Etaples, Une Place Forte Du Boulonnais Aux Époques Médiévale Et Moderne
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ÉTAPLES,ARCHÉOLOGIE UNE PLACE FORTE DES DUHAUTS-DE-FRANCE BOULONNAIS AUX ÉPOQUES MÉDIÉVALE ET MODERNE 1 UN PORT MÉDIÉVAL ACTIF 1. Plan de la ville d’Étaples levé en u Moyen Âge, Étaples constitue l’une structurent. Érigée en « commune » au 1716 par Jean et Nicolas Magin, A des principales villes du comté de début du XIIIe siècle, elle est gouvernée ingénieurs du roi. par un collège municipal – le conseil des 2. Vue de la ville d’Étaples au XVIe seulement à sa situation géographique échevins présidé par un maïeur – et dotée siècle dessinée par Nicolas Boulogne. Elle doit cette renommée non favorable (ville de frontière sur la rive d’attributs, symboles de cette puissance : de Nicolay, géographe du roi. l’hôtel échevinal et son beffroi (n° 2) situés dans la partie droite du fleuve Canche, Ponthieu), mais aussi à orientale de la ville. Elle entre le Boulonnais et le son havre (n° 1) et de culte : les églises possède trois lieux qui y transitent, e aux marchandises faisant de cette bourgade 2 siècle) et Saint-Michel (n° 4, Notre-Dame (n° 3, XII l’un des premiers ports de XIIIe siècle), au nord et à l’est, et la chapelle la Manche à l’époque médiévale : un du Saint-Sacrement (n° 5, détruite au XVIIe siècle), sur la place du marché. En marge de la cité, vers l’est, le château (n° 6) constitue port de pêche (harengs, maquereaux), de e la pièce maîtresse du système défensif de la commerce (Artois, Flandres) et de transit siècle, la ville est centrée autour des trois ville médiévale, probablement dotée, elle (vin, blé). Dès son origine, attestée au IX aussi, d’une muraille. pouvoirs civil, religieux et militaire qui la 1 3 2 4 UN PORT MODERNE SUR LE DÉCLIN u début de l’époque moderne, 1. Restitution des hôtels A Étaples est l’un des ports du sel du Porc-Épic, du Grand-Pèlerin officiers civils (hôtel des baillis, n° 7), des et Saint-Christophe (de gauche du littoral de la Manche. Les sources de sel), mais surtout un grand nombre de négociants et des marchands (raffineurs à droite), construits documentaires permettent de tracer respectivement en 1657, 1695 le portrait d’une ville tournée vers le celles des pêcheurs : disposées le long de et 1577. maisons basses et aux toits de chaume, commerce et l’industrie de rues en terre battue, étroites 2. Enseigne de l’hôtel de l’Échiquier cette précieuse substance. et sinueuses, ou de quelques datée de 1571. Mais l’envasement de la places isolées, ces modestes 3. Empreinte du sceau de la ville baie de la Canche signe maisons sont agrémentées d’Étaples daté du XIIIe siècle. le déclin économique de jardins, de potagers 4. Fondations de la chapelle et maritime d’Étaples et de vergers (n° 8) du Saint-Sacrement dégagées et son isolement parmi assurant une économie de en 1999. 5 les villes des provinces subsistance. Les registres 5. Vue de l’église Saint-Michel e en 1810. et XVIIIe siècles témoignent d’une bourgade donnent pour les XVIe et XVIIe siècles le du Nord. Plans et vues exécutés aux XVII paroissiaux et les comptes de l’échevinage nom de plusieurs de ces maisons et hôtels, Maison de l’Échiquier qui appauvrie et dépeuplée. Dépourvue l’invasion des sables. Elle compte quelques s’élève aujourd’hui encore sur la grand- d’enceinte, elle est ouverte aux vents et à à l’exemple de la place (n° 9). hôtels particuliers, principalement ceux des 1 2 3 4 DU CHÂTEAU COMTAL… 1. Copie de la charte de fondation e château d’Étaples a été fondé en le creusement d’un puissant et large fossé, du château d’Étaples ont été élevées neuf tours circulaires ou e L (XIII siècle). demi-circulaires reliées par des courtines. 1172 par Mathieu d’Alsace, comte 2. Plan synthétique du château méridionale de son comté. Une copie À l’intérieur de ce polygone puissamment d’Étaples. de Boulogne, afin de fortifier la frontière de la charte de fondation (XIIIe siècle), 3. Essai de restitution du château conservée dans le cartulaire de l’abbaye de prenaient place un donjon de plan barlong e fortifié, le long de la courtine occidentale, d’Étaples au début du XIII siècle. Saint-Josse, nous apprend qu’en échange et une petite chapelle. L’accès au château se 4. Gisant de Mathieu d’Alsace, de la terre où s’élève le château, terre qui faisait depuis la ville, à l’ouest, par une sorte comte de Boulogne. appartenait à l’abbaye, le comte s’engageait à donner 10 000 harengs péchés dans les pont-levis. Au cours des décennies qui ont de châtelet à deux tours protégé par un constitue l’un des jalons de l’architecture fois l’objet de réparations, notamment ports de Boulogne ou de Calais. Ce château suivi sa fondation, la forteresse fit plusieurs au XVe siècle, pendant la domination a été construit sur un éperon calcaire qui bourguignonne. philippienne dans le nord de la France. Il dominait la Canche. Sur cet éperon, isolé par 1 2 3 4 … À LA FORTERESSE MODERNE e u XVI projette de raser cette forteresse coûteuse, 1. Plan du château d’Étaples A de modernisation transforment mais le château subsiste néanmoins et en 1716 montrant à l’ouest siècle, de nombreux travaux l’ouvrage à cornes, au nord-est profondément la forteresse : elle est des projets de restauration sont même l’ouvrage tenaillé et au sud-est désormais protégée par un ouvrage à envisagés. Au début du XVIIIe siècle, il est le moineau. cornes à l’ouest, par un ouvrage tenaillé 2. Plan du moineau construit au nord-est et par un moineau au sud- Révolution, le château est vendu comme bien entre 1591 et 1593. finalement cédé à un particulier, puis, à la est ; dans la cour intérieure, le donjon national. Au XIXe siècle, l’ouvrage à cornes 3. Détail de l’acte de vente comtal disparaît et cède la place au logis est transformé en cimetière, tandis que la du château en 1793. du gouverneur, à des casernes et à des haute-cour est acquise par la Compagnie 4. Essai de restitution du château greniers à blé. Toutefois, la plupart de ces des chemins de fer du Nord qui y puise les au début du XVIIe siècle. ouvrages seront construits en vain, car le remblais nécessaires à l’établissement des château voit son rôle défensif décroître de nouvelles lignes ferroviaires qui traversent e la ville d’Étaples : à l’occasion de ces siècle avec l’agrandissement du royaume manière inexorable dans le courant du XVII travaux, le château est intégralement rasé. de France vers le nord-est. Par deux fois, on 1 2 3 4 LES DERNIERS VESTIGES DU CHÂTEAU 1. Photographie des ruines ors de sa destruction, le château fait autre partie est remise à l’historien qui la du château d’Étaples en 1864. L uniquement l’objet de surveillances de verse à sa collection d’Antiquités. En 1864, 2. Plan des ruines découvertes les derniers vestiges du château tombent en 1847-1848 lors des travaux objets découverts. Lors de la première sous les coups de pioche des ouvriers de terrassement du château. travaux et d’entreprises de récupération des chargés de récupérer les remblais. En 3. Portrait de Gustave Souquet (avant 1867) et page de titre campagne d’arasement, en 1847-1848, réalise un plan des vestiges mis au jour enchères et rejoint les grands musées de l’Histoire et description l’ingénieur Fournier, chargé des travaux, 1900, la collection Souquet est mise aux du château d’Étaples publiée (le donjon notamment) et transmet des en 1855. informations concernant les découvertes du nord-ouest de la France (Boulogne, 4. Essai de restitution du chantier à l’érudit étaplois, Gustave Souquet, qui ne subsistent plus aujourd’hui que les de construction de l’ouvrage Lille, Rouen). Du château d’Étaples intègre les données à une étude publiée 5 tenaillé au milieu du XVIe siècle. en 1855 : Histoire et description du château moderne : les ruines de l’ouvrage à cornes deux ouvrages avancés de l’époque 5. Verrerie gallo-romaine d’Étaples. Les objets découverts, qui attestent, sont conservées dans le cimetière communal, découverte en 1864 lors en partie, d’une occupation gallo-romaine tandis que les vestiges de l’ouvrage tenaillé des travaux de terrassement du château. du site (inhumations), sont récupérés par demeurent visibles dans une prairie située au les ouvriers et l’ingénieur, tandis qu’une nord du cimetière. 1 2 3 UNE FOUILLE ARCHÉOLOGIQUE PROGRAMMÉE SUR L’OUVRAGE TENAILLÉ (2015-2017) linéaires qui ont permis le recoupement 1. Localisation des tranchées linéaires creusées entre 2015 de l’ouvrage tenaillé ont fait l’objet des composantes de l’ouvrage tenaillé : e 2015 à 2017, les derniers vestiges et 2017 sur l’ouvrage tenaillé. d’une fouille archéologique programmée. plateforme, banquette d’artillerie, parapet, Cette opération avait plusieurs objectifs : rempart, fossé, chemins couverts et glacis. 2. Nettoyage de la coupe stratigraphique des remblais estimer l’état de conservation de l’ouvrage, du glacis. évaluer la puissance stratigraphique livré un mobilier peu abondant qui n’a pas De manière générale, ces tranchées ont 3. Vue vers l’est du chemin couvert Ddes couches archéologiques en place, permis de préciser la chronologie du site. occidental (au premier plan), Ce sont surtout les phases de construction du fossé (au centre) l’ouvrage, comprendre leur articulation et du rempart (au fond). identifier les différents éléments de et en déterminer la composition, préciser (terrassement jusqu’au substrat crayeux le plan et la chronologie de l’ouvrage et, afin de constituer l’assiette de l’ouvrage, niveaux de chantier, emploi et mise en antérieures ou postérieures à son argile) et d’abandon de l’ouvrage enfin, déterminer l’existence d’occupations œuvre des matériaux locaux : calcaire, (comblements tardifs des fossés) qui sont traduite par le creusement de tranchées édification.