SAVERDUN DE 1789 A 1900

MÉMOIRE D'ARCHIVES

J. VERGÉ et P. FRAYSSINES

SAVERDUN DE 1789 A 1900

MÉMOIRE D'ARCHIVES @ 1990 Mairie de Saverdun PRÉFACE toire Jeanlocale. VERGE Ils consacrent et Pierre à FRAnos archivesYSSINES tous sont leurs des loisirspassionnés et toute de leurnotre éner- his- gienous : ceplonger livre, dansils ont notre voulu passé, l'écrire nos pour racines, nous nos faire coutumes, partager notre leur passion,histoire, àl'authentique, SA VERDUN. celle consignée dans tous les actes de la vie de tous les jours Ce livre est un recueil de textes, de nouvelles, de faits divers, de dos- siersde notre sur les siècle. grands projets communaux, de la période révolutionnaire à l'aube pourCe votre livre plaisir. passionnant, vous l'aimerez car c'est votre histoire, il a été écrit renceMerci sur notre à Jean commune. VERGE et Pierre FRA YSSINES pour cet ouvrage de réfé-

Jean-LouisMaire de SA BERTRAND VERDUN

INTRODUCTION

Nous ne sommes ni des historiens, ni des écrivains. Nous avons tenu à faire partager aux saverdunois en prioritié, et à tous ceux qui liront ce livre, le plaisir que nous avons éprouvé à lire et déchiffrer les archives municipales pour la période de 1789 à 1900. Pour respecter l'authenticité des textes nous avons, d'une part, conservé les noms de personnes et de lieux ; d'autre part, nous avons très peu modifié les tournures de phrases, surtout pour la période de 1789 à 1799, ce qui, à notre avis, respecte la saveur de ces textes. Notre livre comprend 3 parties : 1) Pour la période dite de la Révolution, de 1789 à 1799, nous publions les textes qui ont été présentés sous forme de fascicules, sous le titre « La Lanterne », et que nous appelons « Les échos de la Révolution ». 2) Pour le XIXe siècle, des textes sous la même forme que pour la pre- mière partie, que nous appelons « Les Nouvelles ». 3) Une partie très importante qui concerne les grandes réalisations du siècle, pour laquelle nous avons constitué des dossiers très complets qui sont : — la Halle aux grains — l'Institut protestant — les champs de foire — le chemin de fer — le télégraphe et la poste — l'eau — les places — l'éclairage — le groupe scolaire — l'agrandissement de l'église Notre-Dame. Ce livre contient des illustrations originales : photos anciennes et plans découverts dans les archives. En fin de livre, vous trouverez un index alphabétique des noms de famil- les. Nous avons ajouté la liste des municipalités de 1789 à 1900, la liste des ministres du culte catholique et du culte protestant pendant la même période, un tableau des mesures utilisées avant le système métrique. Vous pouvez être surpris par la lecture des 2 premières parties : nous vous livrons des passages de délibérations ou de lettres. Nous sautons d'une histoire à l'autre ; nous avons suivi l'ordre chro- nologique des événements. Nous nous sommes refusés à décortiquer, analy- ser, commenter, enjoliver... ces « nouvelles ». Nous laissons ce travail aux historiens et aux écrivains. Nous préférons que le lecteur découvre par lui- même, fasse ses propres commentaires, réagisse librement, imagine et criti- que comme bon lui semblera. Nous n'avons rien à vous apprendre... Vous avez tout à découvrir. PREMIÈRE PARTIE

ÉCHOS DE LA RÉVOLUTION DE 1789 A 1799

1789

États provinciaux Le 30 janvier 1789 : L'assemblée, sur proposition de M. Joseph Itié, lieutenant de maire, à la pluralité des suffrages, a nommé député M. Eugène Séré, notaire royal de cette ville, pour assister aux prochains états provin- ciaux du pays de et y représenter la communauté de la ville de Saver- dun, avant les États généraux qui se dérouleront à Versailles à partir du 5 mai 1789. Le 1er mars 1789 : Me Séré, député de la commune aux états de la pro- vince, rapporte le déroulement de cette réunion, à Foix. « M. le Commissaire du Roi ayant fait l'ouverture des dits états, le 9 février dernier, a demandé, au nom de Sa Majesté, qu'on discute des impo- sitions royales, équivalentes à la taille. Bribe de Foix a voté pour ladite imposition royale sous la condition expresse de faire contribuer la noblesse et le clergé à toutes les impositions royales locales et de province proportionnellement à leurs possessions, de même que le tiers-état. Le député de Mazères vota pour s'opposer non seu- lement à toutes nouvelles impositions provinciales ou locales, mais encore aux royales. La noblesse et le tiers-état se réunirent séparément pour en délibérer. En réunion commune, la noblesse proposa de prendre des moyens pour partager le fardeau d'une partie des impositions que les fonds ruraux ont seuls supporté jusqu'ici. Le tiers-état a consenti de continuer à les acquitter jusqu'aux États géné- raux. Il demande, à titre de justice, que ces impositions soient réparties sur tous les ordres, proportionnellement à leurs propriétés et facultés. Monseigneur De Lévis, évêque de et président, a annoncé à tous les membres des états que Sa Majesté avait fait l'entière remise des 150.000 livres que la province lui devait des 3 dernières années pour être employées à la route de cette province en Espagne ».

La Grande Peur 1er août 1789 : Les premiers effets de la « Grande Peur » de 1789 appa- raissent quand Séré, maire, dit à l'assemblée qu'il paraît convenable qu'à l'exemple de la ville de Toulouse, et autres circonvoisines, nous nous occu- pions en ville de veiller à ce qu'il n'y soit suscité aucun trouble à la place publique ni aux boulangeries. Il est intéressant que la police les inspecte souvent, afin qu'elles soient pourvues de pains de qualité et poids ordonnés. Il n'est pas moins intéres- sant, messieurs, de mettre en vigueur, dans la circonstance actuelle, les juge- ments de police qui ordonnent aux hôtes et cabaretiers de faire la déclara- tion, sur un registre tenu par le secrétaire greffier, des noms, surnoms, qua- lités et demeures des particuliers qui logeront chez eux, auxquels, s'ils ne sont pas connus, on demandera leurs passeports, afin de prévenir qu'aucun brigand de s'introduise en ville pour y fomenter le désordre et troubler le repos public. Le 3 août 1789 : Formation des compagnies bourgeoises pour éviter qu'aucun brigand ne vienne semer le désordre en ville. A leur tête sont nom- més commandants : — Jean-Baptiste Dumas de Marveille, ancien major de cavalerie, com- mandant des îles Chauseyl, chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis. — Jacques Durrieu de Madron de St Paul, ancien gendarme de la garde ordinaire du Roi, chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis. — Charles François Vital Durrieu de Madron, seigneur de Brie, cheva- lier et ancien mousquetaire. Charles Eustache Séré, ancien lieutenant en premier dans la légion de Condé et Eugène Dorothée Sarrut, ancien sergent de grenadiers à cheval sont nommés capitaines. Noble De Madron et De Juge, officiers d'infanterie, noble Durrieu de Montoulieu et M. Antoine Sarrut d', officiers de la troupe provin- ciale sont nommés lieutenants. Messieurs Laporte cadet, chevalier de Claverie, Benoît Cancel et Pierre Delbouix sont nommés sous-lieutenants. Les sieurs Castes, Argaing, Duffau, Tisseyre cadet, Guillaume Pédous- saut, François Arbofeuille, le sieur Paul Orlet et le nommé Mora dit « sans crainte » sont nommés sergents. Le sieur Jean François Itié est nommé ser- gent fourrier. Les sieurs François Bouvilla, Jean Grilh, Jean Villier, Jeanirou Surre, Pierre Charrié, Antoine Ours, Paul Auriol et Dominique Mistou sont nom- més caporaux. Les sieurs Jean Mercadier, forgeron, le nommé Canary et Guillaume Laborde sont nommés, le premier tambour et les deux derniers fifres. Les officiers, conjointement avec le corps municipal, nommeront les soldats qui formeront la troupe. Des corps de garde ont été fixés. Des patrouilles ont assuré la surveil- lance aux entrées de Saverdun, fait vider les cabarets de bonne heure et

1. Iles Chausey : groupe d'îlots situés au large du Cotentin. Déclaration du roi Louis XVI surveillé tout particulièrement les gens inconnus qui passent en ville, les mal famés et autres mauvais sujets. Tous les habitants de cette ville, sans distinction, ayant montré le plus grand zèle pour le bien du service du Roi et de la Nation seront félicités pour avoir maintenu l'ordre par des patrouilles. Il y aura 2 compagnies composées de 100 hommes chacune. Ils attendirent mais on ne vit point de brigands diriger leurs pas vers cette ville de Saverdun. Les armes n'ayant pas servi pendant la « Grande Peur » seront ren- dues aux marchands le 20 septembre. Le montant de la dépense à laquelle le faux bruit des brigands a exposé la communauté s'est élevé à 410 livres 16 sols2 pour la poudre, les balles, chandelles, fers et autres. Procès entre le seigneur de la ville et la communauté Le 9 août 1789 : M. le maire a dit à l'assemblée qu'il lui a été dénoncé que M. Roux de Pauliac, seigneur de cette ville, vient de faire exploiter des chênes sur le sol de l'ancienne église et cimetière Saint-Martial3 sur le terri- toire de cette commune, dont la propriété est incontestablement à la com- munauté et non au seigneur de Pauliac, selon les dires de messieurs Ricard et Lejeune, avocats au parlement de Toulouse, que les officiers municipaux de cette commune consultèrent par l'intermédiaire de M. Benoist, avocat au conseil du Roi à Paris, pour en faire usage dans le procès en instance entre les habitants et bien-tenants de Saverdun et le seigneur de Pauliac. M. Séré a eu l'honneur de faire part de cette dénonciation à ce dernier qui a répondu que les chênes qu'il a fait abattre dépendent de son patri- moine particulier. Bordant le chemin et gênant la voie publique, il a pu et dû les faire abattre. A l'égard des sols de l'ancienne église et cimetière de Saint-Martial, il croit que les nobles Abel et Alexandre de Roux, ses père et aïeul, et lui après ceux-ci, ont seuls fait des actes de propriété du sol et bois qui y est depuis que le domaine de Pauliac est passé sur la tête de ses ancêtres, sans aucune opposition ni réclamation de la part des habitants et bien-tenants de la com- munauté de la ville. Indépendamment de cette longue et paisible possession, il croit que les anciens propriétaires du domaine de Pauliac avaient gratui- tement donné les sols en question qui, après le délabrement de ladite église, furent réunis au domaine de Pauliac. D'après cette réponse, il lui paraît raisonnable que la propriété des sols en question lui soit justifiée à l'amiable. M. le maire prie l'assemblée de statuer ce qui paraîtra équitable.

2. 1 livre = 20 sols ou sous. N.B. Pour toutes les unités de monnaie et de mesure, consulter le tableau des correspon- dances à la fin du livre. 3. L'église de St-Martial s'élevait à côté du château de Pauliac. 1er novembre 1789 : Une motion porte qu'on est pénétré que le seigneur de Pauliac n'est pas fondé à croire que les sols de l'église et cimetière de l'ancienne paroisse Saint-Martial, à l'extrémité du territoire de cette com- mune, lui appartiennent. Même si ses ancêtres les avaient donnés pour ser- vir à la construction de l'église et du cimetière, même s'il en jouit seul, ainsi que ses ancêtres, il n'en demeure pas moins que les sols appartiennent à la communauté, de même que les fruits, car cette possession se trouve barrée par les actes de prise de possession que tous les curés du lieu de Brie ont eu l'attention de prendre des sols de l'église et cimetière Saint-Martial. Remis à leur paroisse, lesdits actes portent que les curés de Brie, successivement, se sont rendus sur les sols, en ont pris possession par le toucher des masures et autres cérémonies, d'où l'on conclut qu'il est raisonnable, qu'avant d'abandonner gratuitement ces sols, les administrateurs de la communauté ne peuvent ni ne doivent se prêter à les relâcher, qu'après la décision des 3 avocats au parlement de Toulouse, qui sera communiquée au seigneur de Pauliac, pour s'y conformer, ou donner tort à la communauté, le tout sous le bon plaisir de monseigneur l'intendant. Le résultat du procès tombera le 3 janvier 1790 : les prétentions du sei- gneur de Pauliac sur les sols de l'ancienne église et cimetière de la paroisse Saint-Martial ne sont pas fondées, et les sols appartiennent incontestable- ment à la communauté. Recherche d'urgence témoins à décharge Le 13 août 1789 : Le maire de Saverdun, M. Eugène Séré, a reçu par un express, une lettre de M. De Lévis, marquis de Mirepoix, chevalier bri- gadier des armées du Roi, qu'il lut à l'assemblée générale de tous les habi- tants, sans distinction de la ville réunis au son de la trompe, hier au soir et ce matin, dans toute la ville et ses faubourgs. « Mirepoix, le 12 août 1789. Il me revient, Monsieur, de bel et bien endroit, qu'on y débite que j'ai dans mon château de Lagarde, un magasin d'armes et de poudre assez considérable pour alarmer et devoir inquiéter. Quoique le fait soit absolument dénué de toute vérité et que je n'aie des armes et de la poudre dans mon château que la quantité qu'il est d'usage qu'un particulier ait chez lui, je vous serais cependant très redevable de vou- loir bien charger quelques personnes dignes de la confiance de votre com- munauté, de se rendre sur les lieux pour vérifier la vérité de cette assertion et, en même temps, la fausseté de tout ce qui est débité sur le prétendu amas d'armes. Ceux qui y viendront de votre part y seront reçus par un homme d'af- faire qui leur ouvrira tous les lieux sur lesquels ils voudront porter leurs recherches. Je vous aurai une véritable obligation de vouloir bien les enga- ger à s'y rendre le plus tôt possible. Je vous en prie, même avec instance, et j'attacherai beaucoup de prix à ce service de votre part, d'autant qu'il m'est très intéressant de faire tomber des bruits qui sont dénués de toute espèce de fondement, et même d'apparence. J'ai l'honneur d'être très véritablement, Monsieur, votre très obéissant serviteur. Signé : Lévis Mirepoix ». M. Séré ajouta qu'il fallait qu'on rende à ce grand seigneur le suffrage que la pureté de ses sentiments patriotiques lui mérite. Sa bonté généreuse, ses talents et vertus héroïques sont si connus qu'on ne saurait lui imputer de démériter la confiance du Roi, l'estime de ses égaux et la vénération de tous. Il est issu de l'illustre maison De Lévis qui, depuis les siècles les plus reculés, a fourni à l'État des défenseurs sans reproche, récompensés des emplois les plus supérieurs de l'État, auxquels les négociations les plus déli- cates et les plus importantes ont été confiées, en considération de leurs talents supérieurs, de leur fidélité et courage. Ledit seigneur Marquis de Mirepoix, leur digne successeur, est à l'abri de la plus légère inculpation, ainsi que les habitants de cette ville en sont pénétrés, l'ayant constamment reconnu et le reconnaissant pour l'un des meil- leurs français, incapable de faire le mal. Ledit Me Séré estime que la communauté ne peut se refuser d'accéder à la demande qu'il sollicite, de dépêcher des personnes dignes de confiance de l'assemblée pour se rendre de suite dans le château de Lagarde. Après délibération, il a été arrêté que les sieurs Jean Paul Crouzet, mar- chand, François Arbofeuille et Jean Guichou sont députés pour se rendre au château de Lagarde y faire la vérification demandée par le seigneur Mar- quis de Mirepoix. Le 16 Août 1789 : Les sieurs Crouzet, Arbofeuille et Guichou, de retour du château de Lagarde, ont fait leur rapport qui atteste le contraire de la calomnieuse inculpation contre le seigneur Marquis de Mirepoix. Il chargent M. Séré, maire, d'écrire aux officiers municipaux des lieux circonvoisins pour qu'ils n'ajoutent pas foi aux calomnies contre le seigneur de Mirepoix. Ils demandent également qu'il soit fait lecture de la lettre du seigneur marquis dont la teneur suit : « A Monsieur Séré, maire de Saverdun. Au château de Lagarde, par Mirepoix, le 14 août 1789. Je voudrais savoir, Monsieur, vous exprimer toute ma reconnaissance de tout ce que vous me faites l'honneur de m'écrire de flatteur et de glo- rieux pour moi, de la part de la ville de Saverdun, en réponse à la lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser. Je vous prie d'offrir à messieurs vos concitoyens, dans le nombre desquels je compte encore plusieurs amis, quoi- que j'en aie perdu nombre dont la mémoire m'est chère, dont votre dernier maire qui aurait obtenu des jours plus longs si leur durée était toujours la mesure des vertus et des qualités estimables. Mes remerciements les plus justes et les plus sincères, en attendant que je puisse m'acquitter de ce devoir moi-même, en leur témoignant tout le prix que j'attache aux sentiments dont ils m'honorent, et vous, Monsieur, qui, en qualité de maire, avez bien voulu être le digne organe de votre ville, veuillez bien recevoir les témoignages par- ticuliers de toute ma sensibilité et les assurances de tout l'attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Signé : Lévis Mirepoix ». L'intervention de nos 3 saverdunois sauvera la tête de ce noble seigneur en des temps où des châteaux furent brûlés et quelques aristocrates tués par des gens craignant une contre-révolution des nobles. Échange de compliments Dans le compte-rendu du 6 septembre 1789, M. Séré, maire, dit qu'il faut vérifier l'état des revenus du clergé, ses possessions territoriales et mobi- lières dans cette ville, et l'état de toutes les impositions royales et autres afin de noter les augmentations et modifications qui paraîtront raisonnables, et afin de parvenir à faire supporter au clergé et à la noblesse leur part des impositions. Ce dossier devra être remis à Messieurs Bergasse-Laziroule et Vadier, députés des communes du pays de Foix aux États généraux de la Nation, que M. Séré remercie, au nom des habitants de Saverdun, pour avoir donné leur consentement à l'aboliton de tous les privilèges et d'avoir été de bons, zélés et fidèles sujets du plus grand de tous les rois (Louis XVI), le meilleur de tous les pères et le restaurateur de la Liberté française. Les habitants de la commune de Saverdun ont été remerciés par l'As- semblée nationale en ces termes : « Le 6 novembre 1789, à Messieurs les officiers municipaux de Saverdun, l'Assemblée nationale a reçu, Messieurs, la délibération de la ville de Saverdun du 6 septembre. Elle y a vu avec plaisir les assurances de respect pour les lois qu'elle a portées et doit porter encore, de zèle et de dévoue- ment que donnent les habitants de la même ville et je suis chargé de leur en marquer satisfaction. Je suis, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur. Signé : Courbet ». Le 6 décembre 1789, à l'unanimité, les habitants de Saverdun voteront pour Bergasse-Laziroule et Vadier comme députés de la province. Plus de « Grande Peur », mais... surveillance maintenue ! 13 septembre 1789 : M. Séré, maire, a dit que pour se conformer au décret du 10 août dernier, en raison de la tranquillité publique, il est inté- ressant de dresser une liste des hommes sans aveu, sans métier ni profession et sans domicile constant, pour les faire désarmer s'ils ont des armes à leur disposition, et pour faire veiller sur leur conduite par la milice nationale, maréchaussée et par la troupe levée en ville. Les sieurs Gallau, lieutenant de maire, Gardelle de Montels de Galauba, Crouzet et Garaud sont nommés commissaires pour former l'état des parti- culiers sans aveu. Pour lutter contre l'absentéisme Les membres du corps municipal et conseillers politiques qui néglige- ront de se rendre aux assemblées (sans cause de maladie ou autre légitime empêchement), encourront l'amende de 6 livres. Ces sommes serviront aux affaires urgentes ou pour l'entretien et la décoration du présent Hôtel de Ville et autres lieux publics. S'ils manquent une seconde fois sans motif, ils seront exclus des places dont ils se trouvent pourvus. Travaux de voierie 8 novembre 1789 : M. Séré a dit à l'assemblée qu'il a été requis par plusieurs habitants de vous exposer qu'il leur paraît convenable de charger quelqu'un de l'assemblée de présenter une requête à nos seigneurs les com- missaires de la chambre intermédiaire de cette province, pour demander qu'il soit leur bon plaisir de faire rétablir le pavé de la Porte du bois qui a été fort dégradé et qui l'est journellement par le nombre des voitures qui y pas- sent et repassent pour communiquer avec la grande route. Les particuliers qui habitent de part et d'autre de ladite rue, n'ont pas les moyens pour faire réparer, chacun en ce qui le concerne, le devant de leur maison jusqu'à la rigole. Il paraît encore convenable d'exposer à nos seigneurs commissaires de la chambre intermédiaire, par la même requête, que Monsieur le direc- teur des travaux de la province ayant fait lever une partie du pavé de la rue du Buguet, il en résulte que, par le charroi continuel qui se fait dans cette rue, elle se dégrade au point qu'elle entraînera une dépense considérable, outre qu'il y a constamment de la boue. L'assemblée prie M. Séré d'écrire à messieurs les commissaires de la chambre intermédiaire des États de Foix et de leur présenter la requête convenable. On parle de « loi martiale » 15 novembre 1789 : M. Séré a dit à l'assemblée qu'il fit convoquer le 8 novembre, dans l'église de l'hôpital de cette ville, une assemblée générale d'habitants et bien-tenants, en exécution de la délibération du 4 du même mois. Il fut fait lecture, dans cette assemblée générale, de la déclaration du Roi portant mention du décret de l'Assemblée nationale du 21 octobre der- nier pour l'établissement d'une loi martiale dont le corps municipal ;'1\ ai L fait faire la publication. La déclaration fut affichée et placardée. M. Séré demande qu'il soit fait lecture du décret et déclaration du Roi à la garde et troupe nationale de cette ville, afin que de son côté elle exécute les susdits décret et déclaration du Roi, sous les peines de droit. En conséquence, il est intéressant de faire l'achat de 2 drapeaux, l'un rouge et l'autre blanc, et de tenir un certain nombre de cartouches prêtes pour en faire usage le cas échéant, lesquelles seront remises au sujet qu'il plaira à l'assemblée de nommer. Il a été arrêté que le sieur J.P. Gouzy, négociant de cette ville, est prié de faire réaliser les 2 drapeaux. En conséquence, il achètera seulement une aune4 de taffetas rouge et une aune de taffetas blanc, et fera confectionner 100 cartouches qu'il gardera en son pouvoir pour les remettre lorsqu'il en sera requis. Le montant de cette dépense lui sera remboursé par l'imposi- tion qui lui en sera faite l'année prochaine. Le fossé de la rue de la Corne 29 novembre 1789 : M. le maire a dit à l'assemblée que le sieur J. Rieu- mailhol, premier échevin, lui a remis la copie d'un acte contre la commu- nauté, à la requête des sieurs Rauly de Balnègre père et fils, avec somma- tion de faire construire un petit pont sur le fossé qui se trouve sur le chemin tendant de la rue de la Corne à Bel Air, suivant accord passé entre ladite communauté et les sieurs Balnègre, devant maître Pédémur, notaire en ville, en sa date. Ledit Séré requiert qu'il soit fait lecture de la copie de l'acte et que, sans s'arrêter aux termes malhonnêtes et indécents que les sieurs Rauly y ont employés pour accréditer et faire accélérer leur réclamation contre les officiers de police, il soit statué que messieurs les commissaires qui doivent avoir été nommés pour faire exécuter la transcription y pourvoiront au moyen du fonds qui doit avoir été imposé pour remplir cet objet. En conséquence, messieurs Durrieu de Lamothe et Laurens, commis- saires, veilleront à la construction dudit pont. Pour la création du département de l'Ariège Le 11 décembre 1789 : M. Séré, maire, a reçu une lettre des Capitouls de Toulouse lui demandant de s'unir à ceux de Toulouse et au département qu'ils espèrent bien obtenir. Les habitants de Saverdun répondirent qu'ils seraient d'accord si les seigneurs de l'Assemblée nationale n'établissaient pas de département à Pamiers ou dans une autre ville plus à portée de Saverdun. MM. Paul Farbos et J. Jacques Sol seront envoyés à Mazères et à Pamiers pour prendre connaissance du parti de ces villes.

4. 1 aune = longueur variable suivant les régions (1,188 m à Paris). La ville de Saverdun, l'une des 4 principales villes du comté de Foix, aurait bien voulu récupérer son titre honorable de châtellenie perdu en 1700. M. Séré propose de solliciter à nos seigneurs de l'Assemblée nationale l'établissement d'un département dans le Comté de Foix. Une lettre datée du 14 décembre venant de la communauté de Foix demande à l'Assemblée nationale que la province de Foix forme un des dépar- tements et que le chef-lieu en soit fixé au point central. Les villes de Mire- poix, Laroque et Bélesta souhaiteraient se réunir à ce département. Le 16 décembre, une lettre de Pamiers, leur indique que M. Darmaing viendra à Saverdun et M. Vadier à Mazères pour en discuter. Pamiers demande à être chef-lieu de district et que le tribunal de justice continue d'y être fixé à cause de son beau palais tout neuf. La création des départements sera décrétée à Paris les 15, 16 et 26 jan- vier 1790. 1790

Le pont de la rivière... Ariège : attention ! danger ! Le 10 janvier 1790 : Le pont étant dans le plus mauvais état et sur le point de crouler, les habitants de cette ville et les étrangertas qui sont obli- gés d'y passer, sont dans la plus grande inquiétude, de crainte de perdre la vie. Le charroi inconcevable qui y passe journellement a déjà affaissé l'ouvrage. La réparation se montre si urgente qu'on ne saurait la retarder plus longtemps sans exposer la vie des citoyens qui passeront dans le moment de sa chute. Elle paraît trop prochaine pour qu'on perde encore du temps. Il faut faire la réparation le plus rapidement possible et la rendre définitive, en construisant des arches en bonne maçonnerie entre les piles (et non en charpente). Les ouvriers de l'art estiment que la dépense pourrait se porter à 6.000 livres. Ce pont est indispensable pour entretenir la communication de toutes les provinces avec celle du Comté de Foix et avec l'Espagne. Si cette com- munication était coupée, il en résulterait le plus grand des malheurs, non seulement pour les gens de la ville, mais aussi pour toute la province.

Les premières élections municipales Le 31 janvier 1790 : Dans l'église de l'hôpital Dieu St Jacques de la ville de Saverdun, au Comté de Foix, ont été convoqués aux sorties des messes des paroisses Notre-Dame et St Barthélémy du faubourg Ste Colombe, par messieurs les curés, par affiches, au son de la trompe et par billets d'invita- tion, messieurs les citoyens actifs5 de la ville, pour concourir à l'élection du nouveau corps municipal. M. Séré, maire, invita tous les citoyens actifs à exciter et nourrir l'es- prit public et l'amour du bien de la patrie.

5. Pour être citoyen actif, il fallait être du sexe masculin, avoir plus de 25 ans, être domi- cilié depuis au moins 1 an dans la commune, ne pas être fonctionnaire ou être en faillite, payer un impôt direct au moins égal à 3 journées de salaire d'un ouvrier non qualifié (15 sols x 3 = 45 sols). Comme l'assemblée réunit un très grand nombre d'individus qui ne savent point écrire, M. Sol propose que chaque membre de l'assemblée qui ne sait pas écrire, soit tenu de se présenter à messieurs les scrutateurs pour leur dire à voix basse le nom de celui qu'ils vont porter. Messieurs les scru- tateurs écriront le nom du citoyen désigné sur un billet qui sera remis au votant, pour être par lui-même versé dans le vase posé sur la table. Les scru- tateurs seront M. Carrère, curé de la paroisse Notre-Dame, Durrieu de Lamo- the et Paul Lafont, greffier. Les plus anciens (Pierre Ebrard, Jean Cancel et M. Pédémur) dépouil- leront les billets. Président de l'assemblée de vote : M. J. Baptiste Dumas de Marveille qui a réuni le plus grand nombre de suffrages. Secrétaire de séance : Dominique Crouzet élu le 2 février. Puis tout le monde a prêté le serment, leur main levée à Dieu. Ils ont, individuellement et l'un après l'autre, promis et juré de maintenir de tout leur pouvoir, la Constitution du royaume, d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de choisir en leur âme et conscience les plus dignes de la confiance publique et de remplir avec zèle et courage les fonctions civiques et politiques qui pourront leur être confiées. Après plusieurs jours de vote, il en est résulté, le 4 février, le conseil municipal qui suit : Maire : Sarrut Procureur de la commune : Rauly de Balnègre Officiers municipaux : Gallau, Farbos Fenouillet, Raynaud notaire, Rives, R. Ger, Calvet, P. Miègeville et Durand qui ont prêté le serment requis par la loi. Notables : Durrieu de Lamothe, Durrieu de Madron, Dumas de Mar- veille, B. Farbos, Abadie Laillé, Gouzy père, Lafont prêtre, A. Donnadieu, B. Delpech forgeron à Andaure, Laporte, P. Duc maçon, P. Fonds, F. Cap- deville, Marquès père, Cantegril forgeron, J.P. Sauret et Laurens cadet.

Les grands travaux En récupérant le quart du montant de la subvention sur le vin, la com- munauté va pouvoir entreprendre des réparations sur les chemins de tra- verse et, par ce moyen, donner un atelier de charité aux pauvres de cette ville dont le nombre est considérable. Les chemins à réparer sont ceux du Terrefort, la côte de St-Pierre qui est si délabrée que les charrois ne peuvent y passer qu'avec la plus grande difficulté, le repavage de la rue de la Porte du bois dégradé entièrement par les voitures qui y sont passées et repassées pendant le temps que les paveurs ont pavé la Grande rue ou le chemin de Toulouse (en 1789), et remettre le pavé du Barry Ste-Constance et celui de la rue du Buguet levé par ordre de M. de directeur des travaux publics en 1789. Ces travaux complèteront ceux entrepris en 1789 : la réparation de la côte montant au Château (45 livres 14 sols) et du puisoir près du grand pont (99 livres 19 sols). La poste renseigne vite et bien Le 17 mars 1790 : M. le maire a dit : « Messieurs, le corps municipal de Foix a pris le 10 mars une délibération tendant à un meilleur et prompt service de la poste aux lettres, sur la route de Toulouse à Tarascon. Les lettres de cette première ville nous parviendraient 3 fois la semaine, ce qui vivifierait d'autant le commerce trop limité dans notre province, et nous mettrait à portée de la capitale et de toutes les parties du royaume avec lesquelles nos commerçants pourront plus rapidement et aussi plus sûrement correspondre. Le bois d'Artenac

Le 11 avril 1790 : M. Sarrut, maire, a reçu une lettre de Dom Fauré, syndic des religieux de Boulbonne, par laquelle ces messieurs demandent que notre municipalité veuille bien leur permettre, et ne point trouver mau- vais, qu'ils fassent couper un petit bois, taillis des dépendances de leur domaine d'Artenac, pour leur chauffage, et encore quelques peupliers au même lieu, marqués et vendus, et que les acquéreurs ont laissés après en avoir coupé la moitié. L'assemblée reconnaît que les biens des ecclésiastiques sont à la dispo- sition de la Nation (loi du 2 novembre 1789). M. le maire est donc prié d'in- viter les religieux de Boulbonne de ne point procéder à la coupe des bois et arbres dont il s'agit jusqu'à ce qu'il en soit ordonné autrement par l'As- semblée nationale.

Création du département de l'Ariège 18 avril 1790 M. Sarrut, maire, dit à l'assemblée qu'il a reçu aujourd'hui une lettre de messieurs Dartiguière, Font et Larroque, commis- saires du roi, pour la formation du département de l'Ariège, pour laquelle ils réclament l'état des citoyens actifs de notre commune. Est jointe à l'en- voi, une copie de la lettre de Sa Majesté, du 6 avril 1790, qui contient le décret des 15 janvier, 16 et 26 février 1790 de l'Assemblée nationale, disant que celle-ci, après avoir entendu les députés de toutes les provinces du royaume, a décrété ce qui suit : la sera divisée en 83 départements. En ce qui nous concerne, le Couserans et le Comté de Foix formeront le département de l'Ariège. La première assemblée de ce département se tien- dra à Foix. Les suivantes pourront alterner entre les villes de Foix, St-Girons et Pamiers. Ce département est divisé en 3 districts dont les chefs-lieux sont Tarascon, St-Girons et Pamiers. Les tribunaux qui pourront être créés seront placés à Foix, St-Lizier et Pamiers.

La prestation de serment de la Garde nationale

Le 25 avril 1790 : La population a été avertie par Lafitte, valet trom- pette de la commune, qui a parcouru rues et carrefours. Monsieur Dumas de Marveille, chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis, commandant de la Garde nationale de Saverdun, annonce que la Garde nationale est prête. La séance du conseil municipal est suspendue pour être reprise plus tard. Maire, officiers municipaux, procureur de la commune, notables et autres bons citoyens descendent dans la cour de l'Hôtel de Ville. La municipalité, sur 2 rangs, suivie de la Garde nationale, se rend en corps, au son des fifres et tambours, sur la promenade du Balouard, lieu indiqué pour la cérémonie. Le commandant fait mettre la Garde nationale sur une ligne, puis lui fait former un arc de cercle et reposer les armes. La municipalité se trouve dans le centre. M. Sarrut, maire, fait lecture, dans tout son contenu, de la proclama- tion du roi du 16 mars. Et, lecture faite, les commandants, officiers et sol- dats de la Garde nationale, de suite, sans se déplacer, individuellement, prê- tent entre les mains du maire et des officiers municipaux, en présence de la commune assemblée, le serment de fidélité : « Je jure d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de maintenir la constitution du royaume et de prêter main-forte à l'exécution des ordon- nances de justice et à celle des décrets de l'Assemblée nationale ». Le commandant, pour marque authentique de l'inviolabilité du serment prêté, fait exécuter trois roulements de tambour.

M. le Maire a du travail

2 mai 1790 : L'assemblée charge M. Sarrut de payer 7 livres à Jean Des- claux et Banelle, envoyés dans les métairies de la juridiction pour prendre les noms et surnoms des citoyens actifs. Elle le charge également de faire imprimer 2000 billets pour la convocation de l'assemblée primaire, de faire raccommoder les robes consulaires en très mauvais état et de faire confec- tionner pour Lafitte, valet de ville, une paire de culottes vertes et une paire de souliers. Le sieur Sarrut, maire, voudra payer le tout qui lui sera alloué et passé sur son compte d'avances par lui faites à la commune. Dans la même séance, l'assemblée a rétracté la délibération de 1789 qui fixe la journée locale à 20 sols, celle-ci étant trop forte, puisque, dans la capitale, elle ne dépasse pas 20 sols. En conséquence, la valeur de la jour- née locale demeure fixée à 15 sols, en sorte que tout habitant qui paiera 45 sols d'impositions directes sera compris dans le rôle des citoyens actifs de la présente ville, pourvu qu'il réunisse les autres conditions nécessaires.

M. le maire prend des initiatives 6 juin 1790 : M. Sarrut, maire, a dit : « Messieurs, m'étant aperçu que les haies des cimetières avaient besoin d'être travaillées, que le temps était propice et que la saison avançait, j'ai cru devoir exécuter le travail sans vous assembler à ces seules fins, espérant que vous voudrez bien accueillir cette petite dépense utile. En conséquence, vous me passerez en compte la somme de 2 livres 8 sols que j'ai payée au nommé Billes, manœuvrier de cette ville. Vous voudrez bien charger quelqu'un d'entre vous qui voudra avoir la charge de faire donner à l'avenir aux dites haies les soins nécessaires à leur entretien ». L'assemblée a remercié M. le maire et lui demande de faire réaliser à l'avenir le travail nécessaire sur les haies des cimetières. La fête du pacte fédératif à Toulouse le 4 juillet 1790 Le 20 juin 1790 : La municipalité de Toulouse vous demande un secours d'1 ou 2 charrettes de blé pour nourrir la quantité de personnes qui doivent se rendre à Toulouse le 4 juillet pour la fête de la confédération. La munici- palité décide d'envoyer les secours demandés. M. Viguier, major des troupes nationales, passera ici avec un détache- ment de 80 hommes pour se rendre le 4 juillet à Toulouse. La commune se chargera de traiter loyalement nos frères de Pamiers lors de leur passage et à leur retour. M. Calvet, officier municipal, se joindra à la troupe nationale pour se rendre auprès de la municipalité de Toulouse et y assister au pacte fédératif qui doit avoir lieu le 4 juillet. Un saverdunois à Paris, le 14 juillet 1790 24 juin 1790 : A 4 heures de l'après-midi, dans l'Hôtel de Ville, ont été réunies les 2 compagnies nationales de cette ville. M. De Marveille a fait lecture du décret du 8 juin de l'Assemblée nationale. Ensuite il a été délibéré, à la pluralité des suffrages, que MM. De Madron, lieutenant colonel, chevalier de St Louis, Sarrut Ardègue, lieute- nant, Crouzet aîné, Itié, Pédoussaud, Argeing sergents, Saint-Alary, Gar- delle, Laurens cadet, Sol Lasnauzes fils, Crouzet cadet, Guichou, Deville fusiliers des dites compagnies nationales, sont désignés pour assister à l'as- semblée des Gardes nationales du district, qui aura lieu en la ville de Mire- poix. M. Crouzet aîné a été nommé député des troupes nationales de notre canton pour se rendre à Paris le 14 juillet pour la fête de la fédération. M. Crouzet aîné a reçu pour son voyage aller et retour à Paris la somme de 400 livres, cotisée par 16 saverdunois, à raison de 25 livres chacun, déduc- tibles des impôts de 1790. Revendications territoriales Le 8 août 1790 : M. le maire a dit à l'assemblée : « Constamment animé du bonheur et du plus grand bien à procurer à nos concitoyens, il est de mon devoir de mettre sous vos yeux certaines observations concernant les limites pour la séparation du département de l'Ariège avec celui de la Haute-Garonne, dont le résultat intéresse trop vive- ment notre cité, pour ne pas y porter toutes nos attentions. On aurait pu penser que la limite entre ces 2 départements serait la rivière de l'Hers et que la paroisse de Tramesaygues se situerait dans le départe- ment de l'Ariège. D'après les anciennes chartes du pays de Foix, l'espace de terrain qui forme cette paroisse faisait jadis une dépendance de cette ancienne province. Aussi voit-on que cette paroisse de Tramesaygues a toujours joui des mêmes privilèges que le pays de Foix pour la gabelle et autres exemptions. Une preuve plus sensible encore des droits de notre province sur cet espace de terrain est un procès, entre la province du Languedoc et le pays de Foix, qui s'était terminé à l'avantage du pays de Foix. Cette réunion procurerait à notre département les avantages les plus sensibles. Ceux que notre ville pourrait en retirer ne seraient pas moins importants. Nous manquons absolument de manufactures dans toute cette contrée. La filature de laine qui vivifiait notre ville a tout à fait déchu. La maison de Boulbonne serait susceptible du plus bel établissement en ce genre, tant par sa situation que pour la beauté de ses eaux. Si cette maison ne devait pas être employée à cet usage, elle serait très propre, tant par l'étendue que par la répartition de son logement, à une mai- son d'éducation dont le voisinage nous serait encore très avantageux sous tous ses rapports. Je pense que cette réunion pourrait être d'autant mieux accueillie qu'elle ne porte que peu ou point de préjudice à nos voisins de Cintegabelle et qu'elle procurerait un avantage réel aux habitants de la paroisse de Tramesaygues, attendu que formant un nombre d'environ 700 habitants, cette paroisse pour- rait, aux termes des décrets, former une municipalité particulière. Je vous propose, messieurs, de prier les commissaires du district et département de prendre en considération les observations ci-dessus énon- cées pour qu'ils fassent les démarches qu'ils croiront nécessaires et avanta- geuses auprès du département de la Haute-Garonne, afin de fixer à l'amia- ble, et d'une manière précise, la séparation des 2 départements à la rivière de l'Hers. Le ban des vendanges 1er octobre 1790 : Messieurs Jean Durand et Jacques Moussonne, nom- més prud'hommes aux fins de visiter les vignobles de la commune pour fixer le « ban des vendanges »6, ont décidé qu'elles se dérouleront du jeudi 7 octo- bre au jeudi 14 octobre inclus, suivant le tableau affiché au lieu ordinaire de la place publique.

6. « Le ban des vendanges » : Règlement de police rurale fixant les dates des vendanges pour chaque ferme en fonction de la maturité des raisins. Ceux qui contreviendront au présent règlement verront leur vendange confisquée.

Renouvellement d'une moitié du corps municipal Le 13 novembre 1790 : Après avoir lu la démission du 1er officier muni- cipal, M. Gallau, unanimement remercié, on procéda au tirage au sort de la moitié restante ou sortante des officiers municipaux et des notables. Les billets ayant été mis dans un chapeau entre les mains de M. Sarrut, maire, ceux qui tireront un billet blanc resteront, ceux qui tireront un billet y ayant écrit le mot « noir » seront remplacés. Resteront officiers municipaux : MM. Rives Jean, Jean-Raymond Ger, Jean Hilarion Calvet et Pierre Miègeville. Resteront notables : MM. De Madron, De Marveille, Jean Abadie, Paul Gouzy, Bernard Lafont prêtre, Donnadieu aîné, Philippe Duc, Marquès et Antoine Laurens. Sont élus comme officiers municipaux : MM. Jean Eugène Farbos Fenouillet, Jean Jacques Sol négociant, Jean Pierre Laurens et Antoine Ours. Sont élus notables : MM. Jean Garaud, Benoît Cancel, J.Paul Crou- zet, Paul Abadie, Jean Séré prêtre, Eugène Séré notaire, Pierre Delbouix, Paul Fines et François Calac. A été élu le 12 décembre comme maire : M. Paul Farbos.

Roulés dans la farine 29 novembre 1790 : M. Laurens, officier municipal, a dit à l'assem- blée qu'il reçoit journellement des plaintes7 concernant la tenue du moulin de cette ville (Moulin de la Nation à Sainte-Colombe). Il a été déjà rendu plusieurs jugements de police, et notamment celui du 26 septembre 1789, avec commandement au dit Fines de respecter les règlements. Celui-ci ne l'ayant pas fait ni voulu faire, les officiers municipaux se pourvurent auprès de M. Necker8, ministre, auquel ils adressèrent le jugement de police, pour qu'il fût son bon plaisir de faire ordonner la condamnation du délinquant, aux peines de droit. Ce ministre renvoya le dossier à M. Boucheporn9, intendant, pour don- ner son avis. Celui-ci le demanda au sieur Boyer, son subdélégué, qui ne jugea pas nécessaire de donner son avis. Cette affaire accorde au public un acte de justice qui ne saurait lui être refusé. Le sieur Laurens prie l'assemblée de statuer que le jugement de police

7. Les gens apportaient du blé au moulin mais se plaignaient que M. Fines ne leur rende pas l'équivalent en farine et ils l'accusaient de cacher l'excédent de farine dans son moulin. 8. Necker : Ministre des finances de Louis XVI. 9. Boucheporn : Intendant de Louis XVI. du 26 septembre 1789 sera exécuté, et que le corps de police se transportera demain, ou le jour qu'il statuera, au moulin, à l'heure qui sera fixée, pour y faire la vérification de l'état actuel des meules, boisseaux, rouleaux et auges. Il s'assurera surtout qu'il ne se trouve pas derrière les trémies, des coffres ou comportes qui offusquent le public (et pour cause), afin d'y remédier sans retard. Il sera fait une visite au moulin tous les huit jours par les officiers municipaux qui se trouveront de semaine. Il a été arrêté après délibération, que le sieur meunier sera tenu de mettre son moulin en règle, dans le délai de huitaine. Passé ce délai, le jugement du 26 septembre 1789 sera ramené de plus fort à exécution. En conséquence, M. Laurens est chargé de donner connaissance du présent arrêté au sieur Fines. Le jugement sera, après le délai de huit jours, affiché à la porte du moulin, ainsi qu'aux lieux accoutumés. L'armoire aux secrets 7 décembre 1790 : Il a été reçu ce jour une lettre de la municipalité de Pamiers, qui invite les membres du corps municipal à se rendre à Pamiers, samedi prochain, munis de leurs écharpes, pour assister à l'installation des juges du tribunal de district. Trois jours avant, la municipalité de Saverdun devra faire poser les scel- lés sur l'armoire où sont déposés les papiers du greffe de la juridiction de son territoire. En conséquence, le corps municipal s'est transporté au greffe de M. le juge de cette ville, en la maison du sieur Paul Lafont, greffier, rue de la Porte du bois de cette ville, pour y faire procéder à l'apposition des scellés. Le sieur Paul Lafont, greffier, nous a introduits dans la chambre où il tient les papiers du greffe de la juridiction de notre territoire. Il nous a ensuite conduits dans une petite chambre, au couchant de la maison, au premier étage. Il nous a dit que tous les papiers du greffe étaient déposés et contenus dans une armoire en hêtre, à deux battants, armés de leurs serrures, ferrures et clefs, ladite armoire étant de six pans de hauteur sur environ 5 panslO de lar- geur. Après avoir demandé au sieur Lafont de nous dire si tous les papiers concernant le greffe étaient dans l'armoire, et après sa réponse affirmative, nous avons fermé avec les clefs ladite armoire et y avons apposé, sur les deux ouvrants, en trois endroits différents, trois différentes bandes de papier, sur lesquelles est écrit « Ne varietur »11, Rives, officier municipal. A chaque bout, avons apposé le cachet de cette ville, avec de la cire rouge ardente. Ceci fait, et sortis de la chambre, nous avons fermé la porte d'en- trée de celle-ci à clef. Nous avons apposé deux bandes de papier sur lesquel- les est écrit « Ne varietur », Rives, officier municipal. Aux bouts de chacune d'elle, avons apposé le sceau de la ville, avec de la cire rouge ardente. Nous avons ensuite emporté les clefs de l'armoire et de porte de la chambre.

10. Un pan vaut environ 22 cm. 11. « Ne varietur » = « sans changement ». 1791

Pour avoir un prédicateur 6 janvier 1791 : M. Sol, officier municipal, a dit que les fonds destinés aux honoraires fixés pour les prédicateurs étaient fournis par des titulaires qui n'existent plus. Tous les décrets de l'Assemblée nationale nous assurent que toutes les dépenses d'instruction et de culte doivent être supportées par la Nation. Il est de notre devoir de demander à messieurs du Directoire du département de nous fournir les moyens d'avoir un prédicateur pour la paroisse de cette ville. 22 mars 1791 : M. Carrère, curé de Notre-Dame, dit avoir en mains des sommes destinées à une mission. En exécution des décrets de l'Assem- blée nationale, il croit devoir proposer des revenus de l'œuvre de ladite église à la municipalité administrative actuelle. Il demande toutefois qu'une par- tie de cette somme soit employée à l'honoraire d'un prédicateur pour le reste du Carême pour répondre à la demande de plusieurs paroissiens. La municipalité donne son accord. Faire confiance ou pas ? 12 janvier 1791 : M. Farbos, maire, a dit à l'assemblée : « Messieurs, le 10 janvier courant, le sieur Marveille cadet, sous- lieutenant au régiment Royal Marine, s'est présenté chez moi, un moment après 6 heures du soir. Il m'a présenté 5 engagements à viser. Vous savez, messieurs, que les ordonnances royales exigent que l'homme qui s'engage soit interpellé pour savoir s'il persiste dans son engagement, fait en liberté et en connaissance de cause. Je ne crus pas en refuser ma signature au dit sieur Marveille, sur son assurance que ces gens enrôlés étaient dans la bonne intention de servir. J'ai eu néanmoins une réclamation des nommés Castex, Abadie, Cazajus et Bouin, habitants de cette ville, qui réclament contre leurs engagements faits au sieur Marveille, le 10 janvier courant, ainsi qu'il résulte de leurs dires, consignés dans mon procès-verbal d'hier que je remets sur le bureau pour y être statué ce qu'il appartiendra. Il a été délibéré unanimement que M. Marveille cadet sera prié de venir et porter les engagements des quatre citoyens ci-dessus, ici présents. Le valet de la commune, Pierre Lafitte, s'étant rendu à notre demande chez le sieur Marveille, a rapporté que celui-ci était absent ainsi que son père et son frère aîné. Il a été encore délibéré, vu l'absence du sieur Marveille cadet et la remise de la somme de 21 livres, actuellement faite à Farbos par les citoyens Castex, Abadie, Cazajus et Bouin pour manière de consignation, que ledit Farbos, maire, priera le sieur Marveille cadet de vouloir recevoir la somme de 21 livres, par lui comptée aux citoyens ci-dessus, et de vouloir faire la remise de leurs engagements, attendu leurs regrets. A défaut, le sieur Farbos est chargé d'en- voyer extrait du procès-verbal d'hier et de la présente à l'état-major du régi- ment Royal Marine auprès de qui il réclamera lesdits engagements, sous son offre de payer et remettre au sieur Marveille ou à son père la somme de 21 livres. Ateliers de charité 18 mars 1791 : Il a été arrêté que M. Sol, officier municipal, est autorisé à recevoir un mandat du directoire du département de l'Ariège et la somme destinée à notre commune, sur celle des 80.000 livres accordées par l'Assem- blée nationale pour les ateliers de charité12, et d'en donner quittance et décharge valable. On coupe et on vend du bois pour réparer les chemins ! 18 mars 1791 : Pour parvenir à réparer les chemins vicinaux de notre ter- ritoire, M. Sol, officier municipal, est chargé et autorisé à présenter une requête à la maîtrise de Pamiers pour obtenir la permission de couper 14 ormeaux épars, sis sur les terrains communaux de Sainte Colombe, pour le prix en être employé aux dites réparations. Histoires d'eaux... 18 mars 1791 : Le bureau municipal est autorisé à agir auprès du dépar- tement de l'Ariège et y présenter toute pétition et requête, pour l'engager à obtenir du département de la Haute-Garonne l'ouverture de la chaussée du Moulin d'Odou13, sise dans la commune de Cintegabelle, seul obstacle qui s'op- pose à ce que la rivière de l'Ariège soit navigable jusque dans cette ville qui n'en est éloignée que d'environ un quart de lieue (= 1 km).

12. Ateliers de charité : Chantiers non spécialisés créés pour utiliser les nombreux sans emploi où pouvaient travailler tous les hommes âgés de 16 ans au moins, à condition qu'ils aient pu prou- ver leur état d'indigence. 13. Moulin d'Odou = Moulinadou. Ce moulin situé entre Madron et Beaulias appartenait à l'Abbaye de Calers qui avait passé des baux de fermage avec la famille Sarrut de 1665 à 1750 puis, de 1778 à la révolution, à Jean- Jacques Sarrut Ardigna, père du futur général Jacques Thomas Sarrut, né en 1765 à Saverdun et mort en Espagne en 1813, qui a donné son nom à une rue de Saverdun, à une caserne de pom- piers de Pamiers et à un fort de Brest. Ce moulin et la ferme, en tant que biens nationaux, seront vendus à M. Savignol le 5 juin 1791. Cet ouvrage n'est pas un livre d'Histoire... mais surtout d'histoires. Vous y découvrirez des hommes simples, comme il en exis- tait un peu partout en France, des « faits divers » comme il a pu s'en produire dans n'importe quelle commune. Vous reconnaîtrez des événements nationaux ou régionaux et leurs répercussions dans ce département d'Ariège. Vous revivrez les progrès qui ont bouleversé la vie de nos ancêtres du XIXe siècle. C'est sur cette période-là que nous nous sommes attardés. A travers ces anecdotes, vous imaginerez et comprendrez la dure existence de nos ancêtres. Les détails ne manquent pas de piquant, parfois ! Laissez-vous transporter 1 à 2 siècles en arrière.

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