Habiter ? Frise Suzanne Cappy Curlu
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Éclusier - Vaux Frise Suzanne Habiter ? Cappy Curlu 2010 121 3 4 5 8 ÊTRE D’ICI, HABITER ?ICI un capital d’autochtonie Christophe Baticle, sociologue Lors d’un colloque consacré à l’identité, tenu à Amiens les 15 et 16 octobre 2008, transparaissaient les enjeux insoupçonnés du terme « autochtonie ». On sait que pour les peuples qui se présentent comme tels, l’étiquetage n’a rien d’anodin, ni d’indolore d’ailleurs. Subsiste en effet toujours le soupçon de « sauvagité » derrière le qualificatif indigène, mais le jeu peut en valoir la chandelle lorsqu’à ces groupes présumés « premiers » sont dévolus des articles avantageux dans les conventions internationales. Se pose alors la question de la circonscription des ayants droit dans cette lutte pour la légitimité à déroger au droit général au nom d’un mode de vie spécifique, d’une identité qui justifierait qu’on accorde des exemptions. Mais remarquera-t-on avec pertinence, les habitants riverains du fleuve Somme, dans la France du XXIe siècle naissant ( donc nous autres, blancs occidentaux contemporains ) ne peuvent être assimilés aux peuples qui sont définis comme autochtones. Certes, si ce n’est que les travaux des anthropologues ont montré dès la seconde moitié du siècle précédent la difficulté à définir des peuples tout court en dehors d’un recours à l’interprétation constructiviste. Autrement dit, est peuple le groupe qui est produit/se produit en tant que tel dans un processus de reconnaissance. En d’autres termes, loin de nier l’existence de populations effectivement liées à un territoire, dont le mode de vie et la culture les singularisent, force est de constater qu’il n’existe aucune base solide à une posture essentialiste, soit une attitude qui viserait à trouver dans chaque regroupement vaguement homogène en valeurs, normes et organisation une essence originelle, un principe explicatif qui serait comme la clef d’interprétation des comportements, des opinions ou des logiques d’action. 9 STUDIO PHOTOGRAPHIQUE ET CAFÉS DES HABITANTS de Curlu, Frise, Éclusier-Vaux, Suzanne, Cappy jeudi 16 septembre à Éclusier-Vaux à la maison blanche (chaussée d’Éclusier) À partir de 11h, jusqu’au soir, venez la plasticienne Marie-Claude Quignon vous faire photographier, ensemble, et voir d’étonnantes “sculptures”. en famille, entre amis, entre voisins, par Venez voir et entendre vos paroles, le photographe Éric Larrayadieu. Nous écrites par Denis Lachaud, mijotées vous offrirons la photographie. par Christophe Baticle, portées par la compagnie de théâtre La Lune Bleue. À 18 h, venez vous promener avec ceux qui ont travaillé ici, chez vous, Après la promenade, pour vous remercier avec vous : les photographes Hélène de votre participation, nous vous invitons Jayet, Bertrand Meunier, Mickaël à boire le verre de l’amitié. Troivaux, et voir leurs photographies, Cette invitation est l’avant-première, dédiée les auteurs Sophie Douchain et Pascale aux Habitants, du RENDEZ-VOUS DU FLEUVE les 17 et 18 septembre 2010, organisé dans le Égré, les graphistes de l’atelier cadre des Journées du patrimoine par le Conseil Nous Travaillons Ensemble et voir leur général de la Somme. mise en scène des images, 12 Les CAFÉS DES HABITANTS sont organisés par La Forge - collectif de productions artistiques et scientifiques avec des habitants d’ici. Contact : François Mairey 06 74 34 28 17. Lire les textes des Cafés sur www.laforge.org Denis Lachaud, écrivain Café des Habitants SUZANNE FRISE CURLU CAPPY ÉCLUSIER-VAUX De mai à juillet 2010, à cinq reprises, dans chacune des communes, les habitants se sont réunis. À partir d’images du passé, ils ont parlé de leur vie aujourd’hui, de leur région, de sa singularité géographique, de son histoire, des problèmes qu’elle Les étangs sont une création totalement artificielle. Au départ, il y avait deux routes rencontre aujourd’hui. » construites par les romains. Et le bousincours La Somme est un rectangle traversé par de la Sommee siècle, historique. on extrait le « : il est la Somme. Au XVIII D’un point de vue juridique, la Somme est pour se chauffer. un fleuve tout à fait anormal en France en propriété privée. La berge, l’eau, tout est de Il y a toujours eu un canal latéral pour permettre droit privé. Sur tous les autres fleuves français, aux bateaux de circuler. vous pouvez vous promener le long de la berge. Avant il n’y avait que des roseaux sur les étangs. On ne peut rien vous dire. En 1950, ils étaient encore exploités. Ici, non. Je m’en souviens. Majoritairement, ces propriétés privées Et puis c’est passé. appartiennent à des communes. En certains C’est passé de mode peut être. endroits comme l’Éclusier-Vaux, c’est privé Quand on reste trois ou quatre ans sans couper départemental. À Curlu, c’est privé privé. les roseaux, les arbres poussent. Tous les gens qui habitent au bord de l’étang, La population n’a pris en compte que très s’ils veulent pêcher, ils sont obligés de payer récemment la valeur des paysages. le propriétaire de l‘étang. Ils peuvent prendre Elle n’avait pas conscience de la richesse un seau d’eau pour arroser leur jardin, mais de l’endroit. STUDIO PHOTOGRAPHIQUE pas pêcher. Pour les Français, la guerre de 14 c’est les taxis ET CAFÉS DES HABITANTS ». Pour les Anglais, Les étangs, ça commence à Béthencourt, de la Marne, Verdun, le Chemin des Dames, de Curlu, Frise, Éclusier-Vaux, Suzanne, Cappy Ils ne passeront pas ça se termine à Bray. Ils couvrent 1600 hectares « 13 sur quarante kilomètres à vol d’oiseau, soixante si on suit la berge. Il y a dix-huit biefs, quatorze jeudi 16 septembre à Éclusier-Vaux anguillières. à la maison blanche (chaussée d’Éclusier) À partir de 11h, jusqu’au soir, venez la plasticienne Marie-Claude Quignon vous faire photographier, ensemble, et voir d’étonnantes “sculptures”. en famille, entre amis, entre voisins, par Venez voir et entendre vos paroles, le photographe Éric Larrayadieu. Nous écrites par Denis Lachaud, mijotées vous offrirons la photographie. par Christophe Baticle, portées par la compagnie de théâtre La Lune Bleue. À 18 h, venez vous promener avec ceux qui ont travaillé ici, chez vous, Après la promenade, pour vous remercier avec vous : les photographes Hélène de votre participation, nous vous invitons Jayet, Bertrand Meunier, Mickaël à boire le verre de l’amitié. Troivaux, et voir leurs photographies, Cette invitation est l’avant-première, dédiée les auteurs Sophie Douchain et Pascale aux Habitants, du RENDEZ-VOUS DU FLEUVE les 17 et 18 septembre 2010, organisé dans le Égré, les graphistes de l’atelier cadre des Journées du patrimoine par le Conseil Nous Travaillons Ensemble et voir leur général de la Somme. mise en scène des images, Les CAFÉS DES HABITANTS sont organisés par La Forge - collectif de productions artistiques et scientifiques avec des habitants d’ici. Contact : François Mairey 06 74 34 28 17. Lire les textes des Cafés sur www.laforge.org 18 Aux bords Mickaël Troivaux et Sophie Douchain Au bord de l’eau, au bord de la réglementation, au bord de la fragilité, au fil des rencontres hasardeuses ou initiées par l’assistante sociale du secteur, ils s’intéressent à ces habitats «sauvages» ou «légers», à ces habitants d’un bord ou de l’autre. 19 20 21 24 25 Sophie Douchain, enquêtrice Sous les peupliers Texte issu de l’écoute de Catherine, Céline, Jean Philippe, Michel, Philippe, Trine, de l’Amoureux de Céline, d’un garde 156 km. Ce « paysage construit » a récupéré et de deux maires, de participants à un- pêche café son dernier tronçon en 1843, après 73 ans et à la promenade des habitants, de joueurs de travaux. La Somme prend sa source de pétanques, d’un ancien d’Éclusier, à Fonsommes, à une dizaine de kilomètres d’un habitant d’Arras... Un long parcours de Saint Quentin, et mesure 245 KM. entre Frise, Suzanne, Cappy, Bray-sur-Somme, Les Romains la nommaient Samara. Curlu, Cerisy, Gailly, Sailly-Laurette, Route de l’étain à l’Antiquité, voie de Éclusier-Vaux. communication indispensable au Moyen-Âge entre Paris, les îles Britanniques et les Flandres. Elle permettait d’exporter et d’importer. « Le fleuve... c’est un bien grand mot. Quand Longtemps, la Somme a servi la navigation, j’étais à l’école, il y en avait quatre en France. le commerce et l’industrie et a prêté sa force Maintenant, vous en trouvez partout des fleuves. » motrice pour les moulins. Mais elle aime les méandres, elle joue, se cache Ils se suivent, s’enlacent, se séparent et se dans une vallée étroite et encaissée, et oblige retrouvent pour finir tous deux dans l’estuaire à la route. Elle est difficile à la navigation. de la Somme, à Saint Valéry. Le canal est arrivé, magnifiquement pensé. Fleuve et canal. Canal et fleuve. Une oeuvre dans un paysage. Il a dû faire Vieille Somme et fausse Somme. en fonction de la géographie, de la topographie, Le canal débute sa course à Saint Simon, de la structure des sols, des hommes, de côtoyant le canal de Saint Quentin, il parcourt sa fonction. Mais il s’est imposé, est devenu 26 paysage et en facilite même sa lecture. Il a été du halage et de rentrer dans les marais. Il faut réfléchi, du grand territoire pour la connexion une barque, une machette, ou ne pas respecter de voies navigables, jusqu’au choix des essences la propriété privée. d’arbres qui l’accompagneraient, en passant par les structures et ouvrages qui le bordent ou l’enjambent. Et pourtant sa création a entraîné sa perte. « La Somme est un fleuve totalement En obligeant la Somme à suivre son tracé par anormal en France, parce que c’est endroit et en l’empêchant de virevolter, un fleuve qui est propriété privée (...) il a contribué à l’accélération du processus L’eau, le fond, la berge appartiennent naturel d’ensablement, d’envasement de au propriétaire..