Francophonie Et Profondeur Stratégique
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2013 – No26 FRANCOPHONIE ET PROFONDEUR STRATÉGIQUE FRANCOPHONIE ET PROFONDEUR STRATÉGIQUE SOUS LA DIRECTION DE NIAGALÉ BAGAYOKO ET FRÉDÉRIC RAMEL La profondeur stratégique correspond à un ensemble de ressources (territoriales, matérielles et humaines) sur la base desquelles un acteur international peut s’appuyer en vue de mettre à distance une menace. Une posture stratégique en période de paix ne néglige pas cette recherche de la profondeur, qui constitue une fonction non négligeable dans la constitution ou le renforcement d’un espace de défense et de sécurité. Il ne s’agit pas de contrôler directement un territoire mais de tisser un ensemble de relations et de partenariats à l’étranger. L’objectif de la présente recherche est de réhabiliter un point aveugle de la profondeur stratégique : sa composante francophone. En effet, la dynamique institutionnelle de l’Organisation internationale de la Francophonie depuis le Sommet de Hanoï de 1997 lui a ouvert l’accès à la scène diplomatique et stratégique. Outre l’analyse de ces transformations, l’étude propose tout d’abord une redéfinition du concept de profondeur stratégique en élargissant ses dimensions initiales. Ensuite, l’application du concept de profondeur à la Francophonie (l’Organisation internationale) et à la francophonie (l’espace des populations ayant le français en partage) est envisagée selon deux perspectives complémentaires : la première est fonctionnelle (rôle de la Francophonie politique, élargissement de l’Organisation, usage du français en tant que langue dans les opérations militaires), la seconde est géographique (Maghreb, Afrique, Asie, Amérique). IRSEM Ecole militaire 1, place Joffre - Case 46 – 75700 Paris SP 07 www.defense.gouv.fr/irsem ISSN (1) : 2109-9936 ISSN (2) : en cours d’attribution ISBN : 978-2-11-138004-2 FRANCOPHONIE ET PROFONDEUR STRATÉGIQUE Sous la direction de Niagalé BAGAYOKO & Frédéric RAMEL AVERTISSEMENT Les opinions émises dans ce document n’engagent que leurs auteurs. Elles ne constituent en aucune manière une position officielle du ministère de la défense. FRANCOPHONIE ET PROFONDEUR STRATÉGIQUE _______________________________________________________ ÉTUDES DE L’IRSEM DÉJÀ PARUES : 1- LES CRISES EN AFGHANISTAN DEPUIS LE XIXE SIÈCLE 2- DES GARDES SUISSES À BLACKWATER / VOLUME 1 ; ARMÉES PRIVÉES, ARMÉES D’ÉTAT / VOLUME 2 3- ISRAËL ET SON ARMÉE : SOCIÉTÉ ET STRATÉGIE À L’HEURE DES RUPTURES 4- OTAN : CONTINUITÉ OU RUPTURE ? 5- LA PERCEPTION DE LA DÉFENSE FRANÇAISE CHEZ NOS ALLIÉS 6- DU NETWORK-CENTRIC À LA STABILISATION : ÉMERGENCE DES « NOUVEAUX » CONCEPTS ET INNOVATION MILITAIRE 7- CHAOS, RÉVEIL ET SURSAUT SUCCÈS ET LIMITES DE LA STRATÉGIE DU « SURGE » EN IRAK (2007-2009) 8- DU PÉTROLE À L’ARMÉE : LES STRATÉGIES DE CONSTRUCTION DE L’ÉTAT AUX ÉMIRATS ARABES UNIS 9- ÉTUDIER LE RENSEIGNEMENT : ÉTAT DE L’ART ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE 10- ENQUÊTE SUR LES JEUNES ET LES ARMÉES : IMAGES, INTÉRÊT ET ATTENTES 11- L’EUROPE DE LA DÉFENSE POST-LISBONNE : ILLUSION OU DÉFI ? 12- L’UNION EUROPÉENNE EN TANT QUE TIERS STRATÉGIQUE 13- UTILISATION ET INVESTISSEMENT DE LA SPHÈRE INTERNET PAR LES MILITAIRES 14- L’ÉVOLUTION DU DÉBAT STRATÉGIQUE EN ASIE DU SUD-EST DEPUIS 1945 15- ANALYSE COMPARÉE DE LA STRATÉGIE SPATIALE DES PAYS ÉMERGENTS : BRÉSIL, INDE, CHINE 16- RELATION HOMME-ROBOT : PRISE EN COMPTE DES NOUVEAUX FACTEURS SOCIOLOGIQUES 17- PROBLÉMATIQUE DU RECRUTEMENT POUR LES ARMÉES PROFESSIONNELLES 18- ÉTUDE COMPARATIVE DES LIVRES BLANCS DES 27 ÉTATS MEMBRES DE L’UNION EUROPÉENNE : POUR LA DÉFINITION D’UN CADRE EUROPÉEN 19- LE PAQUET DÉFENSE : QUELS IMPACTS JURIDIQUES ET INDUSTRIELS ? 20- INSURRECTIONS ET CONTRE-INSURRECTIONS : ÉLÉMENTS D’ANALYSE SOCIO-LOGIQUE À PARTIR DES TERRAINS IRAKIEN ET AFGHAN 21- L’IMAGE DES MILITAIRES FRANÇAIS À LA TÉLÉVISION 2001-2011 22. ÉVOLUTION DU CONTRÔLE PARLEMENTAIRE DES FORCES ARMÉES EN EUROPE 23- DÉFENSE EUROPÉENNE ET COMMUNICATION STRATÉGIQUE 24- LES DÉFIS STRATÉGIQUES AFRICAINS : EXPLORATION DES RACINES DE LA CONFLIC-TUALITÉ EN AFRIQUE DE L’EST 25- LES DÉFIS STRATÉGIQUES AFRICAINS : LA GESTION DE LA CONFLICTUALITÉ EN AFRIQUE CENTRALE 2 FRANCOPHONIE ET PROFONDEUR STRATÉGIQUE _______________________________________________________ L’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) a pour mission de promouvoir la recherche sur les questions de défense et d'encourager une nouvelle génération de chercheurs. L’ensemble de ses productions et de ses activités peut être suivi sur son site : www. defense.gouv.fr/irsem Les opinions émises, les analyses proposées par les auteurs publiés, n’engagent pas le ministère de la Défense. 3 FRANCOPHONIE ET PROFONDEUR STRATÉGIQUE _______________________________________________________ SOMMAIRE Avant-propos La francophonie comme profondeur stratégique ? ................................................. 5 FREDERIC CHARILLON Introduction Penser la profondeur stratégique francophone ..................................................... 9 FREDERIC RAMEL Le concept de profondeur dans la pensée stratégique ............................................................. 18 THIERRY WIDEMANN La reconstruction de la Francophonie par le politique .............................................................. 23 HUGO SADA La profondeur stratégique francophone au Maghreb ou le français comme vecteur d’ouverture sur l’extérieur .......................................................................................................................... 28 FLAVIEN BOURRAT Profondeur stratégique de la Francophonie en Afrique ............................................................. 36 CATHERINE GUICHERD Stratégies francophones au Vietnam ....................................................................................... 50 PIERRE JOURNOUD L’implication du Canada en Haïti, illustration de la francophonie comme profondeur stratégique – « Le pays en dehors » ........................................................................................................... 68 STEPHANE JANS Les perspectives stratégiques des nouveaux membres et États observateurs de la Francophonie : la dynamique d’élargissement de l’espace francophone .......................... 77 ALEXANDRA VELEVA ET NIAGALE BAGAYOKO Le français langue militaire, instrument de la profondeur stratégique de la francophonie ....... 93 BRICE POULOT Liste des sigles .................................................................................................... 101 4 FRANCOPHONIE ET PROFONDEUR STRATÉGIQUE _______________________________________________________ AVANT-PROPOS La francophonie comme profondeur stratégique ? Frédéric CHARILLON Professeur des universités en science politique et directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. Quelle est la valeur stratégique de la francophonie, pour qui et sur quel terrain ? Décriée par les uns comme une fantaisie française synonyme, au choix, d’archaïsme ou d’illusion de grandeur, considérée par d’autres comme non négociable et consubstantielle de l’identité de la France sur la scène internationale, porteuse d’un esprit politique autant que d’un rayonnement culturel, la francophonie dépasse en réalité le cadre d’une seule problématique hexagonale, et il convient de s’en souvenir. Du Québec à Beyrouth, du Maghreb à l’Afrique de l’Ouest, des élites francophones du Caire aux couloirs des Nations unies ou de l’Union européenne, quelle est sa fonction ? Poser ainsi la question sous un angle qui peut paraître utilitariste ne nie en rien la dimension culturelle, identitaire, profonde, émotionnelle même, que revêt l’utilisation maintenue de la langue française dans un monde devenu si multiple. Pour autant, il nous apparaît nécessaire d’entamer ici une réflexion sur la francophonie comme atout, comme vecteur, comme force. Les pièges d’une francophonie étroite Cette réflexion doit d’abord éviter plusieurs pièges. Le premier d’entre eux consiste à assimiler systématiquement l’espace francophone à un « troisième cercle » de priorités diplomatiques françaises qui, après l’Europe et l’Atlantique, couvrirait en réalité l’ancien empire colonial. Nous l’avons dit plus haut, ce serait une conception bien « hexagono- centrée ». L’affaire n’est certes pas simple. D’abord, parce que les réflexes diplomatiques (en France comme ailleurs) sont tenaces : si l’on fait exception du Québec ou d’une partie de la Suisse et de la Belgique, c’est bien à l’ancien empire colonial français que l’on pense le plus souvent dans le débat public lorsque la Francophonie est évoquée. Ensuite, parce que ces réflexes sont nourris par des données qui, elles, sont objectives : la plupart des estimations actuelles prévoient que le monde comptera quelque 715 millions de francophones en 2050 (contre environ 220 millions aujourd’hui), mais situent 85 % de cette population… en Afrique. De quoi nourrir les perceptions déjà ancrées. Enfin, parce que la confusion ne doit pas être faite entre, d’une part, un double constat culturel et démographique bien réel (l’identité francophone d’une partie de l’Afrique, la localisation de plus en plus africaine de la francophonie), et, d’autre part, des conclusions politiques cette fois biaisées, qui octroieraient à la France le double monopole à la fois de la légitimité francophone et de l’expertise africaine. D’autres pays que la France sont autorisés à parler au nom de la Francophonie (à commencer justement par des pays africains), et d’autres pays que la France entretiennent une connaissance fine de l’Afrique et de ses défis à relever. Il sera essentiel dans les années à venir