Campagnes De Fouilles 1996-1998 À La Grotte Walou À Trooz
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CampagnesNotae Praehistoricae de fouilles 18-1998 1996-1998 : 25-32 à la grotte Walou à Trooz 25 Campagnes de fouilles 1996-1998 à la grotte Walou à Trooz Christelle DRAILY Introduction recouvre le bed-rock. Actuellement, l’étude stratigraphique a été La grotte Walou se situe à Trooz, à 15 km au reprise par É. Juvigné (Université de Liège). Selon lui, sud-est de Liège (province de Liège, Belgique). Elle est les unités A, B et C seraient arrivées sur le site par la creusée dans un massif calcaire et surplombe le vallon cheminée supérieure et proviendraient du petit bassin de la Magne d’environ 40 mètres. Les grottes de de sédimentation situé au-dessus du site. L’unité C se Fonds-de-Forêt se situent à moins d’un kilomètre de serait mise en place en quelques millénaires, dans des celle-ci (Ulrix-Closset, 1975). conditions climatiques interstadiaires humides. La La grotte Walou fut découverte par des couverture végétale de Walou aurait produit une spéléologues qui signalèrent sa richesse archéologique. pédogenèse avec humification importante. Les sédi- La Société Wallonne de Palethnologie a entrepris des ments de l’unité D contiennent des galets allochtones fouilles de 1985 à 1990 (Dewez et al., 1993). De 1996 remaniés à partir d’une terrasse fluviale de la Magne ou à 1998, la poursuite des recherches a été réalisée grâce de la Vesdre. Ils semblent avoir été apportés par un aux subventions du Ministère de la Région wallonne, conduit inférieur situé dans la grotte. La solifluxion est par l’Association pour la Promotion et la Protection de responsable de la mise en place de cette unité. D’après l’Environnement Wallon. l’étude sédimentologique, l’unité D pourrait bien être attribuée à un interglaciaire préweichselien (É. Juvigné, communication écrite). Stratigraphie La stratigraphie du gisement a été établie par Intérêt du site S. Collcutt (1993). Quatre grandes unités se distin- guent particulièrement bien. L’intérêt principal de la grotte Walou réside dans la L’unité A, au sommet, subdivisée en 6 cou- succession des occupations dont elle a fait l’objet. En ches, correspond à l’Holocène et a livré quelques effet, il s’agit de l’unique gisement qui, en Belgique, restes d’industries néolithique et mésolithique. possède une telle série de témoins de la préhistoire, L’unité B comprend 5 couches dont les 4 allant du Néolithique au Paléolithique moyen, pour premières sont essentiellement constituées de loess. lequel nous pourrons posséder des données Elles sont datées par C14 d’environ 10 000 BP à chronostratigraphiques précises. 13 000 BP (Gilot, 1993) et ont livré du matériel Le matériel gravettien de la couche B5 de Creswello-Tjongérien et Magdalénien (Dewez, 1993). Walou n’a pas encore été publié en détail. Pour rappel La couche B5 a livré des dates de 21 000 BP à (Dewez, 1989), il s’agit d’une industrie gravettienne 25 800 BP et comprend un matériel gravettien. Elle est caractérisée par la présence de pointes de La Gravette, plus argileuse que les quatre couches précédentes. de quelques burins, de longues lames et de longues L’unité C comporte les couches C4 à C10, sagaies en bois de renne à section ronde ou ovale. elles-mêmes subdivisées en sous-couches. Cet ensem- Depuis la thèse de M. Otte (1979) et l’article de M. ble correspond à une partie de la dernière glaciation. Dewez (1989), nous n’avons acquis que peu de nou- La couche C6 est datée d’environ 29 000 BP et a livré velles données sur cette culture en Belgique, si ce n’est un matériel aurignacien (Dewez, 1993a, 1993b, 1993c; à l’occasion de fouilles récentes à Huccorgne (Otte Kozlowski et al., 1993). La dernière couche datée par et al., 1993) et par la révision de matériel ancien (Eloy C14, la couche C8, a livré une date supérieure à et al., 1995). 42 000 BP associée à un matériel lithique moustérien L’occupation aurignacienne de Walou est (Draily, 1996a, 1998). une des rares présentes en Belgique dans des fouilles L’unité D n’était présente que sur une faible récentes. Elle a livré non seulement un matériel surface lors de l’étude de S. Collcutt. C’est elle qui lithique (Kozlowski et al., 1993; Dewez, 1993b) mais 26 C. Draily Matériel moustérien récolté en 1996-1997 : 1. racloir simple con- vexe; 2. grattoir; 3. éclat à base amincie; 4. pointe moustérienne sur pointe Levallois; 5-6. pointes pseudo-Levallois; 7. racloir double; 8. pointe moustérienne allongée. Campagnes de fouilles 1996-1998 à la grotte Walou à Trooz 27 Tableau des datations C14 effectuées à Walou. aussi une industrie sur bois de cervidé (Dewez, 1993c). paléoenvironnement. Le débitage est représenté par 2 nuclei à surface de L’occupation moustérienne de Walou est débitage étroite à deux faces parallèles. Les éclats sont une des rares occupations en grotte en Belgique à au nombre de 220 et les cassons au nombre de 39. Les pouvoir bénéficier des techniques de recherches mo- lames sont peu nombreuses, rarement entières, ex- dernes. M. Ulrix-Closset (1975) a clairement signalé ploitées au percuteur tendre et de courbure faible. les lacunes stratigraphiques et les mélanges de couches L’outillage se compose de 64 pièces, dont 20 burins existant dans le matériel paléolithique moyen décou- dont la majorité à enlèvements multiples, 13 lames vert anciennement dans le bassin mosan. Avec Sclayn retouchées, 10 éclats retouchés, 8 grattoirs, 4 (Otte, 1990), nous bénéficions enfin d’un gisement à troncatures, 2 outils multiples, 1 racloir, et 1 pièce occupations moustériennes qui nous permettra d’étu- esquillée. Le matériel osseux est constitué d’ivoire de dier des séries lithiques dans leur contexte grâce à leur mammouth, des bois de cerf élaphe, de bois de renne localisation en trois dimensions, grâce à l’étude de la et d’os. Une douzaine de bois de chute de renne non microfaune, de la sédimentologie, de la paléontologie, travaillés ont été retrouvés à Walou. Le débitage a été grâce aux méthodes de datations dites absolue,... Le réalisé sur bois de cerf élaphe. L’outillage en os est matériel de la couche C8 de Walou (Draily, 1996, constitué d’un poinçon, d’un bassin de rhinocéros 1998) a, contrairement à celui de la couche 5 de Sclayn hachuré et de 6 pointes de sagaie à base massive. Un (Van der Sloot, 1994), été confectionné entièrement bois de renne encoché et deux croches de cerf perfo- sur silex. Cette industrie est caractérisée par un rées ont également été découverts dans cette couche. débitage essentiellement unifacial, laissant la partie L’intérêt de la couche aurignacienne de Walou est inférieure du nucleus corticale, par une production d’autant plus important que depuis les travaux de importante de pièces à dos (naturel, retouché ou synthèse du matériel découvert anciennement (Otte, débordant) et un faible taux d’outils. Le type de 1979), peu de fouilles pluridisciplinaires ont, en Wal- débitage ainsi que l’importance des produits à dos, la lonie, concerné le début du Paléolithique ancien. Seul matière première utilisée et le faible indice laminaire le très pauvre gisement de la Traweye Rotche (Tous- sont des points communs qu’il est intéressant de saint, 1988; Toussaint et al., 1986); des reliquats de signaler entre l’industrie moustérienne de la couche couches en place du Trou Magrite (Otte et al., 1995) C8 de Walou et l’industrie moustérienne des Fonds- et quelques découvertes dans la terrasse du Trou al de-Forêt (Ulrix-Closset, 1975). Le nombre peu élevé Wesse (Collin et al., 1995), ont permis d’apporter des d’outils retouchés ne nous permet actuellement pas informations sur cette industrie et son d’attribuer cette industrie à un Moustérien particulier. 28 C. Draily Nouvelles recherches (inf. à 1 mm) et 12 nuclei. Il est probable que ces artefacts puissent être attribués à la couche C8. Le Les dernières campagnes de fouilles, entre- débitage est semblable et les produits à dos sont prises par l’A.P.P.E.W., ont essentiellement con- également fréquents. Les outils sur éclats sont par cerné les couches de l’unité C attribuées au Paléo- contre relativement plus grands. Les campagnes lithique moyen. Les occupations du Paléolithique futures nous permettront sans doute d’établir enfin supérieur de Walou ont été presqu’entièrement un raccord stratigraphique entre nos fouilles et fouillées par la SOWAP. Le matériel lithique décou- celles de la SOWAP. D’autres niveaux situés sous vert en 1996 et 1997 s’apparente fortement au cette couche ont également livré du matériel lithi- matériel découvert dans la couche C8 (Draily, 1998). que paléolithique moyen mais en faible quantité. Les Il s’agit de 391 éclats dont 28 outils, 119 esquilles restes de faunes sont très nombreux dans tous ces Walou, couche moustérienne, principalement fouillée en 1996-1997. Campagnes de fouilles 1996-1998 à la grotte Walou à Trooz 29 niveaux et leur étude devra nous apporter de plus amples renseignements sur l’environnement dans lequel ont vécu les hommes de Walou. Une prise régulière d’échantillons destinés à l’étude de la mircrofaune a été effectuée afin de constituer une séquence de référence pour l’évolution de l’environnement dans nos régions. Celle-ci sera étudiée par J.-M. Cordy. En ce qui concerne les quatre premières couches de l’unité B, les études sédimentologiques Walou, couche moustérienne, artefacts lithiques décou- effectuées par É. Juvigné ne s’accordent ni avec la verts en 1996-1997. datation C14, ni avec l’étude de la microfaune, ni 30 C. Draily avec l’attribution culturelle de l’industrie lithique Bibliographie (Creswello-Tjongérien). De nouvelles études de- vront être entreprises pour essayer de corréler COLLIN F.