BULLETIN N°31| JANVIER 2014

Editorial : Leçons de crises. Raymond Césaire 2

Réflexions sur le temps passé et présent « L’ Afrique est notre avenir », un rapport exhaustif du Sénat Bernard Laffitte 3 La conférence - Afrique et le rapport Védrine François-Yann Henault 9 Aide au développement : les journées européennes des 26 et 27 novembre 2013 11 Mandela - Obama même combat ou même philosophie ? Raymond Césaire 12 De nouveaux billets pour le Pacifique Nicolas de Sèze 13 Lu dans la presse et dans les revues Hélie Denoix de Saint Marc 17 La disparition de Vo Nguyên Giap 18 Lu chez le libraire Thierry Sinda « Anthologie des poèmes d’amour des Afriques et d’ailleurs » Orphie Editions 19 « Les canons du ciel : pilote en Algérie » de Francis Ducrest Pierre Sparaco 19 « Raphaël Réau, Consul à Hankéou pendant la révolution chinoise et la grande guerre » de Philippe Marchat chez l’Harmattan François-Yann Henault 20 « La Marseillaise du Général Giap » de Claude Blanchemaison aux Editions Michel de Maule 21 « L’ Afrique dans l’engrenage de la Grande Guerre (1914-1918) » de Marc Michel chez Karthala 21 « Mon roi d’un an (François II 1559-1560) » roman de Philippe Mestre aux Editions France –Empire 22 Une histoire de Bamako par Sébastien Philippe aux éditions Grandvaux François-Yann Henault 22 Les Afriques au défi du XXIe siècle de Georges Courade chez Belin 23 Cérémonies, expositions, conférences et colloques Sénat 23 septembre « L’audace ultramarine en hexagone …» 24 23 octobre, le Sénat rend hommage à Aimé Césaire 26 TGB 22 novembre AFD et CEROM : « Les Outre-mer au cœur de la compétition internationale ». 26 Musée du Quai Branly « KANAK » : le rêve de Jean-Marie Tjibaou réalisé Michel Levallois 28 « Secrets d’Ivoire », l’art des Lega d’Afrique centrale 30 Musée Dapper jusqu’au 6 juillet 2014: « Initiés, Bassin du Congo » Raymond Césaire 32 Musée Guimet : « Angkor, naissance d’un mythe » Florelle Chapelle 33 Musée de l’Armée : « Indochine, des territoires et des hommes 1856 -1956 » Jean de la Guérivière. 34 A Boulogne, jusqu’au 16 février 2014 « Indochine 1920-1950, voyages d’artistes » Jean de la Guérivière. 36 RFI en deuil - Hommages à Ghislaine Dupont et Claude Véron 37

Institutions et associations amies ASOM, OIF, CADE, ARRI, I&M, IP, LCI, AAEENFOM 39 In memoriam Serge Jacquemond, Jacques Gaultier de la Ferrière, Jacques Larrue. 47 EDITORIAL

Leçons de crises.

La dictature du vécu que nous font subir en lée « Eloge de l’impopularité », l’important pour boucle les médias et à laquelle succombent le Président Hollande est, en dépit de cette im- avec plus ou moins de bonheur nos responsables popularité, de maintenir son cap et « d’assumer » politiques, tend à nous faire perdre de vue l’im- les réformes qu’il a engagées. Les prochaines portance réelle ou relative des événements qui élections locales puis européennes donneront le nous sont rapportés. Sans parler du football, de pouls de notre démocratie en mesurant le degré Lampedusa à Leonarda, des libérations d’otages de rejet qu’aura connu le pouvoir. A partir de là, à l’assassinat de journalistes qui nous étaient fa- il lui restera trois ans pour regagner la confiance miliers, chaque jour nous apporte son lot d’émo- de l’opinion. tions et ses sujets de polémiques. L’exécution Si les crises internationales, en France comme par le gouvernement de son programme sur les ailleurs, n’ont qu’une importance relative dans problèmes de société (laïcité, mariage pour tous, l’élection présidentielle, elles constituent pour retraites, prostitution) sur lesquels chacun a légi- notre pays un enjeu majeur. Or, dans ce domaine, timement son opinion, vient compliquer l’adop- force est de constater qu’en revêtant comme tion des mesures complexes qu’il est obligé de son prédécesseur des habits de chef de guerre, prendre, seul ou avec ses partenaires de l’Union le Président Hollande retrouve de l’audience. La Européenne, dans les domaines économique défense des droits de l’homme l’amène à faire et financier ou sur l’environnement. Le travail au Moyen-Orient une politique que n’aurait législatif s’encombre du particulier au détriment pas désavouée Georges Bush, position moins de l’intérêt général. L’opposition, divisée et en paradoxale qu’il n’y paraît si l’on veut bien se panne d’idées, toujours nostalgique de son an- souvenir des guerres menées par les socialistes cien champion, a beau jeu d’alimenter le discré- lorsqu’ils ont été au pouvoir. Même si la position dit de l’image présidentielle. prise contre l’Iran était de circonstance avant sa Fidèle à sa méthode, le Président François triomphale visite en Israël, le Président Hollande, Hollande laisse les diverses opinions de son comme son prédécesseur, surfant sur la lutte camp s’exprimer voire s’opposer. Derrière une ap- contre le terrorisme, alibi facile à la dérive sécu- parente cacophonie et l’impression d’un manque ritaire de nos Institutions, sacrifie facilement la recherche de la paix à la défense des droits de d’autorité, se cache une manière de gouverner l’homme, beaucoup plus gratifiante. La France plus proche de celle de la IVème République, à reste un grand vendeur d’armes et, comme ceci près qu’une majorité est toujours là pour toujours, crise de l’emploi oblige, sa diplomatie voter les textes, que les organisations syndicales économique doit s’y adapter. Il n’en demeure rencontrent les patrons, que les impôts rentrent, pas moins qu’à l’heure de commémorations de même si tous s’en plaignent et que la sécurité guerres qui ont fait tant de victimes, ceux qui est assurée. Si la reprise se confirme aux Etats ont participé à tant de drames inutiles ou les ont Unis après l’échec de Républicains, l’Europe et la subis, ne peuvent que regretter l’époque où la France, celle-ci peut-être moins vite que d’autres France, prônant la paix, n’avait jamais été aussi car elle n’était pas tombée aussi bas, en tireront grande. profit. Comme l’écrivait Jacques Attali dans une chronique du 25 septembre de l’Express intitu- Raymond Césaire

2 NOUS DIALOGUONS AVEC...

L’ Afrique est notre avenir

Rapport d’information de MM. Jeanny LORGEOUX et Jean-Marie BOCKEL, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées n° 104 (2013-2014) 29 octobre 2013

A quelques jours du prochain Som- L’Afrique est notre avenir met de l’Élysée pour la Paix et la N° 104 Sécurité en Afrique, la commission des affaires étrangères, de la dé- SÉNAT fense et des forces armées du Sénat a souhaité faire un bilan de notre SESSION ORDINAIRE DE 2013-2014 présence sur ce continent hier isolé, Enregistré à la Présidence du Sénat le 29 octobre 2013 aujourd’hui convoité. Le paradoxe de la situation actuelle RAPPORT D’INFORMATION FAIT au nom de la commission est que la France, après avoir été un des affaires étrangères, de la défense et des forces armées des seuls pays à avoir eu, après les Jeanny LORGEOUX par le groupe de travail sur la présence de la France dans indépendances, une politique afri- une Afrique convoitée, caine, semble aujourd’hui être dépourvue de stratégie à long terme sur ce continent. Les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, les Américains, les Marocains, les Turcs, ont défini des stratégies Par MM. Jeanny LORGEOUX et Jean-Marie BOCKEL,Co-pré- africaines qu’ils mettent méthodi- sidents, Mme Kalliopi ANGO ELA, MM. René BEAUMONT, quement en oeuvre. Jean-Pierre CANTEGRIT, Jean-Pierre DEMERLIAT, Jean-Paul La France semble naviguer à vue. FOURNIER, Jacques GILLOT, Robert HUE, Christian NAMY, L’intervention exemplaire au Mali ne Jean-Claude PEYRONNET, Bernard PIRAS, Gilbert ROGER doit pas faire illusion. Alors qu’une partie de l’Afrique subsaharienne 10 PRIORITÉS ET 70 MESURES pour relancer connaît une croissance et une trans- les relations de la France avec les pays afri- formation sans précédent et que cains fondées sur des intérêts communs dans l’autre partie demeure dans le sous- développement, la présence de la un partenariat rénové France est en recul, alors même que Première priorité : Tenir un autre discours sur la demande de son implication reste l’Afrique et définir une stratégie ambitieuse et cohé- Jean-Marie BOCKEL forte. rente : il s’agit de quitter le « vieux récit » sur une Afrique Or une Afrique de 2 milliards d’habitants à 14 km du sud de l’Eu- du passé, comprendre et mettre en valeur les mutations rope avec autant d’opportunités et de risques devrait être une économiques en cours, développer un narratif plus juste préoccupation centrale. C’est pourquoi la France et l’Europe se des liens unissant la France à des pays africains qui ne doivent de participer aux côtés des pays africains à la transfor- sont pas seulement partie prenante de notre histoire, mation de ce continent vers un modèle de développement plus mais aussi des éléments clés de notre avenir. durable, plus sûr et mieux partagé. L’Afrique de demain pour- rait être un formidable moteur de croissance pour l’Europe et, à 1) Définir la relation de la France aux pays africains d’abord l’inverse, son échec serait un cauchemar. en fonction de nos intérêts partagés : des millions de Fran- A l’issue de 8 mois de travail, un diagnostic complet, détaillé, çais qui sont d’origine africaine, ou vivent ou ont vécu en des mutations en cours en Afrique subsaharienne et de nos Afrique, des intérêts économiques et stratégiques, un en- relations avec les pays qui la composent a été établi. Ce rapport jeu pour la sécurité de la France comme de l’Afrique. définit 10 priorités et 70 mesures pour relancer les relations de la France avec les pays africains dans un partenariat d’égal à 2) Se départir des préventions postcoloniales et assumer égal, fondé sur des intérêts communs, dans les domaines éco- le fait que l’Afrique n’est pas seulement partie prenante de nomiques, culturels, de défense et de développment.

3 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

notre histoire, mais aussi un élément clé de notre avenir. Troisième priorité : Renforcer nos liens économiques avec l’Afrique qui décolle. 3) Établir une stratégie africaine de la France sous la forme d’un Livre blanc sur l’Afrique en associant des membres Le groupe de travail estime qu’il faut désormais accentuer représentant le Parlement, les administrations, les opéra- notre regard sur les opportunités économiques qu’offre le teurs, les ONG intervenant en Afrique et des personnalités décollage d’une partie du continent africain. Pour cela, il qualifiées françaises, étrangères et notamment africaines. propose de :

4) Créer un programme de soutien «pour une écriture 10) Structurer une démarche internationale par géogra- franco-africaine d’une histoire partagée» afin de promou- phies et par secteurs qui correspondent aux besoins des voir le travail d’équipes mixtes franco-africaines sur l’étude marchés africains, renforcer nos moyens de soutien aux de notre histoire commune. entreprises dans les pays les plus dynamiques tels que l’Afrique du Sud, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, et le Kenya, 5) Poursuivre l’ouverture des archives sur la période colo- mais également l’Éthiopie, le Ghana, le Botswana, la Tan- niale. zanie ou le Mozambique

Deuxième priorité : Améliorer le pilotage de la poli- 11) Développer la pratique du portage des PME par les tique africaine et la cohérence des actions menées sur grands groupes présents sur le continent dans une dé- le terrain. marche adaptée aux réalités africaines.

Devant le constat d’une politique éclatée à tous les ni- 12) Développer des stratégies de conquête des marchés veaux, le groupe de travail souhaite renforcer le pilotage africains par le bas de la Pyramide et créer avec Proparco de la politique africaine. En dehors du Livre blanc dont un fonds d’investissement en partenariat public-privé sur l’objectif est de fédérer toutes administrations sur des ob- ce type de stratégie « le bas de la Pyramide» impliquant jectifs communs, il propose : des nouvelles technologies et des entreprises françaises.

6) De créer un ministère de la coopération internationale 13) Mettre fin à l’hémorragie des services économiques en et du développement de plein exercice rassemblant les Afrique, établir des stratégies régionales avec l’ensemble services concernés du ministère des affaires étrangères et des services intervenant dans le domaine économique, du ministère des finances. renforcer les synergies entre Ubifrance, les Missions écono- miques, les Chambres de Commerce et d’Industries (CCI), 7) D’instaurer une structuration régio- en France et à l’étranger (Uccife), les conseillers du Com- nale de notre dispositif diplomatique merce extérieur de la France (CCEF), Oséo, Coface, Pacte avec la nomination d’ambassades chefs PME International, et les Opérateurs spécialisés du com- de file régionaux et la mise à jour régu- merce international (OSCI). Soutenir les postes dépourvus lière de «stratégies-régions» validées au niveau interminis- de service économique ou de soutien commercial. tériel. 14) Inscrire dans le COM de l’AFD un mandat dans le cadre 8) D’étudier la possibilité de sa mission au service du développement de dialogue dans certains pays de mutua- avec les entreprises privées et les bureaux d’études fran- liser notre dispositif diploma- çais et de promotion de l’économie française autour de tique avec certains partenaires européens afin de consti- l’expertise. tuer des ambassades communes. 15) Fixer à PROPARCO des objectifs de co-investissement 9) De mettre en place une cellule de haut niveau en charge avec des entreprises françaises et soutenir son développe- de la gestion civilo-militaire des situations de crise afin ment en renforçant ses fonds propres et lui garantissant d’assurer une véritable coordination entre les respon- une plus grande autonomie organique par rapport à l’AFD. sables du développement et de la sécurité là où la France est présente. Cette cellule aura pour fonction de coordon- 16) Plaider au sein de l’OCDE et du G20 pour une clause de ner les actions de prévention des crises ou de gestion des réciprocité sur l’ouverture des marchés financés par l’APD situations post-crises afin de favoriser le rétablissement afin de pousser les pays émergents à délier leurs finance- des services publics et privés essentiels au fonctionne- ments ou, le cas échéant, à exclure leurs entreprises des ment normal d’un pays. appels d’offres financés par l’APD.

4 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

17) Renforcer les exigences environnementales et sociales existants en Afrique pour les forces déployées dans la dans les dossiers d’appel d’offres pour les marchés finan- bande sahélo-saharienne et sur les façades est et ouest cés par la coopération française afin de permettre aux africaines afin de contribuer activement à la sécurité de bénéficiaires de ces financements d’éliminer, au stade de ce continent. Il souhaite que des actions de coopération la pré-qualification et de l’évaluation des offres, des entre- structurelle et opérationnelle permettent la consolidation prises ou des propositions qui ne seraient pas conformes des capacités militaires et des architectures de sécurité techniquement sur le volet responsabilité sociale et envi- sous-régionales africaines dans le cadre de l’Union afri- ronnementale et de sanctionner une entreprise qui ne res- caine et, le cas échéant, la mise en oeuvre des résolutions pecterait pas ses engagements lors de l’exécution de son des Nations unies et la protection des ressortissants fran- marché. çais. Il propose que ces déploiements soient adaptés afin de disposer de capacités réactives et flexibles en fonction 18) Faire établir par le Comité pour les métaux stratégiques de l’évolution des besoins. Il préconise que soit dédiés de (COMES) et le SGDSN une étude des inté- façon visible quatre pôles à la coopéra- rêts de la France en Afrique en matière tion avec les quatre organisations régio- d’approvisionnement stratégique et nales, à Libreville avec la brigade centre prendre en compte les conclusions de de la CEEAC, à avec la brigade de cette étude dans la définition de notre stratégie africaine. l’ouest de la CEDEAO, à la Réunion avec la brigade sud de la SADC et à Djibouti face à l’IGAD afin d’afficher aux 19) Engager le processus formel d’adhésion à l’initiative yeux des opinions publiques africaine et française le sens sur la transparence dans les industries extractives (ITIE). africain de la présence militaire française sur ce continent. Cette priorité se traduit donc par 7 mesures : 20) Engager la transposition par la France des disposi- tions des directives comptables concernant certaines 24) Maintenir huit points d’appui militaire en Afrique : obligations pour les entreprises extractives européennes Abidjan, Dakar, la zone (Mali, Niger, Burkina-Faso), Libreville, de publier pays par pays et projet par projet les revenus Ndjamena, Bangui, Djibouti, et l’île de la Réunion. tirés de l’exploitation des ressources extractives versés à des Etats et définir une stratégie d’exemplarité des entre- 25) Dédier quatre points d’appui militaire à la coopéra- prises publiques françaises intervenant dans ce domaine tion avec les 4 organisations régionales, à Libreville avec en Afrique. la brigade centre de la CEEAC, Dakar avec la brigade de l’ouest de la CEDEAO, la Réunion avec la brigade sud de la 21) Soutenir les initiatives et les programmes des banques SADC et Djibouti avec l’IGAD, afin d’afficher clairement la multilatérales de développement dans le domaine des volonté française de participer à l’architecture de sécurité industries extractives. africaine.

22) Renforcer notre coopération en faveur du renforce- 26) Ouvrir les pôles de coopération français à des partici- ment de capacité au profit des programmes de l’UEMOA et pations de partenaires européens et internationaux à l’ins- notamment du Programme Économique Régional (PER). tar de ce qui a été fait pour les écoles nationales à vocation régionale (ENVR). 23) Veiller à ce que la conclusion des Accords de partena- riat économique (APE) ne nuise pas à l’intégration 27) Dépasser la distinction entre OPEX et régionale, inviter la Commission européenne à forces prépositionnées au profit d’un dis- faire preuve de plus de souplesse dans les négo- positif global où les effectifs de chaque ciations d’accords de partenariat économique ré- base évoluent en fonction des besoins gionaux afin de déboucher sur un aboutissement avec un repositionnement autour du positif et un renforcement de la coopération européenne Sahel et dans les pays accueillant une forte présence de en faveur de l’intégration. ressortissants français.

Quatrième priorité : Contribuer à la stabilité et la 28) Doter chaque point d’appui de moyens de coopéra- sécurité du continent. tion structurelle et opérationnelle aussi bien en bilatéral qu’au niveau régional ainsi que la possibilité d’une projec- Le groupe de travail demande le tion en cas de crise. maintien, en accord avec les États concernés, des points d’appui 29) Renforcer les crédits de la direction de la coopération

5 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

de sécurité et de défense (DCSD) et développer les ENVR de coopération dans ce domaine dans une Afrique en ur- avec des financements croisés de l’ensemble des minis- banisation rapide. tères concernés et un recours croissant aux financements européens, multilatéraux, voire à des partenariats avec Sixième priorité : Moderniser notre coopération au des pays qui partagent notre vision de l’Afrique, comme le développement. Canada, ainsi qu’à des financements des pays africains qui en ont les moyens. Constatant que l’enjeu n’est pas de construire une coo- pération d’héritage, mais de construire une coopération 30) Renforcer les moyens de suivi dont la France et l’Afrique ont besoin, le groupe de travail et de coopération avec l’Union propose à la fois une réallocation des moyens et une ratio- africaine en redéployant des effec- nalisation du dispositif. tifs vers l’ambassade d’Addis Abe- ba et en consacrant de l’assistance S’agissant des moyens : le groupe de travail estime qu’il technique ou des projets bien ci- faut redresser l’équilibre des contributions bilatérales et blés de renforcement de capacité. multilatérales de façon à retrouver un niveau d’interven- tion bilatérale sous forme de subventions supérieur à 500 Cinquième priorité : Promouvoir le pluralisme millions à la fin du triennum budgétaire par redéploiement politique. et développement des financements innovants. Il propose également un renforcement des fonds propres de l’AFD et Tout en conservant à l’esprit les exigences de stabilité la suppression du plafond des effectifs d’un établissement du continent, le groupe de travail estime que, sur le long qui ne bénéficie d’aucune subvention de fonctionnement terme, la démocratie, les droits de l’homme, le pluralisme, et finance son activité grâce à son résultat bancaire. et l’éthique sont des facteurs d’épanouissement des popu- lations et de cohésion sociale et politique. C’est pourquoi il Sur le plan institutionnel, en dehors de la création d’un propose dans le prolongement du discours de la Baule de ministère de plein exercice, qui exercerait la responsabi- renouveler le discours français sur la démocratie en cen- lité des programmes budgétaires, qui sont actuellement trant ce discours non sur la procédure formelle d’élections, gérés, l’un par Bercy, l’autre par le Quai d’Orsay, le groupe mais sur la notion de pluralisme et de contre-pouvoirs. Il de travail propose de simplifier l’organisation du réseau souhaite également tirer les leçons pour notre diploma- de coopération, de poursuivre la réforme de 1998 et de la tie des printemps arabes et d’un dialogue trop exclusive- mener à son terme, en poursuivant les transferts de com- ment centré sur l’Etat. Pour cela il propose de renforcer le pétence opérationnelle au profit de l’AFD et en mettant fin dialogue avec les sociétés civiles, notamment à travers les à la double compétence des SCAC et des agences de l’AFD, ONG et les collectivités territoriales françaises. Ces deux afin de renforcer la cohérence des actions à mener et de derniers acteurs ont tissé des liens sans équivalent avec réduire le coût du réseau. les populations et les territoires africains. Cette priorité se traduit donc par 14 propositions : Cette priorité se traduit donc par 4 mesures : 35) Confier à un ministère de la coopération internationale 31) Intégrer dans les discours français sur l’avenir de et du développement la responsabilité des programmes l’Afrique un discours renouvelé sur la notion de pluralisme 110 et 209 et les services qui les gèrent. et de contre-pouvoirs. 36) Simplifier l’organisation du réseau en mettant fin à 32) Aider à la constitution de fondations en faveur de la la double compétence des Services de coopération et vigilance citoyenne, des contre-pouvoirs, des médias, des d’action culturelle (SCAC) et des agences de l’AFD et ré- parlements, et de la « société civile». duire ainsi son coût en s’appuyant principalement sur les agences de l’AFD sous l’autorité des ambassadeurs. 33) Renforcer le dialogue avec les sociétés civiles et pour- suivre l’engagement de doublement du montant de l’aide 37) Poursuivre les transferts de compétence opération- qui transite par les ONG. nelle au profit de l’AFD de façon à ce que les Fonds de soli- darité prioritaire (FSP) (hors domaine strictement régalien 34) Soutenir les actions de coopération décentralisée en (police et justice)) soient gérés par l’AFD. faveur de l’Afrique et étendre le dispositif de la loi Oudin- Santini aux ordures ménagères pour financer des actions 38) Mutualiser des fonctions support entre les représen-

6 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

tations des instituts de recherche pour le développement expertise est un enjeu de développement et d’influence. dans un même pays des opérateurs du développement. Elle permet de déployer dans ce continent des normes, des habitudes et des valeurs qui peuvent nous lier aux pays 39) Resserrer le réseau des opérateurs de recherche pour africains et favoriser les échanges à la fois intellectuels et le développement autour de représentants régionaux, commerciaux. Or, dans ce domaine, la France avance en responsables d’une agence. ordre dispersé aussi bien en matière de financement que d’opérateurs.

Le Groupe de travail propose de :

40) Mieux intégrer les besoins opérationnels dans la pro- 49) Créer un fonds dédié à l’expertise internationale géré grammation des organismes de recherche pour le déve- par l’AFD et destiné à des opérateurs privés ou publics loppement. français qui rassemblent l’ensemble des financements dé- diés à l’expertise à l’international, mieux articuler les ins- 41) Redresser l’équilibre des contributions bilatérales et truments d’aide liée et définir une stratégie géographique multilatérales de façon à retrouver un niveau d’interven- et sectorielle pour les assistants techniques. tion sous forme de subventions supérieures à 500 millions à la fin du triennum budgétaire. 50) Regrouper dans un groupement d’intérêt public tous les opérateurs d’expertise technique publics. 42) Accroître la part de la taxe sur les transactions finan- cières (TTF) française affectée à la coopération. Par ailleurs, le groupe de travail propose en matière de coopération au développement : 43) Achever le processus d’adoption de la taxe sur les tran- sactions financières européenne et s’assurer qu’une partie 51) D’établir un bilan de nos modes d’intervention dans les sera consacrée à la solidarité internationale. pays fragiles à faible maîtrise d’ouvrage et de définir une méthodologie adaptée. 44) Poursuivre le travail de conviction pour l’adoption d’une transactions financières au niveau mondial. 52) De relancer les dispositifs de capital investissement dans les PME en redynamisant le Fonds d’investissement 45) Consacrer le rééquilibrage de l’aide bilatérale en partie et de soutien aux entreprises en Afrique (FISEA). à de l’aide projet sous forme de dons destinés aux pays pauvres prioritaires et en partie aux financements d’exper- 53) De créer une alliance avec les pays africains en vue des tises en amont des projets. prochaines négociations sur le climat.

46) Procéder à un renforcement comptable des fonds 54) De développer des coopérations triangulaires en colla- propres de l’AFD. boration avec des partenaires sans passé colonial (Canada, Australie...), avec les émergents démocratiques (Afrique 47) Intégrer un nouvel accord sur une diminution de la dis- du Sud, Brésil, Inde), comme avec la Chine. tribution des dividendes dans le prochain contrat d’objec- tifs et de moyens.

48) Supprimer la détermination en valeur absolue des effectifs de l’AFD.

Septième priorité : promouvoir l’expertise technique française. Huitième priorité : Renforcement de notre action en faveur de la francophonie. L’Afrique bénéficie aujourd’hui d’un afflux de capitaux -pri vés et publics, si bien que l’avantage comparatif de bail- Le groupe de travail constate qu’il n’y aura pas de leurs de fonds relativement modestes comme la France dividendes démographiques automatiques si nous ne est aujourd’hui la diffusion à travers ces financements formons pas des maîtres d’école dans les pays franco- d’une expertise pertinente, performante, compétitive et phones. C’est pourquoi il estime qu’il faut absolument éta- adaptée aux enjeux de développement de l’Afrique. Cette blir un véritable diagnostic sur l’état de la Francophonie

7 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

en Afrique et renforcer notre participation au partenariat des positions et des politiques cohérentes au niveau mondial pour l’éducation, et promouvoir des partenariats européen. public-privé en faveur du développement de systèmes de formation professionnelle francophone qui répondent 60) Modifier le code de l’entrée et du séjour des étrangers directement aux besoins des pays africains. Cette priorité et du droit d’asile (CESEDA) visait à favoriser les conditions se traduit par 5 propositions : d’exercice des premières années d’expérience profession- nelle -expérience qualifiante- pour les étrangers tout juste 55) Renforcer sa participation au Partenariat Mondial pour diplômés d’un établissement d’enseignement supérieur l’Education. français.

56) Promouvoir des partenariats public-privé en faveur du 61) Instaurer des visas pluriannuels, calqués sur la durée développement de système de formation professionnelle des études. en Afrique. 62) Élaborer dans chaque ambassade un plan d’accueil 57) Créer une université francophone pilote à l’image de des demandeurs de visas. l’université Paris-Sorbonne-Abou Dhabi. 63) Redynamiser la politique d’accueil de personnalités 58) Encourager le développement de thèses en cotutelle d’avenir franco-africaine. 64) Développer le dispositif «Quai d’Orsay/Entreprises » 59) Développer des universités numériques en coordina- tion avec les partenaires francophones. 65) Entreprendre une gestion dynamique du réseau des anciens élèves des Lycées français à l’étranger et des an- Neuvième priorité : rétablir une cohérence entre ciens boursiers etc. notre politique d’influence et notre politique migratoire. 66) Relancer le dialogue avec les pays d’origine sur les Il y a eu ces dix dernières années une incohérence entre questions migratoires, avec la constitution de groupes de notre politique d’influence, qui visait à former et à tisser suivi paritaires et définir des positions et des politiques des liens forts avec les élites africaines, et notre politique cohérentes au niveau européen. migratoire qui a détourné de la France non seulement des étudiants, mais également des artistes et des hommes 67) Redéfinir une stratégie de promotion du développe- d’affaires. ment solidaire.

Le groupe de travail propose d’assouplir le code de l’entrée Dixième priorité : Définir une stratégie africaine de la et du séjour des étrangers de façon à instaurer des visas France dans les instances multilatérales et européennes. pluriannuels calqués sur la durée des études, à permettre l’exercice d’une première expérience professionnelle pour Le groupe de travail estime qu’il faut convaincre nos parte- les étrangers juste diplômés d’un établissement d’ensei- naires européens qu’une Afrique de 2 milliards d’habitants gnement supérieur français, et enfin d’accorder un visa à 14 km du sud de l’Europe avec autant d’opportunités et illimité aux étudiants ayant obtenu un doctorat en France. de risques devrait être une préoccupation centrale de l’Eu- rope. Il souligne que la France n’a pas de stratégie globale Ces réformes doivent être accompagnées notamment dans les instances européennes et multilatérales, ce qui d’une redynamisation de la politique d’accueil des person- l’empêche évidemment d’avoir une stratégie concertée nalités d’avenir, de la gestion du réseau des anciens élèves sur les questions africaines : des lycées français à l’étranger. 68) Définir une stratégie africaine de la France dans les ins- S’agissant de l’immigration économique, ou de celle en tances européennes. provenance de zones désertées par le développement ou soumises à des régimes autoritaires comme l’Erythrée, le 69) Définir une stratégie française en faveur de l’Afrique groupe de travail souligne que la solution de long terme dans les instances multilatérales. réside dans le développement harmonieux de l’Afrique, mais qu’en attendant, il faut renouer le dialogue avec les 70) Promouvoir la voix de l’Afrique dans la gouvernance pays d’origine sur les questions migratoires et adopter mondiale.

8 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

La Conférence France-Afrique et le rapport Védrine Faciliter l’obtention de visas par Les propositions, dont les hommes d’affaires africains, certaines sont très concrètes, mobiliser la diaspora africaine, concernent aussi l’éducation. sécuriser l’investissement fran- La mission suggère «d’établir çais : l’ex-ministre des Affaires des frais d’inscription signifi- étrangères Hubert Védrine a pré- catifs pour les étudiants étran- senté le 4 décembre des proposi- gers en France et d’en diriger le produit, partiel ou total, vers tions pour renverser la tendance un programme de bourses au recul de la France sur les d’excellence, dont la priorité marchés en pleine croissance de sera donnée au continent afri- l’Afrique. «Le diagnostic est évi- cain». Le but de la mission était demment sévère : la France perd des parts de marché «d’aborder les choses sous l’angle économique», a expli- dans toutes les zones où elle était fortement implantée qué l’ancien ministre. «Les Africains, notamment toute la pour des raisons historiques et elle n’en gagne presque zone francophone, sont un peu las des polémiques fran- pas ailleurs», a déclaré Hubert Védrine. co-françaises sur la politique africaine de la France», a-t-il «Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au ajouté. sud du Sahara a décliné de 10,1 % à 4,7 %», constate un rapport qu’il présente à l’occasion d’un forum franco- africain organisé par le ministère de l’Économie et l’or- Rapport « Afrique France : un partenariat ganisation patronale française Medef, avant un som- pour l’avenir » remis par Hubert Védrine met prévu en fin de semaine à l’Élysée. Parmi quinze propositions, la mission suggère de «rénover les procé- 04/12/2013 dures de visas économiques et leur mise en oeuvre». Le rapport « Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et « Faible efficacité du dispositif français » la France», co-écrit par Hubert Védrine, a été remis à Pierre Moscovici lors de la conférence de Bercy qui s’est tenue le Les témoignages sont sévères : «Tous les acteurs éco- 4 décembre. nomiques français et africains rencontrés par la mission lui ont fait part des difficultés systématiques pour l’obten- La conférence de Bercy « Pour un nouveau modèle de tion de visas, la lourdeur bureaucratique des procédures partenariat économique entre l’Afrique et la France » est et les vexations subies.» «La faible efficacité du disposi- organisée par le ministère de l’économie et des finances tif français (vétusté du système d’information, délais de en partenariat avec le MEDEF International dans le cadre traitement, absence de démarche à distance...), les délais des manifestations du Sommet de l’Elysée pour la Paix et accordés, le manque d’égards et de transparence unani- la Sécurité en Afrique. C’est à cette occasion qu’a été remis mement décriés témoignent à la fois d’un désintérêt pour le rapport « Un partenariat pour l’avenir ». Le document l’économie africaine et d’un manque de compréhension présente 15 propositions pour une nouvelle dynamique du visa comme arme économique», poursuit le rapport de économique entre l’Afrique et la France. près de 200 pages. Le rapport « Un partenariat pour l’avenir : 15 propo- Hubert Védrine appelle par ailleurs à «relancer les rela- sitions pour une nouvelle dynamique économique entre tions administratives et politiques de haut niveau de l’État l’Afrique et la France » a été rédigé, à la demande de Pierre français vers le continent africain» et à «mieux associer la Moscovici, ministre de l’économie et des finances, par cinq diaspora africaine et les collectivités locales à la politique personnalités françaises et franco-africaines du monde économique africaine de la France». Il invite Paris à attirer politique et économique : Hubert Védrine, ancien ministre les capitaux africains et à drainer l’épargne des diasporas des affaires étrangères, Hakim El Karoui, Jean-Michel Seve- vers l’investissement en Afrique. rino, Tidjane Thiam, Lionel Zinsou.

9 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

Créer une nouvelle dynamique économique Afrique-France

Quinze propositions

1. Poursuivre et amplifier les mesures révisant la culturelles, santé, tourisme et sécurité ; politique française de visas économiques afin de faciliter la circulation des acteurs écono- 8. Promouvoir l’économie responsable et l’enga- miques entre la France et l’Afrique ; gement sociétal des entreprises ;

2. Relancer la formation du capital humain, la 9. Accompagner l’intégration régionale de coopération universitaire et de recherche, les l’Afrique ; échanges intellectuels et les orienter vers le développement ; 10. Renforcer l’influence de la France en Afrique ;

3. Soutenir le financement des infrastructures en 11. Réinvestir au plus vite la présence économique Afrique ; extérieure française en Afrique subsaharienne ;

4. Réduire le coût de mobilisation des capitaux 12. Intensifier le dialogue économique entre privés et des primes de risques appliquées à l’Afrique et la France ; l’Afrique ; 13. Favoriser l’investissement des entreprises fran- 5. Contribuer au renforcement des capacités de çaises en Afrique ; financement de l’économie africaine ; 14. Faire de la France un espace d’accueil favorable 6. Augmenter les capacités d’intervention de aux investissements financiers, industriels, l’union européenne en faveur de l’Afrique ; commerciaux et culturels africains ;

7. Susciter des alliances industrielles franco-afri- 15. Créer une fondation publique-privée franco- caines dans des secteurs clés pour les écono- africaine qui sera le catalyseur du renouveau mies française et africaine : agriculture, énergie, de la relation économique entre la France et transport, développement urbain, biens de l’Afrique. grande consommation, numérique, industries

10 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

• Renforcer les efforts pour des conditions de vie décentes ; Aide au développement • Soutenir les droits et les valeurs universelles ; • Assurer un développement inclusif et durable ; • Vers un nouveau partenariat pour le développement ? Avec près de 10 milliards d’euros par an (9,348 ME en Pascal Canfin, ministre délégué chargé du Développe- 2011), la France est le quatrième contributeur mon- ment, est intervenu le 27 novembre aux côtés du commis- dial d’Aide publique au développement (APD). Elle est saire européen au développement, Andris Piebalgs, lors le deuxième contributeur en pourcentage du Revenu du panel organisé par le ministère des Affaires étrangères, national brut (RNB), avec 0,46%. L’Afrique est le premier la Fondation pour les études et recherches internationales bénéficiaire de l’APD française (55%), et en particulier (FERDI), l’Agence japonaise de coopération internationale l’Afrique subsaharienne (41%). La France est également et l’ONG européenne CONCORD sur le thème «Comment le deuxième contributeur (le premier européen) au mieux mobiliser les ressources pour le développe- Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et ment ?». le paludisme. La France contribue ainsi, par exemple, à Anne-Marie Descôtes, directrice générale de la mon- fournir des traitements contre le sida à 4,2 millions de dialisation, du développement et des partenariats, parti- personnes et des traitements antituberculeux à 9,7 mil- cipait le 26 novembre au panel «Conclure et aller au-delà lions de personnes. des OMD sur la santé», et Frédéric Bontems, directeur du développement et des biens publics mondiaux, a pris part Les Journées européennes du développement aux côtés du commissaire européen pour l’action clima- (26 et 27 novembre 2013) tique, Connie Hedegaard, au panel organisé par la direc- tion générale du climat de la Commission européenne le La huitième édition des Journées européennes du 27 Novembre sur le thème «Éradication de la pauvreté et développement (JED) se sont déroulées les 26 et 27 no- changement climatique». vembre 2013 sur le thème «une vie décente pour tous d’ici à 2030 : construire un consensus pour un nouvel L’Agence française pour le Développement (AFD) a agenda du développement». Organisées par la Commis- co-organisé, le 27 novembre, deux panels de haut niveau sion européenne, les JED sont devenues au fil des ans le sur la sécurité alimentaire et sur l’aide au commerce. Par forum incontournable de la coopération internationale au ailleurs, l’AFD a coordonné deux sessions de réflexion qui développement. Les débats étaient organisés autour des sont venues nourrir le débat des panels sur le financement 4 thèmes suivants : du développement au-delà de l’APD et sur le climat.

11 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

NELSON ROLIHALAHA MANDELA et BARACK OBAMA, même combat ou même philosophie ?

Les dix jours droit de la majorité. qu’ont duré les fu- nérailles officielles Revenant sur la puis l’inhumation, capacité qu’avait eue conforme à la cou- Mandela à convaincre tume du peuple ses adversaires des deux tembu, de Nelson camps, le Président Mandela, ont donné américain a fait une lieu à un spectacle analyse très philoso- mondial dont les phique de l’ « Ubuntu » médias de chaque terme fréquemment pays se sont accapa- employé dans le monde ré les images. Ils l’ont bantou pour désigner fait avec plus ou la conscience que doit moins de bonheur pour leur scène politique individuelle avoir chacun d’appartenir à un monde plus grand, une (les deux Présidents français, suivis des deux anciens pre- humanité en quelque sorte à construire ensemble. Barack miers ministres, la poignée de mains d’Obama à Raul Cas- Obama et sa femme Michèle, qu’il cite, ont conscience tro et sa photo avec la première ministre danoise, l’ovation d’avoir pu, grâce à des personnalités comme Mandela à Mugabe et les murmures contre Jacob Zuma). Avec ses et dans le grand pays qu’ils représentent, faire partie de longueurs et la pluie de saison qui les accompagnaient, ce système. Mais, souligne-t-il, nous ne devons pas juger ces obsèques auxquelles peu de sud-africains blancs pa- du progrès de l’humanité à travers le niveau auquel nous raissent avoir assisté, ont traduit tout à la fois l’extraordi- sommes parvenus. naire vitalité et la complexité de la nation arc-en-ciel. Barack Obama a terminé ce véritable « discours aux Au cours de l’hommage mondial au stade de Soweto peuples du monde » représentés à Soweto, en se fai- et parmi les multiples interventions destinées à rappeler sant le zélateur de plus de paix et de justice. Se référant les qualités et les mérites du disparu, c’est le discours aux constamment à l’exemple de Mandela, Il a dénoncé des accents messianiques de Barack Obama et l’ovation qu’il a situations intolérables, la nécessité de bannir le cynisme suscitée qui ont apporté à la cérémonie la dimension uni- et les complaisances. Il s’inscrit ainsi en héritier spirituel verselle qu’on pouvait en attendre. Barack Obama (dont du grand homme dont il possède le même charisme. le prénom apparaît tout aussi insolite que celui de Nelson choisi à l’époque par l’illustre défunt) a d’abord rappelé Parmi les nombreux commentaires qui ont accompa- que Mandela, né pendant la seconde guerre mondiale, gné ces cérémonies on note celui d’Hubert Védrine qui a garçon turbulent mais admirateur de Gandhi, contem- regretté qu’on n’ait pas rendu davantage justice à Frédé- porain de Kennedy, aurait pu bâtir une nation digne de ric de Klerk qui avait eu la lucidité et le courage d’entamer Lincoln, s’il n’était resté en prison pour défendre la justice des discussions et avec qui il partagera le prix Nobel de la contre l’apartheid. Il a rappelé combien le jeune démo- Paix en 1993. crate qu’il était, s’était lui-même retrouvé associé à la lutte pour les droits civiques menée dans les années soixante Interrogé sur l’absence controversée d’Israël et sur une aux côtés du Pasteur Martin Luther King. figure qui pourrait selon lui symboliser une personnalité se trouvant dans le monde actuel dans une situation La perfection de justice constamment recherchée par comparable à celle de Mandela, Rony Brauman, ancien Mandela et ses compagnons dans leur lutte, les a ame- Président de MSF, n’a pas hésité pour sa part à mentionner nés à refuser toute faiblesse et compromission dans leur Marouane Barghouty, incarcéré comme on le sait depuis traitement au point d’influencer l’attitude même de 2002 dans une prison de haute sécurité en Israël. L’effet leurs geôliers. Par la suite, c’est dans le même esprit qu’ils Obama irait-il jusqu’à convaincre l’allié privilégié ? devaient préparer une constitution dans laquelle la pro- tection des minorités serait tout aussi importante que le Raymond Césaire

12 RÉFLEXIONS SURTITRE LE TEMPS BANDEAU PASSÉ ET PRÉSENT

DE NOUVEAUX BILLETS POUR LE PACIFIQUE Nicolas de Sèze

A l’occasion de l’émission de nouveaux billets dans la zone Pacifique, AROM, s’inspirant du Magazine interne n° 90 de Juillet /août 2013 de la Banque de France, fait le point des dernières activités de nos Instituts d’émission des Outre-mer.

Historique de l’AFD, de l’IDEOM et de L’IEDOM est notamment chargé d’assurer la continui- té territoriale en matière monétaire par délégation de la l’IEOM. Banque de France dans les cinq départements d’outre- mer et dans les collectivités de Saint-Pierre-et-Miquelon, L’AFD est l’héritière de la Caisse centrale de la France Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Libre créée par l’ordonnance de Charles de Gaulle du 2 dé- cembre 1941 à Londres. Le rôle de la caisse se limitait à ce- L’IEDOM a été créé en 1959. lui d’un institut d’émission monétaire et du Trésor public. La caisse était chargée « d’émettre des billets au porteur et L’IEDOM est un établissement public national dont la des monnaies métalliques ayant force libératoire dans les dotation s’élève à 33,54 millions d’euros. territoires désignés », ou d’« en autoriser l’émission » sur les territoires progressivement ralliés, ainsi que d’assurer le contrôle des changes. L’Institut d’Emission d’Outre-Mer (IEOM) exerce les fonctions de banque centrale dans les collecti- Après la Seconde Guerre mondiale, Pierre Mendès vités d’outre-mer du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Poly- nésie française, Wallis-et-Futuna). France, ministre des Finances, décide de transformer la caisse en la chargeant du financement du développement L’IEOM a été créé en 1966 pour exercer le privilège de économique et social de l’outre-mer. Elle devient la Caisse l’émission monétaire, précé- centrale de la France d’outre-mer (CCFOM) le 2 février demment dévolu dans les ter- 1944. Elle conserve toutefois son rôle d’institution d’émis- ritoires français du Pacifique à sion monétaire. la Banque de l’Indochine. Pour mener à bien ses missions, À la suite de l’accession à l’indépendance de nom- l’IEOM dispose de services cen- breuses colonies françaises, la Caisse centrale de la France traux situés à Paris, et de trois d’outre-mer prend le nom de Caisse centrale de coopé- agences implantées à Nou- ration économique (CCCE) en 1958 et perd progressive- méa, Papeete et Mata’Utu. ment ses missions monétaires aux profits de deux établis- sements publics, l’Institut d’émission des départements L’IEOM est un établisse- d’outre-mer (IEDOM) créé en 1959 et l’Institut d’émission ment public national dont la d’outre-mer (IEOM) créé en 1967, toujours parties inté- dotation s’élève à 10 millions grantes du groupe AFD aujourd’hui. d’euros

Le CCCE devient la Caisse française de développe- À la découverte des nou- ment (CFD) en 1992. Enfin, la réforme de la coopération veaux billets française entreprise en 1998 transforme la CFD en Agence française de développement et en fait l’opérateur pivot de Conçus en étroite concerta- l’aide au développement française. tion avec les autorités des trois collectivités du Pacifique, les L’Institut d’Émission des Départements nouveaux billets en F CFP valo- d’Outre-mer (IEDOM) est une banque centrale dé- risent, par leurs motifs et gra- léguée qui exerce ses missions au sein d’une unité décen- phismes, le patrimoine culturel tralisée, l’eurosystème, composée de la banque centrale et naturel de chacun des terri- européenne et des banques centrales nationales. toires concernés.

13 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

Fréquence Banque — juillet/août 2013 — n° 90 Assurer les missions De la Guadeloupe à la Nouvelle-Calédonie, les outre-mer de banque centrale IEDOM, IEOM, être français sont vastes et variés. Pourtant, le besoin de la banque centrale des quatre coins du monde ? banque centrale y est le même qu’en métropole. Garantir la qualité des billets en circulation,coter les entreprises, veiller à la sécurité des systèmes et moyens de paiement, assurer la protection des épargnants : autant d’enjeux pour les deux Instituts d’émission, qui exercent leurs missions en s’adaptant aux réalités locales. IEDOM 15

IEOMÊTRE LA BANQUE CENTRALE DES QUATRE COINS DU MONDE ?

Focus Banque

NICOLAS DE SÈZE directeur général de l’IEDOM et de l’IEOM u printemps 2011 au deux zones monétaires différentes. printemps 2012, D’un côté, la zone euro, dont font Nicolas de Sèze a fait partie les départements d’outre-mer le tour du monde. Rien de l’arc antillais (Guadeloupe, à voir avec un voyage Martinique) mais aussi la Guyane, « Intégrer d’agrément : le nou- La Réunion et Mayotte, sans oublier Dveau directeur général de l’Institut Saint-Pierre-et-Miquelon dans les spécifi cités d’émission des départements d’outre- l’Atlantique nord. C’est la zone d’in- mer (IEDOM) et de l’Institut d’émis- tervention de l’IEDOM, qui agit, culturelles locales sion d’outre-mer (IEOM) voulait selon les textes, « au nom, pour le prendre sur place la mesure des défi s compte et sous l’autorité de la Banque constitue un défi qui sont ceux d’une banque centrale de France ». De l’autre, c’est la zone dans les outre-mer et apprécier com- du franc Pacifi que (CFP), qui va de la au quotidien. » ment optimiser les synergies entre les Nouvelle-Calédonie à la Polynésie deux Instituts et avec la Banque. Car française en passant par Wallis-et- celle-ci, à travers ces deux établisse- Futuna. Sur ces territoires, l’IEOM ments publics, y est de facto présente. « met en œuvre, en liaison avec la Mais de manière assez différente Banque de France, la politique moné- puisque les outre-mer relèvent de taire de l’État ». /…

14 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

Focus Banque

IEDOM, IEOM, être la banque centrale des quatre coins du monde ?

/… 1. INSTITUTS ET BANQUE DE 2. UNE NOUVELLE GAMME FRANCE : DES LIENS ÉTROITS DE BILLETS EN FRANC « Gérer des monnaies différentes, nous PACIFIQUE adapter à des situations contrastées, Dans les territoires couverts par intégrer les spécificités culturelles l’IEOM, la grande affaire, ce sera 16 locales, et en même temps incarner pour l’an prochain. En effet, le 20 jan- l’unicité et la cohérence de l’action vier 2014, de nouveaux billets en publique outre-mer, c’est tout cela qui franc Pacifi que seront introduits en constitue notre défi au quotidien, Nouvelle-Calédonie, en Polynésie et explique Nicolas de Sèze. Et cela à Wallis-et-Futuna. Un « big bang », passe notamment par des liens étroits puisque les quatre billets de la nou- De gauche à droite, avec la Banque. » Ainsi, c’est le gou- velle gamme seront lancés d’un coup. au centre culturel coupures. « Le billet intègre une Jean-Marie Tjibaou verneur qui préside le Conseil de Les billets actuels avaient plus de de Nouvelle- forte charge symbolique, explique surveillance de l’IEDOM et celui de quarante ans. Il devenait nécessaire Calédonie : Nicolas de Sèze. Chacun des trois Thierry Beltrand, l’IEOM ; et la Banque compte trois de les moderniser et de les sécuriser directeur de l’agence territoires doit “se retrouver” sur représentants au Conseil de l’IEDOM grâce aux nouvelles technologies. IEOM de Nouméa, chacune des coupures. » Les nou- et deux au Conseil de l’IEOM. Par Le gouverneur Christian Noyer, qui Christian Noyer, veaux billets comportent donc cha- Nicolas de Sèze. ailleurs, une partie de l’encadrement présidait le 11 juin le Conseil de cun une face calédonienne et une des Instituts (une quinzaine de surveillance de l’IEOM à Nouméa, a face polynésienne ainsi que des personnes) est constituée d’agents profité de cette occasion pour évo- signes représentatifs de Wallis et de détachés de la Banque. Le personnel quer la sortie des nouveaux billets. Futuna. Les anciennes coupures des Instituts, 380 personnes envi- Et dire quelques mots, sans éventer continueront à circuler en parallèle ron, est toutefois en majorité issu de secrets, de leurs nouveaux signes jusqu’à fin septembre 2014 avant de l’Agence française de développe- de sécurité. « Les nouvelles coupures d’être retirées peu à peu, mais ment (AFD), ou recruté localement. sont en cours de fabrication. En tout, seront échangeables sans limitation Les agences de l’IEDOM et de il nous aura fallu plus de quatre ans de durée. Ce dossier s’est avéré très l’IEOM sont évidemment de taille pour les concevoir, les mettre au point fédérateur et les différentes sensibi- variable : une soixantaine d’agents à et les émettre », souligne Nicolas de lités, parfois vives, des territoires La Réunion contre moins d’une Sèze. La graphiste est calédonienne : ont pu être prises en compte. dizaine à Wallis-et-Futuna. Mais, sélectionnée en 2011 à l’issue d’un dans tous les cas, la polyvalence s’im- concours organisé en Nouvelle- 3. SURENDETTEMENT : UN pose : « À Saint-Pierre-et-Miquelon, Calédonie, elle a travaillé en étroite PANORAMA DIFFÉRENCIÉ le chargé des entreprises est également collaboration avec les équipes de Côté IEDOM, la question est responsable de l’informatique tandis Chamalières. C’est en effet la direc- traitée depuis longtemps comme que le caissier est formé au suren- tion générale de la Fabrication des en métropole : l’Institut gère le dettement, même si aucun dossier de billets qui produit les nouvelles secrétariat de la commission de surendettement n’a été jusqu’à pré- surendettement locale et les mêmes sent déposé dans l’île », indique dispositions réglementaires Nicolas de Sèze. s’appliquent qu’en métropole. Côté IEOM, c’est beaucoup plus récent : les textes étendant le dispositif à la Nouvelle-Calédonie ainsi qu’à Wallis-et-Futuna ont été pris en 2007. En Polynésie, cette extension nécessitait une « loi du pays », qui n’a été adoptée par le Territoire que début 2012. Et la première réunion de la commission de surendette- ment s’est tenue en novembre 2012, un démarrage mené avec l’aide d’agents de Nouméa venus former leurs collègues de Papeete. « C’est le Territoire qui rémunère l’IEOM pour ce service et non l’État, comme c’est le cas en métropole et dans le reste des outre-mer », précise Nicolas de Sèze,

15 RÉFLEXIONS SUR LE TEMPS PASSÉ ET PRÉSENT

Fréquence Banque — juillet/août 2013 — n° 90

avant de saluer les initiatives nova- « Dans son rapport de 2011 sur la personnes et exerce, pour le compte trices prises par la commission de France, explique Nicolas de Sèze, le de l’ACP ou de l’AMF, des missions de Nouvelle-Calédonie : la signature Groupe d’action financière (GAFI), lutte anti-blanchiment, de contrôle Pour aller de conventions avec des centres l’organisme intergouvernemental qui des pratiques commerciales et de plus loin sur le sujet : communaux d’action sociale pour lutte contre le blanchiment, avait prévention de l’exercice illégal du www.iedom.fr accompagner les surendettés, et souligné l’insuffisance des mesures de métier de banquier ou d’assureur. et www.ieom.fr. d’une charte avec les banques lutte anti-blanchiment outre-mer et Première épinglée ces derniers locales destinée à faciliter les rela- la nécessité de bien identifier l’auto- mois, une officine de Nouméa qui tions avec leurs clients surendettés rité publique chargée de traiter ces promettait des services bancaires et à abaisser pour eux le tarif de questions. C’est pourquoi nous avons alléchants. Après contrôle, la sanc- certains services bancaires. créé début 2012 un poste de “conseiller tion est tombée, sous la forme d’un ACP”, confié à Philippe Goyhénèche. » communiqué mettant en garde le 4. UNE ACTIVITÉ ACCRUE DE L’équipe compte désormais trois public sur les conditions d’exercice 17 LUTTE ANTI-BLANCHIMENT du métier de banquier. En un peu ET DE PROTECTION DE plus d’un an, une vingtaine de LA CLIENTÈLE contrôles sur place ont été réalisés, Sur ce volet, c’est une action en pro- mais aussi des entretiens individuels fondeur qui est menée depuis fin 15 millions approfondis avec les banquiers 2011 avec le soutien de Danièle Nouy, C’est le nombre de nouveaux billets locaux et une dizaine d’actions de secrétaire général de l’ACP, et de son qui seront émis en 2014 par l’IEOM. sensibilisation. Du jamais vu outre- adjoint, Édouard Fernandez-Bollo. mer avec une telle intensité !

Sur le terrain…

VALÉRIE CHARLES PHILIPPE MACABIES, APANON, GOYHÉNÈCHE, responsable adjointe directeur de l’agence conseiller ACP de la division IEDOM pour la auprès du directeur Des mondes différents Fiduciaire, Sécurité, Guadeloupe, général des Instituts Immobilier et Saint-Martin et Spécificités culturelles locales et relatif Moyens généraux Saint-Barthélemy isolement : autant de paramètres à intégrer.

Quelles particularités Comme dans l’Hexagone, pratiques commerciales si elles sont conscientes du droit d’accès aux votre activité nous exerçons les et participe à la lutte que les nouveaux billets fichiers et rappels revêt-elle par rapport trois grands métiers : contre l’exercice illégal seront plus sécurisés, de la réglementation à la métropole ? fiduciaire, entreprises du métier de banquier et les populations voient la en vigueur. et surendettement. Mais d’assureur. Et toutes les disparition des anciens P. G . Pour répondre aux VALÉRIE MACABIES. nous avons aussi d’autres catégories d’assujettis : avec nostalgie. Nous remarques du GAFI, nous Je m’occupe des aspects domaines d’intervention : banques, changeurs devons donc adapter nos avons créé une structure fiduciaires et logistiques études économiques manuels, intermédiaires actions de communica- qui permet à l’ACP d’avoir pour les neuf agences et suivi des banques, en assurances, etc. tion selon chaque culture une vue d’ensemble des Instituts. Ce sont contrôle interne, sécurité, J’interviens aussi pour pour que les billets soient des enjeux sur les de petites équipes qui etc., car nous sommes le compte de l’AMF. adoptés. zones ultramarines. doivent pouvoir s’appuyer une petite structure C. A. Notre objectif est La poursuite de notre sur des partenaires très régionale. Nous sommes de contribuer à la sortie de travail va s’appuyer fiables. Nous avons ainsi très sollicités, il nous Quel est votre projet crise et nous y travaillons sur de nouvelles actions retenu, par exemple, un faut donc agir avec actuel le plus avec les autorités locales, de sensibilisation des fournisseur japonais pour une grande rigueur. significatif ? les banquiers et les TPE. professionnels et de renouveler le matériel de PHILIPPE Nous avons aussi une nouveaux contrôles tri des billets des agences GOYHÉNÈCHE. V. M. Le lancement réelle proximité avec la sur place afin que les IEOM, car il est proche Mon activité ici est plus de la nouvelle gamme de population. S’il y a moins organismes financiers et capable d’intervenir diversifiée que celle que francs CFP en 2014, qui de surendettement qu’en exercent leur métier rapidement. j’exerçais à l’Acam puis constituera une première métropole, beaucoup dans un cadre légal et CHARLES APANON. à l’ACP. Car elle couvre depuis leur création, plus de gens sont fichés des conditions saines. L’agence de Guadeloupe la lutte anti-blanchiment, pour les plus anciennes au FICP et au FCC. D’où compte 48 personnes. mais aussi le contrôle des coupures, en 1968. Même de nombreux exercices

16 VU, LU, ENTENDU

Lu dans la presse et dans les revues

Hélie de Saint Marc vivant par miracle, il git inconscient per à la bataille d’Alger (« sûrement la dans une baraque-mouroir quand les plus amère des épreuves », confesse- Américains libèrent le camp en avril t-il) . C’est ainsi qu’avec le 1er régi- 1945. ment étranger de parachutistes, qu’il commande par intérim, il participe Rétabli, il entre à l’école militaire au putsch des généraux en avril 1961. de Saint-Cyr. Muré dans le silence L’affaire tourne court et Saint Marc, comme nombre de rescapés des refusant le passage dans la clandesti- camps, il est ébloui par la vie mais se nité qui l’aurait sans doute conduit à sent débiteur de ceux qui ne sont pas l’OAS, se constitue prisonnier. revenus. Aussi décide-t- il de recher- cher la fraternité qui lui a fait surmon- Au procès qui lui est intenté le 5 ter les épreuves. Il choisit d’entrer en juin 1961, il assume - plaidant la dé- décembre 1947 dans la Légion étran- fense des harkis menacés du sort des (Extrait d’un article du Monde.) gère dont il ne cessera jamais de célé- indochinois huit ans plus tôt. Le haut brer la grandeur. tribunal militaire le condamne à dix Soldat d’un autre temps, barou- ans de réclusion criminelle. Incarcéré deur accompli, aristocrate policé, Hé- A la tête de son unité il plonge à Tulle, il est libéré fin 1965, gracié en lie Denoix de Saint Marc est mort le dans le brasier indochinois avec le 1966 puis amnistié en 1968. Réhabi- 26 août à La Garde-Adhémar (Drôme) 3ème régiment étranger d’infante- lité dans ses droits civils et militaires à l’âge de 91 ans. Ce militaire aura rie. Apprenant la langue des autoch- en 1978, il s’effacera néanmoins de la connu les honneurs dus à son com- tones et interrogeant les prisonniers vie publique jusqu’à ce que son petit bat de résistant comme à sa carrière vietminhs pour percer leurs moti- neveu, Laurent Beccaria, ne l’inter- d’officier avant que son implication vations comme leurs méthodes. Un roge pour un mémoire à Sciences dans le putsch d’Alger en avril 1961 lien fort se tisse avec le pays (« une Po. Suivront une biographie (Helie ne caricature son engagement. sorte de pic de l’existence ») et l’ordre de Saint Marc Perrin 1989) puis des d’évacuer le poste dix-huit mois plus Mémoires (Les champs de braises Né à le 11 février 1922, tard laissant démunis les paysans qui Perrin 1995 couronné par le Fémina Hélie Denoix de Saint Marc est issu avaient aidé les Français, bouleverse essai). D’autres livres suivront (Les d’une lignée de notables périgour- l’officier. Il se conforme pourtant aux sentinelles du soir, Les Arènes 1999) ; dins, noblesse de robe catholique at- ordres allant jusqu’à frapper à coup Indochine, notre guerre orpheline, tachée au droit et à la terre. Fils d’un de crosse les mains qui s’agrippent (les Arènes 2000), dont un saisissant héros de la Grande Guerre, cadet aux véhicules militaires. Ce que Saint dialogue avec l’Allemand August von d’une fratrie de sept enfants, le jeune Marc appelle sa « blessure jaune » ne Kageneck mené par Etienne Montéty. Hélie, au sortir de ses études au col- guérira jamais. L’officier n’oublie pas Notre histoire 1922-1945 (Les Arènes lège jésuite bordelais de Saint Joseph que la France avait promis amitié et 2002) de Tivoli, hésite entre les vœux mo- protection à un peuple qu’elle a aban- nastiques et l’armée. C’est la seconde donné cependant. Sans doute est-ce Ferveur blessée, dignité intacte, option qui l’emporte. Hanté par les là une des clefs de son ralliement dix Saint Marc est fait grand-croix de martyrs chouans, les pionniers de ans plus tard aux putschistes d’Alger. la Légion d’honneur en novembre l’aventure coloniale et la geste nais- 2011. Interrogé au terme d’une émis- sante de l’aéropostale, il fait sienne Car après l’épisode indochinois, sion « Apostrophes » en mai 1989 la devise de Guynemer « Faire face ». Saint Marc sert en Algérie. Recruté Hélie de Saint Marc résume ainsi sa La débâcle de 1940 le stupéfie. Aus- par le Général Challe, il débarque à vie : « Je n’ai pas de ressentiment. si rejoint-il tout naturellement dès Oran fin 1954. Engagé dans les Aurès, J’ai mené une vie passionnante. J’ai mars 1941 la Résistance et le réseau il est bientôt au service du Général été aux avant-postes de l’Histoire. Je Jade-Amicol comme agent de liaison. Massu au plus fort de la tourmente. crois que j’ai été fidèle à moi-même Arrêté en juillet 1943, il est déporté à Sa ligne d’obéissance et son respect et à mes convictions, et c’est peut- Buchenwald puis à Langenstein. Sur- de l’autorité le conduisent à partici- être cela l’honneur de vivre ».

17 VU, LU, ENTENDU

La disparition En 1944 Giap prendra le comman- chronologie dement de la guérilla du Tonkin tan- 1884 La France réunit la Cochinchine, de Vo Nguyên Giap dis qu’en 1945 Hô Chi Minh proclame, l’Annam et le Tonkin (qui composent à Hanoï, l’indépendance du Viet- aujourd ‘hui le Vietnam), le Laos et le Cambodge au sein de l’Indochine nam. L’accord Hô-Sainteny de 1946 fran­çaise. reconnaitra la « liberté du Vietnam 25 août 1911 Naissance de Giap, à An- au sein de l’Union française » mais, Xa, village du Nord-Annam. après cette parenthèse libérale avec 1930-1932 Nationaliste militant, Giap Leclerc, la méfiance réciproque et de est emprisonné deux ans. multiples incidents firent échouer 1937 Adhésion au Parti communiste quelques mois plus tard les accords clandestin vietnamien. de Fontainebleau. Harcèlements, 1940 Giap se rend en Chine , où il rencontre Hô Chi Minh. Il ne reverra massacres et escarmouches reprirent jamais son épouse , arrêtée par la en divers points du territoire. Il faudra Sûreté française. attendre les accords de Genève de 1944 Giap prend le commandement 1954 pour terminer ce qui aura été de groupes de guérilleros dans le pour les Français « la guerre d’Indo- Tonkin. chine ». 2 septembre 1945 Hô Chi Minh procla­me l’indépendance du Vietnam à Hanoï (Tonkin). A partir de 1956, tandis que la 6 mars 1946 Accord franco- vietna­ France quitte l’Indochine, le Vietnam mien sur la « liberté du Vietnam au Avec la disparition le 4 octobre est divisé en deux, le nord devenant sein de l’ Union française» . 2013 à l’âge 102 ans du général Giap un Etat socialiste, tandis qu’au sud Novembre 1946 Dans le port c’est une page essentielle des rela- les Américains prennent le relais d’Haïphong, une escarmouche tions franco-vietnamiennes qui se de la France. Leurs effectifs, lors de franco­-vietnamienne se termine en bombarde­ment de certains quartiers tourne et le Monde a publié à cette l’offensive du Têt en 1968, dépasse- par la mari­ne française. occasion, à côté de celui de Jean- ront 500.000 hommes. Mais il fau- l9 décembre 1946 Des ressortissants Claude Pomonti, un article prémo- dra attendre 1975 et la capitulation français sont massacrés à Hanoï Hô nitoire qu’avait signé le 5 décembre de Saïgon (aussitôt baptisée Hô Chi Chi Minh appelle au soulèvement. 1952 Jean Lacouture intitulé « Le vol- Minh-Ville) pour marquer la fin du Mai 1954 Prise du camp retranché can sous la neige ». cauchemar américain. Giap aura fran­çais de Diên Biên Phu. donc été, pendant quarante ans, du 22juillet 1954 Les accords de Genève Grand admirateur de Napoléon, côté vietnamien, le principal acteur mettent fin à l’Indochine française et divisent le Vietnam entre Nord et Sud. utilisant comme lui l’effet de sur- de ces deux conflits. 1955 Nombreux « conseillers » mili- prise, l’audace et la concentration taires américains au Sud. des troupes, Giap a été l’artisan des Parallèlement à ses fonctions 20 décembre 1960 Le Front national victoires de Dien Biên Phu contre la dans l’armée il occupa de multiples de libération (FNL) est créé au Sud. France en 1954 et de Saïgon en 1975 postes ministériels jusqu’à la réunifi- 1963 Le président Kennedy porte le contre les Américains. cation de 1976 qui ouvrit la voie, côté nombre de militaires américains au vietnamien à d’autres générations et Viet­nam à 15 000. Bachelier du Lycée d’Hanoï en ambitions. Ecarté de ces hautes fonc- 1964 Raids aériens américains pour 1934, puis enseignant l’histoire et le tions puis du Comité central du parti, ten­ter de couper la piste Hô Chi Minh. Français au lycée Thang Long, creuset il restera jusqu’à sa mort le sage que 1965 Le président Johnson engage les troupes américaines dans la guerre du militantisme anticolonial, il adhé- l’on vénère et que l’on consulte. terrestre au Sud. ra au parti communiste vietnamien 1967 Les effectifs américains au Viet­ clandestin en 1937. Il rejoignit Hô Il avait gardé à l’égard de la France nam atteignent 510 000 hommes. Chi Minh dans les années 40, mais ne une considération et une amitié que 30 avril 1975 Capitulation de Saïgon. reverra plus sa femme, intellectuelle notre ancien Ambassadeur au Viet- Fin de la guerre du Vietnam. militante comme lui, dont il avait un nam de 1989 à 1993, Claude Blanche- 1916 Giap perd le commandement enfant, et qui avait été arrêtée par maison, rappelle dans un livre intitulé des forces armées. la Sûreté française. Phan Van Dong, « La Marseillaise du général Giap » 1996 Giap est évincé du comité cen- futur premier ministre (1954-1986) se analysé dans la rubrique « lu chez le tral du parti. trouvait également avec lui à Pékin. libraire » 4 octobre 2013 Décès de Giap.

18 VU, LU, ENTENDU

Lu chez le libraire

Anthologie des en est la défense et l’illustration. celle de Francis Ducrest, qui vola sur Vampire et T-6 dans l’armée de l’Air poèmes d’amour des Le livre, illustré de nombreuses dans les années cinquante avant de photos, comporte, en outre, de quitter l’uniforme, troublé si ce n’est Afriques et d’ailleurs longues analyses étayées par des dépité, pour entamer une longue car- documents inédits permettant ainsi rière chez Air France. de Thierry Sinda d’éclairer le processus de produc- Editions Orphie tion de ces poèmes engagés tout en Voici un auteur rare mais qui n’est les remettant utilement dans leurs pas tout à fait inconnu. En effet, il a Préface d’Abdou Diouf et contextes historiques et sociolo- publié « Les Canons du ciel » en 1960, George Pau-Langevin. giques. Ce manifeste de la néo-né- chez Denöel, sous pseudonyme gritude signé par Thierry Sinda est parce que telle était la règle, un pi- indéniablement aussi un livre de lote militaire en activité ne pouvant référence à destination des esprits en aucun cas révéler son identité. curieux, des amateurs de poésie, des Un livre remarquable, à tous points étudiants, des enseignants et des de vues, mais qui n’alla pas au-delà chercheurs. Et un beau cadeau pour du succès d’estime, peut-être parce ceux qui s’offrent chaque jour de pe- qu’il était trop dans son temps. Puis tites attentions amoureuses. Ducrest ne persévéra pas, tout au moins pas jusqu’ à la fin des années Raymond Césaire 2000 quand il sortit chez L’Harmattan un talentueux témoignage, « L’Avia- teur », moins discrètement cette fois- « Les canons du ciel : ci. Ce beau texte reçut le Prix Guyne- mer et fut médaillé par l’Académie de pilote en Algérie ». l’air et de l’espace.

de Francis Ducrest Puis vint une initiative … née d’un demi-siècle de réflexion, la sortie chez Altipresse d’une version rema- niée des « Canons du ciel », l’auteur, Ce volume atypique est la pre- cette fois-ci, s’affichant au grand jour. mière anthologie de poésie négro- Un texte remarquablement bien africaine sur le thème de l’amour. Les écrit, souvent émouvant, parfois poi- chants d’amour, qui sont universels, gnant, un retour aux « événements » varient toutefois en fonction des d’Afrique du nord en même temps lieux et des époques. L’anthologie qu’une plongée dans l’intime d’un présente une palette de poètes de jeune sous-lieutenant victime, mal- renom de la période de la négritude gré les apparences, d’une grande qui ont initié, en français, l’usage de solitude, qui avait des camarades et rythmes et d’images singulières pour copains, certes, mais pas d’amis. Il lui célébrer l’amante noire et métissée. arriva de souffrir d’autant plus dure- L’ouvrage réunit aussi pour la pre- ment de l’angoisse, voire de la peur, mière fois une nouvelle génération C’est un ouvrage comme il en sans porter pour autant un regard de poètes talentueux des Afriques paraît peu : un récit de pilote, un té- « intellectuel » sur la guerre. Et encore placée sous la bannière du mouve- moignage sur la désormais lointaine moins sans entrer dans la catégorie ment littéraire de la néo-négritude et guerre d’Algérie et, surtout, un mo- des âmes sensibles. Il a observé, ré- dont le festival parisien du Printemps ment de vraie littérature. C’est la dé- fléchi, tout au plus, et on devine, ici des Poètes des Afriques et d’Ailleurs couverte tardive d’une belle plume, et là, qu’il lui arrivait d’éprouver une

19 VU, LU, ENTENDU certaine forme de fraternité avec les Raphaël Réau, Le consul est en outre un témoin Arabes. A commencer par ceux d’un privilégié des luttes entre les forces village qui l’avaient recueilli en atten- Consul à Hankéou impériales et républicaines qui dé- dant les secours, après un accident, butent en octobre 1911 à Hankéou. alors qu’ils étaient pourtant de bords pendant la révo- Ami de Sun Yat Sen, il comprend et opposés. lution chinoise et approuve l’objectif des révolution- naires et obtient des autres consuls Plus tard, les hasards de la vie la grande guerre présents une neutralité qui sera favo- étant ainsi faits, une mission d’ap- rable aux partisans de la république. pui-feu conduira Ducrest à mitrailler (1910-1916) Négociateur de talent, il convainc ce même village, geste symbolique aussi les belligérants de cesser de l’absurdité de la guerre, de ses leurs tirs d’artillerie qui, mal réglés, injustices, de ses contradictions. A ce de Philippe Marchat. tombent au milieu des concessions. moment-là, la pudeur de l’auteur est L’ harmattan. plus forte que son talent et, malheu- Par delà les péripéties historiques, reusement, il ne se livre pas suffisam- ces lettres nous renseignent sur les ment. Nous aurions voulu qu’il nous conditions de vie rudes subies par ces en dise plus sur ce moment difficile. exilés dans des « contrées lointaines, Et on se prend à rêver d’une ren- malsaines et difficiles d’accès ». Le contre de Ducrest avec Albert Camus. climat de Hankéou, particulièrement éprouvant, ainsi que ses répercus- Ducrest s’étend davantage sur sions sur la santé de toute la famille, des camarades ayant perdu la vie, reviennent comme un leitmotiv dans toujours de manière dramatique, les lettres du consul. De même les à commencer par une collision en trajets, par voie maritime ou par le vol aux conséquences tragiques. A Transsibérien, sont longs et fatigants. nouveau, le siège éjectable apparaît Ils deviennent en outre dangereux alors comme une belle invention puis avec le déclenchement du premier notre homme, rappelé à Paris par les conflit mondial et les développe- services médicaux de l’état-major, Dans son dernier livre, Philippe ments de la guerre sous-marine. A entamera un dialogue de sourds avec Marchat fait revivre la vie de diplo- côté des considérations sur la santé le médecin chargé de son dossier. Un mate en Chine qu’était celle de son et la vie de la concession, les informa- autre moment fort, pourtant bien grand-père, de 1910 à 1916. L’ou- tions systématiques sur ses filles sont loin du front d’Afrique du nord, dans vrage, tiré d’une correspondance bien évidemment destinées à étan- la grisaille qui enveloppe la place quotidienne entretenue entre le nar- cher la soif de nouvelles des grands- Balard. rateur accompagné par sa femme et parents restés en France. Ce leitmotiv ses deux filles,alors consul de France se retrouve sous une forme différente Ducrest, après le Vampire, trop à Hankéou, aujourd’hui Wuhan, et lors du deuxième séjour du consul et rapide, a dompté le T-6, il a repéré les ses parents habitant la Rochelle, est de sa femme, de 1913 à 1916, alors ennemis à plat ventre ans les fourrés un témoignage vivant retraçant aussi qu’elles sont restées en France dans et, des décennies avant l’apparition bien la vie quotidienne du consul un pensionnat à Compiègne. La si- des premiers drones, il a découvert et de sa famille que les soubresauts tuation se tend à partir de 1914 : les que les missions de guerre, même révolutionnaires qui allaient aboutir à filles sont contraintes de quitter la dans les années cinquante, pouvaient la chute de la dynastie mandchoue et ville devant l’avance allemande et de prendre l’allure dérangeante d’un jeu à la proclamation agitée de la répu- se réfugier en Charente chez des pa- mortel. « Il n’y a pas d’homme, seule- blique dont le premier et éphémère rents. La guerre devient alors un sujet ment une cible de forme humaine ». président sera Sun Yat Sen en janvier quotidien de la correspondance, le Voici le lecteur pris au piège, sincè- 1912. La période est aussi marquée consul s’efforçant de se montrer opti- rement soulagé quand se termine la par la concurrence que se livrent les miste et rassurant malgré un conflit mission, quand apparaît au loin « l’al- pays occidentaux et le Japon entre beaucoup plus long et sanglant que lée bleuâtre de la piste, ligne majeure eux , et qui aboutira au premier prévu. En Chine, si la concession alle- et immuable, constellation fidèle ». conflit mondial dont la Chine (et mande de Tsing Tao est enlevée de Quel beau texte ! même la Concession du grand-père vive force dès 1914 par les Japonais, de l’auteur!) sera l’un des nombreux la situation reste pacifique à Hankéou Pierre Sparaco théâtres. malgré des incidents entre les ressor-

20 VU, LU, ENTENDU tissants des nations belligérantes. pas amorcé son rapprochement avec L’ Afrique dans l’ancien ennemi qui se remettait de Au fil des lettres, on croise aussi le trente années de guerre. Justifié par l’ engrenage de futur Monsieur le Consul, le père de la célébration du bicentenaire, ce Lucien Bodard, gentiment étrillé par fut le premier signe d’une ouverture la Grande Guerre le consul, et on revit des événements vers le monde occidental au moment dont les conséquences ont toujours où le régime cherchait à assurer ses (1914 -1918) des incidences aujourd’hui, que ce arrières en donnant des gages à la soit, bien évidemment, la Grande Chine. Marc Michel 1 guerre, mais aussi la création de l’im- Un personnage de légende. pôt sur le revenu par Caillaux ! KARTHALA. « Aux armes citoyens ». Quelle ne L’ouvrage se termine par la muta- fut pas la surprise de l’Ambassadeur, tion tant attendue, non pas en Eu- Claude Blanchemaison, d’entendre rope, sous un climat plus clément, son hôte fredonner le refrain de La mais à Hong-Kong, que le consul Marseillaise. Le vieux général vain- rejoindra à la fin de l’année 1916. queur trente cinq ans plus tôt de Dien Biên Phu était ravi de reprendre François-Yann Henault le chant révolutionnaire qu’il avait appris à l’école. Mort à 102 ans en octobre dernier, le général Giap était La Marseillaise un personnage de légende. L’auteur rapporte une conversation où le petit du Général Giap homme explique sa stratégie pour prendre le camp retranché des fran- Marc Michel a donné le coup Claude Blanchemaison, çais dans la cuvette de Dien Biên Phu. d’envoi des publications qui vont ac- Il refuse de recourir à des vagues d’as- compagner les cérémonies marquant Editions Michel de Maule saut qui se seraient écrasées sur les le centenaire de la Grande guerre. Il défenses françaises pour privilégier est, avec Daniel Lefeuvre qui vient de l’approche progressive et le travail de disparaitre, Charles-Robert Ageron sape qui lui apporteront la victoire. décédé en 2008, Jacques Frémaux, Autre anecdote racontée par Clau- Nicolas Bancel et Pascal Blanchard et de Blanchemaison... lorsque François quelques autres, parmi les auteurs de Mitterrand effectue une visite d’Etat référence de notre histoire coloniale. en février 1993, la première d’un Pré- sident français depuis la guerre, le L’introduction du livre rappelle président, intrigué, croit entendre que si de nombreuses études ont été sur son passage les Vietnamiens uti- consacrées à des aspects spécifiques liser « une expression très familière de la Grande Guerre, notamment par en France le concernant… « On lui batailles et par nations, celles trai- répondit que Tong Thong signifiait tant de l’ensemble du continent sont Quand le 14 juillet 1989 la France Monsieur le président dans la langue plus rares. Comment l’Afrique s’est- fêtait le bicentenaire de la Révolution, locale »... elle trouvée embrasée en quelques personne ne pouvait se douter que le Le récit de l’Ambassadeur nous semaines et tant d’Africains ont-ils mur de Berlin allait bientôt tomber fait vivre le tournage du film de Pierre été amenés à soutenir la cause de entrainant dans sa chute l’ensemble Schoendoerffer sur la bataille de du bloc soviétique dont le Vietnam Dien Biên Phu bien avant que le site 1 Marc Michel est professeur émérite de l’Université de Provence, membre de faisait partie. Le général Giap, lui, en ne devienne un lieu de recueillement l’Institut d’études africaines de cette avait eu peut-être l’intuition lorsqu’il pour les Français de passage. Il nous Université. Il a enseigné plusieurs années en Afrique, puis à l’Université de Paris I s’est rendu ce jour là à l’Ambassade plonge dans une époque où la diplo- Panthéon Sorbonne et à l’Université matie a pris en charge les rapports de Clermont Ferrand II. Il est l’auteur de France à Hanoï. De la part de de plusieurs ouvrages sur l’histoire l’icône du régime communiste, le entre deux peuples encore marqués de l’Afrique, l’histoire coloniale et la par une mémoire douloureuse. décolonisation dont « Les Africains et la geste était, à l’époque, exception- Première Guerre mondiale, l’Appel de nel. Les Etats-Unis maintenaient leur l’Afrique (1914-1918) » Karthala 2003. II est par ailleurs membre du Comité embargo tandis que la France n’avait Pierre Rousselin (Le Figaro) scientifique de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne la 2003

21 VU, LU, ENTENDU

leur maître reste quelque chose Sédar Senghor aux tirailleurs séné- gique qui prélude au déclenchement d’étonnant. L’invasion coloniale était galais morts pour la France en 1938 des guerres de religion. terminée et les puissances s’étaient, et le manifeste du Congrès africain sur le papier du moins, partagées le « Appel de la race noire au monde » En même temps qu’il menait une continent. L’Afrique n’était pas véri- de 1919 qui compare l’opinion don- carrière de haut fonctionnaire préfet tablement un enjeu économique. née sur les différentes métropoles de région, puis de parlementaire Alors pourquoi tant de passions coloniales et montre l’écart qui nous et de Ministre, Philippe Mestre, qui nationalistes se sont-elles reportées sépare de cette période. a dirigé également Presse Océan, a sur l’Afrique s’interroge l’auteur. Quoi toujours écrit sur la Vendée dont il a qu’il en soit, cette guerre aboutit à Raymond Césaire été député : un roman « Quand flam- un dernier partage colonial au détri- bait le bocage » édité en 1970 chez ment du vaincu. On ne saurait trou- Laffont, un autre historique égale- ver dans cet ouvrage de développe- Mon roi d’un an, ment « Demain rue Saint-Nicaise », ments érudits, irréfutables ou défini- également chez Laffont, qui obtint tifs, prévient-il ; il s’agit encore moins François II 1559-1560 le prix Claude Farrère. Il publia à d’une justification morale. Ce travail, partir de 2000 chez France-Empire très structuré, répond simplement à « Devant douze fusils » retraçant son un « besoin d’histoire ». expérience de la bataille d’Alger, en 2012 une uchronie intitulée « Un acte L’ouvrage qui comporte une bi- manqué, si Pétain avait rallié Alger en bliographie choisie, un encart pho- 1942 » » dans laquelle il fait revivre tographique d’une dizaine de pages les intrigues qui se nouaient de Vichy et neuf cartes, se présente comme à Alger autour du Maréchal. Il nous un manuel qui se déroule chronolo- livre aujourd’hui, à travers ce nou- giquement en six chapitres : l’entrée veau roman portant sur une période en guerre avec ses atermoiements, peu connue mais assez fascinante de ses complexités et des buts souvent notre histoire, un récit bien docu- mal définis face à un ennemi « co- menté, très agréable à lire, dont l’ori- riace ». Un chapitre intitulé « l’appel ginalité n’a d’égale que la perfection de l’Afrique » analyse la part et le sort du style. des Africains dans les conflits euro- par Philippe Mestre Claudie Césaire. péens et un autre celui de l’Afrique Editions France-Empire française dans l’effort de guerre. Les sorties de guerre sont étudiées avec Gilles de Virmont a toujours servi Une histoire le nouveau partage du continent le roi Franois II ; d’abord en qualité et ses conséquences, tant au nord de page, puis de gentilhomme de de Bamako, qu’au sud. Un dernier chapitre porte la chambre, enfin de favori. Après la sur les séquelles mémorielles de la mort prématurée du roi de France, guerre, depuis l’occupation de la Rhé- il suit en Ecosse sa très jeune veuve, par Sébastien PHILIPPE, nanie et l’épisode perdu de vue de la Marie Stuart, dont il aime une des éditions Grandvaux. « honte noire » et « des tranchées de filles d’honneur, Milly Lindsay. Mais Verdun à l’Eglise Saint Bernard » pour celle-ci, contrainte par son père, finir avec le rappel de la chanson de rompt leurs fiançailles officielles et « Zao » sur l’inanité des guerres. quitte la cour écossaise. Gilles est désespéré. Il cherche un exutoire à Une conclusion générale s’efforce son malheur et tente de le trouver en de tirer quelques observations de écrivant ses souvenirs dans lesquels cette première mondialisation dont Milly tient une grande place car elle l’élément le plus vivant reste les mé- a participé, comme lui, aux événe- moires et leurs traces indélébiles qui ments intervenus à la Cour de France en ont été tirées…pour le meilleur et à la fin du règne d’Henri II et pen- pour le pire. dant celui de François II. Esquissant un tableau très personnel, Gilles va Deux annexes complètent l’ou- donc décrire ce qu’il a vu et entendu vrage, le poème dédié par Léopold pendant cette période confuse et tra- Architecte franco-malien, l’auteur

22 VU, LU, ENTENDU livre ici un ouvrage retraçant l’his- Les Afriques au dynamique démographique la plus toire de Bamako, village bambara des importante de la planète, l’auteur bords du Niger devenu en moins d’un défi du XXIe siècle explore les freins et les accélérateurs, siècle capitale du Mali. Particulière- les évolutions et involutions pos- ment riche, mêlant les récits issus de Georges Courade sibles, les bifurcations et ruptures la tradition orale recueillis auprès des qui peuvent advenir dans une éco- familles fondatrices, les récits d’explo- Belin nomie qui n’est pas totalement sor- rateurs et des documents d’archives, tie de la traite, dans une géographie c’est la vie de la ville depuis ses ori- remodelée par la colonisation, dans gines qui est racontée ici, de la pré- un passé qui offre des modèles mais histoire jusqu’au début du XXIème interdit certains possibles, dans des siècle. Enrichi d’une iconographie structures sociales célébrées par la très abondante (photographies, gra- qualité des liens mais détricotées par vures, cartes postales, plans), le texte, les désaffiliations et l’anomie ou des particulièrement détaillé, nous fait géopolitiques balbutiantes qui s’affir- suivre la transformation de la ville ment plus dans l’informel que le for- avec l’arrivée du chemin de fer et l’ins- mel... Regarder les Afriques visibles tallation de la capitale du Haut-Séné- et invisibles, celles des sorciers et des gal-Niger sur la colline de Koulouba rumeurs mortifères, des églises du à l’orée du XXème siècle et dont le réveil et des confréries musulmanes point d’orgue sera la célébration des Avec la publication des Afriques bousculées par les prédicateurs sala- cérémonies du cinquantenaire en au défi du XXIe siècle, Georges Cou- fistes, au ras des villages et des mar- 1933. En effet, l’histoire de Bamako rade, propose, après l’ Afrique des chés, des «malls» commerciaux ou est inséparable de l’histoire coloniale idées reçues, une analyse prospec- des campements nomades, obser- et de la conquête du Soudan français. tive sur l’Afrique de demain, par-delà ver les Etats subsahariens à travers En ce sens, Borgnis-Desbordes et Ar- les clichés habituels et les analyses la liturgie politique des chefferies chinard sont les véritables fondateurs grand angle qui ont fleuri après les- diverses, les jacqueries réprimées ou du Bamako contemporain avec l’édi- décennies de l’ajustement structurel, les railleries des bars, les évaluations fication du premier fort français sur appauvrissant le sous-continent pour de la gouvernance ou les appétits les rives du Niger. le désendetter. des classes dirigeantes, considérer les pays dans leurs marges plus que Dans sa préface, le professeur L’ Afrique subsaharienne se dans leur centre, en biais ou de face, Francis Simonis rappelle que «l’his- peuple à vive allure - sans espaces de permet de prendre en compte les toire de la ville de Bamako est avant décompression à l’extérieur - tout en complexités, les pluralités et les chan- tout une histoire coloniale. Bien au- devenant un territoire convoité pour gements apparents ou profonds qu’il delà du cas malien, c’est une contri- ses potentialités et ses terres par faut mettre en perspective. bution fondamentale à l’histoire les entreprises et les «investisseurs» de l’urbanisme français en Afrique émergents ou occidentaux qui y Les trajectoires géopolitiques qu’apporte cette histoire de Bama- découvrent des «classes moyennes» qui s’esquissent, les combinaisons ko. Une histoire qui s’exprime par la consommatrices, soucieuses de sta- sociétales qui se mettent en place, volonté des proconsuls aux larges bilité politique et d’ascension sociale les changements politiques qui pouvoirs. Si les premières années de pour leurs enfants. s’ébauchent, les cartes économiques l’indépendance apportent peu d’évo- qui se redistribuent commencent lutions, la ville prend un nouvel essor Cette récente flambée d’opti- à dessiner diverses voies vers cette au cours des années 1970 et 1990 misme macro-économique qui «deuxième indépendance» à laquelle pour devenir une des grandes capi- touche le Ghana plutôt que la Côte aspirent les Afriques. Même si une tales d’Afrique de l’ouest abritant un d’Ivoire, l’Ethiopie plus que le Soudan, croissance économique obérée par dixième de la population malienne. l’Angola au lieu de la RD du Congo, une démographie élevée, se mani- Tout naturellement, cette étude fait cependant l’impasse sur les feste dans la durée, régions, couches éclaire la problématique de l’urbani- menaces, contraintes, dépendances sociales et générations sont nom- sation du continent africain, un des et addictions qui ont cours chez les breuses à ne pas pouvoir en tirer par- enjeux majeurs du XXIème siècle. marginalisés et les black diamonds, tie pour des raisons fort diverses qu’il les dirigeants, les fonctionnaires ou convient de comprendre pour com- les militaires, etc. Tout en soulignant mencer à imaginer les trajectoires à François-Yann Henault l’ampleur des défis à relever, de par la venir qui restent à inventer.

23 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

L’ audace ultramarine en hexagone

Sous ce titre attrayant la délégation sénatoriale à l’Outre-mer présidée par Serge Larcher a accueilli le 12 septembre 2013 un colloque d’une journée qui a permis de présenter le programme de la délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer dirigée par Sophie Elizéon qui remplace à ce poste Claudy Siar, avec la participation de Myriam Cot- tias, qui remplace Françoise Vergés comme présidente du Comité national pour la mémoire de l’esclavage. Le programme était le suivant :

PROPOS D’OUVERTURE M. Jean-Pierre Bel, Président du M. Serge Larcher, Sénateur de la Martinique, Président de Sénat la Délégation sénatoriale à l’outre-mer

TABLE RONDE 1 : PEUT-ON DÉFINIR LES ULTRAMARINS DE L’HEXAGONE ? La Délégation sénatoriale à l’Outre-mer

Mme Myriam Cottias, Présidente du Comité national pour la mé- moire et l’histoire de l’esclavage

M. Philippe Vitale, Membre du laboratoire méditerranéen de so- ciologie (CNRS-MMSH) et maître

Mme Myriam Cottias de conférences à l’Université d’Aix-

TABLE RONDE 2 : QUI SONT LES ULTRAMARINS DE M. Serge Larcher L’HEXAGONE ? Créée en novembre 2011 par l’Instruction générale du Mme Sophie Élizéon, Déléguée interministérielle pour Bureau du Sénat (IGB), cette délégation est chargée d’in- l’égalité des chances des Français d’outre-mer former le Sénat sur l’état de la situation des collectivités visées à l’article 72-3 de la Constitution et sur toutes ques- M. Hugues Cazenave, Fondateur et président d’Opinion tions relatives à l’Outre-mer. Way Elle est composée des sénateurs élus dans les collecti- TABLE RONDE N° 3 : QUELS CHEMINS VERS LA RÉUS- vités visées à l’article 72-3 de la Constitution ainsi que d’un SITE ? nombre équivalent de membres désignés par le Sénat de manière à assurer la représentation proportionnelle des M. Serge Larcher, Sénateur de la Martinique, Président de groupes politiques et une représentation équilibrée des la Délégation sénatoriale à l’outre-mer commissions permanentes.

M. Dominique Baudis, Défenseur des droits Mission de la délégation :

M. Ferdinand Mélin-Soucramanien, Professeur de droit La délégation veille à la prise en compte des caractéris- public à l’Université de Bordeaux tiques, des contraintes et des intérêts propres de ces col- lectivités et au respect de leurs compétences. M. Daniel Hierso, Président d’Outre-Mer Network Elle est également chargée d’évaluer les politiques pu- Mme Estelle Barthélémy, Directrice générale adjointe de bliques intéressant les collectivités visées à l’article 72-3 de Mozaïk RH la Constitution et les conditions de leur application locale. CLÔTURE Le budget de l’outre-mer pour 2014 Mme Sophie Élizéon, Déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer La mission « Outre-mer », qui retrace les crédits corres- pondant à des mesures propres aux territoires ultramarins

24 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

et mis en oeuvre par le Pour ce faire, et ministère de l’outre-mer, en gardant à l’esprit représente ainsi 0,54 % du ce « fil rouge » qu’ est budget général de l’Etat à mes yeux l’ audace, pour 2014. je propose d’articuler notre action autour de Les outre-mer béné- trois axes de travail qui ficient par ailleurs d’une devront être mis en partie des crédits portés oeuvre concomitam- par d’autres missions du ment pour devenir les budget général de l’Etat et rouages de notre mou- qui concernent l’ensemble des collectivités françaises. Ces vement vertueux vers l’égalité. crédits, détaillés dans un document de politique transver- sale retraçant pour chaque mission les crédits destinés à 1 - prévenir : il s’agira d’anticiper les situations suscep- l’outre-mer ainsi que les prélèvements sur recettes qui leur tibles de provoquer ou d’amplifier les inégalités consta- sont dévolus, permettent d’estimer l’effort budgétaire et tées, en particulier celles relevant des a priori et de pro- financier global de l’Etat en direction des territoires ul- mouvoir une image positive des ultramarin-es de l’hexa- tramarins. gone

Pour 2014, l’effort budgétaire global pour les outre- 2 - agir et corriger : au-delà des efforts de prévention, mer s’élève à 14,3 milliards d’euros en AE et 14,2 milliards il est indispensable d’intervenir pour rectifier un certain en CP, soit un montant stable par rapport à la LFI pour 2013. nombre d’inégalités dont souffrent les ultramarins-es dans l’hexagone ; des actions positives permettant de gommer les difficultés d’accès à l’emploi, au logement, ou La Délégation interministérielle à la formation doivent être poursuivies ou renforcées. Le sujet crucial de la continuité territoriale vers les outremers La Délégation interministérielle à nécessitera un engagement constant. l’égalité des chances des Français des outremers a été créée dans le but de 3 - diffuser : ce gouvernement a mis en place un-e réfé- veiller et de garantir un accès identique rent-e spécifiquement dédié-ée aux outremers au sein de à la citoyenneté et à l’égalité de nos chacun des cabinets ministériels. Ce réseau permettra de compatriotes des outre mers sur le ter- diffuser la démarche de la délégation interministérielle et ritoire hexagonal. d’instiller dans les services publics de l’Etat une prise de conscience de la réalité de ces inégalités. Pour mener à bien cette mission, j’ai Mme Sophie Élizéon fixé un cap, une méthode et un certain Le point de convergence de toutes ces actions sera nombre d’actions. bien sûr la Cité des Outremers à laquelle la délégation interministérielle travaille en étroite collaboration avec Il ne saurait y avoir de décision pertinente si elle ne le Ministère des Outremers pour que la pluralité de nos s’appuyait sur une connaissance fiable des personnes aux- concitoyens-nes ultramarins-es soit reconnue par tous quelles nous devons porter notre attention. C’est pour- comme constitutive de notre tissu national. quoi dès 2013 nous pourrons nous appuyer sur un outil d’évaluation et de prospective sociologique, économique Le concours des associations, des parlementaires et démographique, en cours d’élaboration au sein de l’ob- comme des acteurs de la vie civile nous aidera à faire de servatoire national des ultramarins -es. nos ambitions notre réalité.

A partir de ces éléments objectifs je pourrai évaluer, Sophie Elizéon corriger et pérenniser l’ensemble des actions nécessaires. Contact presse : Simultanément, je souhaite que la délégation mette Valérie Mabin-Bonnet, conseillère presse et communication toute sa créativité en oeuvre pour illustrer et valoriser [email protected] «l’audace des ultramarins-es de l’hexagone». portable : 06 16 89 22 26

25 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

Le Sénat rend hommage à Aimé Césaire

Le Sénat a rendu le 23 octobre, sous forme d’une table ronde et de lectures, un hommage original et de grande qua- lité à Aimé Césaire montrant, à l’occasion du centenaire de sa naissance, toute l’actualité de son œuvre.

Après le discours d’ouverture de Jean-Pierre Bel et une table ronde de témoignages et de réflexions animée par Marijosé Ali-Monthieux, Directrice déléguée de France Télé- visions chargée de la diversité, l’écrivain Daniel Maximin, la comédienne Marie-Noëlle Eusèbe et Mylène Wagram ont participé à ce programme. Ils ont lu des extraits de théâtre, de poésie et de discours qui pouvaient se trouver résumés sous cette citation extraite de Tropiques : «La poésie est cette démarche qui par le mot ,l’image ,le mythe, l’amour et l’hu- mour, m’installe au cœur vivant de moi-même et du monde »

Conférence AFD/CEROM du 22 novembre 2013 sur « Les Outre-mer au cœur de la compétition internationale »

Jacques Moineville, Directeur général adjoint de l’AFD phiques ? En se fondant sur des études récentes et le retour ouvre la 4ème Conférence AFD-CEROM sur les Outre-mer. d’expérience de chefs d’entreprises, la discussion a porté sur les facteurs de réussite et les obstacles au développement de Il développe le thème de la journée « les Outre-mer au filières et de niches présentant des potentialités en termes cœur de la compétition internationale », et expose les trois de création d’activité et d’emploi. grandes parties. Chacune débute par la présentation d’une étude scientifique qui est suivie de témoignages d’acteurs Ce thème 1 s’est articulé autour de trois interventions économiques et politiques appelés à faire un retour d’expé- magistrales, une table ronde et deux sessions d’échanges rience sur les facteurs de succès et de blocage qu’ils ont ren- avec la salle : contrés. Mario Pezzini, Directeur du Centre de Développement de • « Les échanges extérieurs des Outre-mer et leur environ- l’OCDE, poursuit sur le thème « Nouvelles configurations des nement régional : déterminants et freins » échanges, nouvelles dimensions de la compétitivité », inter- vention dans laquelle il aborde entre autres les nouveaux • Thierry Latreille, Responsable de l’Observatoire écono- défis auxquels les pays émergents et développés vont être mique de l’IEDOM-IEOM confrontés : la productivité, la cohésion sociale et l’environ- nement. • « Avantages comparatifs et filières d’avenir dans les dépar- Valoriser les avantages comparatifs des territoires tements d’Outre-mer »

La première partie de la conférence fait le point sur les • Matthieu Lacave, Directeur de Technopolis-France avantages comparatifs dont disposent les départements et collectivités d’Outre-mer. Quels atouts ces territoires • « Nouvelle-Calédonie et si la prospérité n’était pas éter- peuvent-ils véritablement valoriser dans la compétition nelle ? » Quentin David, maître de conférence à l’Université internationale, sur les marchés locaux et à l’exportation, de Lille, co-auteur du rapport écrit avec Etienne Wasmer « notamment avec les pays de leurs environnements géogra- La situation économique de la Nouvelle-Calédonie »

26 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

• « Facteurs de réussite et de blocage » - Table bilité d’expériences novatrices réussies dans des ronde, avec une visioconférence organisée par domaines tels que les énergies renouvelables, G2J ( http://www.g2j.fr/ ) l’efficacité énergétique ou encore l’habitat et Danièle Le Normand, Directrice générale adjointe du l’aménagement urbain. Par ailleurs, les participants se sont Groupe Isautier, conseiller du commerce extérieur de la intéressés aux réponses apportées par les Outre-mer aux France, Présidente d’Initiatives Réunion défis mondiaux à l’échelle « régionale » : protection de la bio- Patricia Calut, Directrice internationale de la Chambre de diversité, adaptation au changement climatique... commerce et d’industrie de Guyane, représentante d’Ubi- france Ce thème 3 s’est également articulé autour d’une inter- José-Jacques Gustave, Président directeur général de G2J, vention magistrale et une table ronde avec une conclusion entreprise de visioconférence magistrale qui a été tirée par le Ministre: Eric Vaxelaire, Directeur de l’Institut du Monoï, Polynésie française • « Une entreprise sur deux innove dans les DOM » Valérie Roux, Directrice régionale de l’INSEE Réunion-Ma- Etre européen, un atout pour les Outre-mer ? yotte

Ce deuxième thème a traité des implications qu’en- • « Les Outre-mer, terres d’innovations » - Table ronde traînent les statuts européens des Outre-mer dans leurs Eric Scotto, Président directeur général d’Akuo Energy relations internationales. Dans quelle mesure être une ré- Pascal Saffache, géographe, président de l’Université gion ultrapériphérique (RUP) facilite-t-il l’insertion dans la Antilles-Guyane 2009-2012 compétition internationale ? Les pays et territoires d’Outre- Pascal Pacaut, Directeur du département des Outre-mer à mer (PTOM) s’en sortent-ils mieux ? Quelles sont les consé- l’Agence Française de Développement quences, pour les entreprises, de l’application des normes européennes parfois considérées comme mal adaptées aux Conclusion du ministre Victorin Lurel. réalités locales et comme un frein au développement de leurs activités à l’international ? Le Ministre a salué les organisateurs et les participants en rappelant son inté- Ce thème 2 s’est articulé autour d’une intervention ma- rêt pour les problèmes économiques, la gistrale, une table ronde et une session d’échanges avec la compétitivité, l’emploi et l’environnement salle : régional. Il a évoqué le rapport Gallois et la crise sans précédent qui a touché tout le • « Les Outre-mer, l’Europe et l’international » monde y compris les outre-mer, qui restent Rémy-Louis Budoc, membre du Conseil économique souvent confrontés aux mêmes défauts récurrents au détri- social et environnemental, Directeur du développement ment de l’utilisateur local avec des produits chers. Il partage et de la prospective du Grand Port Maritime de Guyane, les analyses des différentes tables rondes et les observations auteur de l’ouvrage « Les Outre-mer et l’international », formulées. Le problème pour l’Etat est de savoir comment Publisud, 2013 réformer sans trop dépenser. Il compte néanmoins sur les financements rénovés avec la BPI et les mesures d’aide à l’in- • « Regards croisés sur l’Europe » - Table ronde vestissement en cours de préparation y compris sur la com- Younous Omarjee, Député européen pétitivité. Certaines mesures devront passer par des projets Denis Céleste, Directeur général adjoint des services du de lois alors que d’autres seront des appels à propositions. Conseil régional de Guadeloupe La recherche de consensus est nécessaire. Tout le monde Marc Del Grande, Directeur du service des politiques connaît maintenant parfaitement les politiques de filières et publiques à la Direction générale des Outre-mer mécanismes de soutien qui peuvent être mis en place.

Les territoires ultramarins, pionniers d’une expertise Etre européen reste un atout. Un outre-mer « business transposable ? act » est-il possible ? le Ministre se veut attentif aux nou- velles technologies comme le très haut débit. Autre sujet, le La dernière partie a porté sur les expertises et savoir-faire foncier facteur de frein qu’il faut desserrer. Des gisements ultramarins susceptibles d’être transposés et exportés vers considérables d’emploi car la rareté n’est pas un problème. Il d’autres petits espaces insulaires ou vers les pays des zones faut voir le long terme estime-t-il alors qu’on fait dans le pro- tropicales partageant des problématiques communes. Les testataire. Une fluidification des relations est plus que jamais participants et le public se sont interrogés sur la reproducti- nécessaire.

27 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

Le rêve de Jean-Marie Tjibaou réalisé

Pour avoir été le premier interlo- quatre coins du monde et de la redé- cuteur officiel de Jean-Marie Tjibaou couverte de savoirs –faire oubliés. lorsqu’il présenta à l’administration de la Nouvelle-Calédonie, dont L’art est une parole, ce sous-titre de j’étais secrétaire général, son projet l’exposition nous rappelle que cette de Festival Mélanesia 2000, je puis société sans écriture n’est pas privée de affirmer que l’exposition Kanak qui parole, et que tous les objets présentés se tient en ce moment au Musée du sont les supports de rapports sociaux quai Branly est la réalisation du rêve extrêmement riches et de représen- qu’il avait formé, il y a quarante ans tations du monde visible et invisible. de voir ressuscitée , présentée à la L’exposition est répartie en cinq visages face du monde et reconnue comme du monde kanak : le Verbe et la Parole, telle la culture de son peuple. la Grande Case, l’igname et le tarot, les ancêtres et les génies, la personne. Leur En réunissant pour la première font face, comme dans un miroir, cinq fois de leur histoire les Mélanésiens reflets qui sont les regards des explora- de la Grande Terre et des iles autour teurs, des missionnaires, des ethnolo- de ce qui leur restait de leur culture, gues, des colonisateurs, sur le monde chants, danses, récits, sculptures, kanak. monnaies, cases, il avait voulu leur rendre la connaissance et la fierté de leur culture, qu’ils Le résultat est fascinant. D ’abord parce que le nombre retrouvent l’envie et les ressorts de la création artistique des objets présentés, plus de trois cents, crée un environ- et artisanale. Après des mois de préparation dans toutes nement qui vous prend, vous saisit. Dès la première salle les tribus, les Mélanésiens qui ne s’appelaient pas encore vous êtes entouré, cerné par une quinzaine de linteaux Kanak, vécurent cinq jours de rencontres, d’échanges, de de portes de cases, personnages monumentaux, ancêtres créations et de manifestations que Tjibaou voulait comme ou génies, aux yeux tantôt ouverts tantôt fermés, aux le geste refondateur de son peuple humilié, dépossédé, traits énigmatiques, au sourire intérieur, qu’un délicat air pillé par la colonisation, et condamné à de flûte de roseau appelle à la bienveillance. l’insignifiance après avoir failli disparaître. Puis votre attention est sollicitée par des objets tout à fait extraordinaires; les armes En 1979, il avait demandé à Roger Bou- et les outils en lames de jadéite polies, les lay d’entreprendre un repérage systéma- sagaies de parade, les coiffures de chefs, les tique de tous les objets qui pouvaient sub- « monnaies » en poils de roussette finement sister de ce patrimoine. Il ne put voir le pre- tressés avec de minuscules coquillages, les mier résultat de ce travail qui fut présenté à bambous gravés où les Kanak ont repré- Nouméa en mai, et d’octobre à décembre senté leur univers, leurs cases et leurs allées, 1990 à Paris, deux ans après la tragédie leurs funérailles et l’histoire de l’arrivée des d’Ouvéa et un an après son assassinat, par soldats avec chevaux et fusils, des euro- l’exposition de Jade et de nacre : patrimoine péennes avec leurs ombrelles… artistique Kanak, première expositon d’art canaque depuis 1934. Mais Roger Boulay, Passée la salle des découvertes et des appuyé sur les structures de l’Agence de premières représentations des Canaques, développement de la culture Kabak logée vous entrez dans le Maciri, le lieu du séjour dans le somptueux Centre culturel Jean- paisible. Il s’ouvre sur une reconstitution Marie Tjibaou construit par Renzo Piano symbolique de la Grande Case où l’on peut à Nouméa, a poursuivi le travail. Ce qu’il voir et entendre un émouvant reportage sur présente aujourd’hui, avec Emmanuel Ka- la cérémonie de levée de deuil à Tiendanite, sarhérou, vingt-cinq ans après les accords de Matignon, un an après la mort de Jean-Marie Tjibaou. Devant la case peut être considéré comme la renaissance d’une culture, se déroule l’allée centrale, matérialisée par un chemin d’ à partir du rassemblement d’un patrimoine dispersé aux interminables pièces de coton de couleur, celles qui sont

28 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

placées sur le gazon entre les clans lors des cérémonies en mouvement en 1975, de leur nom Kanak, de leur iden- coutumières. De part et d’autre ont été tité, de leur personnalité individuelle et col- disposées des flèches faitières et des lective. Une bannière rappelle son parcours statues à planter dans et autour de la politique qui l’a mené lui et son second Grande case. Vous êtes en Kanaky, ce Yewené Yewené aux accords de Matignon que vous confirme un excellent diapo- et de Nouméa et à leur assassinat à Ouvéa rama sur la culture de l’igname et du taro en 1989. On découvre des peintures et des dont les pratiques agricoles, héritées de tee-shirt à l’image et du chef Ataï, d’Éloi Ma- savoirs-faire et de rites millénaires, sont choro, le membre du FNLKS tué par les gen- des liturgies sacrées, toujours actuelles. darmes en janvier 1985, le premier drapeau L’envoûtement atteint son paroxysme bleu, rouge et or de Kanaky qui est main- dans la salle des masques de deuilleurs : tenant hissé à côté de l’emblème tricolore, dans la pénombre, émergeant de robes et significative transgression-libération des de plumes ou de raffia, ils apparaissent, femmes, des « robes mission » décorées de impressionnants, grimaçants, ricanants, motifs érotiques… aussi surprenants de face que de pro- fils, surmontés de turbans monumen- Dans un excellent court métrage, un taux et d’énormes touffes de cheveux slameur kanak de Lifou raconte le sens du et de poils. Jamais autant de masques combat de Jean-Marie Tjibaou qui apparaît n’avaient été rassemblés. dans quelques extraits de passages à la télévision. J’en ai retenu cette phrase qui explique tout : « un peuple qui ne Mais avant d’atteindre ce sanctuaire, vous êtes passés crée pas, qui ne montre pas ce qu’il a créé n’existe pas » par un petit espace rond où est présenté le masque mor- Cette exposition qui a fait aussi leur place à plusieurs tuaire du grand chef Ataï, le héros de la grande insurrec- œuvres d’artistes contemporains, dont deux mâts de tion de 1877, dont la tête qui a été conservée en France cérémonie que Jean-Philippe Tjibaou a sculptés en sou- va être rendue aux Kanak de Nouvelle-Calédonie. Ce rap- venir de son père et de Jacques Lafleur, signataires de pel de la violence de la période coloniale d’avant 1945 l’accord de Matignon, est une formidable illustration de introduit aux reflets de la culture kanak cette affirmation. Puisse-t-elle faire oublier dans le regard de l’Occident qui ne sont définitivement les propos invraisemblables pas moins fascinants. Ceux des premiers de Bernard Pons sur le peuple mélanésien qui navigateurs et explorateurs du temps des n’existe pas, qui n’est pas le peuple premier Lumières sont respectueux car fidèles aux de territoire, propos qui ont conduit à la tra- « originaux » ou à leurs propres visions du gédie d’Ouvéa.... « bon sauvage ». Les missionnaires pro- testants et catholiques ont fait de leur Un excellent hors–série de Télérama per- mieux pour « christianiser » ces sauvages, met de prolonger la réflexion après cette au prix de la destruction de leurs statues visite, en évoquant les artistes kanak d’au- et de l’interdiction de leurs cérémonies, jourd’hui qui ont retrouvé les savoirs-faire de mais, comme le pasteur Leenhardt et le leur ancêtres, et en rappelant la portée poli- père Rouelle, ils les ont aimés et respec- tique de cette renaissance culturelle à la veille tés, ils ont cherché à les comprendre, à de la nouvelle échéance institutionnelle que parler et à écrire leurs langues, ils les ont sera le scrutin d’autodétermination qui doit instruits pour les préparer à l’avenir. Le regard laïc de la être organisé d’ici à 2018. L’identité kanak retrouvée et ré- société coloniale calédonienne et métropolitaine, for- affirmée peut-elle participer à la naissance d’un « peuple tement marqué par la Pénitentiaire, a produit, à des fins calédonien », est-elle compatible avec le « destin com- commerciales, des images qui sont quasi-insupportables mun » du préambule de l’accord de Nouméa, peut-elle aujourd’hui : Kanak dessinés, photographiés comme les se décliner dans des législations et des institutions qui prototypes du « sauvage », hideux, anthropophage, gro- lui soient propres dans le cadre de la République « fran- tesque, image multipliée sur des affiches pour des spec- çaise » ? L’avenir reste à écrire, mais pour la première fois tacles, sur des cartes postales, des photos…Lourd passé peut-être, il ne le sera pas sans les Kanak. pour ce petit peuple que les Européens de 1930 croyaient voir disparaître sous leurs yeux. Michel Levallois

L’ Exposition se termine par une salle où est montrée la Préfet honoraire - Ancien secrétaire général de la récupération par les Kanak que Jean-Marie Tjibaou a remis Nouvelle-Calédonie (1970-1974)

29 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

Musée du Quai Branly « Secrets d’Ivoire », l’ art des Lega d’Afrique centrale

Commissariat Elisabeth L. Cameron, maître de conférences en histoire de l’art et culture visuelle Coordination Gassia Armenian, adjointe, conservation et recherche référent au Fowler Museum – UCLA, Los Angeles

Cette exposition met en lumière l’impressionnante col- tropicales du centre de l’Afrique, en République démocra- lection d’art lega constituée par le physicien Jay T. Last, qui tique du Congo. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, en a généreusement fait don au Fowler Museum at UCLA. les Lega et leurs peuples voisins sont victimes du com- Les volumes abstraits et les formes simplifiées de cette tra- merce des esclaves et de l’ivoire, qui a cours dans l’Océan dition artistique, l’une des plus importantes d’Afrique cen- Indien. En 1885, les Lega sont déplacés dans l’État libre du trale, frappent par leur inventivité et leur élégance. L’art Congo, qui devient le Congo belge en 1908. joue un rôle fondamental pour les Lega de la République Démocratique du Congo, en tant que symbole de réussite, Cependant, ils vivent dans une région isolée et monta- outil d’apprentissage et de commémoration des morts. gneuse, qui a longtemps échappé au contrôle de l’admi- nistration coloniale. Les autorités déclarent le Bwami illé- Ces œuvres d’art font partie intégrante de la société ini- gal en 1933, puis de nouveau en 1948, ce qui provoque un tiatique Bwami, et sont utilisées pour enseigner des leçons changement radical dans les arts et les pratiques rituelles de morale et d’éthique. Associées au langage (proverbes) lega. Depuis l’indépendance du Congo en 1960, les Lega, et à l’expression corporelle (mime, danse), les œuvres comme les autres Congolais, ont énormément souffert, d’art composent des phrases visuelles : les idées qu’elles dans la tumultueuse histoire de combats civils encore en véhiculent expriment les valeurs de la société lega, et ses cours aujourd’hui. idéaux.

Les artistes lega créent des formes singulières et éton- namment novatrices, tout en respectant des codes esthé- tiques strictement définis. Afin de souligner cette diver- sité artistique, l’exposition présente une grande variété d’oeuvres dans une large gamme de styles : chapeaux en coquille de moules, colliers en dents de léopard, cuil- lères d’ivoire, ceintures de cauris, masques et personnages sculptés dans le bois ou l’ivoire.

L’exposition présente ces objets en tant qu’œuvres d’art ; seuls quelques accrochages donnent à voir le contexte de présentation originel des objets. Des pro- verbes accompagnent ces œuvres, pour montrer la puis- sance du lien entre visuel et verbal dans l’art lega : les objets et les mots prennent sens à travers un langage sym- bolique. Comme de nombreux peuples africains, les Lega associent beauté et vertu morale, ce qui permet aux Bwa- mi d’enseigner les valeurs morales, sociales et politiques au travers d’œuvres d’art exceptionnelles

Quelques repères historiques

Les peuples Lega vivent à la bordure sud-est des forêts

30 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

Parcours de l’exposition peuples de la queue de l’éléphant sens. Un membre bwami qui a be- soin d’une figurine donne à l’artiste La société bwami : l’initiation, Le monde animal est une source un minimum d’éléments pour qu’il processus de toute une vie riche en métaphores pour les ensei- accomplisse sa tâche : le matériau et gnements bwami. Chasseurs répu- une description succincte. Si l’artiste La société bwami est le chemin tés, les Lega ont acquis une connais- a une grande liberté pour sculpter par lequel les hommes et les femmes sance affinée du comportement des l’œuvre, il n’en connaît que rarement lega tentent d’atteindre excellence animaux et de leurs caractéristiques la finalité. morale, beauté, sagesse et pres- tige. Organisé en cinq grades, ou Les masques, symboles de niveaux, pour les hommes, et trois continuité pour les femmes, le Bwami est une association de volontaires ouverte Les masques perpétuent la à tous les membres de la commu- mémoire des morts. Comme pour nauté. Elle accompagne et guide beaucoup d’objets initiatiques, leur une personne tout au long de sa usage et leurs significations varient vie. en fonction du contexte des céré- monies rituelles. Utilisés unique- Le visage public du bwami ment dans les rites initiatiques des deux grades supérieurs bwami, ils La communauté bwami recon- sont fixés à différentes parties du naît facilement ses membres, grâce corps, empilés, suspendus à des bar- à l’insigne public et aux objets rières, exposés, traînés au sol et seu- distinctifs, associés aux différents lement occasionnellement portés grades et échelons. Contrairement sur le front, leur barbe retombant aux signes identitaires qui procla- sur le visage du porteur du masque. ment publiquement le statut des Même si les femmes ne possèdent membres, les rites initiatiques ne pas de masques, hommes et sont pas publics et seuls les bwa- femmes les manipulent et les pré- mi initiés en connaissent certains sentent dans des séquences initia- aspects. tiques très semblables.

L’entrée dans l’âge adulte : physiques qu’ils associent méta- L’initiation ultime : la connais- le cœur du Bwami phoriquement au comportement sance par la contemplation humain. L’importance que le Bwami Un jeune garçon débute son accorde aux animaux s’exprime de Le stade ultime de l’initiation, voyage initiatique par le premier diverses manières : objets, chants, pour le membre bwami comme pour niveau. Comme pour les étapes ulté- figurines sculptées, danse ou mime l’amateur d’art occidental, est de re- rieures, l’initié est placé devant des et, bien sûr, proverbes. garder, d’apprécier et de voir au-delà objets, naturels et fabriqués, afin de l’apparence formelle. L’homme de les étudier et de les interpréter. Les grades suprêmes de l’initia- Lega qui souhaite atteindre le niveau, Le panier ou la besace, utilisés pour tion du Bwami : donner forme à la le sommet du Bwami, subit un rite transporter les objets, sont eux aussi sagesse. ultime au cours duquel il est conduit sujets à interprétation et présentés par le maître devant plusieurs œuvres au cours de l’initiation. Objets et pro- Seuls les membres du Bwami d’art. Il n’y a pas d’échange de paroles, verbes, danse et gestuelle visent à appartenant aux plus hauts grades pas de chant, pas de danse. L’initié mettre l’accent sur certaines valeurs peuvent posséder à titre individuel examine en silence chaque objet. La positives et à décourager celles qui ou collectif des figurines humaines. connaissance acquise durant une vie sont négatives. Par la richesse des cé- Comme pour tout art lega, ces d’enseignements, l’étude des objets rémonies rituelles, l’initié acquiert les œuvres ne fonctionnent que dans et de leurs agencements ritualisés talents et l’approche philosophique un contexte initiatique. Leurs signi- sont autant de clés qui donnent ac- qui le guideront tout au long de sa fications sont généralement asso- cès à de nouvelles leçons de vie et de vie d’adulte. ciées à des proverbes. Déplacées de nouvelles vérités. leur contexte bwami, les figurines Avancer dans l’initiation : les humaines perdent leur véritable (Extrait de la plaquette diffusée par le Musée.)

31 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

Musée Dapper ……jusqu’ au 6 juillet 2014 « Initiés, Bassin du Congo »

Cette exposition inaugurée le les Eglises et les cultes maçonniques et 9 octobre a précédé celle du Musée autres sont aujourd’hui le prolongement. du Quai Branly et, si elle ne présente pas des objets de la même valeur Viviane Baeke, anthropologue sociale artistique que ceux de la collection et appartenant elle aussi à Tervuren, Jay T.Last, elle la complète par une traite dans une autre partie de l’exposi- approche ethno-anthropologique tion des rites de passage et de l’acquisi- contenue dans un remarquable cata- tion des savoirs. Le visiteur retrouve les logue et elle durera jusqu’au début masques qui lui sont familiers du monde juillet 2014. Christiane Falgayrettes- des adultes, chez les Pende, les Yaka et Leveau, directrice du Musée, avait les Suku qui sont encore parfois dansés organisé, en liaison avec la Galerie dans des exorcismes ou des cérémonies Congo, différentes rencontres et rituelles. manifestations pour lancer cette ex- position plus didactique et d’aucuns L’accès au statut d’initié ramène le vi- diront plus authentique que celle siteur chez les Lega qui ont porté au plus du Quai Branly, avec de très belles haut la sculpture du bois et de l’ivoire. pièces, statues et masques principalement en bois, dépas- Mais l’exposition s’élargit ensuite, avec une présentation sant le cadre d’expansion géographique des seuls Lega. de Julien Volper, à tous les rites initiatiques et à l’ensemble de la statuaire de la RDC, notamment la statuaire Songy Des photos et des films, les derniers sans doute de représentant sans doute l’exemple le plus abouti et com- traditions qui disparaissent, font partie de l’exposition. Le pliqué de l’art du bassin du Congo. tout a été présenté lors d’une conférence inaugurale d’An- ne-Marie Bouttiaux, conservatrice en La multiplication des signes extérieurs chef du musée royal de Tervuren qui a si- (plumes, perles, ivoires) et leur opulence gné la première partie du catalogue. Elle caractérisent les associations qui prolifèrent explique l’importance anthropologique du nord au sud du pays et d’est en ouest. et culturelle de ces rites initiatiques qui, Anne Van Custem-Vanderstraete en analyse même s’ils ont disparu de beaucoup de la richesse à travers les coiffes, les bijoux et villages du fait de l’urbanisation rapide, les peignes qui sont exposés. Enfin une pré- n’en ont pas moins marqué leurs habi- sentation de Michael Houseman, membre tants dans leurs croyances et leurs com- du CEMAF, montre l’état de la recherche sur portements jusqu’à aujourd’hui. L’expo- les travaux touchant à l’initiation. Celle-ci sition s’interroge sur les conditions de apporte une expérience indicible assurant, passage à l’âge l’adulte, les retraites en « dans une logique auto-référentielle », la forêt, les cérémonies rituelles et le jeu seule possibilité pour les initiés d’en former des masques. Elle montre également d’autres. comment l’acquisition d’un savoir per- met de rencontrer de nouveaux réseaux Comme le fait chaque fois le musée, An- d’alliés. ne-Marie Bouttiaux présente dans l’avant- salle de l’exposition elle-même, une dizaine Romuald Hazoumé. Le Vaudou En dehors des initiations obligatoires de masques modernes mais inspirés de la qui marquent le passage à l’âge adulte, tradition, de Romuald Hazoumè, jeune ar- Anne-Marie Bouttiaux traite des formations volontaires tiste béninois, déjà connu à l’étranger mais dont le souci qui permettent d’accéder à des statuts de grands initiés de rester ancré dans sa terre natale et les réalités de son et à des sociétés secrètes, nombreuses et vivantes… dont pays doit être salué.

32 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

Musée Guimet « ANGKOR, naissance d’un mythe, Louis Delaporte et le Cambodge »

La vie de Louis Dela- gravement malade et fut porte, marin par goût de la rapatrié d’urgence. Il en découverte et dessinateur gardera des séquelles de talent aurait pu être celle toute sa vie, l’empêchant des nombreux peintres et à jamais de retourner en scientifiques oubliés qui mission. Mais toujours accompagnaient les expé- motivé par sa passion, ditions coloniales de Napo- il va alors, en tant que léon III s’il n’avait participé conservateur, susci- à la première expédition ter des missions pour qui, remontant le Mékong d’ autres scientifiques, fit un détour par Angkor tels que l’architecte pour recueillir quelques élé- Lucien Fournereau (en ments d’une culture kmère 1887-1888) ou les mou- qui venait d’être découverte leurs-staffeurs Sylvain par Mouhot. Fasciné par ce Raffegeaud (en 1890- patrimoine exceptionnel, Tympan de porte du pavillon d’angle sud-ouest d’Angkor Vat 1891) et Urbain Basset Delaporte suscita, sous prétexte d’étudier davantage la (1896-1897). Ils vont poursuivre les recherches sur place, à navigabilité du fleuve, deux autres missions dont la col- Angkor, munis de directives extrêmement précises spéci- lecte des pièces, relevés et informations, aboutirent à faire fiées par Delaporte. découvrir la beauté d’un monde nouveau et mystérieux. En dépit du caractère très scientifique de ses travaux, sa Delaporte est fondamentalement guidé par la volonté collecte ne fut cependant pas digne de figurer au Louvre. de restituer à ces monuments en ruine ou minés par la vé- Il fallut attendre le succès des deux expositions de Paris en gétation ce qu’il appelle leur « dignité ». Cette démarche 1878 et, surtout, universelle en 1889, pour que les collec- généreuse est longtemps apparue comme relevant d’une tions prennent place au Musée indochinois du Trocadéro forme d’ européocentrisme, comme l’ en ont accusée cer- dont il devint le conservateur. tains critiques. Mais, de son point de vue, remise dans son contexte, et aujourd’hui avec le recul du temps, on peut Toutes les reconstitutions de monuments khmers, tous penser qu’elle n’aura pas été inutile. les pavillons du Cambodge, dans toutes les expositions universelles et coloniales, de Paris et Marseille, depuis Dans les années 1920, l’École française d’Extrême 1889 jusqu’à 1931 (date limite de la chronologie de l’expo- Orient est créée et développe des connaissances plus sition qui en présente de multiples pièces), ont été réalisés précises d’Angkor Vat, ce qui va nuire à la réputation de avec les surmoulages de plâtre ou de ciment créés à partir Delaporte, considéré, en dépit de ses mérites, comme un des moulages de Delaporte. archéologue dépassé. Il mourra en 1925.

Des photographies témoignent également de la mu- Il était juste que le Musée Guimet, soutenu par des séographie de l’époque, qui tenait alors davantage de Fondations prestigieuses, lui rende hommage à travers l’accumulation de sculptures, éléments d’architecture, cette remarquable présentation de plus de 250 pièces, en dessins, etc. assemblés sans réelle volonté de classement sous-sol pour la partie historique et au rez-de-chaussée scientifique. pour la partie monumentale où elle s’ajoute aux autres trésors du Musée. Lors de sa dernière mission en 1881, Delaporte tomba Florelle Chapelle

33 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

Musée de l’Armée « Des territoires et des hommes » L’ Indochine aux Invalides

Après « L’Algérie 1830- Défense). Après le visionnage 1962 », en 2012 (voir le de séquences guerrières, il était compte-rendu de Mar- reposant de regarder un plai- tine Cuttier dans le n° 28 sant film amateur consacré à d’Arom), le Musée de l’Ar- une visite d’Angkor à dos d’élé- mée a offert à ses visiteurs phant dans les années 1920. « Indochine : des territoires et des hommes, 1856- Les expositions passent, les 1956 », du 16 octobre 2013 catalogues d’exposition restent. au 26 janvier 2014. Comme Celui réalisé par le musée de la précédente, cette expo- l’Armée en partenariat avec sition ne se limitait pas aux Gallimard est particulièrement seuls aspects militaires ; minutieux. Outre une sélection elle comportait divers élé- d’objets et images exposés, ments permettant aux or- il comporte de nombreuses ganisateurs de revendiquer contributions visant à replacer des « approches politique, tout cela dans le contexte his- sociale, économique, reli- torique. Raison de plus pour gieuse, culturelle, en croi- regretter que la dimension ad- sant les regards d’historiens ministrative de notre aventure français, cambodgiens, lao- indochinoise soit quasiment tiens, vietnamiens et anglo- omise. Nulle part dans ce cata- saxons ». La longue liste des logue n’est vraiment rappelé le prêteurs institutionnels, du travail accompli par les adminis- musée des Années 30 , de trateurs civils. Principaux figu- Boulogne-Billancourt, à la rants des comités scientifiques Société de géographie de Rochefort, en passant par le et « de pilotage » de l’exposition, à côté de quelques musée Air-France de Paris, témoignait de l’effort de diver- militaires, les universitaires ne se sont pas intéressés aux sification. S’y ajoutaient des prêteurs particuliers, tel Éric hommes de terrain qui témoignaient par exemple dans Deroo, auteur, réalisateur ( notamment du film « L’Empire « La France d’outre-mer » publié en 2003 sous la direction du Milieu » tourné avec Jacques Perrin et projeté en marge de notre ami Jean Clauzel. Cet ouvrage ne figure même de l’exposition), chercheur associé au CNRS et collection- pas dans la longue bibliographie du catalogue. De même, neur passionné d’images ayant trait à l’aventure coloniale a-t-il sans doute manqué de place pour mentionner la de la France. classique « Histoire de l’Indochine » de Philippe Héduy avant la liste des publications de Daniel Hémery, dont un Beaucoup de pièces rares valaient la visite des salles écrit sur le bagne de Poulo Condor, non publié mais « mis organisées en respectant la chronologie : « Les premiers en ligne sur europe-solidaire.org en janvier 2008 ». pas de la France au-delà de la route des Indes » ; « La for- mation de l’Indochine française » ; « Au cœur de la colo- On s’étonne aussi que, s’agissant quand même d’une nie indochinoise » ; « Déclin et fin de l’empire français exposition ancrée dans notre passé militaire, Philippe Pa- en Extrême-Orient ». Entre les tableaux, les gravures, les pin, membre du comité scientifique, n’ait pas veillé à ce photos, les uniformes, les armes, les « unes » de journaux, que figurât après ses œuvres complètes le définitif « Dien y compris ceux opposés à la guerre, le visiteur pouvait Bien Phu » du journaliste écrivain Pierre Pellissier, publié s’asseoir devant les écrans alimentés par des films prove- chez Perrin en 2004 et réédité en 2014 en raison de son nant généralement de l’INA et de l’Ecpad (Établissement succès. Dans ces contributions universitaires, intellectuel- de communication et de production audiovisuelle de la lement honnêtes et scientifiquement exactes, mais rédi-

34 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

gées platement, on sent rarement passer le grand souffle parcours offert aux visiteurs des Invalides, ces questions de l’épopée, si bien rendu par l’exposition proprement ne sont traitées ni en tant que telles ni à travers la période dite. de la guerre froide. L’enjeu est aussi, à terme, de préfigurer de nouveaux espaces permanents qui feront prochaine- On conservera néanmoins ce catalogue, ne serait-ce ment, espérons-le, une place à ces sujets. » que pour la préface du général Christian Baptiste, direc- teur du musée de l’Armée, qui annonce ses ambitions : Une salle d’exposition permanente consacrée à l’em- « L’effort soutenu du musée depuis 2011 et l’attention qu’il pire colonial, comme, aujourd’hui, à l’Empire napoléonien, porte au processus d’édification puis de désagrégation de ça aurait de l’allure ! l’empire colonial français, constituent un axe majeur de ses recherches et de sa production culturelle. Il s’agit de combler une double lacune, puisque dans l’état actuel du Jean de La Guérivière

Nous avons reçu par ailleurs ce mail de protestation du fils de l’Amiral Decoux dont AROM a pu vérifier qu’elle traduisait un sentiment largement partagé par les Français qui se trouvaient là-bas de 1940 à 1945..

> Objet : Fw: Expo Indochine Française Musée Armée

Bonjour,

Je viens de visiter l’exposition sur l’Indochine Fran- pas d’occupation japonaise comme c’était malheureu- çaise au Musée de l’Armée, “Indochine, des territoires sement le cas en métropole où les Allemands avaient et des hommes 1856-1956”. hissé leur croix gammée partout et contrôlaient toutes les administrations. Cette expo pourtant bien présentée notamment sur l’origine et les raisons de la présence française On sait que l’Amiral avait alors en 1940 un grand dans des territoires aussi lointains, me laisse un goût respect pour le Maréchal, le grand soldat de Verdun, et très amer sur la façon dont le Musée traite ces pages qu’en aucun cas il ne pouvait être qualifié de Vichyste : d’Histoire de France, de 1940 jusqu’au coup de force pétainiste oui, vichyste non ! Et on sait aussi qu’un des Japonais, le 9 mars 1945. officier général se met au service du Gouvernement légal (Philippe Pétain avait été élu par le Parlement) Le Musée de l’Armée est coupable en effet de citer pour préserver les intérêts supérieurs de la nation. La plusieurs fois la “collaboration franco-japonaise” de grande réussite de sa mission face à l’agressivité nip- l’Amiral Decoux et de rappeler “l’occupation du Japon pone est restée confidentielle par le GPRF (en place en Indochine” ainsi que la nomination de l’Amiral par jusqu’en janvier 1946) et on constate que 70 ans plus le régime de Vichy (alors que nous savons que c’est le tard, le Musée de l’Armée n’est toujours pas décidé à Président de la République Albert Lebrun qui a de- corriger cette erreur historique ! mandé à l’Amiral de prendre en mains les destinées de l’Indochine, celui-ci ayant même hésité à accepter ces Je vous envoie les panneaux installés dans les lourdes responsabilités. salles de l’exposition... ainsi que ce que j’ai écrit dans le Livre d’Or. On sait que jusqu’en fin d’année 1944, 20 000 sol- dats japonais stationnaient en Indochine sur un terri- Je vous laisse imaginer mon sentiment sur la cré- toire de 750 000 Km2 et qu’en fait ces soldats étaient dibilité du Musée... Et je le déplore. quasi invisibles pour les populations.

La France en Indochine montrait son drapeau sur Bien à vous. tous les bâtiments et édifices publics : il n’y avait donc Jacques Decoux

35 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

A Boulogne « Indochine 1920 -1950, voyages d’artistes »

Organisée dans le ayant servi à illustrer une cadre de l’année France- édition rare du fameux « Un Vietnam, en collabo- Pèlerin d’Angkor » de Pierre ration avec le musée Loti. Maître de l’art animalier, Guimet et celui des lauréat du Prix du gouverne- Armées, une exposition ment général de l’Indochine, « Indochine 1920-1950, Jouve a notamment croqué voyages d’artistes » s’est un magnifique « tigre ». Ne tenue du 23 octobre manquaient évidemment 2013 au 16 février 2014 pas divers bronzes de dan- au musée des Années seuses cambodgiennes par 30, à Boulogne-Billan- Paul Landowski (1875-1961) court. Musée généraliste, artiste boulonnais ayant couvrant l’entre-deux- donné son nom à la grande guerres, sous la houlette médiathèque de la ville, qui municipale, cet établis- englobe le musée. sement a la courageuse particularité de consa- Lors de ma visite, les crer de façon perma- bancs étaient occupés par nente un étage à l’ « art des amateurs en train de colonial». Il s’en explique crayonner les plus spectacu- ainsi dans sa signalé- laires des pièces exposées. tique: « L’idéologie dispa- On leur souhaitait autant de rue, restent les œuvres. talent que celui du peintre Longtemps laissées vietnamien Hoang Hung, dans l’oubli comme des l’homme qui reproduisit témoins honteux d’une avec une réussite sidérante, époque révolue, elles à partir de simples photos, sont souvent le fruit d’un sincère éblouissement pour la fresque « La Métropole » de Victor Tardieu (1870-1937). les pays d’outre-mer. » Ou bien, sur un autre panneau : Ce fondateur, en 1924, de l’École des Beaux-Arts de l’In- « L’art colonial, parce qu’il fut une image de notre Histoire, dochine, à Hanoï, avait peint cette fresque pour décorer mérite d’être apprécié comme une création importante le grand amphithéâtre de l’Université. Elle resta en place des années 1930. De formation généralement classique, jusqu’en 1957, année où elle disparut pour des raisons sur ces artistes n’ont pas rénové le langage des formes, mais lesquelles les autorités n’eurent pas envie de s’étendre. Les le regard curieux et sympathisant qu’ils portaient sur ces Vietnamiens se souvinrent d’elle pour le quatre-vingtième contrées exubérantes a donné lieu à un art spécifique. » anniversaire de l’École, la mémoire de son fondateur étant toujours vénérée par de jeunes artistes. D’où la décision L’exposition temporaire, en marge des collections de la refaire à l’identique à l’exact endroit où se trouvait permanentes, commençait par une huile sur toile de l’original. Pas question, bien sûr, d’envoyer ladite fresque à Lucien Lièvre (1878-1935) située « vers 1930 » : une Boulogne, mais j’ai bien aimé que l’exposition se termine « Baie d’Along », bien sûr, puisque ce fut l’endroit qui ins- par une grande photo d’elle, venue de là-bas. pira le plus l’imaginaire colonial. Beaucoup de toiles peu connues ; des gravures sur bois de Paul Jouve (1878-1973) Jean de La Guérivière

36 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

RFI en deuil Hommages à Ghislaine Dupont et Claude Véron

Ghislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de RFI au Mali, ont été enlevés et assassinés à Kidal, le samedi 2 novembre 2013.

Mali : le président IBK a reçu une équipe de RFI Un hommage émouvant avec de l’émotion dans la voix de Jean-Luc Hees, le patron de Radio France, qui a tenu à Les corps des deux envoyés spéciaux de RFI, Ghis- indiquer que RFI et les radios de son groupe « font le même laine Dupont et Claude Verlon, sont arrivés dimanche 3 travail ». « Nous avons les mêmes valeurs, ce qui rend ces novembre 2013 à Bamako en provenance de Kidal. Une moments si difficiles pour nous aussi », a-t-il ajouté. délégation de Radio France Internationale était présente, L’émotion aussi des responsables de RFI présents à la à cette occasion, pour une cérémonie militaire. Le lundi 4 Maison de la Radio. Bruno Daroux, Jean-Jacques Louarn, novembre, la délégation française a été reçue par le pré- Christophe Champin, Pascal Paradou et Anne Corpet venus sident malien Ibrahim Boubacar Keïta et, plus tard dans témoigner du professionnalisme de Ghislaine et Claude. Et la journée, une cérémonie à la mémoire de Ghislaine et surtout pour remercier Radio France pour cette marque de Claude s’est tenue à l’aéroport de Bamako, avant que leurs soutien précieuse en ces temps difficiles. « Nous sommes corps ne soient transportés en France. Les deux envoyés très sensibles à ce geste », a dit Bruno Daroux, adjoint de la spéciaux ont été décorés, à titre posthume, par le pré- directrice de RFI en charge de l’information monde. sident malien. L’image forte de Emotion enfin des personnes cette audience au palais Koulou- présentes, une centaine en tout : ba, qui a duré une quarantaine tous les patrons des chaînes du de minutes, est celle du président groupe Radio France, des journa- malien IBK, tout de blanc vêtu, listes également, des techniciens. qui fond en larmes et qui partage Certains avaient eu l’occasion de la peine de toute l’équipe. Il a lon- croiser Ghislaine et Claude en re- guement dit son incompréhen- portage. sion face à cet acte barbare, face Il y avait aussi des journalistes à cet acte « infra-humain », dit-il. Il des radios locales du groupe. Leur a réaffirmé la volonté des autori- quotidien est très éloigné de la réa- tés maliennes de voir les respon- lité malienne. Ils soulignent, qu’eux sables arrêtés et répondre de leurs actes. « Il n’y aura pas ne prennent pas les mêmes risques dans leur travail mais de vengeance, je ne veux pas de vengeance, et je veux ils partagent tous la même tristesse et soulignent l’impor- de la justice, a assuré le président malien. Nous croyons à tance de retourner à Kidal et de ne pas laisser la terreur la réconciliation ». Concernant l’enquête, le président du l’emporter. Mali a confirmé l’arrivée ce lundi de magistrats français qui vont travailler main dans la main avec les magistrats Une marche blanche également très émouvante à maliens sur cette enquête. Bamako

L’hommage des journalistes de Radio France à Dans la capitale malienne, les journalistes maliens ont leurs collègues assassinés organisé, quant à eux, une marche blanche très émou- vante ce lundi après-midi pour rendre hommage à nos

37 CÉRÉMONIES, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES ET COLLOQUES

deux confrères, à laquelle l’envoyée spéciale de Radio convié et où étaient présents des correspondants de France International a participé. la radio venus spécialement à Paris pour l’occasion, de Au départ, il y avait des dizaines nombreux intervenants ont pris la de journalistes maliens qui sont par- parole, des journalistes et amis de tis de la Maison des journalistes, à Ghislaine et Claude à RFI, ainsi que Bamako, et qui avaient, comme desti- des proches mais aussi des person- nation, l’ambassade de France. Ils ont nalités politiques françaises comme tenu à associer les membres de la dé- le ministre des Affaires étrangères, légation de RFI et puis, au fil des cen- Laurent Fabius et la ministre de la taines de mètres, plusieurs dizaines Culture et de la Communication, de personnes se sont rajoutées. Il y Aurélie Filippetti. avait ainsi des militants des droits Plusieurs personnalités du Mali de l’homme qui sont aujourd’hui avaient aussi fait le déplacement : catastrophés de ce qui vient de se passer, et qui sont aussi Tiébilé Dramé, ancien ministre des Affaires étrangères, « le inquiets pour leur pays après l’enlèvement de deux jour- frère de cœur de Ghislaine », était là ainsi que Jean-Marie nalistes en pleine ville, à Kidal, et leur exécution à 10 kilo- Idrissa Sangaré, l’actuel ministre de la Communication. mètres de là. Ils nous ont tous manifesté une grande solidarité. Parmi Vu de Bamako tous ces gens, figuraient aussi des personnalités comme l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoli, qui était là pour dire que La cérémonie d’hommage était retransmise en direct « toucher à un journaliste » c’est toucher à une « voix des sur les ondes de RFI en début d’après-midi. A Bamako, sans voix » et que cela était inacceptable. notre correspondant a suivi la cérémonie en compagnie d’auditeurs, assis dans la rue autour d’un poste de radio. Au Musée du Quai Branly « J’ai écouté la cérémonie puisque c’est comme si j’avais perdu quelqu’un de ma famille. Ghislaine et Claude Cette séance a été animée par Juan Gomez, réalisa- sont nos amis, affirme ce Bamakois. En écoutant la radio, teur de la célèbre émission matinale. j’apprends beaucoup de choses. » Et d’ajouter : « Quand Marie-Christine Saragosse, présidente du groupe Sarah Tisseyre a parlé de leur amour pour l’Afrique, pour France Médias Monde, à cette occasion, a lu une lettre du connaître la vérité de l’Afrique, j’ai été très touché. » Président de la République, François Hollande : « Madame la Présidente. L’arrivée hier matin à Paris des L’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Véron ne corps de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon a permis pouvait que semer la tristesse parmi les adhérents et lec- de percevoir l’émotion considérable qui saisit la commu- teurs d’AROM, souvent anciens administrateurs, diplo- nauté de RFI. J’ai tenu à être aux côtés des familles et de mates ou militaires dont plusieurs, et notamment Jean toute la rédaction de RFI pour partager leur peine et dé- Clauzel disparu en 2008, avaient servi à Kidal. Outre une fendre la liberté d’information. A l’heure où RFI se réunit situation qui s’est beaucoup dégradée depuis le dernier pour célébrer la mémoire de ses deux journalistes sauva- article qu’AROM avait publié dans son bulletin n°13 de gement assassinés, je veux redire à tous ses collaborateurs novembre 2007 sur « la question touarègue » dont les combien je prends part à leur peine. Ces événements tra- pages 7 et 8 méritent néanmoins d’être relues, force est de giques illustrent à quel point le métier que vous exercez constater que l’engagement militaire direct de la France est à la fois indispensable et dangereux. Chacun mesure donne à ce problème une nouvelle dimension. Il s’accom- ce matin la grandeur et la responsabilité du service public. pagne en effet d’une présence médiatique qui, compte Fidèlement, à la mémoire de Ghislaine et de Claude. Fran- tenu de sa puissance et par sa qualité même, fait courir à çois Hollande. » ceux qui en sont les acteurs, les journalistes, des risques plus importants qu’ailleurs, notamment en Afrique. D’au- Un lieu symbolique tant que, comme cela parait être de plus en plus fréquem- ment le cas, notre pays ne se contente plus de jouer un rôle Le choix du Musée du Quai Branly - également connu d’arbitre mais est amené à prendre parti, quelle qu’en soit sous le nom de Musée des arts et civilisations d’Afrique, la raison, dans des conflits internes. La situation en RCA d’Asie, d’Océanie et des Amériques - n’était évidemment montre -comme j’en ai gardé moi-même le souvenir dans pas fortuit puisqu’il s’agissait d’honorer la mémoire de un théâtre voisin- combien est délicate une mission d’in- deux professionnels qui avaient parcouru le monde tout terposition lorsqu’il n’y a plus d’Etat et que des milices, se au long de carrières exemplaires, et en particulier l’Afrique partageant le terrain, ne rêvent que d’en découdre. qu’ils aimaient tant. Au cours de cet événement auquel le public était Raymond Césaire.

38 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

Académie des Sciences d’Outre-Mer repousse une consultation d’autodétermination à des dates à fixer entre 2014 et 2018, afin de déterminer le statut définitif du territoire. Si le territoire a aujourd’hui économiquement remarquablement progressé, ses dé- séquilibres régionaux et les problèmes qui en découlent restent importants.

Le vendredi 18 octobre, Pierre JOURNOUD a présenté son livre « De Gaulle et le Vietnam 1945-1969 » qui a fait l’objet d’une recension d’AROM dans son bulletin n° 27 de Juillet 2012. Henri ARON a présenté le « Carnet de voyage www.academiedoutremer.fr inédit d’un officier français en 1861 en Cochinchine » qui illustre la richesse des récits de voyage des officiers fran- L’ Académie représentée par Pierre GENY, son Secré- çais lors de la conquête de ce territoire. taire perpétuel, a inauguré le 10 septembre à l’Institut Pasteur avec le professeur Alice DAUTRY, Directrice géné- Le 4 novembre, au cours d’une brillante séance à la- rale, en présence de l’Ambassadeur du Vietnam et des quelle assistaient, Abdou DIOUF, secrétaire général de la représentants de la poste et du MAE, un timbre à l’effigie Francophonie, Blaise CAMPAORE, président du Burkina d’Alexandre YERSIN (1863 -1943), compagnon de PAS- Faso, deux de nos ministres en exercice, Yamina BENGUI- TEUR et découvreur du bacille de la peste. Il avait été GUI et George PAU-LANGEVIN, Koffi ANAN, et une pléiade membre de l’Académie des sciences coloniales devenue d’anciens ministres et représentants d’institutions inter- en 1957 l’Académie des sciences d’outre-mer. Sa mémoire nationales dont Michel CAMDESSUS, Jean-Marc SIMON, est restée particulièrement vivante au Vietnam et notam- Ambassadeur de France, ancien Ambassadeur à Abidjan et récent académicien, a installé Alassane DRAMANE OUATTARA, comme membre correspondant de l’Acadé- mie. Il a rappelé sa jeunesse difficile, sa proximité avec le Président HOUPHOUËT-BOIGNY, son combat politique et la force de ses convictions qui lui ont permis d’accéder, après une terrible crise, à la magistrature suprême. Le Pré- sident ivoirien a répondu en donnant, comme le veut la règle, une brillante conférence à la mesure de son talent et qui a remporté un vif succès sur le thème « l’Afrique dans le monde de demain, atouts et défis ».

Le vendredi 15 novembre une séance dirigée par Jean- François TURENNE, a permis de présenter « Les observa- ment à Nha Trang où l’on voue à sa tombe un véritable toires de la terre et les outre-mer français dans le domaine culte, tandis qu’en France c’est le prix Femina, attribué en des sciences physiques et naturelles ». Sont intervenus : 2012 à Patrick DEVILLE pour son roman « Peste et choléra » Alain PAVE, ancien directeur du programme Amazo- qui l’a remis à l’honneur. Une exposition « YERSIN, un pas- nie du CNRS sur « les observatoires de la biodiversité », teurien en Indochine » était proposée aux visiteurs. Didier FONTENILLE sur « les maladies émergentes dans les régions ultramarines », François BAUDUCEL sur « les L’Académie a fait sa rentrée le 4 octobre avec un pro- arcs insulaires, observatoires et stations sismiques dans gramme suivi par une nombreuse assistance sur la Nou- la prévention des risques » et Jean CAPDEVIELLE sur « la velle Calédonie dirigé par Michel LEVALLOIS. Cette séance fonction observatoire des terres australes ». Cette séance, a vu l’intervention d’Alban BENSA anthropologue, direc- très animée, a donné lieu à de nombreuses questions. Elle teur à l’EHESS, Nicolas de SEZE, économiste de l’AFD, au- a montré l’importance et la richesse que constituent ces jourd’hui directeur de l’IEDOM ET IEOM (voir article sur les observatoires pour le rayonnement de la science française nouveaux billets pour le Pacifique) et Alain CHRISNACHT, dans le monde au regard de la modicité de leurs moyens. Conseiller d’Etat et ancien Haut-Commissaire en Calédo- nie, grand négociateur de l’accord de Nouméa de 1998. La séance du 22 novembre sur « le sud-ouest de l’Océan On sait que cet accord, signé à l’époque avec beaucoup indien et les îles françaises » a été présentée par Pascal de soulagement après les événements d’Ouvéa de 1988, CHAIGNEAU qui a dressé le tableau de la géopolitique

39 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

actuelle de la région. Elle a permis d’écouter l’interven- tion de Lucile ALLORGE, docteur en botanique, membre de l’Académie des sciences de sur « La Re- cherche à Madagascar ». Puis, une analyse à deux voix de Raymond RANJEVA et de son épouse, Yvette RABETAFIKA RANJEVA, tous deux membres de l’Académie, a permis de remettre l’accent sur « le sud-ouest de l’Océan indien » avant une conclusion de Pascal CHAIGNEAU.

L’Académie a été reçue le 28 novembre pour une jour- née de visite et une séance de travail au Muséum natio- nal d’histoire naturelle(MNHN) où, après un rapide histo- La prestigieuse séance du 4 novembre 2013 rique, Philippe TAQUET, grand acteur de la rénovation du Muséum et actuel président de l’académie des sciences, Prix décernés par l’Académie a fait aux participants l’honneur d’une visite personnelle de l’établissement et notamment de la fameuse galerie Les candidatures doivent être formulées avant le 30 juin ac- de l’évolution. Après un déjeuner pris à La Baleine, trois compagnées de trois exemplaires de l’ouvrage sélectionné conférences, de Gilles BŒUF, actuel président du MNHN destiné à être soumis aux membres de la commission des prix sur « Biodiversité et humanité », de Philippe TAQUET sur qui se réunit en novembre de l’année en cours pour statuer « Le temps long » et de Dario de FRANCESCHI « Aux ori- sur les prix. gines des plantes terrestres » ont retenu les participants plus tard que prévu. Ce retard a amené Max GOYFFON, • Prix Luc DURAND-RÉVILLE annuel, créé en 2002 et membre de l’Académie et lui-même ancien du Muséum, destiné à récompenser un ouvrage traitant des divers à reporter à une autre occasion la communication qu’il aspects de la colonisation. devait faire sur « Venins : des dangers aux remèdes ». • Prix Albert BERNARD annuel, créé en 1993 et destiné à La séance du 6 décembre a été consacrée à l’instal- récompenser un auteur ayant traité de l’Afrique et plus lation par Pierre GENY, Secrétaire perpétuel, de Joëlle Le particulièrement de la Corne de l’Afrique. MORZELLEC en qualité de membre titulaire 3ème section, au fauteuil de Martin KIRSCH (décédé en 2011). Cette ins- • Prix La Renaissance Française annuel, créé en 2011 tallation de l’ancien recteur de l’Académie de Rouen, qui a et destiné à récompenser un ouvrage ou des travaux participé à la création de plusieurs instituts de formation mettant en valeur la langue, la littérature françaises diplomatique et de droit du développement en Afrique, ou la culture francophone, en France ou à l’étranger. a donné l’occasion d’un éloge remarquable de celui qui, ancien élève de l’ENFOM (1947) a été et reste l’un des plus Ce prix, issu de l’association éponyme, est soumis au grands inspirateurs et spécialistes du droit du travail en jury de l’Académie des sciences d’outre-mer. Afrique de sa génération. Il avait remplacé Jacques FOC- CART à la présidence de la République pour les affaires • Prix Paul BOURDARIE annuel, créé en 2002 et destiné africaines et malgaches en 1980-81, avant de terminer sa à récompenser une oeuvre littéraire ou artistique ou carrière comme Conseiller à la Cour de cassation en 1992. médicale ou sociale ou d’intérêt général ou scientifique valorisant les qualités d’un pays du continent africain. Plusieurs nécrologies ont été prononcées au cours du dernier semestre et notamment celle de Serge JACQUE- • Prix Robert CORNEVIN annuel, créé en 1990 et destiné MOND, trésorier de la Société des amis de l’académie par à récompenser un auteur ayant traité de l’histoire de Paul BLANC, celle de René SERVOISE par Raymond CESAIRE l’Afrique. et de l’historien Daniel LEFEUVRE par Jacques FREMEAUX. • Prix Paul BOUTEILLER annuel, créé en 2011 et des- La séance du 6 décembre a vu également la distribu- tiné à récompenser un ouvrage traitant de l’histoire tion des prix. Les participants se sont félicités de la très et l’évolution récente d’un Département ou Territoire forte proportion d’originaires des outre-mer ou y résidant d’Outre-mer français, ou d’un État appartenant à la liste parmi les lauréats, de la qualité des ouvrages et de sujets suivante : Algérie, Sénégal, Congo-Brazzaville, Gabon, traités répondant bien aux objectifs recherchés par les Tchad, République Centrafricaine, Cameroun, Djibouti, fondateurs de ces prix. Comores, Vanuatu.

40 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

• Prix Robert DELAVIGNETTE annuel, créé en 1987 et destiné à récompenser un auteur ayant traité de l’Amé- DIAKITÉ, Tidiane. Louis XIV et rique ou des Antilles. l’ Afrique noire Prix Robert CORNEVIN • Prix Auguste PAVIE annuel, créé en 1983 et destiné à récompenser un auteur ayant traité de l’Asie, de l’Indo- chine ou du Pacifique. • Prix Maréchal Louis Hubert LYAUTEY annuel, créé en 1934 et destiné à récompenser un ouvrage traitant de l’Afrique du Nord, de l’Afrique subsaharienne ou de LECLERC, Christian. L’adoption de l’océan Indien. l’agriculture chez les Pygmées baka du Cameroun : dynamique sociale • Prix Monsieur et Madame Louis MARIN annuel, créé et continuité structurale en 1976 et destiné à récompenser un auteur ayant traité Prix Paul BOUTEILLER des sciences humaines en général et particulièrement l’ethnologie, l’anthropologie et les relations entre les divers peuples du monde. * Ouvrages dont la date d’édition doit être comprise entre VERMANDER, Benoît. Les jésuites le 1er janvier de l’année précédant les prix (pour la session et la Chine : de Matteo Ricci à nos de 2013, éligibilité à partir du 1er janvier 2012) et le 30 juin jours de l’année en cours. Prix Auguste PAVIE PRIX attribués en 2013

DUCOIN, Jacques. KADDOURI, Abdelmajid. Le Maroc Bertrand d’Ogeron, 1613-1676 : et l’Europe (XVe-XVIIIe siècles) : pro- fondateur de la colonie de Saint- blématique du dépassement Domingue et gouverneur des fli- Prix Maréchal LYAUTEY bustiers Prix Luc DURAND-RÉVILLE

CHIRÉ, Amina Saïd. Le nomade VOLAIT, Mercedes. Maisons de et la ville à Djibouti : stratégies France au Caire : le remploi de d’insertion urbaine et production grands décors mamelouks et de territoire ottomans dans une architecture Prix Albert BERNARD moderne Prix Maréchal LYAUTEY

TABET, Ibrahim. La France au Liban KODJO-GRANDVAUX, Séverine. et au Proche-Orient : du XIe au XXIe Philosophies africaines siècles : essai historique Prix Louis MARIN Prix La Renaissance Française

SENE, N’deye Maty. Le commerce COUSSEAU, Vincent. Prendre nom des produits maritimes et fluviaux aux Antilles : individus et apparte- au Sénégal de 1945 à nos jours nances, XVIIe-XIXe siècles Prix Paul BOURDARIE Prix Robert DELAVIGNETTE

41 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

Programme des séances 1re Conférence à l’Hôtel de Ville de Paris, du 1er trimestre 2014 grand auditorium, (Les séances ont lieu à 15 heures, 18h à 20h, entrée sur invitation au 5 rue Lobau Paris 4e 15, rue La Pérouse – 75116 Paris) Ouverture par Pierre SALIOU Vendredi 10 janvier 2014 Contributions de : • Transmission de présidence : Marc MICHEL, professeur émérite à l’université de Pro- • Allocution de Jeanne-Marie AMAT-ROZE vence • Allocution de Pierre SALIOU Jean MARTIN, membre de l’Académie des sciences d’outre- mer, professeur émérite des Universités suite de la séance présidée par Pierre SALIOU En présence de Danielle APOCALE, déléguée générale à • Présentation du Dictionnaire des synonymes des mots l’Outre-Mer de la Ville de Paris et expressions des Français parlés dans le monde par Guy LAVOREL Vendredi 7 février 2014 • Présentation du projet Grande Guerre par Jacques FRÉ- Séance thématique organisée par Roland POURTIER MEAUX • Installation par Pierre GÉNY d’Olivier de BERNON en Le foncier et l’accaparement des terres en Afrique qualité de membre titulaire en 5e section, qui fera subsaharienne l’éloge de Jacques LAPIERRE Communications : • Accès à la terre et « accaparement des terres » : enjeux Jeudi 16 janvier 2014 Séance d’actualité locaux et convoitises internationales par Roland POUR- TIER Situation de la République centrafricaine • Grandes manœuvres foncières au Mali autour de l’Of- et propositions de solutions fice du Niger par Étienne LE ROY • La Chine et les accaparements de terres en Afrique : par Madame la ministre Marie-Reine HASSEN, qui sera pré- retour sur une réalité mal acceptée par Jean-Jacques sentée par Olivier STIRN GABAS, chercheur au CIRAD, économiste, qui sera pré- senté par Roland POURTIER Projection d’un film de 10 mn suivi d’un débat Jeudi 13 février 2014 Interventions de MM. Yves BOULVERT et Didier NIEWIA- VISITE DES SALLES DES ARTS DE L’ISLAM AU LOUVRE DOWSKI par Henri MARCHAL, conservateur général honoraire du patrimoine Mardi 21 janvier 2014 Henri Marchal se propose de vous guider dans la décou- A l’initiative de Michel LEVALLOIS verte de cet espace d’exposition. • Visite de l’exposition « KANAK, l’art est une parole » au 2 visites 13h et 15h15 (groupe de 20 personnes) inscrip- Musée du quai Branly, accompagnée par le co-commis- tion auprès du secrétariat. saire Emmanuel KASARHEROU • Visite à 15h (groupe de 20 personnes) inscription au- Vendredi 14 février 2014 près du secrétariat Séance conjointe avec l’Institut Charles de Gaulle

Vendredi 24 janvier 2014 70e anniversaire de la conférence de Brazzaville • Actions internationales des universités françaises par (30 janvier au 8 février 1944) Jacques COMBY, président de l’Université Jean Moulin par Jacques GODFRAIN et Jean-Marc SIMON Lyon III, qui sera présenté par Michel GUILLOU à l’Assemblée nationale (101 rue de l’Université 75007 • Installation par Jean du BOIS DE GAUDUSSON de Chris- Paris) tine DESOUCHES en qualité de membre titulaire en 3e section, qui fera l’éloge d’Étienne CROUZET Vendredi 7 mars 2014 Séance thématique

Vendredi 31 janvier 2014 Santé et développement en Afrique subsaharienne La mobilisation des troupes d’Outre-mer pour par Pierre SALIOU et François RODHAIN la Grande Guerre • Introduction par Guy CHARMOT

42 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

• La santé entre développement et développement du- pour les opérations de paix (REF- rable: perspectives africaines par Dominique KÉROUÉ- FOP) en présence d’Hervé Lad- DAN présentée par Marc GENTILINI sous, Secrétaire général adjoint • L’apport de la lutte contre les maladies animales en des Nations-unies aux opéra- faveur des populations rurales africaines par Joseph tions de maintien de la paix. DOMENECH, présenté par Bernard VALLAT L’Organisation internationale Les journées du jeudi 20 et du vendredi 21 mars, de la Francophonie lance l’édi- la matinée du samedi 22 mars 2014 tion 2014 du Prix des cinq conti- nents de la Francophonie. Premiers entretiens d’outre-mer : De l’Indochine coloniale au Viêt Nam actuel Créé par l’OIF en 2001 dans le but de valoriser des talents litté- Colloque international organisé par Dominique BARJOT raires en langue française sur les Avec la participation de Paris IV, Lyon III et l’Université de cinq continents, ce Prix, doté de Nantes 10 000 euros, est attribué chaque année par un jury international. Jeudi 20 mars 2014 Pour l’édition 2014, celui-ci est à 19 heures Inauguration de l’exposition présidé par Jean-Marie Le Clézio.

France-Vietnam : Quatre siècles de relations, La réception des œuvres, envoyées à l’OIF en 14 exem- Le rôle des pionniers de la photographie au Vietnam plaires, se fera jusqu’au 31 Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales – mars 2014 dernier délai. CARAN (60 rue des Francs-Bourgeois Paris 3e) L’exposition se tiendra du jeudi 20 mars 2014 au mardi 20 mai 2014 Métro : Hôtel de Ville, Rambuteau, Filles du Calvaire AGENDA Horaires : 10h - 17h30 fermé le samedi et le dimanche ƒƒ Colloque : la didac- tique des langues dans la mondialisation Voyage d’étude au Vietnam du dimanche 23 mars au 23-24 janvier 2014, Paris - France dImanche 6 avril 2014 ƒƒ Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 07-23 février 2014, Sotchi - Russie OIF ƒƒ 8e Marché des arts et du spectacle africain (MASA) 01-08 mars 2014, Abidjan, Bassam, Bouaké - Côte d’Ivoire

ƒƒ Journée internationale de la Francophonie 20 mars 2014, International

ƒƒ Journées des Réseaux institutionnels de la Franco- phonie 20-21 mai 2014, Paris - France Organisation internationale de la Francophonie 19-21 avenue Bosquet • 75007 Paris (France) ƒƒ XVe sommet de la Francophonie Téléphone (33) 1 44 37 33 00 Télécopie (33) 1 45 79 14 98 29-30 novembre 2014, Dakar - Sénégal

ƒƒ Forum mondial de la langue française Le 14 janvier 2014 au siège de l’OIF, Abdou Diouf a 20-23 juillet 2015, Liège - Fédération Wallonie- lancé le Réseau d’expertise et de formation francophone Bruxelles

43 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

Coordination pour l’Afrique Association Réalités de demain (CADE) et Relations internationales

www.arri.fr [email protected] www.afrique-demain.org [email protected] Les traditionnelles assises d’ARRI se sont tenues comme d’habitude dans une atmosphère détendue, mais cette La CADE change d’équipe de direction. fois à la brasserie « Chez Jenny » 39 boulevard du Temple (métro République), devenue depuis deux ans un des En raison de perspectives financières difficiles, la CADE lieux de déjeuners-débats de l’association. s’est trouvée dans l’obligation de se séparer de SARA, sa ARRI qui, en dépit d’un léger effritement de ses effectifs, secrétaire permanente, qui constituait la cheville ouvrière compte encore près de 700 cotisants, a dû réduire cer- de l’association. La CADE maintiendra toutefois la plupart taines de ses activités et surtout la publication de ses ca- de ses activités, notamment ses conférences-débats et la hiers en raison d’une baisse des cotisations des entreprises circulation de l’exposition « Les Afriques qui se font ». Au qui la soutiennent. Dans les sujets traités, elle confirme cours d’une Assemblée générale tenue le 12 décembre sa priorité donnée à l’Europe, ainsi que, pour des raisons 2013 trois axes ont été définis pour orienter les futures d’actualité, au Proche et au Moyen-orient. Les sujets éco- activités : l’économie, la société et le développement nomiques et financiers ont été également l’objet de plu- sociétal, la jeunesse de la diaspora et son insertion. Une sieurs exposés. Les partenariats noués avec l’Université nouvelle équipe de responsables plus jeunes est en cours de Paris-Est Créteil et l’ISG se sont révélés satisfaisants en de constitution autour de Roland PORTELLA qui remplace raison du nouveau et jeune public touché. Confirmant son Jean-Loïc BAUDET à la présidence pour mener à bien cette intérêt pour les voyages, y compris en France comme ceux nouvelle étape des activités de l’association créée en 1996 effectués à Toulouse et Fontainebleau, le Président a mar- par Michel LEVALLOIS. qué son souci d’en réduire le coût. La rentrée de la CADE se fera le 22 janvier 2014 au Le numéro 141 de « Regards sans frontières » est intro- Conseil Supérieur du Notariat, 60 boulevard de la TOUR- duit par une analyse du Secrétaire Général, Jean-François MAUBOURG 75007 (métro ligne 8 La TOUR-MAUBOURG) LEDUC, sur la manière dont il voit ARRI assurer son avenir. de 18h à 20h autour du nouveau livre de Georges COU- Il est suivi, par la « lettre bimestrielle d’ARRI n° 5 de janvier RADE « Les Afriques au défi du XXIème siècle ». 2014 » transmise en pdf qui contient, avec le résumé des Les rencontres-débats des mois suivants sont program- manifestations passées ou annoncées, les vœux du Pré- mées comme suit : sident Jean-Michel FAUVE. En commençant sa quinzième année à la présidence de l’association, celui-ci indique ƒƒ Mardi 12 ou mercredi 13 février à l’ENA, 2 avenue de avoir retrouvé avec elle « une nouvelle raison de vivre » l’Observatoire 75005 PARIS de 17 H 45 à 19h 45 dans après le deuil qui l’a frappé. le cadre du cycle économique « Les mines en Afrique, Calendrier des manifestations programmées. convoitises, création de richesses, RSE » ƒƒ Mercredi 11 mars, dans le cadre du cycle jeunesse, « La ƒƒ Jeudi 9 janvier 2014 à l’IPSEC 16/18 place du Général réussite scolaire ». CATROUX 75017 (métro Malesherbes) de 18h à 20h « Le Caucase, zone de conflits » avec Bernard DORIN. ƒƒ Mardi 29 avril à l’ENA ou au CSN de 8h30 à 19 h Forum ƒƒ Lundi 13 janvier à l’IPSEC de 18h à 20h « Les mar- économique « Bâtir de industries modernes et compé- chés financiers sont-ils le reflet de la situation éco- titives en Afrique » nomique ? » avec Jean-Jacques PERQUEL, agent de ƒƒ Mercredi 14 mai, cycle jeunesse, « Réussite profession- change. nelle et success stories d’entrepreneurs en Afrique » ƒƒ Mardi 21 janvier Déjeuner-débat à la Brasserie Mol- ƒƒ Jeudi 12 juin, sujet à préciser du cycle économique. lard 115 rue Saint Lazare 7508 PARIS de 12 h 45 à 15h « La défense européenne » avec le général (2S) Henri

44 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

BENTEGEAT, ancien chef d’état-major des Armées. rappelait la petite histoire de la lettre de liaison devenue ƒƒ Mercredi 22 janvier à 19h30, débat organisé par la bulletin à partir de son numéro 17 et qui se consacre prin- Maison Heinrich Heine de la Cité universitaire, 27 C cipalement aux pays avec lesquels la France a une histoire Boulevard Jourdan 75014, en coopération avec ARRI partagée. L’association, à vocation culturelle, a pour but dans le cadre du Cercle Franco -Allemand « François d’aider au retour d’images anciennes vers leurs pays d’ori- HOLLANDE-Angela MERKEL 2014-2017, la coopéra- gine. Elle implique pour ses adhérents une démarche et donc des cotisations (30 euros et 10.000 frs CFA) qui, au- tion franco-allemande en Europe : situation et pers- delà de l’abonnement à une revue trimestrielle de qualité pectives » avec des journalistes et Jean-Dominique (elle a atteint 40 pages, mais ne les dépassera pas) peine GIULANI, président de la Fondation Robert Schuman. à faire partager durablement son objectif par les milieux Inscriptions à ARRI (entrée libre). des pays du sud qui devraient être les plus concernés. ƒ ƒ Mardi 28 janvier à l’IPSEC de 18h à 20h dans le cadre Plusieurs pages sont consacrées à l’inauguration le du Groupe Maroc « Le développement rural au Maroc » 10 septembre à Hanoï de l’exposition « France-Vietnam, avec Ahmed ARAFA, ancien préfet, ancien SG du Minis- quatre siècles de relations » organisée en liaison avec l’Aca- tère de l’Intérieur, Mustapha FARIS, président honoraire démie des sciences d’outre-mer dans le cadre des années du Groupe BNP, ancien Ministre des finances et Moha- croisées France-Vietnam et qui sera présentée du 20 mars med AÏT KADI, président du Conseil général du déve- au 20 mai à l’hôtel de ville de PARIS. loppement agricole. Une très belle étude porte sur « Le rituel de divination ƒƒ Mercredi 5 février à la Brasserie FLO, Gare de l’Est, les par l’araignée (Le N’Gam) chez les Bafias du Cameroun » salons du Relais 4 rue du 8 mai 1945 de 12h 45 à 14h 45 (nord de Yaoundé). Cette étude n’est autre qu’une confé- « Les élections européennes » avec Pier Virgilio DAS- rence prononcée en 1935 par André MENARD, jeune ad- TOLI, Président du Mouvement européen en Italie ministrateur féru d’ethnologie comme ils l’étaient souvent, ƒƒ Mercredi 5 février à l’IPSEC de 18h à 20h « Religions avec des dessins et illustrations d’époque gardés par sa et politiques en ex URSS » avec Antoine ARJAKOVSKI, famille. co-directeur du département de recherche Société, Elodie SALMON, Agrégée d’histoire et Allocataire à Liberté, Paix (Bernardins) l’Université Paris-Sorbonne, signe un article sur l’Acadé- ƒƒ Mercredi 12 février lieu à préciser, déjeuner-débat mie des Sciences d’outre-mer dont elle avait été la confé- de 12h 30 à 14h 30 « Thème sur l’Europe » avec Pierre rencière lors du 90ème anniversaire célébré à Guimet LEQUILLER, président de la commission de l’Assemblée l’année dernière (AROM n°27 de juillet 2012) nationale chargée des affaires européennes de 2002 à Deux articles plus courts portaient sur « Le chemin 2012. de fer en Haute-Volta » par Jean-Jacques FADEUILHE et l’autre de Stéphane RICHEMOND sur « Les Champs- Ely- ƒƒ Jeudi 13 février à l’IPSEC, de 18h à 20h « La politique sées de Ouagadougou ». de sécurité et de défense vue de Paris, de Berlin et de Bruxelles » avec le Gal (2S) Jacques FAVIN-LEVÊQUE, Le bulletin n°39 qui paraîtra en même temps que celui vice-président d’Euro Défense et Hartmut BÜHL, n°31 d’AROM comportera un article sur Edmond FOR- membre du Comité consultatif du forum de réflexion TIER, maître de la photo ouest africaine et sa contribution à l’iconographie de Porto- Novo ainsi que les photos de Security & Defence Agenda (SDA) à Bruxelles. la récente exposition qui a été consacrée à la Poste de ƒƒ Mardi 4 mars à L’IPSEC de 18 h à 20 h « L’avenir des Porto-Novo. Des cartes postales du début du siècle per- relations franco-vietnamiennes » avec Claude BLAN- mettent à Jean-Jacques FADEUILHE de rappeler, avec la CHEMAISON, ancien Ambassadeur de France au Viet- lagune Ebrié, le tout début de l’histoire d’Abidjan. Une nam. analyse des armoiries de Saint-Louis du Sénégal par Pierre ƒƒ Mardi 11 mars 2014 de 17h30 à 19h à la Représen- ROSIERE complète le numéro. tation du Parlement européen 288 bd Saint Germain 75007 PARIS « Observatoire européen » avec Robert TOUMEMON vice-président d’ARRI INSTITUT DU PACIFIQUE IMAGES & MEMOIRES

www.institut-du-pacifique.org www.imagesetmemoires.com

Le bulletin n°38 d’ I&M de l’automne 2013 s’ouvrait sur En dépit des difficultés de baisse des adhésions et de un éditorial de son Président, Stéphane RICHEMOND, qui secrétariat qu’il connaît, l’Institut du Pacifique a continué

45 INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS AMIES

à recevoir dans le dernier trimestre de 2013 d’éminents conférenciers. Ce fut le cas avec Fabrice ARGOUNES et taire, l’association a prévu à son siège social, 60 rue des Pierre JOURNOUD venus exposer les résultats de leurs Vignoles 75020, du 17 au 28 février de 14h30 à 18h, sauf travaux respectivement sur la place de l’Australie dans la le dimanche, une exposition sur « les timbres des Etablis- région Indo Pacifique et sur les relations de la France avec sements français de l’Inde », avec, le 21 février à 19h, une l’Indochine depuis 1954. L’Institut a pris par ailleurs une conférence d’Hervé DRYE sur « l’histoire postale des Indes initiative originale en conviant des personnalités étran- françaises des origines à 1954 ». gères, Madame Rosemary BANKS, Ambassadeur de Nou- velle Zélande, tandis que Madame Liliane LU a analysé la Du 17 au 29 mars de 14h 30 à 18h, toujours au siège situation en Chine après le XVIIIème Congrès du CCP. Dans social de l’association, et sauf le dimanche une exposition le même esprit, d’ouverture et de coopération, l’Institut a de photos, affiches et cartes postales sur « L’Indochine, organisé un colloque animé par Madame YUAN ZHOU, 60ème anniversaire de la chute de Dien-Bien Phu et des Présidente de l’association Chine 4D sur le problème de accords de Genève ». Seront exposées également des pho- l’environnement en RPC. tos de Cécile REMY. Le vendredi 21 mars à 19h, toujours au Le 16 janvier Madame JEANBLANC-RISLER, ministre- siège social, conférence-dédicace du livre « l’Indochine conseiller auprès de l’Ambassade de France au Japon sous Vichy » de Sébastien VERNEY (éd Riveneuve). a exposé la politique de relance mise en œuvre par M. SHINZO ABE.

L’Institut a accordé son prix annuel à Monsieur Olivier ENFOM SIBRE, docteur en histoire, pour un ouvrage très fouillé sur le Saint-Siège et l’Extrême-Orient (Chine-Corée-Japon) de Léon XIII à Pie XII (1880-1952). Il tente par ailleurs une expérience novatrice en établissant un bulletin mensuel signalant les faits marquants survenus dans la zone Asie- Pacifique et accessible sur son site internet.

Les personnes intéressées par les conférences de l’Ins- titut du Pacifique peuvent, dans la limite des places dispo- Association des anciens élèves de l’Ecole Nationale nibles, se faire inscrire auprès de Philippe JULLIAN (philip- de la France d’outre-mer [email protected]) qui leur donnera toutes les indications [email protected] nécessaires. Après une fin de l’été qui a permis plusieurs rencontres organisées par les sections régionales ou par promotions, dans l’entre-deux mers autour de Pierre LACROIX pour Les Comptoirs de l’Inde l’Aquitaine, au pied des « camelles » de sel camarguais au- tour de Paul BLANC pour l’Occitanie et en Haute-Provence pour la promotion 47 et +, un Conseil d’administration s’est réuni le 17 septembre pour préparer les cérémonies du 11 novembre et étudier des propositions pour l’ave- nir de l’association qui compte encore plus de deux cents adhérents.

La messe du 11 novembre, suivie du recueillement de- vant les plaques à la mémoire de ceux morts en service, a réuni plus de cent participants et le déjeuner qui a suivi à www.comptoirsinde.org l’Ecole militaire quatre-vingts convives. Deux Assemblées générales se sont tenues le 12 décembre 2013 : l’une ex- L’association que préside Douglas GRESSIEUX a orga- nisé comme prévu, durant le week-end des 16 et 17 no- traordinaire pour approuver le renoncement par l’asso- vembre 2013, avec l’Ambassade de l’Inde, à la mairie du ciation à son statut d’utilité publique qui complique son XXème arrondissement, son 3ème salon du livre dont projet de réduction de ses activités ; l’autre, ordinaire, qui la marraine était Kénizé MOURAD. Cette manifestation a a approuvé les comptes pour 2012, la cessation program- connu son habituel succès. mée de rémunération du secrétariat, le problème de la plaque rappelant les décorations de l’Ecole et diverses ré- Après la fête du Pongal ( Nouvel an Tamoul) organi- flexions ou travaux en cours comme le sort donné à ce qui sée le 11 janvier à la Maison de l’Inde de la Cité Universi- reste des archives et la publication d’un dernier annuaire.

46 VIE DE L’ASSOCIATION

In memoriam Serge JAQUEMOND

Serge Jacquemond est brutalement décédé des suites nomiques, il trouva une voie correspondant à son perma- d’un infarctus le 22 juillet 2013 au Val de Grâce à Paris. nent désir de contacts et d’activité en étant détaché à la Il avait 91 ans. A sa demande, il a été inhumé en la seule SCET de 1959 à 1969. Il fut enfin, de 1970 à 1987, Direc- présence de sa famille et de quelques amis le 26 juillet au teur général du groupement de sociétés constituées sous cimetière de Boulogne où repose sa mère. l’égide de la CDC. Diplômé du CHEAM, il fut au cours de cette période partout où il passa, l’animateur d’associa- Ayant hérité des qualités d’un père polytechnicien tions et rédacteur en chef de publications dont celle bien connu pour son esprit d’entreprise et d’une mère ai- connue d’AMINTER. mante, Serge Jacquemond était né à Paris où il avait fait ses études secondaires. Brillant étudiant, il passa un doc- Au-delà de ses fonctions officielles, Serge Jacquemond, torat de sciences économiques et un diplôme de l’Ecole qui était chevalier de la Légion d’honneur, était surtout des langues orientales vivantes avant d’être reçu à l’Ecole une personnalité tout à fait exceptionnelle du corps des Nationale de la France d’Outre-mer (ENFOM) d’où il sortit administrateurs de la FOM auquel il avait voué un véri- en 1943. table culte mémoriel. Il avait été soutenu pour cela par quelques camarades de sa génération qu’il avait connus Incorporé à Mont de Marsan, il fit ses premières armes et souvent admirés, Pierre Messmer, Daniel Doustin, Jean dans les FFI puis le corps expéditionnaire d’Extrême- Jérusalémy, Pierre Troude pour l’Indochine et le Came- Orient qui lui valurent la Croix de guerre 39/45. Affecté au roun, Jean Clauzel, Paul Masson, Gabriel Massa et Gaston Laos de 1946 à 1949 c’est là qu’il connut avant et pendant Boyer pour l’ex AOF et la Guinée, Alain Deschamps, André la guerre, à Luang-Prabang et Phong-Saly, « l’aventure Baccard, Guy Maillard et d’autres. indochinoise ». Il coordonnera plus tard la présentation des témoignages de ses camarades figurant sur cette Le succès de l’ouvrage sur « la France d’outre-mer période dans l’ouvrage « La France d’Outre-mer (1930- (1930-1960) » auprès des historiens, la mise en cause de 1960) » publié chez Karthala en 2003 sous la direction de l’œuvre coloniale de la France dans les années 2003 et les Jean Clauzel. réticences de l’association des anciens élèves de l’ENFOM à s’engager dans une « aventure éditoriale » allant au-delà Sans nostalgie pour l’Indochine, Serge Jacquemond de la convivialité et de la protestation, ont amené Serge entama en 1950, avec son épouse Monique, successive- Jacquemond et Paul Blanc, avec à leurs côtés le général ment à Yelimane et Bourem, dans la boucle du Niger, une Gilbert Chavannes, ancien des Troupes de Marine, à créer nouvelle étape d’une carrière d’administrateur qui le pas- AROM. La nouvelle association a bénéficié de la double sionnait. Il a laissé sur cette région une étude illustrée présidence d’honneur prestigieuse de Pierre Messmer et intitulée « les pêcheurs de la boucle du Niger », publiée d’Abdou Diouf. Serge Jacquemond, avec son insistante par l’Imprimerie nationale. Il se passionna par la suite tout gentillesse, l’étendue de sa culture et son dévouement, en autant dans ses affectations au Cameroun, notamment à a été le premier président puis le constant animateur. Il est Garoua dans le nord du pays à la veille des indépendances décédé alors qu’il multipliait les projets pour donner à AROM toute l’activité et le lustre dont il rêvait. De retour à Paris en 1957, au bureau des études du Ministère de la FOM, puis au Ministère des Affaires éco- Raymond Césaire

Jacques GAULTIER de la FERRIERE

Jacques GAULTIER de la FERRIERE est décédé le 3 Bas et Conseiller diplomatique du Gouvernement. septembre 2013 à Paris. Ses obsèques religieuses ont été célébrées le vendredi 6 septembre en l’Eglise de l’Ile aux Né à Oran en 1923 dans une famille d’officiers, Jacques Moines (Morbihan). Ancien élève de l’ENFOM, il était offi- GAULTIER de la FERRIERE avait fait ses études à Louis Le cier de la Légion d’honneur et Commandeur du Mérite. Il Grand et à la faculté de droit de Paris. Sorti breveté de avait été Ambassadeur en Tchécoslovaquie et aux Pays- l’ENFOM en 1944 et licencié en droit, il servit dans les Ser-

47 VIE DE L’ASSOCIATION

vices civils d’Indochine, au Commissariat de la République 1983. Il fut brièvement chef du protocole en 1983, avant au Cambodge de 1946 à 1950, puis dans les affaires cultu- d’être nommé Ambassadeur à La Haye de 1984 à 1988 relles du haut Commissariat à Saigon de 1951 à 1953. Af- puis Conseiller diplomatique du gouvernement au mo- fecté à la Direction des affaires économiques du Ministère ment de sa retraite. de la FOM de 1954 à 1955, puis à la Direction des affaires politiques du Quai d’Orsay de 1955 à 1957, il fut nommé Cette carrière aussi brillante que diversifiée avait ren- ensuite successivement, Consul à Sfax, Premier secrétaire forcé chez Jacques de la FERRIERE une grande autorité au Pakistan et enfin Consul adjoint à San- Francisco jusqu’ naturelle, un sens politique aigu et des jugements très en 1964. De retour au service de presse du Ministère puis sûrs sur les affaires et sur les hommes. Il a publié dans les sous-directeur à la Direction des relations culturelles, il fut cahiers de l’Orient « les Etats-Unis et le Proche- Orient », envoyé comme Conseiller puis chargé d’affaires en Israël dans la revue d’histoire diplomatique en 1995 un article de 1972 à 1975, avant d’être nommé représentant perma- de souvenirs sur « le tremblement de terre de la guerre nent adjoint à l’OTAN de 1975 à 1977. Chef du Service des du Kippour » vingt ans après et, dans Dédale « Jérusa- Pactes et du désarmement et Ministre plénipotentiaire en lem, ville de mémoire », autant de témoignages de grande 1977, il fut Secrétaire général adjoint de la Défense Natio- qualité sur son séjour en Israël de 1972 à 1975. nale, puis Ambassadeur en Tchécoslovaquie de 1982 à Raymond Césaire

Jacques LARRUE (1920-2013) Jacques LARRUE est décédé le 24 novembre 2013 à Pa- et 1968, il devint ensuite Directeur général de la société ris. Ancien élève de l’ENFOM (1940), Sous préfet honoraire, d’aménagement, de construction et de commercialisa- il était officier de la Légion d’honneur, officier du Mérite et tion. Entre 1980 et 1986, Sous-préfet de Castelsarrasin, il officier des Palmes académiques. Ses amis lui ont dit un fut le coordinateur du « grand chantier » de la centrale dernier adieu au Val de Grâce, il a été inhumé le 29 dans électro nucléaire de Golfech. l’intimité familiale à Sannes (Vaucluse) et un culte d’action de grâce a été rendu à sa mémoire le 21 décembre 2013 Sa retraite, prise en 1987, le ramène à deux types dans le Temple de Port Royal. d’activités qui ne l’auront jamais quitté. Il devint en 1974, docteur en anthropologie juridique avec une thèse sur Originaire d’une famille bordelaise, il avait préparé « Fria en Guinée » qui lui valut le prix CORNEVIN de l’Aca- l’ENFOM à Bordeaux à la veille de la guerre en acquérant démie des sciences d’Outre-mer dont il devint membre une formation de terrain avec le Centre de jeunesse intel- correspondant en 2001. Il publia en 2 000 avec son ami lectuelle (CJI) qui venait en aide aux plus démunis. Jean PAYEN « Jean RAMADIER, gouverneur de la décolo- nisation ». Il participa à la rédaction de la «France d’outre- Sorti de l’Ecole en 1945, il restera en Afrique jusqu’en mer de 1930 à 1960 ». Simultanément il anima le groupe 1958 en occupant tour à tour des fonctions d’administra- amical et social destiné à venir en aide aux cas atypiques teur à M’Bour et plus tard à Bignona (Sénégal) à Sokodé en difficulté des agents du Ministère de l’Intérieur. (Togo), d’inspecteur du travail (en Côte d’Ivoire, au Sou- dan et en Haute Volta) avant d’être nommé de 1957 à 1960, Jacques LARRUE était, pourrait-on dire, un aména- chef d’études pour la mission d’aménagement régional geur, un expert, un homme d’action et de réflexion, vivant de la Guinée. C’est à partir de cette époque qu’il retrouva, concrètement sa foi, qu’il exprima tout au long de sa vie Pierre LATU qui porte ci-dessous témoignage. dans une lettre à la famille où se retrouvait toujours le fili- grane de sa vie spirituelle. Je garderai pour ma part, cette « J’avais fait sa connaissance en 1964 au Ministère de dernière réflexion de septembre 2013 : l’Intérieur qu’il avait rejoint après sa carrière outre-mer, Nous formions à la Direction générale des collectivités « Heureusement ce que j’ai à faire est toujours en ar- locales, avec d’autres camarades de « Colo » une équipe rière de ma tête, prêt à bondir … et j’aime ces moments nouvelle, expérimentée et assez polyvalente. Jacques durant lesquels, apaisés et tranquilles se retrouvent les était constamment en mission au Secrétariat général de souvenirs dont on a décidé qu’ils resteraient les meilleurs la Communauté, au Ministère des affaires étrangères, et ce à tout jamais…. Pas d’occasion de se plaindre, pas à l’OCDE, où il apportait ses connaissances et son expé- de regrets à exprimer. Le bonheur n’est pas dans le pré, rience pour l’aménagement de la Sardaigne et de la Grèce. comme dit la TV, mais en nous tout simplement ».

Chargé de mission au Commissariat au Plan entre 1965 Pierre Latu

48