page du rabbin échos d’amérique > A propos du guèt > This Place: portrait-mosaïque d’Israël

Selon la loi civile, un mariage religieux ne peut pas être célébré sans que le mariage civil Après son monumental Diaspora: Terres natales de l’exil (La Martinière, 2003), une anthologie visuelle du peuple juif, n’ait eu lieu. Il en va de même pour le divorce. Le guèt ou divorce religieux, ne peut être le photographe français Frédéric Brenner a relevé un défi encore plus grand: inviter douze photographes parmi les plus délivré sans que le divorce civil ait été prononcé. grosses pointures mondiales pour offrir un portrait-mosaïque d’Israël. Pourquoi, pour certains, cela touche-t-il les femmes et non les hommes?

arce que les hommes, dans le cas d’un refus, après trois lettres adres- his Place est l’assemblage de Les légendes et autres textes d’accompa- contemporain DOX à Prague en octobre, le judaïsme traditionaliste, sées à la personne récalcitrante, le Beith douze regards, ceux de Frédéric gnement sont spartiates. Il faut laisser avant de voyager à Tel Aviv, New York et «consacrent» leur épouse. De Din prononce la dissolution du mariage, Brenner, Wendy Ewald, Martin les images faire le travail en interrogeant d’autres villes; un catalogue d’exposi- P même, eux seuls ont la capa- émet un guèt (guèt ziqouï) et en informe T Kollar, , Jun- et en dérangeant. Chaque photographe tion incluant des essais en profondeur; cité de demander au Beith Din (tribunal les personnes concernées. Cette règle est gjin Lee, , Fazal Sheikh, Ste- s’est naturellement porté vers des lieux, une dizaine de monographies de chacun rabbinque) d’émettre le guèt qui libèrera conforme à la Tradition car le Beith Din phen Shore, Rosalind Solomon, Thomas des scènes ou des formes de prédilec- des photographes (publiées par Michael l’épouse de l’union et lui donnera toute est autorisé à utiliser tous les moyens en Struth, Jeff Wall et . tion: ainsi, le Tchèque Josef Koudelka Mack et Aperture); une interactivité avec liberté pour se remarier. Dans cette ex- sa possession pour obliger un mari récal- Après une mission exploratoire, de nom- s’est concentré sur le mur de séparation. le grand public par le biais de médias pression de la Tradition juive, si après un citrant à accorder le guèt à son ex-épouse. breuses rencontres et un travail de ter- Sa collection de photos ébouriffe car sociaux (www.facebook.com/thispla- divorce civil, une femme n’a pas reçu son Pourtant, au printemps dernier, la pla- rain qui a duré plusieurs semaines pour elle nous donne à penser le mur avec cephoto et @ThisPlacePhoto). Car si la guèt et se remarie civilement ou vit avec nète juive en s’est enflammée pour chacun d’entre eux, chaque photographe une autre terminologie. L’Anglais Nick moisson photographique est terminée, un homme, elle sera considérée comme une histoire de guèt au Consistoire, une a rapporté des images qui surprennent, Waplington a choisi les implantations la conversation engendrée par This Place adultère et leurs enfants seront des des expressions du judaïsme traditiona- interrogent, bousculent et offrent des fe- juives. Là aussi, étonnement et question- commence tout juste et promet de bous- mamzérim, des bâtards, tare qui se trans- liste en France. nêtres d’interprétation multiples. Autant nement en suivant son objectif parmi des culer les idées reçues, de fouiller dans met de génération en génération. Une femme mariée quitte son mari de manières d’aborder Israël sous toutes familles qui donnent à réfléchir sur les nos désirs et nos peurs concernant Israël Que se passe-t-il dans nos communau- au bout de quelques mois et demande ses facettes et ses contradictions, loin des questions d’identité et de racines. L’Amé- et de s’ouvrir à une éternité de questions. Le film «Gett, Le procès de Viviane Amsalem» tés? le divorce. Celui-ci rendu, le mari est poncifs de la presse et souvent en porte-à- ricain Fazal Sheikh offre une série de La question est abordée de façon diffé- contacté pour accepter la délivrance du qui, parfois, incitent le mari à deman- faux avec les idéologies. vues aériennes à cheval entre formalisme Brigitte Sion rente puisque, dans toutes les commu- guèt. Mais il refuse arguant que de faux der des contreparties financières». Cette Un homme avec une balafre sur l’œil: est- et abstraction, repensant les notions de nautés modernistes, les femmes ont les témoignages l’accablant ont été pronon- même expression, c’est le prix de la liberté, a il juif ou arabe? Victime de violence, mais territoire et de frontière. www.this-place.org mêmes droits que les hommes. L’homme cés devant les tribunaux. Au bout de été utilisée par un des rabbins de l’affaire dans quel contexte, et dans quel camp se This Place est un extraordinaire pro- www.fredericbrenner.com et la femme, ensemble, consacrent leur cinq ans de négociations, des rabbins lui du guèt à l’intention de la jeune femme. situe-t-il? Autant de questions immé- jet photographique qui se décline avec union. Après un divorce civil, il en va de font accepter d’accorder le guèt à son ex- La question se pose de savoir pourquoi diatement balayées, car elles ne sont plusieurs médias: une grande exposi- Voir également l’interview de Frédéric même. Chacun peut se tourner vers le épouse et ainsi de la libérer afin qu’elle les rabbins traditionalistes ne mettent pas pertinentes, sinon qu’elles révèlent tion itinérante qui ouvre au centre d’art Brenner page 62 Beith Din et personne ne peut empêcher puisse se remarier. Des conditions sont pas en pratique ce que la Halakhah per- nos préjugés à vouloir toujours catégo- la procédure du divorce religieux d’être posées: une somme importante est exi- met et que les tribunaux rabbiniques riser, étiqueter et placer les acteurs d’un ouverte. Mais il peut y avoir des blocages, gée ainsi qu’une attestation signée par de la Rabbanout «officielle» en Israël, côté ou de l’autre des lignes de fracture © Fazal Sheikh Fazal © car le divorce est toujours une rupture de l’ex-épouse que ses témoignages devant appliquent, comme d’autres rabbins tra- religieuse, politique, ethnique, sociale ou confiance. les tribunaux civils, accablant le mari, ditionalistes dans le monde? Une autre sexuelle. «Il faut considérer Israël comme C’est pourquoi la plupart des commu- étaient mensongers, alors qu’ils n’avaient constatation en découle: on ne peut que une métaphore» dit Brenner dont le livre nautés «conservative» utilisent l’accord jamais été remis en cause devant les dits regretter qu’une institution mise en de photographies issues de ce projet s’in- prénuptial. Il s’agit de l’ajout d’une clause tribunaux civils. Ces conditions sont place par Napoléon 1er en 1808 soit en- titule Une Archéologie de la peur et du désir dans la ketoubah (tnaï be-qiddushin) qui sti- acceptées par la famille de l’ex-épouse core aujourd’hui l’organe représentatif (publié par Michael Mack à Londres). pule que, si dans le cadre civil l’union est mais les faits deviennent publics et sou- des Juifs religieux en France. En Suisse, il Il s’agit non seulement de voir ce lieu dissoute, elle le sera automatiquement lèvent de nombreux remous. Le rabbin n’y a pas de Consistoire. La PJLS, la Plate- décortiqué de ses connotations lourdes dans le cadre synagogal. en charge de ce Beith Din se défend en forme des Juifs libéraux de Suisse, nous et raccourcis faciles, mais de créer la Dans les communautés libérales, cer- niant avoir exercé une quelconque pression représente auprès des autorités, à côté de confusion chez le spectateur, de plonger tains considèrent que le divorce civil sur les parties concernées. Il s’explique en la FSCI, la Fédération des communautés dans les peurs et les désirs profonds qui entraîne automatiquement l’annulation disant que le couple s’étant mis d’accord, israélites de Suisse, qui représente les le relient à ce lieu, son histoire, sa symbo- du mariage religieux (hafqaat nissouin). il s’est donc contenté de rendre les choses communautés traditionalistes de Suisse. lique et ses enjeux. Comme Diaspora, This D’autres conseillent d’engager la procé- possibles. Par contre, il ne dément ni ne Il devrait en être ainsi de par le monde Place exige un véritable travail du spec- dure de divorce religieux. Aucune condi- condamne les exigences du mari. Liliane juif, en Israël également, pour que tous tateur: les images sont à la fois belles et tion non stipulée dans le jugement de Vana, spécialiste du droit hébraïque, rap- les Juifs soient valablement représentés. violentes, pointent sur des béances et des divorce civil ne peut être exigée comme pelle que «l’expression le prix de la liberté, simulacres et révèlent des non-dits, des condition de l’obtention du guèt. Dans est souvent entendue chez des rabbins Rabbin François Garaï secrets parfois laids et parfois touchants.

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semble l’autre de l’autre: un Juif d’origine

Bedouins amal © Wendy Ewald Wendy © Bedouins amal marocaine pour un Juif d’ascendance autrichienne, un Juif éthiopien pour un © Josef Koudelka Juif russe, un Arabe musulman pour un Arabe chrétien, un ultra-orthodoxe pour un Juif laïc, etc.

Comment avez-vous réussi à convaincre les grands noms de la pho- tographie contemporaine de s’associer à ce travail? Avec mon galeriste new-yorkais, Howard Greenberg, et sur les conseils de plusieurs commissaires d’expositions, nous avons rencontré près de trente artistes. Il m’a Frederic Brenner semblé pertinent d’inviter des personnes Pendant vingt-cinq ans, vous avez pho- monuments historiques. Une opéra- incarnant l’altérité, en termes de style tographié les Juifs du monde dans 45 tion qui a d’ailleurs inspiré la com- et d’origines, pour couvrir ce lieu d’alté- pays. Comment a germé l’idée de votre mande de la Datar mais aussi la célèbre rité radicale. Des artistes dont le spectre dernier projet baptisé «This Place», mission de la Farm Security Administra- de grammaire et de syntaxe était le plus consacré uniquement à Israël? tion aux États-Unis…. diversifié possible. Notre choix s’est porté La dimension israélienne n’a jamais été sur onze grands noms de la photogra- > «This Place»: le nouveau absente de mon travail qui a longtemps En même temps, «This Place» n’a rien phie représentant huit nationalités: de la gravité autour de la notion de l’identité d’une commande publique… Slovaquie à la Corée, en passant par l’Al- portable. L’un de mes ouvrages paru en Naturellement. Il s’agit d’un projet ar- lemagne, la France ou les États-Unis. En pari de Frédéric Brenner 1988, «Israël» a été cosigné par le grand tistique qui vise à mettre en perspective dehors de qui avait briève- écrivain A. B. Yehoshua. Publié dix ans Israël comme lieu et comme métaphore. ment séjourné en Israël, c’était leur pre- Après avoir promené son objectif pendant un quart de siècle sur la Diaspora juive plus tard, «Exile at home» comporte Épicentre des trois religions mono- mière rencontre avec le pays. Ils ont donc aux quatre coins du monde, l’artiste français Frédéric Brenner lève un coin un poème de Yehuda Amichaï. Et enfin théistes, et lieu du partage de l’origine, travaillé sur un pied d’égalité. de voile sur son dernier pari, «This Place». Un portrait collectif «Diaspora» (2003) interroge à partir de Israël est devenu synonyme du «conflit». autour d’Israël (et de la Cisjordanie) réalisé par douze des plus grands lieux et de disciplines différentes ce qui Or il faut se placer «au-delà du conflit» Quelles ont été les règles de ce «séjour noms mondiaux de la photographie contemporaine1. fonde cette identité. Mais au moment où pour en saisir l’infinie complexité. À organisé»? Entretien avec Frédéric Brenner et coup de projecteur sur ce projet cette anthologie est parue, il m’a semblé mes yeux, Israël se présente ainsi comme Pour accueillir ces artistes sur une aussi ambitieux que singulier qui se donnera à voir sur que la façon dont Israël était présenté le lieu de l’altérité radicale et de la dis- période allant jusqu’à six mois, ce qui l’axe Prague (au Centre d’art contemporain n’était pas juste. Et j’ai voulu introduire sonance radicale. Un lieu où chacun est très rare dans la profession, nous à partir du 24 octobre 2014), Tel-Aviv (14 mai 2015) un nouveau paradigme. et New York (au Musée de Brooklyn en février 2016). Créer un fonds visuel autour d’un pays, ce n’est pas totalement nouveau… Oui, il existe une tradition dans ce domaine: c’est ainsi qu’à Paris, je suis aussi tombé sur un ouvrage collec- tif commandité dans les années 1980 par la Datar (Ndlr: l’administration française en charge de l’aménagement courtesy Frederic Brenner Howard Greenberg© gallery du territoire), intitulé «La mission photographique de la Datar: Travaux en cours»: une commande publique passée auprès de 28 photographes français et étrangers, qui ont sillonné

1 http://this-place.org/ l’Hexagone pendant 6 à 7 mois afin Frédéric Brenner, Wendy Ewald, , d’en représenter les paysages. Ce projet Josef Koudelka, Jungjin Lee, Gilles Peress, s’inscrivait dans le droit fil de la célèbre Fazal Sheikh, Stephen Shore, Rosalind Solomon, Thomas Struth, mission «héliographique» lancée au Jeff Wall et Nick Waplington. milieu du XIXe par la commission des Weinfeld family

60 | hayom 53 61 | hayom 53 entretien focus avons créé un «collège d’études» infor- mel. Avec une équipe de conférenciers de premier plan à l’image du spécialiste > Le jury inter-religieux de cinéma: en philosophie juive Moshe Halbertal, des archéologues Gaby Barkaï et Israel un instrument du dialogue entre les monothéismes Finkelstein, ou encore de travailleurs Visions du Réel, le festival international du film documentaire de Nyon, s’est déroulé du 25 avril au 3 mai dernier. Grâce sociaux, sans oublier leurs escortes, à une programmation thématique ambitieuse et des critères de sélection esthétique exigeants, cette manifestation des étudiants du département photo est un rendez-vous prisé par les amateurs de 7ème art. Les cinéphiles curieux peuvent en effet y découvrir les formes de l’académie des arts de Bezalel de variées du «cinéma du réel» contemporain (récit expérimental, journaux intimes, reportages à vocation informative, Jérusalem. L’objectif était qu’ils sortent enquêtes historiques,…). de là totalement confus, mais à un très haut niveau! tradition musulmane, Amira Hafner- Al Jabaji explique que les membres du Comment vous êtes-vous glissé dans jury du prix inter-religieux de Visions du

ce nouveau rôle de chef d’orchestre? Walplington Nick © Réel ne peuvent se prévaloir de repré- Le principe était de donner carte senter des communautés spécifiques. blanche à chacun des participants. l’alternative victime ou bourreau. Et qui m’ont fait confiance. Mais aussi d’un Cette publiciste et experte du dialogue Mais aussi de les rassurer. La princi- pour ouvrir le débat. petit groupe de donateurs genevois qui inter-religieux dans le monde musul- pale difficulté étant de les convaincre a apporté son soutien au projet dès sa man fait cependant figure d’excellente qu’ils ne seraient pas instrumentalisés, Pourquoi ne pas avoir fait appel à des conception. Les sponsors ont donc pris ambassadrice du jury nyonnais. «La à l’heure où le mot Israël rime souvent Israéliens ou à des Palestiniens? le risque d’obtenir un résultat qui leur dimension esthétique n’est bien enten- avec propagande! Le grand Josef Kou- Nous voulions mobiliser des artistes qui aurait déplu, qui aurait pu déboucher sur du pas le seul critère que nous retenons delka a tenu par exemple à venir à ses apportent un regard extérieur. Et si l’idée une vision « négative » d’Israël. Pendant pour décider de primer tel ou tel film», frais à deux reprises avant d’accepter de faire appel à des «locaux» – soit en Is- ces deux ans et demi – période durant la- observe-t-elle. «L’œuvre filmique doit de participer au projet. Mais in fine, les raël, soit en Cisjordanie – pour offrir un quelle les missions exploratoires se sont aussi alimenter des questionnements artistes ont réalisé que nous leur of- contrepoint, nous a un temps effleurés, succédé – je me suis également inquiété et véhiculer des valeurs auxquelles frions une incroyable plate-forme qui elle s’est heurtée à un obstacle de premier de savoir ce qu’il adviendrait de tout cela. nous sommes tous attachés, comme la leur a permis de tirer le fil rouge de leur ordre: aucun Palestinien n’a donné suite En même temps, je savais que les artistes solidarité, l’amour, le partage, la sincé- propre œuvre et d’enrichir leur travail. à nos sollicitations. Bien que le projet du projet n’étaient pas «partisans». Et Remise du prix inter-religieux pour le film Domino Effect d’Elwira Niewira et Piotr Rosolowski rité ou le dialogue». «Le jury inter-reli- Et je crois pouvoir dire que cette expé- émane d’une Fondation américaine… que l’humanité de leurs photos irait bien gieux permet en effet de construire un rience les a transformés. En tout état de au-delà de l’expression de leurs propres a riche tradition documen- dans l’univers «sélect» des festivals dialogue autour de ces thèmes», ajoute cause, obtenir d’eux une photographie Les sponsors avaient-ils des attentes positions politiques. taire nyonnaise a stimulé de film internationaux par le biais de Serge Molla, théologien, pasteur de n’était pas une fin en soi. Il s’agissait de particulières? plusieurs démarches artis- sa collaboration avec SIGNIS, l’Asso- l’Eglise évangélique réformée du can- déplacer le lieu depuis lequel on pose la Nous avons levé un montant total d’en- Votre propre projet a débouché sur un tiques et citoyennes intéres- ciation catholique mondiale pour la ton de Vaud et essayiste. «Et un tel dia- 2 L question pour s’extraire de la logique viron 6 millions de dollars, principale- livre intitulé Une archéologie de la peur santes, comme l’introduction depuis communication. La spécificité inter- logue doit bien entendu pouvoir essai- binaire du «pour ou contre Israël», de ment auprès de donateurs américains et du désir. Quelle en est la trame? 2005 au palmarès du Festival d’un prix religieuse du jury nyonnais est pour lui mer bien au-delà du Festival». Il y a de toute évidence une promesse atta- inter-religieux. Les grands rendez-vous une source de fierté particulière. A en chée à cette terre. Mais qu’avons-nous fait européens de cinéma, comme ceux de croire son expérience, les discussions En primant le film Domino Effect d’ Elwi- > Douze regards sur un lieu-métaphore de cette promesse, que peut-on en faire et la catégorie A (Cannes, Venise et Ber- ne sont pas moins nourries au sein ra Niewira et Piotr Rosolowski, le dia- À partir du mois d’octobre, «This Place» se donnera à voir en Europe, en Israël et aux que va-t-on en faire? Lorsque Dieu parle lin), proposent déjà depuis les années d’un jury strictement œcuménique logue inter-religieux conduit au sein États-Unis, dans le cadre d’une exposition riche de quelque 500 clichés conçue par à Abraham, Il évoque «la terre que je te 1970 des jurys oecuméniques. «Cepen- que dans un jury regroupant des per- Charlotte Cotton, qui a dirigé le département photographie du musée d’art de Los donnerai à voir», pas la terre que je don- dant, Visions du Réel est le seul festival sonnalités issues des trois religions Angeles, LACMA. Et dont la programmation s’étalera sur trois ans. Mais le projet, qui nerais à posséder. L’enjeu, ce n’est pas de cinéma à proposer un jury avec des du Livre. Journaliste culturelle et uni- s’appuie sur la publication d’un ouvrage commun, se décline d’ores et déjà sous la un lopin de terre. Le philosophe Daniel représentants des trois grandes reli- versitaire, Brigitta Rotach est membre forme de douze monographies: douze regards portés sur Israël comme lieu et comme Epstein évoque une terre «qui va te révé- gions monothéistes», explique Hans depuis 2006 de la communauté Or Cha- métaphore. Alors que Josef Koudelka a choisi de braquer son objectif sur le Mur de ler à toi-même et qui va te révéler aux na- Hodel. Ce théologien protestant ber- dasch de Zurich. Actuellement coordi- séparation, en adoptant une perspective métaphysique pour rendre compte «d’une tions». Israël est l’expression contempo- nois est un infatigable avocat des ver- natrice des enseignements de la chaire cicatrice dans le paysage local», Nick Waplington a constitué une collection de 1’300 raine d’une rédemption. Ce lieu permet tus artistiques, sociales et spirituelles d’études juives Sigi Feigel de l’Univer- images autour des implantations juives de Cisjordanie; Fazal Sheikh s’est attardé d’explorer la nostalgie, l’appartenance et du cinéma, au sein de sa congrégation, sité de Zurich, le dialogue inter-reli- sur les villages bédouins disparus tandis que Wendy Ewald a confié des appareils l’exclusion». mais aussi au-delà. Il témoigne depuis gieux revêt pour elle une grande im- photos à des enfants de plusieurs communautés. Quatre exemples parmi d’autres de 1984 de ses convictions par le biais portance. Il justifie largement les très la diversité des angles de vue. Propos recueillis par d’INTERFILM, l’organisation faîtière longues heures passées à Nyon à com- N.H. Nathalie Hamou de cinéma au sein du monde chrétien menter la production documentaire réformé et orthodoxe. Hans Hodel s’est internationale avec ses collègues issus 2 www.mackbooks.co.uk/books/1024-An-Archeology-of-Fear-and-Desire.html progressivement forgé une réputation des autres religions monothéistes. De Remise de la mention spéciale par Serge Molla

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