LE NATURALISTE VENDÉEN N° 8, 2008 : 57 – 69 57

Edmond Bocquier (1881-1948) et la géologie

Jean-Marc VIAUD & Gaston GODARD

Abstract: Better known for his studies on the prehistory of the Vendée (Western ), Edmond Bocquier (1881-1948) also performed some work on the geology of this region, particularly on the Quaternary and its relationship with archae- ology. Beside a few publications on these matters, he left numerous manuscripts, which are now deposited at the archives départementales de la Vendée.

Mots clés : géologie, formations superficielles, Quaternaire, Vendée (France), Cantal (France), Edmond Bocquier.

Key words: geology, surface formations, Quaternary, Vendée (France), Cantal (France), Edmond Bocquier.

UN INSTITUTEUR PASSIONNÉ savantes de la région et se crée un réseau d'amis et de correspondants. En 1899, c'est la société Edmond Bocquier est né à Chaillé-sous-les- d'émulation de la Vendée qui l'accueille, alors Ormeaux, près de La Roche-sur-Yon, le 29 août qu'il n'a que 18 ans. L'année suivante, il devient 1881. Alors qu'il est âgé de 6 ans, ses parents en membre correspondant de la société des sciences confient l'éducation à son oncle maternel, Louis naturelles de l'Ouest de la France, puis, en 1901, Fallourd, un instituteur public qui vient d'être membre de la société botanique des Deux- nommé à La Gaubretière, après avoir terminé sa Sèvres, participant à l'étude de la flore du Poitou. formation à l'école communale de Chaillé-sous- Il fréquente aussi quelques connaisseurs de la les-Ormeaux. Le jeune Edmond parcourt ainsi la géologie vendéenne, comme Clément Chartron, Vendée au gré des mutations de son oncle, dé- receveur municipal à Luçon, qui étudie les ter- couvrant le bocage (La Gaubretière, La Châtai- rains jurassiques de la plaine et s'intéresse à l'ar- gneraie), le Marais poitevin (Damvix), la côte (la chéologie. Il connaît les travaux de Gaston Vas- Chaume et Les Sables-d'Olonne), puis Saint- seur, en particulier l'ouvrage de 1881 sur les Re- Philbert-de-Bouaine et enfin Luçon. L'éducation cherches géologiques sur les terrains tertiaires d'Edmond Bocquier est donc celle de l'école de de la France occidentale, le Traité de géologie la République, ce qui le conduit tout naturelle- d'Albert de Lapparent, les travaux d'Émile Haug ment à l'école normale d'instituteurs de La Ro- sur les cours d'eau et les alluvions, les recherches che-sur-Yon qu'il intègre en octobre 1897 avec plus anciennes d'Henri Fournel sur les terrains quinze autres jeunes hommes. houillers du Bocage vendéen, ainsi que les études À partir de 1896, il fréquente assidûment la de Cressac et Manès. Il lit les publications de Ju- bibliothèque municipale de Luçon, où demeure les Welsch, professeur de géologie à l'université son oncle, s'intéressant aussi bien aux sciences de , celles du minéralogiste nantais Char- naturelles, à l'archéologie, à l'histoire et à l'archi- les Baret, et acquiert les premières feuilles de la tecture qu'à l'ethnographie. Il s'adonne aussi au carte géologique de la France au 1/80 000. dessin et à la peinture et aime à croquer les L'intérêt d'Edmond Bocquier pour la géologie paysages et les vieux monuments des environs de et son engouement pour l'archéologie le condui- Chaillé-sous-les-Ormeaux, comme les chaos gra- sent naturellement à entreprendre quelques tra- nitiques de la vallée de l'Yon (pl. I, archives dé- vaux de recherche sur la géologie du Quaternaire partementales de la Vendée, ADV, cote 59 J et ses relations avec l'industrie lithique, essentiel- 127/1). lement en Vendée, mais aussi dans le Cantal où il Edmond Bocquier intègre très tôt les sociétés séjourne de 1919 à 1925.

© Les Naturalistes Vendéens 58 Jean-Marc VIAUD & Gaston GODARD LE NATURALISTE VENDÉEN N° 8, 2008

GÉOLOGIE DU PAYS YONNAIS le nord-ouest pour prendre ensuite la direction opposée, vers le Lay. Edmond Bocquier est toujours demeuré atta- ché à sa terre natale. Aussi, ses premiers travaux En septembre 1900, paraît son article Péné- sont-ils consacrés au pays yonnais et plus parti- plaines vendéennes dans le Bulletin de la Société culièrement à la commune de Chaillé-sous-les- des Sciences naturelles de l'Ouest de la France Ormeaux. À l'école normale, sous la direction de [BOCQUIER, 1900b]. Cette étude, qu'il a rédigée son professeur M. Labergère, il rédige une Noti- alors qu'il était encore élève-maître à l'école nor- ce géographique et historique à l'usage des en- male, traduit son souci de comprendre les paysa- fants sur la commune de Chaillé-sous-les- ges de la région. Il s'agit d'un travail de géomor- Ormeaux, qu'il dédie à son oncle et éducateur, phologie, où il décrit les grandes surfaces planes Louis Fallourd. Elle est publiée l'année suivante érodées (ou pénéplaines), entrecoupées de val- dans le Bulletin départemental de l'Enseigne- lées et d'un réseau hydrographique parfois singu- ment primaire [BOCQUIER, 1901b] et fait l'objet lier. Il cherche en particulier à expliquer deux d'un tirage à part (fonds Bocquier, ADV, 59 J phénomènes de captures de rivière, celles de la 127 et BIB 4095). À la suite d'un appel lancé en Sèvre Nantaise et de l'Yon. Après s'être écoulée 1881 par les inspecteurs d'académie à travers vers le bassin versant du Lay par la trouée de toute la France, les instituteurs publics de cette Saint-Mars-la-Réorthe, la Sèvre Nantaise aurait époque publient volontiers des monographies de été obligée de s'écouler en direction du nord, leur village pour leurs élèves. Dans certains dé- pense-t-il, à la suite de mouvements orogéni- partements, c'est plus d'une centaine de mono- ques. Cette conception n'est plus admise aujour- graphies qui sont ainsi réalisées, comme en d'hui, notamment depuis que la trouée de Saint- Deux-Sèvres (71 en 1885-1886). Mais, en Ven- Mars-la-Réorthe a été réinterprétée comme la dée, nous ne connaissons qu'une autre monogra- trace d'une cluse creusée par un paléofleuve phie de ce type, celle de Louis David, instituteur yprésien [GODARD et al., 1994]. Selon BOC- de l'école publique de Moutiers-sur-le-Lay, qui QUIER [1900b], l'Yon devait de même s'écouler publia en 1903 une notice sur cette commune, initialement en direction du nord-ouest, vers la également destinée aux enfants. La monographie Boulogne. Une capture par un affluent du Lay en d'Edmond Bocquier est présentée à l'Exposition aurait finalement dévié le cours vers le sud-est, universelle de 1900, avec une carte géologique expliquant à la fois un cours incurvé et une pente en relief au 1/80 000 de la commune et de ses accusée dans la partie aval [BOUTON, 2006]. environs ; elle y obtient le prix du ministère de l'Instruction publique dans la section de topogra- Cette conception sur l'évolution du cours de phie (ADV, 59 J 127). l'Yon est à nouveau illustrée par des panneaux explicatifs en couleurs, présentés en 1903 à l'ex- Cette notice sur Chaillé-sous-les-Ormeaux est position artistique et scolaire de La Roche-sur- à l'origine d'un travail plus important qui paraît Yon, dans le cadre d'une Étude sur l'Art de terre en trois livraisons, entre 1900 et 1903 dans l'An- rustique aux environs de La Roche-sur-Yon et nuaire de la Société d'Émulation de la Vendée sur l'exploitation de la glaise des plateaux ven- [BOCQUIER, 1900a, 1901a, 1903]. Il dédie cette déens. Une carte géologique manuscrite en publication à ses parents et leur dit : "Séparé dès couleurs de la commune de Chaillé-sous-les- mes premières années de cette bonne terre de Ormeaux est accompagnée de quatre panneaux Chaillé et ne l'ayant revue qu'assez rarement consacrés à la genèse de la vallée de l'Yon dans mon enfance, j'y retourne toujours avec un (ADV, 59 J 11/1-5) (pl. II, a-d). Les commen- doux plaisir ; les moindres détails du paysage, le taires occupent 13 pages d'un cahier manuscrit cours de l'Yon, les chemins creux, les plantes de intitulé Genèse de la vallée de l'Yon – notice ex- nos champs, le patois, les travaux et les soucis plicative des planches – exposition de La Roche- des paysans, tout, là-bas, m'intéresse, tout me sur-Yon (1903) (ADV, 59 J 11). Pour ces parle à l'âme : il me semble que tout cela, c'est travaux, Bocquier obtient la médaille de bronze un peu vous aussi…". Dans la première partie au concours régional de La Roche-sur-Yon. consacrée à l'Étude de la géographie physique ancienne et actuelle de la commune, Edmond BOCQUIER [1900a] traite de la géologie, en parti- culier du cours de l'Yon qui s'écoule d'abord vers Edmond Bocquier (1881-1948) et la géologie 59

FORMATIONS SUPERFICIELLES sées du socle. Elle est aussi souvent associée à QUATERNAIRES des formations sédimentaires plus anciennes, ré- siduelles et plus ou moins remaniées (argiles, sa- Lors de la séance du 1er mars 1901 de la so- bles et cailloutis). Les argiles des plateaux, qu'el- ciété des sciences naturelles de l'Ouest de la les soient sédimentaires ou qu'elles résultent de France, tenue au muséum de Nantes, Edmond l'altération du substratum, sont parfois épaisses Bocquier présente une communication sur Le li- et ont été utilisées pour la poterie et la briquete- mon des plateaux du sud-ouest du Bocage ven- rie à travers les âges. L'idée de cette étude lui est déen [BOCQUIER, 1901c]. Il montre qu'entre les venue, dit-il, en 1897 à la bibliothèque de Luçon, cotes 60 m et 75 m, on trouve sur les plateaux de alors qu'il lisait la Statistique du Département de cette région une formation d'argile passant à un la Vendée de Jean-Alexandre Cavoleau. Celui-ci sable et à des cailloutis au sommet. Après avoir mentionnait l'argile propre à la fabrication de rejeté l'idée qu'il s'agisse du résultat de la décal- faïence à la Vergne-Greffaut de Nesmy. cification de sédiments jurassiques, il conclut à la formation de ces dépôts par la mer au Pliocè- Au cours de l'année 1907, Edmond Bocquier ne. approfondit cette étude dans son Art de Terre et la glaise blanche du limon des plateaux Le limon des plateaux des cartes géologiques [BOCQUIER, 1907], paru dans la revue Terre désignait la formation superficielle quaternaire Vendéenne qu'il a créée en 1905 et dont il sera le qui recouvre les plateaux. Généralement consti- rédacteur en chef jusqu'à la cessation de sa paru- tuée de limon éolien, elle comporte des blocs tion dès la fin de l'année 1907. Edmond Boc- éluviaux de quartz et repose sur les roches argili- quier y décrit et y dresse les coupes de terrains

a – Coupe levée dans les limons des plateaux par b – Fente en coin dans les sables et cailloutis Edmond Bocquier en septembre 1924. Carrière située pléistocènes de la Lande à Saint-Christophe-du- entre la Bretaudière et la Vergne, commune de Nesmy Ligneron (photo : J.-M. Viaud). Ces fentes se sont (ADV, 59 J 7). formées lors de la gélifraction des sédiments. Fig. 1 – Phénomènes périglaciaires : les fentes en coin appelées poches par Edmond Bocquier 60 Jean-Marc VIAUD & Gaston GODARD LE NATURALISTE VENDÉEN N° 8, 2008 observables dans les carrières alors en exploita- directeur de l'école normale d'instituteurs d'Au- tion à la Coutancinière et à la Bretaudière de rillac, dans le Cantal, qu'il quittera en 1925. Nesmy. La synthèse qu'il donne de cette forma- Edmond Bocquier, affaibli par ses blessures tion, qu'il compare à d'autres du Grand Ouest, de guerre, met toutefois à profit son séjour en nous indique qu'il a lu les travaux parus sur le Auvergne pour étudier les formations superfi- sujet et qu'il a consulté les cartes géologiques cielles de cette région. En 1920, il adhère à la disponibles. Pour rédiger son article, il s'entoure Société des Lettres, Sciences et Arts « La Haute d'experts comme M. Bonnétat, chimiste à l'école Auvergne » et y présente une Note sur quelques d'agriculture de Pétré à Saint-Gemme-la-Plaine. objets préhistoriques recueillis par les élèves- En ethnologue, il étudie les poteries à travers les maîtres de l'École Normale d'instituteurs aux âges et va à la rencontre des potiers. Il conclut en alentours d'Aurillac en 1920 [BOCQUIER, 1919- donnant des conseils pour le développement de 1920a]. Il initie les futurs enseignants à la décou- cette activité artisanale dans la région de Nesmy. verte et à la compréhension des paysages, des En 1910, à partir de la découverte d'un biface roches et des restes préhistoriques de cette ré- chelléen en silex (aujourd'hui qualifié d'abbevil- gion du Massif central [BOCQUIER, 1919-1920b]. lien), Bocquier montre combien il est important Là aussi, il tisse un réseau de relations avec les de noter avec précision la position stratigraphi- géologues et archéologues cantaliens, comme que et topographique des objets préhistoriques Pierre Marty et Jean-Baptiste Pagès-Allary. récoltés. L'outil a été trouvé à Payré-sur-Vendée Au cours de la séance du 7 mai 1923 de la so- (aujourd'hui Foussais-Payré), en place au sein ciété géologique de France, Edmond Bocquier et d'un "limon" [BOCQUIER, 1910]. Cette formation Pierre Marty présentent l'évolution de la vallée peut être ainsi datée du Quaternaire inférieur de la Cère du Pliocène supérieur au Pléistocène (Pléistocène inférieur à moyen). S'agissant de moyen, à partir de la morphologie des terrasses colluvions, c'est-à-dire d'un dépôt de pente, cette et des outils lithiques et poteries qui s'y trouvent. datation implique que la vallée de la Vendée Ils évoquent également le limon de la plaine était encaissée dès le Quaternaire ancien. d'Arpajon, qui ressemble à un lœss (limon éo- L'étude des formations superficielles conduit lien). Cette formation est reconnue dans presque Edmond Bocquier à s'intéresser aussi aux phéno- toutes les vallées du Cantal, jusqu'à des altitudes mènes périglaciaires, comme les fentes en coin relativement élevées (1 000 m). Les outils pré- qu'il appelle "poches" et les coulées de soli- historiques recueillis au-dessous, au sein et au- fluxion (fig. 1a-b ; ADV, 59 J 7). Il correspond dessus de cette formation leur permettent de lui avec des spécialistes de ces phénomènes, en par- donner un âge qui s'étend de l'Acheuléen au ticulier Louis Dangeard de l'université de Campignien [BOCQUIER & MARTY, 1923]. (ADV, 59 J 5). Le séjour dans le Cantal révèle une attitude assez paradoxale d'Edmond Bocquier. Alors qu'il a l'opportunité d'étudier le plus grand volcan DÉPÔTS QUATERNAIRES d'Europe, certes éteint depuis longtemps, Boc- DU CANTAL quier délaisse curieusement la géologie du socle, pour se passionner pour les formations superfi- Après avoir exercé à l'école primaire supé- cielles et les restes archéologiques qui s'y trou- rieure de Fontenay-le-Comte (1902-1909), Ed- vent. La même attitude prévaut, au demeurant, mond Bocquier est muté comme inspecteur de dans son œuvre sur la géologie vendéenne. l'enseignement primaire à Moûtier-en-Tarentaise (Savoie) (1910-1911), puis à Bressuire dans les Deux-Sèvres (1911-1914), et doit interrompre LES ANCIENS RIVAGES ses travaux sur le pays yonnais. Il participe à la QUATERNAIRES DES CÔTES Grande Guerre comme simple soldat. Blessé et DE VENDÉE gazé, il est déclaré disparu le 26 août 1917 à l'at- taque de Beaumont-en-Verdun (Meuse). En L'intérêt de Bocquier s'est progressivement réalité, il est fait prisonnier et interné au camp de déplacé du pays yonnais vers la côte vendéenne. Limbourg, près d'Aix-la-Chapelle, puis envoyé Dès août 1901, alors qu'il enseigne à l'école au camp de Czersk en Pologne, et n'est rapatrié communale de Saint-Jean-de-Monts, il débute qu'au début de l'année 1919 à l'hôpital de Nan- des prospections sur le littoral, à la recherche de tes. À la rentrée d'octobre 1919, il est nommé stations préhistoriques. Toutefois les mutations, Edmond Bocquier (1881-1948) et la géologie 61 et la captivité éloignent Bocquier de son pays naire. natal. Il y revient, cependant, à la faveur des va- Au bois de la Chaise et à l'anse Rouge cances scolaires, pour explorer le département, (Noirmoutier), Edmond Bocquier étudie les tra- dont il écrit en 1911, alors qu'il réside en Sa- ces d'une ancienne surface d'abrasion marine, voie : "Sans rien minimiser de la splendeur écra- située à 6 m au-dessus du niveau actuel de la sante des Alpes, de l'impression violente produi- mer. Elle est reconnaissable à des dépôts et à des te par tous les colosses qui nous entourent, com- figures de ruissellement et d'érosion marine. En me vous, mon cher Marcel [Baudouin], je préfè- haut de falaise, dans une section de cet ancien re la Vendée, la moins banale des régions par la estran qui contient des galets roulés, Edmond variété et le contraste de ses aspects et de ses Bocquier indique avoir recueilli des éléments sites. C'est pourquoi je demande mon d'industries paléolithiques [BOCQUIER, 1933]. « rapatriement » dans l'Ouest […]" (ADV, 19 J Ces résultats viennent compléter un siècle de tra- 168). Sa demande ne sera satisfaite qu'en 1925, vaux géologiques sur le bois de la Chaise [cf. avec une nouvelle mutation à la direction de GODARD & VIAUD, 2001], notamment ceux de l'école normale d'instituteurs d'Angers (1925- Joseph PÉNEAU [1930]. Pour le géologue moder- 1931). Il reprend alors ses explorations, pour les ne, cet ancien estran remonte vraisemblablement poursuivre jusqu'à la fin de sa vie. Il arpente le à la dernière période interglaciaire (Éémien, littoral, du pays de Retz à la Charente-Maritime, Quaternaire, environ -130 000 à -110 000 ans) sans oublier les îles de Noirmoutier et d'Yeu. (fig. 2 a-b). Pour lui, il ne s'agit pas seulement de repérer des Dans les années 1930, Edmond Bocquier ex- stations préhistoriques, mais aussi d'effectuer des plore la côte du Talmondais. Il observe à Bour- relevés géologiques des falaises, dunes et es- genay un groupe de "marmites de géants" fossi- trans. Il visite et revisite plusieurs fois les mêmes les, situées dans la falaise et creusées dans les sites, dont certains évoluent avec le temps, com- calcaires sinémuro-hettangiens [BOCQUIER, me les cordons dunaires ou le secteur de la poin- 1935a, 1935b ; cf. GODARD, 2003] (fig. 3a-b ; te du Payré à Jard-sur-Mer. Il relève des témoins ADV, 59 J 311). Ces "marmites", encore visibles de formations littorales anciennes et récolte des aujourd'hui, sont des cavités résultant de l'éro- outils préhistoriques, des poteries et des osse- sion du substratum par le frottement de galets ments d'animaux. À partir de ces observations, entraînés dans un tourbillon d'eau. À Bourgenay, opérées notamment à Noirmoutier et dans le Tal- elles sont liées aux flux et reflux de l'eau sur un mondais, il tente de mettre en évidence les oscil- ancien estran perché. La présence d'outils lithi- lations du niveau de la mer au cours du Quater- ques dans les formations superficielles de ce sec-

a – Vue générale de la falaise, plage de l'anse Rouge b – Détail des dépôts portés par la surface à Noirmoutier (photo : J.-M. Viaud) d'abrasion marine (photo : J.-M. Viaud) Fig. 2 – Ancienne surface (d'abrasion) d'un haut niveau marin à + 6 m au dessus du niveau actuel de la mer (Éémien). Niveau étudié par Edmond Bocquier dans les années 1930 à Noirmoutier 62 Jean-Marc VIAUD & Gaston GODARD LE NATURALISTE VENDÉEN N° 8, 2008

a – Marmite de géant observée dans la falaise à b – Croquis d'une marmite de géant par Edmond Bourgenay par Edmond Bocquier en juillet 1935 Bocquier, Bourgenay, octobre 1934 (ADV 59 J 311). (ADV 59 J 311 ; photo : J. Morel). Fig. 3 – Marmites de géants fossiles dans les calcaires sinémuro-hettangiens à Talmont-Saint-Hilaire Phénomènes décrits par Edmond Bocquier

a – Croquis de la côte de Bourgenet (sic) (sud), direc- tion des failles, s.d. [1934] (ADV 59 J 311). b – Extrait de la lettre de remerciements de Mireille Ters, née Fouyé, du 15 mai 1935 adressée à Edmond Bocquier. Dans son D.E.S. soutenu à Rennes en juin 1934 sur "L'Hettangien de la côte sud des Sables- d'Olonne (Vendée)" Mireille Ters a utilisé des don- nées inédites d'Edmond Bocquier (ADV 59 J 311).

Fig. 4 – Levés de terrain par Edmond Bocquier sur la côte du Talmondais Edmond Bocquier (1881-1948) et la géologie 63 teur du littoral lui permet de tenter une corréla- DES EMPREINTES ÉNIGMATIQUES tion entre les épisodes géologiques du Quater- À BOURGENAY naire et l'évolution de l'industrie lithique [BOCQUIER, 1935b]. Les marmites de géants, Sur le littoral talmondais, sans doute plus perchées à environ 7 m au-dessus du niveau ac- qu'ailleurs, Edmond Bocquier fait quelques ob- tuel de la mer, comme à Noirmoutier, seraient la servations sur le substratum rocheux. Il guide et trace du haut niveau marin "monastirien", ce qui aide une étudiante, Mireille Fouyé (bientôt Mi- correspond à notre Éémien, c'est-à-dire au der- reille Ters), pour son étude sur L'Hettangien de nier épisode interglaciaire au cours duquel le ni- la côte sud des Sables-d'Olonne (Vendée), pré- veau de la mer s'est élevé à plusieurs mètres au- sentée en 1934 à l'université de Rennes pour dessus de l'actuel. Après le retrait de la mer, ces l'obtention du D.E.S. [FOUYÉ, 1934]. "J'ai utili- marmites ont été comblées et scellées par des sé, pour mon Diplôme d'Etudes Supérieures sur coulées de solifluxion, datant vraisemblablement l'Hettangien de la côte sud des Sables, la carte de la dernière glaciation (Würm), et dans les- que vous aviez eu la grande obligeance de m'en- quelles on trouve du matériel voyer, et qui représentait le tracé des principales "moustérien" (Paléolithique moyen) [BOCQUIER, failles entre Bourgenet [sic] et le Payré", lui an- 1935a]. Cette émersion, au Paléolithique moyen nonce-t-elle dans un courrier daté du 15 mai et supérieur, est par ailleurs attestée par un lus- 1935 (fig. 4a-b ; ADV, 59 J 311). trage des galets par le vent. Un retour de la mer à Alors qu'il effectue ses relevés sur le littoral un niveau proche de l'actuel, entre le Paléolithi- du Talmondais, Edmond Bocquier observe, à la que et le Néolithique, fut suivi d'une légère ré- surface des dalles calcaires de l'anse de la Répu- gression un peu avant le Néolithique, avec la for- blique, près de Bourgenay, des traces évoquant mation de tourbières littorales visibles sur l'es- des "sculptures rupestres de pieds hu- tran par basse mer. Le retour de la mer au mains" [BOCQUIER, 1935b]. Il existe, écrit-il, "Flandrien" (Holocène) se corrèle avec l'indus- une véritable "roche aux pieds", avec quatre em- trie néolithique [BOCQUIER, 1935b]. Cette trans- preintes pédiformes, de 24 cm à 30 cm de lon- gression s'achève par le colmatage des dépres- gueur, ayant les dimensions classiques des gra- sions côtières par le bri (marais, estuaires…). vures rupestres. Il note que ces traces, et d'autres Ces observations sur les fluctuations de la ligne qu'il découvre à proximité, sont alignées et pré- de rivage au cours du Quaternaire ont été depuis sentent une orientation uniforme. Dans ses notes lors affinées et corrigées par d'autres chercheurs, manuscrites sont conservés les croquis de ses ob- tout au long des côtes atlantiques françaises [e.g. servations, en date du 19 février 1935 (fig. 5a-b ; TERS, 1976]. ADV, 59 J 311). L'expression "pieds humains"

a – Croquis et légende des traces observées par b – La roche aux pieds près de la Pointe de Bourge- Edmond Bocquier le 19 février 1935 (ADV 59 J 311). net (sic), s.d. [1935] (ADV 59 J 311). Fig. 5 – Les traces de pieds observées en 1935 par Edmond Bocquier dans les calcaires hettangiens de Bourgenay à Talmont-Saint-Hilaire. Quelque trente ans plus tard, Gilbert Bessonnat attira l'attention de la communauté scientifique permettant d'attribuer ces empreintes à des traces de pas de dinosaures 64 Jean-Marc VIAUD & Gaston GODARD LE NATURALISTE VENDÉEN N° 8, 2008 laisse entrevoir l'influence de son ami Marcel UN INVENTAIRE GÉOLOGIQUE INÉDIT Baudouin, à l'imagination prolifique. Pour Ed- DE LA VENDÉE mond Bocquier, cependant, ces traces paraissent bien naturelles, et il les attribue, à défaut de Après ses premières observations sur le Pays mieux, à une forme particulière d'érosion mari- yonnais, Edmond Bocquier étend, dans les an- ne. "Nous n'insistons pas pour l'instant sur ce nées 1920, ses explorations au littoral, puis à phénomène, conclut-il, dont nous reprendrons presque tout le territoire de la Vendée. Il utilise l'étude dans un autre travail". Ce qu'il ne fit un réseau d'informateurs, principalement dans le pas... milieu des instituteurs publics et des cantonniers, Il ne fait guère de doute aujourd'hui qu'Ed- grâce à son beau-père Marie-Eugène Waïtzeneg- mond Bocquier ait en réalité observé les em- ger, agent-voyer jusque dans les années 1920. À preintes de pas de dinosaures de Bourgenay au partir de 1932, année où il se retire à Saint- Veillon [cf. GODARD, 2003]. Cependant, il n'en Gilles-sur-Vie, et jusqu'à la veille de sa dispari- comprit pas l'origine. C'est Gilbert Bessonnat tion en février 1948, Edmond Bocquier se rend qui, en 1963, attira l'attention de la communauté souvent sur le terrain. Il a un projet qu'il précise scientifique sur ces empreintes et permit leur en mai 1931 dans un courrier adressé à Julien étude par l'abbé Albert Félix de Lapparent, Rousseau de Beauvoir-sur-Mer, mais qui ne ver- Christian Montenat et Mireille Ters [BESSONNAT ra jamais le jour : "La retraite prochaine sans et al., 1965 ; LAPPARENT & MONTENAT, 1966- doute va me laisser des loisirs. J'en profiterai 67, 1967]. pour continuer la mise en œuvre de mes notes

a – Coupe de la falaise de la Baie de Caillola (Château-d'Olonne) par Edmond Bocquier, le 22 octobre 1938 (ADV 59 J 7). b – Edmond Bocquier (le personnage le plus éloigné) observe les calcaires hettangiens de Bourgenay à Talmont-Saint-Hilaire, juillet 1935 (photo : J. Morel ; ADV 59 J 311).

Fig. 6 – Edmond Bocquier a levé de très nombreuses coupes, en particulier des falaises côtières Ses notes sont conservées aux archives départementales de la Vendée (fonds Edmond Bocquier, 59 J 1-454) Edmond Bocquier (1881-1948) et la géologie 65 recueillies au cours de plus de 30 années de re- dans le lias inférieur de la côte de Vendée. cherches sur le terrain et achever le travail de Comptes-Rendus hebdomadaires des Séan- paléogéographie qui est sur le métier depuis ces de l'Académie des Sciences [], bien des années déjà. Une étude sur le littoral de 260 : 5324-5326. la Loire à la Charente depuis la fin du Tertiaire BOCQUIER E., 1900-1903. – Monographie de jusqu'à l'époque actuelle, et comprenant l'étude Chaillé-sous-les-Ormeaux. Annuaire de la des phénomènes géologiques et géographiques, Soc. d'Émulation de la Vendée : d'une part, et, d'autre part, celle du peuplement (1900a). – Étude de la géographie physique an- humain, avec ses couches successives cienne et actuelle de la commune. Carte de […]" (ADV, 59 J 102). la zone étudiée, (4), 10 : 126-214. Après la disparition de son mari, Hélène Boc- (1901a). – (2e partie) Faune et flore. Peuple- quier versa ses notes et manuscrits de travail aux ments anciens à Chaillé et ses environs, de archives départementales de la Vendée (ADV, la préhistoire au Moyen Age (sites et trou- 59 J 1-454). Ceux-ci comportent quelque 300 vailles archéologiques, extraits de chartes dossiers constitués par commune (ADV, 59 J 85- médiévales), (5), 1 : 101-154. e 391), dont plus de 80 % contiennent des notes (1903). – (suite) Du Moyen Age au XIX géologiques. S'y trouvent de nombreuses infor- (seigneuries, industries, voies de communi- mations, plus ou moins importantes, générale- cations, guerres de religion, histoire ecclé- ment restreintes aux formations superficielles, et siastique, guerre de Vendée, Empire). Noti- très souvent accompagnées de données archéolo- ces sur les hameaux de la commune, (5), 3 : giques. Les coupes et plans, relevés sur le ter- 95-174. rain, s'y comptent par centaines et sont parfois BOCQUIER E., 1900b. – Pénéplaines vendéennes. accompagnés de photographies (fig. 6a-b ; ADV Bulletin de la Société des Sciences naturel- 59 J 311). les de l'Ouest, (3), X : 211-218, fig. Des archéologues et des géologues sont ve- BOCQUIER E., 1901b. – Notice géographique et nus et viennent encore puiser dans cette mine de historique à l'usage des enfants sur la com- données. Mireille Ters, par exemple, fait souvent mune de Chaillé-sous-les-Ormeaux. Bulle- référence aux travaux d'Edmond Bocquier. Dans tin départemental de l'Enseignement pri- son livre sur La Vendée littorale [TERS, 1961], maire [La Roche-sur-Yon], 1 : 16 p. + carte. elle indique avoir utilisé ces notes manuscrites. BOCQUIER E., 1901c. – Le limon des plateaux du Bien qu'ayant peu publié, Edmond Bocquier a sud-ouest du Bocage vendéen. Bulletin de réuni une somme considérable d'observations, la Société des Sciences naturelles de l'Ouest précises et détaillées, dont la consultation est en- de la France, (2), I : Procès verbaux, p. VIII- core très utile. C'est au fond son legs principal à IX. la géologie vendéenne. BOCQUIER E., 1907. – L'art de terre et la glaise blanche du limon des plateaux. La Terre vendéenne, II (5-12) : 157-158, 178-184, REMERCIEMENTS 231-236, 264-268, 345-355, 387-396. BOCQUIER E., 1910. – Sur la découverte d'une Nous remercions particulièrement Thierry pièce chelléenne en Vendée et ses relations Heckmann, directeur des archives départementa- avec la Géologie et la topographie. Annuai- les de Vendée, de nous avoir facilité l'accès au re de la Société d'Émulation de la Vendée, fonds Edmond Bocquier et de sa contribution à (5 s.) X : 105-114. l'iconographie. Jean Vimpère est aussi remercié BOCQUIER E., 1919-1920a. – Note sur quelques de son aide à la recherche d'informations concer- objets préhistoriques recueillis par les élè- nant la vie et l'œuvre d'Edmond Bocquier. ves-maîtres de l'École Normale d'institu- teurs aux alentours d'Aurillac en 1920 [Déchets de taille – percuteur – pointes RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES chelléennes – grattoirs – perçoirs – tran- chets]. Conférence du 26 mai 1920 lors de l'Assemblée générale de la Société des Let- BESSONNAT G., LAPPARENT A. F. DE, MONTE- tres Sciences et arts La Haute Auvergne. NAT CH. & TERS M., 1965. – Découverte de Revue Haute Auvergne, XX : 176-182, 1pl. nombreuses empreintes de pas de reptiles BOCQUIER E., 1919-1920b. – Les Études locales 66 Jean-Marc VIAUD & Gaston GODARD LE NATURALISTE VENDÉEN N° 8, 2008

à l'École Normale d'instituteurs d'Aurillac. GODARD G., CHEVALIER M., BOUTON P. & Revue Haute Auvergne, XX : 194-198. MOUROUX B., 1994. – Un fleuve yprésien BOCQUIER E., 1933. – La station préhistorique du Berry à la Vendée, témoin de l'évolution du Bois de la Chaise, à Noirmoutier paléogéographique et tectonique du Centre- (Vendée). Annuaire de la Société d'Émula- Ouest de la France au Cénozoïque. Géolo- tion de la Vendée, 1933 : 16-35. gie de la France, 1994 (4) : 35-56. BOCQUIER E., 1935a. – Sur l'existence d'un grou- GODARD G. & VIAUD J.-M., 2001. – Évolution pe de marmites de géants fossiles d'époque des connaissances géologiques sur le Bois monastirienne sur la côte du Talmondais de La Chaise en Noirmoutier : du volcan de (Vendée). Comptes-Rendus hebdomadaires Commart de Puylorson (1767) au delta d'un des Séances de l'Académie des Sciences ancien fleuve tropical. Lettre aux Amis [de [Paris], 201 : 84-85. Noirmoutier], 120-121 : 7-28. BOCQUIER E., 1935b. – Observations sur quel- LAPPARENT A. F. DE & MONTENAT CH., 1966- ques témoins d'anciens rivages dans le Tal- 1967. – La plage aux dinosaures. Annuaire mondais (Vendée). Annuaire de la Société de la Société d'Émulation de la Vendée, d'Émulation de la Vendée, 1935 : 17-26. 1966-1967 : 5-7 + 1 pl. de photos. BOCQUIER E. & MARTY P., 1923. – Les dépôts LAPPARENT A. F. DE & MONTENAT CH., 1967. – récents de la vallée de la Cère et de la plaine Les empreintes de pas de reptiles de l'infra- d'Arpajon (Cantal). C.R. somm., Soc. géolo- lias du Veillon (Vendée). Mémoires de la gique de France, 9 : 83-85. Société géologique de France, (n. s.) t. 46 BOUTON P., 2006. – La basse vallée de l'Yon. Le (mém. 107) : 43 p. + 13 pl. photos [+ C.R. chaos granitique de Piquet. Fiche n° 16, Pa- somm., Soc. géologique de France, 1967, p. trimoine géologique vendéen. 4 p., photos, 33]. carte et coupe. Comité scientifique et tech- PÉNEAU J., 1930. – Témoins de transgressions nique pour la sauvegarde et la valorisation marines quaternaires dans l'île de Noirmou- du patrimoine géologique vendéen. Édit. tier (Vendée). Bulletin de la Société des Conseil général de la Vendée, La Roche-sur Sciences naturelles de l'Ouest de la France, -Yon. Accessible en ligne : http//Vendee.fr (4), X : 31-50 + pl. I-V. FOUYÉ [TERS] M., 1934. – L'Hettangien de la TERS M., 1976. – Les lignes de rivages quater- côte sud des Sables-d'Olonne (Vendée), naires de la côte atlantique française. In : DES Rennes, 175 p., 24 pl. [inédit, non lo- "La Préhistoire française", Paris, C.N.R.S.: calisé]. t. 1 : 333-341 ; t. 2 : 27-30. GODARD G., 2003. – Histoire de la géologie en TERS M., 1961. – La Vendée littorale. Étude de Talmondais (Vendée, France). Le Naturalis- géomorphologie. Paris, Institut de géogra- te Vendéen, 3 : 13-28 + 1 pl. couleurs. phie, 578 p. + 12 dépl.

Jean-Marc VIAUD 19 impasse Jean Goujon 85000 LA ROCHE-SUR-YON [email protected]

Gaston GODARD 2 allée Mirabeau 92240 MALAKOFF [email protected] Planche I

La vallée de l'Yon à Rochereault (Rosnay). Dessin aquarellé d'Edmond Bocquier, 1897 (ADV, 59 J 127/1)

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Planche II

a – Genèse de la Vallée de l'Yon b – Genèse de la Vallée de l'Yon Ier et IIe cycles d'érosion (I) Représentation graphique des cycles d'érosion (II)

c – Genèse de la Vallée de l'Yon d – Carte géologique L'anticlinal Rochereault-Rosnay (III) des environs de Chaillé-sous-les-Ormeaux Panneaux pédagogiques présentés par Edmond Bocquier, en 1903 à l’exposition artistique et scolaire de La Roche-sur-Yon dans le cadre de son étude "Étude sur l'Art de terre rustique aux environs de La Roche-sur-Yon et sur l'exploitation de la glaise des plateaux vendéens" (ADV 59 J 11/1-5)

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