ARAM, 15 (2003), 275-376 275

MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE1

SHAFIQ ABOUZAYD & HASSAN BADAWI

A. HISTOIRE DE MLIKH2

INTRODUCTION

Mlikh, un village libanais dans la région de Jabal RiÌane au Liban sud, est un sujet encore inconnu dans le monde académique. Aucune recherche scientifique n’a encore été entreprise sur ce sujet jusqu’à présent. Les écrits sur Mlikh et Jabal RiÌane sont inexistants aussi bien d’un point de vue géographique, historique qu’archéologique. En raison de cette absence totale de référence, nous avons ren- contré de nombreuses difficultés. Le résultat du travail que nous présentons ici n’est qu’une étude préliminaire qui a le mérite de dresser un tableau général et de mettre l’accent sur l’importance de ce site. Bien entendu des lacunes demeurent, nous en sommes conscients. Le but de cet article est de susciter l’intérêt pour cette zone chargée d’histoire et d’encourager des chercheurs à compléter notre travail. Ce n’est qu’un premier pas qui, nous l'espérons, sera bientôt suivi par des études plus approfondies et par des fouilles complètes de la zone.

I. LES NOMS DES SITES HISTORIQUES À MLIKH

Notre recherche est loin d’être finalisée, elle ne sera achevée qu’après une fouille archéologique complète de la région de Jabal RiÌane. Nous ne faisons ici que suggérer des pistes de réflexion pour une recherche future plus approfondie.

1. LE NOM MLIKH Le nom Mlikh est d’une racine sémitique formée des trois lettres mlk qui siginifie «roi» ou «régner».3 La prononciation actuelle du nom Mlikh4 est

1 Nous tenons à remercier tout particulièrement M. Albertino Abela et sa fondation Albert Abela Foundation/Cedrus pour sa générosité et son travail pour la conservation et la protection de la nature et du patrimoine historique et archéologique de Mlikh. 2 Ce chapitre est écrit par Dr. Shafiq Abouzayd (Oxford University). 3 Voir Dennis Pardee, Les Textes Rituels. Fascicule 2: Chapitres 54-83, Appendices et Figures, (Ras Shamra-Ougarit XII, Paris, 2000), p. 1180. Voir aussi Guy Bunnens, L’expansion phénicienne en Méditerranée, (Études de philologie, d’archéologie et d’histoire ancienne, Rome, 1979), pp. 35-36. 4 Le nom Mlikh pourrait être écrit Mlich, parce que le ch ou kh est la translitération de la sep- tième lettre de l’alphabet arabe Ì. 276 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE basée sur la forme emphatique mlkh de la racine sémite mlk.5 Le nom sémi- tique de Mlikh pourrait avoir des points communs avec le nom du dieu Molech,6 attestée en plusieurs endroits dans le monde phénicien et punique.7 Le village de Mlikh est entouré par une chaîne de montagnes (voir photos 1, 2, 10) qui contribue à son identité historique, en particulier avant le début de la période arabe au Moyen Orient avec l’Islam.

2. LA MONTAGNE DE JABAL ∑AFI/∑APHI8 Jabal ∑afi se trouve au nord de Mlikh (voir photos 3, 14) à une altitude de 1300 m environ. Le mot «Òafi/Òaphi» est d’origine sémitique provenant du Òpn, nom de la montagne ∑apanu,9 (∑aphon/Zaphon),10 qui est, selon les textes d’Ou- garit, ‘la montagne du Saphon, siège du Baal.’11 De plus, la forme de ∑PN, ∑APONI, forme le nom ∑APONI-BA‘AL et BA‘AL∑APHON (Seigneur du ∑aphon) utilisée dans les noms des personnes.12 «BA‘AL∑APHON est, à l’ori- gine, le dieu de l’orage qui se manifeste sur le Mont ∑aphon… Son nom sémi- tique Òpn pourrait effectivement se rattacher à la racine Òph signifiant ‘obser- ver’…»13 Par conséquent, je crois que la montagne de ∑afi (∑aphon) au nord de Mlikh était nommée d’après le «BA‘AL∑APHON», et elle pourrait être celle qui est mentionnée dans la Bible au nord d’Israël.14

5 Voir J. Hoftijzer and K. Jongenling, Dictionary of the North-West Semitic Inscriptions, (Brill, Leiden, 1995), p. 635. 6 Voir John Day, Yahweh and the Gods and Goddesses of Canaan, (Oxford, 2000), page 213 et voir aussi pages 214-215. 7 «A Carthage, on sollicite auprès de Mlk surtout la parenté en choisissant les deux éléments >Ì «frère» et >Ìt «sœur». Les attestations les incluant représentent plus de 40% des anthropo- nymes formés avec Mlk.» Ahmad Ferjaoui, Recherches sur les relations entre l’Orient phénicien et Carthage, (Editions Universitaires, Fribourg, Suisse, ), p. 467. Voir aussi Donald Harden, The Phoenicians, (London, ), pp. 85-95. 8 Dr. Youssef Hourani pense que le mot ‘Òafi’ dérive du mot ‘Òafoune’, le dieu égyptien adoré à Memphis en Egypte. Il explique que le mot ‘Òaphone’ est composé du mot ‘Òaf’ et du mot ‘one’. Ce dernier signifie en sémite ‘une maison’, ou un ‘refuge’. Hourani voit une relation directe entre le ‘dieu ∑afoune’ à Memphis et le temple du ‘prophète ∑afi’ à côté du village du Berta à l’est du Saida () au sud du Liban. La même expression ‘prophète ∑afi’ est donnée au temple sur le sommet de la montagne au nord-ouest du Mlikh. Voir Youssef Hourani, Le Connu et l’Inconnu du l’Histoire de Sud Liban (en Arabe), (Beyrouth, 1999), page 119. 9 Voir Dennis Pardee, Les Textes Rituels, p. 1200. 10 Voir Charles R. Krahmalkov, Phoenician-Punic Dictionary, (Orientalia Lovaniensia Ana- lecta, Leuven, 2000), p. 419-420. Voir Voir aussi John Day, Yahweh and the Gods and God- desses of Canaan, (Oxford, 2000), page 107. 11 Voir John Gray, Near Eastern Mythology, Mesopotamia, Syria, Palestine, (London, 1969), pp. 42 & 101. Voir aussi James B. Pritchard, Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Tes- tament, (Princeton, 1969), pp. 129-142, 147-148. 12 Voir Day, Yahweh and the Gods and Goddesses of Canaan, page 107. Voir aussi Krah- malkov, Phoenician-Punic Dictionary, p. 419-420. 13 Voir Edward Lipinski (Editeur), Dictionnaire de la Civilisation Phénicienne et Punique, (Brepols, 1992) p. 60. 14 Voir Day, Yahweh and the Gods and Goddesses of Canaan, pages 107-116, 170-184.Voir aussi Mark Smith, The Origins of Biblical Monotheism. Isarel’s Polytheistic Background and the Ugaritic Texts, (Oxford, 2001), pp. 130, 168. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 277

3. JABAL RIÎANE L’expression «Jabal RiÌane» est donnée à plusieurs villages (voir plan 4). Mlikh en est l’un d’eux. Sa superficie est d’environ 113km2.15 Jabal RiÌane (ou Jabal al’RiÌane) est entouré par plusieurs montagnes et collines. La plus haute atteint une altitude de 1400m environ, et elle est située à l’est de Mlikh. (Voir photos 2 et 6) Elle sépare le village de Mlikh du village de ‘Aramta qui semble avoir eu un rôle historique important.16 Cette haute montagne est appe- lée, par les habitants de Mlikh, ‘Ari∂ Zannar. Le mot Jabal signifie en arabe ‘montagne’, et le mot RiÌane ‘basilic’ (ocimum ou ocymum basilicum), une plante aromatique. Mais cette réfé- rence arabe du nom ‘Jabal RiÌane’ est loin d’être définitive, car la région est très ancienne puisqu’elle existait avant la période arabe. Par conséquent, le mot RiÌane pourrait avoir une signification sémitique en dehors de celle arabe.

4. LA MONTAGNE DE BIR KALLAB Elle se trouve au sud, à 1360m d’altitude et se situe au sommet de ‘Ari∂ Zannar (Voir photo 6). La signification de ce nom en arabe est très vague, à l’exception de la première partie Bir qui est d’une racine sémitique et qui signifie puits, citerne. Mais le mot Kallab en arabe n’a pas de sens. Je préfère recourir à une racine sémitique pour dévoiler le mystère de ce mot. Les lettres kll en langue punique signifient une certaine offrande religieuse qui inclut un sacrifice expiatoire.17 Et le suffixe ab signifie en langue sémite ‘père’. La racine b’r en langue punique signifie, comme en arabe, un puits d’eau, mais il indique aussi une tombe. Cependant, le nom Bir Kallab pourrait signifier ‘la tombe du sacrifice offerte au père’.18 Bir Kallab est un site important: il est considéré comme une extension natu- relle du site de Tanas.19 Aujourd’hui encore, il est possible de déceler les

15 «The study zone extends over an area of 113km2 ranging between 270 meters in the south, where the Liatni River constitutes a natural boundary, and 1700 meters to the north, near and Niha villages. It is composed of 24 cadastral areas, including eight inhabited villages (Kfar Houne, Mlikh, Louaizé, ‘Aramta, RiÌane, ∑rairi, ‘Aichyeh and Sejoud), and 16 farms (Roum- mane, Jabal ™oura, Mazra‘at el Rohbane, Daraya, Qo†rani, Qrouh, Khallet Khazen, Chbail, Zagh- rine, Mazra‘at Louzid, Jarmaq, ‘Aarqub, Mahmoudiye, Dimachqiye and Tamra).» extrait du rap- port de «Green Line» qui existe sur notre site internet en anglais: www.jabalrihane.org 16 Dr. Hourani dans son livre Hourani, Le Connu et l’Inconnu de l’Histoire du Sud Liban (en Arabe), pages 40, 79, 118 croit que ‘Aramta est le même que Yarmouta ou Yarmt mentionné dans les écritures hiéroglyphiques pendant le combat du pharaon Egyptien Ramsès II contre les Cananéens. 17 Voir Voir aussi J. Hoftijzer and K. Jongenling, Dictionary of the North-West Semitic Inscriptions, (Brill, Leiden, 1995), p. 513. 18 Le mot ‘père’ ici pourrait signifier le dieu Ba‘al qui était adoré, très probablement, à Mlikh. Voir plus haut section 1-2 est aussi plus bas section 1-5. Voir Krahmalkov, Phoenician-Punic Dictionary, p. 28. 19 Voir plus bas nos sections sur les sites historiques, pages 291-294. 278 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE traces d’une habitation ancienne, probablement phénicienne. Cependant, il est impossible de la visiter car elle a été minée par l’armée israélienne lors de son occupation du Liban Sud.

5. LA MONTAGNE DE BOURKAB Elle se situe au nord-est de Mlikh à une altitude d’environ 1300m. (Voir photos 1 et 8). Le mot ‘bourkab’ est d’origine sémitique qui dérive du Bé-’-li- ra-kab-bi «Ba‘al du chariot» du Sam’al.20 A l’origine, il était lié au nom de divinité dynastique RKB’L qui était connu à Sam’al.21 Les Textes d’Ougarit nous informent que «Barrakab de Y’DY-SAM’L est le fils de Panamu, le roi de Sam’al, serviteur de Tiglath-pileser, le seigneur des quatre coins de la terre.»22 Barrakab vivait au VIIIe siècle avant Jésus Christ à Sam‘al au nord de la Syrie, au pied de la montagne Amanous.23 Cela nous permettrait de suggérer que la montagne de ‘Bourkab – Barrakab’ à Mlikh était dédiée à cette divinité dynas- tique. Sur le sommet de cette montagne au nord-est de Mlikh existe un temple24 dédiée à Bourkab, qui est considéré par les gens, musulmans et chrétiens, comme un grand prophète de l’antiquité. En fait, les gens adorent ‘le prophète bourkab’ et ils savent bien qu’il n’appartient pas à la tradition musulmane ni à la tradition chrétienne. Bourkab est un signe clair de la survivance d’une réligion sémite (païenne) ancienne malgré la présence musulmane et chrétienne dans la région de Jabal RiÌane.

20 Voir Johannes C. de Moor, The Seasonal Pattern in the Ugaritic Myth of Ba‘lu. According to the Version of Ilimilku, (Alter Orient und Altes Testament 16; Neukirchener Verlag des Erzie- hungsvereins Neukirchen-Vluyn, 1971), p. 98. 21 «RAKAB-‘IL, dynastic god (b‘l bt) of the House of Mops(os) of the 9th century B.C. state of Sam’al», Krahmalkov, Phoenician-Punic Dictionary, p. 444. 22 James B. Pritchard (ed.), The Ancient Near East, volume 1: An Anthropology of Texts and Pictures, (Princeton, 1973), page 218, ANET, 501: ‘I am Barrakab, the son of Panamu, king of Sam’al, servant of Tiglath-pileser, the lord of the (four) quarters of the earth. Because of the righ- teousness of my father and my own righteousness, I was seated by my Lord Rakabel and my Lord Tiglath-pileser upon the throne of my father. The house of my father has profited more than anybody else, and I have been running at the wheel of my Lord, the king of Assyria, in the midst of mighty kings, possessors of silver and possessors of gold. I took over the house of my father and made it more prosperous than the house of one of the mighty kings. My brethren, the kings, are envious because of all the prosperity of my house. My fathers, the kings of Sam’al, had no good house. They had the house of Kilamu, which was their winter house and also their summer house. But I have built this house’. 23 Youssef Hourani a trouvé des connexions linguistiques entre Sam’al et plusieurs régions du Liban sud. Il a également trouvé que quelques dieux de Sam’al étaient vénérés au Liban Sud. De plus, il indique que le nom de la famille royale de Sam’al avait un parallèle au Liban Sud. Voir Hourani, Le Connu et l’Inconnu de l’Histoire du Sud Liban (en Arabe), pages 126- 127. 24 L’édifice actuel du temple, selon des sources orales locales, date du XIXe siècle. Nous n'avons pas pu visiter le site parce que la montagne est pleine des mines. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 279

6. TANAS Tanas se trouve au sud de Mlikh dans une petite vallée que les habitants appellent, la vallée de Tanas. (Voir photos 11 et 13). Le nom de Tanas est assez difficile à définir, mais nous pouvons suggérer que ce lieu était nommé en référence au roi phénicien de Sidon, Tennès.25 Il existe une autre probabilité, celle du mot ‘tanas’ ou ‘tana’ qui désigne en latin le nom d’un fleuve: le fleuve de Numidie.26 Ce nom latin correspond à notre Tanas traversé par un fleuve, le fleuve de Mlikh.27 (Voir photo 50 et plan 9). Mais cette hypothèse est très faible parce que notre Tanas à Mlikh existait avant la période romaine au Proche-Orient.

7. JABAL SEJOUD Il forme une partie importante de la chaîne de Jabal RiÌane et se trouve au sud de Mlikh. (Voir photo 5). C’est également le nom du village Sejoud, situé au sommet de cette montagne à une altitude d’environ 1200m. La racine du mot est sémite sgd qui signifie ‘se prosterner, s’incliner’. Les habitants de la région de Jabal RiÌane, ainsi que quelques documents historiques, nomment cette montagne en référence à un homme juif. Il existe à Sejoud un petit temple avec une tombe que les habitants appellent la tombe du «prophète Sejoud», en arabe ‘nabi Sejoud’. Les habitants des villages aux alentours de «nabi Sejoud» affirment que la personne enterrée dans ce temple est un «pro- phète juif» vénéré par les Juifs de Saida jusqu’à la création de l’état d’Israël en 1948. Dr. Estee Dvorjetski m’a indiqué que la tradition juive tardive consi- dère la tombe du «prophète» de Sejoud comme celle d’Oholiab, fils de Ahisa- mak, de la tribu juive des Dan. Il a été choisi pour aider Beçaléel à bâtir un sanctuaire au cours de l’exil du peuple d’Israël dans le désert.28 Dvorjetski rap- porte que la tribu juive des Dan s’est établie au nord d’Israël. La tombe d’Oho-

25 «En 346 (avant J.C.), nouvelle révolte du roi de Sidon, qui était alors du parc royal furent le signal de la révolte. Atarxerxès III Ochus, roi du Perse, marcha contre la Phénicie, brûla Sidon dont plus de 40.000 habitants, dit-on, périrent, et mit à mort Tennès, bien que celui-ci eût, dès le début, trahi son peuple au profit du roi de Perse. Straton II lui succéda.» G. Ccntenay, La civili- sation phénicienne, (Paris, 1926), p. 82. 26 Voir Charlton T. Lewis, Latin Dictionary, (Oxford, 1980), p. 1893: «Tana or Tanas, a river of Numidia, between Lares and Capsa, Sall. J. 90 fin.» Il y a aussi le mot Tanais en Latin qui était le nom d’un fleuve appelé aujourd’hui, Don. Voir Lewis, Latin Dictionary, (1893), p.1839. 27 Les données archéologiques confirment qu’il y a eu un peuplement pendant la période romaine à Tanas, mais nous ne pouvons pas confirmer que la région de Tanas à Mlikh était nom- mée en latin au cours de la période romaine en référence à son fleuve. 28 «Voici les comptes de la Demeure – la Demeure du Témoignage – établis sur l’ordre de Moïse, tradition des Lévites, par l’intermédiaire d’Itamar, fils d’Aaron, le prêtre. Beçaléel, fils de Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, fit tout ce que Yahvé avait ordonné à Moïse, et avec lui Oholiab, fils de Ahisamak, de la tribu de Dan, ciseleur, brodeur, brocheur en pourpre violette et écarlate, en cramoisi et en lin fin.» (Exode 38: 21-23). Voir aussi Exode 35: 34; 36: 1-2. 280 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE liab pourrait donc être celle de «nabi Sejoud» située au sommet de la mon- tagne du Sejoud.29

II. HISTOIRE MODERNE DE MLIKH

L’histoire moderne de Mlikh commence au XVIIIe siècle avec l’arrivée des familles Aboumelhem (ou Abou-Melhem) et Abouzayd (ou Abou-Zayd/ Abou-Zaid/ Abou-Zeid). Avant d’aborder cette histoire moderne, nous allons étudier l’histoire de Mlikh depuis le début de l’ère chrétienne jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

1. LE CHRISTIANISME À MLIKH AU COURS DES PÉRIODES ROMAINE ET BYZANTINE La première recherche archéologique30 menée sur Mlikh nous affirme qu’elle était occupée pendant les périodes romaine et byzantine. Cette recherche archéologique a, d’autre part, permis de découvrir deux poissons sculptés dans le roc de Mlikh. L’un d’eux se trouve sur la route intérieure du village à 50m à l’ouest de l’église de Saint Elie (voir photo 17). L’autre se situe dans la région historique de Tanas en amont de l’entrée principale de Wadi (la vallée de Mlikh)31 (voir photo 18). La sculpture de ces deux poissons est originale et a probablement été sculptée au cours de l’antiquité chrétienne. L’histoire chrétienne nous informe que le poisson était le symbole des chré- tiens pendant les périodes de persécutions, et était souvent utilisé par les pre- miers chrétiens pour indiquer leur lieu de rassemblement et de prière. Il y a au moins trois éléments qui nous permettent de confirmer la présence chrétienne à Mlikh avant l’ère byzantine: - les premières sources historiques et archéologiques attestent d’une conti- nuité de l’occupation humaine à Mlikh entre la période romaine et la période byzantine. - la vallée de Mlikh (Wadi) (voir photo 13) et le reste du village présentent jusqu’à maintenant un refuge naturel à ceux qui fuyaient les persécutions. - les poissons se trouvent dans des régions riches en grottes naturelles qui pouvaient être utilisées pour de petits rassemblements.

29 Dr. Estee Dvorjetski a soumis cette information au Dr. Shafiq Abouzayd dans une note per- sonnelle avec toutes les références historiques disponibles. 30 Voir au-dessous l’analyse archéologique du Dr. Hassan Badawi: chapitre B, pages 286- 297. 31 Il se trouve dans la propriété de M. Elias Amine Abouzayd. J’ai pris une photo de ce pois- son très semblable à celui qui se trouve à l’ouest de l’église de Saint Élie, mais le film a été endommagé et je n'ai pas pu sauver la photo unique de ce poisson historique. J’ai essayé de reve- nir à Mlikh pour prendre un nouvelle photo du poisson sculpté dans le roc, mais les soldats de Hizbollah ne m’ont pas permis de m’approcher du lieu où se trouve le poisson, parce que toute la région du Wadi est déclarée une zone militaire interdite au public. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 281

Nous n’avons aucune information concernant la présence chrétienne à Mlikh entre l’époque arabe et ottomane. En effet, les données historiques et archéologiques connues ne disent rien à ce sujet. Cependant, la présence chiite est bien attestée à Jabal RiÌane à la période des Fatimides.

2. LES CHIITES DE JABAL RIÎANE ET DE JEZZINE L’histoire du Liban nous informe que les chiites vivaient à Jezzine et à Jabal ‘Amil (y compris à Jabal RiÌane) depuis la période des Fatimides.32 Les musul- mans de Jabal ‘Amil ont été convertis au chiisme au IXe siècle par les Abbas- sides. Par contre, il nous est difficile d’évoquer le sort de la communauté reli- gieuse de Jezzine et de Jabal RiÌane pendant la période des Abbassides.33 Jezzine est devenue, au cours de la période mamelouke, un centre chiite très important. Le XIVe siècle représente son âge d’or. Après la révolution chiite contre les mamelouks à Kisrawan entre 1305 et 1307 A.D., un grand nombre de chiites ont trouvé refuge à Jezzine,34 devenue avec Jabal ‘Amil (bien com- pris Jabal RiÌane) un centre majeur du chiisme au Liban. La première école chiite du fiqh au Liban a été fondée à Jezzine au cours de la deuxième moitié du XIVe siècle par Imam Shams al’Din Muhammad B. Makki al’Jezzini, assassiné par les mamelouks en 1384.35 Les évènements historiques sanglants entre les chiites et les sunnites d’une part, et les chiites et les druzes d’autre part, ont abouti à l’extermination du chiisme dans plusieurs régions du Liban, tout particulièrement à Kisrawan et à Jezzine.36 La fin du chiisme à Jezzine a commencé au XVe siècle avec l’influence druze du Shouf, qui a tenté, pendant deux siècles, d’éliminer toute présence chiite dans la région.37 La situation

32 Voir Mohammad Ali Makki, Le Liban, 635-1516 A.D., (en arabe), (Dar AnNahar, Bey- routh, 1979), pages 105, 124, 153, 170, 223, 227, 229, 253, 268. Voir aussi Elias Kattar, «Géo- graphie de la population et relations entre les groupes du Liban à l’époque des mamelouks.», ARAM 9 (Oxford, 1997), pages 67-71. 33 Voir Kamal Salibi, Le Commencement de l ‘Histoire du Liban, (en arabe), (Beyrouth, 1979), pages 60, 73. Voir aussi Mohammad Ali Makki, Le Liban, 635-1516 A.D., pages 75, 82 sur la présence chiite au Liban sud durant la période des Abbassides. Il existe une tradition chiite tardive qui affirme que le chiisme a débuté au Liban sud au cours du règne d’Umayyades avec Abou Zer al’Ghafari. Voir Mohammad Ali Makki, Le Liban, 635-1516 A.D., (en arabe), page 56. 34 «La troisième expédition (des Mamelouks) est celle de 1305 A.D. Le gouverneur mame- louk de Damas al-Afram quitta Damas vers ‘la région de Kisrawan et du Jourd’. Il encercla la montagne de tous côtés. L’expédition se termina par la destruction du Kisrawan: les arbres furent coupés, les habitations détruites, une grande partie de la population (chiite) massacrée, une autre enrôlée dans les troupes de Tripoli (Jund al-Halqa) ou bien contrainte d’émigrer vers la région de Jezzine et de la Békaa.» Ibn ad-Dawadari, Kinz ad-Durar, T. 9, p. 40. La citation est faite selon Ahmad Hoteit, «Les expéditions mameloukes de Kisrawan: critique de la Lettre d’Ibn Taimiya au Sultan An-Nasir Muhammad Bin Qalawun.», ARAM 9 (Oxford, 1997), page 78. Voir aussi Kamal Salibi, Le Commencement de l ‘Histoire du Liban, pages 135-138. 35 Voir Mohammad Jaber Al ∑afa, Histoire du Jabal ‘Amil, (en arabe), (Dar AnNahar, Bey- routh, 1981), pages 234-235. 36 Voir Mohammad Jaber Al ∑afa, Histoire du Jabal ‘Amil, (en arabe), pages 81-134. 37 Voir Mohammad Makki, Le Liban, 635-1516 A.D., (en arabe), page 268. 282 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE s’est aggravée au cours des XVIe et XVIIe siècles avec les Emirs du Shouf, soutenus par les gouverneurs sunnites du pays.38 En 1711, Jabal ‘Amil et Jez- zine ont été soumises à l’autorité de l’Émir sunnite Îaidar Shehab. Le pouvoir féodal de Jezzine et de Jabal RiÌane était à la charge de la famille druze Jom- blate, ayant plus tard étendu son autorité féodale sur la région d’Iqlim ToffaÌ.39 Il est certain que les chiites de Jezzine et de plusieurs villages aux alentours surtout à Iqlim ToffaÌ, ont été petit à petit expulsés de leurs terri- toires entre le XVIe et le XVIIe siècle par les druzes du Shouf et les gouver- neurs sunnites.40 Dans le même temps, les druzes ont facilité, depuis la fin du XVIIe siècle, l’émigration des maronites du Nord du Liban vers Jezzine et la région du Shouf. Ainsi, la ville de Jezzine et les villages aux alentours sont devenus chrétiens à partir du XVIIIe siècle. Dès lors, la région de Jezzine n’a jamais cessé d’être dominée par une majorité chrétienne, essentiellement maronite. Toute la région de Jezzine et Jabal RiÌane ont été soumises à l’autorité de l’Emir Bashir al’Kabir II (1788-1840), et depuis le XVIIIe siècle, elles font partie intégrante de la géographie et de l’histoire du Mont Liban.41

3. LA FAMILLE ABOUMELHEM/ ABOU-MELHEM Il est bien certain que les chiites de Mlikh, comme dans toute la région de Jezzine et de Jabal ‘Amil, étaient déjà présents à Mlikh au moins depuis le début du deuxième millénaire.42 Etant données les atrocités commises contre les chiites, il semble que les chiites de Mlikh aient tout autant été expulsés vers le sud, parce que Mlikh était déjà vide de toute présence chiite avant l’arrivée de la famille Aboumelhem.43 En effet, nos ancêtres sont unanimes sur le fait que les chiites étaient déjà présents à Mlikh avant l’arrivée des chrétiens de Mlikh. La première famille chiites est la famille Aboumelhem, qui semble être composée de quelques individus travaillant dans l’agriculture. J’ai pu recueillir des éléments de tradition orale provenant de la famille Aboumelhem par l’in- termédiaire de M. Ibrahim Khalil Aboumelhem du village du RiÌane.44 Il me l’a raconté en juillet 2001 au cours d’un entretien dans la maison de sa fille à

38 Voir Salibi, Le Commencement de l ‘Histoire du Liban, (en arabe), pages 151-153. 39 Voir Kamal Salibi, Histoire Moderne du Liban, (en arabe), (Dar AnNahar, Beyrouth, 1978), pages 37-39. 40 Voir Mohammad J. Al ∑afa, Histoire du Jabal ‘Amil, (en arabe), pages 81-87, 108-115, 122-134. 41 Voir Kamal Salibi, Histoire Moderne du Liban, (en arabe), pages 11-22. 42 Voir notre recherche ci-dessus sur la présence des chiites à Jezzine et à Jabal ‘Amil, sec- tion 2, pages 281-282. 43 Mon calcul du nombre des chiites à Mlikh à cette période est basé sur le nombre actuel de chiites. Au début du XVIIe siècle il ne dépassait pas la moyenne de deux familles de vingt per- sonnes ou la moyenne d’une grande famille d’une quinzaine des personnes. 44 La famille Aboumelhem à RiÌane est originaire de Mlikh. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 283

Mlikh Joumana Aboumelhem.45 J’ai comparé ce récit à d’autres, sur bien des points, ces récits s’avèrent identiques.46 J’ai décidé d’évoquer le récit suivant car il m’est apparu plus cohérent. Ainsi Ibrahim Khalil Aboumelhem raconte: «La famille Aboumelhem à Mlikh est originaire de la tribu arabe ‘Inzah (ou ‘Inzi)47 de la ville du Najed du pays de Îijaz.48 Cette famille a émigré vers l’est de la Syrie. Une autre branche de la famille a continué vers Homos et Aleppe en Syrie.49 La branche de Homos porte le nom de Melhem. L’un de ses membres a émigré vers Hermel au nord de Békaa au Liban, et s’est converti au chiisme afin de pouvoir épouser une jeune fille chiite. Cette personne se prénommait Abou- melhem, ce qui explique qu’aujourd’hui la famille Melhem s’appelle Aboumel- hem. En effet, selon la tradition arabe, il est habituel de re-nommer le père et la mère par le prénom du premier garçon. Au cours de ses premières années de mariage, Aboumelhem a tué un homme à Hermel. Il a été contraint de fuir sa région afin d’échapper aux représailles. Il s’est réfugié dans la famille chrétienne féodale Skaff à Zahlé. Cette dernière lui a conseillé de se cacher à Mlikh car une partie de ce village lui appartenait. Il serait ainsi en sécurité. Aboumelhem s’est donc installé à Mlikh au milieu du XVIIIe siècle comme agriculteur. Son frère est venu lui rendre visite, et décida finalement de s’y établir. Ce dernier s’est marié avec une jeune fille chiite du village voisin de Jarjouh. Il s’installa avec sa famille dans le village de sa femme. Son frère était éduqué dans la langue arabe, ce qui explique son nom: «Mokalled» car il ensei- gnait aux enfants de Jarjouh. Les personnes de cette époque appelaient celui qui enseignait à l’école du village, ‘mokalled’, car il simulait le travail d’un homme de science. La famille de son frère à Jarjouh a conservé le nom de ‘Mokalled’ jus- qu’à aujourd’hui.»

La plupart des chiites du Mlikh appartiennent à la famille Aboumelhem. Les autres appartiennent aux familles Halawi, Soleiman, Mantash, Hammoud, Jadallah, Mokaddem et Jarawani.

4. LA FAMILLE ABOUZAYD/ ABOU-ZAID/ ABOU-ZEID / ABI-ZEID / ABI-ZAID Depuis 1970, j’ai recueilli un grand nombre d’informations les concernant. Certaines incertitudes historiques demeurent néanmoins, en particulier en ce qui concerne la transmission de la tradition orale. Le récit suivant est le seul connu certifiant de l’arrivée de la famille Abouzayd à Mlikh.

45 C’est la femme de M. Mohammad Ali al’Hajje Aboumelhem. 46 Les autres récits sont également oraux et tous transmettent les mêmes détails que ceux évo- qués par M. Ibrahim Khalil Aboumelhem. 47 ‘Inzi est la prononciation locale à Mlikh du nom ‘Inzah. 48 Philip Hitti, History of the Arabs, (in ), (, 1965), page 54 dit que la tribu ‘Inzah habitait le nord de Îijaz. Hitti ajoute que le poète et ascète arabe Abou-al ‘Atahiya (748- 828 A.D.) était de la tribu ‘Inzah, voir Hitti, History of the Arabs, page 493. 49 Philippe Hitti, Histoire de la Syrie, et du Liban et de la Palestine, volume 2 (en arabe) (Beyrouth, 1972), page 95 dit que la tribu ‘Inzah ne s’était installée à Badiyat al’Sham en Syrie qu’au début de la deuxième moitié du XVIIe siècle. Elle a suivi l’émigration de la tribu arabe Shommar de la ville de Najed en Îijaz. Hitti indique que la fameuse tribu arabe Roula était une branche de celle d’Inzah. 284 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Au début du XVIIIe siècle, au village de Rash‘in, à l’est de la ville de Zghorta situé au nord du Liban, quatre frères de la famille Abdoulmassih vivaient avec leurs parents du travail de la terre. Un officier de l’armée turque contrôlant la région, avait violé leur sœur. Cet événement traumatisant était considéré, à cette époque, comme un réel déshonneur pour la famille, ce qui avait incité les frères à venger leur sœur. Ils avaient donc tué l’officier ainsi que ses soldats. Cet acte engendra une réaction particulièrement violente de la part de l’armée turque locale. Elle envahit le village de Rash‘in afin de capturer «les quatre frères». Ces derniers avaient fui et s’étaient dirigés vers le sud avant l’ar- rivée de l’armée. Ils avaient choisi Jezzine comme lieu de rencontre. À partir de Jezzine, les quatres frères s'étaient à nouveau séparés et avaient pris une nou- velle identité. Le premier alla à Mlikh et prit le nom de Maroun. Plus tard il se fit appeler Abouzayd, car il était considéré comme un héros local. Le deuxième alla à Îasbayah au sud-est du Liban sud et se fit connaître sous le nom de al’Bawwab (le portier), car il était le portier du palais de l’Émir de Hasbayah. Le troisième alla se réfugier à Job-Jannine dans la Békaa et prit le nom de Rizq.50 Le quatrième qui s’appellait Tannous resta à Jezzine, mais il était connu sous le nom d’Aswad (le Noir), car il maquillait son visage en noir durant la fête de Sainte Barbara. Nous nous sommes plus particulièrement intéressés à l’histoire de Maroun. C’est de lui que provient le nom de la famille Abouzayd de Mlikh. Les ancêtres de Mlikh nous informent que leur grand-père Maroun était le plus recherché des quatre frères car il était considéré comme le plus fort et le plus dangereux d’entre eux. Pour cette raison, les ancêtres ont toujours refusé de parler de leur origine tant que l’armée turque résidait au Liban. Ce secret de plus de deux siècles n’a été dévoilé qu’après la deuxième guerre mondiale. Les ancêtres avaient en effet peur des représailles de l’armée turque, c’est pourquoi ils ont attendu plus de quarante ans après le départ des Turcs du Liban en 1918, pour commencer à en parler. Maroun s’est fait appeler Abouzayd parce qu’il avait tué un bandit noir qui terrorisait et attaquait les personnes sur le pont de Khardaly du fleuve de Litani au Liban sud. Le pont de Khardaly était sur la route qui menait de Jezzine à Hasbaya et à Marja‘youn. Tous ceux qui souhaitaient traverser le pont étaient attaqués et parfois tués par un bandit noir et fort. Maroun voulait rendre visite à son frère, Al’Bawwab, à Hasbaya. Dès son arrivée au pont de Khardaly, il avait été attaqué par le bandit noir. Après une lutte féroce, Maroun réussissait à le tuer et jeta son corps dans le fleuve de Litani. A son arrivée à Hasbaya, les habitants lui ont demandé comment il était parvenu à traverser le pont et à échapper ainsi au bandit noir. Abouzayd répondait qu’il l’avait tué et que désormais ils étaient libérés de son emprise et de sa violence. Les habitants

50 Rizq est un personnel arabe qui vient du mot ‘razaqa’: «procurer à quelqu’un des moyens de subsistance». Et ‘rizq’ signifie «gagne-pain; moyens de vivre; ressources». S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 285 s'étaient sont réjouis de cette extraordinaire nouvelle et ont crié leur joie et leurs remerciements: «vive Abouzayd al’Hilali!» Dès lors, son nom original, Maroun Abdoulmassih, a été remplacé par celui d’Abouzayd.51 Abouzayd s’était marié, avant son arrivée à Mlikh, à une jeune fille maronite de Jezzine issue de la famille féodale Nassif,52 qui gouvernait Jez- zine et Jabal RiÌane. La famille Nassif avait demandé à Abouzayd entre 1770 et 178053 de venir s’installer avec sa famille à Mlikh afin de diriger et de gérer le travail d’agriculture dans les propriétés de la famille.54 Abou- zayd s’était comporté de manière assez aristocrate à l’image de sa belle- famille. Les ancêtres nous rapportent que leur grand-père Abouzayd était de taille moyenne, fort et sûr de lui, et possédait un cheval et des armes. Il semble que la famille Nassif lui ait délégué une certaine autorité sur ses ter- ritoires à Jabal RiÌane afin de rétablir l’ordre et soumettre les rebelles à son autorité. Les ancêtres du village nous rapportent que les champs de la famille Nassif à Mlikh étaient revenus, par l'héritage, à leur fille qui s’était mariée avec Abouzayd.

51 Le nom «Abouzayd» est le nom d’un héros arabe ayant vécu dans la péninsule arabe au début du moyen âge. Son histoire empreinte d’héroïsme est devenue quasi légendaire dans la mémoire populaire. 52 La famille Nassif est une famille féodale maronite du nord Liban. Son chef portait le titre d’Émir et de Mokaddem. Elle paraissait sur les scènes de l’histoire maronite au XIIe siècle avec al’Mokaddam (Émir) Nassif Shkaiban (1146-1212) qui vivait à Wadi Qadisha. Il gouvernait aussi les pays de Jbail (Byblos) et de Batroun entre 1182 et 1195. Son frère Ibrahim était le gouverneur (Mokaddem) de Jounieh entre 1185-1192. Son frère Farah gouvernait la région de Wadi al’Qarn et Borj al’Kashshaf entre 1192-1200. Al’Mokaddem Nassif Youssif Bin Habib Nassif, de la famille d’Émir Nassif Shkaiban s’était installé à Jezzine en 1598. Sa famille est connue jusqu’à aujourd’hui sous le nom de Nassif. Il était chargé, par l’Émir du Liban Bashir al’Kabir II (1788- 1840), de gouverner la région de Jezzine et celle de Jabbal RiÌane. Il avait été également dési- gné, plus tard, secrétaire personnel de Bashir al’Kabir II. Voir Georges Kallas, « A‘lam Al Nas- sif fi Jezzine», Le Journal AnNahar, 26 octobre (1992), page 12, (en arabe). 53 J’ai pu me faire une idée assez précise de l’entrée d’Abouzayd à Mlikh à partir du registre de l’église paroissiale de Saint Elie à Mlikh. Les premières sources datent de la fin du XIXe siècle. Le registre indique le décès d’un fameux neveu d’Abouzayd, M. Dib Youssif Abouzayd, le 31 décembre 1915 à l’âge de 115 ans. Cette date nous confirme la naissance de Dib Youssif Abouzayd en 1800. C’était l’aîné de Youssif. Nous pouvons supposer que le père de Dib, Yous- sif, était né autour de 1780, parce que l’âge moyen du mariage se situait entre 16 et 22 ans pour la plupart des personnes de cette époque. Youssif n’était pas l’aîné d'Abouzayd, mais Elias, né entre 1770 et 1780. Cela nous amène à conclure qu'Abouzayd s’était marié entre 1760 et 1770 à une vingtaine d’années et plus probablement à l’âge de 22 ans. Nous pouvons supposer qu’ Abouzayd est né à Rash‘in entre 1740 et 1750, et il était à Mlikh autour de 1770. 54 Mlikh était aux XVIe et XVIIe siècles la propriété des familles féodales Nassif de Jezzine et Skaf de Zahlé. La femme d’Abouzayd, dont nous ignorons le prénom, avait hérité une partie de la propriété de sa famille Nassif à Mlikh, et ses enfants avaient acheté une partie des champs en contrepartie de leur travail pour les oncles de la famille Nassif. L’autre partie de la propriété de famille Nassif avait été concédée au couvent de l’Ordre des moines maronites Antonin de Saint Antoine de Jezzine. Les familles Abounelhem et Matta ont eu la possibilité d’acheter la propriété de la famille Skaf dans le courant du XIXe siècle. Les musulmans et les chrétiens ont continué d’acheter les terrains du couvent Saint Antoine de Jezzine jusqu’au début de la deuxième moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, Mlikh appartient entièrement à ses habitants. 286 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

La plupart des chrétiens de Mlikh sont issus de la famille Abouzayd. D’autres familles chrétiennes coexistaient à Mlikh, certaines d’entre elles s’étaient installées à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, comme la famille Matta55, et les familles Costantine et Nasr à partir de la première moi- tié du XXe siècle.

B- ARCHÉOLOGIE À MLIKH56

I. LOCALISATION ET SITUATION HYDROLOGIQUE

Mlikh (voir plan 1) est entouré par les plus hautes montagnes du Liban sud (voir photos 1-14) et se situe au nord de Jabal RiÌane (voir plan 4). Cette zone se trouve à 90km au sud de Beyrouth, à 46 Km à l’est de Saida, et à 10Km au sud du Jezzine.57 Son altitude varie entre 850m et 1100m. La dépression entre les montagnes est composée d’étroites bandes de terre fertile le long du fleuve (voir plan 6): deux vastes terrasses à l'est et à l’ouest, entrecoupées par de hauts plateaux disposés en terrasses. Nous avons fait une incursion dans les hauts plateaux à l’Est du fleuve afin d’inspecter le site de Tanas (à une altitude de 890m et à 50m du bord du fleuve). (Voir photo 9 et plan 9). Il s’agit du lieu de la découverte d’un célèbre vestige archéologique connu à Mlikh sous le nom de «temple du Tanas» (Voir plans 7-9). La zone montagneuse autour du site, très favorable à l’élevage saisonnier, était peu peuplée dans l’antiquité car d’accès difficile. (Voir photos 11-13). D’un point de vue plus général, cette région fait partie de Jabal RiÌane et, plus précisément, de ce qu’il est convenu de nommer la dépression de Mlikh, (voir plans 4 et 6) sur le piémont ouest de Jabal ‘Ari∂ Zannar. Cette situation explique le relief: des vallées étroites et encaissées Jabal Nabi Bourkab (voir photos 1 et 8) Jabal ‘Ari∂ Zannar (voir photo 6), Qassayer (voir photo 14), Jabal ‘Ari∂ Shoumar (voir photo 14), Jabal ∑afi (voir photo 4), Tellat al’∆ahra, Shwarat (voir photo 10-12) et Qal‘et el’Ghar (voir photo 11). Elles sont entrecoupées par de hauts plateaux d’où les sources abondent (‘Ain

55 La famille Matta a la même origine que la famille Skaf du Zahlé. Le premier descendant de cette famille ayant habité à Mlikh s’appelait Matta Skaf. Plus tard, toute sa famille s’est fait appe- ler d’après son prénom Matta (Matthieu). Matta Skaf a été envoyé par sa famille, famille féodale originaire de Békaa, comme travailleur dans les champs à Mlikh. 56 Ce chapitre est écrit par Dr. Hassan Badawi (Université Libanaise). 57 On peut l’atteindre par les routes suivantes: A: Saida – Jezzine – Kfarhouné – Mlikh. B: Saida – Maghdouché – ‘Anqoun – Sabra – Houmine el’Fawqa – Jarjouh – Lowaizé – Mlikh. C: Saida – Zahrani – Zefta – Habbouch – ‘Arabsalim – Jarjouh – Lowaizé – Mlikh. D: Nabatiyé – Arnoun – ‘Aychiyé – RiÌane – ‘Aramta – Mlikh. E: Nabatiyé – Kfar’roummane – Habbouch – ‘Arabsalim – Jarjouh – Lowaizé – Mlikh. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 287 al’∑oÌÌah, ‘Ain al’Îayat, ‘Ain Abou el Fateh, Naba‘at Qla‘it, ‘Ain Achcha- miyé, ‘Ain Kfarchanna, ‘Ain el‘Arajé, etc.). Cette localisation explique la den- sité du réseau hydrographique et la pérennité des eaux, provenant principale- ment de la fonte des neiges et des pluies. Cette situation climatique a toujours imposé l’apport artificiel d’eau pour la culture intensive, ce qui explique l’ins- tallation d’une communauté humaine devenue sédentaire de ce fait. Les fortes précipitations ont lieu, dans la région, du mois d’octobre au mois d’avril.58 Pendant la période hivernale, les hauts plateaux du Jabal RiÌane reçoivent, sous forme de pluie et de neige, un volume d’eau compris entre 300 et 7000mm. A titre d’exemple, entre le 2 et le 5 janvier 2002, 75cm de neige sont tombés dans le village de Mlikh et plus d’un mètre au sommet des hautes montagnes de Jabal RiÌane. Les eaux souterraines et celles provenant du ruis- sellement, se rencontrent à la surface des marnes calcaires et des terrains argilo-ferrugineux59 (terrae Rossae discontinues et peu profondes. Voir plan 10). Les failles calcaires permettent à l’eau de pénétrer les couches imper- méables et les mènent jusqu’à la surface. C’est pourquoi il est possible de voir jaillir plusieurs sources dans la région. L’eau de pluie et des sources ayant parcourus les vallées en passant par le territoire de Mlikh, se présentent sous forme d’un réseau de fleuves hivernaux, donc saisonniers (voir photos 9 et 50). La couche superficielle des sols est constituée de fines particules fertiles qui expliquent la richesse et la diversité du paysage. Différents types d’arbres coexistent, ce qui donne une impression d’extrême opulence. (Voir photo 15).

II. LES VISITES ARCHÉOLOGIQUES

L’intérêt archéologique pour Mlikh est très récent. La première attestation d’une occupation humaine a été rendue possible lors de la visite des respon- sables du bureau de la Direction Générale de l’Antiquité (DGA) de Saida, sur ce site. Elle a eu lieu le 23 mai 2001, attestée par un écrit du Dr. Shafiq Abou- zayd et enregistrée à la DGA de Beyrouth. A la suite de cette visite, le Dr. Abouzayd m’a demandé de visiter personnellement les lieux historiques de Mlikh et d’écrire un rapport préliminaire afin de donner une idée générale de l’importance archéologique et historique de ce village libanais. La prospection des lieux archéologiques a été rendue possible grâce à l’autorisation de la DGA de Beyrouth. En effet, sans une étude sérieuse sur Mlikh aucune vérité historique ou culturelle ne serait révélée, ce qui eût été regrettable étant donné

58 Voir Ali Faour, Le Sud du Liban : la nature et l’homme, Tome 1, (Beyrouth, 1985), pp. 85- 104 (en arabe). 59 Voir Willy Verheye, ‘Sur la nature de l’horizon dans les sols rouges méditerranéen du Liban sud’, Hannon, vol. VII (revue libanaise de géographie, université libanaise, Beyrouth, 1972), pp 29-40. 288 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE la qualité et la richesse de ce site. En comparant la modicité des informations recueillies par le Dr. Shafiq Abouzayd,60 et celles consécutives à notre recherche, nous avons mis en évidence des éléments riches sur l’existence d’une civilisation passée. Ces éléments nous invitent à pousser plus loin notre étude et prouvent l’importance de premier plan de la région de Mlikh.

1. MÉTHODOLOGIE L’approche historique de Mlikh et la préparation de ce rapport préliminaire sont basées sur la prospection des zones où ont été trouvés des vestiges d’oc- cupation ancienne et sur le ramassage des tessons de terre cuite et de céra- mique qui ne nous permettent pas, cependant, de dater ce lieu de façon précise. La répartition du peuplement et le patrimoine historique que nous avons res- titués à travers les découvertes sont particulièrement intéressants. Notre inter- prétation est fondée sur l’analyse précise des données de la distribution des vestiges. Cette recherche s’est limitée à: - donner une estimation des vestiges archéologiques - utiliser le nombre de céramiques recueillies comme un indicateur relatif à la période d’occupation des vestiges.

L’intérêt de ces estimations est de dessiner les traces d’une installation humaine, qu’on essaiera d’associer à ce qu’on connaît par ailleurs de l’histoire de Mlikh. Le repérage des sites s’est fait en plusieurs étapes, dans le but de créer un répertoire des vestiges archéologiques et de le replacer dans le cadre de la réserve naturelle de Mlikh. Précisons ici que toutes les phases étaient limitées, autrement dit, tributaires de l’existence de mines dans l’aire de pros- pection (voir photos 108 et 109). La recherche archéologique de Mlikh a été conduite par moi-même, le Dr. Hassan Badawi, avec la collaboration du Dr. Shafiq Abouzayd, de l’archéo- logue Joumana Khoury, avec l’aide du Dr. Ahmad Youssif Abou-Melhem (Université libanaise), du Dr. Ali Youssif Abou-Melhem (Université liba- naise), de M. Jean Bahjat Abouzayd, et du maire de RiÌane, M. Mohammad Faqih. Cette première recherche s’est achevée en 2001 – 2002 après plusieurs visites. Elle se résume en quatre temps:

Septembre 2001: Zone I: Zone de Tanas et la zone moyenne. Elle corres- pond au secteur méridional appelé Tanas, où l’occupation semi-sédentaire est confirmée par les vestiges archéologiques. Elle correspond au secteur moyen qui s’étend jusqu’au bord du ruisseau. C’est une riche zone d’arboriculture. Nous supposons que ce secteur se caractérisait par une viticulture rentable dans l’antiquité.

60 Voir plus haut chapitre A, pages 275-279. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 289

Lors de la première phase, nous avons étudié la zone de Tanas et les pla- teaux – terrasses le long du Wadi (la vallée). Cette étude a eu lieu lors d’une excursion de 3 heures, dans l’après midi du 16 septembre 2001, en compagnie du Dr. Shafiq Abouzayd et de Jean Bahjat Abouzayd. Cette phase a été notre premier contact avec le terrain. Ce fut l’occasion d’une prospection méticu- leuse de la surface d’une butte rocheuse de 1000m2. Nous y avons repéré les traces d’une fortification aujourd’hui encore apparentes (voir photos 19-39).

Octobre –2001: Zone II. Elle correspond au secteur occidental où se trouve le cimetière chrétien daté de 1927 de notre ère. Elle est riche d’arbres de type «Quercus ilex», et d’un paysage naturel étonnant, mélange d’«arbres-roches» et de quelques terrasses d’arboriculture moderne. (Voir photos 76-79). Aucune trace d’occupation ancienne n’est signalée dans cette zone. La visite s’est effectuée avec l’aide de Jean Bahjat Abouzayd. Nous avons aussi visité le secteur corres- pondant à l’entrée nord-est de Mlikh, le long le ruisseau venant de Kfar Houné, prenant la nouvelle route asphaltée communiquant entre les deux villages. Nous avons ici signalé une dizaine d’installations de maisons construites en pierre. Ce secteur correspond probablement à une zone d’occupation ancienne.

Novembre 2001: Zones III et IV. Elles correspondent au village et au secteur occidental appelé Dahr el’Borj. La recherche, dans le secteur oriental du village (Zone III), a eu lieu au cours de la visite conduite par le Dr. Ali Youssif Abou- Melhem. Nous avons visité le cimetière musulman daté de 1890 (voir photos 66- 69) et la mosquée datée 1903 (voir photos 72-75). Les fouilles de la Zone IV ont été conduites en collaboration avec le Dr. Shafiq Abouzayd, l’architecte Moham- mad Faqih, l’archéologue Joumana Khoury et M. Jean Abouzayd. Nous avons trouvé deux sortes d’occupation ancienne de grande valeur historique: - la présence de deux tombes rupestres (voir photos 45-46 et 51-53) d’épo- que antique (secteur IVa). - l’existence de fondations d’une fabrique de vin et de mélasse (voir photos 58-60) (secteur IV.b). Nous avons fouillé le secteur IV.c à la recherche de traces d’occupation dans la zone appelée ∆ahr el’Borj. Cette recherche n’a donné aucun résultat probant. Nous avons néanmoins signalé des tra- vaux correspondant à des activités à caractère arboricol et d’élevage du XXe siècle (voir photos 62-65).

Janvier 2002: Zone V. La zone sud de Tanas a été fouillée en janvier 2002 avec le Dr. Shafiq Abouzayd. Nous y avons trouvé un hypogée rupestre (voir photos 54-57).

III. L’ACHÉOBOTANIQUE DES RESSOURCES NATURELLES DE MLIKH

Dans le cadre d’une étude archéobotanique du site de Mlikh, la recherche s’est limitée à des données d’ordre général.61 L’étude des variétés d’arbres sau- 290 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE vages et d’autres cultivées ainsi que leurs liens avec les vestiges archéologiques ont été découverts. C’est que nous avons appelé «l’emprise des occupants sur la végétation naturelle». Cette approche doit constituer la base de données princi- pales pour de futurs sondages et fouilles. L’étude des restes d’espèces végétales provenant de ce site archéologique a permis de découvrir des restes de charbon, de semis, de pollens etc. Ces éléments permettent d’attester que les occupants de cette région pratiquaient l’arboriculture durant l’Antiquité.

1. LE CHÊNE (QUERCUS ILEX). (Voir photos 10, 15) Les glands constituent une nourriture de base pour différentes espèces d’ani- maux sauvages et domestiques. Ils étaient également utilisés pour d’autres usages très importants depuis l’antiquité: l’une est l’extraction du tannin utili- sée pour l’acidification des vins.62 L’autre utilisation est dans l’alimentation humaine: le fruit sec est entré dans le régime alimentaire de différentes popu- lations, constituant même la nourriture de base. Pour être consommés, les glands requièrent une opération simple d’extraction du tannin dont la quantité varie d’une saison à l’autre. Deux possibilités s’offrent aux populations: la cuisson des fruits ou bien la dissolution du tannin dans l’eau.63 Le gland est, depuis le néolithique, un fruit essentiel dans l’alimentation ani- male et humaine. Il est resté une nourriture de secours jusqu’à une période très récente. En dehors de son usage alimentaire, les glands sont utilisés pour obte- nir des teintures: teinte de brun ou de gris. L’écorce, les galles et les fruits sont surtout connus pour tanner les cuirs. Les glands étaient également utilisés dans l’antiquité pour un usage médical.64 Les glands seraient d’utilisation encore plus ancienne puisqu’ils figurent dans des récits phéniciens.65 La représentation artistique des glands était très répandue en Phénicie. Les sites archéologiques du Liban ont livré à l’époque Romano-Byzantine des mosaïques décorées de glands, comme c’est le cas à Beit Meri,66 à Tyr et à Ouza’i67. Ceci prouve donc que les glands ont constitué une nourriture de base à l’époque antique au Liban.

61 L’étude botanique de Mlikh est menée par Dr. George Tohmé (CNRSL) et son groupe. Il a commencé cette recherche en janvier 2002 et sera achevée en 2004. Les résultats de sa recherche seront publiés sur l’internet: www.jabalrihane.org 62 Voir Philippe Marinval et Nathalie Rouquerol, L’archéobotanique I-II-III-IV, Fiche sup- plement du N o 382 d’Archéologia, (2001), pp. 66-70. 63 Voir Philippe Marinval et Nathalie Rouquerol, L’archéobotanique, p. 68. 64 Voir Peter Conway, Tree Medicine, (London 2001), pages 251-253. 65 Voir Joseph Chami, De la Phénicie, (Librairie du Liban, Beyrouth, 1967), pp. 63-71. 66 Voir Nina Jidejan, Beirut through the Ages, (Dar al-Mashreq, Beirut, 1973), pp. 49-52, plate 180. 67 Durant la préparation du corpus des mosaïques sous ma direction à Tyr, j’ai signalé la présence des glands figurée sur une des mosaïques d’époque Byzantine. Le même dessin des glands figurent sur une des mosaïques d’Ouza‘i conservé au musée de Beit-eddine (au Liban). Voir Hassan Badawi, ‘Techniques de la mosaïque: une mosaïque de techniques’, Le Catalogue du Beiteddine Festival (Beyrouth, 1998), page 121. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 291

2. LA VIGNE Sa distribution géographique en Phénicie semble avoir été, à l’origine, très étendue.68 La vigne était utilisée comme un fruit consommable au cours des repas et dans la production de vin et de mélasse. Les anciens de Mlikh racon- tent que la vigne était la plante principale des paysans de Mlikh avant la deuxième guerre mondiale. Ils utilisaient le raisin comme un fruit et servait de base à la fabrication de la boisson libanaise ‘arak’ et dans la production de la mélasse. Une maladie inconnue a provoqué la disparition presque totale des vignobles. Ce ravage a eu lieu au cours de l’année 1941. Après cette catas- trophe naturelle, les paysans de Mlikh n’ont jamais tenté de replanter leurs vignobles mais ont conservé la tradition libanaise campagnarde de planter des vignes devant chaque maison pour se cacher du soleil en été et avoir du raisin à consommer. (Voir photo 106).

3. L’OLIVIER. L’histoire de l’olivier à Mlikh est très ancienne. Il est devenu aujourd’hui l’arbre le plus utilisé dans l’arboriculture à Mlikh. Il n’y avait jamais à Mlikh de pressoir d’olives, on en trouvait dans la vallée de Zahrani à 2 km. de Mlikh.

IV. LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE ANCIEN

1. LE SITE DE TANAS Le site repéré est de taille réduite, et semble être associé à un mode de vie semi-sédentaire lié à l’arboriculture. a. Les dimensions du site: a.1. La superficie du site: La longueur du site que nous avons photographié est de 60 mètres et sa lar- geur varie entre 20 et 25 mètres. Il était bâti sur un seul roc plat avec une vue sur le Wadi (vallée) de Mlikh vers l’ouest et une vue sur le Wadi (vallée) de Tanas vers le sud. Il s’agit d’une implantation temporaire comportant deux types d’aménagement. Le premier est la fortification-ferme construite au-des- sus d’un vaste promontoire rocheux de 1000m2, le deuxième est un abri natu- rel au sud et au-dessous de la fortification. Cet ensemble est appelé Tanas.69 Il comporte des subdivisions internes. Les aménagements construits sont limités à des murets en pierre, mélangés à des pierres bien taillées (voir photos 25-33), délimitant un cercle irrégulier fermé sur 3 côtés et ouvert vers l’est à travers une petite entrée.(Voir photos 21 et 22 et plans 7 et 8)

68 Voir Joseph Chami, De la Phénicie, p. 65. 69 Voir l’explication du nom au-dessus chapitre A, section 6, page 279. 292 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE a.2. Les pierres taillées du site: J’ai seulement choisi quelques grandes pierres bien taillées pour donner une idée de la grandeur des pierres utilisées pour bâtir ce site.

- Pierres nord-ouest (voir photos 25-30) 1ère Pierre: Hauteur 55 cm. Largeur 53 cm. Longueur 52 cm. 2ème Pierre: Hauteur 95 cm. Largeur 155 cm. Longueur 100 cm. 3ème Pierre: Hauteur 80 cm. Largeur 94 cm. Longueur 136 cm. 4ème Pierre: Hauteur 102 cm. Largeur 67 cm. Longueur 135 cm. 5ème Pierre: Hauteur 93 cm. Largeur 103 cm. Longueur 158 cm.

- Pierres ouest (voir photos 31-33): 6ère Pierre: Hauteur 58 cm. Longueur 92 cm. Largeur 70 cm. 8ème Pierre: Hauteur 57 cm. Longueur 72 cm. Largeur 49 cm. 9ème Pierre: Hauteur 55 cm. Largeur 73 cm. Longueur 97 cm. 10ème Pierre: Hauteur 51 cm. Largeur 68 cm. Longueur 61 cm.

- Pierres est (voir photos 34-36): 11ème Pierre: Hauteur 50 cm. Largeur 50 cm. Longueur 120 cm. 12ème Pierre: Hauteur 71 cm. Largeur 66 cm. Longueur 106 cm. 13ème Pierre: Hauteur 64 cm. Largeur 94 cm. Longueur 75 cm.

a.3. La murette est: C’est la murette la plus longue du site (voir photo 36): Hauteur 1.30 cm. Longueur 20 mètres. Il y a d'autres murettes des côtés est et nord, mais elles sont plus petites, et elles ont subi des travaux humains récents. (Voir photos 21 et 34-35).

b. L’eau à Tanas Il y a sur le rocher de ce site une fontaine d’eau hivernale, qui suggère une uti- lisation religieuse ou sanitaire liée au temple (voir photo 37). D’autre part, le monument est composé d’un point d’eau qui se trouve non loin de l’entrée est du site. Il s’agit d’un bassin de forme rectangulaire utilisé soit pour l’eau potable soit pour l’élevage (voir photos 38 et 39). Il existe aussi une autre source d’eau celle du fleuve du Mlikh qui est à 50 mètres du site (voir photo 40).

c. Les Céramiques Le ramassage des tessons s’est limité à en collecter un nombre raisonnable mais suffisamment important pour les dater afin d’établir une sorte de typo- chronologie de la céramique, et dégager ainsi des catégories.70 La finalité est

70 Voir Alessandra Molinari, ‘Ceramica’, Dizionario di archéologica, (Roma-Bari, 2000), pp. 53-60.Voir aussi A. Balfet et alü, Lexique et typologie des poteries: pour la normalisation de la description des poteries, (Paris, 1989). S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 293 d’en faire un dessin lorsque cela est possible. Le résultat ainsi obtenu sert à l’étude chronologique. L’étude complète de la céramique (l’analyse stylistique et systématique des éléments et la recherche de leurs parallèles) sera envoyée à la Direction Géné- rale des Antiquités, en espérant qu’elle obtienne l’accord nous permettant de faire une prospection scientifique bien organisée et recueillir ainsi de nou- veaux objets en terre cuite et en céramique. Nous avons collecté une dizaine de tessons provenant de différentes époques anciennes surtout des époques phénicienne et byzantine. Il semble que la céramique recueillie corresponde à une fabrication artisanale pour un usage quotidien (voir photos 41-43). La fiabilité relative à la restitution des tessons sur les plateaux et sur les ter- rasses est liée à des cas possibles de phases de non occupation du site. Les causes de ces effacements sont diverses. Il s’agit soit d’alluvions provenant de la rivière et de la pluie, masquant ainsi les occupations les plus anciennes, soit des labeurs et de l’irrigation continue depuis deux siècles ayant peu à peu abîmé les vestiges et les ont fait disparaître.

Tous les objets répertoriés sont à l’état de fragments. Ils comportent pour l’essentiel des fragments de lèvres, de fonds de vases et d’anses (voir photo 41). Ils sont repartis en 4 groupes:

c.1. Plats et assiettes (récipients ouverts à parois fortement évasées): (voir photo 41) a. Amphores (récipients fermés munis d’un col, munis ou non d’une anse, à panse globulaire ou avoïde). Elles ont servi à transporter ou à conserver les denrées (vin, huile..) b. Cruches (récipients fermés servant à verser) munies d’une ou deux anses collées verticalement du col à la panse ou de la lèvre à la panse (voir photo 41 et 42).

c.2. Marmites (récipients fermés utilisés pour la cuisson des aliments) (voir photo 43).

Ce matériel prouve donc une occupation du site aux époques phénicienne et byzantine d’après une observation de Claude Doumit Serhal. d. l’identité du site Nous pensons que l’installation mise en évidence dans la zone de Tanas, a pu répondre à des vocations différentes:

- L’existence d’un fleuve à Tanas (voir plan 9 et photos 40) et d’une source d’eau hivernale située dans le roc du monument, (voir photo 37) nous permet- 294 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE tent d’envisager l’hypothèse suivante: cette installation correspondrait à un temple primitif de Tanas, dieu du fleuve, protecteur des sources d’eaux.71 Ce rite provient de la mythologique grecque. Il faut noter que les dernières recherches archéologiques n’ont pas permis d’accréditer cette thèse.

- Les tessons recueillis à l’intérieur de l’installation (voir photos 41-43) datables des époques phénicienne et byzantine, sont liés à une occupation de l’époque antique. Nous pensons que quelques fidèles au christianisme au cours du Bas Empire Romain se sont trouvés face à des persécutions en raison de leur appartenance à une autre croyance religieuse. Ils ont été contraints de se réfugier dans cette zone, protégée par sa nature montagneuse.72

- Profitant de ces ressources naturelles: eaux, glands, terre fertile à l’arbo- riculture, les habitants de cette région ont développé des structures architectu- rales particulières et ont transformé ce lieu en un petit hameau ou en une petite ferme destinés à accueillir les agriculteurs. L’abri naturel au-dessous de cette installation a dû servir, dans l’antiquité, à des activités quotidiennes telles que l’élevage ou l’agriculture.(Voir photos 18-19, et 24).

- La découverte des quatre tombes rupestres dans la zone nord du site (voir photos 45-53) et un cinquième à Wadi Tanas à 100 mètres du site (voir photos 54-57) sont l’indice d’une colonisation de l’époque phénicienne. L’occupation en question a été de longue durée, jusqu’à l’époque byzantine tardive. Il semble que la région ait été abandonnée après les croisades, et réoccupée de nouveau au XVIIIe siècle.73

2. LES TOMBES RUPESTRES (HYPOGÉES / LOCULI) Sur la partie méridionale du plateau rocheux de Mlikh s’étend la nécropole antique et byzantine du site: quatres hypogées creusés dans le roc de la pente rocheuse de la colline bordent les terrasses au nord du fleuve.74 (Voir photos 45-53) La typologie architecturale de ces deux tombes rupestres est semblable à celle de Sidon (Saida), d’Ornithpolis (‘Adloun) et de Tyros (Tyr-Sour), toutes trois d’époque byzantine.75 Si quelques hypogées furent détruits ou couverts par des terrasses cultivées, les quatre qui ont été dégagés sur le territoire du village prouvent ici la densité

71 Voir Angela Cerinotti, Atalante dei mitli dell’antica grecia e di roma antica, (Demetro, Italia, 1998), p. 445. 72 Voir au-dessus chaiptre A, Section II: 1, page 280. 73 Voir plus haut chapitre A, Section II: 2, pages 281-282. 74 Voir Marc Griesheimer, ‘Cimetière et tombeaux des villages de la Syrie du nord’, Syria, Tome LXXIV (1997), pp. 165-211. Et voir aussi Pasquale Testini, Archéologia Cristiana, (Edipuglia – Bari), pp. 95-97. 75 Voir Ernest Renan, Mission de Phénicie, (Paris, 1860), pp. 367, 437, 657. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 295 d’occupation de Mlikh aux époques phénicienne, romaine et byzantine. Tous les hypogées que nous avons visités sont encore à dégager. a. Le premier hypogée / loculus Il se compose d’une ouverture menant à une petite cour rectangulaire autour de laquelle sont aménagées des tombes à loculi.(Voir photos 45 et 46) a.1. Les dimensions du premier hypogée: Porte: hauteur 96 cm. Largeur 97 cm de l’extérieur. Largeur de l’intérieur 60 cm. Cour: Longueur 71 cm. Largeur 135 cm. Je ne pouvais pas prendre la hauteur parce qu’il y a beaucoup de terre accumulée au sol. La chambre intérieure: Longueur 172 cm. Largeur 250 cm. Hauteur 152 cm au-dessus des décombres. À cause de ceux-ci, je ne pouvais pas voir les deux sarcophages qui sont couverts par les décombres. À l’intérieur de la chambre, il y a un sarcophage (loculus) creusé en pierre vers l’ouest (à gauche) qui se lève du niveau des autres sarcophage (loculi) d’une hauteur de 50 cm. Sa lon- gueur est 182 cm. Sa profondeur est 40 cm., et sa largeur est 71 cm. À une hauteur de 37 cm du niveau du sarcophage vers l’ouest, il y a une niche qui est d’une longueur de 41 cm, et d’une largeur de 33 cm et d’une profondeur de 22 cm. Au-dessus de cette niche, se trouve une autre niche plus petite dont la lon- gueur est 23 cm, la largeur est 23 cm, et la profondeur est 11 cm. M. Elias Zei- dan Abouzayd m’a raconté qu’il avait trouvé, en 1975, dans cette niche une lampe à huile rouillée, et malheureusement, elle avait été jetée à la poubelle. Il y a aussi la forme d’une porte sculptée sur le mur est de la chambre. Cette tombe se situe dans la propriété de M. Elias Zeidan Abouzayd. b. Le deuxième hypogée / loculus Il se trouve à 250 cm à l’est du premier hypogée (voir photo 47), mais il a été fermé par M. Elias Zeidan en 1984. La photo 49 nous montre que la chambre intérieure du tombeau est formée d'au moins deux sarcophages (loculi) creusés en pierre, l’un est situé vers l’est (à gauche) et l’autre est situé vers le nord à l’opposé de l’entrée. Il était utilisé, au cours de la première guerre mondiale, par les chrétiens du village pour enterrer leurs morts. c. Le troisième hypogée rupestre / loculus Il se trouve à une dizaine de mètres au sud-est du premier hypogée et au- dessous de la route. Il se situe dans la propriété de M. Hassan el’Hajj Abou- Melhem. Cet hypogée est caché par la route depuis 1968. Le Dr. Shafiq Abou- zayd m’a donné une explication assez détaillée de ce tombeau. Il se compose d’une ouverture semblable à celle du premier hypogée rupestre. Il mène à une cour étendue dans la longueur, avec deux tombes creusées verticalement sur les cotés ouest de la chambre. Leur hauteur est quasi semblable à celle d’un homme de taille moyenne. La mère du Dr. Abouzayd, Mme Emilie Zeidan 296 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Abouzayd, m’a indiqué que pendant son enfance, ses parents l’avait utilisé de temps en temps pour travailler et dormir car il se situe à dix mètres de leur maison actuelle. Le tombeau est totalement creusé dans le roc, et sera bientôt réouvert. d. Le quatrième hypogée / loculus Il se trouve à une trentaine de mètres à l’ouest du premier tombeau et se trouve dans la propriété de M. Soleiman Dawoud Abouzayd. Il est de taille plus imposante que le premier. Il se compose d’une ouverture menant à deux chambres funéraires rectangulaires autour desquelles sont aménagées des tombes à loculi. Le sol de la grande chambre funéraire est aménagé par des tombes à loculi. (Voir photos 51-53). d.1. Les dimensions du quatrième l’ hypogée: La porte: elle est déformée par le développement humain récent, et par conséquence, je ne pouvais pas en prendre les mesures originelles. En plus, les décombres qui bloquent une partie de cette porte (voir photo 51) ne m’ont pas permis de prendre la hauteur actuelle de l’entrée. Sa largeur varie entre 88 cm et 160 cm. La porte conduit aux deux chambres droite et gauche (voir photo 53).

La première chambre à gauche (voir photo 52): longueur 360 cm. Largeur 230 cm. Il y a 4 sarcophages (loculi) creusés dans le roc qui s’allongent en lon- gueur du sud au nord, et un autre sarcophage (loculus) horizontal (en face de l’entrée) qui s’allonge de l’est à l’ouest et il s’entrecoupe avec des trois sarco- phages (loculi). Les dimensions de ce sarcophage (loculus) horizontal est 175 cm de longueur et 45 cm de largeur. - Dimensions des quatre sarcophages (loculi): 1er Sarcophage: Longueur 194 cm. Largeur 46 cm. 2ème Sarcophage: Largeur 40 cm. La longueur est cachée. 3ème Sarcophage: Largeur 45 cm. La longueur est cachée. 4ème Sarcophage: Largeur 45 cm. La longueur est cachée. C’était impossible, pour moi, de mesurer la longueur et la hauteur de la plu- part de ces sarcophages (loculi) à cause des décombres qui couvrent le sol de l’hypogée.

La deuxième chambre à droite (voir photo 53): Longueur 470 cm. Lar- geur 160 cm. C’était très difficile de voir tous les sarcophages (loculi) de cette chambre à cause des décombres, mais je pus voir la largeur des sarco- phages (loculi) qui mesurent chacun 45 cm. Le fond de cette chambre s’ouvre sur la première chambre à gauche par un trou qui permet à un petit chat de pas- ser. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 297 e. Le cinquième hypogée Il est creusé dans le roc, (voir photo 55) avec une terrasse semi-circulaire construite en pierraille (voir photo 56), et constitue un avant-corps de l’hy- pogée, qui mène à une petite chambre grâce d’une petite ouverture arquée (voir photo 57). Il existe deux niches creusées dans les cotés est et ouest de la chambre. La particularité architecturale de cet hypogée nous invite à pen- ser qu’il s’agit d’une tombe d’enfants. Cette tombe se trouve sur la propriété de M. Bahjat Najib Abouzayd dans les champs appelés Nawouss. e.1. Les dimensions du cinquième hypogée: Porte (voir photo 56): Hauteur 67 cm. Largeur 62 cm. Il y a un arc semi-cir- culaire creusé autour de la porte dans le roc avec une profondeur du 9 cm. La chambre intérieure (voir photo 57): Hauteur 113 cm. Largeur 192 cm et 188 cm. Il y a trois niches creusées dans les murs à l’intérieur de l’hypogée. La niche ouest (à droite): Profondeur 96 cm. Largeur 58 cm. Hauteur 85 cm. La niche est (à gauche): Profondeur 176 cm. Largeur 63 cm. Hauteur 113 cm. La niche en face de l’entrée: Profondeur 24 cm. Largeur 63 cm. Hauteur 69 cm.

V. LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE MODERNE DE MLIKH: XIXe ET XXe SIÈCLES.

La croissance urbaine de Mlikh ne date que de la fin du XIXe siècle, date à laquelle tous les facteurs qui contribuent à l’apparition de la maison libanaise ont été réunis. (Voir photos 80-104) Éléments architecturaux de provenance locale et étrangère se retrouvent réunis dans un seul type qui s’est imposé comme un modèle unique de maison au Liban, précisément dans les zones montagneuses76 y compris à Mlikh. (Voir photo 84) Nous pouvons suivre les transformations à travers une étude rapide de ces monuments. Les vestiges et les monuments de ces deux derniers siècles sont ici exposés suivant un ordre chronologique basé sur les dates mentionnées sur les ves- tiges: cimetières-tombeaux, édifices des cultes: Eglise-Mosquée, pressoir, édi- fices privés: maisons d’habitation, et édifices publics.

1. LE CIMETIÈRE MUSULMAN. Il est certain que les musulmans utilisent leur cimetière actuel à Mlikh au moins depuis la moitié du XVIIIe siècle selon le témoignage des anciens du village. La datation des tombes est possible grâce aux épitaphes d’une trentaine d’entre elles provenant du cimetière musulman (1290 Hégira, 1890 A.D) (Voir photos 66-67). Le nom des artistes, tailleurs des pierres, a été apposé sur les épitaphes ce qui en constitue l’une de leurs caractéristiques (Voir photos 68-69).

76 Voir Friedrich Ragette, Architecture in , (Delmar, New York, 1974), pp. 188-192. 298 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

2. L’ÉGLISE PAROISSIALE DE SAINT ELIE. Elle se trouve au milieu de l’agglomération urbaine du village constituant un lieu d’échange et de rassemblement populaire. (Voir photos 70 et 71). L’inscription suivante est gravée au-dessus de la porte principale de l’église: (voir photo 70). á≤Øf ≈∏Y .ójRƒHG ≈°Sƒe ¿hQÉeh ¬∏dG ¿ƒ©H ˙SÉ«dG QÉe º°SG ≈∏Y ΩÉ≤ªdG Gòg ó«°T 1901 ï«∏e iQÉ°üf

La traduction française est la suivante: Ce monument cultuel est construit au nom de Saint Elie le vivant avec l’aide de Dieu et Maroun Moussa Abouzayd, au compte des chrétiens de Mlikh, 1901. L’exécuteur du projet d’une nouvelle église à Mlikh était M. Maroun Moussa Abouzayd, Président du comité de l’église Saint Elie à Mlikh. La salle de culte est orientée vers l’est, elle est formée d’une nef centrale et deux nefs latérales avec une annexe bâtie en 1964-65 afin d’agrandir l’église vers l’ouest. Nous avons remarqué une certaine déformation architecturale dans l’église due à son élargissement et à sa «modernisation». C’est le comité de l’église qui a décidé de ces transformations en 1964-1975. Ces changements ont détruit la beauté originelle de l’église. Aujourd’hui, elle a donc changé d’aspect. Le comité de l’église a décidé, en 1972, d’agrandir la porte princi- pale de l’église ainsi que l’ancienne fenêtre qui donne sur la route en face de l’église. Le comité a également décidé d’ouvrir une autre fenêtre dans l’ancien mur qui donne sur le coté nord de l’église. Sur ce même côté, une petite fenêtre a été percée au-dessus de l’autel. L’ancien sol de l’église, qui était formé de pierres provenant du village, a été couvert depuis 1974 de marbres qui trahissent la beauté originelle et rustique de cette église maronite villa- geoise. En effet, l’église originale n’est plus visible aujourd’hui, d’autant plus qu’en 1975 l’ancien dôme a été démoli et remplacé par un autre, bâti par M. Dib Maroun Moussa Abouzayd suivant une architecture moderne. Derrière l’église, vers l’ouest, le reste du presbytère est visible avec sa chambre et son entrée. Nous ne pouvons pas le dater de façon précise mais nous supposons qu’il existe dès la première décennie du XXe siècle.

3. LA MOSQUÉE:

Elle se trouve à l’angle est de la pente rocheuse du village. Elle se présente aujourd’hui restaurée et modernisée (voir voir photos 72-75). Les transforma- tions réalisées en octobre 2001 ont modifié sa forme architecturale originale datée de 1313 Héjira- 1903 de notre ère. La propriété de la mosquée de Mlikh appartenait au couvent maronite de Saint Antoine à Jezzine, où une chambre très simple avait été bâtie au début du S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 299

XIXe siècle pour accueillir le prêtre maronite qui venait de Jezzine pour servir les chrétiens de Mlikh. Les ancêtres du village nous rapportent que la chambre du prêtre contenait les fonts baptismaux, mais elle a été transformée en église parce que c’était une petite chambre de logement. Avec la construction de l’église Saint Élie à Mlikh en 1901, les moines du couvent Saint Antoine à Jezzine ont décidé d’offrir cette chambre aux chiites de Mlikh en récompense de la protection qu'ils avaient accordée aux chrétiens de Mlikh lors de la lutte contre les Druzes en 1860. Les chiites de Mlikh ont détruit la petite chambre et bâti une autre plus grande en 1903 utilisée comme mosquée jusqu’à aujour- d’hui. Cette date est répétée à deux reprises sur les deux plaques commémoratives en pierre calcaire se trouvant sur la façade nord de la mosquée, à gauche et à droite de la porte d’entrée. Celle de gauche est composée de 6 lignes gravées sur le bas-relief de la plaque. (Voir photos 74-75). Le texte arabe de l’écriture est une poésie: «Ce lieu saint est une mosquée pour Dieu, construite à la demande du roi ‘Abed el’Hamid, 1313 Hégira», 1903 de notre ère.» La deuxième plaque se trouve à droite de l’entrée, elle est composée de 3 lignes gravées également sur le bas-relief en caractère plus grand que la pre- mière. (Voir photo 74). Il porte le texte arabe suivant: 1313 ¬æ°S ºë∏e ≈HCG óªM óªëeh ø«°ùM OhhGO πªY Œuvre de Dawoud Houssein et Mohammad Hamad Abi-Melhem. Année 1313.

L’espace interne de la mosquée a été agrandi en octobre 2001, la façade a été transportée de sa place originale et reconstituée dans un autre lieu (voir photo 72). Le plan du lieu de culte était de forme carrée. L’orientation actuelle respecte toujours celle de l’originale: le sud-est (la direction de la Mecque) signalé par le Mihrab. Le Minaret est reconstrui aujourd’hui par une autre innovation due à la destruction ayant eu lieu au cours des bombardements israéliens entre 1985 et 2000, période d’occupation de la zone par les soldats israéliens.

4. LE CIMETIÈRE CHRÉTIEN Il y a deux lieux pour le cimetière chrétien à Mlikh. Le premier est situé à une trentaine de mètres au sud-est du cimetière musulman actuel. Il ressemble à celui des musulmans, d’autant plus que les chrétiens enterraient leurs morts dans la terre, tout comme les musulmans. Selon les anciens du village, il était utilisé par les chrétiens depuis leur arrivée à Mlikh, au milieu XVIIIe siècle et jusqu’au début de la première guerre mondiale. La famine ayant épuisé leurs forces au cours de la première guerre mondiale, les chrétiens de Mlikh ont uti- lisé une tombe, mentionnée ci-dessus77, (voir photos 48-50) afin d’enterrer

77 Voir au-dessus chapitre B, Section IV: 2c, page 295. 300 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE leurs morts. Ils ne pouvaient pas, en effet, creuser la terre pour ouvrir de nou- velles tombes, selon leur tradition dans le village. Mais aux alentours de 1920, les chrétiens ont abandonné cette tombe utilisée comme cimetière temporaire. Ils avaient construit les deux premières chambres funéraires du village entre 1920 et 1926, une pour la famille Abouzayd et une autre pour la famille Matta. Deux autres chambres funéraires ont été construites en 1927 pour les familles Makkhoul Abouzayd et Maroun Moussa Abouzayd. Ce cimetière se trouve au sud–ouest du village. Il est composé de petites chambres funéraires carrées à toitures rectilignes, construites en pierres cal- caires. Chacune d’elles est réservée à une famille. (Voir photos 76-79) L’inté- rieur des chambres est formé d’un ou de deux niveaux. Ce type de sépulture commune devait répondre à la volonté d’abriter ensemble les membres d’une même famille. La date de la construction d’une sépulture familiale est toujours portée sur les plaques de pierre. La date est toujours surmontée d’une croix et accompagnée du nom du propriétaire. Tous ces éléments sont gravés en relief. (Voir photos 78 et 79).

5. LE PRESSOIR RUPESTRE L’étude viticole est particulièrement difficile à mener du fait des caractéris- tiques même de la plante. Ce qui reste du vestige prouvant l’existence de la «fabrication du vin» dans des périodes anciennes est le complexe viticole avec sa structure de pressurage et sa cuve de décantation,78 visibles dans les champs de M. Hanna Zahran Abouzayd dans la région de Khalleh. Ce complexe antique prouve une connaissance approfondie dans la culture du raisin en vue de sa transformation par fermentation, afin d’obtenir du vin et de l’arak. Le jus du rai- sin était aussi utilisé pour faire de la mélasse par la cuisson. (Voir photos 58-60). L’extension de la viticulture est due au chêne, l’arbre de Mlikh par excel- lence (voir photos 10 et 15), duquel était extrait le tannin. L’acide tannique provenant de l’extraction, se trouve en proportion variable dans les fruits du chêne (les glands = balloutes). Ils étaient utilisés comme matière première dans l’antiquité pour l’acidification et la conservation des vins. Les sources mentionnent que l’huile est extraite des baies et que le lentisque est utilisé pour parfumer les vins. Nous pouvons également associer les lentisques dispa- rus dans la forêt de Mlikh à l’installation viticole du vin signalée sur ce terri- toire. Cette importante exploitation des ressources naturelles de Mlikh invite à supposer une sorte de proto-agriculture dans la région.79 L’installation viticole visible à Mlikh est composée d’éléments de pressu- rage et de 4 cuves de décantation creusées dans le roc (voir photos 58 et 59).

78 Voir Olivier Callot, Huileries antiques de la Syrie du nord, BAH, Tome CXVIII, IFAPO, Beyrouth, (Librairie Orientale Paul Geuthner, Paris), pp. 64-69. 79 Voir Philippe Marinval et Nathalie Rouquerol, L’archéobotanique (Paris, 1984), pp. 66-67. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 301

Des terrasses de vignes cultivées aujourd’hui sont associées à ce complexe. (Voir photo 60) M. Zahran Zaidan Abouzayd et ses deux fils Assaad et Mas- saad Abouzayd avaient creusé ce pressoir dans le roc en 1910. M. Hanna Mas- saad Zahran Abouzayd m’a montré les vestiges, et il m’a dit que son grand- père, Zahran Zaidan Abouzayd, avait utilisé ce pressoir pour fabriquer de la mélasse et de l’arak (alcool libanais) jusqu’en 1941.

Les dimensions du Pressoir: - L’aire du pressoir (baydar) pour écraser les raisins sous les pieds-nus: longueur 250 cm. Largeur 177 cm. Profondeur 18 cm. Elle occupe le plus grand espace du pressoir. (Voir photo 58). - Première augée (jorn) pour recevoir le premier pressurage du jus des rai- sins écrasés dans l’aire (baydar) du pressoir: Longueur 124 cm. Largeur 140 cm. Profondeur 84 cm. (Voir photo 59). - Deuxième augée (jorn) pour recevoir l’abondance du jus des raisins qui vient de la première augée: Longueur 81 cm. Largeur 118 cm. Profondeur 80 cm. (Voir photo 59). - Troisième augée (jorn) pour recevoir l’abondance du jus des raisins qui vient de la deuxième augée: Longueur 88 cm. Largeur 101 cm. Profon- deur 71 cm. (Voir photo 59). - Quatrième augée (jorn) pour recevoir l’abondance du jus des raisins qui vient de la troisième augée: Longueur 87 cm. Largeur 77 cm. Profondeur 19 cm. (Voir photo 59). - Le pressoir était creusé dans une seule pièce du roc plat qui mesure 10.50 m. de longueur et 4 m. de largeur. Il est dans un excellent état. (Voir photo 60). - Le foyer du feu (mawqad) se trouve hors du roc vers l’est et tout près de la quatrième augée. (Voir photo 60).

L’hypothèse de la viticulture repose sur l’étude architecturale de ce com- plexe. Cette zone conserve en son sein les structures d’aménagements utilisées à l’époque antique pour la fabrication du vin. Cet élément est signalé dans tout le territoire de la Phénicie et de la Byzance.

6. LES ÉDIFICES PRIVÉS Le classement typologique des maisons de Mlikh correspond au répertoire de l’architecture traditionnelle au Liban.80 (Voir photo 84). Nous obtenons la

80 Voir Semaan Kfoury, Maisons Libanaises, (Alba, Beyrouth, 1999), pp. 43-69. Voir aussi Haroutune Kalayan, L’habitation au Liban. Essai de classification, 1ère partie, (APSAD, Bélair, 1966). Haroutune Kalayan, L’habitation au Liban. La formation de la tradition et son évolution, (APSAD, Bélair, 1966). 302 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE même classification typologique en y ajoutant la date et le nom de propriétaire auquelle la maison appartient: - La maison simple de deux chambres avec un toit en bois et terre battue (voir photos 85 et 86). - La maison simple d’une seule chambre avec un toit en bois et terre battue. (voir photos 87 et 88). Il y a aussi un autre style de la maison simple, celui d’al’Qabou composé d’une seule grande chambre avec un toit en terre bat- tue et constitué par des voûtes d’arêtes. (voir photos 89-91). - La maison à hall central (voir photo 92). - La maison rectangulaire (voir photos 93 et 94). - La maison à liwan (rurale ou urbaine) (voir photos 95 et 96). - La maison voûtée à galerie ou à cour (voir photos 97 et 98).

D’autre part, l’architecture des portes et des fenêtres à Mlikh ne prouve rien du spécial, (voir photos 99-105), par contre c’est une architecture libanaise vil- lageoise bien connue à travers le Liban durant les XIXe et XXe siècles.

7. LES ÉDIFICES PUBLICS ET INDUSTRIELS L’industrie était limitée aux activités agricoles utilisant un moulin et un pressoir. Bien entendu ces instruments ont disparu aujourd’hui. La géographie du site impose fortement le paysage architectural du village et, par voie de conséquence, la distribution de l’activité commerciale à l’intérieur du tissu urbain villageois. Le souk (le marché) n’existe pas et l’activité commerciale se limite à de petites boutiques. Ces édifices sont de simples chambres privées, distribuées selon le choix individuel des habitants. La route principale, qui traverse l’agglomération villageoise, constitue l’épine dorsale du village à partir de laquelle ruelles et impasses partent. C’est à par- tir des passages que les villageois accèdent à leurs habitations. (Voir photo 107).

VI. CONCLUSION

L’architecture définit l’action de l’homme sur son environnement, s’adap- tant ainsi à ses besoins. Nous avons signalé, au cours de notre recherche sur le territoire de Mlikh, deux preuves de l’action humaine: - La première est la présence d’une occupation phénicienne, romaine, byzantine et ommayyade dans cette région. Cette occupation fait l’objet d’une recherche comparative des données archéologiques: céramiques et vestiges, qui avaient déjà été trouvés entre les villes côtières de la Phéni- cie et cette partie intérieure du pays. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 303

- La deuxième est la réoccupation au XVIIIe siècle certifiée par l’histoire des premières familles Aboumelhem et Abouzayd81 de Mlikh. Ce qui marque le début de cette deuxième occupation est, d’une part l’histoire des familles de Mlikh, et d’autre part la datation adoptée par les commu- nautés musulmanes et chrétiennes. Nous savons que les musulmans ont adopté le calendrier arabo-islamique à partir de l’hégire. A cette même époque, les chrétiens ont adopté le calendrier chrétien.

Cette étude préliminaire a permis de mettre en valeur les ressources archéo- logiques et historiques en les replaçant dans leur environnement naturel. La poursuite de la recherche, grâce à des sondages dans les différents secteurs explorés, nous permettra de donner une chronologie beaucoup plus précise de l’occupation du territoire de Mlikh.

81 Voir ci-dessus pour plus d’explications chapitre A, sections II: 3-4, pages 282-285. 304 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Plan 1: La carte géographique du Liban. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 305

Plan 2: La localisation géographique de Jabal RiÌane. 306 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Plan 3: Vue aérienne de Jabal RiÌane. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 307

Plan 4: Les villages de Jabal RiÌane. 308 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Plan 5: L’extension géographique de Jabal RiÌane vers Jezzine et Shouf. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 309

Plan 6: La topographie de Mlikh et ses environnements. 310 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Plan 7: Vue aérienne du site de Tanas. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 311

Plan 8: La photographie aérienne de la zone du Tanas a permis de préciser la modalité de l’occupation du sol. 312 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Plan 9: Topographie du site de Tanas et ses alentours. (1/1000). S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 313

Plan 10: Carte de situation du Liban-sud avec la localisation des deux principales unités de Terra Rosa de la région. 314 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE Photo 1: Vue générale de Milkh (nord-est). S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 315 Photo 2: Vue générale de Milk (est). 316 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 3: Les montagnes de Mlikh couvertes par la neige.

Photo 4: La montagne de ∑aphi/∑afi couverte par la neige. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 317

Photo 5: La montagne de Sejoud vue de Mlikh.

Photo 6: La montagne de Bir Kallab sous la neige. 318 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 7: Jabal RiÌane (‘Ari∂ Zannar & Bir Kallab) sous la neige.

Photo 8: La montagne de Bourkab (Barrakab) sous la neige. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 319

Photo 9: Le fleuve de Mlikh.

Photo 10: La colline de ∆ahra et en deuxième plan la montagne de ∑aphi. 320 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 11: Shwarat avec une vue sur al’Wadi et Tanas. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 321

Photo 12: Les rochers de Shwarat. 322 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 13: Tanas et le Wadi avec le fleuve au centre. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 323

Photo 14: La nature sauvage de Mlikh avec ‘Arid Shomar en deuxième plan.

Photo 15: Une forêt de chênes à Jarjouh. 324 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 16: Une plante très rare au Proche-Orient découverte à Mlikh: Galanthus fosteri = snow drop = perce-neige. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 325

Photo 17: Le poisson sculpté dans le roc.

Photo 18: Un autre poisson se trouve à l’entrée de Wadi Tanas. 326 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 19-20: Le site de Tanas sur les rocs. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 327 Photo 21: Le terrain du site de Tanas. 328 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 22: Le terrain du site de Tanas vue de l’est.

Photo 23: Le site de Tanas vue du sud. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 329

Photo 24: Le site de Tanas s’ouvre sur l’ouest: le Wadi et le fleuve du Mlikh. 330 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 25-26: Les pierres d’une murette nord-ouest. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 331

Photos 27-28: Les pierres d’une murettte nord. 332 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 29-30: Les pierres d’une murette nord. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 333

Photos 31-33: Les pierres d’une murette ouest. 334 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 34-35: Les pierres d’une murette est. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 335

Photo 36: Les murettes est.

Photo 37: La fontaine du site de Tanas. 336 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 38-39: Un bassin d’eau. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 337

Photo 40: Le fleuve de Mlikh à l’ouest du site de Tanas. 338 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE Photo 41: Des tessons recueillis à Tanas de la période phénicienne (Âge Bronze). S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 339

Photo 42: Des tessons recueillis à Tanas de la période byzantine.

Photo 43: Une pièce d’une jarre recueillie à Mlikh de la période byzantine. 340 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 44: Des coquilles fossilisées. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 341

Photo 45: Le premier hypogée rupestre: vue de l'extérieur.

Photo 46: La porte du premier hypogée rupestre. 342 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 47: Le premier et le deuxième hypogées rupestres (photo de 1982).

Photo 48: L’intérieur du deuxième hypogée rupestre (photo de 1982). S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 343

Photos 49-50: L’intérieur du deuxième hypogée rupestre (photos de 1982). 344 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 51: Le 4ème hypogée rupestre: vue de l’extérieur.

Photo 52: L’intérieur du 4ème hypogée rupestre. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 345 Photo 53: L’intérieur du 4ème hypogée rupestre. 346 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 54: Le 5ème hypogée rupestre qui se trouve à Tanas (nawous).

Photo 55: Le rocher du 5ème hypogée rupestre qui se trouve à Tanas(photo de 1982). S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 347

Photo 56: La porte du 5ème hypogée rupestre qui se trouve à Tanas (photo de 1982).

Photo 57: L’intérieur du 5ème hypogée rupestre qui se trouve à Tanas. 348 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 58-59: Le pressoir rupestre à raisin. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 349

Photo 60: Le champ où se trouve le pressoir rupestre.

Photo 61: Des champs abandonnés à Mlikh. 350 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 62-63: Des champs abandonnés à Mlikh. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 351

Photos 64-65: Un enclos pour le parcage du bétail. 352 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 66: Le cimetière musulman sous la neige.

Photo 67: Un tombeau musulman. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 353

Photos 68-69: Des tombes musulmannes. 354 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 70: La date de l’église St. Elie: 1901.

Photo 71: La façade de l’église St Elie. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 355

Photo 72: La mosquée de Mlikh: la façade.

Photo 73: L’intérieur de la mosquée. 356 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Pohoto 74: La date de la mosquée: 1903.

Photo 75: Des proses en arabe pour marquer la fondation de la mosquée. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 357

Photos 76-77: Des cimetières chrétiens. 358 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 78-79: La date des deux cimetières chrétiens: 1927. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 359

Photos 80-81: Quelques maisons du XXe siècle. 360 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 82: Une maison paysanne.

Photo 83: Une maison villageoise ancienne. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 361 Photo 84: Différent types des maisons villageoises libanaises. 362 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 85-86: Une maison en ruine à deux chambres: une chambre pour les gens et une autre pour le bétail. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 363

Photos 87-88: Des maisons en ruine à une seule chambre. 364 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 89-90: Al-Qabou: une maison villageoise à une seule chambre voûtée. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 365

Photo 91: La porte d’al-Qabou.

Photo 92: Une maison à hall central. 366 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photos 93-94: Deux maisons, moderne et ancienne, rectangulaires. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 367

Photos 95-96: Maisons à liwan. 368 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 97: Une maison voûtée.

Photo 98: Une maison avec une cour. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 369

Photos 99-100: Architecture des portes à Mlikh. 370 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 101: Architecture d’une porte à Mlikh.

Photo 102: Architecture d’une fenêtre à Mlikh. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 371

Photo 103: La fenêtre de l’église St Elie.

Photo 104: Une maison de Mlikh datée de 1935. 372 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 105: Des rosettes sur des maisons à Mlikh. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 373

Photo 106: Une vigne devant une maison.

Photo 107: Une ruelle à Mlikh. 374 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 108 & 109: Des bombes dans des champs à Mlikh. S. ABOUZAYD ET H. BADAWI 375

Photo 110: Al‘Irzal: Une cabane construite dans un arbre avec les branches d’arbres. 376 MLIKH: ÉTUDE PRÉLIMINAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

Photo 111: Al‘Irzal soutenu par un arbre et des poteaux.