5 Franc»

présente

LE CONSEIL GÉNÉRAL DE L' £.0, Q^ie en Gf^ampag.ne £.ct. ^le en ïï^ampag-ne Revue Culturelle Mensuelle Revue Culturelle Mensuelle Rédaction - Administration - Publicité 2V Année — N° 217 22, rue Traversière - Téléphone: (25) 43.37.51 DECEMBRE 1972 Compte de Chèques Postaux : Paris 9.708-86 Abonnement ordinaire ...... 20 F Abonnement de soutien ...... 25 F Numéro spécial Les opinions émises dans « La Vie en Champagne » n'engagent que la seule responsabilité —— de ceux qui les expriment ——

Nos Numéros Spéciaux (encore disponible») Le Conseil

Mignard et Girardon ...... 2,50 Les Métiers du Feu ...... 1,50 général Les Foires de Champagne ...... 1,50 Précis économique de l'Aube ...... 1,00 Monsieur Vincent et l'enfance abandonnée ...... 0,70 de l'Aube Chaouree ...... 2,00 Le mouvement industriel danE l'Aube (1957-1961) .. 1,00 Ervy-Ie-Chatel ...... 2,50 Le lycée de garçons de Troyea ...... 1,50 Editorial ...... p. 3 Trésors de Troyes ...... 5,00 Saint-Parre-au-Tertre ...... 2,30 Les origines du Conseil général p. 4 Pont-sur-Seine ...... 2,50 Urbain IV, pape troycn ...... 3i50 Le Conseil général d'aujourd'hui p. 14 II y a 20 ans, l'Aube soua l'occupation ...... 2,00 Le Préfet représentant de PEtat p. 16 IsIc-Aumont ...... 3,00 Paul Portier ...... 3,00 Organisation de la Préfecture de l'Aube . . p* 17 La Bibliothèque de Troyes ...... 3,00 La Formation de Troyea ...... 3,00 Les chefs-lieux de canton de l'Aube Le Barséquanais ...... 4,00 (carte ancienne) ...... p. Ift Bar-sur-Seine ...... '... " 5,00 Le fromage • Chaouree ....,,,,....,.,...... 3,00 Les présidents du Conseil général ...... p. 19

Les membres du Conseil général depuis les origines ...... p. 31

SAINTE-SAVINE

ILLUSTRATIONS

La maison de la Diététique COUVERTURE PRODUITS DE REGIME L'hôtel de la Prétecture illuminé Nature et Santé Photo Jean Senienon (con-cours départemental de photographies) 1. rue Emile-Zola — TBOYES Les autres illustrations proviennent des archives départementales de VAvSw £.€t Q^le en G^ampag.ne £.€t Qfie en (î^ctntpcig.ne Revue Culturelle Mensuelle Revue Culturelle Mensuelle Rédaction - Administration - Publicité 20° Année — N° 217 22, rue Traversière - TROYES Téléphone : <25) 43.2151 DECEMBRE 1972 Compte de Chèques Postaux : Paris 9.708-86 Abonnement ordinaire ...... 20 F Abonnement de soutien ...... 25 F Numéro spécial Les opinions émises dans < La Vie en Champagne » n'engagent que la seule responsabilité —— de ceux qui les expriment ——

Nos Numéros Spéciaux (encore disponibles) Le Conseil

Mignard et Girardon ...... 2,50 Les Métiers du Feu ...... 1,50 général Les Foires de Champagne ...... 1*50 Précis économique de l'Aube ...... 1,00 Monsieur Vincent et l'enfance abandonnée ..,,...... 0,70 de l'Aube ...... 2,00 Le mouvement industriel dans l'Aube (1957-1961) .. 1,00 Ervy.le-Châtel ...... 2,50 Le lycée de garçons de Troyea ...... 1,50 Editorial ...... p. 3 Trésors de Troyes ...... 5,00 Saint-Parre-au-Tertre ...... 2,50 Les origines du Conseil général ...... p. 4 Pont-sur-Seine ...... 2,50 Le Conseil général d'aujourd'hui ...... p. 14 Urbain TV, pape troyen ...... 2,50 H y a 20 ans, l'Aube sous l'occupation ...... 2,00 Le Préfet représentant de l'Etat ...... p. 16 IsIe-Aumont ...... 3,00 Paul Portier ...... 3,00 Organisation de la Préfecture de l'Aube . . p. 1T La Bibliothèque de Troyes ...... 3,00 La Formation de Troyes ...... 3,00 Les chefs-lieux de canton de l'Aube Le Barséquanais ...... 4,00 (carte ancienne) ...... p. l» Bar-sur-Seine ...... -...... ,...... "' S,00 Le fromage a Chaource ...... 3,00 Les présidents du Conseil général p. 19

Les membres du Conseil général depuis les origines ...... p. 31

SAINTE-SAVINE

ILLUSTRATIONS

La maison de la Diététique COUVERTURE PRODUITS DE REGIME L'hôtel de la Préfecture illuminé Nature et Santé Photo Jean Semenon (concours départemental de photographies) 1, rue Enule-Zola — TROYES Les autres illustrations proviennent des archives départementales de l'Autw Vignette gravée du département (1790)

Une des nombreuses vignettes, chargées d'une richesse symbolique, par lesquelles le dépar- tement égayait un peu ses innombrables publications administratives.

Carte du département de l'Aube (1790)» PAR BRION, INGÉNIEUR GÉOGRAPHE DU ROI.

Cette carte montre avec une grande netteté, au moment ou le département a été créé et délimité, sa division en six districts et en uns soixantaine de. cantûTis, dont les chefs-lieux sont indiqués {les trois Riceys ne constituent déjà qu'une seule commune). Au début du mois d'octobre dernier M. le Préfet et le Conseil général de l'Aube ont eu l'heureuse idée de commémorer le centenaire de la loi organique du 10 août 1871. A quelques modifications près, c'est toujours cette loi qui régit les Conseils généraux. En publiant ce numéro spécial. La Vie en Champagne a cru devoir s^associer à cet effort pour mieux faire connaître une institution dont il est permis de se demander si nos concitoyens en saisissent toute l'im- portance. Elle entend là simplement, comme c'est sa vocation, s'adresser au large public de ses lecteurs, dont beaucoup certainement n'ont pas assisté à cette cérémonie officielle. Ce numéro spécial a un caractère surtout historique. M. Roger, directeur des services d'archives du département, en a, comme il est naturel, rédigé l'essentiel. Il s'est attaché à montrer, dans un historique rapide, l'importance toujours croissante du Conseil général dans la vie du département. Des listes complètes des membres de l'Assemblée départementale depuis l'an VIII mettent en évidence leur caractère de « notables ». M. Roger y a joint des biographies succinctes des prési- dents. Il appartiendra à nos lecteurs de dire s'ils souhaitent connaître par la suite des biographies d'autres membres du Conseil. Mais l'histoire n'est qu'une introduction au présent. Nous serions heureux si le Conseil général d'aujourd'hui était mieux connu. La Vie en. Champagne remercie M. le Préfet de l'Aube pour l'obligeance avec laquelle il a bien voulu lui communiquer, non seulement des clichés, mais aussi le texte et les organigrammes de l'administration départementale qu'on trouvera plus loin, pages quatorze à dix sept.

Toutefois, rien ne remplace la connaissance directe et personnelle. Rappelons que les séances du Conseil général sont publiques...

£a ^ie en G^amfia^ne LES ORIGINES du CONSEIL GENERAL de l'AUBE

Les Conseils généraux ont été créés sous leur forme actuelle par Bonaparte en l'an VïIÏ. Mais en fait leurs origines sont plus anciennes et, sans remonter aux anciens Etats de Champagne, avant même la Révolution les Assemblées provinciale et d'élection étaient déjà une première forme de représentation des populations vis-à-vis de l'agent du pouvoir central, en l'espèce l'intendant, et de participation aux affaires locales.

I. • Assemblées provinciale et (Sélection sous l'Ancien régime (1787-1788) 1)

L'opinion publique, à la fin de l'Ancien Régime, n'acceptait plus Pomni- potence de l'intendant. Le processus de centralisation du pouvoir qui, en dépit ou à la suite de crises comme celle de la Fronde, n'avait pas cessé de s'accentuer depuis Richelieu et Louis XIV, était arrivé à son terme, ou peu s'en fallait, à la fin de l'Ancien Régime : tout au moins dans les pays d'élections — dont était la Champagne, depuis la disparition des anciens Etats de Champagne — ^autorité de l'intendant n'était balancée dans sa généralité que par sa conscience et sa responsabilité envers le souverain. Cette autorité sans contrôle, le « Siècle des lumières » la contestait et, sous l'influence des « philosophes », de Jean-Jacques surtout et de son Contrat social, l'opinion <( éclairée » ne l'admettait plus à la fin du xvin" siècle : elle représentait que les sujets du roi devaient, pour employer un terme mis à la mode de nos jours, «. participer » à la gestion de leurs intérêts.

LES RÉFORMES La pression de l'opinion publique amena Louis XVI et Brienne à créer des DE BRiEHnE assemblées représentatives des intérêts locaux dans les pays d'élections, à l'instar des pays d'états, par l'édit de juin 1787. Les intendants étaient maintenus, mais ils ne conservaient en propre de leurs attributions que celles relatives à la police et au contentieux. Ce qui avait trait aux impôts, aux travaux publics, à l'enseigne- ment, aux établissements de charité... était soumis à l'examen des assemblées provinciales, et des assemblées d'élection qui leur étaient subordonnées. Les pre- miers membres en étaient nommés pour moitié par le roi, mais par la suite ils devaient être élus selon des modalités qui ne devaient être définies qu'après consultation des Assemblées provinciales.

(1 ) Pour ce chapitre, voir A. BABEAU : Histoire de Troyes penrîant la Révolution t. r 1737-1792. 1873 ; L'Assemblée d'élection de Troues, et L'Assemblée d'élection de Bar-sur-Aube in Mémoires de la Société académique... de VAube, t. xxxv, 1871, p. 151-188 et xxxvn 1873' p. 205.237. ASSEMBLEE PROVINCIALE L'Assemblée provinciale de Champagne — première forme de Conseil de la DE CHAMPAGNE région Champagne-Ardenne ' — fut la première instituée (2). Installée en août 1787, elle ouvrit sa première — et unique — session le 17 novembre suivant à Châlons. Pendant le mois que dura cette session l'Assemblée provinciale fit œuvre importante, surtout en matière d'impôts, de travaux publics, d'agriculture et de commerce.

ET ASSEMBLEES Les généralités, cadre des Assemblées provinciales, groupaient un certain D'ELECTION nombre d'élections, circonscriptions comparables, bien que de dimensions infé- rieures, aux départements actuels : subordonnées aux Assemblées provinciales, étaient créées des Assemblées d^élection, dont sont issus nos Conseil généraux de département. Entre deux sessions un « Bureau intermédiaire » jouait le même rôle qu'une commission départementale avant la lettre et, en créant cette dernière, le législateur de 1871 n'a fait que reprendre l'idée de Brienne,

DE TROYES L'Assemblée d'élection de Troyes, groupant plus de la moitié des paroisses ou communes de notre département, est l'ancêtre direct du Conseil général de l'Aube. Présidée par l'évêque, Claude de Barrai, elle fut installée les 27 et 28 août 1787. et tint à l'automne une seconde session, où elle consacra le plus clair de ses efforts aux travaux publics, la voirie étant alors en très mauvais état.

ET DE BAR-SUH-AÎJBE Les communes qui forment aujourd'hui l'est du département faisaient, à la tin de l'Ancien Régime, partie de l'élection de Bar-sur-Aube, qui, en outre, s'étendait largement sur l'actuelle Haute-Marne. Comptant parmi ses membres le jeune officier Henri de Dampierre, le curé de Chesley, Raverat, et Beugnot, tous acquis aux idées nouvelles, l'Assemblée d'élection de Bar-sur-Aube se montra très ouverte aux réformes.

II. • La Révolution : institution (1789) et suppression (1793) du Conseil général. Création du département de l'Aube (3Ï

INSTITUTION Assemblées provinciale et d'élection constituaient un essai intéressant, mais DES CONSEILS portaient encore la marque de l'Ancien Régime. La tourmente révolutionnaire GENERAUX emporta les Assemblées d'élection avec les autres institutions de l'Ancien Régime, mais la Constituante s'inspira de cette expérience bien accueillie par l'opinion au moment de créer une nouvelle administration locale. L -ADMINISTRATION Le décret du 22 décembre 1789 supprimait intendant, subdélégués. Assemblées DE DÉPARTEMENT provinciale et d'élection, et les remplaçaient par une ADMINISTRATION DE DÉPAR- TEMENT, élue, il va de soi, par les seuls citoyens actifs de l'Assemblée de départe- ment (suffrage indirect). L'administration de département était un organe à la fois délibératit et exé- cutif : tels étaient chez les Constituants l'horreur du « despotisme •» et le désir de décentralisation qu'ils supprimèrent tout agent nommé par le pouvoir central ; chef du pouvoir exécutif, le roi n'avait désormais comme subordonnés que les trente-six membres, élus, de l'Administration de département. DIRECTOIRE Cependant, pour respecter le principe de la séparation des pouvoirs, les fonc- ET tions de délibération et d'exécution étaient confiées à deux sections distinctes, le CONSEIL GÉNÉRAL CONSEIL (GÉNÉRAL) DE DÉPARTEMENT, et le DIRECTOIRE DE DÉPARTEMENT, composé de huit membres. L''Instruction de l'Assemblée nationale sur les fonctions des Assemblées administratives des 12-20 août 1790 les définissait ainsi :

(2) Par le règlement du 23 juin 1787 (ISAMBERT, t. XXVIH, p. 366.374). (3 ) Pour tout ceci, voir l'excellente étude d'A. BABEAU, Histoire de Troyes pendant la Révolution (Paria, 1873-1R74, 2 vol. in-8°) ; en dépit de son titre, l'ouvrage traite, du moins dans ses grandes lignes, de l'histoire politique du département entier. B Les fonctions des Conseils de Département sont de délibérer sur tout ce qui inté- resse l'ensemble du Département ; de fixer, d'une manière générale, tant les règles de l'administration que les moyens d'exécution ; enfin, d'ordonner les travaux & la dépense de chaque année, & d'en recevoir les comptes. Les fonctions des Directoires sont d'exécuter tout ce qui a été prescrit par les Conseils, & d'expédier toutes les affaires particulières. (4) »

Le Directoire était permanent, sous réserve de rendre compte au Conseil général, qui ne tenait qu'une session annuelle, d'un mois au plus en principe. PRESIDENT Directoire et Conseil étaient dirigés par un Président de département, choisi DE DÉPARTEMENT librement par ses pairs du Conseil. Il bénéficiait d'une autorité surtout inorale, et ET PROCUREUR en grande partie personnelle, très comparable à celle, aujourd'hui, du président GÉNÉRAL SYNDIC du Conseil général. Les fonction de notre préfet étaient, dans une large mesure, exercées par le procureur général syndic. C'est a lui qu'il revenait, par des rap- ports sur toutes les affaires, de susciter, d'

CREATION La géographie administrative de la sous l'Ancien Régime était très DU DEPARTEMENT compliquée : faisant table rase du passé, les Constituants voulurent créer les DE L'AUBE nouvelles divisions territoriales suivant des principes rationnels de commodité. Mais, si le principe du découpage en départements, districts et cantons était admis des octobre 1789, il fut beaucoup plus difficile d'en déterminer les limites. Les divergences d'intérêts, les rivalités d'hommes et de villes étaient telles — qu'on songe aux remous que suscita naguère le choix de tel chef-lieu de région — que la nouvelle carte administrative de la France ne fut publiée qu'en 1790. La Constituante fit de Troyes le chef-lieu d'un département (décret du 29 janvier 1790), qui prit le nom définitif de département de l'Aube (décret du 26 février 1790). A l'essentiel du bailliage et de l'évêché de Troyes avaient été, à l'ouest et au sud, ajoutées des communautés démembrées d'autres circonscriptions, de façon que Troyes fût bien au centre du nouveau département. Les départements étaient à leur tour subdivisés en districts et cantons. Le choix des chefs-lieux des six districts — Troyes, Nogent, Bar-sur-Auhe, Arcis, Bar- sur-Seine et surtout Ervy — fut déjà laborieux, mais le découpage des cantons dut être repris plusieurs fois jusqu'à la délibération du Conseil général du 29 novembre 1790, qui fixa leur nombre a 61 (5).

LE PREMIER L'Assemblée de département se réunit le 31 mai 1790. Elle élut le procureur CONSEIL GENERAL général syndic — qui ne fut autre que l'illustre Beugnot — et les trente-six DE L'AUBE membres de l'administration de département, qui devaient à leur tour choisir dans leur sein président et directoire de département. Ces trente-six membres étaient très représentatifs des milieux sociaux frai ont fait la Révolution. Noble libéral, Henri Picot de Dampierre était le seul de son ancien ordre. On comptait un maître de forges à Clairvaux, Claude Ouillard ; quelques négociants dont Pierre Jean Fromageot, à Troyes, et Geslin. à Villenauxe ; LES MEMBRES de riches cultivateurs ; des « propriétaires » — dont Abraham Laffertey à Piney ; DU PREMIER mais surtout des notaires et des

(4 ) Chapitre premier, Objets constitutionnels, § premier. Observations générales iw les fonctions des Assemblées administratives. Voir, sur ce point, l'excellente étude de René HENNEQTJIN, Le directoire de département de 1789, in Annales de l'Ecole libre des Sciences politiques, 15 octobre 1893, p. 650-685. (5) Cf. M. FETBE, Le département de l'Aube, essai de géographie politique, in Mémoires de la Société académique... de l'Aube, t. xci, 1928, p. 119-182. Elle s'ouvrit par deux discours solennels, de Dampierre et de Beugnot. Dampierre, dans une prose enflammée, passa en revue l'histoire de France pour exalter la Révolution, puis Beugnot lut un remarquable mémoire sur l'état du département, encore précieux aujourd'hui. ACTIVITE Le premier Conseil général — c'est ainsi qu'était déjà désignée P Assemblé» DU CONSEIL GENERAI. départementale — fit face à ses responsabilités avec conscience et bonne volonté. DE LA RÉVOLUTION Délimitation des circonscriptions administratives, répartement des contributions entre les districts, travaux publics, ateliers de charité et voirie, établissements de bienfaisance, sauvegarde du patrimoine culturel des abbayes et églises supprimées, ...organisation de cours d'accouchement, en un mot organisation du département, il ne mesura pas sa peine, et fit un travail considérable. Le Conseil général de l'Aube tint deux autres sessions, en novembre-décembre 1791, décembre 1792-février 1793, mais les circonstances étaient défavorables. Le départ en 1791 de Beugnot, élu à la Législative, et de Dampierre, comme aide de camp de Rochambeau, le priva de ses têtes. Après le Dix-Août et la chute de la royauté, le pouvoir se centralisa à Paris, et les administrations départementales furent obligées de lui obéir. Elles n'avaient plus leur place dans le « Gouvernement provisoire de la France » déclaré «. révolutionnaire jusqu'à la paix » par la Convention le 29 ven- démiaire an II (10 octobre 1793), et administrations départementales et Conseils généraux furent supprimés par décret d'application du 14 frimaire an II (4 décem- bre 1793) (6).

III. - De la reconstitution définitive du Conseil général en Fan VIII à la loi organique du 10 août 1871

LE CONSULAT: Après les troubles de la Révolution les Conseils généraux furent reconstitués, RECONSTITUTION et cette fois à titre définitif, par la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800). DEFINITIVE DU Par cette loi, au lendemain du coup d'Etat de brumaire, Bonaparte, Premier CONSEIL GENERAL Consul, créait les institutions de la France, telles que nous les connaissons encore EN L'AN VIII dan', leurs grandes lignes, sauf les Conseils de préfecture et d'arrondissement, supprimés en 1926 et lors de la dernière guerre mondiale : préfet. Conseil général, secrétaire général, sous-préfets et arrondissements. Voici, en ce qui concerne le Conseil général, les principales dispositions de la loi : «TITRE PREMIER. DIVISION DU TERRITOIRE, Art. l". — Le territoire européen de la République sera divisé en départemens et en arrondissemens communaux, conformément au tableau annexé à la présente loi.

TITRE II

ADMINISTRATION. § 1" . Administration de département. II. Il y aura, dans chaque département, un préfet, un conseil de pretecture, et un conseil général de département,... III. Le préfet sera chargé seul de l'administration. VI. Le conseil général de département s'assemblera chaque année : l'époque de sa réunion sera déterminée par le Gouvernement ; la durée de sa session ne pourra excéder quinze jours. Il nommera un de ses membres pour président, un autre pour secrétaire. Il fera la répartition des contributions directes entre les arrondissemens commu- naux du département,

(6) Section IIÎ, Compétence des autorités constituées, art. 6. II statuera sur les demandes en réduction faites par les conseils d'arrondissement, les villes, bourgs et villages. II déterminera dans les limites fixées par la loi, le nombre de centimes additionnels dont l'imposition sera demandée pour les dépenses de département. Il entendra le compte annuel que le préfet rendra de l'emploi des centimes addi- tionnels qui auront été destinés à ces dépenses. II exprimera son opinion sur l'état et les besoins du département, et l'adressera au ministre de l'intérieur, Vil. Un secrétaire général de préfecture aura la garde des papiers, et signera les expéditions. § IV- Des nominations. XVIII. Le premier Consul nommera les préfets, les conseillers de préfecture, les membres des conseils généraux de département, le secrétaire général de préfecture, les sous-préfets, les membres des conseils d'arrondissement, les maires et adjoints des villes de plus de 5,000 habitans... XIX. Les membres des conseils généraux de département, et ceux des conseils d'ar- rondissemens communaux, seront nommés pour trois ans : ils pourront être continués. »

DU CONSULAT A vrai dire, les seize membres du Conseil général de l'an VIII, nommés par A LA LOI le Premier Consul, dépendaient étroitement du pouvoir central- Ses attributions DU 10 AOUT 1871 administratives étaient très restreintes par rapport à celles du Conseil général de la Révolution : c'était surtout d'à assurer aux administrés Fimpartialité de la OBJET répartition de l'impôt ». Mais VArrête ft instruction pour la convocation des DU CONSEIL GÉNÉRAL Conseils généraux de département du 16 ventôse an TX (7 mars 1801) considérait DE L'AN VIII qu'un des objek de ce cette utile et sublime institution » était de <ï procurer au Gouvernement des lumières qui seules peuvent le mettre à même de fournir aux besoins de chaque département, et d'améliorer l'ensemble de l'administration publique » (7). Ce texte, entrant dans tous les développements nécessaires, montre bien qu^après les troubles de la Révolution le gouvernement attendait beaucoup des suggestions des Conseils généraux, tout en se réservant la décision : première forme des <( ^œux divers ». De fait le Conseil général de l'Aube sut exprimer son opinion avec beaucoup de liberté d'esprit, voire de hardiesse. ELARGISSEMENT Mais ce n'était qu'un point de départ. Les prérogatives du Conseil général, ININTERROMPU son poids dans la vie du département, ne cessèrent de croître jusqu'à la loi du DU RÔLE 10 août 1871. DU CONSEIL GÉNÉRAL Tout d'abord, la démocratisation progressive de son recrutement lui donna DEPUIS L'AN VIII une assise de plus en plus large. Le sénatus-consulte organique de la constitution du 16 thermidor an X (4 août 1802) laissait bien le choix de ses membres au Premier Consul, mais .parmi deux candidats présentés par le collège électoral du département (8). En dépit des velléités de décentralisation qui se firent jour à la chute de l'Empire, la Restauration conserva au gouvernement la nomination des Conseils généraux ; elle s'efforça du moins de rcalihcr une représentation équitable des arrondissements et de leur population respectives (9). C'est Louis-Philippe qui franchit le pas décisif : la loi du 22 juin 1833 décidait l'élection du Conseil général, certes au suffrage restreint de l'époque, mais à raison d'un membre par DEMO CRAT ISATION canton (10). Il ne resta plus à la Seconde République qu'à transformer, par DU RECRUTEMENT le décret du 3 juillet 1848 (11), ce suffrage restreint en suffrage direct et univer- sel : dispositions qui, améliorées par la loi du 7 juillet 1852 (élection dans le cadre de la commune) (12) n'ont pas été modifiées depuis. Il est clair que l'élargis- sement de l'assise électorale du Conseil accrut sa représentativité et son poids.

(7) DUVERGIER, t. XII. p. 412-411. (8) Bulletin, des lois, ci.\i, n° 1876, t. vi, p. 535-SSO, art 30. (9) T^s do-^ier^ de nomination des membres du Conseil général conservés aux Archives de l'Aube montrent que ce souci avait été érigé en principe : le préfet en tenait ri guur eu sèment compte dans ses propositions. (10 ) Du moim dans l'Aube, car la loi était en réalité plus complexe (art. 2 et 3 ), L'article 3 portait que le-i séances du Conseil général n'étaient pas publiques, l'article 16 interdirait « à tout Conseil général de se mettre en correspondance avec un ou plusieurs conseils d'arrondissement ou de département )i. L'article 49 portait qu'en aucun cas les opérations de l'assemblée clectori'le ne pourrpient durer plus de deux jours. Dans notre déparlement les cantons avaient été réduits aux vingt-six que nous connaissons encore par l'arrêté des Consuls du 27 fructidor an IX (14 septembre 1801), et non pas en 1»26. (11) Art. 1 et 12. Les séances seraient désormais publiques (art. 18). (12) Art. 3. Le scrutin durerait deux jours pour les communes de plus de deux mille cinq cent*^ habitants (ibid.). Les président, vice-président et secrétaires élaient nommés, pour chaque se?-i.na, parmi les membres du Conseil par le Président de la République (= l'Empereur); les BCF-n-cs n'étaient pas publiques (art. S) : de ce point de vue c'était un net retour en arrière, ACCROISSEMENT De fait, à cet élargissement de l'assise du Conseil général correspondait une DES PRÉROGATIVES augmentation de ses prérogatives, et surtout un rôle de plus en plus actif dans LÉC.M FS la vie du département. La loi de finances du 2 ventôse an XIII (21 février 1805) donnait aux Conseils généraux la latitude, prévue par la loi de l'an VIII, de s'imposer jusqu'à quatre centimes, cl: créait ainsi le budget départemental : étape discrète, mais capitale, car les Conseils généraux acquéraient ainsi les moyens financiers d'une politique propre. Si le projet timide de la Restauration (13) n'aboutit pas. les grandes lois organiques des 10 mai 1838 et 18 juillet 1866 accrurent de façon considérable prérogatives et indépendance des Conseils géné- raux : la première leur reconnaissait la personnalité civile, droit de posséder, d'acquérir et aliéner les propriétés déparlementales (bâtiments, routes...), la seconde leur donnait pouvoir de statuer définitivement sur la plupart des affaires dépar- tementales. Ce ne sont là que les lois les plus importantes. Nombreux sont les lois et actes réglementaires qui ouvrirent aux Conseils généraux de nouveaux champs d'action, ou les élargirent : citons seulement les lois des 21 juin 1833 sur l'instruction primaire, et 21 mai 1836 sur les chemins vicinaux. L'essentiel est de souligner que le rôle du Conseil général ne cessa de s'étendre, son influence de se consolider avec les ans. L ŒUVRE PROPRE A vrai dire. cette extension des attributions légales des Conseils généraux vaut DU CONSEIL GÉNÉRAL pour l'ensemble de la France. Les Conseils généraux disposaient d'une grande DE L'AUBE PENDANT marge d'appréciation laissée à leur jugement : les dépenses d'intérêt proprement LA PREMIÈRE MOITIÉ départemental étaient financées au moyen des centimes additionnels, dont la levée DU XIXe SIÈCLE : était votée par eux bculs, II resterait à étudier dans le détail si le rôle des Conseils INTÉRÊT DR SON ÉTUDE généraux a été semblable, sous l'impulsion d'un même corps préfectoral, dans tous les départements, ou s'il y a eu des différences notables. Dans notre département, en toul cas, le Conseil général fit l'effort nécessaire en ce qui concerne les voies de communication, routes et chemins de fer, les encou- ragements à l'agriculture, l'assistance sociale, l'enseignement primaire : il contribua de façon décisive à l'essor économique de la première moitié du siècle. QUELQUES EXEMPLES Nous ne pouvons entrer dans le détail des séances, si vivantes et intéres- santes qu'elles soient (14) : c'est une source de premier ordre, pratiquement encore inexploitée, pour l'histoire du déparlement. On peut ainsi suivre dans le détail l'histoire de la voirie départementale ; ou voir comment, après les premières des- tructions, la grande abbaye de Clairvaux, sauvée par bon rachat par le département, devint un dépôt de mendicité, puis la prison actuelle ; ou mesurer l'étendue des ravages causés par la campagne de France de 1814. Notons aussi, particulière au FONDATION département, la fondation d'une rente de 200 F, pour aider, dans ses études CASIMIR PI3RIEB, artistiques ou profc^bionnelles. des fils d'ouvriers ou d'artisans pauvres du dépar- BLAVOYER ET tement. par Casimir Perler. — par la suite préaident du Conseil général en 1871- PAVÉE DE VEKDEUVRE 1873 —, et ses deux collègues orléanistes à la Législative, Gabriel Pavée de Vendeuvre et Arsène Blavoyer, le 2 septembre 1851. Un des événements les plus marquants dans la petite histoire du Conseil général est l'audience solennelle que lui donna Napoléon 1°'' le 13 germinal an L AUDIENCE XIII (3 avril 1805) : Troyes était sur le passage de l'Empereur, qui allait se faire SOLENNELLE couronner roi d'Italie. Après une visite au ministre de l'Intérieur le II germinal, DE NAPOLÉON le Conseil général, conduit par ses président et secrétaire, Paillot de Loynes et (3 AVRIL 1805) Baussancourt. fut reçu avec les autres corps constitués, le surlendemain 13. Dans cette longue audience solennelle, l'Empereur ne manqua pas de rappeler a. l'intérêt qu'il porterait toujours au département où il avait été élevé » (allusion à Brienne), a ce qu'il voulait signaler par des actes et des monumens qui rappelassent à nos neveux le séjour qu'il y avait fait » ; ce fut surtout le canal de la Haute-Seine (décret du 21 gerininal an XIII).

(13 ) La Restauration envisagea d'abord de supprimer le préfet, création et instrument honni de lu Usurpateur », et de transférer ses pouvoirs au Conseil général ; mais elle eut tôt fait de reconnaître les avantages du système impérial pour le pouvoir, et se garda d'y toucher. La tentative du mimitère Martignac, en 1829. avait un tout autre objet : c'était de se concilier les libéraux. Mais son projet, présenté timidement, échoua devant la Chambre, et fut retiré. (14) Les procès-verbaux du Conseil général, rnaniiwrits, puis autographiés, ont été impriméa à partir de la session de 1837 (délibération du 31 août 1837, procès-verbal imprimé, p. 60), et ronéotés depuis la Libération; ils sont maintenant publiés en offset (après dactylographie). 10

Mais les institutions donnent ce que valent les hommes. Les fonctions de membre du Conseil général, alors entièrement gratuites, ne pouvaient être exercées que par des hommes disposant d'une fortune bien assise et de loisirs. Dans l'Aube, département plutôt rural, le Conseil général comprenait surtout des c proprié- taires » et des notaires. On trouvera plus loin des renseignements biographiques succincts, sinon sur tous les membres du Conseil général, du moins sur ses prési- dents ; tous ont joué un rôle distingué, souvent même à l'extérieur du départe- ment : reflet, nous en sommes certain, du Conseil général lui-même.

IV. - La loi organique du 10 août 1871

Compte tenu de tout ce qui l'a précédée, la loi du 10 août 1871 apparaît dans sa véritable portée : non pas création du Conseil général, mais bien terme d'une longue évolution, qui avait par étapes élargi et affermi sa place dans la vie départe- mentale, et aussi... point de départ d'une œuvre particulièrement féconde. L'opinion publique était favorable aux Conseils généraux : pour lui donner satisfaction, l'Empire libéral avait entre autres, par la loi du 23 juillet 1870 (15), rendu aux Conseils généraux le droit d'élire son bureau, qui lui avait été ôté par celle du 7 juillet 1852. C'était à la veille de la chute du régime ; le Conseil général de l'Aube tint sa session suivante après le Quatre-Septembre, et élut prési- dent... un bonapartiste, . Il revenait à l'Assemblée nationale, composée en majorité de « notables » ruraux, naturellement favorables à la décentralisation, de voter, dès le 10 août 1871 et à une forte majorité — 509 voix contre 126 (16) — le statut définitif des Conseils généraux. Elle le fit dans un esprit très libéral. A vrai dire dans ses grandes lignes la loi organique n'avait qu'à reprendre les dispositions en vigueur, mais elle en confirmait avec netteté le caractère démocratique — élection au suffrage universel, droit pour le Conseil de choisir son bureau, d'établir un règlement intérieur. Les Conseils généraux tiendraient deux sessions par an, pourraient se concerter entre eux sur des objets d'intérêt départemental commun, mais la principale inno- vation était la Commission départementale ; comme le Bureau intermédiaire de Brienne, elle avait pour objet d'assurer, entre les cessions, la continuité de la représentation départementale vis-à-vis du préfet. Voici les principaux articles de la loi du 10 août 1871 (l'astérique * désigne des articles ajoutés ou modifiés après la promulgation de la loi) : Art. 1*'. H y a dans chaque département un conseil général. 2. - Le conseil général élit dans son sein une commission départementale. 3. - Le préfet est le représentant du Pouvoir exécutif dans le département. Il est, en outre, chargé de l'instruction préalable des affaires qui intéressent le département, ainsi que l'exécution des décisions du conseil général et de la présente lot 4. - Chaque canton du département élit un membre du conseil général. 5. - L'élection se fait au suffrage universel, dans chaque commune, sur les listes dressées pour les élections municipales. 21- - Les conseillers généraux sont nommés pour six ans ; ils sont renouvelés par moitié tous les trois ans, et Indéfiniment rééligibles... 23. - Les conseils généraux ont chaque année deux sessions ordinaires... 26. - Le conseil général fait son règlement intérieur. 27. - Le préfet a entrée au conseil général ; il est entendu quand il le demande, et assiste aux délibérations, excepté lorsqu'il s'agit de l'apurement de ses comptes. 28- - Les séances des conseils généraux sont publiques. Néanmoins, sur la demande de cinq membres, du président ou du préfet, le conseil igénéral, par assis et levé, sans débats, décide s'il se formera en comité secret. 46*. - Le conseil général statue définitivement sur les objets suivants : 1) Acquisition, aliénation et échange des propriétés départementales, mobilières ou Immobilières ;

(15) Art. 1. La loi n'interdisait plus la publicité des séances, autorisait le Conseil général a adopter un règlement intérieur, publier un compte-rendu sommaire ; les délibérations étaient communicables de plein droit ; en fait ces dispositions n'étaient que la sanction de pratiques déjà anciennes. (16) Notons incidemment que tous fes députés de l'Aube ont voté cette loi. Il

6) Classement et direction des routes départementales ; 7) Classement et direction des chemins vicinaux de grande communication et d'in- térêt commun ; 17) Recettes de toute nature et dépenses des établissements d'aliénés appartenant au département... 18) Service des enfants assistés ; 20) Créations d'institutions départementales d'assistance publique, et service de l'as- sistance publique dans les établissements départementaux ; 27*) Part contributive à imposer au département dans les travaux exécutés par l'Etat qui intéressent le département ; 28*) Sur tous les autres objets sur lesquels il est appelé à délibérer par les lois et règlements, et généralement sur tous les autres objets d'intérêt départemental dont 11 est saisi, soit par une proposition du préfet, soit sur l'initiative d'un de ses membres ou de la commission départementale. 51. • Le conseil général peut adresser directement au ministre compétent, par l'in- termédiaire de son président, les réclamations qu'il aurait à présenter dans l'intérêt spé- cial du département, ainsi que son opinion sur l'état et les besoins des différents servi- cea publics, en ce qui touche le département- Tous vœux politiques lui sont interdits. Néanmoins, il peut émettre des vœux sur toutes les questions économiques et d'administration générale. 89. - Deux ou plusieurs conseils généraux peuvent provoquer entre eux, par l'en- tremise de leurs présidents, et après en avoir averti les préfets, une entente sur les objets d'utilité départementale compris dans leurs attributions et qui intéressent à la fois leurs départements respectifs...

LA LOI DE 1871 Le temps a consacré l'oeuvre du législateur de 1871 : la loi organique du RÉGIT TOUJOURS 10 août est toujours en vigueur, la plus ancienne sans doute de nos lois de droit LE CONSEIL GÉNÉRAL public. Certes de nombreux textes sont venus l'amender, mais ils n'en ont pas modifié l'économie même, ils l'ont simplement adaptée à l'évolution constitution- nelle et administrative de nos pays, à un contexte nouveau. Les plus importants de ces textes sont le décret-loi du 5 novembre 1926 et, plus près de nous, ceux qui suivent. L'ordonnance 59-32 du 5 janvier 1959 portant allégement du contrôle admi- nistratif sur les départements et simplification de l'administration départementale a surtout augmenté les objets sur lesquels le Conseil général statue définitivement ; l'ordonnance 59-108 du 7 janvier 1959 a porté une réforme complète des impo- sitions perçues au profit des collectivités locales ; les décrets 64-250, - 251 et - 252 du 14 mars 1964 portant réforme régionale ont augmenté les pouvoirs du préfet, créé une division administrative supérieure, la circonscription d'action régionale, institué à ce nouvel échelon une commission de développement écono- mique régionale (CO.DE.R.), qui comprend naturellement des conseillers géné- raux désignés par chaque assemblée départementale ; le décret 70-43 du 13 janvier 1970 a associé le Conseil général à l'élaboration du Plan et de ses programmes régionaux ; la loi du 16 juillet 1971 sur les fusions et regroupements de commu- nes et le décret du 17 avril 1972 relatif au classement dans la voirie départemen- tale des routes nationales secondaires ont encore accru ses prérogatives ; enfin la loi du 5 juillet 1972 portant création et organisation des régions a prévu que chaque Conseil général aurait au moins trois représentants au Conseil régional. A vrai dire cet élargissement du rôle des Conseils généraux — ou peut-être, plus exactement, des conseillers généraux — était contenu en germe, sinon dans la lettre, du moins dans l'esprit de la loi de 1871. LA REGION Le seul élément qui, à l'avenir, puisse diminuer l'importance du Conseil général est, bien évidemment, la région, instituée par le gouvernement de Vichy, réapparue d'abord à titre d'essai et de façon comme subreptice par les I.G.A.M.E., puis sous forme officielle avec les préfets de région et les circonscriptions d'action régionale, qui a enfin, au moins de façon virtuelle, reçu la personnalité civile sous le nom « d'établissement public » dans la loi du 9 juillet 1972. Cette loi ne substitue certes pas la région au département, mais il est permis de penser que ce n'est qu'un point de départ. Il est vrai que les régions actuelles n'ont qu'un rapport bien lointain, au point de vue historique, avec les anciennes v. provinces » — qu'il resterait à définir (17). L'avenir dira si les régions administratives peuvent vraiment prendre vie.

(17 ) "L'exemple le plus flagrant est le territoire de Belfort : il a tait partie du Haut-Rhin jusqu'en 1871, au point qu'on le trouve souvent désigné sous ce nom dans les nomenclatures officielles de la IIP République après que le reste de l'Alsace eut été arraché à la France, mais Belfort a été rattaché en 1964... à la région de Franche-Comté. Rappelons que, suspendus par Vichy, le 12 octobre 1940, les Conseils généraux ont été rétablis par l'ordonnance du 21 avril 1944. 12 V. - I/œuvre du Conseil général

Tout ceci n'est que législation. Il re5terait encore, et ce serait le plus inté- ressant, à voir quelle a été concrètement, dans ce cadre, l'œuvre du Conseil général (18). A travers l'histoire du Conseil général, ce serait en fait l'histoire même du département, et force est de reconnaître qu'elle reste entièrement à écrire. Nous nous contenterons d'en faire sentir l'importance par quelques exemples (19).

EXEMPLE DE LŒTJVBE Le plus tangible, peut-être, est celui de la voirie départementale. Elle est née DU CONSEIL GÉNÉRAL de la détresse financière de l'Empire. Le décret du 16 décembre 1811 mît à la DEPUIS L'AN VIII : charge des départements tout ce qui parut possible : la moitié de l'entretien des LA VOIRIE routes nationales de 3" classe — dans l'Aube les R.N. 44, de Reims à Orléans, DÉPARTEMENTALE 79, de Nancy à Orléans, 89. de Dijon à Troyes, et 95 de Nevers à Liège, aujour- d'hui R.N. 51, 60, 71 et 77 —. et totalité de celui des routes départementales, anciennes routes nationales déclassées : le département n'accepta alors de consi- dérer comme routes départementales que trois, R.U. 1, de la Belle Etoile à Lesmont, 2, de Vitry à Clairvaux, 3, des Riceys à Vendeuvre, aujourd'hui R.N. 44l, 396, 443 et 452. La R.N. 22, de Paris à Baie, restait seule entièrement à la charge de l'Etat. Depuis la loi du 21 mai 1836 instituant le service vicinal, le Conseil général de l'Aube créa un très beau réseau de chemins vicinaux (20). En 1871, les cinq routes nationales n'avaient pas changé (379 km.), mais les routes départementales étaient passées à quinze (379 km.) par transformation d'anciens chemins de grande communication. En 1900 (21) le Conseil général prit l'importante décision de fusionner routes départementales, chemins de grande communication et d'intérêt commun sous le nom de ces derniers (C.I.C.), à compter du 1"" janvier 1902. avec l'intention bien arrêtée de constituer un réseau unique de voies de communication par réunion, à mesure des disponibilités, des chemins vicinaux ordinaires : ce sont nos chemins départementaux (22) (215, pour 3 620 km., en 1971).

(18) Tl faudrait aussi tenir compte des conseils d'arrondissement, autre création de l'an VIII, Les conseils d'arrondissement avaient certes, surtout vers la fin de leur existence, un rôle bien effacé, et c'est pourquoi ils n'ont pas été rétablis à la Libération ; mais ils servaient en quelque sorte d'école d'apprentis s âge au Conseil général : les meilleurs de leurs membres y a faisaient leurs classes », apprenaient le maniement des affaires locales, avant de passer ensuite au Conseil général. Peu de conseillers généraux n'avaient pas commencé par siéger dans les Conseils d'arrondissement. (19) On en trouvera d'autres, pour la session de 1871, dans la plaquette commémorant le centenaire de la loi de 1871. Rappelons aussi que les t-éance-i du Conseil général sont publiques... (20) Chemins de grande communication et d'intérêt commun, entretenus par le dépar- tement et les communes ; chemins vicinaux ordinaires, a la charge des communes, mais en fait largement subventionné"-! par le Conbeil général. Les chemins vicinaux avaient officifllpment le caractère de voies communales, mais c'est en réalité le Conseil général, sur qui reposait resscntiel de la charge financière, qui en avait la responsabilité, établissait les programmes et prenait les décisions importantes. Les chemins vicinaux sont I" œuvre du Conseil général et de son organe d'exécution. le service vicinal. (21) Délibération du 23 août. La constitution d'un réseau unique de voies de communi- cation, par déclassement des routes départementales, était en fait envisagée depuis 1875- La décision de principe fut prise le 28 août 1895, mais la complexité du problème et les difficultés d'application, des questions de personnes aussi - - rivalité entre service des ponts et chaussées, dont dépendaient routes départementales comme nationales, et service vicinal — retardèrent de plusieurs années la mise en application de cette décision. Prise au terme d'une très longue suite de projets, rapports, discussions âprement disputés, la délibération du 23 août 1900 marque une des dates importantes de l'histoire du département. (22} En 1938 en effet le gouvernement décida, pour l'ensemble de la France, la fusion, à Compter du 1er janvier 1939, des routes départementales et des chemins de grande communication et d'intérêt commun, sous le nom de chemins départementaux (décret-loi du 14 juin 1938, art- 21, et décret d'application du 25 octobre 1938) : le Conseil général de l'Aube avait pris cette décision en 1900, et se montrait plus large, puisque, dans leur quasi-totalité, les chemina vicinaux ordi- naires entrèrent eux aussi progressivement dans les chemins départementaux. 13

Le Conseil général a, tout récemment, franchi un nouveau pas important, en acceptant (première session extraordinaire de 1972, 28 septembre) le transfert dans la voirie départementale de 528 km. de routes jusque-là nationales (R.N. 51 et 60, et nationales tertiaires ou « à trois chiffres ») (23). AUTRES EXEMPLES La constitution d'un très bel ensemble de chemins départementaux est sans DE L'ŒUVRE doute le principal titre du Conseil général à notre reconnaissance. Mais il en a DU CONSEIL GÉNÉRAL bien d'autres. Contenions-nous d'en donner quelques exemples. Sans l'intervention du Conseil général, qui l'a acheté pour en faire le Centre psycho-thérapique, le château de Brienne serait sans doute entièrement perdu, comme Fêtaient déjà ses collections et son magnifique mobilier ; il subventionne régulièrement l'entre- tien des monuments historiques de l'Aube, un des éléments sans aucun doute les plus importants de son patrimoine, et qui ne peut que devenir de plus en plus précieux par la suite, si du moins il est sauvegardé. L'aide sociale qui, en l'an VIII. s'appliquait surtout aux enfants trouvés — mais ils étaient alors très nom- breux dans le département — est aujourd'hui le poste le plus important du budget départemental (38 %) : progression qui ne peut que s'accentuer encore par la suite. Le Conseil général a investi dans le parc et le lac de la forêt d'Orient, régie dépar- tementale, des sommes très importantes. DEPUIS SA CREATION D'autres exemples ne feraient que confirmer la même constatation ; disposant, SOUS LA RÉVOLUTION comme l'Etat, de moyens d'action importants grâce au volume de son budget, le LE DÉPARTEMENT Conseil général est sans doute mieux à même que les bureaux parisiens pour A PRIS DÉFINITIVEMENT décider d'actions d'envergure dans le cadre restreint d'un département qu'il connaît CORPS bien. La tendance actuelle à la décentralisation ne peut que confirmer une évolu- tion qui. on en est certainement convaincu, a par étapes accru le rôle du Conseil général à mesure que, depuis la Révolution qui les a créés, les départements s'imposaient comme une des données les plus essentielles de notre administration. Jean-Marc ROGER. (23 ) Anciens chemins d'intérêt commun, classés dans la voirie nationale dans l'entre-deux guerres. Faculté donnée par la loi de finances pour 1972 (art. 66) et le décret d'application du 17 avril 1972.

La salle des séances du Conseil général (au fond, le buste de la République, les blasons du département et des canton*) 14 li CONSEIl CINÉRAI D'AUJOURD'HUI

Le Conseil général est l'assemblée délibérante, élue au suffrage universel, qui gère les intérêts départementaux. Chaque canton élit un membre du Conseil général. Depuis l'an IX (1), FAllhe est divisée en 26 cantons : le Conseil général comprend donc 26 membres. Ce nombre sera bientôt porté à 32 par la création de nouveaux cantons urbains. Les Conseillers généraux sont élus pour six ans, et renouvelés par moitié tous les trois ans.

L'ACTION Le Conseil général intervient dans tous les domaines de la vie du départe- DU ment, soit en gérant des services départementaux, soit en accordant des prêts CONSEIL GENERAL et des subventions. Les ressources du département proviennent de l'impôt (une fraction des impôts locaux est prélevée pour le département), de l'emprunt et de produits divers. Le budget, qui s'élève au total pour 1972 à environ 120 millions de francs (soit 12 milliards d'A.F.) permet d'apprécier les principaux secteurs d'interven- tion du Conseil général. 1) L'AIDE SOCIALE représente 38 % du budget. Elle correspond à la gestion d'établissements et à l'aide aux personnes (malades — personnes âgées). 2) VOIRIE. C'est le deuxième poste du budget par son importance (24 %). Il correspond à l'entretien et à la construction de routes par le département. 3) ENSEIGNEMENT. Le Conseil général consacre près de 8 % de son budget à l'enseignement ; — programmes parallèles à ceux de l'Etat en matière de constructions scolaires. — participation au financement du ramassage scolaire, — bourses départementales, — Maison des étudiants de l'Aube à Reims. 4) ACTION RURALE. Le département intervient dans l'équipement rural (adduction d'eau, électrification, remembrement) et aide l'agriculture par des interventions diverses (lutte contre les maladies, enseignement agricole, aide à la viticulture et à l'élevage, etc...). 5) DIVERS. L'Assemblée départementale intervient, en outre, dans la poli- tique d'industrialisation, les équipements sportifs, les beaux-arts, l'action culturelle, le tourisme et la protection de la nature, et consacre à ces activités une part importante de ses ressources.

LE BUREAU A chaque renouvellement triennal du Conseil général, celui-ci procède a DU Pélection de son bureau. CONSEIL GENERAL Le bureau du Conseil général de l'Aube est le suivant (1972) ; Président : M, Pierre Labonde Premier vice-président : M. Paul Robin Deuxième vice-président : M. Roger Dossot Premier secrétaire : M. Maurice Jacquinot Deuxième secrétaire : M. Marcel Noël

LES SESSIONS Le Conseil général tient obligatoirement, chaque année, deux sessions ordi- DU naires, l'une au printemps, l'autre à l'automne ou en hiver. CONSEIL GENERAL Chacune de ces sessions dure plusieurs jours suivant l'importance des ques- tions à examiner. Il se réunit également en session extraordinaire à la demande, soit du Préfet, soit des 2/3 de ses membres, soit de la Commission départementale. Le Préfet procède à l'instruction des affaires soumises au Conseil général et il assure l'exécution des décisions prises, notamment du budget.

(1) Arrêté des Consola du 27 fructidor an IX (14 septembre 1801). -15

LES COMMISSIONS Pour Fétude des affaires qui lui sont soumises —• et ce, depuis l'origine — ORGANIQUES le Conseil général se divise en commissions. Dans l'Aube, leurs attributions sont réparties comme suit, depuis 1967 (1) : LA COMMISSION DES FINANCES DÉPARTEMENTALES Président : M- Bernard Laurent Secrétaire M. Marcel Noël LA COMMISSION DES ACTIONS ECONOMIQUES Président M. Fernand Boussel Secrétaire M. Pierre Maitrot LA COMMISSION DES TRAVALX PL'BLICS ET DES TRANSPORTS Président M. Camille Martin Secrétaire M. Marcel Delahaye LA COMMISSION DES AFFAIRES SOCI4LF,5 ET DE L ENSEIGNEMENT Président M. Gilbert Boudin Secrétaire M""1 Yvonne Cuisin

LA COMMISSION La Commission départementale siège dans l'intervalle des sessions. Elle DEPARTEMENTALE assure la permanence du Conseil général. Sa composition dans FAube (1972) est la suivante : Président : M. Fernand Boussel Secrétaire : M. Pierre Maitrot Membres : MM. Roger Dossot Fernand Godier Adolphe Broquin Bernard Pieds Bernard Laurent

REPRESENTATION En outre il n'est pas de commission d'importance régionale ou départemen- DU tale où le Conseil gênerai ne délègue certains de ses membres pour le représenter. CONSEIL GENERAL Par là chacun des conseillers généraux prend une part souvent déterminante, en dehors des travaux propres de l'Assemblée départementale, à l'activité d^m grand nombre de commissions.

ROLE POLITIQUE Le Conseil général n'est pas à proprement parler une assemblée politique. DU Mais il n'en joue pas moins un rôle poliLÎque. CONSEIL GENERAL L'importance des sommes qu'engagent les décisions du Conseil général, le montant du budget du département, qui, à l'exception des dépenses obligatoires, dépend de son seul vote, le tout au bout du compte étant financé par le contri- buable ; l'incidence de plus en plus directe que prennent ses débats dans la vie quotidienne de chacun d'entre nous en matière de voirie, d'assislance, et en général de vie sociale ; tout ceci implique une réflexion sur la cité et un engagement qu'on ne peut que qualifier de

(1) Délibération du 19 mai 1967. 1G

CORPS ELECTORAL

PRESIDENT PARLEMENT DE LA REPUBLIQUE

GOUVERNEMENT

JUSTICE

PREFET TRESORERIE GENERALE

DEFENSE NATIONALE

DECRET n° G4-250 du 14 Mars 1964 relatif aux pouvoirs dea Préfets

Article I". — La prêtât, dépositaire dans le département de l'autorité {le l'Etat, veille à l'exécution des lois, des règlements at des décisions gouver- nementales. Il est le délègue du Gouvernement et le représentant direct de chacun des ministres. Article 2. — Sous l'autorité des ministres compétents, le préfet anime et coordonne les services départementaux des administrations civiles de l'Etat, et assure la direction générale de l'activité des fonctionnaires de ces services.

DIRECTION POLICE DE L'AGRICULTURE MAINTIEN DE L'ORDRE

DIRECTION DIRECTION DU TRAVAIL DE L'EQUIPEMENT ET DE LA MAIN-D'ŒUVRE

DIRECTION DU COMMERCE DIRECTION DE LA JEUNESSE INTERIEUR ET DES PRIX ET DES SPORTS

DIRECTION DE L'ACTION DIRECTION DES P.T.T. SANITAIRE ET SOCIALE

Le Préfet, assista des services départementaux, a un daùhlf rôle : d'une part, il représente l'Etat dans le département, de l'autre, il prépare le budget et les INSPECTION ACADEMIQUE délibérations du Cvnseil général, dont il exécute les (à l'exception de la pédagogie) décisions. 17 ORGANISATION DE LA PRÉFECTURE DE L'AUBE

SECRETARIAT PARTICULIER PREFET

DIRECTEUR de CABINET SECRETAIRE GÉNÉRAL

SECRETARIAT GENERAL

CABINET SERVICE DU PARC Affaires réservées SERVICE Information NATUREL REGIONAL DES BATIMENTS Cérémonies DE L'ENVIRONNEMENT Décorations DEPARTEMENTAUX ET DU TOURISME

Police Maintien de l'ordre Défense

SERVICE DIRECTION DE LA COORDINATION DE L'ADMINISTRATION ET DE L'ACTION GENERALE ECONOMIQUE ET DE LA REGLEMENTATION

Contrôle des Services Elections extérieurs de l'Etat Réglementation SERVICE Programmation économique Services : Automobiles DE LA PROTECTION CIVILE Planification - Préparation Etrangers - Passeports et exécution du Plan INSPECTION Cartes d'identité DEPARTEMENTALE DES SERVICES D'INCENDIE

DIRECTION DES FINANCES ET DE L'ADMINISTRATION DEPARTEMENTALE

Finances de l'Etat et du Département Tutelle des Communes et des CENTRE Etablissements publics DE TRANSMISSIONS Affaires sociales et culturelles

19 Les PRÉSIDENTS

DU CONSEIL GÉNÉRAL

DEPUIS SON INSTALLATION EN L'AN VIII

Ne pouvant donner ici la biographie de tous les membres du Conseil général qui, depuis Pan VIII, on fait. de concert avec l'administration, le département tel que nous le connaissons, nous nous sommes limité aux présidents de PÂShemblée départementale, tout en sachant qu'un Lignier ou un Adolphe de Launay, par exemple, s'ils n'ont pas été présidents, ont été des mem- bres de tout premier plan du Conseil général, et que leur vie mériterait elle aussi d'être rappelée. Faut-il nous justifier d^avoir dressé ces biographies ? Certes ceux d'entre eux qui ont tait partie du Parlement ont été, ou le seront bientôt, Pobjet à ce titre d'excellentes notices (1). Les historiens locaux SOCARD et THÉVENOT (2), puis JOUVE (3) ont étudié la quasi-totalité des présidents du XIX1 siècle (4). Mais ces derniers travaux sont à revoir de près (5), et ne se sont en général intéressés au rôle de nos personnalités à l'Assemblée départementale qu'in- cidemment (6). En outre ces ouvrages sont devenus à peu près introuvables. Notre objet a donc été de vérifier de première main les indications biographiques essentielles, et d'établir les dates de leur activité au Conseil général (7 ). Enfin, conformément aux principes qui ont toujours été ceux de La Vie en Champagne, désireuse d'éviter tout ce qui, à tort ou à raison, pourrait donner lieu à une polémique quel- conque, nous n'avons rappelé que le strict indispensable sur les personnalités contemporaines, quelles soient récemment décédées ou — et nous nous en réjouissons ! — encore en vie.

(1) Dictionnaire des parlementaires, dp ROBERT et COUGNÏ. jusqu'à 1889 ; suite, de 1889 a 1940, dans le Dictionnaire des parlementaires français (paru à ce jour jusqu'à la lettre L). L'ouvrage de ROBERT et COUGNT est très sûr; on ne peut en dire autant de sa suite., surtout dans le tome t, à manier avec prudence ; mais le Dictionnaire des parlementaires français contient des notices plus développées. (2) E, SOCARD, Biographie des personnages remarquables de Troyes et du département de l'Aube (Troyes, 1882, 8", 445 p.) ; A. THEVENOT. Statistique intellectuelle et inorale du département de l'Aube (Troyes, 1882, 8°, 370 p.), et premier supplé- ment (1883). Les biographies de THÉVE'VOT ne font qu'une petite partie de aa Statistique; très sommaires, elles semblent en grande partie reprises de SOCARD, si l'on en froit la méthode des erreurs communes, bien connue pour les manuscrits anciens : SOCAHD et THÉVEAOT indiquent avec un bel ensemble le 8 juillet 1778 comme date de naissance de Fadate de Saint-Georges, alors que c'est le 2 juillet 1779, et ce n'est qu'un exemple pria parmi bien d'autres. C'est le lot de la plupart dea travaux du XIX siècle, utiles mais souvent trop rapides : pour un Albert Babeau, combien e de Lalore ou de Prévost ! (3) Dictionnaire biographique de l'Aube, Paris, 1897 (Collection des Dictionnaires départementaux). (4) Mais pab tous: manquent Berthelin Fromageot, Tugnot, Rousseau de Chamoy— Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'aient paa été étudiés dans d'autres publications (Berthelin Fromageot, par H. de la PEamÈttE.et c. DUHEM...). (5) Les erreurs y sont en effet très nombreuses (cf. note 2). (6 ) Dans sa thèse de doctorat en droit Les Aubois et la politique sous les IIIe et IVe Républiques, M. Michel BAROTN, d'après ses propres dires (p. 377 ) a entendu donner, davantage que des biographies complètes, des a flashs » sur des personnalités liées à l'hi'-toire politique du département à cette époque. Ces coupures de presse donnent néanmoins de nombreuses indications. (7) Rappelons que les présidents du Conseil général ont été élus au début de chaque session annuelle de l'an VIII à 1852, puis nommés par le gouvernement avant l'ouverture de chique session de 1852 à 1870. La loi de 1871 prévoyait l'élection du bureau à la session d'août : quand, à la suite du renouvellement de mars 1949. qui fit perdre aux communistes et socialistes la majorité du Conseil général, Gabriel Thierry se démit de ses fonction'i «le président, il n'était pas tenu de le faire. Enfin le décret n° 59-1 1)72 du 11 septembre 1959 reporte l'élection du fc'ireau à la session qui suit chaque renouvellement partiel : à la limite, un bureau peut légalement rester en place, même si des élections partielles (décès ou démission de conseillers généraux) ou toute autre raison le mettent en minorité. 20 L - De l'an VIII à la loi du 10 août 1871

A) CONSEIL GÉNÉRAL NOMMÉ

DU CONSULAT A LA LOI DU 22 JUILLET 1833

1" thermidor an VIII (20 juillet 1800), an IX ; an XI - an XII Lambert Rivière

Lambert Rivière naquit le 13 mai 1753 a Bar- sur-Aube où son grand-père, Robert, et son père, Claude Jean, étaient élus, avec le titre envié de conseiller du roi : son parrain était son oncle Lambert Rivière, avocat à Paris : Lambert Rivière était issu d'une bonne famille de bourgeoisie de robe. Employé avant la Révolution au ministère de la maison du roi. Rivière ne commença sa carrière poli- tique que sous le Directoire. Elu président de l'admi- nistration de département le 1" brumaire an IV, il fut élu député aux Cinq-Cents le 20 germinal an V, comme modère : hon élection fut annulée au coup d'Etat du 18 fructidor. Après le coup d'Etat de brumaire, son ami et compatriote Beugnot — rappelons que le père de Beugnot était notaire à Bar —, lui-même ami du ministre de l'intérieur de l'époque, Lucien Bonaparte, le fit naturellement nommer au Conseil général de 1er prairial an X (21 mai 1802) l'an VIII. Son nom s'imposait pour présider le Con- Jean Edme Berthelin Fromageot seil, et il fut élu président sans coup férir le 1" (ci-dessus, portrait présumé) thermidor, lors de l'installation du Conseil général. Nommé, en l'an XII, député au Corps législatif — Le président de l'an X, grand négociant, était une mandat qui lui fut renouvelé jusqu'à la chute de des figures marquantes de Troyes à la fin du XVIII' l'Empire —, il dut quitter l'assemblée départemen- siècle. tale. Né à Troyes. sans doute en juillet 1724, baptisé le Marié à Pont-sur-Seine, il se distingua comme 12, Jean Edrnc Berthelin était fils de Jean Berthelin maire de la ville par sa fermeté lors de l'invasion de (1694-1760). maire de la ville, et de Gabrielle Taf- 1814. Dévoué à la Restauration, il fut néanmoins fignon : son mariage (1741) avec Marie Claude enveloppé dans la disgrâce de Beugnot, et il mourut Fromageot — d'où son nom, à la troyenne, de dans la retraite à Paris, le 8 octobre 1828. Berthelin Fromageot —, donna naissance à la maison Exceptionnellement honnête sans doute. Rivière Berthelin-Fromageot qui, associant d rap Taffignon ne s'enrichit pas à exercer des fonctions publiques. et toile Fromageot, eut une importance internationale. Son frère, Edme Vincent Rivière, fut le premier La grosse fortune de Berthelin Fromageot lui fit sous-préfet de Bar-sur-Aube (an VIII - 1829). conférer à la fin de FAncieu Régime, entre autres 11 charges importantes, la mairie de Troyes (1780-1786), tion de la Chambre de commerce, et il joua un rôle où il fut remplacé par le malheureux Claude Huez. notable à la Société d'agriculture — depuis, Société Nommé au Conseil général des sa reeréaLîon en l'an académique. VIII, il en sortit par l'effet du tirage au sort en Fan Résidant en fait à Rumilly, Paillot de Loynes XI. Il mourut à Troyes le 11 janvier 1811. mourut à Troyes le 20 avril 1842. Il était le frère Parmi sa nombreuse descendance, signalons ici aîné du peintre Paillot de Montabert (1771-1849). Eugène Bonamv de Villemereuil. son arricrc-pctit-fils, Son petit-fils, Adolphe Paillot (1831-1909) fut mem- qui fut à son tour président du Conseil général (cf. bre du Conseil général pour le canton d'Ervy. infra). 10 mai 18Î3 Anne Claude Rousseau de Chamoy 10 germinal an XIII (31 mars 1805) - 1812; 1814-1821 ; 1824 ; 1828 Anne Claude Rousseau, marquis de Chamoy, ne Victor Paillot de Loynes fut nommé au Conseil général que le 9 floréal an XI, en remplacement de Berthelin Fromageot, sorti C'est Paillot de Loynes qui, dans l'histoire du par l'effet du tirage au sort. Conseil général de l'Aube. fut président le plus long- Il était né à Paris, le 8 avril 1746 paraît-il. Colo- temps : il fut élu dix-huit fois. soll. mulatis mulandis, nel de cavalerie, il était surtout gros propriétaire une de plus que M. Henri Terré. Mais, à vrai dire, (dont le château de Chamoy). Il se démit le 12 juin c'est du Consulat à 1830 que Paillot de Loynes 1823 en faveur de son gendre, le baron de Mengin, domina la vie politique de Troyes et du département. et mourut à Troyes le 11 juin 1829. Victor Paillot — appelé plus lard, suivant l'an- cien usage troyen. Paillot de Loynes. par sullc de son 6 septembre 1822 mariage (1796) avec Louise Elisabeth de Loynes — Claude Paul de Tugnot naquit à Troyes le 16 novembre 1767. Sous la Révo- lution il fut emprisonné au Grand Séminaire comme Claude Paul (de) Tugnot était un officier d'An- frère d'émigré (an II-an IH). cien Régime. Fils de Paul Tugnot, lieutenant au Dès l'an VIII le Consulat nomma ce représentant régiment de cavalerie de Montcalm, et de Barbe d'une vieille famille troyemie, allié à tout ce qui Catherine Jacquinot de Joncreuil, Claude Paul Tu- comptait dans la ville, maire de Troyes et membre gnol naquit à Chavanges le 7 octobre 1761. Sous- du Conseil général. Secrétaire depuis l'installation du lieutenant au régiment de Bourbonnais le 6 avril Conseil, le 1er thermidor an VIII, il fut nommé pré- 1779, capitaine le 15 octobre 1788, il quitta le service sident à la place de Lambert Rivière, passé au Corps en 1791. législatif, et fui réélu à de très nombreuses reprises. Rallié à l'Empire, maire de Noisy-le-Grand (Seine- Même quand il ne put continuer à cire président de et-Oise) de 1806 à 1812, il se fixa dans l'Aube, devint l'a&hcmblée départementale, il en garda en fail l'auto- maire de le 13 mars 1812 : c'est comme rité : de l'an XIII à 1830, il fut le véritable président représentant de l'arrondissement de Bar-sur-Seine du Conseil général. Paillot de Loynes se démit après qu'il fut appelé par l'ordonnance du 30 septembre la Révolution de 1830. 1814 à remplacer au Conseil général Blugel de Val- Elu dépulé en 1815, réélu en 1816. Paillot de denuit. nommé sous-préfet. Loynes prononça le 25 mars 1816 un discours sur les Très dévoué à la Restauration, il reprit du service, ravages subis par le département pendant la cam- fut nommé colonel et lieutenant de Roi à Mézières. pagne de France et l'invasion, qui eut un très grand Bien entendu il démissionna après la Révolution retentissement. Apprécié en haut lieu. pour son loya- de 1830. lisme et son franc-parler, ce discours valut au dépar- tement un très important dégrèvement fiscal et à 10 juin 1823 Pailîot de Loynes... la place de secrétaire général de Jacques Armand Corps la préfecture (ordonnance du 3 avril 1316) en rem- placement du marquis du Puy Montbrun, démission- Né le 13 septembre 1770 à Troyes, Jacques naire ; il fut installé le 15 juin. Armand Corps était président au Tribunal civil de Les secrétaires généraux de préfecture furent sup- Troyes quand il fut nommé au Conseil général, par primés par ordonnance du 9 avril 1817 : une ordon- ordonnance du 2 avril 1817, en remplacement d'un nance du 12 juin 1817 nomma Victor Paillot préfet autre magistrat. Delahuproye, mis en demeure de de la Mayenne en remplacement d'André d'Arbeîle, se démettre. Il avait été auparavant avocat en 1790, destitué, mais il refusa de quitter l'Aube. Quand magistrat de sûreté, puis procureur à Nogent. les secrétaires généraux furent rétablis par l'ordon- Issu d'une vieille famille de Troyes, fils de Jac- nance du 1er août 1820 Paillot de Loynes, n'ayant ques Corps, chevalier, conseiller à la cour des aides, pu faire nommer son fils Jacques, trop jeune, fut et de Madeleine Dessein, proche parent de Paillot de rétabli par ordonnance du 6 septembre, réinstallé Loynes, Corps avait épousé Anne-Marie de Mauroy, dans l'Aube le 1" octobre 1820. II obtint en 1822 de d'où son nom. à la troyenne, de Corps de Mauroy. se faire remplacer par son fils Jacques (ordonnance Rallié tout naturellement à Louis-Philippe, Corps du 8 mai). resta président du Tribunal civil de Troyes et mem- Mais l'activité de Paillot de Loynes s'étendait à bre du Conseil général jusqu'à son décès, survenu à bien d'autres domaines. C'est à lui qu'on doit la créa- Troyes le 4 avril 1836. Î2

23 juillet 1825 ; 1829 Aniauld, comte de La Briffe

Pierre Arnauld. comte de La Briffe — l'usage a retenu la graphie Labriffe — naquit à Paris le 6 mai 1772. Sa famille, très riche, possédait entre au- tres les château d'Arcis. Officier il émigra à la Révolution, mais revint en France dès... 1792. Appelé au Conseil général dès Fan VIII, il y siégea, à part le bref intermède des Cent-Jours, jusqu'à sa mort, survenue à Arcis le 11 septembre 1839. Sous l'Empire, nommé, peut-être malgré lui, chambellan, il fut chargé d'annoncer à Murât la naissance du roi de Rome. Mais il vit arriver la Restauration avec enthousiasme. Colonel de dragons- puis maréchal de camp (1823), il fut élu par le collège de département député à la Chambre introu- vable de 1815. réélu en 1816. Très populaire il fut à nouveau élu en 1827, réélu en 1830 ; il fut des députés qui ne s'opposèrent pas à Polignac. II se rallia à Louis-Philippe mais. nommé à la Chambre des pairs, il n'y vint pas siéger. Il avait épousé en secondes noces Marie Gene- viève Joséphine de Canclaux, dame d'honneur de Joséphine, elle-même veuve du général de cavalerie de Colbert, tué en Espagne le 3 janvier 1809. 21 août 1826 naquit à Paris le 29 juin 1779. Capitaine de cava- Jacques de Fadate de Saint-Georges lerie, il servit comme aide de camp sous son beau- frère le général Dcssolle dans la campagne de Russie, Né à Troyes, non pas le 8 juillet 1778, mais le puis dans celles de 1814 et 1815. Il fut nommé au 2 juillet 1779- Charles Jacques (de) Fadate de Saint- Conseil d'arrondissemcnl: d'Arcis par ordonnance du Georges avait de qui tenir. Son père, Jacques Fadate, 13 mai 1816, puis au Conseil général par celle du dit le chevalier de Saint-Georges, colonel de cavalerie, 7 juillet 1819, en remplacement de François de sous-lieutenant des gardes du corps, seigneur de Mesgrigny mis en demeure de se démettre. Il venait Mâchy et autres lieux, était commandant militaire à d'être fait pair de France (5 mars). Troyes en 1790 : il essaya, non sans courage, d'y. D'opinions libérales, il se rallia à Louis-Philippe, maintenir l'ordre en dépit des circonstances, puis qui le BQmm-ft puir de Franco. Très âgé, il céda par la émigra en 1791 et mourut à l'étranger. suite son siège au Conseil général à son fils unique Par sa mère, épousée le 7 novembre 1774. Anne André qui, à son tour, trouva une mort héroïque Mélanie IIarlan, il était entre autres proche parent pour la France au combat de Bagneux, le 13 octobre des Paillot ou Noël de Buchères. 1870. Mort en décembre 1871, dans l'ignorance Saint-Georges ne joua un rôle politique que sous de la mort de son fils, le marquis Charles fut le la Restauration. Maire de , puis de Troyes en dernier de cette branche de la famille Picot, proprié- 1816, il fut appelé au Conseil d'arrondissement de taire du château de Dampierre depuis 1536. Troues par ordonnance du 13 mai 1816, puis au Conseil général par celle du 2 avril 1817, en rem- Î830 placement de l'ancien maire, Piot de Courcelle, En raison des <•( événements » le Conseil général décédé. ne tint pas de session en 1830. Estimé et respecté de tous, bon administrateur, il fut élu député de l'Aube comme « ministériel » en 10 mai 1831, 1832 ; 1834-1840 1824, mais dut s'incliner en 1827 devant La Briffe. Guillaume Pavée de Vendeuvre En 1826 (ordonnance du 1" novembre) Corbière (ci-dessus) l'avait nommé préfet des Côtes-du-Nord, et il se démit de son siège au Conseil général. En 1830 il Guillaume Pavée de Vendeuvre domina le Conseil se retira dans ses propriétés de Lirey, et y mourut général de l'Aube sous le règne de Louis-Philippe, du le 8 juillet 1854. moins jusque vers 1840, comme l'avait fait Paillot de Loyncs de l'an XIII à 1830. 21 août 1827 Il est le membre le plus marquant d'une des Charles, marquis de Dampierre familles politiques de l'Aube les plus notables depuis l'achat, en 1752,, de la seigneurie de Vendeuvre par Fils du général, premier président du Conseil Gabriel Pavée. général de l'Aube au début de la Révolution, Charles Le père de Guillaume, Gabriel, conseiller à la Jacques Pierre Picot, depuis marquis de Dampierre, Cour des aides en 1789, mais acquis aux idées nou- îâ velles joua un rôle important dans l'Aube pendant Vendeuvre, mais il avait adopté son petit-neveu, la Révolution. Membre du Conseil général en décem- Florent Evain. tige des Pavée de Vendeuvre actuels. bre 1792, puis du directoire du département. Gabriel Les Pavée de Vendeuvre représentèrent donc le Pavée eut l'honneur d'être destitue par Rousselin. canton de Vendeuvre au Conseil général de 1819 à Nommé en l'an III par le représentant en mission 1889, soit pendant près de trois quarts de siècle, et Albert, secrétaire général, puis procureur général même plus, si Ton songe que M. Henri Bourlon de syndic quand la loi du 28 germinal eut rétabli cette Sarty, issu de cette famille par les femmes, a lui fonction, il fut écarté sous le Directoire comme beau- aussi biégé au Conseil général de 1958 à 1970. frère d'émigré, mais présida le Conseil d'arrondisse- ment de Bar-sur-Aube de son installation en l'an 1833, 28 janvier VIII à sa mort en 1814 à Paris. Il fut fait baron de Dupreuil l'Empire en 1808. Gabriel avait ouvert les voies à son fils C-uU- Pierre Jacques Vincent Dupreuil fut nommé au laumf. Celui-ci, né à Paris le 5 mars 1779- fut sous Conseil général au lendemain de la Révolution de le Consulat sous-officier, puis sous-lieutenant de hus- 1830. en remplacement de Jolly de Muûbthal, « dé- sards. Démissionnaire en l'an XI, il fut nommé audi- missionnaire ». teur au Conseil d'Etat le 12 février 1809. Il était, C'était un gros propriétaire : gendre de Portier, depuis 1813. commissaire général de police à Mar- qui avait racheté le beau château de Pouy au comte seille quand Beugnot, Directeur général de la police d'Herbou ville en 1805. il exploita le domaine- et pos- à la première Restauration. le fît déléguer auprès de séda le château aprèà bon beau-père. Mais il avait lui comme maître des requêtes surnuméraire. Nom- derrière lui une belle carrière administrative ; conseil- mé, le 1°'' janvier 1816. maître des requêtes en ser- ler d'Etat il avait été sous l'Empire Directeur général vice ordinaire, membre de plusieurs commissions des postes au grand-duché de Berg. importantes, il fut à nouveau mis en service extra- Il mourut à Pouy le 21 février 1849, et fat ordinaire, par ordonnance du 7 mars 1821 : c'était ifthumo- ••dtt'Hs la chapcllo du ohatocui. une disgrâce due, au lendemain de l'assassinat du duc de Berry et de la chute de Dccazes, aux opinions libérales de Pavée. B) CONSEIL GÉNÉRAL De fait celui-ci suivit la même voie, modérée mais « libérale ». au sens qu'on donnait alors à ce ÉLU terme, que son père. Il fut élu député libéral de l'Aube par le collège de département en 1820, et prit une part active aux travaux de la Chambre. DE LA LOI DU 22 JUILLET 1833 Combattu par le préfet Brusié de Vaisuzenay, il fut A LA lîl^ RÉPUBLIQUE battu en 1824 par 1c ministériel Saint-Georges (voir su/fra), mais trouva sa revanche aux élections de 1827. Réélu facilement comme Casimir Perie? et 1833, 31 juillet Labriffe en 1830, il contribua comme secrétaire Vernier de la Chambre à l'avènement de Louis-Philippe. L'application de la loi du 22 juillet 1833 et le A nouveau député en 1831 et 1834, il fut nommé renouvellement du Conseil général entraînèrent une pair de France en 1837. Chef du parti orléaniste nouvelle session du Conseil général en 1833. Un dans l'Aube avec son fils Gabriel. Casimir Perier et nouveau président fut nommé. Vernier. qui fut ainsi Blavoyer, il mourut très âgé dans Troyes occupé par le premier président du Conseil général élu, comme les Allemands, le 15 décembre 1870. de nos jours, à raison d'un membre par canton. Nommé au Conseil général par ordonnance du Né à Troyes le 17 décembre 1769, Nicolas Jean- 21 juillet 1819 en remplacement du marquis de Baptiste Vernier était issu d'une famille de mar- Lomenie, décédé, il siégea jusqu'en 1844 : il se démit chands, Avocat en 1790, administrateur du départe- le 6 septembre en faveur de bon fils, Gabriel, qui fut ment sous le Directoire, il fut nommé membre du élu le 29 septembre, dès le premier tour. Conseil d'arrondissement de Troyes dès son instal- Gabriel, orléaniste, laissa son siège à Paul Bour- lation en l'an VIII. Il était juge au Tribunal de lon, gendre de Guillaume Pavée de Vcndeuvre, qui Troyes depuis 1811 quand Thibaudeau. par arrêté fut élu le 1" août 1832. Mais il mourut le 1" sep- du 29 avril 1815, le nomma au Conseil général pen- tembre 1860, et son beau-frère Gabriel reprit le dant les Cent-Jours, en raison d'idées libérales et siège de Vendeuvrc le 17 juin 1861. Il le conserva peut-être d'attachement au régime. sans coup férir jusqu'au renouvellement de 1889, La chute définitive de l'Empire annula l'arrêté où il ne se représenta pas. de Thibaudeau. Elu député libéral en 1820, Vernier Né à Paris le 14 septembre 1808. ce fils de Guil- fut battu en 1821 par le ministériel Victor Masson. laume, Guillaume Gustave Gabriel, fut maître des Mais il eut sa revanche à l'avènement de Louis- requêtes au Conseil d'Etat, puis député à la Légis- Pbilippe auquel, comme membre de libéraux et lative en 1849, dans les rangs du parti de l'ordre. d'anciens partisans de l'Empire, il applaudit : maire Il resta un des chefs orléanistes dans le département de Troyes pendant quelques mois en 1830, à la chute jusqu'à sa mort, survenue à Vendeuvre le 11 juin de Charles X, il fut nommé au Conseil général par 1892. Avec lui s'éteignit la lignée des Pavée de l'ordonnance du 30 novembre 1830. Appelé à nou- 14 veau à la Chambre en 1832, en remplacement de ration, il se présenta en 1845 au Conseil général dans Casimir Perler décédé, il fut réélu en 1834. le canton de Bouilly, et battit le sortant, Vernier. Nommé secrétaire perpétuel de la Société d'agri- Son mandat lui fut régulièrement renouvelé jusqu'en culture quand l'ancienne Société académique fut 1877, où il fut ballu par un républicain : c'était la réorganisée sous ce nom en 1818, Vernier y joua un crise du <( Seize-Mai ». rôle important . « Conservateur )J avant tout, Villemereuil était Il mourut a Troyes le 7 août 1849. L'actuel assez respecté et estimé par ses collègues pour être, conseiller général de Bouilly, M. Philippe Vernier, et c'est curieux, élu président du Conseil au début descend de lui en ligne directe. de la IF. puis de la III' République (21 novembre 1848 et 24" octobre 1870). Il ne faisait pas pour au- 1841,23 août- 1845 tant mystère de son dévouement à la famille impé- Toussaint Demeufve riale : Napoléon III lui donna la présidence du Conseil en 1864, 1863, 1866. Après la chute de La carrière de Demeufve est assez comparable à l'Empire il fut, plus que Maupas trop compromis, le celle de Vernier. Né à Barbuise le 14 juillet 1791, chef des bonapartistes du département et il ne mourut Charles Toussaint Frédéric Demeufve fit son droit, que le 7 janvier 1894. devint magistral, mais fut destitué en 1820 comme Gros propriétaire, esprit large et indépendant — trop libéral. A la chute de Charles X, en 1830, il tout bonapartiste qu'il était, il eut le courage de se fut nommé au Conseil général cL à la mairie de présenter contre un candidat officiel au début du NogenL Elu en 1831 député du 3' collège (Nogent) Second Empire —, s'occupant activement de l'essor il fut constamment réélu. Il se retira de la vie économique de l'Aube, Villemereuil est un des meil- publique après la chute de Louis Philippe, dont il leurs exemples des conseillers généraux du milieu du avait été le principal soutien dans le département, XIX" siècle. II mourut le 23 juillet 1874 en son domicile parisien, 19, place de la Madeleine. 1852-1870 1846, 14 septembre - 20 mars 1848 ; Rappelons que la loi du 7 juillet 1852 (art. 5) 27 août 1849 - 1851 ; réservait au gouvernement le choix du bureau, parmi 1861 et 1862 (nommé par l'Empereur) les membres du Conseil^ le droit d'élire leur prési- Charles Doé dent ne fui rendu aux Conseils généraux que par la loi du 23 juillet 1870 (arl. 1). Issu d'une ancienne famille troyenne, neveu, par De 1852 à 1870 les présidents du Conseil général alliance de Paillot de Loynes, Charles Doé naquit le furent donc nommés par le Prince président — 6 juin 1799. Napoléon ÏÏÏ. Son mariage, le 10 avril 1825, avec Gabrielle Arson, lui apportait le château fie Menois, à Rouilly- 1852, 23 août - 1860; 1867, 26 août - 1869 Saint-Loup. Riche propriétaire, il fut élu au Conseil (nommé par l'Empereur) général pour le canton de Piney le 12 mai 1839. Maupas Battu au renouvellement général de 1848. au lende- (ci-dessous) main de la Révolution de février, il prît sa revanche le 19 août 1849. 11 mourut à Paris le 8 mai 1863. Personnage d^ premier plan du Second Empire, « Conservateur » avant tout, Ch. Doé fut d'abord Maupas était lui aussi héritier d'une dynastie poli- orléaniste, puis se rallia au Prince-Président et à tique. Son arr'ère-grand-père Memmie, receveur fies rEmpire. aidcb. fit fortune en acquérant à vil prix d'impor- tantes propriétés de l'abbaye de Clairvsux, déclarées 1848, 21 novembre ; biens nationaux par la Révolution. Son grand-père 1864, 22 août - 1866 (nommé par l'Empereur) ; Edme (1) Maupas, maire de Colombé-la-Fossc, vendait 1870, 24 octobre les bois de ses propriétés ; naturellement libéral et Eugène Bonamy de Villemereuil hostile à la Restauration, il fut nommé au Conseil général par l'ordonnance du 30 novembre 1830 ; élu Fils de Laurent Bonamy, premier écuyer du roi pour le canton de Soulaines en 1833, il mourut en Jérôme, adjoint au maire de Troyes, Eugène Bonamy cours de mandat le 12 mai 1842, et fut remplacé par de Villemereuil naquit à Troyes le 18 décembre son gendre Delassus, d'Arrentières. Son père, enfin, 1800. Il était l'arriere-petit-fils de Berthelin Froma- Memmie Rose^ négociant à Bar-sur-Aube, entra au geot, président du Conseil général en l'an X. Conseil gênerai au début de la IIe République (août Au sortir de l'Ecole polytechnique, au lieu d'une 18481, puis fut élu député de l'Aube en 1852. carrière qui s'annonçait brillante, il reprit l'exploi- Charlemagne Emile Maupas naquit à Bar-sur^ tation familiale de Villemereuil. Membre très actif Aube le 8 décembre 1818. Il entra dans la carrière de la Société d'agriculture du département (depuis, préfectorale comme sous-préfet en 1845, dans le Société académique), il fut à ce titre fait officier de ministère Guizot. La Révolution de février le fit la Légion d'honneur de la main même de Napoléon liï à Troyes le 8 août 1868. Maire de Villemereuil, nommé au Conseil d'ar- (1 ) Né à Brienne-le-Château de Memmie Maupas et de son épouse Anne Dctorcy (d'une famille de marchands de Bar-sur- rondissement de Troyes, à la chute de la Restau- Aube), le 6 janvier 1780. 15

ayant cédé le siège. Nommé par Napoléon III prési- dent du Conseil général à maintes reprises, Maupas fut le maître du déparLement sous le Second Empire. ÎI est équitable d'associer son nom à l'essor écono- mique de l'Aube à cette époque.

1863, 24 août Désiré Argence

Argence est une des figures les plus contestées du Second Empire. II naquit à Troyes le 8 février 1812 d'un père alors capitaine. Avocat a Troyes, franc-maçon impor tant, il se fit d'abord connaître comme républicain, mais se rallia à l'Empire qui le fit maire de Troyes (1859-1870). Son administration municipale se tra- duisit surtout par de grands travaux d'urbanisme, la création des jardins publies cl de la fontaine qui conserve son nom. Argence entra au Conseil général pour le canton d'Aix-en-Othe le 4 Juin 1855. Un décret impérial du 12 août 1863 le nomma même président pour la session de 1863, Mais au renouvellement des 25 et 26 juin 1864 c'est un libéral, Victor Babeau, avocat à Troyes, qui l'emporta. Emporté comme toujours, Argence réussit à faire annuler cette élection par le Conseil d'Etat. Entre temps il se présenta à Chaource, rentrer dans la vie privée, mais le prince-président mais Doyen, appuyé par un des nombreux ennemis se l'attacha, et le fit prcîvt de l'Allier en 1849. Préfet personnels que s'était fait Argence- le député Ram- de police lors du coup d'Etat du Deux-Décembre, il bourgt, pourtant dévoué au régime lui aussi, lui en fut un des principaux acteurs. Son dévouement infligea une sévère défaite en avril 1865. Il ne resta au régime fit de lui, sous le nom mieux sonnant de plus à l'administration qu'à peser de tout son poids Ch. de Maupas- un des principaux personnages du dans la bataille : au terme d'une campagne très dure Second Empire : ministre de la police générale le 22 Argenee l'emporta dcl'iriilivcment en décembre 1865 ; janvier 1852. sénateur quelques jours plus tard, c'était une victoire à la Pyrrhus, Argence s'étant ministre plénipotentiaire à tapies de 1852 à 1854, déconsidéré par sa candidature à Chaource, et ayant chargé de l'administration des Bouches-du-Rhône dé été combattu, ouvertement ou en sous-main, par ses 1860 à 1866. La chute de l'Empire ruina bien en- propres amis politiques. tendu sa carrière politique. Il mourut à Paris le 19 Député de l'Aube en 1869, en remplacement de juin 1888. Rambourgt. décédé, il vit sa carrière ruinée par la Maupas tut élu en 1852 représentant du canton chute de l'Empire, et mourut à Paris le 29 octobre le Bar-sur-Aube au Conseil général, son père lui 1889.

II. - Depuis la loi organique du 10 août 1871

1871, 23 octobre Il naquit à Paris le 20 août 1811. Son père, le Casimir Perier grand ministre de Louis-Philippe, se fixa dans l'Aube (ci-dessous) en achetant, en 1821, le domaine de Pont et fut député libéral du département depuis 1827. Casimir (1) Pcricr a été le premier président du Lui-même fut d'abord diplomate, puis se tourna Conseil général après la promulgation de la loi du vers la politique. Membre du Conseil général de 10 août 1871. l'Aube en 1844, député de Paris en 1846, puis de l'Aube en 1849 avec le parti de l'ordre, il fut des (1) En 1874 Casimir II Perier obtint de faire modifier son membres de la Législative qui protestèrent contre le nom patronymique de Perier en Casimir-Perier, en souvenir Deux-Décembre, et eut l'honneur d'être enfermé quel- de son pcre, Mais la correspondance familiale mouire bien que son prénom usuel était Casimir, fit non pas Auguste, comme ques jours au Mont Valérien. on le trouve souvent écrit : il faudrait donc l'appeler Casimir Sous l'Empire il consacra les loisirs que lui lais- Casimir-Fcricr. sait la gestion de son immense fortune et du domaine I/îiutori'-aLion fut donnée à l'ancien mim&tre et à ses deux fils par décret du 14 mars 1874 (Bull. des lois, 1" section, de Pont à publier, surtout dans la Revue des Deux- XIIe série, t. Mil, n" 2796, p. 351-352). Mondes, des travaux sur des questions économiques 26

reconstruction du département, gravement éprouvé par l'invasion. Mais son rôle à l'Assemblée nationale — lors de la crise décisive, il entra dans le cabinet Thiers du 19 mai 1873 comme ministre de l'intérieur, et tomba avec lui au 24 mai — amena la majorité conser- vatrice du Conseil à le remplacer à la session d'août de 1873. Il se démit de son mandat le 21 avril sui- vant en faveur de son fils, et mourut à Paris le 6 juillet 1876. 1873, 18 août Ernest Roy

Le contraste entre Casimir Perier et Roy était total. Au grand bourgeois libéral héritier d'une grosse fortune succédait un haut fonctionnaire fils de ses œuvres, créature du gouvernement, en somme beau- coup plus « moderne ». Ernest Roy naquit à Chaumont le 21 décembre 1820. Licencié en droit, il entra comme surnuméraire dans l'administration de l'enregistrement le 16 mars 1839 : il gravit tous les échelons de l'administration des finances. Inspecteur des finances de 2e classe, il fut nommé directeur général de l'enregistrement et des domaines le 1er juin 1863. commandeur de la Légion d'honneur le 5 août 1867, conseiller d'Etat en service ordinaire le 20 mars 1869. Le Quatre-Sep- tembre le nomma délégué du ministre des finances à Tours et à Bordeaux le 15 septembre. Placé en service extraordinaire le 17 août 1872, il fut nommé prési- dent de chambre à îa Cour des comptes le 1èr août et financières ; ces titres — ses opinions « libérales » 1874, puis admis à la retraite et nommé premier étaient le meilleur — lui valurent d'être élu en 1867 président honoraire le 4 décembre 1893. à l'Académie des Sciences morales et politiques. Fonctionnaire zélé- Roy tenta parallèlement à Elu député à l'Assemblée nationale, par trois cette belle carrière administrative une carrière poli- départements, il opta pour l'Aube. Son rôle y fut tique dans l'Aube, où il avait acquis des propriétés déterminant pour la fondation de la Troisième Répu- dans la région de Villenauxe. blique : un des premiers à suivre Tliiers dans son Au renouvellement du Conseil général de 1864 il ralliement, Casimir Perier lui apporta à l'Assemblée se présenta à Romilly contre le sortant, le marquis nationale le soutien indispensable du « centre de Chambon, qui, élu comme candidat officiel, était gauche » dont il était le chef. Daniel Halévy a su depuis passé à l'opposition. Il fut bien élu les 18 et faire revivre avec un rare bonheur dans sa Républi- 19 juin, mais la pression administrative était si fla- que (les ducs, l'atmosphère de drame dans laquelle grante que l'élection, d'abord validée par le Conseil Casimir Perier, tenant de la « République conser- de préfecture le 20 juillet, fut invalidée par décret vatrice », et son beau-frère le duc d'Audiffret-Pas- en Conseil d'Etat du 22 avril 1865 : les élections quier, chef du centre droit, resté orléaniste, fondèrent des 3 et 4 juin 1865 rendirent le siège au marquis la Troisième République en faisant voter le compro- de Chambon. mis des lois constitutionnelles de 1875. Il fut l'un Le siège de Villenauxe étant libre, Roy entra des premiers sénateurs inamovibles élus en 1875. au Conseil général le 13 juin 1870. Elu vice-président Elu le 21 juillet 1844 membre du Conseil général à la session d'août 1871, Roy, bonapartiste, fut porté pour le canton de Romilly, en remplacement de son à la présidence à la session d'août 1873 quand la frère Paul, il fut réélu en 1848, mais, hostile à majorité conservatrice de l'Assemblée départementale, l'Empire, il ne se représenta pas en 1852. Il revint sanctionnant la politique républicaine de Casimir au Conseil général le 23 juin 1861, cette fois pour le Perier, l'élimina de sa présidence, connue Thiers canton de Nogent, où se trouve le château de Pont, Pavait été du gouvernement. et fut constamment réélu par la suite. La majorité du Conseil, par suite de plusieurs Lorsque s'ouvrit la session de 1871, Casimir élections partielles, étant passée aux républicains, Roy Perier venait d'être nommé par Thiers ministre de dut céder son fauteuil à la session d'août 1876 a l'intérieur. Casimir Perier était depuis la chute de Gayot, qui l'avait déjà battu aux élections sénato- l'Empire un des principaux personnages de l'Etat, et riales. Au renouvellement de 1880 il fut battu par il fut élu président à l'unanimité des voix. sauf la un républicain. Biche. Aussi compétent qu'actif, Roy sienne. C'est donc lui qui dans le département présida n'en eut pas moins un rôle très important et positif a l'application de la loi organique de 1871, à la au sein de l'Assemblée départementale. 27

1876, 21 août Amédée Gayot le prit avec lui pour former la Amédée Gayot liste républicaine aux élections sénatoriales de 1876 : Comme les Casimir-Perier. les Pavée de Vendeu- ils l'emportèrent aisément sur les conservateurs. En vre ou les Picot de Dampierre, Amédée Gayot était raison de son âge Masson de Morfontaine ne se issu d'une dynastie politique du département, et en représenta pas au renouvellement du sénat de 1885. représente la seconde génération. Elu premier vice-président dans le bureau répu- Son pcre, en effet. Elienne Gayot, fut adminis- blicain du 21 août 1876, Masson de Morfontaine trateur du département sous le Directoire, puis, en faisait déjà fonctions de président depuis la mort de Gayot quand la seb&ion d'août permit de l'y confir- Van VIII, le premier secrétaire général de la pré- fecture. mer. Mais il donna sa démission de conseiller général dès le 22 octobre 1881. Amédée naquit à Troyes le 2 juillet 1806. II fit Il mourut à Bar-sur-Aube le 30 janvier 1887. de brillantes études à Troyes, puis à Louis-le-Grand, fut lauréat du Concours gênerai. Apres a\oïr fait son 1882, 21 août droit il revint dans sa ville natale, et s'inscrivit au Jean Casimir-Perier barreau. « Républicain de la veille » il fut élu représen- Né à Paris le 8 novembre 1847, Jean Perier, tant du peuple en 1848. puis à nouveau, en 1871, depuis (1874) Casimir-Perier était le fils du président député à l'Assemblée nationale avec un autre Qua- du Conseil général de 1871. rante-huitard, Lignier. Il prit naturellement place au Capitaine des mobiles de l'Aube pendant la guerre sein du a centre-gauche » des républicains modérés, de 1870, il seconda le comte de Dampierre au combat où vint le rejoindre peu après Casimir Perier. Sa de Bagneux où il trouva la mort. candidature au Sénat en 1876 assura le succès de la Son rôle national est trop connu pour que nous liste républicaine contre Roy et le comte Armand ; le retracions : le lecteur curieux pourra trouver de il s'inscrivit de même au centre gauche de la Haute bonnes notices dans le Dictionnaire des parlemen- Assemblée. taires, de ROBERT et CUUGNY, et surtout dans le Au terme d'une lu. Lie courtoise Amédée Gayot se Dictionnaire des parlementaires français de 1889 a fit élire le 4 octobre 1874 au siège du troisième can- (1940) (1) (tome III). Contentons-nous d'en rappeler ton de Troyes, jusqu'alors détenu par un autre les principales étapes : député de l'Aube en 1876, homme de valeur, Gustave Huot. bonapartiste. sous-secrétaire d'Etat à l'instruction publique de 1877 La mort de Parigot, la démission du prince de à 1879, président de la Chambre le 10 janvier 1893, Bauffremont, puis la mort successive du marquis de président du Conseil le 3 décembre 1893, et enfin Mesgrigny et de Maurice de Launay, leur rempla- président de la République à la mort de Sadi Camot, cement par trois républicains, firent perdre aux le 27 juin 1894. conservateurs la majorité au Conseil général : à la Un des principaux représentants de la politique session d'août 1876 les républicains portèrent Amédée opportuniste à Paris, Casimir-Perier en était le chef Gayot, alors sénateur, à la présidence ; il la garda incontesté dans l'Aube, au point que ses adversaires jusqu'à sa mort, survenue à Troyes le 5 novembre radicaux n'eurent pas de termes assez violents pour 1880. Son fils Emile (1834-1909) lui succéda au dénoncer l'hégémonie « perieriste ». De fait, élu Sénat (1880-1909). conseiller général de Nogent le 19 juillet 1874 en Amédée Gayot était une des personnalités les pïus remplacement de son père, secrétaire en août 1876, en vue à Troyes au XIX^ siècle. Son activité débordait vice-président en août 1881, président en août 1882, très largement le domaine politique. En particulier, Casimir-Perier domina le Conseil général et toute la poète à ses heures, mais surtout homme d'une riche vie politique du département jusqu'à son élection à et large culture, il anima la Société académique com- la présidence de la République. me secrétaire, de 1846 à 1860, puis comme président. On sait dans quelles conditions Casimir-Perier II lui revint d'organiser, avec le titre de secrétaire se démit de la présidence de la République le 13 général de la session, le Congrès scientifique de janvier 1895. Plus que des raisons personnelles, ses Troyes de 1864. origines familiales, ses anciennes attaches orléanistes, ses manières et ses sentiments même, qui, au-delà des 1881, 22 août opinions politiques faisaient de lui un vestige du Hippolyte Masson de Morfontalne passé aux yeux d'une grande partie de l'opinion Hippolyte Masson naquit à Bar-sur-Aube le 22 républicaine, ont amené ce geste. vendémiaire an V (= 13 octobre 1796). Il s'engagea Sa démission marque bien la fin définitive des en 1814, fit la campagne de France, fut blessé a notables que son père avait tenté d'éviter. Casimir- Waterloo. Resté dans l'armée, il prit sa retraite en Perier refusa de reprendre des fonctions politiques 1850 comme chef d'escadron, et revint se fixer dans et mourut dans la retraite à Paris le 11 mars 1907. sa ville natale. Avec sa fille, Mme Edme Sommier, s'éteignit la Elu membre du Conseil d'arrondissement pour descendance du ministre de Louis-Philippe. le canton de Bar-sur-Aube en 1832, Masson de Morfontaine devint maire de Bar-sur-Aube au Quatre- (1) En corrigeant une petite erreur (p. 886) : Casimir Septembre. Il fut élu conseiller général de Bar-sur- Perier n'était pas le beau-frère, mais le neveu par alliance du duc d'Audi ffret-Pasquier. Aube le 8 octobre 1871 en remplacement de Maupas, Cf. aussi La Vie en Champagne, n° 111, mai 1963 (numéro qui ne s'y représentait pas. spéciaJ sur Pont-sur-Seine'). 28

1894. 20 août de l'Aube. Le chef du mouvement, le socialiste Gas- Léon Fréminet ton Cheq, le rappela avec émotion lors de ses ob- sèques. Le successeur de Jean Casimir-Perier. Fréminet, est peu connu. C'est pourtant une figure intéressante. 1898, 22 août Né à Troyes le 7 novembre 1843, Henri Etienne Constant Theveny Jeaa-Baplihte Fréminet fit de bonnes études au Lycée, couronnées par le doctorat en droit à Paris- Fréminet Laurent Constant Theveny naquit a Plancy le s'inscrivit avocal dans sa ville natale. Républicain- 24 avril 1845. Reçu docteur en médecine, il servit comme les jeunes gens de sa génération, il adopta, en 1870 en qualité de major dans la garde mobile sans doute en hommage à Gambetta, le prénom de de l'Aube, commandée par le comte de Dampierre. Léon. Au Quatre-Septembre Lignier, redevenu pré- t< Républicain de la veille », mais modéré, mé- fet de rAiihe, le prit comme secrétaire. decin à Plancy et déjà conseiller d'arrondissement, C'était le début d'une carrière politique. La mort il fut présenté par les opportunistes au renouvelle- de Parigot, député à l'Assemblée nationale, lui donna ment du Conseil général de 1886, pour le canton le siège «lu deuxième canton fie Troyes au Conseil de Plancy. Il fut élu au premier tour, le 1er août, général, le 7 novembre 1875. Elu député républicain contre le sortant radical, Peigné-Crémieux, ancien de l'Aube le 20 février 1876. il fut des « 363 », préfet de la Drôme au Quatre-Septembre. mais ne se représenta pas on 1381 : la République Il fut constamment réélu depuis. Son ami poli- n'étant plus en question, les luttes politiques se tique Rambourgt, progressiste, ayant été battu au dérouleraient désormais au sein du parti républi- renouvellement de 1898, il lui succéda comme pré- cain. et il lui répugnait d'y prendre part. sident de l'Assemblée départementale le 22 août 1898, Fréminet garda cependant son siège au Conseil mais , en 1910 les élections ayant donne aux radi- général. Il fut élu successivement premier secrétaire caux la majorité au Conseil général, il dut céder dans le bureau républicain de 1876, vice-président son fauteuil à Paul Meunier. à la session d'août 1882. puis président en 1894. Sa II venait d'être élu à la Chambre le 8 mai 1910 compétence et sa courtoisie étaient appréciées de tous, pour l'arrondissement d'Arcis comme républicain mais le 23 mai 1895 il mourut à Paris, où il était de gauche, et fut constamment réélu. redevenu avocat. Theveny mourut à Plancy le 15 septembre 1927.

1895. 19 août 1910, 22 août Eugène Rambourgt Paul Meunier (ci-dessous) Eugène Rambourgt est le dernier d'une dynastie politique aubûise du XIXe siècle. Paul Meunier est une des figures les plus Né à Coursan le 4 octobre 1844, licencié en compîexes, les plus controversées aussi, de l'histoire droit, il entra dans l^admiuistration préfectorale au'1 politique du département. début de la Troisième République, en 1871. Sous- Né à Saint-Parres-lès- le 18 février 1871, préfet. Eugène Rambourgt quitta l'administration ÎI fit son droit, et fut reçu avocat. Très jeune, il en 1878, et revint s'établir au château familial de fut élu député radical-socialiste de l'arrondissement Coursan. de Bar-sur-Seine en 1902. et fut régulièrement réélu Elu le 2 novembre 1883 conseiller général d'Er- avec une forte majorité jusqu'en 1919. Inscrit en vy, à la mort de GaIIot, Rambourgt fut nommé se- 1914 au groupe républicain socialiste, il adhéra à crétaire de l'Assemblée départementale le 22 août la veille de sa mort à la S.F .1.0. 1887, vice-président le 20 août 1894, et enfin pré- Au renouvellement du Conseil général de 1907 sident en 1895. Sa présidence fut placée sous le il se présenta à Mussy contre le sortant conservateur, signe de la politique d' « apaisement », ce qui lui Petit de Bantel, qui y siégeait depuis 1873. Ener" valut d'être battu au renouvellement de 1898 par giqucment appuyé par l'administration préfectorale un radical, dans une campagne très dure. il l'emporta le 28 juil- Rambourgt fut élu député opportuniste de Troyes let. Ce succès, dans l'atmosphère combiste de Pépo- en 1889, sous Ïc patronage de Casimir-Perier, Battu que, exacerbée dans la région de Bar-sur-Seine, prit en 1893 par le radical Charles Dutreix, il passa valeur de symbole : les forces de progrès, représen- en 1896 au Sénat, à la mort de Tézenas. Réélu jus- tées par un homme en pleine jeunesse, éliminaient qu'à sa mort, survenue subitement dans le train la réaction déclinante. de Bainot aux Riceys, le 30 octobre 1914. il siégait Paul Meunier reçut bientôt la récompense de sa sur les rangs progressistes. Il était membre de la victoire. Les élections de 1910 ayant donné aux ra- Fédération républicaine. dicaux îa majorité au Conseil général, Paul Meunier Ses dernières années furent surtout consacrées fut élu président à la session d'août. Cette date est aux problèmes viticoles. En 1911 il tut le principal importante dans l'histoire politique du département, défenseur des vignerons aubois devant le Parlement. car elle y marque la fin de la domination opportu- Par sa courtoisie, son désintéressement, en contraste niste, jadis si solide avec les Casimir Perier ; le par- avec l'ambition de Paul Meunier, il fit beaucoup ti radical domina dès lors PAube jusqu'au moins pour retourner l'opinion des Chambres en faveur la dernière guerre mondiale. Ï9

La carrière de Paul Meunier était déjà plus que compromise, mais ce n'était qu'un début. Pendant la Grande guerre il fonda un journal pacifique, La Vérité. Toujours députe de Bar-sur-Seine, il fit un voyage en Suibse avec son amie, Mme Bernain de Ravisi. A tort ou à raison il fut impliqué dans l'affaire Judet. inculpe d'intelligences avec l'ennemi, interné pendant vingt-neuf mois à la Santé. Sa carrière politique était définitivement brisée. Il n'eut qu'un nombre de voix symbolique aux élec- tions législatives de 1919, et ne se représenta même pas au Conseil général. Usé prématurément par ces épreuves il mourut à Paris le 17 mai 1923.

1912, 19 août Louis Mony

Louis Mony naquit à Saint-Parres-Iès-Vaudes le 19 mars 1849. Architecte à Troyes, il fut élu conseil- ler municipal dès 1881, et fut maire de Troyes à plusieurs reprises. Elu au Conseil général pour le deuxième canton de Troves le 4 août 1895, il y siégea avec les radi- caux-socialistes. Mais, ne voulant pas fermer la porte aux républicains de gauche. Indisposé par l'ambition effrénée de Paul Meunier, il rompit avec lui, fonda l'Action troyenne, qui s'opposa au Périt Troyen de Paul Meunier. La crise viticole de 1911 amena le déplacement du protecteur de Paul Meunier, le préfet Marais, agent de la politique républicaine de combat. Refusant, avec la droite du Conseil général, de siéger au moment de la crise, pour appuyer les revendica- tions viticoles, il fut porté à la présidence de l'assem- blée départementale le 19 août 1912 lors de la petite révolution qui chassa Paul Meunier et ses amis du bureau du Conseil général. Honnête et intègre, parti- san et artisan de concorde, il donnait des garanties aux modérés, tout en restant radical-socialiste, et il garda la présidence du Conseil général jusqu'au re- Cette élection pouvait être le point de départ nouvellement de 1925, où il ne se représenta pas. d'une brillante carrière ministérielle. En fait la ro- Elu sénateur en 1920, en remplacement de Ram- che tarpéienne était bien proche de ce triomphe. bourgt, décédé, il donna sa démission, fait exception- Propagandiste de tous les instants du radicalisme nel, le 11 novembre 1926, invoquant son grand âge. le préfet du Bloc des gauches, Charles Marais, réus- De fait il mourut le 29 mai 1928. Ironie ou com- sit à provoquer une scission entre radicaux, Mony plaisance du destin, il eut, comme son compatriote et les plus modérés se séparant du protégé du préfet, Paul Meunier, des obsèques civiles, et tut inhumé à Paul Meunier, et du Petit Troyen, : cette défection côté de son frère ennemi, au cimetière de Saint- lui coûta cher au moment décisif. Parres. Lors de la crise viticole de 1911 le « Bon Dieu de Saint-Parres » incarnation dans l'Aube de la poli- 1925, 17 août tique radicale, apparut complice du gouvernement ; Léon Lesage ayant cherché à freiner la révolte, il eut le tort de chercher à regagner le terrain perdu en se désoli- Né a Romilly le 16 janvier 1858, Léon Lesage darisant, pour des raisons personnelles, du mouve- était bonnetier dans sa ville natale quand il fut élu ment vigneron ; ses déclarations agressives vis-à-vis au Conseil général pour le canton de Romilly le 31 de la moitié du Conseil général .treize membres exac- juillet 1910 comme radical-socialiste. tement, dont Mony, qui avaient cru devoir refuser Elu vice-président du Conseil général le 5 janvier de siéger, son attitude de combat politique constant, 1920, à la suite du renouvellement intégral de 1919, lui aliénèrent définitivement tous ceux qui n'étaient il fut porté à la vice-présidence à la session d^août pas à sa dévotion ; en 1912 le Conseil général, in- 1925, en remplacement de Mony. Très âgé, il ne se changé pourtant, l'élimina de la présidence, par 13 présenta pas au renouvellement de 1934, et mourut voix contre 11, en le remplaçant par Mony. dans sa ville natale le 2 juin 1938. 30

1934, 17 octobre 1949, 30 mars Fernand Gentin Maurice Parez Né au Chêne le 17 août 1894, Maurice Parez Gentin est, avec les deux Casimir-Perier, un des était ingénieur des travaux publics et maire de Méry présidents du Conseil général qui occupèrent des fonc- quand il fut élu, le 23 septembre 1945, conseiller tions ministérielles. général de Méry comme radical. Le renouvellement Né à Reims îe 27 septembre 1874, Femand de mars 1949 ayant donné une nouvelle majorité à Gentin était industriel quand, le 19 juillet 1925, le l'Assemblée départementale. Parez fut porté à la Cartel le porta au Conseil général pour le canton de présidence. II « rentra dans le rang » et céda son Bouiiïy ; il battait, dès le premier tour, le sortant fauteuil à M. Henri Terré à la session suivante, mais modéré, Hugay, ne cessa de jouer au Conseil général un rôle impor- Nommé vice-président du Conseil général le 28 tant comme président des commissions des voies de octobre 1931, au lendemain d'un renouvellement communication de 1945 à 1954, puis des finances de partiel, il fut élu député de l'Aube en 1932, puis 1955 à 1961. II se consacra surtout à la distribution président du Conseil général en 1934, en remplace- de l'eau potable dans les communes rurales. ment de Léon Lesage. Parez ne se représenta pas au renouvellement de er Réélu député en 1936 avec le Front populaire, il 1961, et mourut à Méry le 1 maî 1963. fut ministre sans interruption de janvier 1938 à mars 1940, successivement des P.T.T. dans le qua- 1949, 26 septembre trième cabinet Chautemps (1938), de la Santé publi- Henri Terré que dans le deuxième cabinet Léon Blum (1938), puis ministre du commerce dans le troisième cabinet M. Henri Terré est trop connu pour qu'il soit Daladier (1938-1940). nécessaire de lui consacrer une longue notice : con- tentons-nous de retracer ici les principales étapes de sa vie publique. Né à Paris (XVIF) le 16 février 1900, il se fixa 1940-1945 à Troyes après la première guerre mondiale. Après Rappelons que, suspendus le 12 octobre 1940 par la Résistance et la Libération il fut élu en 1947 le gouvernement de Vichy, les Conseils généraux ont conseiller municipal de Troyes le 19 octobre, maire été rétablis par ^ordonnance du 21 avril 1944. Les le 26 octobre ; en 1949 conseiller général du troi- élections se sont déroulées en septembre 1945. sième canton de Troyes le 27 mars, premier vice- président de l'Assemblée départementale le 30 mars, et enfin président le 26 septembre. Au plan national il fut élu député en 19S8, réélu 1945, 29 octobre ^ en 1962. Gabriel Thierry L'année 1967 lui fut néfaste : ses mandats de député et de conseiller général ne lui furent pas renouvelés, mais il fut élu sénateur le 22 septembre Elu président du Conseil général au lendemain 1968 en remplacement de Gustave Airic, décédé. de la Libération, Gabriel Thierry représente une Réélu maire et sénateur en 1971, il a été nommé nouvelle génération d'hommes politiques, issue de la maire honoraire le 28 avril 1972. Le jubilé de ses Résistance. vingt-cinq ans de mandat municipal vient d'être Né à Chaumont le 12 août 1896, Gabriel Thierry célébré. entra dans les chemins de fer. Membre du Parti Président du Conseil général de 1949 à 1967, socialiste dès 1923, il joua un rôle important dans M. Henri Terré est le «. plus long » président depuis la Résistance du département, sous le surnom de la loi organique de 1871. Marcel Mismer, et présida à sa libération en qualité de président du Comité départemental de libération (C.D-L.), en 1944. Son rôle lui valut d'être fait com- 1967, 4 octobre pagnon de la Libération et commandeur de la Légion Pierre Labonde d'honneur à titre militaire (1962). M. Pierre Labonde est né à Lyon le 28 février A la Libération il fut élu maire de Sainte-Savine 1910. Agriculteur à Rhèges, il a été élu conseil- — fonction qu'il conserva jusqu'au renouvellement ler général de Méry le 4 juin 1961, en remplacement de 1971 — et conseiller général du deuxième canton de Parez. de Troyes, aux élections générales du 23 septembre 1945. La présidence du Conseil général lui fut don- Il tut porté à la présidence de l'Assemblée dépar- née lors de l'installation du nouveau Conseil général, tementale à la suite du renouvellement de 1967. le 29 octobre 1945. Membre du Conseil économique depuis 1959, il a été élu sénateur le 26 septembre 1971 en remplacement Il ne se représenta pas au renouvellement de de M. Patenôtre, qui ne se représentait pas. 1951, mais revint au Conseil général le 15 mars 1964. Il est mort en cours de mandat le 7 août 1972. J.-M. R. 81 Les MEMBRES

DU

CONSEIL GENERAL

DEPUIS

L'AN VIII

Nous avons cru bon de donner ci-dessus la liste de tous les membres du Conseil général de l'Aube, depuis l'an VIII jusqu'à nos jours. Le Conseil général a été nommé jusqu'en 1833, puis élu : cette différence essentielle de recrutement justifie la distinction de deux époques. La stabilité du Conseil général de l'an VIII à 1833 a permis de donner quelques détails biographiques sur ses membres à ce moment ; à partir de 1833 nous n'avons donné que les noms. Il va de soi que nous n'avons donné aucune indication sur les présidents, dont la car- rière a déjà été rappelée sommairement (cf. supra). Plus encore que pour les présidents, nous avons été très bref : il appartiendra a nos lecteurs de dire s'ils souhaitent lire des biographies plus développées de tel ou tel membre du Conseil général, ou des plus marquants de ces hommes qui, depuis l'an VIII, ont fait notre département.

I. - Le Conseil général de l'an VIII à 1833

Le Conseil général a été très stable de l'an VIII à 1833 ; nous nous conten- tons de donner la liste des membres du Conseil général en l'an VIII, puis d'indi- quer, par ordre chronologique, les modifications qu'elle a subies jusqu'en 1833. Nous avons consulté les mêmes ouvrages que pour les présidents ; ajoutons-y les deux dictionnaires biographiques bien connus de G. six, les Distractions poéti- ques des suspects internés au Grand Séminaire de Troyes pendant la Terreur de Louis MORIN (La Révolution dans l'Aube, 1908), les travaux de BOUTILLIER DU RETAIL et LÉGER sur les Terray. Mais l'essentiel provient des riches dossiers conservés aux Archives de l'Aube. En fait, c'est tout le personnel politique du département, du Consulat à Louis-Philippe, à l'exception de Casimir Perier, que nous trouvons au Conseil général. 52

1) LE CONSEIL La nomenclature officielle qualifiait ainsi les membres du Conseil général GENERAL de l'an VIII, nommés par arrêté du 12 prairial ; <ï Berthelin Fromageot, proprié- DE L'AN VÏII taire ; Paillot Deloynes, propriétaire ; Avalle, propriétaire ; Rivière, ex législa- teur ; Geslin, propriétaire ; Capperon, ex notaire ; Raverat, ci devant président de l'administration centrale ; de Bossancourt, propriétaire ; Charton, ex administra- teur ; Quillard, maître de forges ; de La Briffe (1), propriétaire ; Guerrapain, ex administrateur du département : Berthelin d'Ervy, propriétaire ; Bluget Valdenuit, propriétaire ; Pierret, ex législateur ; et Andryanne, propriétaire. » La composition de ce premier Conseil général montre bien ce que Bonaparte attendait de lui. Tous en fait étaient des « propriétaires », c'est-à-dire d'ancien? nobles ou des bourgeois possédant biens au soleil, et des revenus personnels leur permettant de vivre avec aisance sans exercer une activité rémunérée, en bref membres de la classe sociale la plus enviée en France jusqu'à la guerre de 1914- 1918. Certains d'entre eux, particulièrement opulents et sans passé politique — Berthelin Froniageot. La Briffe, Baussaucourt, Avalle, Paillot de Loynes — seraient des répondants vis-à-vis des classes les plus aisées de la société dans une assemblée départementale dont l'objet primordial, rappelons-le, était alors de voter le répartement de l'impôt. Les autres, disposant d'une fortune personnelle moindre, avaient acquis une expérience précieuse en exerçant des fonctions publi- ques sous la Révolution et le Directoire, et pourraient utilement seconder l'admi- nistration ; certains même d'entre eux avaient siégé au Conseil général de la Révolution dès l'origine — Geslin, Quillard — ou un peu plus tard — Raverat et Guerrapain ; d'autres encore avaient fait partie du directoire de département après le 9 thermidor ou de l'administration de département sous le Directoire — Raverat, Rivière, Pierret, Guerrapain, Charton ; Rivière et surtout Raverat en avaient été présidents. Au point de vue polil'ique opposants discrets à la Révolution et révolutionnaires modérés étaient unis dans le ralliement au nouveau régime d'apaisement des partis. Quatre des membres du Conseil général de l'an VIII — Rivière, Berthelin Fromageot. Paillot de Loynes, La Briffe — présidèrent le Conseil général, et leur vie est brièvement retracée à ce titre. Nous ne nous étendrons pas sur Capperon, Quillard, Geslin (2), Charton (3), Berthelin d'Ervy (4), Baussancourt (5), ni

(1) Les Archives de l'Aube possèdent la lettre (du C mes- toiles peintes! — à Angenousl {cf. n. 21). Sous la Restau- sidor ) par laquelle La Briffe remercia le « citoyen » Brusié ? ration Ruotte. do^en du Conseil, fut remplacé par Robîn. « J'ai reçu, citoyen, à mon retour d'un voyage de quelques Après la Révolution dp 1830 seul Angenoust accepta de servir jours la lettre et l'extrait de l'arrête des Consuls par les- le nouveau régime ; les deux autres donnèrent leur démission quels vous m'anoncés ma nomination au Conseil général et furent remplacés par Dubois (de Morambert) et Ram- du département de l'Aube. Je me rendrai exactement le bourgft ). 1er messidor [ce lapsus correspond à la date initialement pré- (3) Ne le 18 avril 1759 à Bar-sur-Aube, Jean-Bapliste vue pour la session, que La Briffe avait sous les yeux] au Charton, fils du receveur de l'hôpital, était homme de loi. chef lieu du département, et je tacherai de répondre à cette Nommé au directoire du département par le représentant marque de confiance de la part du gouvernement et de mes en mission Albert, en janvier 1795. Substitut dans sa ville compatriotes. J'ai l'honneur de vous observer que quoiqu'un natale sous le Consulat, il devint en 1811 président du tri- des propriétaires les plus considérables de l'arrondissement bunal de Bar-sur-Aube. II prit sa retraite en 1830 et mourut d'Arcis et y passant huit à neuf mois de l'année, mon domi- dans sa ville natale le 24 février 1ÎÎ33. cile est établi à Paris. Je ne crois pas que ce soit un obs- (4 ) Sans doute rousin éloigné de Rerthelin Fromageot, tacle aux fonctions auxquelles je suis apelé, mais j'ai voulu Pierre Georges Alexandre Berthelin naquit à Chaource le vous en prévenir... » 5 octobre 1766. 11 Légiste B. administrateur du district d'Ervy, (2) Né à Villenauxe le 27 septembre 1736, lanneur, Char- magistrat de sûreté à Bar-sur-Seîne. procureur impérial a les Théodore Geslin était l'arrière grand-père du conseiller Truyes, il fut nommé par la Restauration juge d'instruction général du même Villenauxe (1893). Il avait fait partie du à Paris, et fut alors mis en demeure par ic préfet de se premier Conseil général de 1790, tout comme Quillard. Quant démettre de son mandai (en application de l'article 107 du à Cîipperon, qui &e prénommait non pas François, maib Etienne, Code civil). Il mourut à Bar-sur-Seine le 11 juillet 1851. Son il était non pas ancien chirurgien, mais ancien notaire à Bar- gendre, Monginet, notaire puis juge de paix à Mussy, repré- aur-Seine ; ajoutons qu'il fut la victime d'une affaire qui fit senta ce canton au Conseil général, grand bruit en étant assassine à Bar, le 12 décembre 1814, (5) Louis Joseph, baron de îîaussancourt, naquit à Vitry avec sa servante, Anne Jacquinot, le 3 avril 1757. Issu d'une des plui vieilles familles du dé- II n'est sans doute pas superflu de donner le nom des partement, il ctaît fils d'Edme François Marie de Baussan- conseillers de préfecture, qui avaient beaucoup de points court, chevalier, seigneur de Mag""-Fouchard, Vauchonvil- communs avec les membres du Conseil général : comme eux liers, Vaisuzenay..., mousquetaire de la deuxième compagnie c'étaient des notables chargés de fonctions administratives. des mousquetaires avec brevet de capitaine de cavalerie, et Dans l'Aube il n'y eut jamais que trois sièges de conseillers de Madeleine Jacobé de Vienne ; son grand-père maternel, de préfecture. En l'an VIII ils étaient occupés par Ruotte, Gilles Joseph Jacohé, seigneur de Vienne, était lieutenant Loiselet et Oudan. Sous l'Empire Loiselet céda son fauteuil général de police à Vitry. Gros propriétaire — sa fortune (1809) à son gendre Avalle (cf. n. 7), et en 1811 Oudan — était évaluée en 1812 à 290000 F. de biens-fonds — Baus- ancien officier sorti de l'Ecole de Brienne, qui joignait à son sancourt devint sous la Restauration maréchal de camp, fauteuil de conaeiller la direction... d'une manufacture de inspecteur général de la Garde nationale, fut fait chevalier de même Guerrapain (6) ou Avalle (7), qui- n'ont joué un rôle politique qu'assez effacé, pour insister sur les figures les plus intéressantes du Conseil général de Pan VIII. BAVERAT La plus curieuse est sans conteste Raverat (8), Né à Moutiers Saint Jean le 24 décembre 1734, d'où son prénom, Noël Raverat fut d'abord... officier de dragons, puis fut ordonné en 1759, nommé curé de Chesley en 1766. Nommé en 1788 à l'Assemblée d'élection de Bar-sur-Aube, puis, le 10 septembre 1791, au Conseil général, il remplaça à la présidence Fromageot démissionnaire le 24 juillet 1792. Jeté dans la Révolution, il adhéra bien sûr à la Constitution civile du clergé, et, en qualité de président du dépari-cment, il prit l'initiative de l'apostasie lors de la mission Rousselin, le 25 brumaire an II. Remplacé comme... ancien prêtre par le représentant en mission Maure, Raverat se retira à Chesley. Le Directoire le rendit à la vie publique. Commissaire du Directoire exécutil dans le canton de Chesley, il tut nommé administrateur du département, puis président au coup d'Etat du 18 fructidor qui éliminait les modérés ; sa présidence se marqua par les persécutions contre le catholicisme et l'appui donné au culte philanthropique. Raverat, dépassé par les révolutionnaires les plus « enragés », tut battu aux élections de l'an VI, mais revint à l'administration départementale quand les élections eurent été cassées. Réélu en l'an VII, il fut à nouveau porté à la présidence. Naturellement rallié au coup d'Etat de brumaire, Raverat fut confirmé dans la présidence de l'administration départementale. Il avait, au fond, suivi, au sein du parti révolutionnaire, une ligne politique de « juste milieu ». De l'Assemblée d'élection de Bar-sur-Aube à l'an VIII il avait été au cœur de la vie politique du département, et y avait présidé aux moments cruciaux, proclamation de la République et Terreur, coup d'Etat de brumaire : il avait bien sa place au Conseil général recréé. Raverat mourut réconcilié avec l'Eglise le 17 pluviôse an X, et fut remplacé au Conseil général par Grillon. BLUGET DE VALDENUIT Autre figure intéressante, Bluget de Valdcnuit. Né à Ricey-Bas le 21 novembre 1763 d'une famille anoblie de fraîche date (9), Thomas Bluget de Valdenuit était le neveu du curé des Riceys, Thomas Bluget, qui fut député du bailliage de Bar- sur-Seine aux Etats généraux. Elève au collège de l'Oratoire à Troyes, puis à l'Ecole militaire de Briennc, il venait d'en sortir quand Bonaparte y entra. Ses intérêts l'amenèrent à la Guadeloupe en janvier 1793. Les événements politiques le firent, comme nombre de colons des Antilles, se réfugier à New-York, où il se lia intimement avec Saint-Mémin : eux deux firent ensemble les premiers physionotraces américains (10). Rentré en France en septembre 1797, Bluget se maria à Paris, s'installa dans sa belle demeure familiale des Riceys. Ancien de Brienne et gros propriétaire, il fut naturellement nommé au Conseil général de l'an VIII.

Saint-Louis. TI cessa de-, faire partie du Conseil général en imposés — Avalle fui naturellement appelé au Conseil général 1830, et mourut dans son château de Baussancourt le 9 juin en l'an VIII. 1836. Sa femme le suivit dans la tombe le 24. Son beau-père Loiselet, devenu entre temps doyen du Con- Le préfet Brusié épousa, on le sait. sa sœur cadette Marie seil de préfecture, appuyé par les recommandations du préfet Mélanie (Baussancourt, 23 thermidor an IX), Brusié et de Bcugnot, obtint de lui faire transférer aa place de On trouve les graphies Bossancourt et RaussancouTt, qui membre du Conseil de préfecture (décret du 30 janvier 1809). semble préférable en raison de l'étymologie. En 1830 Paul Avalle donna sa démission tant du Conseil (6) Sur la figure attachante de Thomas Guerrapain génér;il que du Conseil de préfecture. II se retira dans son (1734-1821), voir SOCARD, Biographie des personnages de. châtpau familial uu Plessis (commune de Fresnoy), et mourut Troyes et du déparlement de l'Aube (résumé de la notice à Troyes le 24 mai 1832 ; sa femme le suivit le 29. nécrologique parue dans les Mpmaires de la Société... de Sa riche auccession, avec le château du Plessis, passa à l'Aube, 1822, 3'"" trimestre, p. 46-56). Ajoutons que Guer- sa fille unique, Sophie Françoise mariée à Grundier. Ses deux rapain, tout comme Laffcrtey, fit partie de l'Assemblée d'é- sœurs avaient é»ou;-é, l'une Nicolas Piot de Courcelle. maire lection de Troyes ; élu, le 13 novembre 1792, au directoire de Troyes, l'autre Antoine Arson, qui fit construire en 1825 le de département, il eut l'honneur d'pn être expulsé par Rous- château moderne de Menois ; sa fille Cabrielle Arson l'apporta selin, et v tut rétabli par Albert en janvier 1795. II fut à son mari Charles Doé. reconduit au Conseil général en l'an XUÎ (décret du 20 (ît) D'après, au point de vue ecclésiastique, la notice d'A. nivôse) en remplacement de Rivière, passé au Corps législatif, PRÉVOST, in Répertoire biographique du clergé du diocèse de sur la rccomman dation de l'ancien président. Troyes à l'époque de la Rcafilutilîn ; au point de vue politique, (7 ) Né à Paris le 28 septembre 1768 (Saint-Germain les ouvrages déjà cités d'A. BABI-.-M:- l'Auxerrois), Antoine Paul fit son droit dans la capitale, et fut (9 ) Depuis son grand-père, Thomas Bluget ; sa grand-mère reçu, avocat au Parlement en juillet 1790. La Révolution le fit maternelle était née Madeleine Babeau. revenir à Troyes auprès de son père, Avalle Duplessis, secrétaire (10) A ce titre l'historien du physionotrace, René IIENNE- du roi. 11 y épousa le 23 thermidor an II (10 août 1794) Fran- QUIN, lui a consacré une excellente notice dans son Edme Que- çoise Joséphine Loîseict. Jouissant d'une grosse fortune — ncfîey, des Riceys (Appendice, § II, in Annuaire de l'Aube, avec 201) 000 F de biens-fonds, it faisait partie des trente plus 1927, 2e partie, p. 93-102). Bluget et Quenedey étaient tous deux des Riceys. 34

Veuf, Bluget de Valdenuit se remaria avec Suzanne Puissant de Saint- Servan, fille d'un ancien président à la Cour des comptes et des aides de Nantes, et cousine germaine de Mme de Bondy, née Hamelin. Ce mariage lui ouvrit la carrière préfectorale, grâce à l'appui constant de Bondy, personnage important sous tous les régimes, de l'Empire à la Monarchie de Juillet (11). Remplacé à l'avènement de Louis-Philippe, il se retira à Fontainebleau, mais revint mourir dans son village natal le 9 novembre 184-6 (12). PIEBBET Pierret (13) avait derrière lui un passé d'homme politique : siégeant à la Convention, avec la Plaine, il avait voté contre la mort du roi, et joué un rôle important et de modération sous la réaction thermidorienne, puis sous le Directoire. Il était respecté et populaire. ANDRYAHHE Andryanne, répondant au prénom original de Genaulphe — qui s^explique par sa naissance — était, lui, le type même des profiteurs de la Révolution, et sa présence au Conseil général était à elle seule un symbole politique. Andryanne n'avait certes joué aucun rôle public. Né le 11 février 1753 à Liège, il fut militaire, puis négociant et banquier. Venu en France en l'an II a avec lous ses capitaux y, il acquit une masse importante de biens nationaux. CeF excellent placement le mit à la tête d'une fortune considérable, évaluée en 181S. à la somme énorme d'une centaine de milliers de francs de revenu. Il se fit culti- vateur, et se fixa à la Chapelle Godefroi, où il « s'amusait » de l'exploitation du domaine. La campagne de France de 1814, dans la région de Nogcnt. lui fit des dommages considérables. Il applaudit aux Ccnt-Jours (14), fut nommé député de Nogent le 8 mai 1815.,. et fut remplacé au Conseil général en 1816. Il mourut à Paris le 29 septembre 1828. Au total le Conseil général de l'an VIII réunissait des notables des diverses parties du département (15), au passé politique fort varié. C'étaient des hommes de valeur (16), et le gouvernement eut la main heureuse ; il est vrai que le ministre de l'intérieur, Lucien Bonaparte, n'avait qu'à écouter les conseils de son ami Bcugnot. Le président de l'an VIII, Lambert Rivière, représente assez bien la nouvelle génération politique qui parvint aux affaires avec le Consulat, Comme ses compatriotes et amis Bcugnot et Bourgeois de Jessaint, Rivière était un K. hom- me de gouvernement », un homme d'opinions modérées, de sentiments plutôt royalistes, auquel la forme du régime importail au fond assez peu, pourvu qu'il assurât l'ordre et permît de faire carrière. Rivière fit exception à l'usage : il ne s'enrichit pas à vaquer aux affaires publiques. Prévue d'abord pour le 1er messidor (17), la session fut reportée par arrêté des Consuls du 8 prairial au 1er thermidor. C'est ce jour-là que les Conseils généraux recréés furent installés.

(11) Bondy, alors préfet du Rhône, le fit nommer en 1812 (12) A Rice^-Bas, cour de& Fraîches. L'un des deux témoma sous-préfct de Villefranche (décret du 21 avril ; installation fut Charles Lambert Urse de Taisne. du 25 mai). La première Restauration le muta à Lunéville. (13) Sur Nicolas Pierret (1758-1825), voir SOCARTI et Aux Cent-Jours le préfet provisoire de la Meurtiie le destitua, BABEAU. op. cil. Il mourut à Brienne le 20 février 1825. mais Bluget, protestant de son dévouement au « héros, qui, par (14) DP ses deux fils, l'un était aide de camp du général son retour, rend à nuire patrie &a gloire et son bonheur » Merlin (de Douai); l'autre, gendre du procureur général (plainte du 28 mars), obtint d'être nommé sous-préfet de Châ- Merlin (de Douai), était auditeur au Conseil d'Etat. teaudun le 20 avril. Il fui ensuite nommé préfet de la Charente (15) Pour l'arrondissement de Troyes, Berthelin-Fromageot le 23 août 1821, de la Lozère le 27 Juillet 1821. Dans ce po^te et Bertbelin d'Erv^. Avalle : La Briffe et Guerrapaîn pour il fut victime d'un grave accident : il se rendait de Mende celui d'Arcis : Riv ière, Bûssancourt, Charton, Quillard et à Marvejols, le 16 novembre 1824, pour présider les opérations Pierrot pour celui de Bar-sur-Aube ; Capperun, Raverat, Bluget, de recrutement, quand sa voiture versa. Nommé préfet du Jura Paillot (Rumilly), pour celui de Bar-sur-Seine ; Geslin et le 12 novembre 1828. il fut remplacé par ordonnance du 14 Andryanne pour celui de Nogent. II y avait donc une dispro- septembre 1830. Bondy, alors préfet de la Seine, ne put obtenir portion en faveur de Bar-sur-Aube, qui s'explique peut-être par pour lui, au terme de bien des démarches, une pension de l'influence de Beugnot. retraite qu'en 1831 (ordonnance du 13 juin) ; Bluget avait (16) I\e manquent guère que DuchasteI-Berthelin, qu'il alors, semble-t-il, subi d'importants revers de fortune. Remer- était difficile d'ajouter à Bertbelm-Fromageot ; Beugnot lui- ciant le ministre de l'intérieur, comte d'Argout, Bluget le priait même et Pavée de Vendeuvre, l'arrondissement de Bar-sur-Aube a de mettre aux pieds de S.M. l'expression de mes sentimens étant déjà sur-représenté, Beugnot s'étant détaché de l'Aube,

2) LES Gros propriétaires du département, et de ce fait à peu près inamovibles, les RENOUVELLEMENTS membres du Conseil général étaient supérieurs à la politique, et ne pouvaient DU CONSEIL guère cire affectés par les changements de régime, si fréquents qu'ils aient été GENERAL dans le premier tiers du XIXe siècle. Seuls, les Cent-Jours et la Révolution de juillet DE L'AN VIII A 1833 entraînèrent un renouvellement profond du Conseil général, alors que le Conseil général de l'Empire l'ut continué sans coup férir sous la Restauration. A ces deux exceptions près, le Conseil général ne se renouvela que par le jeu normal des vicis- situdes humaines, mort. démission, ou départ de ';es membres. Trois d'entre eux, Paillot de Loynes, Baussancourt et La Briffe, y siégèrent, à part le bref intermède des Cent-Jours, de l'an VIII à 1830. et même à 1839, date de sa mort, pour le dernier : exemple de la stabilité du Conseil général pendant l'époque de ses débuts où il était nommé par le gouvernement. STABILITE DV CONSULAT La loi du 23 pluviôse an VIII portait que les membres des Conseils généraux A LA PREMIÈRE seraient nommés par le Premier Consul pour une durée de trois ans renouvelable RESTAURATION (§ IV, art. xvni et Xix). C'est ainsi qu'à la mort de Raverat fut nommé Grillon (18) (arrêté du 3 floréal an X). Le sénatus-consulte organique de la Constitution du 16 thermidor an X (4 août 1802) confia aux collèges électoraux la présentation de deux candidats pour chaque place vacante ; les Conseils se renouvelleraient par tiers tous les cinq ans (19) ; l'arrêté contenant règlement pour l'exécution de ce sénatus-con suite (20) portait qu'il sortirait en l'an XI six membres, et cinq ensuite de cinq en cinq ans. En l'an XI sortirent Berthelin Fromageot, Capperon, Guerrapain, remplacés par Rousseau de Chamoy, Terray, Angenoust (21) (arrêté du 9 floréal = 29 avril 1803). L'arrêté du 28 ventôse an XII (19 mars 1804) continua les membres qui devaient sortir en l'an XII. Rivière, passé au Corps législatif, fut remplacé le 20 nivôse an XIII par Guerrapain, qui rentra ainsi au Conseil. Le 30 messidor de la même année Terray, démissionnaire, était remplacé par Adrien de Mesgrigny (22). Le règlement pour l'exécution des actes des constitutions de rEmpire en ce qui concerne les collèges électoraux du 13 mai 1806 (art. 32) donna à l'Empereur le droit de nommer directement aux places vacantes d'une session du collège électoral à l'autre : c'était rendre au gouvernement la nomination des membres du Conseil général. Des élections eurent pourtant bien lieu en 1807 ; au renou-

(18) Louis Pierre Félix Noiasque des Balbes, marquis de de préfecture de l'Aube, il accepta de servir le nouveau régime, Grillon, possédait le château de du chef de sa femme, mais en fait il se tint à l'écart. II demanda sa mise à la Angélique- Madeleine de Valois, morte le S mars 1774, puis retraite le 2 novembre 1838, pt fut remplace aussitôt. Fait comme tuteur de sa fille. Maréchal dp camp, il fut élu député chevalier de la Légion d'honneur en 1B31, sur l'intervention de la noblesse du bailliage de Troyes aux Etats généraux, et de Vernier. il mourut à Troyes le 2 septembre 1842. siégea a gauche avec la noblesse « patriote ». Lieutenant géné- (22) Fils cadet de Louis Marie, marquis de Mesgrigny, ral le 23 janvier 1792. lï servit dans l'armée du Nord sous Adrien de Mebgrigny naquit à Paris le 4 juin 1778. Officier, Lucimer, émigra en Espagne, mais obtint sa radiation de la il servit en Vendée dans les troupes républicaines. Il épousa en liste des émigrés dèfc l'an ITI. Il naquit à Avignon et mourut 1802 la fille dp Rambuteau : écuyer de l'Empereur, il fut à Paris les 12 décembre 1742 et 29 avril 1806. envoyé annoncer à Vienne la grossesse de Marie-Louise, sa (19) Titre III, Des collèges électoraux^ art, 30 : n Les collè- femme était houb-gouvernante du roi de Rome. Aux Cent-Jours ges électoraux de département présentent au premier Consul il reprit ws Fonctions de Premier écuyer. Chef d'escadron; il deux citoyens domiciliés clans le département, pour chaque fut destitué à la Seconde Restauration à cause de son dévoue- place vacante dans le conseil général du département, ment a l'Empire. Comme nombre de ses anciens serviteurs, il Un des citoyens au moins doit être pris nécessairement applaudit à la Révolution de juillet, fut nommé en 1830 maira hors du collège électoral qui le présente. de Briel ; Gallimard ne s'étant pas représenté en 1834, il fut Les Conseils généraux de département se renouvellent par nommé député par le 2e collège électoral (Bar-sur-Seine), contre tiers tous les cinq ans. » Trumet, et fut constamment réélu jusqu'à la Révolution de (20) Du 19 fructidor an X (6 septembre 1802), art. 86. 1848- où il se retira dans la vie privée. Nommé, en 1839, (21 ) Issu d'une des plus vieilles familles champenoises. inspecteur général des haras par Thiers. il fut réélu député en Odard Nicolas Angenoust était petit-fils de Jean-Baptiste Ange- 18'ÏO, et fut à la Chambre un des plus fidèles soutiens de noust, seigneur de Villechétif, tïÏ.f d'Odard Louis Angenoust et Thiers, de Marie Nicole Huez. Il naquit à Troyes le 29 juin 1760. Nomme une première fois au Conseil général en l'an XIII, Capitaine d'infanterie à l'armée du Nord, il fut .irrêté, en l'an en remplacement de Terray, il fut naturellement remplacé en II. sans doute pour a incivisme ». Disculpé et relâché, il quitta 1816, et par... &on frère aîné, François de Mesgrigny. Louis- cependant l'armée. Il revint à Troyes. et épousa, le 18 messidor Philippe l'y renomma Lien entendu en 1830. an III (6 juillet 1795) Gabrielle Sutaine, petite-fille de Adrien de Mesgrigny inourut à Paris le 8 mai 1849. Il Berthelin Fromageot, d'où son nom, à la troyenne, d'Angenoust avait assisté, et même participé à tous les événements impor- Sutaine. H était « propriétaire ». tant s d'une époque particulièrement riche. II fut nommé conieiller de préfecture, sur proposition de Le passage du Mémorial de Sainte-Hélène concernant Mme Carfart-Ili, par décret du 30 août 1811. en rempïacpment de Mesgrigny et son mariage est manifestement erroné. Il y a d'Oudan, démissionnaire, installé le 13 septembre, et il donna là un problème qu'il faudra tirer au clair ; sans doute y sa démission du Conseil général. En 1830, seul des conseillers a-t-il eu confusion de la part de l'Empereur ou de Las Cases. 36

velicmcnt de 1808 Chat-ton. Geslin. Quillard étaient remplacés par Antoine de Nogent (23), Bélot de Ferreux (24) et Camusat de Rilly (25) ; Grillon, décédé, par Bourgeois (26) ; Avalle était continue puis. nommé conseiller de préfecture, remplacé en 1809 par Antoine Edme Delahuproye (27). De nouvelles élections curent lieu en 1812, mais l'Empereur avait d'autre» préoccupations avec la campagne de Russie, et le Conseil général ne fut pas modi- fié jusqu'à la Restauration. L'ordonnance du 30 septembre 1814 se contenta de remplacer Bourgeois démissionnaire par Bignon (28), Angenoust, conseiller de préfecture depuis 1811, par le maire de Troyes Piot de Courcelle (29), et Bluget de Valdenuit- sous-préfet depuis 1812, par Tugnot. EPURATION BRUTALE Les Cent-Jours, par contre, amenèrent un renouvellement brutal du Conseil. AUX CENT-JOUBS Le décret du 20 avril 1815 donnait pouvoir aux commissaires extraordinaires dans les divisions militaires de procéder au renouvellement des Conseils généraux, de faire expédier les nouvelles "nominations, et de recevoir le serment des nouveaux membres (art. 5). Dans l'Aube Thibaudeau prit des renseignements sur chacun des membres du Conseil général : avaient-ils émigré ou, au contraire, possédaient-ils d'anciens biens nationaux, meilleur gage d'attachement aux conquêtes révolutionnaires ? C'est ainsi que La Briffe fut écarté comme ancien émigré, en dépit du jeune âge qui était alors le sien, de la main même de Roederer, tout comme Delahuproye, malgré l'avis du sous-préfet cTArcis. L'arrêté de Thibaudeau du 29 avril ne retenait de l'ancien Conseil qu'Adrien de Mesgrigny, Camusat de Rilly, Andryanne, Guerrapain, Pierret et Piot de Cour- celle. Les autres membres, quel qu'ait pu être leur dévouement sous le Consulat et l'Empire, étaient suspectés de complaisance envers la Restauration. Ils furent

(23 ) Antoine Nicolas de Nogent, a comte » de Nogent, ler au Châlelet de Paris en 1787, il essaya de réconcilier la était ne à Eclance le 22 septembre 1773. Page de la comtesse royauté avec ].i Révolution, puis de sauver le roi quand il eut de Provence, puis de Marie-Antoinette, il devint officier dans été cond-mmé à rnorl. Il dut alors pmigrer, et une lettre inter- l'armée de Condé dans rémigration. Sous la Restauration il cfptée fit arrêter ses parents. 11 parcourut divers pays d'Europe. était capitaine d'état-inajor, aide de camp de son quasi-compa- puis rentra à Troye'-- en l'an V11I (août 181)0). Le 12 prairial triote le maréchal Beurnonville. Tl mourut à Paris en 1857 : an X (1*"" juin 1802) il épousait Appoline Lemuet, d'où son avec lui s'éteignit la branche principale d'une famille cham- nom à la troyennc de Delahuproye Lemuet. Il reprit du service penoise remonlani îiu XI' siècle (Nogcnt-lc-Roi). dans la magistrature : juge puis. en 1807. président du tribunal (24) Andrc Marie Bélot. marquis de Ferreux, était avant d'Arcis, il devint en 1811 président du tribunal civil de Troyeq. la Révolution grand bailli d'ppéc du palais de Pa-^, officier A la RehtEluration il fut élu députe avec La Briffe et Paillot de dragons au régiment de Lorraine. Propriétaire à Ponl-le-Ttoi- de Lo^-nes a la Chambre introuvable. Nommé conseiller à la (Pont-sur-Seine) il en devint maire à la Restauration. Malade. Cour royale de Paris il dut donner sa démission du Conseil il donna sa démission du Conseil j'énériil le 28 février 1822. général. Rentré dans la vie privée PU 1831, il mourut le 2 juin et mourut à I^ont le 25 avril suivant. Tl avait épousé (contrat 1839 au château familial de Charmont, du 23 mai 1789. devant Fieffé, notaire au Châlelet) Edmée (2ii) Armand Jérôme Bignon serait ne. à Paris le 8 mars Lefebvre d' Liibuulilye- Leur unique fils survivant, Eugène, fut 1766. Il était issu de la Famille de bibliothécaires du roi. à son tour i;o"-.eiller général (de Villenauxe). Ancien avocat au Chatelet de Paris, il se fixa dans l'Aube en (25 ) Ne IP ,1 septembre 1763 à Ïroyes, Jean Camuaat de épousant, le I'"" thermidor an VTIT. Melanie Terray, sœur Rilly était petit-fils d'Henry Nicolas CamusEit (1687-1729), tige d'Hippolyte. Propriétaire des châteaux de Traînel et de Cour- des Camusat de Riancey, et de Mathie Gouault. neveu de tuvant, il devint inaire de Barbuîse- Sa femme mourut à Cour- François Camusat de Rianccy (1720-1800), qui continua cette (.n'ant le 2 thermidor an XII (21 juillel 1801). Venant de branche, fils de Jacques Henri Camusat (1724-1801). procureur vendre le château de Courta\unt, il se démit du Conseil du roi en la maîtrise des eaux-el-torêts, et de Marie Marguerite général le 23 septembre 1823, et d'après DEFLR {Histoire de Rorhetle. Heçu avocat en 17S2, il entra a son tour aux Eaux Traînel. p. 328) mourut près de Cherbourg le 18 août 1847. et forets, puis émigra en 1791, ce qui amena l'arrestation de Le domaine de Traînel passa à son fils Jérôme (1799-1877) ses parents en l'an II. A la mort de son père, revenu au pui-s à la fille aînée de celui-ci, Agiaé, et à la famille de château familial de Villiers. a Droupt-Saint-BasIe, il reprit l'ex- Burgal. ploitation des propriétés qui en dépendaient. (29) Fils de Pierre Fiol de Courcelle, lieutenant de Koi Son mariage, le 23 messidor an X (12 juillet 1802) avec et des maréchaux de France à Troyes, seigneur de Lirey, et Elisabeth Charlotte de Noël Courgerenne. qui avait été aussi d'Anne Camusat, Nicolas Piot de Courcelle naquit à Troyes le emprisonnée au Grand Séminaire avec ses parents, le faisait 28 septembre 1763. Lieutenant au régiment du Roy-dragons cousin germain par alliance de Saint-Georges. il épousa (contrat du 23 novembre 1789, devant Hervé, notaire Retiré à Ervy il y mourut le 17 novembre 1831. à Troyes) Victoire Sophie Avalle, sœur, et non pas fille du (26) Né à Nogent-sur-Seine le 31 mai 1769, Nicolas Bour- conseiller de préfecture- puis membre du Conwil général. geois était fils d'un ancien maire de la ville. Il fut nommé Nommé au conseil d'arrondissement de Troyes le 13 floréal membre du conseil d'arrondissement de Nogent à sa création. au XI. installé le 25 germinal, maire de Troyes de 1810 à Capilaine de chasseurs, il s'en alla en Illyrie comme employé 1816. il se distingua par son attitude lors de l'invasion de dans les domaines des fermes, et donna sa démission du Conseil 181l: les Troyens témoignèrent leur reconnaissance eu lui général. offrant solennellement, le 13 novembre 1814. une épée d'hon- (27) Antoine Edme Delahuproye (ou de la Huproye, les neur. Tl mourut au château de Coureelle le 22 septembre 1816, membres de cette famille simplement bourgeoise, mais très laissant deux. filles et une surcession obérée : la terre de ancienne, signaient Huproye au xv° siècle) était né à Troyes Lourcelle fut adjugée à Alexandre de Launay, père de Maurice, le 17 juin 1765 ; il était petit-fils d'Antoine Nicolas Edme, grand-père d'Adolphe, tous deux conseillers généraux de avocat, (ils de Pierre, conseiller en l'élection de Troyea. Conseil- Lusigny. 37

remplacés par des hommes dont le « libéralisme ». rattachement aux idées révo- lutionnaires ne pouvail faire de doute : Bazile, propriétaire à Bar-sur-Seine, Nicolas Caïn, maire de Marigny-le-Chàtel. René Cogit, ncgociani, Doulet. Montan- gon, capitaine de l'artillerie à cheval de la garde, maire de Crespy, Jean-Baptiste Petel, des Granges. Mathurin Truchy. marchand de bois à Ervy, Vernier, et sur- tout Duchasici Berthelin (30) ; Charles Laperrière, de Bar-sur-Aube, nommé par le même arrêté. n''a peut-être pas accepté ces fonctions. REMPLACEMENTS A la chute définitive de Napoléon, le Conseil général redevint bien entendu PAISIBLES ce qu'il était avant les Cent-Jours, mais la Restauration ne tint pas rigueur à SOUS LA SECONDE ceux de ses membres qui avaient été confirmés par l'« Usurpateur i>. Seuls les plus RESTAURATION compromis, Pierret, Adrien de Mesgrigny et Andryannc, FurcnL remplacés, cl en 1816 seulement, par Marquet de Montbreton (31), François de Mesgrigny (32) et le marquis de Loménie (33) (ordonnance du 16 mai). En 1817 Delahuproye et Berthelin, mutés à Paris et démissionnaires d'office, Piot de Courcelle décédé furent remplacés par deux autres magistrats, Corps et Paillot de Saint-Léger (34), et le nouveau maire de la ville, Fadate de Saint-Georges (ordonnance du 2 avril). En 1819 François de Mesgrigny, démissionnaire, Loménie et Marquet de Mont- breton, décédés, reçurent pour successeurs le marquis de Dampierre, Pavée de Vendeuvre et le comte Grundicr (35) (ordonnances des 7, 21 et 28 juillet). Guerrapain, décédé, fut remplacé en 1821 par Trumet (36), et en 1822 Bélot de Ferreux, démissionnaire, par Terray (37), qui rentrait ainsi au Conseil (ordon-

(30) Jacques Jean-Baptiste Duchastel naquit à Reims le 16 germain de Saint-George. Son frère cadet Antoine tut sous- iuin 1736 . il était fils d'un secrétaire du roi. Son mariage avec préfet d'Arcis sous la Restauration. Paillot mourut président Elisabeth Berthelin. nièce de Berthelin Fromageot, le fixa à honoraire du tribunal civil dans sa ville natale le 22 juin 1856. Troyes. Il occupa des fonctions publiques sous la "Révolution. (35 ) Louis Sébastien, comte Grundier, naquit à Paris Colonel de la garde nationale à ses débuts, il se tint à Fecarl (Sainte-Marguerite) le 20 juillet 1774. Il fut rapporteur dans pendant la Terreur, mais. nomme par Albert procureur de la le profèri du maréchal Ney. Maréchal de camp, commandeur commune de Trêves, il fut nommé sous le Directoire, en de la légion d'honneur. vhe\ illier de Saint-Louis, titulaire vendémiaire au IV, députe au Corps législatif. Il accepta de plusieurs décorations étrangères, et surtout commandant encore d'être député du collège de département au-v Cent-Jours. militaire de l'Aube, il épousa à Troyes, le 12 mars 1817, Il mourut à Troues le 21 février 1830. Négociant à Troyes. il Sophie Françoise Avallc. fille du conseiller de préfecture possédait une des plus grosses fortunes du département. C'est membre du Conseil général. La Restauration le fit lieute- dans son bel hôtel de lu rue du Temple qu'il reçut en 1814 nant-général pt grand-officier de la légion d'honneur. Il Napoléon — et que fut noué le drame G ouault-Wid ranges. mourut le 27 septembre 1833 au château du Plessis que lui (31) Auguste Marquet de Montbreton sérail né le 9 décem- avait apporté sa femme. bre 1766 à Paris. Capitaine dp dragons. u chargé des affaires Il avait fait partie, le 7 iuillet 1818, des premiers mem- du Roi en Espagne et Portugal r pendant l'émigration, puis bres résidants de la Société académique reconstituée sous le commandant de la garde nationale de l'arrondis hé ment de Bar- nom de Sociélé d'agriculture, avec son beau-père Avalle. sur-Aulie. il était surtout ça possession du château de Brieuhe Ruotte, lui aussi conseiller de préfecture, Vernier, Gréau pour avoir épousé la veuve du marquis Charles de Loménie, aîné, Saint-G eorge- Corps e 1 Pailla 1 de Saint-Léger y en- fils adoptif du dernier comte de Brienne, Louis Alhanaae de trèrent le 14 juillet suivant. Il en fut même président. Loœcnie frère du cardinal de Brienne. Cf. G. six, Dictionnaire biographique des isénéraux et (32) Fils aîné de Louis Marie, marquis de Mesgrigny, Marie amiraux..., t. I, p. 534-535. Joseph Fraiiçoib. à son tour marquis de Mesgrigny, naquit à (36) Fils de Nicolas Trumet, notaire au duché d'Aumont, Paris le 4 juin 1772. Ancien officier des gardes francises, il demeurant à Lirey, et de Marianne Delacroix, elle-même fille était alors capitaine dans la Garde royale. Mis en demeure de d'Etienne de la Croix, greffier au grenier ;i sel de Bar-sur- se démettre du Conseil général, il remplaça son père décède au Seîne, Fdme Anioinc -Nicolas Trumet naquit à Lire), pa- conseil d'arrondissement de Troyes — où se trouvait sa belle roisse de Saint-Jean de Bonneval, le 16 janvier 1764. D'abord propriété de Vilicbertm — en 1823 (ordonnance du 4 juin). Il avoue, il dsvint président du Iribunal civil ds Bar-sur-Seine mourut en 1857. Il était le père d'Edmond (1803-187A), à son en 1808. U fit fortune dans des conditions qui parurent sus- tour nidt-quis de Mesgrigny, qui représenta le canton de Lusi- pectes- Dévoué au pouvoir, il se rallia bien entendu à Louis- gny de 1845 à '••1 mort. Philippe. LP K parti Trurnel », ministcricl. s'opposait à la (33) Martial Jacques Louis, marquis de Loménie, serait né a gau"hc dynastique B d'Adrien de Mesgrigny et de Micheau. à Paris le 26 février 17R9. Son père, baron de Dienville, était Il mourui à Bar-sur-Seine le 5 mai 1846. l'aîné des trois fils du marquis de Loménie adoptés par le Tl était grand-père d'Armand Trumet de Fonlarce, à son dernier comte de Brienne avant la Révolution, et exécutés avec tour conseiller général de Bar-sur-Seine (décédé en novembre lui le 10 mai 1794. Propriétaire du château de Dienville, il 1908). était dit avoir 60 000 F de revenus lor.s de sa nomination. Il (37) Petit-neveu ds l'abbé Terray, petit-fils de Pierre épousa la s

nances des 11 avril 1821 et 17 avril 1822). En 1823 le baron de Mengin (38) succéda à son beau-père Rousseau de Chamoy, qui avait résigne son siège en sa faveur (ordonnance du 27 août). Bignon, démissionnaire, fut remplace en 1824 par Desmarets de Pâlis (39) ou plutôt, celui-ci ayant refusé, par Jolly de Munsthal (40) (ordonnances des 21 juillet et 4 août). Enfin en 1827 Fadate de Saint- Georges, nommé préfet des Côtes-du-Nord, fut remplacé par Levasseur de Biare (41) (ordonnance du 4 juillet). RENOUVELLEMENT La chute de la Tîe&tauration inarque une coupure très nette, la fin de la RADICAL EN 1830 première génération du Conseil général. Ses membres les plus anciens, Paillot de Loynes ou Baussancourt, nommés par le Consulat, dévoués à l'Empire, s'étaient ralliés à la Restauration. En 1830 ils donnèrent leur démission, comme les roya- listes de toujours nommés par la Restauration, sous des prétextes divers de santé. ^ordonnance du 30 septembre 1830 sanctionna ce renouvellement. Le nou veau Conseil général ne conservait de ses anciens membreà que les plus (dibéraux», La Briffe. Dampierre, Corps et Pavée de Vendeuvre : Adrien de Mesgrigny y rentrail ; Deligny, propriétaire à Précy-Notrc-Dame, presque octogénaire, et le comte Adrien de PIancy, gros propriétaire et ancien préfet de Seine-et-Marne en 1814, trouvaient la récompense de leurs idées libérales ; Capperon était maire de Bar-sur-Seine ; Dubois de Morambert, distingué secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture, s^était fait connaître par ses travaux sur l'agriculture ; Pelée de Saint-Maurice, membre de la Chambre de commerce, représentait la manufac- ture de Troyes ; les plus notables représentaient l'avenir : Edme Maupas (42) ouvrait la voie à ses fils, gendre et petit-fils Maupas et Delassus, tandis que Vernier, Dupreuil et Demeufve allaient être présidents du Conseil général sous le règne de Louis-Pbilippe, Alexandre Gallimard, propriétaire aux Riceys, député ; Doazan, « démissionnaire u, fut remplacé en 1831 par Forlier, beau-père de Du- preuil (ordonnance du 30 avril) : il fut le dernier membre du Conseil général nommé. Les élections de 1833 confirmèrent dans une large mesure le Conseil général sortant : même nommé, le Conseil général représentait assez fidèlement les popu- lations du département, ou du moins ses « notables », les seuls qui alors avaient un poids politique.

Hippolyte fut élevé par Bon oncle maternel Perreney de de Coursan (jusqu'en 1827, où il le vendit aux Rambourgt), Grosbui'i. Il iivait reprit le château de la Motte Tilly et. gros et maire du village, fourrier des logis du Roi. il avait été propriétaire, fut nomme une première fois au Conseil général nommé membre du Conseil d'arrondissement de Troyes par en l'an XI, mais se démit du l'an XIII (assassinat du duc l'ordonnance du 13 mai 1816. Il donna sa démission le 29 d'Enghien ?). septembre 1830. A la Restauration son oncle Grosbois le fit nommer préfet (39) Nommé par ordonnance du 21 juillet, François Ni- de la Côte d'Or en remplacement du duc de Brissac (ordon- colas Desmarets de Palis avait déjà refuse cette charge par nance du 11 juin 1814) : il resta à Dijon jusqu'au 17 mars lettre du 18 juillet. 1815. chassé par a. l'approche de-s troupes de Bonaparte ». (40 ) Louis Adolphe Jolly naquit à Nancy le 11 septembre La seconde Restauration commença par récarter, à cause 1773. Il épousa la fille de Lambert Rivière, Victorine Laure, de !'« exagération prétendue » de ses principes politiques. et s'établit propriétaire à Pont-le-Roi (Pont-aur-Seine), Ancien Grosbois le fit nommer, le 17 février 1816, préfet de Loir- lieutenant-enlonel de la légion dp l'Ariège, titulaire de plu- et-Cher, mais le ministère Decazes le destitua : sa nomination sieurs décorations étrangères, il fut nommé pour avoir « ré- au Conseil général par le ministre de l'intérieur Corbière cemment voté avec les royalistes en faveur du candidat sous le ministère ultra de Villèle n'était qu'une petite com- du gouvernement » (proposition du sous-préfet du 8 juillet ; pensation, plus que justifiée par la fortune de Tenay et son loyalisme explique qu'il ait été nommé, bien que présenté son passé. seulement en troisième ligne par le sous-préfet). II donna sa Il se démit bien entendu en 1830, et ne mourut que le 11 démission dès 1828, à la mort de Rivière. Une ordonnance août 1849, a Chambéry. La propriété de la Motte passa à son royale du 28 mai 1817 l'avait autorisé à ajouter à son nom fila Charles Louis, mort à Paris le 15 février 1866, puis a la celui de de Munsthal. fille aînée de celui-cî, Claudine, mariée à Charles Gaspard (41) Louis Levasseur de Biare serait né à Péronne le Pandin, comte de Narcillac. En 1910 elle fut adjugée sur 29 octobre ou novembre 1780 — la destruction des deux lit-italien au comte Gérard de Rohan-Chabot, duque de Ravèse, collections d'état-civil pendant la première guerre mondiale fils du comte Guy de Rohan-Chabot, duque de Raveae, et de ne permet malheureusement pas de le vérifier. II se recom- Jeanne Terray. fille cadette de Charles Louis. A sa mort le mandait « par sa bonne opinion, une excellente tenue et des beau château de la Motte est passé à la fille du comte Gérard connaissances utiles ». Il s'était établi aux Riceys, par son de Rohan-Chabot, marquise de Maillé, la grande archéologue mariage avec Marie Madeleine Eléonore Houët, appartenant à qui vient de nous quitter le 19 novembre dernier, la bourgeoisie locale. Il mourut à Ricey-Bas le 26 décembre (38 ) Pierre Charles Joseph, baron de Mengin Fondragon, 1836. naquit à Lille k 13 juillet 1783. H était fils de Pierre-Robert (42 )Comme PIancy pour son fils Auguste. Nous reviendrons Joseph, baron de Mengin, capitaine au régiment de Normandie par la suite sur le personnage intéressant qu'était l'ancien infanterie, lui aussi natif de Lille. Propriétaire du château préfet de l'Empire. 39 II. - Le Conseil général depuis 1833

Depuis 1833 les membres du Conseil général sont élus à raison d'un membre par canton : d'où les listes que nous avons dressées. Nous avons joint à chaque nom, sauf pour les présidents et les personnalités les plus connues, les indications données dans la nomenclature officielle. Ces indi- cations ne sont pas toutes exactes pour tout le temps où la personne concernée a fait partie du Conseil général (43), Tel de ses membres a changé de profession, a pris sa retraite, a été élu maire en cours de mandat ou au contraire a été battu ; mais elles suffisent à ce situer » les conseillers généraux. La qualification de « propriétaire » cache souvent un ancien notaire, ce qui souligne encore pour le XIXe siècle le nombre au Conseil général des notaires, notables auxquels les particuliers avaient l'habitude de confier leurs intérêts. On notera les successions de médecins à Bar-sur-Seine ou Marcilly. Les dynasties apparaîtraient plus nettement si l'on tenait compte des successions par les temmes, le gendre succédant au beau-père. J.-M. R.

AIX-EN-OTHE BAR-SUR.SEINE 1833 — Adolphe Bouillat. 1833 — Trumet, président au tribunal dvil de Bar. 1834 — Général Rambourgt- 1842 — Adrien, comte de Mesgrigny, député, m. de Briel- 1849 — Alexis Verrollot, propr. à Rigny-le-Ferron. 1848 — Arsène Blavoyer, propr, a (Foolz). 1855 — Désiré Argence. 1852 — Maillet, président honoraire au tribunal civil de 1864 — Victor Babeau, avocat à, Troyes. Bar. 1865 — Désiré Argence. 1867 — Armand Trumet de Fontarce, médecin à Bar. 1871 — Edmond Mocqueris. propr, à Troyes. 1909 — Charles Moreau, médecin et m. de Bar. 1874 — Stanislas Baltet, entrepreneur de menuiserie & 1934 — Paul Deïarue, médecin et m. de Bar. Troyes. 1945 — Roger Dossot, cultivateur, m. de VIrey-sous-Bar. 1882 — Charles Aubert, négociant et, m. à Aix-en-Othe. 1951 — Albert Seurat. 1892 — Victor Lafaist. propr- et m. à Aix-en-Othe. 1958 — Roger Dossot, cultivateur, m. de Virey-sous-Bar. 1897 — Eugène Tricoche-Maiïlard. 1919 — Emest Gabut, bonnetier à Aix-en-Othe. 1945 — Paul Becker, pâtissier-confiseur a Aix-en-Othe. BOUILLY 1951 — Germain Audinot, cultivateur, m. de Vulalnes. 1960 — Antonin Blondin, directeur d'école à Aix-en-Othe- 1833 — Venuer. 1970 — André Lemeland, avocat à Troyes. 1845 — Eugène Bonamy de Villemereuil, 1877 — Louis Jules Jorry, médecin a. Bouilly. ARCIS 1891 — Alexandre Mérat, agriculteur & Moussey. 1895 — Stéphane Jacquinot, négociant à ViUery. 1833 — Pierre Amauld, comte de Labrifte. v 1914 — Auguste Hugay, notaire à Bouilly. 1839 — Girardin, m. d'Arcis (44). 1925 — Fernand Gentin. 1839 — Constantin Doulet, juge de pais à Arcis (45), 1945 — Aristide Papillon, cultivateur, m. de . 1852 — Marquis de Labrifte, propr. à Arcis. 1949 — Max Hutin, représentant, m. de Bouilly. 1861 — Auguste, baron de Plancy, propr. à Plancy, député. 1967 — Philippe Vernier, agriculteur, m, de Saint^Pouaoge. 1864 — Ernest, comte Armand, ministre plénipotentiaire. 1899 — Emile Cousin, m. d'Arcis. 1913 — Henry Cochard, notaire et m- d'Arcis. BRIENNE 1919 — Théophile Janot, propr. à Arcis. 1925 — Henry Castillard, sénateur. 1833 — Nicolas François Deligny, propr. à Précy-Notre- 1927 — Albert Jacob, médecin à Arcis. Dame. 1931 — Auguste Godier. négociant en vins à Arcis. 1848 — Louis Brice Chavance, m. de Brienne. 1834 — Charles Simonnot, cultivateur à . 1852 — Memmie Rosé Maupas. 1945 — Fernand Mauclaire, négociant en grains à Arcis. 1861 — Louis Brice Ghavance, m. de Brienne. 1969 — Robert Piat, géomètre, m. d'Arcis. 1864 — Contran, prince de BautfremontrCourtenay, m. de Brienne. BAR-SUR-AUBE 1876 — Anatole Maury, notaire et m. de Lesmont. 1833 — Etienne Eertrand-VouilIemont, m. de Bar. 1877 — Gontran, prince, puis duc de Bauffremont-Courte- nay, m. de Brienne. 1845 — Jean-François Armand, député. 1897 — Anatole Maury, notaire et m. de Lesmont. 1848 — Memmie Rosé Maupas. 1905 — Anatole Rolland, vétérinaire, m- de Dienviïle. 1852 — Ch, (de) Maupas. 1871 — Hippolyte Masson de Morfontaine. 1919 — Grégoire Royer, vétérinaire a Dienviïle. 1882 — Gustave Marquot, industriel, m. de Bayel. 1937 — Victor Brelest, cultivateur à Dienviïle. 1945 — Emile Collln, boulanger à Brienne. 1893 — Louis Berrard, propr. & Troyes. 1949 — Charles Pequegnot, négociant en bois à Brienne. 1904 — Henri Meissirel-Marquofc, industriel. 1957 — Maurice Doucet, m. de Rosnay. 1919 — Maurice Piot, propr, à Lignol. 1967 — Joseph Wagner, colonel en retraite, m. de Brienne. 1928 — Camille Michaut, avocat à Troyes. 1934 — René Converset, constructeur mécanicien. 1945 — Maurice Vechin, affûteur, m. de Ear. 1951 — Nicolas Marquot, agriculteur, m. de Bayel. (43) Les qualités de propriétaire et de maire, qui re- 1958 — Maurice Vechin, affûteur, m. de Bar. viennent très souvent, ont été abrégées en propr. et in. 1964 — Georges Reusser, directeur commercial & Bayel. (44) Elu le 3 novembre. 1968 — Jean-Pierre Davot, chausseur et m. de Bar (1871). (45) Elu le 24 novembre. CHAOURCE LUSIGNY 1833 — Frédéric Louis Micheau, propr. 1833 — Lépine, m. de . 1848 — Joseph Moreau, propr. à Crogny, puis m. des Lo- 1845 — Edmond, marquis de Mesgrigny, propr. à Villa- ges-Margueron- bertin, 1865 — Charles Doyen, agent de change à Paris- 1876 — Maurice, comte de Launay (46), propr. & Clérey 1882 — Henri Guilleminot, propr. et m. à Etourvy. (Courcelle), 1804 — Léon Forestier, propr. aux Loges-Margueron. 1876 — Louis Jacques Degouet (47), notaire à Lusigny. 1910 — Jules Masson, industriel à Chaource. 1883 — Raoul Gervais, avocat, propr. et m. 1919 — Henri Genet-Gobin, propr. a. Prusy. 1889 — Adolphe, comte de Launay, propr. à Clérey (Cour- 1945 — François Chandon de Briailles, propr. à Chaouice. celle). 1953 — Georges Richerfc, vétérinaire, m. de Chaource. 1927 — Arthur Blanchard, agriculteur à . 1958 — Camille Martin, industriel, m. de Bemon. 1937 — Edouard Jouvenet, agriculteur à Verrières. 1945 — Jacques Gauthier, négociant en bois, m. de Lusigoy. CHAVANGES 1958 — Maurice Jacquinot, m. de Lusigny. 1833 — François Vauchelet, notaire à Ghavanges. 1645 — Auguste Vauchelet, ro. de Chavanges. MARCILLY-LE.HAYER 1877 — Edouard Jacobé d'Arembécourt, m. de Montmo- 1833 — Jean-Etienne Boisseau de Mellanville, propr. à rency. Marcilly. 1883 — Auguste Vagbeaux, médecin à Chavanges. 1839 — Charles Walckenaër, propr. à, Quincey. 1884 — Edouard Jacobé d'Arembéeourt, m. de Montmo- 1852 — Freinant, propr. à Bercenay-le-Hayer. rency. 1858 — Louis Boisseau de Mellanville, propr. à MarclUy. 1890 — Emile Boulard, propr. à, Chavanges. 1871 — Jacques Perret, propr. à Pouy. 1904 — Paul Boulard, propr. à Chavanges. 1875 -— Eugène Jeannerat, propr. et m. à Palis- 1919 — Amédée Gaiïot, propr. à Chavanges. 1901 — Ludovic Dubois, médecin a. Marcilly. 1931 — Louis Mauclaire, courtier en grains & Aulnay. 1919 — Jules Curie, médecin à Marcilly. 1937 — Alphonse Guerry, cultivateur, m- de Montmorency- 1945 — Eugène Sevellec, médecin à Marcilly. 1948 — Paul Renou, cultivateur, m. de Montmorency-Beau- fort. 1959 — Bernard Laurent, agriculteur, m. de Marigny-I»- 1964 — Pierre Maitrot, vétérinaire à Chavanges. Châtel. MERY ERVY 1833 — Adrien, comte de Plancy, ancien préfet. 1833 — Hippolyte Truchy, propr. a Chessy. 1838 — Jean Antoine Mongis, substitut à Paris. 1866 — Adolphe Paillot. 1848 — Jacquemin-Corrard, président au tribunal civil 1867 — Emile Ricard, banquier à Ervy. d'Arcis. 1875 — Emile Gallot, propr. à Auxon. 1861 — Auguste, baron de Plancy, propr. à Plancy, dépuM. 1885 — Eugène Rambourgt. 1871 — Adrien Prudhomme, négociant, m. de Méry. 1898 — Emile Marion, professeur à Paris. 1881 — Alfred Feigné-Crémieux. 1910 — Raymond Moslard, agriculteur et m. à Saint-Phal. 1886 — Constant Theveny. 1919 — Victor Cornu, médecin et m. à Ervy. 1927 — Emile Rivière, notaire à Méry- 1928 — Fernand Monsacré, notaire à Ervy, puis sénateur. 1936 — Faul Dubois, défenseur à Chauchigny. 1945 — François Gagin, quincailler, m. d'Ervy. 1945 — Maurice Parez. 1967 — Jean Druot, maire d'Ervy-le-Châtel. 1961 —- Pierre Labonde. ^ MUSST - 1833 — Charles Coutier, propr. et m. 1833 — Jean-Eaptiste Monginet, notaire, m. de Mussy. 1839 — Jean-Baptiste Degrond-Dutailly, propr. 1852 — Charles Moysen, propr. et m. à Mussy. 1848 — Charles Coutier, propr. et m. 1868 — Antoine Grosjean, juge de paix à Mussy. 1849 — Charles François Bourbonne, ancien notaire, m. 4e 1870 — Auguste Thoureau, m. de . Bar-sur-Seine. 1871 — Antoine GrosJean, propr. à Mussy. 1864 — Arthur Bertherand, propr. à . 1873 — René Petit de Bantel, propr. à Mussy. 1893 — Olympe Hériot, propr, à Essoyes- 1907 — Paul Meunier. 1894 — Paul Bordes, médecin à Essoyes. 1919 — Lucien Régnier, industriel à Gyé. 1931 — Etienne Decesse, industriel à Essoyes. 1945 — Marcel Noël, députe. 1937 — Paul Robin. vétérinaire à Eguilly-sous-Bols. 1949 — Henri Demussy, Directeur de la coopérative agrico- le du Barséquanais. 1956 — Marcel Noël, m. de Mussy. 1833 — Antoine François Bazin, avocat à Bercenay. 1848 — Amant Rambourgt, député. NOGENT-SUR-SEINE 1869 — Victor Coslel, président du Tribunal civil de Bar- 1833 — Demeurve. sur-Seine. 1848 — François Antoine Dubois, m. de Nogent. 1877 — Ernest Gérard, notaire et m. à Estissac. 1852 — Poletnich, notaire à Nogent. 1895 — Ernest Compérat, médecin à Estissac. 1861 — Casimir Perier. 1899 — Charles Dutreix, député à Troyes. 1874 — Jean Casimir-Perier. 1900 — Charles Bonnet, meunier a Estissac. 1894 — Alphonse Renaudat, agriculteur & Bouy-sur-OrrIo. 1919 — Léon Gâteau, notaire à Estissac. 1925 — Désiré Bridou, m, de Nogent. 1945 — paul Vemier, cultivateur à Estissac. 1932 — Henri Guillemin, négociant en bois à Nogent. 1949 — Georges Mollet, inspecteur divisionnaire honoraire 1945 — Jules Villemin, négociant à Nogent. de la S.N.C.F. 1949 — Eugène Berthier, serrurier à Nogent. 1955 — Georges Noël, cultivateur, m. d'EsUssac. 1961 — Fernand Godier, agriculteur à La Chapelle-Gode- 1967 — Gilbert Boudin, m. d'Estissac (1971). froy. PINET (46) Le 19 mars (le marquis de Meagrigny étant mort I« 20 janvier). 1833 — François Perricourt Vallois. (47) Le 23 juillet (Maurice de Launay, père d'AdoîpI», 1839 — Charles Doé. étant mort le 23 mai). 1848 — Perricourt Vallot, m. de Piney. 41

1849 — Charles Doé. TROYES1 1863 — Eugène Marchant de Christon d'Auzon, ni- de Saint-Léger. 1833 — Ange Louis Astruc, officier d'intendance. 1871 — Auguste Masson, propr. à Piney, 1839 — Stourm, député- 1886 — Léonce Martinet;, médecin, 1848 — Pillard-Tarin, propr. à Saint-Parres-les-Tertres. 1904 — Edmond Gauthier, marchand de bois à Piney. 1852 — Léon Boilletot, manufacturier. 1938 — André Goussin, cultivateur, m. de Géraudot. 1864 — Général Le Normand de Bretteville, commandant 1945 — Paul Touch, négociant, m. de Piney. le département. 1958 — Adolphe Broquin, médecin à Piney. 1871 — Hippolyte Douine, manufacturier. 1882 — Léon Couturat, manufacturier. 1892 — Nicolas Denizot, propr. à Sainfc-Parres-aux-Tertres. 1919 — Louis Croisé, industriel. 1924 — Jules Lebocey, industriel. 1833 — Chifflard, notaire à Ramerupt. 1927 — René Plard, avocat, puis député et m. de Troyes. 1839 — Charles Picot, marquis de Dampierre. 1945 — Bernard Balestié, commerçant, 1848 — Adolphe Lignier, représentant du peuple. 1955 — Adrien Gennevois, employé. 1852 — Charles Picot, marquis de Dampierre. 1864 — André Picot, comte de Dampierre, propr. a Bligny. TROYESII 1871 — Adolphe Lignier, député à l'Assemblée nationale. 1833 — Corps. 1874 — Epaminondas Délateur, propr. et m. à Ramerupt. 1836 — Etienne Vauthier, m. de Troyes. 1898 — Jules Bertrand, propr. et m. à Ramerupt. 1848 — Gréau Berthier, dit « Aine », manufacturier. 1904 — Henri Prévost, ancien notaire à Ramerupt. 1855 — CorrarddeBreban.prés. du tribunal civil de Troyes. 1939 — Georges Chaume, agriculteur, m. de . 1861 — Louis Félix Parigot, 1950 — Robert Cuisin. 1875 — Léon Fréminet, 1957 — Yvonne Cuisin. 1895 — Louis Mony. 1925 — Louis Armbruster, médecin, sénateur. 1945 — Gabriel Thierry. 1951 — Jean Durlot, représentant à Sainte-Savina. 1833 — Alexandre Gallimard, député. 1964 — Gabriel Thierry. 1848 — Alexandre Ray, m. des Riceys. 1972 — Paul Steffann. 1869 — Jules Jourdheuille, juge de paix aux Riceys. TROYES III 1871 — Louis Alban, dit « Edouard », Henry, m. de Troves. 1877 — Arthur Maingon, m. des Riceys. 1833 — Jean-Louis Delaporte, pharmacien. 1878 — Clément Chapotot, notaire et m. aux Riceys. 1848 — Claude Ferrand Lamotte, manufacturier. 1888 — Jean-Baptiste Tetevuide-Roger, propr. et m. à Bal- 1867 — Gustave Huot, m. de Saint-Julien, not-sur-Laignes. 1874 — Amédée Gayot. 1001 — Alphonse Grades, peintre aux Riceys. 1881 — Ernest Baltet, horticulteur à Troyes. 1907 — Alexandre Amoult-CIément, cultivateur aux Riceys. 1898 — Gaston Arbouin, directeur du « Petit Troyen ». 1913 — Edmond Sonnet, propr. et m. aux Ricôys. 1900 — Edouard Darly, boucher. 1930 — Maurice Robert, député- 1905 — Léandre Nicolas, agric. député à Laines-aux-Bois. 1945 — Victor Souverain, tonnelier aux Riceys. 1910 — Henri Parmentier, m. de Saint-Julien. 1951 — Henri Gauthier, notaire aux Riceys. 1919 — Henri Lemasson, propr. à Troyes. 1952 — René Bonnet, agriculteur à BaInot-sur-Laignes. 1922 — Jules Didier, propr. et m. à St-André-les-Vergers. 1858 — Jean Breugnot, ancien pharmacien aux Riceys. 1928 — Charles Zimberlin, tourneur sur métaux à Troyes. IfiTO — Robert Galley. 1930 — Léon Huot, industriel & Saint-Julien. 1934 — Edmond Dordé. employé de commerce à Troyes. ROMIULY 1945 — Marius Navoizat. 1947 — Maurice Blanchon, bonnetier & Troyes. 1833 — Olry Worms de Romilly. 1949 — Henri Terré. 1839 — Paul Perier, banquier à Paris. 1967 — André Tryoën, ingénieur commercial E.D.P. 1844 — Casimir Perier. 1970 — Bernard Pieds, dir. de « Libération-Champagne », 1852 — Vincent, notaire et m. à Romilly. 1855 — Charles, marquis de Chambon, propr. à Troyes. VRNDEUVRE 1864 — Emest Roy. 1833 — Guillaume Pavée de Vendeuvre. 1865 — Charles, marquis de Chambon. 1844 ~ Gabriel Pavée de Vendeuvre, propr. à Vendeuvre. 1871 — Camille Lenfant, m. de Romilïy. 1852 — Paul Bourlon, propr. à Vendeuvre- 1880 — Pacifique Gillot, notaire et m. à Romilïy. 1861 — Gabriel Pavée de Vendeuvre, propr. à Vendeuvre. 1910 — Léon Lesage, bonnetier a. Romilly. 1889 — Saladin, propr. & Bossancourt. 1934 — Jacques Grumbach, représentant de commerce. 1890 —• Charles Adolphe Knittel, notaire et m. à Vendeu- 1945 — Gaston Michel, caoutchoutier à Romilly. vre. 1951 — René Bellemère, industriel à Romilly. 1895 — Louis Cyprien Sellertn, notaire et m. à Bossan- 1958 — Charles Ruppli, médecin à Romilly. court. 1964 — Maurice Camuset, m. de Romilly. 1919 — René Sellerin, notaire à Bossancourt. 1970 — Paul Granet, député, 1945 — Alfred Poulet.capitaine en retraite. 1952 — Léon Chaffaut, médecin à Vendeuvre. SOULAINES 1958 — Henri Bourlon de Sarty, ingénieur à Vendeuvre. 1970 — Pierre Micaux, m. de Vendeuvre. 1833 — Edme Maupas. 1843 — Parfait Delassus, propr. et m. d'Arrentières. VILLENAUXE 1867 — Ladislas de Lassus, propr. à Arrentières. 1833 — Jacob-Fagot. 1871 — Adrien Thierry (-Delanoue). 1848 — Corrard-Fagot. 1B74 — Ladislas de Lassus, propr. à Arrentières. 1859 — Jacob- 18ÎÎO — Paul Edmond Thierry-belanoue, député. 1861 — Eugène Bélot, marquis de Ferreux. 1919 — Adrien Leroux-Croissant, industriel à, Crespy. 1870 — Ernest Roy. 1922 — Victor Lesaché, avoué, député à Troyes. 1880 — Arsène Adrien Biche, propr. à Troyes. 1933 — Henri Tassin, propr. à Soûlâmes. IR93 — Paul Geslin, tanneur à Villenauxe. 1945 — André Mniî.rot, cultivateur à Lëvigny. 1919 — Gaston Rolle, médecin à Villenauxe. 1958 — Fernand Eoussel, cultivateur, m. de Vernonvilliers. 1949 — Marcel Delahaye, meunier à Villenauxe. La préfecture de FAube au, lendemain de l^incendie de 1892 CLICHÉ C. LANCELOT (AttCH. DE L'AUBB).

A la Révolution l'administration, de departe ment s'établit d'abord à l'hôtel dp. Marisy. rue du Mortier d'Or, puis, rn l'an II (1794) dans l'ancienne abbaye Notre-Dame aux Nonnains... qu'elle occupe encore aujourd'hui, mais non sans avoir traversé bien des vicissitudes. Pendant la guerre de 1870 l'incendie du 5 novembre et surtout l'occupation allemande, qui dura six mois, entraînèrent des dégâts considérables. A peine étaient-ils réparés que la' préfec- ture — siège, bien entendu, du Conseil général — fut très gravement endommagée par un violent incendie, nu* causes mal élucidées, le 7 mai 18^2. iT-fs dégâts de l'incendie proprement dit, dont cette photographir d'actualité donna déjà une idée éloquente, furent sans doute encore dépassés par ceux de l'eau des pompiers : les murs, saturés d'humidité, se salpétrèrent, les archives de la préfecture moisirent et finirent par être détruites... volontairement, et dans des conditions qui ne manquent pas de saveur. Cependant le préfet s'installait dans des locaux loués pour la circonstance, l'immeuble Ch. Buxtorf ; les services départementaux s'égaillèrent dans toutes les directions ; quant au Conseil général, il en fut réduit à accepter l'hospitalité du Tribunal de commerce. La préfecture était tellement endommagée qu'on craignit tout d'abord d'être obligé de la mettre bas, et de la reconstruire de fond en comble. Toutes les solutions furent tour à tour envisagées, présentées au Conseil général et adoptées par lui. Ce n'est que dans sa délibération du 23 août 1894 que l'assemblée départementale prit un parti définitif en adoptant le projet Brouard : non pas coûteuse reconstruction, mais simple restauration, a embellissement » par ajout d'wils de bœuf. surélévation des combles, at—surtout remplaça ment do 1'awion'no grille por celle: qui fermait autrefois le chœur do la wtthédralc. Le Conseil général put tenir sa session d'avril 1896 dans une préfecture qui venait d'être remise en état, mais la restauration ne fut achevée qu'en 1900 (1).

(1) Cf., entre autres, La Vie en Champagne, n" 52, décembre 1957, et les procès-verbaux des délibérations du Conseil général, Précisons que le préfet Caffarelli se prénommait Charles. BULLETIN OES LOIS DE LA REPUBLIQUE

(N**^î-îLOIwctfRaîît la dîmhn'éi temiQÎre fk U Répul/lîqueet l'û^minïSîraSM»^ : ^'i

,_. ' ï.'~ • _ ' '*'" '-.''' Oa a8 Pluviôse , an VÏIÏ de la République w& et îfldi visible» ' ,"• - * _

^4v NOM îîU PKUPLE FKANÇÂÎS, BoîîA^A^TE , premier Consul, PROCLAME loi de ia République !e Décret saivarit, rendu par fe Corps législatif te a8 pluviôse an Viil, c^ifornïtoent a la proposition f»Ue:pâr la: <ïoaverqemeiït Ïe sS dainême mois, communiquée a^r,

TITRE PRÈWIER.

t i-»' 1.

ART. I.*' l.e'terntoîre européen de la îlépubïîque sera divisé en dépanemens et en arrondisselhens communaux.» eonformémenî au tableau annexé à la présente ioi. ^ TttRÊ Ï AâmînîstrâSm,

$» t^ Mwnîstwîetï- 4s M/er-^me^

IL lî f aura, dans chaque département, un préfet, vît conseil de préfecture, et mi conseiigéaera^dedéparteoîen^,

Loi du 28 pluviôse an VIII (Bulletin des lois)