2011

Salon International du Transport et de la Logistique 8, 9 et 10 mars 2011

Conjoncture Organisé par www.cfcim.org Mensuel des décideurs - Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc Février 2011

A CTUS CFCIM E CHOS MAROC JURIDIQUE Inscrivez-vous aux Analyse Coface Lutter contre Commissions 2011 du risque-pays le secteur informel L’invité de Conjoncture

D OSSIER Logistique, Un secteur en chantier Pascal Boniface

L’actualité écono- mique vue par le service économique de l’Ambassade de France

Cahier central Nouveaux adhérents Vos infos pratiques r e l u e T

923 : NUMERO ème o 50 A NNÉE t o h p

t i

d Dispensé de timbrage é r Crédit photo : Teuler C Crédit photo :

Source : CFCIM : Source Autorisation n° 956

La garantie du mouvement

Quelle rentrée ! A l’international comme dans notre région ou au Maroc Joël Sibrac même, l’année 2011 a débuté en trombe ! Président Préparation de la présidence française du G8 et du G20 ; visite aux Etats-Unis du Président chinois – au cours de laquelle le pragmatisme économique l’a emporté sur le dogmatisme politique ; statu quo en Côte d’Ivoire, bascule- ment politique de la Tunisie. Voila quatre des nombreux événements interna- tionaux que l’on pourrait retenir.

Et chez nous, on doit garder en mémoire la Loi de fi nances 2011 qui donne le C’est pour toutes tempo (avec notamment le développement des efforts d’investissement de l’Etat), la Vision 2020 de la CGEM, la notation du Risque Pays Maroc par la ces raisons que le Ma- Coface. roc est aujourd’hui un Cette note A4 est, il faut le dire, une très bonne note même si l’analyse de la Coface met en exergue certaines fragilités actuelles de notre situation : dé- pays dans lequel il n’y pendance économique vis-à-vis du secteur agricole, productivité et compéti- a nulle inertie. Un pays tivité à améliorer, pauvreté et chômage, vulnérabilité du tourisme aux événe- ments exogènes. en mouvement ! Mais pour moi, tous les points forts identifi és sont tellement plus solides : ressources naturelles, position géostratégique et taille du marché, politique macro-économique, stabilité politique et stratégie industrielle. Mais aussi, il y manque pour moi un élément crucial : la méthode mise en œuvre depuis plus de dix ans maintenant par les autorités du Royaume pour aborder et traiter les défi s à relever.

Et c’est un remarquable gage de progrès. L’approche est similaire à chaque fois : constat, analyse, mise en valeur des forces, travail en profondeur sur les faiblesses, détermination des objectifs, feuille de routes, évaluation et reposi- tionnement. C’est la Vision 2020 pour le tourisme, le plan pour l’Emergence industrielle, les plans Maroc Vert ou Halieutis. Et l’INDH pour le volet social ! Peut-être LE chantier du Royaume. Sans oublier les grandes réformes sociales : retraites, santé, droit de la femme.

C’est pour toutes ces raisons que le Maroc est aujourd’hui un pays dans lequel il n’y a nulle inertie. Un pays en mouvement ! Une garantie de développement et de partage d’un véritable projet sociétal. Editorial Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 3

Editorial 3 CEFOR entreprises Sommaire Actus cfcim 6 2011

Salon International • Inscrivez-vous aux Commissions 2011 de la CFCIM 6 du Transport et de la Logistique 8, 9 et 10 mars 2011

Conjoncture Organisé par www.cfcim.org Mensuel des décideurs - Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc Février 2011 Echos Maroc 8 A CTUS CFCIM E CHOS MAROC JURIDIQUE Inscrivez-vous aux Analyse Coface Lutter contre Commissions 2011 du risque-pays le secteur informel L’invité de Conjoncture • Analyse Coface du risque-pays 2011 8

D OSSIER Logistique, Echos Med 11 Un secteur en chantier Pascal Boniface • Le système ICS se met en place 11

L’actualité écono- mique vue par le service économique de l’Ambassade de France CEFOR entreprises Service Economique de l’Ambassade de France 12 Cahier central Nouveaux adhérents Vos infos pratiques • L’économie en mouvement 12 x x x x x x x x

• Secteur à l’affi che

923 : 13 NUMERO ème o 50 A NNÉE t o h p

t i

d Dispensé de timbrage é r Crédit photo : xxxxxxxx C Crédit photo : Source : CFCIM : Source Autorisation n° 956 • Les relations France-Maroc 13 Conjoncture est édité par • Affaires à suivre 13

L’invité de Conjoncture 14 • Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations Internationales 14 et Stratégiques (IRIS)

15, avenue Mers Sultan Dossier : Logistique, un secteur en chantier 17 20 130 Casablanca Tél. LG : (+212)05 22 20 90 90 • Logistique, un secteur en chantier 17 Fax : (+212)05 22 20 01 30 • Interview de Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et des Transports 19 E-mail : [email protected] • Objectif : gagner en compétitivité 20 Site Web : www.cfcim.org • D’importants obstacles à surmonter 25 Directeur de la publication • Interview de Mustapha El Khayat, président de l’AMLOG 27 Joël Sibrac

Rédacteur en chef Dominique Brunin Immobilier 26 Comité de rédaction • Immobilier de bureau demain à Casablanca : 26 Président : Serge Mak chronique d’une mise aux normes annoncée Journaliste/secrétaire de rédaction : Christophe Guguen Ont participé à ce numéro : Dominique Bocquet, Laurence Jacquot, Anne-Sophie Juridique Colly, Youssef Aït Lahcen, Omar Radi, 28 Franck Dautria, Mohammed Kabbaj, Sia • Lutter contre l’informel 28 Conseil Maroc et les collaborateurs de la CFCIM.

Photos et illustrations : CFCIM, Teuler, Finance 31 Studio Najibi, www.pixmac.ma, IRIS, AMLOG. • Produits alternatifs : bientôt des banques islamiques ? 31 • Plans d’épargne en actions : c’est parti 31 Publicité Mariam Bakkali Tél.: 05 22 93 11 95 - 05 22 93 81 28 GSM : 06 61 71 10 80 Management 32 [email protected] • DRH : une petite révolution budgétaire 32 Anne-Marie Jacquin Tél.: 05 22 30 35 17 - GSM : 06 61 45 11 04 • Animer une équipe commerciale : secrets de(s) Chefs 33 [email protected] • Infrastructures sociétales : les entreprises mettent la main à la pâte… 34 et à la poche Mise en page : X-Graphics Impression : Direct Print (Procédé CTP) ISSN : 28 510 164 NTIC 36 Ce numéro a été tiré à 12 000 exemplaires. • Téléphonie : bataille à venir sur le contenu ? 36 CEFOR entreprises

ACTUS CFCIM CEFOR entreprises

Lancement de la 3e promotion de l’Executive MBA Agenda Le lancement de la 3e promotion de l’Executive MBA de l’ESC Toulouse a eu lieu le 15 Janvier dernier avec 30 participants. Cette formation de très haut • Jeudi 24 février 2011 niveau a été lancée la première fois il y a deux ans au campus de la CFCIM. Les candidatures sont de plus en plus nombreuses, ce qui permet de sélectionner Forum adhérents CFCIM des groupes de très haut niveau et de constituer par la suite un réseau inté- Omar Faraj, Directeur des Do- ressant. Lors de cet événement étaient présents Dominique Brunin, Directeur maines de l’Etat, animera un fo- Général de la CFCIM, Laurence Rajat Directrice de l’Enseignement et la Forma- rum adhérents sur le thème : tion ainsi que Jacques Digout Directeur de l’ESC Toulouse à Casablanca. « L’investissement, le foncier et les domaines de l’Etat : comment y ac- céder, quelles évolutions ? » Remise des diplômes de l’ESC Toulouse

18h30 au siège de la CFCIM La remise des diplômes de l’ESC Toulouse est prévue cette année le 12 mars au Campus de la CFCIM. Seront • Jeudi 10 mars 2011 attendus de nombreuses personnalités et partenaires de la CFCIM et de l’ESC Toulouse. Cette cérémonie aura Forum adhérents CFCIM la particularité d’accueillir la toute première promo- Zouhair Chorfi , Directeur Général tion de l’Executive MBA de l’ESC Toulouse. CEFOR entreprises de l’Administration des Douanes et Impôts Indirects, animera un forum adhérents sur le thème : Nouvelle Directrice du Pôle Enseignement et Formation « Quelle politique douanière pour la croissance des entreprises avec Laurence Rajat a pris ses fonctions le 3 janvier 2011 à la tête du Pôle Enseigne- l’ouverture accrue de l’économie ment et Formation de la CFCIM, sur le campus d’Aïn Sebaâ. Elle est notam- marocaine ? » ment en charge de l’Ecole Française des Affaires (EFA), du Centre de formation 18h30 au siège de la CFCIM (CEFOR entreprises) et des programmes développés en partenariat avec l’ESC Toulouse.

Contact : CEFOR entreprises Sophie Compere Contact : [email protected] Laurence Rajat [email protected] Publications 2011 Trois ouvrages actualisés de la CFCIM sont disponibles depuis le 1er janvier 2011

S’implanter au Maroc Ce guide vise à mettre en exergue l’environnement économique, l’environnementonnement des affaires et les modalités juridiques et règlementaires qui permettronttront aux investisseurs de préparer effi cacement leur projet d’implantation au MMaroc.aroc. ÉDITION 2011 - 2012

L’essentiel d’un marché Ce guide fournit les éléments clés permettant notamment aux entrepreneursneurs français d’appréhender le marché marocain et de comprendre ses pratiquesques commerciales.

Investissements et investisseurs français au Maroc Cet ouvrage présente l’environnement économique du Maroc ett MAROC analyse les relations franco-marocaines. Il répertorie également les Sous la direction de Dire cteur général> de Dominique BRUNIN, de comme la rce et Chambre coordonnées de 740 sociétés à capitaux français ou détenues par des d’ indu franç strie a du Maroise personnes physiques françaises. c

Contact : Charafa Chebani [email protected]

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 6 ACTUS CFCIM

Commissions 2011 de la CFCIM : inscrivez-vous !

En ce début d’année 2011, nous invitons nos adhérents à s’inscrire aux Commissions de la CFCIM, véritables outils de réfl exion et forces de proposition. Le travail en Com- missions reste le moteur de la vie de la Chambre. Participez donc à cette dynamique et orientez l’activité de la Chambre au profi t de vos entreprises ! Toute l’équipe de la CFCIM sera heureuse de vous accueillir et vous remercie de bien vouloir faire acte de candidature en mentionnant vos choix de Commissions.

Contact : Régine Magrin [email protected]

Appui aux entreprises Développement des services, marketing Economique et fi nancière et veille concurrentielle • Etudes et réfl exions sur les leviers de • Etude de l’évolution économique compétitivité, sur les diffi cultés rencon- • Veille sur les prestations de développe- générale et sectorielle, veille écono- trées par les entreprises au quotidien et ment aux entreprises mique, intelligence économique propositions de solutions à soumettre • Développement des prestations de la • Enquêtes de conjoncture au Bureau CFCIM • Mise en place de sous-commissions • Enquête sur les freins à l’investisse- • Démarche marketing et communica- sectorielles ment tion • Déclinaison régionale et européenne • Poursuite des travaux avec les • Déclinaison régionale des thématiques des thématiques Douanes, relatifs à la démarche export • Déclinaison régionale et européenne des thématiques Juridique, fi scale et sociale Régionalisation

• Veille économique régionale Enseignement, formation et ressources • Suivi de l’évolution des réglementa- tions humaines • Propositions de développement des • Travaux de CCI International et de l’IFA actions régionales Maroc • Réfl exion sur le développement et • Relations avec les autorités locales et les activités de formation continue ou • Actualisation des publications juri- suivi des partenariats de coopération initiale de la CFCIM diques et économiques • Veille concurrentielle • Suivi de l’environnement législatif Gouvernance et éthique d’entreprise • Employabilité et ressources humaines • Etude de l’évolution de la législation so- • Formation continue et développement ciale et de son impact sur les entreprises • Réfl exion sur les évolutions en des compétences • Evolution du service de médiation matière de gouvernance et d’étique • Déclinaison régionale des thématiques • Déclinaison régionale des thématiques d’entreprise

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 7 E CHOS MAROC Analyse Coface du risque-pays 2011 Coface maintient la note A4 pour le Maroc : la probabilité moyenne d’un défaut de paiement reste « acceptable » et l’environnement des affaires demeure « convenable ».

Une activité toujours dépendante du secteur agricole et de l’Union euro- Points forts Points faibles péenne L’économie marocaine a fait preuve • Ressources naturelles, vaste po- • Économie encore très dépendante d’une très bonne résistance à la crise tentiel touristique, proximité du du secteur agricole. mondiale en 2009, et, en 2010, sa crois- marché européen sance a été principalement portée par la • Productivité et compétitivité insuf- demande interne, avec une reprise des • Position géographique et taille du fi santes, cette dernière en partie éro- activités non-agricoles. Cette tendance marché en font une base idéale pour dée par l’ancrage de la monnaie à un devrait se poursuivre en 2011, marquée l’implantation d’industries. panier de devises. par la vigueur du secteur secondaire. De nombreux secteurs devraient en bénéfi - • Stratégie de montée en gamme et • Pauvreté et chômage (des jeunes cier, notamment l’énergie, l’automobile de diversifi cation de la production, en particulier), sources de tensions ou encore le bâtiment, sous l’impulsion avec des secteurs prioritaires (auto- sociales. du développement du logement so- mobile, aéronautique, électronique, cial par le gouvernement, alors que la chimie, mais aussi textile/cuir et • Vulnérabilité de l’activité touris- production céréalière serait en légère agro-alimentaire). tique à d’éventuelles actions terro- baisse. La contribution déterminante ristes. de la demande interne explique, pour • Politique de stabilité macro-éco- partie, que la croissance doive rester nomique poursuivie par les autorités. soutenue au Maroc, en dépit d’une dé- des comptes extérieurs et du fait qu’il ne pendance envers l’Union Européenne • Stabilité politique du royaume doive être qu’en partie couvert par les (UE) où celle-ci restera molle. L’écono- chérifi en. fl ux d’investissements directs étrangers. mie demeure, néanmoins, également Ces investissements, provenant princi- palement de l’UE ou du Moyen-Orient, Coface Services Maghreb développe tributaire des performances du secteur s’insèrent le plus souvent dans le cadre tous les services de Coface au Maroc, agricole et donc des aléas climatiques, de partenariat publics-privés dans le au Maghreb, en Afrique Centrale et malgré une diversifi cation accrue dans cas des infrastructures routières, ferro- de l’Ouest. Notre mission : faciliter des secteurs à plus haute valeur ajou- viaires, portuaires ou touristiques. Par les échanges entre toutes les entre- tée. ailleurs, avec un régime de change ad- prises partout dans le monde. Pour la Des fi nances publiques assainies, ministré et un niveau de réserves confor- mener à bien, nous offrons à 130 000 un endettement extérieur modéré table, le pays dispose d’une capacité de clients quatre outils pour externaliser L’assainissement des fi nances pu- résistance satisfaisante à un retrait bru- en tout ou partie la gestion, le fi nan- bliques ces dernières années et l’endet- tal de capitaux. De plus, le système ban- cement et la protection de leur poste tement public modéré, essentiellement caire est le plus développé d’Afrique (en clients : domestique, qui en a résulté ont permis dehors de l’Afrique du Sud), il demeure • L’assurance-crédit (avec notre par- la poursuite d’une politique budgétaire bien capitalisé, liquide et rentable, et tenaire AXA au Maroc) contracyclique en 2010, l’année 2011 de- l’amélioration de la réglementation • Les services aux banques et aux fac- vant marquer le retour à une certaine macro prudentielle progresse. tors rigueur. De plus, les réformes en cours • La notation et l’information d’en- ont pour but de réduire durablement Stabilité politique, mais défi s sociaux treprise le défi cit budgétaire et la dette pu- Au plan extérieur, les relations restent • La gestion de créances blique. Une grande partie de la dette tendues avec l’Algérie, à cause du pro- extérieure, essentiellement publique et blème du Sahara marocain et, dans une La CFCIM et Coface Services Maghreb dont le poids est raisonnable, est due à moindre mesure, avec l’Espagne, en ont signé en janvier 2011 un partena- des conditions concessionnelles, ce qui raison des enclaves de Ceuta et Melilla. riat d’appui mutuel. constitue un avantage certain. La capa- En interne, la stabilité politique semble cité du pays à faire face à ses engage- garantie, malgré des tensions sociales, Coface Services Maghreb ments extérieurs semble donc assurée, en raison de la popularité du Roi Mo- Jean-Marc Pons quelques soient les chocs défavorables hammed VI. Enfi n, des progrès ont été Directeur Général que pourrait subir l’économie. Le pays réalisés en matière d’environnement 05 22 98 98 93 est peu dépendant de fi nancements vo- des affaires, bien que des améliorations latils, en dépit de l’importance du défi cit restent nécessaires.

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 8

ECHOS MED Le système ICS se met en place L’amendement « sûreté-sécurité » du Code des douanes communautaires est mis en œuvre depuis le 1er janvier 2011.

Les nouvelles procédures d’exportation vers l’Union européenne (UE) sont en- trées en vigueur le 1er janvier dernier. Les transporteurs doivent désormais en- voyer une déclaration sommaire d’en- trée (ENS) par voie électronique avant que la marchandise n’arrive sur le ter- ritoire douanier européen. Les Douanes nationales du premier point d’entrée dans l’UE, qui reçoivent l’ENS, effec- tuent une analyse des risques sûreté- sécurité à partir de cette déclaration et ment ne pas avoir suffi samment d’in- blanca le 10 février, Agadir le 11 février). en communiquent les résultats à leurs formations et de visibilité concernant Afi n de pallier au retard enregistré dans homologues européens. certains aspects techniques de la pro- le déploiement des nouveaux systèmes cédure. A la demande du ministère ma- d’information, l’UE a décidé d’assouplir Période de rodage rocain du Commerce Extérieur, deux pour une durée de deux mois le dispo- Ce nouveau système de contrôle (Import responsables de la Direction générale sitif pour les opérateurs qui ne peuvent Control System, ICS), qui doit permettre des douanes françaises et de la Com- envoyer l’ENS par voie électronique. Ce d’harmoniser le système douanier eu- mission européenne viendront donc délai ne concerne pas l’analyse sûreté- ropéen - et ainsi de mieux contrôler au Maroc pour informer les opérateurs sécurité, qui reste obligatoire depuis le les marchandises entrant dans l’UE - a marocains (Tanger le 9 février, Casa- 1er janvier. connu quelques retards dans sa mise en œuvre. En cause, une nécessaire période La procédure ICS, étape par étape de rodage et d’adaptation, autant pour 1- S’enregistrer auprès des services douaniers du pays européen destinataire de les services douaniers européens que l’ENS afi n de recevoir le code d’identifi cation EORI. pour les transporteurs. Ces derniers ont pris du retard pour demander aux Etats 2- Remplir la déclaration sommaire d’entrée (ENS) avant de faire partir la mar- membres de l’UE leur code d’identifi ca- chandise et l’envoyer par voie électronique aux services douaniers du premier tion EORI (Economic Operator Registra- point d’entrée dans l’UE. Les délais d’envoi de l’ENS varient en fonction du mode tion and Identifi cation), indispensable de transport utilisé : avant de remplir la nouvelle déclaration • 24h avant le chargement pour les conteneurs de longue distance sommaire d’entrée. Compte tenu des • 4h avant l’arrivée au premier port européen pour les cargaisons vrac ou frac- échanges du Maroc avec l’UE, le princi- tionnées pal point d’entrée est Algésiras en Es- • 2h pour le transport maritime courte distance et le transport combiné ca- pagne. En conséquence, l’essentiel des mion/ferry immatriculations EORI pour les opéra- • Au moment du décollage pour les vols court courrier teurs marocains devrait être réalisée • 4h avant l’arrivée au premier aéroport européen pour les vols long courrier par les douanes espagnoles. • 1h avant l’arrivée au bureau de douane d’entrée pour le transport routier En outre, les échanges de données in- formatiques (EDI), qui constituent le 3- Dès réception de l’ENS, les services douaniers nationaux du point d’entrée cœur du nouveau système, impliquent attribuent un code MRN au transporteur et effectuent une analyse sureté-sé- le développement de nouvelles plates- curité sur l’ENS. Les résultats, envoyés aux services douaniers des autres Etats formes de systèmes d’information. Au membres, déterminent le niveau de risque : Maroc, la dématérialisation des docu- • Risque A : interdiction de charger ments et la création d’un guichet unique • Risque B : contrôle au point d’entrée pour les exportations sont en cours de • Risque C : contrôle au point de déchargement mise en œuvre. Ce projet, baptisé Port- Net et piloté par l’Agence nationale des 4- A l’arrivée de la marchandise au premier point d’entrée, le transporteur doit Ports (ANP), devrait démarrer au port de transmettre par voie électronique une notifi cation d’arrivée afi n de valider le Casablanca au premier semestre 2011. processus ICS (uniquement pour les navires et avions). Réunion d’information 5- Le bureau de douane du point d’entrée informe le transporteur par voie élec- Certains opérateurs marocains, notam- tronique des contrôles liés aux résultats de l’analyse de risque (risques B ou C). ment les transporteurs routiers, esti-

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 11

L’actualité économique vue par le service économique de l’Ambassade de France

L’économie en mouvement Un chiffre mis en perspective Les crédits bancaires accordés aux entreprises en hausse de 16,2 % à fi n novembre 2010 A fi n novembre 2010, l’ensemble des crédits bancaires a augmenté de 9,9 % sur un an, pour atteindre 623,6 milliards de MAD.

Les crédits accordés aux entreprises, qui représentent près de la moitié de ce Mot du Chef du Service total, ont, pour leur part, progressé à un rythme beaucoup plus soutenu : avec économique au Maroc un montant de 293,5 milliards de MAD à fi n novembre 2010, leur hausse at- teint +16,2 %. « Accord d’avenir », ainsi peut-on à divers titres, qualifi er la convention La bonne tenue des crédits octroyés aux entreprises refl ète la reprise des ac- dite « de partenariat industriel » tivités économiques non agricoles dont le taux de croissance pour 2010 est signée à Agadir le 6 janvier, entre estimé à 5 %. Alstom et les autorités marocaines, en présence du Souverain.

D’abord cet accord accompagne des projets… d’avenir pour lesquels Fiche express : Alstom est fournisseur et pres- tataire du Royaume : TGV, Tram- Réglementation des changes, les assouplissements way…. Ensuite, le groupe français reconnaît que la place qui lui est L’Offi ce des changes facilite les opérations fi nancières des entreprises avec faite dans ces grands marchés l’étranger : publics appelle une participation particulière au développement du • les investissements marocains à l’étranger peuvent désormais atteindre Maroc. Telle est la raison d’être de 100 millions de MAD (par entreprise et par an) en Afrique et 50 millions de l’accord industriel. Il a été demandé MAD dans les autres continents (au lieu de 30 millions de MAD précédem- par les autorités (notion de « com- ment) ; pensation industrielle » ou « off- • les exportateurs sont autorisés à inscrire jusqu’à 70 % (au lieu de 50 %) set ») et conjointement négocié. de leurs recettes d’exportation dans des comptes en devises ou en dirhams convertibles. Ces comptes peuvent être rémunérés ; Les négociateurs ont fait montre • l’ensemble des exportateurs de biens peuvent désormais accorder des ré- d’imagination. Comme on peut le ductions de prix à leurs clients à l’étranger (jusqu’ici cette mesure concernait voir dans l’article ci-contre, il com- uniquement les opérateurs du textile et de l’habillement), ce à hauteur de 5 % prend plusieurs volets : créations du montant facturé (au lieu de 3 %) ; d’emplois et d’activités dans l’op- • les petites et moyennes entreprises voient leur dotation de voyages d’af- tique du Plan émergence, mais faires relevée de 60 000 MAD à 10 % de leur chiffre d’affaires, dans la limite également transferts de compé- de 200 000 MAD/an. Pour les professions libérales, les dotations passent de tences et contributions à la forma- 30 000 MAD à 60 000 MAD/an. tion. On notera également que : Ceci illustre une fois de plus la fé- condité de la relation franco-ma- • les sociétés étrangères peuvent faire participer les salariés de leur fi liale au rocaine : l’écoute et la confi ance Maroc à leurs « plans d’actionnariat salariés », pour un montant équivalent à mutuelle, d’une part, l’engage- 10 % du salaire annuel net ; ment durable des responsables po- • il est désormais possible d’effectuer des achats sur le web à l’aide d’une litiques et des chefs d’entreprises, carte de crédit internationale spécifi que émise par une banque marocaine des deux côtés, permettent d’inno- (la dotation est fi xée à 10 000 MAD par personne et par an) ; ver. Chaque pas en avant débouche • la dotation touristique passe de 20 000 MAD à 40 000 MAD par personne sur de nouvelles possibilités… et par an, dans la limite de 20 000 MAD par voyage.

Dominique BOCQUET

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 12

Les relations France-Maroc Affaires à suivre Evénement à retenir Khalid Safi r, le nouveau Secrétaire Alstom signe avec le Maroc une général du Ministère des Finances, Convention de Partenariat Industriel est un polytechnicien qui connait bien l’administration française pour L’accord a été signé le 6 janvier à Agadir, en présence avoir collaboré, dans le cadre de ses du Roi Mohamed VI, par les ministres des Transports et précédentes fonctions à la Tréso- de l’Industrie & du Commerce, MM. Ghellab et Chami, rerie générale du Royaume, à des d’une part, et le PDG d’Alstom, M. Kron, de l’autre. Por- projets de coopération bilatérale tant principalement sur le développement d’une fi lière

Crédit photo : ministère de l’Industrie, du Commerce et du Commerce de l’Industrie, ministère Crédit photo : des Nouvelles technologies TGV : après la signature du contrat ferroviaire au Maroc, il formalise cinq engagements de fourniture des rames en dé- d’Alstom sur la période 2010-2020 : Ahmed Réda Chami, ministre de l’Industrie, du Commerce et des cembre, les premiers appels d’offres 1. Création d’une structure d’achat auprès de fournis- nouvelles Technologies pour les équipements ferroviaires et seurs marocains (tôles, fonderies, armoires électriques, le génie civil seront lancés dans les convertisseurs, équipement intérieur du matériel roulant, etc.) ; semaines à venir En partenariat avec l’Allemagne (partenaire junior), 2. Installation du site de support informatique par téléphone pour toutes les activi- la France vient de remporter le ju- tés francophones d’Alstom ; melage visant à appuyer la mise en 3. Investissement dans une joint-venture de production (armoires électriques, câ- place de la future agence marocaine blages ferroviaires) démarrant en 2012 pour les besoins d’Alstom et pour d’autres pour le développement des éner- clients ; gies renouvelables et de l’effi cacité énergétique (ADEREE). Ce jumelage 4. Transferts de compétence garantis dans les éventuels contrats de maintenance est fi nancé par l’Union européenne ferroviaire à venir ; Méditel vient de lancer un em- 5. Soutien à la formation des employés et étudiants marocains au travers d’accords prunt obligataire pour un montant avec les Universités et les Ecoles d’ingénieurs (bourses, stages, plans de formation). de 1,2 Md MAD afi n de fi nancer une Alstom contribuera aussi à la création d’un Institut de formation aux métiers du partie de ses investissements à court ferroviaires (IMFF). terme. Cette opération suit de près la récente acquisition par France Te- Les activités correspondantes pourraient représenter jusqu’à 800 M de montant lecom de 40% du capital du second d’affaires annuel en 2020 et la création – selon la presse - de 5 000 emplois. opérateur télécoms (investissement Cet accord s’inscrit dans le Pacte National 2009-2015 pour l’émergence de l’indus- de 640 M ) Staréo : la fi liale trie marocaine et vise aussi à accroître la compétitivité d’Alstom sur des marchés française, gestionnaire du réseau en pays tiers. de bus de Rabat, vient offi cielle- ment de lancer son nouveau réseau de transport urbain. Au troisième trimestre 2011, est prévue l’intégra- tion optimisée du réseau de bus et Secteur à l’affi che de celui du Tramway Centrale Fiche express : La SONARGES, au service du développement de Ouarzazate : la première phase aura recours à des procédés ther- des infrastructures sportives du Maroc miques par concentration cylindro- La SONARGES (Société Nationale de Réalisation et de Gestion des Stades) a pour parabolique. Quatre consortiums mission : la supervision de la réalisation, la gestion et l’exploitation durable et ren- ont été présélectionnés : Abeinsa table des infrastructures sportives du Ministère de la jeunesse et des sports, notam- ICI, Abengoa Solar, Mitsui, Abu ment les grands stades (Marrakech, inauguré le 5 janvier dernier, Tanger et Agadir Dhabi NEC / ENEL et ACS SCE / In- en cours de réalisation) ainsi que le futur grand stade de Casablanca. Un programme ternational Company for Water and de mise à niveau des stades de Rabat, Fès et Oujda a également été élaboré. Power, Aries IS, TSK EE / Orascom Afi n d’optimiser la gestion de ces infrastructures, la SONARGES a élaboré une offre CI, Solar Millenium et Evonik Steag. commerciale pour l’organisation d’événements tant culturels que commerciaux. Les brillants résultats de l’Offi ce chérifi en des phosphates confortent Pour l’aider dans la gestion de ces nouveaux stades multifonctionnels, la Société a la stratégie du Président, Mostafa fait appel aux consultants de l’Amsterdam Arena, qui proposent différents savoir- Terrab, qui avait imposé la retenue faire : développement de stades et de concept d’événement, formation, etc. dans les exportations quand le prix Le Maroc est candidat à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2015 ou des phosphates était trop bas 2017. Les nouveaux stades renforceront son dossier. L’Offi ce européen des Brevets (OEB) et le Maroc ont signé un accord sur Prochaines inaugurations prévues : le stade de Tanger en mars 2011 et celui d’Agadir la validation des brevets européens fi n 2011. dans le Royaume. Ainsi, un brevet européen pourra prendre effet au Maroc.

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 13 L’ INVITE DE CONJONCTURE ‘‘ L’Occident face à la montée en puissance des pays émergents ‘‘ Ce mois-ci, Conjoncture reçoit Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Montée en puissance des pays émergents, présidence française du G20, événements en Tunisie : Pascal Boniface nous livre son analyse des perspectives mondiales 2011.

Conjoncture : Quels sont selon vous émergent – dont le Maroc – et qu’on Les Occidentaux ont-ils bien pris la me- les événements marquants de l’année ne saurait limiter aux seuls BRIC. Cette sure de cette montée en puissance des 2010 ? tendance là est lourde mais on ne pays émergents ? Pascal Boniface : Si on devait retenir peut pas la dater, c’est une tendance Il y a dans le monde occidental des ex- quelque chose de 2010 ce serait d’abord structurelle qui joue sur la « période perts et des responsables politiques qui le tremblement de terre à Haïti, qui longue » comme aurait dit Fernand n’ont pas encore pris la mesure de cette a fait près de 300 000 morts et qui a Braudel. tendance, car il n’y a pas un « avant » et montré que tous les pays n’étaient pas un « après ». Cette tendance lourde, qui égaux devant les catastrophes dites Pourquoi alors une telle classifi cation agite le monde depuis déjà plusieurs naturelles, vu que peu après, le Chili a BRIC ? années, fait que le monde occidental a connu un tremblement de terre d’une Il faut se rappeler que cette catégorie perdu le monopole de la puissance, qu’il ampleur relativement comparable de BRIC a été inventée par la banque détenait depuis cinq siècles. Ceci sus- mais avec un nombre de morts nette- américaine Goldman Sachs en 2001, cite de nombreux débats. Certains en ment moins important. Ce tremble- peu après les attentats du 11 sep- ont peur, et d’autres se disent qu’il faut ment de terre à mis en relief un clivage tembre, parce qu’elle cherchait un accepter ces nouveaux défi s et qu’il est entre les pays les moins avancés, qui peu à rassurer les investisseurs. Elle a normal de faire de la place aux autres. sont soumis à toutes les misères, et les inventé une catégorie qui concernait pays qui émergent, qui se développent. les pays à fort potentiel de croissance On a vu fi n 2010 une polémique autour On parlait auparavant d’un clivage avec un fort bassin démographique. de la remise du prix Nobel de la Paix à nord-sud, maintenant le clivage se fait C’est une création artifi cielle. D’autres un dissident chinois, mais aussi en Rus- entre les pays défaillants et les pays pays peuvent s’y mêler. On parle de sie avec le procès Khodorovski… émergents. A côté de ce tremblement l’Afrique du sud, du Mexique, dont le Ca fait longtemps que ni la Russie, ni la de terre à Haïti, il y a le développement potentiel de développement est ex- Chine n’acceptent les leçons de morale de la Chine, le fait que ce pays devrait trêmement fort. Je préfère donc par- que leur donnent les puissances occi- bientôt dépasser le Japon pour devenir ler de pays émergents que de BRIC. dentales. Donc ceci n’est pas nouveau, la seconde puissance mondiale. Nous avons donc un événement dramatique mais illustratif (Haïti) et une tendance structurelle lourde (Chine).

2011 sera-t-elle une année-clé pour les pays BRIC ? Non, parce qu’on est dans des ten- dances. Il y a des tendances structu- relles lourdes mais qui ne se traduisent pas par une date-clé. La montée en puissance des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), n’est d’ailleurs pas, se- lon moi, une véritable théorie. On ne peut pas mettre ces pays sur le même plan alors qu’ils ont des ambitions, des atouts et des faiblesses de nature diffé- rente. Les pays BRIC en tant que tels ne forment pas une catégorie homogène. Par ailleurs, les pays émergents sont bien plus nombreux que les BRIC. Il y IRIS Crédit photo : a vraiment toute une série de pays qui Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 14 L’ INVITE DE CONJONCTURE

fi nalement. Il faudrait peut être que L’actualité de ce début d’année, c’est lation. Et je ne pense pas qu’il puisse y les Occidentaux changent leur langage bien sûr la Tunisie. Comment analy- avoir un retour en arrière. Les gouver- et fassent peut être plus attention à la sez-vous ce qui s’est passé ? nements ont essuyé un sérieux revers cohérence de leurs propos. Les pays de C’est le double effet à la fois de la réus- avec l’affaire Wikileaks, qui a gêné leur l’OCDE détenaient 60 % du PIB mondial site et de l’échec du pays. Il y a eu un diplomatie offi cielle. Bien sûr, la trans- il y a quelque temps. Ca a changé. développement économique en Tuni- parence totale a un aspect totalitaire sie très fort, la constitution des classes – si chacun sait tout sur tout le monde, L’économie mondiale sort de la crise. La moyennes et l’éducation de la popula- il n’y a plus d’espaces de libertés et il France, qui assure la présidence du G20 tion. Simplement, quand vous avez un faut avoir une vraie réfl exion là-des- et du G8, a des objectifs ambitieux… niveau élevé d’éducation, que l’éco- sus. Mais que les citoyens s’informent Des ambitions très élevées, oui, vu qu’il nomie ralentit un peu et que les iné- d’eux-mêmes, choisissent eux-mêmes s’agit de mettre en place une gouver- galités sociales deviennent criantes, leurs moyens d’information et échan- nance économique internationale sur la jeunesse éduquée ne le supporte gent les informations via internet, laquelle on bute depuis très longtemps pas. Le cocktail explosif « jeunesse c’est quelque chose vers lequel on ne et dont l’absence est l’une des causes éduquée – inégalités sociales » dé- pourra plus revenir. majeures de la crise qui s’est déclen- bouche sur la situation à laquelle on chée en 2008. L’idée assiste aujourd’hui Propos recueillis par Christophe Guguen du président Sarkozy Une fois que la en Tunisie. On ne sait [email protected] est de dire que les me- pas quelle sera l’issue sures d’urgence prises… crise est passée, l’am- de cette crise, mais dans l’urgence, ont bition est bien d’as- ce qui est certain, été relativement satis- c’est que le pacte so- faisantes. Les respon- sainir les structures et cial qui existait en sables mondiaux ont Tunisie – « j’assure su prendre les décisions de mettre en place un le développement qui ont permis d’évi- mode de gouvernance économique du pays ter que cette crise ne et en échange vous dégénère encore plus mondiale acceptez de ne pas et ne se transforme en trop revendiquer vos faillite internationale. Mais une fois que droits de citoyens » - a explosé et on la crise est passée, l’ambition est bien ne pourra pas revenir en arrière. A par- d’assainir les structures et de mettre en tir d’un certain développement écono- place un mode de gouvernance mon- mique et d’un certain niveau d’édu- diale qui permette d’éviter la répétition cation, les peuples se font entendre. de ce type de crise. D’éviter la guerre des Même dans un régime où la presse monnaies, d’éviter par exemple que le est étroitement contrôlée, comme en cours des matières premières, notam- Tunisie, les gens s’informent d’eux- ment énergétiques et alimentaires, par mêmes. Quand vous avez 4 millions IRIS Crédit photo : un effet de yo-yo, ne viennent créer ou d’internautes dans un pays de 11 mil- accroître des insécurités. lions d’habitants, vous ne pouvez pas prétendre contrôler l’information et Diplômé de l’IEP Paris, Pascal Quelle sera la marge de manœuvre de contrôler l’opinion. Boniface est docteur d’Etat en la présidence française ? droit international public. Il a On voit bien que ni la Chine ni les Etats- En visite à Washington début janvier, créée et dirige l’Institut de Rela- Unis n’ont semble-t-il pour le moment Nicolas Sarkozy a d’ailleurs annoncé tions Internationales et Straté- envie de céder sur la gouvernance de leur vouloir inscrire la régulation d’inter- giques (IRIS), basé à Paris. L’IRIS monnaie. Il y a donc de fortes ambitions net à l’ordre du jour du G20… vient de publier son ouvrage - qui sont d’ailleurs des ambitions tradi- Vouloir contrôler internet, c’est un rêve annuel, « L’année stratégique tionnelles de la France - mais Paris n’a des gouvernements mais qu’il faut re- 2011 », et propose également qu’une capacité de proposition, d’impul- garder avec prudence car ce sont sou- une revue trimestrielle, « La Re- sion, peut être de conviction. Par défi ni- vent des gouvernements répressifs qui vue stratégique », ainsi qu’une tion, elle ne peut rien imposer. Le grand disent cela. Il y a un mouvement géné- collection d’ouvrages, « Enjeux enjeu est donc de savoir si une « coali- ral d’appropriation de l’information stratégiques », qui permettent tion » sera possible à mettre en place par les citoyens, qui est certainement à des experts d’exposer sur 200 et si la France saura convaincre ses par- une des autres tendances structurelles à 300 pages l’ensemble des en- tenaires du bien-fondé de ses positions, lourdes. Ce mouvement s’exprime en jeux d’une grande probléma- sachant que, peut être, certains pays Tunisie mais aussi en Chine, où vous tique stratégique contempo- vont estimer qu’ils n’ont pas intérêt à les avez 300 millions d’internautes. Les raine. suivre et que leur position nationale est autorités chinoises ne font pas tout à www.iris-france.org préférable à un accord global. fait ce qu’elles veulent avec leur popu-

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 15

D OSSIER

Logistique : un secteur en chantier

Initiée en 2008, la Stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique est sur les rails. Gros plan sur les objectifs et la mise en œuvre d’un chantier priori- taire de l’économie marocaine. r e l u e T

:

o t o h p

t i d é r Crédit photo : Teuler C Crédit photo :

Le Maroc réalise plus de 95% de ses échanges extérieurs par voie maritime, avec plus de 60 millions de tonnes de marchandises transportées par an. La Straté- gie logistique doit permettre aux consommateurs et aux opérateurs économiques de bénéfi cier d’une gestion optimisée des fl ux de marchandises.

Dossier réalisé Ce n’est pas un secret. Le secteur de la logistique est par Youssef Aït Lahcen le système nerveux de toute économie performante. [email protected] La Stratégie nationale de développement de la com- pétitivité logistique fait partie de ces grands chantiers voulus par le Maroc de la nouvelle ère. Le Royaume a Logistique, un secteur en chantier 17 ainsi réalisé ces dernières années une véritable rupture Interview de Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et dans le développement des infrastructures de trans- port (autoroutes, ports, chemins de fer…) et a franchi 19 des Transports d’importantes étapes dans le processus de réformes. Objectif : gagner en compétitivité 20 Libéralisation oblige, l’introduction de la concurrence D’importants obstacles à surmonter 25 dans les différents modes de transport et de l’équipe- Interview de Mustapha El Khayat, président de l’AMLOG 27 ment s’est imposée devant une économie marocaine qui se réveille.

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 17

D OSSIER ‘‘ La mise en œuvre de la Stratégie logistique nécessite des arbitrages complexes ‘‘ Interview de Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et des Transports.

spécifi ques. Il s’agit de l’Agence Ma- la SNTL, propriétaires fonciers, qui rocaine de Développement de la Lo- assurent la coordination du dévelop- gistique. La loi portant création de pement et la gestion opérationnelle ladite Agence est en cours d’étude de cette zone. au Parlement après son adoption Pour cette zone, il est essentiel de par la Chambre des conseillers en signaler que les travaux sont déjà novembre 2010. lancés sur le foncier appartenant à la SNTL. La première tranche qui sera Qu’en est-il du calendrier de livrai- opérationnelle en 2011, va permettre son des plates-formes logistiques ? de mutualiser les ressources et de ra- Le développement d’un réseau de tionaliser les fl ux et ce, à travers des zones logistiques à travers tout le opérations de collecte, de distribu- i

b Royaume, constitue un axe prépon- tion, de groupage et de personnali- i j a N dérant dans la mise en œuvre de ce sation des marchandises. o t o

h contrat programme. La superfi cie p

o

b globale du foncier à mobiliser pour Et concernant les autres plates- a L

:

o la concrétisation de ce réseau est formes ? t o h p

de près de 3.300 ha dont 2.080 ha à Le développement des autres plates- t i d é

r l’horizon 2015. Il s’agit de développer formes logistiques se fera à travers Crédit photo : Labo photo Najibi C Crédit photo : à terme environ 70 zones logistiques la mise en place du Schéma National Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et des dans 18 villes marocaines. Un grand Intégré, qui consiste en des zones Transports. effort devra être fourni au cours des d’activité logistique regroupant un Conjoncture : Comment la Stratégie premières années et à cet effet, près ou plusieurs types de plates-formes nationale logistique est-elle mise en de 32 zones logistiques seront lan- (conteneurs, distribution et outsour- œuvre ? cées dans 10 villes. cing logistique, agro-commerciali- Karim Ghellab : La mise en œuvre sation, matériaux de construction, de cette stratégie constitue un défi La région du Grand Casablanca, pre- plates-formes céréalières). La mise majeur eu égard à la multiplicité des mière étape ? en œuvre de ce programme se fera acteurs et des domaines de compé- La région de Casablanca, où la décli- graduellement à l’échelle nationale, tences institutionnelles qu’elle fait naison de ce plan national au niveau avec deux horizons 2015 et 2030. intervenir (administrations, collec- régional a été engagée, prévoit le dé- Le premier palier de cet ambitieux tivités, opérateurs économiques, veloppement de 978 programme sera en- partenaires institutionnels) et des ha de plates-formes À l’instar du contrat tamé en 2011 avec enjeux clés autour d’un programme logistiques dont 607 un développement consistant de développement d’un à l’horizon 2015. La du Grand Casablanca, spécifi que dans la ré- réseau national de plates-formes lo- première zone lan- gion du Grand Casa- gistiques. La mise en œuvre de cette cée dans le cadre de les contrats d’appli- blanca. stratégie nécessite un effort cohé- ce plan est celle de cation des autres ré- rent qui s’inscrit dans le temps et des Zenata sur une su- Par ailleurs, à l’ins- arbitrages complexes à opérer sur perfi cie de 323 ha gions seront fi nalisés tar du contrat du des domaines ne relevant pas néces- dont 202 ha en 2015, Grand Casablanca, sairement du Ministère de l’Equipe- abritant les activités en 2011. les contrats d’ap- ment et des Transports. liées au traitement plication des autres À cet effet, et étant donné l’enver- des fl ux de conteneurs, de céréales, régions seront fi nalisés en 2011, de gure des enjeux et impacts atten- de distribution et de sous-traitance concert avec les acteurs locaux et dus de cette stratégie, une Agence logistique. Par les dispositions du services concernés parallèlement à Nationale sera mise en place, dont contrat d’application relatif au dé- l’élaboration de contrats spécifi ques le rôle essentiel est la coordination veloppement des zones logistiques pour les opérateurs de transport de et la syndication au niveau national du Grand Casablanca, la réalisation marchandises, la formation et l’op- des différents acteurs de la compé- de cette zone est confi ée au groupe- timisation des différents fl ux logis- titivité logistique autour de projets ment composé de l’ANP, l’ONCF et tiques.

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 19 D OSSIER

Objectif : gagner en compétitivité La Stratégie logistique doit permettre au Maroc de pérenniser la mise en œuvre de ses plans sectoriels et d’accroître la compétitivité de l’économie nationale.

Une étude a été lancée en mai 2008 l’agriculture, Plan Rawaj pour le com- consommateurs et les opérateurs éco- par le ministère de l’Equipement et merce intérieur, Plan Halieutis pour nomiques vont bénéfi cier d’une gestion des Transport et la CGEM afi n d’éva- la pêche maritime, Emergence pour optimisée des fl ux de marchandises. Les luer le potentiel et le besoin en terme l’industrie et le Plan pour le dévelop- responsables visent aussi l’accélération de logistique. « Aujourd’hui, la perfor- pement de l’énergie. de la croissance du PIB mance du secteur dans son ensemble Dans ce cadre, le dé- le développement par l’augmentation de reste à un stade intermédiaire, carac- veloppement de la lo- de la logistique semble la valeur ajoutée (+ 3 à téristique des pays émergents, avec un gistique semble être 5 points du PIB à l’hori- fort potentiel de développement, une une obligation pour ne être une obligation zon 2015 et une valeur offre de services logistiques encore va- pas créer des goulots ajoutée additionnelle riable en termes de coût, de qualité, et d’étranglement. Ceci pour ne pas créer des de 15 à 20 milliards de de délai, une demande des opérateurs apparait clairement goulots d’étrangle- dirhams, soit + 0.5 à 0.7 en moyenne peu sophistiquée, et un dans les objectifs de la point de PIB par an). Et manque d’infrastructures spécialisées stratégie : réduction ment enfi n la contribution sur certains fl ux », peut-on lire sur les des coûts logistiques du secteur logistique documents de l’étude. De plus, presque du Maroc avec la baisse du poids des au développement durable du pays, à tous les secteurs ont leurs Plans de dé- coûts logistiques/PIB de 20 % actuel- travers la réduction des nuisances et du veloppement : Plan Maroc vert pour lement à 15 % à l’horizon 2015. Les Co2 (-35 % selon la stratégie).

TANGER MED TANGER Méditerranée réseau ferroviaire Beni Ensar (Port de Nador)

Ligne existante NADOR Projets futurs OUJDA Port desservi par rail RABAT MEKNÈS MOHAMMEDIA FES

CASABLANCA ZÉNATA Autoroutes JORF LASFAR

Réalisées SAFI BENI MELLAL En cours Programmées Océan MARRAKECH Atlantique AGADIR Principaux ports ALGERIE

Principaux Aeroports

Première zone logistique multi-flux (Zénata) LAÂYOUNE Océan Atlantique RABAT

BOUJDOUR MOHAMMEDIA CASABLANCA ZENATA

JORF LASFAR EDDAKHLA M I C F C

:

e SAFI i h p a r g o MAURITANIE f n Infographie : CFCIM : I Infographie

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 20 D OSSIER

116 milliards de dirhams d’investissements nécessaires Zenata Total 2015 Conteneurs 200ha 130ha Les investissements nécessaires à Distribution 105ha 65ha la bonne mise en œuvre de la stra- Céréales 14ha 7ha tégie sont estimés à 116 milliards de dirhams, dont 63 milliards d’ici 2015. Lakhyayta I Total 2015 Agro-com 100ha 80ha s t r

Distribution 50ha 30ha o

L’essentiel devrait être mobilisé par p s n a le secteur privé. A l’horizon 2020, ce r Oulad Hadda T otal 2015 T

s

Distribution 67ha 30ha e d

sont 70 plates-formes logistiques qui t

Mat. Const 36ha 25ha e

t

seront créées pour une surface totale n 2 e m de 10 millions de m . Le contrat pro- Deroua Total 2015 e p i

Distribution 80ha 40ha u gramme sera appuyé par 10 contrats q E

Lakhyayta II Total 2015 Mat. Const 30ha 20ha ’ l

Distribution 25ha 15ha e d’application dont 2 ont déjà été lan- d

Nouaceur Total 2015 e

Mat. Const 40ha 25ha r è cés. Le premier concerne la zone lo- Distribution 80ha 40ha t s i n gistique Casablanca-Zenata, en cours Bouskoura Total 2015 Mat. Const 20ha 15ha i m

Distribution 37ha 20ha :

Oulad Saleh Total 2015 e

Mat. Const 20ha 15ha c de réalisation, et le second la mise à r

Distribution 70ha 50ha u o niveau du transport routier de mar- Transports de l’Equipement et ministère des : S Source chandises, actuellement en cours de Carte des zones logistiques multi-fl ux prévues dans le Grand Casablanca. validation par le ministère de l’Equi- pement et des Transports. traitance logistique, plates-formes Rabat, Marrakech, Agadir … Le même Premier cheval de bataille pour la mise d’agro-commercialisation, plates- programme est prévu pour les autres en place de ce projet ambitieux : le dé- formes de matériaux de construction types de plates-formes (agro-com- veloppement d’un réseau national de et des plates-formes céréalières. mercialisation, céréales et les maté- zones multi-fl ux (ZLMF). Le dévelop- Concernant les plates formes de distri- riaux de construction). pement de ces zones se fera à travers bution et de sous-traitance logistique, la mise en place d’un Schéma natio- la stratégie prévoit d’en construire Développement des infrastructures nal Intégré, qui consiste en des zones une dizaine, sur une superfi cie de 720 Le transport est un des principaux dé- d’activité logistique regroupant un ha à l’horizon 2015 pour atteindre plus fi s à relever pour concrétiser les objec- ou plusieurs types de plates-formes : tard 1338 ha, dans les principales ag- tifs de la Stratégie nationale. Le sec- plates-formes conteneurs, plates- glomérations urbaines : Casablanca teur représente 6 % du PIB et 9 % de formes de distribution et de sous- (huit plates-formes), une à Tanger, la valeur ajoutée du secteur tertiaire ;

Développement des infrastructures routières

Ces dernières années l’effort a été porté sur le désenclavement du Nord du Royaume d’une part, avec la création d’une autoroute reliant Marrakech à Agadir permettant la liaison Tanger- Marrakech-Agadir, et des zones rurales d’autre part grâce à la mise en place, en 2004, d’une Caisse pour le fi nancement des routes (CFR), ou le Programme national des routes rurales (PNRR II) qui a permis la réalisation de 15 000 km de routes rurales. En outre, la réalisation de la rocade médi- terranéenne reliant Tanger à Saïda, longue de 510 km, devrait aboutir courant 2012. Cet axe de com- r e l

munication majeur pour la côte Nord-Africaine u e T

:

aura des retombées économiques et sociales bé- o t o h

néfi ques sur le plan régional et national. Elle ré- p

t i d

duira la durée du trajet de 11 à 7 heures tout en é r améliorant la sécurité routière. Teuler C Crédit photo : Le réseau autoroutier quant à lui, long de plus de Le Maroc devrait disposer de 1800 km d’autoroutes à l’horizon 2015. 900 km, est particulièrement développé dans le Nord du pays. Des travaux sont en cours pour étendre le réseau, notamment sur les tronçons Marrakech-Agadir et Fès-Oujda. Environ 160 km d’autoroutes sont construits chaque année depuis 2006, nécessitant un investissement annuel de 4 milliards de dirhams. Le réseau autoroutier couvrira à terme les principaux axes du pays. Les infrastructures routières permettent d’assurer un fl ux de marchandises de plus de 1 200 millions de tonnes-kilomètres par an.

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 21 D OSSIER

il emploie en outre 10 % de la popu- lation active urbaine. Le transport absorbe 34 % de la consommation nationale d’énergie. Depuis les an- nées 1990, les réformes structurelles du secteur ont visé à la libéralisation du marché et l’assouplissement des cadres institutionnels, légaux et ré- glementaires. Le réseau routier reste l’outil de transport privilégié du Ma- roc : 75 % des marchandises trans-

r portées, hors phosphates, et 90 % e l u e T

des voyageurs l’utilisent lors de leurs :

o t

o déplacements. On estime que l’en- h p

t

i semble du réseau regroupe 60 500 d é r

Crédit photo : Teuler C Crédit photo : km de routes et de pistes. Ce réseau L’activité de l’ONCF est fortement corrélée à celle de l’OCP. En photo, un site d’exploitation de l’OCP à supporte la circulation de près de 50 Khouribga. millions de véhicules par jour réalisée via un parc de 2,3 millions de véhi- Fret ferroviaire : l’après-OCP ? cules. Un vaste programme de mo- dernisation des infrastructures visant Le réseau ferroviaire du Maroc est le plus étendu du Maghreb et le deuxième à doter le pays d’un réseau routier en d’Afrique après l’Afrique du Sud. Il s’étend actuellement sur 1 989 km, dont 201 adéquation avec le développement km de lignes d’embranchement reliant des entreprises au réseau ferré national. économique et social du pays a été Selon l’Offi ce National des Chemins de Fer (ONCF), 4,8 millions de tonnes de entrepris. Aujourd’hui, le Maroc dis- marchandises (hors phosphate) ont été transportées en 2008. L’ONCF a ainsi pose de 32 892 km de routes revêtues clôturé un ambitieux programme d’investissement qui s’est étalé sur la pé- et de 1 400 km d’autoroutes. A l’hori- riode 2005-2009 et dont les bons résultats donnent lieu à une réelle impulsion zon 2015, le Maroc devrait disposer de du secteur. L’Offi ce enchaine avec un nouveau contrat-programme 2010-2015, 1 800 km d’autoroutes. doté d’une enveloppe d’investissement de 33 milliards de dirhams. Optimisation des fl ux marchandises Feuille de route 2010-2015 L’optimisation des fl ux marchandises La nouvelle feuille de route vise notamment la poursuite des efforts pour la reste un des principaux axes de la modernisation du réseau et l’intégration de la ligne à grande vitesse entre Stratégie nationale de développe- Casablanca et Tanger. L’ONCF envisage également à l’horizon 2015 d’assurer ment de la compétitivité logistique. le transport de 18 millions de tonnes de marchandises (hors phosphate) et de Les autorités marocaines visent les construire un réseau de plates-formes logistiques avec ports secs. L’Offi ce est produits les plus vitaux pour l’écono- amené à concrétiser ce programme avec le retrait de son principal client l’OCP mie du pays. Les céréales : la dépen- (Offi ce chérifi en des phosphates). « L’ONCF ne ménage aucun effort pour ac- dance du pays en matière d’impor- compagner l’OCP dans sa stratégie de développement tout en cherchant un tation des céréales (la production de montage intelligent permettant de sauvegarder ses intérêts. En effet, une com- céréales ne couvre pas les besoins mission composée de représentants des deux Offi ces et de l’Etat travaille dans même lors des bonnes années agri- ce sens. Ses travaux avancent normalement de manière à aboutir à un résultat coles) et la volatilité des prix des satisfaisant aux trois parties. Je précise également que les volumes de trans- matières premières au niveau inter- port futurs annoncés par l’OCP permettraient de maintenir notre part dans les national, soulèvent la nécessité de sé- transports des phosphates », explique Mohamed Rabiî Khlie, le directeur géné- curiser l’approvisionnement à travers ral de l’ONCF. la mise en place de nouvelles capaci- tés de stockage des céréales notam- Investissements prévus : 33 milliards de dirhams ment au niveau des ports. L’énergie Le nouveau contrat-programme avec l’Etat pour la période 2010-2015 prévoit est aussi concernée par ses mesures. la réalisation d’un investissement de 33 milliards de dirhams, dont 20 milliards Les fl ux de vracs liquides représentent seront consacrés au projet de TGV. Les 13 milliards restants serviront à fi nancer une part importante des importations la poursuite de la modernisation du réseau actuel. Ainsi, on compte augmen- marocaines avec une dominance des ter la capacité de la ligne Casablanca-Kénitra, notamment avec le triplement produits pétroliers (95 %). Ils sont ca- de la voie entre Kénitra et Casablanca, électrifi er Fès-Oujda et mettre à niveau ractérisés par une dominance du pôle Settat-Marrakech. Au menu également, la poursuite de la modernisation des pétrolier de Mohammedia, avec 85 % gares et le développement d’un réseau de plates-formes logistiques ainsi que des importations, et environ 80 % de l’acquisition et la réhabilitation du parc du matériel roulant. la production de produits raffi nés, les autres terminaux d’importation

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 22 D OSSIER

se situant à Agadir et Jorf Lasfar. La le Groupe A.P. Moller Maersk, leader Ports : le futur Nador West ? distribution nationale est aussi sur la mondial. Les deux entités veulent liste. Avec un volume annuel d’envi- mettre en commun leurs expertises et Doté d’un littoral de 3 500 km, le ron 20 à 25 millions de tonnes et de leurs moyens pour offrir aux acteurs Maroc dispose de 30 ports (12 ports 3,5 milliards de tonnes/km, les fl ux de l’industrie marocaine une presta- polyvalents, 12 ports de pêche, 6 de distribution représentent un enjeu tion logistique intégrée et des solu- ports de plaisance) et de 5 abris majeur. Ils ont un im- tions personnalisées de pêche. Au total, l’infrastructure pact direct en termes Avec un volume an- de fret et de gestion portuaire s’étale sur 1 600 ha de de pouvoir d’achat de la supply chain. bassins. Fort de ces installations, et de qualité pour le nuel d’environ 20 à 25 Mais il s’agit plutôt le pays réalise plus de 95 % de ses consommateur, mais de s’associer pour millions de tonnes et de échanges extérieurs par voie ma- aussi en termes d’en- faire face à une libé- ritime, avec plus de 60 millions de vironnement vu l’uti- 3,5 milliards de tonnes/ ralisation rapide du tonnes de marchandises transpor- lisation intensive du secteur. En vue d’at- tées par an. En plus des ports de camion contribuant à km, les fl ux de distri- tirer les investisseurs, Casablanca et Tanger Med I et II, la congestion urbaine. il est prévu d’élaborer bution représentent un les autorités marocaines projet- L’import-export sera et instaurer un sys- tent la construction d’un nouveau aussi amélioré avec enjeu majeur. tème de classifi ca- port de grande ampleur, Nador l’optimisation des tion et qualifi cation West, situé à 30 km de Nador. Le fl ux. Pour ce faire, il est prévu d’amé- des acteurs logistiques intégrés (sys- port devrait être opérationnel en liorer la logistique import et export tème de labellisation), de faciliter et 2015. Comme Tanger Med, Nador des principaux fl ux de l’économie na- mettre en place une réglementation West sera un port de transborde- tionale, d’accompagner la croissance transparente pour l’accès au foncier ment. Il est aussi prévu d’en faire des exportations industrielles et agri- réservé aux zones d’activités logis- un grand pôle énergétique régio- coles, et d’optimiser des fl ux autour tiques (ZLMF). L’Agence nationale nal avec une capacité de stockage des plates-formes logistiques propo- de la logistique compte instaurer un d’environ 500 000 tonnes de pro- sant des services adaptés. cadre incitatif facilitant l’entrée sur le duits pétroliers, pour approvision- marché local des entreprises opérant ner le Maroc mais aussi les pays Vers des opérateurs intégrés dans le secteur de la logistique. Les de la région. A noter également, le La SNTL (Société Nationale des Trans- opérateurs marocains parlent eux du développement en cours ou à ve- ports et de la Logistique), leader his- risque d’un libéralisme hâtif, entamé nir des ports au sud du Royaume, à torique du transport routier au Maroc avant la mise à niveau des opérateurs Laâyoune, Boujdour et Dakhla. vient de créer une joint venture avec nationaux. r e l u e T

:

o t o h p

t i d é r Crédit photo : Teuler C Crédit photo :

L’optimisation des fl ux de marchandises est un des principaux axes de la stratégie nationale logistique.

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 23

D OSSIER

D’importants obstacles à surmonter Foncier, formation, fi nancement, systèmes d’information : certains « freins » ou obstacles risquent de retarder la mise en œuvre de la Stratégie logistique.

Le secteur de la logistique profi te actuellement d’une grande volonté de restructuration. La stratégie na- tionale lancée par le gouvernement est ambitieuse mais certains obs- tacles risquent de freiner sa mise en œuvre. Le principal objectif annoncé est de remédier aux problèmes ac- tuels de gestion des fl ux et de mobi- lité dans les grandes agglomérations et centres urbains du Maroc. A terme, la réduction des coûts logistiques per-

mettra au Maroc d’améliorer la com- r e l u e

pétitivité du secteur et d’accélérer la T

:

o croissance de son PIB. En effet, tout t o h p

t

développement des services logis- i d é r

tiques ne peut se faire sans infrastruc- Teuler C Crédit photo : tures effi caces, ou sans l’élimination Le manque de foncier risque de retarder le développement et la mise en œuvre du réseau national des entraves institutionnelles telles intégré de ZLMF. que les situations de monopole ou de faible concurrence. Ces deux aspects, quement, le Maroc a besoin de 250 Logistique (AMLOG). Même son de qui sont des conditions primordiales hectares d’ici 2015, et pas moins de cloche chez les opérateurs étrangers : et essentielles pour une exploitation 400 ha en 2030. « Si l’on fait l’hypo- « Ce plan laisse tout de même les in- optimale des différents maillons de thèse réaliste qu’en 2030 le Maroc vestisseurs en attente par rapport à la chaine logistique (Supply Chains), aura rattrapé son retard en matière leurs besoins en foncier. Les critères ont fait l’objet de plusieurs actions au logistique, cela suppose des externa- pour l’acquisition de nouvelles plates- cours des cinq dernières années mais lisations importantes avec des inves- formes restent vagues quant à l’accès ne sont toutefois pas suffi santes. Au- tissements massifs en plates-formes. aux zones dédiées », prévient Frédéric delà de la poursuite de la politique Ainsi, en considérant qu’en 2030 le Seillier, directeur général de Dachser des grands chantiers de transport et parc devra être d’environ 80 millions . Ce dernier va un peu plus 2 la multiplication du volume de l’in- de m , c’est plusieurs milliers d’hec- loin. Selon lui, le dernier accord SNTL/ vestissement y afférent durant les tares qui seront nécessaires pour Maersk laisse également les opéra- années à venir (à travers le lancement accueillir la demande », fait remar- teurs du privé dans l’expectative. «En de nouveaux projets structurants tels quer Mustapha El Khayat, président effet, la concurrence risque d’être que les lignes à grande vitesse, les de l’Association Marocaine pour la biaisée et la naissance de ce géant autoroutes, les ports Tanger Med II et Nador West Med), il est nécessaire de Une Agence pour mettre en œuvre la stratégie donner une impulsion réelle au sec- teur des services logistiques à travers L’Agence Marocaine de Développement de la Logistique, placée sous la tutelle le développement d’un partenariat de l’Etat, prendra la forme d’un établissement public doté de la personnalité fort et effi cace public/ privé. morale et de l’autonomie fi nancière. La création de cette agence vise à favo- riser les instruments et mécanismes effi cients devant aider le gouvernement Manque de foncier à mettre en œuvre la stratégie nationale intégrée pour le développement de Concernant un des grands axes de la la compétitivité logistique, qui concerne plusieurs secteurs économiques et Stratégie nationale - le développe- aspire à augmenter annuellement de 0,5 le PIB au cours des dix prochaines ment et la mise en œuvre d’un ré- années. « Le rôle essentiel est la coordination et la syndication au niveau na- seau national intégré de Zones Logis- tional des différents acteurs de la compétitivité logistique autour de projets tiques Multi-Flux (ZLMF) - le manque spécifi ques. La loi portant création de ladite Agence est en cours d’étude au de foncier est un problème qui risque Parlement après son adoption par la Chambre des conseillers en novembre bien de retarder les échéances. Pour 2010 » explique Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et des Transports. les plates-formes conteneurs uni-

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 25 D OSSIER

risque de décourager nombre d’inves- un noyau de compétences marocaines Maroc compte sur un partenariat pu- tisseurs». Le ministre de l’Equipement pour un secteur stratégique », plaide blic-privé pour le montage fi nancier. et des Transports, Karim Ghellab, est Mustapha El Khayat. Un besoin pres- Certes, les banques s’orientent vers le conscient du défi : « La superfi cie sant est senti pour créer un régula- fi nancement du secteur de la logis- globale du foncier à mobiliser pour teur du marché de l’emploi dans un tique, et les investisseurs étrangers la concrétisation de ce réseau est secteur émergent comme celui de la ont montré une bonne volonté pour de près de 3.300 ha dont 2.080 ha à logistique. Pour les professionnels, accompagner la stratégie, mais les l’horizon 2015. Il s’agit de développer il faut aussi adapter en permanence montants nécessaires sont très impor- à terme environ 70 zones logistiques les formations aux besoins réels des tants. « Ayant une bonne réputation dans 18 villes marocaines. Un grand fi lières concernées (chaînes de froid, auprès des institutions fi nancières in- effort devra être fourni au cours des les produits dangereux, textile-ha- ternationales et de bailleurs de fonds, premières années et à cet effet, près billement, agro-alimentaires, produits le Maroc, dont l’économie a pu résister de 32 zones logistiques seront lancées industriels, etc.). Les technologies évo- aux effets de la crise, mobilisera les dans 10 villes » explique-t-il. luent rapidement dans les chaînes lo- fi nancements nécessaires à la réalisa- gistiques globales. La formation conti- tion de l’ensemble des projets et pro- Former les compétences nue est nécessaire pour permettre au grammes » rassure le ministre Karim La Stratégie nationale prévoit aussi marché de l’emploi de trouver toutes Ghellab. une offre de forma- les compétences né- tion conforme aux exi- Les investissements cessaires. « Le niveau Développer les systèmes gences des entreprises. des compétences na- Mais cela ne paraît pas nécessaires à la bonne tionales est certes en d’information suffi sant pour les pro- train de s’améliorer, L’évolution des technologies de l’in- fessionnels. « L’offre mise en œuvre de la mais il reste diffi cile formation et de la communication de formation en logis- de trouver des col- stratégie sont estimés (TIC) a profondément fait évoluer tique n’est pas encore laborateurs dont les les systèmes d’information, en par- en adéquation avec les à 116 milliards de di- compétences sont ticulier dans le domaine logistique. besoins spécifi ques du en adéquation avec Cet accroissement de la vitesse secteur. Les diplômés rhams, dont 63 milliards le niveau de leur di- globale de circulation ainsi que des de haut niveau sortent plôme », résume Fré- d’ici 2015 exigences en matière de qualité de ces unités de forma- déric Seillier. des prestations (respect des délais, tion mais trouvent souvent des diffi - de l’intégrité des marchandises, cultés pour trouver des postes corres- Investissements colossaux des réglementations en vigueur pondants à leurs niveaux. Souvent les Les investissements nécessaires à la et de l’environnement) se traduit opérateurs multinationaux ont au ni- bonne mise en œuvre de la straté- par de nouvelles attentes vis-à-vis veau décisionnel des cadres étrangers. gie sont estimés à 116 milliards de di- du transport en tant qu’opération A ce rythme il serait diffi cile de former rhams, dont 63 milliards d’ici 2015. Le logistique, mais aussi vis-à-vis des transporteurs, opérateurs du trans- port et partenaires des sociétés industrielles et commerciales. Au Maroc il est de plus en plus urgent de s’attaquer à ce volet. Certes, les multinationales ont développé des systèmes d’informations qui leur permettent de maîtriser les chaines d’activité, mais les opérateurs na- tionaux, eux, semblent être en retard. «L’approche logistique in- tégrée se fi xe comme objectif de minimiser le coût logistique global de l’ensemble des activités logis- tiques pour un niveau de service choisi. De même, La logistique inté- grée implique toute l’organisation, r e

l des achats à la distribution tout en u e T

: défi nissant de nouvelles relations

o t

o avec les prestataires de services », h p

t i analyse Mohammed Boukaidi d é r

Crédit photo : Teuler C Crédit photo : Laghzaoui, expert en système d’in- formation logistique. Le transport est un des principaux défi s à relever pour concrétiser les objectifs de la Stratégie nationale

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 26 D OSSIER ‘‘ Plusieurs milliers d’hectares seront nécessaires pour accueillir la demande ‘‘ Interview de Mustapha El Khayat, président de l’AMLOG (Association Marocaine pour la Logistique).

Conjoncture : Comment jugez-vous gistique, cela suppose des externalisa- l’évolution du secteur de la logistique ? tions importantes avec des investisse- Mustapha El Khayat : Le secteur de la ments massifs en plates-formes. Ainsi, logistique est en croissance, tiré par une en considérant qu’en 2030 le parc devra demande de plus en plus exigeante. Plu- être d’environ 80 millions de m2, c’est sieurs indicateurs montrent que le sec- plusieurs milliers d’hectares qui seront teur est en train de suivre le sentier de nécessaires pour accueillir la demande. la modernité et du professionnalisme. Rien que pour ce qui est appelé «distri- Mais beaucoup d’entrants potentiels au bution et sous-traitance», les surfaces niveau national ne sont pas armés des consommées à l’échelle du pays seront mêmes outils de compétences que les certainement beaucoup plus impor-

PSL Globaux - souvent des opérateurs tantes que ce qui est affi ché (de l’ordre AMLOG Crédit photo : multinationaux. Je rappelle aussi que le de 30 hectares par an) ; en multipliant Mustapha El Khayat, secteur banquier s’oriente vers le fi nan- par deux on ne fera pas preuve d’un op- cement du secteur de la logistique. timisme marqué ! logistique n’est pas encore en adéqua- tion avec les besoins spécifi ques du sec- La Stratégie nationale est-elle adaptée D’importants projets sont déjà en cours teur. Néanmoins, des écoles, instituts, à cette évolution ? de réalisation… centres de formation se multiplient au Cette stratégie est ambitieuse. A priori, A mon avis les choses avancent mais niveau national. Les diplômés de haut tout semble parfait et cohérent. Néan- lentement. Certes des projets impor- niveau sortent de ces unités de forma- moins, la mise en œuvre sera très dif- tants sont en cours de réalisation : Zone tion mais souvent trouvent des diffi cul- fi cile. La complexité des intervenants, d’activité logistique de Zenâta, plate- tés pour trouver des postes correspon- les enjeux et les confl its latents et dé- forme logistique de SNTL, projet du port dants à leurs niveaux. Les opérateurs clarés sont passés sous silence. Dans sec de l’ANP, etc. Toutefois, dans ces logistiques globaux leur demandent, ce programme ambitieux, on n’a pas projets, on identifi e souvent une mar- en plus des diplômes, une expérience programmé en détail les espaces lo- ginalisation des opérateurs privés ma- professionnelle (minimum 2 ans). Com- gistiques urbains qui sont le début et rocains de taille optimale (critique) du ment peut-on acquérir de l’expérience le bout des chaînes logistiques concer- secteur logistique. sans avoir la chance d’exercer une ac- nées, notamment les enjeux liés aux tivité dans le secteur ? Il faut un régu- « marchandises en ville » , les leviers La libéralisation du secteur est pourtant lateur du marché de l’emploi dans un pour agir, les différents types d’espaces bénéfi que pour les opérateurs maro- secteur émergent comme celui de la logistiques urbains, les positionne- cains ? logistique. La formation académique ments des acteurs, les caractéristiques La libéralisation est faite de manière est une condition nécessaire mais in- opérationnelles des espaces logistiques non-stratégique, au coup par coup. Le suffi sante. Il faut aussi adapter en per- urbains : zone logistique urbaine, centre secteur logistique moderne privé pure- manence les formations aux besoins de distribution urbaine, point d’accueil ment marocain en pâtit. Les géants de réels des fi lières concernées (chaînes de des véhicules, point d’accueil des mar- la logistique accaparent les marchés à froid, les produits dangereux, textile- chandises, boite logistique urbaine, et haute valeur ajoutée et les opérateurs habillement, agro-alimentaires, pro- les méthodes pour agir entre plates- logistiques marocains naissants sont re- duits industriels, etc.). Les technologies formes complexes et zones logistiques légués au second plan. Les barrières ou évoluent rapidement dans les chaînes urbaines. diffi cultés à l’entrée pour ces nouveaux logistiques globales. La formation conti- opérateurs marocains privés de la logis- nue est nécessaire pour permettre au Qu’en est-il du foncier prévu ? tique sont multiples : institutionnelles, marché de l’emploi de trouver toutes En ce qui concerne les surfaces prévues foncières, fi nancières et fi scales. les compétences nécessaires. pour les diverses zones logistiques, Il semble que les rédacteurs ont été ex- Un mot sur l’emploi et la formation A lire le mois prochain cessivement prudents dans la repré- dans le secteur ? sentation des besoins. Si l’on fait l’hy- Le secteur de la logistique est créateur Marchés fi nanciers au Maroc : pothèse (réaliste) qu’en 2030 le Maroc d’emplois multiples et de plusieurs état des lieux et perspectives aura rattrapé son retard en matière lo- profi ls. Certes l’offre de formation en

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 27 I MMOBILIER L’immobilier de bureau demain à Casablanca : Chronique d’une mise aux normes annoncée ? De grands projets immobiliers verront le jour d’ici 2020 dans la capitale économique du Royaume. Se dirige-t-on vers une reconfi guration totale de l’offre en immobilier de bureau ?

« La meilleure façon de prédire l’ave- nir, c’est de le créer »… On ne peut douter que Casablanca a fait sienne cette maxime de Peter Drucker(1) lorsqu’on fait l’inventaire des projets d’immobilier de bureau dans la capi- tale économique tels qu’ils ont été annoncés par la presse : Gare Casa Port : 27.000 m2 ; Marina de Casablanca : 200.000 m2 sur un projet de 26 hectares ; Casablanca r e l

Finance City : plus d’un million de u e T

2 :

m sur les 320 hectares de l’ancien o t o h

aéroport d’Anfa, soit près de 40 % p

t i d é

de la superfi cie de bureaux de La Dé- r Crédit photo : Teuler C Crédit photo : fense(2) !... Selon les études du CRI du Grand Casablanca, les besoins en immobilier de bureau sont de 280 000 à Or, les études menées à l’initiative 300 000 m2. du CRI sont constantes(3) : les be- soins exprimés en la matière sont de locative des immeubles de bureaux, « Si la réduction des coûts de l’in- 280.000 à 300.000 m2… La question supérieure à celle des logements, qui formation était aussi fondamen- est de plus en plus souvent posée : ne en explique le processus de centra- tale (…) pour les activités de bureau, se dirige-t-on pas vers une suroffre ? lisation, et en accroît la concentra- l’évolution récente des technologies Que sera Casablanca, demain, en ce tion : un immeuble construit dans d’information, aurait dû avoir des domaine ? un quartier d’habi- effets sensibles sur tation augmente la L’organisation spa- leur géographie. (…) Les théories de l’immobilier de bu- valeur du foncier et globalement cela reau dans l’espace urbain contribue à l’arrivée tiale résulte en fait n’a pas été le cas et Les théories de l’économie spatiale d’autres entreprises essentiellement de les activités de bu- de l’immobilier de bureau sont nées sur la même zone. reau continuent à au cours du siècle dernier. En 1927, A sa suite, Y. Chap- la logique fi nancière, se concentrer dans (6) R.M. Haig, chargé du plan d’aména- poz releva que les éventuellement affectée les métropoles et à gement de New York, expliqua sa vo- institutions dispo- préférer les espaces lonté de regrouper le maximum d’im- sant des capacités par l’évolution de la ré- les plus centraux ». meubles de bureau dans un espace fi nancières les plus glementation urbaine et Dura lex sed lex, l’or- donné par le fait que la localisation importantes accrois- ganisation spatiale de ces activités devait être polarisée sent ce processus en fi scale. résulte en fait es- (dans les métropoles) et centralisée investissant sur les sentiellement de la (dans le centre-ville) pour faciliter les opérations les plus rentables. Dès logique fi nancière, éventuellement échanges d’information et en opti- lors, Chappoz met en parallèle la affectée par l’évolution de la régle- miser le coût(4). Cette théorie allait production d’immobilier de bureau mentation urbaine et fi scale. marquer l’ensemble des réfl exions et les cycles d’investissement résul- ultérieures. tant des marchés fi nanciers. Théorie appliquée à Casablanca… Mais en 1977, J.Y. Nessi(5) contesta l’ap- Ce courant théorique l’emportait sur Si, historiquement, la concentration proche traditionnelle. C’est la valeur Haig, comme le relève E. Crouzet(7) : d’immeubles de bureau sur les bou-

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 28 I MMOBILIER levards Mohamed V et Hassan II a pu s’expliquer par une théorie infor- mationnelle (bien qu’en se reportant à l’histoire de la ville on ne puisse, déjà, écarter une logique d’économie immobilière), les projets en cours il- lustrent parfaitement les théories de Nessi et Chappoz : ce sont l’ONCF et la Deutsche Bank qui interviennent dans Casa Port, la CGI dans la Marina, le Royaume et les plus grandes insti- tutions fi nancières dans Casa Finance City, donnant d’ailleurs ainsi un si- gnal fort des pouvoirs publics dans ce domaine. Dès lors, on peut sans risque pré- dire que la concentration d’activités de bureau restera essentiellement centralisée, et se développera dura- blement autour d’une zone que l’on pourrait approximativement délimi- ter par Casa Port – Twin Towers - Casa Finance City – Front de mer.

Restent à évoquer deux questions : r e l u e T

tout d’abord, va-t-on vers une su- :

o t roffre ? Si l’on entend de plus en plus o h p

t i

des opinions tranchées sur ce point, d é r il faut en fait relever que la fi nalisa- Teuler C Crédit photo : tion de ces projets interviendra pro- Les projets en cours devraient engendrer une libéralisation progressive de bureaux de catégorie B. gressivement de 2011… à un horizon 2020. Il n’est donc pas exagérément donc ici qu’est le point le plus sen- (1) Peter Drucker (1909 – 2005) : Il fut optimiste de considérer qu’ils accom- sible. Hamid Ben Elafdil, Directeur du conseiller du PDG de General Motors et pagneront le développement écono- CRI du Grand Casablanca, interroge : publia en 1945 « Concept of the corporation », ouvrage qui fi t date en analysant mique de la capitale économique du que va-t-il advenir de zones telles l’organisation managériale de l’entreprise. Il Royaume. que le Boulevard Hassan II, abritant est considéré par certains comme ayant créé Par ailleurs, ils correspondent enfi n de nombreux bureaux ? Une néces- le métier de consultant d’entreprise. à des bureaux de catégorie A (cf. ar- (2) Le parc de bureaux de La Défense en fait sité de remise à niveau s’impose actuellement le premier quartier d’affaires ticle du mois précédent, Conjoncture pour y maintenir des activités géné- européen : sur les 3.000.000 de m2, seuls n°922), offre actuellement quasi- ratrices de fl ux économiques et ne 600.000 m2 sont affectés au résidentiel. inexistante sur le marché. Ils ne se- pas les remplacer par des logements, (3) Baromètre 2010 CRI – Grand Casablanca, Immobilier d’entreprise. ront donc pas en concurrence avec de générateurs de moindres fl ux. (4) R.M. Haig, « Major economic factors in l’existant. metropolitan growth and arrangement, En revanche, ils devraient engendrer En conclusion, si une réfl exion doit 1927, étude pour le Committee on Regional Plan for New York and its environs, Régional une libération progressive de bureaux désormais être menée pour éviter Survey, 1927. de catégorie B, et c’est donc sur les des effets secondaires préjudiciables, (5) J.Y. Nessi, le marché des bureaux en deux catégories B et C qu’il convient on peut penser que l’immobilier de région parisienne (une étude empirique : 1962-1976), thèse de doctorat d’Etat, sciences en fait de s’interroger. bureau à Casablanca ne se dirige pas économiques, Paris Panthéon-Sorbonne, Peu d’inquiétudes pour le B : la ma- vers une suroffre, mais vers une mise 1977. jeure partie des entreprises n’est pas aux normes progressive, choisie ou (6) Y . Chappoz, L’immobilier d’entreprise et en mesure d’opter pour du A et la de- subie suivant les catégories, sur une son fi nancement – une application au cas français sur la période 1969 – 1982, thèse de mande est généralement proportion- période d’au moins une décennie. doctorat, sciences économiques, université nelle au A. Après tout, « l’avenir n’est jamais que de St-Etienne. En revanche, on doit réfl échir sur la du présent à mettre en ordre »(8)… (7) E. Crouzet, « L’immobilier de bureau dan l’espace urbain : évolutions des approches catégorie C, généralement retenue Franck Dautria théoriques », Géocarrefour, vol. 78/4, 2003. par défaut par les opérateurs. C’est Laforêt Immobilier – Monceau Investissement (8) A. de Saint-Exupéry

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 29 J URIDIQUE Lutter contre l’économie informelle Au-delà de l’effort fi scal entrepris à travers la loi de fi nances 2011 pour réduire l’informel, l’accent doit être mis, à long terme, sur l’éducation citoyenne et une plus grande communication de la part des organismes impliqués.

L’économie informelle est souvent vue, formels et informels sont parfois liés l’absence ou la défaillance des systèmes à raison dans l’immense majorité des de manière proche, certaines activités de contrôle en cas de fraude ou de dé- cas, comme un fl éau pour l’économie informelles étant des sous-produits de faut de déclaration des impôts et taxes d’un pays. Contrairement à beaucoup la grande industrie (comme les cas de qui frappent le secteur formel. d’idées reçues, ce secteur n’est pas du réparation de matériels divers), d’autres monopole des pays émergents et si tirant profi t de productions locales Loi de fi nances 2011 aucun chiffre n’est totalement fi able, (comme les activités liées aux produits Il faut noter à cet égard les efforts im- on estime que cette part de l’écono- alimentaires). portants issus de la loi de fi nances pour mie peut représenter jusqu’à 10 % de la 2011. Ces efforts tiennent en quatre population active dans les pays riches. Faiblesses de l’Etat providence points. Le premier, essentiel, consiste Mais l’impact de l’économie clandes- Le secteur informel prolifère d’autant en la levée offi cielle du tabou sur l’in- tine est différent selon les pays consi- plus que l’État providence s’avère faible formel. La loi reconnaît l’existence de ce dérés et la comparaison avec le PIB fait ou insuffi sant pour assurer un niveau secteur et, partant, peut commencer à apparaître des chiffres parfois impres- de vie satisfaisant pour la population. agir sur lui. Le deuxième consiste en une sionnants. Ainsi, le Bureau International Les petites activités informelles, venant amnistie fi scale pour les personnes qui du Travail (BIT) estime qu’en 1996, l’éco- en complément d’activités formelles ou choisiraient de sortir de l’informel, les nomie sénégalaise était à plus de 50 % non, ont alors vocation à compenser ces poursuites possibles au titre des fraudes clandestine, le chiffre montant à 96 % faiblesses étatiques. ou omissions antérieures étant d’ores et pour le seul secteur agricole. Piège pour l’économie offi cielle d’un déjà abandonnées. Le troisième consiste pays puisqu’il enferme ses acteurs dans en une quasi neutralité fi scale pour les Contexte urbain une spirale dont il est diffi cile en l’état de personnes souhaitant faire passer leur La notion de secteur infor- se sortir, le secteur informel activité d’une forme personnelle à une mel est variable, mais, d’une est aussi un révélateur des forme sociale avec la reconduction des manière générale, elle se défaillances de la part d’un mesures déjà en vigueur pour 2010. Le caractérise par l’absence de État qui doit résoudre une quatrième consiste en une réduction signifi cative de l’impôt sur les sociétés soumission des entreprises M équation quasi impossible, I C F C et emplois de ce secteur au consistant à améliorer la for- pour les petites structures réalisant :

o t droit applicable. Ainsi défi ni, o mation de la main d’œuvre moins de 3.000.000 Dhs de chiffre d’af- h p

t i

il est constaté que le secteur d sans engager plus de fi nan- faires hors taxes, passant de 30 % à 15 %. é r informel trouve son terrain CFCIM C Crédit photo : cements faute d’en disposer. Au-delà de cet effort fi scal, réel, il de prédilection dans un Mohammed Kabbaj. Si le secteur informel est une convient également de faire un effort contexte urbain où les po- richesse en ce qu’il constitue éducatif dans le sens de l’apprentissage pulations se concentrent, ouvrant des un vivier d’entreprises, le secteur formel du civisme. Par ce biais, et en expliquant marchés, des opportunités qui n’exis- doit être plus attractif pour favoriser la aux citoyens la nécessité pour un pays tent pas dans les zones rurales où la transition. Ce dernier doit donc être un du paiement des impôts par les contri- densité de population est insuffi sante. gage de sécurité pour l’activité et les buables. L’exode rural qui est induit par le déve- revenus des personnes qui s’y trouvent. En parallèle à ces actions au sein du loppement économique d’un pays s’est C’est une condition essentielle pour système éducatif et sous les mêmes naturellement produit au Maroc. Tou- l’existence d’une concurrence réelle et conditions, des actions de communica- tefois, la croissance s’est rapidement loyale mais aussi pour remédier aux dif- tion diverses doivent aussi être menées avérée insuffi sante pour absorber tout fi cultés et faiblesses de l’Etat. par la Direction générale des impôts, l’affl ux de main d’œuvre généré et les Ces faiblesses peuvent tenir à plusieurs les associations et organisations pro- personnes qui se sont trouvées sans raisons. Tout d’abord, il faut citer la fai- fessionnelles, sur le long terme, afi n de moyen de subsistance ont dû pallier à blesse des moyens dont dispose l’Etat, convaincre la population de la nocivité ce manque essentiel. qui pousse à une fi scalité parfois trop collective du secteur informel. Accompagnant le développement éco- lourde que l’on pourrait qualifi er de Mohammed Kabbaj nomique et y contribuant même par- « pousse-au-crime » pour les personnes Directeur du cabinet Maroc Expertise Président de la Commission Juridique, Fiscale et fois, il faut remarquer que les secteurs à faible revenus. On peut ensuite citer sociale de la CFCIM

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 30 F INANCES

Produits alternatifs : Affaires à suivre

Bientôt des banques islamiques ? La titrisation reste très timide au Ma- roc, le Conseil déontologique des Après les agréments déjà accordés valeurs mobilières (CDVM) vient de par la Banque centrale pour exer- le rappeler dans un rapport paru en cer l’octroi de services bancaires janvier dernier. Depuis 2002, le Maroc alternatifs compatibles avec la loi n’a connu que trois opérations en la islamique, la tendance est à la gé- matière, chacune a porté sur un mon- néralisation de ces services à toute tant de 1,5 milliard de dirhams. Il faut l’activité de la banque, y compris rappeler que la seule institution habi- au dépôt. La proposition de texte litée à titriser les créances au Maroc de loi en la matière, défendue no- est Maghreb Titrisation, fi liale de la tamment par le Parti Justice et dé- banque CIH Le capital de la Bourse veloppement (PJD) au Parlement de Casablanca sera bientôt libéralisé, marocain, décrit les modalités de la Chambre des représentants vient création de banques islamiques à d’approuver le projet de loi relatif à part entière. la société gestionnaire de la Bourse La Banque islamique jouera égale- de Casablanca (SBVC). Ce texte pré- ment un rôle d’intermédiaire dans les investissements, pouvant intervenir sur voit la multiplication des types d’ac- le marché des valeurs mobilières, en entrant dans les capitaux des sociétés et tionnaires dans le tour de table de la en prenant part à des projets, mais également en acquérant les bons du Tré- société Quelques mois après l’in- sor, dans une démarche qui respecte les lois islamiques en la matière. Le texte troduction de 10 % de son capital à la de loi prévoit également ce qu’il a appelé « des fonds participatifs », une sorte Bourse de Casablanca, le concession- d’OPCVM « halal ». naire automobile tunisien Ennakl est Selon une étude du Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM), dans une situation compliquée sur la 50% des marocains non-bancarisés sont prêts à souscrire aux services alternatifs place de Tunis. L’opinion des intermé- et sont favorables à la création de banques islamiques au Maroc. S’appuyant sur diaires comme Tunisie Valeurs est dé- ces chiffres, les partisans de ce projet espèrent se voir accorder certaines me- sormais mitigée, au vu des bouleverse- sures incitatives auprès des autorités de tutelle : baisse ou exonération de TVA ments qu’a connu le pays, et au regard sur les produits de crédits, déductibilité de certaines charges, etc. de la composition du management de la société A travers ses fi liales de construction d’hôtels et de gestion Plans d’épargne en actions : c’est parti des enseignes, Risma, le groupe Ac- cor a inauguré, le 31 janvier 2011, son Longtemps attendu par les professionnels marocains, le Plan Epargne Actions vient 900ème Ibis dans le monde, qui sera d’être introduit par la loi de Finances 2011. Dès la deuxième semaine de janvier, At- ouvert à Tanger. Tanger City Center tijariwafa bank a dévoilé son offre grand public : la constitution d’un portefeuille de son nom, cette inauguration rentre d’épargne à partir d’actions et de certifi cats d’investissement, tous cotés à la Bourse dans le cadre d’un programme d’inves- de Casablanca, ainsi que des droits d’attri- tissement sur les trois années à venir, bution et de souscription afférents à ces ac- durant lesquelles Accor prévoit plu- tions et aux titres d’OPCVM actions. sieurs ouvertures dans les segments Ce service, qui engrange en France quelque 3 étoiles, ainsi que le lancement im- 170 milliards d’euros, est accessible à tous, minent de l’enseigne Etap, très écono- car on peut y souscrire à partir d’un pla- mique chaîne d’hôtels de passage cement de 100 dh, le plafond étant fi xé à La fi liale minière de SNI, , 600.000 dh. Le client peut gérer son por- entend augmenter sa production de tefeuille à sa guise, et disposera des outils métaux précieux, de cuivre et de co- balt à partir de projets nationaux et pour administrer ses actifs, mais ne pourra à l’international, principalement en profi ter de l’exonération totale de l’impôt Afrique centrale. C’est la raison de la sur les produits fi nanciers que si les fonds récente augmentation de capital de la restent bloqués pendant cinq ans. société cotée en Bourse, réservée aux Proposé par deux banques jusque là, et la Banque Centrale Popu- salariés et actionnaires actuels. laire, les autres banques ne tarderont pas à mettre leur offre sur le marché. Cette nouvelle disposition permettra de renforcer l’épargne à moyen-terme, et donc l’in- Page réalisée vestissement, car jusque là, plus de 70% de l’épargne au Maroc est représentée par par Omar Radi des placements liquides de court-terme. [email protected]

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 31 M ANAGEMENT – RH DRH : une petite révolution budgétaire Identifi er les sources d’économies est devenu indispensable au sein des Directions des Ressources Humaines.

Fonction d’intendance pure il y a en- 2) Trouver des sources d’économies dans Enfi n, depuis plusieurs années déjà, core 10 ans, les Ressources Humaines les autres Départements de la DRH : les DRH font de gros efforts pour sont devenues une véritable fonction Pour compenser la hausse prévision- réduire les coûts de la gestion ad- de gestion des talents et des com- nelle du budget recrutement, les DRH ministrative et de la paie afi n de se pétences. Désormais considérées doivent donc aussi trouver des sources concentrer sur des activités à plus comme des Directions-clés au sein d’économies dans les forte valeur ajoutée des entreprises et facteur différen- autres activités RH. Sur Depuis plusieurs et plus stratégiques ciant sur le marché concurrentiel, les leur budget formation pour l’entreprise, Directions des Ressources Humaines par exemple, les entre- années déjà, les DRH telles que la gestion jouent aujourd’hui un rôle straté- prises peuvent réussir font de gros efforts pour de carrière ou la mo- gique. On attend d’elles, notamment, des économies impor- bilité. Cependant, les qu’elles soient capables de recruter et tantes grâce à deux réduire les coûts de la résultats ne sont pas de fi déliser les meilleurs éléments du types d’action : toujours très pro- marché du travail tout en respectant • La mutualisation gestion administrative bants et plusieurs le- un budget serré. Pour relever ce défi , des coûts grâce à la et de la paie viers peuvent encore les DRH vont être obligées d’accroître rationalisation des ca- être actionnés pour la part budgétaire allouée au recrute- talogues de formation. Ces harmonisa- réduire ces coûts : ment alors même que leur enveloppe tions permettent de gagner en effi caci- • L’externalisation de l’ensemble des risque de ne pas être augmentée. Pour té au niveau de la Direction, de centrer activités de gestion administrative et compenser cette hausse et tenir leurs les consommations de formation sur de paie objectifs, l’identifi cation de sources les priorités défi nies par le Groupe ou • La réorganisation de la fi lière, afi n d’économies est indispensable. encore d’optimiser le taux de remplis- de gagner en effi cacité Deux options s’offrent aux Directions sage des sessions présentielles. des Ressources Humaines pour faire • La réinternalisation de certaines ac- En conclusion, les DRH doivent anti- face aux contraintes budgétaires : tivités, comme certaines formations ciper une refonte de leur répartition qui peuvent être dispensées par des budgétaire et il existe encore au- 1) Améliorer l’effi cacité de la fonction profi ls internes très expérimentés. Au- jourd’hui plusieurs sources d’écono- recrutement : delà des gains fi nanciers, c’est aussi mies possibles. En revoyant leurs pro- Un des leviers de réduction des coûts unene réponse à la question de l’emploil’emploi cecessuss et l’organisation de leurs pour la fonction recrutement est deses seniorsseniors didirections,rections, les DRH peuvent l’implémentation d’un outil e-recru- aujourd’hui.aujourd’hui. nononn seulemseulementent réréalisera des tement. En permettant de réduire gains fi nanciers, ma maisis les charges administratives, mais aussi gagner en efeffifi ca- aussi de gérer plus effi cacement cicité.té. l’ensemble du processus de recrute- ment, il représente une vraie source Sia ConseiConseill MarMarococ d’économie avec un ROI visible à court terme. Par exemple, grâce à une meilleure effi cacité en termes de communication, il permet de réaliser, à recrutement constant, une éco- nomie d’environ 10 % du budget de communication. Pour que la fonction recrutement soit effi cace, les processus doivent être adaptés aux postes à pourvoir mais aussi à l’outil en place. Par ailleurs, le niveau de gestion du recrutement doit être défi ni clairement: les candi- datures sont-elles gérées de manière centralisée ou décentralisée ? Quel Crédit photo : www.pixmac.ma Crédit photo : est le rôle des entités dans les diffé- En revoyantt leursl processus ett l’l’organisation i ti dde lleurs didirections, ti lles DRH peuvent t réaliser é li ddes gains i rentes étapes d’un recrutement ? fi nanciers substantiels.

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 32 M ANAGEMENT – MARKETING Animer une équipe commerciale : secrets de(s) Chefs ‘‘ Celui qui ne sait pas sourire ne doit pas ouvrir d’échoppe ’’, dit un proverbe chinois. En matière de vente, la communication joue un rôle essentiel. Mais ça n’est pas tout. Indicateurs, management et techniques d’animation font également partie de la boîte à outils du responsable commercial. Tournée auprès de professionnels chevronnés.

Suivi des résultats : règles d’or Outils bien connus de l’animation com- merciale : les objectifs. Les fi xer et les suivre dans le temps est un facteur clé de succès et la garantie de ne pas navi- guer à vue ! Pour être suivis, ces objectifs doivent naturellement être écrits, mais aussi mesurables et partagés. Simples a m chiffres d’affaires ou tableaux de bord, . c a la plupart des équipes commerciales m x i p .

les épluchent rigoureusement au mois, w w w

au trimestre et à l’année. Sans oublier :

o t les réunions de suivi hebdomadaires. o h p

t i

« Chez Dell, la visibilité sur les chiffres d é r et sur les objectifs est primordiale. La www.pixmac.ma C Crédit photo : motivation et le pilotage de la force de Au cœur de l’animation : le management et la communication humaine pour impliquer, fédérer et mobi- vente se font sur ces indicateurs. De là liser les efforts vers les objectifs. découlent des leviers de motivation par cette rive. Equité au sein des équipes et C’est aussi un vrai rempart contre la dé- rapport au dépassement des objectifs : respect du travail de chacun sont les motivation et/ou le turn-over. Primes, la rémunération, le système d’objectifs garants d’un bon fonctionnement. « Il avantages divers en nature ou en es- et les incentives. », indique Othmane faut un système de rémunération lié pèces sonnantes et trébuchantes, à Serraj, son Directeur Général. et cohérent avec le système de mesure chaque entreprise, son système. S’ils des performances. Un des risques est sont parfois confi dentiels, d’autres ont C’est l’homme qui fait l’équipe qu’il se déconnecte et donne aux com- un caractère volontairement public Au cœur de l’animation : le manage- merciaux une impression d’inéquité. afi n de renforcer la valorisation indivi- ment et la communication humaine Garder la confi ance dans le système de duelle du succès. « La reconnaissance pour impliquer, fédérer et mobiliser les méritocratie, disposer de règles claires est primordiale pour les commerciaux. efforts vers les objectifs. Le rôle d’ac- et transparentes et arbitrer les litiges Célébrer les succès, les réussites et les compagnateur au quotidien du ma- par les managers est essentiel » pour- meilleures performances et le besoin de nager est déterminant. « Il est là pour suit Othmane Serraj. reconnaissance sont essentiels. La com- tirer le meilleur de chacun. Comme En dehors des aspects de rémunéra- munication et la mise en avant sont dans une équipe sportive, c’est un tion, saborder la crédibilité des troupes importantes. Nous croyons beaucoup coach : il intervient pour aider les constitue un autre écueil à éviter. « Il dans les awards et nous demandons à commerciaux à progresser, pour fi xer faut éviter de brûler ses équipes. Le nos managers commerciaux de savoir des objectifs et les moyens pour les at- client ne doit pas pouvoir renégocier célébrer le succès. » poursuit encore le teindre. » souligne Mathieu Sabbagh, avec le Directeur Général et obtenir Directeur Général de Dell. Directeur Général de BSH plus connue plus que ce qu’il a eu du commercial, sous le nom de Bosch. Même son de qui est son interlocuteur. » rappelle Conclusion, l’animation d’une équipe cloche auprès d’Othmane Serraj : « La Mathieu Sabbagh. Facile et gratifi ant, de commerciaux ne s’improvise pas. Et motivation et le leaderhip commercial le « geste de la Direction » a le mérite de le rôle du capitaine du bateau est dé- se font par la proximité des managers faire plaisir au client mais altère l’am- cisif pour impulser… et garder le cap ! et des forces commerciales. Les mana- biance et l’effi cacité de l’équipe. Au vieux loup des mers, la charge de gers doivent les connaître et les aider remonter le moral ou de rouvrir les ap- pour aller plus loin. ». La reconnaissance au cœur d’une ani- pétits au gré de la météo. Le tout avec le mation réussie sourire ou au moins l’optimisme... Deux garde-fous : équité et respect Pas de motivation sans reconnaissance, Comme dans toute équipe, le facteur c’est le fameux besoin d’estime décrit Anne-Sophie Colly humain est décisif. Et les pièges sont sur par Maslow dans sa célèbre pyramide. [email protected]

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 33 M ANAGEMENT – RSE Infrastructures sociétales : les entreprises mettent la main à la pâte… et à la poche Ecole, dispensaire, désenclavement et raccordement au réseau routier, les besoins sont nombreux. L’émergence de la notion de RSE ces dernières années a favorisé les initiatives privées visant à améliorer le cadre de vie des citoyens. Focus.

« Tant que les peuples disposent d’une bonne éducation, ils continueront d’exister. Si celle-ci disparaît, ils dis- paraîtront avec » indique un texte en arabe sur le fronton d’un bâtiment. Aux confi ns de Sidi Moumen, après des baraquements insalubres et à l’orée des champs, le collège Touria Sekkat abrite 1500 collégiens. Des sourires et des rires d’adolescents qui discutent devant la porte. Dans ce quartier plus que périphérique, charrettes et bêtes de traie sont plus nombreuses que les

voitures. Ici, l’accès à l’eau est récent. Générale Rassef/Société A. Crédit photo : Ecoles et salles de classes manquent. Le nouveau bâtiment du collège Touria Sekkat signé Initiatives Pour juguler ces carences, l’an dernier, l’association Initiatives partenaires de tions de vie des générations présentes crèche, centre de formation, fi nan- Casablanca a fi nancé un bâtiment sup- et à venir » et fi xe un certain nombre cement de la maison de retraite d’El- plémentaire de 6 classes. Quincaillerie, de principes directeurs. (Arrière) Petite Hank, plusieurs projets ont été ainsi peinture, ampoules, gravillons au sol fi lle de la philanthropie américaine, réalisés. » explique Albert Le Dirac’h. et pose de grillages aux fenêtres, une l’idée de responsabilité sociétale de somme de détails pas forcément vi- l’entreprise, s’est largement dévelop- Réhabilitation et mise à niveau d’équi- sibles, également accompagnés par pée en Europe à la fi n des années 70. pements scolaires sont les plus plébis- l’association. «Nous y avons trouvé une Un certain nombre de multinationales citées équipe pédagogique et une association a estimé que leur responsabilité s’éten- Actions d’appui à un établissement ou de parents d’élèves engagés locale- dait au-delà de leurs actionnaires et projet plus vaste, le soutien à l’éduca- ment» indique Albert incluait la société. Une tion sous toutes ses formes, recueille Le Dirac’h, Président de tendance qui a gagné de larges suffrages. « A partir de 2009, l’Association Initiatives Actions d’appui à un du terrain au Maroc nous avons décidé de nous centrer sur et par ailleurs Président établissement ou projet et s’exprime réguliè- l’éducatif et sur les quartiers les plus dé- du Directoire de la So- rement notamment favorisés de Casablanca et de jouer un ciété Générale Maroc. plus vaste, le soutien à à travers le fi nance- rôle d’entraînement d’autres énergies. Actés en 2000, les Ob- ment d’infrastruc- Avec l’association El-Jisr, nous avons jectifs du Millénaire l’éducation sous toutes tures collectives dans effectué un travail d’identifi cation des pour le Développe- ses formes, recueille des zones déshéritées. quartiers. Celui de Lahraouiyne, qu’on ment concernent 8 C’est le cas de l’asso- appelle aussi « la petite Tchétchénie » a objectifs clés visant au de larges suffrages. ciation Initiatives et été retenu. » commente encore le Pré- progrès social, écono- de ses 26 membres. sident d’Initiatives. Engagée en 2000 mique et sociétal. Réduire l’extrême « En 2004, une douzaine d’entreprises, dans ce domaine, avec le programme pauvreté et la faim de même qu’assurer sollicitées par Guy Canavy (à l’époque « 1001 écoles Medersat.com », la Fon- l’éduction primaire pour tous en font Directeur Général de Lydec, ndlr) ont dation BMCE-Bank a initié près de 60 partie. La même année, la notion de décidé de mettre en commun des idées écoles. En 2009, 50 unités destinées responsabilité sociétale de l’entreprise et moyens pour rendre plus effi caces à la petite enfance ont été ouvertes a été introduite pour la première fois les actions qu’elles pouvaient mener dans des écoles publiques. Une impli- à travers le Traité de Lisbonne. Dans ce dans le cadre de ce qu’ils considéraient cation également marquée au sein de domaine, la stratégie européenne vise comme relevant de leur responsabilité l’Association des cimentiers du Maroc à « améliorer le bien-être et les condi- sociétale. Terrains de sport, garderie, qui s’est engagée sur un « programme

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 34 MANAGEMENT – RSE

national de mise à niveau environne- contrainte également éprouvée par aussi une façon d’éviter un éternel re- mental des établissements scolaires Lafarge. L’entreprise est à l’initiative de commencement, tel Sisyphe et son cé- en milieux ruraux » dans le cadre d’une plusieurs projets de ce type aussi bien lèbre rocher. « Nous avons une trame convention. Fin 2010, Lafarge avait ainsi pour faciliter l’accès aux sites qu’aux d’intervention. Nous choisissons des accompagné 11 écoles de campagne à villages voisins. « Nous avons procédé quartiers exemplaires en termes de proximité de ses différents sites. à des aménagements pour améliorer besoin d’infrastructures et où peut le cadre de vie des populations avoisi- jouer un effet d’entraînement avec les A deux kilomètres de Tit-Mellil et bien nantes comme le parc «Forêt Lafarge » acteurs publics et privés. Ce sont les loin du centre-ville, le bidonville Atta- aujourd’hui accessible au grand public. conditions pré-requises pour assurer charouk et la décharge d’Ouled Rahou Il abrite une piste de jogging de 780 la pérennité du projet » conclut Albert dans la commune de Moulay Rachid. mètres, des bancs, une zone verte et Le Dirac’h. La pérennité : un retour sur Une piste mène à l’annexe de l’école un terrain de pétanque» explique Ab- investissement légitime eu égard à la primaire du quartier. Dans ce vaste dellah Chouar, Directeur de l’usine de nature même des projets dont le suc- no men’s land que la brume du jour Meknès. cès est aussi fi nalement conditionné isole davantage, réhabilitation et mise Face à l’étendue des besoins, investir par une co-responsabilité entreprise- à niveau sont au cœur des besoins. dans des projets d’avenir autour de communautés concernées. Initiatives y développe un deuxième communautés structurées constitue Anne-Sophie Colly projet d’envergure. « L’objectif est de un critère de choix des projets mais [email protected] construire un collège. Nous avons négo- cié le foncier, travaillé avec une équipe de bénévoles, constituée d’ingénieurs et d’architectes qui interviennent sur la partie technique et en assurent la maî- trise d’ouvrage » indique encore Albert Le Dirac’h. Durée du projet : environ 8 mois pour la première tranche, de la construction du mur de clôture à l’inau- guration du premier bâtiment. « Le projet comprend 18 salles de classe et 3 bâtiments : l’administration, une biblio- thèque et un bloc sanitaire. La livraison du premier bâtiment (6 classes), est pré- vue en mars 2011. La deuxième tranche sera engagée rapidement afi n que le collège soit opérationnel à la rentrée ». Coût du projet : entre 5 et 6 millions de dirhams, fruit de la décision collégiale des membres de l’association. A côté de ces projets, le fi nancement d’infrastruc- tures est également l’objet d’une pano- plie de micro-actions rarement signées et pourtant fondamentales dans la lutte contre la pauvreté. Parmi elles, des routes mais aussi des aménagements socio-culturels.

Pistes et routes, vecteurs bien connus de désenclavement Même si «les rivières sont des chemins qui marchent et qui portent où l’on veut aller. », comme nous dit Pascal, sans route, pas de désenclavement ni de développement. L’enclavement, une diffi culté bien connue qui sou- vent freine la rapidité des dynamiques. « L’un des défi s concerne les diffi cultés de rénovation des bâtiments en rai- son d’un très fort enclavement », ex- plique Wafa Chafi , la Secrétaire Géné- rale de la Fondation BMCE-Bank. Une

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 35 NTIC

Téléphonie : bataille à venir sur le contenu ? Affaires à suivre

Le marché des télécommuni- Le citoyen marocain pourra enfi n se cations grand public au Maroc doter d’une carte de crédit internatio- devient de plus en plus ma- nale (en devises), pour régler des achats ture, et l’innovation de l’offre sur Internet. L’Offi ce des changes qui est devenue le seul moyen de a fi xé la dotation annuelle maximale se creuser sa part de marché. de ce compte en devises à 10.000dh, a Sur le mobile, segment qui tout de même dressé une liste d’achats reste très dynamique en ma- interdits. Évitez les dons aux organisa- tière de concurrence, la course tions religieuses, ne faites pas de paris aux offres de contenu accom- aux jeux de hasard, et ne réglez pas vos pagnant le produit classique notes d’hôtels-casinos. Votre intermé- (la voix) se corse davantage. diaire devra transmettre un compte- Après le passage de Wana à , les offres mobiles du troisième opérateur se ba- rendu de vos achats tous les six mois saient considérablement sur les applications 3G, de messagerie et de réseaux so- à l’Offi ce des changes Désormais, ciaux, très prisés par la demande marocaine. on peut être au courant sur Internet Ce positionnement intervient juste après l’élargissement des produits post-payés de tout ce que décide le ministère de de Maroc Telecom à ce même genre de contenus, et après que le second opérateur la Modernisation des secteurs publics Méditel ait conclu plusieurs partenariats (RCA/WAC/Rotana) pour agrémenter son pour la fonction publique. Les chantiers réseau de services d’une nouvelle génération au Maroc. Cet intérêt survenu pour entrepris, ceux en cours, la valorisation l’offre d’accompagnement de la voix était à peine palpable il y a un an. Et les chiffres des ressources humaines, et les chan- 2010 ne devraient pas créer la surprise : le contenu ne rapporte pas encore assez aux gements dans les relations adminis- trois opérateurs pour compenser la quasi-stagnation de la croissance du segment tration-usager… seront disponible sur mobile qui, jusque là, compensait le statu quo des autres branches. La venue de www.mmsp.gov.ma Le secteur Orange, dont les managers promettent déjà de bouleverser la demande et ses ha- des télécoms fi nira l’année avec une bitudes, donnera certainement un souffl e nouveau à la concurrence en la matière. croissance du chiffre d’affaires global de 6 %, soit 35,6 milliards de dirhams. C’est l’Agence nationale de régulation des Cap sur les nanotechnologies télécommunications (ANRT) qui vient de l’annoncer. L’établissement nous indique que la plus grosse évolution Nematek, fi liale du bras fi nancier de l’Etat du parc de clients est celle qu’a connue marocain, la CDG, prend le devant en ma- Internet, 57 % de plus qu’en septembre tière de nanotechnologie, et ouvre le bal de 2009 Méditel a changé sa méthode la recherche et développement (R&D). Le pour facturer les connexions prépayées ministre en charge des nouvelles technolo- des cartes 3G. En effet, Meditel est passé gies, Ahmed Reda Chami l’avait annoncé : à la limitation du volume des téléchar- « Le Maroc va bientôt être doté d’un brevet, gements. Evidemment, les clients ne voire plusieurs, en nanotechnologies pour paient que ce qu’ils consomment, mais certains matériaux ». Et visiblement, le pro- le volume des données à télécharger est cessus s’accélère, notamment en matière devenu insuffi sant. Le second opérateur de R&D. national n’a pas encore communiqué La Mascir (Moroccan Association for sur cette modifi cation de l’offre Science, Innovation and Research), créée «Ask Me Digital Ltd. Compagnie spé- par les autorités marocaines dans le cadre cialisée dans la Conciergerie Digitale, le du plan Emergence pour développer des développement de programmes ainsi applications scientifi ques à forte valeur ajoutée, travaille main dans la main avec que la conception et la fabrication de plusieurs partenaires du secteur privé, notamment Nemotek. Ce fl euron du sec- kiosques « Touch » personnalisés, s’im- teur s’est illustré à l’international par un investissement conséquent de 39 mil- plante enfi n au Maroc sous le nom de lions d’euros en 2010. Produisant actuellement plus de 3 millions de caméras mi- Ask Me Digital Maroc ! ». niatures par mois, dont la délicate opération d’assemblage se fait entièrement à la Technopolis de Rabat, Nemotek compte en produire 9 millions en 2011, et plus de 18 millions par mois en 2012. Principal objectif : la diversifi cation des applica- Page réalisée tions de ces mini-caméras, notamment dans le secteur automobile et médical, par Omar Radi d’où l’intérêt de la transversalité de la R&D. [email protected]

Conjoncture N° 923 - Février 2011 - 36