Propositions De Lectures Sur La Photographie Contemporaine
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Anni Leppälä, Reading, 2010, c-print, 31.5x42.5cm " First of all, we know that books are not ways of making somebody else think in our place ; on the contrary, they are machines that provoke further thoughts. […] Secondly, if once upon a time people needed to train their memories in order to remember things, after the invention of writing they had also to train their memo- ries in order to remember books. Books challenge and improve memory ; they do not narcotise it. " Umberto Eco, "Vegetal and mineral memory : The future of books", Al-Ahram, 20-26.11.03, n°665, http://weekly.ahram.org.eg/2003/665/bo3.htm PROPOSITIONS DE LECTURES SUR LA PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE Par Nassim Daghighian 40 PROPOSITIONS DE LECTURES SUR LA PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE OUVRAGES GÉNÉRAUX 41 OUVRAGES GRAND PUBLIC OUVRAGES THÉORIQUES, ESSAIS 42 OUVRAGES THÉORIQUES, ESSAIS (ANNÉES 1960' À 2000') 43 44 Dominique Baqué, La Photographie plasticienne, un art paradoxal, Paris, Éditions du regard, 1998 Table des matières Avant-propos I. Arts d'attitude et ambiguïtés du medium photographique II. Une entrée en art paradoxale III. Légitimations théoriques IV. Photographie et art conceptuel : les affinités électives V. Déconstruction du paradigme de l'instant décisif VI. Appropriations, métissages, hybridations VII. Le métissage post-moderne au regard du montage avant-gardiste VIII. Traces, empreintes et vestiges 45 Dominique Baqué, La Photographie plasticienne, un art paradoxal, Paris, Éditions du regard, 1998 Y aurait-il un paradoxe à l'origine de la photographie des années 1980-1990? Son "entrée en art" (entendons son entrée sur le marché de l'art) se serait effectuée à partir de ce qui en constitue la partie la moins noble, celle d'une iconographie purement documentaire. Pour comprendre ce curieux mécanisme qui semble contredire l'ambition même de la photographie à conquérir mu- sées et galeries d'art, il faut se replonger dans l'actualité artistique de la fin des années 1960 et des années 1970, soit aux heures de l'éveil puis du triomphe de l'art conceptuel, présenté comme la forme ultime du modernisme. Installations, textes ou performances firent appel à l'enregistrement photographique pour garder la trace des événements ou bien pour illustrer un concept. La photo- graphie serait ici le simple reliquat d'une histoire de l'art contemporain, dont Dominique Baqué cherche à décrire la lente conversion en une forme déterminante de l'art lui-même. Entrée en art comme une "humble servante", la photographie serait devenue la maîtresse du jeu, par un renver- sement de situation en bonne part déterminé par l'abandon de sa propre histoire - celle des pho- tographes et de leur repli sur la "spécificité" du médium. Voilà, à grands traits, l'analyse et la tenta- tive de récit que propose La Photographie plasticienne. Le dénominateur commun des photogra- phies retenues ici provient de l'origine qu'elles trouveraient dans l'art conceptuel, soit la marque d'une certaine "pauvreté", due à son statut quasiment administratif de document. Paradoxe tou- jours, puisque cette esthétique du banal aurait préparé en sous-main les développements formels des années 1980, marquées notamment par l'emploi du grand format et de la couleur. Ainsi, en quittant le photojournalisme et autres applications utilitaires, en rompant avec des notions telles que "l'instant décisif", en se démarquant enfin de ce que l'on appelait dans les années 1980 la "photographie créative", la photographie plasticienne aurait trouvé les moyens de convertir les conditions d'une naissance sans lustre en un destin historique. Pour qu'un tel destin s'accomplisse, il aura été nécessaire d'établir la légitimité théorique d'un art photographique par le biais d'une définition de l'essence du médium lui-même. Le constat prophé- tique de la perte de l'aura chez Benjamin reste ici largement exploité, la sémiologie barthésienne est quant à elle critiquée dans sa réduction de l'image au référent, le nom de Rosalind Krauss ap- paraît pour saluer la pertinence de la notion d'indice, et l'auteur reconnaît enfin à Philippe Dubois le mérite d'avoir nuancé la notion d'empreinte en posant la question de l'acte et de la réception de la photographie. Plus présent encore, mais en filigrane, le discours critique de Jean-François Chevrier apparaît essentiel dans sa réflexion historique et formaliste qui aboutit à la notion de for- me-tableau. Qu'il y ait eu dans ces années 1980 une actualité théorique autour de la photographie, on n'en disconviendra pas, mais nulle analyse ne permet ici de recouper ces théories et d'établir ce qui fonde la légitimité d'une photographie "plasticienne". Décidément, c'est du côté de l'art concep- tuel que Dominique Baqué perçoit une filiation, notamment dans l'intérêt que ces artistes ont trou- vé chez Walker Evans et la notion de "style documentaire", mais aussi dans la question des rapports entre texte et image - là où, d'Edward Rusha à Dan Graham, de Victor Burgin à Douglas Huebler, s'élaborent au sein d'images banales et testimoniales, les lentes conditions d'émergence d'une représentation plus attentive à l'imagination et à la forme. Pour Baqué donc, le conceptuel fut le terreau probablement inconscient d'un art photographique "plasticien". Pour mieux y croire, il nous faudrait un véritable essai historique - un peu plus, à vrai dire, que l'accumulation de notes de syn- thèse - et l'ouverture sur un univers de référence élargi qui associerait au strict art conceptuel les antécédents de la scène artistique des années 1960, d'un Rauschenberg ou bien encore d'un Wolf Vostell. Les enjeux plastiques et critiques y sont là probablement plus lisibles, et posent clairement la question de l'intégration de l'imagerie documentaire et de son style aux enjeux esthétiques. Michel Poivert, in Etudes photographiques n°6, mai 1999 Source : http://etudesphotographiques.revues.org/document196.html?format=print 46 47 Dominique Baqué, Photographie plasticienne. L'extrême contemporain, Paris, Regard, 2004 Table des matières 9 Avant-propos 23 Le trope du banal 39 Trash, dérision et idiotie : infléchissement de l'esthétique du banal 73 Paradoxes et apories de l'intime 89 À rebours : scénographies de la culture 119 De l'impossible paysage aux non-lieux de l'extrême contemporain 141 identifications d'une ville 167 Pour un lieu où vivre ? 185 Le sujet inquiet de lui-même 213 Fictions prométhéennes du Post-Human 237 Stratégies du retrait, renouveau du documentaire 265 En guise d'épilogue : admirations 278 Bibliographie sélective 48 Dominique Baqué, Photographie plasticienne. L'extrême contemporain, Paris, Regard, 2004 Si La Photographie plasticienne. Un art paradoxal se proposait d'examiner les conditions de possibi- lité de "l'entrée en art" de la photographie, autour des années soixante-dix, et constituait le me- dium photographique comme l'un des plus puissants opérateurs de déconstruction du moder- nisme, Photographie Plasticienne : l'extrême contemporain se donne pour enjeu l'examen attentif des différents pôles photographiques, souvent contradictoires, de ce qui serait "l'après post- modernisme", emblématisé par les années quatre-vingt-dix : les tropes du banal et de l'intime vs la photographie érudite ; l'esthétique de l'idiotie vs le sérieux de l'objectivisme issu de l'école de Düs- seldorf ; les fictions prométhéennes du post-human vs le renouveau de plus en plus affirmé d'une photographie documentaire qui ne doit plus rien à un photojournalisme frappé d'obsolescence, mais peut a contrario se comprendre en écho aux stratégies iconiques du "retrait". Dans un champ photographique éclaté, qu'il serait illusoire de vouloir unifier au détriment des diffé- rences et des fractures, l'auteur a conjointement mis en exergue les questionnements propres à l'extrême contemporain : soit l'impossibilité du paysage et la crise de l'urbanité, l'émergence de "non-lieux" et la tentative pour inventer des lieux où vivre, d'une part ; l'inquiétude du sujet vis-à-vis de lui-même, d'autre part, comme si le portrait, loin d'être une évidence, achoppait sur une identi- té toujours plus précaire, qui fut déjà soumise à l'implacable déconstruction structuraliste du sujet. Au terme du parcours, c'est à une lecture subjective – et revendiquée comme telle – des œuvres que le lecteur sera convié : constituer l'admiration comme passion joyeuse, active, nietzschéenne enfin. L'auteur : Ancienne élève de l'ENS, agrégée de Philosophie et universitaire Dominique Baqué est l'auteur de nombreux textes portant sur la question de l'image en général, et de la photographie en particulier. Ecrivain, elle a notamment publié un essai sur Maurice Tabard (Belfond), les Docu- ments de la modernité (Jacqueline Chambon) La photographie plasticienne : un art paradoxal (Editions du Regard) et Mauvais Genre(s) (Editions du Regard). Journaliste, elle signe chaque mois la chronique "Photographie" de la revue Art Press. Source : http://relationsmedia.photographie.com/?prdid=116773&secid=12&rubid=126 Malgré ce désaveu des images, l'auteur propose, six ans après La Photographie plasticienne, Un art paradoxal (1998), un nouvel essai consacré à la photographie contemporaine. Reposant sur une actualisation des corpus et des thématiques abordés dans l'ouvrage de 1998, l'ouvrage tente une synthèse des différentes attitudes photographiques résolument inscrites dans le champ de l'art contemporain. Revendiqué comme «subjectif», l'exercice n'en est pas moins marqué par la virtuosi- té, tant les œuvres et les artistes évoqués sont nombreux et ont nécessité une répartition obligeant l'auteur à manier l'art des transitions. Chronique et analyse d'un champ artistique circonscrit à la photographie, l'ouvrage ne prétend pas au discours historien, il propose néanmoins un réel par- cours à l'intérieur des thèmes et de l'iconographie photographique. Revenant sur les standards du commentaire critique des années 1980-1990 (le banal, le trash, l'intime, le non-lieu, etc.) l'auteur entend les dépasser en montrant les inflexions qui leur ont été apportées par la création du début des années 2000.