La Linière Nicolle Wambrechies », puis rachète en 1922 la fila- ture Vandenbosch. Louis Nicolle a comme ob- LE PATRIMOINE INDUSTRIEL On trouve trace des premières filatures de jectif de faire construire une usine moderne lin wambrecitaines dès 1844. Les multiples utilisant les dernières technologies à proximi- DU SIVOM ALLIANCE -OUEST « petites » filatures, en se regroupant et en té des anciens ateliers. fusionnant, ne sont plus que deux à la fin du siècle : la filature Becquart-Crespel et la fila- Le projet est confié à l’architecte André Gra- ture Vandenbosch. net (gendre de Gustave Eiffel) qui va utiliser une technique toute neuve : le béton armé. Lors de la première Guerre Mondiale, les Al- Comme son prédécesseur, Louis Nicolle se lemands occupent Wambrechies dès octobre préoccupe du sort de ses salariés en repre- 1914. Les industries wambrecitaines, dont nant la construction de logements ouvriers les filatures Becquart et Vandenbosch, sont (dont la cité Saint-Joseph). Les établissements dévastées. Les réquisitions, le pillage, le can- Nicolle s’étendent sur près de 30.000 m². tonnement des soldats et les destructions par l’artillerie ont réduit quasiment à néant les En 1936, l’usine est occupée à plusieurs re- outils de production locaux. prises lors des grandes grèves. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la produc- tion reprend immédiatement grâce à la main d’œuvre des filles des mines ; trois bus par La distillerie Claeyssens jour amènent de jeunes ouvrières de la ré- gion lensoise à Wambrechies. Notre passé industriel a un avenir ! Au début des années 1970, l’usine Nicolle

Wambrechies hacun connaît la variété et la richesse Moulins de Paris à Marquette-lez-, la est reprise par le groupe Agache-Willot, puis Cdu patrimoine industriel du Nord–Pas- Distillerie Claeyssens à Wambrechies… par Boussac Saint-Frères, mais ferme au mi- de-Calais. Nos paysages ont conservé lieu de la décennie. Une partie du site sert de de nombreuses traces de cette aventure Les territoires anciennement agricoles de hall d’exposition pour matériel de fabrication humaine et économique. l’actuelle Couronne nord de Lille ont profité soviétique puis de pépinière d’entreprise, tan- de l’arrivée du chemin de fer pour amorcer dis qu’une autre est rachetée par Peaudouce. La linière Nicolle en 1952 Longtemps délaissées, voire cachées, les une conversion de leurs activités, démultiplier Cette activité s’arrête définitivement en 1992. usines abandonnées et les friches industrielles leurs approvisionnements et étendre leur ne demandent pourtant qu’à être valorisées, aire commerciale. Ceci est visible dans les En 2003, le site abandonné, précieux témoin pour peu qu’on veuille bien leur reconnaître domaines agro-alimentaires (Grandes Louis Nicolle, filateur lommois et président de l’architecture de la reconstruction, est ins- une dimension patrimoniale. Le territoire Malteries Modernes à Marquette), textiles des filateurs du Nord, s’implante à Wambre- crit à l’inventaire supplémentaire des mo- du Sivom alliance nord-ouest constitue (Filature Le Blan-Agache à Pérenchies) ou chies au sortir de la guerre. Il rachète en 1920 numents historiques. Au début des années une parfaite illustration de cet effort de encore de la construction (Briqueteries à la filature Becquart-Crespel. Cette même an- 2010, l’usine est réhabilitée et transformée en valorisation. ). née, il crée la société anonyme « La linière de immeuble d’habitation. La Deûle est depuis le Moyen Âge un axe Autant de sites, disparus ou abandonnés, Les recherches historiques ont été assurées par le service d’aide à la gestion des archives communales et par de communication pour les hommes et qui réintégrent aujourd’hui la mémoire les étudiants du Master « Archivistique et Monde du travail » de l’Université de Lille 3. Les images utilisées pro- les marchandises et a connu ses heures communale et trouvent leur place dans notre viennent de la collection personelle de M. Pennequin. glorieuses avec le charbon triomphant et la projet culturel de valorisation. mise aux « normes Freycinet » de son cours canalisé. Ses berges se sont transformées Cette brochure est le fruit d’un partenariat Le Service d’Aide à la Gestion des Archives Communales en espaces à forte densité industrielle. Des constructif entre le Service d’Aide à la Gestion entreprises performantes et reconnues s’y des Archives du Sivom alliance nord-ouest Ce service proposé par le Sivom alliance nord-ouest depuis 2007 aux communes adhé- sont implantées, portant haut la qualité et les étudiants du Master « Archivistique et rentes est constitué de trois archivistes. Il intervient dans les mairies pour traiter les ar- des produits « made in Nord » : les Grands Monde du travail » de l’Université de Lille 3. chives anciennes comme contemporaines. Il réalise également un travail de valorisation des collections patrimoniales des communes.

Nous contacter : [email protected] WAMBRECHIES

Présentation La Distillerie Claeyssens La Seconde Guerre mondiale marque la fin de La Brasserie Catry, dite du Sacré Cœur Wambrechies est une commune située au l’apogée des Claeyssens. Le déclin des activités nord de Lille, entre Quesnoy-sur-Deûle au En 1789, Guillaume Claeyssens achète le mou- minières et des industries textiles a pour consé- La brasserie est créée au sein d’une ferme par nord-ouest et Marquette-lez-Lille au sud. Son lin de l’écluse de Wambrechies pour y fabriquer quence la disparition progressive des principaux Paul Catry en 1883. En 1891, elle prend le nom développement est d’abord lié à l’activité flu- dans un premier temps du drap de lin. Ce moulin consommateurs de la bistouille. La plupart des de Paul Catry Watel. En 1925, elle est reprise par viale, et dès le XIIIe siècle, Wambrechies devient datant du XIIIe siècle est transformé en moulin à autres distilleries de genièvre du Nord-Pas de Ca- son fils Jean Catry. Son développement est lié à la un lieu de passage stratégique. Parallèlement, huile et des bâtiments sont érigés pour créer une lais ferment leurs portes ; en 1965, il n’y en a plus croissance de la classe ouvrière qui est employée les terres agricoles sont adaptées à la culture huilerie. C’est de 1815 à 1817 que son fils, Joseph que 10 en . Dans la région, il en reste trois dans les filatures de lin dans la commune. Dans du lin. Au XIXe siècle, les premières industries Claeyssens transforme l’huilerie en une distillerie dont celle de Wambrechies. les années 1920, la brasserie employait près de 10 s’implantent dans la commune et développent de genièvre grâce à l’arrivée d’Henri Lenssen, un ouvriers. l’activité textile, en particulier la filature du lin. ingénieur allemand et ami de la famille qui intro- L’industrie agro-alimentaire se développe avec duit le processus de production du genièvre. La Dans les années 1930, l’usine produisait de la les huileries, les brasseries, les distilleries. Deûle permet d’acheminer les céréales et le char- bière de fermentation haute avec cuves ouvertes. bon par péniches pour la production de l’eau de Les matières premières étaient cultivées sur les Wambrechies devient progressivement « la vie. Une nappe phréatique captée à l’époque à 30 terrains environnant la brasserie. L’eau indispen- cité du genièvre » et voit sa population aug- mètres de profondeur fournit une eau pure né- sable à la production provenait du forage d’une menter tout au long du XIXe siècle, passant cessaire à la fabrication de la boisson, en grande nappe phréatique à 100 mètres de profondeur. de 3.066 habitants en 1793 à 4.602 habitants quantité, et à faible coût. Le conditionnement en fûts et en bouteilles d’un en 1906. Avec l’arrivée des machines à vapeur litre portait les marques Gambrinus, Jean Catry dans les différentes usines de la ville, la Révo- L’arrivée de la machine à vapeur dans les années et Brasserie du Hameaux. Le breuvage prend en- lution industrielle est bénéfique au dévelop- 1850 bouleverse l’organisation du site industriel. suite la marque de Brasserie du Sacré Cœur. pement de la commune. La ligne de chemin La distillerie est agrandie par la famille Claeyssens de fer Lille-Comines construite en 1872 passe qui achète des terrains environnants. La vapeur par Wambrechies. Son importance est capitale permet d’installer les moulins dans le bâtiment. pour l’approvisionnement en matière première La distillerie, qui fabrique le genièvre dont le en complément de la voie d’eau, et pour l’expé- taux d’alcool est de 49%, s’étend jusqu’à la Grand’ dition des produits manufacturés. Place de Wambrechies, et possède sa propre mal- terie. La Première Guerre mondiale est synonyme d’occupation et de destruction. La ville connaît La « bistouille » devient la boisson favorite l’exil d’une partie de sa population et des pertes de la classe ouvrière du Nord-Pas-de-Calais, à civiles autant que militaires. Entre 1911 et 1921, l’exemple des ouvriers du textile ou des mineurs. la commune perd plus de 400 habitants. Durant A la fin du XIXe siècle, la consommation de ge- la Seconde Guerre mondiale, les industries lo- nièvre est estimée à 4 litres par an et par habitant. La distillerie Claeyssens diversifie sa produc- La brasserie du Sacré Cœur au début du XXe siècle cales sont pillées par l’occupant et la ville subit Le genièvre est mis dans le café ou consommé tion, notamment en créant des produits haut de nombreuses destructions. La reconstruction nature, il «donne du courage» aux mineurs pour de gamme à l’exemple d’un Vieux Malt vieilli en permet à la ville de prospérer grâce à l’amélio- descendre dans la mine. C’est aussi un alcool ap- fûts de chêne, de pur malt, de whiskies ou en- Pendant la guerre 1914-1918, la brasserie est ration des appareils productifs de ses diverses précié de la bourgeoisie nordiste enrichie par la core de bière au genièvre. En 1998, la Distillerie occupée par les Allemands. Elle devient un im- industries. De 1936 à 1962, la population passe Révolution industrielle. Claeyssens a été rachetée par le groupe belge portant centre d’approvisionnement pour les de 4.894 à 6.031 âmes. des Grandes Distilleries de Charleroi (G.D.C.). En troupes allemandes, notamment en eau et en Après la Première Guerre mondiale, la distillerie 1999, les bâtiments de la distillerie sont classés bière. Après la crise du secteur textile dans les an- obtient l’autorisation de produire 1.8 million de Monument Historique, ce joyau du patrimoine nées 1970, la ville se tourne vers les activités litres d’alcool pur par an. Dans les années 1930, la industriel est ainsi protégé et ne peut pas être Victime de la concurrence et de la concentra- touristiques et culturelles, mais continue d’atti- distillerie Claeyssens produit 72 % de la produc- détruit. Depuis 2000, la distillerie Claeyssens de tion des grands groupes de brasseries, son acti- rer de nombreuses industries, grâce à son parc tion française et emploie plus de 60 ouvriers. En Wambrechies et la distillerie Flourent de Loos ont vité cesse dans les années 1950. Depuis 1992, la industrialo-portuaire. Wambrechies compte 1935, le genièvre Claeyssens est récompensé à conclu un accord commercial, et leurs forces de brasserie est inscrite à l’inventaire général du pa- aujourd’hui près de 10 000 habitants. l’Exposition Internationale de Bruxelles. production sont mises en commun. trimoine culturel.