

Le but de cette section thématique est ainsi d’approfondir, à partir de ces hypothèses, la réflexion sur les fonctions symboliques des organisations internationales. Les matériaux empiriques mobilisés peuvent être les documents produits par les organisations internationales (y compris iconographiques et cartographiques), leurs politiques de communication, des entretiens réalisés auprès des acteurs de ces organisations, des démarches d’observation participante, etc. Les organisateurs de la Section thématique privilégieront les contributions qui développent un argumentaire théorique et critique sur les fonctions symboliques des organisations internationales, à partir de diverses approches disciplinaires : science politique, sociologie, histoire, anthropologie, droit, sémiotique.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 48 / Les diplomaties des pays émergents

Mélanie Albaret (CERI) [email protected]

Delphine Alles (Rouen Business School) delphine.alles@sciences‐po.org

L’expression « pays émergents » est issue d’un discours d’acteurs économiques et financiers, repris et contesté par des acteurs politiques. Plus récemment, la multiplication des occurrences de ce qualificatif dans le monde universitaire l’a converti en objet de recherche, en France comme à l’étranger (publications d’ouvrages, constitutions de groupes de recherche, sujets de thèses).

La définition de l’émergence ne fait cependant pas l’objet d’un consensus. Les pays concernés, dont la géométrie est variable, diffèrent en effet par leur système politique et social, leur poids démographique ou économique ainsi que leurs discours et stratégies diplomatiques. Ils partagent néanmoins les caractéristiques d’une croissance forte et d’une économie axée sur les exportations. Le phénomène d’émergence signale surtout leur insertion mondiale, économique et politique. Ils deviennent ainsi des acteurs essentiels du système international contemporain, tant en raison de leur position au cœur des interdépendances économiques que du fait de leur importance politique croissante dans les différentes instances du multilatéralisme.

S’interroger sur ces acteurs à partir de l’analyse comparée de leurs diplomaties constitue donc une entrée pertinente, quoique très peu développée à ce jour. La plupart des travaux publiés sur ce thème sont en effet des monographies, portent sur une coalition spécifique (BRICS, IBAS) ou s’intéressent à la coopération sud‐ sud, mais peu d’efforts ont été consacrés à la comparaison des stratégies et des acteurs diplomatiques de ces Etats.

La problématique générale de cette section thématique consacrée aux diplomaties des pays émergents consiste à s’interroger sur leurs caractéristiques communes et leurs divergences, les conséquences de la situation d’émergence sur les enjeux et stratégies diplomatiques des pays concernés, et les transformations du système international qui en résultent. Deux questionnements guideront plus précisément la réflexion : les diplomaties des pays émergents, leurs instruments, leurs acteurs, leurs pratiques, sont‐ils marqués par des traits communs qui seraient spécifiques à leur récente affirmation internationale ? Quels sont les effets de ces stratégies et discours diplomatiques sur la configuration du système international ?

Différentes échelles seront considérées, des jeux internes au système international. Seront ainsi abordés :

- l’évolution des trajectoires des pays émergents, de la Guerre froide à la création du G20 en passant par la conférence de Bandung et le G77 ; - les transformations des acteurs et de l’organisation des administrations diplomatiques des pays concernés, au fil de leur évolution d’un statut de pays en développement à celui d‘émergent ; - le rôle des émergents dans les nouvelles enceintes de dialogue et de négociations globales (G20) et les effets de leurs contestations et propositions au sein des cadres les plus institutionnalisés du système international (Conseil de sécurité des Nations unies, Fonds monétaire international, Banque mondiale) ; - l’éventuelle spécificité de leurs stratégies, illustrée dans des positionnements communs à l’ensemble de ces Etats.

Pour aborder ces problématiques, les approches comparatives de thématiques transversales et les comparaisons des trajectoires diplomatiques de plusieurs pays émergents seront privilégiées.

Pour aborder ces problématiques, les approches comparatives de thématiques transversales et les comparaisons de trajectoires diplomatiques des pays émergents seront privilégiées. Lors de la sélection des communications, les responsables de la section attacheront une importance particulière à la diversité des cas d’études et des profils académiques. Afin de favoriser l’élaboration de comparaisons originales, les travaux associant les contributions de plusieurs chercheurs seront bienvenus.

Les propositions de communications sont à envoyer par email aux deux responsables de la section thématique, dans un document au format .doc, avant la date limite du 15 octobre 2012. ST 49 / Puissances émergentes, institutions globales et gestion de crise

Clara Egger (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble UMR PACTE / CNRS, IEP, UJF, UPMF) [email protected]

Yves Schemeil (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble UMR PACTE / CNRS, IEP, UJF, UPMF) yves.schemeil@sciencespo‐grenoble.fr

L’affirmation de pays émergents dans les institutions internationales n’est pas un phénomène nouveau. Dès que la décolonisation s’est achevée, les Etats « nouveaux » ont voulu y jouer un rôle en revendiquant à la fois un statut spécifique et la réorientation des politiques internationales du moment. Aujourd’hui, toutefois, l’accès au rang de « puissance » de nombreux Etats émergents (notamment le Brésil, l’Inde, la Chine, et l’Afrique du Sud) est un fait radicalement inédit et le potentiel novateur de leur inclusion semble moins grand qu’on ne l’avait imaginé.

L’arrivée de ces nouveaux acteurs dans les organisations intergouvernementales et leurs relations avec des ONG qui s’en font parfois les avocats soulèvent des questions méthodologiques et substantielles. Sur le plan de la méthode, la recherche est‐elle outillée pour traiter ce phénomène ? Faut‐il réviser le cadre théorique conçu au Nord pour y inclure des approches non‐occidentales afin de mieux comprendre les déclarations et les conduites de ces agents ? Les chercheurs semblent peu armés pour analyser les implications de ces problèmes et de la façon dont on les résoudra pour l’avenir des relations internationales. Bien que la politique comparée et les études internationales aient été un vivier de travaux majeurs sur ces questions, très peu de travaux cherchent à croiser ces deux perspectives, encore moins à les relier aux avancées récentes de la philosophie politique en matière de justice (fairness/solidarity), de liberté, de non‐domination et d’indépendance (liberty/freedom), de délibération et de cosmopolitisme.

Quant à l’objet, assiste‐t‐on à l’éclosion d’une nouvelle forme de puissance ? Existe‐t‐il des préférences et des normes propres aux puissances émergentes et comment s’élaborent‐elles ? Le fonctionnement ordinaire des organisations internationales sera‐t‐il profondément modifié par les Emergents ? L’autonomie des organisations internationales sera‐t‐elle accentuée ou réduite par ces transformations ?

De tels questionnements sont particulièrement opportuns dans deux domaines : celui des négociations internationales (le temps de la formation et de la confrontation des préférences étatique sur un enjeu international) ; et celui du contrôle de la sécurité collective par des programmes de gestion de crises (le temps de l’action motivée et contrainte par l’urgence).

L’objectif de la section thématique est de rassembler des contributions pionnières sur ces objets, de façon à combler les lacunes empiriques et théoriques de la littérature. Seront retenues en priorité les études croisant les disciplines ou les approches, et contribuant à répondre à la question suivante : comment les émergents se conduisent‐ils sur le double terrain de la gestion de crise et de la négociation ordinaire dans les enceintes multilatérales ?

Les papiers pourront discuter l’une des trois hypothèses suivantes :

1) l’assimilation croissante des émergents à l’ordre libéral dominant est prévisible – les institutions internationales étant résilientes, les puissances nouvelles négocieront sur la base de leurs intérêts et non pas de valeurs non occidentales.

2) Le réformisme des Emergents revendiquant des institutions globales à leur image est inévitable.

3) Les nouvelles puissances alterneront stratégie de nuisance et de contournement des institutions existantes – l’ordre global qu’elles ont commencé à bâtir en marge de régimes multilatéraux fondés par l’Occident sera celui d’une coopération essentiellement « transactionnelle » sans institutions formelles entravant la souveraineté de leurs États.

A titre d’exemples, quelques thématiques privilégiées mais non pas exclusives pourraient être les suivantes :

• L’étude des préférences des Emergents lors de négociations multilatérales sur des sujets divers (qu’il s’agisse du commerce international, de l’environnement des questions de sécurité etc.). Doit‐on parler de négociation, de renégociation ou de dé‐négociation ? • L’analyse des spécificités de la puissance des Emergents dans leur rapport aux institutions internationales notamment en termes de références historiques, culturelles ou normatives, qui légitiment des conduites de négociation favorisant le compromis ou l’affrontement, la prudence ou la prise de risque, l’audace ou la prudence, etc. • L’étude du comportement des émergents dans des aires régionales telles que l’Asie, le Moyen Orient, l’Amérique Latine ou l’Afrique et leurs positions sur la question des intégrations régionales. • L’analyse des stratégies de coopération entre eux ou avec les autres Etats que les Emergents mettent en place dans la gestion de crise. • L’étude du comportement d’un Emergent dans une crise récente (Syrie, Lybie, Afghanistan, Soudan, RDC…).

Les propositions de communication devront être adressées par mail sous forme d’un résumé /abstract en français ou en anglais d’un maximum de 500 mots avant le 15 Octobre 2012 aux deux organisateurs de la section thématique.

ST 50 / « Plaidoyer » et advocates. Acteurs et formats internationaux des mobilisations

Etienne Ollion (CMH‐ETT) [email protected]

Johanna Siméant (Université Paris‐1, CESSP) jsimeant@univ‐paris1.fr

Ces dernières années ont vu la diffusion du « plaidoyer » (advocacy) tant dans la pratique que dans la sociologie politique des causes transnationales. Le terme, qui désigne le plus souvent l’activité de promotion de la ligne politique d’ONG ou plus généralement d’organisations du « tiers‐secteur », a fait florès. Alors que de nombreuses organisations non gouvernementales et institutions internationales ont créé des postes spécifiques de « plaideurs » (advocates), et que certaines ont réorganisé une partie de leur activité autour de cette pratique, l’étude de l’advocacy a connu un engouement certain parmi les spécialistes des mobilisations internationales.

À la croisée de la sociologie politique et des relations internationales, toute une littérature a depuis vingt ans embrassé cet objet. Cette attention récente n’est pas allée sans un certain flou dans l’analyse. Le plaidoyer a souvent été identifié aux réseaux transnationaux d’ONG (Keck et Sikkink, 1998), à des formes d’action particulières (mobilisation de l’opinion, des médias), et à des causes humanitaires (droits de l’Homme, développement). Il est souvent aussi souvent présenté comme une forme à la fois radicalement nouvelle et particulièrement efficace de défense des intérêts, en particulier au niveau international.

S’il est certain qu’une injonction à « faire de l’advocacy » s’est rapidement imposée dans certains espaces, la pratique est de fait une origine plus ancienne (Minkoff, 1994), elle est canonique dans certains pays où elle constitue une forme établie de revendication (Andrews et Edwards, 2004; Minkoff, Aisenbrey, et Agnone, 2008), et ne se limite pas aux formats internationaux. D’autres travaux ont montré la difficile diffusion du terme selon les organisations (Siméant, à paraître) et ont tenté de mettre en avant les déterminants de son adoption (Prakash et Gugerty, 2010). L’étude concrète des stratégies mises en œuvre par les plaideurs montre par ailleurs des proximités avec d’autres formes de défense des causes (Busby, 2010), la concurrence qui peut exister entre plaideurs de différents groupes (Ollion, 2010), et l’efficacité différentielle selon les contextes (Hertel, 2006; Stroup, 2012).

Dans la lignée de cette « approche révisionniste » (Price, 2003; Prakash et Gugerty, 2010) sur de l’advocacy, cette section voudrait proposer tout à la fois un état des savoir et un regard nouveau sur les pratiques de plaidoyer. La diffusion de cette injonction à l’advocacy renvoie en effet à des questions théoriques délicates, à la jonction des questionnements sur l'action collective, des liens entre contextes institutionnels et formats de la revendication, et des mobilisations expertes. Les communications, qui s’appuieront nécessairement sur une étude empirique précise et explicitée, pourraient s’inspirer des axes de réflexion suivants :

Un premier enjeu concerne le développement de plaidoyer comme secteur professionnel, en France comme à l’étranger. Deux questions peuvent être distinguées. La première, organisationnelle, est celle de la diffusion et des adaptations de cette pratique. D’où vient le plaidoyer ? Quelles pratiques concrètes ce terme polysémique recoupe‐t‐il? Où et quand a‐t‐il été adopté ? Quels ont été les vecteurs de sa diffusion, les résistances et les conséquences internes de la création de postes de « plaideurs » ? Quelle réorganisation du travail (au sein d’une association, ou d’un domaine d’activité) cette nouvelle situation a‐t‐elle entrainé ? À cette première ligne d’interrogation s’en ajoute une seconde, qui peut être qualifiée de positionnelle, et qui cherche à dresser le portrait social du groupe que forment les plaideurs. Qui sont‐ils ? Quelle est leur trajectoire professionnelle ? Personnelle ? Militante ?

Un second axe s’intéresse à l’articulation entre advocacy et action publique, nationale et internationale. Quel est le rôle des plaideurs dans la mise à l’agenda d’un sujet, et si oui comment peut‐on le mesurer ? Quelles sont les contraintes organisationnelles et institutionnelles qui orientent l’action des plaideurs et le choix de ce registre ? Une attention particulière pourrait être prêtée aux raisons de la diffusion de cette pratique (conformation aux exigences des bailleurs, aux formats de la revendication acceptables des cibles de l’action).

Une dernière piste de réflexion porte sur les pratiques et les théories de l’action collective. Comment, concrètement, s'effectue la production des frontières entre l’advocacy et d’autres formes de défense des intérêts ? Quel type de relations entretiennent les groupes qui font du plaidoyer entre eux ? avec ceux qui n’en font pas ? L’adoption du plaidoyer comme forme légitime de l’action se fait‐elle au détriment d’autres formes d’action – le cas échéant, avec quelles conséquences ? Cette forme de revendication est‐elle plus fréquente dans certains contextes nationaux et / ou institutionnels que d’autres ? En creux, ces questions invitent à s’interroger sur ce que la diffusion du plaidoyer fait à l’action collective et aux théories qui entendent en rendre compte, dans deux directions au moins : assiste t‐on à une nouvelle division du travail qui mérite de repenser les frontières entre groupes d’intérêt ? Le plaidoyer est‐il une forme privilégiée mais peu visible de l’action collective internationale ?

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie sélective

ANDREWS, K.T. et B. EDWARDS, « Advocacy organizations in the US political process » Annual Review of Sociology, 2004, 479‐506. BUSBY, JOSHUA, Moral Movements and Foreign Policy. Cambridge Cambridge University Press, 2010. HERTEL, SHAREEN, Unexpected power : conflict and change among transnational activists. Ithaca, N.Y., Cornell University Press, 2006. KECK, MARGARET E. et KATHRYN SIKKINK, Activists Beyond Borders : Advocacy Networks in International Politics. Ithaca, N.Y., Cornell University Press, 1998. MINKOFF, D., S. AISENBREY, et J. AGNONE, « Organizational Diversity in the US Advocacy Sector » Social Problems, 2008, 525‐548. MINKOFF, DEBRA, « From service provision to institutional advocacy: The shifting legitimacy of organizational forms » Social Forces, 1994, 943‐969. OLLION, ETIENNE, « Summits of Information. Advocacy officers, Journalists and Newsmaking at International Summits. » Qualitative Sociology, 33 (3), 2010, 211‐227. PRAKASH, ASEEM et MARY KATE GUGERTY (dir.), Advocacy organisations and collective action. Cambridge, Cambridge University Press,2010. PRICE, RICHARD, « Transnational civil society and advocacy in world politics » World Politics, 55 (4), 2003, 579‐606. SIMEANT, JOHANNA, « Un mot, et un peu plus qu'un mot. Sur la diffusion internationale de l'advocacy comme pratique et impératif de conformation de la société civile. » Humanity, à paraître. STROUP, SARAH, Borders Among Activists: International Ngos in the United States, Britain, and France. Ithaca, Cornell University Press, 2012. ST 51 / L’art comme indice et matrice des conflits armés

Thomas Lindemann (Université d’Artois) [email protected]

Frédéric Ramel (Sciences Po Paris) [email protected]

L’étude des relations internationales est aujourd’hui caractérisée par un tournant esthétique (Bleiker, 2009). Celui‐ci consiste à appréhender la réalité internationale à partir de sources et expressions artistiques, objets jusqu’à présent oubliés ou considérés comme accessoires. Notre propos consiste à explorer comment l’étude des créations artistiques améliore notre compréhension des conflits armés. Il entretient des affinités avec la posture de recherche élaborée par l’école de Cambridge, laquelle envisage les créations artistiques comme des « idées non‐conscientes » et même matériellement incorporées, comme par exemple pour l’architecture gouvernementale (von Beyme 1996).

Il s’agit, en d’autres termes, d’explorer la composante stratégique du tournant esthétique : l’œuvre d’art comme expression identitaire du pouvoir politique, comme objet de conflit, les ressources artistiques comme outil de guerre, la circulation des œuvres comme facteur d’apaisement stratégique, l’action artistique comme vecteur de résolution des conflits.

Les contributions ayant un ancrage empirique seront privilégiées. Elles s’intéresseront aux processus artistiques de légitimation et de délégitimation de la violence guerrière. L’art sera défini dans un sens large car les produits culturels banalisés comme le cinéma, les séries télévisées ou les BD participent aussi à ce cadrage du « sens(es) belliqueux ». Nous considérons aussi l’espace artistique comme un espace conflictuel où des acteurs divers s’affrontent pour imposer la « bonne » lecture des guerres. Cette perspective permettra d’examiner ainsi le rôle des artistes, des musées ou des organisations non gouvernementales par rapport aux Etats (rapport entre diplomatie culturelle formelle et informelle) dans la création des « cultures » de paix ou de guerre.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 52 / Sociologie politique de l’international

Didier Bigo (Science Po Paris/ King’s College Londres) [email protected]

Laurent Bonelli (Université Paris‐Ouest‐Nanterre) laurent.bonelli@u‐paris10.fr

La section thématique « sociologie politique de l’international » (SPI) entend articuler la science politique, la sociologie et l’international, en faisant ressortir les lignes de tensions qui relient ces trois éléments. Aux traditionnelles « Relations internationales » (RI), longtemps dominées par le tandem de l’école réaliste et de l’école libérale transnationaliste, puis par une forme de constructivisme limité à l’analyse des discours et l’enchâssement des valeurs et des normes dans ces discours, la SPI entend opposer des analyses empiriquement fondées des institutions, des acteurs et des processus qui composent l’ordre international.

Il s’agit d’abord d’en finir avec de fausses oppositions, de celle d’un « international » qui pourrait se penser de indépendamment du « national » (et qui serait redevable d’outils spécifiques d’analyse) à celle d’une étanchéité entre acteurs « publics » et « privés », en passant par celle « gouvernements » / « sociétés civiles ». Penser les Etats comme des groupes, étudier les luttes entre ces groupes et les alliances – y compris transnationales – qu’ils peuvent nouer pour redéfinir les Etats à leur image ; analyser les compétitions entre acteurs internationaux et nationaux pour imposer ou adapter des « règles » internationales permet de penser les RI en termes de pratiques plutôt que de normes de valeurs ou encore d'intérêt et de choix rationnel.

A partir d’une approche relationnelle, attentive tant aux interactions et aux interdépendances qu’à l’historicité, les deux sessions de cette ST, se proposent d’explorer deux thématiques.

Session 1. Production et reproduction des élites transnationales et de l’Etat

Le thème du dépérissement de l'État était en vogue à la fin des années 1990, en raison de la « mondialisation ». L'ampleur de la crise économique et financière semble avoir remis à l'ordre du jour le retour d'un État régulateur. Pourtant, on ne peut guère comprendre les multiples facettes de ces phénomènes, si on ne prend pas en compte la dimension élitiste des processus d'internationalisation. L'import/export de modèles et de savoirs d'État, la constitution d'espaces transnationaux professionnels, ou la construction d'institutions internationales nouvelles – dans le cadre européen notamment – peuvent ainsi être analysés comme une internationalisation des luttes entre différentes fractions d'élites nationales. Les plus cosmopolites d’entre‐elles jouent ainsi le rôle de « courtiers » entre un espace national – qu'elles contribuent à redéfinir – et celui des pratiques internationales – qu'elles modèlent à leur image. Qu’il s’agisse de champs professionnels ou d’institutions, le lien entre stratégies d’internationalisation et affrontements domestiques sera au cœur des contributions de cette session. Le mode de formation des élites variant d’un Etat à l’autre, la diversité des configurations nationales sera privilégiée.

Session 2. Sécurité et conflits

Sécurité et conflits ont longtemps fait partie de champs d’études séparés, recoupant des divisions canonisées comme interne et externe ; civil et militaire ou acteurs étatiques / non étatiques. La configuration politique de la Guerre froide favorisait cette perspective, y compris au sein des sciences sociales. Pourtant ces frontières résultent surtout des affrontements entre les différents acteurs engagés sur ces terrains pour délimiter des monopoles et apparaissent comme beaucoup plus poreuses en réalité. Les processus de construction européenne, dans lesquels naissent des organisations nouvelles (comme Europol, Eurojust, Frontex ou Sitcen) ; la reconfiguration des opérations extérieures ou des institutions de coopération militaire

(l’OTAN par exemple) ; le renforcement de la coopération policière dans la lutte contre le terrorisme, l’émergence d’expertises de gestion de crise ou de post‐conflits ; le développement de la sous‐traitance privée en matière de gestion de la violence ou de l’information ; etc. traduisent ce brouillage, en même temps qu’elles l’autorisent. De nouveaux récits voient le jour, liant migration, guerre, crime et terrorisme, que des acteurs concurrents essaient d’agencer au mieux de leurs intérêts pratiques et symboliques. Ces luttes, inséparablement nationales et internationales, de même que les savoirs et les savoirs‐faire qu’elles mobilisent seront explorés dans cette session, à partir d’une sociologie fine des acteurs qui les mènent.

Les propositions de communications doivent être adressées à Didier Bigo ([email protected]) et à Laurent Bonelli, (laurent.bonelli@u‐paris10.fr) avant le 15 octobre 2012, en précisant la session souhaitée.

ST 53 / L’option violente. Combattants et insurgés dans les soulèvements populaires

Amin Allal (CHERPA – IEP d’Aix‐en‐Provence) [email protected]

Olivier Grojean (CERIC/UMR 7318 – Aix‐Marseille Université) [email protected]

Les soulèvements populaires actuels nous rappellent que la politique est aussi affaire d'affrontements physiques. En Grèce, au Bahreïn, au Sénégal, en Egypte ou en Libye de nombreux individus et groupes s’engagent dans des luttes violentes, des affrontements avec les forces de l’ordre, des milices, voire l’armée. En faisant le choix de ne pas opérer de distinction a priori entre ces situations politiques contrastées (notamment avec un état d’encadrement militaire ou de contrôle policier différent, des expériences d’actions violentes précédentes ou non, etc.), nous ambitionnons dans cette ST de dépasser deux types d’approches. Il s’agira ainsi de réévaluer tout autant les lectures structurales et macrologiques de l’émergence de la violence dans les mobilisations (Tarrow, Della Porta notamment) que les théories de la frustration (Gurr, ainsi que certaines théories sur les révolutions et les analyses du « terrorisme ») pour nous focaliser, à un niveau microsociologique, sur la violence et le rapport à la violence des protagonistes de ces soulèvements populaires.

Ainsi, fondé le plus possible sur un matériau ethnographique (ou documents d’archives) visant à analyser la violence « en situation » (Collins), les participants à cette ST étudieront ces pratiques violentes, en les décrivant de manière détaillée (Lavergne et Perdoncin) et en en restituant au maximum le sens donné par les acteurs. Pour autant, la perspective pragmatiste apparaît parfois trop peu attentive à l’expérience accumulée des acteurs. L’analyse des dispositions sociales construites au cours des trajectoires biographiques de ces « manifestants », « insurgés », ou « combattants », inscrites dans un contexte mouvant (avec des ruptures d’intelligibilité constitutives d’événements « générateurs »), paraît la seule à même de dégager des « logiques de situations » (Dobry) permettant de comprendre le recours à l’action violente.

Les contributions pourront prendre appui sur des terrains variés, et s’intéresser à des soulèvements très contemporains ou au contraire plus anciens. Quatre dimensions peuvent être analytiquement distinguées :

Qui sont les insurgés ? Il apparaît d’abord nécessaire de s’intéresser aux dispositions sociales (origine sociale, sexe, âge…) et aux trajectoires d’engagement des insurgés (réseaux de sociabilité, expériences préalables, modalités de recrutement…), afin de mieux cerner les caractéristiques de la division sociale du travail « révolutionnaire ». Il s’agira alors d’analyser la socialisation à la violence, les imaginaires mobilisés dans les combats, et les « raisons » de l’engagement des acteurs dans la violence (peut‐on par exemple affirmer qu’il relève souvent de logiques privées comme le soutient Kalyvas ?)

• Une violence organisée ? Si une majorité des travaux de sciences sociales insiste sur le caractère organisé des mobilisations contestataires, nombre d’émeutes et de soulèvements naissent pourtant sans organisation préalablement vouée à une telle « fonction » contestataire. Il convient ainsi de repenser le degré de structuration des individus et des groupes mobilisés, l’économie des combats, et les dispositifs organisationnels susceptibles de faciliter le recours à l’option violente.

• L’analyse diachronique du passage à la violence. Il s’agit ici d’observer quand intervient le passage à la violence, comment s’articulent trajectoires biographiques et dynamiques du conflit. Peut‐on par exemple mettre en évidence des seuils ou des événements ‐ objectifs et/ou subjectifs – permettant de comprendre le « basculement » dans l’action violente ?

• La violence en pratiques. Si la violence n’est bien souvent qu’une activité parmi d’autres des engagements contestataires individuels, nous chercherons néanmoins ici à mieux comprendre en quoi consistent les combats. Il s’agira aussi de montrer en quoi les modes d’action violents sont tout à la fois tributaires des espaces dans lesquels ils s’inscrivent (interactions avec les dispositifs de répression), dépendants de l’identité des acteurs mobilisés, et fortement déterminés par l’existence d’un public « spectateur ».

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Références :

Collins, Randall, Violence: A Micro‐sociological Theory, Princeton, Princeton University Press, 2008. Della Porta, Donatella, Social Movement, Political Violence and the State. A Comparative Analysis of Italy and Germany, Cambridge, Cambridge University Press, 1995. Dobry, Michel, « Ce dont sont faites les logiques de situation », in Favre, Pierre, Fillieule, Olivier et Jobard, Fabien (dir.), L’atelier du politiste, Paris, La Découverte, 2007, p. 119‐148. Kalyvas, Stathis N., The Logic of Violence in Civil War, Cambridge, Cambridge University Press, 2006. Lavergne, Cécile et Perdoncin, Anton (dir.), « Décrire la violence », Tracés, n°19, 2010. Gurr, Ted, Why Men Rebel, Princeton, Princeton University Press, 1971. Tarrow, Sidney, Power in Movement. Social Movements, Collective Action and Politics, Cambridge, Cambridge University Press, 1994. ST 54 / Praticiens et experts de la sécurité internationale : sociologie politique d’un espace professionnel

David Ambrosetti (Institut des Sciences sociales du Politique) dambrosetti@u‐paris10.fr

Thibaud Boncourt (Centre Emile Durkheim) [email protected]

Depuis les années 1990, le domaine de la sécurité internationale s’est considérablement élargi pour intégrer des enjeux de maintien de la paix dans les conflits intraétatiques et régionaux, l’assistance humanitaire d’urgence, la protection des populations ou la reconstruction des États en situation de post‐conflit, jusqu’aux catastrophes liées au VIH‐Sida ou au changement climatique.

Cet élargissement conceptuel s’est accompagné d’une diversification des acteurs impliqués dans les questions de sécurité. Autour des opérations militaires internationales et des programmes « post‐conflit », les praticiens « traditionnels » de la sécurité (diplomates et militaires de carrière) nouent des connexions professionnelles avec des fonctionnaires internationaux, des contractuels civils issus de l’aide au développement ou de l’action humanitaire, des anciens militaires reconvertis dans le secteur privé de la sécurité, des universitaires‐experts et des spécialistes « locaux » de la sécurité dans les Etats d’intervention.

Cette section thématique vise à cerner l’espace qui se dessine à la jonction de ces divers groupes professionnels situés entre l’(inter‐)gouvernemental et le transnational. Il s’agit d’interroger : • les profils, les trajectoires professionnelles, les capitaux sociaux et les domaines de spécialisation des acteurs gravitant autour des opérations militaires internationales et des programmes « post‐conflit » ; • les interactions et les rapports de force qui unissent ces acteurs, et les effets de ces connexions en termes de restructuration des institutions militaires locales et de diffusion de pratiques dans les opérations et programmes internationaux.

Pour ce faire, cette section thématique s’ouvre à différentes approches : • la sociologie et l’anthropologie des groupes professionnels, qui intègrent les questions de compétition entre les professions (A. Abbott) et de structuration d’espaces professionnels transnationaux d’import‐export de savoirs (Y. Dezalay et B. Garth), sur la base d’outils prosopographiques et d’analyses de réseaux (A. Vauchez, C. Lemercier, C. Topalov), ou sur la base d’une anthropologie politique des courtiers locaux de l’international et des fonctionnaires locaux (J.‐P. Olivier de Sardan et G. Blundio), sans oublier le métier des armes (M. Debos) ; • une « sociologie politique de l’international », notamment liée aux études critiques de la sécurité (cf. les travaux de D. Bigo et de la revue Cultures & Conflits, M. Duffield) ; • les nombreux travaux en cours sur les organisations internationales, leurs dynamiques internes et leurs logiques institutionnelles et bureaucratiques.

Nous privilégierons des communications à même de favoriser un dialogue entre approches disciplinaires (sociologie des professions, sociologie politique de l’international, etc.) et méthodologiques (outils prosopographiques, analyses de réseaux, observations qualitatives, etc.) diverses.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 55 / Foucault ou le politiste impossible ?

Guillaume Gourgues (Université de Franche‐Comté, PACTE) [email protected]

Ouassim Hamzaoui (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble, PACTE) [email protected]

La question des liens possibles entre l’œuvre de Michel Foucault et les sciences sociales a été l’objet d’un nombre important de productions et évènements scientifiques, tant en Europe qu’aux Etats‐Unis1, au cours des deux dernières décennies. Or, il semble que l’ensemble de ces travaux partage, par‐delà les spécificités et oppositions, un même positionnement épistémologique quant au statut de scientificité des recherches menées par le philosophe. Ils convergent dans leur approche de l’interdisciplinarité : Foucault est considéré comme un « dilettante » dont certaines propositions peuvent faire l’objet d’un usage raisonné par des « spécialistes »2. En science politique, il est ainsi notamment perçu comme l’auteur d’une « découverte » historique fondamentale pour la compréhension des formes du politique (la « gouvernementalité » et la « gouvernementalisation » de l’Etat) ; découverte qui a en particulier servi de base pour une problématisation permettant de construire de nouveaux « objets » (les « savoirs » ou les « instruments »3). Et l’usage raisonné consiste à considérer que pour être valide, cette reprise nécessite d’être consolidée scientifiquement et empiriquement, par l’entremise d’un savoir et savoir‐faire sociologique solidement établi.

Or, c’est précisément cette posture, au demeurant parfaitement cohérente (Noiriel, 2003), que nous nous proposons de mettre en discussion. La base de cette discussion peut être formulée sous forme de question : peut‐on, sans jamais considérer que Foucault ait voulu faire stricto sensu « œuvre de science », adopter une approche « interdisciplinaire » consistant à prendre au sérieux l’existence d’une « méthode foucaldienne », c’est‐à‐dire d’un ensemble d’« indications » prenant explicitement leurs distances à l’égard de certains postulats de sciences sociales4 ? Deux faisceaux de raisons nous y poussent : l’élaboration d’une méthode d’investigation originale qualifiée de « généalogique », distincte d’une approche « génétique », est une constante dans les travaux de Foucault5, et il est clair que c’est par cette méthode que sont résolument soutenues les « découvertes », auxquelles les sciences sociales ont su se montrer si réceptives.

Notre ambition étant de parvenir à ne plus séparer le Foucault « découvreur », encensé par tous, du Foucault « méthodologue » davantage méconnu, nous voudrions, via cette section thématique, nous engager dans un travail de formulation collective des principes et règles de la « méthode généalogique »6, ainsi que dans une discussion de ses conséquences épistémologiques pour la science politique. Les communications attendues reposeront donc nécessairement sur un travail de lecture ou relecture des écrits de Foucault, et en particulier des passages épars qu’il consacre à cette méthode7. Au‐delà de ce « travail du texte », les

1 Cf. notamment : Gordon et al., 1991; Barry et al., 1996; Dean, Hindess, 1998; Dean, 1999 ; Brockling et al., 2000; Naves et al., 2005; Granjon, 2005. 2 Pour reprendre la célèbre distinction wébérienne (Weber, 2005) 3 En France, on retrouve très clairement cette partition des objets dans les recherches en science politique d’inspiration foucaldienne (Ihl et al., 2003; Lascoumes, Le Galès, 2005 ; Laborier et al. 2011). 4 Ce qui permettrait de se démarquer des interprétations in fine « moralistes » des affirmations de mise à distance des sciences sociales chez le philosophe. Pour un exemple de ce type d’interprétation : (Bourdieu, 2001 : 201‐202) 5 Elle sous‐tend sa volonté de produire un savoir « désassujetti » de sa prétention de savoir et conscient de la nécessité de se « latéraliser » par rapport à l’implacable verticalité de ce qu’il appelait « l’ordre du discours », et dont fait d’ailleurs partie la division disciplinaire des formes de savoirs. 6 Signalons que certains auteurs ont déjà commencé à poser les premiers jalons d’une telle démarche : Veyne, 1978 ; Dean, 1994 ; Castel, 1997 ; Loraux, 1997; Fabiani, 2004; Donzelot, 2005; Donzelot, Gordon, 2005; Revel, 2005 & 2010; Jeanpierre, 2006; Bayrat 2008 ; Karsenti, 2010; Cohen, 2011. 7 Nous diffuserons ultérieurement une première série indicative de textes de Foucault se rapportant très directement à la méthode généalogique. propositions pourront soit le relier à un travail de recherche empirique8, soit s’interroger sur la manière dont la « mise au jour » d’une telle méthode redéfinit nos conceptions a priori de la science politique ; en particulier concernant son lien au paradigme sociologique.

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie :

Barry Andrew, Osborne Thomas, Rose Nikolas (eds.), 1996, Foucault and the Political Reason: Liberalism and Rationalities of Government, Chicago, University of Chicago Press, 1996. Bayart Jean‐François, 2008, « Comparer en France. Petit essai d’autobiographie disciplinaire », Politix, 21, 83, p. 205‐232. Bourdieu Pierre. 2001. Science de la science et réflexivité, Paris, Raisons d’agir. Bröckling Ulrich, Krasmann Susanne, Lemke Thomas (eds.), 2000, Gouvernementalität der Gegenwart, Francfort‐sur‐le‐ Main, Suhrkamp. Castel Robert, 1997, « Présent et généalogie du présent : une approche non évolutionniste du changement », in Prokhoris Sabine, Franche Dominique et Roussel Yves (dir.), Au risque de Foucault, Paris, Centre Georges Pompidou/Centre Michel Foucault, p. 161‐168. Cohen Yves, 2011, « Foucault déplace les sciences sociales. La gouvernementalité et l’histoire du XXème siècle », in Laborier Pascale, Audren Frédéric, Napoli Paolo, Vogel Jakob (dir.), Les sciences camérales. Activités pratiques et histoire des dispositifs publics, Paris, PUF, p. 43‐79. Dean Mitchell, Hindess Barry, 1998, Governing Australia. Studies in Contemporary Rationalities of Government, Cambridge, Cambridge University Press. Dean Mitchell, 1994, Critical and Effective Histories. Foucault’s Method and Historical Sociology, London, Routledge. Dean Mitchell, 1999, Governmentality: Power and Rule in Modern Society, Sage Publications. Donzelot Jacques, Gordon Colin, 2005, « Comment gouverner les sociétés libérales ? L’effet Foucault dans le monde anglo‐saxon (discussion) », Esprit, 319, p.83‐95. Donzelot Jacques, 2005, « Relire Michel Foucault pour comprendre les changements de gouvernementalité », Esprit, 319, p. 56‐81. Fabiani Jean‐Louis, 2004, « La sociologie historique face à l’archéologie du savoir », Le Portique, 13/14, p. 93‐107. Gordon Colin, Burchell Graham, Miller Peter, 1991, The Foucault Effect: Studies in Governmentality, Chicago, Chicago University Press. Granjon Marie‐Christine, 2005, Penser avec Michel Foucault. Théorie critique et pratiques politiques, Paris, Karthala. Hibou Béatrice, 2011, Anatomie politique de la domination, Paris, La Découverte. Ihl Olivier, Kaluszynski Martine, Pollet Gilles (dir.), 2003, Les sciences de gouvernement, Paris, Economica. Jeanpierre Laurent, 2006, « Une sociologie foucaldienne du néolibéralisme est‐elle possible ? », Sociologie et sociétés, 38 (2), p. 87‐111 Karsenti Bruno, 2010, « La politique du dehors. Une lecture des cours de Foucault au Collège de France (1977‐1979) », Multitudes, 3 (22), p. 37‐50. Laborier Pascale, Audren Frédéric, Napoli Paolo, Vogel Jakob (dir.), 2011, Les sciences camérales. Activités pratiques et histoire des dispositifs publics, Paris, PUF. Lascoumes Pierre, Le Galès Patrick (dir.), 2005, Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Sciences Po. Loraux Patrice, 1997, « Le souci de l’hétérogène », in Prokhoris Sabine, Franche Dominique et Roussel Yves (dir.), Au risque de Foucault, Paris, Centre Georges Pompidou/Centre Michel Foucault, pp.31‐39. Naves Marie‐Cécile, Meyet Sylvain, Ribemont Thomas, 2005, Travailler avec Foucault. Retours sur le politique, Paris, L’Harmattan. Noiriel Gérard, 2003, Penser avec, penser contre. Itinéraire d’un historien, Éditions Belin. Revel Judith, 2005, Michel Foucault. Expériences de la pensée, Paris, Bordas. Revel Judith, 2010, Foucault, une pensée du discontinu, Paris, Mille et une nuits. Veyne Paul, 1978, Comment on écrit l’histoire, Paris, Seuil. Weber Max, 2005, La science, profession et vocation, Paris, Agone.

8 Signalons à cet égard le récent travail de Béatrice Hibou (2011) qui fait reposer la compréhension de l’anatomie politique de la domination sur une méthode fragmentée qui, ni tout à fait comparative, ni tout à fait analogique, consiste à emprunter des « faits » éclatés (à travers l’histoire, les pays et les contextes) pour se centrer sur l’« économie politique » de la domination. ST 56 / Acteurs et généalogie des études européennes (1945‐1992)

Fabrice Larat (Ecole nationale d’administration / CERA) [email protected]

Michel Mangenot (Université de Strasbourg / IEP‐GSPE) [email protected]

Depuis leur création, les études européennes ont fait l’objet d’un processus d’institutionnalisation à l’échelle internationale. Cette ST s’intéresse à ses acteurs dans une perspective biographique comparée. L’analyse se concentrera sur les champs disciplinaires les plus représentés : science politique, droit, histoire et économie, qui ont contribué à l’établissement de ce nouvel objet d’étude. La période couverte s’étend de 1945 (début du processus de d’intégration en Europe de l’Ouest) à 1992 (traité de Maastricht et lancement des Chaires Jean Monnet). Cette borne correspond à la fois à un saut en termes de nombre de travaux et à un saut qualitatif en matière d’intégration, mais aussi à un changement d’échelle géographique avec les transformations découlant de la chute du rideau de fer.

Au‐delà des apports d’une approche quantitative (Keeler 2005), l’objectif est de procéder à une mise en perspective des relations existant entre les travaux participant à la connaissance du processus de construction européenne et les éléments biographiques relatifs à leurs auteurs ; partant du principe que ce rapprochement est riche en enseignements sur les interactions existant entre un phénomène politique s’inscrivant dans une évolution historique et la construction d’un objet d’étude par ceux qui font profession de commenter et d’analyser ce phénomène.

En effet, si une sociologie politique de la constitution de ce champ d’études vient d’être posée (Robert, Vauchez, L’Académie européenne, Politix 2010), une généalogie des acteurs des études européennes reste un terrain encore peu défriché. Dans le prolongement d’une première réflexion sur le rôle de certains historiens dans le développement des études européennes (Mangenot, Schirmann 2012), il s’agira donc d’analyser ses figures fondatrices et celles de ses diffuseurs, qu’ils soient auteurs, chercheurs, enseignants et/ou créateurs de réseaux et d’institutions. Les papiers devront également permettre d’appréhender le contenu de leur apport mais aussi leurs motivations, leurs trajectoires et, en particulier, leur proximité ou non avec le champ politico‐institutionnel européen. Une attention particulière sera apportée aux filiations intellectuelles, aux fonctions exercées et aux logiques institutionnelles ainsi qu’aux différentes formes d’engagement en faveur de l’établissement et de la légitimation des études sur la construction européenne.

Nous souhaiterions tester l’hypothèse générale d’une progressive distanciation des européanistes par rapport à leur objet, sans négliger toutefois l’existence de certains liens qui sont parfois difficiles à identifier. Car si les institutions européennes ont bien cherché des soutiens dans l’Académie, la trajectoire inverse existe également avec des stratégies de reconnaissance universitaire auprès de ces mêmes institutions.

Les contributions à cette ST s’efforceront par conséquent de mettre en lumière l’influence des facteurs biographiques comme l’effet générationnel, la formation et le type de carrière, ou leur proximité par rapport à des acteurs économiques, politiques, administratifs et juridiques du processus d’intégration. Les données ainsi rassemblées permettront d’effectuer une typologie des acteurs du champ des études européennes en fonction de deux dimensions principales que sont le positionnement académique des individus (degré d’intégration) ainsi que leur niveau d’engagement en faveur de la construction européenne.

La ST se déroulera sur une session. Les papiers seront sélectionnés soit sur une base disciplinaire soit, de préférence, sur une base pluridisciplinaire de manière à couvrir une aire linguistique ou culturelle (Larat, 2009). Devant une inégale connaissance des champs académiques (comme celui des Etats‐Unis : White 2003 et Cohen 2011), nous privilégierions en conséquence des contributions sur des espaces de production moins connus.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Références

COHEN Antonin (2011), « L’Europe aux marges. Frontières disciplinaires, frontières champêtres et frontières nationales dans la construction d’un “objet scientifique non identifié”», 11ème Congrès de l’AFSP, Strasbourg, 31 août‐2 septembre.

KEELER, John TS (2005), “Mapping EU Studies: The Evolution from Boutique to Boom Field 1960–2001, JCMS.

LARAT, Fabrice (2009), “Europe's south: Similarities and differences in governance research, in Beate Kohler‐ Koch; Fabrice Larat (Eds). "European Multi‐level Governance: Contrasting Images in National Research", Cheltenham: Edward Elgar Publ.

MANGENOT, Michel, SCHIRMANN, Sylvain (dir.) (2012), Les institutions européennes font leur histoire, Bruxelles, Peter Lang.

WHITE Jonathan, (2003) “Theory Guiding Practice: the Neofunctionalists and the Hallstein EEC Commission”, Journal of European Integration History 9 (1).

ST 57 / Comment étudier les clubs, les fondations politiques et les « think tanks » ?

Mathieu Laurent (Centre d’études et de recherche en science administrative – Université Paris 2) [email protected]

Thibaut Rioufreyt (Laboratoire Triangle (UMR5206) ‐ IEP Lyon/Université Lyon2) thibaut.rioufreyt@univ‐lyon2.fr

La visibilité des fondations politiques et des « think tanks », leur nombre et la diffusion de leur production ne cessent de s’accroître dans la vie politique française. Pourtant, la science politique semble balbutiante dans son appréhension de ces groupements à la croisée du savoir et du pouvoir : si les études portant sur les clubs politiques des années soixante sont nombreuses, les travaux sur les organisations plus récentes sont plus rares, alors que ces dernières se sont multipliées à partir de la fin des années 1990, que ce soit celles proches de la gauche antilibérale (ATTAC, Fondation Copernic), de la social‐démocratie (En Temps réel, Terra Nova, République des Idées...) ou de la droite libérale (Fondation Concorde, Fondation pour l’innovation politique…). L'objet de cette section thématique est à la fois de s'interroger à la fois sur les apports des enquêtes réalisées et sur les perspectives de recherche qui s'ouvrent. Ce sera ainsi l'occasion d'engager une réflexion plus systématique sur ces groupements autour de trois axes principaux :

Axe 1 : Quels outils conceptuels pour appréhender ces groupements ?

Il s'agira dans un premier temps d'aborder la question du classement de ces groupements, c'est‐à‐dire de réfléchir aux outils notionnels et conceptuels permettant de les appréhender tout en mettant à distance les luttes de classement qui se jouent entre les acteurs de cet espace. Relèvent‐ils de la catégorie des groupes d’intérêt ? Comment les différencier des lobbies ? Comment les situer par rapport aux organes de conseil et de réflexion institutionnels, tels que le Centre d'analyse stratégique ou le Conseil économique, social et environnemental ? Quels sont les enjeux autour de l’importation du label think tank dans le champ intellectuel français.

Axe 2 : Quelles relations entre ces groupements et les formations partisanes ?

Le second objectif de cette section sera d'aborder la question des rapports qu'entretiennent ces groupements et les formations partisanes, et en particulier les moyens d'objectiver et de mesurer l’« influence » supposée des premiers sur le champ politique : l’étude de la carrière d'« idées » élaborées dans un de ces groupements jusque dans le programme ou la doctrine officielle d'un parti permettrait sans doute de mieux cerner les interactions qui se nouent entre ces structures. Par ailleurs, l'analyse même de ces interactions, à la croisée des différents champs intellectuel, économique, administratif et politique, gagnerait sans doute à puiser dans les outils tant notionnels que pratiques élaborés par l'analyse des réseaux sociaux.

Axe 3 : Acteurs centraux et fonctionnement concret de ces groupements

Il s’agira enfin d’identifier les acteurs investis dans ces structures, qui peuvent se situer au carrefour de différents secteurs comme à l’intersection de plusieurs courants idéologiques organisés. La reconstitution de la trajectoire et des dispositions d'acteurs centraux tels que François Furet ou Pierre Rosanvallon, par exemple, pourront être utiles à l’analyse des conditions d'émergence et de développement de ces organisations. Par ailleurs, le fonctionnement concret de ces structures intersectorielles devra être abordé : semblant favoriser un militantisme souple centré sur le travail intellectuel, ces groupements intellectuels mobilisent des réseaux d’experts, travaillant au sein de groupes de travail et de commissions, qu’on tentera d’appréhender plus finement.

Les communications (8000 signes maximum au format word ou open office) doivent être envoyées au plus tard le 15 octobre 2012 aux responsables de la ST aux adresses suivantes : [email protected] et thibaut.rioufreyt@univ‐lyon2.fr

Bibliographie indicative :

‐ ANDRIEU Claire, Pour l’amour de la République. Le Club Jean Moulin : 1958‐1970, Paris, Fayard, 2002. ‐ BELORGEY Nicolas, CHATEIGNER Frédéric, HAUCHECORNE Mathieu & PÉNISSAT Étienne, « Théories en milieu militant. Introduction », introduction et présentation d'un numéro spécial intitulé « Théories en milieu militant » de Sociétés contemporaines, n° 81, vol. 1, 2011, pp. 5‐25. ‐ BLONDIAUX Loïc, « Les clubs : sociétés de pensée, agencement de réseaux ou instances de sociabilité politique ? », Politix, n° 2, printemps 1988, pp. 29‐42. ‐ CARPENTIER‐TANGUY Xavier, « Influences et innovations politiques : les think tanks (perspective historique) », Études européennes, n° 9, 2006. ‐ CARPENTIER‐TANGUY Xavier, 2006, « Tours d’ivoire ou tours de contrôle : les think tanks, une nouvelle élite pour penser l’Europe ? », communication au colloque « Une Europe des élites ? », Bordeaux, 27‐29 avril 2006. ‐ DENHAM Andrew, GARNETT Mark & STONE Diane, Think tanks across nations : a comparative approach, Manchester, Manchester University Press, 1998. ‐ KANDIAH David Michael & SELDEN Anthony (dir.), dossier spécial « Ideas and Think tanks in Contemporary Britain », Contemporary British History, vol. 10, 1‐2, printemps‐été 1996, pp. 73‐87. ‐ MEDVETZ Thomas, « Les think tanks aux États‐Unis. L’émergence d’un sous‐espace de production des savoirs », ARSS, n° 176‐177, mars 2009, pp. 83‐93. ‐ PAPAZIAN Patrick, « Think tanks…à la française ! Évolution et moyens des groupes de réflexion », in Rapport Anteios, Paris, PUF, 2007, pp. 181‐185. ‐ RICH Andrew, Think tanks, public policy and the politics of expertise, New York, Cambridge University Press, 1994. ‐ STONE Diane, Capturing the Political Imagination : Think Tanks and the Policy Press, London, Frank Cass, 1996. ‐ VAYSSIÈRE Bertrand, « La Fondation Saint‐Simon : l'intellectuel, l'expert et la "complexification du monde" », in KOUVOUAMA Abel, GUEYE Abdoulaye, PIRIOU Anne & WAGNER Anne‐Catherine (dir.), Figures croisées d'intellectuels. Trajectoires, modes d'action, productions, Paris, Karthala, 2007, pp. 371‐385.

ST 58 / Cinéma, Film et (Science) politique

David Smadja (Université Paris‐Est Marne‐la‐Vallée) [email protected]

Laurent Godmer (Université Paris‐Est Marne‐la‐Vallée) laurent.godmer@univ‐mlv.fr

En proposant de s’intéresser aux rapports entre politique et cinéma, cette section thématique vise à aborder un champ de recherche original encore peu défriché en science politique. Les responsables de la ST souhaiteraient que soient proposées des communications s’inscrivant dans l’un des trois axes suivants. Le premier axe de recherche, essentiellement méthodologique, appréhende le film comme un instrument d’observation dont la capacité de reproduction et d’extension supérieure à celle du magnétophone1 permet de renouveler les techniques disponibles de recueil de données. En effet, du fait de sa « mécanique impassible », qui permet une reproduction objective et impersonnelle ‐ « dont l’homme est exclu » écrivait André Bazin ‐, l’enregistrement d’images et de sons peut par la neutralité qui le caractérise contribuer, d’une part, à la cumulativité des résultats de l’observation et, d’autre part, à prolonger l’apport de l’observation ethnographique du politique. Comme l’indique Madeleine Grawitz, au sujet de l’observation de défilés ou de meetings : « (…) le cinéma permet une observation globale à laquelle des individus isolés ne peuvent parvenir (…) un seul observateur ne peut tout voir (…) En revanche, ayant participé ou observé la réalité, il peut grâce au film compléter son information. »2. Plus encore, le document cinématographique n’est pas réductible à un simple contenant d’informations politiques puisqu’il affecte, par son réalisme même, la « nature » et la « portée » de cette information en permettant de reconstituer de manière plus fidèle le ton, la mimique, le geste et l’expression, autrement dit la vie elle‐même3. Il est donc plus que légitime que la science politique se saisisse directement de ces objets cinématographiques. Le deuxième axe, empirique, consiste à appréhender le film comme analyseur des attitudes et comportements politiques. Le film constitue un lieu d’observation privilégié des phénomènes sociopolitiques où « le sens émerge de rapports motivés entre des signes et des acteurs sociaux »4. De ce fait, loin de n’exister qu’en « un cabinet noir »5 où ne régnerait que l’intention toute puissante et surplombante d’un auteur, le cinéma suppose au contraire une relation et une interaction ininterrompues avec des conditions de production, d’interprétation et de réception par les professionnels et par le public6. Dans cette optique, les films et surtout certains réalisateurs spécifiques peuvent être considérés comme de véritables auteurs d’une pensée politique, qui se déploie sous une forme filmique mais repose sur un système d’analyse très riche du politique7. Ainsi, la célèbre « politique des auteurs » française n’a pas forcément produit des analystes du politique, mais plusieurs de ces auteurs ont proposé des films qui sont autant d’œuvres « politiques ». Le troisième axe, plus théorique, consiste à appréhender le film comme source d’hypothèses explicatives du politique. Il s’inscrit notamment dans le sillage des travaux de Jacques Rancière pour lequel le cinéma constitue l’une « des formes de la visibilité qui structurent un monde commun. »8. Ici, la production d’un agencement d’images en mouvement s’apparente à la mise au jour des structures sous‐jacentes des phénomènes politiques, par exemple du fait qu’elle permet de reconstituer le cadrage qui détermine la perception et la compréhension des phénomènes politiques. A titre d’illustration de cette approche, on peut évoquer le travail de Philippe Corcuff qui vise à reconstituer le rapport entre philosophie politique et cinéma à

1. Sur ce point, voir en particulier Les instruments d’observation, Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, paragraphe 315, pp. 394‐395 et pp. 598‐599. 2. Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, op. cit., p. 599. 3. Idem, p. 600. 4. Jean‐Pierre Esquenazi, « Le film, un fait social », Réseaux, 2000, vol. 18, n° 99, pp. 13‐47, p. 26. 5. Idem, p. 16 6 Frédérique Matonti, « Une nouvelle critique cinématographique », Actes de la recherche en sciences sociales, 2006/1 n° 161‐162. 7. Laurent Godmer, « Science politique et cinéma : Penser le politique et le local avec Éric Rohmer », Raisons politiques n° 38 , op. cit. 8. Jacques Rancière, « Le cinéma, un art contrarié », Et tant pis pour les gens fatigués, Entretiens, Paris, 2009, Editions Amsterdam p. 278. travers la mise en évidence du lien entre le perfectionnisme démocratique d’Emerson et les comédies du remariage des années 1940 et plus généralement entre l’expérience de la liberté individuelle propre à la vie ordinaire et celle du cinéma9. Seront particulièrement les bienvenues des présentations monographiques portant sur un réalisateur, un courant cinématographique, un film ou des présentations axées sur une comparaison.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

9. Philippe Corcuff, Sandra Laugier, « Perfectionnisme démocratique et cinéma : pistes exploratoires », Raisons politiques, n° 38, op. cit. ST 59 / Observer la laïcité comme répertoire d’action administratif

Solenne Jouanneau (IEP de Strasbourg, GSPE‐PRISME, UMR CNRS 7012) [email protected]

Yann Raison du Cleuziou (Université Montesquieu‐Bordeaux IV, Centre Emile Durkheim, UMR CNRS 5116) yann.raison‐du‐cleuziou@u‐bordeaux4.fr

Depuis l’adoption, le 9 décembre 1905, de la loi dite de séparation des Eglises et de l’Etat, la République française « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (art. 2). Pourtant, la réalité des relations qui se nouent depuis maintenant plus d’un siècle entre les représentants de la puissance publique et les représentants des principaux cultes français est plus complexe. En effet, celles‐ci ne relèvent pas tant d’une séparation absolue que de la mise en place unilatérale d’un régime légal des cultes. Car l’adoption du principe de laïcité ne marque pas la fin d’une volonté de contrôle des religions par l’Etat, mais plutôt la transformation des modalités de ce contrôle.

La tolérance du retour sur le territoire français de congrégations non autorisées dès les années 1920 ; le soutien de fait aux chantiers de nouvelles églises construites à l'initiative du cardinal Verdier dans les années 1930 ; l’application graduée de la loi de 1905 dans certaines colonies ; la non application de la laïcité en Alsace‐ Moselle où un concordat est maintenu ; plus récemment encore l’implication répétée du Bureau central des cultes et des conseillers des ministres de l’Intérieur dans le « dossier » dit de « la formation des imams » en vue de favoriser la diffusion d’un « islam éclairé » compatible avec les « valeurs républicaines » … Chacun de ces exemples démontre que derrière l’affirmation répétée d’une « séparation des Eglises et de l’Etat », l’action publique envers les religions est plus complexe et ambiguë qu’il n’y paraît et qu'elle mérite, à ce titre, d'être repensée au prisme de la pratique administrative.

En effet, lorsqu’il est employé par les agents de l’Etat français, le terme de « laïcité » renvoie à deux dimensions distinctes de leur travail. Celui‐ci fait d’abord référence au cadre légal qui, en France, régit le fonctionnement des institutions religieuses et la capacité d’action des gouvernants et des (hauts) fonctionnaires dans la sphère religieuse. Sous cet angle, le terme de laïcité s’apparente à un ensemble de règles et de normes administratives résultant du processus socio‐historique par lequel les agents de l’Etat sont progressivement parvenus à imposer non seulement le principe d’une distinction entre un ordre d’activité religieux et un ordre d’activité politique, mais aussi et peut être surtout le principe d’un contrôle du premier par le second. Mais sur un plan plus politique, la « laïcité » fonctionne aussi, pour les acteurs publics, comme un registre plus flottant et malléable de légitimation des rapports de force entre sphère religieuse et sphère politico‐administrative.

Au regard de la multiplicité des usages de la laïcité, l’objectif de cette session thématique est de repenser empiriquement la « laïcité » à travers les répertoires d’action administratifs qui la produisent concrètement.

Parmi les nombreuses pistes que soulève ce parti pris, 3 seront ici privilégiées : • Il s’agira tout d’abord de faire la socio‐histoire des différents services administratifs en charge de la laïcité, d’objectiver leurs relations de concurrence ou de coopération et leur positionnement dans le champ administratif. Bien sûr il conviendra de s’interroger sur la nature de leurs relations avec les acteurs politiques ou avec les acteurs religieux.

• Parce qu’il existe des fonctionnaires en position de réguler l’exercice publique de l’activité cultuelle, ces derniers constituent une clé d’entrée intéressante pour repenser la politique de l'Etat sur les questions religieuses. Cela engage à observer concrètement la trajectoire de ces fonctionnaires, les logiques de leur recrutement, leur socialisation administrative, leur compétence spécifique, la construction de leur rôle.

• On s’intéressera enfin aux dispositifs administratifs concrètement mis en œuvre par les différentes instances publiques en vue de contrôler, d’encadrer ou d’assister l’exercice du culte sur leurs territoires. On s’intéressera dans le cadre de ce troisième axe à décrire les savoir‐faire, les usages, les légitimations, les constructions de la réalité religieuse ou politique qu’opèrent les fonctionnaires en charge de la laïcité dans le cadre de leurs missions.

Les communications sur la production administrative de la laïcité pourront porter sur la France ou sur d’autres pays.

Les propositions de communication (environ 5000 signes) sont à envoyer par mail aux coordinateurs de la ST avant le 15 octobre 2012. ST 60 / Une sociologie de la pensée politique est‐elle possible ? Le cas des (néo)libéralismes

Arnault Skornicki (Paris Ouest Nanterre, GAP) askornicki@u‐paris10.fr

Jérôme Tournadre (CNRS, ISP) [email protected]

Si le « libéralisme » constitue l’un des sentiers les plus empruntés de l’histoire traditionnelle de la pensée politique, il a cependant fait l’objet d’études novatrices ces vingt dernières années, grâce à la mobilisation des méthodes étrangères à cette dernière : contextualisme de l’École de Cambridge, histoire conceptuelle (Koselleck), généalogie (Foucault), sociologie des intellectuels, etc. Cet appel se propose de réunir des chercheurs de diverses aires disciplinaires et culturelles, afin de dresser un bilan et de tracer des perspectives quant à la possibilité théorique et pratique d’une sociologie de la pensée politique. Comment constituer le libéralisme classique ou le néolibéralisme contemporain en objet des sciences sociales ? Comment analyser des nébuleuses idéologiques, sinon en cassant le canon traditionnel des grands auteurs et en allant chercher la « pensée politique » ailleurs que chez professionnels de la pensée (comme les médiateurs et agents culturels) ? Les libéralismes, ce sont avant tout des groupes et des acteurs qui les font exister ; faut‐il pour autant négliger les idées elles‐mêmes, au risque d’un déni partiel d’objet ? Dès lors, quelle perspective privilégier ? Celle de la sociologie des producteurs et des intellectuels ? Ou celle de la réception et de la lecture, c’est‐à‐dire d’abord des réappropriations socialement différenciées selon les publics et les acteurs dans les espaces savants, journalistiques et politiques ? Des questions transversales peuvent être abordées (la liste qui suit n’est ni exhaustive ni exclusive) : • L’histoire conceptuelle des termes « libéralisme » ou « néolibéralisme », c’est‐à‐dire de la stabilisation/autonomisation de ses usages dans la période contemporaine. • La sociogenèse des libéralismes montre que ceux‐ci ne sont nullement opposés à l’État, mais s’inscrivent au contraire dans la construction de l’ordre politique moderne : bilan et perspectives à partir de ce constat. • Les libéralismes sont des produits transnationaux, voire des produits mondialisés : par exemple, les « Chicago Boys », le « consensus de Washington » ; « l’humanisme commercial » au XVIIIe siècle ; le libéralisme « économique » ou « politique » au XIXe siècle (à Manchester, à Paris…), etc. • Héritages et usages de Foucault dans l’analyse du libéralisme et du néolibéralisme • Questions de méthode : dialogue entre contextualisme, Begriffgeschichte et sciences sociales

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 61 / Quelle place pour le comparatisme en histoire des idées politiques et en théorie politique ?

Erwan Sommerer (CREDA / Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine et Groupe d’études sieyèsiennes / NOSOPHI – Paris 1) [email protected]

Jean Zaganiaris (CERAM/EGE (École d’Économie et de Gouvernance de Rabat) et CURAPP / Université de Picardie Jules Verne) [email protected]

Le comparatisme occupe une place importante au sein de la science politique. Pour certains, la « politique comparée » serait même un champ à part entière de la discipline, avec une démarche qui lui serait propre1. Toutefois, lorsqu’on parle de comparatisme, ce sont principalement les régimes politiques, les institutions ou les politiques publiques qui sont étudiés. Il n’est guère habituel d’employer ce vocable au sujet de l’histoire des idées et de la théorie politique. Pourtant, dans leur ouvrage sur la politique comparée, Bertrand Badie et Guy Hermet commencent par évoquer ces « théoriciens de la comparaison » que sont Platon, Tocqueville et Max Weber2, et laissent entrevoir des pistes de réflexions fructueuses pour penser la place du comparatisme en histoire des idées ou en théorie politique.

Dans les études anglo‐saxonnes, depuis les prémices méthodologiques posées par le linguistic turn3 jusqu’à l’apport de March4 ou de Fred Dallmayr5, la comparaison connait un essor important. Au sein de la théorie politique française, Jean Leca a opéré à de nombreuses reprises des comparaisons entre les démocraties occidentales et le monde arabo‐musulman en indiquant qu’il serait souhaitable de ne pas évincer trop rapidement les pays concernés des théories comparatistes concernant les valeurs et les régimes démocratiques6. Au début des années 2000, les travaux de Castiglione et Hampsher Monk ont pour leur part ouvert la voie à une « histoire des idées en contexte national » et ont intégré la démarche comparatiste7. L’objectif de cette section thématique sera donc de réunir des chercheurs qui ont posé la question de la comparaison en histoire des idées et en théorie politique, afin de réfléchir en commun sur un ensemble de questions. Il faudra ainsi se demander de quelle façon se fait la comparaison au sein de ces champs, et à partir de quelle position épistémologique et de quelle démarche méthodologique on opère une comparaison entre les objets retenus. Puis, plus précisément, il s’agira de comprendre la nature des éléments comparés : quels sont les types d’objets concernés et de quelles façons sont‐ils définis ? Enfin, nous interrogerons la pertinence scientifique de cette approche : quel est son utilité heuristique ? Quel est l’apport du comparatisme au sein d’une recherche en histoire des idées ou en théorie politique ?

Les propositions de communication articuleront ces interrogations à une recherche empirique et pourront suivre deux axes principaux :

1 C. Thiriot, M. Marty, E. Nadal (dir.), Penser la politique comparée, Paris, Karthala, 2000 ; M. Irving Lichbach, A. S. Zuckerman (dir.), Comparative Politics, Cambridge, Cambridge University Press, 2009. 2 B. Badie, G. Hermet, La politique comparée, Paris, Armand Colin, 2001, pp. 51‐59. 3 Q. Skinner, "Meaning and understanding in history of ideas", in J. Tully (ed.), Meaning and context: Quentin Skinner and his critics, Princeton, Princeton University Press, 1988. 4 A. F. March, « What is comparative politique theory? », The review of politics, vol. 71, 4, 2009, pp. 531‐565. 5 F. Dallmayr, Comparative political theory: an introduction, New‐York, Palgrave Macmillan, 2010. 6 J. Leca, « La démocratisation dans le monde arabe : incertitude, vulnérabilité et légitimité », in G. Salamé, Démocraties sans démocrates, politique d’ouverture dans le monde arabe et islamique, Paris, Fayard, 1994, p. 81. Sur cette question, voir aussi l’approche Y. Mény, Y. Surel, Politique comparée. Les démocraties, Paris, Montchrestien, 2009. 7 D. Castiglione, I. Hampsher‐Monk (eds.), The History of Political Thought in National Context, Cambridge, Cambridge University Press, 2001. • Elles pourront porter sur des courants intellectuels (idéologies, doctrines, philosophies politiques) spécifiques à certaines aires culturelles, mesurer leur ancrage contextuel et leur rapport au phénomène plus large de circulation internationale des idées. L’objectif sera notamment d’étudier et de comparer les différents corpus nationaux ou régionaux en matière d’histoire de la pensée politique.

• Elles pourront aussi interroger l’apport des œuvres non‐occidentales à des thématiques transversales telles que les théories de la démocratie, du multiculturalisme ou encore les gender studies. On se demandera ainsi de quelle façon des idées produites dans des contextes politico‐institutionnels distincts, en réponse à des problèmes locaux, peuvent nourrir des réflexions de portée plus globale.

La dimension comparatiste devra ressortir des propositions, qui devront donc éviter de traiter un courant de pensée ou une théorie dans une perspective strictement locale.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 62 / Appropriations et prolongements critiques de la Green Political Theory

Luc Semal (CERAPS / Lille 2) luc.semal@sciences‐po.org

Andrew Dobson (CREATE / University of Keele, UK) [email protected]

Les données produites au cours des années 2000 par les sciences de la vie et de la terre ont confirmé une accélération de la crise écologique globale : réchauffement climatique, pertes de biodiversité, pic pétrolier, anthropocène, etc. Les sciences humaines et sociales ont alors vu croître en leur sein des courants cherchant à repenser les relations entre sociétés humaines et environnements naturels : histoire environnementale (Locher et Quenet, 2009), éthique environnementale (Afeissa, 2010), etc. Le courant anglophone de la green political theory procède depuis vingt ans à un questionnement épistémologique comparable en science politique. Cette ST vise à prolonger un travail d’importation critique de ces travaux, en organisant notamment la confrontation constructive d’approches anglophones et francophones, pour contribuer à une meilleure compréhension des conséquences pour les communautés politiques de la matérialisation de contraintes écologiques inédites. Les premiers réseaux scientifiques se revendiquant de la green political theory ont été constitués au début des années 1990, autour de politistes analysant l’irruption de l’écologisme parmi les idéologies politiques modernes (Dobson, 2007 ; Dryzek, 2005 ; Goodin, 1992). Il s’agissait alors de prolonger l’approche classique des recherches en histoire des idées politiques, indépendamment de tout questionnement sur la matérialité effective de la crise écologique globale. La green political theory s’est ainsi structurée en un courant dynamique de la théorie politique anglophone, identifié par une abondante bibliographie, des événements scientifiques réguliers, des revues de prédilection (Environmental Politics), des enseignements, des chaires, des formations, des programmes de recherche, etc. Au cours des années 2000, la réduction des incertitudes scientifiques relatives à la réalité et à la gravité de la crise écologique globale amène certains penseurs de la green political theory à reconsidérer les modalités de leur démarche scientifique. Ils entament alors un travail de questionnement des catégories classiques de la théorie politique (État, sécurité, citoyenneté, souveraineté, etc.), non plus au prisme des revendications écologistes, mais directement au prisme de la matérialité de la crise écologique elle‐même (Dobson et Eckersley, 2006). Ces travaux ne sont ni stabilisés, ni homogènes. Ils n’en incarnent pas moins une évolution épistémologique ambitieuse, passant de l’étude des représentations à celle des implications théoriques d’une matérialité. Une première session sera consacrée à une mise en perspective des travaux actuellement menés par les auteurs anglophones de la green political theory, en insistant sur trois axes : 1) Modalités de structuration d’un courant théorique autonome, 2) Outils et méthodes permettant l’appréhension de la matérialité par la théorie politique, 3) Controverses internes au courant théorique. Une seconde session initiera un dialogue international, en amenant des auteurs francophones à une appropriation critique de ces travaux au regard de leurs propres recherches, selon trois axes : 1) Conflictualité des temporalités écologiques et politiques (Villalba, 2010), 2) Matérialités écologiques et controverses politiques (Zaccaï, Gemenne et Decroly, 2012), 3) Perspectives institutionnelles (Latour, 2004 ; Bourg & al., 2011).

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 octobre 2012.

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

Bibliographie : Hicham‐Stéphane Afeissa, La Communauté des êtres de nature, Paris, MF éditions, 2010. Dominique Bourg & al., Pour une 6e République écologique, Paris, Odile Jacob, 2011. Dominique Bourg et Kerry Whiteside, Vers une démocratie écologique. Le citoyen, le savant et le politique, Paris, Seuil, 2010. Andrew Dobson et Robyn Eckersley (dir.), Political Theory and the Ecological Challenge, Cambridge, Cambridge University Press, 2006. Andrew Dobson, Green Political Thought, London‐New York, Routledge, 2007 (1990 pour la 1ère éd.). John S. Dryzek, The Politics of the Earth: Environmental Discourses, Oxford‐New York, Oxford University Press, 2005 (1997 pour la 1ère éd.). Robert Goodin, Green Political Theory, Cambridge, Polity Press, 1992. Bruno Latour, Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris, La Découverte, 2004 (1999 pour la 1ère éd.). Fabien Locher et Grégory Quenet, « L’histoire environnementale : origines, enjeux et perspectives d’un nouveau chantier », in Revue d’histoire moderne et contemporaine n°56‐4, octobre‐décembre 2009, p.7‐37. Bruno Villalba, « L’Écologie politique face au délai et à la contraction démocratique », Écologie & politique, 40/2010, p.95‐114. Edwin Zaccai, François Gemenne et Jean‐Michel Decroly (dir.), Controverses climatiques. Sciences et politiques, Paris, Presses de Sciences Po, 2012.

ST 63 / Les frontières de la communauté libérale

Astrid von Busekist (Sciences Po, Paris / CERI) astrid.vonbusekist@sciences‐po.org

Benjamin Boudou (Sciences Po, Paris / CEVIPOF) benjamin.boudou@sciences‐po.org

Quand la démocratie libérale rencontre l’État‐nation, ce sont deux grammaires politiques qui doivent s’articuler. La première dit l’égalité et la liberté des individus et la possibilité de prendre, ensemble, des décisions raisonnables et de mener une vie décente ; la seconde se soucie de préserver l’autonomie et l’intégrité d’un peuple de citoyens. Cette section thématique cherchera à analyser les problèmes auxquels ouvre cette articulation difficile et parfois contradictoire, autour de la question des frontières à la fois internes (comment concilier les exigences toujours plus nombreuses du pluralisme libéral avec l’unité stato‐ nationale ?), et externes (comment concilier l’universalisme moral tendant vers une conception cosmopolite de la justice et l’ancrage territoriale de la démocratie ?) de la « communauté libérale ».

Si l’expression nous vient de Ronald Dworkin (1989) à propos du débat entre libéraux et communautariens, nous chercherons à élargir sa signification pour penser le problème plus général du « commun » (bien commun, intérêt général, etc.) chez les libéraux. Cet enjeu est crucial pour la théorie politique contemporaine, car de sa compréhension dépend la viabilité d’un libéralisme politique légitime, non plus seulement à l’échelle d’une société fermée, mais aussi face à ceux qui souhaitent y entrer.

A ce titre, trois axes de réflexion sont proposés, articulant trois manières de tracer les frontières :

(1) Les frontières de l’État‐nation sont d’abord territoriales. Mais si le postulat fondamental de la démocratie est la souveraineté des individus, donc la participation aux lois qui les gouverne, jusqu’où le domaine démocratique peut‐il s’étendre (Miller 2009) ? Le défi posé par le « all‐affected principle » (principe selon lequel les individus doivent participer aux décisions qui les affectent) semble remettre en cause la légitimité des frontières stato‐nationales, et exiger une redéfinition à chaque fois particulière du démos concerné par un problème politique. Le droit de vote des étrangers peut être ici un cas exemplaire (Goodin 2007, Fraser 2008, Näsström 2011, Beckman 2006, Abizadeh 2008).

(2) En considérant la démocratie « libérale », il faut ensuite envisager les frontières axiologiques : il s’agit de penser l’exclusion des étrangers au nom de valeurs à préserver. Les critères d’inclusion doivent‐ils d’abord être indexés sur une adhésion à la procédure (le respect des institutions, et l’apprentissage de leur langue par exemple) ou à la substance du dialogue libéral (la culture, avec toute l’ambiguïté que le mot comporte) ? On pourra ainsi mettre en relation les propositions théoriques du nationalisme libéral, du républicanisme ou du patriotisme constitutionnel (Tamir 1993, Kymlicka 2001, Miller 2007, Habermas 1998), avec des cas empiriques.

(3) Enfin, il est possible de tracer les frontières de la communauté libérale en dehors des présupposés territoriaux ou démocratiques, en n’envisageant que l’association formée par les citoyens et les devoirs qu’ils ont les uns vis‐à‐vis de autres, et vis‐à‐vis de l’État. Est‐ce ainsi le cercle de la justice comme réciprocité qui détermine les limites externes, en séparant les obligations entre membres des obligations éthiques minimales (Scheffler 2003, Miller 2007) ? Est‐ce donc l’État, conditionnant la réalisation d’une vie décente, qui peut constituer le dénominateur commun à la communauté libérale (Stilz 2009) ? Ou bien faut‐il prendre acte du « crépuscule de la souveraineté » (Benhabib 2007) pour analyser les liens transnationaux et les appartenances multiples des individus (Bauböck 1994, Sassen 2009) ?

Les propositions seront comprises entre 300 et 500 mots et pourront être rédigées anglais ou en français. Néanmoins, la langue privilégiée pour cette section sera le français.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.

ST 64 / Approches du normatif. La théorie politique entre philosophie et sociologie

Jean Marie Donegani (IEP de Paris) jeanmarie.donegani@sciences‐po.fr

Carlo Invernizzi Accetti (IEP de Paris) carlo.invernizziaccetti@sciences‐po.org

La question de la normativité – c’est à dire du statut théorique des jugements de valeur – pose des problèmes fondamentaux pour la science politique. Pour préserver son statut scientifique, est‐il nécessaire que cette discipline, se « purifie » le plus possible de ce genre de jugements ? (Bourdieu, 1982) Ou bien ne serait‐ce qu’une illusion, refoulant la dimension normative inhérente à tout savoir, et spécialement inévitable lorsqu’on traite de politique ? (Lefort, 1986) Et encore : s’il est vrai que toute compréhension du politique suppose une précompréhension normative, comment une science du politique pourrait‐elle légitimer sa propre normativité ? (Leca, 2001) Ces questions interrogent d’abord le statut épistémologique de la théorie politique mais aussi le type d’objectivité auquel peut prétendre la science politique dans son ensemble. Prise entre l’empirisme sociologique d’un coté, et la philosophie normative de l’autre, la théorie politique semble en recherche d’une identité qui lui soit propre. Nous proposons donc d’ouvrir un débat sur la méthodologie de la théorie politique et sur le rapport entre la normativité qu’elle déploie et les dimensions descriptive et explicative de l’approche sociologique dominante en science politique. Ce débat s’adresse en premier lieu aux théoriciens du politique, mais notre intention est d’inclure aussi les spécialistes d’autres sous‐disciplines intéressés à une réflexion théorique sur la place de la normativité au sein de la science politique. Précisément en raison de cette transversalité, mais aussi de l’importance de ce débat pour l’auto‐compréhension de la discipline, nous articulerons la discussion autour de deux séances complémentaires. La première abordera la question centrale de la légitimité même d’une approche normative en science politique. La prétention à l’objectivité déployée par la construction d’un savoir scientifique sur la politique implique‐t‐elle de suspendre toute évaluation des phénomènes observés ou bien cette objectivité même fait‐elle signe nécessairement vers le déploiement d’une normativité dont il resterait à établir la légitimité ? La question ne porte pas seulement sur la garantie des jugements émis mais sur la nécessité même de leur émission et sur leur portée quant à l’orientation de l’action politique. C’est autour de ces questions qu’il serait fécond de confronter les perspectives de la théorie politique avec celles des autres sous‐disciplines afin de circonscrire les divisions du travail scientifique, leurs apports respectifs et leur compatibilité. Une fois admise la légitimité d’une approche normative du politique, la deuxième séance sera consacrée à l’examen des conditions de validité de ce type de savoir. Si l’on accepte qu’une dimension normative est inhérente à tout savoir sur le politique, comment pourrait‐on parvenir à fonder cette normativité de manière scientifique ? Comparant les différentes approches épistémologiques et méthodologiques proposées par la théorie politique, il s’agirait d’établir un bilan de son apport à la connaissance du politique et de préciser la manière dont les autres sous‐disciplines pourraient être conduites à l’intégrer. Trois axes peuvent servir de repères à la discussion tout au long de ces deux séances : 1) Une remise en cause de l’opposition entre ‘faits’ et ‘valeurs’ (ou description et prescription), qu’il faudrait peut‐être interroger à la lumière de la notion d’objectivité dont se réclame la science politique. 2) Une comparaison entre la méthodologie constructiviste (ou néo‐kantienne), qui cherche à fonder la normativité de la théorie politique sur un ensemble de principes transcendants valables rationnellement a priori, et un approche historique (ou néo‐marxiste) qui propose au contraire de partir d’une critique immanente de la réalité sociale pour fonder la normativité de la science politique. 3) Une analyse de la façon dont les différents systèmes de valeurs qui structurent aujourd’hui le champ de la théorie politique – libéralisme, républicanisme, communautarisme etc. – correspondent à des épistémologies différentes, et donc à différentes conceptions de la normativité. Bien entendu, par la proposition de ces trois axes on ne veut ni restreindre le champ des interventions, ni le prédéterminer : on ne fait qu’offrir des points de départ à la discussion, qui pourra se développer dans d’autres directions. On encourage d’ailleurs des propositions diverses, abordant la problématique de façon originelle.

Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2012

Envoi des propositions par mail aux responsables de la ST.