Clic Musique ! ClicMag n° 67 Votre disquaire classique, jazz, world Janvier 2019

ALEXANDRE THARAUD De la lumière à l’ombre

© Marco© Steven Borggreve Devine

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com ! Sélection musique contemporaine

C. Ives : Les mélodies, vol. 1 C. Ives : Les mélodies, vol. 2 S. Mackey : Banana Dump Truck E. Toch : Musique de chambre C. Wuorinen : The Golden Dance C. Wuorinen : The Haroun Songbook Dora Ohrenstein; Phillip Bush D. Ohrenstein; M. A. Hart Boston Modern Orchestra Project pour violoncelle Fred Sherry, violoncelle; Orchestra of St. Elizabeth Farnum; Emily Golden; James Mary Ann Hart; Dennis Helmrich P. Sperry; W. Sharp Gil Rose Steven Honigberg, violoncelle; Eclipse Luke’s; Charles Wuorinen; San Francisco Schaffner; Michael Chioldi; Phillip Bush Chamber Orchestra; Sylvia Alimena Symphony; Herbert Blomstedt TROY077 - 1 CD Albany TROY078 - 1 CD Albany TROY735 - 1 CD Albany TROY421 - 1 CD Albany TROY711 - 1 CD Albany TROY664 - 1 CD Albany

G. Scelsi : Trilogie «The three T. Takemitsu : Intégrale Ionisation : Musique contemporaine J. van Veen : 24 minimal préludes J. van Veen : Musique J. van Veen : Musique stages of man»; «Voyages» de l’œuvre pour guitare seule pour percussion de Varèse, Reich, Jeroen van Veen, piano pour piano, vol. 1 pour piano, vol. 2 Marco Simonacci, violoncelle Andrea Dieci, guitare Chavez, Cowell, Harrison et Cage Jeroen van Veen Jeroen van Veen Ensemble Tetraktis Sandra van Veen Sandra van Veen BRIL95355 - 1 CD Brilliant BRIL95539 - 1 CD Brilliant BRIL95134 - 1 CD Brilliant BRIL95383 - 2 CD Brilliant BRIL9454 - 5 CD Brilliant BRIL95561 - 7 CD Brilliant

J. Cage : Six mélodies et treize M. Djordjevic : Rocks; Stars; M. Eggert : Quintette «Amadé, M. Formenti : Night studies R. Häusermann : Wetterminiaturen. G. Kampe : «Adrien/Zitronen», pour harmonies Metals; Light Amadé» / W.A. Mozart : Quintette Marino Formenti, piano Piano préparé voix et large ensemble… A. Gahl, violon Quatuor Armida; Ensemble recherche; piano et vents et recherches sonores. Ensemble MusikFabrik; Christian Eggen, K. Lang, Fender Rhodes Peter Rundel Quintetto Amadeo Annalisa Derossi; Panagiotis Iliopoulos direction; Johannes Fischer, direction WWE20292 - 1 CD Col Legno WWE40417 - 1 CD Col Legno WWE20284 - 1 CD Col Legno WWE20299 - 1 CD Col Legno WWE20402 - 1 CD Col Legno WWE40416 - 1 CD Col Legno

G. Grisey : Les Espaces acoustiques H. Lachenmann : Das Mädchen B. Lang : Das Theater I. Mundry : Traces des Moments L. Nono : No hay caminos, R. Saunders : Miniata, pour accor- Asko Ensemble mit den Schwefelhölzern der Wiederholungen Ensemble recherche hay que caminar… déon, piano, chœur et orchestre OS WDR de Cologne E. Keusch; S. Leonard, soprano; Orchestre Klangforum Wien Teodoro Anzellotti, accordéon Irvine Arditti; WDR Rundfunkchor & Sinfo- SWR Vokalensemble Stuttgart; SWR de Stefan Asbury de l’Opéra de Stuttgart; Lothar Zagrosek Johannes Kalitzke nieorchester Köln; Emilio Pomarico Baden-Baden et Fribourg; Hans Zender 0012422KAI - 2 CD Kairos 0012282KAI - 2 CD Kairos 0012532KAI - 2 SACD Kairos 0012642KAI - 1 CD Kairos 0012512KAI - 2 CD Kairos 0012762KAI - 1 CD Kairos

K. Bruckmann : On Procedural R. Carrick : The Flow Cycle D. Crockett : Night Scene P. Garland : «The Birthday Party»; E. Howard : Bird 3; Crupper Wayne Vitale /Brian Baumbusch : Grounds for Strings Firebird Ensemble «Blessingway»; «Amulet» 2455; Strasser 60 Mikrokosma Ensemble Wrack Andrea Schultz; Dov Scheindlin; Alex Aki Takahashi, piano Earl Howard, synthétiseur The Lightbulb Ensemble; Santa Cruz Rova Saxophone Quartet; sfSound Waterman; Kuan-Cheng Lu; Eric Bartlett Miya Masaoka, koto Contemporary Gamelan; Brian Baumbusch NW80725 - 1 CD New World NW80719 - 1 CD New World NW80718 - 1 CD New World NW80788 - 1 CD New World NW80728 - 1 CD New World NW80785 - 1 CD New World

Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound series, vol. 1. Œuvres de Brown, series, vol. 2. Œuvres de Nono, series, vol. 3. Œuvres de Berio, series, vol. 4. Œuvres de Boulez, series, vol. 5. Œuvres de Lucier, series, vol. 6. Œuvres de Cage, Roldan, Harrison, Kagel, Hobbs, Maderna, Berio, Maxwell Davies, Bussotti, Cage, Mayuzumi, Xenakis, Scelsi, Brown, Xenakis, Clementi, Ashley, Behrman, Mumma, Ives, Wolff, Crumb, Yun, Wuorinen, Gan- Rzewski, Cage, Cowell… Bedford, Orton, Feldman, Brown... Reynolds…. Nilsson, Schoenberg, Kotonski... Evangelist, Catiglioni, Berio... dini, Bolanos, Nobre, Bazan... WER6928 - 3 CD Wergo WER6931 - 3 CD Wergo WER6934 - 3 CD Wergo WER6937 - 3 CD Wergo WER6940 - 3 CD Wergo WER6943 - 3 CD Wergo

2  ClicMag janvier 2098  www.clicmusique.com Disque du mois / Musique contemporaine

e charmant et mélancolique Concerto nage. Le grand Concerto pour orgue Lpour piano, si décrié parmi la pro- en sept volets nous plonge soudain duction de Poulenc, avec ses teintes dans le Poulenc d’église, roide, sévère, pastorale et son Rondo à la française âpre dans l’harmonie, abrupt dans les impertinent n’avait pas vraiment eu de accents. James O’Donnell fait plus rugir chance au disque malgré l’affection de son instrument qu’il ne médite, et même Gabriel Tacchino jusqu’à ce que Chris- lorsque soudain la musique change du tina Ortiz ou Cécile Ousset (son disque tout au tout pour quitter le sacré et magnifique à Bournemouth avec Rudolf plonger dans ce qui pourrait être une Barshai est l’un de ses moins connus fête populaire, la tension ne cède pas. hélas) lui offre une lyrique plus géné- Cette « œuvre au noir » annonce un Sta- reuse. Assurément, Alexandre Tharaud bat Mater terrible, tendu, plus furieux est dans leur veine chantante et aven- qu’éploré, où Kate Royal met un Vidit tureuse, de son clavier vif il chante (1899-1963) pourtant les thèmes si poétiques, fait suum inquiet, d’une beauté instrumen- tale troublante. Le Quando corpus venu Concerto pour piano en do dièse mineur, frémir les arpèges, s’inspire au magique FP 146; Concerto pour orgue, orchestre à orchestre réglé par Yannick Nézet- du silence déploie son ultime comme un cordes et timbales en sol mineur; Stabat Séguin pour mordorer son célèbre immense cri dans le vide, le geste est si Mater piano-palette où les couleurs sont fort que j’espère bien retrouver Yannick Kate Royal, soprano; Alexandre Tharaud, piano; d’une subtilité inouïe. Magnifique de Nézet-Séguin dans d’autres opus de James O’Donnell, orgue; London Philharmonic tendresse et d’impertinence, cette ver- Poulenc, et pourquoi pas le versant so- Choir; London Philharmonic Orchestra; Yannick sion ne s’oubliera pas, tant sa lumière laire : le Gloria, Les Animaux modèles, Nézet-Séguin, direction subtile, son élégance émue et inquiète Les Biches lui iraient comme un gant. LPO0108 • 1 CD LPO s’assemble autour d’un piano-person- (Jean-Charles Hoffelé) © Marco Borggreve

pression à ses extrémités. Le compo- siteur mixe des bribes de thèmes dans un maelstrom sonore où l’aléatoire joue un rôle crucial. Là aussi attaques bru- tales, glissandi vertigineux décrivent un univers chaotique ou tout geste semble vain ou même les sons deviennent incohérents. L’œuvre en elle-même est un gageure aussi bien pour son auteur George Crumb (1929-) Stefano Gervasoni (1962-) James Macmillan (1959-) que pour ses interprètes. Performers Metamorphoses, Dix Fantaisies pour piano « Lilolela », pour 23 musiciens; « Pas Quatuor à cordes n° 1 « Visions of a exceptionnels les quatre musiciens du November Spring »; Quatuor à cordes n° 2 amplifié d’après des tableaux célèbres; perdu », pour cymbalum seul; Douze Royal String Quartet s’en sortent avec « Why is this night different »; Quatuor à Cinq pièces pour piano sonnets d’après Le Camoëns, pour basse- panache. (Jérôme Angouillant) baryton et grand ensemble cordes n° 3 Margaret Leng Tan, piano Frank Wörner, basse-baryton; Ulkho Ensemble Royal String Quartet MODE303 • 1 CD Mode Kyiv; Luigi Gaggero, direction CDA68196 • 1 CD Hyperion our la première fois en quarante WIN910247-2 • 1 CD Winter & Winter e compositeur écossais James Mac- Pans - après Makrokosmos (1972- vec ce titre à double sens (« j’ai LMillan commence à avoir une certaine 1979) où, à l’opposé de John Cage qui Aperdu le pas » ou « je ne suis pas notoriété en France notamment par le transforme le piano lui-même, le com- perdu »), Stefano Gervasoni joue sur biais de sa musique religieuse. Après avoir publié les œuvres liturgiques, le positeur pousse l’instrumentiste vers l’ambiguïté de la perte, désorientation et label anglais Hypérion s’intéresse à ses de nouveaux modes de jeu -, George opportunité, début d’un nouvel espoir. quatuors à cordes. Si la foi catholique Crumb (1929) livre une nouvelle œuvre Ce morceau titulaire pour cymbalum de MacMillan lui a inspiré ses fameuses Wenchen Qin (1966-) majeure pour cet instrument-roi, dont solo est dédié à son interprète, Luigi œuvres chorales (Stabat Mater, Mise- le Livre I est destiné à l’interprétation, Gaggero, par ailleurs chef de l’Ukho rere) la musique pour quatuor à cordes Echoes from the other Shore, pour zheng et orchestre; The Nature’s Dialogue, pour plus que talentueuse, de Margaret Leng Ensemble Kyiv, à l’œuvre sur les deux procède d’un univers différent, à la fois autres ‘premiers enregistrements’ orchestre et bandes; Across the Skies, Tan. Les dix pièces des Métamorphoses intime et abstrait. Ainsi le premier qua- pour pipa et orchestre; Lonely Song, pour du disque. Lilolela, « un mot au sens (Livre I) sont inspirées de peintures tuor intitulé « Visions of a November 42 cordes perdu, dans un monde de mots qui Spring » (1988) en utilisant des moyens célèbres (de Paul Klee à Vasily Kandins- Wei Ji, zheng; Weiwei Lan, pipa; ORF Vienna Radio cherchent le leur », captivante composi- raréfiés offre une plus grande immédia- Symphony Orchestra; Gottfried Rabl, direction ky), inscrivant Crumb dans la filiation tion, en 7 parties et pour 23 musiciens, teté d’expression. Deux mouvements, 0015032KAI • 1 CD Kairos des Tableaux d’une Exposition, pour tire son nom du refrain de chansons un prélude d’accords dissonants répé- ous la direction de Gottfried Rabl, lesquels Modeste Moussorgski crée un italiennes du XVIème siècle, accolant tés puis des torpilles de cordes qui ancien assistant musical de Leonard pont entre arts visuels et sonores. Fruit syllabes pour créer des mots, avec ou augmentent en intensité jusqu’à se S Bernstein et fondateur de l’ensemble d’un travail collaboratif avec l’interprète, sans sens. La pièce repose sur l’idée déchaîner dans une danse frénétique d’avant-garde Theatre of Silence, l’ORF l’écriture s’adapte aux idiosyncrasies de d’errance, qui sous-tend la pensée mu- pour s’achever dans un calme tendu. Le Vienna Radio Symphony Orchestra celle-ci autant que l’instrumentiste élar- sicale de Gervasoni, en particulier cette deuxième quatuor « Why is this night différent ? » évoque le rite juif du Seder. propose sur ce disque quatre œuvres git encore son éventail de gestes (se intrigante « rotation » des éléments Sur fond d’opposition entre allégresse orchestrales du chinois Wenchen Qin. muant en harpiste ou percussionniste) sonores, tant entre les parties qu’au et douleur, l’échange entre les cordes La démarche du compositeur, qui sein d’elles. Dodici Sonetti Di Camões pour répondre aux exigences de celle- illustre le dialogue entre l’enfant et le nourrit son esthétique avant-gardiste est le deuxième cycle, après Fado Errá- là. Crumb aménage la partition pour père. Encore une fois l’idée fondatrice occidentale d’éléments originaires de tico, en référence à Amália Rodrigues, y intégrer la virtuosité de Leng Tan au du quatuor formulée dans l’introduction la tradition musicale de son pays, se chanteuse populaire portugaise, d’un piano jouet et inclut des éléments vo- lente sera reprise dans un seul mouve- caractérise par des sonorités peu com- ensemble plus large (Com Que Voz), caux ainsi que percussifs - ici aussi le ment en variations (extrapolations et munes, parfois issues d’instruments inspiré par le poète portugais Luis de chinois anciens (les timbres spéciaux plus souvent issus de jouets. Les Cinq circonvolutions). L’œuvre, très virtuose, Camões. On y suit l’évolution de la possède un très large éventail expressif du zheng, de la famille des cithares Pièces pour Piano (1962), un tournant vie, dramatique autant qu’universelle, (aussi bien thématique que dynamique) dans Echoes From The Other Shore ou vers la maturité dans l’esthétique de des peines amoureuses à la mort. Pas et exige des instrumentistes une tech- le pipa, à cordes pincées, de la famille Crumb (une maîtrise de la nuance, une d’électronique dans ce deuxième cycle, nique et un engagement sans faille. du luth dans Across The Skies), parfois palette d’effets), clôturent cet excellent mais guitare portugaise, accordéon ou L’écriture du Troisième Quatuor est moissonnées au long d’enregistrements disque. (Bernard Vincken) dorma ukrainienne. (Bernard Vincken) encore plus audacieuse et pousse l’ex- dans les milieux naturels (les croasse-

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a beauté des instruments joués par à cent lieux de tout ce que les quatuors haute inspiration (avec ce temps mira- Sélection ClicMag ! Lles membres du Quartetto di Cremo- américains ou germaniques auront fait culeusement suspendu de l’andante) na n’est plus à louer, mais le plus éton- entendre, eux qui jouaient d’abord pour dans la plus naturelle des simplicités. nant reste que leur sonorité d’ensemble éclairer les lignes et angler les polypho- (Gilles-Daniel Percet) si opulente, si hédoniste, se soit pleine- nies. Ici la respiration naturelle de la ment réalisée dans les confrontations, musique prend le dessus, grâce à un les écarts, les abimes des Quatuors de tactus parfait. Quatre archets ? Un seul Beethoven. Pour l’Opus 18, les quatre instrument semble-t-il qui, à compter amis encensent dans les beautés de des « Harpes » proclame où rêve pour leurs archets la plénitude sensuelle ainsi dire d’une seule voix, et soudain d’une écriture où Haydn et Mozart l’expressivité absolutiste du discours jouent encore le rôle de bonnes fées, et des ultimes quatuors résonne avec des Ludwig van Beethoven (1770-1827) c’est merveille d’entendre ces cantabile, accents de symphonies, tout un cos- Intégrale des quatuors à cordes; Quintette ce jeu léger et scintillant, ces harmo- nies dorées qui rappellent évidement mos de sons vous emporte au long d’un à cordes en do majeur, op. 29; Ouverture Johann Sebastian Bach (1685-1750) « Grosse Fugue » en si bémol majeur, le geste des Italiano, qui pourrait s’en Opus 132 conçu comme un voyage op. 133 étonner. Mais dès les Razoumovsky, les sans retour. Il faut en faire l’expérience ! Préludes et Fugues, BWV 534, 536, 541-548 Lawrence Dutton, alto; Quartetto Di Cremona archets creusent le son, le jeu s’amplifie L’éditeur ajoute le Quintette op 29 avec [Cristiano Gualco, violon; Paolo Andreoli, violon; en pleins et en déliés, surtout la moder- l’alto de Lawrence Dutton, version Dean Billmeyer, orgue [Orgue Sauer, 1904, Leipzig; Orgue Sauer, 1909, Bad Salzungen] Simone Gramaglia, alto; Giovanni Scaglione, nité de l’harmonie surprend, transfigu- splendide, mais un conseil, commen- violoncelle] rée en donnée esthétique dans la splen- cez ici par entendre l’ultime quatuor. ROP614546 • 2 CD Rondeau AUD21454 • 8 SACD Audite deur sonore du quatuor. C’est soufflant, (Jean-Charles Hoffelé) ments, klaxons ou bruits d’oiseaux et piano(s) et orchestre, qui ne sont pas ni les trois parties du Concerto italien de cigales dans The Nature’s Dialogue), sans rappeler le caractère à la fois poé- ne sont plagés. Musicalement, apport qu’il intègre avec adresse dans des tique et dynamique illustré par Falla ou précieux car, avec ailleurs la Fantaisie développements souvent inattendus. Rachmaninov dans ce type de forma- chromatique et la sixième Partita, c’est Un disque à découvrir, qui se termine tion. Les deux œuvres vocales de même curieusement tout ce qu’il aura gravé par Lonely Song (pour 42 cordes), aux que le Concerto pour cor ne semblent de Bach. Le prélude BWV 850, pure couleurs sombres, au sein duquel Qin pas bénéficier, à mon sens, de la galopade, fait un peu démo de dextérité utilise à plusieurs reprises le Qiangyin - mais sa fugue, avec un ou deux traits même inspiration. Au total, l’ensemble Johann Sebastian Bach (1685-1750) une technique de composition présente manque donc certainement d’un peu parfois un peu précipités eux aussi, a dans la musique chinoise, qui dévie la de souffle. De prochaines publications bien cette espèce de démarche façon Préludes et fugues, BWV 533, 543, 547; Allein Got in der Höhe sei Ehr, BWV 663, hauteur, le timbre… - pour renforcer regardant la musique de chambre ou paon ravélien des Histoires naturelles. 677,715-17, 771; Der Tag ist so freuden- la tension dramatique de ce morceau l’œuvre pianistique sont annoncées : D’un bout à l’autre, BWV 857, beaucoup reich, BWV 607; In dir ist Freude, BWV dédié aux événements malheureux de souhaitons qu’au-delà de l’inventaire plus méditatif et comme rêvé, entretient 617; Trio pastoral in dulci jubilo, BWV 751; l’histoire humaine. (Bernard Vincken) après décès, il s’agisse, grâce à des ce parfait dialogue que permet un équi- Wenn wir in höchsten Noten sein, BWV interprétations inspirées, davantage libre idéal entre les deux mains. Encore 643; Wer nur der lieben Got lässt walten, de résurrection que d’exhumation. plus lointain et dépouillé, moins étiré BWV 642 (Alain Monnier) qu’éthéré, BWV 869 bascule enfin de Valter Savant Levet, orgue [Orgue Ponziano Bevi- l’autre côté du miroir. Quant au Concer- lacqua de l’église Saint Martin de Mezzenile] to italien, la messe en est dite : la plus ELEORG023 • 1 CD Elegia

glissent ou caressent, surtout de simple Sélection ClicMag ! intelligence musicale, sans oublier ce matin la couleur du ciel par-dessus les toits si bleus si calme, ils ne sauront (1896-1954) José Arriola jamais combien référentiellement ter- Concertino pour piano et orchestre; minent nos chers jeunes suisses, bien Divertimento concertant pour 2 pianos et loin des autres, le cycle du triolisme de (1685-1750) orchestre; 6 Poésies de Antonio Machado; Johann Sebastian Bach chambre beethovénien. Cela commence Aqui lloro Don Quijote; Mal me guardareis; Le Clavier bien témpéré, livre I [Préludes Marinero soy de amor; Concerto pour cor divinement avec ces faussement négli- et Fugues n° 5, 13 et 24]; Concerto italien et orchestre geables (mon œil, Beethoven tiendra à en fa majeur, BWV 971 Carmen Duran, soprano; Ainhoa Zubillaga, alto; les reprendre plus tard !) variations sur Youri Egorov, piano Javier Franco, baryton; Francisco Santiago, ténor; (1770-1827) « Ich bin der Schneider (je suis le tail- David Fernandez Alonso, cor; Joaquin Soriano, ADW4001 • 1 CD Pavane Ludwig van Beethoven leur) Kakadu », air d’opéra d’un certain piano; Victor & Luis del Valle, piano duo; Real ien qu’en numérique, réédition bien- Variations en sol majeur sur « Ich bin Wenzel, dont l’introduction si belle dans der Schneider Kakadu », op. 121a; Trio Filharmonia de Galicia; Maximino Zumalave Rvenue d’un court enregistrement (37 un sombre si mineur ne s’empare même BRIL95797 • 2 CD Brilliant Classics pour piano en mi bémol majeur, WoO 38; minutes, ce fut d’abord un LP de chez Allegretto en si bémol majeur, WoO 39; pas encore du thème des dix variations es institutions galiciennes s’efforcent EMI) façon carte de visite, l’année donc Concerto en do majeur, op. 56 « Triple qui suivent (elles ont parfois un petit Lde façon assez compréhensible où notre si regretté Egorov participa au Concerto » côté déploration mozartienne, ou bien d’exhumer l’œuvre du « Mozart bri- concours Reine Elisabeth de Belgique Swiss Piano Trio [Engela Golubeva, violon; Sasha titillent une idée de valse à la Diabelli). gantino », enfant prodige dont les dont, là encore, le public l’apprécia da- Neustroev, violoncelle; Martin Lucas Staub, piano]; Moins personnel est encore, en pre- jeunes années sont encore nimbées vantage que ne le fit le jury. Car on nous Zurich Chamber Orchestra; Willi Zimmermann miers pas du jeune Ludwig pour cette de légende, dont le destin familial est en donne pour la première fois la date : AUD97696 • 1 CD Audite formation de chambre, issu du septuor marqué de divers drames et dont les 1975, et c’est l’année suivante que ce u’importe l’interprète dans ton clas- op. 20 et sans mouvement lent, le trio compositions disparurent pour l’essen- jeune russe demanda l’asile politique Qsique, ils jouent forcément pareil les Wo0 38, de publication posthume, mal- tiel dans le bombardement de Berlin à aux Pays-Bas, après avoir hésité avec mêmes notes ! Le décisif sort parfois à gré la grâce enjouée de son scherzo la fin de la 2nde Guerre mondiale. Si les Etats-Unis où il fit ses débuts trois contrario d’un post-moderne surgavé qui est un miracle éthéré de microbat- cette livraison d’enregistrements inédits ans plus tard. Avec aussi un copyright binaire qu’aliène l’industriel boumboum tements d’ailes de phalènes. Entente de la musique associée à sa dernière de 1993 manifestement faux puisque, compressé aimepétroisé strimingué, parfaite enfin pour le triple concerto, période nous propose des composi- retrouvé dans notre discothèque de qui désormais gouverne (on a pris le dialogue attentif et parfaite fusion avec tions d’un intérêt devenu évidemment Babel et devenu diablement collector, le maquis). Affaire de tact, de muscle, de un orchestre lui aussi de chambre, anecdotique, compte tenu du contexte premier CD (sous label Astoria), nous neurone, de rendu, de pulsation, de mo- tendance conduite non accompa- de la production musicale européenne l’avions acheté... dès juin 1988. Et cette delé, de projection, d’équilibre du son gnée (sans l’extériorité d’un chef), de l’époque, on pourra notamment fois-ci non plus, alors que c’eût été (rare, avec ce trop puissant piano...), mais pareillement si juste et précis. apprécier les pièces concertantes pour facile, ni les ensembles prélude + fugue, d’homogénéité des timbres qui frottent, (Gilles-Daniel Percet)

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Le baryton Matt Sullivan vibre un peu opus de Brahms dans une dimension systématiquement (« Herre lehre doch impressionniste, quasi debussyste dans mich »). En revanche la soprano Nata- les opus 118 et 119, qui surprend en sha Schnur affiche une belle assurance bien. Après tout, Brahms est l’inventeur dans le « Ihr habt nun Traurigkeit ». du piano moderne, ses ultimes cahiers Un disque tout à fait recommandable n’ont plus rien à faire avec le post-ro- ne serait-ce que pour l’admirable tra- mantisme, tout un nouveau langage vail choral réalisé par sir David Hill. s’empare du clavier et c’est précisément (Jérôme Angouillant) cela que Charles Owen fait entendre sur Leonard Bernstein (1918-1990) Johannes Brahms (1833-1897) son splendide Steinway dans l’acous- Anniversaries; Touches; Sonate; Leonardo’s Un Requiem Allemand, op. 45 (version tique parfaite du Menuhin Hall de Cob- Vision; Sonate pour clarinette et piano; pour ensemble de chambre) ham. Osera-t-il chercher demain chez le Trio pour piano; 3 Meditations; Mippy Natasha Schnur, soprano; Matt Sullivan, baryton; jeune Brahms, celui des Sonates et des I-II; Rondo for Lifey; Dance Suite; Bima Yale Schola Cantorum; David Hill, direction Ballades, les premières traces de cette Fanfare; Octatonic Scale Variations; Bridal CDA68242 • 1 CD Hyperion tentation progressiste que Schoenberg Suite; Musique pour 2 pianos; 4 Sabras soulignait à loisir ? Les deux Rapso- armi les nombreuses versions du Chad Hoopes, violon; Lisa Schumann, violon; Fer- dies op. 79 où l’écho de cette époque nando Nina, violoncelle; Maria Kliegel, violoncelle; Requiem Allemand, il y a les roman- P ressurgit laissent penser que oui. Andy Miles, clarinette; Peter Mönkediek, trompette; tiques (Karajan, Davis) et les modernes (Jean-Charles Hoffelé) Peter Roth, trompette; Maurice Steger, flûte à bec; (Gardiner, Herreweghe). Cette dernière Paul van Zelm, cor; Jeffrey Kant, trombone; Hans version signée du vénérable David Hill, Johannes Brahms (1833-1897) Nickel, tuba; Wayne Marshall, piano; Benyamin Nuss, piano; Jennifer Micallef, piano chef du Yale Schola Cantorum se dis- 8 Klavierstücke, op. 76; 2 Rhapsodies, op. tingue surtout par un orchestre réduit 79; 7 Fantaisie, op. 116; 3 Intermezzi, op. AVI8553411 • 3 CD AVI Music à huit instruments. Ici la masse chorale 117; 6 Klavierstücke, op. 118; 4 Klaviers- e versant intime de « Lenny » Berns- et les voix solistes sont prépondérants tücke, op. 119 Ltein l’homme public par excellence, ce et l’orchestre, évidemment en retrait, Charles Owen, piano serait peut-être sa musique de chambre joue un rôle discret mais essentiel. La AVIE2397 • 2 CD AVIE Records et ses œuvres pour piano compilées ici réduction orchestrale est l’œuvre de harles Owen en ses premiers dans ce coffret de trois disques. Elles Ian Farrington qui dit s’être inspiré de Cdisques avait avoué un tropisme constituent souvent un laboratoire de la transcription du compositeur pour Fauréen qui nous a valu des Nocturnes recherche où le matériau musical prend (1853-1929) deux pianos. Ici cuivre et vents accom- et des Barcarolles aux harmonies Wladyslaw Brankiewicz forme de façon progressive. Les cycles pagnent et exaltent les voix solistes tan- amples, joués à plein piano ; à rebours Intégrale de l’œuvre pour orgue d’ « Anniversaries », brefs portraits dis que les cordes assurent les liaisons de la chronologie de sa discographie Natalia Skipor, mezzo-soprano; Stanislaw musicaux de proches du compositeur, et le fil de la partition. Le « Selig sind » je découvrais un album Poulenc où Diwiszek, orgue célèbres ou non. Vingt-neuf esquisses d’ouverture est symptomatique de brillaient les meilleures « Soirées de AP0426 • 1 CD Acte Préalable composées à partir de 1940, la dernière l’ensemble. Face à un si grand potentiel Nazelle » de la discographie, puis un n sait bien peu de choses sur Wla- étant datée de 1988, soit deux ans avant choral et à un accompagnement aussi disque Janacek d’une troublante poé- dyslaw Brankiewicz sinon que, fils sa mort, quelques-unes en hommage O pingre, on croirait entendre une version sie, son « Sentier herbeux » se haus- de bonne famille, il eut une solide édu- aux femmes qui ont comptés dans sa « a cappella ». Le timbre chaud du Yale sant au degré de suggestion qu’y mirent cation musicale. Il passa l’essentiel de vie, d’autres à des personnalités, écri- Schola Cantorum nous enveloppe litté- Josef Palenicek et Rudolf Firkusny. L’art sa carrière de musicien devant le clavier vain (Paul Bowles), compositeurs (Leo ralement. Quelques traits de violoncelle évocateur apporté aux vignettes de de l’orgue de la cathédrale de Lublin où Smit, Aaron Copland) ou interprètes vibrés, des échos de cuivres et de vents Janacek qui constituent un vrai cycle- il exerça comme titulaire. Pendant ce (William Kapell). Pièces fragmentaires et le chœur s’étale de nouveau et nous promenade, la profondeur de son piano temps, il composa près de deux cents rappelant parfois Schoenberg, Stra- inonde. Magique, comme une fleur aux couleurs si appariées m’avaient œuvres à caractère religieux, la plupart vinski et Hindemith, concentré des ouvrant ses pétales et exhibant son justement fait penser qu’il serait chez étant pour chœur puisque son corpus multiples styles du génial créateur. Bien cœur. Nous sommes ravis et contentés. lui dans les ultimes opus de Brahms. pour orgue tient sur ce seul CD, publié des pages de jeunesse de Lenny doivent N’empêche, l’oreille par habitude a du Le disque vérifie aujourd’hui mon intui- sous l’égide du label polonais l’Acte Pré- énormément à son mentor adoré Aaron mal à combler le fossé entre orchestre tion : chant large mais sculpté, harmo- alable. Si on retrouve l’ordinaire de la Copland. La Sonate pour piano (1938) et chœur. Le « Denn alles Fleisch » nies fuligineuses, lignes polyphoniques liturgie, une messe, quelques marches, et les huit variations de Touches (1981) somnole trop peu soutenu par un pia- surprenantes et ce toucher admirable préludes, une fugue, les fantaisies, notamment. Idem pour le cycle des no poussif puis reprend de la vigueur qui jamais n’alourdit l’écriture mais méditation, andante cantabile et autres Sabras (1950) évoquant pudiquement grâce aux pupitres de sopranos, rythmé l’éclaire par un savant jeu de pédale, lui rondos ne s’écartent en rien d’un lan- sa judéité. Bernstein passe d’un genre par les pizzicati des cordes. Lumineux donne de l’air. La qualité de son jeu, qui gage profondément monochrome. La à un autre et on reconnaît çà et là des « Wie liebliech » à la manière du vitrail. abolit les marteaux, projette les ultimes musique de Brankiewicz est avant tout bribes, ébauches ou reprises, d’œuvres orchestrales (Mass, Candide, On the Town). Les sonates pour violon et cla- Müller dont j’avais tant aimé le premier la main à un opus 76 envoutant à force rinette (1940 1942) d’une veine plus Sélection ClicMag ! opus lui consacre son second album de poésie, aux horizons fuligineux : lyrique et narrative, exploitent le poten- solo. Programme de crépuscule : les écoutez seulement la tempête nocturne tiel orchestral des instruments et leur quatre Ballades jouées sombre, intense, qui ouvre le premier Capriccio puis le contrepoint montre l’influence d’un dramatique, l’automne ténébreux des chant éolien qui suit. La profusion de autre compositeur pédagogue Walter Klavierstücke op. 76, les Intermezzi l’harmonie s’épanouit dans un Steinway Piston. Unique en son genre, le Trio op. 117 et pour ceux qui iront tout au magnifique, clavier chantant, médium (1937) sonne assez « mittle-europa » bout de ce disque nocturne, « Guten pourpre, un automne de piano où vien- avec sa gravité, ses couleurs folklo- Abend, gute Nacht », ultimes pianissi- dront se suspendre les méditations des riques ses pizzicati des cordes et sa mos qu’aucune plage ne vous indique. Intermezzi, murmurés. Fabian Müller y fugue inopinée. En revanche les œuvres Les affinités électives du jeune pianiste fait passer le souvenir de Schumann, pour ensemble à vent (Dances 1990) et allemand avec l’univers de Brahms ne qui parait dans le second. C’est d’un pia- pour piano à quatre mains (Bridal suite Johannes Brahms (1833-1897) sont plus un secret depuis qu’il aura niste poète qui confirme ici son art dans 1960) témoignent du goût du composi- donné un magistral op. 118 voici deux 4 Ballades, op. 10; 8 Pièces pour piano, un répertoire particulièrement périlleux. teur pour l’improvisation, le jazz et les op. 76; 3 Intermezzi, op. 117 ans au Klavier Festival-Ruhr. Ses Bal- Il peut regarder les plus grands dans pièces brèves et « light » telles que ces Fabian Müller, piano lades épiques et amères sont-elles d’un Élégies (1948), pochades dédiées à sa jeune-homme ? La concentration du les yeux, il est chez lui chez Brahms, 0301155BC • 1 CD Berlin Classics chienne Mippy pour piano cor et tuba. toucher, le creusement des phrasés, sculptant le temps, phrasant les secrets Musique libre et décomplexée et incita- e piano de Brahms, cette symphonie quelque chose de désolé rappellent la d’un univers qui ne s’offre pas si faci- tion au plaisir et au partage. « Music is Lde confidences et d’épopées, a de la rumeur que Claudio Arrau y distillait, lement, aidé par une prise de son élé- what comes closest to love » tel était le chance au disque ces derniers temps : et ce jusque dans l’embelli fugitive de gante qui relève encore la profondeur mot d’ordre du musicien et ici celui de hier Gabriel Carcano enflammait la l’éclaircie qui vient dorer l’aigu du cla- de son propos. Album immanquable. ses interprètes. (Jérôme Angouillant) Troisième Sonate, aujourd’hui Fabian vier dans la Quatrième. Elles donnent (Jean-Charles Hoffelé)

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elle-même, l’aspect décontracté, dansé des éléments aussi divers que Marlène de Mark Viner au jeu perlé, délicat, vir- Sélection ClicMag ! et tout à fait inattendu de la part de Dietrich ou les paysages de Californie tuose sans trop en faire. On oublie la Chostakovitch qui apparaît ici pose de l’op.165 ! Enfin, les trois pièces pour proximité géographique et stylistique sans doute davantage de questions sur violon et piano, où le modernisme d’ des Debussy, Ravel (et ceux cités plus ce qu’il convient d’en faire : une paro- « Exotica » et l’hommage à Heifetz et haut) pour s’inviter dans ce salon bour- die ? la critique d’un système occidental Spivakovsky ne tombent jamais dans geois si bien tenu. Chaminade connaît honni pour la « suite » ? Ou du réalisme la gratuité imitative. Angelo Arciglione ses classiques (plutôt Liszt, Schumann, soviétique, encensoir musico-sportif joue un splendide Fazioli, Rolls-Royce Mendelssohn) et se les approprie avec d’un système politique propagandiste des pianos, qui lui permet d’expri- ce qu’il faut de détachement (Études de l’homme nouveau pour le « bal- mer toute sa sensibilité. L’entente est de concert op. 35, Romances sans let » ? Le fait qu’un orchestre allemand parfaite avec sa partenaire Eleonora paroles op.76). Si l’Arabesque op. 61 à virtuose dirigé par un chef anglais s’y Turtur. Un premier CD qui mérite tous la mélodie surannée a peu à voir avec (1906-1975) Dimitri Chostakovitch colle évitera le risque d’enfoncer le clou les éloges par son audace, la qua- du Debussy, l’influence de Chabrier est Jazz Suite n° 2; Concerto pour piano, populiste à la gloire de. Et revenir sim- lité d’interprétation et de prise de son. prégnante un peu partout. Viner déroule trompette et orchestre à cordes n° 1, op. plement au texte lui-même. La perfor- (Nicolas Mesnier-Nature) avec flegme et élégance le flux volubile 35; The Golden Age, op. 22 mance que nous entendons dans cet de cette musique pudique, évocatrice Antonii Baryshevskyi, piano; Romain Leleu, enregistrement est rare : car si tout le et aux parfums tenaces. Une tendresse trompette; Brandenburgisches Staatsorchester monde s’y est mis dans les années 90 Frankfurt; Howard Griffiths, direction un peu superficielle (op. 76 et 127), pour faire tourner la machine à billets quelques danses, un peu de folklore KL1526 • 1 CD Klanglogo des éditeurs, bien peu ont su conserver (Poème provençal, op. 127), une espa- es milliers de personnes ont connu cette fraîcheur, cet allant, ce rythme fou, gnolade (La Lisonjera op. 50) achèvent DChostakovitch grâce à sa musique cette couleur par moment mahlérienne de nous séduire. (Jérôme Angouillant) utilisée dans une pub télé. Si la « Valse (l’entrée du cor dans la reprise du n°2 » est l’arbre qui cache la forêt, la thème de la fameuse valse), sans jamais suite à laquelle elle appartient, de même vulgariser la simplicité ou les effets. Ce que les extraits de « l’Âge d’or », n’en système fonctionne également avec le (1857-1944) demeurent pas moins des pierres « Concerto n°1 » : des demi-teintes, Cécile Chaminade d’achoppement interprétatives. Car si des échanges, de l’air entre les pupitres Pierrette, air de ballet, op. 41; 6 Etudes la direction à donner dans une grande et une couleur encore magnifique éloi- de concert, op. 35; Les Sylvains, op. 60; symphonie ou un quatuor est l’on gnée de l’esbroufe virtuosement creuse. Arabesque, op. 61; Poème provençal, op. 127; La lisonjera, op. 50; 6 Romances sans pourrait dire inscrite dans la musique A thésauriser. (Nicolas Mesnier-Nature) paroles, op. 76; Thème varié, op. 89 Mark Viner, piano fonctionnelle et son intérêt reste limité. violon et piano PCL10164 • 1 CD Piano Classics Frédéric Chopin (1810-1849) Le contrepoint et un certain roman- Angelo Arciglione, piano; Eleonora Turtur, violon ssue d’une famille bourgeoise, Cécile Polonaise-Fantaisie en la bémol majeur, tisme évoquent le modèle germanique DCTT83 • 1 CD Digressione IChaminade bénéficia dès sa forma- op. 61; Berceuse, op. 57; Mazurka, op. 17 mais son penchant modal peut aussi n° 4; Mazurka, op. 68 n° 2; Scherzo, op. e compositeur italo-américain tion musicale auprès de Benjamin rappeler l’orgue français. En prime deux 39; 24 Préludes, op. 28 Castelnuovo-Tedesco est une des Godard, du soutien de compositeurs L Evgeny Moguilevsky, piano miniatures d’un autre organiste natif grandes figures musicales du ving- tels que Saint-Saëns et Chabrier. Après de Lublin, Wladyslaw qui fut déporté à tième siècle. Malheureusement, hormis quelques essais de composition plus ou ADW4003 • 1 CD Pavane Auschwitz. (Jérôme Angouillant) quelques pièces pour guitare, on ne le moins fructueux dans différents genres oguilevsky, qui partagea l’estrade connaît que trop peu. Une des raisons à (musique de chambre, un ballet, un Mde la Roque d’Anthéron avec Bri- cela est la frilosité éditoriale concernant concerto...) elle se tourne assez vite gitte Engerer et Vardan Mamikonian les enregistrements. Voilà une goutte vers le piano et compose ainsi près de en 1994 pour une « nuit Chopin », a d’eau dans la mer pour ces pièces pour deux cents opus pour l’instrument ainsi été longtemps un de ces pianistes à piano solo et en duo avec violon. Et qu’une centaine de mélodies qui re- éclipses dont l’URSS avait le secret. Sa encore une fois, même les premières lèvent spécifiquement de la musique de victoire au Concours Reine Elisabeth en pièces de la toute jeunesse du début salon. C’est une petite poignée de ces 1964 le surprit lui-même (comme en du programme sont intéressantes. Les pages pour piano que l’on (re)découvre témoigne le commentaire d’une archive quatre portraits de stars hollywoo- à l’écoute de ce disque signé du pianiste vidéo de la RTBF) et un coffret antho- diennes de l’op.104, ainsi que la fin du anglais Mark Viner et qui vient complé- logique du concours l’y montre hésiter, M. Castelnuovo-Tedesco (1895-1968) disque, ont été écrites alors que l’auteur ter les enregistrements de Peter Jacobs s’arrêter et repartir au beau milieu du Vogelweide, pour voix et guitare / E. Des- avait trouvé refuge aux États-Unis. Leur (Hypérion) de Johan Blanchard (MDG) premier mouvement de son troisième deri : Sonate en mi majeur pour guitare; peinture nous montre l’art extrêmement et de Johanna Polke (Steinway&Sons). concerto de Rachmaninov. Il disparut et Duo Cacce Quattrocentesche, pour voix et souple de Castenuovo qui, tout en gar- Musique de salon certes mais qui dé- reparut ensuite plusieurs fois. Contrai- guitare; Trittico, pour guitare dant son caractère, parvient à évoquer gage un charme certain sous les doigts rement à ce qu’affirme la notice son Leonardo De Lisi, ténor; Luca Trabucchi, guitare STR37110 • 1 CD Stradivarius ruch a vingt-cinq ans à peine premier ordre à une réalisation orches- Sélection ClicMag ! Blorsqu’est créé son Die Loreley, trale somptueuse sous la baguette ins- grand opéra romantique en quatre pirée de Stefan Blunier, un chef déjà actes sur un livret qu’Emmanuel Geibel remarqué pour quelques belles gra- destinait initialement à Mendelssohn. vures de Bruckner et Franz Schmidt. Vaste partition très représentative du Découverte majeure à l’évidence, romantisme germanique où passent bénéficiant de plus d’une présenta- les ombres de Meyerbeer et Weber, tion particulièrement soignée puisque mais aussi celles de Schumann et Men- le livret en allemand et sa traduction delssohn en particulier dans le finale anglaise sont joints. Bruch s’est plaint où la description du Rhin évoque irré- (1895-1968) toute sa vie d’être considéré comme le M. Castelnuovo-Tedesco sistiblement tant la 3° symphonie du compositeur d’une seule œuvre, son « Ninna-Nanna », berceuse pour piano Max Bruch (1838-1920) premier que les flots qui baignent les seul; « Calma « , pour piano seul; « Scam- Hébrides du second. Même s’il manque célèbre premier concerto pour violon La Lorelei, op. 16, opéra en 4 actes panio », pour piano seul - »Terrazze », à cette partition le génie d’un Wagner, et orchestre, c’est heureux que justice pour piano seul; « Stars », op. 104; « El Michaela Kaune, soprano; Magdalena Hinterdobler, l’ouvrage n’en est pas moins l’un des lui soit enfin rendue. Nous connaissons Encanto », op. 165, pour piano seul; soprano; Thomas Mohr, ténor; Jan-Hendrik chefs d’œuvre de Bruch ; ce n’est pas désormais ses autres œuvres concer- « Exotica, A Rhapsody of the South Seas », Rootering, basse; Chœur Philharmonique de un hasard si Mahler puis Pfitzner ont tantes pour le violon, ses symphonies, pour violon et piano; Serenatella on the Prague; Orchestre de la radio de ; Stefan name of Jascha Heifetz, op. 170 n° 2, pour tenu à le diriger. A l’invitation de CPO, ses principaux oratorios, voici enfin Blunier, direction violon et piano; Humoresque on the name cette magnifique exécution de concert un bel éclairage sur son œuvre lyrique. of Tossy Spivakovsky, op. 170 n° 8, pour CPO777005 • 3 CD CPO en 2014 associe une distribution de (Richard Wander)

6  ClicMag janvier 2098  www.clicmusique.com Alphabétique passage au Carnegie Hall fin 1992 ne qué du compositeur. Elle est basée sur au compositeur pour composer une fut pas acclamé par le New York Times, Sélection ClicMag ! les six premières notes d’une mélodie messe, le contrepoint est loin d’être éla- qui pointa au contraire ses excès inadé- psalmodiée (« Gaudéamus omnes ») boré, les notes sont souvent répétées, quats de vitesse et de puissance. Mais qui va ensuite subir de multiples trans- inversées, mais Josquin respecte un l’effet électrique sur les publics était positions mathématiques, de véritables schéma strict et s’interdit toute dérive indéniable. On entend tout cela dans ses « feux d’artifice » (Willem Elders) une mathématique. C’est une œuvre de Chopin de 1991 : capable de nuances et polyphonie pyrotechnique. Schéma jeunesse et il s’agit ici plutôt d’un jeu de couleurs somptueuses, il est aussi classique en imitation mais les lignes autour du personnage de Baudichon vocales se chevauchant et se répon- coupable de galopades échevelées an- (jeune homme vigoureux et fanfaron) dant à des hauteurs diverses, la mélo- crées sur une main gauche brutale… ce auquel il semble s’identifier. Peter Phil- Chopin très timbré mais un peu dépour- die d’origine citée soixante et une fois lips s’est lui aussi amusé à scruter les vu de vision regarde indiscutablement au total n’est plus perceptible à l’audi- partitions pour en faire ressortir deux vers l’Est, l’école russe et Rachmaninov. Josquin des Prés (1440-1521) teur moyen. Pourtant Josquin parvient univers totalement différents : l’un Palmarès discographique inchangé, à maintenir une cohésion parfaite de Missa Gaudeamus; Missa L’ami Baudichon façonné intensément, l’autre joyeux et mais voilà une vraie curiosité et à tout The Tallis Scholars; Peter Phillips, direction la structure de l’ensemble. La Missa petit prix une belle occasion de décou- l’Ami Baudichon est une des premières décontracté. « Je dirais que le génie à CDGIM050 • 1 CD Gimell vrir un pianiste rare ou de se rafraîchir messes de Josquin et repose sur une cette échelle ne connaît pas de règles » la mémoire. (Olivier Eterradossi) eter Phillips ose un savoureux cou- chanson populaire dont l’argument à conclut-il benoîtement. Les Tallis Scho- Pplage en associant deux messes connotation sexuelle est assez grave- lars sont une fois de plus impression- absolument opposées. La Missa Gau- leux. Elle fut d’ailleurs (?) composée en nants de tenue vocale et d’engagement. déamus est l’apogée de l’art sophisti- France vers 1475. Trois notes suffisent (Jérôme Angouillant)

Antje Weithaas, violon; Christian Tetzlaff, violon; Vicki Powell, alto; Maximilian Hornung, violon- celle; Kiveli Dörken, piano; Martin Helmchen, piano AVI8553404 • 1 CD AVI Music Carl Czerny (1791-1857) e quatrième et dernier étant le cé- Grande Sonate pour violon et piano-forte Llèbre Dumky, c’est le second trio en la majeur; Sonate Concertante en mi d’un Dvorak qui, en 1876, mijote encore bémol majeur pour violon et piano Claude Debussy (1862-1918) Gaetano Donizetti (1797-1848) en obscur compositeur provincial, mais Kolja Lessing, violon; Rainer Maria Klaas, piano; Nuits d’été à Pausilippe, mélodies choisies cette œuvre lui valut l’appui décisif de Anton Kuerti, piano Nuit d’étoiles; Triolet à Phyllis; Pierrot; Clair de lune; Apparition; Le jet d’eau; Letizia Calandra, soprano; Fausto Tenzi, ténor; Brahms. Elle fut écrite implicitement CPO777822 • 1 CD CPO Mandoline; Fêtes Galantes I; Fleur des Ilario Nicotra, piano après la mort de Josefa, sa fille aînée raîchement imbibé des dernières blés; Le son du cor s’afflige vers les bois; BRIL95672 • 1 CD Brilliant Classics et nouveau-née, mais on ne peut qu’y sonates de Beethoven, Carl Czerny F Romance ; Proses lyriques; L’échelonne- oilà que l’on nous propose fort écrit à l’âge de seize ans cette Grande penser puisqu’elle est en sol mineur, ment des haies; Chansons de Bilitis [La opportunément de prolonger la Sonate pour pianoforte et violon (1807). flûte de Pan; la Chevelure; Le Tombeau V justement la tonalité du trio de Smetana période estivale avec ces Nuits d’été à Elle débute en Do majeur et se com- des Naïade]; Les Nuits blanches; Ariettes qui, lui, très explicitement l’inscrivit Pausilippe. Certes il y a du soleil dans pose de trois amples mouvements qui oubliées; Colloque sentimental; Je ces ariettes et nocturnes, complétées auparavant dans le deuil de sa propre dépassent largement les dix minutes. tremble en voyant ton visage; 3 Poèmes de d’autres mélodies, qu’inspirèrent au fille. Moins fréquenté que les autres, ce Un thème, une idée, une ébauche de Stéphane Mallarmé; Noël des enfants qui compositeur de Don Pasquale et de Lu- trio de Dvorak est plein de couleur et de dialogue entre violon et piano et l’œuvre n’ont plus de maisons crezia Borgia tant la chanson populaire lyrisme, se fait parfois dansant, titille le se prolonge ad infinitum dans des Lorna Windsor, soprano; Antonio Ballista, piano napolitaine que les poésies amoureuses développements labyrinthiques. Carl folklore slave. Après l’ambitieuse forme BRIL95741 • 2 CD Brilliant Classics d’auteurs principalement italiens. Hélas, Czerny multiplie à volonté les options sonate du début, le second mouvement yant témoigné de l’intérêt non-feint le résultat s’avère plutôt décevant. Les thématiques et structurelles de la forme finit par dissoudre le pathos de sa lente romances s’enchainent sans être soute- sonate sans pour autant renouveler les Aéprouvé à l’écoute de « Vox Sola » nues par la profondeur ou les nuances berceuse dans le majeur, le troisième enjeux du duo instrumental. Cela dit, (BRIL95791), je ne cacherai pas ce qui les rendraient plus agréables. La galope et halète presque bizarrement, la partie de piano, à la fois soutien et qu’a été ma déception en découvrant prise de son, dans les aigus, semble tandis que dans le quatrième triomphent acteur, est impressionnante. Si les idées ce double cd Debussy. Bien sûr la dic- parfois porter la voix de la soprano foisonnent, l’inspiration se tarit parfois tion pourrait représenter le défaut réd- enfin gaieté et jovialité, bien loin du L. Calandra vers la saturation. Mais le (Andante graciozo) et le discours per- hibitoire à l’égard de ces miniatures mineur initial. Quant au quatuor avec moins convaincant reste à mon avis la dure bon an mal an. Par opposition la françaises chantées par une interprète piano fièrement érigé en premier opus prestation du ténor F. Tenzi qui n’arrive Sonate Concertante (1848) montre le britannique mais ce n’est pas là le grief par Suk, son professeur Dvorak en fut compositeur dans sa maturité, non pas toujours à concilier puissance, hau- majeur. La voix de la soprano n’est teur et tenue. Est-ce pour cet ensemble impressionné au point de le faire jouer plus assujetti au modèle beethovénien pas assez souple pour beaucoup de pour une remise scolaire des diplômes, mais désireux de synthétiser dans de raisons que l’enregistrement est res- ces mélodies dès qu’elles recouvrent prélude à une longue amitié où le plus un langage original le style classique té plus de dix ans avant d’être publié par un ambitus important et s’appuient et une veine romantique qui évoque Brilliant ? Ce répertoire profiterait cer- jeune devint le gendre de l’aîné. Cette Mendelssohn et Brahms. Œuvres mar- sur un rythme un peu plus allant. La tainement davantage d’être interprété à œuvre fut beaucoup donnée par le fa- ginales, les deux sonates attendirent difficulté à contrôler simultanément, la fois avec plus de naturel et plus de meux Quatuor Bohémien dont Suk était poésie. (Alain Monnier) près de deux siècles pour être dévoi- surtout dans les aigus rapides ou les le second violon. L’énergique premier lées puis enregistrées. Le violoniste finales, le timbre, le volume et l’articu- mouvement prend un envol dramatique, Kolja Lessing affronte ces deux colos- lation donne finalement lieu à de réels le second adopte un thème lyrique sales partitions avec endurance même déséquilibres. Les nuances propres à la charmant, de même que le troisième si de temps à autre le souffle retombe musique debussyste comme aux textes après un premier épisode passionné. et s’exténue. La faute à une substance des poètes qui en sont ici à l’origine et Et Dvorak comme Suk, ces musiques musicale qui semble se nourrir d’elle- qu’il s’agit de restituer et d’illustrer sont même (Grande Sonate). Son partenaire donc souvent négligées. On ne pourra sont ici idéalement rendues par deux Rainer Maria Klaas a le nez collé sur que regretter certaines stridences qui formations distinctes que transcende la partition. Le second pianiste Anton l’ambiance publique... hydroélectrique Kuerti s’en sort mieux dans la Sonate l’emportent sur la rondeur, la cha- (des pompes pour la circonstance ? on Concertante au format plus resserré. leur, l’intimité attendues. Ce, malgré Antonín Dvorák (1841-1904) le jeu inspiré et complice du pianiste est dans une ancienne usine !) du tou- Le jeu du violoniste devient soudain Trio pour piano en sol mineur, op. 26 / détaché, plus élégant voire lumineux. Antonio Ballista sur un Pleyel de 1923. Josef Suk : Quatuor pour piano, violon alto jours merveilleux Spannungen Festival. (Jérôme Angouillant) (Alain Monnier) et violoncelle en la mineur, op. 1 (Gilles-Daniel Percet)

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Robert King, direction possible dont la très célèbre « Armida Sélection ClicMag ! VIVAT117 • 1 CD Vivat Music abbandonata » qui ouvre le récital. our passer du statut de simple orga- On est frappé d’emblée par la grande Pniste dans une ville provinciale alle- dynamique et l’énergie de ces inter- mande à celui de compositeur d’opéra prétations. Carolyn Sampson y brille financé par le Roi dans la capitale aussi bien dans les courts récitatifs que financière européenne d’alors, il fallait dans la vertigineuse série d’aria da capo qu’Haendel s’installe durablement en destinés à mettre en valeur virtuosité et précision. Sous la conduite éclairée de (1923-2010) Italie pour y apprendre la langue et se Mario Gangi familiariser avec l’art des mélodies et Robert King, tout est parfaitement en Jennifer; Blues; Fiaba; Prélude à Eve; Con du chant. D’où le long séjour (1706-10) place dans un délicat souci d’équilibre Tanta Tenerezza; Sonatine in Stile Antico; principalement à Rome où il se fit rapi- constant entre la soliste et l’orchestre (1685-1759) Berceuse pour Sara; Ricordo; Incantevole; Georg Friedrich Haendel dement connaître et financer. Au cours de chambre. Un ensemble léger et Ninna Nanna a Pabu; Canzone Breve; Sara; virtuose qui accompagne et souligne Raccontino; Gavottina; Marianne; Piccola Armida abbandonata, HWV 105; Tra le de cette période, il composa la plupart Ballata; Melodietta; La Pianola; Crepus- fiamme, HWV 170; Figlio d’alte speranze, de ses cantates dont les quatre enregis- parfaitement la splendide prestation colo; Panoramica HWV 113; Agrippina condotta a morire, trées ici. Quatre opus à caractère pro- de la cantatrice. Résultat : un très beau Alessandro Minci, guitare HWV 110 fane ayant pour thème central la femme disque complété d’un magnifique livret. BRIL95724 • 1 CD Brilliant Classics Carolyn Sampson, soprano; The King’s Consort; abandonnée, victime d’un amour im- (Thierry Jacques Collet) ario Gangi fut un guitariste soliste Mde renommée internationale. dant sur la durée très courte du disque orthern Flowers aime à faire redé- considérablement son salaire. Bach et Créateur de nombreux concertos, il fut puisque de 35 minutes seulement ! Ncouvrir tout un pan de répertoire Telemann le firent ensuite oublier. Son également un professeur respecté au (Thierry Jacques Collet) méconnu de la musique russe. Gavrilin œuvre, encore largement inédite, com- Conservatoire Sainte-Cécile de Rome en fait partie. « Les lettres de guerre », mence à être redécouverte aujourd’hui. où il fut lui-même formé, ainsi qu’un « La Terre » sont des cycles vocaux avec Parmi les 5 cantates de cet album, compositeur de pièces pour étudiants. solistes chœur et orchestre datant des composées entre 1709 et 1720, 3 sont C’est précisément un florilège de années 70. Le style mélange théâtralité, conçues pour soprano et basse, 2 pour quelques-unes de ces compositions qui récits et propagande politique. Le « di- soprano seul. Force est de constater sont rassemblées ici. Dans ces pages vertissement théâtral » appartient à la que si l’ensemble instrumental, où qui font généralement largement moins veine symphonique satyrique typique- vents et cuivres - instruments de pré- de deux minutes, nous découvrons ment russe, telle qu’on peut l’entendre dilection de Graupner - ont la part belle une musique fort bien écrite (bien que chez Chostakovitch ou bien Schnittke. est remarquable, les deux voix solistes sans génie), très agréable à écouter, Si l’on perd évidemment du sens dû à laissent, quant à elles, à désirer : elles de facture certes classique mais bras- Valerii Gavrilin (1939-) l’absence de texte pour les deux pre- ne sont pas faites l’une pour l’autre et sant large aux sources du jazz, de la mières pièces, elles ont eu beaucoup tirent, esthétiquement parlant, le chant The War Letters, Poème symphonique; tradition populaire ou bien encore des de succès en URSS. Notre préférence dans deux (mauvais) sens opposés. Theatre Divertimento, Suite pour orchestre maîtres du genre. Agencées de manière va pourtant à l’iconoclaste « divertis- La soprano manque de rigueur, sa à éviter toute monotonie et à illustrer la symphonique; The Earth, cycle vocal pour chœur libre, voix seul et ensemble sement théâtral », même si d’autres voix s’avère souvent ingrate, sa dic- variété du compositeur, ces pièces sont instrumental sont allés plus loin dans l’intention. Les tion confuse. La basse pousse le souci superbement interprétées par Alessan- Taisiya Kalinchenko, soprano; Eduard Khil, interprètes des ensembles musicaux de de clarté jusqu’à la caricature : diction dro Minci au jeu élégant, plein d’allant. baryton; Kolya Vinogradov, treble; Kira Izotova, Leningrad captés début des années 80 superlativement expressionniste, qui La prise de son très naturelle donne soprano; Leningrad radio & TV Children’s choir; sont parfaitement à l’aise. Les chœurs dérange, et où le détail est sans cesse l’illusion d’assister à un concert dans Boy’s Choir of the Leningrad Glinka Choir School; d’enfants et solistes sonnent justes. envahissant. (Bertrand Abraham) son salon. Elle contribue à faire pas- Feodor Kozlov, direction; Intrumental Ensemble of Toute une époque interprétative dont on ser un agréable moment de ce que l’on the Leningrad Radio & TV; Symphonic Orchestra of s’est un peu éloigné aujourd’hui, à tort qualifiera d’easy listening music. C’est the Leningrad Radio & TV; Stanslaw Gorkovenko, ou à raison. (Nicolas Mesnier-Nature) sympathique, fluide, idéal pour une direction soirée détente. On s’interrogera cepen- NFPMA99126 • 1 CD Northern Flowers

Elisabeth fut l’élève et l’amie. Cette Sélection ClicMag ! « cantate dramatique » de 1870 appar- tient résolument à la première période de son œuvre et emprunte au maître de Bayreuth son orchestration puis- Joseph Haydn (1732-1809) sante et cuivrée, ses thèmes héroïques, Quatuors à corde, op. 64 n° 1-6 ses chœurs de marin tempêtueux (en Quatuor Haydn de Londres particulier celui où les marins saluent Christoph Graupner (1767-1836) CDA68221 • 2 CD Hyperion la première vision de la terre au loin). Jesus ist und bleibt mein Leben, GWV Et quel résultat ! Une heure et demie 1107/12; Gott ist für uns gestorben, GWV et opus (dont le quatuor l’Alouette) d’une composition inspirée, monu- 1152/16; Siehe, selig ist der Mensch, den Cest un tournant. Après trente ans, mentale, grandiose, emportée par un Gott strafet, GWV 1162/09; Diese Zeit musique quittant la chambre des (1843-1900) Heinrich Herzogenberg souffle d’une envergure exceptionnelle. ist ein Spiel der Eitelkeit, GWV 1165/09; Estherhazy pour le grand succès de Süßes Ende aller Schmerzen, GWV 1166/20 Cantate « Columbus », pour solistes, chœur Le chœur de l’opéra de Graz, très solli- sonores salles londoniennes. Les idées et orchestre cité, y triomphe, et l’orchestre, s’il met Marie Luise Werneburg; Dominik Wörner; Kirchei- nouvelles abondent, chaque mouve- mer BachConsort; Rudolf Lutz, direction Andrè Schuen; Michael Schade; Markus Butter; un peu de temps à se chauffer finit par ment – comme pour le piano, c’est le Chor der Oper Graz; Grazer Philharmoniker; Dirk devenir le partenaire indispensable de CPO555215 • 2 CD CPO premier, souvent de forme sonate, le Kaftan, direction cette réussite. Ajoutons qu’Herzogen- rès prolixe (son catalogue comprend plus intéressant – a son univers. Tout CPO555178 • 2 CD CPO berg pousse le mimétisme wagnérien Tplus de 1400 cantates religieuses et s’y passe vite, sans imitations statiques, uelle découverte somptueuse ! CPO jusqu’à écrire lui-même son propre de 100 symphonies, ainsi que de mul- en rupture de l’ordinaire viennois. Bref, Qs’est attaché, disque après disque, à livret. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard tiples suites, concertos et 8 opéras) c’est génial après ces jalons des opus ressusciter la figure de Heinrich von He- si l’œuvre a suscité l’admiration de Graupner éclipsait, en 1722, Bach, pour 9-20-50, et pour l’intégrale en cours de rzogenberg et son évolution stylistique Siegmund von Hausegger, autre grand l’obtention du poste de cantor à Leip- ces fins interprètes, nous n’aurons pas depuis ses premières partitions dans postromantique autrichien dont CPO a zig. Bach ne dut sa nomination (consi- la dent aussi dure que celles, en plas- l’ombre de Wagner et Liszt, comme exhumé les grandes œuvres sympho- dérée, du coup, comme un « second tique têtu, arrimant follement ces CD sa vaste symphonie Odysseus précé- niques. On l’aura compris, c’est un choix ») qu’au fait que le landgrave à leur étui. Attention les puristes (ah, demment enregistrée jusqu’à sa riche album essentiel qui nous est ici offert, de Hesse-Darmstadt, dont dépendait l’authenticité axiomisée de ce qu’en- musique de chambre composée sous une redécouverte majeure d’un chef Graupner, dissuada celui-ci de main- tendait lui-même le compositeur...), l’influence de Brahms dont son épouse d’œuvre oublié. (Richard Wander) tenir sa candidature en augmentant nous nous demandons juste (coming

8  ClicMag janvier 2098  www.clicmusique.com Alphabétique out !) si jouer à ce point sur le velours pour quatre mains. Bref, s’appeler alors des instruments anciens, par trop de Antoni Katski (comme tout le monde, cette rondeur pataude et grommelante aurait objecté ) et, par ce pia- qu’on a envie de culbuter, de ce confort niste polonais du Connecticut nommé estampillé de mobilier historique exper- Dobrzanski, être aujourd’hui servi en tisé, attesté et signé, parfois ce flux et parfaite adéquation, et pas seulement à reflux en coup de pompe de la fabrique cause de la rime. Musique qui, plus que copieusement salonnarde, atteint par- du son (quelque legato à la crème), fois son état d’émotion presque person- vaut bien l’exaltation thermogènée de Emmerich Kalman (1882-1953) Antoni Katski (1817-1899) nelle (valses et mazurkas, de lui aussi, la lutherie moderne. Mais aussi, la gra- Polka nationale variée pour le piano, op. mais ici surtout des méditations quasi vité de tel allegro spiritoso (quatuor 2) Kaiserin Josephine, opérette en 8 scènes 81; L’isolement, méditation pour le piano, mendelssohniennes sur la solitude). Vincent Schirmacher (Napoléon Bonaparte); vous étreint le cœur, le jeu des timbres op. 47; Toujours seul, méditation pour le Demeure néanmoins béante l’impal- Miriam Portmann (Josephine Beauharnais); Chœur envoûte de tel allegro con brio (qua- piano n° 3, op. 57; Le Rouet, impromptu pable injustice de ces presque rien et je du Festival Lehar Bad Ischl; Gerald Krammer, tuor 4), la plainte de tel adagio canta- pour le piano, op. 325; La Chasse, pour le ne sais quoi qui, d’Antoni à Frédéric, fait direction; Orchestre Franz Lehar; Marius Burkert, bile (quatuor 5) frôle la lamentation de piano, op. 237; Variations brilliantes pour l’impitoyable différence entre le joli fai- direction le piano sur la Cracovienne, op. 45; Les l’éternelle larme humaine. Avec ce si seur Katski et le foudroyant génie d’un CPO555136 • 2 CD CPO Violettes, quadrille brillant pour le piano haydnien passage à l’ouïe rapide, ou à quatre mains, op. 30; Le Reveil du lion ! Chopin. C’est aux portes de l’éternité le ambivalent, du majeur au mineur. Nous la création zurichoise, ce fut sur- Caprice héroïque pour le piano à quatre mystère insoluble et malicieux de notre mourrons nous aussi, à commencer A tout un succès d’estime. 1936, mains, op. 115 bonne amie la musique au fin bonnet de par les lecteurs de Clic Mag, que nous c’était trop tard pour l’Allemagne, et Slawomir Dobrzanski, piano; Agustin Muriago, dentelle, qui se tiendra toujours là sur piano primo invitons toutefois à avoir cueilli la bonne même si l’Anschluss n’interviendrait le seuil de la grande bascule, sourire AP0424 • 1 CD Acte Préalable en double coin à la Joconde. Ou bien journée que survivant consterné mais que deux ans plus tard, Kalman n’eut c’est celui très énigmatique d’un ange sincère nous leur aurons souhaitée. pas les honneurs du Staatsoper de vant même qu’il devînt fashion de rémois. (Gilles-Daniel Percet) (Gilles-Daniel Percet) Vienne, auquel l’œuvre était destiné. Asauter comme un cabri sur son tabouret de virtuose, d’une scène mon- Compositeur juif, il dut s’exiler aux dialisée de concert à l’autre, en s’écriant Etats-Unis. Chez les successeurs de l’Europe ! l’Europe ! on pouvait, en ce Lehár, les intrigues historiques étaient à merveilleux plein du 19ème siècle, être la mode. Nous sommes donc à la Cour comme on respire l’élève de John Field de Napoléon. Marius Burkert dirige avec à Moscou tout en étudiant le piano à une science du rubato qui donne de la Vienne avec Thalberg. Se produire à justesse stylistique et du caractère à Paris avec son compatriote Chopin, sa direction. Distribution homogène et vivre beaucoup à Londres, puis partir sans faiblesses. En Joséphine, Miriam en tournée dans le monde entier, des Etats-Unis aux Philippines. Se laisser Johann Ludwig Krebs (1713-1780) Engelbert Humperdinck (1854-1921) Portmann phrase avec noblesse son titrer chevalier pour le plaisir, s’inven- Intégrale de l’œuvre pour orgue Hänsel und Gretel, opéra en 3 actes, « Schöne Marquise, arme Marquise », ter l’unique élève de Beethoven pour Manuel Tomadin, orgue extraits (partie orchestrale arrangée pour Vincent Schirrmacher campe un Bona- la gonflette. Produire plus de quatre- BRIL95363 • 7 CD Brilliant Classics ensemble de vents) parte amoureux et lyrique. Son « Liebe cents œuvres après avoir pressé le jus Caroline Schnitzer (Hänsel); Anne Petzsch (Gretel); singt ihr Zauberlied » exhale une nostal- natif d’une famille de cinq enfants tous Leevke Hambach (Taumänchen); Josephin Queck gie Mitelleuropa irrésistible. Mais l’écri- musiciens, et d’un père lui-même violo- (Mutter und Sandmann); Frederik Tucker (Vater); ture de cette œuvre charnière regarde niste. Faire le bachibouzouk se cachant Sächsische Bläserphilharmonie; Thomas Clamor, déjà vers Broadway et la musique de les mains sous une couverture en plein direction film hollywoodien. Un monde s’efface récital pour mieux affoler son clavier à GEN18619 • 1 CD Genuin l’aveugle, mais sans un seul canard (dé- au profit d’un autre. Soyons reconnais- gurgitant son parapluie sous l’offense, réé par Richard Strauss en 1893, sants à CPO de documenter à un tel dirigé peu après par Gustav Mah- le très austère chef néo-zélandais Alfred C degré d’accomplissement un genre qui ler, cet opéra tiré d’un conte des frères Hill en démissionna de son poste !). ne survit plus guère qu’à la Volksoper Grimm n’a rien d’une composition mi- Préfigurer pour ainsi dire la bande-son de Vienne et dans certains festivals. Toivo Kuula (1883-1918) neure. D’ailleurs, l’influence de Richard de Tintin au Congo avec ce fameux Ré- (Olivier Gutierrez) veil du lion pour quatre pattes, pardon Sonate pour violon en mi mineur, op. 1; Wagner sur l’écriture d’Engelbert Hum- perdinck est un gage de sa modernité, laquelle lui survivra, au moins dans cette clavier ardent, son jeu athlétique, sa ca- Korstick va bien au-delà de cette sur- œuvre. Aussi, lorsqu’il s’agit de l’adapter Sélection ClicMag ! pacité à éclairer les structures polypho- face, saisissant l’intensité tragique qui pour un orchestre à vents et chanteurs niques et à faire resplendir la forme se parcourt ces œuvres datant des années solistes, n’y a-t-il pas vraiment de dé- retrouvent idéalement employés dans du stalinisme triomphant. Derrière les perdition, tant la « réduction » est faite les trois Sonates que Kabalevsky com- structures parfaites, le discours sty- avec goût par le compositeur et arran- posa entre 1927 et 1946. La Première lisé, il saisit la rage qui emporte ces geur Siegmund Goldhammer. D’ailleurs est encore une œuvre de jeunesse mais partitions au point que les deux ultimes l’enthousiasme du chef Thomas Clamor le compositeur y affirme déjà son style, Sonates forment un ensemble par- comme la fraicheur de ses interprètes les deux autres opus dont Vladimir fait, sorte de point de non retour dans façonnent une version au parfait dyna- Horowitz assura la création américaine l’œuvre de ce compositeur exemplaire à New York, furent écrits à une année qui fut l’un des rares à soutenir devant misme. Cependant on peut regretter d’écart, au sortir de la seconde guerre Staline Chostakovitch après que celui-ci qu’il ne s‘agisse ici que d’extraits (exit (1904-1987) Dimitri Kabalevski mondiale, la Deuxième étant destinée ait été étrillé par le petit père des peuples la Sorcière…) et que le livret d’accom- Intégrale des sonates pour piano et dédiée à Emil Gilels. Comment ne outré en vrai tartuffe par les audaces de pagnement, derrière une couverture Michael Korstick, piano pas admirer la langue si concentrée de « Lady Macbeth » de Mrzenk. Comme pourtant alléchante, ne propose qu’un CPO555163 • 1 CD CPO Kabalevsky, son piano ardent qui rend Artur Pizarro, Michael Korstick ajoute le commentaire musicologique et des ichael Korstick a bien raison de per- hommage à Prokofiev mais évolue dans Récitatif et Rondo, mais aussi le Rondo notes biographiques tout en allemand. Msévérer chez Dmitri Kabalevsky : un tout autre univers au point qu’il est op. 59. Ce serait bien d’avoir sous ses En cette période de fêtes, ne viser par son intégrale des Concertos pour piano impossible d’ailleurs de voir dans les doigts les Préludes, maintenant qu’on cette publication qu’un public adulte et du compositeur de Colas Breugnon opus 45 et 46 d’hypothétiques réponses tient enfin sa vision des Sonates ou il monolingue est tout de même un peu avait justement fait sensation, remettant aux sonates de guerre du compositeur égale dans les Deuxième et Troisième dommage. Moyennant quoi, la magie au devant de l’actualité discographique de « Roméo et Juliette ». Le triptyque Moiseiwitsch, Gilels et Horowitz, et où de la partition opère tout de même de un corpus qu’Emil Gilels, Nikolai Petrov avait été enregistré par Artur Pizarro en il surclasse Van Cliburn dans le Rondo. façon éloquente. (Alain Monnier) ou Youri Popv avaient championné. Son 1994, lecture brillante, mais Michael (Jean-Charles Hoffelé)

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et des malheurs de l’amour : il ouvre gazon », S 284; « Ich liebe dich », S 315; e « Pastor Fido » de Luca Marenzio Sélection ClicMag ! le CD (avec les premières strophes de « Morgens steh’ ich auf und frage », S 290; Cdoit son livret au texte éponyme la ballade 23), et le referme (avec sa « Ich möchte hingehn », S 296; « Hohe de Battista Guérini qui connut un suc- Liebe », S 307 dernière strophe) créant ainsi l’image cès étonnant allant jusqu’à marquer Allan Clayton, ténor; Julius Drake, piano d’un univers clos. Mais il hante surtout le théâtre en Europe. Il suscita moult le Lay de confort, pièce la plus longue CDA68179 • 1 CD Hyperion controverses en son temps : dans (23 minutes), d’une grande densité. Les iszt n’est pas connu pour ses lieder, une Arcadie fantasmée, deux couples 3 virelais chantés à une voix (2, 5, 7) Lauxquels il ne s’est consacré que en bisbille se retrouvent finalement sont magnifiques de simplicité, de clar- de façon épisodique. Il les considérait réconciliés. Les éléments tragiques et té, de pureté cristalline. La reprise du pourtant comme un moyen de « jeter comiques du livret déstabilisèrent les refrain n’y est jamais simplement per- [sa] lance aussi loin que possible dans critiques qui n’aimaient pas les mé- çue comme un retour du même, mais le royaume infini du futur ». De plus, langes de genre. Sur le plan musical, Guillaume de Machaut (1300-1377) comme le surgissement réitéré d’un certains d’entre eux, comme les trois ces dix-sept madrigaux sur ce thème « De Fortune »; « De Bonté, de valour »; moment impalpablement neuf. Dans les qui closent ce disque, sont à l’origine pastoral initient le destin musical du « J’aim miex languir »; « Quant ma pièces polyphoniques une magie entê- de pièces pour piano très célèbres, en genre de la tragi-comédie. Ce genre dame »; « Helas ! Et comment aroie »; tante se dégage des voix qui accom- l’occurrence les trois fameux « Liebes- associe le jeu théâtral exprimé par la « Maugré mon cuer/de ma dolour/Quia voix seule et la polyphonie exécutée pagnent ou glosent avec leurs mélismes träume ». Esprit très cultivé et cosmo- amore langueo »; « Je vivroie liement » par le chœur en explorant la fascinante « Dame, comment qu’amez »; « S’onques la ligne principale. S’il est nécessaire de polite, Liszt a puisé dans la poésie de ambiguïté entre le mot parlé et le mot dolereusement Le Lay de confort » suivre le texte écrit dans l’écoute du très toute l’Europe, mais les lieder retenus chanté. L’action reposant sur le geste The Orlando Consort long « lai de confort » tantôt construit dans ce nouveau volume de l’intégrale scénique et l’intensité dramatique sur la CDA68206 • 1 CD Hyperion à la manière d’un canon, tantôt fait menée par Julius Drake appartiennent tous à son environnement weimarien musique et le verbe. A ce jeu, Maren- ixième volume de l’intégrale a ca- d’un feuilletage plus mouvant de voix (Goethe, Heine, notamment) et parisien zio tout comme Jacques de Wert son pella de l’Orlando Consort. Un seul qui s’émancipent davantage les unes S (Hugo). Le ténor britannique Allan Clay- contemporain franco-flamand, est un motet, et des rondeaux, ballades, vire- des autres, la pièce, ainsi interprétée, ton chante bien l’allemand et le français maître, inventeur d’une nouvelle tech- lais font ici la part belle au thème de met à nu l’intemporalité de la musique et il fait de son mieux pour maintenir nique de déclamation chorale. Il n’hé- l’amour courtois, considéré sous les de Machaut et sa proximité avec des l’intérêt à travers ce programme un peu site pas à durcir l’intonation du chœur aspects indissociables de l’idéalisation compositeurs contemporains tels que ou à créer des dissonances pour exalter disparate et inégal. Néanmoins, il n’ap- de la femme et de la douleur de l’amant Berio ou Kurtag qui lui ont d’ailleurs l’intensité dramatique. Ainsi chaque paraît pas comme un « Liedersänger » qui échoue à l’atteindre. Est évoqué, de rendu hommage à leur manière. Une madrigal devrait offrir un véritable de tout premier plan : sa voix manque plus, le thème tout aussi ambivalent belle pierre vient s’ajouter à l’édifice. exemple de performance théâtrale et un peu de couleurs et de richesse et son de la Fortune, responsable des heurs (Bertrand Abraham) vocale. Si Marenzio n’est pas Berio, on chant n’a ni la magie expressive ni l’in- regrette quand même dans l’interpréta- tériorité poétique des plus grands. C’est tion de Francesco Saverio Pedrini une Sonate pour violon en fa majeur; 5 Pièces, donc essentiellement la visée encyclo- certaine égalité d’humeur. D’excellents op. 3a; 2 Pièces, op. 22; Ut min väg i värl- pédique et exhaustive qui constitue l’in- chanteurs (La Pedrina) qui en ont sous den gar; Elä itke impeni nuori; Pohjalainen térêt principal d’un tel enregistrement. le pied (de voluptueuses sopranos) tanssi; Kesäilta (Emmanuel Lacoue-Labarthe) Nina Karmon, violon; Oliver Triendl, piano et à la diction parfaite mais qui pré- CPO555148 • 1 CD CPO fèrent l’équilibre collectif et l’harmonie du paysage à la bipolarité des affects. ort dans des circonstances obs- (Jérôme Angouillant) Mcures et aujourd’hui encore mal élucidées d’un coup de feu reçu lors d’une querelle politique survenue à Franz Liszt (1811-1886) l’occasion la guerre civile finlandaise, « Freudvoll und leidvoll », S 280; « Freud- Toivo Kuula aurait pu devenir, à côté de voll und leidvoll », S 280; « Die Lorelei », Leevi Madetoja, l’un des grands succes- S 273; « Über allen Gipfeln ist Ruh’ », seurs de son maître Sibelius. Désireux S 30; « Jugendglück », S 323; « Du bist de se démarquer de l‘écrasante figure wie eine Blume », S 287; « Die Zelle in Luca Marenzio (1553-1599) tutélaire de ce génie, Kuula a surtout Nonnenwerth », S 274; « An Edlitam », S Il pastor fido, Madrigaux écrit de la musique de chambre, très 333; « Oh ! Quand je dors », S 282; « Com- Ensemble La Pedrina; Francesco Saverio Pedrini marquée par l’école franckiste, ce qui ment, disianet-il », S 276; « Enfant, si (1908-1992) reflète certainement l’influence de la j’étais roi », S 283; « S’il est un charmant CLA1814 • 1 CD Claves Franco Margola Schola Cantorum où il vint étudier. L’es- sentiel de ce CD réside dans sa vaste et comme organiste et maître de chapelle de la simplicité ? Les pièces pour orgue unique sonate pour violon et piano, son Sélection ClicMag ! témoignent de la grande renommée nous donnent peut-être la clé de cette opus 1 de 1907. Superbe découverte dont il jouissait en son temps. Son aporie : ainsi deux des plus courtes, d’une page magistrale, qui peut sans œuvre vocale est ici illustrée par ce qui intitulées « consonanze stravaganti » démériter être rapprochée de celle de en est sans nul doute l’apogée : le VIe et « seconde stravaganti » nous intro- Guillaume Lekeu, mais traduit aussi la livre de madrigaux à cinq voix, publié duisent dans le laboratoire de cette forte personnalité de son auteur. Les un an avant sa mort. Chaque pièce création, où s’effectue, à échelle réduite autres partitions réunies sur le disque concentre en quelques minutes, tout ce forment une guirlande de petites pièces qui fait l’éclat, la complexité, l’extrême et comme en catimini, l’instillation, de genre, au charme mélodique particu- raffinement, mais aussi la science de goutte à goutte, dans des formes plu- lièrement prégnant. L’autre morceau qui ce qui fut un des plus hauts moments tôt lentes, et quelque peu solennelles, porte le titre de « sonate » sans numéro du XVIe siècle musical. L’audition d’une de l’extravagance, de la dissonance d’opus n’est en fait qu’une page en un Giovanni de Macque (1550-1614) telle œuvre nous confronte à chaque qui semble se diffuser subreptice- seul mouvement, plus fantaisie que vé- Madrigaux extraits du « Sixième livre de fois à la même question insoluble, qui ment, se graver en quelque repli de ritable sonate. L’infatigable découvreur madrigaux à 5 voix »; Caprices et canzoni pointe tout le mystère de cet art : com- notre être plutôt que se résoudre : d’œuvres rares qu’est Oliver Triendl pour orgue seul ment tant de richesses, une rhétorique ménager surprise après surprise sans nous guide avec science dans les Edoardo Bellotti, orgue; Ensemble Weser-Renais- qui superpose tant de procédés, une pourtant déranger. L’interprétation de méandres de la grande sonate comme joaillerie aussi minutieuse et ciselée, sance; Manfred Cordes, direction l’ensemble vocal Weser-Renaissance dans les petites pièces aux accents qui ajuste au plus près texte poétique et CPO777977 • 1 CD CPO (que nous avons eu l’occasion de saluer volontiers populaires, et sa partenaire musique en déployant une telle maîtrise sera une découverte pour beaucoup. Un resque inconnu aujourd’hui, de en matière d’imitation, de variété dans récemment dans un autre répertoire) CD hautement recommandable, pour PMacque, né à Valenciennes, est l’un le rythme et l’expression, tout en se ris- est par sa motilité, sa ductilité, son découvrir une œuvre qui relie de façon des derniers représentants de l’école quant aussi à tant d’audaces, peut-elle engagement, sa parfaite cohésion et inattendue l’école finlandaise à celle de franco flamande. Les postes qu’il oc- produire, à l’oreille, une pureté si par- sa clarté, un modèle. Une révélation. Franck. (Richard Wander) cupa notamment à Rome et à Naples faite, une transparence qui a l’évidence (Bertrand Abraham)

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Intégrale de l’œuvre pour piano entre 2007 et 2009 resta inachevée : l’apparence de trois inconnus auquel il Alessandro Deljavan, piano Sélection ClicMag ! les deux premières symphonies ne porte secours : le récit de Tolstoï (« Là TC901380 • 3 CD Tactus furent jamais enregistrées, le chef et où est l’amour, là est Dieu »), partition son orchestre ayant gravé la Première e pianiste italien Alessandro Deljavan modeste dans le ton et la forme des pour Chandos. Dommage que vient possède beaucoup de qualités. L’une opéras radiophoniques, qui fut créée L réparer enfin une captation en concert d’entre elles et non des moindre, est de dans sa version avec orchestre par le de cette même Première Symphonie en redécouvrir un répertoire très méconnu Hunter College Opera Festival le 20 mai janvier 2016 : quelle inquiétude dans les et d’oser des intégrales assez confiden- paysages d’orage du Moderato, quelle 1955. La parabole tire un rien à la ligne, tielles. Benjamin Godard et Reynaldo tension martiale dans le Scherzo, une Martinu écrivant en mode automatique, Hahn ont marqué la discographie. S’il vraie symphonie de guerre (1942) qui il n’y retrouve pas les audaces de La était « facile » de mesurer son talent deviendrait quasiment la plus sombre Comédie sur le pont, et son opus théâ- dans ces pièces déjà enregistrées, il (1890-1959) Bohuslav Martinu du cycle avec l’ultime, celle des Fan- tral suivant, Le Mariage d’après Gogol est plus difficile de s’en rendre compte What Men Live By, opéra en 1 acte, H 336; taisies symphoniques. Le Largo est un aura bien plus de sel. Mais voilà, Jiri dans ces trois CDs inédits de l’œuvre Symphonie n° 1, H 289 tombeau, dont la noirceur s’augmente pianistique de Franco Margola. Toute- Belohlavek, qui réalisa pleinement son Ivan Kusnjer; Petr Svoboda; Jan Martinik; Lucie encore par contraste lorsque parait le art au travers des œuvres de Martinu fois, on peut présupposer retrouver ce Silkenova; Ester Pavlu; Jaroslav Brezina; Josef final, âpre triomphe. Quelle lecture ! ne voulait pas oublier cette partition même talent qui nous avait attiré lors Spacek; Lukas Marecek; Martinu Voices; Lukas qui si on la compare avec la gravure délaissée, acte d’amour qu’on écoutera des écoutes précédentes : on ne savait Vasilek, direction; Orchestre Philharmonique pour Chandos éclaire l’œuvre de teintes Tchèque; Jirí Belohlávek, direction jamais ce que Deljavan allait faire, il autrement sombres. Cette exhumation avec gratitude avant de retourner aux s’appropriait les tempi pour les jouer SU4233 • 1 CD Supraphon vole la vedette à la pastorale théâtrale abîmes de cette stupéfiante Première à sa manière, toujours dans un but e cycle des Symphonies de Bohuslav « What Men Live by », enregistrée en Symphonie. Et maintenant, Supraphon expressif. Le toucher était exceptionnel. LMartinu entrepris par Jiri Belohla- première mondiale, récit de la visitation doit nous retrouver la Deuxième Sym- Une partie de l’œuvre de Margola – les vek et sa chère Philharmonie Tchèque d’un vieux cordonnier par Dieu prenant phonie… (Jean-Charles Hoffelé) sonatines et les sonates – a sûrement dû le canaliser, tant ces pièces courtes font appel à l’écriture cadrée issue d’une véritable évolution, dans la lignée ontrant dès le plus jeune âge des de Bach et saupoudrée de la fantai- du romantisme wébérien. Raimund Mdispositions pour la musique, sie de Scarlatti, une des nombreuses Lissy, membre des Wiener Philhar- Gian-Carlo Menotti a vu sa vocation influences qui vont ressortir dans ce moniker comme le fut en son temps évoluer avec un exil forcé aux USA à l’âge de 17 ans. Ce qui lui procura parcours auditif. Les pezzi sans titre Mayseder, s’est attaché à rendre vie à et faciles du deuxième disque offre cependant l’occasion d’entamer de sé- cette grande figure tutélaire du violon une plus grande liberté et lorgnent sur rieuses études musicales et de faire des viennois. Attentivement accompagné celles de Casella, un de ses professeurs, rencontres qui allaient marquer toute sa voire de Nino Rota, et on y sent Delja- par un orchestre de chambre qui a pris vie. Brilliant propose ici deux courtes van dans son élément : la fantaisie, le le nom même de Mayseder, il rend bril- Felix Mendelssohn (1809-1847) œuvres, composées en 1946 et 1947, sourire, l’élégance aussi deviennent une lamment vie à cette musique aimable et Jauchzet dem Herrn, alle Welt [Gloria en dans des genres aussi différents que évidence. Quant au troisième disque, séduisante, à défaut d’être profonde. Un mi bémol majeur; Kommet herzu, Psaume le drame et l’opéra-buffa, la seconde les intentions musicales deviennent bien joli disque, qui laisse espérer une n° 95; Die Toten werden dich nicht loben, venant compléter la première pour les plus graves, plus longues et le peintre- suite. (Richard Wander) Psaume n° 115; In hac mensa novi Regis, représentations new-yorkaises. On ap- pianiste y déploie tout son talent et son Lauda Sion; Aria « Sei willekomm »; préciera, côté partitions, des intrigues Jauchzet dem Herrn, alle Welt, Psaume art du toucher. Une découverte intéres- qui vont à l’essentiel tout en permettant n° 100; Richte mich, Glott, Psaume n° d’explorer des registres contrastés, sante ! (Nicolas Mesnier-Nature) 43; Wer nur den lieben Gott lässt walten, Choral; Und als er auf dem Wege war; le tout dans un langage directement Mitten wir im Lebend sing; Sing, bet und accessible. Côté interprétation, on gehe auf Gottes Wegen, Choral; Denn er savourera l’engagement d’une équipe hat seinen Engeln befohlen; Magnificat jeune, talentueuse, se consacrant très en ré majeur, choeur n° 1; Aria « Meine efficacement à la restitution de ces pe- Seele dürstet », Psaume n° 42; Ich will hier tits bijoux qui plairont notamment aux bei dir stehen, Choral; Warum toben die admirateurs de Britten, Bernstein ou R. Heiden, Psaume n° 2; Kyrie eleison; Ehre Strauss. De quoi prouver que Menotti, (1809-1847) sei Gott in der Höhe; Allegretto un poccco Felix Mendelssohn agitato, Lebsgesant; Da Israel aus Ägypten un temps méprisé par l’avant-garde, Symphonies n° 7, 9 et 12 zog, Psaume n° 114; Hebe deinen Augen conserve son intérêt et son actua- Joseph Mayseder (1789-1863) Strecherakademie Bozen; Frieder Bernius, direction auf; Ja, es sollen wohl Berge weichen; Und lité, comme en témoigne la redécou- der Prophet Elias brach hervor] verte dont il est l’objet sur des scènes Concertos pour violon n° 1-3, op. 22, 53 HC17052 • 1 CD Hänssler Classic Kammerchor Stuttgart; Frieder Bernius, direction d’opéra de plus en plus nombreuses. et 28 es Symphonies de cordes de Men- CAR83491 • 2 CD Carus (Alain Monnier) Raimund Lissy, violon; Joseph Mayseder Orches- delssohn sont le laboratoire de sa ter; Helmut Zehetner, direction L syntaxe musicale, sous leurs allures GRAM99181 • 1 CD Gramola de sérénade, leurs décors de diver- ien oublié de nos jours, Mayseder tissement, leurs archaïsmes façon est considéré comme l’un des fon- B Bach, c’est l’univers sonore d’un jeune dateurs de l’école viennoise de vio- homme qui se compose. La mode fut lon. Estimé de ses contemporains, y compris, dit-on, Paganini, il fut aussi de les jouer historiquement informées, un compositeur fécond dont Gramola quitte à en forcer un peu l’esprit. Frie- explore la vaste production. Après deux der Bernius ne l’entends pas de cette volumes consacrés à la musique de oreille, il les dirige avec quasiment de Gian Carlo Menotti (1911-2007) Modest Moussorgski (1839-1881) chambre, voici un nouveau CD dévolu à la placidité si bien que l’esprit préro- son œuvre concertant. Les deux concer- The Medium, tragédie en 2 actes; The Tableaux d’une exposition (arr. pour mantique de ces partitions somme quatuor avec piano) / S. Rachmaninov : tos de 1811 et 1813 appartiennent à Telephone ou L’amour à trois, opéra-buffa toutes fragiles, échappe. La modestie en 1 acte Études-Tableaux l’esprit du premier romantisme, non des cordes de l’Académie de Bozen est Marily Santoro (Monica); Julija Samsonova-Khayet Fauré Quartett sans parenté avec les concertos de probablement pour quelque chose dans (Madame Flora); Chiara Isotton (Mrs. Gobineau); 0301116BC • 1 CD Berlin Classics Viotti ou de Spohr. Parfaitement écrits Lorenzo Grante (Mr. Gobineau); Roxana Herrera cette réserve qui confine à la lecture, si 0301119BC • 1 VINYLE Berlin Classics pour leur instrument, on s’en doute, ils Diaz (Mrs. Nolan); Arianna Manganello (voix off); s’écoutent avec un réel plaisir même bien que derrière l’attention aux textes Elizabeth Hertzberg (Lucy); Lorenzo Grante (Ben); ttention curiosité ! Cet album signé s’ils ne marquent pas vraiment les l’ennui pointe. Ce relevé d’appren- Orchestra Filarmonica Italiana; Flavio Emilio Adu Fauré Quartet à la pochette clin- esprits. Plus original, le concertino de tis aurait pu rester dans les tiroirs. Scogna, direction quante (un piano customisé par l’amé- 1835 en un seul mouvement témoigne (Jean-Charles Hoffelé) BRIL95361 • 2 CD Brilliant Classics ricain Lichtenstein) propose des arran-

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LPO0107 • 2 CD LPO inspirés de l’opéra « L’Ange de Feu ». Le ou le claudiquement chaotique, presque Sélection ClicMag ! e double CD publié sous label LPO geste se fait tour à tour envoûtant, ly- sarcastique, du menuet de celui en fa Coffre un généreux programme Pro- rique, dramatique et théâtral. Le second majeur. (Gilles-Daniel Percet) kofiev. Une symphonie, un concerto, CD est consacré à la suite symphonique tirée du ballet « Chout », d’après le une suite de ballet et un poème sym- conte satirique et grotesque d’Atanas- phonique, le tout dirigé en concert siev. De nouveau la magie instrumen- par le chef russe Alexander Lazarev tale et la folie dramaturgique opèrent. de passage à Londres. De quoi ravir On est confondu devant la maîtrise et la le mélomane russophile. L’archet de prise de risque des musiciens de l’or- Vadim Répin (une fine lame celui-là !) chestre londonien dans la succession fait des merveilles (timbres onctueux parfois vertigineuse des séquences. A Serge Prokofiev (1891-1953) et dynamiques ciselées) dans les deux contrario, le poème Rêves évolue dans mouvements extrêmes du premier Concerto pour violon n° 1 en ré majeur, op. une moiteur stellaire presque surréelle. concerto pour violon, l’orchestre lui, ne Filippo Sauli 19; Symphonie n° 3 en do mineur, op. 44; Les applaudissements extatiques du 6 Partitas pour mandoline seul Chout, ballet en 6 tableaux, op. 21; Poème relâche jamais la pression exercée par la public qui suivent les dernières notes Davide Rebuffa, mandoline (instrument d’époque à Symphonique « Rêves », op. 6 baguette avisée du chef russe, capable témoignent de l’ambiance électrique du 4 cordes); Rosanna Turone, clavecin Vadim Repin, violon; Simon Callow, récitant; de déchaîner la foudre (vivacissimo) concert restituée parfaitement par une TC671901 • 1 CD Tactus London Philharmonic Orchestra; Alexander et d’habiter les thèmes et les climats prise de son à couper le souffle. A réé- Lazarev, direction contrastés de la Troisième Symphonie, couter d’emblée. (Jérôme Angouillant) es rares données biographiques Ldisponibles nous apprennent que Filippo Sauli était originaire de Florence. gements pour un quatuor composé inattendue qui s’apparente à une bonne tard devint l’élève (outre celui de Rom- Déjà employé comme théorbiste à la d’un violon d’un alto d’un violoncelle et blague. Il n’est pas certain que ce qu’il berg) puis le fidèle ami, à la fois secré- cour des Habsbourg à Vienne lors du d’un piano, de deux grandes pages du reste de Mozart ait apprécié en 1974 ce taire, copiste et hagiographe. Il voyagea règne de l’empereur Joseph 1er (1705- répertoire russe. Six Etudes-tableaux premier enregistrement mondial de ces beaucoup en Europe et, un peu comme 1711), on peut situer son année de de Rachmaninov et les Tableaux d’une six sonatines viennoises sans numéro Haydn, trouva un grand succès en naissance à 1680 au plus tard. Il a ainsi Exposition de Moussorgski. L’enjeu de Köchel, dont toutes les notes sont Angleterre, jusqu’à y asseoir toute une remplacé comme théorbiste et man- d’une transcription est aussi captivant bien de lui, mais pas les œuvres ! Les carrière institutionnelle. Voici, toujours doliniste d’octobre 1706 à au 30 Juin que problématique et Dirk Mommertz clarinettistes, eux, ne tomberont pas goûteusement interprétés par une for- 1707 Francesco Conti, compositeur et et Grigori Gruzman préfèrent parler ici dans le piège : ce ne sont que des créa- mation chambriste au nom prédestiné virtuose de ces instruments à la cour, d’arrangements. Pour les Études, Mom- tures de Frankenstein, des chimères prenant la relève de celle créée en 1790 absent entre ces deux dates. Le décès mertz « recompose » la partition quitte conçues en 1805 à partir des 5 diver- par des amis du dit Beethoven, encore en 1708 du théorbiste principal, Orazio à la dénaturer. Il excorie le texte, ouvre timenti pour 2 clarinettes et basson trois parmi une inépuisable produc- Clementi, déjà âgé, a sûrement incité des brèches en permanence, harmo- KV439b, démembrés, transposés, et re- tion de quelque 26 quatuors à cordes. ses employeurs à conserver Sauli, dont niques et rythmiques comme s’il vou- cousus dans le désordre. On mesure le Entre classicisme et romantisme, leur la carrière semble s’être déroulée dans lait faire apparaître les sous-couches. chemin musicologique parcouru, mais style ne surprend guère dans la filiation l’ombre écrasante de Conti, devenu Un geste pictural par excellence utilisé aussi l’élévation du niveau d’exigence qui est donc la leur, et qui avait même Compositeur de la Cour en 1713. On aussi bien dans le processus de créa- et de connaissance des mélomanes, fait dire au professeur que son élève perd sa trace après 1722, date à laquelle tion que pour la restauration d’œuvres en lisant dans la notice la défense l’imitait trop. Encore doit-on ajouter il fit une demande infructueuse pour anciennes. On découvre alors une surréaliste du procédé par rien moins que ledit élève était humainement d’un être réembauché après que le fils de musique décontextualisée, « ouverte » que Paul Badura-Skoda : puisque cette bien meilleur caractère et demeurait Conti, Ignazio, ait été nommé deuxième à l’air du temps mais sans plus cher- musique est ignorée d’à peu près tout musicalement loin des étrangetés ou théorbiste apprenti malgré ses maigres cher son origine. L’arrangement des Ta- le monde, c’est une bonne idée d’avoir rudesses de son maître vénéré. Cela ne talents. Les six partitas, certainement bleaux d’une Exposition est plus proche produit cette « transcription » qui per- nous empêche cependant pas certaines composées avant 1710, constituent un d’une transcription pour trio avec met enfin de l’entendre ! On croit rêver. jolies surprises, comme dans cette des premiers exemples de littérature piano. D’ailleurs ce dernier prédomine On imagine très bien le facétieux Kat- curieuse et dramatique incertitude de solistique pour la mandoline. Leur style (Promenade I et II, La Grande Porte saris suggérant à son éditeur voulant l’introduction du quatuor en ré mineur, hybride est typique du goût de la cour de Kiev), les cordes jouant souvent le un Mozart de faire autre chose qu’un rôle de figurants (« il vecchio castello » Mozart de plus. Il y met toute sa science hitchcockien où le timbre de l’alto mime du clavier… c’est du beau piano mais by Stilness et The Lord’s Prayer), la li- une scie musicale). Balisés trop sou- demeure parfaitement anecdotique : Sélection ClicMag ! turgie orthodoxe (Phos hilaron), le gré- vent par des fameuses brèches (pauses une curiosité absolue à offrir en sou- gorien (Trinity Fauxbourdons), l’hymne et silences), les épisodes se succèdent riant aux mozartiens compulsifs et éru- médiéval (Ave maris stella) et... Ralph sans continuité contrairement à la parti- dits désireux de reconstituer le puzzle Vaughan-Williams auquel le compare tion pour piano qui s’efforçait d’agréger ou de faire un sudoku. Et après l’écoute, volontiers le compositeur John Rutter le tout en unifiant l’action (Pogorelich on retournera avec profit aux originaux dans sa présentation. Park compose DG1999). Reste de la part de Mom- pour vents. (Olivier Eterradossi) essentiellement pour son chœur de mertz et de ses acolytes, une tentative prédilection, celui du Trinity College de de recréation certes bien réalisée mais Cambridge, avec lequel il travaille régu- dont on peut interroger la pertinence. lièrement. Son style musical est très idiomatique du style choral et dans la (Jérôme Angouillant) (1993-) Owain Park continuité de la tradition anglaise. Sans Œuvres chorales choisies trop bousculer la tonalité, toujours au Alexander Hamilton, orgue; Trinity College Choir plus près du texte (poétique ou sacré), Cambridge; Stephen Layton, direction Park affectionne les climats contrastés CDA68191 • 1 CD Hyperion et sait galvaniser les pupitres, varier ondateur de l’ensemble Gesualdo les textures et les dynamiques. Rutter Ferdinand Ries (1784-1838) FSix qui signait il y a peu un album définit bien l’art de son jeune confrère : remarquable consacré à une sélection « Un univers sonore captivant vous at- Quatuors à cordes n° 1, 2 et 5 de motets anglais (Hypérion 2018), tend lorsque vous écouterez la musique Quatuor Schuppanzigh Owain Park est aussi compositeur. Il a et les mots de ce disque, mais ne vous CPO777305 • 1 CD CPO W. Amadeus Mozart (1756-1791) par ailleurs une formation traditionnelle attendez pas à entendre une imitation énéficiaire d’une solide formation, de pianiste, de choriste et de chef de du chœur de votre paroisse, cette mu- Six Sonatines viennoises notamment celle de pianiste qui lui chœur qui lui a permis de pratiquer un sique, résolument composée pour des Cyprien Katsaris, piano B permit de se faire connaître, Ferdinand vaste répertoire choral. Le programme chœurs prestigieux, est faite avant tout ADW4002 • 1 CD Pavane Ries était issu d’une famille de musi- de ce disque révèle de nombreuses pour donner du plaisir aux auditeurs. » n 2019, le 1er avril tombera en dé- ciens. Son père fut le professeur de vio- sources et influences : la polyphonie Vous voilà prévenus... et tentés ? Ecembre 2018 : voilà une réédition lon d’un Beethoven dont lui-même plus des Tudor : Byrd et Sheppard (Upheld (Jérôme Angouillant)

12  ClicMag janvier 2098  www.clicmusique.com Alphabétique de Vienne, très orientée vers le style bugle; Orchestre Symphonique d’Etat de Sibérie; Andreas Frese, piano; Camerata Musica Limburg; français mais employant principalement Vladimir Lande, direction Sélection ClicMag ! Jan Schumacher, direction des Italiens. La mandoline de l’époque, WER5118 • 1 CD Wergo GEN18616 • 1 CD Genuin montée en boyau (en fait un petit luth ne fois de plus programme à triple éjà le quatrième volume, et toujours soprano), est incapable d’accords Udétente concocté par le compositeur Dles qualités vocales louées aux livrai- complexes. La partita V, interprétée ici allemand Enjott Schneider qui nous sons précédentes, et la collaboration avec un continuo au clavecin facilement introduit dans l’univers nébuleux de la précieuse de Christophe Prégardien. déduit de la partie soliste, donne toute physique quantique par le biais de deux C’est dire si l’on attendait avec impa- son ampleur à ces pièces charmantes. nouvelles productions. Deux doubles tience leur vision du Gesang der Geister (Jean-Michel Babin-Goasdoué) concertos basés sur des combinaisons über den Wassern, ici dans sa seconde contradictoires aussi bien sémantiques version, a capella. On est impressionné qu’instrumentales destinées à nous (1797-1828) par le miroitement des timbres, la maî- faire « perdre oreille » et nous plonger trise des dynamiques, l’art de varier les dans la confusion, l’indéfini, le néant. Frühlingsgesang, D 740; Verschwunden atmosphères avec un parfait naturel. sind die Schmerzen, D 88; Bergknap- Le charme de ces albums tient aussi Dans Isolde-Tristan (2014), Schneider penlied, D 268; Gesang der Geister über reprend, en inversant les termes, l’his- den Wassern, D 538; Das Leben, D 269; à la diversité des œuvres. Ici bouquet toire bien connue. Il utilise ingénieu- Punschlied, D 277 « Vier Elemente, innig de joyeuses chansons à boire, et on sement les timbres opposés de deux gesellt »; Trinklied, D 148 « Brüder, unser se croit à Grinzing buvant un verre de instruments un « ehru » (découvert Erdenwallen »; Punschlied, Im Norden zu Heurigen. Là l’ensemble de la produc- lors d’un séjour en Chine) personnifiant singen, D 253; Trinklied, D 75 « Freunde, tion religieuse de Schubert pour Chœur sammelt euch im Kreise; Zum Punsche, (1949-) Isolde et un violoncelle ici associé à d’hommes. Un polyphonique Salve Pier Paolo Scattolin Woget brausend, Harmonien, D 492; Natur- Trenodia, oratorio pour récitant, voix Tristan. Citations wagnériennes et com- genuss, D 422; Die Einsiedelei, D 337; Der Regina de la grande maturité, dont seul, chœur et orchestre sur des textes et binatoire harmonique entre diatonique, Geistertanz, D 494; Drefach ist der Schritt l’économie de moyens et l’inventivité poèmes de la Grande Guerre modal (traditionnel chinois) et chroma- der Zeit, Spruch des Konfuzius, D 69; Das fascinent, voisine avec un très scolaire Simone Maretti, récitant; Angela Beghelli; Angela tisme, l’œuvre mixe ces divers ingré- Grab, D 330; Totengräberlied, D 38; Sanc- Alleluia (D71). Œuvre de circonstance, Troilo; Chœur Giovanile Euridice Lavinia Fontana; dients pour former un brouet musical en tus, D 56; Hymnus an den heiligen Geist, D Glaube Hoffnung und Liebe émeut par Chœur Euricide « EuridiciCinni »; Chœur Euridice; cinq mouvements aussi digeste qu’un 948; Gott meine Zuversicht, PSaume n° 23, sa quiétude et son détachement, à D 796; Sale Regina, D 811; Alleluja, D 71 Orchestre de chambre Euridice; Ensemble Circe; plat de légumes vapeur. Comprenez, deux mois de la disparition du compo- Pier Paolo Scattolin, direction A; Glaube, Hoffnung und Liebe, Gott, lass elle illustre parfaitement le style émol- die Glocke glücklich steigen, D 954 siteur. Si les publications suivantes se TC941902 • 2 CD Tactus lient du compositeur. Dreamdancers est Christoph Prégardien, ténor; Andreas Weller, ténor; maintiennent au même niveau, nous our appréhender cette œuvre, com- une page plus festive bien qu’elle émane Sebastian Kohlhepp, ténor; Jens Hamann, baryton; tiendrons là une intégrale qui fera date. Pmençons par regarder la traduction d’une réflexion sur la physiologie du Adolph Seidel, basse; Tilman Hoppstock, guitare; (Olivier Gutierrez) de « Trenodia » qui signifie « Mélopée » cerveau. Schneider pratique la tech- en Français c’est-à-dire les chants ou nique chère aux plasticiens surréalistes réaliser pour espérer sortir du lot sans j’attendais depuis Matthias Goerne et les textes prononcés en mémoire d’un (cités abondamment dans la notice) du même parler d’égaler les augustes défunt. Ou bien encore « Threnody » en collage pour explorer la frontière entre Christian Gerhaher. Du premier il a le aînés. Or, c’est bien là que le bât blesse Anglais ce qui nous fait immédiatement veille et sommeil, là où tout est pos- timbre noir, l’instrument creusé, du avec cette version Martiník/Marecek. Le penser à la partition de Penderecki. Un sible. Le recours à la trompette piccolo second la couleur exacte du mot, l’aigu compositeur que Scatolin cite abon- et au cor participe de cette dimension Gute Nacht introductif donne le ton : diapré et sans ostentation. Deux albums damment mêlant passages réorches- onirique et no-limite recherchée par une version loin du drame, presque trés du Dies Irae, extraits de l’adagio Schneider. A l’écoute cette manière, sautillante avec un piano qui sur-joue déjà – j’y reviendrais – l’avaient sacré de Barber, chants traditionnels italiens visionnaire certes, mais le plus souvent du legato et une voix fruitée du baryton liedersänger absolu, mais ici, dans un léger. Bref, un parti-pris très surpre- à ses propres compositions dans un illustrative reste toujours en deçà du parcours Schubert secret, sans conces- melting-pot au final assez minimaliste projet intellectuel. Le compositeur alle- nant qui fonctionne bien avec « Der sion, il exhausse son art. Wanderer ! Au voire plat. Mais l’essentiel du projet mand va finir par nous convaincre que Leiermann », puis sombre dans « Der n’est pas fondamentalement musical trop d’intentionnalité nuit au message Lindenbaum » avec un Martiník tota- lieu de prendre le chemin bien connu puisque la majeure partie du temps est musical. Pour exemple, écoutez le final lement perdu pour n’atteindre jamais du « Winterreise », il entre dans l’uni- pour le reste qu’un niveau moyen. consacrée à la lecture de textes souli- de Dreamdancer au teasing pompeu- vers nocturne du Voyageur. Sa lecture gnant le caractère monstrueux et aléa- sement intitulé « Tanzente Kolibris an Conclusion : pas de révolution disco- visionnaire de la troisième version de toirement mortel de toute guerre et tout den Pforten der Hölle ». Convaincu ? graphique en vue mais une version spécialement de la Grande tandis qu’un (Jérôme Angouillant) clairement atypique pour les curieux ou « Der Wanderer » (celui de von Lübeck) chœur antique pleure les morts. Si vous les fanatiques collectionneurs du cycle. qui ouvre l’album montre son âme d’in- ne parlez ni Italien ni Anglais (le pack (Thierry Jacques Collet) terprète à nu, et c’est miracle de voir le contenant un CD pour chaque langue), piano de Daniel Heide lui être à la fois un vous risquez fort de ne pas goûter à un exercice hybride, hésitant entre paysage et un ami. La fusion est parfaite théâtre, récitation et petite cantate. On tout du long de ce disque vertigineux écoutera finalement plus par respect qui force par la douceur les secrets les envers ceux qui ont donné leur vie par plus terribles de l’univers de Schubert, millions que par intérêt intrinsèque. (Thierry Jacques Collet) de l’allure faussement dégagé de « Der Franz Schubert (1797-1828) Wanderer an der Mond » au terrible « Fahrt zum Hades » où j’entends Wo- « Winterreise » cycle de 24 lieder, D 911 (1797-1828) Jan Martinik, basse; David Marecek, piano Franz Schubert tan se plaindre. Et ce « Musensohn » SU4243 • 1 CD Supraphon Der Wanderer, D 493; Der Wanderer an den qui danse comme un brave garçon, Mond, D 870; Fahrt zum Hades, D 526; Der aisser un témoignage enregistré de Schiffer, D 536; An den Mond, D 259; Des c’est Paris lui-même ! Car ici on va du Ll’un des sommets de l’art du Lied Fischers Liebesglück, D 933; Der Musen- voyage à l’antique plus d’une fois. Autre tel que les Winterreise est un passage sohn, D 764; Auf der Bruck, D 853; Toten- délice « Im Frühling » chanté piano presque obligé pour tout baryton de gräbers Heimweh, D 842; Im Abendrot, D comme un émerveillement de somnam- bon calibre qui se respecte. Le pro- 799; Abendstern, D 806; Der Wanderer, D 649; Im Frühling, D 882; Auf der Donau, D (1950-) blème c’est que la concurrence est bule. Mais impossible de ne pas reve- Enjott Schneider 553; Willkommen und Abshied, D 767 rude, très rude même avec les réfé- nir sans cesse à la protestation terrible Isolde & Tristan, double concerto pour Andrè Schuen, baryton; Daniel Heide, piano erhu, violoncelle et orchestre; Dreamdan- rences absolues, selon ses goûts que du « Totengräbers Heimweh », chanté sont Fischer-Diskau/Moore, Schreier/ AVI8553373 • 1 CD AVI Music cers, concerto pour trompette piccolo, dans la plénitude d’une voix qui voit bugle et orchestre Richter ou plus récemment Goerne/ ndré Schuen qui fut l’ultime Figaro la mort. Vite une suite chez Schubert ! Jiemin Yan, erhu; Wen-Sinn Yang, violoncelle; Eschenbach. Du coup, il faut avoir un Ade Nikolaus Harnoncourt, serait- Otto Sauter, trompette piccolo; Sergei Nakariakov, projet précis en tête et la capacité à le il le nouveau baryton Schubert que (Jean-Charles Hoffelé)

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e Thysius Lute Book est un recueil Lde tablatures pour luth compilé par Adriaan Smout théologien et prédica- teur basé à Rotterdam dans les années 1600. Il fut ensuite légué à Johan Thys, notable intellectuel et homme de loi, qui le conserva précieusement dans sa bibliothèque à Leiden où il est encore Robert Schumann (1810-1856) Heinrich Schütz (1585-1672) Alexandre Scriabine (1872-1915) visible aujourd’hui. Le recueil contient près de 900 tablatures représentatives Der arme Peter; Mondnacht; Dichter- Musique chorale sacrée, 1648 12 Etudes, op. 8; 24 Préludes, op. 11 du style de la Renaissance tardive en liebe, cycle de mélodie, op. 48 / L. van Knabenchor Hannover; Heinz Henning, direction Matthieu Idmtal, piano Hollande. Ce disque présente une ving- Beethoven : An die ferne Geliebte, cycle de ROP702122 • 2 CD Rondeau ADW7588 • 1 CD Pavane taine de pièces non identifiées dont mélodie, op. 98 / H. Wolf : Liederstrauss, our son premier opus solo, le jeune cycle de lieder ’il est un musicien qui peut représen- un certain nombre seraient l’œuvre du ter l’époque de la guerre de Trente Ppianiste français Matthieu Idmtal a Benjamin Bruns, ténor; Karola Theill, piano S luthiste amstellodamois Nicolas Vallet. Ans, c’est Heinrich Schütz, né en 1585 choisi les Etudes op. 8 et des Préludes HC18025 • 1 CD Hänssler Classic op. 11 de Scriabine, ce Chopin « slave La plupart sont des danses de sources et disparu en 1672. L’Orphée saxon et mystique » que dépeignait non sans diverses : gaillardes, bergamasques, e ténor allemand Benjamin Bruns annonce la venue d’un autre génie de la sarcasmes Antoine Goléa dans son His- a toutes les qualités d’un chanteur musique, le cantor de Leipzig, Jean-Sé- allemandes, un bransle français, deux L toire de la musique. Dès les premières d’opéra, donc d’un récitaliste : une voix formes musicales italiennes : le pas- bastien Bach. Cette « Musique chorale études, on admire la plasticité du jeu, somezo caractérisé par son style en naturellement sonore et puissante, le sacrée » est dédiée au conseil munici- un toucher raffiné et une technique irré- basso ostinato et un ruggiero (Rogier). velours du timbre, l’autorité de la pro- pal de Leipzig. Le Sagittarius se situe prochable. Idmtal a eu raison cependant jection, l’homogénéité des registres, ainsi dans la généalogie des cantors de de s’en tenir aux pièces de jeunesse car Certaines pièces sont des reprises de et une grande intelligence artistique. cette ville. En amont, Johann Hermann il nous brosse le portrait d’un Scriabine mélodies populaires (Jan Dirrixz, Mon Démonstration dans les Dichterliebe : Schein ; en aval, Johann Sebastian de salon, virtuose du clavier, le petit varle). Onse Vader est inspiré lui d’un « Ich grolle nicht » plein de rage et Bach. Le double CD Rondeau est une doigt levé, entre la main d’une femme Pater Noster luthérien. L’ensemble de désespoir, des trésors de legato réédition d’un vénérable disque du label et un verre de rhum. Pas faux, si l’on Pacoloni interprète ce répertoire peu déployés dans un fantomatique « Ich Harmonia Mundi (1984). Le Knaben- évoque le versant chopinien du compo- fréquenté sur plusieurs luths accordés siteur. Certaines pièces s’accommodent hab im Traum geweinet », un émou- chor Hannover que dirige Heinz Hen- différemment (soprano, alto baryton très bien de ce type de lecture roman- vant « Hör ich das Liedchen klingen » nig est un chœur d’enfants issu d’une et basse) auxquels on a parfois ajouté tique, d’autres moins et on souhaiterait conduit en mezza-voce parfaitement, et longue tradition. Ce « remake » est un une percussion (tambour ou triangle). témoignage de la qualité des ensembles percevoir au travers du geste éminem- le conclusif « Die alten, bösen Lieder », ment virtuose voire ostentatoire du pia- (Jérôme Angouillant) choraux d’Allemagne. Le chef décédé où la maîtrise des dynamiques impres- niste, la sensibilité trouble et la flamme, en 2001 et son ensemble vocal sont sionne. Cette capacité à varier les at- l’autre versant du compositeur vision- familiers du répertoire baroque : ils ont mosphères se retrouve dans la ballade naire. Question de maturité. Du beau figuré dans la première intégrale disco- « Der arme Peter » prise avec sobriété piano certes mais on attendra un peu graphique des cantates de J.-S. Bach, et détachement jusque dans son drama- pour les sonates. (Jérôme Angouillant) réalisée par Nikolaus Harnoncourt et tique dénouement. Le « Liederstrauss » Gustav Leonhardt. L’interprétation des de Wolf qui regarde vers Richard jeunes choristes rayonne dans une vi- Strauss pour la voix et vers Schumann sion lumineuse qui restitue à merveille pour l’écriture pianistique complète le contrepoint et l’harmonie de ces mu- habilement ce bouquet de Heine Lie- siques de deux à sept voix. Les timbres Tadeusz Szeligowski (1896-1963) der, encadré par une « Ferne Geliebte » juvéniles n’ont plus les problèmes de bucolique, mais un peu trop sage, et un justesse perçus quelquefois dans leurs Sonatina « deditacted to Stanislaw « Mondnacht » onirique, vocalement en interprétations des œuvres sacrées de Szpinalski »; Sonate; Gitary z Zalamei; Preludium; Menuet; Minconia; Mazurek apesanteur. Une superbe performance, Bach. La précision infaillible de la direc- malheureusement déparée par une pia- tion d’Heinz Hennig justifie pleinement Adriaan Smout (1580-1646) Elzbieta Tyszecka, piano niste sans imagination, qui joue dans cette réédition opportune. Cette version Musique pour 1, 2, 3 et 4 luth, extrait du AP0429 • 1 CD Acte Préalable son coin sans répondre aux idées et ne pâlit pas devant les références des manuscrit « Thysius » oilà une bien curieuse musique aux intentions du soliste. Dommage. Mauersberger, Schmidt-Gaden et Rade- Pacoloni Ensemble Vque celle du polonais Tadeusz Sze- (Olivier Gutierrez) mann. (Jacques Darras) BRIL95821 • 1 CD Brilliant Classics ligowski. Une sonatine toute en trucu- lences, insolences, ironie et pied de en son premier album qui contrastait la can, piqué, froissé, élégant et ivre, le nez bien que datant de 1940 ; et une Sélection ClicMag ! Sonate D 894 et la Fantaisie. Ce doublé Finale chante son lied de consolation sonate beaucoup plus sérieuse, digne fascinant s’éclaire encore ici par la grâce avec une étrange lumière, un rien sur- des grandes œuvres avec son mouve- singulière du jeu de cette pianiste inspi- naturelle, s’accorde parfaitement avec ment central poignant composée après rée. Si elle trouvait des trésors intimes la confession à demi-mots de l’Einfach la guerre. La première passe comme un dans la Sonate D 894, elle se confronte qui ouvre l’Humoreske. Ce Schumann feu follet, dans la seconde une lumière sans frémir au geste autrement expan- est le plus secret, Natalia Ewald y met s’est éteinte. On trouvera stylistique- sif de la grande Sonate en la majeur. beaucoup de nostalgie mais aussi beau- ment un peu de mélange de Castelnuo- Sa tempête dans l’Andantino m’évoque coup d’élan parfois. Le ton de confes- celle, implacable, qu’y sculptait Andor vo-Tedesco et de Tansman. Szeligowski sion des six épisodes est troublant au Foldes, clavier de percussion allant a connu à Paris, Paul Dukas qui lui a possible, phrasé avec un art de poète jusqu’au bout d’une fureur terrible car enseigné l’instrumentation et Nadia qui soudain me fait comprendre ce que Franz Schubert (1797-1828) maitrisée. Clouant ! mais si ce geste est Boulanger la composition. Les petites je n’avais pas saisi dans sa Fantaisie : Sonate pour piano en la majeur n° 20, D spectaculaire, toute la musique fuyante, pièces complémentaires dénotent un les suggestions, l’écriture en allers et elle joue Schumann du côté d’Eusebius, 959 / R. Schumann : Humoresque en si cherchant chez lui justement ce que art de la concision tout à fait personnel bémol majeur, op. 20 retours de l’Allegro furent-ils jamais si et bienvenu. Elzbieta Tyszecka continue bien compris depuis Radu Lupu ? Les Schubert y aura inspiré, cette part de Natalia Ehwald, piano son exploration du répertoire de son timbres de ce piano si ample et si secret nostalgie, ce goût de l’étrange, ce mé- GEN18620 • 1 CD Genuin à la fois vont comme un gant à ce Schu- lange subtil entre l’épique et le tendre. pays natal (voir notamment ses Tans- atalia Ewald a de la suite dans les bert extrême, et il sera passionnant de Tout grand disque d’une pianiste que man) mais est victime d’une qualité Nidées, elle remet face à face Schu- lire le texte que la pianiste consacre à je continuerais à suivre album après sonore pas toujours au rendez-vous. bert et Schumann comme elle l’avait fait l’œuvre. Le Scherzo danse sur un vol- album. (Jean-Charles Hoffelé) (Nicolas Mesnier-Nature)

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lbum étrange à première vue : la Temple. Admirable en soi comme on Sélection ClicMag ! Agrande symphonie panoramique admirerait un tableau pour son esthé- où Strauss a fait entrer toutes les Alpes tique et son mystère à la fois. A revers, dans l’orchestre et en regard des pages c’est tout un théâtre qui parait dans la orchestrales tirées de deux opéras. « Symphonie Alpestre » où les éléments C’est tout Richard Strauss en quelque naturels sont décrits avec une précision sorte compressé, mais résumé ? Sur- méticuleuse (Strauss ne professait-il prise, le théâtre ne sera pas là où l’on pas qu’un bon orchestrateur pouvait dé- croit : la « Danse » de Salomé se stylise, crire une brosse à dent ?), mais où sur- Karol Szymanowski (1882-1937) comme si la princesse de Judée n’était tout on voit le randonneur, l’edelweiss, plus que ses voiles. Mais comme Ju- le cerf aux abois et l’éclair qui vient 9 Préludes, op. 1; Prélude en do dièse rowski fait entendre cet orchestre bruis- dorer la neige du sommet. Les pièces de mineur; 4 Etudes, op. 4; Prélude et Fugue (1864-1949) sant ce crotale, fait voir dans la volupté cette tragi-comédie se mettent en place en do dièse mineur; Variations sur un Richard Strauss cette lune pleine de sang, comment dans une logique parfaite, on regarde thème populaire polonais en si mineur, Une symphonie alpestre, op. 64; Danse tout se suggère dans un raffinement tout en entendant tout, mais Jurowski op. 10 des sept voiles, extrait de « Salomé »; La des timbres qui enivre ! La suite tirée laisse de côté la donnée philosophique Marek Szlezer, piano Femme sans ombre de « La Femme sans ombre » sera elle d’une partition qui est au fond le revers aussi un ensemble d’atmosphères déli- d’ « Ainsi parla Zarathoustra ». Bémol DUX1367 • 1 CD DUX London Philharmonic Orchestra; Vladimir vré de tout souci narratif, mais qui am- mineur qui de toute façon ne s’évoque e pianiste polonais Marek Szlezer a Jurowski, direction plifie l’orchestre mystérieux de Strauss, même pas devant tant de perfection. choisi pour ce disque (début d’une L LPO0106 • 2 CD LPO en particulier la grande scène du III au (Jean-Charles Hoffelé) intégrale ?) les premiers opus pour piano de Karol Szymanowski. Les neuf préludes de jeunesse op. 1 ont été écrit sa vie. Les sœurs Sukmanova qui ont nazi qui lui refusait toute pension. Alors à leur actif plusieurs enregistrements retour aux sources parentales jusqu’à vers 1899. On décèle dans ces pièces de Lieder de compositeurs russes Vevey, où sa grande modestie le fit méditatives ou impétueuses et vir- ont choisi de sélectionner quatorze mourir dans la plus grande discrétion, tuoses, outre une référence évidente à romances sur des textes de poètes complètement ignoré de ses propres Chopin, l’influence de Max Reger et de variés complétées par trois nocturnes compatriotes. Ils ratèrent surtout un Richard Strauss pour l’écriture et les cli- qui clôturent chacun des cycles dont remarquable compositeur de musique mats poétiques. Celle de Scriabine de- les romances sont tirées. Leur objec- de chambre qui, estimant que Schoen- vient prégnante dans les quatre Etudes tif affiché est de souligner les textes, berg était allé trop loin, plaidait pour un (1840-1893) (op. 4) qui suivent. Les Variations op. Piotr Ilyitch Tchaikovski de faire saillir les émotions ressenties retour au sentiment et à l’âme. Ainsi, par le compositeur sensible qu’était après le bouleversement de la première 10 sur un Thème Folklorique Polonais Les Saisons, op. 37 b; « I opened the window », op. 63 n° 2; « Wait a minute ! Tchaikovski. Un parti-pris qui tourne guerre mondiale, ces si originales et ont une vocation populaire voire patrio- What is the hurry? », op. 16 n° 2; parfois à la caricature tant les forte de captivantes litanies, formant l’avant- tique. Szymanowski les a dédiées à son « Legend », op. 54 n° 5; Sérénade, op. 63 Julia semblent exagérés : on se croi- dernière œuvre pour trio avec piano professeur de composition Noskowski. n° 6; « Lullaby in the storm », op. 54 n° rait sur une scène d’opéra où il fau- du compositeur, « poème de ton » en Elles sont d’une écriture rigoureuse et 10; « The cuckoo », op. 54 n° 8; « Tell me, drait passer au-dessus de l’orchestre quatre sections, d’un chromatisme in the shadow of the branches... », op. 57 comportent une marche funèbre (var. non dans une romance ! Par ailleurs, assez moderne, et dont la gravité nous n° 1; « The Nightingale », op. 60 n° 4; « I émeut particulièrement dans le largo. 8) et une fugue (var. 10). Le Prélude et will say nothing to you... », op. 60 n° 2; la soprano dont la voix flotte dans les Après quoi nos dames allemandes du Fugue est aussi une page de formation « At the ball », op. 38 n° 3; « I saw you in aigus semble éprouver quelques pro- blèmes de justesse soulignés par une trio Boulanger (évidemment comme les qui laisse entrevoir un matériau musi- a dream... »; « If you love for beauty... »; « Ah ! if you only knew... », op. 60 n° 3; captation trop proche. Heureusement, deux sœurs Nadia et Lili), nous donnent cal en chantier. Oscillation harmonique, Sérénade de Don Juan, op. 38 n° 1 l’accompagnement d’Elena est plein du fameux grand trio de Tchaikovski motifs improbables et construction mil- Julia Sukmanova, soprano; Elena Sukmanova, d’élégance et les nocturnes délicats écrit en mémoire funèbre de son ami limétrée pour la fugue. Interprétation piano et délicieux. Un bilan insuffisant pour le pianiste Nikolaï Rubinstein (ne pas scrupuleuse et jouissive de Marek Szle- HC17079 • 1 CD Hänssler Classic faire face à la belle sélection d’Olga confondre avec son frère Anton), et dont le prolongement en droit fil donnera les zer qui respecte à la lettre les partitions ifficile de faire un choix parmi les Borodina et Larissa Gergieva bien plus deux trios de son protégé Rachmani- sans en gommer la sensualité tactile. quelques trois cents romances que équilibrée ou encore celle plus récente D nov, une version qui, à ne pas vouloir (Jérôme Angouillant) Tchaikovski aura écrites tout au long de d’Elena Obratzsova et Vazha Chachava. (Thierry Jacques Collet) en faire trop comme certains, manque quand même d’un peu de pathos, voire à ce qu’écrivait Jean-Charles Hoffélé de véhémence. (Gilles-Daniel Percet) Sélection ClicMag ! (ClicMag 56) à propos du coffret com- plet : le chef « dérussifie » les œuvres, le revers de la médaille étant qu’elles peuvent paraître plus intellectuelles et moins chaleureuses que traditionnelle- ment. En écoutant les symphonies 2 et 3, on constate aussi que tous les mou- vements ne sont pas au même niveau de réussite, comme si Jurowsky était Paul Juon (1872-1940) moins intéressé ou peinait à trouver le Trio pour violon, violoncelle et piano, op. ton juste pour l’indication « moderato (1840-1893) 50 / P. Juon : Litaniae, Tone Poem pour Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893) assai » : le Finale de la « Petite Rus- Piotr Ilyitch Tchaikovski piano, violon et violoncelle, op. 70 Les Saisons op. 37b sienne » (« l’Ukrainienne »), l’entame Symphonie n° 2 en do mineur, op. 17 Trio Boulanger Yuan Sheng, piano de la « Polonaise » sont à mon sens « Petite Russie »; Symphonie n° 3 en ré AVI8553401 • 1 CD AVI Music PCL10157 • 1 CD Piano Classics majeur, op. 29 « Polonaise » un peu en dessous des autres mouve- London Philharmonic Orchestra; Vladimir ments. Mais le reste est formidable de ’origine suisse, la famille Juon avait es Saisons, peu jouées intégralement Jurowski, direction vigueur et d’esprit, et une prise de son Démigré des Grisons en Lettonie. Ce Len concert (selon certains parce que exceptionnelle met vraiment l’auditeur qui fit naître russe le petit Paul, surnom- simplistes et salonnardes) et souvent LPO0109 • 1 CD LPO à la fête : ça fourmille de détails, c’est mé d’ailleurs plus tard (d’un point de vue cantonnées aux séances de rappels, e disque permettra à ceux qui extrêmement ciselé, en particulier on ne un peu court, à notre avis) le Brahms connaissent un meilleur sort au disque. Cavaient acquis les interprétations rate rien du travail des vents dans leur russe. Elève d’Arensky et de Tanéiev, il La discographie est plutôt abondante, des autres symphonies en volumes ensemble. Au sein d’une intégrale sans eut Rachmaninov comme condisciple et on y trouve de bien belles choses : séparés de compléter leur intégrale aucun doute remarquable, voilà un très au conservatoire de Moscou. Sa vraie la pépite due à Pavel Kolesnikov, schu- Tchaikovsky/Jurowsky. Sur l’impres- bon disque et aussi un plaisir d’audio- carrière s’épanouit dans un Berlin qu’il mannienne, formidable d’élan juvénile sion d’ensemble, il n’y a rien à ajouter phile. (Olivier Eterradossi) finit par quitter, de même que le régime et d’inventivité ; le timbre de célesta de

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vec ces cantates morales et ces fan- etc. Dans les fantaisies on apprécie sa tion tout au long de la partition, on est Sélection ClicMag ! Ataisies pour viole solo, nous revoici viole historique, très colorée et vivante cependant bien en deçà de la tendresse dans la veine entrepreneuriale de Tele- déjà louée dans ses disques précédents et de la complicité qui émanait des ver- mann, ces œuvres devant être publiées (dont Hasse et Abel, que j’avais adoré). sions historiques (Trio Suk, Ashkenazy/ en souscription à l’usage des familles Dans les cantates, Benno Schachtner lui Perlman/Harrell et Argerich/Kremer/ bourgeoises… deux fantaisies un jeudi, vole la vedette, avec son timbre corsé et Maisky). Autres variations, celles-ci une cantate le suivant et ainsi de suite : terrien porté par une virtuosité discrète sur un thème rococo op. 33, dédiées un vrai « business plan » ! Succès im- mais patente : tant d’expressivité dans à K. F. W. Fitzenhagen fondateur de médiat au moins des cantates, qui furent le discours fait paraître tout à coup la l’école russe de violoncelle à Moscou suivies d’un deuxième lot de six à l’ins- et créateur de l’œuvre. Sergei Istomin et viole d’Eckert un peu plus pâteuse, mais trumentarium augmenté. On y retrouve Claire Chevallier en propose ici pour la le mariage des timbres est formidable la veine domestique de Telemann : toute première fois au disque la version (on retrouve l’attention portée à ce point Georg Philipp Telemann (1681-1767) textes édifiants à vocation moralisatrice originale, pour violoncelle et clavier, (prêchant ici globalement la tempérance qu’on avait noté dans les disques avec dans une interprétation historiquement Sämtliche Moralische Cantates; Fantaisies et la rectitude des comportements) et Dorothée Mields). Un disque remar- informée puisque l’œuvre est jouée sur pour viole de gambe, TWV 40 n° 31-33, 36 instrumentation à la portée d’amateurs quable, qui s’écoute avec une pointe un pianoforte Becker et un violoncelle Benno Schachtner, contreténor; Hamburger éclairés. Simone Eckert a choisi de pré- d’excitation et une gourmandise qui ne possédant des cordes à boyau, tous Ratsmusik; Simone Eckert, direction senter tout cela dans l’esprit du compo- faiblit pas du début à la fin, un régal ! deux d’époque. Si on est séduit par la CPO555141 • 1 CD CPO siteur : une cantate puis une fantaisie, (Olivier Eterradossi) verdeur des timbres des deux instru- ments, leur dialogue est parfois poussif, comme entravé. C’est là une version de la main droite de Mikhail Pletnev… et funèbres trios : au secours j’aime ça ! violon; Claire Chevallier, piano-forte salon plaisante et démonstrative mais tant d’autres. Voici Yuan Sheng, pia- A certaines heures pâles on débonde, PAS1047 • 1 CD Passacaille qui est loin de rivaliser avec le lyrisme niste chinois enseignant en Chine et on pleure comme à midi net. Ce sont n 1881 Tchaikovski laisse provisoi- échevelé de la version pour orchestre. jouissant outre-Atlantique d’une répu- œuvres magnifiquement poignantes, rement de côté son opéra Mazeppa (Jérôme Angouillant) tation déjà solide pour ses Bach, qui à faire d’autant plus suinter les pierres E pour se consacrer à un trio pour piano semble vouloir trouver une synthèse que, monotonie de la géologie, on les a violon et violoncelle. Ce n’est pas un entre école russe et caractère schu- rarement vues kleenex en poche. C’est simple délassement car l’œuvre est mannien : grande palette dynamique dans le deuil du compositeur Rubins- gigantesque (aussi longue que la sym- surtout impressionnante côté piano et tein (si ce n’est pas Anton c’est donc phonie pathétique !). Elle est dédiée « à pianissimo (s’il ne s’agit pas du tra- son frère Nikolaï, mais encore moins la mémoire d’un grand artiste », l’ami vail de l’ingénieur du son), très belles Arthur) que se lamente en variations pianiste et compositeur Nicolai Rubins- couleurs globalement assez sombres, de petites bulles dans le nez un Tchai- tein dont c’est le « portrait musical ». ambiances plutôt méditatives. Le ruba- kovsky, que sans traîner regrettera L’œuvre est d’allure concertante et to me gêne plus : je crois y percevoir bientôt à son tour le long thrène de son emprunte à des rythmes et des airs de un curieux mélange de raideur globale jeune protégé Rachmaninov (dont le danse russe mais le fatum n’est jamais (1681-1767) et de petits décalages entre mains ou second trio est un autre bijou). Encore Georg Philipp Telemann loin et chaque mouvement se termine entre notes d’un même accord qui me qu’avec ce dernier est-on d’emblée et Sonate n° 2 pour flûte, violon, alto et basse dans le deuil et l’affliction. Les onze semblent plus des coquetteries un peu pour toujours (pardonnez notre dada continue, TWV 43 : F1; Sonate pour flûte, variations du « Tema con variazione » narcissiques qu’une nécessité. Traité qui radote) dans le dol et exil plus 2 violons et basse continue, TWV 43 : G12; comprennent une mazurka, une fugue Sonate n° 4 pour flûte, violon, alto et basse ainsi, « Décembre » finit par ressembler large de ce jamais plus qu’est le pays et une nocturne en mineur noté « lu- continue, TWV 43 : C1; Sonate n° 6 pour aux petits bonbons de Moszkowski et de l’enfance perdu, d’où notre notion gubre » qui s’apparente à un lamento. flûte, violon, alto et basse continue, TWV consorts. Prise de son qu’on pourrait un peu tordue et néanmoins brevetée L’interprétation du trio bénéficie d’une 43 : d2; Concert à 4 pour hautbois, violon, presque qualifier de trop bonne, qui de nostalgie native. Cela dit, deux trios alto et basse continue, TWV 51 : D6 / J.M. certaine qualité d’écoute entre les trois laisse incompréhensiblement passer ici infiniment plus présents au disque Molter : Sonate à 4 pour hautbois, violon, musiciens et si elle permet d’assurer la un bruit percussif répété (probablement que bizarrement dans la sensibilité du alto et basse continue, MWV 9.19; Concer- tenue du discours et de capter l’atten- une pédale ?). Le tout fait pour moi mélomane moyen, tout comme dans le tino pour clavecin, alto et basse continue, une très belle leçon de piano d’apparat même esprit les si belles deux suites pour deux pianos du jeune doué susdit. qui s’écoute avec plaisir mais un léger essayé à peu près toutes les combi- En tout cas, fort bel enregistrement en ennui sur la durée, un disque à clas- naisons possibles, le présent CD nous cette occasion, allant du maître à un Sélection ClicMag ! ser plutôt au rayon « pianistes » qu’au livrant plusieurs très belles interpréta- rayon « Saisons ». (Olivier Eterradossi) élève plutôt sous influence encore, mais qui force un peu trop sur la captation du tions de certains de ces concertos par- piano dominant les cordes. Avec aussi mi les moins connus, tels les superbes possiblement le léger défaut d’une âme concertos pour deux cors (dont le pre- (moins à la William Blake qu’un peu, mier, contrairement à l’usage baroque, libellule ou luciole selon, à la Arthur fait chanter aux solistes dans le Lar- Rackham) qui mieux qu’elle tremble ghetto une délicieuse sicilienne),ou les frissonnerait. La vie n’est plus qu’un deux concertos pour violon et violon- échafaudage soutenu par des sanglots, celle, où ce dernier est traité avec une disait Léon-Paul Fargue, à quoi ajouta Antonio Vivaldi (1678-1741) virtuosité qui n’a rien à envier à celle de Henri Calet : ne me secouez pas, je suis Double Concertos. Concertos pour 2 cors, son partenaire. Le splendide concerto plein de larmes. (Gilles-Daniel Percet) Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893) RV 538-539; Concertos pour 2 hautbois, en sol pour hautbois et basson, unique RV 535-536; Concertos pour violon et vio- dans la production du vénitien (qui a Trio pour piano en la mineur, op. 50 « À la loncelle, RV 546-7; Concerto pour hautbois consacré pas moins de 39 concertos mémoire d’un grand artiste » / S. Rachma- et basson, RV 545; Concerto en fa pour au seul basson), débute par un allegro ninov : Trio élégiaque n° 1 en sol mineur violon, violoncelle, 2 hautbois, 2 cors, Klara Würtz, piano; Dmitri Makhtin, violon; cordes et continuo, RV 574 chantant au tempo modéré caractéris- Alexander Kniazev, violoncelle La Serenissima (instruments d’époque) tique de la période tardive du musicien BRIL95632 • 1 CD Brilliant Classics AVIE2392 • 1 CD AVIE Records (à partir de 1730 environ), qui a produit plusieurs chefs d’œuvre, notamment e sujet Werther se tordant sur son es concertos doubles (pour deux des concertos pour violon. Le grand Ldivan pour tisonner les souffrances Lsolistes et orchestre) jalonnent toute ardentes de son improbable moi sans la carrière du Prêtre Roux, depuis ceux concerto final en fa, qui réunit la totalité fond, voilà docteur Freud qui lui dé- Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893) inclus dans l’Estro Armonico (publié en des solistes mis en œuvre précédem- coche bien placide : arrêtez de vous 1711 mais composé plusieurs années ment, date par contre d’environ 1714. Variations sur un thème rococo en la Les enregistrements de La Serenis- faire du bien inutilement. Car il s’agit majeur pour violoncelle et piano-forte, op. plus tôt), jusqu’au dernier connu, le bien de cela en s’imbibant (nos lec- 33; Trio pour piano en la mineur, op. 50 « À magnifique concerto en ré mineur pour sima qui font l’unanimité, se voient ici teurs les plus durs à cuire ont leur petit la mémoire d’un grand artiste » luth et viole d’amour de 1740. Toujours augmentés d’une éclatante réussite. côté bien caché Bob l’Eponge) de ces Sergei Istomin, violoncelle; Martin Reimann, curieux d’expérimentation, Vivaldi a (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

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MWV 9.30; Sonate à 4 pour flûte, violon, tion aucune faiblesse : la grande basse seur au Conservatoire de Varsovie de alto et basse continue, MWV 9.16 noble de Franz-Joseph Selig, habitué 1919 à 1921. Également compositeur, Camerata Bachiensis (sur instruments d’époque) de la Colline sacré nous vaut un Daland sa musique est dominée par la mélan- BRIL95621 • 1 CD Brilliant Classics ambigu mais toujours superbement colie et la tristesse. On y relève l’in- e propos historique qui prétend phrasé. Riccarda Merbeth, en grande fluence de Chopin bien sûr, mais aussi Ldonner sa cohérence à ce CD est tragédienne, compose une Senta hallu- de Wagner et R. Strauss. Son Prélude artificiel : pourquoi invoquer la Réforme cinée (on ne félicite pas l’éditeur d’avoir op. 2 est caractéristique de sa manière luthérienne, l’importance qu’elle donna réparti la Balade entre les deux CD du de composer. Quant aux Préludes op. à la musique, et ses effets — afflux de coffret). Mais le triomphateur de cette 5 et Pièces op. 3, ils rappellent Karol musiciens et de compositeurs dans les soirée est Samuel Youn : tessiture de Szymanowski (1882-1937), un com- Felix Woyrsch (1860-1944) territoires où régnaient des aristocrates basse-baryton en parfaite adéquation positeur très respecté par Wertheim. Symphonies n° 4 et 5; « Scène du jardin » protestants (à Eisenach par exemple avec le format du rôle, tout y est : Enfin, les Variations op. 4 démontrent d’après le « Faust » de Goethe où Telemann se lia d’amitié avec Bach) l’aplomb, la noirceur, la grandeur bles- qu’il maîtrisait aussi les formes plus — lorsqu’on réunit des pièces de deux sée, les abimes d’un personnage dont développées. (Charles Romano) Nikolai Schneider, violoncelle; Orchestre Philhar- compositeurs du XVIIIe (Telemann et le chanteur sud-coréen fait un frère ju- monique de la NDR; Thomas Dorsch, direction Molter, que 15 ans séparent), qui n’en- meau d’Amfortas. Mention spécial pour CPO555063 • 1 CD CPO tretinrent aucune relation personnelle, les inégalables Chœurs du Festival. Une dont les carrières ne se croisèrent que belle soirée bayreuthienne qui méritait omme toujours, lorsque CPO s’at- durant deux ou trois ans ? Pourquoi d’être documentée. (Olivier Gutierrez) Ctelle à ressusciter un compositeur choisir dans trois cas des versions méconnu, il le fait avec une constance « inauthentiques » des pièces de Tele- absolue et louable. Nous aurons donc mann, qui, conçues pour 3 instruments, bientôt la première gravure intégrale doivent au seul caprice de leur éditeur d’être des « quatuors » : c’est lui, qui, des symphonies de Felix Woyrsch, pos- tromantique allemand bien oublié au- sans autorisation, y ajouta la partie de Joseph Wieniawski (1837-1912) flûte (instrument justifiant le titre de jourd’hui. Les deux œuvres présentées cet enregistrement) ? Cette associa- Ave Maria, Prière à la bienheureuse Vierge Marie d’Ostra Brama, op. 16; Mélodies, sur ce disque datent des années 1930 tion est plutôt arbitraire : pourquoi ne op. 38 et 50; 6 Duos, op. 47; « Semira- et sont remarquables par leur recherche pas l’assumer ? Fort heureusement, mis », op. 52 l’interprétation est en tout point digne de concision, notamment la 5° dont les Juliusz Wertheim (1880-1928) Katarzyna Dondalska, soprano; Ewa Filipowicz- d’éloge : elle rend pleinement justice à Kosinska, mezzo-soprano; Tomasz Krzysica, ténor; quatre mouvements tiennent en une l’inventivité de Telemann (somptuosité Quatre Préludes, op. 2; Deux Préludes, op. 5; Variations sur un thème original, op. 4 Damian Chilinski, baryton; Michał Landowski, vingtaine de minutes. Le compositeur du tapis contrapuntique, ingéniosité des piano; Chœur de l’Académie des Arts de Szczecin; « à Wihelm Backhaus »; Deux Impromp- s’éloigne ainsi du style brahmsien de reprises, des imitations, des passages tus, op. 6; Drei Weisen im polnischen Barbara Halec, direction ses premières symphonies pour s’ins- en fugatos) et à la fraîcheur élégante Folkston, op. 13 « Herrn Roman Jasinski AP0410 • 1 CD Acte Préalable et enjouée des sonates à l’italienne en crire dans l‘esthétique néo-classique de zugeeignet » ’est davantage Henryk le violoniste 3 mouvements (vif/lent/vif) de Molter Elzbieta Tyszecka, piano que Josef son frère le pianiste que l’époque comme en témoigne son inso- — plus simples mais plus concertantes C AP0428 • 1 CD Acte Préalable nous connaissons de la famille Wie- lite menuet dans le style rococo de la que celles en quatre mouvements (lent/ niawski. Le label polonais Acte Préa- vif/lent vif) de son aîné — et dont le mo- a label Acte Préalable nous offre à 4° symphonie. Nous sommes ici aussi lable a déjà sorti plusieurs enregistre- delé n’est pas sans évoquer certaines Lnouveau une première mondiale. Né éloignés du post-romantisme tourmen- à Varsovie, Juliusz Wertheim a grandi ments de ce dernier surtout consacrés pièces de C. P. E. Bach. C’est souple, té d’un Pfitzner que de l’agressivité mo- dans un milieu propice à une carrière au clavier. Pour cette production, c’est délié, le jeu du hautbois, clair, incisif, est torique de Hindemith et ses suiveurs. d’une grande dextérité, la flûte s’impose musicale. Son père, banquier impor- le chant qui est à l’honneur, et plus par- L’excellent orchestre de la NDR sous la naturellement sans jamais en imposer tant, était le demi-frère du célèbre vir- ticulièrement les mélodies avec piano à ses comparses. Équilibre exemplaire tuose Carl Tausig et sa mère était une sur des textes de Müller, Hugo, Goethe, baguette de Thomas Dorsch s’engage entre les pupitres. (Bertrand Abraham) chanteuse et la fille de l’éditeur de la Heine... Si la plupart de ces pièces chan- avec ferveur dans l’exhumation de ces Gazeta Polska. Wertheim reçoit une tées alternativement en polonais ou en raretés que complète une très brève excellente formation musicale, notam- allemand se rattachent bien au roman- ment des cours de Moszkowski et tisme XIXe, on tendra l’oreille pour les scène pour un Faust, ultime compo- Noskowski, deux figures importantes 6 duos soprano/mezzo, dont le charme sition de Woyrsch, touchant morceau de monde musical polonais. Sorti avec et l’inventivité ne peuvent que séduire. orchestral d’à peine 5’, seul à subsister une médaille d’or du Conservatoire de Les chanteurs polonais sont tous bien d’un projet que le compositeur ne put Varsovie en 1901, Wertheim débute à leur place dans leur interprétation, et mener à bien. Il manque désormais une brillante carrière de pianiste avec leur timbre de voix tout à fait adéquat. de nombreux concerts en Europe et en Bel équilibre avec le pianiste accompa- les symphonies 1 et 6 pour achever ce Amérique. Il devient lui-même profes- gnateur. (Nicolas Mesnier-Nature) cycle inédit. (Richard Wander) Richard Wagner (1813-1883) Le Vaisseau fantôme, opéra en 3 actes n la croyait perdu à jamais, cette mais quelle musique toujours, irrésis- Samuel Youn; Benjamin Bruns; Christa Mayer; Sélection ClicMag ! OMesse écrite pour la princesse tible d’élan, dont le rayonnement saisi Tomislav Muzek; Ricarda Merbeth; Franz-Josef Maria Josepha et donnée pour le jour immanquablement d’autant qu’elle est Selig; Chœur du Festival de Bayreuth; Eberhard même de la fête de son Saint Patron emportée ici par un quatuor de solistes Friedrich, direction; Orchestre du Festival de le 19 mars 1732, les parties en furent de premières forces ; écoutez Julia Bayreuth; Christian Thielemann, direction détruites durant le bombardement qui Lezhneva, impériale dans le « Quoniam OACD9043BD • 2 CD Opus Arte rasa Dresde la catholique en février tu solus sanctus » ! Frieder Bernius hielemann est désormais bien ins- 1945, mais finalement le manuscrit de ajoute à cette découverte deux motets, Ttallé à la direction musicale du Fes- Zelenka, fortement endommagé, réap- les ombres du « De profundis » avec tival de Bayreuth. Grandeur ou gran- parut et Wolfgang Horn put en réaliser son chalumeau se mariant à l’alto de diloquence, c’est affaire de de goût. une édition pour Carus qui aujourd’hui Daniel Taylor tout au long de l’admi- Tempos fluctuants, contrastes dyna- la fait enregistrer par Frieder Bernius et rable « Sustinuit », chef d’œuvre absolu miques pourquoi pas, encore faut-il sa- Jan Dismas Zelenka (1679-1745) ses chanteurs et musiciens stuttgartois contrastant avec le geste épique d’ « In voir les habiter : n’est pas Furtwängler Missa Sancti Josephi, SWV 14; De profun- lancés dans un cycle Zelenka qui accu- exitu Israel », deux visages de l’art sai- qui veut. Reste un incontestable profes- dis, SWV 50; In exitu Israel, ZWV 84 mulent les révélations. Le compositeur sissant de ce génie du baroque, mais si sionnalisme et une attention constante Julia Lezhneva, soprano; Daniel Taylor, alto; Tilman bohémien était dans sa cinquantaine les messes et les oratorios sont enfin aux chanteurs, première qualité d’un Lichdi, ténor; Jonathan Sells, basse; Kammerchor alors, la somptuosité de ses polypho- enregistrés qui s’engagera dans l’inté- chef de théâtre. Bayreuth aujourd’hui Stuttgart; Barockorchester Stuttgart; Frieder nies s’enrichissaient des décors de grale de la quarantaine de motets dont ce sont aussi des distributions parfois Bernius, direction la contre-réforme, atteignant à une la plupart dorment toujours dans les très inégales, mais pour cette produc- CAR83279 • 1 CD Carus magnificence qui frôle l’ostentation, bibliothèques ? (Jean-Charles Hoffelé)

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nate de Milly Balakirev, qui s’ouvre sur On commence seulement à enregistrer basson est un peu plus élaborée, mais Sélection ClicMag ! un petit motif populaire que le compo- l’œuvre de ce génie parmi les compo- l’ensemble est sans originalité et inuti- siteur d’ « Islamey » varie en le dorant siteurs ukrainiens. Sa Deuxième Sonate lement bavard. La pièce de Verdi, est, d’arabesques, est une merveille que trop fut écrite en 1901, la même année là aussi, une transcription pour orgue peu de pianistes auront illustrée : Vadim Scriabine composait sa Troisième So- et basson d’une pièce de jeunesse pour Kholodenko en a laissé récemment une nate, les deux œuvres montrent d’éton- basson et orchestre (découverte en version magique, Vincenzo Maltempo la nantes concordances, un même gout du 2001) qui n’ajoute rien à la gloire du choisit pour ouvrir le premier volume sombre, une même écriture ténébreuse compositeur. Si les variations de Ver- de son anthologie des Sonates de piano et déprimée qui s’affranchit des tonali- roust sur « les plus jolies pages » (sic) russes, et la joue avec une nostalgie tés classiques, creuse l’espace du cla- du Corsaire de Verdi témoignent d’une certaine, pliant ses grands moyens à la vier, cherche une éloquence menaçante. écriture plus fouillée, ce compositeur lyrique effusive d’une œuvre trop peu Vincenzo Maltempo en a parfaitement ne recule toutefois pas devant les effets Sonates pour piano russes, vol. 1 courue au disque. Les deux Sonates qui saisi le caractère anxiogène. Ce premier grandiloquents, pompeux ou devant la M. Balakirev : Sonate pour piano n° 2, op. suivent sont aussi rares : la Deuxième volume inaugure d’une série qui promet « musiquette ». (Bertrand Abraham) 102 / A. Glazounov : Sonate pour piano, de Glazounov, dégagée de l’ombre de bien des découvertes : le pianiste italien op. 75 / V. S. Kosenko : Sonate pour piano, Tchaïkovski, cherche la grande forme a déjà prouvé ses affinités électives op. 14 dans ses mouvements externes, mais avec le répertoire russe en gravant la Vincenzo Maltempo, piano c’est le scherzo mendelssohnien, joués grande version moderne des « Etudes en doigts effleurant, qui fait pencher d’exécution transcendantes » de Lya- PCL10159 • 1 CD Piano Classics l’œuvre vers une certaine tendresse. pounov : sa Sonate en fa mineur méri- e secret le mieux gardé du piano Pour beaucoup la Deuxième de Victor terait de figurer dans le second volume. Lromantique russe ? La Deuxième So- Kossenko sera une vraie découverte. (Jean-Charles Hoffelé)

Trio Andrea Palladio [Michele Antonello, hautbois; Steno Boesso, basson; Enrico Zanovello, orgue] Œuvres pour violon BRIL95788 • 1 CD Brilliant Classics P. Glass : « Metamorphosis II » / A. Pärt : et enregistrement est à peu près dé- « Fratres »; « Spiegel im Spiegel » / M. Ravel : « Tzigane » / J. Corigliano : pourvu d’intérêt. L’œuvre de Friede- C « Lullaby for Natalie » / J. Ciupinski : « Edo mann enregistrée ici — une espèce de Lullaby », pour violon et électronique; polka — tient du flonflon, de la musique « Wreck of the Umbria », pour violon et qu’on trouve sur les cartes perforées électronique / M. Lauridsen : « O Magnum des orgues de Barbarie (et il y a bien Mysterium » Œuvres pour 2 pianos Musique pour clavecin à 4 mains mieux que cela dans le genre), ou de Anne Akiko Meyers, violon; Akira Eguchi, piano; W. A. Mozart : Sonate en do majeur pour Œuvres choisies de N. Jommelli, M. la musique militaire. L’« Amourette fau- Elizabeth Pridgen, clavier; Jakub Ciupinski, luthéal; piano à 4 mains, K 521 / C. Debussy : En Clementi et G. M. Rutini nienne » de Molbe est d’une expressivi- Philharmonia Orchestra; Kristjan Järvi, direction blanc et noir, pour 2 pianos, L 134 / B. A. Alberto Firrincieli, clavecin; Mario Stefano Tonda, té pataude et lourde, répétitive, et d’une AVIE2386 • 1 CD AVIE Records Zimmermann : Monologues pour 2 pianos clavecin sentimentalité parfois bien mièvre. Le a violoniste américaine Anne Akiko Gülru Ensari, piano; Herbert Schuch, piano TC710002 • 1 CD Tactus Terzetto de Lalliet est en réalité une LMyers a conçu ce disque comme une AVI8553406 • 1 CD AVI Music transcription : l’orgue n’a normalement carte de visite personnelle fruit d’une ans ce disque, intitulé Dialogues le rien à y faire, la pièce a été conçue collaboration avec des compositeurs Dduo Ensari / Schuch brasse large en pour piano, hautbois et basson. Ainsi d’aujourd’hui et pas les moindres : Phi- termes de répertoire : Mozart - Debussy jouée, elle est bouffie, grasse, et parfois lip Glass, Arvo Pärt, Morten Lauridsen, - Zimmerman. Un programme exigeant. presque ridicule. Des effets grossiers, John Corigliano... à une exception près : Changer ainsi de registres et d’époque faciles, dans une musique où la légèreté . Chaque morceau a ainsi témoigne d’un esprit ouvert au(x) parvient à être empesée. Dans la pièce été réarrangé ou créé pour elle et son dialogue(s) mais qui peut nuire à une de Jaucourt, la partie de hautbois et de instrument. Elle se fait soliste au léni- certaine cohérence même si l’ensemble montre de façon éblouissante le plai- sir du couple à jouer ensemble, entre Ode à la Rhapsodie connaissait pourtant depuis le début Sélection ClicMag ! du XVIIIème siècle un engouement quatre yeux (comme sur la pochette), R. Boutry : « ASUKA » Rhapsodie pour croissant auprès de la bourgeoisie et face à face ou côte à côte. La Sonate K clarinette et piano / L. Excoffier : Rhapso- de l’aristocratie européenne. Le duc 521 pour quatre mains défile droit dans die Provençale pour clarinette et piano / de Chartres (frère du roi Louis XVI), fit ses bottes et avec promptitude (quelle I. Danieli : Ode agli abitatori di un albero ainsi venir en France le célèbre Gabriele vitesse d’exécution !). « En Blanc et abbattuto / C. Debussy : Première Rhapso- die / S. Borris : Rhapsodie et Caprice, op. Leone, auteur de la sonate très rococo Noir » de Debussy (à deux pianos 94 / G. Gershwin : Rhapsody in Blue enregistrée ici. Si l’accompagnement se 1915) fascine et captive par la prise de Duo Kermani-Gentili limite dans cette œuvre à un continuo, risque. « Avec emportement » est mené GEN18625 • 1 CD Genuin la grande sonate de Hummel (lui-même à un train d’enfer. « Lent et sombre » pianiste virtuose) place les deux instru- recèle ici une véritable progression ments à égalité, de même que celle de dramatique et le Scherzando quant à Œuvres pour mandoline et Feliziano, compositeur portugais auteur lui distille une ambiguïté rythmique pianoforte de plusieurs sonates pour la mandoline, et harmonique fort à propos. Les cinq dans un idiome mélodieux typique- épisodes du Monologue pour deux pia- J. N. Hummel : Grande Sonate en do majeur, op. 37 / G. Leone : Sonate n° II ment Biedermeier qui nous fait espérer nos de Bernd Aloïs Zimmermann « en en la majeur, op. 2 / P. Feliziano : Sonate d’autres découvertes de ce compositeur hommage à Claude Debussy » (1960- et variations en do majeur / L. van Bee- très doué. La symbiose entre nos deux 64) désarticulent le langage musical de thoven : Rongo, Allegretto en ré majeur; talentueux interprètes éclate encore Debussy comme s’il éclatait le marbre Andante avec variations en ré majeur; davantage dans les pièces de Beetho- à coups de burin. Geste aussi subver- Sonatine en do mineur; Sonatine en do ven datées de 1796 et dédiées à la com- Musique romantique pour haut- sif qu’édifiant, typique du compositeur. majeur; Adagio ma non troppo en mi bémol tesse Joséphine Clary, plusieurs fois majeur Notes en pépites et clusters nourrissent bois, basson et orgue enregistrées. S’y ajoute un Rondo iné- Anna Torge, mandoline; Gerald Hambitzer, sa palette colorée, émaillée de quelques T. Lalliet : Terzetto, op. 22 / H. Molbe : dit, en ré majeur, dont la partie de piano piano-forte citations (Bach). C’est proprement ren- Amourette faunienne, op. 73 / G. Verdi : manquante a été reconstituée avec versant. Au final on avouera trouver Caprice pour hautbois et orgue / C. Friede- CPO555112 • 1 CD CPO talent par Frank Löhr, spécialiste de ce mann : Ehestandsgeplauder, Musikalischer le Mozart demi- sec, le Debussy brut, ertains mélomanes sont encore au- Scherz, op. 54 / S. Verroust : Fantaisie travail. Espérons que ce nouvel enregis- franc et puissamment tanisé quant au et Variations, op. 54 « sur les motifs de Cjourd’hui très étonnés d’apprendre trement de nos deux merveilleux inter- Zimmerman on le dégustera frais et Il Corsaro de G. Verdi » / E. Jancourt : que le grand Beethoven s’est intéressé prètes sera suivi de beaucoup d’autres. pétillant. (Jérôme Angouillant) Concertino, op. 40 d’après E. Methfessel à l’humble mandoline. L’instrument (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

18  ClicMag janvier 2098  www.clicmusique.com Récitals fiant Métamorphosis II de Glass (1988) Michael Kugel, altiste et maître de Dana et Cléopâtre, mais sa production était thématique permet d’apprécier l’ex- puis s’empare du Fratres et de Speigel Zemtsov, qui en a ajouté judicieusement loin de s’épuiser. Quant à Bernstein, il cellent Alessandro Denabian, interprète im Spiegel du compositeur estonien de quelques-unes de sa composition. publia les arias et Barcarolles deux ans majeur de cet enregistrement. Quand façon bravache et quelque peu osten- Entre ces œuvres, le lyrisme sensible avant sa mort, mais à partir d’un maté- on pense à la technicité que demande tatoire. Magnifiquement enregistrés, et passionné est à l’honneur avec des riau élaboré des décennies auparavant. le cor naturel sans mécanisme, où les piano et violon rivalisent en termes de pièces plus courtes dont la Prière pour Ce concept bancal ne doit pas vous faire notes chromatiques sont obtenues en timbre et de dynamique. Le Tzigane de alto et orchestre (1999) de Kugel qui passer à côté de Schubert et de Brahms bouchant avec la main le pavillon, et Maurice Ravel participe aussi à cette ré- réalise également l’arrangement pour d’une beauté et d’une hauteur de vue la façon dont il chante avec, il vole la création puisqu’il est ici interprété dans alto et orchestre à cordes de Baal Shem stupéfiantes. Une voix de baryton-basse vedette à la mezzo-soprano italienne sa version pour luthéal, en fait un piano (1923-39) d’Ernest Bloch, triptyque à la technique irréprochable, un piano Lucia Cirillo. La voix est fraîche et préparé grâce à un dispositif permet- instrumental à l’envoûtante inspiration imaginatif, qui suggère et relance, et convient assez bien au style des pièces tant des harmoniques comparables à hébraïque. Au centre du programme, la dont les couleurs épousent celles du so- entendues, même si sa sonorité laisse ceux d’un cymbalum. Le seul luthéal au sixième Danse hongroise de Brahms (et liste. On regrette que Christian Immler la technique l’emporter sur l’émo- monde conservé au musée de Bruxelles non pas la cinquième comme indiqué et Christoph Berner ne nous aient pas tion. Au clavier, Francesca Bacchetta a étant inutilisable, le compositeur Jakub sur le programme) fait office d’inter- donné ici l’intégralité du Schwanenge- par moment un peu de mal à se faire Ciupinski a recréé électroniquement sa mède musical. Une diversité appré- sang. Les Barber et les Bernstein pa- entendre. L’équilibre entre le trio n’est sonorité. Captivant sans pour autant ciable ! (Laurent Mineau) raissent anecdotiques à comparaison. pas toujours réussi, sans doute dû à bouleverser l’écoute de l’œuvre. Du (Olivier Gutierrez) un souci au niveau de la prise de son. même Ciupinski, fervent adepte de Mais on ne rechignera pas au plaisir l’électro-acoustique, une très jolie ber- général qui découle de l’audition de ceuse tirée d’une mélodie traditionnelle ce disque qui nous plonge sans ambi- japonaise (« Edo lullaby » avec sons de guïté dans un salon musical d’époque. cloches numérisés) et une pièce sym- Livret en français très développé phonique « Wreck of the Umbria » qui et analytiquement très intéressant. nous entraîne dans les tréfonds d’une (Nicolas Mesnier-Nature) épave sous-marine. Pièce méditative où la partie du violon semble se mouvoir comme une caméra mobile, serpentant Mélodies à l’intérieur du vaisseau, l’orchestre F. Schubert : Der Swchanengesang, D 957 Péchés d’Opéra (dirigé par Kristjan Järvi) figurant le / J. Brahms : Vier ernste Gesänge, op. 121 G. Rossini : Prélude, Thème et Variations déplacement des flots, des algues et / S. Barber : 3 Mélodies, op. 45 / L. Berns- pour cor et piano / G. Puzzi : Ah che forse des poissons. Lauridsen a quant à lui, tein : Aires et Barcarolles, pour mezzo et in tai momenti, pour mezzo-soprano, cor et arrangé son beau motet O magnum baryton, et piano à 4 mains piano; Fantaisie sur des airs de l’Agnese Mysterium pour l’occasion en pièce Christian Immler, baryton; Anna Stéphany, mezzo- et de la Molinara / A. Clapisson : Fantiasie soprano; Christoph Berner, piano; Danny Driver, concertante, l’œuvre y gagne en am- pour piano et cor sur des thèmes de piano; Silvia Fraser, piano pleur et en pompe mais son pouvoir de l’Opéra L’Otello de Rossini / G. Donizetti : Frottoles et improvisations pour AVI8553402 • 1 CD AVI Music Fuis, laisse-moi, pour mezzo-soprano, cor séduction reste intact. Cadeau bonus : et piano; Amor Funesto, Romance pour voix et luth de la Renaissance une délicate berceuse dédicacée à la fille onstruire un programme autour du mezzo-soprano, cor et piano; Une larme italienne d’AAK imaginée par John Corigliano, le chant du cygne est une idée origi- furtive, pour mezzo-soprano, cor et piano C P. Verdelot : Benché’l misero cor; nale, sauf qu’aucune des pièces choi- / S. Mercadante : L’appel du chasseur, temps que la petite s’endorme. In fine, Madonna, qual certezza; Quand’amor i pour mezzo-soprano, cor et piano / F. N. un disque attachant et bien réalisé. sies n’a de caractère testamentaire ou begli occhi; Con lagrime e sospir; Donna Duvernois : Mes Adieux, Nocturne pour cor (Jérôme Angouillant) récapitulatif de l’œuvre de son compo- leggiadre e bella; Fuggi, fuggi, cor moi; et piano / A. Belloli : Pot-Pourri sopra vari siteur. On doit le titre du dernier cycle - Vita della mia vita; Amor, se d’hor in motivi dell’Opera il Pirata qui n’en est pas un à proprement parler hor; Afflitti spirti miei; Madonna, il tuo – de Schubert à un éditeur doué pour le Lucia Cirillo, mezzo-soprano; Alessandro Dena- bel viso; Con l’angelico riso; Divini occhi bian, cor naturel; Francesca Bacchetta, piano-forte marketing. Les quatre chants sérieux de sereni; Dopoi longe fatiche e longi affanni; Brahms sont certes l’accomplissement PAS1039 • 1 CD Passacaille Madonna, per voi ardo; Quanto sia liet’il giorno / G. Jubli/P. Kieffer : Improvisations de son œuvre, mais il n’y retient pas échés d’opéra rassemble des œuvres / A. Caprioli : Quella bella e bianca mano le pessimisme radical de l’Ecclésiaste. Pinstrumentales et vocales de la pre- / B. Tromboncino : Che debo far che mi Barber compose son opus 45 sous le mière moitié du 19è siècle autour du consigli amore; Dopoi longe fatiche e longi coup de l’échec de son opéra Antoine cor, du pianoforte et du chant. Cette affanni; Non val aqua al mio gran foco; Per

Œuvres pour alto et orchestre tion, de savoirs anciens et modernes. elle relevait d’une forme de « créativité B. Bartók : Concerto pour alto, Sz 120, Sélection ClicMag ! Sur le plan musicologique d’abord, selon les règles », qui devait leur per- BB 128 / M. Kugel : Preghiera pour alto ce CD est le résultat sonore d’une re- mettre de se « distinguer ». La pratique et orchestre à cordes / J. Brahms : Danse cherche quasi-scientifique menée sur des diminutions était un art hautement Hongroise n° 5 pour orchestre / E. Bloch : un instrument — la viole de gambe du paradoxal : il était assez facile de retom- Baal Shem, 3 Tableaux de vie Hassidic / début du XVIe siècle — dont on sait, par ber dans la « formule » et la répétition. N. Paganini : Variations sur « O mamma, l’iconographie, par des traités et com- On admirera ici l’invention, l’originalité mamma cara », op. 10 positions laissés notamment par Ga- et la fraîcheur des diminutions réalisées Dana Zemtsov, alto; Estonian National Symphony nassi — qu’elle était utilisée à Venise. par les musiciens à partir des traités Orchestra; Daniel Raiskin, direction En l’absence de tout instrument en état, d’époque. Mais le charme de ce CD tient CCS41018 • 1 CD Channel Classics ou fiable, des historiens, des musico- peut-être surtout à la construction du e programme de cet album est logues, des acousticiens, des facteurs programme. Si Ganassi en est le centre, Lconstitué d’œuvres aux durées et Co’l dolce suono d’instruments, des informaticiens ont c’est de façon subtile et mouvante, aux caractères variés avec l’alto pour Musique virtuose de la Renaissance ita- été mobilisés pour le reconstruire. Et presque allusive. Toute une galaxie de fil conducteur. Il débute avec l’écriture lienne pour soprano, flûte à bec et cordes de l’équilibre sonore, de la clarté, de la compositeurs gravite librement autour contrastée et moderne du Concerto de J. Arcadelt, F. Layolle, A. Willaert, S. di ductilité, qui caractérisent les combinai- de lui et l’agencement des morceaux, pour alto (1945) de Bartók entre Ganassi Dal Fontego, G. Segni… sons sonores variées dans lesquelles à travers les contrastes — volubilité moments de tension et d’apaisement Ulrike Hofbauer, soprano; Ensemble Arcimboldo; ces « nouvelles » violes entrent ici, naît joyeuse et fière de la flûte à bec (3 et Thilo Hirsch, direction dans lesquels la soliste et l’orchestre pour l’auditeur ce qu’exprime exacte- 6) par rapport à la simplicité un peu ru- font preuve d’une énergie vivifiante. AUD97731 • 1 CD Audite ment le mot « délectation ». Brille et mi- gueuse des cordes (4) par exemple ou On retrouvera cette énergie virtuose oici un miracle. Pas un miracle roite aussi ce qui constitue la base de la à l’emploi du seul luth (7), nous raconte dans la dernière œuvre du programme, Vqui vous tombe dessus, amené virtuosité vénitienne : l’ornementation. véritablement une histoire qui vient tout brillante et enjouée, constituée des par quelque souffle venu d’on ne sait Faisant l’objet de nombreux écrits théo- entière se rassembler et se concentrer Variations sur « O mamma, mamma quelles sphères. Non : un miracle voulu, riques, elle n’était — sauf exceptions — dans l’irradiation puissante, calme et cara » du Carnaval de Venise (1829) de patiemment construit, tirant parti de pas notée dans le texte des œuvres. Pra- sûre de la voix d’Ulrike Hofbauer. Mer- Paganini, arrangées par le compositeur multiples formes de créativité, d’inven- tiquée intuitivement par les interprètes, veille ! (Bertrand Abraham)

www.clicmusique.com  ClicMag janvier 2019  19 Récitals dolor me bagno il viso; Poi che volse la son des whistles, fiddles, uilleann pipes, mia stella / P. Zanin Bisan : O despietato Sélection ClicMag ! dulcimer et autre harpe médiévale, le tempo programme est composé de chants et Gabriel Jublin, contreténor; Paul Kieffer, luth de danses issus du folklore irlandais, CLA1803 • 1 CD Claves écossais et anglais qui nous tiennent en haleine pendant plus d’une heure. Chan- es talents exceptionnels de Gabriel teurs solistes, duos, chorales d’adultes Jublin, jeune contre-ténor ont été L ou d’enfants, pièces instrumentales, mis à profit dans de nombreux et pres- moments de recueillement, d’élévation tigieux ensembles et dans des œuvres Florilegium Portense spirituelle, danses festives et douces d’époques et de genres très variés : Hymnes et Motets choisis de H. Praetorius, ballades s’enchaînent pour notre (de la musique médiévale aux cantates A. Borsaro, O. de Lassus, S. Calvisius, J. plus grand plaisir. Cette astucieuse et de Bach et à l’opéra baroque). Sa voix Gallus… Noël dans les Appalaches réjouissante célébration de Noël est s’est illustrée dans une bonne dizaine Vocal Concert Dresden; Cappella Sagittariana Christmas Eve at the Crossrads; Celtic particulièrement appréciable ! Le pro- d’enregistrements. Fondateur d’un trio Dresden; Peter Kopp, direction Memories, Christmas Eve in Old Ireland; gramme finement pensé est constitué d’improvisation vocale qui se produit CAR83492 • 1 CD Carus Caroling Across the Waters- Christmas de six parties symbolisant le trajet des Morning in Appalachia- Wanderers Under notamment à l’abbaye du Thoronet, il e Florilegium Portense doit son migrants partant de l’Irlande natale, se signe ici son premier album de chant the Sky- Christmas Barn Dance retrouvant le matin de Noël dans les Lnom à la ville saxonne de Pforta, Amanda Powell, soprano; Ross Hauck, ténor; soliste, accompagné au luth par P. dotée d’une célèbre abbaye. C’est un Appalaches (nord-est des États-Unis) Jeffrey Strauss, baryton; Apollo’s Singers; Apollo’s en passant par la traversée de l’océan et Kieffer. Il nous fait partager, tout sim- des recueils les plus considérables Musettes; Apollo’s Fire; Jeannette Sorrell, direction pour finir avec des danses folkloriques. plement, l’émerveillement qu’a suscité d’hymnes et de motets du XVIIe siècle, AVIE2396 • 1 CD AVIE Records chez lui la frottola, genre poético-mu- qu’on doit au cantor E. Bodenschatz. Loin des compilations habituelles, cet oilà un album de Noël qui sort des sical particulièrement raffiné, apparu Utilisé, selon un calendrier précis, pour album aux qualités musicales certaines sentiers battus ! L’ensemble de mu- associe avec bonheur le charme du dans les cours italiennes du nord de le chant précédant et suivant les repas V sique ancienne Apollo’s Fire dirigé par la folklore celtique, la musique ancienne l’Italie à la fin du XVe siècle, et qui s’épa- des élèves de la célèbre école liée à claveciniste américaine Jeannette Sor- et la grâce de Noël ! A conseiller ! nouit durant la Renaissance, dont il in- l’abbaye, il contenait, outre des pièces rell nous invite à un Noël celtique. Au (Laurent Mineau) fluença l’évolution. Des recherches ont de Calvisius (prédécesseur de Boden- montré qu’il s’agissait là, en règle géné- schatz), des œuvres de compositeurs rale, d’une forme vocale monodique, catholiques allemands, italiens, bour- Cappella Artemisia a pris le parti, dans guignons, hollandais, ce qui lui confé- accompagnée au luth, et non, comme certains d’entre eux, de transposer à rait déjà une dimension européenne. on l’a d’abord cru d’une forme vocale à l’octave supérieure les voix initialement La collection, augmentée en 1618 puis 4 voix. Parmi les compositeurs interpré- écrites pour basse et ténor (passant ain- en 1621, se répandit avec un tel succès si à alto et soprano), pratique courante tés ici, se distinguent plus particulière- qu’elle essaima en dehors de l’Église ment les deux grands maîtres de cette dans les couvents féminins de l’époque. catholique et fut plus tard, adoptée par L’effectif, éminemment variable d’une forme, Tromboncini et Verdelot (d’ori- les Luthériens. J.S Bach en fit copier pièce à l’autre, comprend neuf voix de gine française). Heurs, soupirs et tour- certaines pages. Les œuvres retenues femmes, deux violons et un ensemble ments de l’amour, beauté de la dame ici sont, sauf deux d’entre elles, écrites complet de basse continue. Les voix aimée, « belle et enjouée » « à la belle sur des textes latins : hymnes, motets Bianca Maria Meda (17e siècle-) sont agréables, particulièrement en et blanche main » « aux yeux calmes et de louange, d’actions de grâce, com- chœur, en dehors d’une voix d’alto divins » sont célébrés en des miniatures positions sur le texte d’un psaume, sur Jesu mi clementissime; Vibrate; Anime bella; O quante contra me; In foco arden- assez imprécise (plages 1,7,9) avec qui sont autant de perles rares et par- des passages de l’Ancien Testament tissime; O lacrime amare; Volo vivere; No un accompagnement solide quoiqu’un faites. Finement serties et servies par fréquemment sollicités (ainsi le « Quam non tentate; Spirate vos zeffiri peu lointain, dont un orgue trop pré- pulchra es » provenant du Cantique le luth de P. Kieffer, portées et comme Cappella Artemisia; Candace Smith, direction des Cantiques), prières, pièces liées sent mais une doulciane remarquable. distillées par la voix ronde, à la fois BRIL95736 • 1 CD Brilliant Classics Une mu-sique variée et inventive, à chaude et délicate du chanteur, elles de- à des moments de l’année liturgique ianca Maria Meda a vécu pendant connaître. (Michel Lagrue) mandent à être savourées une par une, — elles sont toutes accompagnées d’instruments et recourent tant au les 35 dernières années du XVIIe sans précipitation, dans leur plénitude. B chant monodique, qu’à la polyphonie à siècle. Sa biographie est mal connue Il y a là un plaisir, qu’on n’épuise pas en 3, 4, à 6 ou 8 voix. Toutes les formes mais une édition de 1691 porte l’ins- une seule fois mais auquel on revient. de contrepoint, de la plus simple (note cription « donna » indiquant son statut Plaisir prolongé par des improvisations contre note) jusqu’à la plus sophisti- de professeur dans un couvent béné- sur des textes empruntés à la même quée sont illustrées. Le tout est porté dictin : San Martino del Leano à Pavie. veine poétique, le bonheur de l’inter- par un élan magnifique, sans faille. Cette année-là elle publie un recueil de prétation appelant tout naturellement la Équilibre parfait entre musiciens et douze « Motetti à 1, 2, 3 e 4 voci, con création, comme l’écoute est ici appel chanteurs. Une architecture sonore à la violoni ». Ce disque reprend huit de ces au rêve et à l’imagination. Splendide ! fois pleine et pure. Un très beau disque. motets, en langue italienne et non latine, (Bertrand Abraham) (Bertrand Abraham) de nature sacrée mais non liturgique. La Wilhelm Backhaus Intégrale des enregistrements d’avant- guerre. L. van Beethoven : Concertos pour he Binchois Consort, dirigé par environ, avec les différents éléments piano n° 4 et 5; Sonates n° 8, 14, 26 et 32 Andrew Kirkman, s’est taillé depuis survivants de la magnifique messe Flos Sélection ClicMag ! T Wilhelm Backhaus, piano; Royal Albert Hall sa création en 1995 une réputation Regalis de Walter Frye, qui survécut Orchestra; London Symphony Orchestra; Landon d’ensemble de haut vol se consacrant jusqu’à 1475. L’ensemble, composé Ronald, direction à la musique vocale du Haut Moyen uniquement de voix d’hommes confor- APR6027 • 2 CD APR Âge, et a enregistré plusieurs albums mément à l’usage de l’époque, com- unanimement salués par la presse et ilhelm Backhaus, à l’exception de porte 6 chanteurs au talent éblouissant, la « Hammerklavier » qu’il ne ré- les critiques et plébiscités par le public, (contreténors pour les voix supérieurs, W consacrés à Dufay, Busnois, Domarto, enregistra pas, engrangea par deux fois ténors et barytons pour les autres), et Pullois, Compère, Binchois, dans le l’intégrale des Sonates de Beethoven confère à ces polyphonies encore for- cadre de projets inventifs qui renou- pour Decca, alors même que le studio vellent l’interprétation de ce répertoire. tement marquées par le plain-chant bridait son art, du moins après la guerre. le caractère aérien, lumineux, serein Musique chorale de la Renais- Le dernier né de cette série presti- Avec la gravure directe sur 78 tours, il et limpide des bas-reliefs d’albâtre, sance anglaise gieuse, consacré à la dévotion mariale en allait tout autrement. Les ingénieurs dans l’Angleterre du 15ème siècle, contemporains de ces musiques, re- du son et les directeurs artistiques, Œuvres de J. Cooke, W. Frye, Guillaume le met ainsi en parallèle des pièces poly- présentant la Vierge et autres person- lorsqu’il y en avait ! n’étaient pas encore Rouge, J. Dunstable, T. Damett… phoniques de Cooke, Le Rouge, Duns- nages bibliques, qui illustrent le livret parvenus à ce degré d’intransigeance The Binchois Consort; Andrew Kirkman, direction table, Damett, Bedingham, Forest, et de cet enregistrement exceptionnel. que les progrès de la technique autori- CDA68228 • 1 CD Hyperion Plummer, tous en activité jusqu’à 1450 (Jean-Michel Babin-Goasdoué) seraient. L’artiste jouait, il fallait le saisir

20  ClicMag janvier 2098  www.clicmusique.com Trésors du passé sur le vif comme un peintre peignant sa rtur Schnabel fut son maître, Buso- pour comprendre à quel point son ima- toile sur le motif. Dans les année trente, Sélection ClicMag ! Ani, surpris par la qualité de son jeu ginaire d’artiste s’accordait à l’univers Wilhelm Backhaus qui défrayait la chro- lui octroya en 1923 une grande leçon de de Debussy. De source Ultraphone, une nique par son jeu objectif, put graver trois heures sur les Variations Goldberg, « Alborada del gracioso » sera tout aus- Carlo Zecchi menait déjà alors une belle si surprenante, en traits légers, une es- à Londres pour « His Master’s Voice » carrière, malgré ses petites mains. Elles quisse qui danse. C’est merveille d’avoir quatre sonates (la Pathétique fut enre- furent sa chance, raffinant à l’extrême sa enfin ces précieux sillons réédités la gistrée dès 1927) qui documentèrent sonorité, l’encourageant à une vélocité perfection, les pièces brèves s’y as- sa manière singulière : jeu clair où tout qui détermina son répertoire, Sonates semblent autour de ses célèbres « Kin- s’entend, tempos très libres qui pour- de Scarlatti jouées dansées, brillantes derszenen » comme rêvées. A tout cela tant ne distordent jamais les phrasés, dans un clavier-lumière, des Chopin Mark Obert-Thorn ajoute le 5e Concerto aériens, divinement phrasés, exposent Brandebourgeois vivement mené par une électricité fabuleuse qui envole le Carlo Zecchi clavier – écoutez le final des Adieux – son fabuleux vocabulaire où chante Fernando Previtali où le rejoignent la Intégrale des enregistrements Cetra, le plus beau trille qu’un pianiste n’ait flûte argentée d’Arrigo Tassinari et le et dans la pureté des traits une variété 1937-1942. Œuvres choisies de V. Galilei, de couleurs assez inouïe. Objectif vrai- O. Respighi, A. Scarlatti, A. Vivaldi, J.S. jamais possédé sinon Wilhelm Kempff. violon ambré de Gioconda de Vito, rap- Tous les enregistrements Cetra assem- pelant que l’Italie faisait sa révolution ment ? J’ai le sentiment d’entendre Bach, M. Reger, F. Schubert, R. Schu- mann, F. Liszt, F. Chopin, C. Debussy, F. blés ici rendent compte de sa sonorité Bach dés la fin des années trente. En- dans ces 78 tours admirablement Ticciati et M. Ravel magique, de l’élégance de son jeu, des semble émouvant qui rend justice à un repiqués les foucades, les embardés, Carlo Zecchi, piano subtilités de son échelle dynamique, et poète du piano, repiquages splendides. l’ardeur de tous les Beethoven – mêmes APR6024 • 2 CD APR il faut entendre ses « Poissons d’or » (Jean-Charles Hoffelé) tardifs ! – de Backhaus dès qu’il était au concert, infiniment plus libre qu’en tout l’était, doigts étourdissants qui empor- Sonate, du moins le croyais-je jusqu’ici. ce qu’il nous aura laissé au microsillon. taient le clavier. Il adorait transcrire à Pourtant, dans sa chère Grande de Sommet de l’ensemble un opus 111 ses mesures des pièces de caractère : Meslay, le 10 juin 1981, il s’essayait à déclamé, d’une puissance magnifique, la Marche militaire en mi bémol de la Première Sonate, merveille de canta- avec ces aigus ailés incomparables. Schubert est irrésistible. Pas une note bile, la plus romantique de toutes dans Quel art ! qui exhausse le texte vers son de Beethoven dans ce double album, l’acceptation du premier romantisme, absolu. Les deux Concertos avec Lan- mais des Liszt stupéfiants (la Deuxième celui avec château perdu et pleine lune. don Ronald, sculptés, ne se sont jamais Rapsodie hongroise !), Triana d’Albe- Il lui donne une teinte mozartienne, jusque dans les assombrissements démodés, 4e exalté, Empereur d’un niz joué serrée, le Caprice espagnol de Wilhelm Backhaus Moszkowski diabolique, une Polka de de l’Adagio, puis joue le Menuetto admirable classicisme, en les entendant Smetana où il ébroue littéralement son en tempo retenu, soignant les dyna- on comprend pourquoi le public londo- Les enregistrements HMV, 1925-1937. Oeuvres choisies de Chopin, Smetana, clavier et d’autres pièces qui rappellent miques, musique d’elfes. Mais qui joue nien chérissait tant le jeune Backhaus : Schubert, Liszt, Moszkowski… quel fabuleux pianiste d’estrade fut le la Première Sonate le fait pour le plaisir depuis Schnabel il n’avait pas entendu Wilhelm Backhaus, piano jeune allemand. Deux opus majeurs au de filer le Perpetuum Mobile du finale, milieu de ces gemmes : une Fantaisie musique ivre que Richter joue légère, et un beethovénien d’une si grande ve- APR6026 • 2 CD APR nue. Trois pages de Bach, placées en de Schumann intense, tenue, intériori- prestissime en effet. Quels doigts ! qui a Sérénade de Don Giovanni par savent envoler un clavier comme aucun faces ultimes des Sonates font regret- sée, dont le chant final semble résonner Backhaus, vous connaissez ? Sa d’un autre monde, et, miracle de style, autres. Tout aussi inédit au répertoire ter qu’il n’en ait pas plus enregistré : L propre transcription, fabuleuse, orne- en 1928 une intégrale des Etudes de discographique de Richter, le deuxième écoutez seulement la nacre du Premier mentée avec un chic fou, et jouée avec Chopin qui ne s’est jamais démodée, Intermezzo de l’op. 117 rappelle qu’il Prélude et Fugue du Clavier bien tem- un tel esprit ! C’est l’autre visage de cet technique parfaite, jeu léger, de l’élé- jouait son Brahms en lumière et tou- péré. Notes éclairantes de Jed Distler. apôtre de Beethoven qui jeune homme gance partout et des visions aussi : jours en tempo allant. Deux merveilles (Jean-Charles Hoffelé) fut fêté pour sa virtuosité et virtuose il Backhaus sait que ce sont d’abord des ouvrent cet album de raretés : la Toc- poèmes. Quel ensemble stupéfiant qui cata en sol mineur, flamboyante, et change drastiquement le visage d’un inondé d’un grand soleil, dans un son illustre. Sommet, et première publica- pianiste que d’aucun peinèrent à imagi- un rien difficile le 4e Concerto de clavier Sélection ClicMag ! tion contrairement aux autres œuvres ner en jeune-homme capable de toutes avec Rudolf Barshai et ses Solistes de de l’album, le Concerto pour hautbois. les audaces. (Jean-Charles Hoffelé) Moscou : écoutez ce Larghetto au dolce Cette bucolique irrésistible où le soliste insondable. Leslie Gerber a pioché pour babille est poétisée avec esprit par Leon assembler les inédits de cet album dans Goossens qui s’était fait le chantre de la caverne aux merveilles d’Yves Saint- cette œuvre automnale, charmante et Laurent qui édite une imposante série pourtant mélancolique. Il est ici bien d’enregistrement en concert du pianiste plus libre qu’en ses deux enregistre- russe. Il fallait ici lui rendre hommage. ments de studio, chantant avec une (Jean-Charles Hoffelé) poésie éperdue et un esprit diabolique dans un final faunesque, mêlant les Ferenc Fricsay deux styles de jeu – le français avec R. Strauss : Burlesque pour piano et vibrato, l’allemand sans – pour créer un orchestre en ré mineur, TrV 145; Concerto discours savoureux. Magnifique, tout Richter Discoveries ! vol. 1 pour hautbois et petit orchestre en ré comme l’enregistrement mieux connu J.S. Bach : Concerto n° 4 en la majeur, majeur, TrV 292; Concertino double pour du Duett-Concertino que Fricsay dirige BWV 1055; Toccata en sol mineur, BWV clarinette et basson avec orchestre à comme du Mozart, sur les pointes, et 915 / J. Brahms : Intermezzo, op. 117 n° cordes et harpe en fa majeur, TrV 293; en tempo vif, le sauvant du bavardage. 2 / C.M. von Weber : Sonate n° 1 en do majeur, op. 24 « Till Eulenspiegel’s Merry Pranks », op. Et Burleske ? Margrit Weber souffre un 28, TrV 171 peu dans les déplacements, elle n’a pas Sviatoslav Richter, piano; Moscow chamber Léon Goossens, hautbois; Heinrich Geuser, Orchestra; Rudolf Barshai, direction absolument la virtuosité diabolique que Henryk Szeryng clarinette; Willi Fugmann, basson; Margrit Weber, PACD96063 • 1 CD Parnassus T. A. Vitali : Chaconne en sol mineur / piano; RIAS-Symphonie-Orchester; Ferenc Fricsay, Strauss a mis dans cette partition piège, mais quel esprit, que de subtilités de a curiosité de Sviatoslav Richter ne G. Tartini : The Devil’s Trill; Variations AUD95604 • 1 CD Audite connaissait guère de limite, englo- Corelli / C. W. Gluck : Dance of the Blessed jeu çà et là, qui remboursent de ne pas L Spirits / F. Kreisler : Allegretto in the style hez Richard Strauss Ferenc Fricsay, avoir le plus fulgurant des Burleske, et bant le répertoire de Bach à Szyma- of Boccherini; Liebeslied & Liebesfreud; Coutre qu’il ne toucha pas aux opéras, puis l’orchestre tour à tour vif argent nowski. Il fut l’un des rares pianistes à Prélude et Allegro; Caprice Viennois, op. en resta aux premiers opus fulgurants et nostalgique de Fricsay cela ne se jouer certaines Sonates de Weber, Dino 2; Schön Rosmarin; Tambourin Chinois, – son Till Eulenspiegel reproduit ici est refuse pas. Il met ici autant de nerf que Ciani pour ses premiers sillons ayant op. 3 / E. Halffter : Danza de la Gitana / H. d’une irrépressible vitalité rythmique – dans son irrésistible Till Eulenspiegel, gravé les quatre, modèle de style et Wieniawski : Scherzo-Tarantelle, op. 16 et, plus étonnant, creusa la veine néo, incroyable précis d’attaques et de phra- d’élégance auquel Richter se confronta Henryk Szeryng, violon; Charles Reiner, piano baroque ou classique, ce que ce disque sés ! (Jean-Charles Hoffelé) assez souvent avec la seule Troisième LAW022 • 1 CD Biddulph

www.clicmusique.com  ClicMag janvier 2019  21 Sélection CPO

C. Friedrich Abel : Six Bartók, Babin : Concertos pour 2 I. von Beecke : Concertos pour A. Busch : Trios piano, op. 15 et 48; M. Castelnuovo-Tedesco : L. Cherubini : Cantates «Clytem- Symphonies, op. 7 pianos et orchestre piano, BEEV 100,102 & 108 Quatuor piano, op. 59 Quintettes pour piano n° 1 et 2 nestre», «Circé» et «Amphion» La Stagione Frankfurt D. Paliev et P. Todorov; Duo Genova, Natasa Veljkovic; Bayerisches Kammeror- Ulrich Eichenauer, alto Massimo Giuseppe Bianchi, piano; Villoutreys; Eittinger; Karasiak; Kölner Michael Schneider Dimitrov, piano; Yordan Kamdzhalov chetser Bad Brückenau; Johannes Moesus Trio Ravinia Quatuor Aron Akademie; Michael Alexander Willens CPO777993 - 1 CD CPO CPO555001 - 1 CD CPO CPO777827 - 1 CD CPO CPO777528 - 2 CD CPO CPO777961 - 1 CD CPO CPO777776 - 1 CD CPO

E. d’Albert : Intégrale des quatuors A. Diepenbrock : Mélodies A. Diepenbrock : Poèmes sympho- G. Donizetti : Quatuors à cordes L. Farrenc : Symphonies n° 1 & 3 J. van Gilse : Concerto pour piano à cordes orchestrales niques Elektra, n° 1-3 Hannover Radio Philharmonic Orchestra; «Drei Tanzskizzen»; Variations sur Quatuor Reinhold H.C. Begemann, baryton De Vogels et Marsyas Quatuor Pleyel de Cologne Johannes Goritzki une mélodie de la Saint-Nicolas OS de Saint-Gall; Otto Tausk Bamberger Symphoniker; Antony Hermus Oliver Triendl; David Porcelijn CPO555012 - 1 CD CPO CPO777836 - 1 CD CPO CPO777927 - 1 CD CPO CPO777909 - 1 CD CPO CPO999603 - 1 CD CPO CPO777934 - 1 CD CPO

K. Goldmark : Ouverture, op. 38; Christian E. Graf : Quatuor à cordes C. Graupner : Cantates pour basse J. Gungl : Valses, Franz A. Hoffmeister : Ouverture P. Juon : Rhapsodische Symphonie; Symphonie, op. 26 n° 4, 6 et op. 17 n° 1, 4 et 13 Klaus Mertens, basse-baryton marches et polkas «Le fils du Roi d’Ithaque»; Sinfonietta Capriciosa Robert-Schumann-Philharmonie Quatuor Via Nova Accademia Daniel OS de Nuremberg Symphonies en do et ré majeur Bamberger Symphoniker Frank Beermann Shalev Ad-El Christian Simonis Orchestra della Svizzera Italiana; Griffiths Graeme Jenkins CPO777484 - 1 CD CPO CPO777865 - 1 CD CPO CPO777644 - 1 CD CPO CPO777582 - 1 CD CPO CPO777895 - 1 CD CPO CPO777908 - 1 CD CPO

D. Kabalevski : Concertos E. Kallstenius : Symphonie n° 1; L.E. Larsson : Œuvres orchestrales, F. Martin : Une danse macabre à G. Meyerbeer : Dinorah ou Le Par- D. Milhaud : Intégrale des sym- pour violoncelle Sinfonietta n° 2; Musica Sinfonica vol. 2 Bâle en 1943 don de Ploërmel, opéra en 3 actes phonies Torleif Thedéen, violoncelle; OP de la radio OS de Helsinborg OS d’Helsinborg Sakramentskoor; Hineni String Orchestra Ciofi; Dupuis; Talbot; Orchestre du Basel Radio Symphony Orchestra d’Hanovre; Eiji Oue; Adrian Prabava Frank Beermann Andrew Manze ARMAB Orchestra; Bastiaan Blomhert Deutschen Oper Berlin; Enrique Mazzola Alun Francis CPO777668 - 1 CD CPO CPO777361 - 1 CD CPO CPO777672 - 1 SACD CPO CPO777997 - 1 CD CPO CPO555014 - 2 CD CPO CPO999656 - 5 CD CPO

O. Nicolai : Die Heimkehr D. Popper : Concertos G. Puccini : La rondine, C. Reinecke : Concertos pour piano F. Ries : Die Räuberbraut op. 156, Julius Röntgen : Sonates violon, op. des Verbannten pour violoncelle n° 1-3 opéra en 3 actes n° 1 à 4 opéra en 3 actes 40 et «Trilogica»; Fantaisie, op. 24; Robert-Schumann Philharmonie Wen-Sinn Yang, violoncelle; OP de la Mosuc; Novak; Kang; Zambrano; Münch- Klaus Hellwig Ruth Ziesak; Thomas Blondelle; OS de la Pièces de concert, op. 89 Frank Beermann radio de Cologne; Niklas Willén, direction ner Rundfunkorchester; Ivan Repusic Northwest German PO; Alun Francis radio de Cologne; Howard Griffiths C. Schickedanz; E. Breidenbach CPO777654 - 2 CD CPO CPO777821 - 1 CD CPO CPO555075 - 2 CD CPO CPO999239 - 2 CD CPO CPO777655 - 2 CD CPO CPO777768 - 1 CD CPO

Nino Rota : Œuvres choisies Telemann : Miriways, Telemann : Concertos C.M. von Weber : Intégrale des Ernst W. Wolf : Quatuors à cordes, E. Wolf-Ferrari : Die neugierigen pour piano singspiel en 2 actes pour instruments variés, vol. 1 ouvertures op. 3 n° 1-3; Quartetto; Quadro Frauen, opera en 3 actes Christian Seibert, piano Volpert; Hofbauer La Stagione Frankfurt OS de la radio de Cologne Quatuor Pleyel Köln Linn; Rasmussen; Schöne; Stiefermann; L’Orfeo; Michi Gaigg Michael Schneider, direction Howard Griffiths Göring; OS de Munich; Ulf Schirmer CPO555019 - 1 CD CPO CPO777752 - 2 CD CPO CPO777859 - 1 CD CPO CPO777831 - 1 CD CPO CPO777856 - 1 CD CPO CPO777739 - 2 CD CPO

22  ClicMag janvier 2098  www.clicmusique.com Clic Musique ! Bon de commande Votre disquaire classique, jazz, world Janvier 2019

Disque du mois Schütz : Musique chorale sacrée, 1648. Hennig. ROP702122 16,80 € p. 14  Scriabine : Préludes pour piano, op. 8 et 11. Idmtal. ADW7588 13,20 € p. 14  Poulenc : Concertos pour piano et orgue - Stabat Mate... LPO0108 10,32 € p. 3  Adriaan Smout : The Thysius Lute Book. Ensemble Pacol... BRIL95821 6,72 € p. 14  Musique contemporaine Tadeusz Szeligowski : Œuvres pour piano. Tyszecka. AP0429 12,48 € p. 14  George Crumb : Œuvres pour piano. Leng Tan. MODE303 14,64 € p. 3  Strauss : Une symphonie alpestre - La Femme sans ombr... LPO0106 13,92 € p. 15  Stefano Gervasoni : Pas Perdu. Wörner, Ensemble Ulkho...WIN910247-2 16,08 € p. 3  Karol Szymanowski : Œuvres pour piano. Szlezer. DUX1367 13,92 € p. 15  James MacMillan : Quatuors à cordes. Royal String Qua... CDA68196 15,36 € p. 3  Tchaikovski : Livre de Lieder et mélodies. J. Sukmano... HC17079 13,20 € p. 15  Wenchen Qin : Œuvres orchestrales. Ji, Lan, Rabl. 0015032KAI 16,08 € p. 3  Tchaikovski : Symphonies n° 2 et 3. Jurowski. LPO0109 10,32 € p. 15  Alphabétique Tchaikovski, Juon : Trios pour piano. Trio Boulanger. AVI8553401 15,36 € p. 15  José Arriola : Œuvres orchestrales. Zumalave. BRIL95797 8,16 € p. 4  Tchaikovski : Les Saisons. Sheng. PCL10157 13,92 € p. 15  Youri Egorov joue Bach : Œuvres pour piano. ADW4001 8,16 € p. 4  Tchaikovski, Rachmaninov : Trios pour piano. Würtz, M... BRIL95632 6,72 € p. 16  Bach / Straube : Préludes et fugues pour orgue. Billm... ROP614546 16,80 € p. 4  Tchaikovski : Trio pour piano - Variations Rococo. Is... PAS1047 15,36 € p. 16  Bach : Soli Deo Gloria, œuvres pour orgue. Savant Lev... ELEORG023 12,48 € p. 4  Telemann : Les Cantates morales. Schachtner, Hamburge... CPO555141 15,36 € p. 16  Beethoven : Intégrale des quatuors à cordes. Quartett... AUD21454 64,56 € p. 4  Telemann, Molter : Quatuors pour flûte et hautbois. C... BRIL95621 6,72 € p. 16  Beethoven : Trios pour piano, vol. 5. Swiss Piano Trio. AUD97696 16,08 € p. 4  Vivaldi : Double concertos. La Serenissima, Chandler. AVIE2392 13,92 € p. 16  Bernstein : Œuvres pour piano et musique de chambre. ... AVI8553411 25,44 € p. 5  Wagner : Le Vaisseau fantôme. Youn, Bruns, Mayer, Muz...OACD9043BD 24,72 € p. 17  Brahms : Un Requiem Allemand (version pour ensemble d... CDA68242 15,36 € p. 5  Juliusz Wertheim : Œuvres pour piano. Tyszecka. AP0428 12,48 € p. 17  Brahms : Œuvres pour piano. Müller. 0301155BC 14,64 € p. 5  Joseph Wieniawski : L’Œuvre vocale. Dondalska, Filipo... AP0410 12,48 € p. 17  Brahms : Œuvres tardives pour piano. Owen. AVIE2397 16,80 € p. 5  Felix Woyrsch : Symphonies n° 4 et 5. Dorsch CPO555063 15,36 € p. 17  Wladyslaw Brankiewicz : Intégrale de l’œuvre pour org... AP0426 12,48 € p. 5  Zelenka : Missa Sancti Josephi. Lezhneva, Taylor, Lic... CAR83279 15,36 € p. 17  Bruch : La Lorelei. Kaune, Hinterdobler, Mohr, Rooter... CPO777005 26,88 € p. 6  Récitals Castelnuovo-Tedesco, Desderi : Œuvres pour ténor et g... STR37110 15,36 € p. 6  Sonates pour piano russes, vol. 1 : Balakirev, Glazou... PCL10159 13,92 € p. 18  Castelnuovo-Tedesco : Œuvres pour piano seul et pour ... DCTT83 13,92 € p. 6  Mozart, Debussy, Zimmermann : Œuvres pour 2 pianos. E...AVI8553406 15,36 € p. 18  Cécile Chaminade : Musique pour piano. Viner. PCL10164 13,92 € p. 6  Jommelli, Clementi, Rutini : Musique pour clavecin à ... TC710002 12,48 € p. 18  Yevgeny Moguilevsky joue Chopin : Œuvres pour piano. ADW4003 8,16 € p. 6  Ode à la Rhapsodie. Œuvres pour clarinette et piano. ... GEN18625 13,92 € p. 18  Chostakovitch : Œuvres orchestrales. Baryshevskyi, Le... KL1526 12,48 € p. 6  Musique romantique pour hautbois, basson et orgue. Tr... BRIL95788 6,72 € p. 18  Carl Czerny : Sonates pour violon. Lessing, Klaas, Ku... CPO777822 10,32 € p. 7  Beethoven, Hummel, Feliziano : Œuvres pour mandoline ... CPO555112 10,32 € p. 18  Debussy : Mélodies pour voix et piano. Windsor, Balli... BRIL95741 8,16 € p. 7  Mirror in Mirror. Œuvres pour violon. Meyers, Eguchi,... AVIE2386 13,92 € p. 18  Josquin des Prés : Missa Gaudeamus - Missa L’ami Baud... CDGIM050 15,36 € p. 7  Essentia. Œuvres pour alto et orchestre. Zemtsov, Rai... CCS41018 14,64 € p. 19  Donizetti : Nuits d’été à Pausilippe. Calandra, Tenzi... BRIL95672 6,72 € p. 7  Swan Songs. Mélodies de Schubert, Brahms, Barber et B... AVI8553402 15,36 € p. 19  Dvorák, Suk : Trio et quatuor pour piano. Tetzlaff, H... AVI8553404 15,36 € p. 7  Co’l dolce suono. Musique virtuose de la Renaissance ... AUD97731 16,08 € p. 19  Mario Gangi : Musique pour guitare. Minci. BRIL95724 6,72 € p. 8  Péchés d’Opéra. Rossini, Salons & Horn Virtuosi. Dena... PAS1039 15,36 € p. 19  Valerii Gavrilin : The War Letters - Theatre Divertim... NFPMA99126 11,76 € p. 8  Zefiro Spira. Frottoles et improvisations pour voix e... CLA1803 14,64 € p. 19  Christoph Graupner : Cantates pour voix seule et en d... CPO555215 26,88 € p. 8  The Lily & The Rose. Musique chorale de la Renaissanc... CDA68228 15,36 € p. 20  Haendel : Abbandonata, cantates italiennes. Sampson, ... VIVAT117 13,92 € p. 8  Florilegium Portense. Hymnes et Motets. Kopp. CAR83492 15,36 € p. 20  15,36 € p. 8  Haydn : Quatuors à cordes, op. 64. Quatuor Haydn de L... CDA68221 Bianca Maria Meda : Lacrime Amare, Motets. Capella Ar... BRIL95736 6,72 € p. 20  26,88 €  Heinrich von Herzogenberg : Cantate «Columbus». Schue... CPO555178 p. 8 Noël dans les Appalaches. Powell, Hauck, Strauss, App... AVIE2396 13,92 € p. 20  Engelbert Humperdinck : Hänsel et Gretel, extraits (p... GEN18619 13,92 € p. 9  Trésors du passé  Kabalevski : Intégrale des sonates pour piano. Korsti... CPO555163 10,32 € p. 9 Wilhelm Backhaus joue Beethoven : Intégrale des enreg... APR6027 12,84 € p. 20  Emmerich Kalman : L’Impératrice Joséphine, opérette. ... CPO555136 26,88 € p. 9  Wilhelm Backhaus joue Chopin, Liszt, Schumann : Les e... APR6026 12,84 € p. 21  Antoni Katski : Œuvres pour piano, vol. 2. Dobrzanski... AP0424 12,48 € p. 9  Ferenc Fricsay dirige Richard Strauss. Goossens, Geus... AUD95604 12,48 € p. 21  Johann Ludwig Krebs : Intégrale de l’œuvre pour orgue... BRIL95363 22,56 € p. 9  Sviatoslav Richter discoveries, vol. 1 : Bach, Weber. PACD96063 11,76 € p. 21  Toivo Kuula : Sonates pour violon et piano. Karmon, T... CPO555148 10,32 € p. 9  Henryk Szeryng : Rappels de concert. LAW022 11,76 € p. 21  Liszt : Les mélodies, vol. 5. Clayton, Drake. CDA68179 15,36 € p. 10  Carlo Zecchi : Intégrale des enregistrements Cetra, 1... APR6024 12,84 € p. 21  Machaut : The gentle physician. The Orlando Consort CDA68206 15,36 € p. 10  Sélection musique contemporaine Giovanni de Macque : Madrigaux et œuvres pour orgue. ... CPO777977 15,36 € p. 10  Ives : Les mélodies, vol. 1 TROY077 12,84 € p. 2  Luca Marenzio : Il pastor fido. Ensemble La Pedrina, ... CLA1814 14,64 € p. 10  Ives : Les mélodies, vol. 2 TROY078 12,84 € p. 2  Franco Margola : Intégrale de l’œuvre pour piano. Del... TC901380 24,00 € p. 10  Mackey : Banana Dump Truck TROY735 12,84 € p. 2  Martinu : What men live by - Symphonie n° 1. Kusnjer,... SU4233 13,92 € p. 11  Toch : Musique de chambre TROY421 12,84 € p. 2  Joseph Mayseder : Concertos pour violon n° 1-3. Lissy... GRAM99181 13,92 € p. 11  Wuorinen : The Golden Dance TROY711 12,84 € p. 2  Mendelssohn : Symphonies pour cordes n° 7, 9 et 12. B... HC17052 13,20 € p. 11  Wuorinen : The Haroun Songbook TROY664 12,84 € p. 2  Mendelssohn : Musique chorale sacrée. Ziesak, Güra, V... CAR83491 15,36 € p. 11  Scelsi : Œuvres pour violoncelle seul. Simonacci. BRIL95355 6,72 € p. 2  Gian-Carlo Menotti : The Medium - The Telephone. Sant... BRIL95361 8,16 € p. 11  Toru Takemitsu : Intégrale de l’œuvre pour guitare se... BRIL95539 6,72 € p. 2  Moussorgski, Rachmaninov : Tableaux d’une exposition ... 0301116BC 14,64 € p. 11  Ionisation : Musique contemporaine pour percussion. E... BRIL95134 6,72 € p. 2  Moussorgski, Rachmaninov : Tableaux d’une exposition ... 0301119BC 25,44 € p. 11  Jeroen van Veen : 24 Minimal Preludes. Van Veen. BRIL95383 8,16 € p. 2  Cyprien Katsaris joue Mozart : Six sonatines viennois... ADW4002 8,16 € p. 12  Jeroen van Veen : Musique pour piano. Duo Van Veen. BRIL9454 16,08 € p. 2  Owain Park : Œuvres chorales. Layton. CDA68191 15,36 € p. 12  Jeroen van Veen : Musique pour piano, vol. 2. Duo Van... BRIL95561 22,56 € p. 2  Prokofiev : Concerto violon n° 1 - Symphonie n° 3 - C... LPO0107 13,92 € p. 12  Cage : Melodies & Harmonies. Gahl, Lang. WWE20292 16,08 € p. 2  Ries : Quatuors à cordes, vol. 3. Quatuor Schuppanzigh. CPO777305 10,32 € p. 12  Milica Djordjevic : Rocks - Stars - Metals - Light. S... WWE40417 16,08 € p. 2  Filippo Sauli : Six partitas pour mandoline seule. Re... TC671901 12,48 € p. 12  Eggert : Amadé, Amadé. Quintetto Amadeo. WWE20284 16,08 € p. 2  Pier Paolo Scattolin : Trenodia, oratorio. Maretti, B... TC941902 12,48 € p. 13  Formenti : Night Studies. Musique du film-installatio... WWE20299 16,08 € p. 2  Enjott Schneider : Magic of Irreality. Isolde & Trist... WER5118 15,36 € p. 13  Häusermann : Wetterminiaturen. Piano préparé et reche... WWE20402 16,08 € p. 2  Schubert : Winterreise. Martinik, Marecek. SU4243 13,92 € p. 13  Gordon Kampe : Arien/Zitronen. Sun, Eggen, Engel, Fis... WWE40416 16,08 € p. 2  Schubert : Lieder. Schuen, Heide. AVI8553373 15,36 € p. 13  Grisey : Les Espaces acoustiques 0012422KAI 24,00 € p. 2  Schubert : Die Einsiedelei, l’œuvre pour chœur d’homm... GEN18616 13,92 € p. 13  Lachenmann : Das Mädchen mit den Schwefelhölzern 0012282KAI 27,60 € p. 2  Schubert, Schumann : Œuvres pour piano. Ehwald. GEN18620 13,92 € p. 14  Lang : Das Theater der Wiederholungen 0012532KAI 27,60 € p. 2  Schumann : Dichterliebe. Bruns, Theill. HC18025 13,20 € p. 14  Mundry : Traces des Moments 0012642KAI 15,72 € p. 2 

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Nono : No hay caminos, hay que caminar… 0012512KAI 24,00 € p. 2  Karl Goldmark : Œuvres orchestrales. Beermann. CPO777484 15,36 € p. 22  Saunders : Miniata. Hodges, Hind, Anzellotti. 0012762KAI 15,72 € p. 2  Graf : Quatuors à cordes. Quatuor Via Nova. CPO777865 10,32 € p. 22  Bruckmann : On Procedural Grounds NW80725 14,64 € p. 2  Graupner : Frohlocke gantzes Rund der Erden. Cantates... CPO777644 10,32 € p. 22  Carrick : The Flow Cycle for Strings. Either/Or NW80719 14,64 € p. 2  Gungl : Valses, marches et polkas. Simonis. CPO777582 10,32 € p. 22  Crockett : Night Scenes. Firebird Ensemble. NW80718 14,64 € p. 2  Franz Anton Hoffmeister : Symphonies. Griffiths. CPO777895 15,36 € p. 22  Peter Garland : The Birthday Party. Takahashi. NW80788 14,64 € p. 2  Paul Juon : Œuvres symphoniques. Jenkins. CPO777908 15,36 € p. 22  Howard : Granular Modality NW80728 14,64 € p. 2  Kabalevski : Concertos pour violoncelle. Thedéen, Oue... CPO777668 10,32 € p. 22  Vitale/Baumbusch : Mikrokosma. Baumbusch. NW80785 14,64 € p. 2  Kallstenius : Symphonie n° 1 - Sinfonietta n° 2 - Mus... CPO777361 15,36 € p. 22  Earle Brown : Contemporary sound series, vol. 1. WER6928 30,00 € p. 2  Lars-Erik Larsson : Œuvres orchestrales, vol. 2. Manze. CPO777672 15,72 € p. 22  Earle Brown : Contemporary sound series, vol. 2. WER6931 30,00 € p. 2  Frank Martin : Une danse macabre à Bâle en 1943. Madg... CPO777997 15,36 € p. 22  Earle Brown : Contemporary sound series, vol. 3. WER6934 30,00 € p. 2  Giacomo Meyerbeer : Dinorah ou Le Pardon de Ploërmel.... CPO555014 26,88 € p. 22  Earle Brown : Contemporary sound series, vol. 4. WER6937 30,00 € p. 2  Darius Milhaud : Intégrale des symphonies. Francis. CPO999656 35,76 € p. 22  Earle Brown : Contemporary sound series, vol. 5. WER6940 30,00 € p. 2  Otto Nicolai : Die Heimkehr des Verbannten, opéra. Ba... CPO777654 26,88 € p. 22  Earle Brown : Contemporary sound series, vol. 6. WER6943 30,00 € p. 2  Popper : Concertos pour violoncelle n° 1-3. Yang, Wil... CPO777821 15,36 € p. 22  Sélection CPO Puccini : La Rondine, opéra. Mosuc, Novak, Kang, Zamb... CPO555075 26,88 € p. 22  Carl Friedrich Abel : Symphonies, op. 7. La Stagione,... CPO777993 15,36 € p. 22  Carl Reinecke : Concertos pour piano n° 1 à 4. Hellwi... CPO999239 13,92 € p. 22  Bartók, Babin : Concertos pour 2 pianos et orchestre.... CPO555001 15,36 € p. 22  Ries : Die Räuberbraut, op. 156. Ziesak, Blondelle, G... CPO777655 26,88 € p. 22  Ignaz von Beecke : Concertos pour piano. Veljkovic, M... CPO777827 15,36 € p. 22  Julius Röntgen : Œuvres pour violon et piano, vol. 1.... CPO777768 10,32 € p. 22  Adolf Busch : Trios et quatuor pour piano. Eichenauer... CPO777528 21,12 € p. 22  Nino Rota : Œuvres choisies pour piano. Seibert. CPO555019 10,32 € p. 22  Castelnuovo-Tedesco : Quintettes pour piano n° 1 et 2... CPO777961 10,32 € p. 22  Telemann : Miriways. Volpert, Hofbauer, Gaigg. CPO777752 26,88 € p. 22  Cherubini : Cantates. Villoutreys, Ettinger, Willens. CPO777776 10,32 € p. 22  Telemann : Concertos pour instruments variés, vol. 1.... CPO777859 15,36 € p. 22  Eugen d’Albert : Intégrale des quatuors à cordes. Qua... CPO555012 10,32 € p. 22  Carl Maria von Weber : Intégrale des ouvertures. Grif... CPO777831 15,36 € p. 22  Diepenbrock : Mélodies orchestrales. Begemann, Tausk. CPO777836 15,36 € p. 22  Ernst Wilhelm Wolf : Quatuors à cordes. Quatuor Pleye... CPO777856 10,32 € p. 22  Alphons Diepenbrock : Poèmes symphoniques. Hermus. CPO777927 15,36 € p. 22  Wolf-Ferrari : Die neugierigen Frauen. Linn, Rasmusse... CPO777739 26,88 € p. 22  Donizetti : Quatuors à cordes n° 1-3. Quatuor Pleyel ... CPO777909 10,32 € p. 22  Louise Farrenc : Symphonies n° 1 et 3. Goritzki. CPO999603 8,16 € p. 22  Jan van Gilse : Concerto pour piano «Drei Tanzskizzen... CPO777934 15,36 € p. 22  TOTAL A €

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