Francis Ouygues (1922-1993)
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Histoire Francis ouygues (1922-1993) BUn grand bâtisseur Fondateur en 1952 du groupe du même nom, Francis Bouygues (47A) a été un grand entrepreneur. BTP, immobilier, téléphone, télévision, cinéma… Il n’a cessé de se diversifi er, tout en restant attaché à un contrôle familial de ses affaires. é à Paris le 5 décembre 1922, fi ls le logement social (44 % de son chiff re d’un ingénieur de l’armement d’aff aires en 1969) et innove dans la col- devenu ingénieur-conseil, Fran- laboration avec les architectes (« Choux » N cis Bouygues appartient à une et « Maïs » de Créteil). Admise à la Bourse famille aisée et très catholique. Après le de Paris en 1970, devenue SA Bouygues en collège Stanislas, il suit les cours de l’École 1972 et toujours contrôlée par le fondateur, Centrale Paris, comme son père et son elle perce dès 1968 sur le marché des tra- grand-père avant lui. À sa sortie en 1947, vaux publics en France (parc des Princes, © Photothèque groupe Bouygues groupe © Photothèque il travaille d’abord chez Dumont et Besson, centrale nucléaire du Bugey) et à l’étranger une importante entreprise parisienne de (stade olympique de Téhéran), sans renon- 1947 : le jeune ingénieur à sa sortie de l’École cer au bâtiment d’aff aires (tour Fiat à La Centrale Paris. bâtiment, puis se met à son compte. Défense). L’EFB, puis SA Bouygues consti- En janvier 1952, avec l’aide du Crédit tue autour d’elle l’esquisse d’un groupe, Lyonnais, il démarre la SARL F.Bouygues. avec des fi liales de préfabrication (Études Celle-ci connaît un décollage rapide que et Préfabrication Industrielle ou ETI), mais n’entrave pas un passage éclair dans le aussi de construction (Quille à Rouen dès cabinet de Francis Courant, ministre de la 1965, GFC à Lyon en 1970 et Mistral Tra- Reconstruction et de l’Urbanisme, en 1953. vaux à Aix-en-Provence en 1972). L’entreprise œuvre dans la construction industrielle et le logement privé. En 1959, Bouygues tire profi t de son réseau de rela- Francis Bouygues s’associe à René Auge- tions et de la qualité de ses recrutements, reau, un polytechnicien fortuné, et adopte mais aussi d’une gestion rigoureuse, d’un modèle social mobilisateur ainsi que d’un pour sa société (déjà près de 1 000 salariés) eff ort soutenu d’investissement et de re- le statut de SA. cherche-développement. Entre 1974 et La nouvelle Entreprise Francis Bouygues 1989, le groupe poursuit sa croissance à un (EFB) poursuit son expansion à un rythme rythme supérieur à celui de tous ses grands élevé durant les années 1960. Elle réalise concurrents européens. Face au recul de des sièges sociaux (Peugeot, BP) et prend la demande métropolitaine de travaux part à la rénovation de Paris (opération publics, en dépit de réalisations spectacu- Maine-Montparnasse). À partir de 1965, laires (le forum des Halles, de 1972 à 1979), avec la mise au point d’un procédé spéci- le groupe se réoriente vers le logement, © Photothèque groupe Bouygues groupe © Photothèque fi que de construction, l’EFB travaille pour en particulier le logement social : il ajoute l’Éducation nationale. Elle prend une part dans les années 1970-1980 douze nouvelles Les années 1960 : à la tête d’EFB, Francis prépondérante dans les opérations immo- fi liales régionales à celles déjà acquises. Bouygues participe à la rénovation de Paris en construisant des sièges sociaux et des bilières de Paris et de sa banlieue (Le Méri- Néanmoins, le fait le plus spectaculaire logements. dien, Parly 2). Surtout, elle s’oriente vers réside dans la percée internationale du 46 Centraliens no634 [juin 2014] FRANCIS BOUYGUES L’époque des grands chantiers en France et à l’étranger © Photothèque groupe Bouygues © Photothèque groupe Bouygues © Yves Chanoit et Michel Pinseau 1972 : le stade du parc des Princes. Un grand défi 1974 : la tour Fiat, dans le quartier de La Défense, 1988-1989 : la grande mosquée Hassan II à technique avec sa coque elliptique de voussoirs culminant à 180 m (architectes : François Jullien et Casablanca, au Maroc. L’un des plus hauts préfabriqués et assemblés sur place par résine de Roger Saubot). minarets au monde (200 m). synthèse (architecte : Roger Taillibert). groupe (44 % du chiff re d’aff aires en 1983). Francis Bouygues, fondateur Elle porte d’abord sur le bâtiment (ville d’un groupe « multiservices » nouvelle de Chiraz en Iran, de 1976 à 1978), Très tôt, Bouygues comprend qu’il ne faut puis de plus en plus sur les travaux publics pas s’enfermer dans le seul BTP. Dès l’ori- (port de Bahreïn, viaduc de Djeddah, puis gine, il donne la priorité à l’action commer- pont de Bubiyan au Koweït, en 1983). En ciale et fait de la rentabilité l’objectif majeur 1981, Bouygues SA obtient le contrat du de sa stratégie globale. Ainsi s’explique le siècle : la construction de l’université de choix en faveur d’une diversifi cation pré- Riyad. Mais elle intervient aussi en Tan- coce. Il joue ainsi d’abord la carte de la zanie et au Nigeria (centrale thermique de promotion privée. Dès 1950 naît la Société Lagos). technique immobilière (Stim) dont il de- En même temps, le groupe se diversifi e vers vient aussitôt PDG. le parapétrolier (création de Bouygues Off - Il s’engage dans des opérations de haut shore ou BOS en 1974, rachat d’AmRep en standing et met au point une méthode très 1984 et de Technigaz en 1985). Si Francis simple toujours employée par la suite : Bouygues échoue dans ses tentatives de Ô1. acquérir un terrain bien situé ; prise de contrôle de GTM (1978-1980), de Ô2. emprunter aux banques ; Cochery et de Colas (1982), puis de Quillery Ô3. faire payer les acquéreurs avant même (1983), il réussit beaucoup mieux : le rachat d’avoir construit les fondations. Bouygues et le CAC 40 de la Screg, leader français des travaux Grâce à l’appui constant du Crédit Lyonnais, publics. Avec des fi liales aussi importantes En 2012, le groupe Bouygues se situait Francis Bouygues s’affi rme peu à peu comme au 14e rang français des sociétés non que Colas, Sacer, Smac Acieroïd et Dra- l’un des grands promoteurs parisiens, no- fi nancières du CAC 40. Avec un chiff re gages TP, l’apport de ce groupe, une fois tamment à travers la Stim : à chaque fois, en d’aff aires moyen de 33,5 milliards fi nancièrement assaini, assure à Bouygues l’absence de capitaux propres importants, d’euros et 128 000 salariés, il se place au le leadership mondial du BTP. Un échec elle intervient comme simple prestataire des 5e rang mondial du BTP, derrière trois parallèle sur Spie Batignolles (1985-1986) SCI qu’elle monte. Cette activité immobilière groupes chinois et Vinci. n’empêche pas la poursuite de la stratégie s’amplifi e à partir de 1964, avec l’arrivée de Martin et Olivier, respectivement de diversifi cation : alliance avec Bernard Paul Granet qui, venu de l’administration, troisième et deuxième fi ls de Francis Tapie pour le rachat de Saft -Mazda (1985), obtient les dérogations nécessaires du délé- Bouygues, contrôlent 19,2 % du capital acquisition de l’Entreprise de travaux gué général du District de la région pari- et 28,6 % des droits de vote, et les d’équipements électriques (ETDE, 1984) sienne Paul Delouvrier. Désormais soutenu salariés 15,4 % et 19,4 %. Bouygues et accord avec la Compagnie des signaux et par le groupe Suez, Bouygues s’intéresse à demeure un groupe familial, ainsi que d’équipement électriques (1985), rachat des la fois au logement aidé et aux opérations l’a voulu son fondateur. Grands Moulins de Paris (1989)… de grand standing. Dès 1963, l’EFB se dote www.centraliens.net 47 Histoire d’une seconde fi liale immobilière : l’Union en renforçant ses implantations préexis- immobilière d’investissement et de partici- tantes (Côte d’Ivoire, Congo, Mali, Sénégal, pation (Univest), qui se contente de partici- Zaïre et Canada), elle s’intéresse de plus per à des opérations lancées par d’autres. En en plus à l’énergie. Elle demeurera dans le 1973, le groupe se réoriente vers la maison groupe jusqu’à sa cession en 2006, le groupe individuelle (France Cottages). conservant encore l’essentiel des conces- À partir de 1975, Bouygues renforce beau- sions africaines. coup ses positions dans l’immobilier. Sa De nouveaux modèles principale réussite réside dans la fondation de management en 1978 par Olivier et Martin, ses deux cadets, des Maisons Bouygues, auxquelles C’est toutefois dans la communication que s’ajoutent en 1980 et 1986, respectivement, le groupe réalise sa diversifi cation la plus France Construction et France Marianne. spectaculaire. Dès les années 1960, il en a Le succès est total : Maison Bouygues s’im- saisi l’importance pour la réussite d’un pro- pose au deuxième rang français. Dès 1980, jet social mobilisateur. Dès cette époque, il l’immobilier représente plus de 20 % du propose un modèle aux personnels : celui de chiff re d’aff aires du groupe. En dépit d’un « l’ingénieur d’études » et du « compagnon marché structurellement déprimé, les activi- du Minorange », ouvrier d’élite destiné à © Photothèque groupe Bouygues groupe © Photothèque tés immobilières du groupe se développent constituer la main-d’œuvre des chantiers. Cette importance de la communication in- 1987 : le groupe Bouygues devient opérateur et dans les années 1980 : en 1985, Bouygues actionnaire principal de TF1. La chaîne demeure un Immobilier, toutes fi liales confondues, terne s’accroît avec l’adoption du staff and des fl eurons du groupe. s’impose comme le numéro un de la pro- lines en 1975 ainsi que les grandes grèves motion privée en France grâce à de vastes de 1977 (chantier des Halles) et de 1979 opérations (Saint-Quentin-en-Yvelines, (centrale nucléaire de Saint-Alban).