HOMBLIERES Homblières Se Trouve Sur La Route De Saint-Quentin À
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
HOMBLIERES Homblières se trouve sur la route de Saint-Quentin à Guise, dans une petite vallée qui prend naissance au nord-ouest de Marcy et se dirige vers Saint-Quentin par Harly et les marais de la Somme. Ce que l’on remarque en allant de Saint-Quentin à Homblières, lorsqu’on arrive près de ce village, c’est une petite propriété dite de plaisance, située à droite sur le bord de la route, et dans laquelle s’élève une tour imitée de celles de Coucy le château. Plus loin, à gauche, on prend un chemin actuellement en voie d’élargissement et l’on arrive dans le village, tout près de l’entrée de la belle et vaste propriété de Mme Arpin, et dans laquelle on voyait autrefois une abbaye de moines bénédictins. Des chemins permettent de circuler librement autour de cette propriété close de haies et dans laquelle se trouvent de beaux et spacieux gazons de verdure, des arbres, des fleurs et des bosquets. C’est là que se trouve la fontaine Sainte Hunégonde, l’abbesse qui enrichit l’abbaye d’Homblières, fondée au VIIe siècle par Saint Eloi. « Sainte Hunégonde, dit l’abbé Peitavy, étoit une demoiselle noble du pays, native et habitante d’un hameau qu’on nomme Lambais, à une lieue et demie au midi de Saint-Quentin. Il est dit, dans la légende, qu’encore jeune et enfant elle alloit toutes les nuits assister aux prières que faisoient de saintes religieuses établies à Homblières. On appelle encore Chemin de sainte Hunégonde, un chemin vert conduisant des Lambais à Homblières. Sainte Hunégonde fut mariée à Eudalde, à qui elle persuada qu’avant toutes choses, il falloit aller à Rome. A leur arrivée dans cette ville, elle s’échappa de son mari et à son insçu, aux pieds du pape Martin V elle fit vœu de virginité. Son mari apprit cette nouvelle avec douleur. IL abandonna sainte Hunégonde qui revint toute seule à pied, et cepandant arriva avant son mari. De retour dans son pays, elle se retira au couvent d’Homblières, et en devint abbesse. Son corps fut retrouvé en 946, par Berthe, abbesse de ce monastère. » Voici ce qu’on lit, d’un autre côté, dans les mémoires de Colliette, au sujet de cette découverte : « Le corps de sainte Hunégonde avoit été confié à la terre après sa mort arrivée dans le septième siècle, mais on ignoroit l’endroit où il reposait. Enfin, il fut trouvé le sixième jour d’octobre de l’an 946 (deux cent quarante quatre ans après sa mort !) par la vénérable Berthe à qui le seigneur avait révélé le lieu de la sépulture. Un mois et et deux jours après qu’il fut découvert, Transmarus, évêque de Noyon, accompagné de Raoul, son archidiacre, qui lui succéda en 950 dans son siège épiscopal ; du prêtre Gison, coûtre de l’église de Saint- Quentin ; de Robert, doyen de la même basilique, et d’un nombre considérable d’autres personnes illustres, vint lui-même exhumer le corps d’Hunégonde. Ce riche dépôt, pendnant l’intervalle des trente-deux jours, dont on vient de parler, n’avoit cessé de jeter un éclat des plus radieux, de répandre une odeur des plus suaves et d’opérer d’insignes miracles. La cérémonie s’en fit le septième jour de novembre avec une pompe magnifique. Le même prélat, à l’instance de la même abbesse, accorda et annexa presqu’aussitôt à sa communauté l’autel de Saint-Quentin, c’est-à-dire l’église paroissiale du village même d’Homblières.» Paul Coliette a reproduit dans le premier volume de ses Mémoires pour servir à l’Histoire du Vermandois, l’acte de donation et d’annexion de la paroisse d’Homblières à l’abbaye, ainsi que treize autres chartes qu’il a extrait du cartulaire de cette abbaye. L’éclat radieux, l’odeur suave et les miracles, dont parle Colliette, font certainement sourire ; mais il faut songer que la chose s’est passée il y a bientôt mille ans, et que, malgré l’instruction répandue partout, la civilisation, la diffusion des lumières, et les progrès considérables de la science, nous avons encore aujourd’hui Notre-Dame de Lourdes avec ses fidèles croyants. 6 Il paraît qu’Eudalde ne pût jamais se consoler de ne pouvoir vivre maritalement avec la jeune femme qu’il avait épousée, et qu’il s’installa à Homblières et dota le couvent de grands biens afin de pouvoir mourir sous les yeux de celle qu’il aimait. Sainte Hunégonde termina sa carrière le 25 août de l’année 690 dans l’abbaye d’Homblières où elle fut enterrée. On ne connaît pas les abbesses qui dirigèrent l’abbaye avant elle, ni celles qui la remplacèrent après sa mort jusqu’à l’année 946 où il est fait mention de l’abbesse, décédée un an plus tard. 6 Les nonnes d’Homblières n’ont pas laissé une grande réputation de vertu. Après la mort de l’abbesse Berthe, elles se livrèrent à de scandaleux écarts, et furent remplacés, en 948, par de Bénédictins. Un historien du nom de Surius s’exprime ainsi sur ce changement. « La cause de l’expulsion des religieuses d’Homblières fut leur libertinage, qui s’étant introduit dans le secret des cellules, y avait causé d’horribles ravages dans ce sexe faible, au mépris de la virginité. Le scandale et la licence y avaient été introduits par un nommé Magnère, homme distingué par sa naissance dans le Vermandois, qui, ayant conçu un mauvais dessein sur une religieuse de cette maison, laquelle elle-même n’était pas sage, qui au contraire était d’une humeur pétulante et d’une mauvaise conduite, ressentit sur son corps la vengeance divine, par une pourriture qui s’y fit insensiblement connaître, et remplit tout le pays de la mauvaise odeur de son incontinence.» D’autres historiens racontent que les débauches de Magnère ou Magnier et des religieuses attirèrent sur les coupables et sur le couvent « l’indignation des hommes et la vengeance du ciel.» Il paraît, du reste, qu’à cette époque de croyance et de foi, les communautés de filles dans les campagnes étaient exposées à toutes sortes de dangers. 6 En 949, Raoul de Gouy ayant appris la mort d’Herbert II, comte de Vermandois, se porta avec ses troupes dans les environs de Saint-Quentin et incendia le monastère d’Homblières. Mais il reçut bientôt le châtiment de ses crimes. Les enfants d’Herbert marchèrent contre lui, l’atteignirent et le tuèrent. 6 Les Bénédictins qui remplacèrent dans l’abbaye les nonnes pécheresses y demeurèrent jusqu’à la Révolution. En 1793, ils furent dispersés comme tous les autres religieux, et leurs biens vendus ou confisqués au profit de la nation. Dès l’année 948, époque de leur entrée dans l’abbaye, les religieux eurent quarante-deux abbés, dont le dernier fut Louis-Hercule-Camille de Rohan-Guiméné. Il prit possession de son siège le 1er avril 1757. Le premier abbé fut un abbé nommé Bernier. Il prit possession de l’abbaye en 948. Il était fils illégitime d’une dame qui entretenait des relations adultérines avec un seigneur du nom d’Eilbert, et qui possédait le monastère d’Homblières à titre de bénéfice. La mère de Bernier se réfugia dans l’abbaye pour faire pénitence et rester avec son fils. Le comte Eilbert abandonna ses droits à l’abbaye, et lui fit don de la terre d’Homblières. Il se convertit ensuite et fit aussi pénitence. Bernier paraît avoir été un homme de valeur. On croit qu’avant de se faire moine, il avait eu une vie un peu agitée. On pense qu’il avait porté les armes, et qu’il s’était conduit souvent en courageux guerrier. Un seigneur de Gouy, nommé Raoul, ayant insulté sa mère, Bernier la vengea, en tuant l’insulteur, et s’en prit ensuite au neveu de Raoul. Il fallut l’intervention de sa mère, de son père, de ses amis et du roi pour le désarmer. C’est alors qu’il entra dans l’abbaye d’Homblières et qu’il appela des Bénédictins. 6 Il ne peut pas être question de faire, au cours de mes promenades, l’histoire de l’abbaye, ni celle de la commune d’Homblières, mais il me paraît utile cependant de reproduire certains détails qui ont leur intérêt. IL faut donc constater que d’après les récits des historiens, le monastère de sainte Hunégonde, dès qu’il fut placé sous la direction de Bernier, fit oublier les désordres qui s’y étaient produits après la mort de l’abbesse Berthe. « Une exacte clôture, une abstinence surprenante, une pauvreté parfaite ; un assidu travail des mains, un recueillement qui n’étoit jamais distrait, une prière continuelle, tout, dit Colliette, respiroit la piété dans ce monastère réformé ; tout y édifioit ceux qui le visitaient… Les personnes distinguées de la province y accouroient pour y passer les fêtes solennelles de l’année, et s’y édifier dans la conversation angélique des moines. – Un Robert d’Etaves, un Eudes le gros, ou Crassus, crurent en 1150, ne pas reconnaître trop chèrement la grâce qu’on leur fit de les admettre au nombre des religieux, en y attachant à perpétuité une partie des dixmes de Landricourt, ou le leur et les rentes pécuniaires d’Attilly qu’ils possédoient. Dans ce même temps, la dame Oda, épouse d’un Robert de Roupy, fit revêtir, dans Homblières encore, de l’habit religieux ses deux fils, Gérard et Jean, fort jeunes, et lui donna par reconnaissance les dixmes d’Ablaincourt.