Rapport d’Evaluation Rapide de Protection

Site de Kindjandi, commune de Gueskerou, département de – le 21/02/18

Date de mise à jour/De l’évaluation 21 Février 2018 Localité affectée Kindjandi Coordonnées GPS Latitude : N 13°44’20,38” ; Longitude : E 012°55’,59” Déclencheur de l’ERP Alerte de mouvements de population par les points focaux Méthodologie Discussions de groupes avec les femmes, les hommes, les filles, les garçons, entretiens individuels et observations MSA effectuée 20 Février 2018 Thèmes documentés Protection générale, protection de l’enfant, violences basées sur le genre et personnes à besoins spécifiques 1. Aperçu de la situation La situation sécuritaire qui prévaut dans la région de Diffa est plus ou moins instable. En effet, les éléments de la secte Boko Haram ont attaqué la position militaire de dans le département de Bosso et la position des gardes nationaux de (département de Diffa) respectivement les 17 et 22 Janvier 2018. Ces deux incursions ont engendré des mouvements de populations vers le village de Kindjandi. Ces déplacés en provenance de Toumour et de Chétimari se sont installés à Kindjandi dans les trois secteurs notamment les secteurs 2, 3 et 4. Ces personnes sont arrivées après la conduite de MSA et de l’Evaluation Rapide de Protection (ERP) de janvier 2018 concernant un autre de personnes déplacées. Elles seraient arrivées à Kindjandi entre le 31 Janvier et le 06 Février 2018. Elles sont au nombre de 172 ménages dont plus de 50% sont des enfants et les femmes représentent les 2/3 de cette population.

L’alerte de ce mouvement a été reçue le 19 février 2018 suite à une mission qui s’était rendue sur le site Kindjandi afin de recenser 40 ménages Boudouma arrivés le 27 Janvier juste après la MSA et le ciblage.

Le village de Kindjandi (commune de rurale de Gueskerou, département de Diffa) est situé à 70 km à l’Est de Diffa sur la RN1 en allant vers N’Guigmi. En date du 31 Octobre 2017, selon les chiffres de la Direction Régionale de l’Etat Civil et des Réfugiés (DREC/R), Kindjandi a accueilli 25 764 déplacés forcés depuis l’avènement de la crise de Boko Haram en provenance de plusieurs localités du Nigeria et du .Ces déplacés sont majoritairement des déplacés internes composés d’ethnies Peuls Bororo, de Soukourti et des réfugiés Kanouri (avec comme village d’origine : Yoma Wango et Rillé). A ces différentes ethnies s’ajoutent la communauté des Arabes Mohamides en provenance de Chetimari à cause de l’attaque de la position des gardes nationales. Comme indiqué dans le rapport précédent, le choix de site n’est pas fortuit. Le village de Kindjandi en plus de son éloignement du lit de la Komadougou, offre une gamme de services sociaux de base et un marché hebdomadaire ouvrant à ces personnes des opportunités d’exercer des activités générant de revenus. Ils pensent aussi être en sécurité au village bien que les FDS positionnées à Kindjandi aient bougé après l’attaque de Chetimari. Themes Description Recommendations

Protection Ces déplacés sont installés au niveau des secteurs 2, 3 et 4 de Groupe de Travail générale Kindjandi. Aucun des ménages ne se trouve dans une famille d’accueil. Protection Comme ceux qui les ont précédés, ils se sont organisés pour faire le Faire un plaidoyer pour mouvement. Les Boulamas (chefs) ont pris le lead pour cotiser de une prise en charge l’argent afin de louer de véhicules de transport en commun pour faciliter alimentaire de ces le déplacement aux enfants, aux femmes et aux personnes déplacés et cela le plutôt vulnérables. Ainsi chaque voyage par véhicule a couté 12 000 Nairas possible de Toumour à Kindjandi et 20 000 Nairas de Chetimari à Kindjandi. A leur arrivée à Kindjandi, ils se sentaient en sécurité avant que cela Former et Informer les ne change suite aux tentatives de braquage par des bandits armés les gestionnaires des points 15 et 19 Février 2018. Toujours par rapport à la sécurité, la garde d’eau sur l’accès nationale située à Kindjandi a quitté sa position, pour aller apporter un équitable des usagers probable renfort à celle de Chetimari. aux ressources L’accès aux services sociaux de base cause des difficultés, vu la densité de la population sur le site. L’eau : parmi ces sites où sont Faire un plaidoyer pour installés les déplacés, aucun ne se situe à plus de 500 mètres du point un renforcement des d’eau. Cependant, on note une longue file d’attente, qui peut durer des personnels soignants au heures, liée à un manque d’organisation, qui conduit parfois à des niveau du CSI de bagarres au niveau des points d’eau. Kindjandi pour réduire La santé : le village de Kindjandi dispose d’un Centre de Santé Intégré les longues attentes et (CSI) dont les soins sont gratuits. Cependant, de longues files d’attente permettre une meilleure ont été rapportées par les personnes interviewées dues à la forte fréquentation des demande et à un problème de distance entre le CSI et certains sites formations sanitaires d’accueil de déplacés (2 à 3 km). Moyens de subsistance : nouvellement arrivées sur le site, ces Faire le plaidoyer pour la déplacés n’ont aucune de source de revenus. Ils utilisent les enfants réalisation des latrines (filles et garçons) dans la recherche de bois à des centaines de mètres avec des spécifications du village ou dans la mendicité. Ces pratiques les exposent à plusieurs hommes/Femmes sur le risques (agressions sexuelle et physique, enlèvement, site pour réduire les déscolarisation). risques des violences Hygiène/Assainissement : les latrines d’urgences sont pratiquement basées sur le genre inexistantes. Pour leurs besoins, ces personnes partent en brousse loin du village (environ 1 km) pour se soulager, mettant ainsi leur vie en danger par risque des violences basées sur le genre sur les jeunes filles et les femmes, qui préfèrent partir la nuit. L’équipe de Médecins Sans Frontières (MSF) a conduit une séance de sensibilisation sur les risques liés à la défécation à l’air libre sur les différents sites. Abris : ces déplacés manquent d’abris convenables. Ils ont confectionné des abris de fortune dans lesquels vivent plusieurs personnes. Cela les expose à des risques multiples de maladies en ce début de la saison chaude. Documentation : les Peulhs n’ont pas été pris en compte lors des opérations de BIMS par manque d’informations. Les naissances sont en majorité assistées, par contre, ce sont leurs déclarations qui font défaut par méconnaissance de certains parents, exposant du coup les enfants au risque d’apatridie. Par manque de pièces d’état civil, les déplacés sont restreints de mouvements par crainte de tracasseries routières au niveau de gros centres comme Diffa par exemple. Protection Les résultats des entretiens révèlent que plusieurs enfants n’ont pas de Sous-Groupe de de L’Enfant pièces d’état civil (extrait de naissance) ce qui les exposerait au risque Travail Protection de d’apatridie. l’Enfant Sensibiliser les Lors des focus group, 45 enfants ont été rapportés dont 14 filles et 31 communautés sur la garçons qui partaient à l’école à Toumour avant leur déplacement. Ces nécessité de déclarer les enfants sont actuellement déscolarisés à Kindjandi, pour cause de non naissances en vue de inscription. Ils courent le risque de déscolarisation prolongée ou réduire le risque d’abandon scolaire. Onze (11) enfants en âge scolaire, dont 5 filles d’apatridie n’ont pas été inscrits à l’école. Seulement 12 enfants dont 2 filles ont repris le chemin de l’école franco-arabe. Sensibilisation des parents pour l’inscription Les enfants sont utilisés dans la recherche et la vente de bois, les des enfants à l’école chargements et déchargements des colis au niveau du marché du village, dans la mendicité, la vente de l’eau contribuant ainsi à la prise Organisation d’activités en charge familiale. sociorecreatives pour les enfants Aucun cas d’enfant non accompagné ou enfant séparé n’a été rapporté lors des focus group, par contre, les enfants sont en général Dissémination de traumatisés par les événements vécus. Un simple bruit leur rappelle les messages clé aux détonations et le retentissement des armes entendus au cours de parents pour la prise en différentes attaques. charge des enfants dans un contexte d’urgence Les enfants sont mariées à bas âge (10-15 ans en général) du fait de la culture de leur communauté. Aussi, selon les cultures dans cette communauté, les filles sont promises dès la naissance, ou à l’âge de 6 Sensibilisation des ans ou de 9 ans. communautés sur les questions de protection . de l’enfance (inclus le travail des enfants et le mariage précoce)

Violences Les focus group discussions ont fait ressortir les problèmes suivants : Sous - Groupe de basées sur risques et cas des mariages forcé/précoce (filles de 10-15 ans pour les Travail VBG le genre arabes mohamides et de 14 ans et plus pour les autres communautés), l’excision des filles dans la communauté arabe, le dénis des ressources, les difficultés d’accès aux travaux rémunérateurs Plaidoyer pour (exemples : vaisselles, lessives, décorticage de mil, etc…), violences l’organisation de conjugales liées au manque des vivres. sensibilisations sur les pratiques culturelles Les hommes sont en majorité au Nigéria à la recherche du travail ce néfastes (excision). qui fait que leurs femmes sont seules sur le site et sont exposées à Accès à une prise en certains risques d’agressions et des violences psychologiques par les charge psychosociale membres de la communauté. pour les filles excisées qui le désirent. L’exploitation des enfants surtout l’utilisation des jeunes filles dans les activités économiques à savoir la recherche et la vente du bois et de la Dissémination de paille jouent sur leur éducation et les exposent à d’autres formes de l’information sur les violences (risques d’enlèvements et d’agressions physiques, risques services de prise en de viol, d’agressions sexuelles et des grossesses non désirées). charge des VBG auprès des femmes Certaines pratiques préjudiciables néfastes comme l’excision et les nouvellement arrivées mutilations génitales féminines sont pratiqués par certaines sur le site (et les autres). communautés.

La pauvreté et le manque de moyens pour subvenir aux dépenses du ménage créent la nervosité chez certains hommes les poussant à commettre des actes de violences sur leurs épouses allant des violences physiques aux violences psychologiques.

La majorité des femmes ayant pris part au focus n’ont pas des connaissances sur les services de prise en charge en matière des VBG. Le seul recours connu est les autorités coutumières.

Personnes Une forte présence de femmes séparées de leurs maris a été constatée Groupe de Travail à Besoins dans le groupe. En effet, environ 47 femmes majoritairement jeunes Protection Spécifiques vivent sur le site dont leurs maris seraient partis dans d’autres localités Assurer la prise en pour de raisons économiques. Sept (7) arabes seraient partis à la charge globale des cas recherche d’or à Djado (Niger), les peulhs seraient restés à Toumour des personnes à besoins pour la vente de bois et les Kanoris à Diffa ou Maiduguri. Ces jeunes spécifiques, inclus une sont exposées aux risques de violences ou à la pratique du sexe de prise en charge survie. médicale, en santé mentale, un appui à Trois (3) personnes vivant avec handicap mental dont 1 femme, 8 gérer les traumatismes personnes avec handicap physique (5 hommes, 2 garçons et 1 vécus ou l’accès aux femme), 5 personnes avec handicap visuel (3 hommes et 2 femmes) AGRs suivant les cas ont été rapportées par les communautés. Ces personnes ne disposent pour l’instant d’aucune prise en charge.

On note aussi la présence de 23 femmes chefs de ménages (veuves, divorcées) dont parmi lesquelles 10 ont des âges compris entre 20-35 ans, 4 femmes de 20-25 ans dont leurs maris ont été pris par les FDS qui seraient accusés d’être en connivence avec les insurgés. Toutes ces femmes courent les risques de violences ou la pratique de sexe de survie pour prendre en charge leurs enfants.

21 Personnes âgées dont 10 hommes et 11 femmes ont été signalées. Il faut souligner 10 autres personnes souffrantes de traumatisme (2 filles de 10 et 12 ans, 2 hommes, 3 femmes, 2 vieillards et 1 Garçon de 6 ans) suite aux tirs lors de braquages perpétrés des personnes armées en date du 15 et 19 Février 2018 sur le site de Kindjandi. 2. Acteurs présents et Actions en cours Les acteurs présents sur le site : IRC ; Samaritains Purse, COOPI, Médecins sans frontières, Save the children, ACTED, AKARAS, CARE, Plan International, Croix Rouge, IEDA/Relief. Les actions en cours : La distribution des NFIS par IRC/Urgence en cours et les activités de sensibilisation sur les thématiques d’hygiène faites par l’équipe MSF.