BRGM BUREAU DE RECHERCHES GEOLOGIQUES ET MINIERES

SERVICE GEOLOGIQUE NATIONAL

B. P. 6009 - 45018 ORLEANS CEDEX - Tél. : (38) 63.80.01

SERVICE DE L'INDUSTRIE ET DES MINES o e o EVALUATION DES RESSOURCES HYDRAULIQUES

RESSOURCES EN EAU DES FORMATIONS CRISTALLINES ET CRISTALLOPHYLIENNES DE CORSE

APPROCHE GEOLOGIQUE, HYDROGEOLOGIQUE Eï GEOPHYSIQUE pa/L

K. vommcj

avzc ZJOL coZJLaboficLtion dz G. JUNCV - J. MAILLARP - Pk. ROSSI

SeAv¿ce. Géologique. RegZonaZ CORSE Immeublz Ago¿tinL - lone. induÁtnleJULe. TuhJuouni - 20200 BASTÍA TU. : (95) 32.47.33

79 SGN 790 CSC BASTÍA, novembre 1979 RESSOURCES EN EAU DES FORMATIONS CRISTALLINES ET CRISTALLOPHYLIENNES DE CORSE APPROCHE GEOLOGIQUE, HYDROGEOLOGIQUE ET GEOPHYSIQUE par R. DOMINICI ' ' - avec la collaboration de G. JUNCY, J. MAILLARD, Ph. ROSSI

79 SGN 790 CSC BASTÍA, novembre 1979 RESUME

Cette étude a été entreprise sur crédits du Ministère de l'Indus- trie et 3e la Recherche, au titre de l'évaluation des ressources hydrauliques de la .

Son but était de mettre en évidence dans des secteurs, hors nappes alluviales, où existaient des problèmes d'alimentation en eau potable, des ressources d'eau souterraines dans les roches cristallines et métamorphiques de la Corse.

Cette étude a été effectuée dans deux secteurs géographiques dis- tincts et en fonction des données fournies par la Direction Départementale de l'Agriculture.

Dans le , domaine alpin métamorphique, a été réalisée une étude hydrogéologique locale classique, appuyée d'une photo-interprétation. Les moyens géophysiques, électriques et sismiques n'ont été utilisés que pour un secteur où il était nécessaire de rechercher d'éventuels niveaux de cipo- lins ou prasinites sous des alluvions récentes.

En Corse du Sud, domaine cristallin, il en a été de même. Les reliefs accusés des secteurs où les arènes sont insignifiantes nous ont conduits à rechercher des implantations de forages en fonction de la fracturation (photo- géologie) . Pour les secteurs plus pénéplanisés (Tonnara), cette approche a été appronfondie par une étude géophysique électrique (traîné).

Il semble que cette méthode d'approche du problème, soit plus opé- rante dans le domaine alpin dont la structure rappelle celles des régions sëdi- mentaires.

En domaine cristallin, la nature des granitoïdes semble ne pas avoir d'influence sur le rôle hydrogeologique. L'outil géophysique n'apparaît pas très adapté, en dehors des secteurs arénisés, car la détermination des frac- tures de sub-surface est pratiquement décelable en photogéologîe.

La campagne de sondages en cours, effectuée par le S.R.A.E. et qui fera l'objet d'un compte-rendu additif à cette première partie, semble donner des résultats très variables, tant en Haute-Corse, qu'en Corse du Sud.

TADLE DES MATIERES

Résumé • • Page 3

1 - Introduction 7 2 - Comportement hydrogéologique des roches granitiques et métamorphiques 9 3 - Intérêt de la recherche d'eau dans les roches cristallines et cristal- lophyliennes 11 4 - Moyens mis en oeuvre - Direction de la recherche 13 5 - Secteurs d'étude 15 6 - Le Cap Corse - 17 6.1. - Pietracorbara 19 6.1.1. - Etude géophysique 20 6.1.1.1. - Résultats 21 6.2. - Rogliano 23 6.3. - Ersa 27 7 - Corse du Sud 31 7.1. - Albitreccia - Hameau de Monte Rosso . 31 7.2. - La Tonnara 35 7.2.1. - Etude géophysique 35

8 - Conclusions 39

LISTE DES FIGURES

Figure 1 - Sites du Cap Corse Figure 2 - Secteur Pietracorbara Figure 3 - Secteur Rogliano Figure 4 - Secteur Ersa Figure 5 - Coupe schématique du Nord du Cap Corse Figure 6 - Situation des secteurs de la Corse du Sud Figure 7 - Carte schématique de Monte Rosso Figure 8 - Photogéologie de la Tonnara Figure 9 - Prospection géophysique à Tonnara

.1

INTROVUCTÏON

Cette étude, entreprise sur crédits du Ministère de l'Industrie et de la Recherche, poursuit les travaux commencés en 1978, au titre du programme d'évalua- tion des ressources hydrauliques (E.R.H.).

Il est paru très intéressant, dans un but très appliqué, de faire coïn- cider notre étude avec des secteurs où existait un problème d'alimentation en eau. C'est ainsi qu'en collaboration avec la Direction Départementale de l'Agriculture et le Service Régional de l'Aménagement des Eaux, nous avons défini des zones d'étude concernant plusieurs communes de Haute-Corse et de Corse du Sud. En effet, des crédits de recherche d'eau par forage avaient été dégagés pour les communes intéressées ; on pouvait donc espérer connaître quantitativement les résultats des investigations effectuées et essayer de déterminer finalement une certaine approche de la recherche d'eau souterraine dans ces domaines cristallophyliens et granitiques.

COMPORTEMENT H/PROGEOLOGIQUE VES ROCHES GRANITIQUES ET METAMORPHIQUES

Bien que les granites soient constitués de roches compactes, impermé- ables dans la masse, ils peuvent être souvent altérés et arénisés (plateaux, zones de fissures) ou parcourus par un système de fractures provoquées par des efforts orogéniques. Ainsi peuvent se développer des nappes aquifères de réseaux. Le nombre important de sources, quoique de faible débit, témoigne de ce genre d'accidents.

La zone d'altération est souvent plus développée que dans les granites. De plus, les "schistes lustrés" (1/3 de la surface de l'île) ont une composition qui n'est pas uniforme et admet plusieurs types de roches (schistes, calcschistes, calcaires, etc..) au comportement aquifère différent.

Quel que soit le type de ces roches, les débits unitaires d'un forage les traversant sont toujours faibles, de l'ordre du litre/seconde.

INTERET VE LA RECHERCHE P'EAU PANS LES ROCHES CRISTALLINES ET CRISTALLOPH/LIENNES

La Corse, donc, de par sa nature géologique, ne possède pas, en général, de bons réservoirs aquifères. Mais les plans d'aménagement hydraulique ne parvien- dront probablement pas à couvrir les plus dispersés des besoins. Dans cette optique, les ressources en eaux souterraines mobilisables pourraient offrir des solutions ponctuelles et efficaces.

Mais, l'orientation de cette ressource s'avère particulièrement délicate ; une étude entreprise par le B.R.G.M. sur certains fleuves corses semble montrer après analyse des hydrogrammes, une réserve plus importante dans les schistes que dans les granites. Ce genre de recherche, toutefois, s'il permet d'orienter les travaux vers les bassins et les roches les plus productives, ne peut fournir des implantations précises à des forages.

J.N. MATHELy - Thè.62. Juin 1979 "Covifrilbutlon à la. comioôiôance géologique, do. de ¿a. Cofuo. - E-tudc d hd d &¿ "

13

MOVENS MIS EN OEUVRE PIRECTION VE LA RECHERCHE

Une recherche préliminaire à toute implantation prend son intérêt quand il s'agit d'explorer une superficie assez importante. Des exemples pris dans une région comme la Bretagne, montrent que toute recherche préalable, par des moyens appropriés, donne des succès plus nets et le pourcentage des ouvrages réunis est le double de ceux laissés à la seule conduite du foreur.

Les moyens mis en oeuvre sont classiques, comme la photogéologie et la géophysique. De plus, quand cela reste possible, il semble, compte tenu de l'expé- rience acquise, que les recherches doivent essentiellement se tourner vers l'exploi- tation de secteurs très fracturés ou très arénisés, au point bas d'un bassin.

15

SECTEURS P'ETUPE

5 secteurs où la découverte de ressources nouvelles est nécessaire ont été signalés par le Ministère de l'Agriculture, S.R.A.E. Corse et visités en pré- sence d'un représentant de cet organisme.

- 3 secteurs se situent en Haute-Corse, plus particulièrement dans le Cap Corse (Pietracorbara, Rogliano, Ersa).

- 2 secteurs se trouvent situés en Corse du Sud (Albitreccia, Monte Rosso et La Tonnara, près de Bonifacio).

L'emploi du forage par percussion à l'air comprimé, selon la technique du "marteau fond de trou" devait permettre de réaliser des sondages dans un délai court, à des prix acceptables. 16

Gn

Jacinaggio

A Alluvions Cp Cipolins et prasinite Se Schistes calcareux a Amphibolites Sp Serpentines Gn Gneiss à muscovite et glaucophane 1 Site de Pietracorbara 2 Site de Bettolacce se 3 Site de l'Acqua Tignese - Marine 4 Site de Toi lare S1 Pietracorbo

SC

Fig.: 1_ SITES'DU CAP CORSE Er.helle I/800O0 / 17

LE CAP CÖRSE

A l'exception du petit lambeau sëdimentaire de Macinaggiu, tous les terrains appartiennent à la série des schistes lustrés, le relief dépendant directement de la répartition des deux principaux termes de cette série :

- Les séricitoschistes, calcschistes et cipolins correspondent, de Bastía à Luri, aux collines de la moitié orientale du Cap au relief relativement mou,

- L'ensemble de roches vertes qui couvrent la moitié occidentale du Cap donnant des reliefs plus accusés. Le relief résulte surtout d'un ploiement récent en anticlinal d'axe Nord-Sud.

De plus, l'allongement du Cap semble être le fait de deux grandes fractures parallèles Nord-Sud, tandis que le réseau hydrographique qui conditionne le compar- timentage humain est lié à des fractures WNW/ESE.

Au point de vue évolution géologique, il semble qu'après l'orogenèse hercynienne, des arkoses rhyolitiques (gneiss de ) se déposent sur un socle Crétacé Inférieur, le dépôt des schistes lustrés est interrompu par un ëpanchement d'ophiolites à l'Ouest du Cap Corse actuel. La phase orogénique principale se carac- térise par le déversement des schistes et des ophiolites en plis couchés, très laminés, favorisés par l'abondance de serpentines.

(I) L'uA.ge.nce. dz ¿'atimzniaiion e.n zau. Hani ¿usUout pouA AlbÜyicccla. eX ¿e¿> conmine* da Cap COHÍ>(L. ^'^ r^-^-^iïi^Sv^*: .;^---^í^'~_¿er^^-- y^'-'úi-

Www

Echelle 1/25000 SEI ^ . . . o. Sondage électriqu 4 e

•—i Profil sismique

Secteur de recherche

T~i r Banc de Cipolin/ Prasinite

Fig.: 2- SECTEUR PIETRACORBARA

79 SGN 790 CSC 19

6.1. P^eX^aco^boAa [Hg. 2]

• -1

Le village de Pietracorbara comprend plusieurs agglomérations. La population totale à prendre en compte pour le calcul des besoins en eau potable est de 1 500 personnes environ. Ce qui correspond à environ 8 1/s. La commune est traversée par le ruisseau de Pietracorbara dont la superficie du bassin versant est de 29 km2, ce qui correspond à la superficie de la commune.

Le Pietracorbara draine un massif en grande partie schisteux (76 %) et amphibolitique (24 %). L'altération est assez importante à l'amont, ce qui a donné une grande surface de pente (chataigners).

Les alluvions du Pietracorbara localisées dans la basse vallée ont environ 4 km de longueur sur 100 à 300 m de largeur, l'épaisseur variant de 4 à 6 m.

Les schistes (s.l.) où s'intercalent des bancs de cipolin sont aquifères. Les sources de Spilonche, Olmo et Meli ont un débit de 0,6 1/s. Elles sont utilisées pour l'alimentation de l'agglomération, mais souvent mal captées.

Le hameau de la Marine est alimenté, en partie, à partir d'un puits mal équipé, exploitant les alluvions du Pietracorbara. Le reste des besoins est couvert par les prises en rivière.

Une estimation des ressources du bassin peut être faite, soit à partir des infiltrations, des écoulements superficiels et des caractéristiques de l'aquifère, soit à partir des débits unitaires en fonction de la nature duéservoir. Ces valeurs ne peuvent être que très approchées. Les valeurs moyennes que nous pouvons avancer se situent entre 50 et 90 1/s.

Bien qu'apparemment, la nappe alluviale soit mal exploitée, il semble que les services de l'agriculture aient préféré diriger la recherche d'eau souterraine par forage profond dans le socle cristallophylien, le secteur devant profiter au mieux de ressources nouvelles étant celui de la Marine, compte tenu de l'apport estival.

Une étude de la vallée du Pietracorbara suivie d'une reconnaissance géophy- sique, nous a fait préférer un secteur de la basse vallée du Pietracorbara. 21

6.1.1.1.

a) Sondages électriques (SEI à SE7) :

Dans l'ensemble, les diagrammes des sondages électriques font apparaître des résistivités peu contrastées. Les sondages SEI, SE2 et SE6 présentent une cer- taine analogie entre eux et montrent des horizons plus conducteurs en profondeur.

En l'absence d'étalonnage, il est difficile d'établir des corrélations entre les horizons électriques déterminés et les formations en présence pour ces 3 sondages ; cependant, les deux ou trois premiers horizons jusqu'à une dizaine de mètres de profondeur peuvent correspondre à des formations alluvionnaires, peut- être hétérogènes qui passent à des schistes altérés (résistivité inférieure à 200 Ohms/m) et ensuite schistes plus sains.

Plus en amont, les résistivités déterminées sur les sondages SE3, SE4, SE5 et SE7 sont plus élevées, les formations intéressées étant vraisemblablement des schistes plus ou moins calcifëres. Les épaisseurs d'alluvions sont peu impor- tantes. Les schistes sous-jacents se caractérisent par des résistivités variables de 300 à 600 0hms/m, Ta présence de niveaux calcaires augmentant ces valeurs de résistivitës.

b) Sondages sismiques (Dl à D4) :

L'analyse des dromochrones met en évidence trois horizons distincts : un horizon superficiel, de vitesse inférieure à 1 000 m/s, un horizon intermédiaire (900 à 1 400 m/s) et un horizon profond avec des vitesses de l'ordre de 4 000 m/s.

On constate, par ailleurs, la présence de retards de propagation d'ondes sismiques, en particulier sur les dispositifs D2 et D4, au niveau de l'horizon profond. Ces retards peuvent correspondre à des zones altérées ou fissurées, mais il peut s'agir également d'approfondissement du niveau de réfraction correspondant ou de variation latérale de faciès. Sur le dispositif D2, les vitesses apparentes obtenues traduisent l'exis- tence d'un pendage des horizons intéressés. On constate un approfondissement de Vho rizon profond du dispositif Dl vers le dispositif D3 ; cet horizon correspond pro- bablement à des schistes calcifères assez compacts. -3-* i _3ij ; \ Ni ,v¿v \ >|. ^_ .'jzL. 'Ü—^t;

WM0^^^^^'¡

^f^x^iíM^^f H • tí

•^- Emplacement de forage o réaliser ^H-vi«™^--^--'-;---^--.^ -<>- Forage existant t1102_3_112)

Fig,3„SECTEUR ROGLIANO 23

11 est probable que l'horizon intermédiaires dont la vitesse sismique

-est de l'ordre de 1 000 m/sä caractérisant habituellement des formations alluvion-

naires sèches9 corresponde plutôt à des schistes très peu compacts ou en partie altérés, bien que leurs rësistivités soient assez élevées. Hais, ceci» en l'absence d'étalonnage, ne peut être assuré.

c) Conclusion

Compte tenu des éléments fournis par ces sondages électriques et sisnriques,, il semble qu'on pourrait tester, d'une part le secteur compris entre les sondages électriques SE2 et SE6, par un forage de reconnaissance plutôt à proximité du SE2, où les valeurs de resistí vites des premiers horizons sont plus élevés (ce qui peut correspondre ä des alluvions moins argileuses, passant à des schistes plus ou

moins altérées), et d'autre parts le secteur compris entre le sondage électrique SE4 et les dispositifs sisnriques D2 et D4 où l'on note la présence de zones de retard d'arrivée des ondes ¿ismiques.

6.2. ^OQtíanq [¥¿g. 3)

Comme c'est le cas dans tout le Cap Corse, la commune de Rogliano comprend plusieurs hameaux, souvent très éloignes les uns des autres. La population qui est de l'ordre de 1 500 personnes pendant l'été, diminue l'hiver. Les besoins en eau sont, en période de pointe de 10 1/s.

Dans le cas proposé par le S.R.A.E., l'alimentation en eau intéresse le

hameau de Bettolacces situé dans la partie haute de la commune. Il s'agit en réalité d'apporter un complément à la ressource actuelle qui comprend plusieurs sources captées* d'un débit total d'environ 1,5 1/s.

Géologiquenent, les terrains qui se rencontrent dans le secteur sont composés de serpentines et schistes amphibolitiques, de schistes lustrés et quelques calcaires en plaquettes, le haut du village étant couronne par un chapeau de ser- pentinites â la base duquel existe toute une série d'émergences. La coupe se pré- sente schématiquemont comme suit» de bas en haut et de l'Est vers l'Ouest :

Des calcschistes et schistes avec quelques intercalations de prasinites, puis les prasinites alternent avec des serpentinites qui, vers le haut, deviennent presque exclusives. Au point de vue ressources aquifères, si nous faisons des évaluations à partir des débits unitaires en fonction de la nature du réservoir, nous obtenons les valeurs suivantes :

Si l'on considère la superficie du bassin versant : schistes amphiboliques et roche verte à 1,9 km2» calcaire en plaquettes 1,9 m2» schistes lustrés 5,7 km2, avec comme hypothèse :

- Débit unitaire des roches vertes : 3-5 l/s/km2, - Débit unitaire des calcaires : 1,5-2 l/s/krrô» - Débit unitaire des schistes : 1-1,5 1/s/km2, nous arrivons à un débit compris entre 14 1/s et 22 1/s,

La recherche d'eau, compte tenu du contexte géologique et de la topographie ne pouvait se faire que dans des secteurs où les niveaux calcaires potentiellement plus favorables pouvaient se rencontrer, si possible au voisinage d'accidents qui développeraient une perméabilité, en grand supplémentaire.

Si la photogéologie nous a permis de déceler quelques orientations de fractures pratiquement Nord-Sud, dans un affluent ou ruisseau de Gioielli, la prospection du fond de vallée nous a fait déceler des pertes dans le ruisseau» contact de bancs plus calcaires, d'où un emplacement de sondage intéressant (X = 577,950 ; Y = 297,100).

D'autre part, la coupe observée, du hameau Magna Sottana, jusqu'à la station d'épuration* nous a permis de décrire des phénomènes de dissolution intéressants, dans une masse constituée de calcaires massifs, présentant des al- ternances calcaropêlitiques.

Cette série est affectée de plis dëcimétriques, avec un plongement Nord 30° en moyenne- Les pendages varient beaucoup, du fait du plissement intense de la série. Cette série calcarienne se trouve en contact, au voisinage de la station d'épuration, avec une série à alternance schistes-cipolins. Dans cette série» les plis observés sont globalement homoaxiaux avec ceux des calcaires plus massifs, Les deux formations semblent être séparées par un accident (discordances structu- rales de part et d'autre du contact). p/

Gneiss Prasinites Peridotites Contact anormal Emplacement propose

Fig,4_ SECTEUR ERSA ^Ä ^ ^ 27

La cote 98 (X = 577,700 ; Y = 297,350) paraît donc être un site intéressant pour l'implantation d'ouvrage, situé dans un point bas par rapport â une forma- tion calcaire "karstifiée". De plus» les axes des plis qui sont localement lieux privilégiés de dissolutions sont orientés vers le thalweg et pourraient agir comme drain.

6,5. E/LÓO. {Fig. 4)

La superficie de la commune est de 19,6 km2. Elle comprend plusieurs agglomérations dont les plus importantes sont Botticella et Granaggiolo* situées à 300 et 110 m d'altitude.

La figure 5 nous donne une coupe complète d'Ouest en Est de toute cette partie du Cap Corse. La série isoclinale de calcschistes, schistes et prasinites est surmontée de péridotites plus ou moins plissées et écaillées et chevauchée par une lame de gneiss qui s'intercale entre les péridotites.

Les schistes amphiboli tiques, serpentines et gneiss sont en égale pro- portions. Leur altération est marquée au pied des collines et sur les flancs boisés.

L'alimentation en eau du village est assurée par le captage de quatre sources originaires des deux types de roches signalées plus haut ainsi que d'une prise au fil de l'eau dans le ruisseau de l'Aqua Tignese.

Les zones à péridotites semblent être les meilleures niveaux aquifères. Une recherche par forage doit être tentée dans ces horizons.

La topographie commande ce genre de recherches et les secteurs favorables géologiquement sont assez difficiles à trouver. Une reconnaissance géologique a fait qu'il soit possible de déterminer un premier emplacement dans le vallon de l'Aqua Tignese (X = 576,200 ; Y = 299,525) tout près de la station de pom- pages ce qui serait un avantage, quant à la prise électrique pour le fonction- nement des pompes.

En effets la route qui part du col St Nicolas vers la prise en rivière recoupe les péridotites qui forment la crête de Merco!i no ainsi que des niveaux de prasinites. La répétition des niveaux de prasinites montre que l'ensemble a Monte Moggiore San Anîonino w

X X X X X X X X '-> xxxxxxxxx xxxxxxxxx x x x x x x x * x x x x x < X X X X X

0 2km

Peridotites

~~á Prasiniíes x ""x Gneiss de Centuri fe Calcaire schiste et Schiste Allochfone de Macinaggio Emplacement de forage d'exploitation prévu

Fig.: 5- COUPE SCHEMATIQUE DU NORD DU CAP CORSE (d'après Durand Delga)

SG \ CSC 29

été plissés mais l'observation des contacts laisse à penser que ceux-ci ont dû rejouer en écailles. En effet, près de la station de pompage, à la base d'un niveau de péridotites, on peut observer un niveau serpentineux avec développement local de fibres d'amiante reposant sur des roches d'aspect lustré. Celles-ci ont un pendage relativement constant (vers le N 350 ä N 10). Ces péridotites chevauchent vraisembla- blement les niveaux de prasinites.

L'implantation d'un forage 100 m en aval de la station de pompage se justi- fie par le fait que celui-ci pourrait recouper des contacts satellites^ prasinites- péridotites qui drainent l'eau des péridotites. Une zone de suintement se situe au niveau d'un accident N 350 très cataclasé, en amont de la prise en rivière.

Le deuxième site retenu (X = 574,800 ; Y = 300,450) peut se situer en aval du grand contact anormal rétro-êcaillant le socle gneissique de Centuri sur les péridotites. L'implantation du forage se ferait au niveau de la galerie de mine qui draine une certaine quantité d'eau actuellement captée. L'ouvrage permettrait de re- couper le contact gneiss-péridotites en espérant que ce dernier ne soit pas trop pentu. Le contexte régional montre que son plongetnent ne devrait pas être supérieur à 45% ce qui, compte tenu de l'implantation du forage,, devrait permettre de le retrouver entre 80 et 100 m. 3D

Fig,:6-SITUATION DES SECTEURS DE LA • • CORSE DU. SUD •. •

Echelle 1/500 000

'"*•* C*-KXWiSi- 31

CORSE PU SUP

Elle est formée, pour l'essentiel, par un vaste batholite issu d'un cycle plutonique carbonifère, suivi par un volcanisme permien et un second cycle plutonique à caractère subvolcanique, également d'âge pernien.

Ces secteurs d'études (Albitreccia et La Tonnara) se situent dans les granites du premier cycle, mais à la différence de quelques régions, il sont ici très peu ou pas arênïsés. Leur morphologie est assez abrupte pour le secteur d'Albi- treccia et relativement molle à La Tonnara.

Les besoins en eau de la commune d'Âlbitreccia devaient nous donner une occasion de recherche d'eau'dans les granités, autre que dans le domaine de l'alté- ration superficielle (arène). Il en était de même pour le secteur de La Tonnara où la ville de Bonifacio voudrait alimenter un camping communal.

7.7. klhJJth.zc.cia. - Hameau_du Mont&Jlqééo [F-tg. 7)

L'aptitude des roches cristallines à permettre la circulation des eaux est fonction de leur facilité à être attaquées par l'érosion et de leur degré de fracturation. Il semble d'ailleurs que les deux conditions soient complémentaires.

Or, quand il s'agit de région à relief assez abrupte9 les arènes sont entraînées plus •facilement vers le point bas des vallées où se localisent des point d'émergence. uisseau Morgone

Ruisseau Ritonda

Echelle 1/50000

Granite Lecocrate Granite Monzonitique Filon de Dolerite Filon de Dioriîe Fracture principale Secteur de recherche

Fig.: 7. CARTE SCHEMATIQUE DE MONTEROSSO 33

Monte Rosso est bâti sur des monzogranites leucocrates. Ces faciès affleu- rent largement en Corse méridionale. Ils se caractérisent niacroscopi quement par leur grain moyen, la faible abondance de ferrûmagnêsiens déterminant une couleur claire. Dans le paysage» ils montrent des reliefs à patine rousse.

Nous nous trouvons en bordure du massif de Coti Chiavari-Bisinao. Les niveaux d'arène sont peu développés.

Hydro!ogiquement, le hameau se trouve sur une arête départageant le bassin versant des ruisseaux du Morgone â l'Est de la Ritonda à l'Ouest, La présence d'eau dans ces doux cours d'eau, même en période estivale* suggère l'existence d'un écou- lement souterrain pouvant être recoupé par sondage. Ces ruisseaux constituant un ni- veau de base voisin de 100 NGF9 un forage devrait donc pouvoir se placer de telle sorte que sa profondeur atteigne cette cote. Des problèmes d'ordre matériel condui- sant â choisir des emplacements en fonction de la distance au réservoir et de la hau- teur rnanométrique font qu'il est parfois difficile de choisir le secteur le mieux adapté à la recherche.

Dans le cas de Monte Rosso, les vallées du Morgone et du Ritonda étaient a priori exclues de ce choix, bien qu'il existât dans cette vallée une convergence de facteurs favorables (X = 541,950 ; Y = 175,400) : '- Zone filonienne développée^ •^Direction majeure'de la facturation* - Contact de deux granités : monzogranites/monzogranites leucocrates.

Un deuxième secteur plus "économique" devait être choisi à proximité d'un thalweg (X = 541,950 ; Y - 175,400) qui emprunte une fracture majeure en aval du hameau recoupé par des accidents orientes surtout NE/SW, bien visibles photogéologi- quement. L'altitude de ce point (260 m) semblait un peu trop élevée. Les chances de recouper des formes aquifères étaient quand même moindres. Iles de lo Tonnaro

Echelle 1/25 000

Fig.: 8_ PHOTOGEOLOGIE DE LA TONNARA

79 SGN 790 CSC 35

JA, laJTonnaAa [Vig. 81

Ce secteur se situe en bordure de mer à 6 km environ au Nord-Ouest de Bonifacio. Il s'agit d'un massif de granites monzogranitiques carbonifères assez pcnéplénisê, d'altitude moyenne (25 m) en bordure Nord-Ouest d'une zone plus élevée de même nature.

Dans ce secteur» les roches ne sont pas ou très peu arénisées et affleurent de manière subcontinue.

Au point de vue hydrologique, il existe quelques puits de faible profondeur dans les arènes du voisinage de l'établissement existant, leur débit est faible. De même» il faut noter une zone d'émergence vers le Sud-Est à l'étang de Stagnolu au débouché d'un thalweg sec.

La presence d'eau suggérait l'existence d'un niveau aquifère souterrain pouvant être recherché par forage.

Afin d'éviter l'inconvénient du biseau salé* la prospection (photogéologi- que et géophysique) s'est orientée vers le secteur le plus haut.

La photogéologie a décelé des zones faillées caractérisées sur le terrain par des filons basiques (dolentes et caraptonites) dont la présence pouvait jouer le rôle de drain. L'orientation générale des fractures est SW/NE, parallèle à la fracture empruntée par le thalweg du Stagnolu, avec des recoupements satellites NW/SE.

7.2.1. Etude, gzophtji¿que, {¥¿g, 9)

La prospection géophysique en zone d'affleurement du socle consiste à localiser soit des failles ou des contacts anormaux car les roches cristallines acquièrent une certaine porosité de fissures au voisinage d'accidents ou aux epontes de filons. La méthode électrique permet de repérer les zones les plus conductrices (altération), phénomène qui peut être renforcé par le dépôt de matériaux argileux dans la fracture.

Dans le secteur de La Tonnara» la prospection électrique a été utilisée essentiellement pour localiser au mieux, avec précision* les accidents dont l'exis- tence était établie par photo-interprétation. MER

Echelle 1/4000

SE1 o Sondage électrique Sondage préconise — —Profil géophysique jj^ua.Fracture reconnue en géophysique

Fig.: 9„ PROSPECTION GEOPHYSIQUE A TONNARA

79 SCU 790 CSC 37

L'étude a comporté un sondage électrique SEI et 5 profils de résistivité d'une longueur approximative de 200 m chacun, à proximité de la route d'accès S la plage.

Le diagramme du sondage électrique montre sous le recouvrement superficiel trois horizons distincts. L'horizon à 340 Ohms/m correspond à des arènes ou à des zones très diaclasées. En profondeur» la résistivité du granite sain domine sensiblement.

Les profils de résistivité (PI à P5) ont été effectués parfois avec deux longueurs de ligne AB9 mais en général» le dispositif AB = 150, MN = 10 m a été adopté avec un pas de mesure de 5 m. Ceci permettait une profondeur d'investigation de l'ordre de 20 à 25 m.

Pour chaque dispositif, les électrodes A et B restaient fixes et le dipole MN était déplacé dans le tiers central, soit sur une longueur de 50 m pour limiter les "à coup de prises".

Le profil PI au Sud de la route et passant par SEI» ne présente pas de variations. Les autres profils mettent en évidence des axes plus conducteurs qu'il est possible de correler.

Les résultats confirment la photo-interprétation et quatre emplacements de forages de contrôle sont proposés (Fig. 9). ' 39

COMCLUSJOMS

Dans notre approche de recherches d'eau souterraine , dans les roches cristallines et cristallophyliennes de Corse5 nous avons essayé de définir les sec- teurs les plus favorables au moyen des méthodes classiques, à savoir une cartogra- phie géologique précise des secteurs, une analyse photogéologique» pour déterminer les grands axes de fracturation. Les méthodes semblent être plus adaptées dans le domaine alpin (dont la structure rappelle celle des régions sédimentaires)

En domaine cristallin, dans les zones peu ou pas arênisées» la recherche d'eau est subordonnée à l'étude de la fracturation, la nature des granitoîdes semble ne pas avoir d'influence sur son rôle hydrogéologique» maïs les critères de distinction entre des fractures aquifëres et celles qui ne le sont pas, n'ont pas encore été mis en évidence,de façon nette. Il apparaît cependant que les zones à forte densité de filons soient plus favorables.

„ Les méthodes géophysiques employées dans ce type de roches ne semblent pas très opérantes en dehors des secteurs arénisës, car la dëterminationdes frac- tures de subsurface est pratiquement décelable en photogâologie.

La campagne de sondages effectuée par le S.R.A.E. donnera une réponse quantitative. Mais, il semble d'ores et déjà que les résultats des premiers sondages effectués, tant en Corse du Sud qu'en Haute-Corse soient très variables.

La fin de la campagne de sondages donnera lieu a un rapport additif à ce'tte étude qui reprendra tous les résultats acquis.

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