PREFACE 1

J'ai le grand plaisir de vous proposer, grâce aux structures toutes dévouées à la recherche locale de l'Association Savès-Patrimoine, un travail de synthèse sur le canton de .

Le canton de Rieumes n'a jamais vu, jusqu'en 1980, une histoire générale de son entité. Il n'a été cité le concernant que des informations éparses, aucune re- cherche de fond n'ayant été faite. Dutil, sur son superbe ouvrage consacré à la Haute-Garonne y avait écrit quelques pages d'informations prises d'ailleurs sur cette bible qu'est l'histoire du Languedoc de Don Vaissette. L'idée d'une histoire cantonale avait tenté Antoine de Gauléjac, mais son projet se résuma en une série de notes, informations connues, agrémentées de ses propres recherches (Beaupuy, Saint Martin de , divers arti- cles sur la revue de Comminges). Pour ce travail je me suis évertué a bien situer le canton, soulever l'impor- tance des micro-régions ancestrales. A ce propos, je dois remercier le précurseur de l'idée savésienne : Roger Soulan, puis la synthèse de Don Vaissette, le plus ancien à Souriac, le plus contemporain, en passant par Ourliac, Samaran et d'autres. Un grand travail d'inventaire des documents concernant le canton aux archivps départementales du Gers et de la Haute-Garonne a été mené par Roland Maymat, pour l'essentiel, par André Cluzet et moi-même pour le reste.

Des archives locales demeurées au pays, l'action de Francis Sicard nous in- téressant au fond notarial et celles de plusieurs maires, notamment Mrs Rumeau, Delhon, Soulan, Portié et De Saint Blancat nous ouvrant la porte de leurs archives, furent indispensables.

Mais le gros effort fut le travail archéologique mené depuis 1972, par Ber- nard Gouzy d'abord, rejoint ensuite par Bernard Tomasini et enfin Michel Palas dont l'action depuis décembre 1985 a stimulé la recherche locale.

Nous avons volontairement écarté de cet ouvrage, qui a fait l'objet d'un travail paru en juillet 1986 "notes d'histoire".

Autre écart, l'histoire de Rieumes, sur lequel nous travaillons en ce moment munis d'éléments inédits et inespérés/ Bonne lecture. INTRODUCTION

Le canton de Rieumes a été constitué en avril 1790, mais il ne comportait pas à l'origine, Bérat, alors sur le canton de et Lahage, curieusement rattaché à St Lys.

Cette structure, née de l'administration centraliste, de conception géométrique prona le cercle comme cadre, le parcours d'un officier de gendarmerie à cheval en une heure minimum, s'est opéré à partir d'entités plus anciennes dont certaines ancestrales.

Lors du IVème siècle se forment les évèchés, calqués sur les "civitas" (cités) Gallo-Romaines, calquées elles-même sur les zones tribales gauloises.

Tout le canton se trouve donc, à cette époque dans l'é- vèché de , lui-meme défini à partir de la "Civilas Tolo- sanum", territoire de l'extrême Sud Ouest des Valques tec tosag-ues,

Lp première fraction du canton se forme avec les "Pagi" qui sont des subdivisions de la Cité. L'équivalent d'un arrondisse- ment actuel : Beaufort, Eérat et Labastide se retrouveront en "PP- gus Tolosano" et le reste en "Pagus Savensci": le Savès. Suivant les subdivisions épiscopales, les premières se trouveront dans I ' archidiaconé de Toulouse, les secondes dans celui des "Spvensci".

Cette situation durera jusqu'au début du 14ème siècle. ontre temps, vers 1150, Rieumes fut un "castri" (château) du Comte le Comminges, se situant de façon imprécise entre l'influence de 'uret et celle de Samatan.

Vers l'an 950, Rieumes propriété directe du Comte de Toulouse, était au centre de l'extrême Ouest du domaine des Raymond. Portion du domaine dominé par les Seigneuries de Samatan et de , 3 réunies vers 1060 avant leur absorption totale en 1132 par le Comte de- Comminges.

A cette ppoaue, le canton dépend de quatre "ministères", celui de Savès à l'ouest, celui du "Thil" au nord (Beaufort, l'Es- pères), celui du "Bouconne" au sud (Savères, , , sud de Rieumes, Labastide) et celui de Toulouse à l'est (Bérat, Pouchar- ramet).

En 1317, la situation se codifia devant les annexions royales et la réorganisation de l'éveché de Toulouse.

Le C omté de Comminges perd Sajas, Rieumes, Beaufort et qui vont se retrouver en 1291 membres de la Jugerie Royale de Rivière#, plus tard réunie avec celui de Verdum, ce jusqu'en 1790, et militairement de la châtellenie de Sainte Foy. Bérat, pour sa part est rattaché à la Jugerie de Rieux.

Le reste demeure en Comminges, sur la châtellenie de Samatan pour l'ouest du canton, et sur celle de Muret en ce qui concerne Poucharramet et Labastide-Clermont.

La réforme religieuse amène la création de l'éveché de Lombez qui recouvre l'ancien Archidiaconé des Savensci. Beaufort dépendra de l'éveché de Toulouse, Bérat et Labastide de celui de Rieux, créé comme Lombez en 1317*

Cette situation sera celle de 1789, avec une promotion pour Rieumes vers 1630 • La ville devient chef lieu d'un distric de l'évêché de Lombez, prémice du futur canton.

N'oublions pas de le dire, hormis Bérat rattaché à pprtir du XIVème au Languedoc, tout le canton est en Gascogne, plus préci- sément en Gascogne Toulousaine ou Occidentale, c'est-à-dire qui appartient au territoire parlé du Gascon mais non à celui de l'an- cien Duché des Vascons,

Géographiquemen t Le canton d'autre part se présente comme un pays de tran- sition : en effet l'est est formé sur les terrasses de la Garonne, l'ouest sur la ligne de crête. -

Ce point culminant à 340 m partage les eaux : à l'ouest naissent les ruisseaux qui alimentent la Save, à l'est ceux qui rejoindront le Touch.

Cette fracture Est-Ouest du canton est renforcé par l'es- pace forestier, un fragment de l'immense forêt de Bouconne qui sé- pare les communes des coteaux de celles des terrasses.

Le canton est traversé à l'est par une rivière, le Touch, et arrosé en transversale de deux ruisseaux, La Bure au nord, la Saverette au sud et leurs petits affluents (le Riu-tort, la langrie de boeuf et le ruisseau du Mona).

Cet ensemble rend le pays difficile à l'agriculture, sous- sol pauvre et caillouteux pour les terrasses, trop accidenté sur les coteaux, seul Lahage et Sabonnères offrent un terrain propre à une agriculture sur une étendue décente ce qui est confirmé par l'im- portance ancienne de ses habitats (domaines de Lahage et du Tprdan).

La foret très importante encore en 1830 fut un inconvé- nient mais aussi une des rare ressource économique locale .

La circulation y fut difficile, Rieumes se présentant corrme un peu "le bout du monde", routes impossible à travers la foret ou sur les terroirs pentus du sud-ouest.

Ce pays ne pouvait que survivre de l 'agriculture et du bois, restait le commerce, utiliser les inconvénients, faire de Rieumes un point d'échange entre les éleveurs du sud, le blé du Savès et la demande Toulousaine. Ce fut fait. L ' originali té Rieu- moise fut et reste le commerce. Le chef lieu monopolisant les mar- chés malgré les résistances locales telles celles de Sabonnères qui ignora totalement Rieumes jusqu'en 1790 et Labastide qui re- gardait vers Carbonne et la Garonne. Rieumes ne fut jamais "cultu- rellement" attractive comme fut Samatan, seuls en effet Poucharra- met et Bérat furent liés à la ville commerçante. Le reste des com- munes se sentait plus à l'aise vers d'autres lieux, ainsi Le Pin vers Montpézat, Sajas vers le Fouy, Beaufort sur Sainte Foy. La zone de choix des mariés le prouve, comme les notaires préférés pour les actes. Cet etat de faits demeure^compliqué par le dévelop- pement de l'est du canton. La force de Rieumes fut ses marches ou elle attirait et ainsi dominait la périphérie rurale. Aujourd'hui l'administration a créé des liens d'obligation (banques, perception, poste) qui maintiennent le contact entre la ville et ses satellites.

Faire l'histoire du Canton de Rieumes pourra donc parai- tre comme un anachranisme, mais c'est la seule formule d'unité entre deux pays de nature si différente : le Savès et les pays des Terrasses.

HISTOIRE GENERALE

I La préhistoire : (carte I)

De par la géologie de leur sol, se sont les communes du canton qui occupent les terrasses de la Garonne qui ont reçu le plus fort peuplement préhistorique.

La raison est simple : la présence de la matière première nécessaire à la confection de l'outil préhistorique : le galet.

Le silex y est rare car importé. Par contre les objets taillés dans les quarzites laissés par la Garonne sont courants.

La recherche préhistorique fut inaugurée dans les années trente par Antoine de Gauléjac de Poucharramet et Pierre L?nnes du Lherm. L'abbé Breuil (1) leur rendit visite et étudia entre autre le gisement du Rioutort près de l'ancienne gare de Rieumes.. L'après- guerre vit la participation du Docteur Salhy à cette recherche. Cette équipe complétée plus tard par Roger Dalies fit un travail énorme dans les années 60/70. Depuis 1972, j'ai eu le plaisir, notamment grace à Francis Estrade en 1972-73, puis avec Yves Charrié en parti- culier, d'ajouter à la liste des sites découverts par nos brillants prédécesseurs, divers gisements préhistoriques sur Rieumes, Pouchar- ramet, Savères, Bérat et Labastide-Clermont.

Sur la ligne de crete qui longe à l'ouest la haute terras- se les objets lithiques sont d'autant plus précieux qu'ils y sont rares. Dès 1885, l'instituteur de Sabonnères mentionne des haches découvertes sur cette commune au plateau de Papeyrou (2), ce qui a Carte III : hydographie et géologie du canton.

0 : Altitude - - - - - : ligne de crête

\ cm - Km été confirmé en 1906 par la découverte sur ce site de cinq "choopers". Une hache polie à Lahage utilisée comme "pierre à foudre" dans un atelier de potier médiéval, une pointe de lance à Forp-ues, des ga- lets aménagés à , une pointe en silex à la plane au Pin et diverses pièces isolées sur Sajas et Lautignac ont été recueillies depuis 1972.

Le site préhistorique le plus important et le plus inté- ressant est bien celui découvert en 1 980 lors du défrichement de la partie ouest du bois de Noé à Savères sur la limite de la commune de Rieumes. En effet, le déboisement a mis à jour tout un atelier de taille lithique avec plus de 500 pièces "ratées" de fabrication.

Poucharramet, Bérat sont riches en traces préhistoriques, les sites de Gilet, Broucassa, Varès, Pierre-Lance en témoignent.

Sur Rieumes, le site de Labourdette-Entole a aussi offert de fort belles pièces.

II L ' antiquité

En - 118, les romains soumettent les volques tectasagues de Toulouse qui étendaient leur influence sur notre canton.

L'administration romaine divisera la Gaule en provinces (régions), en civitas (départements) fractionnés en pagi (arron- dissements) qui correspondent à des zones tribales que l'envahis- seur su respecter.

Le canton de Rieumes dépendait de la Narbonnaise, civitas de Toulouse et se partageait en deux Pagi ; l'ensemble des communes dans le Pagus-Savenscis et Beaufort, Bérat, Labastide dans le Pagus- Tolo sanum.

L'habitat gaulois de la tène III (- 50) x nous est connu par divers sites reconnpissables en particulier ppr la profusion d'amphores romaines de type républicain. A Lahage une amphore de ce type a été recueillie presque entière par Mr Castex, entrepreneur à- Savores. Le site de Gilet (3) et du Broucassa (4) à Poucharramet en ont livré de nombreux fragments mais le site de cette période le plus conséquent est celui de Labourdette-Entole au sud de Rieumes ou existait une importante communauté gauloise. 80) B 417 F 93, (ADHG) 31) B 193 F 61. ^ II ' 82) Cartulaire de Gimont. 83) ADH6 Série B3 (85) : Archives communales de Rie urne s. (86) : Ourliac "Le cartulaire de St Clar". (87) : "Cartulaire de l'abbaye de Gimont". (88) : Minutes notariales de Rieumes. Compardon 1768-73. (90) : " " " " " " " Villeneuve 1599.

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