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Un parc naturel marin autour du et de l’Agriate PROPOSITIONS 2 Avant-propos

Forgée par la rencontre des différents courants et par la variété des fonds marins, une biodiversité exceptionnelle a pu se développer sur le littoral et au large du cap Corse et de l’Agriate. Elle est depuis longtemps préservée par un peuple soucieux de son île et de ses richesses.

Mérou brun, langouste rouge, grande patelle, denti, corb, oursin violet, corail rouge et grande nacre, tortue et grand dauphin peuplent les habitats typiques de la Méditerranée tels que l’herbier de posidonie ou le coralligène. Ceux-ci, bien représentés, révèlent ici un certain nombre de structures remarquables comme les récifs d’herbiers, voire inédites : les atolls de coralligène jamais décrits à ce jour.

Les Capcorsins, les habitants de la Conca d’Oro, ceux du Nebbio et de Balagne, tous ont su faire de ce patrimoine un atout : du commerce maritime historique, à destination de l’Italie et de toute la Méditerranée, aux opérateurs actuels d’un tourisme tourné vers ces paysages encore préservés, en passant par les pêcheurs professionnels et par les pêcheurs récréatifs du bord, embarqués ou en apnée. Les richesses des eaux marines sont le socle de l’activité de multiples acteurs.

Des points noirs existent cependant. La pression touristique peut générer des comportements altérant la qualité des eaux côtières ; les déchets plastiques s’accumulent sur les plages et en mer jusqu’au fond des canyons ; et la multiplication des usages et des usagers, sur l’eau et sous la surface, rend les confl its de plus en plus ouverts.

Le projet de parc naturel marin autour du cap Corse et de l’Agriate est né de la concertation avec tous les acteurs locaux. Au-delà des intérêts particuliers, ces derniers ont su se retrouver sur des objectifs essentiels : mieux connaître le milieu marin, sensibiliser et accompagner les usagers pour faire de ce projet un modèle de développement durable, préserver l’intégrité des écosystèmes marins, contribuer à l’amélioration de la qualité des eaux marines et raviver le lien entre les habitants et la mer.

Le futur parc constitue une opportunité pour l’ensemble de la population du cap Corse et de l’Agriate de poursuivre leur engagement de protection et de décider ensemble des choix et de l’avenir de leur espace marin.

3 4 SOMMAIRE LES AIRES MARINES PROTÉGÉES EN CORSE 6 QU’EST-CE QU’UN PARC NATUREL MARIN ? 10 POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? 14 CARTE D’IDENTITÉ DE L’ESPACE MARIN 50 LE PÉRIMÈTRE DU PARC NATUREL MARIN 52 LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC 54 LE CONSEIL DE GESTION DU PARC 68 GLOSSAIRE 72 ANNEXES 74 CRÉDITS ET REMERCIEMENTS 76

5 LES AIRES MARINES PROTÉGÉES BBiodiversitéiodiversité : terme utilisé pour décrire EN CORSE le nombre, la variété et la variabilité du vivant.

et sa gestion. Il s’agit de poursuivre cet objectif de préservation de la biodiversité par le dévelop- pement durable et le soutien aux sciences de la mer, en cohérence avec les différentes directives européennes concernant la gestion du milieu, et avec les objectifs nationaux. En 2020, 15% des eaux doivent être classées en aires marines proté- gées réglementaires selon l’ASR. Aujourd’hui, avec Montré en exemple dans le bassin méditerranéen, 7,5% des eaux classées en réserves naturelles le caractère préservé de la biodiversité littorale et plusieurs autres projets de création en cours, et marine de Corse est le fruit d’un long travail, la Corse devrait pouvoir tenir son engagement. particulièrement de 1975 à 1999. Une politique Par ailleurs, en 2012, l’ASR proposait déjà sur le volontaire a été développée en matière de gestion secteur d’étude du cap Corse un projet de parc d’espaces protégés telles les réserves naturelles naturel marin. de Scandola, de l’étang de , des îles Finoc- chiarola, ou encore des Bouches de Bonifacio, plus En dehors du cadre défi ni par l’ASR, l’Offi ce de grande réserve naturelle de métropolitaine. l’environnement de la Corse formalise actuellement Mais avant tout, elle est due à la volonté de la le dossier technique de création et de gestion d’une société corse de prendre en compte, très tôt dans réserve naturelle de Corse, dans le cadre de la mise l’Histoire, la nécessité de protéger le patrimoine en œuvre des mesures compensatoires relatives naturel et d’assurer un développement durable, au projet de construction d’un nouveau port de sur le littoral et en mer. commerce à . Cette mission s’inscrit dans les compétences particulières de la Collectivité Dans ce contexte, l’Analyse stratégique régionale territoriale de Corse en matière de classement de (ASR) pour le renforcement et la création d’aires réserves naturelles dans l’île. marines protégées (AMP) de la Corse fut initiée par l’Agence des aires marines protégées et menée La convention-cadre ayant servi de fondement à conjointement avec l’Offi ce de l’environnement de la mise en œuvre de la stratégie adoptée par l’État la Corse (OEC) et la Direction régionale de l’envi- et par la Collectivité territoriale de Corse pour la ronnement, de l’aménagement et du logement de création et la gestion des aires marines protégées Corse (Dreal). Elle a été approuvée par délibération au niveau régional a été renouvelée récemment. Elle de l’Assemblée de Corse le 23 mars 2012. Cette permettra de poursuivre une coopération ambitieuse analyse propose de renforcer le réseau d’aires ma- et approfondie, nécessaire à la bonne gestion et à rines protégées de l’île, et d’améliorer sa cohérence la protection du milieu marin en Corse.

6 LES AIRES MARINES PROTÉGÉES EN CORSE < 7 8 L’Analyse stratégique régionale (ASR)

L’ASR de Corse prévoit à court terme, et sur la base d’un conventionnement précis entre l’État et la région : • d’étendre la Réserve naturelle de Scandola ; • de concrétiser la mise en place du groupement européen de coopération territoriale du parc marin international des Bouches de Bonifacio ; • de réfl échir à la mise en place d’aires marines protégées à fi nalité halieutique (réfl exion en cours autour des îles Sanguinaires) ; • de fi naliser les documents d’objectifs des sites Natura 2000 en mer ; • de mettre à l’étude un parc naturel marin au cap Corse.

À moyen terme, l’ASR prévoit : • de promouvoir l’implication des collectivités locales corses dans la gestion du sanctuaire Pelagos ; • d’améliorer les connaissances générales océanographiques et biologiques, de la zone côtière jusqu’au large ; • d’étudier et de promouvoir la mise en place d’aires marines protégées (AMP) au-delà des eaux territoriales; • de transférer les bonnes pratiques élaborées dans les AMP de type « réserve naturelle » dans la gestion des sites Natura 2000 en mer ; • de mettre en place les moyens pour la surveillance et le suivi des AMP avec une mutualisation entre elles et une coordination étroite avec les services de l’État ; • d’établir une concertation étroite, voire des partenariats, avec les différents acteurs : pêcheurs professionnels, opérateurs touristiques, usagers non professionnels, acteurs de l’éducation et de la sensibilisation à la protection du milieu marin, scientifi ques, etc.

LES AIRES MARINES PROTÉGÉES EN CORSE < 9 QU’EST-CE QU’UN PARC NATUREL MARIN ?

UN OUTIL DE GESTION POUR LA MER Les parcs marins contribuent ainsi à la planifi ca- tion spatiale marine, comme le veut la législation Les parcs naturels marins français sont nés offi - européenne. Ils tiennent compte de l’ensemble des ciellement le 14 avril 2006 lorsque fut votée la loi politiques publiques, qu’elles soient européennes créant ce nouvel outil de protection ainsi que l’éta- (Politique commune des pêches, directives euro- blissement public dont ils dépendent : l’Agence des péennes « Habitats » et « Oiseaux », « Stratégie pour aires marines protégées. Le parc naturel marin est le milieu marin » etc.), nationales ou plus locales un outil original par sa gouvernance qui associe (arrêtés préfectoraux, règlements prud’homaux, aux décisions l’ensemble des acteurs concernés. etc.). Chaque parc a ses propres orientations de gestion, traduisant ses enjeux locaux, mais tous poursuivent Outils de gestion intégrée, les parcs naturels marins trois objectifs : la connaissance du milieu marin, permettent dans leur périmètre de mieux coordon- sa protection et le développement durable des ner les divers efforts conduits dans son périmètre activités maritimes. pour la protection de la biodiversité marine et garan- tit la cohérence dans la gestion de l’espace marin. Les parcs naturels marins ont été conçus spéci- La France compte aujourd’hui un réseau de sept fi quement pour les espaces maritimes dans les- parcs naturels marins en métropole et outremer sur quels coexistent des patrimoines naturel et culturel les dix qu’elle s’est engagée à créer. Trois projets remarquables, des écosystèmes de qualité et des sont actuellement à l’étude dont le parc naturel activités maritimes multiples. marin autour du cap Corse et de l’Agriate.

10 Campagne d’acquisition de connaissance, parc naturel marin des Glorieuses, été 2015.

ÉÉcosystèmecosystème : ensemble des êtres vivants (biocénose), des éléments non vivants et des conditions climatiques et géologiques (biotopes) qui sont liés et interagissent entre eux.

UN PARLEMENT DE LA MER

En France, à l’exception de la Polynésie française TROIS OBJECTIFS CLÉS et de la Nouvelle-Calédonie, l’État exerce seul son autorité en mer. Sous la direction des autorités Un parc naturel marin a trois objectifs fondamentaux déconcentrées (préfets et préfets maritimes), il centrés sur le milieu marin : assure à chacun de pouvoir exercer et développer ses activités professionnelles ou de loisirs, dans le • la connaissance, respect des règlements établis. • la protection, • le développement durable des activités maritimes. Un parc naturel marin offre la possibilité à tous les acteurs du milieu marin, représentés au sein d’un Ces objectifs ne sont pas antinomiques, bien au conseil de gestion, de contribuer aux décisions contraire. Dans la plupart des cas, ces activités concernant l’espace marin. Conseil de gestion du parc naturel marin des estuaires dépendent du bon état écologique du milieu. Le picards et de la mer d’Opale. parc naturel marin contribue en outre à la sensibili- Cette gouvernance locale permet ainsi d’associer sation des acteurs et de ses usagers aux différents à la gestion de leur milieu tous ceux qui vivent près enjeux de l’espace marin. de la mer ou en jouissent.

QU’EST-CE QU’UN PARC NATUREL MARIN ? < 11 UNE GOUVERNANCE LOCALE

Dans le périmètre du projet de parc, les activités maritimes sont importantes et variées :

• pêche professionnelle ; • activités portuaires (pêches professionnelles et récréatives, ports de plaisance, etc.) et leurs acti- vités induites à terre comme en mer (dragage, clapage) ; • nautisme et sports de nature, loisirs en mer (pêche de loisirs, chasse sous-marine), tourisme balnéaire et activités naturalistes, recherche scientifi que, etc. sont présents sur l’ensemble de la zone. fet maritime de la Méditerranée et le président du UN PROJET NÉ DE LA Conseil exécutif de Corse. Composée d’agents de Le monde associatif joue également un rôle im- CONCERTATION l’Agence des aires marines protégées et de l’Offi ce portant, notamment dans les secteurs sociaux, de l’environnement de la Corse, elle a pour rôle de culturels, scientifi ques et environnementaux. Les L’étude pour la création d’un parc naturel marin conduire la concertation pour étudier les conditions communes littorales, quant à elles, assument, à des autour du cap Corse et de l’Agriate a été placée de la mise en place d’un parc naturel marin autour degrés divers, des responsabilités liées à la mer, de sous l’autorité conjointe du préfet maritime de la du cap Corse et de l’Agriate. la gestion d’un port de plaisance en passant par Méditerranée et du préfet de Haute-Corse, par la recherche permanente de l’équilibre entre tou- arrêté ministériel du 5 juin 2014. Le comité de pilo- Un comité de pilotage réunissant élus et services risme et environnement. Collectivité territoriale de tage de cette mission a été arrêté le 23 juillet 2014. de l’État auprès des préfets coordonnateurs et Corse et Conseil départemental de la Haute-Corse Il a réuni un premier comité de concertation rassem- du président du Conseil exécutif de Corse, a acté mènent directement des politiques publiques dans blant les acteurs concernés et lancé la démarche, le l’accélération de la démarche de mise en œuvre le secteur maritime. 23 novembre 2014. du projet, en septembre 2015 en écho à la volonté de Madame la ministre de l’Écologie. Tous ces groupes d’acteurs seront représentés au Une convention-cadre entre l’État, l’Agence des sein du conseil de gestion, organe de gouvernance aires marines protégées, la Collectivité territoriale En concertation avec l’ensemble des acteurs de la du parc. Les services de l’État sont toutefois mino- de Corse et l’Offi ce de l’environnement de la Corse mer, la mission d’étude, basée à Bastia, a conduit ritaires. Ils auront pour rôle de mettre en œuvre une a été signée le 24 novembre 2014 afi n de préciser les actions suivantes : politique commune au-delà des intérêts sectoriels, et de défi nir les modalités de mise en œuvre de la selon les orientations de gestion du parc défi nies mission d’étude. En effet, la Corse possède depuis • contacts directs avec les acteurs : élus, profes- à sa création. Cette politique repose sur le plan 2002 un grand nombre de prérogatives en matière sionnels, représentants du milieu associatif ; de gestion du parc qui fi xe les objectifs à 15 ans. de gestion et de préservation de l’environnement. • compilation et synthèse des différentes études Il inclut des indicateurs permettant d’évaluer l’état existantes pour appréhender les enjeux importants de santé du milieu marin et de mesurer l’effi cacité La mission d’étude a été mise en place en mai de la zone d’étude, liés au patrimoine naturel, de la gestion. 2015, pilotée par le préfet de Haute-Corse, le pré- culturel ou aux usages ;

12 > QU’EST-CE QU’UN PARC NATUREL MARIN ? L’équipe de la mission d’étude. De gauche à droite : Lena Chaubon, Nicolas Tomasi, Delphine de Solliers et Ronan Lucas.

Cent-vingt-trois personnes ont apporté leur contribution au projet, en participant • entre le 26 septembre et le 19 novembre 2015, activement et organisation et animation de quatorze groupes régulièrement à ces réunions de travail. de travail constitués de l’ensemble des acteurs Le 26 janvier 2016, identifi és sur la zone : leurs propositions, - à la villa Ker Maria de Ville di Pietrabugno, au synthétisées par la mission d’étude, ont été cours d’ateliers thématiques (patrimoine naturel, soumises au comité de patrimoine culturel, qualité de l’eau, ressources concertation, présidé par halieutiques, navigation, tourisme et sports de les préfets et le président loisirs) visant à identifi er les enjeux spécifi ques du Conseil exécutif de Corse pour être de l’espace marin ; validées et soumises - à Saint-Florent, Macinaggio et Erbalunga, pour à enquête publique. esquisser une première trame du projet ; - enfi n, à et Luri pour s’accorder sur la défi nition des orientations précisant le rôle du futur parc, identifi er la composition de son conseil de gestion et s’exprimer sur son périmètre.

13 POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? schistes, ophiolites, granites, calcaires, composent ainsi une palette de supports très différents où se développent de multiples habitats marins.

Si sur la côte orientale la pente est douce, côté occidental, elle est plus abrupte et entaillée de canyons. Ces derniers se sont progressivement formés à la faveur des fl uctuations du niveau des PATRIMOINE NATUREL mers : lorsque le niveau de la mer baissait, l’eau douce qui coulait vers les points bas formait des Le périmètre d’étude de ce projet de parc naturel vallées, progressivement envahies par la mer lors marin est caractérisé par une grande hétérogénéité des épisodes de submersion. Par son ampleur, le géologique, topographique et hydrodynamique. plateau continental constitue, avec les Bouches de Ensemble, ces paramètres physiques déter- Bonifacio, une exception à l’échelle de la Corse. En minent la présence d’habitats variés eux aussi, effet, il s’étend largement au nord et à l’est. et de nombreuses espèces. Certaines, rares ou emblématiques, sont des marqueurs culturels ou Le mont sous-marin de la marge continentale nord- économiques pour les habitants. Les autres, de ouest de la Corse est une autre particularité géo- moindre valeur patrimoniale, ne doivent pas pour logique. Situé à environ 22 kilomètres de Centuri, autant être négligées : leur bonne santé est liée à entre 1 730 mètres et 720 mètres de profondeur, ce celle de l’ensemble de l’écosystème et, parfois, la relief est formé de basalte en forme de coussin (lave conditionne. en coussins) altéré, datant de 20 millions d’années. Remarquable d’un point de vue géologique, il l’est Le relief sous-marin autour du cap Corse et de aussi par son peuplement biologique, en raison des l’Agriate, comme celui des terres émergées, est ca- coraux profonds qui s’y sont développés. ractérisé, sur le plan de la géologie, par une grande variété de roches. Les deux visages géologiques Du point de vue de la courantologie, le secteur de l’île se trouvent, en effet, rassemblés dans ce d’étude se situe à la rencontre du courant ligure projet de parc : la Corse « alpine », schisteuse, qui et d’un second courant en provenance de la Médi- forme tout le Cap, et la Corse dite hercynienne, terranée orientale. Le front entre ces deux masses avec ses roches granitiques, au large de l’Agriate. d’eau ainsi que les nombreuses zones d’upwelling Entre les deux : un domaine immergé composé de (remontées d’eaux profondes, chargées en nutri- roches sédimentaires diverses plus récentes. Les ments) explique la productivité des eaux.

14 Les études engagées dans le contexte de la directive cadre sur l’eau ont permis Qualité de l’eau de mettre en évidence le bon état écologique Si le bon état écologique est globalement atteint et chimique des au cap Corse, ce n’est pas le cas, en 2015, pour le masses d’eau golfe de Saint-Florent et le Cap Ouest. Les études au cap Corse font ressortir la fragilité des golfes littoraux, milieux en général. relativement fermés plus sensibles aux activités humaines. De même, les rivières et les ruisseaux de la Concia et de Vaccareccia, ainsi que le Luri, l’Aliso et l’Ostriconi n’atteignent pas le bon état éco- logique en 2015. Pour l’ensemble de ces masses d’eau, un objectif de bon état des eaux est fi xé à l’horizon 2021. Cet état écologique est évalué à partir d’éléments biologiques, physico-chimiques et hydromorphologiques contribuant, ensemble, ÉÉléments-tracesléments-traces mmétalliquesétalliques : éléments au bon équilibre de l’écosystème. En effet, le bon naturellement présents dans les sols dont certains sont état écologique de l’eau requiert non seulement sa indispensables notamment aux plantes. On utilise également bonne qualité mais également un bon fonctionne- l’expression métaux lourds, qui correspond à une défi nition ment des milieux aquatiques. Une faible densité physique, ou bien oligo-éléments. Les ETM, comme le de population et l’absence d’industries sont des plomb, le cadmium, le cuivre ou le zinc sont plus ou moins assimilables et peuvent être concentrés dans la chaîne facteurs favorables à une bonne qualité de l’eau. alimentaire avec des conséquences sur la santé de certains organismes. C’est pourquoi ils peuvent faire l’objet d’un suivi. Longtemps exploitée pour ses roches amiantifères, La mise en place de réseaux d’assainissement la mine de Canari est la principale source de pol- des eaux usées est donc un élément clé de la HHabitatabitat : L’habitat est le milieu géographique propre à la vie d’une espèce animale ou végétale. lution marine au cap Corse. Entre 1941 et 1965, lutte contre la dégradation des masses d’eau et, Les facteurs environnementaux peuvent 3 au moins 4,5 millions de m de rebuts d’amiante plus généralement, des habitats marins. Dans ce varier, c’est pourquoi de nombreuses espèces ont été déversés en mer, conduisant même à un domaine, un effort est nécessaire dans certaines changent d’habitat au cours de leur vie. engraissement de certaines plages à proximité. communes des régions de Bastia et de Saint-Florent L’exploitation de la carrière a également entraîné le notamment. Masses d’eau : volume d’eau dont la taille est suffi sante pour permettre le fonctionnement des déversement d’importantes quantités d'éléments processus physico-chimiques et biologiques. -traces métalliques associés (cobalt, etc.). Enfin, les cours d’eau jouent un rôle non négli- geable dans la qualité des eaux marines, puisqu’ils Marines : ouvertures sur la mer pour les Les rejets liés aux activités humaines peuvent néan- déversent dans le milieu marin des éléments-traces hameaux du cap Corse construits sur les hauteurs pour se protéger, elles servaient de havres pour les moins être source de pollutions ponctuelles. C’est métalliques provenant du fond géochimique natu- embarcations, le matériel de pêche et les marchandises. le cas dans le golfe de Saint-Florent et au niveau rel du bassin-versant. Pour la plupart, la qualité Aujourd’hui elles abritent toujours les embarcations, de certaines marines du Cap, où des pollutions de l’eau des petits fl euves côtiers qui se jettent mais aussi l’activité économique et touristique. d’origine domestique peuvent être observées en dans le périmètre d’étude correspond toutefois période estivale, du fait de l’affl ux touristique. aux normes en vigueur.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 15 16 BBenthosenthos : ensemble des organismes vivant à proximité, sur ou dans les fonds marins. À l’opposé, le terme pélagique regroupe l’ensemble des espèces vivant dans la colonne d’eau.

Nourricerie : zones où se regroupent les alevins et juvéniles d’une espèce durant les premiers mois ou les premières années de leur vie, pour s’y nourrir. Une zone de nourricerie peut être fréquentée par plusieurs espèces.

Résilience : capacité d’un écosystème, d’un habitat, d’une espèce, à retrouver un développement et un équilibre normal après une phase d’instabilité engendrée par une perturbation environnementale.

Formations bioconstruites

Au sein du périmètre d’étude, on rencontre des Écosystèmes littoraux L’herbier de posidonie formations fortement calcifiées (bioconcrétion- est une zone de nurserie et de protection pour de nements) notamment des peuplements d’algues Herbiers marins nombreuses juvéniles et coralligènes, des encorbellements à lithophyllum poissons de petite taille. et des associations à rhodolithes. Les fonds marins du cap Corse et de l’Agriate concentrent quelque 100 km2 d’herbiers de posido- Rare à l’échelle des côtes françaises de la Méditer- nie, soit près de 20 % de la surface totale occupée ranée, l’encorbellement à lithophyllum byssoides par cet habitat en Corse. Ces herbiers, protégés à est constitué de plusieurs couches ou thalles. Il se l’échelle nationale et communautaire, constituent développe dans la zone de déferlement. Dans le pé- localement des formations rares pour la Méditer- rimètre d’étude, près de 37 petits encorbellements ranée, tels les récifs-barrières, les plates-formes ont été dénombrés, notamment sur la partie ouest récifales ou les herbiers ondoyants. Ils composent marines et de la faune qui vit fi xée sur leurs feuilles. du Cap. Leur édifi cation est très lente : certaines de ainsi, à la faveur du relief ou de la nature du substrat, Particulièrement prisé pour ses qualités gustatives, ces formations auraient plusieurs siècles. Il existe une mosaïque d’habitats, support d’une diversité il subit une forte pression de pêche sur le littoral. même des formations « fossiles » immergées, d’un biologique importante et d’une forte productivité, grand intérêt scientifi que, car elles renseignent sur notamment en espèces halieutiques. Les herbiers Autre plante marine présente dans le périmètre les variations du niveau de la mer au cours des de posidonie servent, en effet, de nurserie, d’abri et d’étude, la cymodocée, elle aussi protégée, montre derniers millénaires. D’autres espèces patrimo- de nourricerie à plusieurs espèces patrimoniales de une préférence pour les températures relativement niales, telle la patelle géante, quasiment disparue poissons et d’invertébrés marins comme la grande élevées. Lorsque les conditions deviennent défavo- des côtes de la Méditerranée occidentale, mais nacre ou l’oursin violet. Ce dernier, un herbivore rables pour la posidonie, la cymodocée peut ainsi présente en densité importante dans l’Agriate et à benthique présent sur les fonds rocheux, à moins de prendre sa place, augmentant la résilience du milieu la pointe du cap Corse notamment, sont associées 10 mètres de profondeur, se nourrit de ces plantes face au réchauffement climatique. à ces édifi ces.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 17 Le corb commun est particulièrement ciblé par la chasse sous-marine. Le 1er janvier 2014, un moratoire sur la pêche de loisirs et EEspècesspèces nnonon ccompétitives :ompétitives : espèces la chasse sous-marine a qui sont incapables de fuir leurs compétiteurs été adopté pour cinq ans. et prédateurs, et se maintiennent en faibles L’espèce fait désormais fréquence et densité. La rareté est souvent l’objet d’un suivi scientifi que associée à une faible compétitivité. dans le milieu naturel.

Les grottes marines

La présence d’encorbellements à lithophyllum Les bioconcrétionnements constituent également Vingt grottes ont été dénombrées dans le périmètre renforce ainsi la valeur écologique du périmètre un abri pour de grands crustacés comme la lan- d’étude, principalement sur la côte ouest du cap d’étude. Ces formations sont néanmoins menacées, gouste rouge. La diminution des populations de Corse : neuf grottes semi-immergées (médiolit- notamment par la pollution des eaux littorales. cette espèce emblématique, à forte valeur com- torales), dix grottes semi-obscures et une grotte merciale, pousse les gestionnaires des pêches obscure. Autre type de concrétions biologiques, les associa- et les scientifi ques à développer une politique de tions à rhodolithes, des algues calcaires libres encore gestion adaptée. Les grottes semi-immergées ont une valeur surtout appelées maërl ou macciotta en Corse. Dans le péri- patrimoniale et esthétique, fonction notamment de mètre d’étude, elles s’étendent sur plus de 23 000 La présence régulière du denti commun sur ces leur taille et de leur morphologie qui conditionnent hectares, soit près de 15 % des surfaces connues à habitats témoigne de la connectivité des écosys- l’accessibilité pour les baigneurs, les plaisanciers ce jour en Méditerranée. En raison de la complexité tèmes littoraux avec ceux du large. Super-prédateur etc. structurale des habitats qu’elles composent, elles côtier, l’importance du denti commun est écolo- hébergent, elles aussi, une riche biodiversité. La gique, mais aussi économique : ce poisson est, en Les grottes semi-obscures sont peuplées de nom- laminaire rodriguezii, espèce d’algue rare en France effet, prisé par la pêche professionnelle comme par breuses espèces d’algues et d’invertébrés fi xés et particulièrement vulnérable, se développe ainsi la pêche de loisirs. Considéré par l’UICN comme comme les gorgones. On y trouve aussi des espèces parfois sur les fonds de maërl, bien qu’on la trouve « Vulnérable » en Méditerranée, il fait actuellement patrimoniales tel le corail rouge, même si celui-ci est surtout sur certains pitons rocheux calcaires. l’objet d’une réfl exion concernant d’éventuelles seulement présent sous forme de petites branches mesures de protection. et en faible densité. Cette espèce surexploitée, dont Observé régulièrement dans ces écosystèmes, le la pêche est réglementée, prélève sa nourriture en mérou brun est une espèce emblématique des côtes fi ltrant l’eau. Elle est donc sensible à la pollution de l’île. Classé « En danger » par l’Union internationale ainsi qu’aux variations de température. pour la conservation de la nature (UICN) en 2012, il fait l’objet depuis 1993 d’un moratoire, prolongé Les grottes obscures sont des milieux refuges pour pour dix ans en 2013, interdisant sa capture par la les espèces non compétitives mais souffrent parfois pêche de plaisance et la chasse sous-marine. Ces de la dégradation de leurs plafonds par les bulles mesures de protection favorisent la reconstitution d’air des plongeurs autonomes. Comme dans le des populations à l’échelle locale, et plus particu- cas des grottes semi-obscures, des investigations lièrement au cap Corse. scientifi ques amélioreraient leur connaissance.

18 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? Des micro-estuaires

Plusieurs « estuaires », provenant de fl euves à faible débit, animenent la côte de l’Agriate, commeei icic l’embouchure duu Fiume Santu.tu Ces écosystèmes pérériodiquement connectés à la mer sont peuplés d’organismes qui ont su s’adapter à la dynamique complexe de ces milieux pauvres en nutnu riments. La compréhensioion de leur fonctionnement global néécessiterait un travaiva l scientint fi quee complémentaire.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 19 Les banquettes de posidonie

La posidonie, Posidonia oceanica, est une plante à fl eurs marine endémique de la Méditerranée. Sa présence jusqu’ à 40 mètres de profondeur est synonyme de bonne qualité environnementale. Les feuilles mortes, transportées par les vagues le long des côtes, s’accumulent sur les plages. Ces dépôts, surnommés banquettes, sont, comme la plante vivante, protégés. Ils contribuent en effet à la protection des plages contre l’érosion. PréPr sentes sur toutes les plages,s ces banquettes, trop souvent assimilées à des « déchhets », ont tenndand ce ààf faire fuir lees baigneuurs en été. Celles-e ci sonont doncon pparfoois enlevées et déposéo es surur lees hauha ts de plage durantan laa saison touristi iquue. LL’OEC et la DDreal réaalisent un trravail de senensibbililisationi des différents aacteueurs à l’importance écologique de ces banquettes. Pour concilier la préservatva ionon du milieu naturel et l’attractivité du territoire, un travail d’harmonisation des pratiques et de recherche de solutions innovantes de gestion des banquettes, d’une commune à l’autre, seraira t aussi à prévoir parp le futur conseil de gestion du parca .

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20 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? Écosystèmes profonds

Mont sous-marin

Dans le cadre de la démarche de désignation de sites Natura 2000 au large, entamée en 2013, un secteur d’intérêt a été identifi é dans le périmètre d’étude, au nord de Calvi et de Saint-Florent. Situé au-delà du plateau continental, il englobe un mont sous-marin qui culmine à environ 1 300 mètres de profondeur, environné d’un fond vaseux à 2 050 mètres de profondeur. Sur le mont, la roche était couverte en de nombreux endroits, de débris de coraux profonds, attestant de la présence de ces espèces patrimoniales.

Canyons

Le périmètre d’étude comprend quatre canyons : le canyon de Centuri nord, le canyon de Centuri sud, le canyon de Saint-Florent et celui de l’Île-Rousse.

La biodiversité que renferment ces canyons va- rie selon les substrats qui les composent (vase, structures rocheuses, roche bioconstruite, etc.). De manière générale, elle est principalement représen- tée par des espèces fi xées, notamment des huîtres géantes, gorgones et coraux noirs. En 2010, la campagne d'exploration CORSEACAN, menée à l’initiative de l’Agence des aires marines protégées avec l'appui d'une trentaine de scientifi ques, avait pour objectif d'obtenir un état de référence des Atolls de coralligène têtes de canyon et des vallées sous-marines. Elle Lors de campagnes océanographiques effectuées entre 2011 et 2014, a, de ce fait, permis d'y déceler certaines structures au niveau de monts sous-marins situés au nord du cap Corse, plusieurs géologiques intéressantes, faites de blocs de roche centaines de structures bioconstruites, jamais décrites auparavant, ont été mises en évidence entre 110 et 130 mètres de profondeur. et de falaises verticales de près de cent mètres Ces formations sont constituées d’un noyau central de coralligène, de haut. Elle a aussi mis en évidence la présence parfois recouvert d’une « forêt » de gorgones et/ou d’éponges, et sont de nombreux déchets dans le fond des canyons. entourées d’une couronne de rhodolithe d’environ 25 mètres de diamètre. D’origine très ancienne (plus de 6000 ans), ces « monuments naturels » abritent une importante biodiversité. Baptisés « atolls de coralligène », ils font, depuis leur découverte, l’objet d’investigations scientifi ques.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 21 Les espèces migratrices, un lien entre les écosystèmes

Le secteur d’étude du parc, au nord est de la Méditerranée orientale, à l’interface du large, des canyons et du plateau continental est un lieu de passage, de repos ou de recherche de partenaire privilégié comme en témoigne l’observation régulière de grands migrateurs.

Si huit espèces de mammifères marins sont pré- sentes en Corse, le grand dauphin demeure l’espèce la plus communément observée. Les dauphins du littoral de l’île interagissent rarement avec les indivi- dus des côtes françaises avoisinantes. Ils pourraient donc, constituer une sous-population distincte.

Sur les 200 individus qui fréquentent le littoral corse, une cinquantaine se concentre de la pointe de Lozari à l’étang d’Urbinu. Vingt-six sont fréquemment observés sur le secteur Saint-Florent- Macinaggio et semblent sédentarisés sur cette zone. Cette espèce côtière trouve dans la zone d’étude une variété d’habitats lui assurant un approvisionnement varié en nourriture.

Moins populaire, la tortue caouanne migre le long du littoral de l’île pour rejoindre ses sites d’alimentation du bassin ouest de la Méditerranée. Protégée par plusieurs conventions internationales, l’espèce est de plus en plus observée autour du cap Corse. Plu- sieurs tentatives de ponte, événement rarissime qui n’était plus survenu depuis 2002 à Porto-Vecchio, ont même été constatées à l’été 2014, notamment sur la plage de Meria. D’une façon générale, durant leur première année, les petites tortues semblent rester dans une même zone, là où la couverture d’algues dont elles se nourrissent est importante. Ensuite, leur nourriture varie selon qu’elles migrent en pleine eau (méduses, calmars, poissons volants) ou qu’elles séjournent près des côtes (bivalves, crabes, oursins, poissons…). Les tortues caouannes participent ainsi aux échanges d’énergie dans la chaîne alimentaire et font le lien entre les différents écosystèmes. La tortue verte, beaucoup plus rare, peut être également observée.

22 Le balbuzard fait l’objet de toutes les attentions des gestionnaires : trois couples de balbuzard pêcheur, seul rapace de Corse se nourrissant uniquement de poissons, nichent dans la Réserve naturelle de Finocchiarola et un quatrième couple se reproduit dans l’Agriate.

Oiseaux marins

Dans le secteur d’étude, les îles de la pointe du cap Corse hébergent les principales colonies de repro- duction d’oiseaux marins. Le goéland d’Audouin, espèce emblématique à l’origine de la création de la Réserve naturelle des îles Finocchiarola, ne niche Le puffi n cendré ou de plus sur la zone depuis trois ans. Le puffi n cendré Scopoli au décécollagee ou de Scopoli (sur la Giraglia) et le cormoran huppé s’y reproduisent. Si l’on sait que ces espèces effec- tuent des déplacements à la recherche de nourriture sur l’ensemble des côtes de l’île et au nord-est du Cap, les connaissances sur leurs zones de repos, de migration ou d’alimentation restent parcellaires.

Les falaises littorales abritent, elles-aussi, les amours de nombreuses espèces d’oiseaux d’intérêt patrimonial, notamment cinq couples de faucon pèlerin à la pointe du cap Corse, le martinet à ventre blanc, le martinet pâle et le pigeon biset (forme sauvage). L’espace marin est également traversé par de très nombreux migrateurs, surtout au printemps. On constate aussi, de manière plus sporadique, la présence et la distribution d’espèces d’oiseaux marins en migration ou en hivernage.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 23 Changements globaux et conservation du milieu marin

Le périmètre du futur parc naturel marin est suscep- La montée des eaux induite par le réchauffement tible d’être affecté par les changements climatiques. climatique menace, quant à elle, les encorbellements Le réchauffement pourrait ainsi favoriser le dévelop- à lithophyllum, mais également les structures récifales pement d’espèces exotiques susceptibles d’envahir plus profondes et les atolls de coralligène, déjà situés le milieu naturel. Parmi celles-ci, la caulerpe Caulerpa en limite bathymétrique de répartition des espèces cylindracea, introduite en Méditerranée à la fi n du XXe qui les composent. siècle, et qui a rapidement envahi tout le bassin médi- terranéen. Considérée comme une espèce « ingénieure Le futur parc naturel marin pourra donc jouer un d’écosystème », cette plante marine génère un nouvel rôle d’observatoire privilégié du changement glo- habitat : la prairie de caulerpes. Elle entre ainsi en bal. Au-delà, il pourra apporter sa contribution à concurrence avec l’herbier de posidonie. l’atténuation de ce phénomène, grâce notamment à son rôle dans la préservation des habitats, voire

L’absorption de CO2 conduit aussi à l’abaissement même à l’adaptation des pratiques et des usages du pH des océans. Ce phénomène d’ acidifi cation du milieu marin, si cela s’avère nécessaire. a des conséquences négatives sur de nombreux organismes marins et leurs écosystèmes. Il parti- cipe notamment à la régression des herbiers et des structures et organismes calcaires naturellement présents dans les écosystèmes.

Dans le secteur d’étude, les quelques observations de Caulerpa cylindracea, espèce envahissante, ont été effectuées au niveau du récif-barrière de la Roya et dans le golfe de Saint-Florent par les plongeurs du réseau Caulerpes.

les herbiers de posidonie et de cymodocée, ou les formations bioconstruites sont capables de fi xer le

CO2 et de le séquestrer à long terme.

24 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? LE ROCHER DES VEUVES

À vingt-deux milles nautiques au nord du cap Corse, le rocher des Veuves, un haut-fond, Déchet plastique sur un herbier de posidonie. recèle des habitats remarquables : outre la présence de formations de coralligène s’étendant sur près de 300 hectares, des « atolls de coralligène », structures inconnues jusque-là en Méditerranée, y ont été identifi és.

Dans les années 1950, selon les récits des pêcheurs qui le fréquentaient pour la pêche aux thonidés et aux langoustes, ce haut-fond était considéré comme l’un des sites les plus poissonneux de Corse. Mais en 1972, la société italienne Les déchets Montedison commence à y déverser des déchets sous la forme de « boues rouges » Les résultats de diverses campagnes scientifi ques provenant de son usine de titane installée sur ont mis en évidence la présence de macrodéchets la côte toscane, déclenchant immédiatement (déchets visibles à l’œil nu) sur le littoral comme la réaction des habitants et des pêcheurs du en profondeur. La colonne d’eau, elle, contiendrait Cap et de l’ensemble de l’île. Après des mois une concentration élevée en microparticules de d’une lutte intense, l’entreprise déplace la déchets plastiques. zone des déversements à 70 milles au nord du Cap et construit de nouvelles installations Les écosystèmes profonds semblent les plus affec- permettant de réduire les rejets. Cette tés : lors de campagnes d’exploration des canyons sous-marins, la présence de nombreux engins de mobilisation aboutit à la condamnation, pêche « fantômes », de corps-morts et d’ancres, de en avril 1974, des responsables de débris plastiques et métalliques, de fragments de la multinationale Montedison. porcelaine ou de céramique a été constatée dans Pour les insulaires, il s’agissait surtout de le fond des canyons. préserver leur cadre de vie. Mais, au-delà pointe du cap Corse, ce qui constitue un élément de cette croisade pour la défense de Une accumulation de ces déchets est également défavorable pour la préservation des habitats. l’environnement, c’est toute la question du observée au niveau des épaves dans le canal de Les vents et les courants les accumulent dans les Corse, ainsi qu’à l’aplomb des routes de naviga- criques, presque partout sur le littoral. Sensibilisées statut de l’île qui fut posée cette année-là. tion. Par ailleurs, les structures portuaires et les à la gestion délicate des banquettes de posidonie Aujourd’hui, ce site emblématique demeure zones de mouillage forain augmentent les risques sur les plages, les communes littorales effectuent, prisé des pêcheurs professionnels et de de pollution ponctuelle. durant la période estivale, des nettoyages manuels loisirs, français et italiens. La présence des déchets plastiques enchevêtrés dans ces ban- simultanée de plusieurs types de pratique et Les courants sont un facteur déterminant pour le quettes. Phénomène en diminution ces dernières de nationalités génère parfois des confl its. transport et l’accumulation de macrodéchets. On années, des échouages d’hydrocarbures sont observe par exemple de nombreux débris fl ottants encore avérés dans le secteur. Il s’agit sans doute au niveau des fronts de courants, notamment à la de « petits dégazages ».

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 25 26 COHÉRENCE AVEC LES OUTILS DE GESTION EXISTANTS

La richesse des habitats et des espèces marines du périmètre d’étude, ainsi que leur grande valeur patri- moniale, sont déjà reconnues à différents niveaux. Cette reconnaissance s’exprime par une diversité d’aires marines protégées existantes : sites Natura 2000, réserves naturelles, arrêtés de protection de biotope, zones naturelles d’intérêt fl oristique et fau- nistique (Znieff) etc., sanctuaire Pelagos pour la protection des mammifères marins en Méditerranée.

La réserve des îles Finocchiarola a été créée en 1987 afi n de protéger la colonie de goélands d’Audouin, espèce endémique de Méditerranée, qui niche sur ces îlots. La gestion est assurée par l’Association Finocchiarola qui gère également les terrains du Conservatoire du littoral et les deux sites terrestres Natura 2000 répartis sur quatre communes : Roglia- terrestre des îles ainsi que leur partie marine, sur no, Ersa, Centuri et . Avec seulement deux quelques centaines de mètres en mer. Ceci per- Réserve naturelle de l’archipel des îles Finocchiarola, protégée depuis agents permanents, c’est une association reconnue mettra notamment une harmonisation des outils de 29 ans grâce à l’implication du et soutenue par les communes concernées ainsi que protection à la pointe du cap Corse ainsi qu’une conservateur et de son équipe. par leurs partenaires. En période estivale, l’équipe cohérence de gestion. En 2013, lors de l’enquête recrute quatre agents saisonniers afi n de renseigner, publique, la population a exprimé sa volonté d’aller et sensibiliser le public, nombreux en cette saison. plus loin dans la protection et de préserver la partie Cela permet également de veiller au respect de la marine autour des îlots. réglementation et donc de préserver, dans la mesure du possible, les zones sensibles, la qualité du site et La création d’un parc naturel marin autour du des espèces. Avec la coopération du Conservatoire cap Corse et de l’Agriate est un des éléments de EEspècesspèces eendémiquesndémiques : des espaces naturels de Corse notamment, l’asso- réponse apportés à ces acteurs conscients des espèces naturellement restreintes à la zone ciation assure les suivis d’oiseaux emblématiques enjeux de préservation de l’espace marin. géographique considérée. Cette notion est donc dépendante de l’espace pris en sur le littoral et sur les îlots. considération : endémique d’un continent, Dans l’Agriate, la protection et la gestion se sont endémique d’un pays, endémique d’une zone Un projet d’extension de la réserve est actuelle- organisées à partir des années 1970. Touchées par biogéographique, endémique d’une île, etc. ment en cours afi n d’intégrer deux autres îles de la déprise rurale, les terres de l’Agriate faisaient la pointe du Cap déjà sous arrêtés de biotope : l’île l’objet de convoitise de la part de promoteurs immo- de la Giraglia et l’îlot Capense. Le périmètre de la biliers qui souhaitaient y développer des projets future réserve comprend l’ensemble de la superfi cie touristiques et de loisirs.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 27 Vierge de toute urbanisation, l’Agriate est nationalement, voire internationalement, reconnu pour la beauté de ses paysages et de ses plages.

Les premières acquisitions du Conservatoire du lit- tiques entraînent dans certains cas des atteintes, usages dans l’Agriate a été signée en 2010, ce qui toral débutent alors dans cette zone pour préserver parfois graves, aux espèces et aux écosystèmes a permis de fédérer un nombre important d’acteurs ce site remarquable tout en permettant l’ouverture remarquables. organisés autour d’une philosophie de protection au public. À ce jour, le Conservatoire est propriétaire partagée. de près de 5 600 hectares, ce qui fait de l’Agriate Pour remédier à ces problèmes divers rencon- son plus grand site en Corse. trés sur le terrain, le Conservatoire du littoral et le Au cap Corse comme dans l’Agriate, sur le littoral département ont engagé en 2006 une démarche comme en mer, le futur parc ne va pas absorber le Jusqu’en 2006, sa gestion a été confi ée au « Syn- originale de concertation avec l’ensemble des travail de ces équipes, mais veillera à la cohérence dicat mixte pour la gestion des espaces naturels acteurs locaux. De cette initiative est né un projet de sa gestion de l’espace marin avec ces travaux, publics de l’Agriate » (SMA). À cette date, le dépar- de territoire, validé en 2008 et organisé autour de et à la bonne articulation entre terre et mer par la tement de la Haute-Corse reprend la gestion du quatre grands principes : complémentarité ou le renforcement des actions site. Aujourd’hui, huit gardes départementaux du des différentes équipes. littoral assurent des travaux en régie sur le site, • des richesses naturelles et culturelles à préserver, participent à des suivis scientifi ques, informent le à mieux connaître et à partager ; public et veillent au respect de la réglementation. • un vaste espace d’émotions et d’évasion, à décou- De nombreuses opérations de valorisation sont vrir et à rêver ; élaborées en partenariat avec le Conservatoire du • un projet ouvert aux activités économiques et littoral et les acteurs locaux. favorisant le lien social ; • une gestion dynamique, adaptée à la com- L’attractivité exercée par l’Agriate sur la population plexité et à l’ampleur du site et du projet. et les vacanciers pour leurs loisirs n’a cessé d’aug- menter. De multiples usages, terrestres et maritimes, Depuis 2008, de nombreux travaux ont été engagés s’y côtoient désormais, créant parfois des confl its par le propriétaire du site, avec l’appui technique entre les usagers. Par ailleurs, de mauvaises pra- et fi nancier du gestionnaire. Une charte des bons

28 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 29 LLee ccapap CCorse,orse, cc’est’est « ll’île’île dansdans l’îlel’île ».». L’histoireL’histoire hhumaineumaine ddee ccee tterritoireerritoire eestst iintimementntimement liéeliée à ssaa rrelationelation aavecvec llaa mmer.er. LLee CCapap s’ests’est cconstruitonstruit aavecvec llaa mmerer eett pparar llaa mmerer [[…].…]. CCetteette ppériodeériode eestst rrévolue,évolue, eett ll’évolution’évolution rrécenteécente a éétété mmarquéearquée pparar unun aappauvrissementppauvrissement cconstantonstant ddee ccetteette rrelationelation aavecvec lala mmer,er, aauu ppointoint qqu’elleu’elle eestst aaujourd’huiujourd’hui tténue,énue, misesmises à ppartart qquelquesuelques mmodestesodestes aactivitésctivités ddee ppêcheêche aartisanale.rtisanale. LLee pprojetrojet ddee pparcarc nnaturelaturel mmarinarin mmérite,érite, ddee ccee ffait,ait, ddee mmeilleurseilleurs aapprofondissementspprofondissements eenn vvueue ddee mmieuxieux ddiscerneriscerner lleses cconditionsonditions aadaptéesdaptées à nnotreotre éépoquepoque pourpour ppouvoirouvoir rrétablirétablir uunene rrelationelation ddynamiqueynamique entreentre lele capcap CCorseorse eett llaa mmerer [[…]."…]."

DDominiqueominique CCERVONIERVONI, mmaireaire ddee Luri,Luri, llorsors dduu ggrouperoupe ddee ttravailravail dduu 2222 ooctobrectobre 22015015 à EErbalungarbalunga

La tour de LE PATRIMOINE CULTUREL domine la mer de Calvi à la pointe de Blanche à Canari. Culture maritime du cap Corse u scabechju, ont amené les Capcorsins, « paysans et de l’Agriate marins » à développer un système économique original, essentiellement tourné vers l’exportation Il s’agit là d’une culture originale pour la Corse car par la mer. Ceci tient au fait que les caractéristiques tournée vers le large et non vers l’intérieur. C’est du territoire capcorsin (faible altitude, vents forts, un point essentiel : les Capcorsins connaissaient relative sécheresse et sol pauvre) ont conduit les construire et entretenir un réseau dense de tours mieux les rivages de Ligurie, de Toscane ou du habitants à cultiver des plantes adaptées à ces de surveillance, les tours génoises. Par la suite, Latium (sans parler des îles de l’archipel toscan) diffi cultés comme la vigne. Celle-ci était de plus aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Capcorsins furent nom- que ceux de Propriano (même s’ils n’ignoraient en plus présente en allant vers le nord, le blé la breux à s’engager comme corsaires au service de pas ces derniers, car ils allaient y acheter du blé). remplaçant progressivement, vers le sud. la Toscane, de Venise, du Piémont-Savoie et de Ces hommes étaient plus souvent en contact avec Malte. La marine nationale de Pascal Paoli avait des marchands et marins de ces régions italiennes, Les productions locales étaient ainsi acheminées son siège dans le Cap Corse (Centuri et ) avec des négociants marseillais, grecs, hollandais et vendues dans les îles toscanes, en Sardaigne où les navires de course étaient construits. ou anglais à Gênes et Livourne, qu’avec les bergers et sur la « terre ferme », à Gênes, Livourne, Rome du centre de la Corse. et bien au-delà. Les Capcorsins ramenaient de Des liens forts furent également noués par la mer ces voyages des denrées alimentaires, des objets avec les autres régions de Corse, notamment le La quantité et la qualité des vins produits dans manufacturés et même du minerai de fer qu’ils Nebbio et la Balagne. De nombreux habitants du le Cap, l’abondance du poisson, en particulier transformaient au Cap. À partir du XVIe siècle, la littoral, de Nonza à Saint-Florent, transhumaient en le jarret, i zerri, et son procédé de conservation péninsule, comme le reste de l’île, eut à souffrir bateau pour aller planter le blé dans leurs terres de local, à l’escabèche entre des feuilles de myrtes, de la piraterie barbaresque et les Génois y fi rent l’Agriate. Dans les marines du cap Corse et jusqu’à

30 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? la plage de l’Ostriconi, des magazzini servaient du monde, principalement les Amériques. Certains de comptoirs pour les échanges commerciaux. À émigrés du cap Corse bâtirent ainsi outre-Atlantique partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les vins de véritables fortunes, et fi rent construire dans leurs de la Conca d’Oro et du Nebbio embarquaient à villages de grandes maisons dans le goût toscan Saint-Florent ou sur la plage d’Olzo de Patrimonio de l’époque : les maisons d’Américains. pour entamer un tour du cap Corse par la mer : l’occasion d’en tester la qualité, donc la capacité Ces maisons ainsi que les différentes chapelles à être exportés, une fois arrivés à Bastia. du cap Corse dédiées notamment à la Vierge ou à saint Érasme, saint patron des marins, les nombreux La mer assura aux Capcorsins une certaine pros- ex-voto qui y sont suspendus, comme à Lavasina, périté jusqu’en 1830 environ. Ils eurent en charge le témoignent encore aujourd’hui des liens forts qui transport de la plus grande partie des marchandises unissaient ces hommes avec la mer. Sous la com- La vigne est et des passagers entre la Corse et le continent mande de la Collectivité territoriale de Corse et indissociable de jusqu’au début du XIXe siècle. C’est dans le Cap, des communes, l’ association Petre Scritte réalise la mer au Cap. De tout temps, vignes à Erbalunga, Macinaggio, Porticciolo et Centuri, l’inventaire de ce patrimoine bâti et mobilier. et mer fi rent vivre que se trouvaient les principaux chantiers navals ses habitants. de Corse où l’on construisit de petits bateaux de pêche mais aussi, selon les époques, des brigantins et tartanes ou des bricks-goélettes de grande taille. Le déclin fut provoqué par le développement de la navigation à vapeur, qui entraîna l’essor du port de Bastia. Une forte émigration s’ensuivit vers la France continentale, surtout à Marseille, et le reste

Sanctuaire Notre Dame de Lavasina à Brando à qui les marins capcorsins confi èrent leurs espoirs lors des tempêtes en mer. Les ex-votos dans l’église en témoignent.

31 Doliolium (petit dolium) d'une épave romaine gisant à 34 m de profondeur DDoliumolium : est une grande à l’ouest de Giraglia. jarre en terre cuite de l’époque romaine, qui pouvait transporter jusqu’à 3200 litres de vin.

L’archéologie • Durant la Seconde Guerre mondiale, la région de Bastia, et le cap Corse en particulier, a été le siège Le cap Corse a toujours été l’un des points de de plusieurs batailles navales dont la plus célèbre passage obligé des routes maritimes de la Méditer- est celle de , le 9 septembre 1943. ranée, d’où sa richesse en épaves. Le Département Un canonnier et deux barges allemandes, coulés à des recherches archéologiques subaquatiques et cette occasion, ont notamment été expertisés, parmi sous-marines du Ministère de la culture (Drassm) une série d’épaves liées à cette période, dont des a ainsi recensé dans le secteur d’étude 125 entités avions, gisant entre 48 et 200 mètres de profondeur. archéologiques (épaves, objets isolés, dépotoirs, Plusieurs de ces épaves (par exemple celle de la mouillages, etc.), chiffre qui sera prochainement cannonière de l’Insuma à Pietracorbara, ou celle du augmenté d'une quinzaine d’entre elles, décou- P47 de Santa Severa) sont accessibles à la plon- vertes entre 2013 et 2015. Cinquante-sept appar- gée sportive et très fréquentées par les plongeurs. tiennent à l’époque antique et 68 aux périodes moderne et contemporaine. • Les épaves à grandes profondeurs sont l’un des principaux thèmes de recherche du Drassm en Trois thématiques fortes ont été identifi ées par le Corse depuis 2013. Entre 2013 et 2015, quatorze Drassm : les épaves à dolia, celles liées aux deux ont été découvertes et en partie expertisées, entre la confl its mondiaux et, enfi n, les épaves à grande pointe du cap Corse et Bastia de 100 à 500 mètres profondeur. de profondeur. Elles couvrent une période allant de l’époque hellénistique à l’époque contemporaine. • Un dolium (pluriel : dolia) Les dolia étaient placés Bien conservées, même si la plupart des épaves an- à poste fi xe dans la cale de navires qui étaient de tiques ont été endommagée, parfois très lourdement, véritables « pinardiers » romains. Deux épaves à par le passage des chaluts, elles sont une source de dolia gisent entre la Giraglia et Barcaggio-Tollare, données scientifi ques sans équivalent. Parmi elles une autre à Île-Rousse. Un parcours sous-marin fi gurent, par exemple, le vapeur Bonaparte : coulé pourrait être aménagé dans l’une des premières. en 1847, il est le premier vapeur à hélice construit Un autre projet consisterait à reconstituer une en Méditerranée, sur commande de la première épave à dolia à Île-Rousse, avec la ré-immer- compagnie maritime corse, Valery et frères. Ces sion des fragments de dolia provenant d’une épaves profondes hébergent de plus des espèces épave fouillée dans les années 1970-1980 dans rares, comme le corail blanc. C’est le cas de l’épave le bassin de l’actuel port de commerce. Le lieu du paquebot italien Francesco Crispi, coulé par le d’immersion, encore à déterminer, pourrait ensuite sous-marin Saracen 1943 et récemment localisé devenir un « spot » pour la plongée récréative. et expertisé à plus de 500 mètres de profondeur.

32 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? LES USAGES

L’histoire, l’économie et une culture résolument tour- née vers le large ont forgé le caractère des habitants du cap Corse et de l’Agriate au cours des siècles derniers. Ce passé est encore présent aujourd’hui dans la persistance de certaines activités maritimes et l’arrivée de nouvelles caractérisent les liens forts de la population à la mer. La zone du cap Corse est le point de passage pour les navires venant du continent. Il est souvent la première escale des plaisanciers. Une fl ottille de petits métiers permet de fournir les tables touristiques en langoustes et en poissons fi ns. Les marines, les criques et les plages constituent autant d’attrait pour une population locale et estivante en quête d’un cadre encore préservé.

Le trafic maritime commercial

Aujourd’hui encore, le périmètre d’étude est traversé Un fl ux secondaire établi au nord-ouest de la zone Port de commerce de Bastia, principale escale par plusieurs routes maritimes, essentiellement d’étude du projet relie les ports italiens et espagnols, pour le trafic passager à fréquentées par des navires de commerce. ou rejoint le détroit de Gibraltar, puis l’Atlantique. destinatiiono de la Corse

Un fl ux principal emprunte le canal de Corse pour Le transport de passagers vers et au départ de la faire la liaison entre les ports du nord-ouest de Corse alimente également le trafi c maritime. Qu’ils l’Italie (Gênes, Livourne, La Spezia et Savona), et débarquent à Bastia ou à l’Île-Rousse, environ 2,5 le sud de la Sardaigne, la Sicile et la Tunisie, ainsi millions de passagers transitent chaque année par que l’ensemble de la Méditerranée orientale. Ce les eaux du secteur d’étude, ce qui représente plus fl ux, d’environ 18 000 navires par an, rassemble de la moitié du trafi c passager de la Corse. Les les plus grosses unités de transport de marchan- ferries arrivent principalement de Marseille, Tou- dises (cargos, tankers, porte-conteneurs, etc.). Ces lon, Nice, Savone, Gênes et Livourne, avec un pic navires mesurent souvent plus de 100 mètres de de fréquentation durant la saison estivale. Quatre long et naviguent à une vitesse de 14 à 30 nœuds. compagnies se partagent ce marché : Maritima Le canal de Corse est également fréquenté par ferries, la Méridionale, Moby lines et ferries. les navires de grande plaisance, navigant de la Riviera française ou italienne au sud de la Corse, Cette intense fréquentation, nécessaire à l’activité à la Sardaigne et à la Méditerranée orientale. Face commerciale et touristique de l’ensemble de la aux risques potentiels générés par cette navigation, Corse, doit être compatible avec les enjeux identifi és la France et l’Italie réfl échissent aux modalités de dans le sanctuaire Pelagos pour les mammifères gestion du trafi c dans le canal de Corse. marins en Méditerranée, dans lequel le périmètre

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 33 d’étude est inclus. Une compagnie maritime, la Méridionale, s’est déjà dotée du système Repcet de détection des grands cétacés, visant à éviter les collisions. La Corsica ferries, quant à elle, embarque des observateurs scientifi ques en partenariat avec le sanctuaire Pelagos.

Les espaces marins entre l’Île-Rousse et Centuri ne sont pas concernés par cet intense trafi c. Toutefois, c’est une zone fréquentée l’été par les navires de plaisance, à voile et à moteur. Cette forte fréquen- tation est portée par l’attractivité de Saint-Florent et de son port, ouvert sur l’Agriate et sur le Cap, propice à la plaisance.

Le nautisme

En Corse, la fi lière nautique se compose de trois sec- secteur. L’été, la capacité d’absorption des struc- teurs : les services de loisirs (43 % des établissements tures dédiées se trouve vite atteinte. commerciaux), les activités de maintenance et de services portuaires (40 %) et le commerce d’articles Hors saison, les ports de plaisance et les nombreux de sport (17 %). En 2011, on comptait ainsi 370 éta- petits ports abris du périmètre d’étude du parc blissements en Corse, pour un chiffre d’affaires estimé naturel marin sont principalement occupés par des à 135 M€. L’effectif de la fl otte corse dans les ports de bateaux de moyenne et petite taille, anciens, qui ne l’île est de près de 5000 unités, sans variation signi- sortent pas beaucoup en mer. La crise économique fi cative au fi l des saisons. La moitié est représentée a amené nombre de plaisanciers à revoir leurs prio- par des navires de moins de huit mètres. rités, et ce loisir qui nécessite des investissements réguliers, notamment pour l’entretien, en subit les Dans le périmètre d’étude, les activités liées au conséquences. nautisme sont concentrées autour des ports de plaisance localisés des communes de Ville di Pietra- La Corse est à l’initiative d’une politique régionale bugno, de Rogliano et de Saint-Florent. On y trouve ambitieuse pour la structuration et la valorisation de notamment shipchandlers, loueurs de bateaux, la plaisance et du nautisme. Toutefois, les compé- services de réparation navale et de maintenance, tences spécifi ques sont encore insuffi samment sa- électriciens et mécaniciens de marine. La proximité tisfaites. Des besoins sont relevés notamment dans des ports de Bastia et de l’Île-Rousse augmente le domaine de la mécanique et de la maintenance cependant la fréquentation des eaux dans le péri- nautique. La formation apparaît donc incontournable mètre. Dès les beaux jours, plaisanciers proprié- pour l’essor de la fi lière. Certains établissements taires ou locataires se répartissent sur toutes les spécialisés, comme le lycée maritime et aquacole criques du littoral, y mouillent parfois sur l’herbier, de Bastia, supportent de nombreux projets de pour profi ter de la mer et du soleil. développement à travers leurs offres de formation.

L’affl ux estival fait vivre cette activité commerciale et l’attractivité exercée par l’Agriate profi te à tout le

34 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? Les installations portuaires sur le littoral

Les ports

On compte trois grands ports de plaisance sur le périmètre du projet de parc : Macinaggio, Saint- Florent et Toga. Outre une capacité d’accueil de plus de 1700 places, ils concentrent les activités de réparation navale et de vente de bateaux. Ensemble, ils emploient seize personnes à temps plein et 37 saisonniers, et totalisent un chiffre d’affaires de 4,5 M€.

Le port de plaisance de Macinaggio, ancienne marine de Rogliano et Tomino, port de commerce et de pêche du XVIe au XIXe siècle, redevenu ensuite petit port de pêche local, a été rénové en 1974 à l’initiative de la commune. Sa localisation en fait la première escale pour les bateaux venant en Corse depuis le nord de l’Italie, via l’île d’Elbe, ou depuis la Côte d’Azur.

Entièrement dédié à la plaisance, le port de plai- sance de Toga se situe à cheval entre Ville di Pie- trabugno et Bastia. Proche du centre-ville de cette dernière, il a été conçu récemment.

Le port de Saint-Florent se limitait jusqu’aux années 70 à une dizaine de bateaux de pêche. Une succes- sion d’extensions en fait aujourd’hui le plus grand port de plaisance du périmètre d’étude du parc naturel marin. Un port de plaisance privé, construit de façon indépendante à l’embouchure de l’Aliso, peut accueillir 400 unités supplémentaires.

Ces trois ports ont amorcé des initiatives en faveur d’une gestion plus « environnementale ». Toutefois, ils sont à la recherche de solutions fi nancières qui leur permettraient de se lancer dans un proces- sus de certification « Ports propres ». Les ports de Saint-Florent et de Macinaggio souffrent d’un ensablement récurrent, provenant respectivement Niché au coeur du village de Saint-Florent, de l’embouchure de l’Aliso pour Saint-Florent, et le port attire par sa situation et sa proximité d’apports liés à la courantologie dans la baie de du site protégé de l’Agriate. Macinaggio.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 35 Port de Centuri et nasse traditionnelle pour pêcher les langoustes. Pointu sur la cale de la marine d’Erbalunga.

L’ensablement amène à recourir à des opérations Dans le Cap, toutes les communes à l’exception Tableau 1. Ports de plaisance du secteur étudié de dragage coûteuses, sur le plan fi nancier et éco- d’ ont leur débouché sur la mer. Jadis, les logique. Par ailleurs, en haute saison, ces structures marines comme Sisco, Pietracorbara, Morsiglia, Capacité portuaires doivent occasionnellement faire face à Canelle, Nonza, Farinole, Meria, etc. n’étaient pas un engorgement. Une réfl exion est en cours sur des habitées en permanence. Elles sont aujourd’hui très mouillages organisés temporaires qui permettraient prisées des estivants. Des ports comme Centuri, 543 places, alors d’accueillir davantage d’unités. Barcaggio, Porticiollo, Santa Severa, Erbalunga et dont 180 pour les visiteurs et Macinaggio Giottani furent, eux, des lieux d’habitation pérennes 3 pêcheurs professionnels dès leur établissement. Ports abris et marines 860 places, À Centuri, le petit port rassemble les bateaux des Saint-Florent dont 205 pour les visiteurs et D’une fréquentation sans commune mesure avec ces onze pêcheurs encore en activité ainsi que de nom- 8 pêcheurs professionnels trois ports, les ports abris et marines qui ponctuent breuses embarcations de plaisance. Ailleurs, les le littoral du cap Corse ont une grande importance marines abritent en haut de plage les quelques em- 357 places, pour l’identité des lieux, comme pour la structuration barcations légères des pêcheurs de loisirs locaux, Port de Toga dont 60 pour les visiteurs et du territoire. et les engins de plage pour les loisirs des habitants 1 pêcheur professionnel et des touristes de passage (kayak, planche de Simple plage aménagée, cale de halage, jetée ou stand-up paddle, hobbie cat, petit dériveur, etc.) quai, ces petits ports ont été aménagés ou construits, Elles constituent pour eux un point de mise à l’eau, pour la plupart dès le XVIe siècle, par des hommes mais aussi un site de mouillage pour les petits plai- ayant un lien privilégié et complexe avec la mer. sanciers locaux, voire de baignade en été.

36 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? Avec leurs magazzini et leurs tours génoises, l’archi- tecture des marines illustre parfaitement l’ambiva- lence du rapport historique des Capcorsins à la mer, moyen de prospérer par le commerce, mais aussi source de menaces à travers les invasions. Tableau 2. Ports départementaux du secteur étudié Sur le périmètre du futur parc, le département de Haute-Corse est propriétaire de quelques installa- tions portuaires. Il en gère deux directement : Portic- Ports de pêche Surface en m² Postes à quai Pêcheurs ciolo, sur la commune de , et Centuri. Dans les autres communes, la gestion sous délégation de service public est répartie ainsi : Erbalunga est Erbalunga 6 422 60 - déléguée à l’association des pêcheurs et plaisan- ciers d’Erbalunga, Santa-Severa est déléguée à la Porticciolo 6 316 15 1 commune de Luri, Barcaggio à la commune d’Ersa et Giottani à la commune de . Santa-Severa 14 200 150 - Le département de Haute-Corse s’attache à ce que les gestionnaires délégués de ses ports développent Barcaggio 9 840 81 2 une véritable politique en faveur de l’environnement. Ainsi, les mesures proposées pour le développe- Centuri 17 600 148 11 ment des activités de pêche professionnelle ou pour l’amélioration de la qualité des eaux comptent parmi les critères de sélection pour le choix des Giottani 4 776 45 - délégataires.

37 La pêche professionnelle La majorité de l’activité reposait sur l’entraide entre les pêcheurs. Ainsi, la pêche au jarret, zerri, prati- Historique quée au moment où ils se rassemblent en bancs, mutonne, pour le frai en avril, mai, autour de la De longue date, et jusqu’à aujourd’hui, les ports de Giraglia, consistait à faire tourner une senne à la pêche ont rythmé l’activité économique du littoral tombée du jour, à la lumière d’un fl ambeau, et à la du projet de parc, particulièrement de celui du cap ramener à bord du pointu à un rythme bien précis. Corse, de Bastia à l’Île-Rousse. Ces jarrets, qui entraient dans la composition des tonnelets du scabechju, constituaient un des princi- Traditionnellement, la pêche était pratiquée au prin- paux produits d’exportation du cap Corse. Quant à temps et en été à proximité des marines. Elle était la langouste, elle était prélevée toute l’année jusqu’à ainsi synonyme de revenu rapide sur une partie de un arrêté interdisant les prises de septembre à mars. l’année. Les équipages, composés d’un ou deux Face à la diminution de la ressource notamment en marins, ne sortaient que rarement l’hiver et seuls été, les professionnels ont, en effet, réglementé la quelques-uns s’aventuraient sur les hauts-fonds de période de pêche. Centuri ou sur le plateau au nord de la Giraglia. Ce n’est qu’à partir de 1940 que les premiers bateaux motorisés, bricolés avec des moteurs de voiture, L’activité de nos jours voient le jour, permettant l’extension de la saison et des secteurs de pêche. Aujourd’hui, au cap Corse comme dans l’ensemble de l’île, la pêche professionnelle est essentiellement une petite pêche côtière, pratiquée au moyen d’une fl otte adaptée au travail sur des fonds rocheux et à l’exploitation des ressources halieutiques du pla- teau continental. Peu de bateaux pratiquent cette activité au-delà de trois milles nautiques de la côte.

Départ pour la Les habitats remarquables des fonds marins du cap pêche, port de Corse sont favorables au développement d’espèces Centuri, premier port à forte valeur commerciale comme la langouste langoustier de Corse rouge, le denti, le chapon ou le homard méditer- ranéen, habituellement pêchés entre la surface et deux cents mètres de fond.

Actuellement, cinquante embarcations pratiquent une activité professionnelle sur le périmètre du projet. Les ports de Saint-Florent, Macinaggio, Bastia, Île-Rousse et Centuri en concentrent la majeure partie. La prud’homie de Bastia-cap Corse représente plus de 80 % de l’activité de pêche professionnelle dans le secteur étudié.

Avec une taille variant entre sept et dix mètres, et une capacité minimale de 1,26 tonneau (3,57 m3), les embarcations traditionnelles, de type « pointu », sont largement représentées. Plusieurs bateaux

38 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? Typique des embarcationson de pêche corses, cepe pointu est armrmé d’un virere-fi let à la proue, et d’un vire pap langreg à tribord.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 39 pratiquant la pêche à la senne sont de dimensions plus importantes. Quelques embarcations plus modernes, dotées d’une coque en aluminium et d’un moteur plus puissant peuvent aller plus au large pêcher thons, liches ou espadons notamment.

Les zones de pêche les plus fréquentées sont celles peu profondes du plateau continental, situées en face de Bastia, ainsi que le plateau de la Giraglia, au nord du cap Corse, particulièrement prisé par les pêcheurs à la langouste.

Le fi let à poissons (monofi lament et trémail) reste l’engin le plus utilisé dans le secteur. Son utilisation est homogène de mars à octobre, avec des varia- tions minimes dans la longueur du fi let. La zone est également la dernière de Corse à utiliser les tonnare pour les sérioles qui sont des fi lets fi xes (à la côte) de mai à juillet, dont les emplacements sont tirés au sort.

Néanmoins, les professionnels situés à Centuri, réputé comme l’un des plus importants ports de pêche à la langouste en France, utilisent le fi let à langoustes comme principal engin. Contraire- ment au fi let à poissons, son utilisation est plus intense à l’approche de la saison estivale. En effet, la langouste, espèce patrimoniale à forte valeur commerciale, dont la période de prélèvement est limitée entre septembre et mars, est très prisée par la population touristique.

Le troisième engin principalement utilisé est la pa- langre, à laquelle s’ajoute parfois la nasse. Tous sont calés simultanément ou alternativement. Complé- mentaires, ils permettent une répartition de l’effort de pêche tout au long de l’année, prévenant toute surexploitation des espèces ciblées.

Enfi n, deux petits chalutiers pratiquent la pêche à la langoustine dans les fonds vaseux du canal de Corse.

40 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? de loisirs et sports de nature, toutes catégories confondues. Cependant, la plupart de ces loisirs peuvent être exercés de manière individuelle, ce qui rend diffi cile l’estimation du nombre de prati- quants. Seule la plongée sous-marine, exigeante quant au respect des règles de sécurité tant dans l’eau qu’en dehors (conditionnement des blocs de plongée, etc.), se pratique presque exclusivement de manière encadrée, soit dans une association, soit dans une structure commerciale.

La pêche de loisirs

À partir d’une embarcation, depuis le bord ou en apnée, la pêche de loisirs est sans doute l’activité préférée des usagers locaux de la zone d’étude. Cette activité génère aussi une forme de tourisme (séjour avec guide de pêche en mer, etc.), à laquelle une partie de la population touristique estivale s’adonne, parfois de façon béotienne, souvent en vraie passionnée, à la pointe de la technologie.

Le développement de cette activité nécessite d’être maîtrisé et ses pratiquants sensibilisés aux enjeux écologiques pour ne pas menacer la durabilité de la ressource.

Rencontre inattendue entre une seiche et un plongeur. Conscients du risque de dérives et de la concurrence Les loisirs avec la pêche professionnelle pour les sites et les et les sports de nature espèces, des pêcheurs récréatifs, plaisanciers et sous- marins se sont fédérés en associations. Ces activités recouvrent les catégories suivantes : Ainsi, les associations de pêcheurs plaisanciers Maria- • activités de pêche de loisirs : pêche depuis le delorma et Bastia offshore fi shing, adhérentes à une bord, pêche embarquée, chasse sous-marine ; fédération nationale, comptent plusieurs centaines de • les activités nautiques sur le plan d’eau : voile, membres qui fréquentent régulièrement ou occasion- kayak, surf, stand-up paddle, kitesurf, aviron de nellement les eaux du futur parc naturel marin. L’activité mer, etc. ; de chasse sous-marine est également fédérée sur le • la plongée sous-marine, l’apnée, les randonnées territoire, par le biais de deux associations, U Falcone en palmes-masque-tuba ; et Sagro aquatic club, affi liées à la Fédération française • les randonnées en véhicules nautiques à moteur. des pêcheurs sportifs en apnée et à la fédération Chasse sous-marine passion. Leurs membres sont de On estime qu’au sein du périmètre d’étude, une bons apnéistes en mesure de sélectionner la ressource cinquantaine de prestataires proposent des activités visée en fonction de l’espèce et de sa taille.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 41 42 Toutes ces associations travaillent à faire valoir leurs droits tout en diffusant auprès de leurs membres conseils et règles de bonnes pratiques, afi n d’être reconnus comme acteurs respectueux de l’environ- nement. Elles sont volontaires pour entrer dans des démarches participatives de suivi et d’évaluation des populations de poissons.

La plongée sous-marine, l’apnée, les randonnées en palmes-masque-tuba

Neuf structures de plongée à caractère commercial proposent des sorties dans le périmètre du futur parc naturel marin et parfois même des services de travaux sous-marins : trois à Saint-Florent, trois à Bastia, une à Rogliano, une à Santa-Severa et une à Sisco.

D’autres structures, relevant du statut associatif, af- fi liées à la FFESSM proposent, en autres, des plon- gées à caractère naturaliste. Eau limpide, richesse biologique des fonds, beauté des paysages sous- marins, etc. Les eaux du cap Corse et de l’Agriate ont tous les atouts pour attirer les plongeurs, qu’ils Les activités nautiques soient équipés d’un scaphandre autonome ou de sur le plan d’eau Stand-up paddle à Farinole. palmes, masque et tuba. Les grottes sous-marines obscures et semi-obscures qui jalonnent le littoral Le littoral du cap Corse et de l’Agriate offre de sont de plus en plus populaires. Les nombreuses multiples possibilités d’activités sur le plan d‘eau : épaves qui gisent par petits fonds et la température voile, kayak, surf, stand-up paddle, kitesurf, aviron clémente de l’eau qui permet de plonger toute de mer, etc. l’année, (même si la saison de pleine activité ne s’étend que de mai à octobre) en font des sites Quatre structures ouvertes à la belle saison, à Saint- attractifs pour les plongeurs. Florent, Macinaggio, Toga et Lozari, permettent de s’initier à la voile, de se perfectionner lors d’un Soucieux du maintien de leur activité qui est dépen- stage ou de louer une embarcation. Ouvert toute dante du bon état écologique des fonds marins, l’année, le club nautique de Bastia propose par les professionnels de la plongée manifestent une ailleurs des sorties autour du cap Corse, et organise inquiétude légitime face à la dégradation de certains des régates. sites : les traces d’ancrage dans les herbiers, l’eau turbide, et les déchets deviennent malheureuse- D’autres structures commerciales localisées sur ment des composantes indésirables des paysages de nombreuses plages, cumulant parfois activi- sous-marins. tés de base nautique et de restauration de plage, proposent en été des services de randonnée en stand-up paddle ou en kayak, ou des locations d’engins de plage.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 43 Le littoral du secteur d’étude offre aussi des spots de surf et de stand-up paddle pour tous les niveaux. Le cap Corse a même son école. Fondée par l’asso- ciation Ile glisse en beauté en 2002, cette école de surf et de stand-up paddle du cap Corse dispose d’une solide renommée sur toute l’île, notamment BRUITS SOUS-MARINS en matière de surf, de skate et de stand-up paddle. Les principales sources de bruit provoquées L’unique école de kitesurf du territoire d’étude se trouve à Lozari, mais c’est la plage de l’Ostriconi qui par des activités humaines en milieu marin est la plus fréquentée par les pratiquants de ce sport. sont : le trafi c maritime, qui génère par rayonnement un bruit de fond permanent, La pratique de l’aviron de mer devrait se développer : les émissions sonar, signaux sonores pour l’installation d’un club est à l’étude dans le golfe de détecter ou positionner des objets, les travaux Saint-Florent. Un club est présent à Bastia. et ouvrages en mer, qui génèrent une grande diversité de bruits notamment des explosions L’été, certains prestataires proposent des séjours sous-marines ou encore du pilonnage. « aventure », avec circuit en kayak le long de l’Agriate ou du cap Corse. D’autres, sur une saison un peu La mise en place d’une réglementation plus longue - avril/octobre - offrent des prestations nationale et internationale, sous la forme de liées à la croisière : location de voiliers avec ou sans deux directives, la Directive-cadre sur l’eau skippers. (2000) et la Directive-cadre Stratégie pour le milieu marin (2010) forcent les industriels et Ces activités sont souvent perçues comme n’ayant porteurs de projet à évaluer leurs impacts que peu, voire aucun impact sur le milieu naturel. sonores sous-marins sur l’environnement et Mais l’accès à la mer peut s’avérer problématique : à prendre en compte des règles visant à les véhicule tout-terrain sur les plages, aménagement limiter. de ces dernières, dérangement des oiseaux qui nichent dans les falaises ou sur les îlots, etc. Ces Au sein du périmètre d’étude, ces Le spot de Macinaggio pour loisirs qui impliquent un contact étroit avec le milieu perturbations sonores sont principalement les férus de windsurf. marin contribuent toutefois au lien entre l’homme et dues au trafi c maritime commercial, à la la mer. À ce titre, ils sont concernés par les actions navigation de plaisance à moteur ainsi qu’aux de préservation et de gestion d’un parc naturel marin. véhicules nautiques à moteur (jet-ski).

Sports mécaniques

Les loueurs de véhicules nautiques à moteur sont basés à Bastia, Macinaggio, sur la plage de la Ma- rana, ainsi qu’à l’Île-Rousse et à Saint-Florent. De multiples randonnées encadrées sont organisées, durant la saison touristique, le long du littoral du parc. Par ailleurs, de nombreux propriétaires indi- viduels d’engins nautiques habitent et fréquentent la zone.

44 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 45 Partage de la ressource

Les pêcheurs professionnels français et italiens sont soumis à la politique commune des pêches de l’Union européenne, mais leur activité relève d’une gestion nationale. Les équipements (taille et puis- sance du navire, apparaux de pêches, etc.) peuvent ainsi varier selon le pavillon du navire, ce qui joue en faveur des Italiens lorsqu’ils travaillent sur les mêmes espaces que les Français. La présence fréquente de pêcheurs professionnels italiens sur le rocher des Veuves, un des rares sites de pêche au large fréquenté par les pêcheurs du Cap, est ainsi source de tension. Il existe également une concurrence avec certains braconniers qui pêchent de nuit, en apnée, voire en scaphandre autonome, et ciblent des espèces protégées et interdites à la chasse (mérous, corbs, crustacés et oursins).

La pêche plaisancière touristique ne cesse d’aug- menter. Elle bénéfi cie d’une promotion médiatique développée dans la presse spécialisée et sur Inter- net. En outre, l’interdiction de la pêche au sein de vastes secteurs entourant les îles du parc national de l’archipel toscan reporte l’effort de pêche dans les eaux du futur parc naturel marin. Des opérateurs italiens de pêche récréative proposent ainsi des sorties tarifées depuis les côtes de la Ligurie et de la Toscane sur le secteur du rocher des Veuves. La concurrence avec la pêche professionnelle et l’exaspération des pêcheurs récréatifs locaux, par- Un espace à partager fois fédérés, y est aujourd’hui palpable. L’été, les plages de l’Agriate au Cap, sont des lieux de La concertation locale laisse entrevoir, dans le péri- Un travail devrait être mené avec les représentants de farniente pour tous. mètre d’étude du parc, plusieurs confl its d’usage la pêcherie italienne et les gestionnaires d’espaces de l’espace marin, majoritairement liés au partage protégés de ce pays, mais il faut noter que ces de cet espace et de ses ressources. tensions ne se cantonnent pas à une rivalité entre nationalité : elles existent aussi entre les plaisanciers Ces confl its ont lieu essentiellement le long d’une et les professionnels corses, au sujet des volumes bande très côtière, à moins de quatre milles des ou des tailles pêchés par les uns et les autres. côtes. Leur intensité est variable dans le temps, et atteint son maximum durant la saison estivale. Même s’il ne relève pas toujours d’éléments tan- gibles, le ressenti des acteurs et des usagers du milieu marin est réel, et ces tensions doivent être prises en considération.

46 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? 47 la gestion du site. Cette organisation permet de réguler les fl ux en provenance de la mer à desti- nation du Lotu.

Aux confl its s’ajoute un débat de fond sur la protec- tion des sites, parfois assimilée comme un frein au développement économique. Le sentiment de « mise sous cloche » peut être très mal vécu par les usagers Partage de l’espace et générer des tensions : les acteurs du périmètre d’étude du parc naturel marin sont très attachés à DDomaineomaine ppublicublic mmaritimearitime : Chasseurs et plongeurs sous-marins ; apnéistes leur environnement, à la préservation de l’aspect Le domaine public maritime naturel comprend : et navires de plaisance ou jet-skis ; plaisanciers sauvage des paysages, mais aussi à leurs activités - le sol et le sous-sol de la mer, compris entre la et baigneurs, etc. Les protagonistes des divers sur ce territoire, et au développement de leur région. limite des plus hautes mers et la limite, côté large, de la mer territoriale (12 milles) ; confl its, exprimés ou latents, sont trop nombreux - le sol et le sous-sol des étangs salés pour en dresser ici une liste exhaustive. D’autres acteurs font cependant part de leur crainte en communication directe, naturelle de voir un parc naturel marin générer une augmen- et permanente avec la mer, jusqu’à Sur les plages, vacanciers et habitants font remon- tation de la fréquentation en raison du label de la limite des plus hautes mers. ter un sentiment de surfréquentation. C’est le cas qualité paysagère qu’il peut constituer. On sent MMerer tterritorialeerritoriale : La mer territoriale notamment dans l’Agriate où, pour remédier à cette poindre chez ces résidents un possible sentiment a une largeur maximale de 12 milles marins situation, le Conservatoire du littoral s’est fait attri- de dépossession de « leur » territoire au profi t d’une (calculée à partir de la laisse de basse mer ou, buer le domaine public maritime à Saleccia et au population de passage. dans certain cas, des lignes de base droite Lotu, et a procédé à l’installation de périmètres (cas des côtes profondément découpées où, par simplifi cation, les principaux caps sont réservés à la baignade. Ces aménagements, gérés L’objectif du futur parc sera de créer des espaces reliés entre eux). L'État côtier y exerce sa par le département de la Haute-Corse, ont permis de discussion qui permettront aux divers acteurs souveraineté sur l'eau, le fond, le sous-sol et de sécuriser la baignade en régulant les interactions de mieux se connaître et se reconnaître. Il s’agit l’espace aérien surjacent. Seule atténuation entre les différentes pratiques. Au Lotu, un nouveau aussi de parvenir à hiérarchiser les priorités entre à cette pleine souveraineté, l'obligation de respecter le droit de passage inoffensif qui ponton a été mis en place en 2009, dont l’utilisation les préoccupations de ceux qui vivent de la mer garantit à tout navire de croiser librement. est soumise à autorisation. Les bénéfi ces de ces et celles de ceux qui vivent proches de la mer et, conventions d’usage sont reversés directement fi nalement, de cogérer équitablement, de manière au gestionnaire qui réinvestit ces sommes dans participative et adaptative, l’espace et les ressource.

48 > POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? Véliplanchiste slalomant entre les plaisanciers venus s’abriter d’un coup de Levante dans l’’anse d’Aliso.

POURQUOI UN PARC NATUREL MARIN AUTOUR DU CAP CORSE ET DE L’AGRIATE ? < 49 CARTE D’IDENTITÉ DE L’ESPACE MARIN

LE PATRIMOINE

NATUREL Structures remarquables > 26 ha d’atolls de coralligène au nord du cap Corse à environ 110 m de fond ; > 37 encorbellements à Lithophyllum byssoides UN ESPACE PROTÉGÉ Une topographie variée observés dans la zone de balancement des marées. > Côte orientale en pente douce, reliefs sous-marins • Au cœur du sanctuaire Pelagos importants au nord, monts sous-marins au nord-ouest, • Réserve naturelle des îles quatre canyons sur la côte occidentale. Espèces remarquables Finocchiarola > Nombreuses espèces patrimoniales : denti commun, • Six sites du Conservatoire du corb commun, mérou brun, langouste rouge, grande littoral bordant le périmètre, dont Habitats remarquables patelle, oursin violet, corail rouge, grande nacre ; une concession du domaine public > 100 km2 d’herbiers de posidonie ; > 8 espèces de cétacés régulièrement observées, 85 maritime (DPM) > 112 km2 d’association à rhodolithes ; grands dauphins photo-identifi és ;

• Quatre arrêtés de protection de > 5 km2 de nature coralligène ; > 2 espèces de tortues marines (15 observations/an) ; > Avifaune : environ 50 couples de puffi ns cendrés biotope > 20 grottes identifi ées. (ou de Scopoli), un des deux sites de reproduction en • Deux sites Natura 2000 en mer Corse, puffi ns yelkouans, 40 couples de cormorans huppés, 4 couples de balbuzards pêcheurs, 236 espèces d’oiseaux migrateurs ou sédentaires (espèces terrestres et marines), etc.

50 LA MER ET LES LE PÉRIMÈTRE D’ÉTUDE HOMMES • 7 000 km² d’espace maritime ; • 225 km de côtes ; Pêche professionnelle • 27 communes littorales. > Deux prud’homies, 72 licences de pêche, plus de 50 pêcheurs fréquentant la zone ; > 3 cantonnements de pêche ; > Centuri, 1er port de pêche à la langouste de France.

Le trafic maritime Activités et sports de pleine nature

> Environ 18 000 navires marchands par an dans le > Des associations de pêcheurs plaisanciers et chas- canal de Corse ; seurs sous-marins adhérant à des fédérations natio-

> Plus de 50 % du trafi c passager de Corse. nales ; > De nombreux clubs de plongée sous-marine ; > D’autres activités : surf, kayak, jet ski, voile, stand-up La plaisance et le nautisme paddle, etc.; > 10 points de débarquement ; > Une cinquantaine de prestataires qui proposent des > 1 760 places réparties dans 3 grands ports de plai- activités de pleine nature. sance ; > Port de Macinaggio, 1re escale pour les bateaux Démographie venant du nord de l’Italie via l’île d’Elbe ou de la Côte > Densité de population des communes littorales très d’Azur ; faible par rapport à la moyenne nationale ; > Une dizaine de structures de location.

> Moins de 10 000 habitants sur les 27 communes, une population cinq fois plus nombreuse en période estivale.

51 LE PÉRIMÈTRE LE PÉRIMÈTRE La concertation avec les acteurs locaux a conduit à proposer le périmètre suivant :

DU PARC NATUREL MARIN • au sud-est, la limite prolonge la limite terrestre entre la commune de Bastia et celle de Ville di Pietrabugno, • le long de la côte, la limite retenue est la limite terrestre du domaine public maritime et la limite transversale de la mer dans les estuaires et les cours d’eau, à l’exception de l’Aliso où cette limite DDeses pparcsarcs naturelsnaturels marinsmarins peuventpeuvent êtreêtre crééscréés dansdans est fi xée au niveau du pont de fer de la D81, lleses eauxeaux placéesplacées soussous lala souverainetésouveraineté ouou soussous lala juridictionjuridiction • au sud-ouest, la limite se situe à l'intersection entre ddee ll’État,’État, ainsiainsi queque sursur lesles espacesespaces appartenantappartenant auau domainedomaine le trait de côte et la limite entre les communes ppublicublic maritime."maritime." d’Ochiatana et de Belgodère, à proximité de la pointe de Lozari, • CCodeode ddee ll’environnement’environnement, AArticlerticle L334-3L334-3 vers le large, la limite est une ligne reliant la limite sud-est par les points suivants, dont les coordon- nées sont exprimées dans le système WGS 84 à la limite sud-ouest (les points A, B, C, D, E et F correspondent à la limite de la zone économique exclusive défi nie en 2012 par la France) : LES CONDITIONS D’UN PÉRIMÈTRE - A. 43° 00,00’ N 008° 00,00’ E ; APPROPRIÉ - B. 43° 30,00’ N 009° 00,00’ E ; - C. 43° 13,62’ N 009° 24,33’ E ; - D. 43° 11,52’ N 009° 33,48’ E ; La défi nition du périmètre d’un parc naturel marin - E. 42° 42,40’ N 009° 42,00’ E ; doit répondre à l’objectif de protection des éco- - F. 42° 42,40’ N 009° 27,36’ E. systèmes, tout en satisfaisant deux conditions :

• la cohérence écosystémique : le périmètre doit Le projet de parc naturel marin tel que proposé à intégrer la dynamique des écosystèmes pré- l’enquête publique couvre une surface d’environ sents et leurs éventuelles interrelations (entre 7 000 km2. les canyons, le plateau continental étendu, les structures remarquables des atolls de coralligène, Ce périmètre permet l’intégration des enjeux de des herbiers) afi n que soient mises en place des préservation des écosystèmes du plateau conti- mesures de protection et de gestion appropriées ; nental, des canyons et du large. Il est également en • la cohérence socio-économique et politique : le cohérence avec les enjeux de gestion des espaces périmètre du parc doit aussi intégrer les grands protégés littoraux, ce qui favorisera une bonne bassins d’activités économiques et de loisirs. articulation mer - terre.

52 LE PÉRIMÈTRE DU PARC NATUREL MARIN < 53 LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC

Les orientations de gestion s’appuient sur les objec- tifs défi nis pour un parc naturel marin dans le code de l’environnement.

Déterminant la « personnalité » du futur parc et ses grandes fi nalités, les orientations de gestion couvrent le patrimoine naturel et culturel, les activi- tés professionnelles, les usages et les pratiques de DDeses pparcsarcs naturelsnaturels marinsmarins peuventpeuvent êtreêtre loisirs, la qualité de l’eau et la culture, dans l’espace ccréésréés [[...]...] ppourour contribuercontribuer à lala connaissanceconnaissance dudu marin qui entoure le cap Corse et borde l’Agriate. ppatrimoineatrimoine marinmarin ainsiainsi qu’àqu’à lala protectionprotection etet auau Des pistes d’actions viennent éclairer et illustrer ddéveloppementéveloppement durabledurable dudu milieumilieu marin."marin." chaque proposition d’orientation.

CCodeode ddee ll’environnement’environnement, AArticlerticle L334-3L334-3 Les orientations de gestion et les pistes d’actions résultent des attentes exprimées par les acteurs concernés du cap Corse, de la Conca d’Oro, du Nebbio et de Balagne, lors de la concertation menée localement.

Une fois le parc créé, les orientations de gestion seront déclinées dans un plan de gestion, feuille de route du parc naturel marin pour quinze ans, qui permettra de déterminer les actions.

54 LES SIX ORIENTATIONS DU FUTUR PARC :

> Améliorer la connaissance des espaces littoraux et marins autour du cap Corse et de l’Agriate dans leurs composantes naturelles et culturelles, par l’inventaire, le recueil et l’approfondissement des connaissances scientifi ques, des savoirs locaux et de la recherche participative.

> Sensibiliser, responsabiliser et accompagner les différents publics pour que leurs pratiques répondent aux enjeux de développement durable et de préservation de la biodiversité marine.

> Préserver, voire restaurer, l’intégrité des écosystèmes marins et littoraux, notamment celle des habitats et espèces rares ou emblématiques du parc.

> Contribuer à la caractérisation, l’évaluation et l’amélioration de la qualité des eaux, indispensables au bon fonctionnement et au bon état des écosystèmes marins du cap Corse et de l’Agriate.

> Créer et entretenir une dynamique pour que les activités professionnelles et de loisirs fassent du parc un modèle exemplaire de développement durable et équitable, ouvert à l’innovation.

> Se réapproprier la culture maritime locale et transmettre la passion de la mer : espace d’évasion, de liberté mais aussi de devoir.

LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC < 55 CONNAISSANCE

Améliorer la connaissance des espaces littoraux et marins autour du cap Corse et de l’Agriate dans leurs composantes naturelles et culturelles, par l’inventaire, le recueil et l’approfondissement des connaissances scientifiques, des savoirs locaux et de la recherche participative.

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC ET D’ENJEUX

> De nombreuses campagnes scientifi ques ont permis de bien appréhender la biodiversité marine littorale (encorbellements, herbiers, herbiers sur roche, coralligène et les espèces propres à ces habitats) et, plus récemment, de compléter les connaissances sur les habitats clés du plateau continental notamment, ainsi que de mettre en évidence des structures inédites en Méditerranée et dont le fonctionnement reste méconnu.

> Une connaissance éparse et de niveau variable sur l’état des populations d’espèces.

> Des observations de plus en plus fréquentes d’espèces exotiques et potentiellement envahissantes, témoins du réchauffement actuel des eaux.

> De nombreuses épaves datant de l’Antiquité à nos jours reposent sur les fonds marins du parc. Elles semblent bien documentées sur le plateau continental du cap Corse, mais certaines zones notamment profondes, restent encore à inventorier.

> Des associations et des gestionnaires d’espaces protégés qui concourent à l’inventaire du patrimoine bâti et mobilier, y compris maritime.

> Un défaut de connaissance des activités humaines quant à leur intensité, leur volume, le type de pratique et leurs effets sur le milieu.

> Une population locale désireuse de s’approprier la connaissance et les enjeux liés à la préservation du patrimoine naturel et de sa culture maritime.

56 PISTES D’ACTION

> Caractériser l’état des populations d’espèces emblématiques ou d’importance économique : langoustes, mérous, dentis, corbs, oursins, requins pèlerins, tortues, etc.

> Affi ner la connaissance sur la fréquentation du site par les mammifères marins : occupation saisonnière du site, place dans leur cycle de vie, habitats préférentiels, etc.

> Constituer une base de données des espèces et des habitats, avec leur statut de protection.

> Rendre disponible, en continu, la connaissance sur le milieu naturel et les usages pratiqués au sein du parc pour une meilleure prise en compte des enjeux marins dans le développement des projets et pour des prises de décisions éclairées du conseil de gestion.

> Caractériser les différentes pratiques (professionnelles, récréatives) : intensité, saisonnalité, distribution spatiale, etc., et leurs impacts et interactions avec le patrimoine naturel (habitats, espèces).

> Améliorer la connaissance sur le fonctionnement des écosystèmes du parc : les herbiers, milieu pélagique (large), lien terre-mer, zones fonctionnelles, etc.

> Améliorer la connaissance sur l’hydrodynamique et ses conséquences sur le transport des sédiments, des larves, des déchets et des micropolluants, etc.

> Soutenir les projets d’acquisition de connaissances sur le patrimoine maritime matériel (épaves, bâti lié à la mer, navires, etc.).

> Suivre et documenter l’évolution des écosystèmes en réponse aux changements climatiques (herbiers, coralligène, avifaune marine, etc.).

> Coopérer avec les AMP existantes, dont les AMP italiennes et Pelagos pour la réalisation de suivis scientifi ques : oiseaux, mammifères, etc.

> Développer des partenariats forts avec le milieu de la recherche scientifi que corse (Université de Corse, Ifremer, etc.).

> Favoriser la collecte du patrimoine culturel immatériel (légendes, histoire locale, pratiques ancestrales, etc.) lié à la mer.

> Développer les sciences participatives et les réseaux locaux d’observateurs.

LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC < 57 SENSIBILISATION

Sensibiliser, responsabiliser et accompagner les différents publics pour que leurs pratiques répondent aux enjeux de développement durable et de préservation de la biodiversité marine.

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC ET D’ENJEUX

> Des associations locales dédiées (ex. CPIE U Marinu, etc.) ou d’autres (comme Da mare a monte, etc.) participent à la sensibilisation et à la transmission de la connaissance des différents patrimoines, notamment auprès des plus jeunes. Il est diffi cile, toutefois, d’atteindre l’ensemble des publics, la population locale (les jeunes en particulier) ainsi que celle venant faire du tourisme.

> Une population d’élus et d’usagers qui a pleinement pris conscience de l’intérêt d’informer et de partager les connaissances dans l’optique d’une gestion durable.

> Des comportements incompatibles avec les enjeux du parc : ancrage sur herbier, déchets, gestion des banquettes de posidonie, par manque de sensibilisation des acteurs littoraux et marins.

> Un manque de respect de la réglementation par de nombreux usagers qui nécessite un effort de sensibilisation.

> Une partie de la population, qui a accès à la mer, méconnaît un certain nombre des enjeux de préservation du milieu marin et n’a pas conscience des impacts potentiels de ses pratiques sur l’environnement.

58 PISTES D’ACTION

> Développer des programmes de sensibilisation aux enjeux de la mer en impliquant des médiateurs référents (responsables d’associations professionnelles et de loisirs, d’entreprises, de centres d’éducation, de vacances et de tourisme, etc.).

> Sensibiliser aux enjeux de préservation de la biodiversité par la conception de supports de formation et d’information.

> Diffuser et valoriser les « bonnes pratiques » environnementales (mouillage, carénage, pêche, etc.).

> Mieux faire connaître la réglementation auprès des usagers permanents ou de passage.

> Développer des sentiers sous-marins, des espaces pédagogiques, pour sensibiliser au respect de l’environnement à travers le partage des richesses naturelles du milieu marin.

> Participer à l’éducation au développement durable notamment à l’aide de projets éducatifs, d’interventions périscolaires, de concours au sein des écoles.

> Mettre à disposition l’expertise recueillie par le parc sur l’évolution des écosystèmes marins due aux changements climatiques au profi t des collectivités qui auront, par exemple, à se saisir de moyens opérationnels.

> Participer à la vulgarisation d’informations scientifi ques recueillies sur les patrimoines naturel et culturel du parc.

> Échanger et partager les richesses naturelles et culturelles avec une population touristique attirée par le parc.

LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC < 59 DES RICHESSES MARINES À PRÉSERVER

Préserver, voire restaurer, l’intégrité des écosystèmes marins et littoraux, notamment celle des habitats et espèces rares ou emblématiques du parc.

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC ET D’ENJEUX

> Des espèces et des habitats protégés à différents niveaux (statut de protection national ou régional, directives européennes : Natura 2000, Pelagos, réserve naturelle, arrêté de biotope, Znieff, etc.), ce qui constitue une reconnaissance de la grande richesse et de la fragilité des écosystèmes autour du cap Corse et de l’Agriate.

> Les objectifs de préservation en mer portés par les gestionnaires d’espaces protégés existants (Finocchiarola, Agriate) ou à venir (Natura 2000 au large, projet d’extension ou de création de réserve) nécessitant d’être mis en cohérence à l’échelle du parc.

> L’herbier de posidonie, habitat clé pour la Méditerranée, est bien représenté et des formations récifales très rares sont présentes dans le périmètre du parc. Il est cependant localement fragilisé, car fortement soumis aux impacts de l’ancrage, notamment dans certaines criques particulièrement attractives pour les plaisanciers.

> Des écosystèmes très variés, tant sur la bande côtière que dans les profondeurs, qui font toute la particularité du cap Corse et de l’Agriate.

> Des espèces emblématiques, dont des mammifères marins et des oiseaux marins, qui fréquentent la zone : nidifi cation, alimentation, reproduction/élevage des jeunes, mue, repos, etc.

> Des sites naturels qui offrent à la fois une biodiversité ordinaire et remarquable et qui nécessitent une préservation à long terme pour garantir à la fois le bon fonctionnement des écosystèmes et la durabilité des activités qui en dépendent (pêche, tourisme).

> Des risques de collision entre navires et grands cétacés dans le canal de Corse.

60 PISTES D’ACTION

> Développer l’effort de surveillance et contribuer au respect de la réglementation.

> Préserver les fonctionnalités assurées par les écosystèmes structurants du parc : microestuaires, herbiers, coralligène, rhodolithes, canyons, vasières, etc.

> Permettre aux espèces emblématiques d’assurer la partie du cycle de vie qu’ils réalisent au sein du parc : nidifi cation, mue, repos, alimentation, etc.

> Préserver les formations rares et remarquables du parc : atolls de coralligène autour du rocher des Veuves, récifs-barrières de Saint-Florent et de Finocchiarola.

> Contribuer aux objectifs de Pelagos en assurant la préservation des mammifères marins.

> Créer si besoin des zones de protection renforcée/des zones d’exclusion de toute activité, permanentes ou temporaires.

> Organiser les usages en adéquation avec les nécessités de préservation (canaliser la fréquentation sur le littoral et sur le plan d’eau pour préserver les fonds marins, gérer les banquettes de posidonie, appuyer les efforts de gestion des espaces protégés à terre, etc.)

> Étudier et mettre en place des outils techniques, ou modifi er des pratiques afi n de permettre l’adaptation ou l’atténuation locale des effets liés aux changements climatiques.

> Contribuer au réseau d’AMP régionales et méditerranéennes, existantes et à venir.

LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC < 61 QUALITÉ DES EAUX

Contribuer à la caractérisation, l’évaluation et l’amélioration de la qualité des eaux, indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes marins du cap Corse et de l’Agriate.

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC ET D’ENJEUX

> Une qualité des eaux globalement bonne sur l’ensemble du territoire. Quelques points de vigilance toutefois au large de la mine de Canari et dans la baie de Saint-Florent.

> Des concentrations, parfois élevées très localement, en éléments-traces métalliques (EMT) dans les eaux, qui ont principalement deux origines : le fond géochimique naturel des bassins versants et les activités humaines.

> Des équipements portuaires perfectibles (aires de carénage, récupération des huiles et eaux usées, déchets, etc.), dont les carences se manifestent en particulier en période de forte fréquentation, entraînant des impacts sur le milieu (qualité des eaux, déchets).

> Une pollution organique d’origine humaine due à des dispositifs d’assainissement collectifs et individuels ponctuellement défaillants.

> Une préoccupation forte relative à la menace de marée noire en partie due au sentiment des acteurs terrestres (communes, habitants) de ne pas être assez préparés à la gestion d’une telle crise sur leur côte.

> Un projet d’encadrement du trafi c maritime dans le canal de Corse permettrait de minimiser les risques de collision entre navires en organisant le transit plus au large, et anticiper ainsi le risque d’une pollution sur les côtes.

62 PISTES D’ACTION

> Contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau : eutrophisation, polluants chimiques, déchets (macrodéchets, microparticules).

> Participer aux actions de suivi de la qualité de l’eau, en partenariat avec les différents acteurs et gestionnaires.

> Organiser des campagnes de prévention des risques de pollution maritime pour répondre à la préoccupation des acteurs.

> Quantifi er et réduire les impacts négatifs des activités maritimes sur la qualité de l’eau (déchets, eaux usées, etc.).

> Accompagner les acteurs terrestres et maritimes dans leurs démarches de réduction des impacts de leurs activités sur la qualité des eaux marines.

LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC < 63 UNE MER EN PARTAGE

Créer et entretenir une dynamique pour que les activités professionnelles et de loisirs fassent du parc un modèle exemplaire de développement durable et équitable, ouvert à l’innovation.

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC ET D’ENJEUX

> Des manquements au respect des règles de sécurité et de navigation qui peuvent perturber la cohabitation entre activités (véhicules nautiques motorisés, activités subaquatiques, plaisance, pêche professionnelle).

> Une cohabitation parfois diffi cile sur des sites fréquentés par différents types d’usagers (plongeurs, pêcheurs professionnels, plaisanciers, baigneurs, etc.).

> Une baisse de l’attractivité de certains espaces qui se dégradent : qualité des eaux problématique sur certains sites de plongée, nombreux déchets échoués sur les plages.

> Des professionnels (transport, tourisme, plongée, etc.), engagés dans une démarche qualité mettant en valeur les bonnes pratiques, en demande d’accompagnement et de reconnaissance.

> Une cinquantaine de pêcheurs professionnels, impliqués dans la gestion de la ressource, fréquentent la zone et y pratiquent une pêche artisanale et côtière qui cible des espèces à forte valeur (langoustes, thons, sérioles, liches, espadons, etc.) avec des techniques diversifi ées (fi lets, cannes, casiers, palangres, etc.).

> Des pêcheurs récréatifs et des plaisanciers fédérés afi n de faire valoir leurs droits et diffusant auprès de leurs membres conseils et règles de bonnes pratiques afi n d’être reconnus comme acteurs respectueux de l’environnement.

> Un besoin de surveillance et de contrôle en mer pour une meilleure application de la réglementation notamment sur la pêche (professionnelle et récréative), évoqué par de nombreux acteurs afi n de préserver la ressource.

64 PISTES D’ACTION

> Maintenir l’attractivité des sites pour les activités : pêche, plongée, nautisme, etc.

> Contribuer à la gestion de la fréquentation des rivages et de la mer en collaboration avec les collectivités et les gestionnaires d’espaces naturels, des ports, etc.

> Maintenir une activité de pêche professionnelle viable et respectueuse de la ressource.

> Identifi er, valoriser les « bonnes pratiques » professionnelles et de loisirs.

> Assurer une meilleure (re)connaissance mutuelle des acteurs du monde maritime afi n de favoriser les échanges et de créer un lien sur le terrain.

> Organiser les usages sur et dans l’eau dans le respect mutuel des activités et assurer une gestion partagée de la ressource.

> Encourager et soutenir les démarches innovantes d’amélioration de la qualité environnementale.

> Promouvoir un tourisme respectueux du patrimoine culturel et naturel.

LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC < 65 HABITANTS DE LA MER

Se réapproprier la culture maritime locale et transmettre la passion de la mer : espace d’évasion, de liberté mais aussi de devoir.

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC ET D’ENJEUX

> Un territoire dont sont issues des générations de marins, voyageurs, corsaires, entrepreneurs etc., et où les échanges ont longtemps été réalisés par la mer (échanges agricoles entre le Cap et l’Agriate, commerce du vin de Patrimonio et du Cap…).

> Une histoire riche d’une grande variété de navires fabriqués et utilisés au cap Corse dont la mémoire et les traces se perdent.

> Un patrimoine immatériel important lié aux traditions religieuses, orales, culinaires, etc. mais aussi matériel (bâti tels les locaux à teinture à fi lets), vieux gréements, matériels de pêche traditionnels (tels casiers en myrte).

> Des liens à tisser ou retisser avec le patrimoine naturel : des épaves riches d’espèces emblématiques, mais aussi la connaissance du patrimoine naturel par le biais des traditions (noms vernaculaires, toponymie, pratiques culinaires, etc.).

> Une population désireuse d’entretenir son littoral (ex. : le ramassage des déchets).

> Quelques démarches initiées pour renouer avec les techniques de navigation ancienne (rénovation d’embarcations traditionnelles).

> De nombreux plaisanciers qui manquent d’expérience et de pratique maritime (technique de mouillage, accostage, météo, etc.).

66 PISTES D’ACTION

> Contribuer à valoriser le patrimoine matériel bâti, navigant ou archéologique.

> Sauvegarder et transmettre le patrimoine culturel immatériel lié à la mer : pratiques maritimes, toponymie, pratiques culinaires, etc.

> Faire revivre certaines traditions comme le « vin navigué » entre Patrimonio et Bastia.

> Encourager les initiatives locales répondant aux objectifs culturels du parc (routes maritimes, régates inter-marines, etc.).

> Passer des conventions avec les organismes insulaires de formation : universités, lycées maritimes et hôteliers, etc.

> Redynamiser la relation des Capcorsins avec la mer par exemple en impliquant les écoles.

LES ORIENTATIONS DE GESTION DU PARC < 67 LE CONSEIL DE GESTION DU PARC

quinze ans les fi nalités en matière de connaissance, de préservation et de développement durable.

En parallèle, il défi nit son programme d’action an- nuel, décide des aides techniques ou fi nancières à apporter (sur délégation du conseil d’administration de l’Agence des aires marines protégées), rédige son rapport d’activité. Il est également amené à se prononcer sur certaines activités soumises à FONCTIONNEMENT DU autorisation administrative. Selon la nature de ces CONSEIL DE GESTION dernières, et leur impact sur le milieu marin dans le périmètre du parc, cet avis sera « simple » ou Le conseil de gestion est l’organe de gouvernance « conforme » (obligatoirement suivi par les services du parc naturel marin. Tous les acteurs locaux du instructeurs). Le plan de gestion identifi era précisé- milieu marin y sont représentés : professionnels ment le type d’activités soumises à l’avis conforme. de la mer, collectivités locales, usagers de loisirs, associations de protection de l’environnement, Le conseil de gestion est appuyé dans ses missions associations culturelles, experts et membres des par une équipe d’agents. Il dispose de moyens services de l’État. techniques et fi nanciers mis à sa disposition par l’Agence des aires marines protégées. Se réunissant au minimum une fois par an et autant de fois que nécessaire, il met en œuvre pour le parc Le conseil de gestion du parc naturel marin agit une politique qui répond aux orientations de gestion pour certaines de ses attributions par délégation défi nies durant la phase d’étude, et arrêtées dans du conseil d’administration de l’Agence des aires le décret de création du parc. marines protégées. Le président du conseil de gestion est membre de droit du conseil d’adminis- À cette fi n, il établit son règlement intérieur, élit son tration de cet établissement public. Participant à président et le cas échéant ses vice-présidents. Il sa gouvernance, il y fera valoir les intérêts du parc élabore un plan de gestion qui doit déterminer pour naturel marin autour du cap Corse et de l’Agriate.

68 COMPOSITION DU CONSEIL DE GESTION

Le conseil de gestion est le « Parlement de la mer » où se décide la politique du parc naturel marin. La concertation menée notamment lors des groupes de travail a fait émerger une proposition cohérente de composition de conseil de gestion tenant compte des enjeux identifiés.

représentants des7 services de l’État : • le commandant de la zone maritime représentants des Méditerranée ; organisations11 professionnelles • un représentant de la préfecture maritime de la Méditerranée ; exerçant leurs activités dans le • un représentant de la direction interrégionale de domaine maritime : la mer Méditerranée ; • un représentant du comité régional des pêches • un représentant de la direction régionale de maritimes et des élevages marins de Corse ; l’environnement, de l’aménagement et du • un représentant de la prud’homie de Bastia/cap logement de Corse ; Corse ; • un représentant de la direction départementale • un représentant de la prud’homie de Balagne ; des territoires et de la mer de Haute-Corse ; • un représentant du syndicat des pêcheurs • un représentant de la direction régionale de la corses ; jeunesse, des sports et de la cohésion sociale • un représentant des entreprises de batellerie de Corse ; (transport de passagers hors ferry) ; • un représentant de la délégation de Corse du • un représentant des structures commerciales Conservatoire des espaces littoraux et des agréées de plongée ; rivages lacustres. • un représentant des entreprises prestataires de loisirs (kayak, surf, paddle, etc.) ; • un représentant de la Fédération des industries représentants des nautiques (chantiers, locations, croisières, collectivités10 locales ou de leurs agents maritimes, etc.) ; • un représentant d’une association de représentant des groupements : gestionnaires de ports de plaisance de Corse ; gestionnaires 1 des aires marines • deux représentants de la Collectivité territoriale de • un représentant des professionnels de l’hôtellerie protégées contiguës : Corse ; de Corse ; • un représentant du Conseil départemental de la • un représentant des entreprises de transport • association Finocchiarola, Haute-Corse ; maritime (passagers et fret). Pointe du Cap Corse • six représentants des établissements publics de coopération intercommunale concernés dont deux issus de la Communauté de communes du cap Corse ; • un représentant des communes littorales du parc désigné par l’association des maires de Haute- Corse.

LE CONSEIL DE GESTION DU PARC < 69 Représentation en pourcentage de chacune des catégories au sein du conseil de gestion

représentants des 7 Personnalités qualifiées organismes et associations des 11% 15% usagers de loisirs en mer : Associations culturelles et de protection de l'environnement • 11% un représentant de la Fédération française Organisations professionnelles d’études et de sports sous-marins ; • Organismes un représentant des ligues départementales ou et associations des usagers de loisirs régionales de sports nautiques (motonautisme, 22% vol libre, surf, aviron, etc.) ; 15% Gestionnaires des aires marines protégées contigües • un représentant de la ligue régionale corse de voile ; Collectivités locales ou leurs groupements • deux représentants des associations de pêcheurs plaisanciers adhérentes à une 26% 2 % Services de l'État fédération nationale ; • un représentant des associations de chasseurs sous-marins adhérentes à une fédération nationale ; Le conseil de gestion proposé compte • un représentant des associations de membres. plaisanciers. 46

représentants des associations5 culturelles et de protection de l’environnement : • un représentant d’une association locale 5 personnalités qualifiées : adhérente à la fédération France nature environnement ; • un spécialiste en halieutique ; • deux représentants des associations d’études • un spécialiste des habitats et des espèces et de valorisation du patrimoine culturel local ; marines méditerranéennes ; • un représentant d’une association active dans • un spécialiste des mammifères marins et des le domaine de l’éducation à l’environnement tortues marines ; marin ; • un spécialiste en sciences humaines et sociales ; • un représentant de l’association du • un spécialiste de l’histoire maritime Conservatoire des espaces naturels de Corse. (archéologie, etc.).

70 > LE CONSEIL DE GESTION DU PARC 71 Domaine public maritime : le domaine public maritime naturel comprend : - le sol et le sous-sol de la mer, compris entre la limite des plus hautes mers et la limite, côté GLOSSAIRE large, de la mer territoriale (12 milles), - le sol et le sous-sol des étangs salés en communication directe, naturelle et permanente avec la mer, jusqu’à la limite des plus hautes mers.

Écosystème : ensemble des êtres vivants (biocénose), des éléments non vivants et des conditions climatiques et géologiques (biotopes) qui sont liés et interagissent entre eux.

Éléments-traces métalliques : éléments naturellement présents dans les sols dont certains sont indispensables notamment aux plantes. On utilise également l’expression métaux lourds, qui correspond à une défi nition physique, ou bien oligo-éléments. Les ETM, comme le plomb, le cadmium, le cuivre ou le zinc sont plus ou moins assimilables Benthos : ensemble des et peuvent être concentrés dans la chaîne organismes vivant à proximité, sur ou alimentaire avec des conséquences sur dans les fonds marins. À l’opposé, le la santé de certains organismes. C’est terme pélagique regroupe l’ensemble des pourquoi ils peuvent faire l’objet d’un suivi. espèces vivant dans la colonne d’eau. Espèce endémique : espèce Biocénose : ensemble naturellement restreinte à la zone des êtres vivants. géographique considérée. Cette notion est donc dépendante de la zone considérée : Biodiversité : terme utilisé pour endémique d’un continent, endémique décrire le nombre, la variété et la variabilité du d’un pays, endémique d’une zone vivant. Le concept de biodiversité est défi ni biogéographique, endémique d’une île, etc. par la Convention sur la diversité biologique comme : « la variabilité des êtres vivants de Espèce non compétitive : c’est toute origine y compris, entre autres, les le cas des espèces qui sont incapables de écosystèmes aquatiques et les complexes fuir leurs compétiteurs et prédateurs, et se écologiques dont ils font partie : cela maintiennent en faible fréquence et faible comprend la diversité au sein des espèces, densité par le jeu des relations trophiques ainsi que celle des écosystèmes » (art. 2). et compétitrices. La rareté a souvent été La biodiversité n’est pas qu’une question associée à une faible compétitivité. de nombre mais aussi de différence. Espèce patrimoniale : notion Concertation : décider subjective qui attribue une valeur d’existence et agir ensemble. forte aux espèces qui sont plus rares que les autres et qui sont bien connues. Il s’agit Dolium : est une grande jarre en d’espèce protégée, menacée ou rare ou terre cuite de l’époque romaine, qui pouvait bien simplement présentant un intérêt transporter jusqu’à 3200 litres de vin. scientifi que, et/ou culturel, et/ou économique.

72 Habitat : l’habitat est le milieu géographique propre à la vie d’une espèce animale ou végétale, l’endroit où les facteurs environnementaux lui sont le plus favorables. Les facteurs environnementaux peuvent varier, c’est pourquoi de nombreuses espèces changent d’habitat au cours de leur vie. Nourricerie : lieu où se regroupent les alevins et juvéniles d’une espèce Halieutique : qualifi e toutes mobile durant les premiers mois ou les les activités relevant de la pêche sous premières années de leurs vies, pour s’y toutes ses formes, professionnelle ou nourrir. Une zone de nourricerie peut être de loisirs, en eau douce ou marine. fréquentée par plusieurs espèces.

Macrodéchet : déchet solide d’origine Nurserie : zone où se rassemblent, humaine, visible à l’œil nu, abandonné sur pour se protéger, les très jeunes individus les côtes, fl ottant en surface ou immergé. qui sont issus des pontes réalisées sur les frayères et qui ont dépassé le stade larvaire. Magazzini : entrepôt où les Capcorsins conservaient leurs captures Plateau continental : il constitue de pêche avant la revente, au XIXe siècle. le prolongement du continent sous la surface jusqu’à une profondeur moyenne Marines : ouvertures sur la mer pour de 200 m. Généralement accidenté par les hameaux du cap Corse construits sur les des reliefs continentaux, il se compose hauteurs pour se protéger, elles servaient d’écosystèmes à forte productivité biologique, de havres pour les embarcations, le matériel due notamment à la remontée d’eaux de pêche et les marchandises. Aujourd’hui profondes chargées en nutriments. elles abritent toujours les embarcations, mais aussi l’activité économique et touristique.Mer Pointu : famille de barques de territoriale : partie de mer côtière sur laquelle pêche en bois traditionnelles de la mer s’étend la souveraineté d’un État côtier. Méditerranée. Leur coque est ronde et pointue aux deux extrémités. Ces navires n’ont pas Masse d’eau : volume d’eau changé de forme de coque depuis deux dont la taille est suffi sante pour permettre millénaires. Ce sont encore les plus utilisés le fonctionnement des processus pour la pêche professionnelle en Corse. physico-chimiques et biologiques. Elle se différencie des autres masses d’eau Résilience : capacité d’un par une température, une salinité ou une écosystème, d’un habitat, d’une espèce, à composition chimique propre. Il peut s’agir retrouver un développement et un équilibre de portion d’eaux côtières océaniques, normal après une phase d’instabilité engendrée de lagon, de cours d’eau, d’étang, etc. par une perturbation environnementale.

MMerer tterritorialeerritoriale : La mer territoriale Senne : fi let disposé en nappe a une largeur maximale de 12 milles marins et formant un demi-cercle, dont la (calculée à partir de la laisse de basse mer ou, base se referme au moyen d’une dans certain cas, des lignes de base droite coulisse, créant une poche fermée. (cas des côtes profondément découpées où, par simplifi cation, les principaux caps sont Zone économique exclusive : reliés entre eux). L'État côtier y exerce sa zone située au-delà de la mer territoriale souveraineté sur l'eau, le fond, le sous-sol et et adjacente à celle-ci. Elle est soumise l’espace aérien surjacent. Seule atténuation à un régime juridique particulier et ne à cette pleine souveraineté, l'obligation de s’étend pas au-delà de 200 milles marins respecter le droit de passage inoffensif qui des lignes de base à partir desquelles est garantit à tout navire de croiser librement. mesurée la largeur de la mer territoriale.

73 ANNEXE 1 LISTE DES COMMUNES CONCERNÉES

• Belgodère • • San-Gavino-di-Tenda • Santo-Pietro-di-Tenda • Saint-Florent • Patrimonio • Farinole • Olmeta-di-Capocorso • Nonza • • Canari • Barrettali • Pino • Morsiglia • Centuri • Ersa • Rogliano • Tomino • Meria • Luri • Cagnano • Pietracorbara • Sisco • Brando • Santa-Maria-di-Lota • San-Martino-di-Lota • Ville-di-Pietrabugno

74 ANNEXE 2 NOTE JURIDIQUE

Textes relatifs aux parcs naturels marins

Code de l’environnement

Le parc naturel marin est un outil adapté de pro- Le régime applicable à la création d’un parc naturel tection et de développement durable prenant en marin est fi xé par l’article R334-29. compte les spécifi cités écologiques du milieu marin et la diversité des acteurs intervenant en mer, créé Ce texte prévoit que le projet de création est à la par la loi 2006-436 du 14 avril 2006 codifi ée dans fois soumis : les articles L334-3 et suivants. • pour avis aux personnes et organismes direc- La ministre en charge de l’Environnement a confi é tement intéressés par le projet fi gurant sur une conjointement la conduite de la procédure d’étude liste établie par les préfets chargés de conduire et de création d’un parc naturel marin autour du la procédure, cap Corse au préfet maritime de la Méditerranée • à enquête publique organisée sur le territoire des et au préfet de Haute-Corse par arrêté ministériel communes concernées. La procédure à mettre en en date du 5 juin 2014. œuvre est fi xée aux articles R123-2 à R123-23.

Textes régissant l’enquête La coordination de l’enquête publique est confi ée publique au préfet de la Haute-Corse.

L’enquête publique intervient au terme de la concer- Code de l’environnement tation conduite autour du projet de création du parc. À l’issue de l’enquête et de la consultation, Le principe d’une enquête publique préalable au un rapport sera remis par les préfets au ministre décret de création du parc naturel marin est établi chargé de l’Environnement pour instruction au par l’article L334-3. niveau national. La procédure se conclura par un décret créant le parc et qui en fi xera les limites, la La composition du dossier de création est fi xée à composition du conseil de gestion et en arrêtera l’article R334-28. les orientations de gestion.

GLOSSAIRE < 75 Crédits et remerciements

La mission remercie tous les acteurs qui ont par- Merci aux personnels de la CTC de la villa Ker ticipé aux groupes de travail. Qu’ils soient élus, Maria ainsi qu’aux maires et personnels des com- au service de l’État, professionnels, associatifs ou munes de Saint Florent, de Brando, de Rogliano, usagers de la mer, leur mobilisation immédiate et de Patrimonio et de Luri pour nous avoir accueilli constante a permis de rendre possible la phase et permis de réunir les acteurs lors des groupes de concertation et l’élaboration du projet. Leur de travail. Nous remercions également le conseil implication sans relâche et leur confi ance permet départemental de la Haute-Corse pour nous avoir aujourd’hui de soumettre à l’enquête publique la permis de réunir le comité de concertation dans création d’un parc naturel marin autour du cap son hémicycle le 26 janvier dernier. Corse et de l’Agriate. La mission remercie tous les photographes qui ont La mission d’étude tient à remercier tout particu- mis à disposition leurs photos pour cet ouvrage et lièrement pour leur contribution écrite lors de la Joëlle Borromei, responsable de la communication rédaction de ce livret de proposition et leur précieux de l’OEC, pour son aide en matière iconographique. travail de relecture : Pour leur totale implication dans le projet et leur Liza Aggoune, Daniel Buron, Jean-Luc Cavatorta, appui sans faille pour surmonter les obstacles, Dominique Cervoni, Franca Cibecchini, Isabelle Clé- la mission d'étude souhaite, ici, très chaleureu- menceau, Stéphane Clémot, Jean-Paul Colombani, sement remercier et montrer sa reconnaissance Jean-Michel Culioli, Julia Culioli, Élodie Damier, à Pierre Leca, ancien directeur du département Boris Daniel, Michel Delaugerre, Jessica Dijoux, des parcs naturels marins de l'Agence des aires Riyad Djaffar, Joseph Donini, Julie Enjalbert, Gilles marines protégées, et à Joseph Donini, chef du Faggio, Michelle Ferrandini, Guy-Francois Frisoni, département Stratégies et sciences de la mer de François Galgani, Laurie-Anne Le Grégam, Pierre l'Offi ce de l'environnement de Corse. Leca, Christophe Lemonier, Marie Lescrouart, Jean- Christophe Liccia, Philippe Livet, Nathalie Malet, Stéphanie Marchetti, Ludovic Martel, Hervé Moalic, Christian Novella, François Orlandi, Gérard Pergent, Christine Pergent, Agnès Poiret, Samantha Rossi, Marc Simoni, Olivier Varin.

76 > CRÉDITS ET REMERCIEMENTS Crédits photos : Crédits trames :

Agence des aires marines protégées : p.68 Marie LESCROART / Agence des aires marines Les trames sont inspirées des photos de: Florence ARRIGHI : p.30, p.37, p.62, p.63 (en bas) protégées : p.13 (bandeau vertical) Florence ARRIGHI : p.4, p.39, p.63 Olivier BROSSEAU / Agence des aires marines Nathalie MALET / Ifremer: p.19 Laëtitia BEAUVERGER : p.49 protégées : p.69 Sylvain MICHEL / Agence des aires marines Daniel BURON : p.2, p.20, p.79 Daniel BURON : p.6, p.36 (grande photo), p.60, protégées : p.42, p.51 (petite photo en bas à droite) François COLAS / Agence des aires marines p.61 (en haut à droite et en bas) Florent NICOLAS / GECC : p.22 protégées : p.33 Aurélia CHERY / Agence des aires marines Gérard PERGENT / EqEL : p.17, p.24 (grande Boris DANIEL / Agence des aires marines protégées : p.41, p.72-73 photo), p.50 (petite photo en bas à gauche), p.56 protégées : p.17 Communication OEC - Loïc COLONNA: p.31 (petite Alain PIBOT / Agence des aires marines Julie GOURVES / Agence des aires marines photo), p.46, p.47, p.48, p.51 (petite photo en haut), protégées : p.8-9 protégées : p.54, p.59, p.67 p.55 (en haut) Steven PIEL / Agence des aires marines Antonin GUILBERT / Agence des aires marines Comex / Agence des aires marines protégées / protégées : p.23 (petite photo), p.61 (en haut à protégées : p.23 EqEL : p.21, p.57 (petite photo) gauche) Nathalie MALET / Ifremer : p.19 Boris DANIEL / Agence des aires marines Agnès POIRET / Agence des aires marines Stephen MAURON / Agence des aires marines protégées : p.51 (bandeau vertical) protégées : p.12, p.55 (en bas à gauche) protégées : p.57 Joseph DONINI / OEC : p.13 (petite photo) Clément QUETEL / TAAF : p.11 (grande photo) Gérard PERGENT / EqEL : p.61 Sylvain DROMZEE / Agence des aires marines Emmanuelle RIVAS : p.18 Emmanuelle RIVAS : p.65 protégées : p.15 Emmanuelle RIVAS / Agence des aires marines Mathieu FOULQUIE / Agence des aires marines protégées : p.10 (petite photo), p.50 (en haut à protégées : p.63 (à droite au milieu) droite) Yves GLADU / Agence des aires marines T. SEGUIN / Drassm : p.32 protégées : p.63 (en haut) Marie-Aude SEVIN / Agence des aires marines Julie GOURVES / Agence des aires marines protégées : p.23 (grande photo) protégées : p.20, p.31 (bandeau vertical), p.34 (les Nicolas TOMASI : p.40 deux), p.35, p.38 (petite photo), p.43, p.50 (bandeau Line VIERA / Agence des aires marines protégées : vertical), p.58, p.59, p.64, p.65 (petite photo) p.11 (petite photo) Antonin GUILBERT / Agence des aires marines Louis VIGNAROLI : p.10 (bandeau vertical), p.28, protégées : p.24 (petite photo), p.25, p.63 (à gauche p.33, p.44 (les deux), p.49, p.51 (petite photo en bas au milieu) à gauche), p.52, p.65 (grande photo), p.67 (grande Florian HOLON / Agence des aires marines photo) protégées : p.5, p.14, p.26, p.55 (en bas à droite), Eric VOLTO : couverture, p.16, p.27, p.36 (petite p.57 (grande photo) photo), p.38 (grande photo), p.39, p.54, p.66, p.67 André LABETAA : p.50 (petite photo en bas à droite) (petite photo), p.71, p.74-75

CRÉDITS ET REMERCIEMENTS < 77 Réalisation du projet et rédaction :

Agence des aires marines protégées et Offi ce de l’environnement de la Corse : mission d’étude pour un parc naturel marin autour du cap Corse sous la responsabilité du préfet de la Haute-Corse, du préfet maritime de la Méditerranée et du président du Conseil exécutif de la Corse.

Conception et mise en forme cartographique : Élodie Damier avec le soutien de Marie Mahier et de Claude Bourdon.

Iconographie : Julie Gourvès

Coordination du document : Agnès Poiret

Infographie : Claude Bourdon

Secrétariat de rédaction : Laurie-Anne Le Grégam

Impression : Imprimerie bastiaise, (2B) 79 février 2016

Mission d’étude pour la création d’un parc naturel marin autour du cap Corse et de l’Agriate s/c Offi ce de l’Environnement de la Corse Résidence Plein Sud - Bâtiment D Avenue Paul Giacobbi 20600 Bastia - FRANCE Contact : [email protected] www.aires-marines.fr/cap-corse.html @aires_marines