Nature-Et-Patrimoine.Pdf
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sommaire mars 2012 - n°36 02 patrimoine - histoire 02 toponymie n une réflexion sur le nom des communes de l'Espace Mont-Blanc 10 jardins n les jardins botaniques dans l'Espace Mont-Blanc 14 histoire n les glaciers, une richesse pour l'homme Publication du Centre de la Nature Montagnarde 20 développement durable 20 territoire n Espace Mont-Blanc, un territoire d'exception engagé dans une démarche de développement durable 26 gestion n le futur plan de gestion du Massif du Mont-Blanc 30 espaces naturels 30 espaces protégés n à la découverte des espaces protégés de l'Espace Mont-Blanc : la nature sans frontière ? 35 sciences de la vie et de la terre 35 glaciologie n 12 000 ans d'histoire de la Mer de Glace 1 une réflexion sur le nom des communes de l'Espace Mont-Blanc patrimoine - histoire toponymie Au total, l’Espace Mont-Blanc comprend 47 communes et représente une superficie voisine de 2 800 km². Qu’ont-elles de commun pour avoir été choisies pour faire partie de ce territoire ? Les pages suivantes permettront d’y répondre. 2 Une observation rapide d’une carte d’une coupe de bois : à Bourg Saint- géographique donne une première Maurice (Savoie), Val-d’Illiez (Valais), réponse. Non seulement, le massif du Courmayeur (Val d’Aoste) et Saint- Mont-Blanc forme la colonne vertébrale Gervais-les-Bains (Haute-Savoie). de ce territoire, mais de plus, celui-ci est grossièrement délimité par plusieurs <"La Pennaz" cols importants : Col du Cou entre la Dénomination caractérisant une Haute-Savoie et le Valais ; Col du Petit falaise rocheuse : à Bourg-Saint-Pierre Saint-Bernard entre le Val d’Aoste et la (Valais), Les Contamines-Montjoie Savoie ; Col du Grand Saint-Bernard (Haute-Savoie), Beaufort (Savoie) et entre le Valais et le Val d’Aoste. Cogne (hors Espace Mont-Blanc, mais en Val d’Aoste). L’inspection des cartes topographiques valaisannes, valdôtaines ou savoyar- Le classement de ces quelques des permet de remarquer que oronymes et toponymes par ordre Le Dolent (Val Ferret valdôtain) beaucoup d’oronymes (nom des chronologique donne de nouvelles avec le Glacier de Pré de Bar sommets) et de toponymes (noms précisions. "La Pennaz" par exemple de lieux) sont communs. Prenons correspond à un mot d’origine quelques exemples, classés par ordre préceltique, "Cormet" à un terme alphabétique. d’origine celtique, les termes "Sasse" et "Chanton" dérivent du latin, "Tronchet" <"Chanton" et "Chantel" de l’ancien français. Mots qui définissent un pré pentu et souvent rocailleux. On les trouve à Pré- La liste alphabétique ou chronologique Saint-Didier et Morgex, (Val d’Aoste), permet donc de préciser que les Orsières (Valais), Saint-Gervais-les- territoires réunis dans l’Espace Mont- Bains (Haute-Savoie) et Bourg-Saint- Blanc ont eu une histoire plus souvent Maurice (Savoie). commune que séparée, et cela depuis plusieurs milliers d’années. <"Cormet" et "Cormat" Termes qui indiquent la présence d’un Une classification géographique des sorbier des oiseleurs : à Bourg-Saint- communes aurait été contraire à Maurice (Savoie), Saint-Gervais-les- l’idée même de l’Espace Mont-Blanc ! Bains (Haute-Savoie), Courmayeur C’est pour cela que nous adopterons (Val d’Aoste) et Orsières (Valais). une classification chronologique pour présenter la signification de leur nom. <"La Léchère et Lichère" Nom d’une plante des lieux humides : Voici les groupes retenus : Le Dolent français au fond à Finhaut (Valais), Cordon (Haute- - Les communes dont le nom a pour du Glacier d'Argentière Savoie), Beaufort (Savoie) et ancêtre un radical préceltique. Courmayeur (Val d’Aoste). - Les communes au nom celtique ou <"Sasse et Saxe" latin Appellation désignant la présence d’un - Les communes dont le nom dérive rocher : à Courmayeur (Val d’Aoste), des langues issues du latin. Vallorcine (Haute-Savoie) et Bourg- - Les communes au nom issu Saint-Pierre (Valais) d’un anthroponyme (d’un nom d’homme). <"Tronchay ou Tronchey ou - Les communes dont le nom Tronchet" correspond à celui d’un saint. Mots qui indiquent la présence ancienne Le Dolent (Val Ferret valaisan) avec son glacier 3 les clercs ou les autorités devaient écrire en latin un nom que les habitants utilisaient pour désigner un lieu. "Le champ muni, fortifié" ainsi traduit par de nombreux latinistes, correspond à une remotivation, c’est-à-dire à un changement de nom avec nouvelle signification. Chacun y va de son interprétation comme l’indique H. Suter : pour les uns, "Chamonix" indique un lieu riche en chamois ; pour d’autres, le champ du Meunier ("chan Mouni"). En fait, le nom de "Chamonix" est constitué de deux mots : "Cha" (un pré pentu, souvent rocailleux) et "Moni" (la hauteur). On retrouve ce deuxième mot dans de nombreux hameaux perchés et dans certains oronymes de l’Espace Mont-Blanc comme "Pormenaz" (Passy et Servoz) ou "L’Amône" (Orsières). Mais souvent, la remotivation est plus subtile, se faisant progressivement de génération en génération. C’est ainsi Le village de Liddes et, à droite, qu’un nom actuel, compréhensible, le Petit Combin enneigé Certains noms résistent à toute peut très bien différer de l’originel, au interprétation, c’est le cas pour ceux sens différent. des communes du Trient et de Liddes, toutes deux valaisannes. A l’époque de Certains toponymes peuvent présenter leur création, ces noms devaient être plusieurs significations. Ainsi le mot compréhensibles pour leur population. "combe", présent dans presque toutes (Liddes : C14, Valais, superficie de 60,1 les communes de l’Espace Mont-Blanc, km²) - (Trient : C12, Valais, superficie désigne "un lieu en dépression", "un de 39,5 km²) vallon", car il dérive du mot gaulois "cumba" qui signifie dans cette langue Mais les aléas des transformations "creux", "vallée". Mais en étudiant le patrimoine - histoire successives, dus à leur prononciation toponyme "combloux", j’ai redécouvert ou à leur écriture, les ont conduits à que le mot "combe" pouvait décrire une impasse sémantique. Ces deux un lieu tout à fait différent. En ancien exemples me permettent d’insister sur français, les mots "comble", "combre" l’écueil que rencontre tout toponymiste, et "combe" désignent "un tertre", "un celui de la remotivation. Nous prendrons sommet", "le faîte". "La Combe du pour exemple, le nom de Chamonix. Brévent", localisée par le cadastre sur l’épaule sud-ouest du Brévent Les interprétations données pour fait-elle référence à cette deuxième expliquer ce terme sont nombreuses. signification ou s’agit-il d’une erreur Dans les plus vieux textes connus, d’écriture ? Quant au Grand Combin, Chamonix est désigné sous les mots massif montagneux limitrophe de latins "campus minutus". Sans insister Bourg-Saint-Pierre, sa dénomination sur d’autres interprétations, disons que ne peut trouver son sens qu’avec cette Le village du Trient deuxième acception de "combe". Pour conclure, disons que parfois les explications sont multiples, non seulement à cause de la remotivation, mais également du fait de la stratification toponymie historique des populations de l’Espace Mont-Blanc. Disons que "remotivation" et "ambiguité de certaines interprétations" seront les principaux écueils qu’il faudra surmonter pour la présentation de la signification des noms des communes de l’Espace Mont-Blanc. Une petite remarque pour terminer cette introduction : les toponymes et les oronymes, ainsi que leur traduction, sont placés entre guillemets pour bien marquer qu’ils ne sont que des mots. Prenons un exemple, celui de Morzine. Avec cette écriture (sans guillemets), le nom indique une commune avec ses caractéristiques paysagères, historiques, économiques et sociales. Le mot "Morzine"correspond au contraire 4 au toponyme de cette commune dont la signifient selon P-L. Rousset "monceau signification sera étudiée par la suite. de pierres, butte rocheuse, montagne". On connaît quelques descendants de ces radicaux. En plus de "Morzine", citons la Communes au nom très présence, à Vallorcine (Haute-Savoie) ancien, d’origine préceltique du lieu-dit "Le Morzay", caractérisé par des amas de blocs rocheux bien < La Thuile (B5, Val d’Aoste, superficie visibles dans le paysage. Quant au de 125 km²) : Cette dénomination mot "Mort", présent à Vallorcine sous est fréquente dans les Alpes. Ainsi, la dénomination (Pointe du Mort) et à on trouve un hameau homonyme à Bourg-Saint-Pierre (Valais) sous celle Bourg-Saint-Maurice. Les lieux-dits de "Mont Mort" et de "Combe des dénommés "Tuile" ne manquent pas : Morts", il n’est pas mémoriel, mais issu Saint-Gervais-les-Bains, Praz-sur-Arly, de ce même radical. Commune de La Thuille Megève, pour ne citer que quelques < communes de l’Espace Mont-Blanc. Morillon (D9, Haute-Savoie, super- Les pentes rocailleuses situées sous la ficie de 14,5 km²). La brièveté des falaise de Montferrand, à Sallanches, explications est compensée par l’image ont été cadastrées sous le nom de de la commune. Le mot "Morillon", "tuilerie" alors que le lieu ne se prête terminé par deux suffixes diminutifs pas à une telle industrie. Le nom de la "ille" et "on", dérive lui aussi du radical commune du Val d’Aoste dérive en effet préceltique "mor", dont le sens a été du radical préceltique "tor" indiquant abordé à propos du mot "Morzine". "une hauteur rocheuse". Il a eu une < nombreuse descendance que l’on Sallanches (D12, Haute-Savoie, retrouve dans de nombreux toponymes superficie de 65,8 km²). P.-L. Rousset locaux : "Toule", "Tuile", "Tour" (au cite l’existence de nombreux lieux-dits masculin). dénommés comme cette commune. A Vernayaz (commune du Valais), un < Cordon (D17, Haute-Savoie, lac, un torrent et une gorge portent superficie de 22 km²) : A Mieussy le nom de "Salanfe". Quant à des (Haute-Savoie), existe un col du nom "Challanches", ce sont des toponymes très fréquents. La dénomination de de "Cordon". Quelques lieux-dits des Village de La Thuille Alpes se dénomment "Corde", "Cordes", la commune et les autres toponymes "Cordat".