Michel de La Torre Guide de l'art et de la nature

VOSGES

Réalisé à la demande de la Banque Nationale de Paris Berger-Levrault éditeur

Superficie : 5 871 km2. Point culminant : le Hohneck (1 366 m). Préfecture : Épinal. 3 arrondissements. 30 cantons. 516 communes. Population : 409 599 habitants (recensement 1975). Histoire Peuplé par les tribus gauloises des Leuques et des Rauraques, lors de la conquête des Gaules par les Romains, le territoire de l'actuel département fut incorporé à la Gaule Belgique. Jusqu'à la fin de l'Empire, il subit les invasions barbares (Alains, Vandales, Suèves, Huns). Conquis par les Francs, il fit alors partie de l'Austrasie, royaume mérovingien de l'Est. En 843, il fut attribué à Lothaire par le traité de Verdun. Par la suite, le royaume de Lothaire, ou Lotharingie, subit plusieurs partages et la haute Lorraine fut donnée en 1048 à Gepard d'Alsace, originaire de Châtenois. Celui-ci fut le premier duc héréditaire de Lorraine et le fondateur de la dynastie qui régna sur le duché jusqu'en 1736 et sur l'empire d'Autriche jusqu'en 1918. Au Moyen Age, la rivalité des ducs de Lorraine et des comtes de Vaudémont, l'invasion des Grandes Compagnies, puis les visées expansionnistes de Charles le Téméraire causèrent de graves ravages dans la région. De 1633 à 1660, elle fut envahie et occupée par les troupes françaises (en représailles contre les intrigues de Charles IV) et par les troupes suédoises (au cours de la guerre de Trente ans). En 1736, la Lorraine fut donnée à titre viager à Stanislas Leczinski, beau-père de Louis XV, roi déchu de Pologne. A la mort de celui-ci, en 1766, elle fut rattachée à la . Le département fut formé en 1790 par la réunion à une partie de la Lorraine, de parcelles de la Champagné et de la Franche-Comté. Dès lors, ce département des Marches de l'Est de la France contribua activement aux guerres de la Révolution et de l'Empire et eut à subir sévèrement la guerre de 1870/71 et les deux guerres mondiales de 1914/18 et de 1939/45. Géographie Le département se présente comme un plateau de formation secondaire s'appuyant contre un massif primaire, les . On y distingue plusieurs zones géographiques différentes. Massif hercy- nien caractérisé par des altitudes peu élevées et des cols rares et impraticables en hiver (les Vosges ont été basculées vers le nord au moment du soulèvement alpin). Les glaciations du quaternaire ont accompli un travail d'érosion qui produit des pénéplaines. Si le versant alsacien retombe brutalement sur la plaine du Rhin, le versant lorrain au contraire descend en pente douce vers l'ouest. La ligne des sommets du Donon au ballon d'Alsace, en passant par le Hohneck, assure la frontière avec les départements alsaciens. La nature du sol détermine deux types de reliefs : les Vosges cristallines, caractérisées par des formes arrondies et de larges vallées, sont les plus élevées; les Vosges gréseuses où affleurent les couches sédimentaires du trias (grès) qui recouvraient autrefois l'ensemble du massif, se présentent sous l'aspect de hauts plateaux morcelés par des vallées abruptes. Au sud, les monts Faucilles et la Vôge séparent les vallées de la Saône et de la Moselle et relient les Vosges au plateau de Langres. S'appuyant sur les Vosges gréseuses, le plateau lorrain, au relief faiblement ondulé, est composé de terrains du trias (marnes irisées, grès bigarrés, calcaires coquilliers). De grandes et de petites stations thermales (, Contrexéville, Plombières, Bains- les-Bains) s'y sont développées. Enfin, complètement à l'ouest du département, se situe une zone de terrains jurassiques traversée par la Meuse, où se manifeste le relief de côtes caractéristique de la bordure orientale du Bassin parisien. Le climat est d'ordre continental et de type lorrain, hivers rudes, étés chauds et orageux. Les Vosges arrêtent les vents océaniques, entraînant ainsi une forte pluviosité (2,30 m par an au Hohneck). Les plaines jouissent d'un climat plus tempéré. Les ressources agricoles variées (céréales, fourrage, élevage) sont dominées par l'exploitation forestière qui a donné naissance à une industrie du bois très importante. L'industrie textile et la métallurgie se sont maintenues un niveau élevé jusqu'à une période récente. Une reconversion et une diversification des activités sont en cours de réalisation. La nature Le département offre une grande diversité de paysages et de très nombreux centres d'intérêt. En outre, il existe une gamme étendue d'activités sportives (ski, baignades, sports nautiques, équitation, cyclotourisme, randonnées pédestres) et d'importantes possibilités d'hébergement (650 hôtels, 70 campings, 400 gîtes ruraux, auberges de jeunesse et nombreuses auberges à la ferme). Le pays des côtes ne manque pas de pittoresque avec ses villages blottis au pied des coteaux dans un environnement de vergers. Le plateau lorrain, malgré un relief monotone, a tout le charme des paysages ruraux, avec en arrière-plan la fameuse ligne bleue des Vosges. Ses stations thermales attirent chaque année de nombreux curistes. Les monts Faucilles sont une région boisée où abondent hêtres et sapins. La Saône y prend naissance dans un site attrayant, au pied du Ménamont. La région des hautes Vosges est, à bien des égards, privilégiée : la pureté de l'air, la splendeur de ses paysages et le développement de ses capacités d'accueil en ont fait un haut lieu du tourisme. Les montagnes présentent un paysage étagé : aux cultures succèdent de profondes forêts de hêtres, de chênes et surtout de sapins. De vastes pâturages, les chaumes, recouvrent les sommets. En hiver, la neige fait apparaître des paysages féériques. Les Vosges sont alors le paradis du ski de fond et de randonnée, mais aussi du ski alpin, dans des stations qui améliorent leurs équipements. La vallée des Lacs, avec ses lacs glaciaires et ses stations climatiques et touristiques, est un centre de séjour particulièrement recherché. Les arts La civilisation celtique a laissé des témoignages importants dans la région de (vestiges du camp de Bonneval, station gauloise des ), dans celles de Raon-l'Étape et de Saint-Dié (sites de la Pierre-d'Appel et de la Bure). Le musée d'Épinal et celui de Saint-Dié conservent de nombreux vestiges gallo-romains. On verra à Grand, à proximité du plus grand amphithéâtre des Gaules, un remarquable exemple de cité gallo-romaine, et à Plombières les restes des thermes romains. L'art roman a connu un grand développement avec des caractères propres à la Lorraine du sud que l'on retrouve dans plusieurs églises : cryptes de , et ; clocher de Lignéville; portail de , chef-d'œuvre du roman en Lorraine. Les plus parfaits ensembles romans sont , Vomécourt-sur-Madon, Champ-le-Duc et Relanges, Notre-Dame de Saint-Dié, Étival. Introduit dans le premier tiers du 13e, l'art gothique s'est épanoui à St-Christophe de Neufchâteau, , Martigny-les-Bains, et Remire- mont. Commencée au 11 remaniée au 13e et au 14e, la basilique St-Maurice d'Épinal réalise une harmonieuse synthèse des influences qui se sont manifestées en Lorraine. Le gothique a connu un nouvel âge d'or au 15e et au 16e (Charmes, Châtel-sur-Moselle, , Grand, Gugney-aux-Aulx, Vittel, cloître de Saint- Dié), avec l'apparition du style flamboyant. On note peu d'édifices Renaissance, mais ceux-ci sont pleins d'intérêt (chapelle de Savigny à Charmes, chapelle St-Hubert à Autrey, chapelle de Dommartin, portail de Fontenoy-le-Château). Du 18e datent la façade classique de la cathédrale de Saint-Dié et l'église abbatiale de , le plus imposant édifice baroque du département, ainsi qu'un groupe d'une quarantaine d'églises (, , , Saint-Amé) caractérisées par une nef à plafond plat et un chœur à cinq pans. Enfin, de nombreuses églises rurales sont ornées d'un riche mobilier. Les ruines féodales (Arches, , Châtel-sur-Moselle, Épinal), les maisons fortes et les châteaux (Lichecourt à Relanges, Dommartin-sur-Vraine, Bourlémont à Frébécourt, , , Saint-Baslemont, Graux à Tran- queville-Graux), sont les témoins de l'histoire mouvementée du département. D'autres châteaux attestent la prospérité du 18e (Autigny-la-Tour, Thuillières, les Capucins à Rambervillers, palais abbatial de Remiremont et de Senones, châteaux et hôtels princiers à Senones, maison des Arcades à Plombières). Enfin, Épinal, centre actif d'imagerie populaire dès le 17e, conserve avec le musée international de l'imagerie un ensemble exceptionnel de ces témoignages xylographiques d'art populaire venus du monde entier. 0 Archéologie — Archeological sites — Archaologie. a Architecture civile — Civil architecture — Baukunst A Architecture sacrée — Sacred architecture — Kirchenbauten ♦ Musées, collections — Museums, collections — Museen, Sammlungen * Sites, curiosités — Beauty spots — Sehenswürdigkeiten Produits, ressources — Products, resources — Produkte, Naturschâtze ❤ Vie locale et artistique, loisirs — Local and artistic environment, recreation — Lokales Leben und künstlerische Veranstaltungen, Freizeitgestaltung

Les noms des localités où c,t installe un siège BNP sont soulignes et précédés du sigle

Glossaire Affouage allocation aux feux (familles) de la paroisse de bois de chauffage Antependium garniture décorative de devant d'autel Aureus monnaie d'or romaine Bretèche ouvrage de défense (logette à mâchicoulis) Champ employé seul et au singulier : lieu de rassemblement du ban Chaume pâturage d'altitude Cihorium baldaquin recouvrant le tabernacle du maître-autel Coinche cuvette (le village de se trouve formé de cuvettes) Cra, cras, crasse roche noire qui ressemble à du coke Crassin roche gréseuse en décomposition Enfeu niche funéraire dans le mur d'une église Faigne, feigne, tourbière faing GR sentier de grande randonnée fléché Hypocauste système de chauffage sur sols suspendus utilisé dans les villas romaines Lindre étang Ma rcairerie bergerie d'altitude Meix jardin potager MJC maison des jeunes et de la culture Poutre de gloire poutre traversale à la nef d'une église, à la hauteur du chœur, portant le Christ en majesté entouré de la Vierge et de st Jean Prédelle partie inférieure d'un retable (généralement à compartiments) Rupt ruisseau Tumulus tertre artificiel au-dessus d'une sépulture Usoir (ou parge) large trottoir servant de cour devant les maisons des villages-rues lorrains; on y entrepose le bois ou le fumier selon les saisons Void voie, chemin Voivre lieu humide et couvert de broussailles Abréviations MH classé Monument historique IMH inscrit à l'inventaire des Monuments historiques SC site classé SI site inscrit C objet classé * remarquable ** exceptionnel (ces cotations représentent une valeur et un intérêt relatifs au département) Les communes et principaux lieux-dits des Vosges

Les Ableuvenettes F-6 * Passage d'une voie romaine. A Église St-Léonard 19e : grande toile de st Lau- Sup. 449 ha. Alt. 250 m. Pop. 82 h. rent par Henri Valentin. Commune formée de deux sections : la * Vallée de la Plaine, vallon de la Sciot- Petite et la Grande Ableuvenette. te. Forêt domaniale des Bois Sauvages. * Présence romaine : monnaies. ▲ Roche des Brocards. Cascade de la Biroé. Commune sans église; rattachée au spiri- Grotte Raymond. ♣ Forêt d'exploitation tuel à Ville-sur-Illon. - Pâturages. Apiculture. Élevage bovin. * Environnement vallonné et verdoyant. Scieries. ❤ Station climatique d'été. Cité Rives de l'Illon. ♣ Pâturages, céréales, fleurie* — Fête : dim. suivant 6/11 — cultures fourragères. Bovins. Produits lai- Chasse, pêche, promenades*. tiers. ❤ Chasse. E-5 Ahéville E-5 Sup. 676 ha. Alt. 260 m. Pop. 177 h. Sup. 584 ha. Alt. 339 m Pop. 80 h. Mentionné dans une bulle de Calixte Il Sur le passage de la voie romaine Lan- en 1119 (bien de l'abbaye de Chaumou- gres-Strasbourg. sey). En 1714, la haute justice fut donnée * Présence protohistorique : burin bus- au bailliage des Vosges. En 1783, les qué de type aurignacien. a Ruines d'un droits du domaine d'Ambacourt furent château fort dans le bois de la Pitroye. ▲ accordés au conseiller en la chambre des Église St-Quirin 19e. comptes de Lorraine. * Site du village, au pied de collines boi- * Présence romaine : tumulus, mon- sées. + Carrières de grès. Forêt d'exploi- naies. a La fontaine St-Thiébaut, près tation — Polyculture. Elevage. Vergers. du village, guérissait de la fièvre. A Egli- V Fête patronale : 5e dim. suivant Pâ- se St-Pierre 1842 : maître-autel et taber- ques. nacle en bois (C) 18e. A l'emplacement de l'ancienne église, sur un site dit des C 6 templiers, se trouve l'actuel cimetière : Sup. 577 ha. Alt. 300 m. Pop. 80 h. pierre tombale 1508 avec armoiries des « Angeville », en 1276; « Angelica Vil- Longeville. la », en 1768. Territoire partagé en deux * Vallée du Madon. ♣ Polyculture. Éle- sections : « la Grande Fin » et la « Petite vage. Fabrique de chevalets pour violons. Fin ». V Fête patronale St-Pierre et St-Paul : 3e ■ Moulin à eau. A Église St-Remy 19e. dim. juin. * Rives du ruisseau de l'Anger. Sources. + Pâturages, polyculture. Bovins. Pro- Ameuvelle D 9 duits laitiers. Fromagerie. V Fête patro- nale St-Remy : 1 dim. oct. - Pêche. Sup. 556 ha. Alt. 250 m. Pop. 101 h. « Camp des Suédois », butte où campa Ainvelle C-8 l'armée suédoise lors du siège de Jonvel- le. 39 habitants en 1710, 215 fin 19e. Ja- Sup. 903 ha. Alt. 301 m. Pop. 179 h. dis du bailliage des Vosges. L'ancienne paroisse relevait du diocèse ■ L'ancien château a été démoli; nou- de Besançon. veau « château » reconstruit en 1819 A Église St-Pierre-ès-Liens 19e. (mairie et école depuis 1833). A Église * Site du bourg, dominé au sud par de St-Renobert début 13e et 16e; mobilier* : hautes collines boisées. Points de vue. statues de pierre 16e (pietà, statuette de st Forêt d'exploitation — Polyculture. Bo- Blaise (C), st Jean-Baptiste*), bénitier vins. Coopérative fromagère. V Fête 18e à pied sculpté 15e; au-dessus de la patronale : 1er dim. août — Sports, pro- porte, à l'extérieur, st Crépin. Chapelle menades — Vie associative. rurale N.-D.-de-Pitié 17e/18e, sur le che- min de : statue 16e; l'abbé J-3 Monsbaut y célébrait la messe pendant la Révolution. Calvaire* (MH) 1528, Sup. 1 321 ha. Alt. 350 m. Pop. 265 h. don de Guillot Pernelle. Relevait autrefois de la principauté de * Village à flanc de coteaux. Vallée de Salm. Localité située sur la ligne de l'Orivelle. ♣ Pâturages, polyculture. Éle- front, de 1914 à 1918. Village natal du vage. ^ Village vert — Fête patronale : dessinateur Henri Valentin (1820-1855). dim. suivant 24/10 — Chasse, pêche. Guide de l'art et de la nature La commune est par excellence l'unité de vie à l'échelle humaine, le refuge face au gigantisme des grandes villes et des grandes entreprises. A l'individu noyé dans l'anonymat de la vie moderne, elle permet l'épanouissement de sa personnalité : cha- cun y est connu par son nom. Aux structures du provi- soire, elle oppose l'enracinement de ses siècles d'his- toire. Les 36 400 communes de France constituent un tissu de civilisation étonnamment dense : les vestiges de l'an- tiquité, les monuments civils, les sanctuaires, les œuvres d'art du passé se mêlent sans discontinuité aux tradi- tions populaires, à l'artisanat et aux ressources locales, aux fêtes et aux divertissements. Il n'y a plus de cloison- nement entre l'art, l'économie, le tourisme : l'homme d'aujourd'hui veut tout savoir du passé et connaître les disponibilités du présent. Le Guide de l'Art et de la Nature répond à ce besoin de connaissance totale et vivante : élaboré avec le concours des municipalités, des érudits locaux et à partir d'enquêtes menées sur le terrain, il décrit pour la première fois, à travers plus de 50 facteurs d'intérêt, la totalité des communes et les principaux lieux-dits de France. Que la BNP ait décidé de diffuser ce Guide ne doit pas étonner : avec ses 2000 agences et ses 3 millions de comptes, la BANQUE NATIONALE de PARIS est aussi une grande banque régionale française ; au-delà des prestations bancaires, elle entend promouvoir le misme de la vie locale sous toutes ses formes.

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