Présentation De La Commune De Chaudes Aigues Selon Le « Dictionnaire Statistique Du Cantal » De Jean-Baptiste Deribier Du Châtelet Tome III (1855) ______
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Présentation de la commune de Chaudes Aigues selon le « Dictionnaire statistique du Cantal » de Jean-Baptiste Deribier Du Châtelet Tome III (1855) ______________________________________________ Le canton de Chaudesaigues fait partie de l’arrondissement de St-Flour. Il est borné au nord par le canton de St-Flour (nord) ; au sud, par le canton de Ruines ; à l'est, par le département de la Lozère, et à l’ouest, par le département de l’Aveyron. Il se compose de douze communes, savoir : Chaudesaigues, Anterrieux, Espinasse, Jabrun, la Trinitat, Lieutadès, Maurines, St-Remy, St-Urcize, Deux-Verges, St-Martial et Sarrus-Frédefont. Sa population totale est de 9,228 habitants, et sa superficie, de 29,623 hect. Les principales rivières et ruisseaux qui l’arrosent sont : le Bex, le Remon-talou, le Tailladis-du-Bos- de-I'Ironde, de la Truite, de Cavestras et de la Truyère. Sa superficie se subdivise ainsi : 8,100 hectares en terres cultivées, 10,950 h, en prés et pacages, 3,550 h. en bois, et 7,200 h. en terres vaines et bruyères. Ce canton, peu commerçant, est traversé par la route impériale n° 109 et la route départementale n°1. Cette commune, dont le territoire s'allonge du nord au sud, est bornée au nord par la rivière de Truyère, les communes de Neuvéglise, Lavastrie et St-Martial ; au sud, par celles des Deux-Verges et de Jabrun ; à l'est, par celles d'Anterrieux et des Deux·Verges, et à l'ouest, par celles de Jabrun et d’Espinasse. Sa surface territoriale est de 5,784 hectares, dont 2,162 h. en terres labourables et jardins, 1,316 h. en prés et pâtures, 697 h. en bois, et 1,595 h. en terres vaines. Cette commune est arrosée par la petite rivière d'Ironde, le Remontalou ; les ruisseaux de Lévandi, de Malleval, etc. Sa population est de 2,187 habitants, dont 1,500 environ agglomérés dans la ville et le surplus réparti dans la banlieue. Le nombre des maisons de la ville est de 446 et celui de la banlieue de 157 environ. Cette dernière population est répandue dans 14 villages et 37 hameaux. Les habitants de Chaudesaigues, à cause des lacunes existantes encore dans la grande voirie du département, se trouvent à une distance excessive d'Aurillac ; ils doivent passer, pour se rendre au chef-lieu du département, par Saint·Flour et Murat, et ont une distance de 107 k. à parcourir. Grâce aux notes instructives qui m'ont été adressées par M. Podevigne et quelques autres personnes, j'espère pouvoir compléter, autant que cela m'a été possible, cette notice. Chaudesaigues, le chef-lieu, est à 58 k. du chef-lieu du département et à 25 k. de celui de l'arrondissement. C'est une ville fort ancienne, qui doit son nom à ses eaux minérales, dont la vogue n'atteint pas le mérite ; elle est située au pied des montagnes qui séparent l'Auvergne du Gévaudan, et dans un vallon profond, cerné de toutes parts. Les eaux de Chaudesaigues paraissent avoir été célèbres dès le temps des Romains. Sidoine-Apollinaire les compare à celles de Baies, dans le royaume de Naples, et leur donne le nom de Calentes-Baiae ; mais dans ce temps, où nous refaisons toutes les histoires, cette qualification a JB De Ribier Tome III - 1 / 15 suscité des prétentions rivales : le Mont-d'Or, dans le Puy-de-Dôme, et Bagnols, dans la Lozère, lui disputent cette désignation. Où est la vérité ? Question douteuse. Mais, comme Chaudesaigues, de toute ancienneté, a porté le nom d'aquae calentes, dont son nom moderne n'est que la traduction ; qu’elle a pour elle une longue possession d’état, et que dans des fouilles pratiquées autour de la fontaine du Par, on a trouve deux grottes qui contenaient des baignoires romaines en lave volcanique et une piscine attribuée au même peuple, des vestiges d'établissements thermaux et des monnaies romaines, je ne saisis pas bien les preuves sur lesquelles s'appuient les savants qui ont cru retrouver dans les bains du Mont-d'Or et ceux de Bagnols le lieu désigné par Sidoine-Apollinaire dans sa lettre à son ami Apper. On peut aussi bien penser que ce passage s'applique à Chaudesaigues qu'aux autres localités, car les trois ont eu des établissements romains. La ville est traversée par le petit ruisseau du Remontalou, qui s'est creusé entre les montagnes une vallée étroite et profonde, et va ensuite se jeter, presque à angle droit, dans la rivière de Truyère, qui est à 6 kil. environ. Cette ville est assez bien bâtie ; mais ses rues en général, comme dans les anciennes villes, sont étroites et tortueuses ; et quoiqu'elles aient été pavées avec soin depuis une trentaine d'années, et que la pente ne permette pas aux eaux d'y séjourner, il en est qui laissent à désirer sous le rapport de la propreté ; exceptons cependant la rue principale, qui est en quelque sorte le prolongement de la route qui conduit dans l'Aveyron. Les maisons sont en général couvertes en gneiss, pris dans les carrières du pays ; mais, dans les constructions nouvelles que l'on fait en grand nombre, on les remplace par une espèce d'ardoise d'une certaine épaisseur et que l'on tire de l'Aveyron. La place est grande, mais irrégulière et trop en pente ; de la place, une arcade, percée sous une maison, conduit au pont jeté sur le Remontalou et aux quais remarquables par leur longueur et leur largeur telles qu'on ne s'attendrait pas à les trouver dans une aussi petite ville, et ces quais sont traversés par les nombreux conduits qui viennent verser l'eau chaude dans le ruisseau, à leur sortie des maisons. Les parapets sont recouverts de dalles de gneiss d'une assez grande dimension, très utilisées dans le pays. On trouve aussi, à peu de distance de la ville, un granit qui se taille très bien et dont on se sert parfois pour faire les angles des maisons et quelques autres constructions. La ville pourrait loger de sept à huit cents malades ; mais le mouvement annuel n'est guère que de cinq à six cents, pour la plupart des villes et localités du département. Les eaux et la partie principale de la cité sont sur la rive gauche du Remontalou. Les eaux jaillissent à l'extrémité de la grand'rue, au pied d'une montagne, par douze sources différentes qui donnent un volume d'eau très considérable. La plus impor-tante de toutes est celle du Par, qui naît au pied de la montagne de la Jarrige et domine la ville ; elle est aussi la plus chaude, et cependant, au milieu de ses tourbillons de fumée, sur le roc même d'où l'eau sort, il y a deux plantes qui végètent : l’une est celle que les botanistes appellent tremella reticulata ; l'autre est une espèce de fucus ou de mousse ; celle-ci, quoique croissant dans la vapeur, n'en est pourtant qu'effleurée ; la tremella , au contraire, se trouve au-dessus même de la bouche des eaux, à l'endroit où la fumée est la plus épaisse et la plus brûlante. Après le savant article que nous a donné sur les eaux de Chaudesaigues (5 è livraison, p. 420) M. le docteur Nivet, il ne nous appartient pas d’en parler ici, et nous renverrons nos lecteurs à la notice faite par cet écrivain compétent, nous renfermant uniquement dans la partie statistique. Les habitants ont utilisé ces eaux pour le chauffage de leurs maisons pendant l'hiver ; trois cents maisons environ jouissent de cet avantage, et il en est accordé un filet par groupe de vingt à vingt- cinq. On recueille ce filet à la source ; il est conduit sous les rues par des canaux en bois, et distribué par des embranchements particuliers dans les rez-de-chaussées. A l’entrée du logement est pratiqué un canal en maçonnerie, muni d'une écluse, et au milieu de l'appartement est un petit bassin recouvert d'une dalle schisteuse mobile. Toutefois, malgré les défenses de po-lice, on tient, à l'entrée ou à la sortie de l'eau, une petite pierre ou dalle que l'on soulève pour les lavages ; il en résulte des inconvénients contre lesquels la police lutte difficilement : l'eau est salie et le calorique se perd. L'eau, après avoir circulé dans le bassin et échauffé le pavé, passe d'une maison à l'autre, et, à la dernière de la série, se répand au dehors et se perd dans la rivière. En ouvrant plus ou moins la petite écluse JB De Ribier Tome III - 2 / 15 et par conséquent en admettant un volume d'eau plus ou moins considérable, on donne à l'appartement la température que l’on désire. « Il serait possible, dit l'auteur des Annales scientifiques de l’Auvergne, qu'à une époque très éloignée de celle ou nous vivons, il n'ait pas existé de communication entre la vallée où se trouve Chaudesaigues et celle de la Truyère. Il n'est pas impossible qu'il y ait eu alors, sur l'emplacement de Chaudesaigues, un lac d'eau chaude qui devait influer singulièrement sur la température et par conséquent sur la végétation des environs. On ne saurait constater maintenant si ce phénomène a eu lieu ; il ne se trouve presqu'aucune trace qui l'indique. » II résulte de cette multitude de canaux pleins d'eau chaude qui circulent sous Chaudesaigues, que, dans la majeure partie de la ville, la neige fond aussitôt qu'elle y tombe.