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HISTOIRE DE LA SPE La SPE a 100 ans – Notes pour servir à son histoire. Alain Chippaux Société de pathologie exotique. Création de la Société de pathologie Lors d’une seconde réunion, tenue le 20 décembre, les statuts et le règlement intérieur sont adoptés et un bureau provisoire exotique et son évolution est nommé avec LAVERAN comme président. La première séance officielle se tient le 22 janvier 1908, sous sa Bene est scire, per causas scire présidence. Dans son allocution d’ouverture, LAVERAN juge BACON (cité par LAVERAN) « nécessaire (…) de jeter un coup d’œil rapide en arrière » et de rappeler les travaux des médecins européens sur les maladies ’idée de fonder une société comme la Société de patholo- exotiques à partir du XVIIIe siècle. Il conclut cette évocation Lgie exotique était dans l’air du temps, comme en témoigne par le constat suivant : « Malgré tous les progrès réalisés dans le la création de la Society of Tropical Medicine and Hygiene et domaine de la pathologie exotique, nous n’avons pas à craindre celle de la Société néerlandaise de médecine tropicale quelques qu’il ne nous reste rien à faire et nous pouvons nous mettre mois auparavant. Outre celui d’acquérir des connaissances, ces au travail avec le légitime espoir d’être utiles ». Un siècle plus sociétés répondaient à un double besoin : celui de se pencher tard, cette constatation est toujours d’actualité ! LAVERAN sur l’ état de santé des populations nouvellement colonisées lit ensuite « l’article Ier de nos statuts (qui) définit le rôle de dans le but de l’améliorer, mais aussi d’utiliser au mieux la notre Société ». Il insiste enfin sur la nécessité du concours de force de travail qu’elles représentaient, et celui de protéger tous les médecins militaires et civils qui exercent « dans nos les militaires, administrateurs et colons envoyés outre-mer colonies » et sur l’importance des « naturalistes » pour aider contre les dangers de l’expatriation dans un milieu réputé par- à résoudre les « questions d’histoire naturelle médicale qui se ticulièrement hostile. Ce n’est pas par hasard que LAVERAN poseront devant la Société » (188). joua un rôle essentiel dans la fondation de la SPE. Le prix Dans le premier numéro du Bulletin, on trouve la constitution Nobel qui lui fut attribué en 1907 renforça le prestige qu’il du Bureau définitif de huit membres, élu au cours de cette avait acquis par sa découverte faite vingt-sept ans auparavant première séance, auquel se joignent quatre conseillers élus et le plaça tout naturellement au centre des contacts et des pour deux ans, rééligibles, pour former le Conseil (qui ne démarches qui devaient aboutir à la création de la Société. portera le nom de Conseil d’administration que plus tard). En outre, LAVERAN travaillait à l’Institut Pasteur, et les LAVERAN est confirmé à la présidence. filiales de l’Institut qui s’ouvraient un peu partout dans le La première partie de la séance se termine par la nomination monde promettaient d’être un vivier pratiquement inépuisable d’une grande commission composée du Bureau, de quatre de membres susceptibles d’apporter à la jeune société dyna- membres du Conseil et de six membres tirés au sort, chargée misme, soutien, informations de première main et expérience de « soumettre dans les prochaines séances les listes des can- de terrain. Laveran enfin, bien que revenu à la vie civile, restait didats au titre de membre titulaire et aux titres de membres un militaire et, comme tel, mieux placé que quiconque pour associés ou correspondants, nationaux ou étrangers qui lui attirer, au sein de la future SPE, les médecins que l’Armée paraîtront les plus dignes de leurs suffrages ». envoyait en poste dans les nouvelles colonies après être passés le plus souvent par l’Institut Pasteur où ils bénéficiaient d’un Tableau I. statut particulier. et de places réservées aux enseignements. Liste des membres fondateurs (au 1er janvier 1909, d’après le tome 2) Cette relation ambiguë et complexe entre médecine militaire, Institut Pasteur et Société de pathologie exotique s’amenuisa Ils étaient en tout 46, dont seulement deux étrangers qui travaillaient à l’Institut Pasteur avec le temps, surtout après la décolonisation, mais ne disparut Membres honoraires (= d’honneur) : véritablement qu’avec le nouveau siècle. E.L. BOUVIER, A. KELSCH, É. METCHNIKOFF, E. PERIER, É. ROUX & VALLIN. Fondée le 22 janvier 1908, déclarée à la Préfecture le 29 jan- Membres titulaires honoraires: L. BERTRAND, COUTEAUD, DELRIEU, Ch. GRALL, JEANSELME, A. KERMORGANT, vier suivant, la Société de pathologie exotique a été reconnue A. LAVERAN, A. LE DENTU, LEMOINE, NIMIER, H. VALLEE, H. VINCENT & P. YVON d’utilité publique par décret du 10 décembre 1962, et comme Membres titulaires : telle habilitée à recueillir dons et legs. ACHALME, A. BILLET, A. BORREL, Ch. DOPTER, F. DUJARDIN-BEAUMETZ, J. ÉMILY, GOUZIEN, GRANJUX, F. HEIM, A. LESAGE, É. MARCHOUX, L. MARTIN, F. MESNIL, E. PINOY, E. RIST, Ed. SERGENT, SIMONIN et TOUSSAINT Constitution de la Société de pathologie exoti- Membres associés français : que – première séance officielle F. BOREL, A. CALMETTE, A. CLARAC, J. DUPUY, A. LE DANTEC, P.L. SIMOND, A. THIROUX & VAILLARD La Société est créée le 15 novembre 1907, au cours d’une Membre associé étranger : réunion présidée par Émile ROUX, directeur de l’Institut A. SALIMBENI. Pasteur. Bull Soc Pathol Exot, 2008, 101, 3, 157-211 157 A. Chippaux & J.-F. Pays La séance se poursuit, comme cela deviendra la coutume pen- Les différentes formes de communications, notes et mémoires, dant de longues années, par la présentation de 15 communica- et les modalités de présentation et de publication sont ensuite tions scientifiques. La première, de Louis MARTIN & Henri soigneusement décrites. DARRÉ, est intitulée Sur les symptômes nerveux du début de Enfin, les règles organisant les différentes élections sont men- la maladie du sommeil. tionnées en détail ainsi que la composition des commissions Toutes seront publiées dans le Bulletin, comme les commu- chargées de dresser les listes de présentation des personnes nications des séances mensuelles suivantes. ayant fait acte de candidature. L’élection du Conseil a lieu à la séance de décembre. Le 1er numéro du Bulletin s’achève par les « Statuts et le Règle- Chaque année, le premier numéro du Bulletin est précédé, ment intérieur ». dans le tome correspondant, de la liste des membres ; à partir de 1940, celle-ci sera remplacée par un annuaire dont quelques Statuts et Règlement intérieur exemplaires sont conservés dans les archives. Les statuts comprennent 18 articles et le règlement, qui les Alphonse LAVERAN donna donc à la Société qu’il fondait complète, 10 paragraphes et des dispositions transitoires. une structure voisine de celle des académies : numerus clausus, La Société est composée de membres titulaires, qui devien- membres répartis en plusieurs catégories minutieusement défi- nent d’office membres titulaires honoraires au bout de neuf nies, règles de publication strictes, communications présentées ans, ainsi que de membres honoraires, que nous appellerons au cours des séances mensuelles publiées avec les débats qui membres d’honneur pour éviter toute confusion, de mem- leur faisaient suite, procès-verbal des séances ; président élu bres associés et de membres correspondants. Les critères qui pour un seul mandat non renouvelable, secrétaires généraux déterminent l’appartenance d’un membre à telle ou telle caté- ayant souvent un mandat plus long que celui du président… gorie ne sont pas précisés, mais certains éléments indiquent Cette structure ne changea pas jusqu’à la modification des qu’il existe une hiérarchie et que certaines prérogatives sont statuts, d’ailleurs modeste, effectuée en 1932. réservées aux membres titulaires et aux membres d’honneur. D’autre part, le lieu de résidence est pris en compte, car l’as- Évolution de la SPE sistance aux séances mensuelles est obligatoire pour les mem- e bres titulaires qui doivent signer une feuille de présence. Le Jusqu’à la fin du XX siècle, les séances mensuelles se tenaient, règlement fixe pour chaque catégorie de membre un numerus comme le voulaient les statuts, l’après-midi du deuxième clausus qui évoluera avec les effectifs de la Société : 20 mem- mercredi, sauf pendant l’été. Les membres participant à la bres d’honneur, 40 titulaires, 40 associés (dont 20 Français), 50 séance présentaient une communication ou un mémoire, selon correspondants étrangers et 100 correspondants français. l’importance du sujet. Un débat auquel participait toute l’as- Le Président est nommé pour quatre ans et n’est pas immé- semblée suivait l’exposé. Les communications présentées par diatement rééligible. Les deux secrétaires généraux sont éga- des membres éloignés étaient lues et commentées de la même lement élus pour quatre ans mais, eux, peuvent être réélus ; façon. Des ouvrages et des pièces adressés par des membres travaillant sur le terrain pouvaient être présentées. Le pré- les autres « fonctionnaires » du Bureau le sont pour deux ans sident pouvait lire des messages ou des informations qu’il et sont également rééligibles. Les deux secrétaires « ordinai- jugeait susceptibles d’intéresser l’assemblée. Jusqu’en 1963, res » qui complètent le Bureau porteront plus tard le nom de des élections pouvaient avoir lieu : adhésion de nouveaux secrétaires des séances qui définit mieux leur fonction, somme membres, désignation de membres du Conseil ou de Com- toute assez limitée, avant qu’ils ne disparaissent. missions affectées à des problèmes particuliers. C’est le Bureau qui propose les membres du Conseil qui Les séances étaient souvent inaugurées par une conférence, seront élus au cours de la séance de décembre. délivrée par un invité étranger éminent de passage ou un mem- Chaque année, un « Comité de contrôle » de trois membres, bre français de grande notoriété. désigné par le Conseil, examine les comptes et les « catalo- gues » (c’est-à-dire les registres) tenus par le trésorier-archi- Les deux secrétaires de séances tenaient un registre et veillaient viste.