REBECCA ZLOTOWSKI LES FILMS VELVET Présente
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LES FILMS VELVET PRÉSENTE MINA ZAHIA BENOÎT CLOTILDE NUNO FARID DEHAR MAGIMEL COURAU LOPES UN FILM DE REBECCA ZLOTOWSKI LES FILMS VELVET présente un film deREBECCA ZLOTOWSKI avec MINA FARID, ZAHIA DEHAR, BENOÎT MAGIMEL et NUNO LOPES avec la participation de CLOTILDE COURAU AU CINÉMA LE 28 AOÛT DISTRIBUTION 2019 / France / Couleur / Durée : 1h31 RELATIONS PRESSE AD VITAM HASSAN GUERRAR Assisté de Julie Braun 71, rue de la Fontaine au Roi Matériel presse téléchargeable sur : 75011 Paris www.advitamdistribution.com 64, rue de Rochechouart - 75009 Paris Tél. : 01 55 28 97 00 Tél. : 01 40 34 22 95 [email protected] [email protected] Naïma a 16 ans et vit à Cannes. SynopsisAlors qu’elle se donne l’été pour choisir ce qu’elle veut faire dans la vie, sa cousine Sofia, au mode de vie attirant, vient passer les vacances avec elle. Ensemble, elles vont vivre un été inoubliable. EntretienREBECCA ZLOTOWSKI Une fille facile Le titre du film est malicieux, il interroge tout de suite le cliché en jouant sur une assignation qu’il vise à contredire : cette fille désignée comme une fille facile est à mes yeux une fille puissante. Je voulais proposer un autre regard sur une femme que la société, au mieux moque, au pire méprise. Si les filles faciles existent, que serait une fille difficile, alors ? Et qu’est ce qu’une vie facile ? Existe-t-elle seulement ? C’est dans ce sens là qu’il faut comprendre l’exergue pascalienne 1 du film sur le choix crucial de son métier. La place que le hasard y prend. Hasard des retrouvailles avec une cousine un été, dont le modèle nous décide en plein et en creux à saisir notre indépendance, hasard d’un corps dont on dispose et qui nous ouvre des possibles, des plaisirs. 1. « La chose la plus importante à toute la vie est le choix d’un métier : le hasard en dispose. » Blaise Pascal. 4 L’origine Comme souvent il y a un double point de départ : sentimental d’un côté, politique d’un autre, avec un désir très fort de fiction déclenché par la rencontre avec Zahia Dehar. Le point de départ affectif, c’est la mort de mon directeur de casting Philippe Elkoubi, avec qui j’avais toujours travaillé : pour tacher de surmonter la tristesse qui m’accable, je me plonge dans le travail. Il faut à tout prix que j’écrive un film de pulsion, de soleil, de sexe et de plaisir.À ce moment-là, je suis également en train de me lancer dans la fabrication d’une série, Les Sauvages (tournée après le film et qui sera diffusée en septembre sur Canal Plus), et j’ai la grande crainte de passer deux années de ma vie dans un projet sombre et dense, de passer à côté de la joie du cinéma. Donc je me tourne vers ce film pour y trouver ce qui n’appartient qu’au cinéma, avec la liberté que seul le cinéma permet, qui porterait une parole libre et personnelle, moins collective que la série. Le sujet Très rapidement je sais que le sujet sera la question de la puissance, du pouvoir, de la domination, sur tous les terrains : physique, sexuel, culturel, monétaire. Bien sûr, l’année qui avait été polarisée par l’affaire Weinstein avait amené chacun à réfléchir à ces sujets d’une manière ou d’une autre, moi y compris, mais je ne l’avais pas attendue pour m’y intéresser. J’avais découpé il y a des années une histoire racontée dans un magazine qui relatait à la manière d’un témoignage à la première personne un été sur la côte d’Azur entre deux jeunes femmes et des hommes mariés qui accostaient des yachts luxueux et le troc qui se mettait en place entre eux : des cadeaux, des invitations, des dîners, en échange tacite de la présence des jeunes femmes, de leurs corps, de nuits de fêtes et de plaisirs… Mais contre toute attente, et en dépit de la teinte morale que je pouvais donner malgré moi à cet échange, la jeune femme racontait à la première personne la douceur de cet été, sa caresse constante, sa courtoisie - si on peut dire son romantisme, malgré l’hypocrisie qui sous tendait leurs rapports avec ces hommes. Et ce récit m’avait touchée par sa force, sa suavité. Une rencontre Si le sujet s’impose aussi vite, c’est donc parce que se fait d’une manière étonnante une rencontre, une reconnaissance si on peut dire même entre Zahia Dehar et moi. Jeune française d’origine algérienne qui s’était illustrée dans la chronique des faits divers il y a quelques années, Zahia avait une Carrière (au sens que Rohmer donne à ce mot dans La carrière de Suzanne) inédite, une trajectoire singulière. Sa silhouette parfaite et cambrée, son arabité, son mystère, sa timidité et l’inconnu qui l’entouraient m’avaient marquée comme tout un chacun - une sympathie immédiate me la désignait comme toutes les femmes qui sont victimes de curées populaires, souvent des transfuges sociaux… - mais je ne savais pas que je serais amenée à la rencontrer. C’est qu’on soit si étrangères en tous points qui m’attirait au départ : la manière qu’a Zahia de mettre l’accent sur le féminin dans ce qu’il a de plus exacerbé et éculé - docilité, silence, sophistication, déguisement de geisha, la faisant basculer dans une esthétique Camp dont elle est pleinement consciente. J’en étais là quand je reçois un signe de sa part sur Instagram. Je suis surprise qu’elle connaisse même mon nom… Je vais voir ses vidéos et là je tombe en arrêt quand je l’entends parler. ( Combien de femmes omniprésentes dans l’espace public aujourd’hui sans qu’on n’ait jamais entendu leurs voix ? ). Je découvre qu’elle parle d’une manière extraordinairement élégante, littéraire, anachronique, pas un seul mot d’argot, une retenue, une pudeur, un accent insondable d’une Bardot libanaise, syrienne ou italienne, impossible à définir, à l’opposé des jeunes femmes qui gravitent dans la télé-réalité. Le phrasé d’un personnage d’un film d’Eric Rohmer qui me séduit tout de suite. 5 Un personnage Rohmerien Je pense immédiatement à La Collectionneuse qui est l’un de ses films que je préfère et qui s’avère être son film le plus sensuel, érotique, troublant. Sorti en 1969, fait rapidement, c’est un regard brillant qu’il porte sur l’émancipation sexuelle. La tirade de Daniel Pommereul à Haydée Politfoff où il lui dit « Tu es l’échelon le plus bas de l’humanité », c’est quand même exactement ce que la vox populi a pensé de Zahia Dehar pendant longtemps. Et encore aujourd’hui. Et donc le projet de se poser la question de ce que serait La Collectionneuse en 2019, de ce que serait ce conte moral traité exactement de la même manière, c’est-à-dire avec les outils du cinéma et de la littérature, avec indolence, plaisir, sensualité, me paraît être un sujet dans lequel se plonger. Un conte d ’ete amoral J’ai construit le film très rapidement avec l’aide de Teddy Lussi-Modeste comme un conte d’été amoral. Un conte sur la puissance, entre autres sexuelle. Dans La Collectionneuse, il était question de domination, d’exploitation, de libéralisme, de cynisme et de naïveté, d’insouciance et de pragmatisme, de discipline, de jeu amoureux. Sans avoir du tout l’ambition d’en faire un remake, fidèle ou infidèle, je voulais avec Une Fille facile dialoguer avec lui pour en faire un film pleinement de son époque, léger, rapide et vif. Un dialogue parmi d’autres héritages qui traversent l’inconscient du film : L’Italie de la fille à la valise de Zurlini, la fille séduite et abandonnée de Pietro Germi…, la guitare de Plein Soleil de René Clément, les deux amies d’Adieu Philippine, les dragueurs de Blue Jeans de Rozier… une sorte de mini panthéon personnel… En dialogue avec tous ces films, ce rapport à l’aventure davantage qu’à l’amour. Plus que les sentiments, les sensations. Parfait sujet de cinéma. Moderne, l’idée de ne pas penser Sofia comme rusée par son immaturité sentimentale, qui chercherait au fond l’amour pour panser quelque blessure enfouie qui ferait d’elle une victime… Pour sa jeune cousine Naïma, Sofia représente alors pleinement un modèle positif et libre d’autonomie qui lui manquait pour saisir son destin comme elle l’entend, même si son chemin à elle passe par l’école, la prise de pouvoir par les études pour devenir chef de cuisine, un trajet plus traditionnel mais non dénué de courage. C’est ce courage qui m’a séduite immédiatement chez la jeune Mina Farid, dont c’est la première apparition à l’écran. Je l’ai rencontrée à Cannes pendant le festival il y a tout juste un an, elle y vivait, nous savions que nous allions tourner sur la Côte d’Azur, la ville n’était pas encore arrêtée (il fallait des yachts et des terrasses de badauds qui leur faisaient face, une image qui ancrait le film pour moi depuis toujours), et Mina est entrée dans la pièce en me donnant la sensation de me faire passer à moi un casting. Sa force enfantine, butée, orpheline, m’a bouleversée. 6 Seize ans Il y avait en elle, la même conscience en construction que Léa Seydoux dans Belle Épine mon premier film, dontUne Fille Facile pourrait facilement être un versant solaire, optimiste, ouvert et estival. Un âge qui me plait et me touche pour sa dureté paradoxale, alors qu’on adore lui attacher de l’insouciance.