Musée d'art DOSSIER DE PRESSE moderne

Collioure

Villa Pams - Route de Port-Vendres 66190 Collioure Tél et fax : +33 (0)4 68 82 10 19 [email protected] www.collioure.net/museedartmoderne

Joséphine Matamoros Conservatrice honoraire Musée d’art Moderne de Collioure

EDOUARD PIGNON Femmes en Méditerranée : Catalanes à Collioure, étés 1945-1946 1er juin - 13 octobre 2013 Musée d’art moderne de Collioure

SOMMAIRE p.2 - Communiqué de presse p.5 - Informations pratiques p.6 - La publication. Extraits de textes du catalogue p.16 - Eléments biographiques p.20 - Liste et légendes des visuels presse p.23 - Liste des œuvres exposées

Musée d'art

moderne Collioure

Villa Pams - Route de Port-Vendres 66190 Collioure Tél et fax : +33 (0)4 68 82 10 19 [email protected] www.collioure.net/museedartmoderne

EDOUARD PIGNON Femmes en Méditerranée : Catalanes à Collioure, étés 1945-1946 1er juin - 13 octobre 2013 Musée d’art moderne de Collioure

Présentées à la galerie de France du 28 mai au 29 juin 1946, les Catalanes d’Edouard Pignon (1905-1993) n’ont, depuis cette date, jamais fait l’objet d’une exposition. Pour la première fois, le musée d’art moderne de Collioure réunira à l’occasion du vingtième anniversaire de la disparition de l’artiste, un ensemble d’une cinquantaine d’œuvres (huiles, gouaches, dessins et céramiques) nées de ses séjours d’été dans la petite ville catalane en 1945 et Catalane sur fond bleu (La grande Catalane), 1946 1946. Huile sur toile, 162,5 x 96,5 cm. Collection du MNAM en dépôt au musée d'art moderne de Céret. Avant sa découverte de la Provence en 1949, c’est en effet en terre roussillonnaise que l’homme du Nord, sans renoncer complètement à la déconstruction des formes et à la fragmentation des espaces issues du cubisme, fait face à la lumière méditerranéenne et initie une nouvelle méthode de travail fondée sur la sérialité pour entreprendre une nouvelle peinture qui marque à l’évidence un tournant décisif dans l’œuvre de celui que certains critiques jugent

Catalane avec nature morte à la tête de mouflon, 1946. alors comme « l’un des meilleurs peintres de sa Huile sur toile, 73 x 92 cm. Collection particulière. génération ».

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Depuis 1942, Edouard Pignon participe régulièrement à des expositions de groupe. Dans le même temps, il a vu sa peinture fréquemment commentée par la critique qui a repéré son style à la force vibrante reposant sur un solide talent de coloriste.

Depuis L’Ouvrier mort (1936) qui a fait sensation pour la qualité de son emprise sur l’actualité, le

Catalane, 1946 jeune peintre engagé, « fou d’art moderne », Huile sur toile, 81 x 65 cm. Collection particulière ancien ouvrier chez Citroën et Renault, illustrateur et metteur en pages pour l’hebdomadaire Regards, s’est passionné pour le nombre d’or et a peint plusieurs tableaux nourris de l’étude des maîtres, de la géométrie et de la recherche de la réalité.

Après avoir vécu sur une première avance d’une providentielle commande reçue de l’Etat avant la Catalanes au filet, 1946 guerre pour une décoration monumentale Huile sur toile, 97 x 161 cm. Collection Musée des Beaux-arts, La-Chaux-de-Fonds - Suisse destinée à une école, son existence a été assurée par un contrat que lui a proposé Paul Martin de la Galerie de France. Dans le même temps, la galeriste Jeanne Bucher l’a installé à Boulogne dans un vaste atelier - celui de Jacques Lipchitz parti pour l’Amérique - lui offrant dans une période troublée des conditions de travail inespérées, favorisant une réflexion sur son œuvre célébrée en 1944 par le magazine américain Life qui publie un article sur la scène française du moment.

Catalane, 1946 Huile sur toile, 81 x 65 x 1,5 cm. Considéré avec d’autres peintres de sa Collection Musée national d'histoire et d'art - Luxembourg génération comme l’une des figures montantes de la jeune peinture française - il est l’un des fondateurs du Salon de mai - il commence pourtant à se sentir de plus en plus à contre- courant et à éprouver le besoin d’une mise à distance.

Dès lors, son premier séjour à Collioure, durant l’été 1945, arrive au meilleur moment pour celui qui souhaite ardemment s’extraire d’un environnement parisien qui prend alors trop La Catalane, 1945 Huile sur papier marouflé sur toile, 65 x 50 cm. d’importance à ses yeux. Collection particulière

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Nul doute que le face-à-face avec la lumière méditerranéenne ait joué un rôle déterminant dans la mise en place d’une nouvelle méthode de travail fondée d’abord sur l’observation du motif dont l’abondante production de dessins à l’encre et au crayon rend compte aujourd’hui.

Les remmailleuses de Collioure, 1945 C’est la vie quotidienne qui retient l’attention de Huile sur toile, 53,5 x 65,5 cm. l’artiste, notamment celle qui règne autour du port au Collection Musée Antoine Vivenel, Compiègne moment des retours de pêche, avant que son regard ne glisse vers la femme catalane qui elle seule occupera, pour en devenir la figure emblématique, les œuvres peintes sur toile à l’atelier, la plupart au cours de l’année suivante, en 1946.

Dans les huiles, Edouard Pignon abandonne l’utilisation de la riche palette qui a été jusqu’ici la sienne pour des tonalités souvent plus sobres où le noir, le gris et le blanc s’associent à des bruns Remmailleuses de filets, 1946 Huile sur toile, 170 x 200 cm. jaunes ou orangés parfois relevés de touches de Collection particulière en dépôt au Musée d'Art Moderne de Céret rouge vif, de jaune éclatant ou de bleu-vert.

Impressionné par « les remmailleuses […] assises par terre toutes vêtues de noir, vieilles pour la plupart, ravaudant les filets », il en fait le sujet de ses recherches picturales où les rapports entre les couleurs, le souci des tons rares, l’adoption des lignes les plus expressives de situation et de mouvement, la construction de l’espace, le respect des premiers jets et des repentirs constituent les principes directeurs des préoccupations plastiques qui l’animent et où Catalane, 1945 apparaît évident le souci de retrouver, par leur Encre de chine sur papier, 50 x 32 cm. Collection particulière position frontale, la monumentalité et le hiératisme e de la peinture religieuse du XV siècle.

Refusant l’abstraction qui s’empare de la peinture de l’immédiat après-guerre, affirmant au contraire son attachement à la figuration - ce qui fera de lui l’un des principaux acteurs de la peinture figurative française jusqu’aux années 1980 - sa série sur les Catalanes lui assure un nouveau statut : celui d’un peintre animé d’un « remarquable désir de renouvellement » dont l’œuvre déjà accomplie esquisse « les certitudes Catalane (double face), vers 1953 Vase en terre cuite rouge, incisions, peinture à l'engobe. Ht 61 cm d’un style et une conviction du réel ». Collection particulière. 4

Commissariat de l’exposition Joséphine Matamoros, conservatrice en chef du musée d’art moderne de Collioure, et Philippe Bouchet, historien de l’art.

Catalogue A l’occasion de cette exposition, le musée d’art moderne de Collioure publie aux éditions Somogy un catalogue intitulé : "Edouard Pignon. Femmes en Méditerranée : Catalanes à Collioure. Etés 1945-1946". Il rassemble des textes de Joséphine Matamoros, Philippe Bouchet, Herbert Read, Natalie Adamson, et le témoignage de Michel Ragon. 22 x 28 cm, 152 pages, 173 illustrations, relié, parution : mai 2013 Prix public : 27,00 €

Horaires et jours d’ouverture : De 10H à 12H et de 14H à 18H Tous les jours du 1er juin au 13 octobre 2013

Tarifs été 2013 : Plein tarif : 6 € – Tarif réduit : 4 € Gratuit jusqu'à 12 ans.

Contacts presse : Presse nationale et internationale Tambour Major - Emmanuelle Toubiana Tél : 01 39 53 71 60 / 06 77 12 54 08 Mail : [email protected]

Presse régionale Musée d’art moderne de Collioure - Nadine Skilbeck et Marion Serra Tél : 04 68 82 10 19 Mail : [email protected]

Catalogue éditions Somogy : Marie Moscoso Tél : 01 48 05 81 82 Mail : [email protected]

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EDOUARD PIGNON Femmes en Méditerranée : Catalanes à Collioure, étés 1945-1946 Par Joséphine Matamoros, conservatrice honoraire du patrimoine Co-commissaire de l’exposition (extraits du catalogue)

Nous sommes dans l’immédiat après-guerre, Car nous étions bien dans une époque charnière, où pendant ces étés 1945 et 1946 où Pignon, sur les les traditions locales et les modes de vies ancestraux conseils de Willy Mucha – qui s’était lui-même allaient être balayés par un changement radical dû à l’ouverture de nos côtes maritimes au tourisme, puis installé à Collioure entre 1940 et 1943 –, découvre au tourisme de masse. Des cent vingt barques Collioure et la Méditerranée. Il semblerait qu’il loue catalanes, qui étaient la fierté du petit port de sur la corniche, route de Port-Vendres, la maison dite Collioure et qui le faisaient vivre, il n’en reste plus « La Balette », appartenant à monsieur et madame aucune en activité à ce jour. (…) Vieujot. Cette villa, qu’il occupait en famille, avec sa (…) Lorsqu’il arrive à Collioure, Édouard Pignon deuxième femme Aline et leur jeune fils Dominique1, est âgé de 40 ans, il peint depuis dix ans d’une offrait une vue splendide sur la fameuse baie connue manière constante et a participé à plusieurs dans le monde entier. Un réel dépaysement pour cet expositions de groupe, il étudie le motif des femmes artiste né en Picardie, dans le pays des mines et des assises, avec des couleurs puissantes, la plupart du corons, dont l’atmosphère chargée de poussières de temps à dominante bleue comme La Femme à la charbon noires et grises estompait les paysages. chaise, 1945 (p. 75). Le travail qu’il entreprend à Pour la première fois, il découvre ce grand Sud Collioure est radicalement différent de tout ce qu’il encore très lié à la civilisation méditerranéenne, par avait produit jusqu’alors et inscrit sa démarche dans sa manière de vivre en quasi autarcie, son la sérialité. Coupé de la vie parisienne, loin de son architecture, sa végétation, ses traditions, comme rythme habituel et avide, comme toute la société, de celle de la pêche au lamparo, et baigné par une commencer une nouvelle vie après les dures années luminosité à nulle autre pareille. de guerre, Édouard Pignon voit Collioure – comme Collioure vivait essentiellement de la pêche et de cela avait déjà été le cas pour d’autres artistes et en l’agriculture : les pêcheurs étaient connus pour être particulier pour Matisse, Derain et Survage – agir sur d’excellents marins, mais cultivaient également la son œuvre comme un révélateur. À un tournant vigne et les jardins maraîchers environnants décisif de sa vie d’artiste, probablement poussé par lorsqu’ils ne sortaient pas en mer. Il est à remarquer un besoin impérieux de se dépasser, c’est à travers 2 l’importance des jardins de l’Olla qui, ajoutés aux ces vieilles Catalanes assises devant leurs portes, jardins familiaux, nourrissaient encore la population vacant à leurs occupations dans les rues étroites et locale. rocailleuses ou ravaudant les filets sur la plage du Boramar, que Pignon entreprend une nouvelle façon Mais à Collioure, à la différence des Fauves : d’appréhender sa peinture. Il l’inscrit délibérément Matisse, Derain, Marquet, Pignon, lui, ne s’intéresse nullement aux paysages somptueux, empreints des dans le registre du mythe de la femme en Méditerranée, chanté et exploré depuis Homère, et parfums capiteux de la végétation locale, bien qu’il jusque-là inédit dans son œuvre, bien qu’il fût un en parle avec nostalgie dans sa correspondance avec Mucha. Il peint, et surtout dessine, les toutes visiteur assidu du musée du Louvre, où il s’y est forcément trouvé confronté. Mais à Collioure nous dernières vieilles Catalanes, celles qui n’avaient pas sommes loin des déesses et des beaux corps de encore abandonné la tradition méditerranéenne. Car nous étions bien dans une époque charnière, où les femmes reproduits par la statuaire hellénique et dans les chefs-d’œuvre de la peinture ; il s’agit là de traditions locales et les modes de vies ancestraux travailleuses, de femmes à la peine, celles qui allaient être balayés par un changement radical dû à l’ouverture de nos côtes maritimes au tourisme, puis interviennent dans l’organisation économique du village, dans les usines d’anchois, dans la vente des au tourisme de masse. Des cent vingt barques poissons, dans le ravaudage des filets. Un monde catalanes, qui étaient la fierté du petit port de Collioure et qui le faisaient vivre, il n’en reste plus proche de celui de Pignon, qui avait connu la mine et l’usine, et peint le monde ouvrier, un monde en aucune en activité à ce jour. (…) phase avec son engagement politique et social. À Collioure, c’est ce monde-là qu’il dessine, celui des petites gens, en l’occurrence celui de la femme 1. Lettre du fonds Willy Mucha. travailleuse, gardienne d’un monde méditerranéen en passe de disparaître, un monde fait de labeur et 2. Jardins situés tout près de Collioure et extrêmement fertiles. du respect des traditions, un monde qui existait de 6 manière immuable depuis la nuit des temps. En plus en plus de l’influence de Picasso et de celle des immortalisant ces femmes du peuple, Pignon leur gothiques, travaillant à l’intérieur de la grande série donne une visibilité et leur fait une place à tout des Catalanes par petites séries telles les jamais dans le concert de la mythologie. (…) pleureuses, les Catalanes assises, les pêcheurs, les remailleuses de filets. (…) Dans une lettre adressée à Rolande Mucha l’épouse de Willy, sans date mais probablement de Trois de ses pleureuses, des huiles sur toile, figurent l’année 1945, il écrit : « J’ai repris les pinceaux, dans la présente exposition, à peu près toutes de la m’inspirant des barques et des gens qui les hantent. même dimension – 80 x 65 cm – très homogènes Le résultat est que j’ai remis du soleil dans ma dans le format et le traitement, trois bustes de palette. Il est difficile de ne pas se souvenir de la femmes qui pleurent, trois visages qui représentent violence colorée de Collioure.» Pignon a toujours été la douleur. Lors de ses longues semaines d’été, un excellent coloriste, utilisant la couleur comme Pignon a vécu au rythme des habitants. Il a vecteur de construction. Collioure lui inspire des probablement assisté à un épisode de deuil où les couleurs plus soutenues, plus franches, telles pleureuses du village se rendaient dans la maison du qu’elles étaient à la sortie du tube et qui s’accordent défunt et demeuraient plusieurs jours à son chevet ainsi à la réalité des couleurs ambiantes3. Derain dans la compassion et le recueillement, soutenant avait lui aussi fait cette expérience ici, face à la ainsi la famille éplorée. À l’image de la mater luminosité ardente, insoutenable au regard les dolorosa présente dans toutes les églises du jours d’été; il en était venu à dire que les couleurs pourtour méditerranéen et abondamment vénérée sorties du tube s’apparentaient à des cartouches par le peuple chrétien, les pleureuses d’Édouard de dynamite. Il faut venir à Collioure l’été pour Pignon sont de véritables représentations de la comprendre que l’extrême luminosité transforme la douleur. Mêlant l’allégorie venue du plus profond des couleur et la sublime. Dès le mois de janvier les âges à la forme la plus contemporaine, l’artiste crée touches de couleurs se succèdent avec la floraison ainsi un nouveau discours dans sa propre expression des mimosas et des amandiers, accompagnés par picturale qui interpelle et interroge sur le sens qu’il des parfums subtils et puissants. Puis c’est le tour transmet. (…) de l’éclosion des fleurs de tous les arbres fruitiers (…) En mai 1946 eut lieu à la Galerie de France, et des orangers, et ainsi de suite jusqu’à une exposition entièrement dédiée aux Catalanes. l’explosion des couleurs et des fragrances pendant Son accueil très favorable par la critique marque la tout l’été. consécration de l’œuvre d’Édouard Pignon. Le travail de l’été 1946 est beaucoup plus subtil, plus Pour la première fois depuis cette époque, le fluide, comme s’il allait de soi. Pignon sait où il va et ce musée de Collioure avec l’aide de Philippe Bouchet a qu’il veut. Il arrive vers le mois de juin et repart réussi à rassembler une grande partie de ce travail probablement vers le 10 août4. L’été précédent lui a disséminé dans plusieurs pays, et à ramener sur le servi de repérage en quelque sorte, mais en 46 tout lieu de leur création ces pièces étonnantes et peu concourt à nourrir le concept qui occupe son esprit. connues du grand public, poursuivant ainsi les Dans le carnet de juillet 1946, il commente : « Après- recherches menées depuis de nombreuses années midi. Travail sur le port. Croquis rapides. Le ciel est pour démontrer l’importance du passage des artistes gris en fin d’après-midi. Rechercher dans la nature dans ce petit triangle d’or que sont les villes de des formes qui conviennent bien à l’esprit des futures Collioure, Céret et Cadaquès. L’histoire se toiles. La peinture peut être abstraite et figurative.» redécouvre sur les cimaises du musée de Collioure Et c’est bien ce qu’il va faire, une abstraction- et continue avec des artistes majeurs de l’art figuration qu’il explore avec exultation, s’éloignant de contemporain qui ont plaisir à perpétuer cette plus en plus de l’influence de Picasso et de celle des magnifique tradition. gothiques, travaillant à l’intérieur de la grande série des Catalanes par petites séries telles les pleureuses, les Catalanes assises, les pêcheurs, les remailleuses de filets… Et c’est bien ce qu’il va faire, une abstraction- figuration qu’il explore avec exultation, s’éloignant de

3. Cf. Catalane de Collioure, 1945, p. 73, coll. part.

4. Lettre du 12 août 1946 adressée à Mucha depuis Paris (fonds Willy Mucha). 7

Edouard Pignon, une pensée libre Par Philippe Bouchet, historien de l’art Co-commissaire de l’exposition (extraits du catalogue)

(…) Mû tout à la fois par de profondes convictions souligné6, il y avait chez lui un philosophe, une et de véritables doutes qui l’habitaient et dont il pensée profonde sans théorie, une sensibilité très n’ignorait d’ailleurs rien, Pignon inscrit son grande aussi à parler d’art, à transmettre par la œuvre, comme beaucoup d’autres peintres de sa parole des réflexions sur lui-même, sur son travail, génération, dans la tradition du moderne. Vers sur les peintres de la tradition dont il dissertait 1944, avant même son séjour à Collioure, merveilleusement. D’un seul sujet, d’une simple s’esquissent peu à peu «les certitudes d’un style question, il pouvait discourir un long temps, avec et une conviction du réel5». Du groupe identifié et force d’argumentation, parfois avec véhémence. triomphant des «Jeunes peintres de tradition Formé par ses lectures personnelles et, après son française», il est l’un des rares à ne pas avoir arrivée à Paris en 1926, par ses participations repris le système de la grille – l’armature linéaire attentives à de nombreux débats, encore plus par qui structure la surface du tableau – mis en place son assiduité aux cours du soir, il avait une dès 1935 par Charles Lapicque et à faire le choix, immense culture, notamment philosophique et avec un sens du risque proche de celui de son historique : une connaissance des textes aîné, de la voie figurative, au moment même où fondamentaux des grands philosophes acquise à l’abstraction commence à l’emporter dans l’université ouvrière, une culture historique l’actualité. Du reste, en gardant l’un et l’autre leur poussée car il était un lecteur passionné de livres autonomie propre, ce ne sera pas le moindre de d’histoire. La curiosité d’esprit qui était la sienne se leur paradoxe que de continuer à exposer, au retrouvait dans le foisonnement de sa parole et cours des décennies suivantes, avec leurs amis l’éclat de son raisonnement, dans la diversité des abstraits, comme pour mieux marquer leur points de vue qu’il abordait, curiosité intellectuelle différence, comme pour mieux montrer leur et indépendance d’esprit dont on sait qu’elles insolente vitalité. Jusqu’aux années 1980, avec s’accommoderont bien mal des injonctions du parti Jean Hélion qui a lui une histoire différente, ils communiste quand, à la Libération, ce dernier compteront parmi les principaux acteurs de la lancera la discussion vite polémique sur le peinture figurative en France. réalisme et l’art engagé. Il ne pouvait être question Être et devenir pour Pignon de faire une peinture pour le « peuple » : l’idée même n’avait aucun sens et ne L’énergie de Pignon tient à sa personnalité, à son faisait qu’exprimer, pensait-il avec raison, un éducation, dans une certaine mesure il est vrai, à profond mépris pour le prolétariat infiniment plus son parcours – son passé de mineur et d’ouvrier – capable d’apprécier l’art moderne qu’on ne le même si cet aspect de la biographie est à l’origine, croyait. D’ailleurs, sa conception aristocratique de disons-le, de malentendus attachés à son nom. l’ouvrier – dont témoigneront en 1949 ses élégants Dans l’univers qui a été le sien, il a pu apprécier Mineurs, frontales figures épurées de toute relativement tôt, parce que « différent des autres », anecdote où la couleur froide et comme métallique la force de penser par soi-même, l’impact du jeu est entièrement soumise au dessin – le lui libre des idées, de l’agitation de la pensée qui interdisait. (…) élargit tout et permet de se déterminer, d’imaginer (…) Mais en 1945, dans l’entre-deux du les choses différemment, loin d’une voie – d’une scepticisme et de l’espoir, Collioure intervient vie – qui semble pourtant toute tracée. C’est cette comme une parenthèse tant le lieu apparaît à aptitude à l’interrogation critique, à la constante l’homme du Nord comme une terre de désir, remise en cause des idées-forces, qui le comme une possible source d’éblouissement caractérise. Comme cela a été justement aussi, comme le point d’entrée d’un nouveau

6. Sur cet aspect méconnu de la personnalité d’Édouard 5 . Bernard Ceysson, « À propos des années cinquante : Pignon, on lira l’entretien avec Jean-Louis Ferrier publié dans tradition et modernité », dans Vingt-cinq ans d’art en France le catalogue de la rétrospective au palais des Beaux-Arts de 1960-1985, Paris, Larousse, 1986, p. 16. Lille (6 décembre 1997-1er mars 1998), p. 183-191. 8 mode de perception du réel, d’un nouveau style. échappant complètement à l’angoisse12 », ne Aux Femmes assises parées d’éblouissantes décèle-t-on pas sur les visages de ces pleureuses, couleurs, il substitue peu à peu les Catalanes et noyées sous les larmes, un regard d’espoir ? les Remailleuses de filets dont le hiératisme, Après les horreurs de la guerre, elles sont la proche de celui des icônes byzantines, s’impose à perspective d’une vie et d’un avenir à édifier car, si travers de sombres nuances. Comme la recherche Pignon peint, c’est, sans idéalisme, « non du volume par un étirement et une torsion des seulement pour exprimer [ses] sensations, mais formes, traduire la « plasticité » du corps relève aussi pour traduire une conception du monde, alors du propos. Le sens, la vision et la découverte pour dire [sa] position devant l’univers, devant de l’espace deviennent dès lors une règle l’homme13 ». En produisant un art dont les racines permanente qui s’élabore et se modifie dans puisent dans les siècles passés, il s’appuie sur chaque œuvre. Sévères figures de la réalité l’histoire de la peinture pour délabyrinther les parées de noir – couleur du malheur, de la solitude problèmes plastiques qui le préoccupent, pour et de la tristesse – ces Mater dolorosa se placent à élaborer, en dépit des influences perceptibles qu’il mi-chemin entre la peinture de chevalet et l’art assume pleinement, un style qui se fera, au cours mural que l’artiste appelait il y a encore peu de ses des années suivantes, de plus en plus personnel, vœux. En juin 1945, avant son départ pour prenant parfois le risque d’apparaître démodé. En Collioure, Pignon a vu, on le suppose, l’exposition 1945 et 1946, il perpétue une tradition – qu’il du Musée national des monuments français qui a appréhende dans sa contemporanéité et non dans révélé au public la richesse de la décoration peinte un registre classique – et affiche un art résolument médiévale en France en présentant un choix de « moderne » dont le principe sériel, fondement de relevés de peintures murales, curiosité suscitée, toute sa peinture à venir et de son langage propre, on le devine, dès l’année précédente par la s’est élaboré à Collioure. publication d’un album sur les fresques de La terre et le feu Tavant7, et confirmée, c’est une certitude, par l’ouvrage d’Henri Focillon sur le Moyen Âge8 qui Conforté dans ses positions, les années d’après- figurait dans sa bibliothèque. D’ailleurs, autant guerre le voient sans cesse et naturellement qu’à « la finesse française9 » nourrie de la manière attiré par de nouveaux thèmes qui provoquent de de Picasso, ses Catalanes, telles des Vierges nouvelles recherches : après la liberté picturale profanes, empruntent aux primitifs espagnols et nouvelle acquise dans la délectation de Collioure, flamands du XVe siècle devant lesquels Pignon il est frappé, lors de ses séjours à Ostende, par le sera toujours en admiration10 et dont il dira : contraste entre « l’atmosphère délicate » du port, « C’était déjà des Matisse11 ! » Pensant qu’il n’y a le « léger bruissement des formes », le pas de rupture dans l’histoire de la peinture, qu’il « balancement léger de la lumière et des 14 est plutôt question de revalorisation, longtemps, il voiles », et les éléments assez irréels constitués parcourra les salles des primitifs au musée du par les pêcheurs travaillant dans l’air glacé, sous Louvre ou ailleurs, manifestant – ses notes et sa un ciel intensément gris. Au début des années correspondance en témoignent – un fort intérêt cinquante, ce sont à nouveau la lumière et les pour Quentin Massys, Roger Van der Weyden, couleurs méditerranéennes qui agissent sur lui Hans Memling ou encore Dirk Bouts. C’est peut- comme une révélation : c’est en effet à Vallauris être aussi la monumentalité toute « primitive » de et à Sanary qu’il a « la perception d’un espace qui ses œuvres qui leur permet d’incarner en quelque plonge dans la réalité », d’un « espace mouvant » sorte les figures de la liberté. Et bien qu’il soit lui donnant « la possibilité de [se] trouver 15 devenu « plus difficile que jamais d’imaginer un art complètement à contre-courant ». Depuis quelque temps, Pignon occupe une place de plus 7. La Peinture romane. Les Fresques de Tavant, introduction de en plus importante sur la scène parisienne : à la P.-H. Michel, Paris, Éditions du Chêne, 1944. réouverture du musée d’Art moderne en 1947,

8. Henri Focillon, Moyen Âge, survivances et réveils, Montréal, c’est la Catalane sur fond bleu – récemment Éditions Bernard Valiquette, 1945. acquise16 – qui trouve place à l’étage des jeunes

9 . René Barotte, « Les Arts », Libération, 2 juin 1946. 12 . Laurence Bertrand-Dorléac, op. cit., p. 62. 10 . Peu après, il visitera l’exposition « Les primitifs flamands » 13 au musée de l’Orangerie à Paris (5 juin-7 juillet 1947). En 1949, . Jean Pierre, « Pourquoi peint Pignon », Les Lettres lors d’un voyage en Italie, il dessinera d’après Giotto, Piero françaises, n° 246, 10 février 1949. della Francesca, Masaccio, Signorelli, etc. Sur le sujet, on se 14 . Édouard Pignon, La Quête de la réalité, op. cit., p. 75. reportera au chapitre intitulé « Les maîtres » dans La Quête de la réalité, op. cit., p. 91-116. 15. Ibid., p. 70-71.

11 . Édouard Pignon, Contre-Courant, op. cit., p. 226. 16. En août 1946, Jean Cassou, qui constitue alors les collections, a dû intervenir pour éviter que la vente n’échoue 9 peintres. Dans le cadre d’expositions de groupe, hommes à l’enfant, maternités, pêcheurs ses tableaux sont exposés à l’étranger comme d’Ostende, personnages fantastiques, nus, c’est le cas à la Biennale de Venise, en 1948, où paysages, vendangeurs, chèvres, coqs et une Femme pensive (p. 147) de la période de portraits de Catalanes. Trouvant leur origine dans Collioure est sélectionnée pour l’accrochage du les formes antiques et les poteries régionales, les pavillon français. La presse hexagonale, mais vases effilés se prêtent merveilleusement bien aussi internationale, lui consacre de nombreux aux grandes figures de Catalanes qui reprennent articles qui élargissent l’audience de son travail et vie le temps de cette passion : lorsqu’il ne manie expliquent sans doute l’intérêt grandissant pour pas la technique ancestrale des engobes pour son œuvre, à l’exemple de celui porté par Karel approcher la légèreté et la fluidité de l’aquarelle, il Appel et Corneille qui lui rendent visite lors de travaille à main levée sur les flancs des grands leur premier voyage à Paris en 194717. Après une vases, incisant avec un poinçon les surfaces apparition – avec Jean Aujame, Bernard Buffet et encore fraîchement modelées pour incarner ses Gérard Schneider – sur les écrans de la anciens motifs. (…) télévision naissante, c’est le réalisateur Claude Souef qui tourne en 1950 le premier film sur Pignon quand le critique d’art italien de renom Giuseppe Marchiori publie Pittura moderna in Europa (da Manet a Pignon). L’année suivante, avec ses grandes Remailleuses de filets, Pignon remporte le prix de peinture de la Biennale de São Paulo. C’est dans ce contexte, près de quinze ans après avoir fait sa connaissance, que Picasso invite Pignon à Vallauris pour partager « une vie de peintre ». En ce jeune artiste reconnu, il trouve certes un communiste lucide qui a montré, au moment du débat autour du réalisme socialiste, une véritable indépendance d’esprit nécessaire à la liberté créatrice – intouchable pour Picasso –, mais surtout un homme de tempérament et d’esprit avec lequel il pourra nouer un compagnonnage étroit et instaurer un dialogue sur ce qu’est et ce que doit être la peinture de leur temps. À partir de 1951, découvrant la céramique18 qu’il va pratiquer avec une certaine assiduité pendant trois ans chez Vallau-Ceram, la peinture est délaissée au profit du dessin. Les œuvres sur argile constituent alors une part essentielle de sa création restant étroitement liée à son travail de peintre et de dessinateur dont elles reprennent souvent la thématique sérielle : visages, têtes de mineurs,

sachant que la Galerie de France avait demandé une licence d’exportation pour un lot de six œuvres de Pignon. Cf. Julie Verlaine, Les Galeries d’art contemporain à Paris, une histoire culturelle du marché de l’art, 1944-1970, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, p. 93.

17. Sur ce sujet, et plus généralement la place de Pignon dans l’immédiat après-guerre, on lira le témoignage de Michel Ragon dans les pages qui suivent.

18. Pour plus de précisions, voir Philippe Bouchet, « Édouard Pignon, peintre céramiste à Vallauris (1951-1954), entre dessin, peinture et céramique », dans cat. Édouard Pignon, peintre céramiste à Vallauris 1951-1954, Florence, Centro Di, 2002, rééd. 2004, p. 35-55 et Philippe Bouchet, « L’aventure de la céramique, à l’imperceptible frontière du dessin et de la peinture », dans cat. Édouard Pignon, « Du rythme entre les choses », Paris, Somogy, 2005, p. 38-49. 10

Edouard Pignon et Herbert Read Par Natalie Adamson, historienne de l’art, maître de conférences en histoire de l'art moderne et contemporain à l'université de St Andrews, Ecosse. (Traduction de Marie Ladame-Buschini) (extraits du catalogue)

(…) Le prestige de l’École de Paris pour des Fougeron, Pierre Tal-Coat et Jean Bazaine, qu’il critiques comme Read ou Greenberg réside dans qualifie de « groupe extrêmement ambitieux et ce qu’ils considèrent comme la prouesse, jamais accompli ». Mais en fait, ce compliment est bien égalée, de Paul Cézanne et des cubistes au début anodin car, ainsi qu’il le confie à ses lecteurs, 21 du XXe siècle, qui sont parvenus à abstraire et à « l’exposition en elle-même est ahurissante ». Il réinventer l’espace en mettant en évidence la part prend aussi pour cible le travail de Henry Moore, physique de la peinture. Mais en 1946, le sort et exposé au Museum of Modern Art de New York. l’avenir de l’École de Paris après les années Dans ce cas, Greenberg ne cite pas ouvertement sombres de guerre et d’occupation sont encore Read, mais la façon qu’il a de condamner la incertains et, en Europe comme aux États-Unis, on « servilité envers le bon goût » et l’« académisme attend de voir si les jeunes peintres comme moderne mais sincère » de Moore, qu’il oppose à Pignon – sans parler de ou d’Henri la vitalité fruste du sculpteur américain Gaston Matisse – ont effectivement ouvert une nouvelle Lachaise, fustige sans ambiguïté l’admiration de 22 voie19. Read pour cet artiste anglais . Bien loin de la foule qui se presse dans les Pour tenter de justifier son point de vue, expositions et les salons d’art moderne à Paris et Greenberg évoque des photographies prises à Londres, Greenberg publie des revues pendant que Moore travaille à sa grande statue en passionnées sur les expositions et les derniers orme Reclining Figure (1946), qu’il a vues dans ouvrages sur l’art moderne et ses artistes, activité « le numéro un d’un nouveau magazine d’art qu’il complète par la lecture des revues culturelles londonien, The Arts ». On trouve dans ce premier et des magazines d’art diffusés à l’étranger. Il fait numéro « l’atelier du sculpteur : note sur une la critique de The Grass Roots of Art de Read en nouvelle figure de Henry Moore » par Edward mai 1947, jugeant la thèse de Read Sackville-West, plus connu comme critique « indéfendable » en dépit du fait que sa propre musical et membre du comité de rédaction de The formation intellectuelle et ses propres idées sur le Arts, au même titre que Read. Read signe quant à rôle de l’art dans la vie, et plus généralement dans lui le principal article, consacré au peintre français la société – sa mission civilisatrice, l’expression Édouard Pignon. C’est donc ce premier numéro de d’une expérience sensorielle et sa vocation morale The Arts, avec ses nombreuses reproductions et sociale à unifier – recoupent fréquemment d’œuvres en noir et blanc et en couleur, qui celles de Read20. Quelques mois auparavant apporte à Greenberg la preuve nécessaire de seulement, alors qu’il met en place ses propres l’« absence de toute originalité » que manifeste critères artistiques et critiques et qu’il rejette ceux Moore dans sa sculpture. Et ce n’est pas tout : c’est qu’il considère comme contraires à son objectif, en lisant l’analyse que fait Read de la nouvelle série Greenberg voit avec intérêt Painting in France, de toiles de Pignon que Greenberg se fait une idée 1939-1946 au Whitney Museum, où il découvre les peintres Edouard Pignon, Léon Gischia, André 21. Greenberg, « Review of the exhibition Painting in France, 1939-1946 », The Nation, 22 février 1947 ; CEC, vol. 2, p. 128- 131. 19 . Pour plus de précisions, voir Natalie Adamson, Painting, 22 Politics and the Struggle for the École de Paris, 1944-1964, . Greenberg, « Review of Exhibitions of Gaston Lachaise and Aldershot, Ashgate, 2009. Henry Moore », The Nation, 8 février 1947 ; CEC, vol. 2, p. 125- 128. Greenberg se montre de nouveau méprisant envers 20. Greenberg, « Ideal Climate for Art : Review of The Grass Moore dans « Roundness isn’t all : review of The Art of Roots of Art by Herbert Read », New York Times Book Review, Sculpture of Herbert Read », New York Times Book Review, 25 4 mai 1947 ; CEC, vol. 2, p. 146-147. Sur la formation de novembre 1956 ; CEC, vol. 3, p. 270-273. Voir aussi David J. Greenberg voir Caroline Jones, Eyesight Alone : Clement Getsy, « Tactility or Opticality, Henry Moore or David Smith : Greenberg’s Modernism and the Bureaucratization of the Herbert Read and Clement Greenberg on The Art of Sculpture, Senses, Chicago, University of Chicago 1956 », Anglo-American Exchange in Postwar Sculpture, 1945- Press, 2005. 1975, Los Angeles, Getty, 2011, p. 105-121. 11 de la nouvelle peinture française d’après-guerre et moderne qu’on appelle expressionnisme […] ; ce qu’il décrypte les principaux arguments de la théorie type de synthèse est capital car les poètes et les de cet éminent écrivain britannique sur l’art philosophes français partagent le sentiment des moderne. (…) peintres, il revient à l’Europe occidentale de faire (…) Les commentaires publiés de Read montrent la preuve de son unité culturelle et de sa vitalité. qu’il connaît personnellement le groupe informel […] La force d’une tradition vient de son unité, de d’artistes qu’on appelle « Jeunes peintres de sa cohérence interne. Sauf erreur de ma part, on tradition française » pendant les années de guerre, assiste actuellement à Paris à une tentative, je et qui seront consacrés à la Libération comme dirais même une tentative consciente, de parvenir Nouvelle École de Paris – dont Pignon est l’un des à cet état de grâce24. principaux représentants – ainsi que les peintres Ce même mois à Paris, la presse parle de qui cherchent à se démarquer plus agressivement l’exposition du British Council, Peinture enfantine de la tradition du cubisme et du fauvisme, comme anglaise, et Read est photographié au vernissage Jean Dubuffet. Dès qu’il le peut, à la fin de la en compagnie de Pignon et d’autres visiteurs, guerre, Read traverse fréquemment la Manche manifestant ainsi le soutien mutuel de l’Angleterre et pour le compte du British Council afin de de la France en matière de culture25. (…) promouvoir l’art contemporain britannique, mais aussi à titre personnel pour participer à la (…) Read souligne l’importance du rôle de la reconstruction de la culture européenne en tant Galerie de France qui expose les grands maîtres que moteur de la création d’avant-garde. Read modernes comme les jeunes peintres (ceux qui visite inlassablement les ateliers des artistes, ont la quarantaine selon lui). La Galerie de soutient les expositions du British Council, et France, fondée en février 1942, a un programme recherche les nouvelles peintures et sculptures résolument tourné vers la France et l’art exposées à Paris dans différents lieux, comme la moderne. Elle ouvre en 1943 avec « Douze Galerie de France23. En août 1945, Read offre peintres d’aujourd’hui » qui présente des œuvres directement depuis Paris aux lecteurs anglais de de Bazaine, de l’Espagnol Francisco Borès, la revue de la BBC The Listener un compte d’Estève, du nouveau venu André Fougeron, de rendu, illustré par La Femme au bol (1942) de Gischia, de Lapicque, de Le Moal, d’Alfred Pignon : le surréalisme est muet mais André Manessier, de Pignon, de Gabriel Robin (qui a Breton doit rentrer des États-Unis ; Matisse, depuis sombré dans l’oubli), de Singier, de Picasso et Braque sont toujours en pleine (un peu plus âgé et peintre post- activité ; on perçoit l’influence de Klee dans le cubiste estimé) et du sculpteur abstrait Jean 26 travail de Dubuffet, Wols et peut-être Le Moal ; il (Louis) Chauvin . Dans une exposition un peu vient de manquer l’exposition cubiste à la Galerie moins importante la même année, la Galerie de de France. Et Read ajoute qu’un peintre comme France présente Cinq peintres d’aujourd’hui : Pignon propose une synthèse audacieuse du Pignon, Borès, Beaudin, Estève et Gischia27. À cubisme et de cette autre force primordiale de l’art

24. Read, « Art in Paris Now », The Listener, 16 août 1945, 23. Le journal de Read de 1944 à 1946 ne se trouve pas à la p. 188. Brotherton Library de l’université de Leeds. King, p. 225, note 25 un premier voyage à Paris en février 1945, tandis que le . L’album de coupures de presse de Pignon (fonds Hélène passeport de Read, délivré en février 1946, comporte des visas Parmelin, IMEC) témoigne du rôle du British Council dans les pour la France du 30 avril au 31 juin et du 9 août au 9 relations culturelles. Dans « Les Arts : peinture de France et novembre avec des cachets d’entrée en date des 6 juin, 30-31 d’Angleterre », Le Pays, juillet 1945, Jacques Gabriel cite Frank août, 15 septembre et 15 novembre 1946. Un carnet McEwen, représentant du British Council pour les arts, quand il d’adresses non daté cite la Galerie de France parmi ses demande que soit organisé un échange d’expositions de la contacts parisiens et, comme exemple de ses activités au jeune école française (Pignon, Manessier, Singier, Tal-Coat, Le cours d’un voyage du 2 au 7 juillet, on trouve dans son agenda Moal, etc.) et d’artistes britanniques contemporains. Frank de 1947 : « exposition », « colloque, « conférence » et « musée McEwen, « Quelques contemporains anglais », Arts, septembre d’art moderne, salle des impressionnistes ». Read a de 1945 annonce la deuxième exposition de la jeune peinture nombreux contacts parmi les galeries et les critiques d’art : anglaise et fait remarquer que la première avait rassemblé des l’historien d’art Georges Duthuit (gendre d’Henri Matisse, très artistes confirmés, actifs depuis cinq à quinze ans, et que des proche des milieux littéraire et artistique de Londres) figure maîtres (Picasso, Braque, Brancusi) l’avaient visitée ainsi que parmi les adresses notées dans son agenda de 1947, avec des jeunes comme Pignon, Dubuffet, Coutaud et Lorjou. Read « Fouchet » (vraisemblablement Max-Pol Fouchet, fondateur en en fait un compte rendu dans « British Children’s Art in Paris », 1939 à Alger de la revue Fontaine qui fut un forum pour les Athene, Society for Education in Art, vol. 111, n°3, hiver, 1945, écrivains proches de la Résistance) et Francis Poulenc (sans p. 112-113. doute le compositeur qui, parce qu’il était membre du Front 26 national des musiciens, d’obédience communiste, est aussi lié . , préface de Douze peintres d’aujourd’hui, à la Résistance). Je remercie vivement Benedict Read pour Paris, Galerie de France, 1943, non paginé. son aide et mon collègue Alistair Rider qui a consulté pour moi 27. Dans une note d’ « Édouard Pignon », The Arts, no1, 1946, les archives Read avec l’aide du personnel des archives de la p. 5, Read fait référence à l’ouvrage Cinq peintures (sic) Brotherton Library. d’aujourd’hui, Éditions du Chêne, 1943. Il s’agit du luxueux 12 catalogue en couleur de l’exposition de la Galerie de France, l’automne 1944, juste après la Libération, Pignon jeune peintre qui s’efforce de trouver un équilibre est l’un des Maîtres et jeunes de l’art indépendant entre tradition et innovation moderniste, qui aux côtés de Picasso, Braque, André Lhote, s’obstine à affirmer la dimension expressive toute Fernand Léger et Francis Desnoyer, ainsi que personnelle de son art. C’est parce qu’il Manessier, Fougeron, Gischia, Le Moal, Robin, revendique sa liberté artistique et son droit Singier, Tailleux et Tal-Coat28. Hors de France, la d’exprimer sa conscience sociale que Read le présence de Pignon dans les galeries d’art choisit. C’est pour cela qu’il approuve Pignon moderne est attestée par des articles de presse en quand il décide de continuer à traiter des sujets à Italie, en Grande-Bretagne, en Suède et aux États- dimension sociale et historique par le biais de la Unis29. Il est compréhensible qu’une fois la guerre révélation cubiste et d’un usage non naturaliste de finie, fort de sa connaissance approfondie des la couleur : « il était désormais confronté à la jeunes peintres modernes qui montent à l’assaut difficulté d’aboutir à une synthèse cohérente ». de l’académisme, Read s’enthousiasme pour Read rappelle au public, qui se méfie toujours de Pignon dans The Arts, au moment où celui-ci l’abstraction, que si Pignon se libère des chaînes atteint la maturité en France. Pignon est en effet du réalisme il n’en devient pas pour autant pour lui l’artiste qui « a la perception la plus juste, incompréhensible et ne fuit pas le « réel ». la plus affirmée de son destin, ainsi que le talent L’expérience empirique et la créativité personnelle nécessaire pour atteindre son but ». (…) sont toujours fusionnées : Pignon s’appuie sur « une analyse précise de l’objet naturel, mais c’est (…) Pignon est à son tour associé à la justement de cette analyse qu’il tire sa liberté » consolidation d’un art existentialiste authentique parce qu’il a su intégrer son expérience à ses Il n’est pas non plus formaliste, même si l’on formes d’expression artistique. Read apprécie les peut penser que la figure n’est qu’un prétexte, origines de Pignon, homme du Nord, natif du voire qu’elle est secondaire. Lorsqu’il décrit Pas-de-Calais (et non parisien), fils de mineur. La Pignon comme « profondément humaniste », dimension politique du travail de Pignon (qui Read se base sur le fait que l’artiste subordonne peint souvent des mineurs) est enracinée dans le potentiel d’abstraction de la forme et de la ses origines ouvrières. De plus, même si Read couleur à la figure humaine dont la pose n’en fait pas état, Pignon s’est engagé dans la hiératique domine l’espace, à la manière des résistance et s’est impliqué dans le Front national figures monumentales des mosaïques des arts pendant la guerre. La formation de byzantines. Le jugement de Read sur les figures Pignon sur le plan artistique est tout aussi solide : féminines de Pignon découle essentiellement de Read note qu’il a été l’élève d’André Auclair à l’importance qu’il attache au symbolisme l’École du Montparnasse en 1927 et apprécie expressif en art, en tant que lien fondamental qu’il ait étudié la sculpture (au milieu des années entre sens collectif, social, et créativité trente Auclair, comme Pignon, a fait partie de individuelle. Pour Read, la figure féminine, que ce l’Association des écrivains et artistes soit dans l’iconographie de la sculpture de Moore révolutionnaires, antifasciste et proche du ou dans le motif principal de Pignon dans sa série communisme). Tous ces éléments passionnants Catalanes, devient un archétype naturel, à demi de la biographie de Pignon sont en accord avec abstrait. Read a recours à un argument historique les convictions de Read. pour conforter sa théorie des grands archétypes symboliques en mettant en avant le lien, qui unit Plus important encore, cependant, Read voit en l’archaïque et le moderne en transcendant le Pignon un artiste qui, en dépit de ses positions temps, et grâce auquel les mosaïques byzantines politiques et de son militantisme, n’a pas cédé aux et les fresques romanes sont une source exigences du réalisme socialiste. Read admire ce d’inspiration capitale pour les artistes contemporains désireux de subvertir Cinq peintres d’aujourd’hui, préfacé par Roger Lesbats (Frank l’académisme et la tradition statique. (…) Elgar).

28 . Voir Jean Bouret, « Quatorze peintres de l’École de Paris », Les Lettres françaises, 25 novembre 1944, p. 5.

29. Parmi les coupures de presse de son album, Pignon a conservé des comptes rendus d’expositions parus dans le Daily Mail et le New York Herald Tribune en juin 1946, qui remarquent les figures spectaculaires de ses Catalanes ; et, pour juin 1947, des articles du Journal de Sicile, du Républicain d’Italie, du Philadelphia Inquirer, du New York Herald Tribune, ainsi qu’une illustration en couleur de Studio (Londres). 13

Témoignage de Michel Ragon Critique, historien de l'art et de l'architecture, écrivain. (Extraits de l'entretien avec Philippe Bouchet)

Philippe Bouchet : En arrivant à Paris en 1945, témoignent ses séjours à Collioure, puis à jeune provincial de vingt et un ans, comment êtes- Ostende – quelle place occupe-t-il sur la scène vous entré en contact avec le milieu de l’art ? parisienne dès l’immédiat après-guerre ?

Michel Ragon : Les critiques, à cette époque-là, M.R. : Il faut se replacer dans le contexte de cette n’étaient pas issus de l’École du Louvre ou de période. Pignon y occupe une place importante : l’École normale supérieure. En ce qui me il compte parmi les jeunes peintres que l’on salue concerne, de 1945 à 1949, ma formation est en France, présenté par la critique comme un passée par quatre galeries d’art : René Drouin, coloriste sensible, regardé depuis l’étranger Denise René, Colette Allendy et Lydia Conti. J’y ai comme l’un des artistes les plus doués de sa découvert l’art abstrait – Arp, les Delaunay, génération. Cette situation ne fait que s’accroître Herbin, Magnelli et d’autres –, l’art brut, mais au cours des années suivantes, d’une part parce également les œuvres de Dubuffet et Fautrier. que le parti communiste, dont il est membre, C’est au cours des premières années de l’après- détient un certain nombre de journaux et, d’autre guerre que les deux tendances qui allaient part, parce qu’il est lié avec Picasso à partir du marquer l’avant-garde jusqu’aux années soixante début des années cinquante. Tout cela lui donne sont apparues : la non-figuration et une « figuration une aura considérable. autre ». Ph.B. : En ce qui concerne la presse étrangère, je Ph.B. : À quels artistes pensez-vous ? pense en particulier à un article paru dans le magazine américain Life en novembre 1944 M.R. : À la jeune peinture abstraite, à Dewasne ou intitulé « New French Art » dans lequel Pignon, à Deyrolle, mais aussi à Vasarely, Atlan ou Estève, Gischia et Borès côtoient les figures que Poliakoff. Schneider, Hartung et Soulages feront sont Picasso, Matisse et Bonnard. La photo de leur apparition chez Lydia Conti respectivement en Pignon partage d’ailleurs les colonnes avec 1947, 1948 et 1949. Matisse que l’on voit en train de dessiner dans son atelier. Ph.B. : Édouard Pignon n’est pas dans cette mouvance. Avez-vous vu pourtant son travail à ce M.R. : Ce qui est intéressant, c’est que Picasso et moment-là ? Matisse sont presque considérés comme des jeunes peintres à ce moment-là car ils ont été M.R. : Peut-être, à la Libération, lorsque la galerie occultés au cours des précédentes années. On les Drouin a organisé une exposition de jeunes redécouvre alors et ils ne sont pas si éloignés, en peintres30 : entre autres Gischia, Le Moal, quelque sorte, de Pignon, d’Estève et des autres. Manessier, Singier, Tal-Coat et Pignon qui avait d’ailleurs déjà participé à une exposition de groupe Ph.B. : Pour revenir au parti communiste, la relation au même endroit en 194431. que Pignon entretien avec lui dans ces années est déjà complexe : avec Picasso, Léger et quelques Ph.B. : Pignon est alors identifié aux « Jeunes autres, il s’oppose au « réalisme socialiste », à cette peintres de tradition française » apparus pendant idée d’un art au service de la classe ouvrière dont l’Occupation. Même s’il souhaite prendre une André Fougeron devient la figure officielle. certaine distance avec le groupe – ce dont M.R. : Fougeron est un imagier, il n’a pas le dynamisme de Pignon et il s’est vite révélé comme 30 . « Œuvres récentes. 36 pièces de Fougeron, Gischia, Le l’illustrateur des théories du réalisme socialiste qui Moal, Manessier, Pignon, Robin, Singier, Tailleux, Tal-Coat », galerie René Drouin, 11 mai-9 juin 1945. n’apparaît plus aujourd’hui, et depuis longtemps, que comme une plaisanterie de mauvais goût, 31. « 21 paysages », galerie René Drouin, juillet 1944. comme fait d’ailleurs également sourire le « Salon 14

des peintres témoins de leur temps ». Pourtant, M.R. : À ce moment-là, la Galerie de France dans les années 1945-1953, la figuration se limite n’occupait pas encore une place-clé comme la presque entièrement à ça. À tel point que Dubuffet galerie Maeght par exemple. Maeght, c’était et Fautrier paraissaient « abstraits » et que Pignon l’avant-garde. La Galerie de France présentait les continuait, lui, à exposer en groupe avec les non- « Jeunes peintres de tradition française ». Elle fera figuratifs. son chemin avec cette équipe, dont la plupart des membres formeront l’École de Paris, le cercle Ph.B. : Est-ce la raison qui vous a amené à prêter s’agrandissant au cours des années cinquante à attention à son travail ? Soulages ou Hartung.

M.R. : J’étais jeune, fraîchement débarqué à Paris Ph.B. : Vous souvenez-vous de son exposition après avoir fait partie de la Résistance. C’était personnelle sur les Catalanes qui y a été l’époque où on était accueilli d’une manière présentée en 1946 ? formidable par les intellectuels. Tout de suite, j’ai été présenté à Louis Aragon et Elsa Triolet. Pour M.R. : Pas vraiment. Mais son séjour à Collioure moi, Pignon était à la fois un personnage rassurant atteste manifestement de son désir de se et bénéfique parce que c’était un peintre porté par débarrasser du contexte pesant de l’époque, de sa un certain classicisme et qu’il était comme moi volonté de prendre ses distances avec la Jeune d’origine prolétarienne. Sans le connaître, j’avais peinture, comme vous l’avez dit. Avec le thème donc à son égard une sympathie qui allait de soi. des Catalanes, des Pleureuses, la guerre d’Espagne, la défaite de la République espagnole Ph.B. : Quelle était la place de la Galerie de sont présentes en filigrane. Cela correspond France avec laquelle Pignon a été sous contrat en exactement à Pignon, artiste préoccupé par les 1943 ? événements du monde. La question de l’art mural et monumental transparaît aussi dans cette série d’œuvres, sujet qui ne cessera de m’intéresser plus tard.

(…)

15 Eléments biographiques

1905 1927-1930 Edouard Pignon naît le 12 février à Bully-les- D’abord logé dans un modeste meublé du Mines, dans le Pas-de-Calais. Son père, Lucien 15e arrondissement, le couple s’installe en 1929 Pignon, y est mineur de fond. Sa mère, Estella rue de l’Église. Le contexte économique amène Allart, est issue d’une famille d’ébénistes du Édouard Pignon à exercer différents métiers : faubourg Saint-Antoine venue s’installer dans la manœuvre chez Citroën, pointeau, retoucheur région après la Commune de Paris. Ils auront photographe, peintre d’environnement et de trois fils et deux filles. décors pour un studio… Il s’inscrit au cours du 1912 soir d’André Auclair (1893-1976) à l’école du En septembre, une explosion dans les mines boulevard Montparnasse avant de fréquenter de la Clarence fait 79 victimes, créant une très l’école des arts appliqués à l’industrie de la rue vive émotion dans tout le bassin houiller. Dès Dupetit-Thouars où Robert Wlérick (1882-1944) l’annonce de l’accident, une énorme foule se enseigne la sculpture et Henry Arnold (1879- masse devant la grille du carreau de la fosse. 1945) le dessin. L’événement marque l’esprit du jeune enfant : Il peint ses premiers paysages, des natures il sera l’une des sources d’inspiration des deux mortes composées et plusieurs autoportraits. versions de L’Ouvrier mort peintes en 1936 et 1931-1933 1952 (Musée national d’art moderne, centre Son apprentissage de la peinture s’accompagne Georges-Pompidou, Paris). d’un engagement politique : soucieux des enjeux de son temps, avide de connaissances 1912-1922 économiques, politiques et littéraires, Édouard Bien que son père ait tenté de l’en dissuader, il Pignon suit deux à trois fois par semaine, avenue fait un très bref passage à la mine. Détestant la Mathurin-Moreau dans le 19e arrondissement, privation de lumière, il travaille ensuite comme les cours du soir de l’Université ouvrière créée en plafonneur dans le bâtiment. 1932 sous les auspices de la CGTU à laquelle il Dès qu’il en a le temps, il grave et peint sur des a adhéré l’année précédente au cours d’un assiettes pleines de plâtre des paysages et des meeting, avant de s’inscrire au Parti Communiste scènes de rue. Peu à peu, il affiche sa différence en 1933, peu avant son licenciement des usines et entre à sa manière dans un univers intellectuel Renault où il est chef d’équipe. Les cours de en s’inscrivant à des cours de dessin et philosophes comme Charles Rappoport (1865- d’anatomie par correspondance, en lisant 1941), Georges Politzer (1903-1942) ou Paul énormément, en abandonnant l’usage du patois. Nizan (1905-1940) forment son esprit et construisent durablement sa pensée. 1923-1924 Un premier voyage à Paris l’amène à visiter le 1934-1935 musée du Louvre et à se rendre à la Comédie- Malgré sa pugnacité, des conditions de vie Française. difficile, la fatigue physique et la mésentente À Marles-les-Mines, Maryan Stachowski, avec sa femme affectent gravement Édouard responsable d’une banque polonaise pour les Pignon. Alarmé par la situation, son ami Dayez le mineurs et pensionnaire de l’estaminet, lui fait embaucher dans l’atelier de son père, où il procure des livres et l’encourage dans sa volonté s’initie à la lithographie. Cet emploi lui permet de de s’ouvrir au monde. La visite du musée de Lille consacrer plus de temps à la peinture. Durant l’éblouit en même temps que la découverte des cette période, il fait de la figuration au théâtre et Jeunes et des Vieilles de Goya le désespère tant au cinéma et prend part aux manifestations de l’idéal de la peinture lui apparaît inaccessible. soutien du Front Populaire.

1925-1926 1936-1937 Incorporé dans l’aviation, il fait son service C’est dans le contexte de la guerre d’Espagne militaire en Syrie pendant la guerre du Djebel qu’il peint l’Hommage aux mineurs des Asturies druze. S’étant déclaré dessinateur, il se voit (coll. part.) et la première version de L’Ouvrier affecté à l’atelier de photographie au camp de mort (Mnam). Récit des origines de l’artiste, piéta Rayak. Il trouve le moyen de lire, de dessiner et moderne et peinture d’histoire, cette œuvre d’une de visiter le site de Baalbeck et ses temples grande l’actualité fait sensation. Au même romanosyriens. moment, Édouard Pignon fait plusieurs études au Peu après son retour et après la mort de son Louvre d’après Rembrandt, Véronèse, Ribera ou père et de l’une de ses sœurs, il peint ses Delacroix mais c’est Georges de La Tour – premières huiles : des portraits de son entourage admiré en 1934 lors de l’exposition « Les familial. Convaincu qu’il doit aller tenter sa peintres de la réalité en France au xviie siècle » chance ailleurs, il n’a qu’une idée en tête, celle à l’Orangerie – qui lui inspire une toile nourrie du de devenir peintre. Contre l’avis de tous, il part langage social de l’art chrétien, La Veillée pour Paris avec Aline Lancial qu’il vient (musée des beaux-arts, Nancy), qui sera acquise d’épouser. par l'Etat en 1940. Comme nombre de jeunes

1316

peintres, il s’enthousiasme devant Guernica au à la galerie Vendôme, des gouaches et des pavillon de la République espagnole à pastels, peu avant son départ pour Collioure fin l’Exposition internationale de 1937. juin ou début juillet où il rejoint sa famille et Willy Mucha. 1938-1939 Dans Les Joueurs de billard et Les Hommes 1946 autour de la table (coll. part), il manifeste une En début d’année, tout en regrettant « la tendance structurale influencée par l’étude du concentration de Collioure », il travaille nombre d’or et les théories du philosophe de l’art d’arrache-pied pour l’exposition à la Galerie de Matila Ghyka (1881-1965). En mars 1939, il France prévue pour le mois d’avril, mettant en présente sa première exposition personnelle à la place plusieurs toiles comme il l’écrit à Mucha le galerie d’Anjou : André Lhote (1885-1962) 30 janvier : « Je peins d’autres catalanes. J’ai s’enthousiasme pour son travail dans la NRF et entrepris une autre toile de 100 M avec le même Marcel Gromaire (1892-1971), témoin attentif des sujet mais d’une tout autre harmonie. Et aussi progrès du jeune peintre, prononce le discours d’autres toiles plus petites mais pas tellement. » inaugural. Il vend ses premières œuvres au En février, il participe à l’exposition « Art et docteur Maurice Girardin (1884-1951) qui l’a Résistance » organisée par le Parti Communiste connu par le sculpteur Jacques Lipchitz (1891- au musée d’Art moderne à Paris ainsi qu’à 1973). « L’École de Paris » à la Kunsthalle de Berne. Dans une lettre non datée du début de l’année, 1940-1944 Aline écrit à Willy Mucha qu’« Edouard travaille Démobilisé en septembre 1940, il reçoit un coup sur les dessins de Collioure et tire de tout cela terrible en apprenant la mort de son frère Lucien des gouaches aux couleurs sourdes. Il prépare dans la Somme. une grande toile. Il tourne autour de ses sujets ». Bien que la période soit incertaine, il peut vivre Même si elle n’est pas réellement une nouveauté sur le premier acompte versé par l’État pour une dans sa démarche picturale, l’approche sérielle décoration destinée à l’école de jeunes filles de prend de plus en plus d’importance avec les Creil dont on lui a passé commande juste avant ouvres de cette période, ce dont il prend la déclaration de la guerre. conscience en écrivant le 30 mars à son ami : En mai 1941, à la galerie Braun, il est du groupe « Collioure reste pour moi un point important, des vingt "Jeunes peintres de tradition française" une plaque tournante dans mon évolution. À mon qui incarne la vitalité créatrice et patriotique du exposition, on s’en rendra compte. J’ai abordé Paris occupé. des toiles de plein air inspirées, toutes Après un bref accord avec le marchand Louis imprégnées de l’atmosphère de Collioure, les Carré (1897-1977), c’est Paul Martin (1895- tables vertes jouant sur un fond de mer et de ciel 1984), qui vient d’inaugurer la Galerie de France, avec une tête de catalane méditative, immobile ; qui assure dorénavant son existence déjà un aspect de l’Espagne. Harmonie faite de 1945 jaune, de vert, de bleu, de noir. Pas de rouge ou Parmi les 128 œuvres offertes par de nombreux à peine. » artistes pour être vendues aux enchères au profit Il ne fait pas de doute qu’il attache une des ex-prisonniers de guerre et des déportés importance toute particulière à cette soviétiques à la galerie René Drouin le 17 février manifestation : sa seconde exposition figure une Femme accoudée de Pignon. Le mois personnelle depuis 1939, la première dans une suivant, c’est une Jeune fille accoudée qui est galerie. Le vernissage a lieu le mardi 28 mai : ce montrée à la 56e exposition de la Société des sont 20 peintures et des huiles sur papier qui sont accrochées dans les locaux de la Galerie de artistes indépendants. La critique le présente e comme l’« un des meilleurs de nos jeunes France installée dans l’élégant 8 arrondis- peintres » avec ce « tableau aux tons d’une sement, au 3 rue du faubourg Saint-Honoré. sensibilité rare et d’une composition vraiment Arrivé en juin à Collioure, il repart probablement classique ». Dans une lettre du 3 avril 1945 vers le 10 août puisqu’il écrit à Mucha le 12 adressée au peintre Willy Mucha (1905-1995), après une journée de travail à l’atelier : Pignon se dit intéressé par sa proposition de « J’oubliais plus haut de vous dire que ces deux venir s’installer quelques mois à Collioure. Au peintures étaient des personnages de Collioure printemps, il participe aussi à un nouveau salon avec des barques. Harmonie de bleus, de noirs, dont il est l’un des membres fondateurs, le Salon de jaunes et de bistres. Je compte faire une série de mai, tout comme sept toiles sont envoyées à avec les études de cette année et de l’année l’exposition « La Jeune peinture française » au dernière. Comme vous voyez votre pays palais des beaux-arts de Bruxelles. Place d’adoption est une mine sérieuse pour le peintre Vendôme, chez Drouin, du 11 mai au 9 juin, il rouquin. Collioure a été agréable et aussi présente une Femme en bleu qui, selon le prolifique. […]. critique Léon Degand, « le classe désormais Maintenant il faut travailler sérieusement pour cet parmi les valeurs les plus accomplies qui ont hiver. Je crois que les deux mois d’infidélité à la succédé aux “Jeunes” qui avaient 30 ou 40 ans peinture, il est plus juste de dire à la couleur en 14 ». L’exposition à peine terminée, il expose m’ont fait du bien. J’y reviens comme un peu (avec Gischia et Fougeron) à quelques pas de là, délavé. Le travail d’aujourd’hui me fait confiance… » 17

Au Salon d’automne, c’est sa grande autant une préfiguration des toiles. Il peint composition des Remailleuses de filets (coll. plusieurs séries au même moment : des Oliviers, part.) qui, à l’exemple d’un commentaire qui en Paysans à l’olivier et Paysages. En mai 1950, à est fait dans Arts, affirme sa stature de « grand l’occasion d’une exposition personnelle à la peintre » : le tableau « dégage une émotion galleria Sandri, il voyage à Venise où il retrouve assez cruelle et tenace par ses oppositions de le peintre Zoran Music (1909-2005) et le critique jaune et de noir, et ses harmonies de jaune et de Giuseppe Marchiori (1901-1982), qui vient de gris éteint. La graphie affirmée jusqu’à publier aux éditions Pozza Pittura moderna in l’insistance, concourt à l’expression émotionnelle ». Europa (da Manet a Pignon). En octobre 1951, il Quelque temps plus tard, lors d’un nouvel envoi rempor te le 4e prix de peinture de la Biennale de non daté, il explique : « J’ai repris les pinceaux, São Paulo avec sa grande toile des m’inspirant des barques et des gens qui les Remailleuses de filets (coll. part.). Picasso, qu’il hantent. Le résultat est que j’ai remis du soleil voit régulièrement depuis 1947, lui propose de dans ma palette. Il est difficile de ne pas se venir à Vallauris, lui offrant un logis dans ses souvenir de la violence colorée de Collioure. » . ateliers du Fournas où il s’installe avec Hélène Arrivé à Ostende le 26 novembre, il écrit à Paul Parmelin. Martin à la Galerie de France le 4 décembre : "Tout ici est différent de Collioure, ce n’est pas le 1955-1956 plan presque abstrait et hardiment coloré du Désormais installé dans un plus vaste atelier au pays du soleil mais la saillie maîtresse qui 26 rue des Plantes, toujours dans le 14e s’organise en profondeur." arrondissement – où il demeurera jusqu’à la fin de sa vie – il peut entreprendre de très grands formats dont plusieurs sont montrés à la Galerie 1947-1949 de France en juin 1955, avant les aquarelles en De retour d’un voyage à Stockholm avec des décembre. La construction de l’espace, amis belges, séparé de son épouse, Édouard l’articulation des formes et la question de la Pignon se retire à nouveau à Ostende, au Repos couleur restent ses préoccupations plastiques de la Digue, hôtel dont les fenêtres donnent sur majeures comme l’attestent ses œuvres récentes le port à crevettes. Il dessine, prend des notes, prenant pour sujet les paysages du Midi, les fait des aquarelles, des gouaches et aussi monteurs électriciens, les vendanges ou encore quelques petites toiles. Lors de ce séjour, il rend les paysans. visite au vieux peintre James Ensor (1860-1949), 1957-1958 « homme d’esprit et peintre remarquable trop Les collines de Sanary et la baie de Bandol inconnu, hélas, en dehors de son pays. […] continuent de lui offrir de nouveaux motifs. Ce De la lignée des vrais flamands ironiques et sont 12 grands tableaux qui sont exposés en savoureux » écrit-il à Wallard le 10 février 1947. mars 1958 à la Galerie de France alors que la Un peu plus d’un mois plus tard, le 20 mars, galerie Perls, deux ans après avoir dévoilé au dans une longue lettre, il explique à Mucha : public new-yorkais ses paysages, présente au « Collioure est loin, l’immobilité hiératique des même moment une nouvelle exposition de 22 Catalanes a fait place aux gestes lourds et tableaux et 5 aquarelles récentes. Ce sont 12 puissants des hommes de la mer houleuse, toiles, dont Femmes réparant des filets (1946), glauque, à la forêt de hauts mâts où sèchent les qui sont sélectionnées pour former une salle filets bruns, au ciel gris depuis des mois avec de rétrospective (de 1945 à 1958) à la Biennale de temps à autres un peu de bleu, un bleu timide Venise. Après son séjour vénitien, il s’installe à vite effacé par un nuage qui passe, rapide. […] Filacciano, petit village à une trentaine de C’est ici que l’on peut comprendre un Van Gogh, kilomètres de Rome dans la plaine du Tibre. un Permeke aussi. » Rentré à Paris, installé au cours du deuxième 1959-1961 semestre 23 rue du Moulin-Vert dans le 14e La question des espaces proches et de leur arrondissement avec Hélène Parmelin – de son transcription sur la toile trouve une nouvelle vrai nom Hélène Jungelson (1915-1998), ouverture avec les séries des Combats de coqs, journaliste à L’Humanité, critique d’art et des Battages et des Pousseurs de blé qui sont romancière, avec laquelle il se mariera en juin une nouvelle transition dans sa démarche 1950 et dont il aura un fils, Nicolas, en créatrice. Par rapport aux Oliviers, ces œuvres septembre 1948 – il peint dans l’atelier repris au sont des articulations en mouvement qui conservateur du musée national d’Art moderne s’organisent de manière toujours différente de Jean Cassou (1897-1986), des huiles comme La crayons en lavis d’encre, d’aquarelles en Voile rose à Ostende (Mnam) ou le Port peintures à l’huile, tel le Battage (Philadelphia d’Ostende (Ohara Museum of Art, Okayama) Museum of Art, Philadelphie) marquant un talent en pleine maturité. 1950-1954 Avec Dorival, Cogniat, Alfred Manessier et Son approche sérielle passe de plus en plus par Alberto Giacometti, il est membre de la l’étude approfondie de ses sujets : il intensifie le Quadriennale de Rome. travail sur carnets et s’approprie les thèmes avec L’année 1960 voit en effet se succéder un l’aquarelle qui devient dès lors une technique accrochage à la Galerie de France en mars, puis essentielle dans sa démarche, sans être pour deux expositions à caractère rétrospectif au 18

musée de Metz en été, et au musée d’histoire et une dépêche de l’agence France-Presse d’art de Luxembourg en octobre-novembre qui annonce qu’Hélène Parmelin et Édouard Pignon réunissent près de 100 œuvres (peintures, quittent le parti communiste. dessins et céramiques). 1981-1982 1966-1969 En février 1981, le musée-galerie de la Seita Ce sont les toiles et aquarelles de la série des organise une rétrospective du fonds d’estampes Plongeurs, sujet exploré par Pignon depuis 1962, de la Bibliothèque nationale et en octobre, à qui viennent clore la rétrospective de 228 œuvres l’occasion de l’émission du timbre-poste « Les qui se déroule, à l’initiative de Bernard Dorival plongeurs », le musée de la Poste présente une (1914-2003), au musée national d’Art moderne à exposition de 64 toiles (de 1952 à 1981). Paris de juillet à octobre 1966. 1985 1970-1971 Parmi une série d’actions destinées à convaincre C’est une immense tête de guerrier qui domine la le public et la critique de la qualité et de la « céramique-sculpture » XXe siècle (10 x 50 m) diversité de la création artistique des quarante conçue sur commande publique pour le fronton dernières années, une rétrospective de son du centre d’activités culturelles d’Argenteuil. Une ouvre est organisée de février à avril aux semaine après son inauguration, au début du Galeries nationales du Grand Palais par le mois de mai 1970, s’ouvre au musée Galliera à Centre national des arts plastiques. Elle réunit Paris une exposition de 45 œuvres récentes 216 oeuvres (de 1947 à 1984). (1967-1970). 1986-1987 1972-1974 Après la consécration des trois rotondes du La réflexion qu’il porte alors sur son travail Grand Palais, il accepte des expositions dans oriente son œuvre dans une direction singulière des musées de province : en mai 1986 au pour l’époque en même temps qu’elle affirme son château-musée de Dieppe, en avril 1987 au attachement à la tradition. Outre le sujet, la musée de l’hospice Saint-Roch à Issoudun, méthode qu’il choisit – dessiner devant modèle – occasions pour lui d’aller à la rencontre de le place plus encore dans une situation qu’il juge nouveaux publics et de participer à la diffusion de lui-même marginale. En avril 1973, quelques l’art contemporain. jours avant la mort de Picasso qui l’a appelé la veille du vernissage, la Galerie de France 1988-1990 inaugure « Les Nus rouges » alors que Malgré les troubles de la vue qui s’aggravent, il l’Association française d’action artistique poursuit la série des Nus géants commencée en organise une exposition d’une centaine d’œuvres 1986 et peint son ultime grande toile glorifiant le (de 1936 à 1973) dans plusieurs pays où il corps féminin, Le Nu en majesté (coll. part.), au voyage – Hongrie, Pologne, Roumanie, cours de l’année 1989. De mai à juillet 1990, Luxembourg, Italie – l’itinérance s’achevant en pour fêter son quatre-vingt-cinquième octobre 1975 à la Galleria d’Arte moderna de anniversaire, le Musée national d’art moderne Bologne. présente dans les salles d’exposition permanente neuf grands tableaux inédits de la série des Nus 1975-1976 géants appartenant à l’artiste accompagnés de La Galerie de France et le musée d’Art moderne six toiles des collections. de la ville de Paris présentent simultanément « Édouard Pignon, les Nus rouges et après… » 1991-1992 en mars-avril 1976 alors que le centre culturel En novembre 1991, le musée des beaux-arts Noroît à Arras ouvre le mois suivant « Hommage d’Alençon présente « Édouard Pignon, œuvres du Pas-de-Calais à Édouard Pignon », parcours majeures » tandis qu’en février 1992, la galerie rétrospectif regroupant 42 toiles et 20 aquarelles. Le Monde de l’Art à Paris déploie 340 œuvres sur ses trois niveaux d’exposition : 305 1979-1980 aquarelles, 15 grandes peintures et 20 poteries Début décembre 1980, pour ses soixante-quinze qui donnent à voir le travail mené par l’artiste ans, le musée national d’Art moderne lui rend depuis les années trente. hommage en présentant une exposition qui réunit 30 œuvres (de 1936 à 1979) issues des 1993 collections nationales. Le 18 décembre 1980, Edouard Pignon s’éteint dans la soirée du 14 mai à La Couture-Boussey (Eure).

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EDOUARD PIGNON Femmes en Méditerranée : Catalanes à Collioure, étés 1945-1946

Liste et légendes des visuels pour la presse

1-EDOUARD PIGNON, Catalane, (double face), 1953 Grand vase en terre cuite rouge, peinture à l’engobe Ht 76 cm Collection particulière, Photographie : Alain Leprince/La Piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent, Roubaix/ ADAGP 2013.

2-EDOUARD PIGNON, Catalane (double face), vers 1953 Grand vase en terre cuite rouge, incisions, peinture à l’engobe Ht 61 cm Collection particulière, Photographie : Alain Leprince/La Piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent, Roubaix/ ADAGP 2013.

3-EDOUARD PIGNON, Catalane au bol et remailleuses de filets (au verso), 1953 Grand vase en terre cuite blanche, incisions, peinture à l’engobe Ht 93 cm Collection particulière, Photographie : Alain Leprince/La Piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent, Roubaix/ ADAGP 2013.

4-EDOUARD PIGNON, Catalane, vers 1953 Vase en terre cuite blanche, peinture à l’engobe Ht 56 cm Collection particulière, photographie : Studio Muller, Paris/ ADAGP 2013.

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5-EDOUARD PIGNON, Les remailleuses de filets, 1946 Huile sur toile 170 x 200 cm Collection du musée d’art moderne de Céret, dépôt de collection particulière. Photographie : Robin Townsend/ADAGP 2013.

6-EDOUARD PIGNON, Catalane sur fond bleu (La grande catalane), 1946 Huile sur toile 162,5 x 96,5 cm Collection du Centre Pompidou, Mnam/Cci. En dépôt au musée d’art moderne de Céret. Photographie : Tous droits réservés ADAGP 2013.

7-EDOUARD PIGNON, Catalane, 1945 Encre de Chine sur papier 50 x 32 cm Collection particulière. Photographie : Bernard Matussière, Paris/ADAGP 2013.

8-EDOUARD PIGNON, Catalane, 1946 Huile sur toile 81 x 65 cm Collection particulière. Photographie : Tous droits réservés ADAGP 2013.

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9-EDOUARD PIGNON, Les remailleuses de Collioure, 1945 Huile sur toile 53,5 x 65,5 cm Collection Musée Antoine Vivenel, Compiègne. Photographie : Hutin/musée Antoine Vivenel, Compiègne/ADAGP 2013.

10-EDOUARD PIGNON, Catalanes au filet, 1946 Huile sur toile 97 x 161 cm Collection Musée des Beaux-arts, La Chaux-de-Fonds, Suisse. Photographie : Pro Litteris 2011 – CH68033 – Zurich/ADAGP 2013.

11-EDOUARD PIGNON, Femme assise (Catalane), 1945 Huile sur toile 56 x 38 cm Collection du musée d’art moderne de Céret, dépôt de collection particulière. Photographie : Robin Townsend/ ADAGP 2013.

12-EDOUARD PIGNON, La Catalane, 1945 Huile sur papier marouflé 65 x 50 cm Collection particulière Photographie : Tous droits réservés ADAGP 2013.

22 Edouard Pignon, femmes en Méditerranée

Catalanes à Collioure, étés 1945-1946 Musée d'art moderne de Collioure 1er juin – 13 octobre 2013

Peintures Les remmailleuses de Collioure, 1945 Le pêcheur, 1946 Huile sur toile 53,5 x 65,5 cm Huile sur toile 60 x 73 cm Inv. 1948.28. Musée Antoine Vivenel, Compiègne Collection particulière

Catalanes au filet, 1946 Catalane au bol, 1946 Huile sur toile 97 x 161 cm Huile sur toile 55,4 x 46,4 cm Inv. 575. Musée des Beaux-arts de La Chaux-de-Fonds Collection particulière Suisse Femme assise, 1946 Les remmailleuses de filets, 1946 Huile sur toile 47 x 38 cm Huile sur toile 170 x 200 cm Collection particulière Inv. Dep 2008 - 0001. Collection particulière en dépôt au Musée d'art moderne de Céret Femme assise à la robe bleue, 1945 Huile sur toile 35 x 27 cm Femme assise (Catalane), 1945 Collection Alain Muller, Belgique Huile sur toile 56 x 38 cm Inv. Dep 2008 - 0014. Collection particulière en dépôt au Femme assise, 1945 Musée d'art moderne de Céret Huile sur toile 46,4 x 38,7 cm Collection Francine Ortiz Catalane sur fond bleu (La grande catalane), 1946 Huile sur toile 162,5 x 96,5 cm La femme au bol, 1945 Inv. AM 2691 P. Dep 1993-0019. Collection Centre Georges Huile sur toile 65 x 50 cm Pompidou, Musée national d'art moderne /Cci, Paris. Collection particulière En dépôt au Musée d'art moderne de Céret, France La femme à la chaise, 1945 Catalane, 1946 Huile sur toile 81 x 60 cm Huile sur toile 81 x 65 cm Collection particulière Inv 1989 D001/110. Collection du Musée national d'histoire et d'art. Luxembourg Les remmailleuses de filets, 1946 Collection Pauly-Groff Huile sur toile 22 x 33 cm Collection particulière Pleureuse, 1946 Huile sur toile 81 x 60 cm Personnages, Collioure, 1945 Collection Florence et Pierre Basset Huile sur toile 22 x 33 cm Collection particulière, La catalane, 1946 Huile sur toile 92 x 65 cm Femme assise, 1945 Collection particulière Huile sur toile 116 x 89 cm Collection particulière La catalane, 1945 Huile sur papier marouflé sur toile 65 x 50 cm Catalane, 1946 Collection particulière Huile sur toile 81 x 65 cm Collection particulière Femme au bol, 1945 Huile sur toile 61 x 37 cm Catalane, 1946 Collection particulière Huile sur papier marouflé sur toile 66 x 24 cm Collection particulière Portrait de femme (Femme accoudée en bleu), 1945 Huile sur toile 74 x 60 cm La veuve catalane, 1945 Collection Fondation Regards de Provence Huile sur papier marouflé sur isorel 50 x 35 cm Collection Emmanuel Szleper La femme accoudée en noir, 1945 Huile sur toile 73 x 60 cm Collection Fondation Regards de Provence 23 Dessins

Femme assise, 1945 Pêcheurs, 1946 Gouache sur papier 63,1 x 38,2 cm Huile sur papier 24 x 41 cm Inv. Am 4556P. Collection Centre Georges Pompidou, Musée Collection Potencier national d'art moderne/C c i Paris. En dépôt au Musée des Beaux-arts et d'Archéologie de Composition au visage, 1946 Besançon Gouache sur papier 26 x 27 cm Collection particulière, Lyon Vieille catalane assise, 1945 Crayon graphite sur papier vergé 48 x 63,5 cm Tête de catalane, 1945 Inv. MAMC 1991-0632. Collection du Musée d'art moderne Fusain sur papier 63,5 x 48 cm de Céret, France Collection particulière

La catalane, 1945 Catalane de Collioure, 1945 Encre sur papier vergé 48,5 x 32,5 cm Gouache sur papier marouflé sur carton 32 x 19 cm Inv. EPMC 2008-0339. Collection du Musée d'art moderne de Collection particulière Céret, France

Etude pour les catalanes, vers 1945 Céramiques Aquarelle et encre de Chine sur papier 50 x 64 cm Inv. EPMC 2005-0003. Collection du Musée d'art moderne de Céret, France Catalane au bol, 1953 Grand vase en terre cuite rouge, incisions, peinture à Tête de catalane, 1953 l'engobe Ht 68 cm Gouache et fusain sur papier 63 x 48 cm Inv. EPMC 2009 - 0068. Collection du Musée d'art moderne Inv.: Dep 2008-0004. Collection particulière en dépôt au de Céret Musée d'art moderne de Céret Catalane et Tête de chèvre (au verso), 1953 Personnages, 1945 Grand vase en terre cuite rouge, incisions, peinture à Mine de plomb sur papier 46,3 x 61,9 cm l'engobe Ht 61 cm Inv ED 45. Don de l'artiste avant 1948. Collection du Musée Collection particulière des Beaux-arts de Limoges Catalane (double face), 1953 Catalane, 1945 Grand vase en terre cuite rouge, peinture à l'engobe Ht 76 cm Encre de Chine sur papier 50 x 32 cm Collection particulière Collection particulière Remmailleuses de filets, 1952-53 Etude pour les remmailleuses de filets, 1945 Petit vase en terre cuite blanche, peinture à l'engobe Ht 17 cm Encre bleue sur papier 26,6 x 42,1 cm Collection particulière Collection particulière Catalane, 1953 Les remmailleuses de filets, 1945 Vase en terre cuite blanche, peinture à l'engobe Ht 37 cm Gouache sur papier 60,5 x 46 cm Collection particulière Collection particulière, Compiègne Catalane au bol et Remmailleuses de filets (au verso), Remmailleuses de filets, 1946 1953 Encre sépia sur papier bistre 25,5 x 40 cm Grand vase en terre cuite blanche, incisions, peinture à Collection particulière l'engobe Ht 93 cm Collection particulière Remmailleuses, 1945-46 Encre bleue sur papier 39,5 x 25 cm Catalane et Tête de chèvre (au verso), 1953 Collection particulière Grand vase en terre cuite rouge, incisions, peinture à l'engobe Ht 61 cm Les remmailleuses de filets, 1945 Collection particulière Fusain sur papier 47,5 x 59 cm Collection B. Matussière, Paris Catalane (double face), vers 1953 Grand vase en terre cuite rouge, incisions, peinture à Les remmailleuses de filets, 1946 l'engobe Ht 61 cm Aquarelle sur papier 21 x 27 cm Collection particulière Collection Pierre Nuger Catalane, vers 1953 Catalane, 1945 Vase en terre cuite blanche, peinture à l'engobe Ht 56 cm Gouache sur papier 48 x 27 cm Collection particulière Courtesy galerie Odile Oms, Céret

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Visage (catalane) et Visage "soleil" (au verso), 1954 Tête de catalane et Catalane assise (au verso en Grand vase en terre cuite blanche, peinture à l'émail Ht 59 cm médaillon), 1954 Collection particulière Grand vase en terre cuite blanche, incisions, peinture à l'émail Ht 59 cm Tête de catalane et Tête de coq (au verso), 1954 Collection particulière Grand vase en terre cuite rouge, peinture à l'engobe Ht 56 cm Collection particulière

Dessins de la collection du

Musée d'art moderne de Collioure

Le musée possède un fonds de 32 dessins de grands et moyens formats des années 1945 et 1946 acquis en 2001, et 9 dessins donnés par Nicolas Pignon des mêmes années. Une vingtaine sera présentée dans une salle attenante à l’exposition.

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