iVÊrecourt

Mattaincourt, (Q Copyright 1994 : Editions Gérard Louis - 1, rue Stanislas Bresson - 88200 Tous droits de reproduction, d'adaptation ou de traduction réservés pour tous pays. I.S.B.N. : 2-907016-47-4 yViirecourt

Mattaincourt, Poussay

Textes de Jean-Paul Claudel -

Illustrations anciennes : Francis Venner

Photographies de Jacques D. Braconnier

Mirecourt, une histoire millénaire

ituée en plein cœur du Xaintois, Gallo-Romains avaient établi dans la contrée entourée de terres fertiles, une de leur "villae" et qu'avec l'aide de colons dut représenter pour les et d'esclaves s'étaient escrimés à améliorer migrateurs des âges anciens, un un domaine agricole en pleine expansion. véritable havre paisible et sûr. Le ciel s'y Certains auteurs avancent qu'à cette montrait clément, la rivière aux eaux claires époque florissante Mirecourt affirma sa dé- était poissonneuse et les forêts voisines signation. Son nom viendrait de Mercuriens, fournissaient à profusion le bois et le gibier. du dieu Mercure dont le culte se serait Un des embranchements de la voie romaine déroulé jadis dans un temple érigé en son " - ", après avoir gravi le honneur. Mais cette déviation s'avère mont Hindo (), rejoignait le Val de totalement fantaisiste. On a souvent dont il traversait sans peine l'onde étrangement abusé de l'étymologie. Or sur assagie par un gué peu profond à l'emplace- d'anciennes chartes et sur des pièces de ment même de la ville. Malgré le manque de monnaies frappées au début du XIIIe siècle, vestiges et de documents, nous pouvons authentiques témoins historiques, apparaît donc raisonnablement supposer que les avec quelques légères variations, la forme même du nom : MURICI CURTIS, MURCI pées autour d'un castrum à l'emplacement CUSTIS et autre MARE CURTIS - Curtis du faubourg actuel. C'est d'ailleurs à cet désignant le domaine rural et Muricus étant endroit, sur le terre-plein de la Oultre que le nom du premier leude, propriétaire du dit fut érigée la première église du Mirecourt domaine comme il se trouve établi dans un naissant. Issue d'un modeste oratoire document de l'an 936. chrétien, elle dépendait de l'église mère de Nos ancêtres purent bénéficier en ces , doyenné de . Sa construction lieux d'une paix relative pendant près de débuta dans la première moitié du Xle trois siècles. Puis vinrent des temps difficiles. siècle. A partir de 407, nos régions furent dévastées Grâce à sa situation privilégiée, la cité par les Barbares qui les laissèrent exsangues, put se développer à l'abri d'une enceinte for- ce qui conduira par la suite à une refonte tifiée. En décembre 1234, Ferry V accordait générale de la propriété rurale. aux bourgeois de Mirecourt une charte dont Le premier texte historique concernant les dispositions se trouvaient analogues à Mirecourt date de l'an 960. C'est un acte celles de Beaumont en Argonne. Tanneurs, émanant d'Othon II confirmant les biens de armuriers, orfèvres et drapiers connaissaient l'abbaye de Bouxières-aux-dames. Il stipule une prospérité croissante. En 1284, la ville qu'un certain Urson a fait don d'un de Mirecourt et son territoire furent annexés important domaine situé "in Murici Curte". au duché de la Lorraine. Il en sera ainsi Initialement "Pagus Mirecurtii" devait jusqu'en 1766, date du rattachement de la comprendre quelques petites maisons grou- Lorraine à la . Le 18 février 1304, l'évêque de La paix retrouvée favorisa un nouvel Jean de Sierck posait la première pierre essor. Au début du XVIle siècle, Mirecourt d'une nouvelle église au sein d'une cité riche était devenue une ville relativement importan- et en pleine expansion. Mais les ducs de te, siège du bailliage de et du tribu- Lorraine possédaient de redoutables rivaux, nal des Assises de l'Ancienne Chevalerie. De y compris dans leur propre famille. nombreux hommes de loi, juristes, notaires Mirecourt en sera durement éprouvée. Le et avocats y résidaient. Les grandes familles cupide Antoine de Vaudémont, après un nobles y possédaient des hôtels. Celui siège meurtrier, imposa lourdement les d'Errard de Livron, seigneur de Bourbonne, Mirecurtiens. fut racheté en 1603 par le duc de Lorraine Charles III (l'hôtel de ville). La cité était Puis vinrent les guerres de Bourgogne ; ceinturée par une muraille à parapet, armée la ville fut prise et occupée par les troupes de fortes tours et d'une citadelle à trois du Téméraire en 1475. Mirecourt subit alors bastions. Leur entretien était à la charge des un véritable harcèlement de la part des habitants avec l'autorisation du duc. Lorrains opérant depuis Vaudémont. Les Bourguignons furent contraints, après de Activité principale, la fabrication de la rudes combats, à se replier sur Epinal. De dentelle était en pleine expansion. La nombreux Mirecurtiens, fidèles partisans du production se trouvaient essentiellement duc René II participèrent avec courage à la commercialisée en Italie, en Espagne et en défense de Nancy. Allemagne. Le 13 mai 1609, le duc Henry II exerça de terribles ravages. Selon le marquis établissait le conseil de la ville de Mirecourt, de Beauvau, la Lorraine était alors : "inondée composé de douze bourgeois et présidé par de toutes les bêtes de l'Apocalypse, savoir un mayeur. Le conseil se tenait chaque l'écume de toutes les nations : Polonaises, semaine, le jeudi matin, à l'issue de la messe Hongroises, Bohêmes, Allemandes, Suédoi- dite du curé, en la chambre de ville. Son ses, Lorraines, Françaises, Espagnoles, à qui action fut remarquable dans tous les le duc la laissa à l'abandon". Mirecourt, domaines : sécurité, enseignement et Charmes, et Epinal, furent salubrité publique. particulièrement touchés. La mortalité était

Le 23 juin 1614, le duc accorda un effrayante. Les chiffres font défaut, mais la subside en argent pour construire, à la place population avait tellement baissé à Mirecourt des vieilles halles en bois, de nouvelles halles que tous les hommes valides furent dignes d'une ville "Première et principale du contraints au service de garde, même le bailliage des Vosges". L'édifice, de style lieutenant de bailliage et le prévot ne purent Renaissance française, fut terminé en 1617. s'y soustraire. Après cette période faste, Mirecourt A partir de 1634, Mirecourt dut subir le allait connaître des temps bien difficiles. De joug des occupants : après le maréchal de La 1629 à 1640, la peste amplifiée par la famine Force, le marquis de Folleville (pour Louis et la misère, conséquences de la guerre, XIII) en 1641, les Suédois en 1644, le comte de Lignéville (pour Charles IV) en 1650, le L'époque révolutionnaire ne fut point maréchal de La Ferté Sennectère en Janvier favorable à Mirecourt, elle lui fit perdre la 1651 et le maréchal de Créqui (pour Louis prééminence qu'elle avait longtemps assumée XIV) en 1670. Ce dernier ordonna la totale sur les communes voisines. Privée des destruction des remparts de la ville. La attributs qui faisaient sa grandeur, la petite population fut durement éprouvée par des cité vosgienne connut la décadence qui soldats réputés pour leur violence. Ils se s'accentua lentement au cours du XIXe montrèrent aussi brutaux les uns que les siècle. A la Restauration, il n'y avait plus de autres. Selon le maréchal de La Ferté : nobles, plus de religieux et bien peu de "guerre et pitié n'allaient pas ensemble". Dans cette triste époque de misère et de cruauté, le vénérable rayonnement de Pierre Fourier, le "Bon Père", né à Mirecourt le 30 novembre 1565, contribua largement à ren- forcer le courage des habitants. Malgré le feu, l'épidémie et la famine, grâce à une énergie sans limite, la ville renaîtra de ses ruines. Sous le règne du duc Léopold, Mirecourt renoua avec la prospérité. Son bailliage fut rétabli avec 8 prévôtés. Le faubourg de Poursas fut alors annexé à la ville. On construisit des routes et de nombreux bâtiments. Le vieil hôpital de Richard Le Favart fondé en 1455 dans la rue Basse fut transféré dans de nouveaux locaux grâce à l'abbé Germini, ancien curé de Mirecourt. Si la draperie périclitait, victime d'une forte concurrence extérieure, par contre les industries d'art, la dentelle et la lutherie, connaissaient un essor sans précédent. A l'aube de la Révolution, l'ordre et la prospérité régnaient. La situation économi- que et sociale n'avait cessé de s'améliorer. Les rues étroites et tortueuses du vieux Mirecourt avaient perdu quelque peu leur fortunes. Le commerce et l'industrie avaient côté pittoresque au bénéfice d'une indis- pensable salubrité. Le quartier central, de sensiblement repris, mais ils n'atteindront l'hôtel de ville au faubourg de Mattaincourt, jamais le rayonnement qui avait fait la richesse de Mirecourt au XVIIIe siècle. présentait un curieux alignement qui ne s'améliorera guère au cours d'un siècle et Sous la Monarchie de Juillet, la ville dut demi. La Grande Rue conservait une affronter une grave crise économique. Le succession de dilatations et d'étranglements chômage était général tant chez les agrémentée d'obstacles tels que puits et dentellières que chez les luthiers. Après croix, qui encombraient le milieu de la 1836, la stabilité gouvernementale aidant, la chaussée. lutherie se développa considérablement avec la conquête des marchés étrangers. La fonctionnement de l'Institut National de production de dentelle connut le même Recherches Agronomiques, l'extension de la essor grâce au progrès technique. La Manufacture Vosgienne de Meubles, la fabrication des orgues était également proximité de l'aérodrome d'Epinal - florissante, ainsi que la broderie. Mirecourt, l'implantation de la Zone La défaite de 1870 fut douloureusement Franche, la construction d'un nouvel abattoir ressentie. Mirecourt dut subir une affligeante régional, représentent de solides atouts pour occupation, uhlans et dragons logeant chez l'avenir. Malgré le départ de l'Ecole Normale, la ville demeure un centre scolaire l'habitant. Sous la Ille République, la cité des luthiers poursuivit une évolution en dents de important avec ses écoles primaires privées et publiques, son CES, ses deux lycées et scie. En 1926, elle perdit sa sous-préfecture. son Ecole Nationale de lutherie. Les deux guerres mondiales apportèrent leur cortège de deuils et de destructions. Pour Mirecourt a subi d'importantes transfor- 1914 - 1918, le monument aux morts porte mations avec la valorisation de son espace les 262 noms des Mirecurtiens tombés pour la Patrie. Mirecourt fut bombardée le 16 urbain. L'ancien canal insalubre a été comblé, une partie de la rue Basse réaménagée et juin 1940 et libérée de l'occupant le 14 modernisée avec notamment l'ouverture septembre 1944. d'une bibliothèque fonctionnelle et accessible. Aujourd'hui, Mirecourt est devenue une Les rues du centre ville ont été restructurées ville de moyenne importance, accueillante et et sont devenues semi-piétonnes. Depuis dynamique, au patrimoine attrayant. La 1969, Mirecourt est jumelée avec la cité présence du centre hospitalier de Ravenel, le allemande de -Beuel. La dentelle

ès la seconde moitié du XVIe siècle, Mirecourt devint un centre de production réputé. En 1599, l'ouvroir Phulpin, établi dans la tour Saint Etienne propriété de la ville, dispensait l'apprentissage de la dentelle aux jeunes filles de la contrée. On utilisait des lins filés à Rambervillers et blanchis sur les galets de la . A partir de 1619, les religieuses de la Congrégation Notre Dame, fondée par Pierre Fourier, s'adonnèrent à cet "Art d'agrément" très prisé dans toute l'Europe. Le Bon Père ne pouvait qu'encourager une activité susceptible de procurer de substantiels revenus : "Je suis très édifié de la belle résolution que vous avez prise maintenant, d'employer votre temps, vos doigts bénis de Dieu et vos fuseaux, à la dentelle pour en gagner du pain". En 1625, la ville signa avec l'hôpital, un contrat afin d'apprendre "des métiers aux Chaque pièce, réalisée de la même main et garçons et la dentelle aux filles". Ainsi de d'un seul fil sans aucun nœud, devait nombreuses femmes de la région mesurer 13 aunes de Lorraine (8 m 30). Un mirecurtienne trouvèrent dans le travail des maître de la corporation des marchands était fuseaux un moyen facile de se procurer chargé de surveiller la qualité des produits. quelque argent. Dès lors ce fut une véritable Mirecourt fabriquait alors une dentelle légère industrie dont le commerce connut une aux dessins simples mais élégants, faite avec extension rapide. Les marchands de du fil de lin. Mirecourt exportaient en Italie, en Flandre, Le marché, désorganisé par la guerre de en Espagne, "le fil blanc travaillé en pays de Lorraine". Trente Ans, retrouva une nouvelle vigueur dans la première moitié du XVIIIe siècle La fabrication de la dentelle était avec des exportations régulières en Suisse et soumise à une réglementation très stricte. en Allemagne en particulier. Au XIXe siècle, la fabrication de dentelle de Mirecourt donnait de l'ouvrage à quelques 10.000 ouvrières en ville et dans les villages de la contrée. La production, trois millions de dentelles en tous genres, était vendue dans l'Europe entière et même en Amérique. Si le mode de réalisation avait peu changé, par contre les dentellières faisaient preuve d'une remarquable faculté d'adaptation. Avec des dessins originaux et artistiques, des produits plus fins et plus soignés, et surtout depuis 1834 l'utilisation du fil de coton, la dentelle connut une période de prospérité sans précédent à laquelle l'emploi de la mécanisation portera un coup sévère. Malgré la loi Engerand Vigouroux de 1903 et ses mesures en faveur de l'appren- tissage, le déclin se poursuivra inexora- blement. Seules quelques dentellières âgées perpétuèrent jusqu'à nos jours le savoir-faire de leurs aïeules. Depuis 1981, l'association "Renouveau et Promotion de la Dentelle au fuseau" tente de sauvegarder la tradition en initiant les jeunes filles aux règles de cet artisanat séculaire. La dentelle de Mirecourt suscite toujours curiosité et enthousiasme comme sem- blent le démontrer les différentes expositions. Cette activité ancestrale, sauvée de l'oubli, pourrait bien dans un avenir proche reprendre vie et retrouver un peu de son rayonne- ment d'autrefois.

Les armoiries de la ville

es premières armes, obtenues vers semestre de gueules chargé d'un N d'argent 1284 lors de l'affranchissement de surmonté d'une étoile rayonnante du même, la ville, présentaient "un champ brochant au neuvième de l'écu et pour livrée a d'émail vert. traversé horizontale- les couleurs de l'écu. ment, au milieu de l'écu, d'une bande d'or" "Voulons que les ornements extérieurs (le sinople à la face d'or). des dites armoiries, ainsi que ceux des villes Au début du siècle dernier, alors que la de troisième classe de Notre Empire, consis- majorité des villes de Lorraine conservaient tent en une corbeille d'argent remplie de avec fierté leurs armoiries du Moyen Age, la gerbes d'or pour cimier, à laquelle sont atta- municipalité impériale de Mirecourt crut bon chées deux festons servant de lambrequins, d'en changer. Les lettres l'un à dextre d'olives, patentes signées en 1811 par l'autre à semestre de Napoléon 1er précisent : "le chêne de sinople, noués sieur Thirion, maire de la de bandelettes de gueules. ville de Mirecourt, s'est "Chargeons Notre retiré par devant Notre Cousin le Prince Archi- Cousin le Prince Archi- chancelier de l'Empire de chancelier de l'Empire, donner communication des à l'effet d'obtenir Nos présentes au Sénat et de Lettres Patentes portant les faire transcrire sur ses concession d'armoiries à la registres, car tel est Notre ville de Mirecourt (Vosges). bon plaisir. En enfin que "Sur quoi Notre dit ce soit chose ferme et Cousin le Prince Archi- stable à toujours, Notre chancelier de l'Empire a Cousin le Prince Archi- fait vérifier, en sa présence, chancelier de l'Empire y a par Notre Conseil du Sceau fait apposer par Nos des Titres, que le conseil ordres Notre grand sceau, municipal de la ville de Mirecourt, dans une en présence du Conseil du Sceau des Titres. délibération à laquelle furent présents les "Donné en Notre Palais de Saint-Cloud, sieurs Thirion maire, Barbier, Eigler, Froment, le deuxième jour d'août de l'an de grâce Pochard, Limouse, Boulet, Cornebois, 1811. Napoléon. Guillard, Delavie, Bastien, Lambert, Castel "Scellé le huit août mil huit cent onze, Jean Baptiste, Roufort, Le Blanc, Phulpin, a le Prince Archichancelier de l'Empire, émis le vœu d'obtenir de Notre Grâce des Cambacérès." Lettres Patentes portant concession Le Grand Empereur apposa son auguste d'armoiries. signature d'une écriture rapide et montante "Autorisons la ville de Mirecourt à que paraphe une large balafre. Ce jour sans porter les armoiries telles qu'elles sont doute, le souverain devait être particulière- figurées et coloriées aux présentes et qui ment nerveux ou fort préoccupé : sur le sont d'azur à la bande d'or, franc quartier parchemin la plume a craché de nombreuses des villes de troisième classe, qui est à gouttelettes d'encre. Grâce à l'industrie de la draperie, Mattaincourt connut de 1577 à 1630, une véritable ère de prospérité comme l'attestent les comptes des "Fruictz et proffitz de la Haulte Frairie" des drapiers de Mirecourt, Mattaincourt et Poussay. Sa population atteignait alors 3.000 habitants. En 1580, les ateliers de la localité produisaient 1151 pièces de draps (une pièce mesurant environ 25 mètres) qui se trouvaient vendues sur les plus grandes foires de France ainsi qu'à l'étranger, Italie et Espagne notamment. Mais cette prospérité disparaîtra au milieu des malheurs de la guerre de 30 ans. Peste, famine, massacre, produisirent, ici comme ailleurs, leurs funestes cortèges aux conséquences irréversibles. Pierre Fourier (né à Mirecourt le 3 novembre 1564) fut nommé curé de Mattaincourt le 27 mai 1597. Son rayon- nement, autant que son action, y furent immense. Il créa entre autre, avec , une congrégation de religieuses dévouées à l'éducation. Il s'agissait d'ouvrir dans les villages, des écoles de filles, gratuites, dans lesquelles on apprenait non seulement la lecture et l'écriture, mais également la couture et la broderie. Pierre Saint-Pierre 1 :er, Fourier occupera la cure de Mattaincourt gravure de Lenjant (XT7JIIe) jusqu'en 1632. Celui que le peuple appelait le "Bon Père", mourut à Gray le 9 décembre 1640. Au XIXe siècle, Mattaincourt fut un Son corps placé dans un cercueil de plomb centre important de broderie, près de 120 fut ramené à Mattaincourt et déposé dans ouvrières œuvraient au métier ou à la main. l'église. Les chanoines réguliers de Saint Les fours à chaux, construits en 1868, Augustin revendiquèrent la précieuse relique, produisaient de la chaux hydraulique et mais les paroissiens refusèrent de s'en fournissaient du travail à une soixantaine dessaisir. Et devant la menace, les femmes et de chaufourniers. De nos jours, la Manu- les filles se barricadèrent dans le chœur de facture Vosgienne de Meubles (Groupe l'église en se déclarant prêtes à se battre s'il Parisot) représente l'unique pôle industriel le fallait pour conserver leur dépôt sacré. d'envergure ; 1.100 personnes y sont En 1730, les restes du Bienheureux employés à la fabrication de meubles de furent disposés dans une chasse de bois cuisines et de salles de bain exportés en doré, don de la duchesse de Lorraine. Le 27 Europe et en Asie. Fort de son histoire, mai 1897, le jour de l'Ascension, fut Mattaincourt est à présent un paisible prononcée à Rome, la canonisation de Pierre bourg, d'un millier d'habitants, niché dans Fourier, le Bon Père de Mattaincourt. un écrin de verdure.