Ouvrages déjà parus : JESUS DANS L'INDE LE CLOCHER AU CREPUSCULE

En préparation :

LE MISERERE DU TROUBADOUR (Guerre contre les Albigeois) LE LEGENDES ARTHURIENNES ET MONTSEGUR

LE CHATEAU DE MONTSÉGUR Dormer Le Château de Montségur

Une faible et vile tourbe, armée de surplis, qui jamais ne fit un pas en avant pour com- battre, enlève aux nobles leurs tours et leurs palais. Elle devient si formidable, qu'elle a créé contre leur autorité, une justice nouvelle, (l'Inquisition) où elle ne veut point qu'on entende, si ce n'est à travers. (Guillaume REINALS, chevalier de la ville d'Apt, troubadour de l'époque de Raymond VI.) Dans le cercle de montagnes plombées entre les gaves ferrugineux, Montségur aux tours hermétiques a l'air d'un tombeau dressé vers le ciel d'automne. M. MAGRE (« Le Sang de Toulouse ».) Pope a dit : « Beware of ail, but most beware of man. » (Méfie-toi de tout, mais surtout de l'homme.)

Le plus sanguinaire, le plus méchant de tous les êtres vivants, à la surface du globe, est la bête verticale, l'homme. L'homme par cupidité, par orgueil, tue souvent pour tuer. S'il n'a pas, en un coin de sa conscience, une lueur de spiritualité, il peut être comparé à la panthère noire, frappée de dégénérescence et de mélanisme qui, elle aussi, dans ses crises de fureur destructrice, tue pour tuer et pas seulement pour se nourrir, comme le font les autres fauves. (Jim FREY, dompteur de fauves.)

Ce livre est dédié: A la mémoire de RAYMOND VI et de son fils Comtes de Toulouse A celle de Raymond-Roger TRENCAVEL Vicomte de Béziers empoisonné par Simon de Montfort, à l'âge de 26 ans A celle aussi : — de Raymond-Roger, Comte de — de sa sœur Esclarmonde, vicomtesse de GIMOEZ — du malheureux chevalier Raymond de PEREILHE, seigneur de Montségur — des deux cent cinq martyrs du prat des Crémats — et enfin à celle de notre ancêtre Pierre AUTHIÉ, né à Montségur, dernier évêque cathare, livré au bûcher

Nous rappelons au souvenir des hommes notre cousin le lieutenant-colonel Georges SARRE, mort tragiquement à Gao, dans un accident d'aviation, et notre neveu, mort héroïquement en Indochine.

Nous remercions nos amis Georges BERTHE, Emile PUJOL, Max PLANCHON, Fernand RIVIERE de nous avoir incité à écrire ce livré.

A Madame et à M. Walter RUMMEL au grand pianiste, au descendant de Liszt, aux deux grands amis de Montségur, en souvenir des heures charmantes, passées ensemble, près de la citadelle cathare, chez le cousin Saverdun. Nous prions notre ami M. GADAL, conservateur des grot- tes d'Ornolac, de Lombrives et de , autrefois centres d'initiation des Eglises cathares, de vouloir bien accepter nos remerciements pour les documents importants, qu'il a bien voulu nous confier. Grâce à lui, nous avons pu ressusciter, presque intégralement les événements dramatiques qui, il y a plusieurs siècles, ensanglantèrent le haut lieu de Mont- ségur, espoir suprême d'un Monde en perdition. L'auteur s'est interdit toute allusion à des personnes con- temporaines. Il a simplement écrit l'histoire du château de son village, où vécurent et moururent ses aïeux. Ce serait une grande injustice d'accuser des prêtres, des moines, des évêques ou des seigneurs de notre temps de crimes commis au Moyen-Age. En fouillant le passé avec passion, l'auteur de ce livre a cherché à être impartial. Malheureusement, les faits n'ont pas été favorables à l'Eglise et aux Croisés. Il ne pouvait alors que déplorer tant de crimes commis au nom de Celui qui a prêché, en Judée, la tolé- rance et la fraternité humaines. Souvent, las! au cours de ses recherches, il a été soutenu par l'âme de ses ancêtres, et malgré les larmes qui aveuglaient ses yeux, il a fait revivre Montségur, dans la plénitude de sa gloire et dans l'horreur de son tragique destin. J.-Philippe SICRE.

JÉSUS D'APRÈS UNE VISION

Cette expression si belle de Jésus, qui fut largement répandue autrefois par le guérisseur Saltzman, de Paris, maintenant décédé, serait due à un artiste hongrois qui aurait eu la possibilité de peindre ce portrait à la suite d'une vision dont il fut gratifié.

CHAPITRE I

AVANT - PROPOS

SABELLE SANDY, dans son beau livre du Comté Il de Foix, a écrit : « Le poète de Montségur n'est pas né. Il ne peut naître que d'un siècle héroïque qui aurait retrouvé les sources aujourd'hui souterraines de la grande légende médiévale. Un tel poète fils des montagnes, riche d'un vieux sang qui ne fut pas souillé, aura entendu chanter dans son âme très vieille et très renouvelée le credo du Faydit et plus haut, plus large, le credo Romain. » En lisant ces lignes, notre âme a frémi d'une immense douleur. Originaire de Montségur par tous nos aïeux, issu d'un évêque cathare dont les fils furent anoblis par le bon roi Henri IV, portant un nom célèbre dans l'histoire du Moyen- Age, où à chaque lignes des annales, nous apparaissons en consul, en chevalier, en sergent d'armes, en organisateur d'églises, en laboureur, nous ne pouvions laisser sans réponse les propos de celle qui a si bien chanté l'Ariège et les Pyré- nées. C'est Isabelle Sandy, qui nous oblige à écrire l'épopée de Montségur. C'est elle qui nous pousse à chanter le plus beau château du Monde dont la cime se perd au milieu des étoiles. Un soir, pendant que nous écrivions ces pages, une petite fille était tout prêt de nous. « Tu parles toujours de ton châ- teau ! Où est il ? » Avant de répondre, je contemplais un ins- tant un grand parc endormi sous la lune et je répondis : « Chère petite fille, mon château existe. Il est sur une haute montagne, mais ses remparts sont écroulés. Il y a longtemps qu'il est mort, comme un rêve qui s'éteint à l'aube. Autrefois, dans un lointain passé, les. Romieux, les Francimans, les porte-bourdons le détruisirent. Ceux qui l'habitaient, furent brûlés, exterminés, emprisonnés, exilés. On les appelait les Faydits, c'est-à-dire les seigneurs dépossédés de leurs domaines. On leur enleva tous leurs biens, on les traqua comme des loups dans les forêts, au fond des grottes. On les pendit aux arbres, on brûla leurs femmes. On les jeta dans des puits. Ils aimaient trop l'Evangile du Christ, et les préceptes de l'apôtre saint Jean. Ils pratiquaient à la lettre la loi de Dieu. Ils suivaient l'enseignement prêché autrefois, en Palestine, et plus tard dans les Catacombes, par celui qui voulait sauver les hommes par la justice et la fraternité et, qu'en remerciement, on fit mourir sur une croix. Jésus était lui aussi un Faydit. Il monta un jour sur une montagne où il n'y avait pas de château, mais des oliviers tordus et noueux comme des vieillards. Et là, debout comme sur un donjon, la bouche pleine de douceur et de tendre pitié, il laissa échapper les paroles éternelles. Pendant qu'il parlait, on voyait les paumes de ses mains qui semblaient saigner. en traçant de grands signes de croix. L'on voyait même le ciel bleu par le trou de ses mains. On entendait sa voix immense comme le monde qui disait : « Et moi je vous dis, aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être le fils de votre père qui est dans les cieux. Lors- que vous faites l'aumône, ne sonnez pas de la trompette devant vous comme le font les hypocrites dans les synago- gues. Que votre main gauche ne sache pas ce que fait votre main droite. Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés. Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés. Je vous le dis en vérité : « Aimez-vous les uns les autres. » « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous per- sécutent, afin que vous deveniez enfants de votre père qui est dans les cieux : car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et descendre la pluie sur les justes et les injustes. Si en effet vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les Publicains n 'en font-ils pas autant ! Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment prier debout dans les synagogues et au coin des rues, afin d'être vus des hommes. En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre et ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est présent dans le secret et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Dans vos prières, ne multipliez pas les paroles comme font les païens qui s'imaginent devoir être exaucés à force de paroles. Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les vers et la teigne les consument et où les voleurs en perçant les murs les dérobent, mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni les vers ne les consument, et où les voleurs ne peuvent percer les murs ni les dérober, car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre, vous ne pouvez servir Dieu et l'argent. C'est pourquoi je vous dis cela. « Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez : l'âme n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. Regardez les oiseaux du ciel, qui ne sèment ni ne moissonnent et n'amassent rien dans les greniers, mais votre père céleste les nourrit : ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? Et pourquoi vous inquietez-vous pour le vêtement. Observez-les lis des champs comme ils croissent. Ils ne peinent ni ne filent ; or, je vous dis que Salo- mon, même dans toute sa gloire, n'est pas vêtu comme l'un d'eux. Si donc Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui est aujourd'hui et demain sera jetée au feu, ne le fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ? Ne vous mettez point en peine, disant : que mangerons-nous, ou que boirons- nous ou de quoi nous vêtirons-nous ? Car votre père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné en plus. Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous sous des vêtements de brebis mais au-dedans sont des loups rapaces. * C'est à leur fruit que vous les reconnaîtrez. Cueil- le-t-on du raisin sur les épines ou des figues sur les ronces ? Tout arbre bon porte de bons fruits, et tout arbre mauvais porte de mauvais fruits. Ce n'est pas celui qui m'aura dit « Seigneur, Seigneur ! », qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon père qui est dans les cieux. Quiconque donc entend ces paroles que je dis et les met en pratique sera semblable à un homme sensé, qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les tor- rents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison et elle n'a pas été renversée, car elle avait été fondée sur la pierre. Et quiconque entend ces paro- les que je dis et ne les met pas en pratique sera semblable à un insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison, et elle est tombée, et grande a été sa chute. » (Les Evangiles.) A peine avions-nous répété les paroles du divin maître que la nuit était venue et la petite fille s'était endormie. La nuit éblouissante couvrait de lueurs bleues les arbres et les futaies. Les grillons mêlaient leurs mélodies au silence des étoiles. Nous nous levâmes et partîmes, laissant la douce enfant à ses rêves, où le château de Montségur surgissait du passé, vaporeux, comme une légende ancienne, oubliée des vieilles grands'mères. Mais pour nous qui cheminions en pensée vers le Thabor, la citadelle du catharisme prenait des contours

* Jésus aurait pu appliquer ses paroles aux Inquisiteurs et aux bour- reaux du Languedoc. précis, sortait de l'ombre du passé, avec ses tours, ses rem- parts, son siège, ses hommes d'armes et les flammes du bûcher. Le château se dessinait en traits vigoureux dans les matins clairs, géant endormi près des montagnes. Sous le soleil il étincelait, puissant feudataire ceint de sa couronne. Quand l'éclair sillonnait l'orage, on revoyait les grands com- bats, les traîtres escaladant les rochers pour livrer les bonshommes, les flèches qui sifflaient et les boulets qui gron- daient en roulant sur les pentes. Quand le lent crépuscule tombait, par delà les monts, de grandes flammes jaillissaient des remparts, le sang semblait couler à flots sur les roches grises. Quand le soleil perçait les nuages noirs, on voyait des âmes qui s'envolaient. * Toute l'épopée du puissant castel s'inscrivait en lettres de feu sur le parchemin de l'Histoire. Le Montségur détruit par la Croisade, revivait comme au temps de sa splendeur. Nous vous le présentons, avec le plus de vérité possible, en restant toujours fidèle aux documents du passé.

* Robert Foix, Montségur, roché héroï-comique.

CHAPITRE Il

La description des Lieux Le paysage, les légendes, les ruines - La vraie histoire du Château Le Village, la Forêt

E château de Montségur est célèbre dans l'histoire du Midi par le rôle capital, qu'il a joué dans la guerre IL entre Albigeois et Croisés. Situé sur une montagne de 2 kilomètres de long sur 500 mètres de large, il est un véritable nid d'aigle. Le formidable piédestal qui le soutient plonge dans des abîmes vertigineux. Semblable à un burg allemand des bords du Rhin, il se dresse à une altitude de plus de 1.200 mètres sur un piton des Pyrénées qui s'élève d'un seul jet vers le ciel, sur le côté nord du Pic de Saint- Barthélemy. Au couchant, il s'adosse au massif de Tabe. Il domine de plus de 300 mètres la gorge profonde du Lasset, où chante un petit ruisseau aux eaux claires, qui vient des montagnes proches. Il est campé aussi au-dessus du village, qui se trouve environ à 200 mètres en-dessous. Du haut du château, les maisons vétustes, serrées autour d'une minus- cule église, ressemblent à un petit Lilliput. Tout ce décor, à la fois sauvage et émouvant, où dort un petit cimetière, est placé dans un cirque de montagnes boisées de sapins. L'histoire nous apprend que le château de Montségur dépendait des vicomtes de Béziers et de Carcassonne, et que les co-seigneurs en étaient, à l'époque de la lutte mémo- rable, Pierre Roger de Mirepoix du château de Terride, et Raymond de Péreilhe. La situation de cette forteresse médié- vale est telle qu'à première vue elle paraît inexpugnable. Juchée en effet sur son haut sommet, elle commande d'un côté le pays de Sault, de l'autre les vallées de l'Hers et de l'Ariège. Napoléon Peyrat, dans son « Histoire des Albi- geois », la décrit ainsi, au cours d'une promenade qu'il fit sur ces hauts lieux : « Au-dessus d'une première chaîne de mon- tagnes boisées, nous découvrîmes une cime chauve qui se dressait comme une tête d'éléphant. Une dépression de rocher formant le cou, d'où se renflait l'énorme mufle et le jeu des ombres imitait à l'œil les larges oreilles de l'animal hindou. Sur son vaste crâne se dessinait une masse carrée semblable à ces plastrons de bronze, armure et ornement dont les Asiatiques décorent le front de leurs éléphants de combat. » Cette description pittoresque est exacte et per- sonne n'a essayé de nous en donner une idée plus précise. On peut simplement ajouter que la citadelle, lorsqu'on gravit la côte qui part de , paraît aérienne sur son rocher, suspendue dans les nuages comme ces châteaux magiques entrevus dans nos rêves d'enfants. Elle a aussi, si vous voulez mieux, l'apparence d'un repaire étrange, comme on en trouve dans les dessins animés du cinéma, où généra- lement logent un ogre de légende et une princesse endormie, qu'un jour le prince charmant réveillera. Lorsqu'on se rap- proche de la citadelle, l'impression change, le château semble devenir plus terrestre et, dans la partie qui y donne accès, moins gigantesque. Du côté du village, vers le Pas del Roc, le Caroulet et la Caougno de la Terro, le château s'élève au-dessus d'un abîme, et son caractère féerique devient effrayant sur sa hauteur inhumaine. Vers le roc de la Mousso, un autre pic surgit dans l'infini, presque comme un frère jumeau. On prétend que ces deux montagnes fatidiques, avaient été construites par des géants, enfants de Geryon, qui tout en taillant les blocs de pierre des montagnes voi- sines, se passaient la truelle et le marteau. Ils jetaient aussi, IMPRIMERIE :::::::: :::::::: ARTISTIQUE LAVAUR (Tarn)

Dépôt légal : 4 trimestre 1953 - N° 531

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